Tag: Caterpillar

  • Une crise économique mondiale est-elle inévitable ?

    La base de la croissance économique mondiale de ces dernières années a été l’augmentation du pouvoir d’achat de la population américaine. Cette augmentation reposait sur la croissance de sa richesse virtuelle (sur base de l’envolée des prix des maisons) de pair avec une politique de crédits à bon marché qui incitait les familles à contracter des emprunts. Donc, alors que le salaire réel des familles américaines baissait insensiblement depuis des années, celles-ci ont consommé avec de l’argent qu’elles devaient encore gagner !

    Kristof

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    La Chine: une roue de secours ?

    Selon les économistes bourgeois, la Chine peut, en formant son propre marché intérieur, devenir le moteur de l’économie mondiale et relayer les USA.

    L’impressionnante croissance chinoise est essentiellement basée sur des investissements étrangers, en majorité américains, permettant de produire à bas coût pour l’exportation. La Chine est ainsi fortement dépendante des USA et de l’Europe. Si la croissance ralentit dans ces pays, cela aura un effet majeur sur la Chine.

    Si la Chine veut se doter d’un marché intérieur considérable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, alors les salaires doivent augmenter de manière importante. Mais cela saperait la base de sa croissance et des profits !

    Dans le passé, la Chine a maintenu une position exportatrice favorable en aidant les Etats-Unis à tenir debout. Elle a financé les déficits de la balance commerciale des USA (800 milliards d’euros par an !) en plaçant son argent dans les banques américaines. La baisse continuelle du dollar rend cela intenable. Quelques banques chinoises auraient déjà commencé à « diversifier » discrètement leurs investissements dans d’autres pays. Si cette tendance continue, le deuxième débouché de la Chine – les USA – se rétrécira et l’Europe, le marché le plus important, partagera les coups et la Chine finira elle aussi par en faire les frais.
    [/box]

    Crise immobilière aux USA

    Les hausses successives des taux d’intérêt ces derniers mois ont posé de plus de plus de difficultés à un nombre grandissant de familles. Plus d’un million d’Américains ont vu leur maison saisie pour défaut de paiement. Une véritable crise s’est ainsi développée sur le marché immobilier américain. Son intensification au cours de l’été a mis à mal les institutions financières qui gèrent les hypothèques ou qui les revendent sur les marchés financiers. Des dizaines de milliers de personnes ont été licenciées. Une pénurie de crédit s’est développée parce que les banques ont d’un coup exigé des taux plus élevés pour les emprunts à risque. Cela fait que la crise menace de s’étendre vers d’autres secteurs, ce que les différentes banques centrales ont tenté de surmonter en accordant aux banques des crédits d’une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars.

    Le marché américain de l’immobilier est en crise et le bout du tunnel n’est pas proche. Les ventes de maisons ont diminué de 6,5 % en août pour atteindre le niveau le plus bas depuis 2001. Le niveau actuel est 22 % plus bas qu’il y a un an. En août, le prix de vente demandé par les constructeurs de maisons était 7,5 % moins élevé que l’an dernier et en septembre, les ventes de maisons neuves ont atteint leur niveau le plus bas depuis mars 1993. Durant ce même mois de septembre, 223.538 familles n’ont pas pu payer leur hypothèque (le double de septembre 2006 !). La confiance des constructeurs américains de maisons a atteint son niveau le plus bas depuis 22 ans.

    Allan Greenspan, l’ancien président de la FED (la banque centrale américaine), a déclaré que la baisse du marché immobilier « sera plus importante que ce à quoi la plupart des gens s’attendent ». Selon David Rosenberg (de la banque Meryl Lynch), cette chute pourrait même atteindre 20 %, du jamais vu ! Pour Robert Shiller (de la Yale University), l’effondrement des prix de l’immobilier qui s’annonce sera le plus important depuis la « Grande Dépression » qui a commencé avec le krach boursier de 1929.

    La crise immobilière commence donc à gagner en importance et pourrait engendrer un effet boule de neige si de plus en plus de propriétaires immobiliers souhaitaient vendre leur maison rapidement alors qu’il existe déjà actuellement un excès de maisons en vente.

    Suite à la crise du crédit, les banques adoptent dans le monde entier des conditions plus rigoureuses pour accorder des emprunts ce qui, selon la Banque Centrale Européenne, devrait encore s’aggraver au trimestre prochain. Cela n’a pas uniquement des conséquences pour les familles qui veulent contracter une hypothèque, mais aussi pour les entreprises.

    L’économie U.S. s’essoufle

    La crise immobilière et la crise de crédit qui en résulte contaminent aussi d’autres parties de l’économie. La FED a admis à la mi-octobre que l’économie américaine est en train de ralentir. Le FMI a baissé de 0,9 % sa prévision de croissance pour les USA en 2008, la ramenant à 1,9 %, trop peu pour maintenir en équilibre le taux d’emploi. La hausse du chômage est d’ailleurs déjà visible.

    En août, les commandes des entreprises ont connu leur plus forte diminution depuis le début de l’année (-3,3 %). Les profits des banques ont fortement reculé durant le troisième trimestre, de même que ceux d’entreprises de construction comme Caterpillar.

    Les taux d’intérêt peu élevés et les prévisions économiques revues à la baisse ont rendu le dollar moins attractif pour les investisseurs étrangers. Le dollar ne s’effondre pas uniquement face à l’euro mais également vis-à-vis d’autres monnaies. Une économie américaine affaiblie pourrait inciter à ne plus investir dans le dollar, ce qui ne ferait que rendre la probabilité d’une crise mondiale plus tangible.

    Vers une récession mondiale ?

    La crise immobilière aux USA peut – entre autres à cause des conditions de crédit plus rigoureuses – s’étendre vers d’autres pays. Dans les autres pays capitalistes développés, par exemple, les prix immobiliers ont augmenté encore plus rapidement qu’aux Etats-Unis au cours des quinze dernières années (+70% depuis 1990 contre +50% aux USA). En Espagne, en Irlande et en Grande-Bretagne, les prix ont doublé durant cette période et les familles disposent de moins en moins de réserves financières, ce qui rend ces pays d’autant plus vulnérables. Beaucoup de pays ont vu leur position en matière d’exportations s’affaiblir à cause de la faiblesse du dollar. Ainsi l’euro se trouve depuis un moment déjà au-dessus du seuil sensible de 1,40 $/euro.

    Le FMI a accompagné ses prévisions de croissance de déclarations selon lesquelles la crise financière « contraindra les gouvernements sur le plan mondial d’adopter des modifications substantielles à leurs propositions de budget ». Et qui en seront les victimes ? Avant tout les salariés et leurs familles.

    Il est donc possible que nous soyons à l’aube d’une récession économique. La bourgeoisie réussira-t-elle à la postposer ? Ce n’est pas à exclure, mais les « solutions » au sein du capitalisme sèment inévitablement les graines d’une crise future plus importante encore.


    Files d’attente au Royaume Uni

    La banque britannique Northern Rock illustre la fragilité croissante du système financier. Ses gros profits de l’an dernier ont été réalisés en concluant et en commercialisant des emprunts, surtout hypothécaires. Avec la crise du crédit, la confiance des investisseurs a disparu, créant la panique. La banque centrale du Royaume-Uni, la Bank of England (BoE), a dû se porter à son secours à la mi-septembre en mettant à sa disposition 3 milliards de livres.

    La cotation en Bourse de Northern Rock s’est alors effondrée et se sont formées devant ses guichets d’énormes files (jusque sur la rue !) de clients désirant solder leurs comptes. Ces files n’ont disparu qu’au troisième jour, lorsque le gouvernement s’est porté garant pour la banque.

    Afin d’éviter toute extension, la BoE a finalement renfloué les caisses de Northern Rock de 10 milliards de livres. Le message qui en ressort pour les investisseurs est limpide : prenez des risques, si nécessaire, nous interviendrons avec des moyens publics si vous avez des problèmes !

  • Candidats MAS sur les listes CAP. Lutte, solidarité, socialisme !

    La présentation des candidats du CAP était de loin la partie la plus enthousiasmante de la conférence du 14 avril. Malgré la participation de nombreux jeunes, c’était surtout le capital d’expérience, tant syndicale que politique, qui frappait. Le 10 juin, le CAP offre aux électeurs des candidats combatifs et décidés qui luttent sur leur lieu de travail, dans leur syndicat, leur école, leur quartier ou leur association contre les attaques sur nos salaires, nos conditions de travail, nos allocations, notre environnement ou notre enseignement. « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! », déclarait à juste titre un des candidats.

    Els Deschoemacker

    La nécessité d’une formation propre aux travailleurs !

    Pendant que les partis traditionnels cherchent des « travailleurs » à mettre sur leurs listes, les listes du CAP sont principalement constituées de travailleurs. Chez nous, pas de majorité d’avocats au service du monde patronal, mais au contraire des gens qui s’engagent à stopper la vague néo-libérale. Lors de la conférence, nous n’avons pas eu le temps de laisser chaque candidat s’exprimer et de même, dans ce dossier, nous n’avons pas l’espace suffisant pour présenter l’ensemble des candidats. Nos lecteurs peuvent trouver un rapport plus complet sur le site www.autrepolitique.be.

    Nous voulons nous concentrer ici sur quelques candidats centraux du MAS/LSP sur les listes du CAP. Notre parti s’investit intensivement dans la construction du CAP puisque nous pensons qu’il faut un nouveau parti large des travailleurs qui regroupe tous les courants qui s’opposent au néo-libéralisme, qu’il nous faut une nouvelle arme aux mains des travailleurs.

    Le Pacte de Solidarité entre les Générations a illustré le fossé qui s’est creusé entre les syndicalistes et la social-démocratie. Le CAP en est conscient et sa participation électorale peut renforcer l’idée de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, en faire comprendre l’importance parmi une plus grande partie de la population et ainsi organiser une plus grande partie des travailleurs.

    Les intérêts du MAS/LSP ne sont pas différents de ceux du mouvement des travailleurs. Nous soutenons chaque initiative capable de renforcer la position des travailleurs. Parallèlement, nous pensons qu’il faudra en définitive rompre avec le système capitaliste afin de trouver de véritables solutions aux nombreux problèmes qui caractérisent la société actuelle. Nous ne luttons pas seulement contre le néo-libéralisme, mais aussi pour une société socialiste – ce qui exige nos propres instruments. Nous vous invitons donc non seulement à voter pour le CAP, mais aussi à voter pour les socialistes révolutionnaires sur ces listes. Nous en présentons brièvement quelques-uns ici.


    Aisha Paulis

    Aisha Paulis est deuxième sur la liste du Sénat francophone. Elle a 24 ans, vit à Bruxelles et fait des études d’infirmière. Etant femme, d’origine immigrée, francophone et vivant à Bruxelles, elle fait partie – selon ses propres termes – des « groupes à risque » qui auront des difficultés sur le marché de l’emploi. Elle est devenue active dans les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) à l’ULB et a été une des fondatrices de la section de Wavre du MAS/LSP.

    Aisha offre au CAP la possibilité de faire un pont vers la nouvelle génération de jeunes qui doivent encore faire leurs premiers pas sur le marché de l’emploi. Aujourd’hui, les jeunes subissent les conséquences des économies systématiques dans l’enseignement. Le mouvement anti-mondialisation à prouvé que les jeunes se sentent concernés par l’abîme croissant entre riches et pauvres. Atteindre ces jeunes est une tâche importante du CAP. C’est la première génération qui aura un niveau de vie inférieur à celui de ses parents et des mouvements de luttes importants seront menés par cette génération. Aïsha est membre du secrétariat du CAP à Bruxelles et membre de la direction du district de Bruxelles-Brabant Wallon du MAS/LSP.


