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  • Taxe kilométrique à Bruxelles : Une écotaxe injuste pour les travailleurs

    La taxe kilométrique « SmartMove » déposée par le gouvernement bruxellois (PS-Ecolo-Défi-OpenVld-Sp.a-Groen) en décembre dernier pour entrer en vigueur en 2022 a fait couler beaucoup d’encre. En l’absence d’alternative crédible à la voiture pour se rendre au travail, la note sera très salée, navetteur ou non : entre 180 et 2.000€ par an selon la FGTB-Bruxelles. Même l’étude commandée par le gouvernement bruxellois parle d’un impact financier négatif pour absolument toutes les catégories.

    Par Boris (Bruxelles)

    SmartMove renoue avec la tradition des écotaxes socialement injustes présentées comme étant progressistes. Elle viserait les plus hauts revenus puisqu’elle revient plus cher pour les grosses cylindrées ? Faux. Cette taxe ne représente pas grand-chose pour les plus riches qui souhaitent se balader en grosse cylindrée ou en voiture de luxe. En réalité, plus les revenus sont faibles, plus cela est proportionnellement douloureux. Quant aux Bruxellois, l’abolition de la taxe de mise en circulation et de la taxe de circulation ne compenseront pas les nouveaux frais. L’autre moitié des travailleurs à Bruxelles, les navetteurs, sera doublement taxée : via leur lieux de travail et via leur domicile.

    SmartMove vise à changer les comportements automobiles de manière à diminuer le nombre de kilomètres parcourus par des véhicules à Bruxelles de 7,7%, dont une diminution de 11% en heure de pointe pour réduire les embouteillages de 30%. Le rapport précise que cette baisse serait principalement réalisée par des Bruxellois et non des navetteurs. Les métros et les trams ne sont-ils pas déjà bondés en heure de pointe ? Des investissements sont prévus à la Stib, mais ils sont largement insuffisants pour répondre aux nouveaux besoins d’un réseau déjà saturé. Pour les navetteurs, aucune alternative crédible en vue non plus. La fin des travaux du RER n’arrivera pas avant 2031. Faute d’investissements publics massifs dans l’infrastructure et le transport public, l’objectif de passer de 20% à 40% de navetteurs utilisant les transports en commun en 2030 est un rêve.

    SmartMove bénéficierait aux Bruxellois les plus pauvres puisqu’ils ne disposent pas d’une voiture et vivent dans les quartiers les plus touchés par la pollution de l’air ? 46% des ménages bruxellois ne disposent d’aucune voiture et ce chiffre grimpe à 68,8% pour les ménages qui ont moins de 1.000€/mois de revenus. L’argument est terriblement cynique au regard de la politique établie, synonyme d’appauvrissement collectif. La pauvreté est la première cause des problèmes de santé, ce qui vient à nouveau d’êtres illustré par le taux de surmortalité face au Covid. La pollution de l’air, un immense problème de santé publique, est causé pour 30% par la circulation automobile. Notre opposition à SmartMove n’implique pas que nous soyons favorables au tout-à-la-voiture, principe autour duquel Bruxelles a été conçue. Il est regrettable que Greenpeace ait défendu dans le mouvement pour le climat une proposition de taxe injuste via un péage urbain à Bruxelles. Cela ne traduisait en rien le sentiment des jeunes dans les grèves scolaires : ils ne défendaient pas un capitalisme vert mais revendiquaient un changement de système : system change not climate change !

    Cette taxe kilométrique permettrait de rapporter 200 millions d’euros supplémentaires au budget annuel de la Région. L’opposition à cette taxe de la part des politiciens flamands et wallons ainsi que des organisations patronales pue l’hypocrisie. Aucun d’eux ne s’oppose en réalité à une nouvelle fiscalité automobile injuste pour les travailleurs. Les organisations patronales veulent un système harmonisé sur l’ensemble du pays et surtout que les employeurs n’en fassent pas les frais. De leur côté, avec le centre de gravité qui a glissé de plus en plus vers les Régions, chaque politicien traditionnel se base sur son propre électorat. L’idée même d’une taxe injuste n’est pas combattue, ce qui pose problème, c’est le glissement d’une partie de la fiscalité automobile de la Flandre et de la Wallonie vers Bruxelles.

    C’est aux employeurs de payer intégralement le coût des déplacements des travailleurs entre le domicile et le lieu de travail. Nous défendons des solutions collectives comme alternative à la voiture grâce à un plan radical d’investissements publics dans l’infrastructure et les transports en commun, sans présenter la facture ni aux Bruxellois, ni aux navetteurs, mais aux plus riches qui ont profité de quatre décennies de transfert de moyens publics vers leur coffre-fort.

  • [PHOTOS] Marche latino-américaine contre le néolibéralisme à Bruxelles

    America Latina Desperto!

    Plus de 350 personnes se sont rassemblées ce dimanche à Bruxelles pour envoyer un message de solidarité à tous les peuples d’Amérique latine qui luttent contre la répression et les politiques néolibérales des gouvernements dominés par la droite avec le soutien de l’impérialisme américain. La banderole principale disait « L’Amérique latine insoumise et combative ».

    La communauté chilienne, à l’initiative de cette manifestation, était présente en grand nombre, avec de nombreuses pancartes politiques comme « Assemblée Constituante maintenant » ou « Dégage Piñera », des drapeaux chiliens et de nombreux drapeaux Mapuches (indigènes). Mais il y avait également des membres d’autres communautés en lutte. Des Colombiens en soutien aux grève nationales et en faveur de l’accord de paix mais aussi des Equatoriens, des Boliviens, des Brésiliens, des Mexicains. A leurs côtés de nombreux Belges, des Italiens de la formation de gauche Potere al Popolo (le pouvoir au peuple) et des Gilets jaunes, pour tous réunis pour envoyer un message de solidarité internationale à toutes ceux qui luttent contre l’extrême droite, le néolibéralisme, la violence et la répression. Les revendications féministes étaient fortement présentes, notamment pour dénoncer les abus et violences commis par les régimes autoritaires envers les manifestantes.

    Cette manifestation combative a traversé le centre de Bruxelles, en revendiquant la démission des gouvernements néolibéraux, la libération des prisonniers politiques et la solidarité internationale des communautés en lutte. La manifestation s’est clôturé sur la place du Luxembourg avec une performance de la chanson féministe contre les violences faites aux femmes “Un violador en tu camino” (Un violeur sur ton chemin) en face du parlement européen. Il s’agit d’un premier pas vers le construction d’un front des solidarités entre les luttes latino-américaines en Belgique.

