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Tag: Bolivie
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Au Chili comme partout en Amérique Latine, Etudiants et travailleurs se radicalisent!
Un étudiant d’EGA a visité la section soeur du MAS/LSP au chili “Socialismo Revolucionario”. Il vous partage son opinion de la situation là-bas. Il faut savoir que le Chili n’est pas un pays coupé de son continent et les développements qui y ont lieu sont le fruit de ce qu’il se passe plus généralement en Amérique Latine.
Pablo N.
Tout d’abord, il y a un réel processus révolutionnaire enclenché dans la majorité des pays d’Amériques Latines : des gouvernements de gauche et de centregauche fleurissent partout, les gens se radicalisent et il y a de plus en plus de mobilisations et de luttes des travailleurs et des paysans extrêmement fortes.
Les pays les plus avancés dans ce processus et où celui-ci est le plus dynamique sont, évidemment, le Vénézuela, la Bolivie et l’Equateur. Le Vénézuela est d’ailleurs vu, au Chili, comme un exemple de lutte contre l’impérialisme et le capitalisme, et Chavez est considéré comme « un Président pour les pauvres ». En effet, chaque année, il offre des voyages pour les Chiliens des quartiers pauvres afin se faire soigner au Vénézuela.
Cependant, le Président vénézuelien est non seulement attaqué politiquement par la droite mais aussi par le gouvernement chilien qui voit d’un mauvais oeil que sa population, qui en a assez des inégalités sociales, se radicalise en suivant l’exemple vénézuelien.
En effet, le Chili est un pays qui se porte très bien (dans les chiffres) au niveau de la croissance, de la production et de l’exportation, mais les richesses ne sont pas redistribuées : plus de 23% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et plus généralement 80% de la population a un très mauvais niveau de vie que cela soit pour les salaires, l’enseignement ou encore la santé. Le salaire moyen au Chili (160.000 pesos) est inférieur au salaire nécessaire pour vivre (180.000 pesos) selon les économistes capitalistes !
Depuis le retour de la démocratie au Chili (1990), le pays a connu 17 ans de gouvernement de la « Concertacíon » regroupant le Parti Socialiste, la Démocratie Chrétienne, le Parti Radical et le Parti Pour la Démocratie (centre-gauche), mais aucun changement profond n’a eu lieu. Les inégalités sont les mêmes que sous la Dictature de Pinochet (même parfois pires) et la Constitution et beaucoup de lois en application datent de la Dictature. Un Chilien m’a dit une phrase assez cynique représentant bien la situation : « La différence entre la période de dictature et maintenant, c’est que maintenant on peut élire qui va appliquer la politique néolibérale de Pinochet. »
Il existe donc un réel mécontentement contre la politique de la Concertation. Les écoliers chiliens ont été les premiers à se révolter avec la « Revolucíon Pingüina» (Révolution des pingouins, car ils portent des uniformes) qui revendiquait toute une série de mesures sociales. Cette révolte a été l’élément déclencheur d’une prise de conscience que la jeunesse et plus largement la population chilienne fait partie d’une classe sociale opprimée et qu’elle doit se battre contre le capitalisme. Cet évènement a de plus montré le vrai visage de la Concertation qui est vu actuellement par beaucoup comme un gouvernement incompétent et au service des plus riches. J’ai trouvé très peu de Chiliens près à soutenir le gouvernement actuel.
Il y a d’ailleurs eu une journée nationale de mobilisation syndicale à l’appel de la CUT, Centrale Unitaire des Travailleurs (qui est la centrale syndicale du Chili), contre les politiques néo-libérales du gouvernement le 29 août.
Une grande manifestation a été organisée à Santiago (la capitale) à laquelle j’ai participé. Malgré qu’elle ait été interdite par le gouvernement elle a quand même eu lieu. La répression a été très dure de la part de la police (Gaz lacrymogènes, autopompes, charges de la police montée,…), il y a eu plus de 800 arrestations. J’ai été fort impressionné par le nombre d’écoliers et d’étudiants présents et par la combativité et la détermination des manifestants.
Il ne fait aucun doute que, comme partout en Amérique Latine, des luttes de plus grande ampleur vont avoir lieu, car la population est consciente que ce système n’apporte que la misère et l’exploitation et que « el pueblo unido jamás sera vencido » (le peuple uni ne sera jamais vaincu).
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Retour sur les idées du Che 40 ans après sa mort
Le 9 octobre marquera les 40 ans de l’assassinat de (du) Che Guevara par la CIA alors qu’il menait une lutte révolutionnaire en Bolivie, après avoir combattu à Cuba et au Congo dans le but de renverser l’exploitation impérialiste. La Bolivie est justement un de ces nombreux pays d’Amérique Latine où se déroule actuellement une forte radicalisation des masses face au capitalisme. Cette radicalisation pousse certains dirigeants populistes de gauche comme Chavez au Venezuela à adopter des mesures anti-néolibérales et à faire référence notamment aux idées socialistes du Che.
La Révolution Cubaine
Une lutte à laquelle prit part le Che fut celle que menait le Mouvement du 26 juillet (M26-7) de Fidel Castro à Cuba pour renverser la dictature de Batista, soutenue par les USA. Alors que le Che était déjà un marxiste convaincu, le M26-7, lui, ne présentait pas de perspectives socialistes. Le programme présenté par Fidel Castro était celui d’une révolution démocratique bourgeoise, ne dépassant pas les frontières nationales.
Le M26-7 remporta cette lutte en 1959, à l’issue d’une guérilla de trois ans. La révolution inquiétait l’impérialisme américain car, bien que n’étant pas socialiste, elle entravait les intérêts américains dans l’île. La réforme agraire, par exemple, n’arrangeait en aucun cas United Fruit qui possédait plus de 100 000 ha à Cuba.
La contre-révolution
Dès lors, la contre révolution eut lieu, avec notamment la tentative d’invasion manquée de la baie des cochons. Une telle tentative est courante dans l’histoire de l’Amérique latine, que les USA considèrent comme leur chasse gardée. Ainsi les USA renversèrent entre autres Arbenz au Guatemala et Allende au Chili car ceux-ci menaçaient les énormes profits américains dans ces pays.
Néanmoins, à Cuba, la contre- révolution échoua et cela eut de l’importance. Castro en arriva à la conclusion que la révolution ne vaincrait qu’en expropriant les capitalistes, ceux-ci étant à la base de la contre-révolution. Au final, ceci prit forme avec la mise en place de l’économie planifiée. La présence de l’URSS fût, elle aussi, un facteur déterminant dans ce monde bipolaire.
Le fait est que le M26-7 n’avait pas de perspective socialiste, et lorsqu’il dût mettre en place une économie plani- fiée, il se tourna vers l’URSS et en copia des éléments bureaucratiques.
Si l’économie planifiée permit des avancées sociales inouïes dans l’éducation, le logement et les soins de santé, il faut noter que la bureaucratie est apparue comme un frein à ce développement.
L’attitude du Che
Contre l’avis du Che, cette bureaucratie, poussée par l’URSS, a par exemple préféré persévérer dans une monoculture sucrière plutôt que de procéder à une industrialisation plus poussée. Le Che décrit très vite ces problèmes liés à la gestion bureaucratique.
En outre, étant marxiste, Che Guevara défendait une optique internationaliste de la révolution. Ainsi, il partît pour le Congo et ensuite la Bolivie où il tenta de répliquer le modèle de la guérilla cubaine victorieuse. Ce fut un échec et il finit par le payer de sa vie, assassiné dans un maquis bolivien. Une première conclusion s’impose : le Che connut la limite de la guérilla, confronté au banditisme au Congo et à l’isolement en Bolivie.
Le rôle des masses
A Cuba, la révolution fut menée par un groupe restreint de personnes décidées,. Les masses ouvrières et paysannes ne participèrent pas réellement au processus révolutionnaire. Or, la prééminence de la classe ouvrière est indispensable pour mener une révolution : les travailleurs sont capables de plonger l’économie dans l’immobilité via une grève insurrectionnelle révolutionnaire. Avec la mise sur pied de comités de grève, un pouvoir parallèle peut voir le jour. Pouvoir qui prendra alors le dessus par rapport au pouvoir en place, et ce, grâce à la gestion et au contrôle des moyens de production par la population. Ces comités sont les premiers pas vers une démocratie ouvrière indispensable à la construction d’une société socialiste.
Ainsi, un parti révolutionnaire dans lequel s’organiserait la partie la plus consciente des masses laborieuses est nécessaire. A Cuba, un tel parti ayant une perspective socialiste internationale était absent.
Les masses ne furent donc pas impliquées dans le processus révolutionnaire, ce qui ne permit pas l’instauration d’une réelle démocratie mais bien l’émergence d’une bureaucratie, avec ses privilèges, ses dérives économiques et le danger d’une restauration capitaliste, comme ce fut le cas en URSS.
Actuellement, de nombreux mouvements de masses émergent en Amérique Latine et présentent des éléments révolutionnaires. Quand certains se réfèrent aux idées socialistes du Che, il est crucial de pouvoir tirer les leçons du passé en soulignant l’importance d’un parti révolutionnaire international. Celui-ci permettra d’organiser les travailleurs internationalement vers le socialisme, car l’exploitation ne connaît pas de frontières.
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Ecole d’été du CIO: Une alternative au capitalisme est nécessaire et possible !
Plus de 300 membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, l’organisation internationale dont le MAS/LSP fait partie) venus essentiellement d’Europe mais aussi d’Amérique, d’Asie et d’Afrique se sont rassemblés début août pour une semaine de discussions et d’analyses politiques.
Els Deschoemacker
Un grand thème de discussion cette année a été la possibilité d’une nouvelle crise économique dans la foulée de la crise boursière de cet été et les conséquences qu’une telle crise aurait pour le capitalisme mondial. L’autre fait marquant a été la radicalisation de la lutte pour le socialisme en Amérique Latine qui peut jouer un rôle d’exemple pour les travailleurs partout dans le monde.
Cette lutte se développe à un moment où capitalisme connaît des problèmes grandissants, sur le plan économique et politique. Les interventions impérialistes en Irak ou en Afghanistan ont mené à la misère et à l’instabilité sans apporter de victoires pour l’impérialisme. Parallèlement, des alliés-clés pour l’impérialisme américain connaissent des problèmes aigus et une instabilité croissante. C’est notamment le cas pour la Turquie et le Pakistan.
En Europe, le mécontentement envers la politique néolibérale augmente. Là où des formations crédibles de gauche existent, elles ont obtenu des scores électoraux parfois très importants comme aux Pays-Bas ou en Allemagne. Là où il n’y a pas de telles forces crédibles, la droite a gagné du terrain dans les élections et les gouvernements. Cela peut mener à des confrontations sociales et politiques plus dures dans lesquelles la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs apparaitra plus clairement et prendra une grande importante.
Pendant cette école d’été, nous avons eu des discussions plénières avec tous les participants mais également des commissions plus réduites permettant d’’avoir des discussions moins formelles. Ces commissions ont porté entre autres sur le rôle de la religion, notre travail jeune, le racisme et l’immigration, la position des femmes dans la société, notre travail en Afrique, la situation dans les pays de l’Europe de l’Est,…
L’école d’été s’est clôturée avec des rapports vivants des activités des sections du CIO partout dans le monde. L’année dernière, nous avons consolidé les premières bases de la construction d’une nouvelle section au Venezuela, nous commençons également à construire en Bolivie ou en Italie ert nous avons une série d’opportunités dans d’autres pays.
Dans la construction de nos sections nationales, nous sommes souvent confrontés à l’absence de partis politiques qui soient préparés à répondre au mécontentement existant dans la société et à lui offrir une réponse politique claire de rupture avec le capitalisme. La confusion idéologique qui a suivi la chute du stalinisme n’a certainement pas totalement disparu, malgré la croissance de la résistance active contre le néolibéralisme.
Le manque de clarté sur les possibilités d’une alternative au système peut freiner le développement d’une résistance active et des mouvements de lutte contre les attaques auxquelles nous sommes confrontés.
La croissance économique des dernières années était surtout basée sur une super-exploitation des travailleurs et sur une croissance du fossé entre riches et pauvres. Cette croissance économique a laissé un peu de marge de manoeuvre aux gouvernements.
Mais une crise peut mettre fin à ces marges de manoeuvre et amener patronat et gouvernement à lancer des attaques beaucoup plus dures. Cellesci pourront mener à une résistance, pour autant qu’il y ait des perspectives pour la construction des mouvements de lutte collective. Sinon la méfiance passive et la débrouille individuelle continueront à dominer.
Le CIO a construit des points de support partout dans le monde. Nous avons gagné une certaine autorité et du respect avec nos campagnes et nos interventions. Les possibilités pour la construction d’une alternative socialiste peuvent croître dans la prochaine période avec une ouverture plus grande pour des critiques anticapitalistes.
Nous devons nous préparer à des changements rapides et fondamentaux dans la conscience de larges couches de la population. En même temps nous devons continuer à mener des actions et à diffuser nos idées parmi ceux qui sont déjà maintenant ouverts à la discussion sur une alternative socialiste.
N’hésitez pas à rejoindre le MAS et donc aussi notre organisation internationale, le CIO. Ensemble avec vous, nous voulons lutter pour un monde plus juste, un monde socialiste !
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31 mars: Socialisme 2007
31 mars: Socialisme 2007
Pour la septième année consécutive, le MAS/LSP organise une journée de discussion nationale. Pourquoi ? Parce que nous pensons que la lutte contre le néolibéralisme et le capitalisme a besoin d’une alternative.
Nous y débattrons de thèmes importants, tant sur le plan international que national. Au niveau international, par exemple, nous parlerons de l’échec de l’impérialisme américain en Irak et au Moyen-Orient. Apporter la “démocratie” a-t-il été le réel motif de l’intervention? Quelles sont les conséquences de cette défaite et comment pouvons-nous mettre fin au cauchemar de la population irakienne ?
L’immigration et ses effets sur les conditions de travail seront un autre thème débattu. Comment élaborer un programme pour les travailleurs immigrés et belges et comment nous battre ensemble contre les profits grandissants faits sur notre dos? Un camarade de Pologne sera présent à ce sujet afin de parler de la condition des travailleurs polonais et de la manière dont nous pouvons arriver à faire un front commun.
Les nouveaux partis de gauche ont succité un intérêt grandissant l’année dernière et des expériences importantes ont été acquises notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, en Ecosse et en Italie. Pour en discuter, des camarades de chacun de ces différents pays serons là.
Dans la recherche d’une alternative à la société actuelle, les mouvements de lutte en Amérique latine occupent une place centrale. Au Venezuela, Chavez a fait un pas dans la direction d’une révolution socialiste, à Cuba, la maladie de Castro est une épée de Damoclès pendue au-dessus du pays et la Bolivie peut sombrer dans une guerre civile portant sur l’unité du pays. Des intérêts opposés sont en lutte, ceux des pauvres contre ceux des riches. Nous ferons état dans cette discussion des débats qui ont pris place au Congrès Mondial de notre organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), et des interventions de nos sections dans quelques-uns de ces pays.
D’autres thèmes seront encore abordés: l’histoire du trotskisme en Belgique, une réponse marxiste aux problèmes environnementaux, la critique d’un livre sur la révolution russe, la thématique des femmes au sein du mouvement ouvrier, etc.
Le grand débat électoral occupera toutefois une place centrale. Les orateurs ne sont pas encore définis, mais nous voulons que des candidats de gauche et des membres du Comité pour une Autre Politique (CAP) prennent la parole et se rencontrent afin de trouver une solution contre les programmes néo-libéraux et asociaux des partis de droite. Jef Sleeckx sera bien évidemment de la partie, mais nous nous adresserons au monde syndical et aux mouvements sociaux dans les semaines à venir pour leur demander de nous faire partager leur opinion.
Vu l’agenda bien rempli de ces prochains mois, il n’a pas été possible d’organiser un week-end entier. La participation sera donc moins élevée: entre 5 et 7 euros et nous espérons persuader trois cents personnes de venir engager le débat avec nous.
S2007 aura lieu le samedi 31 mars, à Bruxelles, dans les salles de l’ULB. La journée commencera au début de l’après-midi et finira le soir avec le débat électoral.
Vous pouvez vous inscrire en envoyant un mail à S2007@lsp-mas.be, ou en nous contactant au 02/345.61.81. Alors, on se voit le 31 mars?
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"Des soulèvements sociaux enflamment le Mexique"
"Des soulèvements sociaux enflamment le Mexique". Ceci était le titre de la Une du Wall Street Journal pour le week-end du 1-3 septembre. Le vendredi 6 octobre 2006, El País, le quotidien espagnol, comportait un article d’Ignacio Sotelo sous le titre, "Mexique : une situation pré-révolutionnaire". Ces articles révèlent la véritable étendue des batailles et luttes qui se déroulent en ce moment au Mexique, suite à un trucage des élections présidentielles de juin, qui a mené au pouvoir Felipe Calderón, le candidat de l’aile droite conservatrice, le PAN (Partido Acción Nacional – Parti Action Nationale).
Tony Saunois
Depuis lors, le centre-ville de Mexico City reste bloqué par un campement de dizaines de milliers de partisans de López Obrador, le candidat radical et populiste du PRD (Partido Revolucionario Democratico – Parti Révolutionnaire Démocratique).
Bien qu’il soit prématuré de décrire le Mexique, sur une échelle nationale, comme étant arrivé à un stade pré-révolutionnaire classique tel qu’il est compris par les marxistes, des éléments pouvant mener à cette phase commencent à se développer, et un soulèvement social massif se déroule.
Le dernier rassemblement de masse a été l’assemblée populaire à laquelle on estime qu’un demi-million de personnes étaient présentes, le 16 septembre 2006, jour de la Fête d’Indépendance. Cette assemblée élut Obrador "président" d’un gouvernement parallèle dont le but est d’organiser une campagne de masse de "protestation citoyenne" qui devra empêcher Calderón d’être intronisé à la présidence du pays le 1er décembre, et combattre les tentatives du gouvernement de mettre en oeuvre son agenda néolibéral.
Cette campagne a été accompagnée par des batailles massives de la classe salariée, des paysans et d’autres, durant toute cette année. Ces événements historiques ouvrent un nouveau chapitre dans l’histoire des luttes des masses mexicaines. Avec la grande tradition révolutionnaire mexicaine, qui prend sa source dans la période de 1910-20, la classe dirigeante du Mexique et la junte autour de Bush ont de quoi être terrifiés de la manière dont va se dérouler la suite des événements. En tant que seul pays "néocolonial" à partager une frontière avec une grande puissance impérialiste, il ne fait aucun doute que ces soulèvements auront des répercussions massives, pas seulement au Mexique et en Amérique Latine, mais aussi aux USA, avec leur forte population hispanique et mexicaine. Depuis la révolution de 1910-20, le Mexique s’est transformé et a maintenant une classe salariée puissante et bien éduquée, avec 55% de la main d’oeuvre employée dans le secteur des services. La population mexicaine a explosé de 15 millions en 1910, aux 100 millions actuels. En 1910, 29% des gens vivaient dans les villes, alors que ce chiffre s’élève maintenant à 75%. Cependant, l’histoire de la révolution mexicaine est bien implantée dans la conscience des masses.
Comme le disait le Wall Street Journal (01/09/06): "L’âpre bataille qui se déroule juste après les élections a révélé une facette du Mexique, que beaucoup assumaient ne plus se trouver que dans les livres d’histoire." Le même article comparait la situation actuelle, avec la période qui s’est ouverte en 1913 après l’assassinat du président Francisco Madero, "la période que les Mexicains appellent maintenant leur ‘révolution’". Enrique Krauze, un historien mexicain proéminent, et adversaire d’Obrador, avertit que "Il ne doit faire aucun doute que M. López Obrador représente une menace révolutionnaire. Ceci n’est pas une blague. J’espère qu’il n’y parviendra pas, et que la démocratie aura le dessus. Mais néanmoins, il est important que tout le monde réalise bien ce qui est en jeu." (WSJ, 01/09/06)
Toutefois, plutôt que López Obrador, la menace réelle vient de la puissance de la masse des salariés, paysans, étudiants, et autres exploités du capitalisme qui le soutiennent. Car, tout en dénonçant la corruption, la pauvreté et l’inefficacité, son programme radical est limité à une application au sein du système capitaliste, avec pour objectif de "faire le nettoyage" et de construire une forme plus "humaine" de capitalisme.
Ce que craint la classe dirigeante, et à juste titre, en ce qui concerne la montée au pouvroir d’Obrador, est qu’une telle victoire ouvre grand la porte à des mouvements massif de grèves et d’occupations d’usines, afin d’exiger du gouvernement qu’il dirigera, d’aller bien plus loin que ce que lui-même avait l’intention de faire au début. Il est clair que le nouveau gouvernement de Calderón, s’il est capable de s’asseoir sur sa chaise de président, n’aura ni crédibilité, ni autorité. Des luttes massives sont imminentes, et beaucoup ont déjà lieu.
Même avant les élections présidentielles, des milliers de mineurs à Lázaro Cárdenas, dans l’état du Michoacán, ont été impliqués dans une rude grève qui a vu des conflits avec la police, et au cours de laquelle deux mineurs ont perdu la vie.
Les métallurgistes ont aussi connu un mouvement de grève de 141 jours, qui a fermé le port, qui a impliqué des batailles rangées entre policiers et grévistes, et l’incendie de deux des bureaux de leur entreprise. Les métallos n’ont pas seulement gagné chacune de leurs revendications, mais ils sont aussi parvenus à forcer l’enterprise à les dédommager de leur salaire pour chaque jour de grève.
Le Mexique a une classe salariée puissante et fortement syndiquée, avec 10 millions de syndicalistes. La plupart sont dans les syndicats officiels liés à l’ancien régime du PRI (Partido Revolucionario Instituciónal – Parti Révolutionnaire Institutionnel) qui a dirigé le Mexique pendant plus de 70 ans sous un système de plus en plus corrompu et répressif, et qui incluait dans son économie un très fort secteur de corporation d’Etat.
Arrivé au pouvoir en 2000, le PAN néolibéral agit en faveur du capitalisme et de l’impérialisme. Il est maintenant impatient de pouvoir mettre la main sur le pétrole, l’électricité, l’eau et les autres services publics – qui appartiennent tous à l’Etat – pour pouvoir les revendre. Même les dirigeants corrompus des syndicats officiels sont maintenant obligés d’agir, sous pression de leurs membres, mais aussi pour défendre leurs propres intérêts.
400 000 travailleurs de la sécurité sociale menacent de partir en grève dès la mi-novembre. Le dirigeant du syndicat est un partisan d’Obrador. Maintenant, la direction des travailleurs de l’électricité à Mexico City menace aussi de partir en grève contre les investissements privés, et soutient Obrador. Lors d’un rassemblement de masse, Fernado Amezcua, un haut dirigeant syndical, a déclaré que "Nous ne permettrons pas le pillage de nos ressources nationales". Sous l’ancien régime du PRI, la direction syndicale collaborait à la politique en tenant leur base à carreau, en échange de concessions de la part du secteur d’Etat. Mais maintenant, avec ces menaces, des luttes majeures de la classe salariées sont en cours d’éruption.
D’énormes concessions (pour le monde néocolonial) ont été remportées par la classe salariée mexicaine, et que la classe dirigeante aimerait remettre en cause. Les investisseurs impérialistes veulent réformer le Code du Travail, introduit dans les années 30 (sous le régime radical-populiste de Cardenas – qui avait nationalisé l’industrie pétrolière, et accordé l’asile politique à Léon Trotsky). Ce Code assure que le plus haut salaire qui aurait été accordé par une entreprise à ses travailleurs, devient automatiquement le salaire de tous les travailleurs du même secteur ! Et cela, même, dans les entreprises où il n’y avait pas de représentation syndicale. Même Calderón n’ose pas encore attaquer cette partie du Code du Travail, de peur de provoquer une nouvelle explosion encore plus large.
Pourtant, tous les analystes craignent que ce que seront les batailles à venir au Mexique, est ce que l’on peut déjà voir dans l’état d’Oaxaca, dans lequel une insurrection populaire est maintenant en cours. Ce qui a commencé par une grève militante des professeurs pour leurs salaires, s’est maintenant développé en une insurrection de masse, qui demande la démission du gouverneur de l’état, Ulises Ruis, membre du PRI.
70 000 enseignants sont maintenant en grève dans cet état, depuis début mai, bloquant l’accès aux cours pour 1,3 millions d’étudiants. Pour toute cette période, l’état a été contraint de leur payer leur salaire plein. Ces professeurs ont une très forte tradition militante. Chaque année depuis les années 80, ils sont partis en grève en demandant une hausse de salaire supérieure à celle accordée par les négociations entre le gouvernement et la direction syndicale nationale. En général, après une manifestation à Mexico City, ils gagnaient quelques centaines de dollars de plus. Mais cette année, lorsque les négociations sont arrivées à leur terme, ils ont simplement demandé 100 millions de dollars, et ont entamé une grève. Le chef des enseignants d’Oaxaca, Enrique Rueda, a résumé l’attitude des professeurs en ces termes : "Nous avons appris à nous battre pour chaque chose que nous obtenons, parce que sinon, personne ne nous accorde aucune attention."
Depuis trois mois, la capitale de l’état est assiégée. Les touristes ne vont plus visiter la petite cille coloniale. Le gouverneur se cache, et le congrès de l’état ne peut plus se rassembler qu’en secret dans un hôtel. L’Assemblée Populaire d’Oaxaca (APPO), formée pour soutenir les professeurs, est un organisme de coordination pour des centaines d’organisations sociales, syndicales, indigènes et politiques, qui a virtuellement pris à sa charge la gestion de la ville, y compris la sécurité. La police a disparu, et n’apparaît qu’en secret, pour tirer au hasard sur tous les activistes qu’ils croisent. Des groupes de jeunes, avec des bandanas pour recouvrir leur figure, parcourent la ville, et il y a des groupes de professeurs au coin des rues, dont bon nombre sont armés de machettes, et qui arrêtent tous ceux qu’ils jugent suspects.
L’APPO a implémanté un couvre-feu dès 22h, et a interdit la prise de photos, à cause de la surveillance de la police. Les insurgents ont pris le contrôle de huit stations de radio privées pour diffuser leurs revendications et leurs appels à l’action, afin de coordiner le mouvement. Le gouverneur d’état a peur d’apparaître en public, les juges d’état se cachent dans leurs maisons : toute la ville est en pause. On voit donc ici des éléments de double pouvoir et de situation pré-révolutionnaire. Ceci signifie que la vieille machine d’Etat capitaliste n’est plus totalement contrôlée, et qu’une partie de ses fonctions ont été reprises par la classe salariée et ses partisans, mais que les travailleurs n’ont pas un contrôle total, et que la vieille machine d’Etat existe toujours, bien qu’affaiblie.
Une telle situation ne peut continuer indéfiniment – et surtout pas si elle est isolée à un seule état. Le mouvement peut toujours s’essoufler, ou même être écrasé. Le gouvernement s’est abstenu d’intervenir brutalement jusqu’ici, de peur de provoquer une crise encore plus profonde. Toutefois, de telles mesures pourraient être tentées à un certain stade, de sorte à essayer d’intimider les masses sur le plan national, et de leur ôter toute envie de tenter ailleurs une telle rébellion. Alors que la revendication centrale du mouvement s’est centrée sur la démission du gouverneur, il est urgent que le mouvement à Oaxaca se répande et entreprenne toutes les démarches possibles afin de gagner le soutien des masses nationalement, ce qui inclut des manifestations et des grèves nationales, en solidarité avec les gens d’Oaxaca. Obrador a gardé ces distances vis-à-vis de ce mouvement, et a insisté pour que la lutte nationale se limite à "une protestation citoyenne et pacifique", ce qui est très révélateur. Pourtant, cette rébellion à Oaxaca n’est qu’un avant-goût des mouvements à venir au Mexique, au cours des prochains mois ou années.
Tandis que se développe cette lutte au Mexique, la nécessité pour la classe salariée de développer ses propres organisations, parti et programme indépendants afin de renverser le capitalisme, devient de plus en plus pressante. Une tâche urgente, consiste à se battre pour la démocratisation des syndicats, qui sont toujours dirigés par une puissante bureaucratie antidémocratique sur des lignes corporatistes. Des élections démocratiques et libres pour la direction syndicale, et le contrôle démocratique des syndicats par la base, sont une étape urgente et cruciale.
En même temps, une campagne pour une grève de 24h, nationale et générale, doit être lancée, en tant que premier pas pour empêcher l’intronisation de Calderón. Une campagne de désobéissance civile, comme celle qui est proposée par Obrador, n’est pas suffisante pour infliger une défaite aux gangsters corrompus qui ont volé les élections au peuple mexicain.
Des comités de lutte démocratiquement élus doivent être établis dans tous les lieux de travail, universités et quartiers ouvriers, ouverts aux paysans et aux autres personnes opposées au système existant. De tels comités, dont les délégués doivent être élus, révocables et pleinement responsables devant des assemblées de masse, doivent être structurés à l’échelle des villes, des districts, des états, et du pays tout entier. De tels organes peuvent devenir une expression et une organisation réellement démocratique du mouvement, et former la base qui permettra de mener encore plus loin les luttes, d’une manière coordonnée.
A partir de ce mouvement, une autre nécessité urgente se pose à la classe salariée, celle de construire son propre parti, un parti qui combattra pour ses intérêts, et qui développera un programme révolutionnaire et socialiste. Obrador a déclaré que le Mexique "a besoin d’une révolution". Toutefois, il s’imagine cette révolution se déroulant dans le cadre du capitalisme. Ce dont nous avons besoin, est une révolution qui brisera le corset étroit que voudrait lui imposer le capitalisme et le féodalisme au Mexique. Si ceci n’est pas réalisé, il ne sera pas possible de remplir les attentes des masses qui se sont ralliées à la campagne d’Obrador.
Les luttes afin de prévenir Calderón d’être intronisé, et contre son gouvernement s’il devait quand même être formé, doivent faire partie de la lutte pour un gouvernement des salariés et des paysans avec un programme socialiste révolutionnaire. En liant ce mouvement à ceux qui se déroulent en Bolivie et au Venezuela, et à l’achèvement de la révolution socialiste dans ces pays et la mise en place d’une véritable démocratie ouvrière à Cuba, il sera possible d’établir une fédération socialiste démocratique de ces pays avec le Mexique. Le capitalisme et le féodalisme pourraient commencer à être défiés à travers toute l’Amérique Latine, et la porte vers le soutien des travailleurs et des pauvres aux USA, à s’ouvrir. C’est ce défi, qui se dresse maintenant devant les socialistes et les travailleurs au Mexique, tandis que la lutte deviendra de plus en plus aigüe dans les mois et années à venir.
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Bolivie. Morales va-t-il s’engager sur la voie du socialisme?
Evo Morales a été élu Président de Bolivie à la fin de l’année passée. Cette victoire électorale a prolongé un mouvement d’ampleur qui a paralysé le pays pendant des semaines et qui a chassé l’ancien président Mesa. Depuis lors, les masses sont déjà entrées en action et Morales a dû procéder à des nationalisations limitées.
Les mouvements qui ont déjà eu raison de plusieurs présidents boliviens étaient la conséquence de plusieurs années d’ultra-libéralisme. Cette politique n’a profité qu’aux grandes multinationales étrangères qui ont fait des milliards de bénéfices en Bolivie. Le pays a les deuxièmes plus grandes réserves de gaz du continent, mais est en même temps l’un des plus pauvres.
Morales doit son élection à un espoir de changement. La pression sur lui en est d’autant plus forte. Il a annoncé qu’il relèverait le salaire minimum et les salaires des enseignants et qu’il diminuerait de moitié les salaires (y compris le sien) des hauts dirigeants.
Le 1er Mai, Morales a annoncé qu’une grosse part des revenus du pétrole et du gaz reviendraient désormais à la Bolivie. Les multinationales pourront rester, mais elles devront céder une grande partie de leurs bénéfices (82%). Les entreprises qui refuseraient de s’y résoudre seraient totalement nationalisées.
Morales a tenu une partie de ses promesses électorales avec ses mesures, mais la population exige la nationalisation complète des richesses du sous-sol. La COB, la fédération syndicale nationale, menaçait encore la veille du 1er Mai d’une grève générale le 4 mai pour y contraindre le gouvernement.
La mesure va surtout frapper Petrobras (Brésil), Repsol (Espagne) et, dans une moindre mesure, aussi Total (France). Le gouvernement table sur quelque 320 millions de dollars supplémentaires par an grâce à cette mesure. On peut faire beaucoup de choses avec cet argent afin de corriger les effets de décennies de régression sociale.
Une partie de la COB exige à raison la nationalisation totale sous contrôle ouvrier. Ce n’est qu’alors qu’on pourra utiliser effectivement la richesse produite pour satisfaire l’entiereté des besoins des travailleurs et de leurs familles et en finir avec la pauvreté, le chômage, le manque de logements, …
Cela ouvrirait la voie à un véritable “socialisme du 21e siècle”. La question du socialisme revient à l’ordre du jour en Bolivie comme au Vénézuéla. L’instauration effective d’un système de démocratie ouvrière doublée d’une collaboration entre ces deux pays et Cuba serait un pas important en direction d’une fédération socialiste démocratique sur le continent.
La direction du MAS au pouvoir s’en tient pourtant à la “théorie des étapes” du Parti communiste bolivien. Le vice-président, Alvaro Garcia Linera, pense que le socialisme est impossible avant 50 à 100 ans et que le pays doit d’abord traverser une phase de “capitalisme des Andes”. C’est la voie toute tracée vers la défaite.
Le fossé entre riches et pauvres est particulièrement large en Amérique-Latine. Les 10% les plus riches y possèdent 143 fois plus que les 10% les plus pauvres.
Un nouveau “capitalisme des Andes” permettra sans doute d’acheter une stabilité et une paix sociale temporaires en échange de réformes en faveur de la classe ouvrière et de la paysannerie à un moment où les prix du gaz et du pétrole sont à un niveau élevé.
Il n’en est pas moins vrai que, tout comme au Vénézuéla, l’absence de contrôle ouvrier ne pourra empêcher que les réformes soient détournées pour enrichir une partie de l’élite locale qui est prête à faire des concessions en échange de la paix sociale. Les tentatives de compromis avec le capitalisme ne mèneront pas le mouvement ouvrier à la victoire. Tant que les élites dirigeantes, au niveau national ou international, disposeront de leurs instruments de domination économique et politique, elles feront tout pour renforcer leurs positions au détriment des travailleurs et des pauvres.
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Soutenons les sans-papiers!
La politique de répression accrue contre les demandeurs d’asile se heurte à de la résistance. Malgré l’hostilité du monde politique, les actions reçoivent le soutien d’une large couche de la population, de groupes d’action et d’organisations chrétiennes. Les actions des personnes sans papiers proviennent souvent d’une situation désespérée. On en vient à des grèves de la faim et à des occupations d’églises. Les actions de désespoir ne mèneront pourtant pas à des résultats. Il faut un mouvement organisé et de grande ampleur pour imposer la revendication d’une régularisation généralisée.
Tract du MAS
Régulariser maintenant!
La politique d’asile et d’immigration actuelle est de plus en plus sévère.
Une attitude répressive n’enrayera pas le flux migratoire, elle ne fera que forcer de plus en plus de gens à vivre dans l’illégalité!
L’exploitation du fait de conditions de travail épouvantables ou des marchands de sommeil n’entraîne pas seulement les demandeurs d’asile dans une spirale vers le bas, mais elle met sous pression les salaires et les conditions de travail et de logement de tout un chacun !
Pour pouvoir exploiter encore davantage les demandeurs d’asile, on abuse de leur situation précaire. Si on veut y mettre un terme, il faut une régularisation complète.
Ce n’est qu’alors qu’on pourra créer les conditions d’une situation d’ “à travail égal, salaire égal dans des conditions de travail égales”. C’est aussi la seule réponse à l’argument d’extrême droite que les travailleurs étrangers à bas prix volent les emplois des Belges.
Le gouvernement abuse de la vulnérabilité des sans-papiers pour mettre en oeuvre une politique de diviser pour mieux régner.
D’un côté il plaide pour l’ouverture du marché du travail aux travailleurs étrangers à bas prix, d’un autre côté pour une répression accrue contre les personnes sans-papiers. Cette attitude n’a d’autre but que de contrer la lutte pour l’amélioration des conditions de travail de tous les travailleurs.
Stop à la violence raciste !
La politique de régression sociale et la stigmatisation des réfugiés créent un terreau idéal pour le racisme dans la société. Le Vlaams Belang d’extrême droite l’alimente depuis des années.
Tant le Vlaams Belang que la politique traditionnelle portent une responsabilité directe dans l’explosion de violence raciste de ces dernières semaines.
Les personnes sans papiers sont un groupe vulnérable dans la société. Nous ne pouvons pas tolérer qu’il soit intimidé encore davantage par la violence d’extrême droite.
Le mouvement des sans-papiers doit évidemment condamner la violence raciste, mais il faut en même temps y apporter une réponse politique. Une législation plus stricte sur les armes ne suffit pas et n’est pas l’essentiel. Les inégalités sociales, le chômage et la pauvreté sont un terreau idéal pour l’extrême droite. Tant que ces problèmes ne trouvent pas de solution, le racisme et la violence raciste continueront de faire des victimes !
Il faut une lutte collective !
Pour augmenter la force de frappe du mouvement, il faut tisser un maximum de liens de solidarité avec les travailleurs belges et leurs familles !
Toute forme de division détourne l’attention des vrais problèmes: la richesse produite dans cette société ne sert pas à assurer un niveau de vie décent à la majorité de la population. Les entreprises récoltent des superbénéfices, les managers empochent des salaires exorbitants, tandis que les travailleurs autochtones et allochtones subissent la hausse du chômage. Nous avons besoin d’un mouvement unifié des travailleurs autochtones et allochtones et de leurs familles.
Une réponse internationale!
L’exode mondial est dû à la mainmise impitoyable des institutions capitalistes internationales sur les pays du monde néo-colonial.
Les multinationales et les grandes entreprises recourent sans scrupules aux formes les plus brutales d’exploitation dans le monde néo-colonial et provoquent la désintégration de sociétés entières. L’OMC et le FMI utilisent les énormes charges de la dette pour imposer une politique néolibérale basée sur la régression sociale.
Le patronat et le gouvernement se soutiennent mutuellement au niveau mondial. Il faut une opposition de gauche! Le MAS oeuvre à une lutte internationale pour une société socialiste où toutes les richesses de la société servent à satisfaire les besoinsddu plus grand nombre !
Nous voyons aujourd’hui dans plusieurs pays d’Amérique-Latine comment un mouvement de lutte trouve une expression politique.
La lutte des travailleurs en Bolivie, qui a mené à la victoire électorale d’Evo Morales, impose des réformes sociales qui brisent le pouvoir des multinationales spoliatrices.
Avec la nationalisation des réserves de gaz et de pétrole, la Bolivie démontre comment on peut arracher les richesses des mains des multinationales.
Les moyens ainsi libérés permettront de mener une politique qui s’en prenne vraiment à la pauvreté et à la misère qui sont la principale cause de l’exode des réfugiés
Le MAS fait partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui oeuvre à la construction d’un mouvement ouvrier mondial qui lutte pour un programme socialiste.
La lutte pour l’égalité des droits des personnes sans papiers est la même que celle pour de meilleures conditions de vie et de travail partout dans le monde.
Le MAS est actif dans le mouvement des sans-papiers et sur beaucoup d’autres terrains. La construction d’une opposition de gauche conséquente est nécessaire. Ici comme au niveau international.
Contactez-nous et rejoignez-nous !
Nos revendications:
– STOP A LA REPRESSION DES SANS-PAPIERS !
-LE MAS soutient la revendication d’UNE REGULARISATION GENERALE comme le défend l’UDEP.
-DES EMPLOIS DE QUALITE POUR TOUS!
-PLUS DE MOYENS POUR LE SECTEUR SOCIAL
– UNE LUTTE COMMUNE DES TRAVAILLEURS BELGES ET DES REFUGIES pour de meilleures conditions de vie et de travail pour tous les travailleurs et leurs familles sans distinction d’origine !
– NON AU RACISME! NON A LA VIOLENCE FASCISTE !
– S’EN PRENDRE AUX MULTINATIONALES ET A LEURS PROFITS, PAS A LEURS VICTIMES !
– POUR UNE SOCIETE SOCIALISTE qui place les besoins de la majorité au centre de ses préoccupations plutôt que les bénéfices de quelques uns.
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SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril. WEEKEND DE DÉBATS ET DE DISCUSSIONS
SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril
> Tract en PDF
LUTTONS POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALISTE!
Même l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré à l’occasion du licenciement de dizaines de personnes suite à la délocalisation de l’entreprise brassicole – et surtout “bénéficole” – Inbev-Jupille: “Si la logique fi nancière cause tant de souffrances, si les lois économiques font fi de l’homme, elles sont inhumaines et il faut les changer”.
Si leurs propos sont évidemment empreints de charité chrétienne – alors que nous sommes partisans d’une approche structurelle des problèmes sociaux – ils n’en sont pas moins signifi catifs. Ils expriment le sentiment général de milliers de travailleurs: laissés sur le bas-côté et sans alternative. Les banques et les entreprises engrangent des profi ts records, les managers empochent des salaires exorbitants, mais on nous bassine sans cesse les oreilles avec la modération salariale, la flexibilité et la casse des pensions et de la Sécurité sociale.
Socialisme 2006 a pour enjeu la lutte contre le système qui génère de telles situations. Des jeunes et des travailleurs s’y réuniront pour échanger les expériences de lutte. Vous y aurez l’occasion de découvrir en quoi consiste le marxisme. Par-dessus tout, nous pourrons y discuter en long et en large d’une alternative au capitalisme.
CONCERT DE PROTESTATIONS MONDIAL CONTRE LE NÉO-LIBÉRALISME
Voici un aperçu du programme de Socialisme 2006 sur la situation internationale avec des informations et des analyses de première main. MAS/LSP fait en effet partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui a des sections dans 35 pays.
AMÉRIQUE LATINE
La résistance au néo-libéralisme y est la plus avancée. La politique de privatisation et de libéralisation a condamné un tiers des 400 millions de Latino-Américains à l’extrême pauvreté. Des luttes d’ampleur et des mouvements révolutionnaires pour une autre politique, une politique plus sociale, ont balayé des présidents et/ou des gouvernements de droite, et leur ont substitué des dirigeants de gauche. A Socialisme 2006, on se penchera sur le “Socialisme du 21ème siècle” de Chavez au Venezuela ainsi que sur la politique de “nationalisation du gaz” de Morales en Bolivie.
La vie de millions de gens s’en trouvera-t-elle améliorée substantiellement ou faudra-t-il une rupture fondamentale avec le capitalisme? Quel est le rôle dévolu à la classe ouvrière et aux paysans pauvres dans la réalisation d’une société socialiste?
ISRAËL/PALESTINE
La politique de “diviser-pour-mieux-régner” du capital y a dressé deux groupes nationaux l’un contre l’autre jusqu’à en faire des ennemis farouches. Seul l’establishment y trouve son compte. Les séismes politiques qui ont ébranlé les deux camps ces derniers mois sont l’expression d’un désir ardent de changement de la part des populations de la région. Mais l’absence d’une alternative socialiste aux partis nationalistes et religieux se fait cruellement sentir. Quelle issue le MAS/LSP, le CIO et ses sections entrevoient-ils à l’impasse dans cette région?
PAKISTAN
Les témoignages occulaires du Forum social mondial au Pakistan de membres du MAS/LSP et du CIO constitueront sans aucun doute le point d’orgue du week-end. Là plus qu’ailleurs, le capitalisme a mené à une société brutale où la pauvreté et la misère sont le lot quotidien du plus grand nombre. Le CIO a des sections au Pakistan, au Cachemire, en Inde et à Sri-Lanka.
Ils ont observé caméra à l’épaule les conditions dans lesquelles les travailleurs et les jeunes doivent vivre et travailler ainsi que les campagnes que nos membres ont menées contre la privatisation du secteur des télécommunications au Pakistan et lors du tremblement de terre qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de sans-abris il y a quelques mois. Ils en donneront un rapport vivant à Socialisme 2006. Il y aura des ateliers sur la Chine, la guerre en Irak ainsi que sur la situation en France. Notre organisation soeur française y donnera de plus amples informations sur le mouvement de protestation des étudiants contre les contrats à statut précaire pour les jeunes.
EUROPE: MOUVEMENTS D’AMPLEUR ET GRÈVES GÉNÉRALES
Depuis le NON franc et massif à la Constitution européenne néo-libérale exprimé lors des référendums en France et aux Pays-Bas, l’appel à une politique plus sociale se fait de plus en plus pressant. Le mouvement de grève dans le secteur public en Allemagne, le plus grand depuis 14 ans, et le succès du WASG et du Parti de Gauche en sont des expressions on ne peut plus claires. On a voté clairement à gauche lors des dernières élections communales aux Pays-Bas. Tous les partis gouvernementaux ont perdu au profit du PVDA social-démocrate et du SP de gauche. Après une explosion de colère justifi ée bien qu’aveugle dans les banlieues, un mouvement contre les atteintes à la sécurité d’emploi des jeunes prend de l’ampleur en France; la politique antisociale de Berlusconi s’est de nouveau heurtée à une grève d’ampleur en Italie.
La combativité y est, mais quelle est l’alternative? De nouveaux partis de gauche ont vu le jour dans différents pays. Quelles sont leurs possibilités? Quelles leçons pouvons-nous d’ores et déjà en tirer?
A Socialisme 2006, des membres de nos sections en Allemagne, aux Pays-Bas et en France témoigneront ainsi que des membres du MAS/LSP qui ont participé aux dernières manifestations contre la guerre en Italie.
LA RÉSISTANCE EN BELGIQUE: CONTRE LE PACTE DES GÉNÉRATIONS ET DEMAIN CONTRE LE PACTE DE COMPÉTITIVITÉ
La fin de l’année passée a été émaillée de mouvements d’ampleur en Belgique également. La manifestation syndicale en décembre 2004 n’avait été que le prélude à un mouvement de tout autre ampleur avec les grèves générales contre le Pacte des Générations.
SAMEDI SOIR: UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS EN BELGIQUE, MEETING AVEC LE WASG, JEF SLEECKX, …
De ce mouvement a jailli l’idée de démarrer ici aussi un mouvement pour un parti résolument opposé au néo-libéralisme, un parti créé par et pour les travailleurs. Ce projet est en même temps le thème du débat principal du samedi soir avec notamment Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SP, aujourd’hui figure de proue du mouvement pour un nouveau parti des travailleurs; Eric Byl, secrétaire général du MAS/LSP; un orateur du WASG allemand; …
LE TRAVAIL JEUNES DU MAS/LSP
Venez nombreux à nos ateliers sur les campagnes contre:
LES ÉCONOMIES DANS L’ENSEIGNEMENT:
Le nouveau décret de financement du Ministre de l’Enseignement flamand Frank Vandenbroucke prévoit des coupes sombres dans l’enseignement supérieur, avec des conséquences catastrophiques pour le personnel et les étudiants. Il essaye de dresser les différents instituts d’enseignement les uns contre les autres. Les droits d’inscription pourraient atteindre les 25.000 euros tandis que l’offre d’enseignement serait considérablement réduite. Etudiants de Gauche actifs, en collaboration avec la délégation CGSP de la VUB, a démarré une campagne pour unifier dans la lutte les étudiants et le personnel de tous les instituts et établissements d’enseignement.
LA GUERRE: 3 ANS DE GUERRE EN IRAK
La guerre “pour la démocratie et contre le terrorisme” n’a été qu’une guerre coloniale brutale pour le contrôle d’une des principales réserves de pétrole au monde. Résultat: mort et misère pour des millions d’Irakiens, un pays au bord de la guerre civile, des économies sur le dos des travailleurs américains et de leurs familles pour financer cette aventure guerrière. Résistance Internationale continue d’organiser la résistance contre cette occupation brutale et exige le retrait de toutes les troupes. Seule une politique socialiste est à même d’unifi er les différents groupes nationaux et confessionnels dans la lutte pour une société où les richesses sont entre les mains de la collectivité. Les troupes et les multinationales n’y ont pas leur place!
LE RACISME ET TOUTE FORME DE DISCRIMINATION
Les économies mènent à toujours plus de misère sociale. Le chômage par manque d’emplois, les marchands de sommeil par manque de logements sociaux, les atteintes à nos salaires et à notre sécurité sociale pour étancher la soif de profi ts du patronat… sont les véritables causes du racisme, de l’homophobie et du sexisme. Les politiciens et le patronat essayent d’éluder leurs responsabilités en faisant de grands discours sur la société multiculturelle et les droits égaux. Blokbuster, notre campagne anti-raciste, et la commission femmes du MAS/LSP ont accumulé des années d’expérience dans le domaine de l’anti-racisme et de l’antisexisme qu’ils veulent partager avec vous pour pouvoir mener avec succès la lutte contre toute forme de discrimination et de politique de “diviser-pour-mieuxrégner”.
PRATIQUE ET THÉORIE DU MARXISME
LE SOCIALISME: SCIENCE OU UTOPIE?
Le MAS/LSP et l’organisation internationale à laquelle nous appartenons, loin d’être des spectateurs au balcon, participent activement aux mouvements réels. Nous ne nous contentons pas de rêver d’une société meilleure, nous mettons tout en oeuvre pour qu’elle devienne réalité.
Pour nous, le socialisme n’est pas qu’ »une bonne idée », mais la seule réponse à la contradiction entre ce système archaïque, le capitalisme, et le développement de la science et de la technique qui a déjà depuis longtemps dépassé les limites de ce système. N’en déplaise à ceux qui prétendent le contraire, nous constatons chaque jour la montée de la lutte des classes.
Le MAS/LSP intervient consciemment dans ce processus pour aider cette lutte à aboutir à sa conclusion logique: une société où la production est au service de l’homme en lieu et place de cette société-ci où l’homme n’est qu’un prolongement de la production.
RÉFORMISME OU RÉVOLUTION?
Ou comment la lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail et de vie débouche sur une lutte pour une autre société. Cette discussion n’est pas nouvelle dans le mouvement ouvrier. Rosa Luxemburg a écrit à la fin du 19ème siècle sa brochure: “réforme sociale ou révolution?”. Les réformes importantes, imposées par la lutte, ont renforcé pendant toute une période l’illusion qu’on pouvait réformer le capitalisme. Aujourd’hui nous connaissons un retour de balancier. Les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus nombreux à remettre en cause le capitalisme en tant que tel. L’offensive généralisée contre nos salaires, les services publics et les conditions de travail n’y est pas étrangère. Nombre de gens voient leur vie régresser au lieu de progresser. Et ce malgré l’énorme développement de la technologie, de la science et de la richesse. D’autres introductions plus théoriques au marxisme porteront sur la théorie de la révolution permanente de Trotsky et sur l’économie planifi ée face à l’économie de marché.
Infos
DATE: samedi 22 et dimanche 23 avril 2006 | LIEU: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, 3000 Louvain | INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81 ou e-mail socialisme2006@socialisme.be / site Internet: www.socialisme.be | PRIX D’ENTRÉE: 25 euros pour les lycéens/étudiants/sans-emplois, 35 euros pour les actifs / participation, repas chauds, logement sont compris dans le prix / crèche sur demande | PROGRAMME DU SAMEDI: Meeting d’ouverture de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 16.30 à 19.00 – Débat principal à 20.00: “Pour un nouveau parti des travailleurs!” – Tout de suite après: Bar & fête à partir de 22.00 | DIMANCHE: Meeting de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 13.30 à 16.00 – Meeting de clôture | POUR LE PROGRAMME COMPLET: téléphoner au 02/345.61.81 ou consulter notre site Internet
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Bolivie. Un nouveau cauchemar pour Bush?
Avec près de 54% des votes, Evo Morales, dirigeant syndical des cultivateurs de coca et porte-parole du Mouvement vers le Socialisme (MAS), a gagné haut la main les élections présidentielles du 18 décembre en Bolivie. Cette victoire a une double signification. Elle marque tout d’abord une nouvelle défaite électorale pour les partisans des politiques néo-libérales qui ont été menées partout sur le continent sous la pression du Fonds Monétaire International et des Etats-Unis pendant les années ’90.
Jean Peltier
Celles-ci ont permis l’énorme enrichissement d’une petite minorité de possédants mais se sont traduites par une grande montée de la misère et de la précarité pour la majorité de la population. En Bolivie plus encore qu’ailleurs, cela a produit une montée de la colère populaire et de grosses mobilisations qui ont notamment chassé les deux derniers présidents! D’autre part, Morales sera le premier président indien qu’ait jamais connu la Bolivie. Dans ce pays, un des plus pauvres d’Amérique Latine, 85% de la population est d’origine indienne. Celle-ci vit très majoritairement dans une grande pauvreté et a toujours été marginalisée et tenue à l’écart du pouvoir par la minorité blanche et métisse héritière de la colonisation. Au cours des dernières années, les indiens ont commencé à réclamer ses droits et à remettre en cause les discriminations de toutes sortes qu’elle subit.
L’arrivée de Morales au pouvoir était sérieusement crainte à Washington. Si Morales aime à se présenter lui-même comme «un cauchemar pour les Etats-Unis», des journaux américains n’ont pas hésité à le présenter comme «l’Oussama Ben Laden des Andes» et le gouvernement américain le traitait de «narco-terroriste»! Morales a obtenu un large soutien en promettant la nationalisation des réserves de gaz (qui ont été privatisées il y a quelques années au plus grand profit de multinationales étrangères), la légalisation de la culture de la coca (qui sert de base à quantité de produits nutritifs et médicaux populaires et pas seulement à fabriquer la cocaïne) et la démocratisation du pays. Mais, au cours de la campagne, ses déclarations se sont faites moins précises, montrant qu’il souhaitait trouver des compromis avec les multinationales et les capitalistes locaux. Morales va-t-il devenir un nouveau Chavez ?
Il y a certainement de nombreux points communs entre les dirigeants de la Bolivie et du Venezuela. Mais les situations nationales présentent néanmoins deux grandes différences. Chavez peut utiliser les énormes revenus pétroliers de son pays pour mener des politiques sociales progressistes coûteuses (alphabétisation, amélioration de la santé publique, construction de logements, …) sans devoir pour cela s’en prendre directement aux intérêts et à la propriété des capitalistes vénézuéliens et étrangers. Morales ne dispose pas de telles ressources, sauf s’il nationalise rapidement les réserves et les installations gazières – ce qui signifie entrer en guerre ouverte avec les multinationales et leurs alliés locaux. D’autre part, le mouvement syndical et populaire est beaucoup plus organisé et militant en Bolivie qu’au Vénézuela et ses dirigeants ont déjà mis la pression sur Morales pour qu’il tienne rapidement ses promesses électorales. Un mineur interviewé par le magazine britannique «Observer» résumait bien cet esprit militant : « Le 18 décembre, nous écraserons les traîtres qui ont bradé nos ressources naturelles et menti au peuple. Morales est notre frère et nous lui faisons confiance, mais il a intérêt à ne pas oublier ses promesses…».
Le nouveau président sera donc certainement amené à devoir choisir rapidement entre une radicalisation à gauche de sa politique et une capitulation devant les multinationales et les USA, en risquant alors d’être confronté à des explosions populaires et de connaître le même sort que les précédents présidents…
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Venezuela, un an après le référendum. Quels dangers menacent la révolution maintenant?
Il y a un peu plus d’un an, le 15 août, le référendum visant l’éjection du président vénézuélien Chavez fut un échec retentissent grâce à la mobilisation des masses vénézuéliennes, particulièrement dans les villes-ghetto, à travers les « unités de combat » électorales et d’autres organisations de la révolution « Bolivarienne ». Cette défaite a ouvert une nouvelle phase dans le processus révolutionnaire. Mais comme Christine Thomas l’explique : même si les forces de l’opposition ont été sévèrement affaiblies, la menace de la contre-révolution subsiste.
Christine Thomas
L’élection de Chavez en temps que président en 1998 a représenté un rejet massif de la part des pauvres, des travailleurs et de certaines parties de la classe moyenne de la politique néo-libérale vicieuse orchestrée par l’establishment corrompu de la « quatrième république ». Son populisme anti-impérialiste/anti-néolibéral a radicalisé les couches les plus pauvres de la société vénézuélienne. Ils ont vu en Chavez un leader politique qui les représentait et qui parlait pour eux, plutôt que ces riches oligarques qui dilapidaient les richesses pétrolières : les laissant sombrer plus profondément dans la pauvreté. Sa victoire a créé l’espoir que leurs besoins désespérés d’emplois décents, de soins de santé, d’enseignement et de logements trouveraient enfin une solution. La classe dirigeante vénézuélienne et l’impérialisme américain, de l’autre côté, craignent que les masses déchaînées et radicalisées puissent exiger des mesures plus radicales, se mettent en mouvement dans une direction qui menacerait leurs intérêts. L’impérialisme américain, en particulier, craint l’instabilité dans un pays qui lui fournit 15% de ses besoins en pétrole. Le référendum de l’an dernier était la troisième tentative majeure par la classe dirigeante vénézuélienne, soutenue par l’impérialisme américain, pour éjecter Chavez et écraser toute menace potentielle que le mouvement pourrait poser au Venezuela et partout ailleurs en Amérique latine. Mais toutes les tentatives contre-révolutionnaires (le putsch du 11 avril 2002, le lock-out patronal de deux mois, la tentative de sabotage économique à la fin de la même année et enfin le référendum) ont été bloquées par l’action de masse des pauvres et des travailleurs qui se sont d’avantage radicalisés et dont les espoirs se sont largement développés.
Dans la période post-référendum, le rapport de force a temporairement glissé en faveur des masses. Les forces de l’opposition (l’élite financière, les partis politiques et leader syndicaux corrompus, l’église catholique, etc.) sont sorties de ces défaites divisées et démoralisées. Chavez, lui-même, a cherché initialement un arrangement avec l’opposition en leur demandant de travailler avec lui à la reconstruction du pays. Mais sous la pression des travailleurs et des pauvres, il s’est d’avantage radicalisé décrivant la révolution bolivarienne pour la première fois comme « socialiste », amorçant une réforme agraire et parachevant les premières nationalisations du régime. Au même moment, il a durci sa rhétorique anti-impérialiste, anti-US et ses actions dans la région.
Ce tournant à gauche a alarmé la classe capitaliste vénézuélienne et l’impérialisme américain. Ils craignent que les masses, voyant leurs espoirs croître, puissent pousser Chavez dans une direction encore plus radicale, minant leur contrôle économique. Puisque jusqu’à présent, les timides tentatives du régime Chavez avaient laissé ce contrôle largement intact. L’administration américaine a récemment attaqué Chavez au vitriol en l’accusant de soutenir le terrorisme en Colombie et de fomenter des révoltes en Bolivie, en Equateur et partout en Amérique Latine. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice a décrit Chavez comme « une menace majeure pour la région entière ». Les relations économiques croissantes avec Cuba de Chavez, dans lesquelles le Venezuela fournit de l’essence à bas prix en retour de médecins cubains etc, ont effectivement brisé l’embargo américain de l’île, lançant une bouée de sauvetage économique tellement nécessaire depuis la chute de l’Union Soviétique qui était son principal appui économique. Chavez est également vu comme un obstacle dans la stratégie américaine qui vise à faire de la Colombie une base de défense des intérêts US en Amérique Latine. Plus important : Chavez a cherché des marchés internationaux alternatifs pour l’essence vénézuélienne, signant des contrats avec la Russie, la Chine, l’Iran autant que d’autres pays latino-américain. Il a menacé d’exercer des représailles contre n’importe quelle agression US en coupant l’approvisionnement en pétrole et au cours de la conférence internationale de la jeunesse à Caracas au mois d’août, il a déclaré que le marché nord américain n’était pas vital pour le Venezuela. Bien qu’une bonne partie de cette rhétorique soit anti-impérialiste, confrontée à une situation déjà instable en Irak et au Moyen-Orient, l’impérialisme américain veut s’assurer que son approvisionnement en pétrole du Venezuela n’est pas menacé. Mais la marge de manœuvre de l’impérialisme US est actuellement limitée. Une combinaison de la faiblesse de l’opposition et des revenus énormes du pétrole à la disposition de Chavez pour financer les réformes sociales profitables aux pauvres (sa principale base sociale) signifie que la situation entre les forces en présence est dans une impasse et que cette situation pourrait être maintenue pour un moment.
Une invasion directe du Venezuela, comme en Irak, est hors de propos pour le moment. L’Irak a montré les limites de l’hégémonie américaine. Même si la capacité militaire américaine n’était pas déjà dépassée, une invasion du Venezuela serait extrêmement risquée, déclenchant une vague de résistance qui pourrait embraser l’ensemble des Amériques. L’impérialisme américain a donc été forcé à poursuivre dans une approche moins directe, reposant sur un travail dans l’opposition vénézuélienne et dans les forces réactionnaires en Colombie. En décembre de l’an dernier, les forces colombiennes en conjonction avec des sections des forces de sécurité vénézuéliennes sont intervenues directement au Venezuela pour kidnapper un leader de la guérilla FARC, donnant une indication claire de la manière dont ils pouvaient être utilisés pour créer la peur et l’instabilité à l’intérieur du pays. Il n’y a aucun doute sur le fait que certaines parties de l’administration américaine soutiennent l’appel du chrétien fondamentaliste de droite Pat Robertson à l’assassinat ou au kidnapping de Chavez pour amener un « changement de régime » au Venezuela (de telles actions ne peuvent être totalement écartées). Mais chaque mouvement réactionnaire a jusqu’ici donné une impulsion de gauche au processus révolutionnaire et chaque action prématurée pourrait pousser les masses dans une direction encore plus radicale.
Les parties les plus sérieuses et réfléchies de l’opposition ont donc tiré la conclusion que, après avoir été vaincus à chaque étape par le soutien à Chavez dans la masse de pauvres radicalisés, pour le moment ils n’ont d’autre choix que d’apprendre à « coexister » avec lui. Avec l’équilibre actuel des forces, chaque étape ouvertement contre-révolutionnaire dans le court terme, après celles qui ont été déjà tentées, risque d’accroître la radicalisation du mouvement et de provoquer des mesures qui pourraient menacer d’avantage leur contrôle de l’économie et l’appareil d’état. « Nous devons mordre la poussière de la défaite », a dit le gouverneur de l’état de Zulia quelques jours après le référendum. « Les deux Venezuela doivent se réconcilier, le Venezuela ne peut continuer dans le conflit », a déclaré le patron de Fedecamaras (principale organisation patronale).
En dépit de l’adoption d’un ton anti-Chavez moins strident, l’administration US semble poursuivre une stratégie à long terme d’épuisement du processus révolutionnaire et préparer un rapport de force qui leur serait plus favorable, avant de lancer des actions de plus grande ampleur contre Chavez.
Mais malgré cela, sans un mouvement décisif de la classe ouvrière et des pauvres vers une cassure avec le capitalisme et d’établissement d’un état ouvrier démocratique, la contre-révolution réussira par un moyen ou un autre à se ré-affermir. Cela pourrait venir sous une forme extra-parlementaire, un futur putsch victorieux, comme c’est arrivé au Chili en 1973, ou une contre-révolution électorale « démocratique » comme au Nicaragua en 1990. Cette victoire sous n’importe quelle forme signifierait un désastre pour les masses vénézuéliennes. La classe ouvrière vénézuélienne et les pauvres sont confrontés à une tâche urgente, utiliser ce « temps de respiration » pour construire un parti révolutionnaire qui peut fournir un programme qui pousserait le gouvernement en avant et complèterait la révolution socialiste.
Electoralement, les forces de l’opposition au Venezuela ont été complètement divisées entre une partie qui défendait l’abstention et l’autre qui contestait les élections. Où ils sont restés, ils ont subit défaites sur défaites. Après les élections d’octobre de l’an dernier, ils ne contrôlent plus que deux des 23 états que compte le pays et ont de plus perdu le contrôle de Caracas, la capitale. Aux élections locales et municipales, qui se sont tenues le 7 août de cette année, ils ont obtenu moins de 20% des sièges.
Le principal quotidien vénézuélien, détenu par des opposants de droite qui ont soutenu unanimement les forces de la réaction à chaque étape, a publié des articles commémorant l’anniversaire du référendum. Ils se sont concentrés sur ce qu’ils considèrent comme le besoin désespéré pour l’opposition « démoralisée, désorientée, manquant de direction » (El Nacional) de s’unir pour fournir une alternative électorale crédible aux « chavistas ». Avec les élections parlementaires attendues pour la fin de l’année et les élections présidentielles en décembre 2006, l’opposition se prépare à de futures défaites électorales.
Chavez lui-même caracole à 70% d’approbation dans les sondages (l’un des taux les plus hauts de sa présidence). Durant le festival international de la jeunesse, il a parlé confidentiellement de rester en politique jusqu’en 2030 ! Sa confiance a été boostée par les victoires électorales et par le prix élevé du pétrole sur le marché mondial. Le pétrole représente 85% des exportations vénézuéliennes, un quart du PIB et plus de la moitié des revenus du gouvernement. En 2004, les exportations de pétrole ont généré un revenu de 29$ milliards, pour 22$ milliards en 2001 et la somme semble fortement augmenter cette année. Cette énorme aubaine réalisée par le pétrole a permis à Chavez de maintenir et d’accroître les dépenses des « misiones », les programmes de réformes sociales de bien-être qui ont été démarrées en 2003 et largement orientées vers les plus pauvres. Les avantages de ces réformes sont clairement visibles dans les rues des zones les plus pauvres de Caracas. Une superbe nouvelle clinique ou un supermarché d’état Mercal (Mercado de Alimentacion) qui vend de la nourriture de base subsidiée qui se distinguent facilement des immeubles et des infrastructures en ruine des « barrios », les bidonvilles vérolés de pauvreté situés à deux pas de zones d’opulence comme Altamira où vit l’élite.
Selon les chiffres du gouvernement, 300.000 Vénézuéliens ont surmonté l’analphabétisme (9% des plus de dix ans), deux millions vont à l’école primaire, secondaire et supérieure, et 17 millions ont maintenant accès aux soins de santé de première nécessité grâce aux « misiones ».
Malgré ces améliorations sociales visibles, une pauvreté noire pourrit encore la vie de millions de Vénézuéliens. 60% des ménages étaient pauvres en 2004, pour 54% en 1999. Même si l’état contrôle les prix de la nourriture de base, l’inflation grimpe à 15-20% et qu’un Vénézuélien sur deux ne dispose pas d’un logement adéquat. Selon un sondage d’opinion récent, le chômage est le problème principal dans la société. Il y a eu des améliorations dans les boulots, à travers des initiatives comme « Vuelvan Caras » , le plan d’état de création d’emplois, principalement dans les coopératives et dans les petites entreprises. Mais 14% de la population reste toujours sans emploi et des millions de personnes sont toujours confrontées à l’insécurité et à l’exploitation dans le secteur informel (comme les vendeurs de rue, les chauffeurs de taxi, etc.).
Si cela est la situation de la majorité des travailleurs et des pauvres au Venezuela alors que le prix du pétrole est à un niveau si élevé, il est clair que les espoirs des masses ne pourront se concrétiser dans le cadre du capitalisme. Le magazine britannique de droite The Economist résume clairement la situation lorsqu’il écrit : « quand les revenus du pétrole chuteront, tombera dans un enfer de récession et d’inflation »(25 août 2005).
C’est ce qui est arrivé au Nicaragua. Après la révolution de 1979 qui avait éjecté le dictateur détesté Somoza, les Sandinistes avaient le contrôle de l’appareil d’état. Ils ont nationalisé jusqu’à 40% de l’économie, mais le reste est resté dans les mains de la classe capitaliste qui a utilisé son contrôle économique pour saboter l’économie. Combiné avec la guerre des contras, subventionnée par l’impérialisme US, l’économie plongea dans une crise avec une inflation qui explosa jusqu’à 3600% et un niveau de vie qui périclita de 90% !
A cause de la démoralisation des masses due à la crise économique, la droite vainquit les Sandinistes aux élections présidentielles de 1990 et poursuivit depuis lors une politique néo-libérale vicieuse à l’encontre des travailleurs et des pauvres nicaraguayens. Si la classe ouvrière au Venezuela n’exproprie pas les monopoles restés dans les mains des capitaliste vénézuéliens et étrangers, si elle n’applique pas une planification de la production sous contrôle démocratique, la crise économique et l’incapacité à satisfaire les besoins des masses mèneront à la démoralisation et à la démobilisation du mouvement, balisant la route pour une victoire de la réaction. Cela serait alors utilisé pour ouvrir une nouvelle ère de répression brutale, en vue de recouvrir un contrôle total de l’économie et de l’état, avec bien sûr une atomisation des organisations et des droits de la classe ouvrière.
Le haut taux d’abstention (70%) dans les élections locales et régionales du mois d’août représente un avertissement pour le futur. Il est vrai qu’historiquement le taux de participation aux élections locales vues comme en dehors des préoccupations de la plupart des Vénézuéliens a toujours été bas. Une partie de l’opposition appelait également les gens à ne pas voter. Malgré cela, le niveau d’abstention dans les zones pro-Chavez était très élevé alors qu’il avait lui-même souligné l’importance, pour ses partisans, de se mobiliser en masse. Bien que le taux de participation soit susceptible d’être beaucoup plus haut dans des élections parlementaires et présidentielles, des signes de mécontentement commencent à arriver à l’encontre des troupes du mouvement bolivarien. Des activistes étaient mécontents du remplacement bureaucratique de candidats de base par des candidats inconnus des gens des communautés locales. Lors des élections d’octobre de l’an dernier pour le mayorat et le gouvernement d’état, des candidats dissidents se sont présentés contre les candidats officiellement chavistes. Dans les élections locales, des partis pro-Chavez perçus comme plus « radicaux » comme le Parti Communiste Vénézuélien et le mouvement Tupamaros ont augmenté leur nombre de votes dans certaines régions. Le mécontentement, où il existe, ne vise pas principalement Chavez, qui bénéficie encore d’une autorité et d’un soutient immense dans les masses, mais plutôt la bureaucratie qui l’entoure, perçue comme une cassure avec les réformes radicales que ce soit à travers l’inefficacité, la corruption ou le sabotage conscient. Une femme qui protestait contre les actions d’un leader dans l’état de Anzoategui a résumé le sentiment d’une couche d’activistes lorsqu’elle a dit : « Président, ouvrez les yeux… beaucoup de ceux à vos côtés sont en train de vous décevoir. Ecoutez la voix du peuple »(El Nacional).
La direction du mouvement bolivarien est extrêmement hétérogène. Pour parler franchement, une aile est plus en contact avec les masses et reflète l’atmosphère qui y règne, il y a donc une pression pour qu’elle continue les réformes radicales. L’autre aile, réformiste et pro-capitaliste, dont certains membres ont des contacts avec les forces de l’opposition, essaye à chaque étape de retenir le mouvement et de l’empêcher d’aller dans une direction plus radicale. Ces divisions se sont aiguisées depuis la défaite du référendum. Chavez lui-même a balancé entre ces différentes forces de la société. Sa prise de position la plus récente à « gauche » a été une réponse à la demande d’actions plus radicales de la part des masses. Il a signé un décret nationalisant VENEPAL (l’entreprise de papier en faillite), par exemple, après que les travailleurs aient lancé une lutte déterminée en conjonction avec la communauté locale en occupant l’usine et en demandant sa nationalisation. Depuis janvier, Chavez a qualifié la révolution bolivarienne de socialiste, ceci représentant un développement significatif. La question du socialisme commence à s’ancrer dans la conscience d’une partie des étudiants, des travailleurs et des pauvres. Dans un récent sondage organisé par l’ « Instituto Venezolano de Analisis de Datos », 47,8 % des personnes interrogées déclaraient qu’elles préfèreraient un gouvernement socialiste alors que seulement 22,7% opteraient pour un gouvernement capitaliste.
Mais Chavez n’a pas une idée claire sur ce qu’ il veut dire par socialisme ni sur la manière d’y arriver. Il parle vaguement de « socialisme au 21ème siècle » qui serait un ‘nouveau type’ de socialisme et il a aussi appelé à son peuple à se débarrasser des vieux préjugés concernant la signification du socialisme. On pourrait interpréter cela comme un rejet du stalinisme. Mais en même temps, Chavez est en train de renforcer ses liens économiques et diplomatiques avec Fidel Castro à Cuba. Il complimente le merveilleux service de santé cubain, dont beaucoup de vénézuéliens sont en train de profiter grâce aux docteurs cubains travaillant au Venezuela, grâce à la formation de docteurs vénézuéliens et aux patients qui sont envoyés à Cuba pour des opérations. Mais en fait Chavez n’est pas critique du tout sur la nature bureaucratique du régime cubain et sur l’absence de véritable démocratie ouvrière.
Chavez pourrait-il devenir un « second Castro » comme le craingnent une partie de la classe dirigeante vénézuélienne et l’impérialisme américain ? Théoriquement une telle perspective ne pourrait pas être complètement exclue. Arrivé au pouvoir en 1959, Castro n’a pas décidé consciemment de nationaliser l’économie cubaine mais il a pris cette direction en réaction au blocus US et à la pression des masses cubaines. Mais vu que la classe ouvrière n’était pas consciemment à la tête de la révolution, le résultat fut la création d’un état ouvrier déformé, où le capitalisme et le féodalisme ont été éliminés mais où la société était toujours contrôlée du sommet vers le bas par une caste bureaucratique. Le contexte international actuel, après la chute de l’ Union Soviétique, est très différent du temps de la révolution cubaine quand Cuba était soutenu matériellement par la bureaucratie soviétique et ce pour des raisons stratégiques. Quoiqu’il en soit, il n’est pas inconcevable que les masses du Venezuela puissent spontanément prendre possession des usines et de la terre, forçant ainsi Chavez à nationaliser de larges pans de l’économie. Mais un tel régime serait extrêmement instable.
La révolution serait très certainement vaincue à un certain moment par les forces de la réaction sauf si la classe ouvrière est consciente du rôle qu’elle a à jouer, non seulement en expropriant la classe capitaliste, mais aussi en formant des comités élus démocratiquement qui pourraient faire tourner l’industrie, mettre en place un plan démocratique de production et créer les bases pour un Etat ouvrier dont le programme serait capable d’élargir la révolution à l’Amérique latine et internationalement. C’est pourquoi la lutte pour une véritable ‘politique étrangère’ internationale de la classe ouvrière est si importante aujourd’hui ; soutenant, par exemple, des liens économiques avec Cuba mais utilisant cela pour encourager une réelle démocratie ouvrière au sein du pays et pour étendre la révolution internationalement comme le seul réel moyen de défendre ces acquis qui ont déjà été obtenus.
La réaction de Chavez à de futurs évènements aura bien sûr un gros impact sur la façon dont les développements se déroulent, particulièrement dans une situation de ralentissement économique. Pour le moment il est en train de répondre d’une façon limitée à la radicalisation des masses et il pourrait aller plus loin dans cette direction. Malheureusement, il y a de nombreux exemples de dirigeants honnêtes qui malgré leur bonnes intentions, une fois confrontés avec la ‘logique’ du marché capitaliste qui se sont mis à réprimer les ‘demandes excessives’ des travailleurs.
Dans une situation où d’autres options sont trop risquées, une partie de la classe capitaliste du Venezuela s’appuie sur le mouvement de l’aile pro-capitaliste pour freiner les réformes radicales et pour être potentiellement capable de reprendre les acquis de la classe ouvrière et des masses pauvres. Ils préparent ainsi la voie pour une défaite du processus révolutionnaire et pour la victoire de la contre-révolution.
Il est vrai qu’ils n’ont pas la même autorité au sein de la classe ouvrière et des masses pauvres qu’avaient les sandinistes au Nicaragua après la révolution de 1979 ou qu’avaient les partis socialistes et communistes au Portugal en ’75. Quoiqu’il en soit, si la classe ouvrière n’achève pas complètement la révolution au Venezuela et que la démoralisation s’installe, cette aile pourrait jouer un rôle important en freinant le mouvement et posant les bases pour le triomphe de la réaction capitaliste. Leur façon de définir le socialisme est relativement claire – une économie « mixte » où quelques compagnies d’états et coopératives existent mais dans laquelle les leviers économiques principaux restent dans les mains de la classe capitaliste du Venezuela et étrangère. Chavez parlait récemment d’enquêter sur l’éventuelle expropriation de 136 à1149 entreprises. Mais en réalité toutes ses compagnies étaient en faillite, fermées ou en passe de le devenir. Le ministre de l’industrie a éclairci cette position en déclarant que la nationalisation ne prendrait place que dans des « cas extrêmes », qu’il n’y aurait pas de « vagues d’expropriations » et que les firmes capitalistes ainsi que la « production sociale » pouvaient coexister. De même, la redistribution de 13 000 hectares de terres appartenant au Lord Vesty marquait un pas en avant dans la réforme agraire alors qu’auparavant, seule la terre appartenant à l’Etat avait été redistribuée aux pauvres des campagnes. Mais à ce stade, le gouvernement n’envisage de distribuer que de la « terre non fertile ».
Quoiqu’il en soit, 158 paysans ont été tués depuis 2000 quand la loi sur la terre a été votée, démontrant que même face à des réformes limitées, les grands propriétaires terriens résisteront brutalement, aidés dans certains cas par les paramilitaires de droite Colombiens.
Utilisant un langage révolutionnaire, les coopératives sont présentées comme l’embryon de la société socialiste. 79000 coopératives ont été créées les 6 dernières années, majoritairement dans le secteur des services et de l’agriculture. Elles ont eu un certain effet dans la réduction du chômage, qui ne pourra être que temporaire. Ces coopératives sont toujours complètement dans le marché capitaliste avec des compagnies privées et seront dévastées par la crise économique. Beaucoup de ces coopératives en réalité fonctionnent comme des compagnies privées, exploitant la force de travail et dénigrant les droits des travailleurs. Il y a de nombreux exemples d’employeurs privés qui « déguisent » leur entreprise en coopérative afin de recevoir des subsides de l’Etat. En même temps, Chavez encourage « le co-management » des industries d’Etat ainsi que des industries privées. « Ceci est la révolution. Ceci est le socialisme », voilà ce qu’il déclara récemment quand il fit crédit à des taux d’intérêt bas à des patrons de petites entreprises privées qui acceptaient d’introduire des représentant des travailleurs dans les conseils d’administration de leur compagnie.
Une fois de plus, le ministre de l’industrie utilise clairement cette cogestion, ou participation ouvrière, comme une collaboration de classes pour tromper les travailleurs, augmenter l’exploitation et booster les profits de la classe capitaliste, comme cela a été fait dans des pays comme l’Allemagne. Il déclara : « Il y a une interprétation faussée de ce que signifie la cogestion ». « L’idée est de faire participer les travailleurs à la gestion de l’entreprise, non pas de leur en laisser le contrôle, mais plutôt d’aider à éviter des tensions et des contradictions inutiles. » (El Nacional).
Chavez, ne voulant pas se confronter à l’économie capitaliste et au pouvoir d’Etat, met en application des contrôles partiels et essaie d’éviter les structures économiques existantes et l’appareil d’Etat. Donc par exemple, en plus des coopératives, il a créé une compagnie aérienne d’Etat, une compagnie de téléphone d’Etat, une station télé d’Etat, et des supermarchés d’Etat vendant des produits basiques jusqu’à 30 % moins chers que dans le secteur privé. Tout ça avec l’intention de rivaliser avec les monopoles privés.
Ces mesures partielles comme les contrôles des prix sur les aliments de base et les contrôles sur les échanges, servent à rendre la bourgeoisie furieuse, et à augmenter leur détermination à éviter les futurs empiètements sur leur pouvoir économique et sur l’état.
En même temps, en laissant les grandes entreprises monopolistiques, les banques et les institutions financières, les journaux, etc… dans les mains du privé, il est impossible de planifier démocratiquement l’économie afin d’assouvir les besoins des masses. De plus, la classe dirigeante reste capable de saboter l’économie et de miner le mouvement. Il y a eu une certaine réorganisation du personnel au sommet de l’armée, de la justice, du collège électoral et d’autres institutions d’Etat, mais , sans des élections et le droit de révocation de tous ceux qui ont une position dans l’appareil d’Etat, ainsi que l’existence d’un parti socialiste de masse contrôlant constamment l’Etat, de nouveaux points de soutien à la réaction capitaliste peuvent être générés, même au sein de ceux qui soutiennent Chavez aujourd’hui.
La classe capitaliste fera clairement tout ce qu’elle peut pour abattre toutes les mesures qui ont été introduites à la demande des masses. Ils utilisent les médias et font pression sur l’aile pro-capitaliste du gouvernement de Chavez pour poursuivre des politiques sociales et économiques plus « réalistes », afin de conquérir les 4 millions de personnes qui ont voté contre Chavez lors du référendum pour sa révocation et afin de ne pas effrayer les investisseurs étrangers. Chavez a lui même encouragé des joint ventures entre du capital étranger et la compagnie pétrolière d’Etat PDVSA. En fait, les multinationales comptent déjà pour plus ou moins 50 % de la production pétrolière au Venezuela, pendant que la production de la PDVSA a, elle, diminué de moitié depuis l’ élection de Chavez, en ’98. Il est vrai que même un Etat ouvrier sain pourrait être forcé de signer des accords économiques et de commerce avec des pays capitalistes ou des compagnies étrangères si la propagation de la révolution internationale était temporairement retardée. Mais cela serait fait sur base d’un plan démocratique de production, d’un monopole d’Etat des exportations et d’une politique consciente d’élargissement de la révolution en appelant la classe ouvrière internationalement.
Maintenant, en partant d’une politique de préservation du capitalisme, des accords sur des investissements étrangers et sur les commerces seront utilisés pour miner et faire dérailler la révolution. Il y eut un nouvel avertissement quand Chavez a récemment accepté un accord commercial de vente d’armes avec le gouvernement espagnol, le ministre des affaires étrangères de celui-ci, défendant l’accord en réponse aux critiques US en expliquant « le rôle que l’Espagne pourrait jouer au Venezuela pour la satisfaction de Washington, en mettant un frein aux rêves de Chavez d’étendre sa révolution bolivarienne à d’autres pays dans la région » (El Pais, 9 Mai).
La classe ouvrière, du fait de son rôle dans le processus de production et de son pouvoir collectif potentiel, est la clef capable de mener à bien la révolution socialiste au Venezuela et de vaincre les forces de la réaction. Mais, bien que la classe ouvrière ait été impliquée dans le mouvement de masse dans les moments les plus cruciaux, elle n’a été qu’un élément parmi d’autres. La classe ouvrière n’a pas été consciente de son propre pouvoir ou de la responsabilité qu’elle a de diriger les masses pour transformer la société. A différents moments, Chavez a encouragé la participation des masses mais cela avec des limites strictes. Et sans un programme clair pour faire avancer le processus révolutionnaire, le mouvement risque de stagner et de se démobiliser. Chavez n’a pas encouragé, en particulier, l’indépendance d’action des travailleurs. Pendant, par exemple, une récente grève des travailleurs du métro de Caracas, un conseiller de Chavez a demandé que les grèves soient interdites dans le secteur public et Chavez lui même a menacé d’envoyer la garde nationale contre les grévistes. La tâche principale d’un parti révolutionnaire au Venezuela n’est pas de conseiller Chavez sur la façon de diriger la révolution mais de renforcer et d’étendre les organisations de la classe ouvrière ainsi que de mettre en avant des revendications qui augmenteront la confiance des travailleurs dans leur capacité à changer la société ainsi qu’en augmentant leur compréhension de ce qui est nécessaire à chaque étape d’un processus révolutionnaire. Cela devrait inclure une explication sur la façon dont la classe dirigeante utilisera la cogestion pour défendre ses propres intérêts et sur la nécessité de construire et de renforcer les comités de travailleurs qui seuls pourraient être capables de mettre en application un contrôle réel et une gestion ouvrière des lieux de travail comme un pas en avant vers une planification démocratique de toute l’économie. Des éléments de contrôle ouvrier existent déjà sur certains lieux de travail. Dans la compagnie d’Etat de production d’aluminium ALCASA, par exemple, les travailleurs élisent ceux qui gèrent l’entreprise, ceux-ci ne reçoivent que l’équivalent de leur salaire précédent (comme ouvrier) et peuvent être révoqués. Un récent meeting national des travailleurs, convoqué pour discuter de la cogestion et du contrôle ouvrier a accepté : « d’inclure dans les propositions pour une cogestion révolutionnaire que la compagnie doit être la propriété de l’Etat, sans distribution des actions aux travailleurs, et que chaque profit doit être réparti selon les besoins de la société à travers des conseils de planification socialiste. Ces conseils de planification socialiste doivent être compris comme les organes qui mettent en application les décisions des citoyens réunis en assemblée ». Un véritable programme socialiste révolutionnaire devrait appeler à une démocratisation des organisations de la révolution bolivarienne, à la formation et à l’extension de comités d’entreprises démocratiques et de lier ceux-ci aux comités élus dans les quartiers, dans les forces armées, et ce au niveau local et national.
En plus de tout ça, des forces de défense ouvrière doivent être formées pour défendre le mouvement contre la réaction. Chavez a reconnu la nécessité de défendre la révolution contre l’agression impérialiste et il a doublé les réserves de l’armée, mis sur pied « des unités de défense populaire » sur les lieux de travail et dans les campagnes. Mais tout cela sera sous son propre commandement et non sous le contrôle démocratique des organisations de la classe ouvrière et des masses pauvres. La solidarité des travailleurs dans le reste de l’Amérique latine et internationalement est aussi un moyen vital de défense. De son point de vue, Chavez est un internationaliste. En imitant son héros, Simon Bolivar, il se voit lui même comme le dirigeant de l’alliance anti-impérialiste en Amérique latine et il utilise le pétrole et les revenus du pétrole pour promouvoir ses objectifs. On voit de récentes initiatives comme par exemple le lancement de Télésur, une compagnie de télé continentale, ainsi que Pétrosur et Pétrocaribe, qui sont des accords avec différents pays d’Amérique Latine et des Caraïbes autour de l’exportation, de l’exploitation et du raffinage du pétrole. Il a aussi utilisé l’argent du pétrole pour racheter la dette de l’Argentine et de l’Equateur en « solidarité » contre les marchés financiers internationaux. Mais Chavez s’est orienté principalement en direction de dirigeants qui appliquent une politique néo-libérale, plutôt que d’en appeler à la classe ouvrières et aux masses pauvres. Le président brésilien Lula, par exemple, a appliqué des politiques d’attaques contre la classe ouvrière et son parti est mêlé à un sérieux scandale de corruption.
De plus, durant une récente visite, Chavez a félicité Lula et a interprété ce scandale de corruption comme une « conspiration de droite ».
Chavez est accusé par l’impérialisme d’exporter la révolution à d’autres pays d’Amérique Latine. Mais quand des travailleurs du secteur pétrolier sont partis en grève dans deux Etats d’Amazonie en Equateur en août dernier, demandant que plus de ressources soient investies dans les communautés locales et qu’une compagnie pétrolière US soit virée du pays, Chavez a effectivement joué le rôle de casser la grève, prêtant du pétrole au gouvernement équatorien pour compenser la « perturbation » que les grévistes ont entraînés sur les réserves. En opposition à tout cela, après le passage de l’ouragan Katrina, on a perçu comment une véritable politique internationale de solidarité parmi la classe ouvrière pourrait être menée. Comme Chavez, un gouvernement ouvrier démocratique aurait immédiatement offert de l’aide tout en exposant comment le capitalisme place les profits avant les vies des plus pauvres dans la société, et comment l’impérialisme US est totalement incapable de répondre aux besoins des travailleurs américains en temps de crise ainsi que dans des temps « d’accalmie ». En même temps, il aurait créé des liens avec la classe ouvrière et les organisations des communautés aux Etats Unis pour promouvoir le contrôle démocratique de la distribution de l’aide dans les régions affectées, renforçant ainsi la confiance et la conscience de la classe ouvrière américaine.
L’Amérique Latine est un continent en révolte. La victoire d’une révolution socialiste démocratique au Venezuela aurait un impact électrique sur la classe ouvrière et sur les masses pauvres de la région et cela aux Etats-Unis même. La classe ouvrière vénézuélienne est maintenant face au défi de construire et de renforcer leurs organisations, ceci incluant la création d’un parti révolutionnaire de masse avec un programme qui sera capable d’assurer la victoire de la révolution dans sa lutte contre la contre-révolution.