Tag: Belgique

  • Bayer Anvers: Travailleurs illégaux chinois à des salaires de misère

    LE JOURNAL De Morgen a révélé que le site anversois du géant de la chimie Bayer recourait en toute illégalité à de la main d’oeuvre chinoise ; les Chinois suivent officiellement une formation qui doit les rendre opérationnels sur le site de Bayer à Shangaï.

    Eric Byl

    La multinationale Bayer est en train d’investir en Chine: elle vient ainsi de débourser 350 millions d’euros pour le site de Shangaï où une usine comparable à celle d’Anvers est en construction. En Chine, les travailleurs de la chimie gagneraient à peine plus d’1 euro de l’heure, ce qui est évidemment la principale raison pour laquelle Bayer investit en Chine. La direction a décidé de faire venir des travailleurs qualifiés de Chine pour qu’ils se familiarisent avec les méthodes de la Maison avant de retourner là-bas pour y organiser et diriger l’entreprise.

    La direction avait apparemment perdu de vue que le recours à de la main d’oeuvre chinoise (même partiellement à titre de formation) nécessite l’obtention d’un permis de travail et d’une carte de travail. En outre, les Chinois n’étaient pas rémunérés selon les normes belges mais selon les normes chinoises. Lors de leur séjour en Belgique, ils ne d’heures que les travailleurs belges. Le non-respect des dispositions légales est passible de lourdes amendes pour l’entreprise. Il est en effet inacceptable d’importer de la main d’oeuvre étrangère aux conditions de travail et de salaire du pays d’origine sous peine de mener à toutes sortes d’abus. Si c’est déjà partiellement possible au sein de l’UE, il n’en va pas de même pour des travailleurs d’un pays extérieur à l’UE.

    Le recours par Bayer à de la main d’oeuvre chinoise en Belgique a évidemment un double objectif. Il s’agit de hisser les travailleurs chinois (sous-payés) à un niveau de qualification suffisant d’une part, de faire pression sur les travailleurs d’ici d’autre part. Il va de soi que nombre de travailleurs de Bayer/ Anvers se posent des questions sur la venue de ces Chinois et craignent qu’une partie de la production du site d’Anvers soit délocalisée en Chine. La direction ne manquera d’ailleurs pas d’utiliser cet argument pour faire accepter des baisses de coût sur le plan des salaires ou du temps de travail. La révélation de ces faits dans De Morgen a eu ceci de positif que le secrétaire syndical du secteur concerné s’est élevé publiquement contre ces pratiques.

  • Les soins de santé suffoquent

    LA PRESSE le dit tous les jours: la situation des soins de santé est “inquiétante”. En 2004 le budget avait un déficit de 850.000.000 d’euros. Excellente raison pour Rudy Demotte (ministre PS des Affaires Sociales et de la Santé) d’intervenir avec toute une batterie de coupes budgétaires.

    Bart Van der Biest

    Expliquer toutes ces mesures prendrait trop de place, mais l’on peut déjà dire que toutes sortes de sommes forfaitaires vont êtres augmentées, certaines consultations vont être limitées, la partie non-remboursée pour les visites à domicile va être augmentées,…

    Part dans le budget de l’Inami (en milliards d’euros):

    Salaires des médecins: 5013 (30,8%)

    Jour d’hospitalisation: 3803,5 (23,4%)

    Médicaments: 2876 (17,7%)

    Maisons de repos: 1407,5 (8,7%)

    Infirmiers: 689,6 (4,2%)

    Orthodontie: 512,7 (3,1%)

    Kinésithérapeutes: 414,5 (2,5%)

    Implants: 374,4 (2,3%)

    Revalidation: 337,9 (2,1%)

    Autres: 828,7 (5,1%)

    Il est intéressant de voir la répartition des coûts dans les soins de santé (voir cadre). Le budget total de l’Inami (qui n’était pas suffisant) est de 16.257,8 milliards d’euros. Fait remarquable: une grande partie de cette somme arrive chez les médecins (30,8%), et l’industrie pharmaceutique n’est pas non plus en reste, puisque quelque 17,7% leur sont réservés (à comparer avec 12 ,2 % au Luxembourg, 11% aux Pays-Bas et 8,5% au Danemark). L’industrie pharmaceutique belge coule des jours heureux… En comparaison de ces deux goinfres, le coût des infirmiers (4,2%) est presque négligeable. Demotte annonce en fanfare qu’il va s’attaquer à l’industrie pharmaceutique… ce boucan permet de passer sous silence ce qu’il compte faire avec les patients. «Tout le monde doit payer sa part », déclare t-il. Léger problème: en s’en prenant aux patients, ce ne sont pas les profits qui passsent à la trappes, mais notre santé.

    Le modèle kiwi: l’oeuf de Colomb?

    Une proposition lancée par un docteur du PTB, défendue par le ministre Spa et les présidents du SP.A, VLD et CD&V, applaudie par la presse bourgeoise… on se méfierait à moins! Mais qu’est-ce-que le modèle kiwi? En Nouvelle Zélande l’Etat fait des adjudications publiques ouvertes, et seul le médicament générique le meilleur marché répondant aux exigences du produit est remboursé par la mutuelle. Grâce à cela les médicaments y sont 50 à 90% moins chers qu’en Belgique. Par patient et par an, la mutuelle rembourse 63 euros, contre une moyenne de 270 euros en Belgique.

    Mais en Nouvelle Zélande, l’industrie pharmaceutique fait également des profits. Le modèle kiwi n’est donc certainement pas une mesure « anticapitaliste », mais cherche justement à maintenir la fonction de vache à lait pour les médecins et l’industrie pharmaceutique, protégeant ainsi ce beau monde de leur propre gloutonnerie: si le système n’est plus tenable, fini les profits!

    L’argument selon lequel on laisserait jouer le marché libre est tout aussi dénué de sens. Le jeune capitalisme de la libre concurrence est mort, et a laissé place au capitalisme monopoliste, dans lequel les grandes multinationales dictent leur loi.

