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  • Les sans-papiers continuent les actions : Le dossier de la régularisation est toujours au point mort.

    Le dossier de la régularisation est toujours au point mort.

    L’accord auquel étaient péniblement arrivés à la fin 2007 les partis présents dans le gouvernement Leterme fixe trois catégories de sans-papiers qui pourraient obtenir une régularisation de leur séjour : ceux qui ont introduit une demande d’asile dont le traitement a pris trop de temps ; ceux qui séjournent en Belgique depuis le 31 mars 2007 et qui ont une offre de travail ferme ou un statut de travail indépendant ; et enfin ceux qui peuvent justifier un « ancrage local durable ».

    Jean Peltier

    Mais, depuis lors, la ministre Turtelboom (libérale flamande) freine des quatre fers. Elle n’a toujours pas précisé clairement comment elle veut évaluer cet "accord local durable". Sa dernière proposition est d’établir un "système à points" dans lequel avoir un travail vaudrait 40 points, avoir suivi une formation 10 points, avoir des enfants scolarisés 10 points aussi, avoir un avis favorable du bourgmestre de sa commune 10 points,… 70 points seraient nécessaires pour avoir une chance d’obtenir un permis de séjour.

    Comme le montrent ces chiffres, Turtelboom met l’accent sur le critère de travail et place la barre très haut : elle ne souhaite en fait régulariser qu’une partie très limitée des sans-papiers sur base de l’intérêt qu’ils présentent pour l’économie du pays (c’est-à-dire pour le patronat).

    Les organisations de sans-papiers restent très méfiantes devant ces propositions et ont décidé de poursuivre les actions pour obtenir une régularisation plus large. 250 sans-papiers sont par exemple en grève de la faim à Bruxelles tandis qu’à Liège, l’Union de Défense des Sans-Papiers (UDEP), l’Organisation des Sans-Papiers (OSP), le Collectif de résistance contre les Centres pour Etrangers (CRACPE) et le Comité de Soutien aux Sans-Papiers (CSCP) organisent une série de rassemblements devant les sièges locaux des partis gouvernementaux pour interpeller ces partis et leur faire part de leurs revendications.

    Lors de l’action de ce mardi 20 mai devant le siège du MR qui a réuni une quarantaine de participants, nous avons discuté avec Taoufik Sabek, porte-parole de l’Organisation des Sans-Papiers (OSP)

    Alternative Socialiste: Qu’est-ce que l’OSP ?

    Taoufik Sabek: L’Organisation des Sans-Papiers (OSP) a été créée à Liège il y a sept mois pour défendre les sans-papiers en Belgique. Ses revendications sont claires : régularisation de tous les sans-papiers, suppression des centres fermés, arrêt des expulsions, stop à l’esclavage moderne que constitue le travail illégal des sans-papiers. L’OSP travaille avec toutes les organisations qui soutiennent les sans-papiers.

    AS: Quel est le sens de vos actions auprès des partis ?

    TS: Nous voulons interpeler tous les partis pour qu’ils adoptent une position plus satisfaisante sur la question de la régularisation et qu’ils imposent un moratoire sur les expulsions tant qu’un accord n’est pas intervenu sur le projet de régularisation.

    Nous voulons en particulier discuter du fameux critère de l’"ancrage local durable" que met en avant la ministre. Pour elle, cet ancrage doit être mesuré avant tout par des preuves de travail durant la période examinée. Nous mettons plutôt en avant la notion d’"attaches durables" qui fait intervenir non seulement le fait d’avoir un travail mais surtout des amis, des relations sociales,… La majorité des sans-papiers ne pourra obtenir une régularisation que sur base de ces attaches car quel sans-papiers peut déposer sur la table des contrats de travail ou des preuves légales pour un traval qui, par définition, est clandestin et en noir ?

    Nous nous opposons aussi à un autre critère que le gouvernement veut imposer : celui de l’avis des bourgmestres sur l’"ancrage" du sans-papier qui demande sa régularisation. Beaucoup de sans-papiers n’ont pas de relations avec les administrations communalesen encore moins avec leur bourgmestre. Beaucoup d’autres qui étaient installés dans une commune depuis des années et qui y avaient créé des liens ont été obligés de changer de commune pour trouver un nouveau travail. Il ne sont pas connus dans leur nouvelle commune et leur actuel bourgmestre ne sait rien d’eux. Demander un avis au bourgmestre dans ces conditions, c’est créer un obstacle de plus à la régularisation. Nous voulons donc que soit supprimée la référence à l’avis des autorités locales sauf s’il y a eu des problèmes de sécurité locale.

    Pour plus de renseignement sur l’OSP : www.o-sp.org – Tél : 0488/46.55.42


    L’Office des Etrangers continue ses rafles !

    Nous vous avons déjà parlé de la rafle qui s’est produite le 29 avril à Bruxelles (voir les liens ci-dessous), mais ce n’est hélas pas le seul exemple de ce genre…

    Ainsi, lors de la soirée de fête populaire organisée le mercredi 7 mai dans le centre de Liège pour fêter le titre de champion du Standard, des policiers en civil ont arrêté et embarqué des sans-papiers dans la foule. Preuve qu’il s’agissait d’une opération préparée à l’avance : un agent de l’Office des Etrangers était présent au bureau de police de la Violette pour traiter les dossiers et envoyer les sans-papiers au centre fermé de Vottem.


    Pour en savoir plus

  • Des études de plus en plus chères… Bientôt uniquement pour les plus riches ? Plus de moyens publics pour l’enseignement!

    Des études de plus en plus chères…

    Bientôt uniquement pour les plus riches?

    Selon une étude de la FEF (Fédération des Etudiants Francophones), un étudiant kotteur paie en moyenne de 10.000 à 12.000 euros par an pour ses études. Les autres s’en sortent avec « seulement » 6.000 à 7.000 euros par an. Alors, les études, accessibles pour tous?