    Gustave Dache

    Nous voulons également attirer votre attention sur la tête de liste du CAP dans le Hainaut. Gustave Dache a 70 ans et vit a Thuin, près de Charleroi. Gustave fait partie d’une génération qui a commencé à travailler à 13 ans. En novembre 1949, il a été engagé à Glaverbel et, à peine 6 mois plus tard, il a été témoin des grèves contre le retour de Léopold III.

    A 16 ans, Gustave est devenu trotskiste et l’est toujours aujourd’hui. Il n’est pas membre du MAS/LSP mais il y a un grand respect mutuel entre nous. A 24 ans, Gustave a joué un rôle important dans la grève du siècle (60-’61). En 61-62, il a été hospitalisé pendant 21 mois dans un sanatorium après l’attaque par la gendarmerie de la Maison des 8 Heures à Charleroi.

    Après une série d’emplois de courte durée, Gustave a été engagé en ’68 à Caterpillar et a été de nouveau licencié après un mouvement de grève, décrit par Gustave dans une excellente brochure. En ’73, il est devenu président d’un comité de grève qui a occupé pendant 6 semaines l’entreprise de son employeur, Glaces de Courcelles.

    A partir de ’73, Gustave a travaillé chez Citroën à Charleroi où il a mis sur pied une section syndicale et en est resté délégué jusqu’à sa retraite en ’93. Nous considérons comme un honneur qu’un vétéran de la lutte des classes avec une si riche expérience tire la liste CAP du Hainaut. Sur base de son expérience Gustave reste convaincu du pouvoir de la classe ouvrière dans la transformation de la société.


    Bart Vandersteene

    Bart Vandersteene a 30 ans et tire la liste CAP en Flandre Orientale. Son engagement politique a débuté au début des années ’90 dans le cadre de la lutte contre le VB. Plus tard, il a rejoint les Etudiants de Gauche Actifs, organisation qui défend les intérêts des étudiants mais organise également la solidarité avec des travailleurs en lutte, comme ce fut le cas avec ceux des chantiers navals de Tamise, puis avec ceux de la sidérurgie à Clabecq ou encore avec les métallos de Carnoy à Gand.

    A Gand le MAS/LSP, qui s’appelait encore « Militant », a initié des mouvements de lutte importante contre la privatisation du ramassage des poubelles et contre les projets anti-sociaux de rénovation urbaine qui chassent les habitants des quartiers pauvres afin de faire place à un public de ménages à double revenus. Bart défend un parti de lutte qui ne soit pas uniquement différent en paroles, mais aussi en actes. Bart fait partie du secrétariat national du CAP et de la direction nationale du MAS/LSP.


    Anja Deschoemacker

    Anja Deschoemacker est troisième sur la liste néerlandophone pour le Sénat. Elle a 36 ans, habite Bruxelles et est rédactrice à l’Alternative Socialiste. Elle aussi a commencé son activité politique dans le mouvement de jeunes antifasciste Blokbuster contre le Vlaams Belang. Plus tard, elle s’est concentrée sur le développement d’un programme combatif pour les femmes et a participé à plusieurs reprises à des débats télévisés sur ce sujet.

    La lutte contre la division des travailleurs est un point central de son activité. Ces dernières années, Anja s’est penchée sur l’élaboration du point de vue du MAS/LSP sur la question nationale en Belgique. Elle insiste sur la nécessité de résister en paroles et en actes à toute forme de division, y compris sur base communautaire. Au CAP, elle a joué un rôle important dans la commission sur le programme et a aussi à la base du développement d’une section bilingue du CAP à Bruxelles. Elle est membre du comité électoral national du CAP.

  • Socialisme 2007 : journée de discussion et de débat

    Le samedi 31 mars s’est tenu notre journée annuelle de formation et de discussion. Socialisme 2007 a réuni environ 150 travailleurs et jeunes de tout le pays pour deux meetings centraux et une série de discussions dans de plus petits groupes.

    Cette journée a été particulièrement passionante avec beaucoup d’attention accordée au développement ultérieur du Comité pour une Autre Politique (CAP). Les différentes commissions ont abordé les différents thèmes de discussion plus en profondeur.

    La journée a commencé avec un meeting où quelques orateurs ont brièvement abordé des aspects spécifiques de notre fonctionnement. Jan Vlegels a ainsi parlé de nos activités antiracistes avec, entre autres, la récente manifestation anti-NSV à Anvers. Jo Coulier a parlé au sujet de la lutte contre les assainissements dans l’enseignement tandis que Laure Miège a pris la parole au nom de la commission femme du MAS/LSP et que Jeroen Demuynck a développé nos campagnes étudiantes. Enfin, Alex Rouillard, de France, est intervenu sur la nécessité de s’organiser sur le plan international contre le capitalisme.

    Après le meeting, il était possible de participer à l’une des 10 commissions autour de différents thèmes : de la lutte syndicale à la santé publique en passant par l’histoire de la révolution russe et celle du trotskisme en Belgique. Chacun a ainsi pu trouver un thème qui a éveillé son intérêt.

    La journée a été clôturée par un meeting dans lequel les orateurs ont commenté la nécessité d’une alternative politique et le développement futur du CAP. Jef Sleeckx a dû malheureusement s’excuser, il a dû participer à une fête à Mol, mais a précisé qu’il trouvait particulièrement regrettable de ne pas être présent à Socialisme 2007. Bart Vandersteene (LSP), Daniel Lebleu (ex-travailleur à VW-Forest et actif au sein du CAP) et Gustave Dache (ancien syndicaliste à Caterpillar et maintenant actif dans le CAP comme trotskiste indépendant) ont parlé pendant qu’Anja Deschoemacker animait la conversation.

    La conclusion principale a été la grande volonté d’aller de l’avant mettre dans la construction d’une alternative politique. Un gigantesque enthousiasme était présent lors de cette journée, et il était clair que la nécessité de transmettre dans le concrêt cet enthousiasme était compréhensible de tous.

  • Non à la scission des Métallos FGTB

    Depuis quelques temps, des voix se font entendre au sein de la Centrale des métallos de la FGTB pour scinder la Centrale entre une aile francophone et une aile néerlandophone. La section bruxelloise serait rattachée à l’aile francophone.

    Un militant de la CMB

    Depuis que le journal Trends a “révélé” que le président de la CMB, Herwig Jorissen, avait été membre du VMO à l’âge de dix-sept ans, la Centrale est sens dessus dessous: on avait manifestement trouvé le défaut de la cuirasse. Les secrétaires francophones ont exigé la démission immédiate de Jorissen; leur attitude inflexible s’est heurtée à l’incompréhension de leurs collègues néerlandophones. Toute collaboration entre les secrétaires nationaux et provinciaux était devenue impossible. Les francophones avaient déjà exigé plus de moyens lors du Congrès statutaire d’avril 2005. On y avait décidé de tenir un Congrès extraordinaire avant la fin mars 2006. Celui-ci verra-t-il la scission du syndicat unitaire des métallos?

    La question se pose: qui a à gagner d’une scission? Les membres? Les militants? Diverses délégations syndicales ont signé une motion contre la scission, mais il semble bien que les préparatifs d’un partage des moyens financiers comme des biens mobiliers et immobiliers aient commencé en coulisses.

    Les militants seront consultés d’ici quelques semaines lors d’assemblées syndicales. Les adversaires de la scission tenteront d’y convaincre leurs collègues de voter contre la scission. A moins que les modalités de la scission ne soient déjà réglées en coulisses?

    Les militants de Caterpillar Grimbergen sont opposés à toute scission et ont démarré un weblog. Ils proclament qu’il n’y a aucune raison de scinder la CMB tant que la Sécurité sociale est une matière fédérale et tant qu’il y a des accords interprofessionnels au niveau national.

    Les militants à l’origine de l’initiative espèrent que beaucoup de délégations syndicales, de délégués, de militants et de membres publieront une motion ou une réaction sur ce weblog.

    L’adresse de ce weblog est http://samen-ensemble.blogspot.com

  • MEETING PUBLIC: LA GRANDE GREVE DE ’60-’61

    Quelles leçons pour la lutte aujourd’hui ?

    Invité et orateur : Gustave Dache

    Gustave Dache a participé activement à la grève de 60-61. A l’époque il était responsable sur le plan local (Gilly) régional et national des Jeunes Gardes Socialistes (JGS) et militant syndical en verrerie (Glaverbel). Par la suite délégué syndical Métal (notamment Caterpillar), Gustave a participé à d’autres conflits, notamment Clabecq. Il a également donné son temps et son énergie pour défendre la lutte des ouvriers de Splintex en s’appuyant sur son expérience mais également sur les meilleures traditions du mouvement ouvrier…

    Où ? Quand ? Le mercredi 14 décembre

    au « Pianofabriek » à 19h

    (rue du Fort, n°35 – St-Gilles)

  • GREVE JUSQU’A LA CHUTE DU GOUVERNEMENT

    Il faut un programme offensif

    Les syndicats demandent le retrait du pacte des générations, même si cela signifie la chute du gouvernement. Maintenant que nous sommes tous ensemble dans la rue, on ne doit pas se limiter à des revendications purement défensives. Les syndicats doivent au contraire utiliser cette mobilisation pour proposer leur propre alternative de rupture avec la politique antisociale et néolibérale.

    Tract du MAS

    > Version PDF: 1 et 2

    Le gouvernement et le patronat sont déterminés: ils ne veulent plus discuter du pacte des générations, sauf peut-être les modalités d’application. Ce n’est pas étonnant, ce dossier leur a coûté deux années de préparation et il reprend toutes les propositions initiales du patronat.

    Le pacte des générations ne veut pas créer d’emplois pour les jeunes en partageant le travail disponible ou en laissant partir plus tôt les travailleurs âgés, mais veut créer encore plus de contrats précaires, sous-payés et instables. Il semble être copié directement d’un cours pour entrepreneurs débutants.

    Les « baby-boomers » d’après-guerre ont cotisé à la sécurité sociale durant des dizaines d’années. La moindre des choses serait de les récompenser en les laissant couler de vieux jours sans soucis supplémentaires, de préférence à un âge où ils peuvent encore en profiter.

    Mais le gouvernement et le patronat ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont systématiquement écrémé les surplus de la sécurité sociale pour introduire des diminutions de charges pour le patronat. La somme totale est déjà de plus de 5 milliards d’euros par an. Le pacte des générations prévoit d’encore y ajouter 960 millions! Le patronat dit que c’est nécessaire pour stimuler de nouvelles embauches. En réalité, le seul résultat tangible est l’enrichissement des patrons et non l’emploi.

    Les diminutions de charges doivent évidemment être compensées quelque part. Le pacte des générations veut le faire en limitant drastiquement la prépension et le crédit-temps, en maintenant plus de travailleurs plus longtemps au travail pour mettre les salaires encore plus sous pression. Et le pacte des générations n’est pas encore en vigueur que le patronat brandit déjà de nouvelles revendications telles qu’un gel salarial ou un blocage de l’index.

    Pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale, le gouvernement s’est mis en quête de nouvelles recettes. Les salariés y contribueront de nouveau pour l’essentiel par une augmentation de la TVA. Le gouvernement veut également faire passer une nouvelle version de la déclaration libératoire unique (le mot amnistie semble tabou cette fois-ci). Un petit 15% de la somme récupérée irait à la sécurité sociale. C’est ça leur soi-disant contribution du capital, à côté d’un impôt sur les sicav. Dans les années ’50, l’industrie traditionnelle était en pleine crise. A cette époque, la FGTB élabora un programme de réformes de structure comme réponse à la crise. Aujourd’hui aussi, nous avons besoin d’une telle réponse à l’offensive du gouvernement et du patronat. Ce programme devrait commencer par répartir le travail disponible entre tous les travailleurs par une diminution générale du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire. Il devrait aussi exiger la liaison de toutes les allocations aux salaires, tout comme le maintien intégral de la prépension et du crédit-temps. Les secteurs clés de l’économie – les banques, les holdings, les sociétés d’assurance, l’énergie et le transport – devraient être placés sous le contrôle de la collectivité par la nationalisation sous le contrôle des travailleurs.

