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  • Brésil. Contre les putschistes : mobilisation générale pour nos droits et un changement radical !

    Texte du tract distribué par LSR (Liberdade, Socialismo e Revolução, ASI-Brésil) lors des manifestations anti-coup d’Etat du 9 janvier 2022

    Les violents troubles perpétrés par la horde bolsonariste dimanche à Brasilia doivent être fermement répudiés par toutes et tous. Bolsonaro doit lui-même être tenu pour responsable avant tout, et il doit payer pour sa campagne de coup d’État. Mais ce n’est pas tout.

    Les événements de Brasilia devraient également servir à ouvrir les yeux de celles et ceux qui ont sous-estimé la gravité du moment que nous traversons et la nécessité d’une mobilisation indépendante de la classe ouvrière pour contenir l’extrême droite.

    Ils devraient également convaincre les gens une fois pour toutes que c’est une erreur de compter sur le fonctionnement supposé « normal » des institutions comme moyen de contenir la menace bolsonariste d’extrême droite.

    Ces institutions n’ont pas fonctionné pour contenir des attaques comme celles de dimanche. Ou peut-être vaut-il mieux dire qu’elles ont fonctionné comme elles le font toujours : d’une main de fer contre les travailleurs pauvres, noirs et en lutte et avec inaction, négligence ou connivence lorsqu’il s’agit de la droite et des laquais des grandes entreprises et de l’agrobusiness.

    L’assaut de la place des « trois pouvoirs » (le Palais présidentiel, le Congrès et la Cour suprême) à Brasilia a bénéficié de la collaboration active de la police du district fédéral, de son secrétaire à la sécurité publique (l’ancien ministre de Bolsonaro, Anderson Torres) et même du gouverneur, Ibaneis Rocha, lui-même. Y a-t-il une surprise dans tout cela ?

    Ibaneis et la police du district fédéral avaient déjà démontré auparavant leur connivence avec les putschistes. Leur absence criminelle face aux attentats contre le siège de la police fédérale le jour de la nomination de Lula par la Cour suprême (12 décembre) et la tentative d’attentat terroriste à l’aéroport de Brasília (24 décembre) par des bolsonaristes constituent des exemples frappants.

    Mais il ne s’agit pas seulement de la complicité des autorités proches du mouvement bolsonariste. Il y a également eu de la lenteur, de l’indulgence ou de la négligence de la part des autorités du gouvernement actuel.

    Le ministre de la défense nommé par Lula, José Múcio, avait publiquement défendu le supposé « droit démocratique » de manifester de ceux qui se tenaient devant les casernes pour réclamer un coup d’État militaire, ceux-là mêmes qui ont organisé des actes terroristes et des attentats à Brasilia dimanche. Il en va évidemment de même pour les commandants des forces armées qui ont toléré et fraternisé avec les rassemblements pro-coup d’État devant les casernes. Le président Lula lui-même et son ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Flávio Dino, ont sous-estimé le risque plus que prévisible de ce type d’attaque. De même, toute la confiance placée dans la Cour suprême et son chef, Alexandre de Moraes, ne s’est pas avérée suffisante pour contenir les initiatives de coup d’État.

    Même avec l’intervention de la sécurité publique du gouvernement fédéral dans le district fédéral, la suspension temporaire d’Ibaneis Rocha et l’arrestation de centaines de participants aux attentats de Brasilia, la menace bolonariste n’est pas encore terminée.

    Les tentatives de blocage d’avenues, d’autoroutes et de raffineries de pétrole Petrobras auxquelles nous avons assisté après les attentats de Brasilia, même si elles n’ont pas eu de conséquences majeures pour l’instant, montrent que les crapules bolsonaristes resteront actives dans la période à venir. Que faire alors ?

    Nous devons nous préparer à une longue lutte contre l’extrême droite et pour nos droits, sans illusions ni faux espoirs dans les institutions et dans le régime politique actuel !

    Aujourd’hui, il est plus évident que jamais que seule la mobilisation organisée de la classe ouvrière, démontrant sa force dans les rues et sur les lieux de travail, sera en mesure de contrer les coups d’État et les initiatives terroristes de l’extrême droite bolsonariste.

    Nous saluons l’appel aux manifestations qui ont lieu aujourd’hui. Celles-ci auraient toutefois dû être convoquées depuis longtemps, au moins depuis les élections ou lors des premiers blocages de routes par les bolsonaristes pro-coup d’État. Cependant, il a été décidé au sommet du mouvement qu’il ne devait pas y avoir d’activités dans la rue afin de ne pas entraver l’élection et l’investiture de Lula. Voilà le résultat : l’extrême droite a progressé dans les rues sans aucune entrave. Il nous faut l’entrée action de la classe ouvrière en toute indépendance, préparée depuis sa base.

    Ces manifestations doivent représenter un premier jalon dans un parcours de luttes qui doit se poursuivre, toujours en défense des droits démocratiques et sociaux et contre le coup d’État bolsonariste.

    A partir d’aujourd’hui, des réunions et des assemblées doivent être organisées sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers. Une mobilisation permanente à travers des comités de lutte doit être construite afin que nous ayons une capacité de réponse rapide face à de nouvelles tentatives de coup d’État et autres attaques, y compris l’autodéfense des organisations de la classe ouvrière et des mouvements sociaux.

    Bolsonaro doit être tenu directement responsable des tentatives de coup d’État. Nous devons également exiger la punition des politiciens, des hommes d’affaires et du personnel militaire co-responsables. Des commissions populaires d’enquête et de dénonciation peuvent être organisées pour dénoncer la participation de ces couches aux actions du coup d’État.

    Parallèlement à la lutte contre le coup d’État et contre toute forme d’amnistie pour les crimes de Bolsonaro et de ses complices, nous devons enterrer une fois pour toutes le projet de Bolsonaro et des capitalistes au Brésil. Cela signifie premièrement d’exiger l’abrogation des contre-réformes et des attaques réactionnaires de la dernière période, comme les contre-réformes du travail et de la sécurité sociale, le plafonnement des dépenses, les privatisations, l’indépendance de la Banque centrale, le budget secret, etc. Ces revendications ne seront satisfaites qu’avec une bonne dose de lutte de notre part et non par la bonne volonté du gouvernement.

    Pour sortir le pays de cette crise, il nous faut un programme approfondi orienté vers une rupture anticapitaliste et socialiste, incluant la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous le contrôle des travailleuses et des travailleurs. Un mouvement indépendant de la classe ouvrière et de la gauche socialiste, y compris le PSOL, doit défendre ce programme socialiste.

    Seule la force organisée et mobilisée de manière indépendante de la classe ouvrière représente une garantie contre un coup d’État et contre l’extrême droite tout en assurant la concrétisation de l’espoir populaire d’un meilleur avenir. LSR (ISA au Brésil) fait partie de cette lutte ! Rejoignez-nous !

    • Il faut punir tous les responsables des tentatives de coup d’État à Brasilia et dans le reste du pays en commençant par Bolsonaro, les hommes d’affaires, les politiciens et les militaires. Il faut organiser des comités populaires pour dénoncer et enquêter sur les putschistes dans tout le pays.
    • Construisons une journée unitaire de luttes des mouvements syndical, populaire, étudiant, des femmes, des noirs, des LGBTQIA+ et des peuples indigènes contre le coup d’État de Bolsonaro, pour l’abrogation des contre-réformes et des attaques de la dernière période et pour une alternative de la classe ouvrière à la crise.
    • Organisons l’unité de la gauche socialiste, en toute indépendance du gouvernement, pour défendre une stratégie de lutte de la classe ouvrière et un programme socialiste comme alternative au capitalisme.
    https://fr.socialisme.be/93998/elections-au-bresil-bolsonaro-battu
    https://fr.socialisme.be/60795/bresil-stopper-le-coup-detat-par-la-rue-vaincre-bolsonaro-et-construire-une-alternative-socialiste
  • Brésil. Stopper le coup d’État par la rue ! Vaincre Bolsonaro et construire une alternative socialiste

    • Formons des comités de lutte contre Bolsonaro, la faim et le coup d’État !

    • Construisons un plan d’action national de la classe ouvrière et des mouvements sociaux !