    Jeroen Demuynck

    Non ? Rien d’étonnant… L’enseignement n’a pas été épargné par la gestion néolibérale des partis traditionnels et subit le choc des réductions d’investissements publics. La logique de profit domine toujours plus. En 1980, 7% du Produit Intérieur Brut étaient consacrés à l’enseignement, mais ce pourcentage n’est plus aujourd’hui que de 4,9%. Bénéficier de l’enseignement n’est plus considéré comme un droit, mais plutôt comme un « investissement » dans son propre avenir.

    C’est particulièrement perceptible au niveau des droits d’inscription. Une étude du gouvernement flamand de 1999 a établit que les étudiants universitaires payaient 355 euros d’inscription en moyenne, pour 389 euros en moyenne pour les étudiants des hautes écoles. Aujourd’hui, il est demandé 535 euros en moyenne en Flandre et, en Wallonie, le minerval est de 721 euros en moyenne (universités) ou de 530 euros (hautes écoles). Vous trouvez ça cher ? Attendez de voir l’avenir que nous réserve un enseignement à la sauce anglo-saxonne, aux coûts d’inscription de plusieurs milliers d’euros…

    A côté des droits d’inscription, pour de nombreux étudiants, un kot est tout simplement devenu impayable. Selon l’étude citée précédemment, un kot coûtait en Flandre de 1.859 à 1.945 euros par an il y a dix ans. Aujourd’hui, il s’agit de 3.120 euros en moyenne et de 3.150 euros en Wallonie. Et c’est encore plus cher à Bruxelles. Et on n’a pas encore parlé des livres, des transports, de la nourriture, de l’ordinateur et d’internet, des stages…

    De plus en plus d’étudiants sont obligés de « bricoler à côté » pour payer leurs études. Très souvent, ils se retrouvent dans des jobs ultra-flexibles et sous-payés, ce qui mine non seulement leurs chances de réussite, mais aussi les conditions de travail des autres travailleurs. La pression financière pour suivre des études a beaucoup de conséquences : une étude a établi en France que 40.000 étudiants, principalement des étudiantes, payent leurs études en ayant recours à un job dans l’industrie du sexe. Il n’y a pas de chiffres disponibles pour la Belgique mais une pareille évolution est vraisemblable ici aussi.

    La seule manière de concrétiser le droit d’accès à l’enseignement est de développer les services publics sociaux au lieu de les réduire. Pour résoudre le problème de la cherté des logements, la construction d’une grande quantité de homes pour étudiants qui soient bon marché et de qualité s’impose. Grâce à une plus grande offre de kots, les prix du marché privé diminueraient aussi. Au lieu de privatiser les restaurants universitaires et de les remettre à la logique de profits du privé, il faut les développer, au lieu d’augmenter les coûts d’inscription, il faut les supprimer, et il faut instaurer un salaire étudiant pour que chacun puisse réellement avoir accès aux études.

    Pour un enseignement solide et accessible, il faut plus de moyens publics. Les ramener à nouveau à 7% du PIB serait déjà un bon premier pas dans cette direction !


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  • Manif sans-papiers réussie !

    "Libérez nos camarades sans-papiers!"

    Ce mercredi 7 mai, 500 personnes avec ou sans papiers venant de plusieurs pays européens se sont réunies sur la Place du Luxembourg pour réclamer la suppression de tous les centres fermés. Beaucoup d’organisations étaient présentes, dont les syndicats ainsi que les étudiants et les sans-papiers de l’ULB qui ont quitté leur université pour les rejoindre.

    EGA-ULB

    La délégation de l’ULB était très dynamique, très combative, et elle a fait une minute de silence en mémoire du sans-papier mort dans un centre fermé. Motivés, les étudiants de l’ULB ont ensuite décidé de partir en manifestation rejoindre l’Office des Etrangers sous le slogan « Libérez nos camarades sans-papiers ! ». Ils sont passés dans les quartiers populaires de Bruxelles où a résonné « Première, deuxième, troisième générations… nous sommes tous des enfants d’immigrés ! ». Plusieurs habitants ont rejoint le cortège.

    Après avoir manifesté devant l’Office en réclamant la libération des 13 sans-papiers toujours enfermés dans des centres-fermés après la rafle du 29 avril, le cortège s’est dirigé vers le Béguinage en passant par le Boulevard Anspach et devant la Bourse, parcours traditionnel des manifestations syndicales.

    L’action s’est terminée par un cercle symbolique devant l’Eglise du Béguinage où continue l’occupation par les sans-papiers (qui ont par ailleurs commencé une grève de la faim ce matin).

    Les Etudiants de Gauche Actifs ainsi que les membres du MAS ont été très présents dans l’animation. 32 exemplaires de l’Alternative Socialiste – le mensuel du MAS – et 50 exemplaires de l’Egalité – le journal d’EGA – ont été vendus (c’est-à-dire tout ce que nous avions sur nous…) et 80 euros de fonds de lutte ont été récoltés pour poursuivre nos campagnes.


    Pour en savoir plus

  • 1er mai à Bruxelles: reportage photo

    Malgré de légères mais nombreuses intempéries, le stand du MAS/LSP au premier mai de Bruxelles, place Rouppe, a été un succès. Le thème principal de notre intervention était le pouvoir d’achat, sous le slogan "plus de pouvoir d’achat par plus de salaire", qui a reçu un très bon accueil.

    Photos de Yvan Leiva Castro

    De nombreux militants (une trentaine au total) étaient présent et ont ainsi vendus 110 exemplaires de notre mensuel, l’Alternative Socialiste. D’autre part, près de 400 euros ont été récoltés en soutien à nos campagnes et de nombreuses personnes ont laissé leurs coordonnées pour entrer en discussion avec notre parti.

    A côté de cette intervention, nous sommes également intervenus en soutien des sans-papiers dans leur action de protestation contre la rafle ordonnée par Freddy Thielemans, le bourgmestre (PS) de Bruxelles ce mardi 29 avril, qui a même dû quitter la scène durant son discours et se réfugier dans un café (voir notre article: Les sans-papiers et les étudiants de l’ULB perturbent les activités du 1er mai du PS à Bruxelles !