    Pour venir à bout du gouvernement, il faut un plan d’action, éla-boré de façon démocratique, avec des journées de grève provinciales et nationales. Mais si la grève mène à la chute du gouvernement, ne dit-on pas qu’une nouvelle coalition est prête à prendre les mêmes mesures? Ce n’est pas dénué de fondements, mais si le gouvernement violet tombe sur un mouvement de grève, la marge de manoeuvre du nouveau gouvernement en sera considérablement limitée. A condition, évidemment, que les directions syndicales gardent le cap sous ce nouveau gouvernement.

    Il faut une réponse appropriée à la remise en cause du droit de grève

    Le 7 octobre, le patronat et le gouvernement ont utilisé l’attitude équivoque du sommet de la CSC pour stigmatiser la FGTB et pour vider le droit de grève de son contenu.

    On parle d’un service minimum dans les transports publics et de mesures légales contre le blocage d’accès aux zonings industriels. En préparation du 28 octobre, le patronat a mobilisé une armée d’avocats et d’huissiers de justice. Chez Caterpillar, la direction a envoyé une lettre de menace de délocalisation aux 4500 travailleurs.

    Beaucoup de travailleurs se demandent comment réagir face à cela. En tout cas, pas avec un nouvel gentlemen agreement. Les patrons ne s’y sont jamais tenus. Sur le plan juridique, les syndicats ont perdu d’avance, car la justice n’a pas pour but la justice sociale, mais la protection du capital privé. La seule réponse aux astreintes et aux requêtes unilatérales est l’élargissement systématique des grèves. Face aux menaces de restructuration et de délocalisation, il faut opposer la revendication de la nationalisation sous contrôle ouvrier.

  • Charleroi, une grève globalement bien suivie

    La grève générale a globalement été bien suivie dans la région de Charleroi ; pour les militants en grève, on parlait d’une réussite, le sourire était sur tous les visages. Dans le zoning de Fleurus, nous avons pu discuter avec les travailleurs de Splintex qui étaient présent au piquet dès les petites heures de l’aube… il fallait être bien certain que l’usine ne tourne pas ,…et elle était complètement à l’arrêt.

    Vincent Devaux

    Il faut dire que la grève sur cette usine a été bien préparée ; des assemblées et l’information ont été organisées pour préparer cette dernière. La lutte qu’il y a eut début de l’année et qui a duré 3 mois avait laissé des traces et incitait à redoubler les efforts pour être sûr que les grilles de l’entreprise restent fermées.

    Sur Splintex, le piquet n’était visiblement représenté que par la FGTB mais sur d’autres usines, des délégations CSC étaient également de la partie. Sur le piquet, un travailleur qui portait une veste rappelant que la grève AGC avait duré 105 jours exprimait combien cette lutte avait marqué les esprits. L’humeur était positive, et contrastait avec l’ambiance défaitiste qui régnait après la lutte qui -malgré la combativité des travailleurs- s’était soldée par un échec.

    Dans le même zoning, un piquet d’une vingtaine de grévistes rouge et vert montait la garde devant L’IRE, une entreprise de production et de contrôle de matériel hospitalier de pointe-. De nombreuses entreprises, malgré que la direction de la CSC ait levé le préavis de grève, avaient une représentation de militants et délégués CSC qui faisaient le piquet en solidarité des travailleurs FGTB. « Les pensions, cela concerne tous le monde ».

    L’entreprise de Caterpillar était à 80 % hors fonctionnement et les travailleurs de l’usine étaient au front pour renforcer les piquets des autres entreprises. Par contre, nous avons été surpris de ne pas voir de piquets devant le centre de tri de la poste Charleroi.

    Malgré cela, la poste tournait au ralenti car beaucoup d’employés suivaient la grève. Les postiers qui travaillaient étaient copieusement hués par les ouvriers des autres secteurs pour leur manque de solidarité. Un piquet rouge/vert était présent devant une entrée auxiliaire de la gare. Sur une Haute École de Charleroi, des étudiantes en droits nous disaient leur inquiétude pour la réforme des pensions ; cette inquiétude est partagée par pas mal de jeunes malgré que ce thème peut passer à priori pour quelque chose qui ne les concerne que de loin.

    Des piquets étaient également présents devant les entrées des fast-foods et magasins de Ville 2, le centre commercial de Charleroi ; renforcé notamment par des travailleurs de Caterpillar et de la Centrale générale. Quand même, de ci, de là on pouvait voir des employés isolés qui envers et contre tout tentaient -en vain- de travailler, c’était la plupart des cas des travailleurs non syndiqués mis sous pression ou des cadres non solidaires. Une employée du centre commercial, coiffeuse, nous expliquait qu’elle travaillait depuis qu’elle avait 14 ans et qu’elle était très effrayée à l’idée de voir l’âge de sa pension reculer.

    Parmi les grévistes, le recul de l’âge de la pension revenait d’ailleurs très souvent et ceux-ci avaient conscience de l’absurdité de ces mesures alors qu’il y avait tant de monde au chômage; mais d’autres nous parlaient également de la baisse du pouvoir d’achat qui se sentait très fort notamment au travers l’augmentation du prix du pétrole. A la fédération syndicale FGTB de Charleroi, il avait beaucoup d’animations, de nombreuses délégations s’y donnaient rendez-vous pour ensuite porter de l’aide aux piquets qui en avaient besoin.

    Les piquets volants montraient la solidarité qui peut se développer et se renforcer au sein de la classe ouvrière lors d’une période de lutte. Début d’après-midi, à la fédération, les échos qui ressortaient de cette grève était une victoire. Il faut dire qu’en absence de front commun, la tâche était plus compliquée de maintenir à l’arrêt toutes les entreprises; mais la combativité de la base la plus consciente sur la nécessité de se battre pour nos acquis a joué un rôle important dans la réussite de la grève. On pouvait toutefois noter des différences dans la conscience des gens, et le recul des années 90 joue encore malgré tout un rôle sur certaines couches.

    Le patronat craint cette grève car elle révèle non seulement l’impopularité des mesures qui tentent d’être prises, mais également la force de la classe ouvrière organisée et le potentiel qui existe pour arracher des acquis et plus de pouvoir ouvrier. A Carollywood par exemple, le complexe cinématographique de Charleroi, le piquet a dû demander le renfort de travailleurs d’autres entreprises notamment Cockerill et Caterpillar, afin de faire face à l’agressivité de la direction du complexe, où un gréviste a été blessé. En soi la situation dans la région de Charleroi montre que le potentiel est là, la capacité de faire face au patronat était bien présente ; qu’il reste « des cartouches de réserves » pour aller plus en avant dans la défense des droits acquis ; c’est-à-dire qu’un élargissement de la lutte ne dépend que d’un appel plus large ; des assemblées et des réunions d’informations dans les entreprises sont à même de renforcer le rapport de force de la classe ouvrière.

    Nous n’en sommes qu’au début de nouvelles luttes offensives de la classe ouvrière en Belgique. Les bonnes traditions de luttes vont vite resurgir très vite. Notre tract a été bien accueilli, le titre « C’est aux patrons de payer » recevait un écho favorable et reflétait ce qui vivait parmi beaucoup de travailleurs. La nécessité d’un nouveau parti des travailleurs était également présent parmi une certaine couche d’entre eux.

  • Flambée des prix du pétrole: Defendons notre pouvoir d’achat!

    Ces dernières années ont été marquées par une envolée vertigineuse des prix du pétrole, qui frôle maintenant les 70$ le baril de brut. La spéculation, le manque d’investissements dans le raffinage dû à la course aux profits, la forte demande de la Chine, le chaos provoqué par l’impérialisme américain au Moyen-Orient, et depuis peu le cyclone Katrina qui a stoppé 90% de la production dans le Golfe du Mexique, en sont les raisons principales. Il est donc plus que probable que les prix continuent à grimper.

    Un économiste d’ING avait calculé même avant Katrina que la hausse des prix du brut coûterait cette année 270 euros à chaque Belge. Les répercussions s’en font directement sentir pour de nombreux travailleurs et leurs familles qui doivent faire face à des coûts continuellement à la hausse aussi bien pour faire le plein à la pompe que pour remplir leurs cuves de mazout. Pour exemple, depuis le début de cette année, le prix du diesel à la pompe a progressé de plus de 20%. Quant au mazout, son prix a augmenté de 75% l’année dernière.

    Tout le monde ne souffre pourtant pas de cette situation. Les multinationales pétrolières et l’Etat s’en mettent plein les poches. Les 5 plus grosses compagnies pétrolières ont fait un bénéfice net combiné de 43,47 milliards d’euros pour le premier semestre 2005, une augmentation de plus de 30% par rapport à l’année dernière.

    Des travailleurs sont déjà entrés en action pour protester contre cette situation. Des arrêts de travail ont eu lieu dans diverses entreprises, notamment Caterpillar, Sonaca, Aero Tech,…Ce jeudi, un demi-millier de travailleurs d’Arcelor, rejoint par quelques 400 travailleurs de la FN de Herstal, ont bloqué l’accès à l’autoroute Liège-Maestricht. Les automobilistes se sont unanimement montrés solidaires du mouvement. Les camionneurs annoncent une manifestation le 19 septembre à Bruxelles. Les mobilisations n’ont pas encore l’ampleur du mouvement de 2000, initié par les transporteurs et qui avait touché les autres couches de la société. En 2 jours, La Poste, Belgacom, les TEC, les ALR et 13 entreprises privées étaient en grève en Walonnie. Il est clair que le spectre de ce mouvement hante le gouvernement.

    Sous la pression des actions des derniers jours, le gouvernement n’a pas eu d’autre choix que de jeter l’idée du chèque-mazout aux ordures et de diminuer la TVA de 17,35%, tant que le mazout dépasse 0,5 euro le litre. C’est une bonne chose, mais l’envolée des prix du pétrole n’est pas une nouveauté. Depuis des années, des milliards d’euros ont été déversés dans les coffres des entreprise pétrolières et dans les caisses de l’Etat. Au lieu d’utiliser ces moyens afin que chacun puisse bénéficier d’une bonne qualité de vie, le gouvernement a offert ces rentrées d’argent aux entreprises en diminuant leurs charges. La baisse de la TVA ne résoud en rien non plus le problème de la population pour faire face à la future flambée des prix du mazout.

    Aujourd’hui, se chauffer l’hiver représente pour un ménage près d’un mois de salaire ! Et la fédération patronale flamande Agoria ose encore demander de retirer le mazout de l’index. Nos salaires ne suivent plus l’augmentation du prix de l’essence depuis 1993. Suite à la première guerre du Golfe, le gouvernement avait alors reporté l’augmentation des prix du pétrole sur nos salaires. Alors que se déplacer pour se rendre sur son lieu de travail ou aller chercher ses enfants à l’école ne cesse de miner notre pouvoir d’achat, la FEB en demande encore plus, en déclarant qu’on en fait pas assez pour les entreprises. L’arrogance des patrons n’a pas de limite. Le gouvernement n’est pas en train de changer de nature. Il se prépare à continuer sa politique néolibérale : attaques sur nos pensions et pré-pensions, privatisation de la Poste et de la SNCB, nouvelles diminutions des charges patronales, ….

    Notre pouvoir d’achat est systématiquement miné. Pour protéger les travailleurs et leurs familles le MAS propose :

    – Abolition de la TVA sur le mazout et les autres sources de chauffage, gel immédiat des prix !

    – Retour du carburant dans l’index !

    – Nationalisation des multinationales pétrolières sous contrôle ouvrier !

  • SONACA. 279 pertes d’emplois et une attaque brutale sur les conditions de travail.