    L’industrie pharmaceutique a une machine de marketing énorme qui doit assurer que seuls les produits les plus chers sont disponibles. De différentes manières, les prescripteurs sont «convaincus»: offre de petits voyage masqués comme jours d’étude, restaurants de luxe, échantillons gratuits (qui obligent plus ou moins le patient à continuer après avec le même médicament), sponsoring des magazines professionnels,… La «pharma-maffia» dépense plus en publicités qu’en recherches. Pour autant que cela continue, on pourrait encore installer 100 modèles kiwi, sans réel changement. Un autre cancer des soins de santé: la médecine de prestation Au lieu d’abolir résolument la médecine de prestation (dans lequel le médecin est payé par « client »), Demotte se limite à quelques mécanismes de contrôle.

    Chaque hôpital regorge d’histoires d’abus de prestations (non-nécessaires, ou tout simplement inexistantes). Cela peut revêtir la forme de consultations hebdomadaires de tous les patients d’un hôpital, pour finalement ne pas s’y intéresser. Comment un mécanisme de contrôle va-t-il différencier ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas? Les patients qui en ont besoin sont menacés d’être les victimes de ces mesures limitatives. Un contrôle de qualité va s’avérer pratiquement impossible.

    Dernière couche d’absurdité ; ce sont bien souvent les infirmiers qui s’occupent de ces prestations, le rôle du médecin se limitant à garder ouvert son portefeuille.

    Une alternative socialiste

    au hold-up capitaliste sur les soins de santé Pour un programme socialiste relatif aux soins de santé, nous mettons en avant les trois éléments suivants, parmi d’autres:

    1. La mise sur pied d’un service de santé national aux mains de l’état et sous contrôle des travailleurs et des consommateurs. Cela permet d’éliminer la concurrence entre hôpitaux et de simplifier le financement. Actuellement, les hôpitaux dépendent de subventions de l’état et des cotisations des médecins.

    2. L’abolition résolue de la médecine de prestation et le payement des médecins comme des salariés: la surconsommation n’aurait donc plus aucun intérêt. De plus, il serait fini le temps des médecins se comportant en seigneurs intouchables dans leur hôpital.

    3. La nationalisation de l’industrie pharmaceutique afin que seuls les meilleurs produits soient vendus, et à bas prix. La montagne d’argent qui est gaspillée aujourd’hui dans la publicité pourrait aller intégralement à la recherche.

    Est-ce que la scission est une solution?

    L’explosion des dépenses a renforcé l’appel flamand pour une fédéralisation des soins de santé. Des deux côtés de la frontière linguistique, chiffres et statistiques sont mis en avant. Mais ces chiffres sont flexibles et peuvent être interprétés de différentes manières.

    En plus, les avocats de la scission ne proposent pas de projet réfléchi. Pour les travailleurs et les consommateurs une scission serait tout sauf une bénédiction. Selon Gilbert De Swert (CSC) une sécurité sociale flamande serait (encore) plus libérale étant donné que le rapport de forces est moins favorable à classe ouvrière en Flandre qu’en Wallonie. Il ne se passerait guère de temps avant qu’on ne commence à privatiser le secteur peu à peu. Aux Etats- Unis on voit bien ce qu’un tel système a à offrir: bien qu’une partie importante de la population vit dans la précarité, les dépenses par habitant sont les plus élevées du monde développé, et cela avec une espérance de vie et un degré de mortalité infantile tragique. Difficile de voir là un modèle d’efficacité. Quoique encore une fois, tout dépend du côté où l’on se trouve.

    Il n’y a aucun espoir de diminution des abus tant que la maximalisation des profits reste le moteur des soins de santé. Ceux-ci ne peuvent être de qualité et durable que dans une société socialiste qui part des besoins de la population et non pas des profits des entreprises.

  • ACG Automotive (Splintex): Cette lutte est aussi notre lutte

    Ce lundi 17 janvier, il y avait un grand rassemblement de militants originaires de tout le pays au piquet de grève de Splintex à Fleurus, près de Charleroi. Le défi des grévistes est de taille. Après 48 jours de grèves, les huissiers et la police tentent de casser la grève.

    La direction d’AGC automotive est décidée à entrer en confrontation de manière brutale. Le licenciement des 284 travailleurs fut la première attaque frontale. Nous soutenons la résistance contre l’agression patronale, cette lutte est aussi notre lutte.

    Les "négociations" ne changèrent pas la politique patronale. La direction d’AGC Fleurus utilise même le tribunal pour déposer une requête unilatérale en exigeant des astreintes contre les grévistes. Ceux-ci résistent toujours en menant la lutte pour la sauvegarde de tous les emplois.

    Lundi matin, plusieurs centaines de militants se sont réunis au piquet. L’huissier, qui s’est présenté, a dû faire demi-tour sous la pression des travailleurs. Ceux-ci redoutaient une réaction la police pour casser la grève et criminaliser le mouvement. La forte mobilisation, ce jour-là, a remonté le moral des travailleurs.

    La Centrale Générale a mobilisé des délégations dans tout le pays. On annonçait que le secteur métal mobiliserait régionalement au piquet ce mardi matin. Plusieurs militants venant d’autres entreprises avaient déjà pris part aux piquets.

    Cette mobilisation doit être un départ pour organiser une mobilisation la plus large possible. La lutte que mène les travailleurs de Splintex nous concerne tous. Elle met en avant, de manière claire, la politique du patronat et du gouvernement en Belgique aujourd’hui : licenciements et criminalisation de mouvements sociaux.

    Vendredi passé, une « concertation » avec le ministère de l’emploi et du travail avait déjà eu lieu, mais elle n’a aboutit que sur le fait que la direction ne voulait faire aucune concession.

    Cette politique patronale n’est pas seulement appliquée à Splintex. Il faut discuter de l’élargissement du mouvement. Il est nécessaire d’avoir une action locale comme une grève générale régionale. Cela pourrait catalyser la colère contre les astreintes et créer une plus grande solidarité.