  • ).


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  • 1er mai à Liège : Reportage photo

    Le 1er Mai à Liège, c’est depuis des dizaines d’années des meetings et cortèges matinaux pour le PS et le PC (qui étaient moins fréquentés cette année) et surtout, depuis près de 10 ans, une grande fête syndicale et associative sur la place Saint-Paul devant le siège de la FGTB. Des milliers de personnes passent l’après-midi et la soirée à circuler entre des dizaines de stands où les tracts et les brochures militantes font bon ménage avec les nourritures plus ou moins exotiques et les boissons plus ou moins locales et artisanales.

    Cette année encore, Résistance Internationale, la campagne jeune du MAS, avait un stand Place Saint-Paul. Une quinzaine de membres de RI et du MAS ont animé ce stand, vendu des litres de sangria, tenu des dizaines de discussions, mais aussi circulé parmi le public pendant des heures en proposant notre journal, nos tracts et divers autocollants pour soutenir nos campagnes antiracistes. Nous avons donc eu beaucoup d’opportunités de mettre en avant nos propositions sur la question du pouvoir d’achat, mais aussi de parler de la lutte antifasciste (comme le groupuscule néonazi "Nation" avait voulu faire un rassemblement à Charleroi) et de la lutte des sans-papiers et du rôle infâme joué par le PS et son bourgmestre de Bruxelles lors de la rafle du 29 avril.

    Résultat : 117 "Alternative Socialiste" vendus et, en plus, plus de 450 euros récoltés pour notre Fonds de Lutte. Plusieurs personnes nous ont aussi laissé leurs coordonnées pour entrer en discussion afin de rejoindre notre organisation, ou tout simplement pour donner un coup de main à nos campagnes.

    Un nouveau record pour notre 1er Mai (record qui tombe d’ailleurs d’année en année) mais surtout une nouvelle démonstration réussie de notre présence militante à Liège.


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  • Non-marchand. Il faut de l’action maintenant !

    Accord fédéral 2005-2010 insuffisant :

    Lors du vote de l’accord fédéral actuel en 2005, beaucoup doutaient que celui-ci puisse être suffisant pour remplir les besoins immédiats du secteur. Cela fut illustré, surtout à la FGTB, par le résultat du vote: la plus grande section du SETCa Bruxelles-Hal-Vilvorde avait rejeté l’accord à 90%. Finalement, tant la SETCa que la Centrale Générale ont accepté l’accord à respectivement 68% et 73%. Il y avait également du doute au sein de la LBC et de la CNE, mais pour l’une ou l’autre raison cela ne s’est pas traduit dans le résultat du vote. Finalement, le sentiment d’avoir obtenu le maximum possible a été décisif. Beaucoup a certes été arraché, mais cela ne diminue en rien le fait que seulement 14% des revendications ont étés reprises dans cet accord.

    Hypertension, journal d’action non-marchand

    Aujourd’hui, en 2008, nous avons atteint la phase d’alarme ‘ROUGE’ sur le lieu de travail. Entretemps, nous sommes liés pour encore 2 ans à un accord insuffisant qui ne sera appliqué complètement qu’en 2015.

    Le manque aigu et chronique de personnel est plutôt la règle que l’exception, et ce alors que la charge de travail s’accroît systématiquement (entre autres à cause du vieillissement et de l’augmentation des tâches administratives). Les heures supplémentaires atteignent des chiffres astronomiques (par milliers par hôpital), et la récupération reste lettre morte (sans parler du paiement); et nous pourrions continuer la liste encore longtemps…

    Comme la LBC le dit correctement dans son tract, il faut d’urgence plus de mains dans notre secteur. Déjà plus de 2.000 soignants ont obtenu le diplôme d’infirmier via un projet spécial de formation. Malgré le fait qu’il y ait des centaines de candidats pour l’année scolaire suivante, le projet n’est plus prolongé, ‘il n’y a pas d’argent’.

    PAS D’ARGENT ?

    Pas d’argent, alors que les baisses de charges aux patrons atteignent des milliards d’euros par an. Il suffit de citer l’intérêt notionnel … du profit pur qui disparaît dans les poches des grands actionnaires. Toute une série d’entreprises du Bel 20 ne paient pas un centime d’impôts. Il y a bien de l’argent, mais le gouvernement préfère jouer les Robin des Bois à l’envers : voler les poches des travailleurs pour donner aux riches.

    POUVOIR D’ACHAT: DANS NOTRE SECTEUR AUSSI, TRES PROBLEMATIQUE!

    DU POUVOIR D’ACHAT PAR DES AUGMENTATIONS SALARIALES !

    Pendant que notre secteur se trouve en queue de peloton en terme de conditions salariales (malgré les conditions de travail hyper flexibles) nous sommes liés à un plan quinquennal. D’autres secteurs peuvent corriger la situation tous les deux ans via un Accord Interprofessionnel (AIP). Les ‘cacahuètes’ que nous avons obtenu dans l’accord actuel ne suffissent pas à compenser la montée du coût de la vie, sans même compter le retard salarial par rapport à d’autres secteurs.

    Ces 6 derniers mois, les prix des produits de base ont augmenté en moyenne de 13%, selon une enquête réalisée dans les grandes surfaces de Delhaize, Colruyt et Carrefour par le journal télévisé de la VRT (19 avril 2008)

    Selon une étude récente de la FGTB, 20% des travailleurs actifs font partie de la catégorie des ‘travailleurs pauvres’. Ces gens ne sont plus capables de se payer des concerts ou une soirée au cinéma, ils ne peuvent pas s’acheter une maison ou voyager. 35% de ceux qui ont répondu à l’enquête disent avoir des difficultés pour payer les études de leurs enfants, 37% affirment ne pas pouvoir épargner. Le phénomène de ‘working poor’ se développe principalement dans le secteur public et … dans le non-marchand.