    Un deuxième coup dur pour la région de Charleroi après les licenciements et le train de mesures de flexibilités qui ont touché l’usine Splintex à Fleurus. Cette fois-ci c’est une entreprise de pointe, dans l’aéronautique qui fait les frais de la logique du marché ; 279 emplois sur les 1.890 que compte l’entreprise risquent de passer à la trappe, ainsi qu’une attaque sur les salaires et les conditions de travail. L’entreprise est située à Gosselies, dans le Hainaut, rappelons que cette région de la Belgique affiche un taux de chômage de 24.10 % (chiffres de l’Onem pour 2004), soit le plus élevé de la Belgique.

    Vincent Devaux

    Dans son édition du 3 et 4 septembre La Libre annonçait le licenciement d’un travailleur sur six de l’entreprise. Celle-ci est spécialisée dans l’aviation civile et travaille pour Airbus, Dassault, Embraer, Boeing. Cette mesure de restructuration semble à première vue paradoxale puisque le carnet de commande est plein. Le plan de restructuration, appelé "Défi 2007" veut sur le dos des travailleurs, économiser 63 millions d’euros par an sur 4 ans. Ce jeudi, les informations sont plus précises : sur les 279 emplois qui vont être perdus pour 2008 (dont 149 rien que pour 2006), il y a 184 ouvriers, 69 employés et 26 cadres. 129 sont prépensionnables, le reste ferait l’objet de licenciements secs ou de chômage technique. Apparemment l’entreprise non contente de licencier, sort aussi de ses cartons une augmentation du temps de travail sans augmentation de salaire et des révisions barémiques à la baisse (passage de 35 à 38 heures semaines et suppression de 3,5 jours de congés avec menace de diminution des salaires de 10% si les deux précédentes exigences n’étaient pas acceptées) ainsi que des attaques sur les avantages sociaux. C’est un véritable retour en arrière. Les prétextes donnés par le conseil d’administration pour ce plan d’austérité seraient que " la dépréciation du dollar par rapport à l’euro " et des " réductions de prix accordée à certains clients " affecteraient le chiffre d’affaire pour les mois à venir.

    Selon les informations qui nous sont actuellement disponible, l’entreprise qui s’est développée au Brésil et au Canada, veut délocaliser la production des pièces produites manuellement (pour Embraer) vers le Brésil. La stratégie de la direction serait donc de délocaliser la production qui peut l’être et qui demande beaucoup de main-d’œuvre et de réduire les salaires des travailleurs qui restent sur-place. Il faut savoir que la Sonaca appartient actuellement à 98 % à la Région wallonne. Mais une entreprise même si elle appartient à la collectivité reste néanmoins sous la pression du système capitaliste dans laquelle elle se trouve. La pression des actionnaires des entreprises – comme Airbus- qui sous-traitent à la SONACA la fabrication de pièces est donc grande pour que celle-ci s’attaque aux salaires de ses travailleurs afin de comprimer les coûts.

    D’autre part la SONACA rechercherait, notamment sous la pression d’Airbus, à fusionner avec une autre entreprise, possiblement un fonds de pension. La privatisation à terme nécessiterait de rendre l’entreprise " Belle à marier ", c’est à dire capable de rapporter de bonnes dividendes aux actionnaires ; cela sur le dos des travailleurs. De plus la SONACA a demandé une recapitalisation de 40 millions d’euros à la Région wallonne pour financer ses investissements dans la ‘Recherche & le Développement’. Si la SONACA s’achemine réellement vers une privatisation, va t’on utiliser l’argent de la collectivité pour " séduire " un partenaire privé ? Ce ne serait ni nouveau, ni étonnant, mais c’est faire payer la crise engendrée par le capitalisme à la collectivité.

    Lors de la restructuration de Splintex, Marcourt, ministre PS de l’économie avait cautionné les 259 pertes d’emplois à Splintex sous prétexte de préserver l’usine. Dans le journal Le Soir du 5/09, interviewé sur le licenciement à la Sonaca; il y dit que " Tout cela n’est guère facile à expliquer aux travailleurs " Il n’est en effet pas facile d’expliquer quand on se dit " socialiste ", que l’on va sacrifier des emplois et diminuer le bien-être de vie de ceux qui vont rester, tout cela afin de s’inscrire dans la logique du marché et des plus grands profits.

    Il met d’ailleurs déjà en garde en disant " De toute façon, quelle que soit la position adoptée par le conseil d’administration, le plan ne pourra réussir que si la concertation sociale se déroule positivement ". A qui s’adresse ce message ? Un appel aux syndicats à contrôler leurs bases ? Afin éviter un deuxième Splintex ? A resserrer les rangs alors qu’est déballé le plan Marshall ? Pour financer le très libéral Plan Marshall, Van Cau a ouvert le bal en revendant une partie des actions Arcelor que la Région possédait encore. L’argent de ce plan (notamment les 280 millions d’euros qui vont être insufflés dans " les pôles de compétitivité " – dont l’un est justement l’aéronautique) va t’il servir d’aide à la privatisation d’entreprises encore sous la tutelle de la Région wallonne? Jusqu’ici les syndicats n’ont pas encore lancé le mot d’ordre d’actions, sous prétexte que cela affecterait la production en aval, notamment chez Airbus (ceux-là justement qui font pression pour diminuer les coûts de production). Selon Antonio di Santo, c’est un " Non " catégorique de ce plan pour la FGTB où rien n’est négociable.

    Mais les travailleurs n’attendent pas des protestations verbales, ils attendent que tout soit mis en œuvre pour ne pas avaler les attaques des actionnaires. Jusqu’ici aucune action n’a encore été annoncée. L’échec de la lutte de Splintex est encore dans toutes les mémoires. Une deuxième défaite dans la région serait une gifle pour la classe ouvrière. Il faut mettre en place un plan d’action, avec la création d’un véritable comité de grève démocratique et des assemblées générales régulières. Une diminution de salaire est inacceptable. Il y a plusieurs jours , les travailleurs de la Sonaca ont protesté contre le coût de l’énergie, suivi par les travailleurs d’Arcelor (à Liège) et de Caterpillar ; non seulement le coût de la vie augmente d’une manière non négligeable, mais en plus les travailleurs devraient payer la crise en travaillant plus pour la même somme d’argent ? Les travailleurs doivent s’organiser afin de gagner la lutte, il ne faut pas que la classe ouvrière subisse à nouveau un échec après celles de Splintex et de la TEC.

    On voit encore une fois au travers de cet exemple que sous le capitalisme, dans une situation économique d’exacerbation de la concurrence et d’un rapport de force qui penche en faveur du Capital, que le simple fait pour le gouvernement régional d’avoir dans ses mains le contrôle de l’entreprise, n’est pas une garantie pour les travailleurs que celle-ci soit gérée en fonction de leurs besoins. Les mesures d’austérités sont effectuées avec le concours de la social-démocratie qui trahi depuis bien longtemps la classe ouvrière par son refus de transformer la société capitaliste. Il n’est pas suffisant d’avoir le contrôle d’une entreprise publique, si elle est isolée dans une société néo-libérale. Bien au contraire, par les liens qui sont tissés avec la FGTB, le PS joue un rôle de frein à l’émancipation de la classe ouvrière en tentant de cadenasser les luttes. La situation va s’aggraver par l’accélération des mesures néo-libérales qui vont être prises ces prochains mois. Les travailleurs vont de plus en plus ressentir la nécessité d’un nouveau parti qui défende leurs intérêts.

    Les ouvriers de la SONACA doivent revendiquer un véritable contrôle ouvrier de leur entreprise, qui passe par l’ouverture des livres de comptes et par un véritable pouvoir de décision démocratique, dans la gestion de l’entreprise. Afin d’éviter tout processus de privatisation ultérieure de l’entreprise mais également pour éviter les licenciements et autres attaques asociales, les ouvriers de la SONACA doivent aussi être conscients qu’une transformation de la société est nécessaire si on veut empêcher que chaque acquis ne soit chaque fois remis en question. Seul une société où la production est collectivisée sous la direction de la classe ouvrière peut permettre cela par une planification démocratique de l’économie afin d’éviter le chaos créé par le capitalisme.

  • Les leçons de la grève AGC-Splintex

    Lettre ouverte à tous les travailleurs

    Produit en commun par Gustave Dache, ex-délégué FGTB-métal & le MAS, Mouvement pour une Alternative Socialiste

    AVANT-PROPOS

    Camarades,

    Cette brochure est le résultat de la rencontre, au travers d’une lutte commune, de militants du MAS et de Gustave Dache. Militants qui luttent pour une certaine conception de la société, à savoir une société socialiste et d’une certaine conception du syndicalisme, à savoir un syndicalisme de combat. L’idée nous est venue de faire cette brochure non pas comme « un petit bout d’histoire du mouvement ouvrier », mais plutôt afin de tirer les leçons de cette lutte, pour ouvrir la discussion afin qu’elle serve aux futures générations d’ouvriers en lutte, que ce soient des travailleurs combatifs, des militants ou des délégués syndicaux sincères qui veulent défendre leur classe du mieux qu’ils peuvent.

    Nous sortons d’une période (les années 90’) qui a eu beaucoup de conséquences fâcheuses pour le mouvement ouvrier. Les représentants et défenseurs du Capital ont profité de la chute du Mur pour faire pencher la balance en leur faveur aux dépends du Travail. Le syndicalisme de lutte a apparemment perdu de sa vigueur sous les assauts de la pensée néo-libérale. De nombreuses traditions issues du marxisme, une longue expérience, a tendance à disparaître. Il en résulte une conception du syndicalisme qui trahit les intérêts des ouvriers, à savoir un syndicalisme de concertation, et une vision réformiste de la transformation de la société. Si nous voulons à l’avenir gagner les batailles, il va nous falloir tirer les leçons des victoires mais également des défaites. C’est dans cette optique que nous avons écrit cette brochure.

    Nous avions déjà posé les premiers jalons d’analyse du conflit au travers d’un entretien avec Gustave Dache qui est paru dans le n° 100 de l’Alternative Socialiste (avril 2005). Mais il nous fallait, vu les implications de cette lutte pour la classe ouvrière, y revenir de manière plus approfondie. Voilà qui est fait.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste, organisation trotskyste, faisant partie du CIO, Comité pour une Internationale Ouvrière, s’est impliqué dans ce conflit, avec des moyens limités, mais en défendant une méthode de lutte qui lui semblait la meilleure pour arracher une victoire. Il se fait que nous partagions la même vision que Gustave Dache sur le déroulement du conflit et que nous avons dès lors unis nos forces. Gustave n’est pas un inconnu dans la région puisque par le passé il a participé activement à la grève générale de 60-61, à l’époque où il était responsable sur les plans local (Gilly), régional et national des Jeunes Gardes Socialistes (JGS) et militant syndical dans la verrerie (Glaverbel). Il a ensuite été délégué syndical dans le Métal (Caterpillar). Il a été également président du comité de grève aux Glaces de Courcelles pendant les six semaines de grève en 1973. Il a également participé à d’autres conflits comme la lutte de Clabecq à laquelle nous avions également pris part – à l’époque nous nous appelions Militant. Si cette brochure peut ouvrir certaines portes et discussions sur les méthodes syndicales et sur la nature des organisations dont la classe ouvrière a besoin, elle aura alors atteint son objectif.

    Juillet 2005.

    Pourquoi devons-nous tirer honnêtement mais fermement les leçons de la grève ?

    Il est certain que beaucoup de travailleurs de Splintex et, plus largement, de la région de Charleroi et du pays, s’interrogent sur l’origine de la défaite de cette grève qui a duré 105 jours.