    Les piquets de grèves ont un caractère très combatifs et les travailleurs sont déterminés. Ils ne se laissent pas intimider par l’attitude agressive de la direction.

    C’est un exemple important pour la lutte des travailleurs en Belgique. Nous appelons à participer aux piquets et à la fête de solidarité pour élargir le mouvement.

    Mercredi 19/01 – 19h00 : fête de solidarité organisé par le comité de soutien – présence des militants syndicaux de la région.

    La Ruche Verrière

    Place Edmond Gilles

    Lodelinsart

    Prendre l’A54, direction Gilly/Lodelinsart, prendre la Chaussée de Châtelet direction Lodelinsart, prendre la deuxième rue à droite, au bout de cette rue le bâtiment est sur la place). Le piquet de grève est accessible par l’E42, (sortie 15 Fleurus), direction Charleroi-Gilly jusqu’au rond-point près du zoning industriel de Fleurus. Là il faut prendre la première à gauche.

  • Union Européenne. Une camisole de force ultra-libérale

    UNION EUROPÉENNE

    LA COMMISSION EUROPÉENNE et les gouvernements veulent faire ratifier une constitution qui bétonne le libéralisme.

    Jean Peltier

    Tous les pays membres de l’Union européenne vont devoir se prononcer dans les deux ans qui viennent sur le projet de Constitution européenne. En Belgique, cela sera peut-être fait par un vote du Parlement mais il est possible que nous soyons appelés à voter sur ce sujet lors d’un référendum en mai ou en juin 2005.

    A quoi doit donc servir cette Constitution?

    En partie, à fixer des règles juridiques clarifiées pour permettre à l’Union européenne de fonctionner avec 25 pays membres. Mais ce texte ne se limite pas à définir des règles de procédure pour les prises de décision.

    Elle fixe surtout un modèle économique, social et politique pour l’Union européenne que tous les gouvernements devront impérativement respecter sous peine de sanctions.

    Et comme cette Constitution ne pourra être modifiée à l’avenir qu’à l’unanimité des pays membres, il est clair que ce texte s’imposera pour longtemps! Les quatre grandes familles politiques européennes et belges – chrétiens, libéraux, socialistes et verts – sont favorables à cette Constitution. Les partis socialistes essaient de «vendre» la Constitution en insistant sur les quelques références qui figurent dans le texte à l’Europe sociale, au plein emploi et au progrès social. Mais il ne s’agit que de déclarations d’intention qui ne sont appuyées par aucune mesure concrète. Par contre, les multiples références à l’économie de marché, à la compétitivité et à la libre concurrence sont appuyées par des centaines de dispositions pratiques, issues des traités antérieurs et désormais gravées dans le marbre de la Constitution.

    Non à la Constitution et à l’Union européennes

    La Constitution renforce aussi toutes les procédures de contrôle et place les Etats de l’UE en liberté surveillée, en exigeant que «les Etats membres facilitent l’accomplissement par l’Union de sa mission et s’abstiennent de toute mesure susceptible de mettre en péril la réalisation des objectifs de l’Union». Et quels sont ces objectifs: «la liberté de circulation des capitaux» et la «concurrence libre et non faussée». Dans ces conditions, un gouvernement mis sous pression par une mobilisation des travailleurs ne pourrait plus jamais subsidier des secteurs économiques en difficulté, renationaliser un secteur ou établir un contrôle sur les opérations bancaires car tout cela fausserait la concurrence!

    Enfin, la Constitution ne se contente pas de politique intérieure. Si les Etats membres sont appelés à renforcer leur «discipline budgétaire» – ce qui veut dire continuer à sabrer dans toutes les dépenses sociales – la Constitution prévoit par contre un engagement ferme de ces Etats à «améliorer progressivement leurs capacités militaires» et à renforcer leur coopération étroite avec l’OTAN.

    Pour une Europe socialiste!

    Cette Constitution prolonge et amplifie la politique ultra libérale impulsée par la Commission européenne et les gouvernements nationaux depuis près de trente ans. Elle traduit les intérêts des bourgeoisies européennes: casser les systèmes de protection sociale, baisser les salaires et affaiblir la résistance des travailleurs afin de renforcer la position de l’Union européenne dans la concurrence internationale.

    Le MAS appelle non seulement au rejet de ce projet de Constitution, mais au rejet de tout projet de construction européenne dans le cadre capitaliste.

    Seule une Fédération des Etats- Unis socialistes d’Europe peut apporter la prospérité et la paix aux peuples du vieux continent.

  • Mon emploi c’est ma tartine: on n’y touche pas!

    ACG AUTOMOTIVE (Ex-SPLINTEX)

    LES TRAVAILLEURS d’AGC Automotive (ex-Splintex) à Fleurus, en grève depuis le 1er décembre, sont plus déterminés que jamais à lutter pour défendre tous les emplois.

    Guy Van Sinoy

    En 2000, les ouvriers de Splintex ont connu une restructuration et perdu 300 emplois. En décembre 2001 le groupe japonais Asahi a pris le contrôle total du groupe Glaverbel. A l’époque, l’administrateur délégué, Luc Willame, déclara que cela n’aurait "aucun impact négatif sur l’emploi en Belgique" (La Libre Belgique, 16/12/ 2001).

    En 2002 Glaverbel a fusionné AS Technology et Splintex, son département fabriquant des vitres pour le secteur automobile. Le nouvel administrateur de Glaverbel, Arthur Ulens, déclara que cela n’aurait pas d’impact sur l’emploi en Belgique. En plus de l’usine de Fleurus, le groupe fabrique des vitres pour voitures en Italie, en France et en Tchéquie. En juin 2004 à l’occasion d’un Comité d’entreprise européen, la direction a réaffirmé qu’elle n’avait pas l’intention de supprimer des emplois.