    Les ‘cacahuètes’ dans l’accord actuel se résument à la prime ‘d’attraction’ et à l’augmentation de la prime de nuit et de celle du dimanche et des jours fériés de 50 à 56 %. Pas vraiment spectaculaire. Les primes ne sont pas reprises dans le calcul de la pension, et sont plus faciles à retirer. La seule solution pour le pouvoir d’achat, c’est une augmentation considérable des barèmes. Un 13ème mois complet et une augmentation des primes pour les prestations irrégulières restent à l’ordre du jour.

    DES ACCORDS DE CINQ ANS NE FONCTIONNENT PAS DANS LA VIE REELLE

    Vu l’évolution dans notre secteur, il est nécessaire de suivre le tout avec une vision à plus long terme. Il ne s’agit pas seulement des conditions de travail, mais aussi de l’état général des soins de santé dans le pays. De mauvaises conditions de travail laissent la voie à une commercialisation accrue et le développement de soins de santé à plusieurs vitesses. Les travailleurs en sont doublement victimes : en tant que travailleurs et en tant que patients.

    L’accord interprofessionnel biannuel ne s’applique pas au non-marchand SAUF si c’est pour nous serrer la ceinture, ou pour une détérioration des conditions de travail, comme le crédit-temps lors du pacte de solidarité entre les générations. Le non-marchand ne participe qu’aux désavantages de l’AIP, à quand les avantages? Peut-être que des accords bi-annuels c’est un peu trop, mais une ‘évaluation partielle’ devrait être possible.

    LA COLERE BLANCHE A REINVENTER: POUR UN FRONT COMMUN SYNDICAL HONNETE ET CONSTRUCTIF

    Il est nécessaire que les directions nationales des syndicats, ensemble avec les militants de base, tirent des leçons de la colère blanche précédente, tant sur le plan des revendications, que sur le plan des méthodes d’action (organisation et planification) et des résultats obtenus. Les conclusions devraient alors aboutir, via une discussion aussi large que possible en front commun syndical, et un plan d’action détaillé pour la prochaine colère blanche.

    Dès le début de la Colère Blanche un ultimatum clair et concret pourrait être posé au gouvernement. Et ceci accompagné d’un plan d’action, qui construit petit à petit les actions et mène à un point culminant avec un maximum d’impact (coordonné tant sur le plan national que sur le plan provincial et local). Si on passe à l’action, il faut que les gens aient une perspective claire. La fin relativement chaotique du mouvement précédent avec ‘la grève au finish’ n’avait pas eu un effet favorable (cela ressemblait plus à l’étouffement de la grève)

    LES LEÇONS DE LA COLERE BLANCHE EN FINLANDE EN 2007

    RESULTAT: UNE AUGMENTATION SALARIALE DE 22 A 28 %, ETALEE SUR 4 ANNEES !

    L’année passée, les soignants finlandais, avec leur syndicat TEHY, ont obtenu une victoire spectaculaire par leur positionnement ferme. La raison du mouvement était la baisse du pouvoir d’achat et la fuite massive d’infirmiers vers les autres pays scandinaves, où les salaires et les conditions de travail sont nettement meilleures.

    Tout un plan de campagne avait été élaboré et une piste tout à fait inorthodoxe a été suivie: la menace de démission collective en masse … par les travailleurs. D’ans un premier temps, des grèves traditionnelles, des manifestations et des arrêts de travail se sont tenus afin de préparer l’ultimatum. Les démissions en masse devaient se faire en plusieurs vagues, et les militants syndicaux auraient eu droit à une indemnité de grève tant qu’il n’y aurait pas eu une solution avec réembauche de tout le monde.

    Mais ça n’a pas été jusque-là. Malgré le vote d’une loi d’urgence au parlement lors du weekend précédant la fin de l’ultimatum, le gouvernement et les employeurs n’ont pas osé aller à la confrontation avec le syndicat des infirmiers (TEHY). La loi d’urgence aurait rendu possible la réquisition des travailleurs, même après leur démission. Mais il était clair qu’une partie importante des infirmiers n’auraient pas accepter les réquisitions : soudainement beaucoup d’entre eux avaient complètement disparu …

    Malgré la forme drastique d’action, qui menaçait de mettre à l’arrêt les soins de santé dans leur totalité, les acteurs avait un soutien large dans l’opinion publique. Le gouvernement avait pourtant déjà organisé des ponts aériens vers d’autres hôpitaux en Europe pour gérer les cas les plus graves …

    LEÇONS POUR LA BELGIQUE ?

    L’impact des actions de grèves dans notre secteur est, comme en Finlande, plutôt limité, à cause des réquisitions massives, qui dans beaucoup de cas ont l’effet pervers que durant les grèves, il y a plus de personnel présent que d’habitude vu le contrôle supplémentaire.

    Des manifestations sont utiles pour annoncer nos revendications à un large public et pour mobiliser afin d’impliquer un maximum de collègues dans l’action. Comme moyen de pression sur le gouvernement et les employeurs, c’est beaucoup moins utile: à Bruxelles il y a quotidiennement diverses manifestations…

    Il y a lieu de réfléchir sur ce qu’est un ‘vrai ultimatum’. Le bas taux de syndicalisation dans le non-marchand belge est plutôt un obstacle pour initier des actions collectives dures et rapides … il faudra en tenir compte. Un autre élément perdra toujours plus de sa valeur : l’idée de soi-disant ‘intérêts communs’ entre les travailleurs et les employeurs (lesquels veulent le plus de subsides possibles afin de pouvoir en mettre davantage dans leurs poches). La compétition croissante entre hôpitaux, entre autres par la commercialisation rampante, se fera sentir de plus en plus sur le lieu de travail par une politique de plus en plus répressive envers le personnel. Dans les maisons de retraites commerciales, nous en avons déjà un avant-goût !

    MALAISE DANS LES HOPITAUX PRIVES A BRUXELLES…

    Selon différents directeurs d’hôpitaux, durant les 5 années à venir, entre 1.000 et 2.000 lits se perdront à Bruxelles.