    En effet il n’y avait pas de justification économique aux pertes d’emplois, bien au contraire, l’usine de Fleurus ‘’était performante’’ avec un personnel hautement qualifié dans le verre, un outil des plus modernes et un carnet de commandes rempli jusqu’en 2008. De plus, la multinationale japonaise ASAHI fait des bénéfices; en 2003 elle en a fait pour 1,3 milliard de dollars U.S. Evidemment, pour justifier son plan de restructuration, la direction d’AGC parle de pertes. Mais les syndicalistes savent qu’une multinationale peut toujours manipuler les comptes et bilans d’une filiale comme elle le veut et sans que l’on puisse la contrôler. La seule parade contre cela consiste à imposer aux patrons l’ancienne revendication qui est toujours d’actualité de l’ouverture des livres de comptes. Il ne faut pas oublier que l’entreprise est née grâce aux luttes ouvrières ; suite aux grèves de 1975 à Glaverbel, où un accord a été obtenu que les patrons s’étaient engagés à construire une unité de production verrière dans la région de Charleroi avec des investissements publics à la clé.

    Il faut tenir en compte que l’objectif de départ était un Non au plan de restructuration, non aux licenciements, non aux pertes d’emplois (284). Finalement, malgré certaines améliorations financières et les pré-pensions, tout le plan patronal est passé malgré l’énorme potentiel de combativité des travailleurs.

    Il y a comme un fossé, pour ne pas dire un gouffre, entre les déclarations triomphantes des responsables syndicaux qui, à l’issue de cette lutte, la considèrent comme une victoire, et le résultat final. Et ce, tant pour les travailleurs de Splintex que pour ceux des autres usines. Il faut tenir compte de toutes les conséquences pour les travailleurs de Splintex et leurs familles qui se retrouvent à la porte ainsi que de toutes les conséquences négatives pour ceux qui n’ont pas été licenciés. Il faut tenir compte du fait que les travailleurs sont rentrés battus dans l’usine, affaiblis et divisés du fait de l’élimination d’une grande partie de la base la plus combative et d’une partie importante des membres de la délégation syndicale. Il reste encore une base combative dans l’usine, mais la défaite lui rendra la tâche plus difficile.

    La durée et l’enjeu du conflit lui ont donné un impact national. Dès le début, les travailleurs de Splintex avaient pressenti avec leur instinct de classe que la lutte allait être longue et dure parce que la multinationale japonaise, représentée par la direction patronale de Fleurus, s’y était préparée en faisant des stocks. Elle était déterminée à engager l’épreuve de force pour briser une fois pour toutes la résistance ouvrière à l’intérieur de l’usine, afin d’y introduire des contrats intérimaires ainsi qu’une flexibilité et une productivité encore plus accrues.

    En ce sens le message du président Shinya Ishizu en novembre 2003 est très clair quand il déclare : « Notre objectif stratégique est d’obtenir un rendement hors pair, la stratégie d’AGC est d’augmenter sans relâche le profit des actionnaires ». Pour obtenir ces résultats les patrons devaient par tous les moyens, y compris la menace de délocalisation, détruire l’avant-garde ouvrière qui résistait dans l’usine, et ce au travers des listes noires et grises. Comme le souligne le délégué principal FGTB G. Bordenga dans Le Soir du 15 avril 2005 : « Les faits confirment qu’il s’agit d’une restructuration bidon masquant une opération de nettoyage ». Ce conflit, par ses objectifs et ses résultats, concernait l’ensemble de la classe ouvrière. Devant les pertes d’emplois à répétition, plus personne ne peut rester indifférent et fataliste. On ne peut plus subir les licenciements, les pertes d’emplois comme un fait accompli ; cette fatalité, les travailleurs de Splintex, par leur combativité et leur détermination, l’ont refusée. Car accepter le fatalisme de la crise capitaliste, cela se traduit toujours par des pertes d’emplois partout. En refusant ce fatalisme les travailleurs de Splintex ont montré la voie à suivre à toute la classe ouvrière. Il est évident que ce n’était pas le choix le plus facile à faire. Mais ils savaient par expérience que la situation d’aujourd’hui était similaire à celle de 2000. A l’époque, la direction s’était déjà débarrassée de 300 travailleurs avant de réembaucher peu après avec des contrats précaires pour en revenir au même volume d’emploi qu’avant la restructuration. Cette fois-ci ils ne voulaient plus être trompés, ils ne croyaient plus aux arguments de la direction qui disait que ce plan était nécessaire pour la pérennité de l’entreprise.

    Les espoirs que les travailleurs avaient mis dans la victoire de la lutte se sont finalement transformés en abattement et en colère avec beaucoup de questions restées sans réponse. L’expérience nous montre qu’une victoire des ouvriers en lutte à un impact positif sur toute la classe ouvrière. Cela entraîne une plus grande confiance de celle-ci face au patronat. Mais une défaite produit l’effet inverse avec un recul du moral et de la combativité. Une chute des conditions matérielles consécutive aux licenciements a souvent pour effet un engourdissement des luttes et la montée des sentiments et des forces réactionnaires avec comme conséquence la croissance de l’extrême droite. Les travailleurs qui se sont battus avec courage et abnégation ont le sentiment que ce sont les jaunes qui ont finalement eut raison sur eux.

    S’il est plus agréable de tirer les leçons d’une victoire, il est cependant tout aussi nécessaire de tirer les leçons d’une défaite, sans complaisance vis-à-vis des appareils syndicaux, afin d’armer la classe ouvrière pour les prochaines luttes qui ne manqueront pas de se produire dans un laps de temps relativement court.

    Une « lutte exemplaire » est-elle suffisante en soi pour gagner la grève ?

    La presse ouvrière, toutes tendances confondues, ne tarissait pas d’éloges au plus fort du conflit sur le caractère exemplaire de cette lutte, la conclusion logique voulant que la victoire était à portée de main. Cela n’a pas été le cas. Que les grévistes aient fait preuve d’un courage à toute épreuve est indéniable ; plus de trois mois de grève sous la pression du patronat, des cadres, des médias, de la police, du politique, des difficultés familiales et financières, tout cela montre l’énorme potentiel de combativité qui vit actuellement au sein de la classe ouvrière. Ceux de Clabecq et de Renault avaient fait preuve de la même détermination et de la même combativité, mais n’avaient pas davantage réussi à imposer leur volonté d’empêcher les licenciements du fait qu’ils sont également resté seul dans la lutte.

    Ce potentiel de combativité est présent et se développe partout, la manifestation nationale pour l’Accord Interprofessionnel en est un autre exemple. Alors que les prévisions les plus optimistes des syndicats oscillaient entre 25.000 et 30.000 personnes, c’est le double qui a déferlé sur Bruxelles malgré un laps de temps très court et sans grande préparation. Mais si la combativité est une chose importante, les méthodes de lutte et les moyens employés ont aussi leur importance.

    Cinq semaines avant la fin de la grève Gustave Dache avait proposé publiquement, en assemblée interprofessionnelle des délégués FGTB, une grève régionale interprofessionnelle de 24 heures pour appuyer et créer ainsi un rapport de force en faveur des grévistes de Splintex. Cette proposition a été très bien accueillie par les délégués présents et par les ouvriers de Splintex, mais le bureau de l’interprofessionnelle FGTB a fait la sourde oreille comme si rien n’avait été proposé.

    Ce genre de proposition d’étendre le mouvement aux autres usines de la région ne convient pas aux appareils syndicaux. Ils ont préféré l’ignorer bureaucratiquement, celle-ci n’a même pas été mise au vote des délégués présents, de peur qu’elle ne soit acceptée.

    Lors de diverses assemblées générales du personnel de Splintex qui ont suivi, plusieurs ouvriers ont repris cette proposition de 24 heures de grève qui a également été ignorée par la délégation syndicale. Une autre démarche a été faite aussi par une dizaine d’ouvriers de Splintex qui se sont rendus au siège de la FGTB pour demander à être reçus afin de faire également cette proposition de grève régionale mais ils n’ont même pas été reçus par la direction de la FGTB.

    Il ne faut pas perdre de vue que la direction d’AGC avait le soutien de la FEB, de la justice, de la police, des médias et du politique. Les travailleurs de Splintex n’avaient quant à eux pas un soutien équivalent. Dans ce conflit, aucun responsable syndical tant FGTB que CSC n’a exigé de la direction d’AGC Automotive le maintien intégral du volume de l’emploi ou le remboursement des aides financières qu’ils ont reçues de la collectivité pour l’installation de l’entreprise à Fleurus.

    Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné?

    A l’annonce du plan de restructuration, les travailleurs – ouvriers et employés – sont partis spontanément en grève. Ils voulaient dès le début descendre à la Région wallonne pour interpeller les politiques, se rendre à la verrerie de Moustier en autocar afin de demander la solidarité, ils ont demandé de ne pas rester cantonnés à Fleurus, de bouger afin d’animer la lutte par des actions ponctuelles.

    Mais les appareils syndicaux tant FGTB que CSC, sous toutes sortes de prétextes, ont répondu NIET. Ils ont fait en sorte de verrouiller le conflit pour qu’il ne prenne pas une ampleur trop importante. Ils ont refusé d’organiser des actions au moment opportun et de profiter du temps disponible, lorsque les patrons refusaient de négocier. Ils ont constitué un comité de grève en désignant eux-mêmes paritairement un nombre restreint d’ouvriers sans pouvoir de décision et qui dans les faits était sous contrôle de la délégation syndicale. Un comité de soutien a aussi été créé, mais il s’est très vite révélé inefficace, tout juste bon à se placer dans l’ombre des appareils syndicaux sous prétexte de « Non-ingérence dans la grève ». Il n’a donné aucune autre perspective que de servir de soutien logistique, comme si c’était une fin en soi, et sans aucune efficacité pour la grève (mis à part une soirée de solidarité). Bien que les membres du comité de soutien considéraient comme juste la proposition de 24 heures de grève à Charleroi, ils n’ont même pas eu la franchise de l’appuyer et de la défendre ouvertement devant les appareils syndicaux. Pendant toute la grève, l’avant-garde ouvrière de Splintex a cherché le moyen d’étendre la lutte. Mais des pressions ont été faites par les appareils afin que les grévistes de Splintex qui le souhaitaient ne puissent pas faire partie du comité de soutien qui aurait alors pu avoir un autre impact sur le déroulement de la grève. Les déclarations de Christian Viroux, lors d’une conférence de presse, ne font que confirmer la justesse et la nécessité qu’il y avait à donner le mot d’ordre de grève interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi. Notamment quand il déclare : « Depuis trois mois, sous sommes harcelés, critiqués par les responsables politiques, tant Van Cau que Marcourt et les autres. En disant que nous détériorons l’étiquette de la Wallonie, que nous faisons fuir les investisseurs financiers,…En plus nous sommes isolés dans la mesure où la CSC agit de concert et a accepté de négocier le plan dès le mois de janvier ». Il n’est pas bien difficile de répondre à C.Viroux que si la FGTB de Charleroi et la centrale générale étaient isolées, c’est parce qu’elles le voulaient bien. En effet en refusant de décréter une grève régionale interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi, on se condamnait à l’isolement. Il y a même des responsables syndicaux ou autres qui vont jusqu’à motiver ce refus en disant : « Et si une grève interprofessionnelle était un fiasco, est-ce que cela suffirait à dissuader les patrons d’appliquer le plan ? » A tous ceux-là, nous répondons avec fermeté qu’à chaque fois que la FGTB régionale ou nationale à donné un mot d’ordre d’action ou de grève, il a été couronné de succès. Il n’y a aucun exemple qui démontre le contraire. Et ceux qui, par peur ou incompétence, prétendent le contraire démontrent sans équivoque qu’ils n’ont pas confiance dans la capacité de lutte de la classe ouvrière.