    Vive la lutte de classe en Amérique Latine! Pour la constitution d’une fédération latino-américaine socialiste et démocratique!

  • 7 novembre – Grève des services publics locaux de Bruxelles contre la précarité

    Une lutte pour de meilleurs salaires, dont les 14 euros de l’heure !

    Nous sommes revenus à plusieurs reprises dans les pages de Lutte Socialiste sur la lutte du personnel des administrations locales de Bruxelles. Depuis plus d’un an maintenant, en front commun syndical, le personnel des 19 communes bruxelloises, des 19 CPAS et des hôpitaux publics du réseau IRIS organisent un large plan d’actions pour défendre leur cahier de revendications. Face au mépris des partis politiques traditionnels une nouvelle journée de grève prend place le 7 novembre.

    Par Nico M. (Bruxelles)

    Stop aux bas salaires, pour un salaire minimum à 14€/h

    Les rémunérations du personnel des pouvoirs locaux accusent un retard en comparaison des agents des services publics régionaux de Flandre, de Wallonie et encore davantage par rapport à ceux de la Région Bruxelles-Capitale. L’écart des barèmes oscille selon les niveaux entre 2 et 45%. Cet écart est inadmissible. Aligner les salaires et les barèmes communaux au niveau de ceux de la Région Bruxelles-Capitale nécessiterait près de 338 millions € par an. Pour rattraper le retard accumulé, le personnel revendique une augmentation de tous les barèmes de 10%.

    Une de leurs revendications concerne la suppression du grade le plus bas, le grade E. Ce grade a d’ailleurs déjà été supprimé pour les agents de la Région. Autour du dernier accord interprofessionnel, la FGTB a mis sur pied la campagne pour un salaire minimum de 14€/h ou 2.300€ brut/mois. A Bruxelles, ce sont les travailleurs des pouvoirs locaux qui concrétisent ce combat contre la précarité, les bas salaires et le phénomène des travailleurs pauvres. En effet, à l’heure actuelle, un travailleur en grade E peut faire l’entièreté de sa carrière sans jamais atteindre un salaire brut de 2.300€ par mois. A Bruxelles, 28% des travailleurs communaux sont au grade E, sous les 14€/h. Mais, pour compléter le tableau, en fait les premiers rangs des grades D et C sont aussi en deçà et ne dépassent les 2.300€/mois qu’après un certain nombre d’année de carrière. Obtenir les 14€/h nécessite, comme ils le revendiquent, de supprimer le grade E et d’augmenter l’ensemble des barèmes.

    Le personnel des services publics locaux va-t-il continuer à être victime du sous-investissement public ?

    Bien que les investissements publics soient historiquement bas en Belgique (1,6% du PIB en Belgique en 2013 comparé à 4,5% dans les années 80), la Commission européenne continue de critiquer ce qu’elle considère comme un abandon de l’objectif de réduction de la dette publique en Belgique. Le gouvernement bruxellois a déjà reçu ces dernières semaines un avis négatif concernant sa trajectoire budgétaire. Il a pourtant prévu d’économiser 600 millions d’euros, dont 180 millions via des coupes budgétaires directes et un report d’investissements. D’autre part, les ‘‘investissements stratégiques’’, c’est-à-dire les dépenses liées aux transports en commun (dont le développement du métro) et les travaux de rénovation des tunnels, qui s’effondrent littéralement en raison du désinvestissement chronique, 500 millions au total, ne sont pas prises en compte dans le budget. On évite ainsi un déficit total de 1,1 milliard d’euros.

    Les promesses pour le social et le climat de la déclaration de majorité – un plan d’isolation du bâti, de nouvelles lignes de trams ou de bus, un toit pour les 15.000 Bruxellois en attente d’un logement social – sont repoussées au contrôle budgétaire de mars 2020, où il faudra encore voir s’il sera possible de dégager des marges. Mais y a fort à parier que ce contrôle budgétaire sera surtout l’occasion de nouvelles coupes budgétaires, ce qui repoussera aux calendes grecques les maigres mesures qui devaient servir de vernis social sur une politique d’austérité. Le flou règne par exemple concernant le financement de la promesse de gratuité des transports publics pour les jeunes (20 millions €). La STIB devra-t-elle chercher cette somme sur le dos du personnel ou en augmentant les tarifs pour les autres usagers? Enfin, histoire de toujours faire payer les mêmes, le gouvernement a donné son feu vert pour l’augmentation des tarifs de l’eau, afin notamment de financer l’entretien des conduites complètement vétustes de Vivaqua. Une mesure que le ministre président de la Région Rudy Vervoort (PS) juge ‘‘raisonnable’’.

    Diverses promesses avaient été faites au personnel des pouvoirs locaux durant la campagne électorale. Aujourd’hui, aucune de celle-ci ne sont tenue. C’est le calme plat. L’austérité budgétaire touche les salaires, mais pas que. Entre 2012 et 2016, le nombre d’équivalents temps plein au sein des pouvoirs locaux a fondu de 5.200 unités en Belgique. Ces diminutions impactent à la fois les conditions de travail du personnel qui ne parvient plus à accomplir correctement ses missions, mais aussi la qualité des services à la population.

    Les travailleurs des pouvoirs locaux couplent leurs revendications salariales à la nécessité d’un plan de nomination du personnel et d’une réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires. Une mesure donc pour améliorer nos services publics, mais nécessaire aussi pour réduire le chômage qui sévit dans la région.

    Après des années de négligences, luttons pour briser les carcans budgétaires

    La politique des partis traditionnels, au niveau européen mais aussi dans les différentes entités en Belgique, ne consiste pas à résoudre les besoins et les pénuries mais à réduire les dépenses de services publics afin de transférer les moyens aux capitalistes : baisses de charges patronales, cadeaux fiscaux etc. Ils maintiennent donc volontairement les budgets dans un carcan austéritaire rigide.

    Le plan d’action combatif des agents des services publics locaux met en évidence la nécessité d’un plan radical d’investissements publics. Les majorités communales et la Région refusent de s’en prendre radicalement au problème. A Bruxelles, la majorité des partis ont d’une manière ou d’une autre défendu l’instauration d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure durant la campagne électorale mais aujourd’hui, ils ne sont pas prêts à garantir un salaire décent à leur personnel. Ce serait subitement devenu impayable. La lutte des ALR vise à rejeter ce dictat néolibéral.