    En-dehors de la question qu’il y ait oui ou non une surcapacité de lits à Bruxelles, ce détricotage se fera sur le dos des travailleurs et des patients. A cause d’une mauvaise gestion, beaucoup d’hôpitaux ont accumulé des dettes énormes, mais cela n’inquiètera pas les directions. Ce ne sont pas elles qui devront chômer ou attendre qu’un lit se libère lorsqu’elles seront malades! Les hôpitaux privés, qui n’ont rien à craindre ces prochaines années et semblent donc en bonne santé financière, se comptent sur les doigts d’une main.

    Les premiers dominos sont déjà tombés avec le licenciement collectif à St. Etienne ainsi qu’à l’hôpital Français qui est, depuis le 7 avril, dans la première phase de la loi Renault. A Erasme, on s’attend à une restructuration considérable à partir de juin. A St-Luc on a accumulé une dette sérieuse. Les ‘tendances pharaon’ (ç.-à-d.: toutes sortes de projets de construction) de la part des directions n’y sont pas étrangères. On veut augmenter encore plus la flexibilité du personnel, mais on l’appelle différemment : ‘rentabiliser’.

    Vu l’impact social de cette évolution en terme d’emplois et de services à la population, nous ne pouvons pas laisser traîner les choses en longueur.

    Au lieu de s’attaquer à la vague de restructurations hôpital par hôpital, il nous faut une initiative syndicale unie au niveau de Bruxelles… afin de réveiller les responsables politiques et de leur mettre devant leurs responsabilités. Il y a beaucoup trop peu de contrôle de la part des autorités sur la manière dont les directions hospitalières utilisent les moyens de la communauté.

    Comme dans le tract de la LBC pour le 30 avril:

    “MAIS QUI LE RESOUDRA ?”

    Evidemment notre secteur ne se trouve pas sur une île; par conséquent, la politique néolibérale laisse des traces dans les soins de santé.

    Il faut constater qu’aucun parti représenté dans le parlement ne défend de façon consistante les intérêts des travailleurs.

    Des braillards populistes tel un Dedecker se rendent sympas par leur discours anti-establishment, mais parallèlement, leur programme économique est un rêve pour tout patron: engraisser les actionnaires sur le dos des travailleurs.

    Lors de la discussion sur le Pacte de solidarité entre les Générations il n’y avait aucun parti traditionnel pour défendre les travailleurs et leurs syndicats; au contraire: la plupart étaient d’avis que les assainissements du pacte n’allaient pas assez loin.

    La lutte syndicale a besoin d’un prolongement politique, mais celle-ci n’existe pas dans le parlement actuel. La seule alternative, c’est la construction d’un nouveau parti large et démocratique des travailleurs, mais il s’agit d’un processus complexe et de longue haleine: cela ne tombera pas soudainement du ciel! Tant que des parties importantes de la FGTB et de la CSC ne cassent pas leurs liens exclusifs respectifs avec le PS et le CDh-CD&V, une percée pour un parti viable et démocratique des travailleurs ne sera pas possible.

    Après les actions contre le Pacte de Solidarité entre les Générations, de nouveaux mouvements politiques, dont le CAP, se sont créés. Le ‘Comité pour une Autre Politique’, né à l’initiative de vétérans du mouvement ouvrier (dont Jef Sleeckx et Georges Debunne) était le plus clair en terme de mise à l’ordre du jour de la nécessité d’une voix politique indépendante pour le mouvement ouvrier et les travailleurs en général. Ce n’est malheureusement resté qu’une tentative honorable… Beaucoup de gens dans le mouvement des travailleurs organisés ont suivi à distance ce développement, mais n’y ont pas participé activement.

    Ce n’est que par la lutte sociale massive que cette question sera soulevée de nouveau. Entretemps nous devons construire des réseaux (inter)sectoriels de syndicalistes combatifs et critiques. C’est le défi qu’Hypertension s’est posé dans le non-marchand.

  • Rafle scandaleuse contre les sans-papiers

    Rafle scandaleuse contre les sans-papiers :

    Une rafle scandaleuse vient de se produire à Bruxelles contre des sans-papiers qui menaient une action en revendiquant une politique d’asile plus humaine. 148 personnes ont été arrêtées devant les bâtiments de l’Office des étrangers. Plus de la moitié étaient des sans-papiers à côté d’une dizaine d’étudiants de l’ULB (dont plusieurs militants d’Etudiants de Gauche Actifs-EGA) et d’une trentaine d’autres manifestants.

    Cette manifestation était à l’initiative des sans-papiers qui mènent actuellement des actions à l’ULB avec le soutien d’un groupe d’étudiants, dont les membres d’EGA-ULB. Afin de protester une nouvelle fois contre la politique d’asile répressive actuelle, une manifestation a été organisée hier.

    La police bruxelloise a toutefois décidé qu’il n’y avait pas de droit démocratique pour mener des actions et a arrêté 148 personnes. Il n’y a eu aucun avertissement, les arrestations ont été faites immédiatement. La police a menacé d’envoyer les sans-papiers dans des centres fermés pour procéder ensuite à leur expulsion. Comme les autorités n’ont aucune réponse à donner au mouvement de protestation des sans-papiers, elles essayent de supprimer la contestation en réduisant les organisateurs au silence (et, en plus, en mettant leurs vies elles-mêmes en danger si les expulsions devaient se produire).

    Les sans-papiers ont la plupart du temps fuit la misère et le manque de droits démocratiques dans leur pays d’origine, mais ils trouvent ici un sort similaire : misère, chômage, travail précaire et dangereux, etc. sans aucun droit pour mener des actions ! Qui ose exprimer son opinion risque de finir enfermer immédiatement dans un camp en attendant d’être déporté. Il n’est pas fortuit qu’au Vlaams Belang, on appelle à réprimer les sans-papiers.

    Dans les cellules du Palais de justice, les militants avec ou sans papiers n’ont pas eu droit au même traitement. Les militants qui avaient des papiers ont progressivement été libérés. Nous avons parlé avec un membre du MAS/LSP qui a été arrêté durant des heures et qui en est ressorti choqué : « notre pays est-il démocratique ? » se demande-t-il. A côté des sans-papiers arrêtés se trouvaient aussi des étudiants de l’ULB qui soutiennent leurs actions à l’université. Le message qui semble leur avoir été donné est celui-ci : celui qui ose protester contre la politique d’asile dans ce pays est considéré comme un criminel.

    Les sans-papiers arrêtés risquent d’être transférés dans des centres-fermés en vue de leur expulsion. La responsabilité en incombe au PS. Le bourgmestre de Bruxelles Thielemans (PS) a fait savoir que la manifestation n’avait pas reçu d’autorisation (un mensonge !) et que la sécurité a été compromise. En d’autres termes, il a donné l’ordre de commencer la rafle. Le PS a ici mené la politique que le Vlaams Belang ou le Front National aimerait appliquer. C’est dans ces rangs là que se trouveront ceux qui seront content d’entendre ce genre de nouvelles.

    Selon la police, c’est maintenant l’Office des étrangers qui a repris en mains cette affaire. La ville de Bruxelles avait tout d’abord promis que tout le monde serait libéré, mais les sans-papiers avaient entre-temps déjà été placés sous le contrôle de l’Office des étrangers. Il s’agit évidemment d’une faible excuse, d’une tentative pitoyable de réduire la responsabilité de la ville de Bruxelles dans la rafle.

    Le véritable but de cette opération est et reste d’étouffer dans l’œuf le mouvement contre la politique d’asile actuelle. C’est l’unique raison pour laquelle 148 personnes ont été arrêtées et criminalisées. Si de telles pratiques sont possibles, alors la lutte contre la politique d’asile est impossible pour les sans-papiers. Cette répression mènera toutefois à une plus grande résistance dans le reste de la population. Nous allons prendre nos responsabilités et continuer à protester contre cette répression.

    La nuit dernière a été une nuit de protestation. Nous exiger que l’Office des étrangers libère immédiatement les sans-papiers et la reconnaissance du droit de mener des actions. Les autorités qui n’admettent pas que leur politique soit disputée veulent renvoyer les sans-papiers dans le monde qu’ils ont fuit. L’Ayatollah Khomeini ou le régime chinois seraient fiers de la manière dont la dissidence a été traitée ici…

  • Quelle Belgique demain ?

    Bi-communautaire, tri-régionale, multi-embrouillée…

    Rudy Demotte, président de la Région wallonne et, depuis peu, de la Communauté française, et Charles Picqué, ministre-président de la Région bruxelloise, ont rendu public le 17 avril un texte commun qui fait pas mal de bruit.

    Jean Peltier

    Ils y affirment que « seule une Belgique fédérale, construite à partir de trois Régions fortes, établies sur pied d’égalité, permettra d’atteindre un équilibre institutionnel mature et satisfaisant pour tous » et, dans la foulée, proposent de remplacer la Communauté française née en 1970 par une Fédération birégionale Wallonie-Bruxelles. Serait-ce un oubli de leur part de ne pas mentionner la Communauté germanophone?

    Des documents qui visent à réformer l’architecture institutionnelle du pays, il en sort quasiment toutes les semaines depuis la crise ouverte par les élections de juin dernier. Et comme une « vraie » réforme de l’État (après les zakouskis qui ont accompagné la formation du gouvernement Leterme) devrait être conclue pour juillet, il serait étonnant que ce rythme ralentisse à l’avenir. Pourquoi alors s’intéresser particulièrement à cette proposition-ci ? La réponse tient en trois points. Primo, elle est signée par les deux « ministres-présidents » francophones, par ailleurs tous deux dirigeants du PS, ce qui n’est pas rien. Deuxio, elle pourrait peser sur le bras de fer qui s’annonce dans les prochaines semaines autour de la réforme de l’État. Et tertio, si elle était appliquée, elle modifierait sérieusement les rapports de forces politiques au sein du pays.

    Pour saisir l’enjeu, il faut comprendre comment fonctionne le fédéralisme en Belgique. Côté flamand, il y a une structure unique, à la fois Région et Communauté, mais (comme rien n’est jamais simple chez nous) celle-ci a choisi comme capitale Bruxelles, la ville cosmopolite par exellence avec une large majorité francophone ! Par contre, côté francophone, il y a une Région wallonne et une Région bruxelloise qui ont des pouvoirs de plus en plus larges et peuvent lever des impôts mais il y a aussi une Communauté franco-phone qui est responsable des mati-ères liées à la langue, en premier lieu l’enseignement et la culture. Mais cette Communauté ne peut pas lever des impôts et elle doit fonctionner avec de l’argent versé par les Régions et par l’Etat fédéral. Dans les faits, beaucoup de matières chevauchent allègrement les frontières entre les deux Régions et la Communauté, ce qui provoque la création de multiples « Comités de concertation » entre toutes les structures existantes. Bref, c’est confusion et maux de tête à tous les étages. Et, depuis des années, on cherche à remettre un peu d’ordre dans tout cela.

    Pendant longtemps, le conflit a été vif entre régionalistes (essentiellement une aile du Parti Socialiste, autour des Happart et de Van Cauwenberghe, et de la FGTB wallonne) et communautaristes (essentiellement présents à droite, au CDH et surtout au MR). Depuis des dizaines d’années, les régionalistes perdent du terrain avec le recul économique de la Wallonie et la dernière crise politique a vu Reynders, Milquet mais aussi Di Rupo rivaliser de chants d’amour à la Belgique et, pour sauver celle-ci, de grandes déclarations sur l’unité éternelle des francophones.

    Le document Demotte-Picqué semble marquer un retournement en mettant l’accent sur les deux Régions. Il y a là évidemment une solide dose de calcul politicien : les partis flamands veulent une Belgique organisée sur base des trois Communautés (et dans laquelle celle des 6,1 mill-ions de Flamands pèserait plus que celle des 3,4 millions de francophones wallons et des 1 million de Bruxellois majoritairement francophones!) et des trois régions (Flandre, Wallonie et une Bruxelles bilingue) tandis qu’une Belgique tri-régionale dans lequel les francophones seraient majoritaires dans deux Régions serait plus favorable à ceux-ci.