    S’il ne voulait pas rester isolé, tout l’appareil syndical interprofessionnel devait impérativement étendre le conflit. Mais il a refusé – se condamnant ainsi à rester isolé – et ce refus a gravement hypothéqué la réussite de la grève. Certains travailleurs et militants se posent aussi la question suivante : « 24 heures de grève aurait-elle été suffisante pour empêcher les patrons de licencier ? ». A ce genre de question personne ne peut répondre avec certitude. Mais ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est que les patrons des autres usines n’auraient pas apprécié que des grèves de solidarité aient lieu dans leurs propres entreprises. Ce faisant, on aurait pu briser la solidarité des patrons entre-eux. Mais pour ouvrir cette brèche dans le front patronal qui soutenait AGC, il fallait vraiment le vouloir.

    Les patrons eux aussi n’ont pas manqué de constater qu’il n’y avait pas cette volonté d’aller plus loin dans la lutte de la part des directions syndicales tant FGTB que CSC. C’est pour cela qu’ils sont restés fermes sur leurs positions.

    Encore une fois, il faut le dire, nous n’avons pas à inventer de nouvelles méthodes de luttes. Elles existent depuis toujours, elles sont restées les mêmes. C’est le rapport de force, la solidarité, la grève, l’occupation d’usine, la lutte de classe. Ce sont ces méthodes de luttes que les travailleurs eux-mêmes emploient tous les jours. C’est le seul langage que les patrons comprennent. Nous devons continuer à nous appuyer sur ces méthodes éprouvées de lutte qui ont jadis permis au mouvement ouvrier d’aller partout de l’avant.

    Pourquoi l’appareil a-t-il freiné l’élargissement de la grève ?

    Sous la pression de la base et vu l’arrogance patronale, c’est seulement après trois mois que la régionale FGTB annonce finalement dans un communiqué de presse qu’elle «se prépare à mettre en œuvre une réaction syndicale interprofessionnelle ». Mais ce n’étaient que des intentions, qu’une façade, car lors de la dernière assemblée interprofessionnelle FGTB du lundi 14 mars, Di Santo, président métal FGTB, a fustigé la nécessité de l’appel à une grève régionale de 24 heures. Cet appel venait d’être remis en avant pour la deuxième fois par Gustave Dache, avec sa critique par rapport au frein que constitue la position de l’appareil interprofessionnel dans le refus de l’élargissement de la grève. En réaction, A. Di Santo a notamment dit : « Je ne permettrai plus qu’on vienne critiquer le syndicat, ça, je le répète, je ne le permettrai plus et celui qui n’est pas d’accord avec ça il doit partir, il n’a plus rien à faire ici. Oui, Gustave Dache, c’est à toi que je m’adresse. Nous devons tous sortir d’ici la tête haute en chantant l’Internationale, parce que Splintex c’est une victoire ». L’attaque de Di Santo mettant à mal la liberté de critique et la démocratie au sein des instances syndicales a été désavouée. La salle ne l’a pas suivi, au contraire beaucoup de délégués ont été choqués par l’attitude autoritaire, anti-démocratique et bureaucratique de Di Santo. D’ailleurs quelques délégués et militants sont intervenus à la tribune pour défendre le droit à pouvoir continuer à exprimer un avis critique ou une position qui serait minoritaire. Certains pouvaient penser que cette attitude était un accident de parcours mais en réalité c’est le naturel bureaucratique qui revient à la surface dès que l’appareil est mis en cause. Ils sont très vite agacés quand ils sont critiqués et il n’a d’ailleurs pas été désavoué publiquement par les autres responsables du bureau syndical; ils se soutiennent mutuellement comme par réflexe. On aurait pu s’attendre à ce que certains permanents et délégués, qui se profilent à gauche, interviennent dans le débat pour défendre la liberté d’expression et de critique, mais ils ont préféré s’abstenir en considérant peut-être que ça ne les concernait pas.

    Si certains bureaucrates pensent qu’ils vont étouffer la liberté d’expression, ils se trompent. Nous allons continuer à nous exprimer avec encore bien plus de force la prochaine fois et cela dans le respect des principes démocratiques. La liberté de pensée, d’expression et de critique sont les bases fondamentales de la démocratie et ne peut en aucun cas être limitée ou étouffée. Toute tentative dans ce sens est contradictoire avec les principes et les statuts de la FGTB. Ceux qui dans la pratique, lors d’assemblées ou autres, ne respectent pas ces droits et principes démocratiques et tentent de les supprimer n’ont pas leur place au sein de la FGTB. Certains de ceux qui s’y sont essayés dans le passé, face à des délégués combatifs ayant une juste perspective politique et syndicale, s’y sont cassés les dents.

    Depuis de nombreuses années, la classe ouvrière est dominée par la politique social-démocrate réformiste des directions ouvrières comme celle du PS et de la FGTB. Tant qu’il s’agit de se placer sur le terrain du réformisme pour obtenir de petites améliorations, de petites mesures de rattrapage vis-à-vis de la hausse du coût de la vie, alors et alors seulement les appareils syndicaux poussés par la base répondent parfois positivement et sont disposés à des mobilisations limitées dans le temps. Mobilisations qui ne dépassent pas un certain cadre autorisé et toléré par la démocratie bourgeoise et qui n’est pas trop préjudiciable aux patrons. Mais comme on le constate, un demi-siècle de collaboration de classe prônée par la social-démocratie et les réformistes n’a pas adouci d’un iota le cœur des capitalistes. Les appareils réformistes tant syndicaux que politiques répugnent à poser le moindre acte qui aille dans le sens des méthodes traditionnelles de la lutte de classe employées depuis toujours par les travailleurs en grève. Les appareils syndicaux réagissent violemment et avec la plus grande détermination contre tous ceux qui veulent défendre et s’appuyer sur les méthodes traditionnelles de la lutte de classe sans compromissions pour arracher les revendications ouvrières et faire triompher les luttes. Il faut rappeler que les plus grandes conquêtes sociales ont été arrachées par la lutte de classe. La nature bureaucratique des appareils syndicaux revient régulièrement à la surface dès lors qu’ils sont un temps soit peu mis en cause. En effet à l’occasion de la soirée de solidarité avec AGC-Splintex qui a eu lieu à Lodelinsart, le camarade Silvio Marra, ex-délégué FGTB des Forges de Clabecq, a pris la parole pour apporter sa solidarité à la grève d’AGC et expliquer ce que les travailleurs de Clabecq avaient fait pour mobiliser 70.000 personnes pour la défense de l’emploi ; il a également exprimé son amertume de ne pas avoir reçu le soutien des instances nationales de la FGTB dans le conflit de Clabecq. Pour Christian Viroux, permanent verrier, c’en était trop ; il s’en est pris au camarade Marra en lui disant : « Il ne faut pas venir foutre la merde ici ». Les bonzes syndicaux en sont arrivés à ne plus permettre la moindre petite critique, où est donc le respect de la démocratie à la FGTB ? Bien que la centrale générale FGTB a soutenu les ouvriers en grève, étant plus proche d’eux et de leur volonté de lutte, le secteur du verre à d’ailleurs fait grève à plusieurs reprises également mais il n’a plus le poids qu’il avait dans le passé. Il n’empêche que sur le fond, sur l’essentiel, elle à aussi refusé d’étendre la grève à tous les secteurs de l’interprofessionnelle, seul moyen efficace de faire face à l’agressivité d’une multinationale. Face aux multinationales, il y a belle lurette que le temps du corporatisme est révolu. Il n’est pas possible non plus, à la longue, pour les grévistes de rivaliser financièrement avec les multinationales.

    L’absence de prolongement politique aux luttes syndicale et le rôle du PS.

    Beaucoup de permanents syndicaux FGTB ont leur carte au PS. C’est presque une obligation ; s’ils veulent faire carrière au syndicat, ils doivent être des fonctionnaires disciplinés et obéissants. Les liens entre le PS et la FGTB sont encore très forts. Avec un parti qui défendrait vraiment les travailleurs sur la base de la lutte de classe en les mobilisant, le problème ne serait pas pareil. Mais nous avons un PS qui se trouve en coalition permanente avec d’autres partis dans les gouvernements et qui est pourtant en position dominante; mais le PS, au lieu de défendre les revendications ouvrières, joue le rôle du médecin au chevet du capitalisme malade d’un cancer généralisé. Il gère la crise capitaliste en bon gestionnaire. Le PS qui prétend être le parti des travailleurs fait l’inverse de ce qu’il doit faire. Il gère une économie capitaliste au lieu de la combattre, cette économie qui est dans un état de développement où les contradictions ne cessent de s’accroître et où le chômage et la misère gagnent de plus en plus de terrain, où une partie importante de la population est en situation de pauvreté (15%) et est laissée au bord de la route. Dans ces conditions le PS ne veut certainement pas de conflits qui pourraient mettre à mal sa position au sein des institutions de l’Etat, il fait tout ce qu’il peut avec la collaboration de l’appareil syndical afin de limiter les conflits comme celui de Splintex. De même le PS veut circonscrire les conflits de peur d’éloigner les éventuels investisseurs à venir en Wallonie. Il joue ainsi le rôle du pompier au service du patronat. La tradition réformiste du PS qui touche de larges secteurs de l’appareil syndical FGTB, tradition qui ne conçoit l’amélioration de la société que par la voie parlementaire, s’accorde très mal avec des mots d’ordre de grève régionale ou nationale, car il existe toujours le risque qu’une grève régionale de 24 heures s’élargisse et prenne un caractère nettement politique surtout avec un conflit comme celui de Splintex qui reçoit un grand appui parmi l’ensemble des travailleurs.

    L’idéologie réformiste, qui prédomine au sein des instances syndicales FGTB qui considèrent toujours le PS comme leur relais politique, pèse également sur les délégations syndicales qui n’ont pas une longue expérience de la lutte de classe et qui sont facilement enclines également à accepter le réformisme parce qu’elles ne voient pas ou ne croient pas dans l’efficacité d’un syndicalisme combatif qui remet en cause le capitalisme. On peut encore citer l’exemple d’un ex-délégué verrier FGTB qui n’est pas membre du PS mais qui est depuis longtemps un électeur assidu du PS. Il n’est pas aveugle pour autant. Quand il intervient à la tribune, il critique le PS pour sa politique réformiste et son manque de soutien aux travailleurs en général et à la grève de Splintex en particulier et « estime que le MR n’a plus le monopole du libéralisme, le PS s’en chargeant lui-même » . Il lui est répondu par Marcel Bierlaire président de la FGTB de Charleroi « Si vous avez des critiques à faire au PS, vous devez aller les faire au PS mais pas ici ».

    Pourquoi avons-nous autant insisté pour que l’interprofessionnelle donne le mot d’ordre de 24 heures de grève avec piquets devant les usines à Charleroi ?

    1) Parce que d’une part, la direction d’AGC, filiale de la multinationale japonaise avait le soutien inconditionnel de la FEB et aussi de la police, de la justice, de la presse et du politique. Les plus hauts dirigeants du PS en particulier ne sont pas restés au balcon. Le 2 décembre le Ministre de l’Emploi Marcourt (PS) a réuni d’urgence le comité d’alerte pour faire libérer la direction afin qu’elle puisse négocier, mais quand la direction a bloqué les négociations, ne voulant pas dépasser les Conventions Collectives du Travail conclues dans les autres usines verrières, Marcourt n’est plus intervenu sauf pour déclarer qu’il « fallait sauver l’essentiel des 560 emplois restants et laisser éliminer les 249 emplois que la direction avait prévus. » Le Ministre-Président Van Cauwenberghe (PS) a dit à plusieurs reprises que « ce n’est pas à Fleurus qu’on gagne la bataille contre la globalisation ». Il a considéré la grève de Splintex « comme une tache noire pour la Wallonie ». Freya Van den Bossche (SP.a), Ministre fédérale de l’Emploi, a autorisé et permis l’intervention des robocops sans raison aucune – si ce n’est que pour impressionner les grévistes – vu que la police locale assumait le maintien de l’ordre normalement.