    Il sera également nécessaire de défendre l’abolition de la dette publique et des cadeaux aux grandes entreprises. Présentons la facture aux riches, en imposant les grandes fortunes et les profits ! Nous avons besoin de budgets destinés à satisfaire les besoins et non pas à appliquer l’austérité. Jamais les richesses n’ont été aussi importantes qu’aujourd’hui. Le baromètre FGTB 2019 le met en avant : les dividendes ont augmenté de 216% entre 1996 et 2017, nos salaires seulement de 98%.

    Il faut lutter pour les salaires et les conditions de travail, lutter pour les 14€/h de salaire minimum. Mais pour en finir avec l’exploitation et répartir les richesses, il faudra aussi placer au centre de nos luttes la mise sous propriété publique des secteurs vitaux de l’économie, sous gestion démocratique de la collectivité, afin de mobiliser les richesses pour les services publics et de construire une économie orientée sur les besoins de la majorité et non pas la course aux profits de quelques-uns.

  • Actions de solidarité avec le peuple chilien en lutte à Anvers, Bruxelles, Gand, Louvain et Namur

    Namur

    Les actions de solidarité internationale avec les jeunes, les travailleurs et les pensionnés au Chili se poursuivent dans le pays. Ce jeudi soir, des actions ont ainsi eu lieu à Anvers, Bruxelles et Namur, dont voici les photos ci-dessous. Nous y joignons également la traduction d’un texte de nos camarades de LSR (Liberdade, Socialismo e Revolução), la section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Une prochaine action prendra place ce samedi 26 octobre, de 17 à 19h gare centrale à Bruxelles (événement Facebook).

    Chili : Dégageons Piñera et ce qui reste de la dictature !

    Les jeunes, les travailleurs et le peuple chilien montrent la voie à tous les peuples d’Amérique latine. Il n’y a pas d’autre issue que la lutte pour ceux qui souffrent du chômage, de la précarité, de la répression de leurs droits fondamentaux et de la destruction des services publics. Le néolibéralisme sera vaincu dans la rue, par les grèves, par une mobilisation qui défie le pouvoir établi.

    Par André Ferrari, LSR (section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Après le soulèvement populaire renforcé par la grève générale appelée ces 23 et 24 octobre, le cynique président Piñera a présenté ses excuses et a annoncé diverses mesures visant à contenir la colère populaire. L’augmentation des tarifs de transport, principal déclencheur des luttes actuelles, avait déjà été annulée par le gouvernement.

    Mais en plus de cela, Piñera n’a pas seulement maintenu l’état d’urgence, il a prolongé le couvre-feu ! La répression sauvage et lâche des carabiniers et de l’armée contre la population représente un revers très grave du point de vue démocratique. Ce sont les méthodes de la dictature pinochetiste qui prennent vie. Le nombre de morts, de blessés, d’emprisonnés et de disparus augmente chaque jour.

    Mais rien de tout cela n’est parvenu à contenir la colère des masses. Ni les concessions timides ni la répression n’ont empêché les grandes manifestations et les grèves dans plusieurs secteurs importants comme les ports, les mines, l’enseignement, la santé et bien d’autres. Les Mapuches et les communautés autochtones se mobilisent aussi. Les femmes sont une fois de plus à l’avant-garde de la résistance malgré toute la répression. Les jeunes continuent de jouer un rôle central dans le mouvement.

    Prenons garde à maintenir le mouvement et à ne pas se laisser embourbés dans d’inutiles négociations avec ce gouvernement meurtrier. ‘‘Dégaeons Piñera, ses politiques néolibérales et son système politique pourri’’, c’est le moins qu’on puisse exiger.

    Pour aller de l’avant, le mouvement doit s’organiser à la base, au travers de comités de lutte dans les quartiers, les lieux de travail et les lieux d’étude. Ainsi, sans le frein de la bureaucratie syndicale, il sera possible de créer les conditions d’une grève générale active jusqu’à la chute de ce gouvernement.

    Piñera doit être renversé, mais il faut aussi en finir avec les politiques néolibérales et le régime politique qui maintient la Constitution née de la dictature. La défense d’une Assemblée constituante libre, souveraine, véritablement démocratique, populaire et organisée par la base est le moyen de reconstruire complètement le pays. De cette manière, il sera possible de construire un gouvernement des travailleurs et du peuple qui puisse adopter un programme anticapitaliste et socialiste !

    Porto Rico, Équateur, Haïti, Chili,… La rébellion populaire et la lutte des travailleurs se répandent dans toute l’Amérique latine. Au Brésil, il n’en ira pas autrement. Il est nécessaire d’unir ces luttes et de nous battre pour une alternative commune contre la crise du système capitaliste : pour une Fédération socialiste d’Amérique latine.

    Action de solidarité à Anvers.

    Action de solidarité à Bruxelles.

    Action de solidarité à Gand.

    Action de solidarité à Louvain.

    Action de solidarité à Namur.

  • Communiqué de presse : Travailler avec un grade E, ce n’est plus tenable !

    Communiqué de presse de la CGSP et de la CSC des Administrations Locales et Régionales de Bruxelles

    C’est avec un regret profond que nous constatons, qu’à ce jour, nos dirigeants et responsables politiques ne nous entendent pas. Cela fait des années que nous, personnel ouvrier des hôpitaux bruxellois, dénonçons avec nos organisations syndicales une situation généralisée de précarité dans laquelle on nous maintient consciemment.

    Nous avions eu espoir que nos revendications légitimes aient été entendues ces derniers mois mais force est de constater qu’il n’en est rien. La déclaration de politique générale du nouveau gouvernement bruxellois ne dit mot sur les travailleurs à bas salaires dans la région. La direction des hôpitaux IRIS a confirmé ce 16 septembre qu’il n’existait pas de budget pour revaloriser nos petits salaires. Ça suffit !

    Alors qu’en période pré-électorale, nombre de politiciens bruxellois disaient nous soutenir, nous devons tirer le malheureux constat qu’une fois cette période passée, les belles paroles se sont à nouveau envolées.