    Mais, au-delà, la proposition des deux compères reste à ce stade très floue : veulent-ils liquider radicalement la Communauté en remettant ses compétences aux Régions et en mettant ensuite en place une structure légère pour coordonner les politiques de ces deux Régions ou sont-ils prêts à se contenter d’un lifting de façade de la Communauté ?

    On pourrait se dire que tout cela n’est qu’amusement pour politiciens coupés des vrais problèmes. Mais les conséquences pourraient être bien plus profondes. Adapter l’enseignement, la formation, la culture,… à des situations régionales différentes n’est pas scandaleux en soi. Mais la communautarisation de l’enseignement il y a vingt ans a été de pair avec une baisse du financement de l’enseignement; côté francophone, deux vagues de rationalisation dans les années ’90 ont coûté plus de 6.000 postes d’enseignant. Parmi les syndicalistes de Bruxelles, certains plaident en faveur de la régionalisation de l’enseignement. A Bruxelles, la communautarisation a eu comme effet néfaste de créer deux systèmes sous-financés en compétition. Si ces syndicalistes plaident en faveur de la régionalisation, ce n’est pas pour diviser encore plus, mais dans le souci d’avoir un même sys-tème pour tout l’enseignement à Bruxelles. Mais si cela se fait en pleine crise économique et avec des caisses publiques largement vidées par des années de réductions d’impôts accordées au patronat, régionaliser l’enseignement risque bien de se passer de la même manière que la communautarisation dans le passé.

    C’est bien là le vrai problème – et c’est évidemment celui que Demotte et Picqué, en adeptes pas honteux pour un sou de la politique néolibérale, n’abordent pas.

    Trouver une solution aux « problèmes communautaires » qui soit satisfaisante pour la population implique non seulement que la population puisse donner son avis sur la réforme de l’Etat qu’elle voudrait mais surtout que la « régionalisation » ne casse pas les conditions de travail, ne diminue pas les services rendus par le secteur public, ne mette pas les travailleurs des diverses régions en concurrence,… et qu’au contraire des moyens importants soient mis en œuvre pour améliorer les conditions de vie et de travail. Or, c’est bien tout le contraire que la « fédéralisation » du pays à la sauce néolibérale de privatisations et de compétitivité nous a apporté depuis trente ans.


    Lien:

  • PS: De “OK Patron” à “OK Corall”

    Règlements de comptes au PS… Vous avez vos pop corns?

    Jean Peltier

    On s’amuse dans les colonnes du « Soir ». Van Cauwenberghe et Janssens s’en prennent à Di Rupo qui nomme comme ministres des « petits jeunes » (qu’il sait ambitieux et qu’il espère reconnaissants) en dédaignant royalement les parlementaires chevronnés et expérimentés (eux, par exemple). Philippe Moureaux flingue Laloux qu’il veut voir démissionner et reproche à Di Rupo sa mollesse envers ceux qui manquent d‘éthique (suivez son regard vers Anne-Marie Lizin). Demotte et Picqué glorifient les Régions et descendent en flamme la Communauté française actuelle, en sérieux décalage avec Di Rupo qui n’a pas cessé de vanter ces derniers mois la primauté de la solidarité communautaire francophone. Y a pas à dire, c’est fête tous les jours au PS…

    Il faut dire que les sondages se suivent en répétant le même message : le PS continue à reculer tant en Wallonie qu’à Bruxelles. Et Di Rupo, qu’on a effectivement connu plus flamboyant par le passé, semble incapable d’inverser la tendance. Dès lors, les couteaux s’aiguisent et les prétendants à une éventuelle succession commencent à s’agiter. Il n’y a qu’une seule question que ces messieurs-dames ne (se) posent pas : si, au-delà des « affaires », c’était la politique néo-libérale que le PS mène au pouvoir depuis vingt ans qui faisait fuir peu à peu son électorat ouvrier et populaire ?


    Pour en savoir plus:

  • Quel plan d’action nous faut-il ?

    Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire !

    Les négociations salariales ne devaient commencer qu’en automne mais, dans au moins 80 entreprises, des votes ont eu lieu et il y a eu des négociations salariales anticipées. Il faut retourner aux années ‘70 pour retrouver une telle pression sur les négociations salariales au départ des lieux de travail.

    Eric Byl

    C’est que, d’année en année, les entreprises réalisent des profits record(1) et distribuent copieusement des dividendes(2) tandis que les salaires des managers explosent (3). Même les anciens services publics n’échappent pas à la soif de profit et à l’égoïsme propres aux dirigeants du secteur privé(4). Beaucoup de travailleurs s’attendaient à une indemnité raisonnable pour leurs efforts, maintenant que les prix des produits de base ont explosé. Le fait qu’environ un demi-million de travailleurs ont été confrontés à un gel salarial de fait dans les secteurs où les accords-all-in sont en vigueur(5) a mis le feu aux poudres.

    Ce n’est pas un hasard si la vague de grève a commencé en Flandre. Depuis des années, les travailleurs y sont inon-dés de bonnes nouvelles : la Flandre appartient aux régions les plus riches au monde, les offres d’emploi ne sont guère remplies, le chômage aurait presque disparu et le Flamand serait de nature un bon travailleur. Comment dès lors ne pas avoir confiance en soi? On oublierait presque que la Flandre a une position élevée au classement de la longueur des listes d’attente pour les handicapés, qu’elle ne construit presque plus de logements sociaux, qu’elle est en retard d’un demi-siècle pour la rénovation des bâtiments scolaires, qu’elle comprend énormément de prépensionnés et qu’elle impose une telle pression au travail sur les travailleurs que la Flandre est à la première place au niveau des infarctus et de l’utilisation de calmants. Les travailleurs flamands en ont marre de ce trafic à sens unique. Maintenant que le coût de la vie explose, ils revendiquent leur part du gâteau avant que les profits ne soient consommés.

    L’arrogance avec laquelle le patronat les accuse «d’hystérie du pouvoir d’achat» et rejette leurs revendications justifiées sous prétexte qu’elles sont « émotives » ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Au moment où la vague de grèves a semblé perdre en vitesse, les collègues des services de l’administration flamande ont pris le relais.

    En Wallonie et à Bruxelles, on a pu entendre un soupir de soulagement : tous les Flamands ne parlent pas la langue de Leterme, de Somers, de De Wever et du VOKA(6). En Flandre aussi, il existe des gens qui revendiquent des salaires décents et des conditions de travail plus humaines. Depuis des années, la Belgique francophone a été montrée du doigt par le patronat, les médias et les politiciens. Elle serait conservatrice et fermée au renouvellement. Le chômage y est le double de celui de la Flandre, et les dépenses de santé y sont aussi plus élevées. En Wallonie et à Bruxelles aussi, le patronat, les médias et les politiciens essaient de faire croire aux familles des travailleurs que tout cela est de leur faute : contrairement aux «bons travailleurs» flamands, ils seraient des «paresseux» et des «profiteurs» pour qui, en plus, ces bons travailleurs flamands devraient payer. Il n’est donc pas surprenant que la Wallonie et Bruxelles, à l’exception de quelques entreprises, soient restés à la traîne lors de la récente vague de grève.

    Pouvoir d’achat : Rien de prévu

    On ne peut évidemment pas compter sur Leterme & Co pour nous aider à compenser la perte du pouvoir d’achat des familles. L’argument principal du gouvernement et du patronat pour ne pas accorder d’augmentation salariale est la crainte d’une «spirale salariale» à l’ancienne, où les augmentations salariales provoqueraient des hausses de prix qui entraîneraient des revendications salariales plus importantes encore, qui, à leur tour, engendreraient une augmentation des prix plus forte encore.

    Il s’agit là d’un tour vieux de cent cinquante ans qui vise à nous faire croire qu’il n’est pas nécessaire de lutter pour des augmentations salariales. Marx y a déjà répondu à l’époque dans sa brochure “Salaire, prix et profit”. En réalité, le patron s’efforce de s’emparer d’une partie toujours plus importante de la valeur que les salariés ont produite. La crainte d’une croissance de l’inflation n’a jamais empêché le patronat de réaliser un maximum de profits, de distribuer de gigantesques dividendes aux actionnaires ou de payer les managers avec des salaires scandaleusement élevés.

    Parfois, on propose d’instaurer un contrôle des prix comme outil dans la lutte contre l’inflation. C’est d’ailleurs ce que propose la FGTB dans un tract, de bonne qualité, « Parlons franc, parlons pouvoir d’achat ! ». Un contrôle sur les prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu pour beaucoup de personnes. Au Venezuela, Chavez a également introduit un contrôle sur les prix des denrées alimentaires, mais le résultat est que les rayons des magasins sont presque vides. Cela ne va pas se produire de si tôt en Belgique, ni avec la nourriture, ni avec les logements, ni avec l’énergie, mais la leçon à tirer de cette expérience, c’est qu’il est illusoire d’espérer contrôler la distribution tant que la collectivité ne prend pas en main la production et, dans le cas des petits producteurs, ne garantit pas leurs revenus.

    Quelle réponse syndicale ?

    La FGTB a dressé une plate-forme de revendications forte, qui doit encore être massivement distribuée avant les élections sociales et la CSC a, elle aussi, laissé entendre qu’elle partage les inquiétudes des travailleurs.

    Hélas, il n’y a aucun mot d’ordre ni appel qui clarifie ce que nous allons concrètement pouvoir faire ou comment nous allons lutter ensemble au lieu de combattre chacun de son côté. Le temps de la sensibilisation est tout de même loin derrière nous. Après des actions dans 80 entreprises et une grève des fonctionnaires flamands, ni les militants ni les délégués n’ont été consultés sur la stratégie à adopter. Les dernières actions interprofessionnelles datent d’avant la vague de grève de février! Que sont sensés penser les travailleurs?

    Les syndicats veulent-ils des augmentations salariales oui ou non ? Comment les délégués sont-ils sensés mener la campagne pour les élections sociales? La faiblesse incite à l’agression, c’est ce qui explique le ton bleu foncé de l’accord gouvernemental.

    Nous appelons à mettre un maximum de pression dans les réunions interprofessionnelles à travers toutes les régions pour discuter de la plate-forme de revendications et avant tout pour établir un plan d’action pour le pouvoir d’achat.

    Une grève interprofessionnelle liée à une manifestation massive, cette fois-ci bien préparée à l’avance dans les entreprises et accompagnée d’un tract massif destiné à la population. Voilà ce qui pousserait tant le gouvernement que le patronat sur la défensive. En outre, cela affaiblirait ceux qui se servent d’une rhétorique communautaire pour dresser les salariés les uns contre les autres pour mieux leur imposer un programme néolibéral.

    Pour en savoir plus:

    • Rubrique "Pouvoir d’achat" de ce site

      Notes :

      1. En 2007, les 30.000 plus grandes entreprises belges ont enregistré ensemble, selon l’hebdomadaire Trends/Tendances un bénéfice record de 77 milliards.
      2. Selon l’édition du journal flamand De Tijd du 21 mars 2008, les dividendes annoncés pour les sociétés cotées en Bourse de notre pays sont 40% plus élevés que l’année précédente.
      3. Selon l’hebdomadaire Trends/Tendances (en décembre 2007) les salaires des PDG des entreprises du BEL20 ont augmenté de 30% en 2006.
      4. L’édition de « L’Echo » du 17 mars 2008 a donné un aperçu choquant des salaires des managers des services publics dans l’article « Les salaires fous du secteur public ».
      5. Dans un accord all-in, les augmentations d’index sont entièrement ou partiellement supprimées passé un certain taux fixé dans l’accord salarial.
      6. Le VOKA est le « syndicat » du patronat flamand (l‘équivalent de l’Union Wallonne des Entreprises)
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