    Jeudi 2 décembre 2004, la direction d’AGC Automotive Europe (plus connu sous le nom de Splintex) a annoncé par courrier la suppression de 284 emplois (sur 844!), la fermeture d’un four produisant des vitres latérales, le recours à la soustraitance et à l’intérim pour absorber les variations de la demande. Pour certains, c’est l’épouse qui a ouvert le courrier et qui a téléphoné à l’usine pour prévenir le mari, pensant qu’il avait perdu son emploi. Les travailleurs sont partis immédiatement en grève et on retenu une partie de la direction dans l’usine.

    "Séquestration! Prise d’otages!" ont hurlé les patrons et les médias à leur botte. En réalité ce sont les travailleurs qui sont pris en otages par la multinationale et ses men-songes à répétition. Après 24 heures, l’assemblée générale des travailleurs a voté pour que les directeurs retenus puissent se rendre à Bruxelles à une réunion de négociation.

    A l’assemblée générale du 16 décembre, après deux semaines de grève, les délégués syndicaux ont annoncé aux travailleurs que la direction refusait de revoir sa position. Des actions sont prévues auprès des sous-traitants où sont stockés les produits finis.

    Venez soutenir les travailleurs en lutte: AGC vailleurs Automotive, zoning industriel, avenue du Marquis, triel, 6220 Fleurus. Tél 071/ 82.62.11, Fax 074/ 82.62.99.

  • Grande mobilisation lors de la manifestation syndicale et motivation à entrer en action

    21 décembre 2004

    La manifestation syndicale qui a prit place aujourd’hui à Bruxelles a connu une grande participation même si la mobilisation n’a pas été menée partout avec la même clarté. Dans de nombreux secteurs, il n’était pas évident si oui ou non un appel à la grève était lancé. Mais la motivation de bouger de la base était forte, ce qui s’est exprimé par l’importance de la participation. Autant les syndicats que la police ont estimé celle-ci à 50.000 manifestants.

    La manifestation était dirigée contre l’offensive patronale sur le plan des salaires et des conditions des travailleurs. Les patrons revendiquaient plus de flexibilité et une baisse du revenu réel par la réduction de la norme salariale (pourcentage au sein duquel le salaire peut augmenter). Les pré-pensions sont également menacées. La méthode de la pré-pension en soi n’est pas remise en question par le patronat, mais il veut naturellement se débarrasser des travailleurs âgés au moindre coût possible. Aujourd’hui on avait la démonstration d’une réponse vigoureuse contre l’offensive patronale. Tandis que pour de nombreux dirigeants syndicaux, la manifestation était peut-être un moyen de laisser échapper la vapeur, il y avait surtout une pression à la base pour bouger. Cela ne peut pas en rester là et d’autres pas pour aller de l’avant doivent être entrepris.

    Il n’est donc également pas étonnant que le patronat réagisse hargneusement à la manifestation d’aujourd’hui. La FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) déclarait que les actions avaient comme but intentionnel d’ "harceler les employeurs ". Peut-être la FEB comptait-elle imposer ses revendications vu qu’elles étaient quand même soutenues par le gouvernement ? A cela il est d’ailleurs significatif que la CSC, au travers de son porte-parole Luc Cortebeek, se prononce avec insistance contre les plans du gouvernement et du patronat sur le plan de la flexibilité et de la fin de carrière.

    Cette combativité actuelle doit recevoir une expression. La manifestation d’aujourd’hui a vu le retour offensif du mouvement ouvrier et cette position ne doit pas se perdre. Les militants du MAS avaient une forte présence sur la manif et distribuaient entre-autre un tract appelant à un plan d’action pour préparer une grève générale. Une telle action dans tous les secteurs, autant dans le privé que dans le secteur public, devrait clairement construire le rapport de force afin de pouvoir rejeter l’offensive du gouvernement et du patronat!

  • Accord Interprofessionnel – face à l’agression patronale: Il est temps de passer à la contre-attaque!

    Accord Interprofessionnel – face à l’agression patronale:

    Les profits ont plus que doublé, mais pas le pouvoir d’achat.

    Dès avant l’été, les patrons ont lancé l’offensive en vue du nouvel Accord Interprofessionnel (AIP). Sur leur cahier de revendications: plus de flexibilité, un gel des salaires et un système de fin de carrière encore plus favorable aux patrons. Il s’agit de préserver la compétitivité des entreprises. Sous peine de mettre en danger l’emploi et l’Etat-Providence. Bref: nous devons remercier les patrons de pouvoir faire des sacrifices.

    La presse, qui est entièrement aux mains du patronat, ne cesse d’asséner ce non-sens. De temps en temps, la presse spécialisée publie pourtant les vrais chiffres. Et qu’en ressort-il? D’après l’hebdomadaire de droite ‘Trends’, les 30.000 plus grandes entreprises de Belgique ont doublé leurs bénéfices en 2003, engrangeant le montant record d’au moins 27.8 milliards d’euros ou 1.121 milliards de francs belges, soit un peu moins de 300.000 frs par habitant actif.

    L’entreprise la plus rentable en 2003 était Belgacom. Les 15.975 travailleurs ont rapporté au moins 5 milliards d’euros de profits nets, soit 12,65 millions de francs belges par travailleur.

    Brisons le carcan de de la norme salariale

    Malgré ces super-profits, le patronat ne veut pas entendre parler d’augmentation de salaire. Les extrémistes du Voka, l’ancien VEV, vont jusqu’à remettre en question l’indexation des salaires. La FEB et l’UCM veulent limiter l’augmentation des salaire à 3.3 %, soit le niveau de l’inflation. Il n’est toujours pas question de compensation pour l’augmentation de la productivité. Même l’augmentation barémique de 1 % est remise en cause.

    Le patronat invoque le Conseil Central de l’Economie (CCE). Celui-ci calcule la soi-disant norme salariale qui impose que les salaires belges ne doivent pas augmenter plus que ceux des pays voisins. Le CCE a pourtant fait savoir “discrètement” qu’il s’était trompé de 0.9% au détriment des travailleurs. La réaction de Paul Soete, de l’organisation patronale Agoria, en dit long: “Ne cédons pas au fétichisme des chiffres”. Bref: la norme salariale ne vaut que lorsqu’elle arrange les patrons.

    Les directions syndicales ne revendiquent que 1% d’augmentation de salaire au- delà de l’inflation et des augmentations barémiques. Ce n’est rien d’autre qu’un appât pour nous faire avaler plus de flexibilité. Lorsqu’on voit l’augmentation du nombre de travailleurs pauvres, les chiffres de profits qui donnent le tournis, les prestations de la bourse belge et les salaires mirobolants que s’accordent royalement les managers d’entreprises, on ne peut qu’exiger une hausse substantielle du pouvoir d’achat des travailleurs et l’abrogation immédiate de la norme salariale.

    La classe politique et le patronat: bras dessus, bras dessous

    Malgré les chiffres de profits, beaucoup de travailleurs pensent que les entreprises sont sur le point d’être foudroyées par la concurrence. Depuis l’été, les arguments patronaux ne cessent d’être martelés par le patronat lui-même et la presse, mais aussi par les politiciens.

    Frank Vandenbroucke a déjà annoncé le gel des salaires des fonctionnaires flamands avant même que le patronat n’y ait songé. En culpabilisant les chômeurs et en les contraignant à accepter n’importe quel job, on cherche à brader le prix de la main d’oeuvre. Les patrons jouent là-dessus sans vergogne pour mettre les salaires sous pression et faire reculer les conditions de travail.

    Il est de bon ton aujourd’hui de dénoncer la “fraude sociale” pour faire accepter la politique de suspension des chômeurs. Mais qui sont ces gens qui suspendent? Marie Arena a été prise la main dans le sac pour avoir dépensé au moins 300.000 euros – soit 12 millions de francs! – dans la rénovation de son cabinet.

    Il semble que chaque législature voit les ministres dépenser entre 50.000 et 70.000 euros pour la rénovation de leur cabinet. La plupart des travailleurs ne consacrent pas autant d’argent à la maison dans laquelle ils espèrent habiter toute leur vie!

    La semaine des 40 heures en pratique

    L’accord dans le secteur de la construction, qui permet de prester 130 heures supplémentaires non-récupérables à seulement 120 % du salaire normal, a donné des idées aux patrons. Ils veulent maintenant 175 heures supplémentaires par an (au lieu de 65h) et ce sans devoir passer par la délégation syndicale. Celui qui travaille 150 heures supplémentaires par an preste en moyenne une semaine de 40 heures. Les patrons veulent en plus que les heures de travail soient comptabilisées en base annuelle. Pour les travailleurs, cela signifie en pratique qu’ils pourront travailler 48 heures une semaine et puis 28 heures la semaine suivante.

    Les jeunes surtout sont touchés par les emplois précaires et hyperflexibles. C’est une pratique illégale courante de ne faire signer leur contrat aux intérimaires qu’après la prestation de leur semaine de travail. Certaines entreprises comptent plus de 50% d’intérimaires dans leur personnel. Pour lutter contre cela, les jeunesses syndicales et Résistance Internationale organisent le 19 mars une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi. Le MAS essaie de lui donner un caractère combatif en lançant dès à présent des comités de mobilisation aux bureaux de pointage, dans les entreprises avec les délégations jeunes des syndicats, dans les quartiers, dans les écoles et les universités. N’hésitez pas à prendre contact avec nous.

    La combativité y est

    Vers une grève générale!

    Cela fait des mois déjà que les entreprises entrent en action les unes après les autres contre un patronat de plus en plus agressif. Licenciements, allongement de la durée du travail, flexibilité accrue, menaces de délocalisation, les patrons mettent en oeuvre toute la panoplie de menaces à leur disposition. Les entreprises publiques ne sont pas épargnées. De Lijn, les TEC, la STIB, La Poste, la SNCB,… partout des milliers d’emplois sont en jeu et les conditions de travail se dégradent. Il n’y a pas d’argent pour les bâtiments scolaires. Le Non-Marchand a un besoin urgent de 25.000 emplois supplémentaires et d’un rattrapage salarial.

    L’offensive du patronat et de ses laquais politiques est générale. Nous devons y répondre par des actions de grève générales. Le Non-Marchand part en grève le 27 janvier. Pourquoi pas une grève générale de 24 heures ce jour-là ou, mieux encore, de 48 heures les 27 et 28 janvier?

    Avec quel programme? Cela fait plus d’un an que le Non-Marchand a rassemblé ses militants en front commun syndical lors d’un grand meeting pour travailler à une plateforme commune de revendications.

    Pourquoi ne pas faire de même sur une base interprofessionnelle. Une telle plate-forme de revendications pourrait aligner les mots d’ordre suivants:

  • Abrogation de la norme salariale, pour une hausse réelle du pouvoir d’achat
  • Stop à la flexibilité, pas d’assouplissement des heures supplémentaires
  • Maintien des horaires sur base hebdomadaire, pas d’annualisation
  • Des services publics de qualité: stop à la libéralisation et à la privatisation
  • Non à l’exclusion: il faut s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs
  • 32 heures sans perte de salaire et avec embauche compensatoire
  • 25.000 emplois pour le Non-Marchand
  • Suppression du travail intérimaire. Des emplois fixes, correctement rémunérés
  • Nationalisation sous contrôle ouvrier de toute entreprise qui menace de délocaliser, de licencier ou de baisser les salaires

    Le mot d’ordre de grève générale est un vain mot s’il ne va pas de pair avec un programme clair et un plan d’action qui soient discutés dans les entreprises et qui reçoivent le soutien de tous les travailleurs. Non à la grève pour faire retomber la pression, oui à la grève pour imposer nos revendications.

    Il faut un nouveau parti des travailleurs!

    Même si les travaillleurs parviennent temporairement à faire plier le genou au gouvernement et au patronat, ceux-ci ne renonceront jamais à nous imposer les mêmes mesures sous l’une ou l’autre forme tant que le capitalisme subsistera. D’où la nécessité de construire le MAS/ LSP en tant que parti révolutionnaire.

    Un parti qui ne rejette pas l’anticapitalisme et le socialisme dans un avenir lointain, mais qui y travaille quotidiennement en partant de la pratique. Nous ne disons pas d’attendre des lendemains qui chantent. Bien au contraire, nous devrons lutter pour y arriver, y compris avec tous ceux qui ne sont pas encore convaincus aujourd’hui de la nécessité de changer fondamentalement la société. Mais même si nous faisons tomber le gouvernement, nous savons que nous n’avons rien de bon à attendre d’une autre coalition. Les travailleurs sont en effet privés d’instruments politiques. Le SPa, le PS et les verts sont devenus des partis intégralement au service du patronat.

    Nous plaidons pour la formation d’un grand parti de lutte, ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre les mesures d’austérité néo-libérales. Un parti qui fasse également retentir les griefs des travailleurs dans l’enceinte du Parlement et qui sache l’utiliser pour soutenir les luttes quotidiennes et les populariser.

    Un tel parti ne pourra voir le jour en Belgique que si la CSC/ACV rompt avec le CDh/CD&V et la FGTB/ABVV avec le PS-SPa et que des pans entiers du mouvement syndical décident de se donner un prolongement politique. La seule mise sur pied d’un tel parti signifierait déjà un énorme pas en avant. Il serait cependant rapidement placé devant le choix de s’intégrer au système ou de rompre avec lui.

  • ULB. Comment lutter pour nos acquis?

    Depuis octobre, une poignée d’étudiants a occupé le foyer pour protester contre sa privatisation. Pendant plusieurs semaines, ces mêmes étudiants autogéraient le lieu, sans pour autant se préoccuper des autres mouvements étudiants comme par exemple les manifestations de l’enseignement supérieur qui ont réunis des milliers de personnes dans les rues pour un refinancement de l’enseignement supérieur. De même que rien n’a été développé pour faire le lien avec les luttes des travailleurs (STIB, Poste, secteur non marchand,…). Pourtant tous ces mouvements entrent dans le même cadre d’une politique générale d’attaques des acquis sociaux menée par le gouvernement. Ainsi les étudiants du foyer restés cantonnés dans leur petite bulle autogérée n’ont pas trouvé le soutien massif, nécessaire, pour lutter contre cette politique d’austérité, ce qui a permis à la direction de réprimer sauvagement le mouvement.

    Laure Miège et Aïsha Paulis

    Les autorités de l’université mènent depuis quelques années une politique systématique de privatisation de tous les services et d’attaques contre les conditions de travail sur le campus, celle du foyer rentre dans ce cadre : privatisation des restaurants universitaires, des kots étudiants, et des différents services sur le campus. Ainsi toute une partie du personnel de nettoyage et de jardinage n’est plus employée par l’ULB mais par une firme privée, ce qui a entraîné une pression sur les conditions de travail. De même, les travailleurs de la sécurité de l’ULB, sont menacés par une privatisation – déjà partielle – accompagnée certainement de licenciements et d’une dégradation des conditions de travail.

    Mais avec Bologne, ce sont en fait toutes les conditions d’étude et de travail dans l’enseignement qui sont attaquées. Pour nous, il est clair que toutes les mesures prises dans ce cadre sont faites dans le but de privatiser l’enseignement supérieur. On a vu en ce début d’année, la hausse du minerval intermédiaire, la suppression du fractionnement de minerval… C’est une politique qui s’est menée à différents degrés sur tous les campus de Belgique. Et nous pouvons facilement imaginer que ce n’est qu’un début, en Angleterre, le minerval ayant atteint déjà les 4 000euros et en Hollande jusqu’à 7 000euros.

    La direction de l’ULB veut faire de notre unif, « une université d’élite », faire entrer les entreprises sur le campus… Cette politique sera payée par les étudiants et le personnel pour le profit entier des patrons. Pour mener à bien leurs plans, les autorités n’ont pas hésité – et n’hésiteront pas – à utiliser la manière répressive soit en condamnant tout mouvement de contestation (condamnation de notre cercle quand il distribuait ses tracts contre Bologne), soit en envoyant la police sur les étudiants qui protestent (cf. mouvement pour les iraniens et contre la présence policière sur le campus devant le rectorat , lutte pour garder le foyer,…).

    Pour nous, seule la construction d’un réel rapport de force des étudiants et du personnel contre la direction pourront stopper sa politique. Un tel mouvement doit évidemment avoir une base politique claire, faisant le lien entre les attaques dans l’enseignement et la politique générale d’austérité du gouvernement : privatisation des services publiques, chasse aux chômeurs, 40h par semaine, flexibilisation du temps de travail, gel des salaires, attaques sur les pré pensions, …

    Pour construire un mouvements de lutte solide, nous aurons besoin d’organes de luttes qui organisent étudiants et travailleurs à la base, avec des délégués élus, révocables à tout moment. Mais c’est surtout en élargissant le mouvement à l’ensemble des luttes présentes dans la société que nous pourrons changer le rapport de force.

    C’est dans cette optique qu’EGA et le MAS, en accord avec les jeunesses des syndicats, ont mis en avant la nécessité d’une nouvelle marche des jeunes pour l’emploi et contre le racisme. Dans l’idée de renouer avec les traditions combatives des années 80, nous avons pris l’initiative de lancer des comités de mobilisation dans les différents secteurs de la société (chômeurs, entreprises, lycées, universités, …) afin de faire de cette marche une réussite et un catalyseur de toutes les luttes qui se développent aujourd’hui.

    NON A LA PRESENCE POLICIERE SUR LE CAMPUS

    NON A LA PRIVATISATION DE L’ENSEIGNEMENT

    NON A LA CASSE DE L’ENSEMBLE DES ACQUIS SOCIAUX

    UNITE TRAVAILLEURS – ETUDIANTS contre les attaques anti-sociales du gouvernement !

    Mobilise avec nous pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi !

    Construit avec nous une opposition anticapitaliste, rejoins EGA.

  • MARCHE DES JEUNES POUR L’EMPLOI

    Une réponse à la politique du gouvernement et du patronat

    IL ÉTAIT LARGEMENT reconnu que le gouvernement et le patronat allait entamer l’attaque contre les acquis des travailleurs et leurs familles vers la fin de 2004. La résistance n’a pas attendu le moment où ces attaques allaient s’intensifier. Les dernières semaines, on a assisté aux grèves dans le secteur non marchand, dans l’enseignement francophone, à La Poste et à la STIB (transports en commun bruxellois). Le secteur privé, exception faite pour l’aéroport de Zaventem, demeure relativement calme, mais derrière les apparences la tension monte. L’automne chaud est déjà une réalité, mais malheureusement le mouvement ouvrier ne dispose pas d’un programme, d’une stratégie et surtout d’une direction capable de gagner la bataille.

    Eric Byl

    Les partis traditionnels de gauche

    Les travailleurs n’ont pas à compter sur le soutien des partis traditionnels prétendument «de gauche». Pour Ecolo et Agalev, il n’a fallu qu’une seule participation au pouvoir pour qu’ils apparaissent clairement dans quel camp ils jouaient. Grâce à ces deux partis on nous a imposé nombre de sanctions (contre la décharge de déchets clandestins, contre les fumeurs,…) et de nouveaux impôts (des taxes écologiques, eau de surface, essence,…), mais l’industrie et les gros pollueurs n’étaient jamais touchés. Deleuze (Ecolo), ancien Secrétaire d’État, voulait éviter la confrontation avec le patronat sur Kyoto en achetant de l’air propre à l’ex-Union Soviétique.

    Au gouvernement, Agalev surtout a compris l’art de mépriser la population. Mieke Vogels a menacé en tant que ministre flamande de la Santé de courtcircuiter les syndicats. Byttebier, qui lui a succédé, a insinué que pas mal d’handicapés fraudaient. Maintenant qu’il est chassé du gouvernement, Groen a fait sa réapparition dans les manifestations du non marchand. Mais ces manifestations sont organisées autour des mêmes revendications que les Verts rejetaient brutalement quand ils siégeaient sur les bancs du gouvernement.

    La social-démocratie participe au gouvernement depuis 1988. Pendant cette période la flexibilité a tellement augmenté que 39,5% des travailleuses sont aujourd’hui engagées à temps partiel. Les jeunes doivent presque exclusivement recourir au travail intérimaire. Les bâtiments publics et les entreprises publiques, construits avec l’argent de la communauté, sont vendus pour un quignon de pain aux amis du secteur privé. En échange, les dirigeants «socialistes» reçoivent des postes bien rémunérés dans une série de conseils d’administration. LucVanden Bossche, ancien ministre SP.a, a reçu en récompense le poste de directeur de Biac, la société qui exploite de l’aéroport de Bruxelles National. Le bourgmestre de Gand, Beke, siège au conseil d’administration de Dexia. Pour cette charge (assister à 7 réunions par an!), il reçoit 34.000 euros par an. Si le PS joue ici et là le jeu d’enfant terrible, le SP.a est l’instigateur de la politique d’austérité. Vande Lanotte et Vandenbroucke ont bataillé depuis le début de l’année pour la mise en oeuvre de mesures «structurelles». Vandenbroucke est l’arrogant responsable de la chasse aux chômeurs. Vande Lanotte est celui qui prépare la privatisation des services publics.

    Les directions syndicales

    Les syndicats organisent au moins 58% des travailleurs actifs (sans compter les prépensionnés et les chômeurs), ce qui représente une hausse de la syndicalisation de 8% sur dix ans. Si les syndicats s’étaient servi de cette force, le gouvernement et le patronat aurait pu faire une croix sur tous leurs plans d’austérité. Cela exige par contre une alternative contre la politique actuelle et c’est exactement cela qui fait défaut aux directions syndicales.

    Elles ne voient pas comment aller à contre-courant de la logique néo-libérale. Elles ont donné leur accord à l’introduction du travail intérimaire et des contrats précaires. Elles ont accepté la disparition de presque 10 000 postes de travail chez Belgacom au prix de cadences infernales. Elles sont maintenant sur le point d’accepter la scission de la SNCB qui coûtera à terme 10.000 emplois et menacera la sécurité des voyageurs et du personnel. A La Poste elles ont avalé Géoroute et Poststation qui feront disparaître 10.000 emplois.

    Faute d’une alternative réelle, les directions syndicales ne dépassent pas le stade d’une opposition superficielle. Si la pression d’en bas devient trop forte, elles organisent des actions pour donner un peu de voix à la colère, en mobilisant les travailleurs de façon divisée. Le mot «mobiliser» ne décrit pas vraiment la situation, car les directions syndicales «démobilisent». En fait, la politique syndicale actuelle consiste à organiser des manifestations d’enterrement lors des fermetures et d’entretenir des relations d’affaires avec les politiciens amis.

    Le lien entre l’ACV et le CVP, prédécesseur du CD&V , a toujours été problématique. Des gouvernements CVP successifs ont abusé de leurs liens avec l’ACV pour vendre leur politique aux travailleurs. Maintenant que le CVP n’est plus l’instrument le plus important de la bourgeoisie, le PS et le SP.a sont mis en avant. Les dirigeants de la FGTB et de l’ABVV ne se servent pas de leurs positions dans les bureaux politiques de ces deux partis pour imposer une politique plus sociale mais, inversement, pour faire avaler à la base syndicale la politique antisociale de ces deux partis.

    Cette démarche est plus d’une fois récompensée par une fonction publique lucrative. Tant que l’ACV restera dominé par le CD&V et la FGTB par le SP.a et le PS, les syndicats accumuleront les défaites dans la lutte des travailleurs.