    Laurette Onkelinks (PS), Ministre de la Justice, n’a fait aucun commentaire quand le tribunal a infligé 7.500 euros d’astreintes aux grévistes, mettant à mal les libertés syndicales. Ces attaques patronales mettant à mal les libertés syndicales se répètent de plus en plus. Le conciliateur social A. Blaimont n’a pas eu non plus une attitude impartiale dans le conflit. Il a déclaré dans la presse qu’il était « estomaqué » par le résultat du vote négatif. « C’était un texte acceptable; évidemment il y avait 249 emplois perdus, mais on en sauvait 566 autres, on se retrouve maintenant dans une situation où je me demande si l’usine ne va pas être fermée ». Il ne voit pas ce qu’il va pouvoir encore apporter dans ce conflit pour aider l’entreprise à sortir de la crise.

    2) Et d’autre part, devant cette concentration de forces pour soutenir les patrons d’AGC, il était impératif et nécessaire – si les appareils syndicaux voulaient vraiment que la lutte soit gagnée – d’organiser un soutien équivalent afin de créer un rapport de force en faveur des grévistes et de mettre dans la balance, pour faire le contre-poids, toute la force, tout le poids de la classe ouvrière. Il n’y a pas d’autres moyens plus efficaces que d’étendre la grève aux autres usines et de commencer par une grève générale interprofessionnelle de 24 heures à Charleroi. Nous pensons que les patrons et une multinationale agressive ne plient que face aux grèves régionales et, s’il le faut, nationales. Ces 24 heures de grève proposées ne devaient pas être une fin en soi, mais le début d’actions plus dures. Je ne pense pas comme le sous-entendent certains camarades que ces 24 heures de grève soient « la panacée », mais l’histoire des luttes sociales du mouvement ouvrier nous enseigne que les patrons ne comprennent qu’un seul langage, le langage de l’action généralisée.

    Vote secret ou vote à main levée ?

    Dans le conflit, alors que les travailleurs réunis en assemblée générale pratiquaient le vote à main levée afin de prendre des décisions démocratiquement – il était question de la poursuite ou non de la grève – la direction d’AGC a tenté d’imposer et finalement obtenu l’application du vote secret.

    Il faut tenir compte du fait que les moyens d’information dont dispose le patronat sont beaucoup plus importants que ceux dont disposent les organisations ouvrières. Dans ces conditions, il est plus facile au patronat d’influencer les travailleurs à son avantage via les médias (qui manquent toujours d’objectivité dans les conflits). Les travailleurs, eux, ont comme moyen d’information principal les assemblées générales et la force combative qu’elles dégagent pour orienter la lutte dans le sens ouvrier. Les décisions prises collectivement en assemblée générale sont pour les travailleurs l’expression de la démocratie ouvrière de base la plus totale.

    Les méthodes de vote individuel à bulletin secret comme aux élections législatives n’ont rien à voir avec la pratique démocratique des méthodes traditionnelles employées depuis toujours par les travailleurs en lutte. Dans tous les mouvements sociaux, il y a toujours une partie des travailleurs qui sont plus conscients, plus décidés, plus combatifs et qui veulent agir collectivement pour le bien de l’ensemble où la solidarité collective est primordiale. C’est ce qu’on appelle l’avant-garde, qui tire le mouvement vers l’avant. Et l’autre partie, qui est moins consciente, moins décidée, plus hésitante, où l’individualisme est le plus important. Il prend souvent le dessus sur le collectif. C’est ce qu’on appelle l’arrière-garde, qui tire le mouvement vers l’arrière.

    Le vote à main levée va dans le sens de l’intérêt de la solidarité collective. Tandis que le vote à bulletin secret privilégie les intérêts individuels au détriment du collectif.

    C’est pour toutes ces raisons que les patrons – et souvent les appareils syndicaux – préférent les votes à bullletin secret car l’individualisme est synonyme de fatalisme qui se résume en fin de compte à accepter la crise capitaliste.

    Pourquoi les appareils syndicaux sont-ils un tel frein ?

    La peur des arguments patronaux n’a pas été absente dans cette lutte, la menace de fermeture a servi comme argument massue pour impressionner les permanents en charge qui y ont trouvé un faux prétexte pour accepter la reprise du travail et le plan patronal. L’argument sous-jacent pour accepter était « Nous ne voulons pas prendre le risque d’être responsables de la fermeture ». C’est pour cela qu’ils ont signé le protocole d’accord le soir du 13 mars 2005 à Namur. Protocole qui comprenait d’ailleurs au point 2.2 «Quelles que soient les modalités d’organisation de cette assemblée et l’issue de celle-ci, les organisations syndicales s’engagent à signer le préaccord joint au présent protocole »

    Le vote par les travailleurs de Splintex qui devait avoir lieu le 15 mars, pour se prononcer sur l’arrêt ou la poursuite de la grève, n’était pas encore connu que les appareils syndicaux en front commun FGTB-CSC avaient déjà signé deux jours plus tôt. C’est comme cela que les appareils syndicaux conçoivent en pratique la démocratie. Ils ont cédé à la pression et à l’ultimatum de la multinationale japonaise.

    Dès le début, la stratégie syndicale n’était pas à la hauteur de l’enjeu. Les appareils syndicaux ont emmuré et laissé pourrir le conflit au lieu d’organiser la solidarité à l’ensemble des autres usines de la régionale de Charleroi et de profiter du temps qui leur était disponible par le fait que la direction d’AGC, qui n’était pas pressée, faisait traîner les négociations. L’occupation de l’usine couplée à un élargissement de la lutte, proposition faite le 16 janvier, n’a pas été reprise non plus par la délégation syndicale, ni par l’appareil FGTB-CSC sous prétexte que les ouvriers auraient pu endommager l’outil. Alors que les ouvriers sont les premiers à défendre leurs outils de travail et que la police aurait eu beaucoup plus de mal à déloger les travailleurs qui occupent l’usine qu’à casser un piquet. Les patrons auraient eu également plus de mal à faire redémarrer partiellement l’usine avec les jaunes qui, suite à des pressions patronales et financières, ont cédé et repris le travail. Dans une situation qui s’enlisait, il était évidemment plus facile aux patrons d’organiser de l’intérieur de l’usine les non-grévistes afin de réclamer la reprise du travail et d’exercer des pressions sur les grévistes. Dès le début, la stratégie patronale était de briser la grève, d’organiser sous la conduite des cadres un comité anti-grève qui était comme un loup dans la bergerie; il n’est pas impossible que le patronat utilise ce genre de comité à l’avenir pour briser les futures grèves, voire constituer un embryon de syndicat corporatif jaune encore plus à droite que la C.S.C. Dans un conflit avec des objectifs importants comme c’était le cas à Splintex, il doit être constitué dès le début par les grévistes eux-même réunis en assemblée générale un comité de grève révocable par celle-ci ; Cette assemblée doit élire les ouvriers les plus combatifs et les plus déterminés indépendamment de l’affiliation syndicale. Ce comité de grève doit tenir une assemblée générale tous les jours afin que l’ensemble des travailleurs soient tenus au courant de tout et participent activement au développement de la lutte. Un plus grand nombre de travailleurs se sent alors plus concernés, plus impliqués, ils se sentent partie prenante et ce n’est pas toujours les mêmes qui se retrouvent au piquet. De plus, ils ne sont pas tenus par les éventuels accords précédents (par exemple des accords de paix sociale), ils n’ont qu’un seul objectif, la victoire de la grève.

    Pendant le conflit d’AGC à Fleurus, il y a eu trois manifestations à l’appel des syndicats :

    -La première le 13 décembre où 6.000 travailleurs manifestent dans les rues de Charleroi dans le contexte des négociations interprofessionnelles.

    -La deuxième le 25 janvier où 3.000 travailleurs manifestent contre l’intervention des tribunaux dans les conflits sociaux. Entre autres dans le conflit de Splintex où des astreintes sont d’abord fixées à 5.000 puis à 7.500 euros.

    -La troisième le 11 mars (à l’appel de la seule FGTB) où 1.500 travailleurs manifestent dans les rues de Fleurus. Il faut noter que c’est la première et unique manifestation qui était organisée directement et exclusivement pour la défense de l’emploi d’AGC et seulement après 100 jours de grève, quand le conflit était presque terminé. Comme d’habitude, les drapeaux rouge sont présents, mais cette fois on sentait bien que le cœur n’y était plus. On avait l’impression, après les remerciements des responsables syndicaux, que l’on assistait à un enterrement de première classe. Pourtant les grévistes n’avaient pas encore dit leur dernier mot. Ils croyaient toujours comme au premier jour de grève que la lutte qu’ils menaient pour la défense de l’emploi était et restait juste et n’était pas encore terminée. Ils étaient toujours disposés à continuer la lutte.

    Le témoignage d’Elise (nom d’emprunt), épouse d’un travailleur d’AGC avec 18 ans d’ancienneté, qui était souvent avec son mari au piquet, est sans équivoque. Il mérite d’être rappelé, car ce témoignage paru dans La Nouvelle Gazette du 11 mars 2005, cerne très bien le problème qui était posé par les travailleurs pour le maintien de l’emploi pour eux et leurs enfants. Elle y dit :

    « Pour l’emploi de nos enfants aussi. Cela fait trois mois que nous vivons des moments difficiles, sans plus de rentrées de salaires, nous avons trois enfants : 18, 17 et 13 ans. Ils sont malheureux de ce qui se passe mais ils savent que leur papa se bat pour l’emploi. Et s’il n’y a pas d’emploi pour nous, il n’y en aura pas pour nos enfants ».

    Quelques jours après la manifestation de Fleurus, le mardi 15 mars, les grévistes étaient venus en nombre devant l’usine pour connaître le résultat du vote; ils étaient impatients. Ils discutaient entre eux. Ils disaient, une fois de plus, qu’ils avaient manqué de soutien, y compris des instances supérieures de la FGTB. Un ouvrier gréviste disait : « A part la manifestation du début à Charleroi (pour les négociations interprofessionnelles) il n’y a pas eu pour nous une grande action, pourtant quand ils veulent mobiliser, ils le peuvent. C’est ce qu’ils sont en train de faire pour la manifestation de samedi prochain à Bruxelles. » (il s’agit des manifestations du 19 mars à Bruxelles à l’appel du FSE, de la CES et de la Marche des Jeunes) ». Ce témoignage exprime (même si comme on l’a vu par après, la FGTB n’a que très peu mobilisé pour cette journée du 19 mars et, par peur du potentiel que pouvait représenter la Marche des Jeunes, a freiné sa mise en place et la mobilisation) que les travailleurs sont conscients du fait que l’appareil a une capacité de mobilisation immense, mais qu’il ne s’en sert que pour ses propres intérêts.

    Quel rôle a joué la CSC ?

    L’appareil national et régional de la CSC pratique depuis toujours et partout une politique de collaboration de classe avec les patrons qui déteint sur les délégations syndicales CSC. Dans la pratique de tous les jours elle est le relais du patron dans l’usine, même si dans certains cas, poussée par la base, elle doit aller plus loin qu’elle ne le veut. Dans le conflit d’AGC elle est restée fidèle à elle-même. L’appareil de la CSC est toujours le premier à rompre l’unité à la base qui existe, même en pleine lutte. Dans la grève de Splintex cette attitude habituelle s’est confirmée. Le permanent régional CSC R. Wanty déclarait dans une conférence de presse que « la direction d’AGC s’installe dans le conflit; une délocalisation est à craindre » et il se disait « prêt à négocier, même seul s’il le fallait ». Alors que l’assemblée du personnel s’était prononcée le matin même et avait donné mandat aux délégués pour ne pas négocier si le patron ne revoyait pas sa copie, la CSC voulait négocier à tout prix et était fin prête à accepter le plan patronal sans grande discussion, ouvrant ainsi une brèche dans le front uni des travailleurs FGTB-CSC. Tout au long du conflit, une grande partie des affiliés CSC s’en sont pris à l’attitude de la délégation CSC. Mais au cours des dernières semaines, les travailleurs ont condamné la position de la CSC qui a fait ouvertement le jeu des patrons, renforçant ainsi la tendance des moins combatifs à reprendre le travail. Ils ont même demandé la démission du délégué principal CSC. Il ne faut jamais oublier qu’à l’origine de la naissance du syndicalisme, la CSC a été créée par les patrons pour combattre la FGTB. Il est incontestable que dans cette grève la CSC a joué un rôle néfaste et qu’elle porte une lourde responsabilité dans la défaite de ce conflit. Parfois, certains délégués CSC de base vont plus loin que leur direction, mais ça reste exceptionnel car dans la plupart des cas comme à Splintex, ils se sont alignés sur la direction régionale et nationale de la CSC.

    Le rôle du PTB

    Le PTB, parti stalinien, a été félicité publiquement par C. Viroux à la manifestation de Fleurus pour sa position de non-ingérence dans le conflit d’AGC. Le PTB a relayé dans ses tracts et dans sa presse les revendications des travailleurs de Splintex. Il est resté à la remorque de l’appareil syndical sans donner de perspectives autres que celles que celui-ci autorisait. Et surtout il n’a pas soutenu la proposition d’une grève de 24 heures à Charleroi qui avait été faite en assemblée interprofessionnelle des délégués. Cette attitude est curieuse vu que le PTB écrit dans son journal du 8 décembre 2004 : « Pour beaucoup, la victoire dans cette lutte sociale dépendra de la solidarité venant des autres entreprises ». Et plus tard, le 2 février 2005 dans Solidaire, il écrit : « Le PTB propose une grève de 24 heures dans toute la région » Mais si on est vraiment convaincu que c’était nécessaire, il ne suffit pas de l’écrire une fois pour toute dans son journal comme une proposition platonique. Il faut tout faire pour que cette proposition soit diffusée largement par des tracts afin qu’elle soit acceptée et imposée aux appareils syndicaux à travers la pression exercée par les travailleurs. Mais cela n’a pas été le cas ; au contraire, dans la pratique le PTB a préféré ne pas affronter les appareils syndicaux avec cette proposition de 24 heures de grève qui ne convenait pas aux bonzes syndicaux. Il y a là une contradiction évidente qui doit être considérée en fin de compte comme une attitude de suivisme, le PTB ne voulant pas entrer en opposition avec la position de l’appareil syndical. En plus lors d’une réunion dans le local du PTB, un ex-délégué qui critiquait le refus de l’interprofessionnelle FGTB d’étendre la grève a été prié de se taire ; comme respect de l’expression démocratique et de ceux qui ne pensent pas comme eux, ils sont très loin du compte. Ce parti opportuniste et sectaire n’exerce que très peu d’influence sur les ouvriers. En fin de compte, le PTB a eu comme position de suivre l’appareil syndical comme une fin en soi et on connaît le résultat pour les travailleurs qui se retrouvent sur le pavé.

    Le rôle du POS

    Le POS a distribué un tract où on pouvait lire: « l’interprofessionnelle doit passer à l’action en appelant à une grève générale régionale de 24 heures ». Mais ses militants et ex-délégué FGTB ne se sont pas battus dans les assemblées interprofessionnelles pour arracher ce mot d’ordre. Ils n’ont pas non plus appuyé la proposition quand elle a été faite dans l’assemblée, ils ont préféré suivre l’appareil syndical qui n’en voulait pas en disant comme A. Henry à la tribune syndicale : « C’est quand les robocops sont intervenus à Splintex qu’il aurait fallu faire une grève de 24 heures; ça n’a pas été fait mais ce n’est pas grave ». Si c’est grave parce qu’un mot d’ordre de 24 heures de grève générale régionale, bien qu’il soit correct de le proposer dans un tract comme l’a fait le POS, n’est pas suffisant en soi. Il faut que ses militants se battent contre l’appareil syndical pour l’obtenir si on ne veut pas que ce soit seulement de la propagande de parti. Dans certains conflits comme celui de Splintex il faut oser prendre ses responsabilités et affronter démocratiquement l’appareil syndical qui refusait de généraliser la grève de Splintex. Toujours revenir sur les grèves du passé, comme celle qui s’est déroulée en 1975 à Glaverbel-Gilly, même si elle a été importante, n’est pas une attitude correcte qui correspond à la réalité d’aujourd’hui, car le contexte de 1975 n’est pas du tout le même qu’en 2005. C’est pendant l’assemblée interprofessionnelle au moment où la discussion était très vive entre les bonzes syndicaux et certains délégués et militants de base qu’à choisi A. Henry pour dire à la tribune : « je pense personnellement que l’interprofessionnelle a fait son travail, elle s’est démenée pour trouver le matériel de projection pour projeter le film sur la grève de Glaverbel en 1975 ». Au lieu d’emboîter le pas et de couvrir les appareils syndicaux, les militants ou ex-délégués qui se revendiquent du marxisme doivent s’efforcer à chaque occasion de dénoncer les freins que constituent les appareils syndicaux réformistes. Comme cela a été le cas dans la grève de Splintex. Tous ceux qui n’agissent pas en conséquence n’ont pas du tout compris ce qu’il y a d’essentiel dans le marxisme, à savoir la lutte anti-capitaliste sans complaisance pour les directions du mouvement ouvrier qui freinent les luttes.

    S’il est exact de dire comme le fait A. Henry dans son article paru dans La Gauche d’avril 2005, n°12, où il écrit entre autres: « Car cette solidarité doit être plus que jamais une participation active au combat quotidien des grévistes, elle ne peut pas se limiter seulement à une aide financière épisodique. Elle doit au contraire être partie prenant et intégrale de la lutte et ce à l’échelle nationale, européenne, internationale ». Nous pouvons être d’accord avec cette prise de position, mais il est regretable qu’elle vienne quand le conflit est terminé. Alors que pendant la grève, dans la pratique, il a pris une position tout à fait contraire en empêchant toute initiative du comité de soutien sous prétexte de « non-ingérence dans le conflit ». Plusieurs militants du comité de soutien voulaient aller dans le sens qu’il indique dans son article. C’est-à-dire être partie prenante et intégrale dans la lutte, ces militants avaient comme objectif principal l’extension de la grève à la région. Mais cela n’a pas été possible car A. Henry a fait barrage. Il a refusé de rompre le lien qui le lie à l’appareil syndical réformiste. C’est suite à ces divergences fondamentales que le comité de soutien s’est coupé en deux tendances.

    Dans le contexte politique d’aujourd’hui, il ne suffit plus d’apparaître à gauche en lançant un appel à la création d’un forum syndical et en écrivant à juste titre d’ailleurs que : « les organisations syndicales sont sclérosées par une bureaucratie étouffante que les syndicalistes ont le devoir de combattre en luttant pour une véritable démocratie ». Et dans la pratique faire juste le contraire. Dans la grève d’AGC-Fleurus les initiateurs de cet appel se sont mis eux-mêmes dans une situation de refus de combattre l’appareil bureaucratique. Ils ont limité leur intervention dans le cadre autorisé par la bureaucratie sans jamais vouloir la critiquer sous prétexte qu’ils n’avaient pas à « s’ingérer dans le conflit ».

    Si c’est de cette façon qu’ils conçoivent le devoir de combattre pour une véritable démocratie, c’est qu’ils n’ont toujours pas compris ce qu’il y a de fondamental dans la pratique de la lutte de classe. Quand on écrit ce genre d’appel, il faut être conséquent avec sois-même si on veut éviter que ce soit des paroles en l’air. Toujours craindre de critiquer démocratiquement l’appareil syndical sous prétexte que sans lui nous ne somme rien, ça revient à dire qu’il faudra bientôt lui demander l’autorisation de respirer.

    Que manque-t-il pour gagner les luttes futures ?

    Tous les délégués et militants syndicaux combatifs doivent développer dans les usines une stratégie de lutte de classe sur base de la compréhension qu’un changement de la société est nécessaire, que sous le régime capitaliste tout acquis n’est que provisoire. Il reprend aux ouvriers de la main droite ce qu’il leur a donné de la main gauche. Mais il faut aussi avoir la compréhension du rôle de l’Etat dans cette société et de la nature du PS et des appareils syndicaux. Si nous ne voulons plus continuer d’aller de défaites en défaites, nous devons nous organiser à la base dans une tendance de gauche syndicale à l’intérieur de notre syndicat, il n’est nullement question de créer un nouveau syndicat, c’est une question de principe. Mais d’avoir pour objectif d’organiser les travailleurs en rupture avec les méthodes réformistes de collaboration de classe qui ne conduisent inévitablement qu’à des défaites successives. S’organiser afin de gagner les luttes qui se développent et contre les attaques répétées des patrons. Mais cela n’est pas suffisant, il faut aussi s’organiser afin d’avoir un prolongement politique qui s’appuie sur les méthodes traditionnelles de la lutte de classe. Pour cela il faut construire un grand parti ouvrier s’appuyant sur un programme anti-capitaliste, organe de combat de la classe ouvrière pour permettre la transformation socialiste de la société. Pour empêcher les délocalisations continuelles, il faut un programme qui empêche les multinationales de délocaliser en exigeant pour les entreprises qui menacent de fermer le remboursement des aides publiques qu’ils ont reçues ainsi que la nationalisation sans rachat ni indemnité sous contrôle ouvrier. Un grand parti ouvrier qui lutte contre le capitalisme et qui ne fait aucune concession politique, ni au PS ni aux appareils syndicaux, n’existe pas encore à ce jour. Le MAS est partie prenante dans cette construction; il est encore petit à l’heure d’aujourd’hui, mais ses militants agissent sur le plan syndical et politique avec des revendications et un programme qui va dans un sens anti-capitaliste et anti-réformiste.

    C’est aux travailleurs et à son avant-garde qu’incombe la tâche d’atteindre ce but. Le MAS veut contribuer à la construction d’un grand parti ouvrier. « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Nous, les syndicalistes, savons par expérience que le syndicat est le dernier rempart des travailleurs contre toutes les attaques patronales. Mais il ne faut pas pour autant se mettre un bandeau sur les yeux. Il faut toujours et en toutes circonstances savoir faire le bilan d’un conflit quel qu’en soit le résultat. C’est au travers de la lutte, de la discussion, de la critique que le mouvement ouvrier a progressé et certainement pas en voulant nous faire prendre des vessies pour des lanternes comme tentent de le faire depuis plusieurs années les bonzes syndicaux.

    Cette brochure ne va pas faire que des heureux mais si ceux qui osent critiquer l’appareil syndical sont considérés par les bonzes syndicaux comme des anti-syndicalistes, alors il faut se poser la question : le syndicat en 2005 est-il encore une organisation démocratique? Si ce n’est plus le cas, alors il faut le dire ouvertement afin que les travailleurs sachent à quoi s’en tenir. Dans la pratique de la lutte de classe, la vérité à ses droits. La ligne politique qui en découle doit être placé au dessus des éventuelles amitiés où camaraderies qui peuvent exister.

    LE SOCIALISME EST MAITRE DE L’HEURE,

    MAIS IL FAUT POUR CELA QUE TOUS CEUX QUI SE DISENT SOCIALISTES, SOIENT DIGNES DE CE NOM.

    OUI A LA LUTTE DE CLASSE

    NON A LA COLLABORATION DE CLASSE

    VIVE LA GREVE DES TRAVAILLEURS DE SPLINTEX


    P.S. : Il y a encore beaucoup de choses à dire sur la grève d’AGC. Mais nous allons nous arrêter ici pour le moment. Nous ne manquerons pas de revenir sur ce conflit qui restera dans les mémoires des travailleurs. En tout cas, tous ceux qui s’y sont investis resteront marqués pour toujours.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop