Tag: Caterpillar

  • Fermeture de Caterpillar Gosselies? Luttons pour le maintien de l’emploi!

    caterpillar_2013_pierre

    Ripostons contre la catastrophe par le combat pour la nationalisation sous le contrôle des travailleurs

    Contrairement à ce qu’avait promis la direction de Caterpillar, la lourde restructuration annoncée au site de Gosselies en 2013 n’a pas garanti l’avenir du site. Les travailleurs avaient notamment accepté plus de flexibilité et une moins bonne paie tandis que 1331 personnes s’étaient retrouvées licenciées en 2014. Aujourd’hui, c’est de la fermeture pure et simple du site dont il est question. 2200 travailleurs sont menacés et, avec les emplois indirects, on parle de 8000 personnes. Et tout ceci à Charleroi, une ville et une région déjà profondément marquées par les fermetures d’entreprises et le marasme économique.

    Tract du PSL // Tract en version PDF

    Caterpillar ne paie en Belgique que 3% d’impôts depuis 10 ans au lieu du taux officiel de 34%. L’entreprise a utilisé ses filiales (notamment en Suisse) pour réduire ses comptes en Belgique et ensuite demander de l’aide à l’Etat belge. Elle a bénéficié de millions d’euros de cadeaux fiscaux et de subventions publiques. En 2015, elle a réalisé plus de 2 milliards de bénéfices. Ses actionnaires ont reçu 1,6 milliard de dividendes. Pour quel résultat ?

    Cela fait des années que les partis traditionnels, toutes tendances confondues, justifient cette politique de cadeaux aux entreprises sous le prétexte de l’emploi. Nous voyons une fois de plus avec dégoût ce qu’il en est réellement. La seule chose que les multinationales respectent, c’est la doctrine du «prends l’oseille et tire-toi ».

    Au déclenchement de la crise économique, de nombreuses banques ont été sauvées et reprises en mains par les pouvoirs publics (et leurs dettes reportées sur le dos de la collectivité) car considérées comme «systémique». Pour la population à Charleroi, Caterpillar, c’est une entreprise «systémique». Toute la communauté se retrouvera affaiblie par cette décision.

    Nous pouvons bien imaginer que, sous les conditions actuelles, des travailleurs pourraient être saisis par le fatalisme et s’en remettre à un futur plan social avec l’idée de partir avec la prime en vendant sa peau le plus chèrement possible. Mais n’oublions pas que, depuis 2013, l’ONEM considère les primes de départ comme des revenus et refuse donc de payer des allocations de chômage ! Quant au gouvernement, il peut bien refuser d’aller récupérer les 700 millions d’euros d’impôts impayés par des multinationales grâce au mécanisme de l’Execc Profit Ruling considéré comme injuste et illégal par la Commission européenne, il ne refusera pas de taxer les indemnités de départ ! Ces dernières peuvent de plus être plus lourdement taxées depuis le 1er janvier de cette année, des réductions d’impôt régionales ne sont plus prises en compte en conséquence de la 6e Réforme d’Etat.

    Construire une relation de force

    Il suffit de marcher dans la région de Charleroi pour se rendre compte des manquements énormes dans la société et du potentiel que représentent les nombreux outils abandonnés par le patronat qui ne les juge plus assez rentables. Nationalisons ces outils pour assurer des milliers d’emplois et que la main-d’oeuvre qualifiée de l’usine Gosselies puisse produire les engins, les moteurs, et autres ensembles mécano-soudés dont nous avons besoin !

    Les travailleurs pourraient occuper le site de Caterpillar et en faire le centre névralgique de leur lutte pour le maintien de chaque emploi par la nationalisation de l’entreprise sous le contrôle des travailleurs. Des assemblées générales régulières représentent une excellente opportunité de discuter collectivement d’un plan d’action sérieux et offensif, en liaison avec la lutte globale contre l’austérité et l’agression patronale.

    En 2013, un sondage de La Libre/RTBF avait dévoilé que 43% de la population belge était favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). De tels chiffres illustrent le potentiel que pourrait avoir une campagne nationale massive pour la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Depuis lors, la colère n’a fait que monter contre l’agressivité patronale et la politique qui fait payer la crise aux travailleurs et à la jeunesse. Nous ne doutons pas que cette nouvelle annonce de fermeture soulève une nouvelle montagne d’indignation à Charleroi et ailleurs.

    Il faut, ces prochains jours, organiser une manifestation des travailleurs de Caterpillar à Charleroi qui permettrait aux trtavailleurs de la région de participer et de se montrer solidaires tout en mettant les autorités face à leurs responsabilités. A partir de là les travailleurs de Caterpillar pourraient aller rendre visite aux autres entreprises dans la perspective de la grande manifestation syndicale nationale du 29 septembre prochain. Comme le demandent les délégués de la CGSP ALR (Administration Locales et Régionales) Bruxelles dans leur motion de solidarité, les travailleurs de Caterpillar devraient se trouver en tête de cortège le 29 septembre afin d’exprimer la complète solidarité de chaque travailleur du pays.

  • ArcelorMittal – Interview d’un délégué syndical : ‘‘Nous n’avions pas les bonnes stratégies’’

    Ce mois d’octobre, cela fera 2 ans déjà qu’ArcelorMittal a annoncé la fermeture de la phase à chaud liégeoise. Plus d’un an plus tard, la fermeture de 7 des 12 lignes de la phase à froid a également été annoncée. Nous en avons discuté avec un délégué de l’entreprise.

    Interview réalisée par Nicolas Croes

    Quel regard portes-tu sur ces deux années ?

    C’est un regard fort amer. Pourquoi? Je pense que nous avons manqué de certaines stratégies à mettre en place. Avec le front commun, que nous avons voulu soutenir le plus possible malgré les divergences, on n’a pas tout essayé. Il fallait y réfléchir quitte même à y passer des journées entières et des nuits blanches.

    Les médias, c’est un bon exemple. Il fallait mettre à mal l’image de Mittal, c’est un personnage qui tient beaucoup à son image de marque, et cela n’a pas été fait. Il tenait à ce qu’on dise de lui qu’il négociait bien, mais comment voulez-vous discuter avec une multinationale qui ne revient sur aucune de ses décisions et qui ne donne aucune garantie fiable ? Il se réfugie derrière le prétexte de la crise, mais elle a bon dos, la crise. Nous avons quand même un taux de rentabilité de 5 à 7%. Mais Mittal, lui, veut un rendement de 15% à 20%, à l’exemple de ce qui existe dans le secteur minier. Il a d’ailleurs beaucoup investi dans ce secteur.

    Mais nous avons surtout raté l’occasion de créer un précédent européen. Avec une solidarité et une cohésion convenable entre les sites des différents pays, il y avait moyen de freiner le tsunami Mittal. Le précédent aurait été créé si les ministres de l’industrie français, luxembourgeois et belge avaient clairement pris position pour les travailleurs.

    La stratégie syndicale a beaucoup reposé sur l’appel à l’aide aux partis politiques traditionnels, et particulièrement à Jean-Claude Marcourt. Une approche qui s’est révélée payante ?

    Jean-Claude Marcourt est le ministre en charge du dossier à la Région Wallonne, mais nous n’avons globalement pas eu l’appui des politiques du gouvernement wallon, du fédéral et de l’Europe ! Le PS n’est pas à gauche, on le sait. Marcourt a beaucoup joué sur l’espoir qu’il donnait aux travailleurs. Il avance en lançant de la poudre aux yeux. Ce gouvernement wallon est inodore, incolore, insipide !

    A la dernière réunion de la Task Force (qui réunissait des représentants syndicaux des métallos, du gouvernement wallon et de divers organismes publics), Marcourt a donné des espoirs qui ont stupéfait. Patrick Remacle, le journaliste de la RTBF qui a réalisé le reportage ‘‘Ni chaud, ni froid’’, était également présent avec nous et nous a dit ce jour-là ‘‘Marcourt s’est considérablement avancé.’’ Mais le fameux repreneur dont il a été question, Qatar Steel, c’était un mirage ! Aucune multinationale ne veut se mettre Mittal à dos.

    Marcourt avait analysé plusieurs schémas et celui qu’il voulait retenir était de garder l’ensemble du bassin avec un haut-fourneau en activité… Après, il n’est plus revenu sur ce schéma qui sauvait pratiquement tous nos emplois. C’est un véritable scandale de nous avoir traité comme ça. Ne sauver que le bassin avec les cinq lignes stratégiques dans le froid, c’est du court terme. Avec les 5 lignes du Froid qui restent, on ne parle que de sauver 845 ‘‘ETP internes’’ (Equivalents temps plein internes). Pourquoi parle-t-on ainsi et pas de CDI ArcelorMittal ? C’est parce qu’il y a des temporaires dans ce diktat de Mittal ! A cela il faut rajouter les emplois qui seraient prévus par la reprise de la cockerie et de l’énergie par le groupe Oxbow Mining LLC. Le discours de la direction d’ArcelorMittal, ce sont des phrases du genre : ‘‘Mettre en place une organisation LEAN et un nouveau fonctionnement permettant à Liège de retrouver une rentabilité positive.’’ Et quoi, ça existe la rentabilité négative ? Quant au LEAN (organisation du travail en structure allégée), ça veut dire une flexibilité et une externalisation à outrance.

    C’est sur ces 845 ETP que Mittal joue beaucoup maintenant afin de faire pression sur les syndicats pour qu’ils acceptent le plan social et industriel ?

    Mittal a joué sur le saucissonnage de notre entreprise avec une grande stratégie. D’abord l’annonce dans le Chaud en prenant l’emploi dans le Froid en otage, puis maintenant avec la fermeture de 7 des 12 lignes du Froid. C’était très tactique de sa part. Si tout avait été annoncé d’un coup, le choc aurait été trop grand, et la riposte aussi !

    Nos hauts dirigeants syndicaux ont eu peur d’actions plus résolues. Faire des manifestations, nous, on veut bien, mais il faut faire des actions intelligentes. Ça commence à bien faire. Nous étions d’accord pour aller au Parlement wallon à Namur, au Parlement européen à Strasbourg, voire même au siège d’ArcelorMittal au Luxembourg (où nous ne sommes finalement pas allés). Mais il ne fallait pas s’arrêter là. A Strasbourg, c’était certain que le comité d’accueil des CRS allait être violent après ce que l’on avait déjà subi à Namur.

    Il fallait aller vers les autres sites de Mittal. C’était ça, aller vraiment au combat. Il fallait mener la guerre à l’intérieur de son groupe, en arrêtant les lignes et en occupant les sites, en faisant des actions en même temps à Sidmar, Florange voire même Brème ou Dunkerque. Mais les délégations syndicales ont refusé d’étendre le conflit dans cette voie. La solidarité entre sites n’a jamais été construite. Chacun tire la couverture à soi, et Mittal sait jouer là-dessus. Mais avec un blocage de Sidmar et de Florange, il y avait moyen de le faire plier. En ayant mené ces actions, comme Mittal a des entreprises dans toute l’Europe, même la presse chinoise aurait parlé de nous ! Nous n’avions pas suffisamment d’experts de qualité en sidérurgie et d’avocats spécialisés pour nous appuyer dans notre combat ! Nous aurions dû nous inspirer du combat des travailleurs de Continental, les Contis, en France !

    Les politiques laissent couler les travailleurs comme à Carsid, à Caterpillar et à Ford-Genk. Pour ne prendre que le cas de la sidérurgie wallonne, nous n’avons plus aujourd’hui de haut-fourneau allumé. Il ne reste plus que ceux de Sidmar à Gand. C’est un véritable scandale.

    Que penses-tu du mot d’ordre de nationalisation des sites ?

    Aujourd’hui, nous payons les politiques menées dans le passé. En Wallonie, nous aurions dû avoir depuis des années une sidérurgie publique wallonne en rassemblant les deux grands bassins de Liège et de Charleroi, avec une stratégie à long terme. Cela signifie une synergie totale entre les deux sites. Nous possédons de grandes infrastructures fluviales, ferroviaires et routières. Nous avons la technologie, un grand savoir faire, nous sommes à la pointe, avec un centre de recherche très calé. Nous aurions pu développer des produits à haute valeur ajoutée dans les secteurs sidérurgiques et métallurgiques. D’ailleurs, Mittal ne veut que prendre tout notre savoir et le développer ailleurs.

    Mais il n’y a pas eu de stratégie industrielle ces trente dernières années, en Wallonie, en Belgique et en Europe. C’est ça le néolibéralisme, c’est violent, c’est une vision à court terme. L’Union Européenne n’a pas d’alternative à la mondialisation, elle n’a aucune volonté de revenir sur cela. La crise actuelle est pourtant révélatrice de l’échec de ce modèle. L’Europe n’a pas de volonté pour le bien-être des travailleurs, elle brade tous nos acquis sociaux sur l’autel de la course au profit. Bien sûr, nous devons commercer avec le monde entier, mais pas sur les bases du capitalisme.

    Je ne suis pas contre l’Europe. Mais on a un euro des spéculateurs et une Union Européenne de la Bourse. Par exemple, les services publics sont détruits par les directives européennes, cela crée d’énormes dégâts sociaux. Nous n’avons pas de bonnes lois de protection sociale, il n’y a même pas de discussions pour un salaire-minimum européen, tout est fait pour démolir les lois sociales existantes. On nous présente le Modèle allemand comme le meilleur, mais je suis content qu’on commence dans les médias à parler des salaires de misère en Allemagne et du nombre incroyable de travailleurs précaires. Ce modèle allemand vit au détriment de tous les autres pays européens et de ses propres travailleurs.

    Selon toi, que faut-il construire aujourd’hui pour renforcer le combat des travailleurs d’ArcelorMittal et d’ailleurs ?

    Nous n’avons pas d’Europe sociale, mais nous n’avons pas non plus d’Europe syndicale. C’est ça qui est triste. C’est le grand virage que nous avons raté à ce niveau là. Ce syndicalisme européen reste à construire mais pour cela il faut des dirigeants syndicaux combatifs au niveau national et européen.

    La question vient aussi de l’alternative politique, on doit construire – en Belgique et dans toute l’Europe – une vraie gauche, avec une vraie politique sociale, en regroupant les organisations de la gauche radicale. On a besoin d’une nouvelle gauche unie dans le combat.


    Le PSL défend, pour sauver l’emploi, la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle démocratique des travailleurs, sans rachat ni indemnité, avec comme première étape en ce sens l’occupation de l’entreprise par les travailleurs.

    Plus d’informations:

  • Contre l'austérité européenne, il nous faut riposter !

    L’avalanche d’austérité continue de déferler sur l’Europe. Même notre épargne n’est plus à l’abri. Les mesures qui ont menacé les comptes d’épargne à Chypre pourraient très bien être implantées ailleurs, comme l’a fait remarquer Jeroen Dijsselbloem, du Groupe Euro. Ceux qui ont pu mettre un peu d’argent de côté au cours de leur vie – et ils sont de moins en moins nombreux – peuvent voir leurs économies partir en fumée, contrairement à tous ces riches fraudeurs pour qui les îles Caïmans et autres paradis fiscaux constituent des forteresses pour mettre leurs profits à l’abri.

    par Clément (Bruxelles)

    C’est toujours aux mêmes de payer. Alors que Caterpillar, Ford, Duferco ou Mittal licencient à tour de bras, ces entreprises n’ont presque rien payé comme impôt, notamment grâce aux intérêts notionnels. Quant aux travailleurs, ils doivent en payer entre 30 et 45% suivant leurs revenus. Et bien que Di Rupo avoue à mi-voix que l’austérité n’est peut être pas ‘‘la meilleure solution finalement’’ cela n’empêche pas son secrétaire d’Etat Bogaert de couper dans les effectifs de la fonction publique, quitte à amoindrir encore plus les services rendus à la population.

    En fait l’actualité nous montre bien deux choses : l’absence de solutions des responsables politiques et les contradictions entre les actes et les paroles de ceux-ci. Pendant longtemps, on nous a vanté les mérites du modèle allemand. Mais une récente étude vient encore d’affirmer qu’ils sont parmi les travailleurs les plus pauvres d’Europe. De même, alors que les partis traditionnels ont appelé à ‘‘moraliser’’ le capitalisme, ce sont 27 des 30 premières fortunes du pays qui cacheraient entre 25 et 32 milliards d’euros dans des paradis fiscaux. Pendant ce temps là, les licenciements continuent : il y a eu 40 projets de licenciements collectifs entre janvier et mars 2013 (soit 4.673 travailleurs, sans compter ni les 2.600 de Caterpillar et de Mittal ni les sous-traitants qui vont en payer les frais).

    Alors que ces messieurs font dorer leurs pièces au soleil du paradis fiscal de Panama, au Portugal, on annonce la fin de la gratuité des écoles publiques. A Chypre, on avait envisagé de taxer 6,75% les comptes épargnes avant de se rétracter suite aux pressions populaires. Alors que l’austérité frappe les travailleurs de plein fouet dans la totalité des pays, ces responsables politiques qui voulaient ‘‘moraliser’’ le capitalisme, comme Jérôme Cahuzac, vont imiter leurs maitres financiers en allant mettre leur argent en suisse ! 7 autres ministres français ‘‘socialistes’’ sont millionnaires et le déclarent sans honte. Mais aux questions des travailleurs d’ArcelorMittal-Florange, ces responsables politiques disent qu’ils ne peuvent rien faire. Ils ont fait quelque chose cependant, ils ont envoyé la police charger et réprimer.

    Alors que les entreprises européennes cotées en Bourse refusent d’investir les 788 milliards d’euros qui dorment sur leurs comptes, les responsables politiques préfèrent aller chercher l’argent chez les travailleurs, ce qui continue d’enrichir cette minorité qui vit de la productivité des autres. Cela montre encore une fois quel camp ont choisi ces responsables politiques : celui du patronat. Pas étonnant alors de voir que la pilule du consensus -qu’ils nous ressortent à chaque fois qu’il y a des licenciements- s’avère être beaucoup plus dure à avaler pour les travailleurs que pour les patrons.

    Créer un rapport de force ou se laisser étouffer

    Ce que nous montre l’actualité c’est que le rapport de force actuel n’est pas favorable pour ceux à qui l’on fait payer la crise. Pire, il est tellement accaparé par la classe dominante que celle-ci continue à faire passer ses mesures en se justifiant à peine. Il est grand temps d’avoir une réponse efficace et unifiée. Les chypriotes ont réussi à éviter de se faire taxer leurs comptes épargne mais actuellement leur gouvernement négocie un nouveau prêt européen que la population devra rembourser. Cela montre la force que nous avons pour changer la donne mais cela montre aussi que les travailleurs belges, chypriotes, grecs ne peuvent infléchir durablement la volonté de la classe dominante s’ils sont isolés. Il faut donc que nous créions un rapport de force à l’échelle européenne, à plus forte raison quand nos politiciens nous disent qu’ils ont les mains liées par l’UE. Pour créer ce rapport de force, une grève générale de 24h à l’échelle européenne pourrait être un premier pas qui n’augurerait rien de bon pour la classe dominante.

  • Une politique scientifique qui n’entraîne aucun progrès social

    Les moyens publics pour la recherche et l’innovation sont surtout orientés vers un groupe très select d’entreprises qui encaissent les subsides et suppriment pourtant des emplois. Une réponse de la Ministre flamande de l’Innovation, des Investissements publics, des Médias et de la Lutte contre la Pauvreté Ingrid Lieten (SP.a) à une question posée au parlement flamand a démontré que 59% des subsides attribués entre 2002 en 2011 sont arrivés dans les caisses de dix grandes entreprises qui, dans la même période, ont supprimé 6.600 emplois. Il s’agit entre autres de Janssen Pharmaceutica, Alcatel-Lucent, Philips, Umicore, Bekaert, ON Semiconductors et Agfa. Du côté francophone, nous ne disposons pas de chiffres, mais, là aussi, Jean Claude Marcourt, Demotte & Co accentuent le développement du soutien au secteur de l’innovation. Pour stimuler l’emploi bien sûr…

    Par Tim (Bruxelles)

    “Ecosystèmes et emplois indirects”

    La ministre Lieten a bien été forcée d’admettre que ces données étaient spectaculaires, en rajoutant toutefois très vite que les subsides pour l’innovation et la recherche ‘‘ne servent pas seulement à créer l’emploi chez les entreprises soutenues’’, que les ‘‘écosystèmes et les emplois indirects’’ sont également importants. Il faut autrement dit tenir également en compte les activités économiques des fournisseurs et des clients de l’entreprise en question. Le revers de la médaille, c’est bien sûr le fait qu’avec la fermeture d’une grande entreprise, c’est tout son ‘écosystème’ qui est menacé. Les fermetures et les licenciements chez Ford, ArcelorMittal ou Catterpillar entraînent déjà une importante dislocation économique dans des régions entières.

    Les dossiers introduits par les entreprises pour recevoir des subsides pour la recherche et le développement sont tenus secrets. Nous ne disposons donc d’aucune donnée publique sur la manière dont ces entreprises calculent les retombées économiques et sociales de leurs investissements. C’est bien dommage. Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que l’agence flamande pour ‘‘l’Innovation par la Science et la Technologie’’ (IWT) distribue chaque année environ 110 millions d’euros de subsides à des entreprises qui organisent des bains de sang sociaux. Un certain contrôle serait peut-être le bienvenu…

    “Valeur ajoutée”

    L’IWT soutient en principe des projets dont la valeur ajoutée est au moins 25 fois plus grande que le subside attribué. Pour chaque euro de subside, l’agence s’attend donc au moins à 25 euros de valeur ajoutée. Dans certains cas, cet objectif peut être réduit à 10. ‘‘Valeur ajoutée’’ étant une description assez vague, l’IWT ne prend en compte que les frais salariaux prouvés et les amortissements sur investissements. On ne regarde pas seulement à l’emploi supplémentaire, mais aussi aux jobs qui seraient délocalisés ou rayés de la carte faute de subside ainsi qu’aux investissements et aux emplois chez les fournisseurs, les institutions de recherche et les clients.

    Puisque cette description de ‘‘valeur ajouté’’ reste floue, comment calculer si plus d’emplois seraient perdus sans subsides ? De plus, si une ‘‘valeur ajoutée’’ est réalisée au sein de l’Espace économique européen, les subsides ne peuvent légalement pas être récupérés. Si, par exemple, une entreprise comme Bekaert reçoit des subsides des autorités pour, par après, délocaliser sa production en Slovaquie, on ne peut légalement rien y faire…

    VOKA : le problème est la recherche publique

    Avec ces chiffres qui donnent à réfléchir, on pourrait s’attendre à un minimum de modestie de la part du patronat. Ce n’est pas leur point fort. La fédération patronale flamande VOKA a lancé la contre-attaque en dénonçant le fait que la plupart des investissements publics dans la recherche tombaient dans les caisses d’organisations publiques de recherche (comme les universités) sans qu’il n’existe de ‘‘retombée positive à long terme.’’

    Au lieu d’accorder des budgets aux universités, hautes-écoles et autres institutions publiques de recherche, les petits patrons flamands veulent que le gouvernement n’investisse que dans la recherche qui a un impact économique immédiat. Une telle politique aurait signifié de ne jamais connaître bon nombre d’inventions qui font aujourd’hui notre quotidien. De plus, les institutions publiques de recherche créent directement des emplois et des investissements dans l’infrastructure. Les institutions publiques de recherche ne connaissent en effet pas le phénomène des énormes profits à verser en dividendes aux actionnaires…

    De plus, il est faux de dire que la majorité des moyens sont alloués aux institutions publiques. En 2011, l’IWT a distribué 232 millions de subsides pour la recherche et l’innovation, dont 144 millions au privé et 88 millions pour les institutions publiques ! Une partie des subsides au privé revient toutefois aux universités et aux hautes-écoles qui mettent à disposition des entreprises leur infrastructure ou leur capacité de recherche, en tant que ‘‘partenaire de recherche’’. Ainsi, 48,4% des moyens versées par l’IWT vont vers les institutions publiques. Avec ces moyens, ces institutions ont créé plus de 1.500 emplois ! C’est tout le contraire des entreprises privées.

    La problématique plus large

    Le manque d’investissements dans la recherche et développement est général. En 2002, l’Union Européenne s’était fixée pour objectif d’atteindre la ‘‘norme de 3%’’ en 2010 : les investissements publics dans la recherche et le développement devaient atteindre 1% du PIB, les investissements privés 2% du PIB. En Flandre, seulement 2,12% ont été atteint – du côté francophone, la situation est pire encore – et le secteur privé est davantage en retard que le secteur public. Parmi les pays voisins, seuls les Pays-Bas font pires que nous.

    Cela n’est pas une coïncidence. Sous le capitalisme, les entreprises n’investissent que lorsqu’elles peuvent réaliser des profits à relativement court terme. Une technologie socialement utile mais qui ne rapporte pas suffisamment de plus-value économique ne présente pas d’intérêt suivant cette approche. C’est la conséquence logique de la propriété privée des moyens de production : les capitalistes sont mutuellement en compétition, et essaient d’obtenir un rendement maximal avec leurs investissements privés. En période de crise, la spéculation et les transactions financières sont plus rentables que la recherche et le développement de la production et des activités économiques réelles. Le capitalisme se heurte à ses propres contradictions : la propriété privée des moyens de productions a atteint ses limites.

    Pour une vision socialiste

    Un véritable programme socialiste doit se fixer pour objectif de libérer la recherche et l’innovation du carcan de la propriété privé. La nationalisation des 500 plus grandes entreprises de ce pays, et leur mise sous contrôle démocratique de la collectivité, amènerait une énorme richesse qui pourrait être utilisée dans la recherche et le développement. Nous pourrions ainsi fournir de véritables moyens au développement de technologies socialement utiles. Nous pourrions investir dans des bus, des trains et des voitures de qualité et écologiques, dans des maisons passives pour combler la manque de maisons sociales,… Il serait aussi possible de rassembler toutes les recherches sur le cancer et le SIDA au lieu de la fragmentation qui existe actuellement dans des dizaines d’entreprises.


    Nationaliser pour le progrès social et technologique

    En 2011, le projet de recherche “COMPLEX” a commencé, un projet de l’Université de Gand et de 7 partenaires industriels. Le projet examine la possibilité de transformer les entreprises d’assemblages de voitures en usines où l’on peut produire tant des voitures à combustion classique que des engins hybrides et électriques.

    Les possibilités des voitures électriques sont énormes. L’Université de Gand utilise déjà plusieurs voitures aux performances très similaires à celles d’une voiture avec combustion fossile. Mais aucune entreprise n’est prête à réserver un hall de production dans ses usines pour la fabrication de voitures électriques : le risque commercial est trop grand dans une situation de surproduction. Le projet COMPLEX apporterait une solution. Mais un des cas pratiques à l’étude est le hall de production de… Ford à Genk. La fermeture de Ford menace dès lors la poursuite de cette recherche…

    Pourquoi alors ne pas nationaliser l’usine et la faire redémarrer sous contrôle public ? L’entreprise pourrait ainsi être transformée en une unité de production et de recherche publique pour la mobilité. Les lignes de production pourraient être adaptées pour pouvoir également produire des bus et des trains. Sur base des résultats du projet COMPLEX, nous pourrions commencer assez vite la production de voitures électriques. L’acier nécessaire à cette fin pourrait être trouvé à Liège, et transporté par la Meuse et le Canal Albert, pour ne pas engorger les routes.

    Pour construire de nouvelles lignes de métro ou de tram, pour élargir la jonction Nord-Midi à Bruxelles, ou pour construire des pôles de recharge pour les voitures et bus électriques, des machines de construction pourraient être fabriquées à Gosselies, où Caterpillar vient d’annoncer 1.400 licenciements. Les machines de construction et l’acier pourraient également être utilisées pour la construction de maisons sociales passives, d’écoles et de crèches modernes. En nationalisant le secteur bancaire, et en le transformant en un véhicule d’investissements publics avec des garanties par le gouvernement, et sous contrôle public, les travailleurs et leurs familles recevraient un bon taux d’intérêt garanti sur leurs épargnes, et il y aurait des crédits à bon marché pour les maison particulières et pour les PME.

    Dans le cadre du système actuel, tout ceci est impossible. Mais les moyens pour une telle politique existent. Pensons seulement aux 30-35 milliards d’euros que des Belges ont illégalement planqués en Suisse, ou aux 92 milliards d’euros de profits des entreprises belges (2009). Aujourd’hui, ceci pourrait paraitre irréaliste, mais n’est-il pas plus irréaliste de continuer à assainir et de supprimer des emplois et des services publics quand des alternatives existent ?

  • [PHOTOS] Marche pour l’emploi à Charleroi

    Ce lundi a eu lieu une ‘‘marche pour l’emploi’’ à Charleroi, avec un appel à la grève dans les plus importantes entreprises de la région. Près de 10.000 personnes étaient présentes, avec une forte participation des travailleurs de Caterpillar, où 1.400 emplois sont menacés. La colère et la volonté de se battre pour préserver l’emploi étaient clairement présentes, reste à l’organiser avec un bon plan d’action combatif et autour de revendications offensives comme la nationalisation sous contrôle des travailleurs des entreprises qui opèrent des licenciements collectifs. Dans les discussions que nos militants ont pu avoir, il a notamment été beaucoup question de la journée de ce samedi 27 à Charleroi et de la nécessité d’un relais politique pour et par les travailleurs, initiative qui suscite un grand intérêt.

    Par Nico

  • [DOSSIER] Pour un relais politique des luttes des travailleurs!

    27 avril. Meeting à Charleroi pour une alternative à la gauche du PS et d’Ecolo

    “Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste.” Voilà le thème d’un important meeting à Charleroi ce 27 avril, à la suite du discours osé que fit Daniel Piron, secrétaire général de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, le premier mai dernier. Durant ce discours, il constatait que le PS et Ecolo ne représentent plus les intérêts de la population et lançait un appel à ‘‘un rassemblement à gauche du PS et d’Ecolo afin de redonner espoir et dignité au monde du travail.’’ Le meeting de Charleroi est une initiative commune de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut, de la CNE Hainaut et de plus ou moins tous les partis et groupes conséquemment de gauche.

    Par Eric Byl


    Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO Samedi 27 avril de 13h30 à 17h30 à la Géode, rue de l’Ancre – 6000 CHARLEROI (en voiture : sortie ‘expo’ sur le ring de Charleroi, en train, descendre à ‘Charleroi-Sud’) Plus d’infos


    Le discours de Daniel Piron n’était pas le fruit d’une irritation personnelle irréfléchie mais au contraire le résultat d’une réflexion parvenue à maturité avec toutes les centrales de la régionale, sur base de discussions avec les militants. Parmi ces derniers, l’appel fut d’ailleurs bien reçu. Mais il a donné des frissons aux appareils du PS et d’Ecolo et probablement aussi à certaines parties des syndicats. Les medias, lesquels ignorent normalement de telles déclarations, ont bien été forcés de la commenter. Après tout, Piron représente une régionale de la FGTB forte de 110.000 membres et d’une grande tradition syndicale. Dans les milieux de droite et patronaux, où le dédain s’est mêlé à l’espoir qu’il ne s’agisse que d’un phénomène passager, il serait surprenant qu’aucun œil attentif n’ait été rivé sur l’initiative.

    Les secrétaires de cette régionale de la FGTB auraient pu choisir une voie plus facile. Comme tellement d’autres, ils auraient pu hausser les épaules et attendre que quelqu’un d’autre ose faire le pas. Il y a toujours une raison pour dire qu’il est soit trop tôt, soit trop tard, ou encore que les gens ne sont pas encore prêts, que les autres régionales ne suivent pas, que ce sont les politiques qui doivent prendre l’initiative, etc. Au lieu de cela, ils ont agi selon les habitudes de leurs meilleurs militants. Passer à l’action, cela comporte toujours un risque. Le patron cherche-t-il la provocation ? La base suivra-t-elle ? Les autres syndicats seront-ils de la partie ? Ne court-on pas le risque de s’exposer et d’être vulnérable aux représailles? Ces considérations sont légitimes et ne doivent pas être traitées à la légère. Mais celui qui n’entreprend jamais rien a perdu d’avance.

    S’ensuivit alors une période de plusieurs mois durant laquelle le terrain a été tâté, notamment en donnant des interviews et en participant à des débats. Finalement, à partir du mois de janvier, une réunion a rassemblé les représentants des partis réellement de gauche afin d’évaluer leurs réactions et de considérer leurs propositions. Dès le début, les secrétaires ont été clairs : ils ne voulaient rien précipiter, ils ne désiraient pas une répétition de Gauche Unie (3) ou mettre pression sur qui que ce soit, mais ils espéraient obtenir un consensus. D’un autre côté, ils indiquèrent bien l’urgence du projet. Jouer gros jeu, ça, ils l’avaient déjà fait le premier mai 2012. Le prochain pas devait être posé en tenant compte des difficultés et des sensibilités diverses, tout en répondant à l’urgence.

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    PSL et PTB+

    Le PSL ne veut pas diminuer les mérites du PTB. Aux dernières élections communales, ce parti a obtenu 53 élus. Ce résultat a été préparé avec un engagement militant maintenu des années durant, une implantation importante dans les quartiers et les entreprises et une stratégie médiatique intelligente. Le PTB est la composante de la gauche conséquente la plus visible. Mais un facteur important dans la croissance du PTB, au niveau de ses membres et de son électorat, est constitué par le changement de cap de 2008, vers plus d’ouverture. C’est pour cela que le PTB a pu toucher une fraction du public pour une formation de gauche conséquente.

    De nombreux nouveaux membres et encore plus de nouveaux électeurs du PTB ont notamment déterminé leur choix grâce à ces signes visibles de plus d’ouverture, non pas pour en finir avec, mais justement pour encourager ce développement et l’approfondir. A côté du PTB, il existe de nombreux militants organisés et non-organisés qui disposent aussi d’une implantation importante. Le pas logique suivant est donc de les impliquer et d’utiliser leur potentiel de manière maximale. Le PSL comprend bien la prudence du PTB, sa peur de rentrer dans une aventure et sa volonté absolue de ne pas risquer son nom, mais laisser ce potentiel de côté pourrait bien avoir un effet contraire. Le PSL a déjà précédemment suggéré au PTB et aux autres partis et groupes de la gauche conséquente d’élaborer ensemble un projet pilote. Nous restons prêts à réfléchir ensemble à ce sujet.

    C’est ainsi que nous en sommes finalement arrivés à ce meeting, où la question d’un relai politique sera présentée sans autres détours à plusieurs centaines de militants. Des militants d’autres syndicats et d’autres centrales et régionales qui ont peut-être encore des doutes pourront venir sentir l’atmosphère avant de risquer le plongeon. Les partis et groupes véritablement de gauche pourront non seulement y échanger leurs opinions mais avant tout venir évaluer comment la base syndicale réagit. Finalement, et c’est le pourquoi de cette date du 27 avril, la base peut être posée afin que cette question cruciale soit clairement présente parmi les militants lors des innombrables activités du premier mai.

    Le mouvement ouvrier belge a fortement souffert des innombrables mécanismes de ‘diviser pour régner’ que la bourgeoisie a intégrés dans notre système, surtout sur base linguistique et religieuse. Heureusement, chez les secrétaires de la régionale, aucune illusion régionaliste n’était perceptible. Les militants flamands sont plus que bienvenus, non pas en tant que spectateurs mais comme des alliés indispensables. Si l’initiative arrive à s’étendre d’avantage, ce sera une donnée à prendre en considération. De surcroit, le syndicat chrétien des employés (la CNE) prendra place à la tribune à côté de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut. Les déclarations de son secrétaire général Félipe van Keirsbilck connaissent un soutien considérable parmi sa base, bien que la CNE (170.000 membres) reconnaisse que la discussion n’est pas encore à un stade aussi avancé parmi ses membres qu’au sein de la régionale FGTB.

    Cela explique pourquoi une mobilisation interne de quelques centaines de militants a été décidée au lieu d’une large mobilisation publique avec d’innombrables tracts dans les entreprises et en rue. Espérons que cela soit pour une autre fois. Bien entendu, les opposants à cet appel vont exagérer ses faiblesses. Sous le titre ‘‘Menaces à gauche pour le PS et Ecolo’’, l’hebdomadaire Le Vif signala que ‘‘Piron et les siens sont confrontés à un problème d’envergure: leur isolement dans le syndicat socialiste.’’ Subtilement, on remarque que la CNE exclu de faire un appel direct pour une liste en 2014. Félipe van Keirsbilck est cité : ‘‘Nos règlements nous interdisent d’avoir des amis politiques’’. Mais van Keirsbilck ajoute tout de même que les élus qui prochainement vont signer le pacte budgétaire européen ‘‘n’auront pas notre confiance en 2014. Dans l’isoloir, cela va déjà éliminer pas mal de candidats.’’

    L’appel de Piron n’est pas le premier du genre. L’attitude loyale de la social-démocratie et des verts face à la casse sociale ne date pas d’hier. La résistance contre le Plan Global en 1993 avait déjà conduit à Gauches Unies. En 1994, à Anvers, le Mouvement pour le Renouveau Social est né. Pour les élections européennes de 1999, Roberto D’Orazio (de la lutte de Clabecq) avait rassemblé la gauche radicale sur une liste européenne sous le nom de ‘Debout!’. Mais tout cela est arrivé après la chute du Mur de Berlin et du stalinisme, qu’on présentait alors erronément comme étant du ‘‘socialisme’’, et dans une période de croissance économique dans les pays occidentaux. L’illusion selon laquelle le capitalisme allait en fin de compte assurer la prospérité de tous existait encore. Nous savons ce qu’il en est aujourd’hui.

    Depuis, le PSL a participé à presque chaque tentative de parvenir à un nouveau rassemblement de gauche large, inclusif et pluraliste. Les plus récents ? Le Comité pour une Autre Politique (CAP, né après la lutte contre le Pacte des Générations), Rood avec l’ancien candidat-président du SP.a Erik De Bruyn, le Front de Gauche à Charleroi et La Louvière, le Front des Gauches puis Gauches Communes à Bruxelles, ainsi que VEGA à Liège. Était-ce une faute ? Nous ne le pensons pas, nous avons appris énormément de ces expériences et nous n’avons jamais arrêté la construction du PSL en parallèle.

    Mais une idée a beau être correcte, il faut des événements concrets pour qu’elle soit reprise par des couches plus larges de la société. La conscience a de toute façon un retard sur les conditions matérielles pour alors, sur base d’événements concrets, les rattraper par bonds. Pensons aux révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Nous pensons que ce n’est pas une coïncidence quelques années après le début de la plus grande crise du capitalisme depuis les années ’30 une régionale importante de la FGTB et une centrale importante de la CSC mettent si explicitement la nécessité d’une nouvelle formation de gauche à l’agenda.

    [/box]

    Qu’un long chemin soit encore devant nous, personne ne le nie, et certainement pas ceux qui ont pris l’initiative. La question d’une liste commune en 2014 n’est d’ailleurs pas à l’ordre du jour. Mais il y a bien une raison qui explique pourquoi Le Vif s’est senti obligé d’écrire à ce sujet et pourquoi les autres medias ne peuvent eux non plus pas tout simplement ignorer l’initiative: qu’une régionale entière de la FGTB et qu’une centrale de la CSC qui réunissent ensemble 280.000 membres s’expriment explicitement pour une alternative de gauche, c’est une première absolue. Ça ne va pas disparaitre comme ça, c’est une expression de l’écart croissant entre la base syndicale et leurs partenaires politiques traditionnels, un écart qui ne va que s’agrandir dans les mois et années à venir.

    Quatre questions auxquelles répondre :

    Qu’arrivera-t-il si aucune alternative large de gauche n’est lancée ?

    Dans son discours du premier mai 2012, Daniel Piron remarquait que la formule magique ‘‘ce serait pire sans nous’’ fait offense à l’intelligence des syndicalistes. Il citait Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS) qui, durant le conflit Splintex, qualifiait les grévistes de ‘‘tache noire sur la carte de la Wallonie.’’ Longtemps, le PS a su se dissimuler derrière une ‘‘Flandre de droite’’ et se profiler comme opposition au sein du gouvernement. C’est bel et bien fini. En tant que Premier Ministre, Di Rupo a introduit le plan d’austérité le plus dur jamais mis en œuvre en Belgique. Est-ce la fin du ‘‘moindre mal’’ ? Bien des travailleurs continueront de voter PS avec une pince à linge sur le nez faute d’une alternative suffisamment développée. Nous ne devons pas chercher bien loin pour nous faire une idée du scenario auquel la Wallonie et Bruxelles peuvent s’attendre si aucune alternative large de gauche n’arrive. Bien plus rapidement que son parti-frère francophone, le SPa flamand s’est défait de son passé “socialiste” et de sa base traditionnelle. De ses maisons du peuple, de sa riche vie associative, de ses meetings fortement fréquentés et de ses cellules jeunes critiques, il ne reste presque plus rien. Durant les conflits sociaux, les travailleurs aperçoivent généralement le SPa de l’autre côté des barricades.

    Cependant, à chaque élection, l’appareil de l’ABVV (l’aile flamande de la FGTB) envoie ses militants voter pour ce parti. La Ministre de l’Emploi SPa Monica De Coninck a remercié l’ABVV en ces termes : ‘‘Aussitôt qu’on négocie un accord interprofessionnel, il y a toujours quelque chose qu’ils ne peuvent accepter.’’ (4) Bruno Tobback, Président du SPa, a déclaré que : ‘‘L’ABVV n’a aucune culture pour expliquer les choses difficiles. Vous ne pouvez pas demander le maintien de l’Index et en même temps vous attendre à ce qu’il reste une marge pour une augmentation des salaires.’’ (5) ‘‘Avec les autres, ce serait pire’’, c’est un argument usé jusqu’à la corde.

    Faute d’une alternative sérieuse, les militants regardent de plus en plus vers l’opposition la plus visible, même si celle-ci est populiste et économiquement de droite comme l’est la N-VA. En 2010, seuls 32% des membres de l’ABVV ont voté pour le SPa contre 22% pour la N-VA et 19% pour le Vlaams Belang! Pour l’ACV (l’aile flamande de la CSC), ce n’est pas mieux: 27% ont voté CD&V, 31% N-VA et 13,5% Vlaams Belang. (6)

    Un parti syndical ?

    Le professeur Jan Blommaert (université de Gand) écrivait en mars : ‘‘Pourquoi pas un parti syndical ?’’ (7) ‘‘Un parti de la Solidarité, de l’Action Sociale, ferait battre bien des cœurs, y compris dans l’isoloir… Il mettrait les thèmes socioéconomiques à l’agenda, pas dans la marge des débats mais bien au centre. (…) L’idée d’un parti syndical provient des milieux syndicaux eux-mêmes. (…) Plus j’y pense, plus logique et plus important cela me parait. Si les syndicats prennent leur rôle historique au sérieux, tout comme leurs origines, alors ils doivent poser ce pas en avant maintenant. Dans une crise aussi profonde et avec de telles répercussions, ils ne peuvent éviter la question du pouvoir.’’

    Pour lui, il va de soi que l’initiative parte des syndicats. La place nous a manqué pour publier ici l’intégralité de l’appel pour le 27 avril (voir Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste) Ce texte répète le constat du 1er mai 2012 en confirmant son actualité et en affirmant également : ‘‘Il nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de l’histoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de l’affirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif.’’ S’il faut compter sur le sommet syndical pour ça, alors nous avons encore un long calvaire devant nous.

    Anticapitaliste ?

    Le PSL est d’accord avec l’appel. Nous défendons une économie basée sur la solidarité et non sur la concurrence. Cela exige la nationalisation des secteurs clés de l’économie, du secteur financier, du transport, de l’énergie ainsi que l’enseignement et les soins de santé. Mais aussi des entreprises menacées de fermeture ou de restructuration comme Ford, ArcellorMittal, Caterpillar, MLMK, etc. Non pas avec des chefs d’entreprise comme Didier Bellens ou Johnny Thys, mais sous le contrôle des travailleurs et de la collectivité. Il sera alors possible de planifier l’économie de manière véritablement démocratique en fonction de nos besoins et non plus des profits d’une poignée de capitalistes dont les fortunes disparaissent sous les tropiques.

    Nous défendrons également notre programme dans un relai politique qui reste à concrétiser. Mais si, temporairement, nous ne pouvons pas convaincre tout le monde, cela ne nous arrêtera pas pour prendre part à une initiative moins explicitement ‘‘anticapitaliste’’ ou ‘‘socialiste révolutionnaire’’, pourvu qu’une austérité au dépend des travailleurs et des allocataires sociaux ne soit tolérée et que le rétablissement complet de l’index et la revalorisation des allocations fasse partie du programme, pourvu que l’on mette en avant une réduction générale du temps de travail sans perte de salaire pour combattre le chômage, pourvu que la défense des services publics soit dans le programme.

    Selon les politiciens actuels, les idées ne se réalisent qu’en prenant part au gouvernement. C’est faux, historiquement et dans les faits. Tous nos grands acquis sociaux ont été le fruit de la construction d’un rapport de force à travers la lutte. Une véritable alternative de gauche ne chercherait pas d’alliés parmi des partenaires de coalition de droite qui l’entrainerait dans une politique d’austérité, mais bien dans les entreprises et dans la rue. Nous devons rompre avec cette politique de coalitions d’austérité et construire au contraire un parti de lutte.

    Indépendance syndicale ?

    Nous comprenons les militants syndicaux qui défendent l’indépendance syndicale. Aujourd’hui, nos dirigeants syndicaux sont généralement une courroie de transmission pour leurs ‘‘amis politiques’’. Mais ce sont bien des dirigeants syndicaux, surtout ceux de gauche, qui se retrouvent aujourd’hui dans une situation extraordinaire en offrant des facilités (organisationnellement, financièrement et surtout en engageant leurs délégués) pour donner forme à une telle initiative. Pourquoi ne pas s’engager en se mettant eux-mêmes au premier rang ?

    Nous ne devons pas être dupes. Durant la formation syndicale de nos nouveaux militants, nous expliquons qu’il y a trois choses qui n’existent pas dans notre société de classe: l’objectivité, la neutralité et l’indépendance. L’indépendance de classe ne compte d’ailleurs pas pour les chefs syndicaux de droite quand il s’agit de faire cause commune avec ceux qui sont au premier rang pour mener la casse sociale. Ne laissons pas notre indépendance syndicale être un obstacle pour mettre sur pied une réelle alternative à la gauche du PS et d’Ecolo. Avec les délégués de gauche, les secrétaires et présidents de gauche dans n’importe quelle centrale ou syndicat ont également à prendre leurs responsabilités.

    Pour éviter qu’une véritable alternative de gauche ne prenne le même chemin que les partenaires politiques traditionnels, nous avons avant tout besoin de démocratie, aussi bien au sein de cette alternative de gauche que dans les syndicats eux-mêmes. Cela signifie entre autres qu’un élu doit prendre ses responsabilités et à la rigueur être révoqué et remplacé. Cela signifie aussi que cet élu, tout comme les milliers de délégués et militants dans les entreprises, ne puisse pas gagner d’avantage que la moyenne de ceux qu’il ou elle représente. Comment peut-on après tout représenter des employés si on possède un niveau de vie qui ne ressemble en rien aux conditions dans lesquelles ils vivent et travaillent ?


    Notes :

    1. http://jeunesfgtbcharleroi.wordpress.com/2012/05/03/discours-de-daniel-piron-secretaire-regional-de-la-fgtb-charleroi-1er-mai-2012/
    2. PTB-PVDA, Rood, Mouvement de Gauche, Front de Gauche Charleroi, Parti Communiste, Parti Humaniste, LCT, LCR-SAP, PSL-LSP
    3. Voir cadre .
    4. Humo 19 février 2013
    5. Het Nieuwblad 21 février 2013
    6. Sur base d’une étude électorale à la KUL en 2010
    7. https://jmeblommaert.wordpress.com/2013/03/19/waarom-geen-vakbondspartij/
  • Pour une représentation politique des luttes des travailleurs !

    Meeting pour une alternative à la gauche du PS et d’ECOLO à Charleroi

    Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste

    Samedi 27 avril 2013, 13h30, à la Géode à Charleroi

    Voici un an, le Premier Mai, la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT dénonçait l’austérité et constatait que le PS et ECOLO n’étaient plus un relais politique aux revendications du monde du travail. Dans son discours, le Secrétaire Régional Interprofessionnel appelait à un rassemblement politique à gauche de ces partis pour rendre espoir et dignité aux travailleurs et travailleuses. Quelques semaines plus tard, le Secrétaire Général de la CNE s’exprimait dans le même sens. Plusieurs responsables syndicaux faisaient de même.

    • Evénement Facebook

    Tous ensemble contre l’austérité, la misère et l’injustice

    Les constats dressés par les organisations syndicales en 2012 sont plus que jamais d’actualité. Depuis 2012, la situation des travailleurs et des allocataires sociaux s’est encore détériorée. Alors que des milliers d’emplois risquent de passer ou passent à la trappe, ARCELORMITTAL, Caterpillar, Ford GENK, … le gouvernement continue la chasse aux chômeurs et le détricotage de la Sécurité Sociale. Les femmes sont les principales victimes. Les salaires sont bloqués, l’index manipulé, le temps de travail annualisé, les jeunes sont précarisés. À propos du Budget 2012, le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT disait, le 1er mai, « Ce budget est à nos yeux un budget antisocial et antisolidaire. C’est de l’austérité pour de l’austérité. … des mesures qui touchent le monde du travail, actifs et inactifs, travailleurs du privé et des services publics, si souvent eux aussi la cible du politiquement correct. Dès lors qu’on laisse capital et grosses fortunes tranquilles ».

    Depuis 2008, partout en Europe et aux Etats-Unis, les banques ont été renflouées à coups de milliards, sur le dos de la collectivité, creusant ainsi les déficits publics. Nous sommes en 2013 et chaque « contrôle budgétaire » voit se répéter la chasse aux milliards. Croyez-vous que l’on a fait contribuer les entreprises et les grosses fortunes ? A Davos en janvier, le premier ministre, vantait les mérites des « intérêts notionnels » devant le gratin capitaliste mondial et se fendait d’un twit « de solidarité » avec les travailleurs d’Arcelormittal… En 2012, Arcelormittal a encore déduit 118 millions de ses impôts grâce aux intérêts notionnels. Avec 1,3 milliard de bénéfices en 2009 et 2010, il a payé 0 euro d’impôt. À la question : qui renflouera le holding Dexia ? La réponse est évidente : les finances publiques. À la question : qui paiera la note de la récession économique et de la dette publique ? La réponse est aussi évidente : le monde du travail.

    Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître!

    C’est ce que disait le Secrétaire Régional de la FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT en 2012. « Combien de temps allons-nous encore, Camarades, nous laisser tondre la laine sur le dos ? Car, Camarades, c’est bien de cela dont il s’agit. Il nous faut mettre ce système capitaliste aux oubliettes de l’histoire. Ce système ne peut être réformé. Il doit disparaître. Mais se contenter de l’affirmer du haut de cette tribune ne suffit pas. Faut-il encore nous en donner les moyens et le relais politique pour concrétiser notre objectif ».

    Un relais politique d’un type nouveau qui rassemble, se nourrit des résistances sociales et qui les renforce : voilà en effet ce qu’il faut construire pour redonner espoir au monde du travail. Certains pensent qu’il serait possible de « peser » sur le PS et ECOLO pour qu’ils (re)deviennent des partis de gauche. C’est une illusion. Nous préférons inviter les militants de gauche du PS et d’ECOLO à nous rejoindre pour construire ensemble une alternative. On nous rétorque souvent « qu’en Belgique, le paysage politique oblige à composer ». Daniel PIRON répondait le 1er mai 2012 « qu’à force de composer, on se décompose, on se dilue. Et pour l’instant, c’est la gauche qui se dilue dans la droite ». Le résultat, ce sont les catastrophes sociales que vivent aujourd’hui les populations grecque, portugaise, espagnole, chypriote et irlandaise. Notre ambition n’et pas de composer et de nous diluer au pouvoir. Elle est de nous opposer jusqu’au moment où nous pourrons imposer une alternative digne de ce nom.

    Pour une alternative de gauche à la crise capitaliste

    Il est illusoire de penser qu’on peut réformer le capitalisme pour qu’il devienne un « bon » capitalisme de relance. Il faut donc être clair : il faut une stratégie pour sortir du capitalisme et le remplacer par un autre système qui satisfait les besoins de la population et préserve notre planète.

    Nous en appelons à toutes celles et ceux qui se reconnaissent dans cet appel, à tous les militants, tous les travailleurs, d’où qu’ils soient et qui partagent notre point de vue à nous rejoindre pour en débattre.

    Programme de la Journée:

    13H30 : Accueil.

    14H00 : Début des travaux. Introduction par D. PIRON, Secrétaire Régional FGTB CHARLEROI & SUD HAINAUT et Isabelle VANSCHOOR, Secrétaire principale CNE HAINAUT.

    • Rappel des motivations de l’appel du 1er Mai 2012 de la FGTB à construire une alternative à gauche du PS et d’Ecolo (D. PIRON). Travaux en cours.
    • En quoi la CNE se retrouve-t-elle dans l’appel du 1er mai 2012 de la FGTB ?

    14H30 : Témoignages de délégué(e)s.

    • Un délégué du Non marchand.
    • Un TSE.
    • Un délégué d l’industrie.
    • Un délégué des Services Publics.

    En quoi, les politiques menées par les gouvernements à participation socialiste, ont-elles des conséquences néfastes pour le monde du travail ?

    15H00 : Répartition des participant(e)s en groupe de travail avec un rapporteur et un animateur (du banc syndical).

    Invitation à répondre à deux questions majeures :

    A. Quels sont les terrains que les partis traditionnels, dits de Gauche, ont déserté et qu’il faudrait réinvestir ?

    B. Quelles suites donner à cette première, journée de rencontre et de réflexion à moyen terme ?

    16H00 : Pause café et lunch.

    Durant cette pause, les rapporteurs des groupes de travail se réuniront avec D. PIRON et I. VANSCHOOR pour préparer une synthèse d’ensemble à présenter en plénière.

    17H00 : Présentation par D. PIRON et I. VANSCHOOR de la synthèse générale en plénière.

    17H30 : Conclusions et contact avec la Presse.

  • Caterpillar, une nouvelle lutte commence

    Le mois dernier, la direction de Caterpillar annonçait 1400 pertes d’emplois sur le site de Gosselies. Ajoutés aux 200 CDD non renouvelés et aux 500 CDD perdus depuis mai 2012, c’est de plus de 2000 personnes dont se sépare la direction.

    Thomas (Namur)

    Un contexte explosif

    Rien qu’en février de cette année, 923 entreprises ont fait faillite. Après Arcellor, Ford, Duferco,… c’est maintenant l’usine de Gosselies qui est menacée. Le slogan des délégations syndicales, ‘‘non aux licenciements boursiers’’ pointe du doigt la raison majeure de la décision de la multinationale : engranger encore plus de profits au mépris des travailleurs qui, pourtant, ont créé la montagne de richesses sur laquelle sont assis la direction et les actionnaires.

    Avec l’unification des statuts ouvrier-employé ordonnée par l’Europe à partir de juillet, il est moins cher de virer des ouvriers aujourd’hui car les préavis ouvriers sont bien moins longs que pour les employés. Si l’intention des patrons est de niveler les statuts vers le bas (salaires et conditions de travail), ils savent que jamais les syndicats et les employés – force considérable en Belgique – n’accepteront des préavis au niveau d’un ouvrier actuel.

    La technologie de pointe dans un contexte de crise économique

    Les délégations soulignaient que Gosselies s’est tourné vers la construction de machines plus puissantes, plus performantes. Malgré leurs performances, la conjoncture économique les rend plus difficiles à vendre car plus chères. Une contradiction du système capitaliste, qu’on peut étayer par un exemple probant : Gosselies produit notamment des moteurs moins polluants, mais la vente ne rencontre pas les espoirs escomptés car 25% plus chers. Pourtant, la recherche et le développement de moteurs écologiques devraient être une priorité ! Ce ne sera le cas que lorsque les outils de production de pointe et les secteurs-clés de l’économie seront nationalisés, sous le contrôle des travailleurs !

    Nous rejoignons, sur ce point, Antonio Cocciolo, président des métallos Hainaut-Namur, qui nous disait en interview fin mars ‘’nous sommes hors de toutes décisions politiques, il faut revenir à une puissance publique locale et européenne et créer des liens avec les travailleurs d’autres pays européens (…) Des pans entiers de l’économie tels que l’énergie ou les banques doivent être placés sous contrôle public.’’

    ‘’La crise économique est une aubaine pour le patronat’’ rappelait-il, ‘’elle permet d’accélérer la politique du choc suivie aujourd’hui, chantage à la délocalisation pour flexibiliser au maximum, ou délocaliser la production afin d’augmenter les taux de profits.’’

    Effectivement, la direction de Caterpillar en profite pour remettre en cause les accords des conventions collectives passées : les acquis de la lutte syndicale interne. Les délégués avaient notamment réussi à interdire l’engagement d’intérimaires dans l’usine. C’est le moment de réintroduire les intérims, qui s’intégreraient très bien dans le CPS (Caterpillar Production System), sorte de toyotisme à la sauce Caterpillar qui comporte les mêmes ingrédients : l’ordre (les fameux 5S), les cercles de qualités, les primes individuelles, etc. Gosselies est même le centre européen du groupe en matière de formation au toyotisme. Le toyotisme, ou la production en just-in-time, vise à ne plus produire puis stocker pour vendre, mais produire selon le nombre de commandes passées. Cela s’accompagne d’une idéologie néolibérale dure exigeant une flexibilisation accrue des travailleurs visant à produire mieux, plus vite, de meilleure qualité, et avec le moins de temps de travail possible. Les cercles de qualités sont des centres de réflexions de quelques travailleurs, qui partagent leurs idées pour améliorer la production.

    En fait, nous mêmes socialistes révolutionnaires, nous sommes pour une production de meilleure qualité, qui nécessite moins de temps à la tâche et où les travailleurs auraient un rôle central dans l’élaboration du produit. Mais l’objectif du toyotisme, c’est de maximiser les profits avec moins de personnel. Le nôtre, de partager les richesses et le temps de travail. De remplacer la logique de la concurrence anarchique par la planification économique et produire pour l’usage.

    Aucun secteur n’échappe à la crise, construisons l’alternative

    Enseignement, fonctionnaires fédéraux, secteur de la santé, pensions, secteurs privés des services et de l’industrie, etc. : comme ailleurs en Europe, le mouvement ouvrier est en quête d’une alternative politique pour en finir avec l’avidité des financiers et des capitaines d’industrie ainsi qu’avec l’austérité budgétaire de leurs représentants politiques.

    Les syndicalistes de Caterpillar sont vus depuis longtemps comme un groupe de tradition ouvrière, présents aux manifestations et apportant leur solidarité aux travailleurs en crise. Des liens se sont d’ailleurs créés avec les travailleurs d’ArcellorMittal dans la même situation. On va peut-être vers une unification des luttes ouvrières. Construire la solidarité et disposer d’un plan d’action ambitieux est la seule alternative face à cette avalanche de perte d’emplois qui est loin d’être terminée.

    La concurrence, c’est l’arme des riches, solidarité celle des travailleurs

    Il suffit de marcher dans la région de Charleroi pour se rendre compte des manquements énormes dans la société, et du potentiel que représentent les nombreux outils abandonnés par le patronat qui ne les juge pas assez rentables. Nationalisons ces outils pour assurer des milliers d’emplois et que la main-d’oeuvre qualifiée de l’usine Gosselies puisse produire les engins, les moteurs, et autres ensembles mécano- soudés dont nous avons besoin !

  • Luttons pour notre avenir !

    Crise sans fin, système en faillite

    L’Union Européenne et les pays qui la composent ont renouvelé leur trajectoire budgétaire. Pour la plupart des partis politiques, qu’ils soient sociaux-démocrates, libéraux, verts ou nationalistes, la politique d’austérité est la seule qui nous permettra de voir la lumière au bout du tunnel. Le président du conseil européen, Herman Van Rompuy, nous disait ainsi en 2011, dans son style inimitable : ‘‘Je suis un optimiste, quand cette crise sera derrière nous, on verra ce qu’on aura réalisé dans l’année 2010 et 2011 et ce que l’on vit maintenant comme un “annus horribilis” (une année horrible) sera un jour considéré comme un “annus mirabilis (année miracle).’’ Reste qu’au vu des réalités que vivent les masses laborieuses, si la lumière est au bout du tunnel, avec cette politique nous sommes à pied sur les voies et le train nous fonce dessus…

    par Alain

    Les lendemains n’ont pas chanté…

    Le premier trimestre de 2013 est achevé, et pour la majorité de la population aucune bonne nouvelle n’est à l’horizon. Il faut avoir du toupet pour aller dire aux Grecs, aux Espagnols, aux Portugais, aux Chypriotes ou plus près de chez nous aux travailleurs de Ford, d’Arcelor, de Carsid, de NLMK, de Caterpillar et aux presque 18.000 autres qui ont perdu leur emplois en 2012 que comme le dit la chanson, ça ira mieux demain.

    Mais pour Herman Van Rompuy, qui doit vivre dans une tour d’ivoire ‘‘très’’ mais alors là très loin de nos préoccupations, si on continue sur la voie de l’austérité (ce qu’il appelle la trajectoire budgétaire), l’économie redémarrera fin 2013 (interview radio donnée dans l’expresso de Matin Première du 18/03/13).

    Annus horribilis pour les travailleurs

    On annonce pour le premier trimestre de 2013 une chute de la production industrielle en Europe. La seule solution que l’on nous propose face à la crise, c’est la destruction de l’emploi et des capacités productives pour maintenir les prix, et donc les profits, ou la spéculation hasardeuse sur le gaz de schiste. L’emploi chute, dans tous les pays de la zone euro. Le pouvoir d’achat baisse, la pauvreté grimpe et le tissu social se désagrège. Pour ceux qui ont du travail, le stress et la pression deviennent presque intenables à en voir les chiffres des maladies liées au travail. Le pire dans tout ça, c’est que la relance tant espérée ne vient pas. Le remède tue, ou plutôt achève le patient.

    Il faut changer d’orientation politique

    Depuis 30 ans, on nous dit de faire des efforts afin de renforcer notre économie nationale ou de sauver notre modèle social. On le voit, la politique qui consiste à opposer les travailleurs entre eux via la compétitivité nous a conduits au gouffre. La part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué dans l’ensemble des pays capitalistes avancés. Les seuls qui y ont gagné, ce sont les actionnaires et le patronat.

    Aujourd’hui, dans tous les pays de l’Union et bien au-delà, l’ensemble des travailleurs, des chômeurs, des pensionnées et des jeunes cherchent une alternative à la destruction qu’on leur impose. Nous devons reprendre le contrôle sur les grands secteurs économiques afin de réorienter la production vers les besoins sociaux. Pour cela, nous avons besoin d’organiser la discussion sur la meilleure manière d’en finir avec ce capitalisme pourrissant.

    Reconstruire un outil politique qui permette cette discussion devient chaque jour une tâche plus urgente.

  • Réorienter la lutte pour sauver l’acier liégeois et l’emploi

    ArcelorMittal

    Le 7 décembre 2011, la population liégeoise se réunissait dans le centre ville pour soutenir les travailleurs d’ArcelorMittal. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers à manifester aux cotés des métallos contre le sort qui leur a été alloué par la politique patronale. Depuis lors, aucune action n’avait été organisée à Liège pour sensibiliser la population au sort des travailleurs et l’impliquer dans la lutte.

    par Daphnée (Liège)

    Après des manifestations à Namur, Strasbourg et Bruxelles, les métallos sont ce 30 mars dans les rues de Liège au côté de travailleurs d’autres secteurs lors de la Marche pour l’emploi organisée en front commun syndical sous le mot d’ordre : ‘‘Combattons la logique capitaliste !’’ C’est l’occasion d’enfin impliquer la population locale dans la lutte des métallos liégeois. Ce combat ne leur est pas singulier, leurs camarades de Ford, de Caterpillar, de Duferco, de Meister et d’autres entreprises font eux aussi face aux conséquences néfastes de la logique patronale. La lutte doit désormais devenir le quotidien de tous les travailleurs, avec ou sans emploi, à Liège et ailleurs. Quand toute la collectivité est touchée, c’est unie qu’elle doit lutter.

    Quels moyens d’action ?

    Cette manifestation du 30 peut constituer un nouveau départ pour restimuler la motivation des travailleurs vers une réelle victoire, avec le soutien actif de la population. En mars, la délégation avait organisé le blocage de la frontière à Visé et Aachen. Un des responsables syndicaux a déclaré à cette occasion à l’agence Belga : “On a marqué le coup! C’était une action importante pour sensibiliser les automobilistes aux enjeux de la fermeture d’un certain nombre de sites sidérurgiques liégeois.” Est-ce vraiment le meilleur moyen de gagner le soutien de la collectivité ? Pourquoi ne pas profiter du 30 et d’autres actions ou réunion pour distribuer largement des affiches de solidarité, des tracts à distribuer autour de soi,… ?

    Une large partie de la population est favorable à la nationalisation pour sauver l’emploi. Mais les politiques se concentrent encore et toujours sur la recherche d’un repreneur… alors que Mittal, lui, refuse de céder l’outil ! Mobilisons cette force au côté des métallos, qui ne doivent pas sentir qu’ils luttent seuls. C’est de l’emploi et de l’économie de toute une région dont il s’agit ici.

    Il faut être audacieux dans cette lutte, c’est la seule manière de contrer la démoralisation qui s’installe progressivement. A Namur, le 20 mars dernier, seuls 500 travailleurs étaient présents pour manifester. Beaucoup ne voient pas quelle est la stratégie actuellement suivie, il faut de toute urgence en rediscuter collectivement, en assemblées générales, avec prise de parole des travailleurs également et pas uniquement du sommet de la délégation. Les travailleurs ont leur mot à dire sur leur combat, ils doivent être acteurs de leur propre lutte. Pourquoi ne pas commencer par des assemblées générales démocratiques au sein des différents sites, pour finir vers une assemblée de tous les travailleurs, pour ainsi prendre le temps d’évaluer sérieusement ces 15 derniers mois et de fixer des objectifs clairs pour la suite, tant en terme de revendications que de méthodes d’action ?

    Il nous semble que l’occupation des sites serait un bon moyen d’assurer de disposer de quartiers généraux permanents où discuter de ces éléments, tout en constituant un excellent premier pas vers la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle et la gestion des travailleurs, avec expropriations sans rachat ni indemnités.

    Le bassin sidérurgique liégeois ne s’est pas construit avec la sueur du front de Mittal ! Les travailleurs pourraient ainsi donner l’exemple à d’autres entreprises qui subissent ou qui subiront les attaques de la dictature des marchés, et ainsi ouvrir une voie dans la lutte contre le capitalisme.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop