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Tag: Belgique
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Travailler plus longtemps pour le même salaire?
Emploi
LES DERNIERS mois ont été féconds en exigences patronales, toutes plus exorbitantes les unes que les autres. Semaine de 40 heures sans augmentation de salaire; suppression des prépensions; gel des salaires; assouplissement des heures supplémentaires; annualisation du temps de travail; des crédits-temps à payer de notre poche;… La bourgeoisie belge s’apprête à emboîter le pas aux Pays-Bas et à l’Allemagne qui imposent des mesures d’austérité «historiques». Le patronat belge ne veut pas être en reste.
Peter Delsing
Chez Siemens en Allemagne, les syndicats ont été mis au pied du mur en juin: soit le passage des 35 heures aux 40 heures/semaine sans augmentation de salaire, soit la délocalisation en Hongrie avec la perte de 2000 emplois à la clé. La direction syndicale s’y est finalement résignée. Daimler Chrysler et Thomas Cook ont aussitôt emboîté le pas à Siemens. En France et aux Pays-Bas aussi, les patrons «brisent les tabous». En Belgique, la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) pense également qu’il faut «débattre» de la semaine de 40 heures sans augmentation de salaire. Paul Soete, administrateur-délégué d’Agoria, assène que «nous devons choisir entre travailler plus ou perdre notre emploi»(1).
Le problème avec cette logique de concurrence, c’est qu’on n’en voit pas la fin. En Pologne, le salaire mensuel moyen est de 460 euros. Faudra-t-il s’y aligner?
Si le phénomène de la délocalisation est réel, il ne faut cependant pas le surestimer. Dans son rapport annuel de 2003, la Banque Nationale dit que les 10 nouveaux Etats-membres de l’UE – à l’exception de la Slovénie – ont une balance commerciale déficitaire. La BN ajoute que les investissements étrangers directs en Europe de l’Est (donc y compris les délocalisations) «commencent à se raréfier». Les investissements directs de l’UE y ont baissé successivement en 2002 et 2003. Les menaces de délocalisation ne sont souvent rien d’autre qu’un chantage mensonger des patrons.
Dans une tribune de La Libre Belgique, Paul Soete va droit au but: «Mais revenir par exemple dans les secteurs de l’industrie technologique à 40 heures, permettrait de réduire le coût horaire moyen de 7,4%».(2) Les patrons veulent diminuer leurs coûts – à nos frais – pour rester compétitifs vis-à-vis de la concurrence internationale.
Dans les pays concurrents, on dit la même chose aux travailleurs. Nous ne pouvons pas faire nôtre la logique de profit et de concurrence des patrons sous peine de perdre tous nos acquis. La politique néo-libérale de baisse des allocations et des salaires réels, de flexibilité à outrance, de hausse de la pression du travail,… est à l’oeuvre depuis les années ’80. La grande majorité des salariés, des chômeurs, des pensionnés,… ont vu reculer leur pouvoir d’achat et leurs conditions de vie et de travail. Après 25 ans de politique néo-libérale de régression sociale, les patrons et leurs gouvernements n’ont rien trouvé de mieux qu’un plan d’austérité encore plus drastique. Quel aveu d’échec !
La Belgique est le pays le plus productif au monde à l’exception des Etats-Unis. Un allongement de la semaine de travail ne fera qu’augmenter le stress. Ce n’est pas ça non plus qui va aider les gens à trouver du travail alors qu’il y avait à la fin de l’année passée 1.143.500 allocataires à charge de l’ONEm. Certains patrons, comme ceux de l’industrie automobile où le marché est déjà saturé, proposent le «gel des salaires» comme alternative à l’allongement de la semaine de travail. Soete (Agoria) et De Muelenaere (Confédération du Bâtiment) plaident en choeur pour l’annualisation du temps de travail. De Muelenaere le dit sans ambages: «C’en est fini des horaires hebdomadaires uniformes pendant toute l’année». (3)
Herwig Jorissen, qui est pourtant une figure droitière de la FGTB, a dit que l’allongement de la semaine de travail n’était «pas négociable». (4) Cela reflète la pression de la base. Chez Marechal Ketin à Liège, le personnel a rejeté à l’unanimité une proposition de la direction en ce sens. Chez Volkswagen à Forest en revanche, la FGTB tente d’éviter 200 licenciements en liant la baisse du temps de travail à une baisse des charges salariales pour le patron. Cela sape pourtant les fondements de la sécurité sociale qui serait déjà confrontée à un déficit d’un milliard d’euros.
Les patrons se servent de l’allongement de la semaine de travail comme d’un bélier pour battre en brèche tous les acquis sociaux. Si la logique du capitalisme est incompatible avec les besoins de la majorité de la population, alors il faut en finir avec elle. Nous devons remettre à l’ordre du jour la vieille revendication syndicale de la semaine des 32h avec embauche compensatoire obligatoire pour commencer à résorber le chômage. Sans perte de salaire: on a déjà pris plus qu’assez dans nos poches pendant 25 ans. Seule la formation d’une tendance combative au sein des syndicats, prolongée sur le plan politique par un nouveau parti ouvrier avec des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes dans ses rangs, permettra d’en finir avec les profits d’une petite élite et l’enrichissement d’une minorité au détriment de la grande majorité.
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Energie: Libéraliser pour payer plus cher
Comme nous l’avions prédit, la libéralisation en Flandre du marché de l’énergie n’a pas provoqué une baisse des prix, bien au contraire! Selon un récent sondage de TestAchats, il ressort que depuis la libéralisation, une famille dépense en moyenne 50 euros de plus mensuellement pour se fournir en électricité.
Karel Mortier
Pour la plupart des utilisateurs, le gaz naturel est également plus cher qu’avant. De plus, avant la libéralisation, les communes percevaient annuellement quelques 250 millions d’euros; mais depuis la libéralisation, ces rentrées ont quasiment disparu. Dès lors, un certain nombre de villes et de communes ont augmenté les taxes et sabré dans le budget des services sociaux afin de compenser les pertes.
Une cause importante de la montée des prix de l’énergie est la position quasi monopoliste d’Electrabel. D’après Luc Barbé, le chef de cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat à l’énergie Olivier Deleuze (Ecolo), l’actuel gouvernement devrait garder délibérément les prix de l’énergie élevés en Belgique afin qu’Electrabel puisse utiliser ces revenus pour s’agrandir à l’étranger. De cette manière, il pourrait écraser ses concurrents qui finiraient par crouler sous les dettes.
Pour les partis bourgeois, la baisse des prix de l’énergie reste cependant le principal argument en faveur de la libéralisation. Selon Steve Stevaert la libéralisation est «une bonne chose pour les gens» car ils devront moins payer de leur poche. Et maintenant qu’on en voit les résultats, la réponse de la social-démocratie est …libéralisons encore plus!
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Turnhout. Non à la violence nazie dans nos quartiers!
Manifestation à Turnhout le 18 septembre:
Non à la violence nazie dans nos quartiers!
LE 7 FEVRIER une fête de musique rap se déroulait dans la maison de jeunes de Turnhout De Wollewei. Une bande de jeunes fascistes a soudain investi la fête. Ils venaient chercher la bagarre en criant des slogans racistes et en faisant à plusieurs reprises le salut hitlérien, alignés en rang d’oignon. Plus tard, après avoir semé la pagaille dans le quartier alentour, ils ont été embarqués par la police.
Simon Van Haeren
Une deuxième action d’intimidation, encore plus violente, a eu lieu le 20 mai, de nouveau lors d’une fête au Wollewei. Des jeunes d’origine immigrée ont été tabassés en rue, d’autres ont été dévalisés. Partout dans le quartier, ce n’étaient que dégradations, vitres brisées,… Comme la police devait d’abord appeler des renforts, les skins fascistes n’ont été arrêtés qu’après avoir semé le désordre dans la ville pendant une bonne partie de la soirée.
Entre ces deux dates et depuis lors, il y a encore eu des incidents mineurs avec des skins locaux, mais ce sont surtout les faits ci dessus qui ont choqué et dégoûté beaucoup de gens.
Vlaams Blok?
A première vue, ce n’est qu’un ramassis de fêlés qui sèment la pagaille à Turnhout. On trouvera pourtant aisément un lien avec le Vlaams Blok. Cela n’a rien d’étonnant: le Blok de Turnhout n’a eu de cesse de manifester ouvertement son hostilité envers la maison de jeunes. La période de violence fait suite à plusieurs réunions dans un café lié au Vlaams Blok, De Schalmei.
Des skins de Turnhout s’y réunissaient, mais aussi des membres de l’organisation nazie Blood and Honor et sans doute aussi des militants du Vlaams Blok qui préféreront tenir cela secret. C’est dans ce café que les skins se sont rassemblés avant leur première assaut du 7 février. Nous avons appris entre temps qu’un responsable de Combat 18, une organisation néo nazie qui est membre du service d’ordre du Vlaams Blok, est impliqué dans la campagne de violence.
Action!
Blokbuster a appelé dès le début à isoler les nervis fascistes et leur idéologie au sein de la population locale et des jeunes. Nous devons réagir collectivement à chaque incident avec l’extrême droite. Nous appelons les habitants du quartier, les habitués du Wollewei, les lycéens, les étudiants,… à manifester pour mettre le holà aux agissements du Vlaams Blok et des skins. Une manifestation réussie fera la démonstration éclatante que les skins de droite ne peuvent compter sur aucun soutien. Non à la violence nazie dans nos quartiers!
Pauvreté, chômage, pénurie de logements,… : c’est le terreau sur lequel pousse la violence fasciste!
La force de la campagne Blokbuster, dans sa lutte contre l’extrême droite, c’est sa dénonciation radicale des problèmes sociaux. Les dernières années le coût de la vie à augmenté, les chiffres du chômage explosent, la pauvreté s’accroit. La politique du gouvernement se réduit à préserver les profits des grandes entreprises.
Avant, des manifestations contre le chômage des jeunes ont été organisées à Turnhout par les syndicats. Mais pratiquement aucun emploi digne de ce nom n’a vu le jour. Le Vlaams Blok profite de la frustration croissante et engrange ainsi les votes de protestation.
La difficulté de trouver un emploi est aussi ressentie par des jeunes qui sont encore à l’école. Le manque de perspectives et le sentiment d’impuissance jettent certains d’entre eux dans les mains de l’extrême droite et des skinheads néo nazis.
Il faut une lutte généralisée
Le racisme est un moyen pour diviser les travailleurs et de détourner leur attention de la véritable cause de leurs problèmes. Car même en temps de crise, les profits des entreprises ne cessent pas de grimper. Les pauvres deviennent plus pauvres, les riches plus riches.
Pour le Vlaams Blok, et pour les partis au pouvoir, les profits des entreprises sont sacrés. Les plans antisociaux du gouvernement et du patronat comme l’allongement du temps de travail, le gel des salaires, etc ne sont pas appliqués d’un seul coup à toute la population laborieuse. Le gouvernement et les patrons préfèrent cibler les différents groupes les uns à la suite des autres pour mieux les diviser.
Hier, Siemens en Allemagne affirmait "qu’il faut travailler plus", sinon "nous ne pourrons pas soutenir la concurrence des pays de l’Est". Aujourd’hui, les médias belges disent que "la Belgique doit suivre l’Allemagne, sinon nous sommes perdus". Et demain les travailleurs flamands seront dressés contre les travailleurs wallons. D’où notre slogan "Tout ce qui nous divise nous affaiblit!"
Blokbuster appelle les jeunes et les habitants du quartier à construire ensemble une opposition de gauche à la politique de droite!
MANIFESTATION:
Rendez-vous samedi 18/9 à 19h00. La manif démarre au Grote Markt. -
Allemagne: Mobilisation contre le gouvernement et le patronat
ALORS QU’ICI le Parti socialiste ne compte plus ses efforts pour garder son image «de gauche», en Allemagne, c’est le Parti Social-Démocrate (SPD) qui mène les attaques contre les travailleurs.
Nicolas Croes
Attaques, d’abord, contre les chômeurs. Car, dans le cadre de «l’agenda 2010», visant à rendre l’Allemagne plus compétitive, il est prévu de diminuer les indemnités de chômage. Dans certaines régions, à partir de janvier 2005, c’est presque 20% de la population qui devra se contenter de 345 euros, augmentés d’une aide minime pour le loyer. Les chômeurs ne pouvaient rester inactifs contre cette loi. Reprenant l’exemple des manifestations du lundi qui, en 1989, protestaient contre le régime stalinien d’Allemagne de l’Est, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues, cruel camouflet pour Schröder, maintenant comparé à un Honnecker…
Bien loin de s’essouffler, ces mobilisations gagnent en intensité et l’on attend 2 millions de manifestants pour le 3 octobre. Ce sera nécessaire pour élargir la lutte des chômeurs vers les entreprises afin de créer une dynamique soutenue contre l’Agenda 2010. Il faut des actions de grève régionales et nationales, comme pas suivant dans la mobilisation, pour montrer la force de frappe des travailleurs et de leur famille, capable de bloquer la machine capitaliste.
Il faut dire que les chômeurs ne sont pas seuls sur la sellette, puisque les pressions pour augmenter le temps de travail continuent. A l’origine prévue comme un «rempart contre la délocalisation», les 40 heures sont maintenant appliquées dans certains services publics régionaux allemands (on peut cependant difficilement imaginer comment délocaliser l’administration locale).
Face aux chômeurs et aux travailleurs qui voient leurs conditions de vie et de travail diminuer de manière inqualifiable, la coalition rouge-verte au pouvoir proteste, s’indigne même. Non pas contre les patrons, premiers à mettre en avant l’austérité et derniers à en payer les frais, mais contre cette «hystérie» qui s’est emparée du précieux électorat allemand (la population est-elle encore considérées autrement?).
Vers un nouveau parti des travailleurs?
En effet, en plus des mobilisations, un nouveau parti se constitue à la gauche du SPD et de nombreux membres du parti du chancelier Schröder sont tentés, dégoûtés par la politique néo-libérale des sociaux-démocrates.
Cette nouvelle formation issue de deux groupes («Alternative électorale» et «Initiative pour le Travail et la Justice sociale») dispose déjà de moyens importants: 3.000 membres, 70 sections locales,… et suscite un tel intérêt dans la population qu’il semble impossible pour le SPD et Shröder de remporter les prochaines élections.
Jusqu’à présent cette nouvelle formation est peu radicale, mais cela montre qu’il existe un espace pour un nouveau parti des travailleurs. Mais il est possible que l’orientation politique change sous la pression de la base: qu’elle ne se limite pas aux revendications immédiates (maintien des allocations sociales, refus des privatisations, etc.) mais qu’elle mette à nu les causes véritables de la politique menée (la crise capitaliste). Notre organisation soeur Sozialistische Alternative Voran (SAV) participe à cette nouvelle initiative afin d’y développer une opposition révolutionnaire socialiste.
Il est important de suivre les répercussions, dans notre pays, des événements d’Allemagne. La proposition du patronat de Marichal Ketin d’augmenter le nombre d’heures de travail sans augmentation de salaire ou le plan Vandenbroucke visant à diminuer le nombre de chômeurs montrent que l’offensive de la bourgeoisie touche également la Belgique. Nous assistons tous à des attaques en règles contre nos acquis, et si le Parti socialiste est encore fort en gueule, jamais des mesures concrètes n’ont étés proposées, et leurs quelques lamentations bruyantes n’auront offert d’emplois qu’aux journalistes.
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“Adieu, la prospérité!”
C’EST LE titre d’un article de l’hebdomadaire Knack du 25 août sur l’Allemagne. Le plan d’austérité de Schröder est un bain de sang social. Les chômeurs de longue durée vont par exemple se retrouver avec une allocation de moins de 350 euros par mois dès janvier!
Anja Deschoemacker
Et la Belgique va suivre la même voie. La bourgeoisie a mis toutes ses cartes sur la table: les patrons ont mis en avant une liste impressionnante de revendications afin que le gouvernement tente d’imposer des restructurations sociales très dures. Celles-ci n’ont qu’un but: accroître les profits, au détriment des travailleurs et de ceux qui vivent d’une allocation.
En Belgique si ceux qui siègent au gouvernement étaient d’authentiques représentants des travailleurs ils auraient mis en avant un plan d’action sérieux sur base des informations parues dans la presse au cours des dernières semaines. Ils s’apercevraient à juste titre que dans un des pays les plus riches du monde, plus de 2/3 des pensionnés (66,32%) vivent avec moins de 1.000 euros par mois, et 39,11% avec moins de 750 euros par mois. Et que la pension minimale est de 34% inférieure à la moyenne européenne. Il feraient tout pour résoudre ces problèmes, en commençant par mettre le holà à la politique de diminution des charges patronales qui vide les caisses de sécurité sociale.
Mais ce ne sont pas des représentants des travailleurs au gouvernement. Ce sont des arrivistes qui vivent dans un milieu «particulier». Bruno Tobback, par exemple, dit qu’il n’y a pas vraiment de problème concernant les pensions, mis à part le fait que «dans l’avenir» les pensionnés ne vont «plus» pouvoir passer de somptueuses vacances en Afrique. De quels pensionnés parletil? Ou plutôt: sur quelle planète vitil?
Il y a énormément de problèmes à résoudre. Cependant, si on suit les médias, le vrai problème en Belgique reste un problème communautaire. Il est donc probable que le gouvernement va en arriver à la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ou de quelque chose dans ce goût-là. Par contre tous les partis des deux cotés de la frontière linguistique s’accordent (même si certains parviennent à mieux l’emballer que d’autres) sur la nécessité d’une offensive contre la réglementation du travail, les services publics et la sécurité sociale. Quoiqu’il advienne, une chose est sûre: si les travailleurs ne descendent pas dans la rue pour défendre leurs acquis d’après-guerre, ceux-ci vont disparaître.
Nous espérons que les travailleurs de notre pays ne se laisserons pas détourner par les querelles communautaires. Si Vandenbroucke affirme qu’il ne pouvait aller plus loin dans ses mesures d’austérité et ses attaques contre les chômeurs flamands, c’est parce qu’il espère gagner cette offensive en Flandre pour l’imposer plus tard sur le plan national. Cette politique de chantage aide les partis francophones à vendre leur politique d’austérité, «parce qu’ils y sont contraints».
Et pendant que la question nationale est poussée à l’avant-plan par les médias, on peut retrouver derrière l’écran le patronat et leurs gouvernements main dans la main, en accord total sur le fait que l’état providence est devenu ingérable et qu’il doit donc être démantelé. Bref, si nous ne suivons pas l’exemple de résistance dont ont fait preuve les travailleurs français, espagnols, italiens et maintenant aussi allemands, les patrons l’emporteront!
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Les réponses des grands partis ne tiennent pas la route
Il n’y a pas beaucoup d’obserteurs qui font le rapport entre le score de l’extrême droite du 13 juin et les problèmes liés au travail. Cela fait pourtant 25 ans que la bourgeoisie est à l’offensive sur ce front.
Peter Delsing
1975-’81: travail et capital sont en équilibre
En 1975, la crise atteint la Belgique. Le chômage double quasiment: de 96.933 à 174.484. Frappés de plein fouet par la crise pétrolière, les patrons exigent la suppression de l’index qui adapte les salaires à la hausse des prix. La puissance des syndicats y fera obstacle pendant des années. Les grands mouvements de grève du début des années 70 toute l’Europe s’était radicalisée dans la foulée de Mai 68 avaient mis sous pression les bénéfices des entreprises. De 1970 à 1975, les salaires réels ont crû de 44%, la productivité «seulement» de 31%.
La crise de surproduction était pourtant déjà annoncée. La hausse des salaires des années 60 et du début des années 70 n’avait pas empêché les investissements de croître énormément.
A tel point que, à cause de la répartition inégale des richesses entre les capitalistes et le reste de la population, la croissance du marché ne pouvait plus suivre celle de la capacité de production.
Dans un premier temps, le gouvernement cherche la parade dans une politique keynésienne: stimuler la demande. De 1974 au début des années 80, près de 200.000 emplois sont créés dans la fonction publique. On emprunte sans compter pour financer des «programmes d’embauche» et subsidier les industries en crise. Toutes ces mesures n’ont pourtant pas fait baisser le chômage. Elles n’ont fait que limiter les dégâts.
La bourgeoisie a mis les pouvoirs publics à contribution pour faire face à la crise, ce qui a donné lieu à des déficits budgétaires galopants, une charge de la dette écrasante et de fortes hausses de prix. Tandis que le gouvernement faisait fonctionner la planche à billets, la production cessait d’être rentable: la phase d’expansion généralisée était terminée. Dans les années 60, la croissance économique réelle était de 4,8% en moyenne. Dans les années 70, c’était 3,4%. Dans les années 80, ce n’était plus que 2% malgré la forte croissance de la dette publique. Dans les années 90, elle est passée sous la barre des 2%. Depuis la crise économique de 2001 aux Etats-Unis, les chiffres de la croissance pour l’économie belge sont encore plus faibles.
1982: l’offensive néo- néolibérale libérale
C’est le gouvernement Martens V qui a donné le coup d’envoi de la politique d’austérité drastique en 1982. Dès le mois de février, les dirigeants syndicaux pliaient le genou. Le président de la CSC, Jef Houthuys, avait alors permis au gouvernement de dévaluer le Franc belge de 8,5% afin de stimuler la croissance et les exportations. Le pouvoir d’achat des travailleurs a durement accusé le coup.
Pour achever de les prendre à la gorge, on a effectué plusieurs sauts d’index. De 1981 à 1985, les salaires réels baisseront de 13% à 21% selon les catégories!
Comment le gouvernement comptet- il résorber le chômage? L’idée de départ est qu’il faut rétablir les profits et la compétitivité des entreprises. Dans cette logique, il faut comprimer les coûts salariaux pour diminuer les frais d’embauche. A côté des attaques directes comme les sauts d’index, il y a eu le plan Maribel de 1981: les cotisations «patronales» à la sécurité sociale faisaient pour la première fois l’objet d’une réduction généralisée. C’est une atteinte au salaire indirect des travailleurs qui doit couvrir le chômage, la maladie et la vieillesse. La politique néo-libérale signifie aussi une percée de la flexibilité au milieu des années 80: on fait table rase des limitations au temps partiel et et au travail en équipes, du congé du dimanche, de la durée maximale du temps de travail,…D’autres mesures contre le chômage étaient les programmes de mise à l’emploi: stages des jeunes, Cadre Spécial Temporaire, Troisième Circuit de Travail, Agents Contractuels Subventionnés,… Il s’agit de statuts subsidiés totalement ou partiellement par les pouvoirs publics.
L’introduction de différents systèmes de prépension devait aussi contenir le chômage. Tous ces statuts continuent pourtant de dépendre des allocations de chômage.Tous ces cadeaux au patronat n’ont pas fait reculer le chômage. Même pendant le bref regain de croissance de 1986-89, le chômage réel est resté au même niveau (phénomène de la «croissance sans emploi»). Ceci alors que le gouvernement falsifie les chiffres en recourant aux suspensions du droit aux allocations (près de 110.000 exclusions temporaires ou définitives entre 1983 et 1985) ou en évacuant des statistiques les chômeurs âgés, les stages d’attente, les prépensionnés, les chômeurs à temps partiel contre leur gré, les pausescarrières,…
Plusieurs de ces catégories continuent pourtant de dépendre des allocations de l’ONEm.Si le chômage n’a pas reculé, ces mesures n’ont cependant pas été un coup d’épée dans l’eau pour tout le monde. Les bénéfices des entreprises sont passés de 20 milliards de FB en 1980 à 169 milliards en 1987 (en valeur de 1980).
La chute du stalinisme (’89- ’92) et ses effets sur le mouvement ouvrier
L’offensive néo-libérale a été entamée par des politiciens ouvertement de droite : Verhofstadt, Martens, Thatcher, Reagan, etc. Après la chute du stalinisme et l’offensive idéologique de la bourgeoisie en faveur du marché libre, les dirigeants de la socialdémocratie, eux, n’ont pas hésité non plus à saisir cette occasion pour mener une politique antisociale.Dans le cadre de la réalisation des normes du Traité de Maestricht (1993), visant à introduire l’euro, le gouvernement belge ébaucha le Plan Global, un programme d’austérité sévère. Ce plan officialise le lien entre l’emploi et la baisse des ‘charges patronales à la sécurité sociale’. Cette recette s’est déjà avérée inefficace dans les années quatre-vingt. Le Plan Global comprenait les plans d’entreprise qui lient partage du travail, flexibilité et allègement des charges patronales.
Mais, même lors du boom des années 90, les dépenses de la Sécurité Sociale ont continué à grimper. Entretemps, le taux de chômage n’a pas baissé. La politique d’austérité mise en place dès le début des années 80, comprenant la baisse des salaires réels et des allocations sociales, n’a fait qu’appauvrir le pouvoir d’achat et aggraver la crise de surproduction. A quelle situation était-on confronté à la fin des années 90 ? 35 pc des salariés avaient un statut flexible (travail de nuit, du soir, du week-end, en équipe).
En 1998, 17,8% des salariés travaillaient à temps partiel (contre 3% en 1973). Seuls la moitié des embauches à temps plein étaient à durée indéterminée. Les entreprises avec 10% d’intérimaires sont devenues la règle. Entre 1993 et 1997, 130 mille personnes, surtout des femmes, ont été virées du chômage. Après 2001, une année de crise, le nombre de sansemplois (de toutes sortes) était supérieur à un million, soit 25% de la population active. En 1970, il n’y avait encore que 71.000 personnes sans emploi, soit 1,9%. La crise du capitalisme est devenue structurelle.
L’Etat social actif (1999): bosser pour son allocation
Avec le gouvernement arc-en-ciel, la mise au travail forcée – sous peine de perdre leur allocation – des chômeurs de longue durée et des minimexés est devenue la norme (ce processus avait déjà été inauguré par les emplois-Smet et les ALE). Il s’agit ainsi de veiller à ce qu’ils soient « disponibles sur le marché du travail » et à ce qu‘ils acquièrent une « discipline de travail ».
On veut insuffler l’idée que les individus doivent faire un effort d’adaptation pour décrocher un emploi. Selon les statistiques du VDAB (l’organe de placement en Flandre) publiées en 2003, il y a 6 chômeurs pour chaque offre d’emploi.Le sommet européen de Lisbonne (2000), qui voulait faire de l’Europe la zone la plus compétitive du monde capitaliste d’ici 2010, fournira une nouvelle occasion d’imposer aux chômeurs n’importe quel emploi-bidon. Le taux d’activité doit augmenter pour pouvoir financer à terme le coût du vieillissement et maîtriser les dépenses de la sécurité sociale. Le but est de démanteler le système des prépensions et de jeter les chômeurs en pâture à un marché du travail répondant aux normes américaines de flexibilité et de coût salarial. Les entreprises devraient ainsi être incitées à investir davantage dans l’emploi dès que l’économie manifestera des signes de reprise. Cette politique ne fera qu’élargir le fossé entre riches et pauvres, comme aux Etats-Unis.
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Le MAS sort renforcé des élections
Le score électoral du MAS/ LSP est petit comparé à celui des partis traditionnels. Nous n’avions cependant pas d’autres ambitions que celle de nous faire connaître et nous renforcer. En Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, nous gagnons des membres.
Eric Byl
En Belgique francophone, 5.675 personnes ont choisi le MAS pour sa première participation électorale. Mais la priorité était le renforcement de nos sections de Bruxelles, Liège et Mons et la possibilité de voir émerger d’autres sections à Ixelles, Wavre, Tubize et Verviers. De plus, à Tournai, La Louvière et Charleroi, bien des gens ont pris contact avec le MAS. Enfin, notre travail étudiant à l’ULB et à l’ULG s’élargi avec une section à l’UCL.
En Belgique néerlandophone, le LSP a obtenu 14.166 voix, bien plus qu’aux élections législatives de 2003 où c’était notre première participation sous ce nom. Nous avons bien progressé en nombre de membres, surtout à Anvers et à Ostende. A Beveren-Waas nous avons dorénavant une section à part entière. Nous voulions également essayer de nous implanter au Limbourg, et sommes près d’y arriver.
En Flandre Orientale notre liste aux élections régionales récolte 2.509 voix, contre 3.751 voix pour les européennes. En 2003 nous avions obtenu 2.843 voix au Sénat et 2.929 à la Chambre. Cette différence pour l’Europe et le Conseil régional flamand est partiellement expliquée par la campagne «Groen! est nécessaire» qui a eu un certain écho dans les milieux progressistes, au contraire des quartiers populaires. C’était notre deuxième participation électorale et notre électorat n’est pas vraiment stabilisé. Il «flotte» donc plus, par exemple, que celui du PTB qui a derrière lui 30 ans de participations électorales.
Cette fois encore le MAS/LSP a fait une campagne avec un petit budget: une affiche centrale, un dépliant et un programme. Nous avons dépensé 6.000 euros: une paille en comparaison des 5 millions d’euros que les partis traditionnels dépensent aux élections, et même comparé au PTB qui a dépensé 31.000 euros. Pour les élections européennes, chaque voix a coûté 0,30 euro au MAS/ LSP. Pour les partis traditionnels et le Blok, cela fait de 4 à 7 euros par voix et pour le PTB 1,50 euro par voix.
Un vote pour le MAS/LSP était-il un vote perdu? Ni le cordon sanitaire, ni la condamnation du Vlaams Blok n’ont endigué la progression électorale du Vlaams Blok. Et ce n’est pas la poursuite de la politique néo-libérale qui fera reculer le Blok.
Il faut une politique qui parte des besoins de la population. Compter sur les Verts ou sur le PS/SP.a pour appliquer une telle politique est illusoire. Le MAS a fait le choix de construire patiemment une organisation de cadres.
A court terme, c’est moins spectaculaire que de constamment réinventer des illusions électorales. A long terme, c’est la seule garantie pour une politique différente. Dans les années 70 les marginaux d’extrême droite du Vlaams Blok n’étaient pas pris au sérieux. Ils ont patiemment construit leur parti, qui est devenu le plus grand de Flandre. Même dans l’opposition le Blok parvient à faire partiellement appliquer son programme réactionnaire par les autres partis. Certains à gauche voudraient atteindre des scores électoraux importants sans faire cet effort et ironisent sur les résultats de la «petite» gauche. Nous pensons qu’ils ont tort. Loins de ces illusions, nous appelons nos lecteurs à rejoindre le MAS et à construire avec nous une réelle alternative de gauche.