    Est-ce nécessaire de rappeler que 15 % des habitants du pays ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté et que ce taux monte à 30 % à Bruxelles? Les travailleurs ont perdu en moyenne 1,7 % de pouvoir d’achat en 2016-2017. Le nombre de demandeurs d’emploi est de 515.000 personnes. La pension moyenne d’une travailleuse est de 882 euros, celle d’un travailleur de 1.182 €. Le baromètre socio-économique de la FGTB 2018 montre toute une série d’autres chiffres inquiétants. Cette réalité, nous n’en voulons plus !

    Alors que le prix des loyers, de l’électricité, du gaz, de la nourriture et d’autres produits de première nécessité ne cesse d’augmenter, nous lançons haut et fort un cri d’alarme. Le nombre de travailleurs pauvres avec emploi augmente sans cesse. Tous les jours, nous vivons dans une galère inextricable. Nous voyons un par un nos collègues souffrir alors qu’au quotidien nous travaillons pour le public dans une institution de soins bruxelloise. Ça suffit !

    Aujourd’hui, nous exigeons un salaire pour vivre et non pour survivre !

    Ce 5 novembre, l’équipe du nettoyage du CHU Brugmann a décidé de partir en grève pour défendre ses droits et obtenir satisfaction à ses revendications légitimes. Nous avons décidé de lancer cet appel public en espérant que les responsables politiques acceptent finalement de négocier une réelle amélioration de nos conditions de travail et salariales. La balle est dans votre camp mais sachez que cette fois, nous sommes déterminés à être entendus

    Nous appelons aussi l’ensemble de nos collègues des autres hôpitaux, des communes et des CPAS qui vivent la même situation à nous rejoindre ce 5 novembre dans notre combat !

    Nos revendications :
    • Pour un passage immédiat du grade E vers le grade D
    • Pour une revalorisation de tous les barèmes de 10%
    • Pour un salaire minimum de 14€/heure ou 2.300 € brut par mois
    • Pour du personnel supplémentaire afin de travailler dans des conditions acceptables

    RDV est déjà fixé ce 5 Novembre 2019 à 10h devant l’entrée principale du CHU Brugmann pour toutes celles et ceux qui souhaitent nous soutenir !

    Une caisse de solidarité est aussi ouverte pour soutenir financièrement les collègues qui se préparent à cette mobilisation. Chaque petit don sera le bienvenu et très important pour assurer une victoire à cette mobilisation : Versez sur BE09 0017 9484 5257 / Communication : solidarité grève nettoyage Brugmann

    « Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. » Article 23 de la Déclaration Universelle des Droit de l’Homme

     

  • Bruxelles : Le combat des ALR passe à la vitesse supérieure !

    Septembre, rentrée sociale. Pour le Front Commun Syndical représentant le personnel des administrations locales de la Région (ALR) de Bruxelles-Capitale et des Hôpitaux du réseau IRIS, c’était l’occasion de présenter à la presse son plan de mobilisation pour les mois à venir.

    Depuis un an déjà, le font commun mobilise autour d’un ambitieux cahier de revendication autour, notamment, de la suppression du grade E (le niveau le plus faible de rémunération), de l’augmentation de 10% de tous les barèmes, de la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, de la statutarisation du personnel, une programmation sociale (prime de fin d’année) dans tous les pouvoirs locaux et, plus globalement, de l’instauration d’une véritable politique de bien-être au travail et de l’arrêt des pratiques de management autoritaires. Ces multiples exigences ne tombent pas de nulle part : elles sont le fruit d’un intense travail de discussion interne, une large implication du personnel qui a permis d’amorcer une excellente dynamique de mobilisation.
    Après une phase initiale de sensibilisation interne notamment par le biais d’une pétition, le cahier de revendications a été déposé auprès du Ministre-Président de la Région en septembre 2018. S’en sont suivis une série de manifestations dans les rues de Bruxelles, de multiples arrêts de travail et une tournée aux Conseils Communaux nouvellement installés après les élections d’octobre 2018, etc. Tout cela avec des réunions et assemblées générales afin de donner au personnel les outils de s’approprier leur combat.

    A l’approche des élections de mai, différents représentants du PS et d’Ecolo se sont déclarés solidaires du combat du personnel. Que de belles paroles il y a eu… Mais quand les représentants des travailleurs ont pris connaissance de la déclaration de politique générale du Gouvernement Bruxellois, ils n’ont rien trouvé concernant le personnel des pouvoirs locaux. Il était bien question d’une revalorisation de salaires… mais uniquement celui des bourgmestres !

    La suppression du grade E a déjà été effectuée au niveau régional, mais pas local. Il s’agit de la plus large catégorie de travailleurs communaux (28% des agents des pouvoirs locaux). La différence n’est pas des moindres : les échelles barémiques régionales sont actuellement 13,93% supérieures aux locales (soit 178,45 euros) !

    Un agenda de rentrée bien chargé

    Cet affront, le Front Commun Syndical l’a pris comme une déclaration de guerre. C’est donc à juste titre qu’il a présenté un vaste plan d’actions pour cette rentrée sociale 2019. Des actions auront lieu durant tout le mois d’octobre jusqu’à la tenue d’une grève régionale le 7 novembre, un an après celle de l’an dernier. Un préavis de grève a été déposé pour couvrir toutes les actions qui prendraient place de septembre à décembre.

    Ces moments de mobilisation seront accompagné de moments de débat et de discussion afin de continuer à assurer le contrôle des travailleurs sur leur combat, mais aussi pour voir comment organiser des actions et des grèves plus dures, puisque les autorités ont décidé de faire la sourde oreille jusqu’ici. D’autant plus que le nouveau ministre de la fonction publique bruxelloise est Bernard Clerfayt (Défi), le seul bourgmestre à avoir refusé de recevoir les travailleurs durant la tournée des conseils communaux.

  • 150 personnes au rassemblement et au meeting antifascistes à Bruxelles

    Ce dimanche 15 septembre, les militants néonazis de “Blood, Soil, Honour and Faith” & co s’étaient donnés rendez-vous à Bruxelles pour tenter eux aussi de bénéficier d’une plus grande visibilité et de capter une part du succès international de l’extrême droite, et plus particulièrement du Vlaams Belang en Belgique.

    Notre campagne antifasciste Blokbuster participe à la coalition “Stand Up” et a collaboré à la mise sur pied d’une riposte face à cette présence inadmissible de néofascistes ouvertement violents dans nos rues. Nous tenons à souligner que l’interdiction que le bourgmestre a décidée concernant notre rassemblement est parfaitement inadmissible. Son discours vise à renvoyer dos à dos les néofascistes et les antifascistes, à les mettre sur un pied d’égalité.

    Nous entendons également rappeler que l’extrême droite instrumentalise la colère contre les pénuries sociales. Ces dernières sont le fruit des politiques antisociales appliquées par les partis traditionnels, dont le parti du bourgmestre. Leurs politiques affament nos services publics, détruisent nos conditions de travail et bousillent nos pensions. Le succès du Vlaams Belang s’explique notamment par la colère contre les politiques néolibérales et l’austérité. Ce parti est parvenu à la dévier, caché derrière des thèmes sociaux et un profil prétendument anti-establishment qu’il a combiné aux préjugés racistes. Une fois les élections passées, le parti a directement balancé à la poubelle cette approche qui n’était qu’un leurre.

    Lors de la discussion, la coalition Stand Up a donné rendez-vous pour une manifestation à Gand le 26 septembre (événement Facebook). Le cercle étudiant catholique ultra-conservateur KVHV veut organiser un meeting avec le nouveau député du Vlaams Belang Dries Van Langenhove, par ailleurs chef de file du groupe néofasciste Schild en Vrienden.

    La coalition Stand Up organise ensuite le 28 septembre une après-midi de rencontre et de discussion suivie d’une soirée concert au Garcia Lorca à Bruxelles (plus d’infos).

    Dans le cadre de ce 15 septembre, nous avons distribué ce tract pour discuter notamment du programme pour la lutte anti-fasciste. No Pasaran !

    Les néonazis veulent avoir leur part du succès du Vlaams Belang aux élections : résistance !

    La victoire électorale du Vlaams Belang donne aux néo-nazis de notre pays une plus grande confiance en eux. L’été dernier, 25 néonazis se sont retrouvés au café De Bengel, au marché d’Anvers sur la Grand Place. Par la suite, cinq d’entre eux ont été arrêtés parce qu’ils faisaient le salut hiltérien sur l’avenue commerciale dans le centre. Parmi eux, Tomas Boutens a été reconnu coupable d’avoir mis sur pied un groupe neo-nazi armé Blood&Honour au début du siècle dernier. Ce groupe veut manifester à Bruxelles le 15 septembre pour tenter de répéter la “Marche contre Marrakech”, mais aussi autour de l’exigence que le Vlaams Belang entre au gouvernement.

    Les précurseurs de Blood&Honour ont été mis sur pieds aux Pays-Bas à la suite de la première percée électorale du Vlaams Blok au début des années 90. C’est à cette époque qu’ont eu lieu les premiers concerts avec des groupes nazis associés au groupe britannique Blood&Honour, un groupe ouvertement fan d’Hitler et des nazis. Ce n’est pas un hasard si l’un des premiers organisateurs d’un tel concert au début des années 90 a également été actif localement avec les jeunes du Vlaams Blok. Le parti n’a eu aucun problème avec cela. Au tournant du siècle, deux groupes de combat de Blood&Honour étaient actifs aux Pays-Bas. L’un d’eux a utilisé le nom de’Bloed Bodem Eer Trouw’ et comptait plusieurs soldats parmi les organisateurs. Le réseau des néo-nazis armés a été démantelé en 2006, après quoi les pionniers se sont surtout occupés de leurs problèmes juridiques.

    Les condamnations définitives ont été limitées : quatre prévenus, dont Boutens, ont été condamnés à des peines allant de quelques mois à cinq ans. Toutefois, le tribunal a déclaré qu’ils formaient un groupe terroriste qui voulait mener des attaques. Ces dernières années, le dirigeant du BBET, Boutens, est apparu plus régulièrement dans les manifestations d’extrême droite. Par exemple, il a assisté à plusieurs reprises à une manifestation du NSV (Nationalistische Studentenvereniging), le club étudiant non officiel du Vlaams Belang.

    Lorsque l’existence d’un groupe armé de néonazis est devenue largement connue par les médias en 2006, le VB a dû prendre ses distances. Cela a été plus explicitement fait par certains que par d’autres. L’ancien vice-président Roeland Raes a fait remarquer : “A droite de nous, la politique n’est pas possible. Nous nous abstenons d’adopter des positions qu’une petite minorité de nos membres trouvent attrayantes, mais qui nous ralentissent.” Il ajoute avec un peu de nostalgie : “Dans les années soixante-dix, il y avait moins de tabous sur le langage ou sur les réminiscences des années 30 et 40. Les mesures prises contre nous à l’époque n’étaient pas si fortes et déterminées.” En bref : selon le vice-président du VB, les partisans du nazisme appartenaient à “ nous “, c’est-à-dire au parti et à sa périphérie.

    Maintenant que le Vlaams Belang progresse à nouveau dans les élections, certains néonazis voient l’occasion de repartir avec plus de confiance en eux. Leurs actions antérieures n’ont donné lieu qu’à de légères punitions. Leurs collègues de Schild&Vrienden, l’élite nazie diplômée, ont pris leur propre route avec leurs déclarations racistes, sexistes et homophobes. Cela les ont incités à commettre des actes violents. Aujourd’hui le chef de ce gang a été catapulté directement au parlement par le Vlaams Belang. Alors pourquoi les nazis plus traditionnels, moins diplômés, ne tenteraient-ils pas leur chance à nouveau ? C’est dans ce contexte que s’inscrit la “marche” annoncée à Bruxelles le 15 septembre.

    Le Vlaams Belang a dû se dissocier, mais comme l’ancien vice-président Roeland Raes l’a fait remarquer il y a des années, certains membres du parti trouvent cette initiative “attrayante”. Le profil anonyme utilisé comme initiateur de la manifestation est, entre autres, un ami du président du VB gantois Johan Deckmyn. Sur Facebook, environ 1000 personnes ont indiqué qu’elles iraient à la manifestation. C’est impressionnant pour une initiative néo-nazie, même si, bien sûr, il devient extrêmement difficile d’égaler la manifestation des 5 500 à la manifestation contre l’accord de Marrakech et même s’il y a sans doute beaucoup de faux profils de trolls d’extrême droite sur les 1 000 personnes inscrites. La manifestation contre Marrakech a été activement soutenue par le Vlaams Belang et ses organisations amies (KVHV, NSV, Schild&Vrienden, ….) qui ont de nouveau été attirées par le succès du VB. Avec l’attention croissante accordée aux réfugiés, la N-VA a de nouveau renforcé le groupe d’extrême droite.

    Il est difficile de prédire ce que l’action du 15 septembre apportera, mais il n’est pas exclu que quelques dizaines de militants d’extrême droite tentent de faire une manifestation. On ne devrait pas permettre que cela se produise. Ll y a une discussion au sujet d’une contre-manifestation. Blokbuster est d’avis qu’une mobilisation s’impose, dans laquelle nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour manifester pacifiquement avec autant d’antifascistes que possible et limiter ainsi la portée de l’extrême droite.

    En même temps, Blokbuster défend la nécessité d’un programme social qui démasque les tentatives du VB de répondre à l’insatisfaction et à la peur justifiées concernant les salaires, les pensions, les soins de santé, les soins pour les personnes âgées, etc. Ce ne sont pas les réfugiés qui économisent sur notre sécurité sociale pour offrir des cadeaux aux super riches ; c’est ce que font les marionnettes néolibérales des grandes entreprises avec lesquelles le VB avait tant voulu former une coalition ! Depuis les élections, le VB a laissé son masque “ social “ pour ce qu’il est : il ne reste plus que le racisme et l’agitation du drapeau. Avec une lutte active autour de revendications telles qu’un salaire minimum plus élevé, une pension minimum plus élevée, des investissements publics dans les services publics et le logement social, …. nous pouvons aller à l’encontre de la politique d’austérité et dénoncer les fausses “réponses” de l’extrême droite pour ce qu’elles sont : semer la division qui entrave la lutte pour faire respecter nos revendications !

  • La santé en lutte ! Interview de Karim Brikci, délégué permanent CGSP de l’hôpital Brugmann-Horta

    Depuis mars s’est développé un mouvement social chez le personnel des soins de santé bruxellois. Débutant dans les urgences et soins intensifs de l’hôpital Brugmann-Horta, celui-ci s’est étendu à d’autres hôpitaux et veut fédérer le secteur de la santé en lutte. Nous avons donc interviewé le délégué permanent CGSP de l’hôpital Brugmann-Horta, Karim Brikci.

    Propos recueillis par Pablo (Bruxelles)

    Bonjour Karim, j’imagine que la colère du personnel des soins de santé ne tombe pas du ciel. Peux-tu nous expliquer son contexte ?

    ‘‘En effet, comme dans beaucoup de secteurs, le ras-le-bol est profond. La situation s’est détériorée à très grande vitesse avec des conséquences catastrophiques pour le personnel et les patients. Ce constat est dénoncé par les organisations syndicales et les travailleurs depuis de longues années. Au jour le jour tout ceci se traduit par une démotivation, une explosion des burnouts,…

    ‘‘En parallèle, depuis plusieurs législatures, les soins de santé ont subi des économies à grande échelle devant être supportées par le personnel de terrain : non-remplacements d’effectifs, suppressions d’acquis tels que des jours de congés, primes de fin d’année,… Les patients ont aussi subi de plein fouet les conséquences de ces politiques avec des délais d’attentes de plus en plus importants, des augmentations de tarifs et de prix des médicaments.’’

    Comment le mouvement s’est-il développé ?

    ‘‘Face au constat, de nombreux petits combats ont été menés ces dernières années pour tenter au maximum de contrer ces choix politiques. Chaque petit combat isolé semblait perdu d’avance. Mais toutes ces luttes ont pu remettre à l’ordre du jour la nécessité de se battre pour une amélioration de nos conditions de travail et la défense de nos acquis.

    ‘‘En février, dans mon hôpital, les brancardiers ont mené une grève courageuse de trois jours pour empêcher la suppression de 3 postes et pour dénoncer un management devenu de plus en plus autoritaire, qui ne prenait pas en compte l’avis de ceux qui au quotidien souffrent de la surcharge de travail. La direction a été surprise et ne s’attendait pas à une telle détermination. Au bout des 3 jours, elle a dû céder et les brancardiers ont obtenu le remplacement en CDI des 3 postes menacés. Contrairement à ce qui a pu vivre par le passé, la solidarité et l’intérêt pour leur combat était assez remarquable. On entendait sur le piquet “Bravo, vous osez vous quand même !”, “On devrait tous faire la même chose”.’’

    Une sorte d’étincelle en somme…

    ‘‘Tout à fait. Quelques jours plus tard, notre délégation a été interpellée par des collègues infirmières des soins intensifs et des urgences pour discuter de leur participation à la grève prévue pour la Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes. Partant de leur vécu et d’une situation devenue intenable, elles avaient dressé leur propre cahier de revendications et l’énorme majorité des équipes étaient prête à partir en grève pour soutenir leurs demandes. A partir du 8 mars, ces équipes sont rentrées en mouvement pour obtenir satisfaction à leurs revendications. On a travaillé systématiquement sous forme d’assemblées avec les collègues pour discuter des avancées, du suivi des discussions avec la direction,…

    ‘‘Avec les collègues du syndicat nous avons donné une attention particulière au fait que le combat est celui des travailleurs de terrain et que donc c’est à eux de le mener. Nous étions là pour les soutenir, les défendre, mais en aucun cas prendre des décisions à leur place. En interne, plusieurs avancées ont pu être obtenues après 2 mois de mobilisations et de négociations. Mais une bonne partie de leurs revendications, comme la reconnaissance du temps d’habillage, le remboursement des transports en commun ou encore la revalorisation salariale, étaient renvoyée vers la direction du réseau IRIS, seule, selon la direction locale, à pouvoir répondre à ces demandes.

    ‘‘En assemblée, nous avons discuté longuement sur la stratégie à suivre. La médiatisation autour de notre “petite” mobilisation allait nous aider et nous avons été mis au courant que nos collègues de l’hôpital Saint-Pierre – qui vivent bien évidemment la même situation – prévoyaient aussi de passer à l’action. Quelques rencontres et discussions nous ont amené à proposer au front commun syndical une action coordonnée de tous les hôpitaux IRIS avec une journée de grève et de manifestation. La date a été convenue pour le 3 juin. Cette journée fut un grand succès avec quelques 400 personnes présentes devant les bureaux de la direction du réseau. L’ambiance était incroyable et la volonté de lutter et de continuer la mobilisation bien présente. La direction a proposé ce jour-là de discuter tout l’été autour du cahier de revendications.