    Le Brésil s’enfonce dans une crise historique

    L’attitude effrontée de Jair Bolsonaro – le président du Brésil – et les délires de Paulo Guedes sur la situation économique ne peuvent cacher la dure réalité. Nous avons 33 millions de Brésiliens et de Brésiliennes qui souffrent de la faim, auxquels s’ajoutent 90 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire.

    Par Liberdade, Socialismo e Revolução (ASI au Brésil)

    Dans notre pays, huit familles sur dix sont endettées. 22 % des Brésiliens et Brésiliennes consacrent plus de la moitié de leurs revenus à rembourser leurs dettes et 30 % des familles ont accumulé des factures impayées.

    Malgré la crise et la misère qui règnent (ou même à cause d’elles), les bénéfices des banques ont augmenté de 49 % en 2021, atteignant 132 milliards de réals (environ 34 milliards de dollars canadiens).

    C’est le Brésil de Bolsonaro, le visage le plus sombre du capitalisme en crise à la périphérie du système. Le Brésil de l’inégalité brutale, de la violence contre les plus pauvres, les personnes noires, les autochtones, les femmes et les personnes LGBT+. Le Brésil de la super exploitation des travailleurs et travailleuses.

    Les récentes mesures adoptées par le gouvernement, qui prolongent notamment «l’Aide Brésil» (Brazil Aid), sont totalement insuffisantes et ne sont valables que jusqu’en décembre. Après cela, nous aurons un scénario encore pire si rien n’est fait. Son seul objectif est d’essayer de minimiser le rejet de Bolsonaro à la veille des élections.

    Tout en jouant le sale jeu du budget secret au Congrès et en s’appuyant sur les méthodes de la vieille politique corrompue pour obtenir un soutien électoral, Bolsonaro combine cela avec une stratégie ouvertement putschiste et perturbatrice.

    Avec un pied bien positionné sur les tapis sales de la corruption au Congrès, Bolsonaro garde l’autre bien planté dans l’agitation de rue à caractère putschiste et réactionnaire.

    Bolsonaro et l’extrême droite se préparent à une démonstration de force dans les rues le 7 septembre. Il a le soutien de segments des forces armées, des forces de police et de groupes civils armés ainsi que le soutien actif des secteurs les plus réactionnaires de la petite bourgeoisie et d’une partie du grand capital.

    Même sans compter aujourd’hui sur le soutien explicite de la majeure partie de la classe dirigeante et de l’impérialisme à un coup d’État, Bolsonaro entend créer les conditions politiques pour que son mouvement d’extrême droite reste vivant et actif dans la période à venir.

    Il accumule des forces pour des actions plus décisives et encore plus graves à l’avenir.

    Prendre une position ferme contre le complot de coup d’État!

    La classe ouvrière et les personnes opprimées ne peuvent pas sous-estimer les risques d’une offensive putschiste. Il est nécessaire de réagir bruyamment!

    Aucune force sociale n’est plus grande que celle de la classe ouvrière en action avec ses méthodes de lutte : grèves, manifestations de masse, organisation et mobilisation de la base.

    Mais jusqu’à présent, la réponse donnée par la majorité des leaderships des mouvements sociaux et de la gauche a été de miser principalement sur les institutions de la démocratie bourgeoise, sur le Tribunal suprême fédéral et le Tribunal supérieur électoral.

    Plutôt que de sensibiliser, d’organiser et de mobiliser les travailleurs et travailleuses de la base, ce que nous avons vu est une attitude centrée sur la tentative de convaincre la bourgeoisie que Bolsonaro n’est pas la meilleure alternative pour elle.

    Cela se fait par le biais d’une coalition électorale autour de Luiz Inácio Lula da Silva (ex-président du Brésil). Elle comprend, en position de force, des représentantes et représentants bien connus de la bourgeoisie et du néolibéralisme au Brésil comme Geraldo Alckmin. Cela se fait également en annonçant des concessions programmatiques au grand capital, comme celles faites par Lula, Alckmin et Mercadante lors d’une réunion avec des hommes d’affaires à la Fédération des industries de l’État de São Paulo (FIESP).

    Même en signant des chartes de défense de la démocratie, comme nous le voyons maintenant, quelqu’un croit-il encore les banquiers, les hommes d’affaires, les politiciens et les juges du Tribunal suprême fédéral qui, il y a peu, ont promu et consolidé le coup d’État institutionnel de 2016 et l’emprisonnement de Lula?

    Sans manquer de tirer parti des divisions au sommet, la gauche, la classe ouvrière et les personnes opprimées ne peuvent compter que sur leur propre force organisée et consciente.

    Une réponse de masse dans les rues contre Bolsonaro, le coup d’État et la faim, avec une tendance à la radicalisation, pourrait contenir les tendances anti-démocratiques structurelles et historiques de la classe dirigeante brésilienne et gagner de fait la garantie des libertés démocratiques.

    La façon d’arrêter le coup d’État et de vaincre Bolsonaro n’est pas d’adopter plus de modération et de déclassement programmatique – c’est exactement le contraire.

    Mobiliser dans les rues et défendre un programme pour la classe ouvrière

    Il est nécessaire de mobiliser la classe ouvrière avec un programme alternatif à la crise qui fasse payer les super-riches et réponde aux demandes légitimes des travailleurs et travailleuses.

    Il faut défendre les emplois, les salaires, les services publics, le contrôle des prix du panier alimentaire de base, la réforme agraire, le droit à la terre pour les peuples autochtones et les quilombos (communautés isolées d’anciennes personnes esclaves ou réfugiées), la lutte contre les changements climatiques en affrontant les intérêts de l’agrobusiness, des compagnies minières, des compagnies forestières et des grandes entreprises! Également le droit à l’avortement et la fin de toute discrimination à l’égard des femmes et des personnes LGBT+, la fin de la violence policière et du racisme structurel à l’égard des personnes noires.

    Il est nécessaire de défendre sans hésitation l’abrogation de toutes les contre-réformes, privatisations et politiques néolibérales mises en œuvre au cours de la dernière période. Il faut mettre fin au plafonnement des dépenses, aux contre-réformes du travail et de la sécurité sociale et restructurer les entreprises qui ont été privatisées et les placer sous le contrôle des travailleurs et travailleuses.

    Il n’y aura pas de sortie définitive de la crise sans un audit et le démantèlement du système actuel de la dette publique qui sert les intérêts des méga-spéculateurs. Il n’y aura pas de sortie définitive de la crise sans le contrôle public du système financier et des secteurs clés de l’économie. Cette perspective anticapitaliste et socialiste doit être à l’horizon de la lutte des travailleurs, des travailleuses et des masses pauvres.

    Le 11 août est la première étape – pour un plan d’action de lutte!

    Le 11 août (journée de mobilisation qui a vu des manifestations dans une cinquantaine de villes du pays, NdT) doit être une première étape dans la reprise des luttes dans les rues contre Bolsonaro et le coup d’État en préparation. Un plan d’action unitaire des centrales syndicales et des mouvements sociaux et de jeunesse doit être construit dès maintenant.

    Elle doit inclure des assemblées de base, la formation de comités de lutte, la construction d’actions régionales et nationales, l’unité des luttes en cours, la préparation des grèves et inclure l’organisation de l’autodéfense des actions de lutte et des organisations de notre classe.

    Ce plan de luttes doit garantir les conditions pour que le résultat électoral soit respecté, mais en même temps il doit aller au-delà des élections elles-mêmes. Il doit être un plan d’action pour arrêter le coup d’État et réussir à créer un rapport de forces capable de gagner nos revendications dans la lutte. Cela sera nécessaire même sous un gouvernement de conciliation de classe de Lula et Alckmin.

    Liberté, Socialisme et Révolution (LSR) est actif au sein du Parti socialisme et liberté (PSOL) et fait partie d’Alternative Socialiste Internationale (ASI). LSR se bat pour vaincre Bolsonaro dans les urnes et dans la rue, en défendant toujours l’indépendance de classe des travailleurs et travailleuses, leurs méthodes de lutte et un programme socialiste.

    Rejoignez les socialistes révolutionnaires dans la lutte contre Bolsonaro, l’extrême droite et le capitalisme. Combattez avec nous!

     

  • Le Brésil épicentre de la crise en Amérique du Sud

    L’impasse de la politique de Bolsonaro

    Avec plus de 15 000 morts à la mi-mai, le Brésil est devenu l’épicentre de l’épidémie de Covid-19 en Amérique du Sud. Les agences sanitaires alertent sur le fait que ce chiffre pourrait être largement sous-estimé et évoquent un nombre de décès jusqu’à 12 fois plus grand !

    Par Jeremy (Namur)

    Malgré l’ampleur de la catastrophe, le président Jair Bolsonaro continue de s’opposer aux mesures préconisées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en matière de prévention et de confinement et prend le risque d’augmenter encore le nombre de victimes. Son unique action sur le plan sanitaire a été de promouvoir l’usage massif d’hydroxychloroquine (une molécule controversée utilisée dans le traitement du paludisme et dont l’efficacité contre le coronavirus n’est pas prouvée). Cette décision a par ailleurs poussé le ministre de la Santé à « ‘jeter l’éponge »’ après que le président l’a contraint à un ultimatum pour faire changer le protocole de test contre l’avis des médecins. C’est le deuxième ministre de la Santé à démissionner en moins d’un mois.

    Pour rappel, Bolsonaro est arrivé au pouvoir en 2018 au terme d’une campagne le présentant comme une alternative populaire aux élites corrompues (opération Lava Jato : Car Wash). Un discours qui a depuis largement été mis à mal par les affaires judiciaires le mettant en cause lui et sa famille. Ces affaires ont fini par l’éloigner de son ministre de la Justice démissionnaire, Sérgio Moro, un ancien allié primordial dans son accession au pouvoir. Aujourd’hui esseulé à la tête de l’État, Bolsonaro se cherche des alliés auprès des sénateurs centristes très proches des milieux d’affaires. Le fait que ces politiciens professionnels ne soient pas moins corrompus qu’au temps de sa campagne ne semble plus être un problème pour Bolsonaro.

    Mais les méthodes de Bolsonaro sont loin de faire l’unanimité y compris parmi les capitalistes qui se sont ralliés à lui tardivement par opportunisme et qui ont besoin d’un climat social apaisé pour faire marcher leurs affaires. Beaucoup s’inquiètent, à présent, de le voir jeter ainsi de l’huile sur le feu et lui reprochent son caractère incontrôlable. Ceci explique la trentaine de procédures de destitutions entamée contre Bolsonaro ; la droite traditionnelle espère tirer avantage de la crise politique pour récupérer le soutien perdu en 2018.
    Dans cette triple crise sanitaire, politique et économique, le mouvement des travailleurs organisé est le seul à pouvoir présenter un programme de rupture avec le capitalisme. Nos camarades du LSR (section-sœur du PSL/LSP au Brésil) encouragent toutes les initiatives populaires réclamant la destitution de Bolsonaro ainsi que de tout son gouvernement et autre représentant de sa politique.

  • Brésil : Préparer la lutte pour faire tomber Bolsonaro et vaincre la droite néo-libérale

    Pour une alternative politique dans l’intérêt des travailleurs et des pauvres afin de sauver des vies, de sortir de la crise et de reconstruire le pays sur de nouvelles bases !

    Les troubles aux Etat-Unis ne peuvent pas complètement détourner notre attention. Le Brésil se dirige vers une catastrophe aux proportions historiques. La crise politique agit à la fois comme un catalyseur et un reflet du chaos social, économique et de santé publique dans lequel nous nous enfonçons.

    Par le comité national de Libertade, Socialismo e Revolução (section brésilienne d’Alternative Socialiste Internationale) 

    Le Brésil est en train de devenir l’un des épicentres de la pandémie mondiale de coronavirus. Des projections sérieuses indiquent que nous devrions doubler le nombre de décès enregistrés en sept jours, ce qui signifie 5.000 décès supplémentaires rien que la semaine prochaine (fin mai). L’évolution du COVID-19 au Brésil est une situation dramatique. Dans de nombreuses régions du pays, c’est « l’horreur, l’horreur ». Le nombre d’enterrements quotidiens dans plusieurs capitales et grandes villes se multiplie sans que ces décès ne soient pris en compte dans les statistiques officielles.

    La surpopulation dans les unités de soins intensifs et le chaos dans les services hospitaliers sont déjà une réalité. Chaque jour, des centaines de décès surviennent à la maison sans aucune assistance médicale. Le système funéraire est insuffisant. Il y a des cas de corps laissés sur place pendant des jours sans être enlevés. Les fosses communes sont utilisées dans de nombreux cimetières et pourtant il n’est pas possible de s’occuper de tous les morts. À Manaus, il y a eu des situations où des parents eux-mêmes ont dû enterrer leurs proches de leurs propres mains en raison d’un manque d’employés.

    Le virus est un puissant allié des structures sociales inégalitaires, nous assistons à un véritable génocide à la base de la pyramide sociale. En général, dans cette pandémie, ce sont les pauvres, les personnes noires, les populations périphériques et les habitants des bidonvilles qui souffriront et mourront le plus.

    La mort et les souffrances indescriptibles que nous voyons aujourd’hui ne sont pas le fruit du hasard ou d’un mal inattendu qui a pris la forme d’un virus. Cela résulte directement de nombreuses années de politiques néolibérales, de la précarité de l’emploi, de la réduction des dépenses publiques, de l’abandon des services de santé, du manque de logements, du manque d’investissement dans les mesures sanitaires, etc.

    Ce n’est pas une coïncidence si Manaus, par exemple, vit l’un des scénarios les plus critiques de la crise sanitaire. L’année dernière, 500 médecins ont quitté la ville en raison de retards de salaires et de mauvaises conditions de travail résultant des politiques de réduction de budget et de suppression des services publics.

    La crise sanitaire et la crise économique et sociale se nourrissent l’une de l’autre. Alors que nous ne nous sommes pas complètement remis de la récession et de la stagnation de ces dernières années, nous nous enfonçons à nouveau dans le marécage d’une récession encore plus grave que la précédente.

    La crise internationale du capitalisme, associée à des facteurs locaux, nous conduira à un recul historique d’un point de vue économique et social. Il en résultera du chômage et une perte massive de revenus pour des millions de travailleurs et de travailleuses. Les foules seront jetées dans une situation de pauvreté ou d’extrême pauvreté.

    Il y a des coupables de cette barbarie et, oui, c’est le temps de dénoncer les responsables. Ce n’est qu’ainsi que la situation pourra être radicalement transformée et que des vies pourront être sauvées. Bolsonaro promeut délibérément le chaos et la barbarie et tente d’en profiter pour mettre en œuvre son projet autoritaire. Mais il n’est pas le seul responsable. Sont également à blâmer tous ceux qui, pendant des années, ont fait la promotion des politiques d’accroissement des inégalités sociales et en ont profité.

    Ce sont les mêmes banquiers et hommes d’affaires qui tentent aujourd’hui de se faire passer pour des philanthropes dans le téléjournal national de Rede Globo. Ce sont également les gouverneurs et les parlementaires de la droite traditionnelle qui, avec Bolsonaro, ont promu les politiques de réduction des budgets du système de santé public et l’ensemble des politiques néolibérales. La justice bourgeoise aussi, qui a été de connivence avec le coup d’État institutionnel de 2016 et a légitimé les attaques contre les travailleurs.

    Il est fondamental de crier haut et fort : pour défendre nos vies, la tâche centrale de la gauche socialiste, du mouvement ouvrier et de toutes les personnes opprimées est de renverser ce gouvernement meurtrier maintenant! Avec lui doivent tomber toute sa base de soutien et sa politique, le vice-président Mourão et tous les militaires et politiciens qui nous ont plongés dans cette situation de calamité.

    Crise politique et divisions inter-bourgeoises

    La tempête parfaite des crises combinées qui ravagent le pays ouvre des fissures et ébranle les piliers de l’ancien ordre. Tout le monde sait, les élites en particulier, qu’il n’y a pas de scénario possible de stabilité dans la période à venir. Tout le monde essaie de se préparer aux tremblements de terre à venir qui ébranleront la politique.

    La crise a ouvert une nouvelle configuration politique dans le pays. Les classes dominantes et la droite (nouvelle et ancienne), qui étaient à l’offensive pour défendre leurs privilèges et leur pouvoir, tentent de s’adapter à la nouvelle situation. Mais chacun des groupes essaie à sa manière, et les divisions entre eux s’accentuent.

    Une aile de la bourgeoisie brésilienne et sa représentation politique à travers la droite traditionnelle, les gouverneurs et les membres du Congrès, parient sur la tentative d’éviter une plus grande catastrophe. Ils prennent des mesures en faveur de la distanciation et de l’isolement social et appellent à une politique d’unité nationale en pleine pandémie. Mais logiquement, c’est toujours dans l’objectif de garantir leurs intérêts et leurs privilèges.

    D’autre part, le gouvernement Bolsonaro et le bolsonarisme en tant que mouvement d’extrême droite prennent leur visage le plus nuisible. Isolés et en crise, ils ne peuvent que parier sur le chaos et l’agitation sociale capables de créer un environnement qui justifie la main de fer de la répression et de l’autoritarisme.

    Leur rhétorique belligérante et irrationnelle trouve un écho dans une base sociale minoritaire, mais aussi féroce que réactionnaire. Une base qui pourrait avoir un impact sur des couches plus larges dans un contexte de plus grande agitation, de crise et de chaos. Ceci, bien sûr, s’il n’y a pas d’alternative de gauche capable de montrer une issue efficace du point de vue des majorités, des travailleurs et des opprimés.

    Le Parti social-démocrate du Brésil, le parti démocrate et la droite traditionnelle tentent de profiter de la crise du gouvernement Bolsonaro et de ses paris politiques insouciants et risqués pour récupérer la base de soutien qu’ils ont perdue en 2018 face à la nouveauté du bolsonarisme.

    Pour ce faire, ils se placent en tant que gardiens de la « démocratie » et du système politique. Mais ce sont les mêmes qui ont favorisé le coup d’État institutionnel de 2016 et qui ont systématiquement sapé les acquis démocratiques obtenus par les travailleurs et les travailleuses depuis la fin de la dictature militaire. Tout cela au nom de l’approfondissement des politiques néolibérales dans un contexte de crise capitaliste internationale.

    Comme si ce n’était pas suffisant, ce sont les mêmes personnes qui font également la promotion de la criminalisation de la pauvreté et qui ont été élues avec des discours tels que « ceux qui vont au cimetière sont des criminels » et la promesse que « la police visera la tête et… tirera ».

    L’unité de fer autour des contre-réformes a commencé à être minée par la gravité de la crise politique. Les divisions inter-bourgeoises ont entraîné la chute au Sénat de la Mesure provisoire qui instituait la carte de travail vert et jaune (qui impliquait notamment qu’une personne travailleuse renonçait à son droit de changer d’emploi).

    La gravité de la crise a obligé le gouvernement à adopter des mesures qui nécessitent plus de dépenses publiques, dans le sens contraire des politiques ultra-néolibérales de Paulo Guedes. Les mesures de compensation sociale, comme le revenu de base d’urgence, représentent un progrès, bien qu’elles soient encore insuffisantes et inaccessibles à de nombreuses personnes dans le besoin. En même temps, le gouvernement dépense de l’argent pour aider les grandes entreprises et les banques.

    Le mouvement ouvrier doit profiter de cette situation et passer à l’offensive pour défendre les droits sociaux menacés ou perdus dans la dernière période. Pour le bénéfice de la grande majorité du peuple brésilien, l’urgence sanitaire et sociale devrait impliquer l’annulation des contre-réformes adoptées dans le passé, telles que celles sur l’aide sociale, le travail, le plafond des dépenses, etc.

    Sans la présence et le rôle actif du mouvement ouvrier et d’une gauche socialiste et sans un programme clair, l’issue de cette situation de crise peut être un revers majeur.

    Recomposition bourgeoise et escalade autoritaire

    Les scénarios possibles pour l’avenir peuvent aller dans le sens d’une recomposition bourgeoise par le haut de l’échelle, plus ou moins dans le cadre de l’ordre actuel, ou par une ligne de rupture plus explicite de l’ordre à travers une escalade autoritaire du bolsonarisme.

    Dans le premier cas, cela pourrait se faire par le biais de l’ancienne droite traditionnelle rechapée, avec Doria et Maia notamment, ou avec des figures de la nouvelle droite qui s’est détachée de Bolsonaro, comme dans le cas de Sergio Moro lui-même.

    Ils préfèrent parier sur l’affaiblissement et l’isolement de Bolsonaro, sur le rôle du Congrès national, des gouvernements des États et du Tribunal suprême fédéral, et sur la création d’un scénario favorable pour eux lors des élections de 2022. Mais en fonction de la réaction de Bolsonaro et de la gravité de la crise, l’option de la chute du président et d’une recomposition avec des secteurs militaires autour du vice-président Hamilton Mourão ne peut pas être écartée.

    Bolsonaro ne peut tout simplement pas accepter ce scénario et il a donc décidé de prendre le chemin de de l’escalade autoritaire. Il sait qu’il n’y a pas de rapport de force aujourd’hui pour un coup d’État. En même temps, il travaille consciemment à accumuler des forces pour un contexte de crise, de chaos et de polarisation plus importants dans un avenir proche.

    Un élément important pour ces deux résultats est le rôle de la direction des forces armées. L’armée a assumé une position beaucoup plus forte au sein du gouvernement, principalement par l’intermédiaire du secrétaire d’État, le général Braga Netto, et est fidèle à l’équilibre du point de vue des secteurs bourgeois.

    Le rôle de l’armée aujourd’hui est celui de médiateur entre les forces en conflit au sein du gouvernement et dans les relations du gouvernement avec les autres institutions du régime. Ils essaient de contrôler Bolsonaro et en même temps de le maintenir au pouvoir, comme une façon de maintenir leur propre pouvoir.

    Mais le scénario est extrêmement instable, et les forces armées ont également subi l’usure, les défaites et la pression de sa propre base. L’armée n’est pas fermée à une sortie plus autoritaire et même pas à un réalignement avec les forces de droite traditionnelles.

    De toute façon, ils ont certainement un côté et ce n’est pas le nôtre. Ils ne sont pas une garantie fiable contre une sortie autoritaire, au contraire. Hamilton Mourão n’est pas, comme l’a déclaré le gouverneur du Maranhão, Flavio Dino (Parti communiste du Brésil), une voie démocratique de sortie de crise. Toute illusion à ce sujet par la gauche et le mouvement ouvrier pourrait être fatale.

    Le rôle de la gauche et du mouvement ouvrier

    Les divisions dans les hautes sphères de la société, à droite et à l’extrême droite, reflètent les turbulences à la base du mouvement ouvrier d’une manière directe ou indirecte. Le rôle de la gauche et du mouvement ouvrier à l’heure actuelle est de créer les conditions pour que cette agitation à la base s’exprime de manière organisée et cohérente dans la prochaine période.

    La quarantaine et l’isolement social rendent très difficiles la mobilisation et la lutte des travailleurs et des travailleuses. Malgré cela, il existe plusieurs catégories et secteurs qui continuent à travailler et à faire face à des conditions précaires et à haut risque. Ces secteurs ont besoin de soutien et de solidarité pour pouvoir se battre de manière organisée. C’est le cas des travailleurs et des travailleuses de la santé, des transports, du commerce, des centres d’appels, des livreurs, etc.

    De plus, dans les communautés pauvres, les périphéries et les bidonvilles, la tâche d’auto-organisation est une question de vie ou de mort en ce moment. Les mouvements des femmes et des personnes LGBTQIA+ devraient également jouer un rôle central dans la lutte contre l’augmentation de la violence domestique et les autres effets de la quarantaine et de l’aggravation de la crise.

    Investir de l’énergie dans ces luttes, c’est accumuler des forces pour une sortie organisée, radicale et transformatrice avec la classe ouvrière comme protagoniste.

    Mais il doit y avoir une référence politique générale pour ces luttes, un horizon clair à atteindre. Cet objectif politique est principalement motivé par la nécessité de renverser Bolsonaro et ses politiques.

    Cela ne se fera pas en tendant la main à Rodrigo Maia, David Alcolumbre ou au Tribunal suprême fédéral. Ceux qui pensent que la vieille droite néolibérale traditionnelle aura le courage, la force ou la volonté politique d’aller jusqu’au bout des conséquences en affrontant Bolsonaro se trompent.

    Nous sommes favorables à toute initiative visant à renverser le gouvernement, y compris les initiatives institutionnelles telles que la mise en accusation, le dépôt d’une plainte pénale, la dénonciation d’un crime électoral en cours, etc. Mais la seule possibilité qui mène effectivement à la chute de ce gouvernement est qu’il y ait une pression forte et indépendante des travailleurs et des travailleuses de tous les secteurs, à l’intérieur et à l’extérieur du système politique.

    Le mouvement ouvrier indépendant doit se battre pour mener la lutte pour renverser Bolsonaro et, parallèlement, vaincre les alternatives bourgeoises et leurs politiques néolibérales.

    C’est ce que nous devons nous efforcer de construire. C’est pourquoi la proposition d’une action le 1er mai, journée internationale de la lutte ouvrière, avec la présence de Rodrigo Maia, Toffoli et João Doria, représente, pour nous, l’équivalent de se tirer une balle dans le pied.

    Le 1er mai serait l’occasion pour les organisations de la classe ouvrière de marquer la situation, de rejeter Bolsonaro ainsi que leur politique néolibérale, d’indiquer une voie de sortie de la crise pour la classe et de faire pression sur les institutions en accumulant des forces pour une lutte directe et de masse dans le futur.

    Il faut travailler pour que la perplexité, la souffrance et le désespoir de ceux qui viennent d’en bas se transforment progressivement en rébellion. Elle peut être initialement passive ou contenue, mais elle a le potentiel d’exploser de manière ouverte, radicale et stimulante.

    C’est possible d’y parvenir, mais il faudra une position ferme et claire de la gauche et du mouvement ouvrier. Dans ce processus, il est fondamental qu’une alternative des travailleurs, des travailleuses et des personnes pauvres soit forgée à chaud pour sauver des vies, sortir de la crise et reconstruire le pays sur de nouvelles bases.

    Ainsi, le Brésil peut cesser de reproduire le scénario désespéré qui combine aujourd’hui la Lombardie, New York ou Guayaquil et refléter la force démontrée par les soulèvements populaires de la fin de l’année dernière en Équateur même, au Chili, en Colombie et dans la résistance populaire au coup d’État en Bolivie.

    Construire cette solution de lutte radicale, de masse, démocratique, anticapitaliste et socialiste est notre tâche.

    Dehors Bolsonaro, Mourão et l’agenda néolibéral !

    Pour la défense de la santé, de l’emploi, des salaires, des revenus et des droits démocratiques !

    Pour une alternative des travailleurs, des travailleuses et des personnes pauvres pour sauver des vies, pour sortir de la crise et reconstruire le pays sur des bases anticapitalistes et socialistes !

  • Face à la droite populiste et à l’extrême droite, il y a urgence !

    De Trump à Bolsonaro en passant par Viktor Orban, la montée du populisme de droite, de la droite traditionnelle et de l’extrême droite est la preuve la plus alarmante de la menace que représente le système capitaliste pour nos conquêtes sociales et les droits acquis il y a des décennies lors des précédentes vagues de lutte féministes et ouvrières.

    Extrait d’un article de LSR, notre organisation-sœur au Brésil

    Le président brésilien Bolsonaro – qui a un jour déclaré à une députée ‘‘Je ne te violerai jamais parce que tu es très moche’’ – ne cache pas sa misogynie et son racisme éhontés, ni ses liens avec le fascisme et les milices paramilitaires. Sans surprise, son ascension au pouvoir a créé une atmosphère qui exacerbe la violence à l’encontre des noirs, des LGBT+ et des femmes, en particulier celles de la classe ouvrière et les plus pauvres. Durant l’année de la campagne électorale, en 2018, les féminicides ont augmenté de plus de 4 % au Brésil. Les cas de violences sexuelles signalés cette même année ont grimpés de 4,1 %, et plus de la moitié des victimes sont des fillettes de moins de 13 ans. Les chiffres indiquent également qu’une femme est victime de violence domestique toutes les deux minutes.

    Dans ce contexte de crise sociale de plus en plus aiguë, il n’est pas surprenant que les femmes, en particulier les jeunes, les retraitées, les travailleuses, les noires et les pauvres aient été au premier plan des luttes contre Bolsonaro. Le soutien ouvert de Bolsonaro à la cupidité des entreprises, quel qu’en soit le coût, est illustré par des privatisations et la destruction de l’Amazonie.

    La seule manière de contester et de vaincre l’extrême droite est de construire un mouvement de masse de gauche qui affronte le capitalisme qui crée les conditions du mécontentement et de l’aliénation. Une nouvelle récession se profile, ce que l’élite politique et économique capitaliste ne manquera certainement pas d’exploiter pour approfondir la précarité qui frappe les travailleurs et les jeunes, ainsi que l’extrême inégalité de classe qui caractérise le capitalisme actuel.

    Nous nous efforçons de construire une aile socialiste féministe dans les mouvements contre le sexisme. Nous entendons par là une rupture décisive avec les courants du féminisme qui cherchent à s’accommoder des intérêts de l’establishment capitaliste et des élites économiques. Dans notre lutte collective, nous entendons développer la solidarité et l’alliance avec la classe ouvrière, les pauvres et les opprimés de tous genres et de toutes nationalités, à travers le monde, dans une lutte commune contre le capitalisme et pour la construction d’un mouvement de masse de la classe ouvrière et des opprimés pour une transformation socialiste de la société.

  • L’Amérique latine à nouveau en révolte contre le néolibéralisme

    Rassemblement Plaza Baquedano, Santiago, Chili. Photo : Wikipédia.

    L’Amérique latine est aujourd’hui redevenue l’un des épicentres de la lutte de classe internationale. La situation qui s’y développe comprend des éléments de révolution et de contre-révolution qui font immanquablement penser aux luttes magistrales du début de ce siècle. Mais à l’époque, les masses d’Amérique latine semblaient être seules à se soulever alors que nous connaissons actuellement une généralisation de la résistance de masse.

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Un collectif de personnes d’origine latino-américaine organise une manifestation de solidarité ce dimanche 15 décembre. Si le soulèvement de masse au Chili attire beaucoup d’attention, c’est toute la région qui est plongée dans un processus de révolution et de contre révolution. Plusieurs actions de solidarité ont déjà eu lieu en Belgique, mais ces diverses initiatives sont aujourd’hui regroupées en une seule marche contre le néolibéralisme. Le PSL soutient cette manifestation. Texte de l’appel // Evénement Facebook

    Les pays d’Amérique latine ne font pas exception à la tendance internationale. La plupart d’entre eux connaissent un ralentissement ou une stagnation économique, voire même un risque réel de crise financière aiguë. Cette situation et ses dramatiques effets sociaux jouent un rôle dans les soulèvements populaires et les défaites électorales de la droite néolibérale dans de nombreux pays. Même là où existe encore une certaine croissance économique, les conditions de vie ne font que se détériorer. Ces sociétés sont comme des cocottes-minutes prêtes à exploser à chaque instant. Il suffit de penser que le puissant mouvement de masse au Chili a explosé quelques jours à peine après que le président Sebastian Piñera ait qualifié son pays “d’oasis de stabilité” en Amérique latine !

    La crise des forces de droite

    Pendant plus d’une décennie et demie, plusieurs gouvernements autoproclamés progressistes et de centre-gauche se sont constitués à la suite de la marée montante de luttes au tournant du siècle. S’il est difficile de mettre dans le même sac les gouvernements de Lula et de Dilma Roussef au Brésil, de Rafael Correa en Équateur, de Chavez et de Maduro au Venezuela, de Cristina Kirchner en Argentine ou d’Evo Morales en Bolivie, il n’empêche que pendant un temps, la Colombie, le Pérou et le Chili étaient les seuls bastions du néolibéralisme dans la région.

    Les autres gouvernements, tous arrivés au pouvoir à la suite d’impressionnantes mobilisations de masse, adoptaient des mesures visant à une certaine redistribution des richesses, à des degrés variables, essentiellement en profitant du boom des matières premières du début du 21e siècle. Tous les gouvernements ne se sont pas confrontés de la même manière aux grands propriétaires terriens et aux grandes entreprises, mais même dans les pays où la confrontation fut la plus vive, comme en Bolivie et au Venezuela, le système capitaliste, bien qu’ébranlé, est resté en place.

    L’impact de la crise économique internationale de 2007-2008 et l’usure politique de ces gouvernements étaient restés soumis à la logique du capitalisme ont par la suite ouvert la voie à un certain retour de la droite politique, et même de l’extrême droite, dans un certain nombre de pays.

    Cela s’est produit sur le plan électoral par l’élection de Macri en Argentine en 2015, mais aussi par des méthodes de coups d’État, combinées à des élections, comme dans le cas du Honduras (2009), du Paraguay (2012) et, avec un impact beaucoup plus important, du Brésil en 2016. Au Venezuela, la défaite électorale du gouvernement Maduro lors des élections à l’Assemblée nationale de 2010 a donné lieu à un virage à droite et autoritaire du gouvernement tandis que la droite réactionnaire tentait explicitement de mener à bien un coup d’État commandité par l’impérialisme.

    A l’époque, certains parlaient d’un prétendu virage à droite de l’Amérique latine. Nous avons toujours défendu qu’il n’en était rien et que la désillusion suite aux faiblesses des gouvernements progressistes qu’instrumentalisaient les forces de droite ne signifiait en rien une adhésion au projet politique de ces dernières. Nous étions convaincus que les conditions matérielles de vie des masses sous le capitalisme conduiraient à de nouvelles explosions sociales.

    C’est d’ailleurs la faillite des forces de droite à établir une stabilité dans différents pays d’Amérique latine qui a contribué à l’échec des différentes tentatives de putsch au Venezuela. Malgré le profond virage de Maduro vers la droite, accompagné d’un autoritarisme de plus en plus marqué, la majorité de la population réalise qu’une alternative traditionnelle de droite serait encore pire.

    La principale caractéristique de la conjoncture actuelle est la crise des forces de droite revenues au pouvoir à cette époque, dans le vide laissé ouvert par les limites des gouvernements de centre-gauche ou progressistes. Cette crise se traduit par des défaites électorales de la droite, mais aussi par des mouvements de masse qui remettent en cause le système politique lui-même, comme c’est le cas de l’Équateur et du Chili.

    Contrairement aux processus politiques du début du siècle, la lutte de masse contre la droite néolibérale se déroule cette fois-ci à la suite d’une riche expérience, qui a révélé les limites des différentes variantes de centre-gauche et réformiste. Cela ouvre une situation d’intense polarisation dans laquelle peuvent se développer des forces de gauche désireuses d’assister les masses dans leur confrontation avec le système capitaliste, jusqu’au renversement complet de celui-ci.

    L’avertissement bolivien

    Le développement de telles forces est fondamental. Sans cela, l’atmosphère de crise et de polarisation peut aussi générer des impasses et de nouvelles frustrations qui ouvriront la voie à la droite réactionnaire, comme ce fut le cas au Brésil. D’autre part, le coup d’État de ce mois de novembre en Bolivie a une fois de plus démontré que l’establishment militaire, les propriétaires terriens et la bourgeoisie réactionnaire saisiront toutes les occasions d’imposer leur domination de la manière la plus brutale qui soit avec le soutien actif de l’impérialisme américain. Ce dernier a également imposé un embargo au Venezuela qui atteint aujourd’hui le même niveau que celui adopté contre Cuba, l’Iran ou la Corée du Nord.

    Le coup d’État en Bolivie est un signal d’alarme pour le Venezuela et toute l’Amérique latine. La Bolivie connaît une situation économique plus favorable que celle qui prévaut en général dans la région, mais même là, la droite et l’impérialisme américain ont profité de l’insatisfaction d’une partie de la population face à l’autoritarisme croissant du gouvernement Morales et de l’affaiblissement du gouvernement parmi sa propre base sociale – la population autochtone, les paysans et les travailleurs – pour promouvoir un coup d’État réactionnaire.

    Pendant des années, le gouvernement Morales a cherché à contrôler les mouvements sociaux, à freiner l’action indépendante des masses et à éliminer toute opposition à sa gauche. Même lorsqu’il a décidé de démissionner et de quitter le pays sous la pression des militaires et de l’extrême droite, Morales a continué à insister sur la réconciliation et non pas sur la lutte contre les putschistes. Les travailleurs et les peuples autochtones sont donc entrés en résistance affaiblis et sans direction conséquente. Cette résistance héroïque a directement illustré que le coup d’État n’allait pas automatiquement signifier un arrêt de la lutte des classes, mais plutôt une étape dans un processus complexe.

    En Bolivie et au Venezuela, le grand défi est de construire une alternative politique de gauche qui s’oppose clairement aux manœuvres de la droite et de l’impérialisme tout en s’opposant aux politiques pro-capitalistes de Morales et Maduro.

    Le retour de la grève générale

    Avec la situation économique actuelle, les gouvernements autoproclamés progressistes ne disposent plus d’une marge de manœuvre telle que celles dont ont pu bénéficier Chavez ou Morales. Ainsi, en Équateur, le gouvernement de Lenín Moreno a été récemment élu en utilisant la même rhétorique progressiste que celle utilisée par Rafael Correa. Mais face à la crise économique, Moreno s’est rapidement tourné vers la droite, a conclu un accord avec le FMI et a commencé à adopter des politiques néolibérales. Cela a fini par provoquer un soulèvement populaire de masse qui a repoussé le gouvernement.

    Une des données cruciales de la vague actuelle de luttes est le retour de l’arme de la grève générale, non seulement en Équateur, mais aussi en Bolivie en réaction au coup d’État, au Brésil, en Argentine et au Chili. L’Argentine a connu pas moins de cinq grèves générales contre la politique de Macri, un contexte de lutte qui a notamment assisté le mouvement de masse des ‘‘foulards verts’’ pour le droit à l’avortement. Aujourd’hui, d’un point de vue économique et social, l’Argentine vit une situation très proche de celle qui a déclenché le soulèvement populaire connu sous le nom de ‘‘Argentinazo’’ en décembre 2001, lorsque le président Fernando de la Rúa a dû démissionner sous pression de la rue et quitter le palais présidentiel en hélicoptère pour éviter la foule en colère.

    Au Chili, les grèves générales d’octobre et novembre furent une éclatante démonstration de force. Parallèlement, des assemblées locales se sont développées dans de nombreuses localités à travers le pays pour discuter de l’orientation du mouvement. Hélas, là non plus, il n’existe actuellement pas de parti révolutionnaire suffisamment implanté qui refuse la conciliation avec le régime et défende une assemblée constituante révolutionnaire des travailleurs et du peuple qui serait l’extension des assemblées et comités actuels. Un tel parti révolutionnaire défendrait la création de tels comités de base sur les lieux de travail et offrirait une réelle stratégie pour la prise du pouvoir par les travailleurs et les opprimés, le renversement du capitalisme et la mise sous propriété publique démocratique des secteurs-clés de l’économie.

    La période qui s’ouvre peut permettre le développement de telles forces socialistes révolutionnaires de masse, en tirant les leçons de la vague révolutionnaire ratée du début du siècle et de la faillite des gouvernements progressistes et de centre-gauche. L’organisation internationale dont est membre le PSL fera tout son possible pour s’impliquer dans la construction de ces outils de lutte qui sont les seuls à pouvoir offrir une issue favorable aux masses.

  • Brésil : Sauvez l’environnement, détruisez le système !

    Depuis les élections de 2018, l’orientation que prendraient les politiques environnementales avec Jair Bolsonaro à la présidence a suscité une vive inquiétude. Ses déclarations sur l’environnement ont toujours été controversées, parce qu’elles traitent toute considération pour la préservation de la forêt ou pour les peuples autochtones comme un obstacle à la croissance économique du pays.

    Par Bruna Leão, LSR (CIO=Brésil, article initialement publié le 29 août)

    Selon l’INPE (Institut national brésilien de recherche spatiale), entre août 2018 et juillet de cette année, 6 800 km² ont été déboisés, contre 4 500 km² pour la même période entre août 2017 et juillet 2018. Cela représente une augmentation de 64,8%. Selon l’agence gouvernementale IBAMA (Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables), les amendes infligées aux contrevenants en matière d’environnement en 2019 ont diminué d’un tiers par rapport à la même période l’an dernier. La baisse du nombre de sanctions coïncide avec une augmentation du nombre de cas de déforestation et d’incendies de forêt enregistrés en 2019.

    Le chaos environnemental dans lequel nous vivons est devenu évident le 19 août 2019, lorsque le ciel de la ville de São Paulo s’est obscurci à 15 heures en raison d’un nuage de fumée dû à l’incendie qui durait déjà depuis 16 jours en Bolivie, au Paraguay et dans les États brésiliens de Rondônia et d’Acre. Le vent des couches supérieures de l’atmosphère a changé de direction avec l’entrée d’un front froid, dirigeant la fumée vers São Paulo, mais aussi vers la région sud qui comprend les Etats de Mato Grosso, de Mato Grosso do Sul et de Paraná.
    Les feux de forêt ne sont pas rares à cette période de l’année, mais jamais à cette échelle. Selon l’IPAM (Amazon Environmental Research Institute), cette année a été la moins sèche des trois dernières années, de sorte que le temps sec ne peut être blâmé pour les incendies. Cependant, il y a eu une augmentation significative des incendies illégaux, d’environ 70 %, qui a contribué à l’augmentation des flambées de feux de forêt dans la région amazonienne.

    L’avancée de la déforestation est liée à la chasse aux profits écologiquement insoutenable des agro-industries qui contrôlent aujourd’hui le gouvernement. Même avant les coupes dans le Fonds Amazone, nous avons assisté à une augmentation drastique des incendies de forêt dans la forêt amazonienne. Les données de l’imagerie satellitaire quotidienne de l’INPE montrent qu’entre le 18 et le 19 août, 1 346 nouvelles flambées ont été observées dans le pays. Depuis le 15 août, il y a eu 9 507 nouveaux points de combustion. L’administration Bolsonaro avait déjà réduit les fonds de l’IBAMA, en particulier ceux destinés aux inspections et à la surveillance. Puis vint le licenciement récent du directeur de l’INPE, qui a défié le président en défendant les données techniques et scientifiques recueillies par l’institut. Dans le cadre de ce même processus de démantèlement de la protection de l’environnement, les universités publiques qui produisent les connaissances scientifiques et les professionnels qualifiés pour faire face à la situation environnementale du pays sont victimes de coupes budgétaires.

    L’intense soif de profit à tout prix, le renforcement du bloc “ruraliste” (représentant les intérêts des grands propriétaires fonciers) au Congrès, les attaques contre les territoires indigènes et les crimes contre l’environnement comme la rupture des barrages de Brumadinho et Mariana, font du Brésil un des plus grands pays victimes de la déforestation et l’un des plus grands utilisateurs de pesticides au monde. Tout cela s’est intensifié sous le gouvernement Bolsonaro, qui a déclaré la guerre à l’environnement avec ses politiques dévastatrices.

    Grève globale pour le climat

    Les grèves climatiques sont un phénomène en pleine expansion. Ils sont marqués par des jeunes insatisfaits de l’inaction des gouvernements et inquiets pour leur propre avenir, ce qui reflète une politisation croissante chez les jeunes. Un mouvement précurseur des grèves climatiques a eu lieu avant la Conférence de Paris sur le climat en 2015. Dans plus de 100 pays, environ 50 000 personnes sont descendues dans la rue, en arborant des banderoles qui liaient la crise environnementale à la crise sociale. L’intensification de la lutte contre le changement climatique a commencé à la fin de l’année dernière. C’est une jeune Suédoise du nom de Greta Thunberg, alors âgée de 15 ans, qui en est à l’origine. En août 2018, Greta a entamé une série de manifestations qui se sont transformées par la suite en mouvement “Fridays for Future”.

    Un certain nombre de mouvements différents au Brésil ont décidé de se joindre à la construction de la Grève mondiale du climat, appelée dans des dizaines de pays pour la semaine du 20 septembre. Cette mobilisation est aussi une réponse aux attaques du gouvernement Bolsonaro contre les peuples indigènes, l’Amazonie, le Cerrado (vaste région de savane tropicale au centre du Brésil), l’agroécologie et toute initiative qui propose une nouvelle relation entre l’être humain et la nature. Il y a une forte participation, en particulier des jeunes, à la grève mondiale comme moyen d’exprimer cette indignation dans la rue.

    Luttons pour le socialisme !

    Ce moment appelle à la construction d’un nouveau pôle d’attraction pour les luttes des travailleurs et des jeunes en faveur de l’environnement. L’État de São Paulo, comme une grande partie du nord-est et du milieu du Brésil, a déjà connu des crises de gestion de l’approvisionnement en eau (dues à la sécheresse ces dernières années), et connaît actuellement de graves problèmes de santé publique liés à la qualité de l’air. La population subit les conséquences directes sur l’environnement et la qualité de vie des décisions des gouvernements qui ne pensent qu’à eux-mêmes et non au peuple.

    Il est urgent de s’engager dans la lutte pour l’environnement et le climat. Le changement climatique aura des conséquences désastreuses, en particulier pour la classe ouvrière, comme les glissements de terrain, les incendies de forêt, les mauvaises récoltes, la faim, les maladies, les pluies extrêmes, les vagues de chaleur, les inondations et la sécheresse prolongée. La priorité pour nous, à gauche, est de tenir tête à ce système économique à courte vue, un système qui ignore la nécessité de conserver les ressources naturelles et qui n’est motivé que par le profit. Dans son livre Capital, Marx affirme que “tout progrès dans l’agriculture capitaliste est un progrès dans l’art non seulement de piller l’ouvrier, mais aussi de piller le sol”.

    Le système capitaliste conduit notre monde au chaos. Nous devons renverser ce système ! Nous ne pouvons changer les choses qu’en luttant pour une transformation socialiste de la société, avec les travailleurs aux commandes celle-ci. Nous disposons déjà des moyens techniques de planifier la production en fonction de nos besoins plutôt qu’en fonction du profit, et nous pouvons établir une utilisation rationnelle de toutes les ressources de la planète. Cela signifie de lutter pour une société socialiste démocratique, avec une planification démocratique des ressources à l’échelle internationale.

    La construction d’une force de lutte socialiste est la stratégie nécessaire pour répondre aux attaques du gouvernement Bolsonaro et du capitalisme. Construisons la grève internationale du climat en septembre et allions la force de la jeunesse à celle de la classe ouvrière et de tous ceux qui luttent contre la destruction de notre planète !

  • Pourquoi l’Amazonie est-elle détruite ?

    En juillet dernier, une nouvelle très inquiétante a circulé : on estime que depuis le début de l’année, lorsque Jair Bolsonaro a pris en main la présidence du Brésil, l’Amazonie a perdu une superficie forestière égale à un terrain de football par minute. Cette information est maintenant dépassée par une réalité encore plus sombre. Les innombrables incendies qui se sont déclarés au cours des dernières semaines dans la forêt tropicale détruisent des écosystèmes extrêmement importants et aggravent encore l’effroyable déforestation de l’Amazonie.

    Par Electra Klitsa, Xekinima (Grèce)

    Le ciel de villes majeures du Brésil et d’autres pays d’Amérique latine s’est noirci de fumées. L’impact de cette catastrophe aura de terribles effets sur l’atmosphère, non seulement à la suite des incendies eux-mêmes, mais également en raison de la destruction d’une forêt qui absorbe de grandes quantités de dioxyde de carbone. Le climat de la région en souffrira car il dépend de la forêt amazonienne, mais il faut également penser à la perte d’une partie considérable de la biodiversité de la forêt amazonienne, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs sur le globe.

    Pour comprendre l’ampleur du phénomène, il suffit de savoir que d’après un article de 2017, une nouvelle espèce de flore ou de faune est découverte en Amazonie tous les deux jours. Nous perdons donc aujourd’hui des espèces donc ne connaissons même pas l’existence. Certaines d’entre elles auraient pu être utiles à toute l’humanité pour leurs propriétés curatives. D’autres jouaient peut-être un rôle clé dans l’équilibre de la chaîne alimentaire et leur extinction va peut-être contribuer à celle de nombreuses autres.

    Les Amérindiens

    Au-delà des plantes et des animaux, cependant, il y a des êtres humains. Non seulement les habitants de la planète et les générations futures qui seront touchées indirectement et à long terme par la catastrophe, mais aussi les habitants de la forêt amazonienne d’aujourd’hui.

    Des tribus autochtones persistent à vivre dans la forêt, la protègent et en dépendent pour leur existence. Certaines de ces tribus disparaîtront avec la nature de la région sans que leur existence ne nous ait jamais été connue. D’autres sont connues non seulement pour leur grand patrimoine culturel, mais également pour leurs grandes luttes contre l’épidémie de “croissance” dévastatrice en Amazonie. L’une des figures les plus emblématiques de cette lutte est Chico Mendes, assassiné en 1988 pour avoir tenté d’organiser les peuples autochtones contre la destruction de la forêt qui était leur foyer et leur moyen de survie.

    Aujourd’hui, ses assassins – les grandes entreprises agricoles et minières et les gouvernements qui les servent – continuent leur oeuvre destructrice en brûlant l’Amazone.

    Une forêt géante “dérangeante”

    Dans la plupart des cas d’incendies de forêt, il faut être prudent et disposer de preuves concrètes avant de parler d’incendie criminel, voire même spécifiquement planifié. Mais dans le cas de l’Amazonie menacée depuis des décennies et tout particulièrement lorsque d’innombrables incendies éclatent simultanément dans d’innombrables endroits, il est pour le moins naïf de parler de hasard. Après les bulldozers, visiblement trop lent, le big business a fait appel aux incendies.

    Mais pourquoi l’Amazonie est-elle détruite? Que veulent ceux qui s’attaquent au cœur de cette « inutile » forêt ? Dernièrement, les sociétés d’extraction de pétrole et d’or harcèlent de plus en plus les communautés autochtones qui protègent les forêts amazoniennes. Les entreprises agricoles et d’élevage rêvent de convertir encore plus de forêt en cultures et en pâturages. La plus grande partie de la forêt tropicale n’est plus que cela: de nouvelles fermes et de nouveaux champs. Mais de combien de champs a-t-on besoin sur la planète? Les champs existants ne leur suffisent-ils pas ? Après tout, la destruction de l’Amazonie ne date pas d’aujourd’hui, mais dure depuis de nombreuses décennies.

    Des champs à usage unique

    Non, les champs ne leur suffisent pas, car le sol de l’Amazone n’est pas fait pour produire du soja. Il convient à la préservation de forêts tropicales séculaires, mais est très pauvre en éléments nutritifs nécessaires à la production agricole.

    Ainsi, après un ou deux ans de production, le “champ” devient obsolète. Rapidement, les entreprises agroalimentaires recherchent un autre “champ” dans un autre endroit tout aussi inapproprié de l’Amazonie. Des siècles d’histoire naturelle, des richesses naturelles incalculables, un patrimoine culturel, une biodiversité non cartographiée, des vies humaines sont en train d’être détruites pour une production agricole qui n’a une durée de vie que d’un an ou deux. Cette image résume l’absurdité absolue que l’on appelle le système capitaliste.

    Un pantin efficace

    Si la situation n’était pas si tragique, il y aurait presque de quoi en rire. Le président brésilien a clairement expliqué dès le premier jour de son accession au pouvoir que la forêt amazonienne est un obstacle pour les grandes entreprises. Et sa principale vocation est de servir les intérêts de ces dernières. Selon lui, ce sont les organisations environnementales actives dans la région qui sont responsables des incendies alors qu’il a livré l’Amazonie aux grands intérêts commerciaux qui déterminent le destin de la planète !

    Ces entreprises mettent en jeu la survie de la nature et des êtres humains. Cette absurdité n’a qu’une issue. Nous la renverserons ou elle nous détruira.

    Notre section-soeur brésilienne, LSR, a participé aux actions contre Bolsonaro et le big business

  • Rassemblement à Bruxelles : Rebel for the Amazon

    Rassemblement devant l’ambassade du Brésil ce lundi à Bruxelles

    A l’initiative d’Extinction Rebellion Belgium.

    11h, devant l’ambassade d’ambassade du Brésil à Bruxelles, 350 Avenue Louise, 1050 

    La forêt amazonienne est en flammes. Elle représente 20% de la production mondiale d’oxygène et est essentielle dans la lutte contre le changement climatique !

    Sous le régime de droite dure de Bolsonaro, la déforestation industrielle est montée en flèche. Les mesures de protection ont été abolies et l’agro-industrie se frotte les mains. L’Institut national de recherche spatiale (INPE) a annoncé que 3.500 kilomètres carrés de forêt vierge avaient déjà disparu cette année. La réaction de Bolsonaro ? Démettre immédiatement de ses fonctions le directeur de l’institut.

    Depuis le début de l’année, 75.000 incendies ont été recensés, soit presque deux fois plus que l’an dernier. On peut supposer qu’il ne s’agit pas d’incendies spontanés, il y a eu trop de pluie ces derniers mois pour cela. Il s’agit d’une intervention délibérée de l’agro-industrie dans la recherche de nouveaux et plus grands profits. C’est un exemple clair de la façon dont des représentants du capitalisme comme Bolsonaro contribuent à la destruction de notre planète par de grandes entreprises. Nous avons besoin d’une alternative socialiste à ce système pourri !

  • Brésil : L’enseignement entre en lutte contre Bolsonaro

    Le 15 mai dernier, des centaines de milliers d’enseignants et d’étudiants ont déferlé dans les grandes villes du Brésil pour défendre les universités menacées par d’importantes coupes budgétaires. La marée humaine a déferlé dans 27 États et 188 villes du Brésil ! Jamais jusqu’ici le président populiste de droite Bolsonaro n’avait eu à faire face à un tel mouvement de contestation.

    Depuis son arrivée au pouvoir en janvier dernier, Jair Bolsonaro n’a eu de cesse de mener une chasse au ‘‘marxisme culturel’’ sous le prétexte d’éliminer ‘‘l’endoctrinement gauchiste’’ de la jeunesse. Le ministre de l’Éducation avait évoqué une réduction des fonds publics alloués aux départements de philosophie et de sociologie des universités en avril dernier, ce qui avait évidemment provoqué un tollé considérable. Ensuite, le même ministre a annoncé le gel de 30 % des subventions à 3 universités accusées d’agitation politique… avant de généraliser la mesure à toutes les universités !

    Selon un sondage publié début avril par l’institut Datafolha, depuis 1990, aucun chef d’État brésilien n’avait vu sa cote de popularité chuter si vite en trois mois temps, y compris parmi ses propres électeurs. Son arrivée au pouvoir s’explique par l’approfondissement de la crise économique et sociale et par les multiples scandales de corruption qui ont touché l’élite politique, notamment le PT (Parti des Travailleurs) précédemment au pouvoir. Ses solutions ne vont cependant qu’exacerber les problèmes déjà profonds, au grand plaisir des riches et au détriment des travailleurs.

    La contestation de masse a donc largement débordé le thème de l’enseignement pour aborder les piliers de la politique de Bolsonaro : le port d’arme (il veut autoriser le port d’arme pour tous) et la contre-réforme des retraites profondément antisociale. C’est ainsi que l’on a pu lire ‘‘Des livres oui, des armes non !’’ sur les pancartes et banderoles des manifestants, au côté d’autres slogans tels que ‘‘L’éducation n’est pas une dépense, c’est un investissement’’, ‘‘Sans investissement, pas de connaissance’’ ou encore ‘‘Ou ils stoppent les coupes (budgétaires) ou on stoppe le Brésil’’.

    Ce dernier slogan est d’une importance capitale, car il aborde la nécessité d’une grève générale. La mobilisation actuelle du secteur de l’enseignement a en effet le potentiel de cristalliser toute la colère et les multiples luttes (indigènes, mouvement des femmes,…) qui se sont développées depuis l’élection de ce président ultra-réactionnaire qui n’a pas hésité à célébrer fin mars le coup d’État militaire de 1964.

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