    ‘‘Bien que beaucoup soient méfiants, et à juste titre, de cette stratégie de groupes de travail, l’assemblée organisée à la fin de la journée de grève avec les travailleurs grévistes a décidé d’y participer, d’exiger des réponses pour début septembre et d’appeler à une réunion le 21 juin pour mettre sur pied une coordination de tous les travailleurs du secteur de la santé. Cette coordination a depuis pris un nom La Santé en Lutte.’’

    Quelle importance a cette coordination de “la Santé en Lutte” selon toi ?

    ‘‘Pour nous, c’est un développement extrêmement important. Notre secteur est tout d’abord confronté à un chantage moral quand nous discutons de passer à l’action. On peut facilement nous accuser de “prendre en otage les patients”. Pour nous, il est clair qu’aujourd’hui c’est l’austérité et les politiques menées qui prennent en otage les patients et que notre mouvement a pour but d’améliorer la situation de tous, travailleurs et patients. Mais nous devons prendre ça en compte et faire un travail de sensibilisation et de mobilisation conscient et efficace.

    ‘‘Ensuite, dans notre secteur, la division syndicale est très marquée entre public et privé ou entre hôpitaux et maisons de repos par exemple. La Santé en Lutte veut unifier dans ce combat global pour un refinancement des soins de santé l’ensemble des acteurs, syndiqués ou non, travailleurs et patients, syndicats et associations professionnelles, etc. Cela ne sera certainement pas évident, mais l’ensemble des collègues impliqués actuellement sont motivés par cette perspective et nous allons faire le maximum pour que la question de la santé soit sur la table à la rentrée de septembre 2019.’’

    Quelle est la position des directions hospitalières face à ce mouvement ?

    ‘‘Un développement intéressant a été que cette mobilisation a forcé une série d’employeurs publics et privés à soutenir le mouvement et à déclarer publiquement qu’un refinancement était nécessaire. Ce positionnement est légèrement hypocrite compte tenu du fait que ce sont ces mêmes employeurs qui appliquent sans discuter cette austérité depuis des années, mais nous pouvons utiliser ça pour avancer et légitimer notre combat.’’

    Que prévoyez-vous pour la rentrée sociale ?

    ‘‘Beaucoup de choses sont discutées actuellement. Tout d’abord, nous organisons une grande assemblée de La Santé en Lutte le 13 septembre. Nous espérons pouvoir être capable de mettre tous les acteurs autour de la table et de discuter sérieusement d’un véritable plan d’action à la hauteur des enjeux. En parallèle, la mobilisation au niveau du réseau IRIS va continuer. Début septembre, la direction doit donner des réponses à nos revendications. Nous prévoyons des assemblées dans tous les hôpitaux IRIS pour présenter les réponses de la direction et décider de la suite à donner. Mais je peux déjà te dire qu’il est clair pour nombre d’entre nous que certains points de revendications sont cruciaux et que la mobilisation reprendra de plus belle si nos directions ne donnent pas de réponses avec des engagements sérieux.

    A côté de ça, la CGSP-ALR (Administrations locales et régionales) mène une campagne depuis une grosse année autour de la nécessaire et urgente revalorisation salariale de notre secteur qui comprend les hôpitaux publics, les communes, les CPAS, etc. Nous sommes encore un des seuls secteurs où de nombreux collègues sont payés en grade E, grade qui a disparu dans de nombreux endroits et qui ne permet pas de vivre décemment aujourd’hui à Bruxelles. Ce combat-là va aussi être mené à la rentrée parce qu’il semble clair aujourd’hui que le gouvernement bruxellois n’a pas mis à l’ordre du jour cette revalorisation malgré les différentes promesses pré-électorales. La rentrée sera donc assez chaude…’’

    – 13 sept. : Assemblée Générale ‘La Santé en Lutte’ 18h, rue du Congrès 17/19 Bruxelles
    – Suivez ce combat sur Facebook => ‘‘La santé en lutte’’

  • Sombres perspectives budgétaires pour la région Bruxelles-Capitale

    Tunnel Kortenberg à Bruxelles. Photo : Wikimedia

    Les investissements nécessaires se heurtent au carcan budgétaire

    En début d’année, le Bureau fédéral du Plan publiait ses perspectives : le déficit budgétaire serait de 7,7 milliards € au Fédéral cette année. Il s’envolerait ensuite à près de 10 milliards en 2020. En mai, c’est le Centre de Recherches en Économie Régionale et Politique Économique (CERPE) de l’Université de Namur qui a sorti ses perspectives pour le budget de la Région Bruxelles-Capitale : le prochain exécutif ne disposera d’aucune marge budgétaire pour de nouveaux investissements publics et la dette de la région passerait de 4 à 8 milliards € de 2019 à 2024 !

    Par Nico M. (Bruxelles)

    Dans le cadre du pacte européen de stabilité et de croissance, les différents gouvernements doivent remettre leur budget à la Commission européenne pour être validé. Ce mécanisme assure que l’austérité soit appliquée à tous les niveaux de pouvoir, il est d’ailleurs utilisé par les politiciens traditionnels comme excuse pour leurs politiques asociales. Au vu des dépenses d’investissements à Bruxelles (275 millions en 2018, près du double en 2019) ce mécanisme ne permettra pas de marges pour d’autres investissements, à moins de geler des projets qui semblent inéluctables comme la rénovation des tunnels ou l’extension du métro.

    Une situation ni nouvelle ni isolée

    Le problème est profond : ce sont des décennies de sous-financement qu’il faut chercher à combler. Avec leur politique d’austérité, les gouvernements successifs ont transféré les moyens publics vers les profits des grandes entreprises, ou dans le sauvetage des banques. Les investissements publics en Belgique ont chuté de moitié en 25 années. Pour atteindre le niveau des années 70, il faudrait investir environ 15 à 20 milliards d’euros par an.

    Des budgets limités mais des besoins massifs : Bruxelles s’effondre littéralement

    Les chaussées effondrées dues aux canalisations vétustes illustrent les défis. Vivaqua prévoit de rénover 1,1% du réseau de distribution et 1,3% du réseau d’égouttage par an d’ici 2024. Problème : il faudra trouver 85 millions chaque année pour ne pas creuser la dette. Du coup c’est une hausse des factures d’eau pour les consommateurs qui est maintenant envisagée. Le manque de places de crèches, de logements sociaux, de classes d’école, les collections qui pourrissent à cause de l’humidité dans les caves des musées ou encore les tunnels bruxellois, sont autant d’exemples des graves carences dans l’infrastructure.

    Le manque de financement public touche aussi les travailleurs : manque de personnel, surcharge de travail, salaires sous pression… Les syndicats des administrations locales et régionales de la capitale mènent campagne depuis un an pour notamment des hausses de salaires de 10% et la suppression du barème le plus bas. Depuis, c’est le personnel soignant des hôpitaux qui est entré en lutte face au sous-effectif.

    Enfin, le mouvement de grèves internationales de la jeunesse contre le réchauffement climatique a forcé tous les partis traditionnels à promettre des investissements publics dans la transition écologique durant la campagne, par exemple dans les transports publics.

    Briser les carcans budgétaires

    Nous sommes pour un programme politique qui parte des besoins et qui cherchent les moyens de les combler. Après des années de négligence, il nous faut un plan radical d’investissements publics. Le débat crucial autour des limites budgétaires prend donc place plus largement aujourd’hui notamment autour des négociations avortées entre PS et PTB. C’eut été une occasion importante pour la gauche de tracer une perspective qui ne repose pas sur une logique de limites budgétaires volontairement imposées. Au contraire, pour que les intérêts de la population soient prioritaires, il faut briser la camisole financière.

    Face au manque de moyens publics, les partenariats public-privé ou les privatisations sont brandis comme l’alternative. La solution n’est pas l’avidité des entreprises qui vont chercher le profit maximal. Peut-on s’attendre à un assouplissement des règles budgétaires strictes et sortir certains investissements extraordinaires en dehors des calculs de la commission ? Mais alors qu’en est-il du manque d’effectifs en personnel, des demandes d’augmentation de salaires etc. Ceux-ci continueront à se heurter aux limites des budgets ordinaires. Qui va choisir quels investissements seront ou non comptabilisés ? Qui va nous faire croire que la dette publique ne sera pas approfondie et donc utilisée pour nous imposer de nouvelles cures d’austérité ?

    Nous sommes d’accord avec le PTB quand il explique qu’il faut ‘‘rompre avec les règles d’austérité imposées pour investir dans les besoins sociaux et écologiques’’. Mais alors le programme et les campagnes électorales doivent servir à préparer les électeurs, la classe des travailleurs aux défis que cela suppose.

    Un gouvernement progressiste qui voudrait briser les règles budgétaires devra compter sur la construction à la base d’un rapport de force. Une campagne électorale doit populariser largement cela et éviter les illusions concernant les promesses électorales. Une telle politique devra reposer sur la lutte collective pour le non-paiement de la dette publique, la mise sous propriété publique des banques et des secteurs-clés de l’économie sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité. Et ainsi assurer que les moyens ne soient pas mobilisés dans des placements spéculatifs ou dans les poches des actionnaires, mais puisse servir de source de financement aux investissements publics nécessaires.

  • Lettre ouverte d’un pompier de Bruxelles : le manque de personnel est inacceptable et dangereux

    Photo : Dominique Botte / Krasnyi Collective

    Une lettre ouverte de Merlin de Halleux, caporal chez les pompiers de Bruxelles.

    Hier, avec mes collègues nous sommes descendus dans la rue. Je me dois de dire quelques mots à ce propos parce que le traitement qui en est fait dans la presse est au mieux incomplet et ne décrit pas ce que nous vivons. Mais comment reprocher aux gens de ne pas saisir les problématiques d’un milieu si fermé que celui des secours et à fortiori des pompiers ?

    Il se fait qu’être pompier c’est assumer un grand nombre de situations, auquel le commun des mortels ne peut ou ne veut pas être confronté. Au delà des attentats qui ont profondément marqué un grand nombre de collègues, qui ont et auront à jamais ces images en eux, il faut aussi savoir que notre métier est usant par un grand nombre d’aspects : la misère sociale, la violence croissante de la société à mesure que la pauvreté s’installe, les cancers auxquels nous sommes exposés, ne sont que quelques facettes de ce que nous devons affronter.

    Et ces sacrifices nous y consentons et nous défendons les gens, jours après jours, avec ferveur et dévotion. Mais ces dernières années, les difficultés s’accumulent pour nous : tout d’abord une réforme qui devait venir améliorer la situation des secours de Belgique a tourné en une vaste opération de promotion des officiers au détriment de la base. Cela a clairement créé un fossé entre nous et les instances dirigeantes et politiques.

    Ensuite, des problèmes de corruption (n’ayons pas peur des mots) ont éclaté, entraînant une série de difficultés pour les hommes qui se voient privés de matériels, de tenues convenables, parfois même de chaussures. Cet hiver plusieurs casernes ont connu des pannes de chaudières tellement celles-ci sont mal entretenues et vétustes. Nous montons régulièrement de garde en sous effectif en raison du manque de personnel.

    La liste est longue de problèmes que nous rencontrons et dans la plupart des cas c’est les pompiers qui payent les erreurs venant d’en haut. Alors quand, suite à une erreur fiscale et à un conflit entre l’ONSS et le Service d’Incendie de Bruxelles, on nous a annoncé des changements dans notre mode de rémunération et que nous avons appris que celui-ci serait avantageux pour les officiers et défavorable pour les pompiers, cela a été la goutte qui a fait déborder le vase.

    Par ailleurs, il est clair qu’en se penchant plus avant sur cette proposition il apparaît que celle-ci est une voie royale vers un changement d’horaire de travail (de 24h de garde vers 12h de garde). Ce nouvel horaire permettrait à nos chers politiques de faire en sorte que nous soyons moins nombreux la nuit que la journée, ce qui est tout bonnement inacceptable. Inacceptable pour les pompiers mais aussi pour la population qui serait clairement mise en danger.

    En clair, les politiques envisagent d’économiser sur les dépenses liées aux pompiers sans se soucier de l’impact que cela aura sur les conditions de travail et sur l’efficacité du service. Il me semble que nous ne méritons pas un tel traitement. Les gens méritent qu’on donne les moyens à ceux qui s’engagent corps et âme dans la protection de la population de pouvoir travailler dans des conditions qui ne soient pas en soit, une épreuve supplémentaire.

    => Bruxelles. Les pompiers ripostent pour défendre leurs primes de garde et de spécialisation

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