    La crise structurelle

    Si on suit le patronat et ses valets politiques, la Belgique ne peut que se maintenir au sommet qu’en restant plus efficace que tous les autres pays du monde. «Efficace» ne signifie pas «plus social» ou « de meilleurs services et plus nombreux» ou «la satisfaction maximale des besoins d’un maximum de personnes». Non, «efficacité» doit exclusivement être synonyme de «rentabilité». Si l’on prend en considération les 30 dernières années, depuis la crise de 1974, alors notre système économique ne s’avère pas si «efficace». Il est vrai que les profits des entreprises ont considérablement augmenté. Cela ne résulte cependant pas de la croissance globale des richesses, mais de la politique de pillage au détriment de notre santé et de nos revenus. Les travailleurs de Belgique sont n°2 du monde, derrière la Norvège, au niveau de la productivité. Nous produisons en moyenne 11% de plus de valeurs par heure que nos collègues américains, 32% de plus qu’en Grande Bretagne, 39% de plus qu’au Japon et 8% de plus qu’en France. Notre système économique est tellement efficace que des personnes actives ne travaille même pas. Qui a du travail est en proie à un stress anormal. La Belgique est au premier rang mondial en matières de maladies liées au stress: l’infarctus et les dépressions.

    Selon les patrons et les politiciens qui les servent, les travailleurs belges coûtent trop cher. Entre 1981 et 2001 le coût salarial réel par unité produite a diminué annuellement de 0,3%. L’an dernier cette diminution se chiffrait au moins à 1,4%! On pourrait prétendre que les inactifs prennent tout l’argent.

    Mais en réalité, en vingt ans les pensions sont passées de 34% du salaire moyen à 32%. Ceux qui «profitent» des allocations de chômage ont subi la même perte en valeur: de 42% par rapport au salaire moyen à 28% en 20 ans. Il n’est donc pas étonnant que la pauvreté ait progressé. Au début des années 90 il y avait 6% de pauvres (chiffres officiels), c’est maintenant 13%. Voilà pour cette fameuse efficacité.

    Les propositions patronales pour les négoociations de l’accord interprofessionnel

    En préparation du budget et des négociations pour un nouvel accord interprofessionnel, le patronat, depuis l’été, a préparé l’une après l’autre diverses propositions. Il utilise comme un pied de biche l’exemple de Siemens en Allemagne: un allongement de la durée du travail sans adaptation du salaire. Le patronat prétend ainsi «sauver l’emploi». A Marichal Ketin (Liège), le patron avait proposé d’aug-menter le temps de travail de 36 à 40 heures et de licencier entre 10 et 20 intérimaires. En voilà une drôle de façon de «sauver» l’emploi! Heureusement, il n’a pas réussi à faire gober cela aux travailleurs.

    Pour la majorité des patrons, le débat sur le temps de travail est un épouvantail mis en avant pour effrayer les travailleurs et imposer d’autres mesures de régression sociale. La fédération patronale du métal, par exemple, réclame davantage la baisse des charges et surtout le gel des salaires. Dans la construction les patrons réclament surtout l’annualisation du temps de travail. Dans le secteur de distribution et de l’alimentation, la question centrale porte sur un assouplissement des heures supplémentaires.

    Afin d’être sûr que ce recul social sera accepté, on menace beaucoup. On essaye de nous faire croire que l’élargissement de l’Europe va mener à une invasion de main-d’oeuvre à bon marché. La Commission Européenne veut permettre que des travailleurs de l’Europe de l’Est soient embauchés, en Europe occidentale, aux salaires de l’Est! Il est évident que cela va saper les salaires et les conditions de travail ici. En même temps, Vandenbroucke veut obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi. Sa chasse aux chômeurs n’a rien à faire avec la prétendue «fraude sociale». Pour chaque poste vacant, il y a au moins 7 candidats. Chaque examen d’embauche suscite la candidature d’un nombre impressionnant de demandeurs d’emploi. Celui qui veut suivre une formation à l’Orbem ou au Forem doit patienter pendant des mois ou n’y a pas droit. L’objectif de la politique d’exclusion est d’utiliser les chômeurs pour saper les conditions de travail et les salaires de ceux qui ont encore du travail. Selon le rapport sur les salaires du Conseil Central de l’Economie, en préparation des négociations sur l’accord interprofessionnel, il n’y a, comme par hasard, toujours pas de marge pour une augmentation des salaires. Les salaires en Belgique ont progressé apparemment de 1,4% de plus que les salaires dans les trois pays voisins (France, Allemagne, Pays-Bas). Ce ne sont évidemment que des moyennes. Les salaires de managers comme Jan Coene, qui s’est octroyé une récompense de 800 millions de FB en trois ans, y sont aussi inclus. Par ailleurs, quand on dit que nos salaires ont «progressé plus rapidement» que dans les pays voisins, il est plus exact de dire qu’ils ont «baissé moins vite». En comparaison avec le patronat allemand et néerlandais, la Belgique est loin de la situation «optimale». En bref: malgré la misère dans laquelle vivent nos pensionnés, malgré la montée officielle du nombre de pauvres, nos patrons et leurs serviteurs politiques ont l’eau à la bouche quand ils rêvent d’une politique aussi anti-sociale que celle de Schröder et de Balkenende.

    Construire un rapport de forces

    Jamais dans l’histoire il n’y a eu autant de richesses et autant de profits qu’aujourd’hui. Mais il n’y a jamais eu non plus autant de pauvres. Plus que jamais il faut que les travailleurs et leurs familles contrôlent la richesse qu’ils produisent et qu’ils l’utilisent pour satisfaire les besoins de l’ensemble de la population. Si les dirigeants syndicaux le voulaient, ils pourraient paralyser toute l’Europe. Mais la nécessité de se réapproprier les richesses disponibles, accaparées aujourd’hui par un petit nombre de parasites, cette idée ne leur vient pas à l’esprit. Leur attitude mène au défaitisme chez beaucoup de travailleurs.

    Le défaitisme peut temporairement paralyser le mouvement ouvrier, mais ne contrebalance pas les effets de la situation vécue. Chaque secteur se met en mouvement l’un après l’autre, souvent sans les directions syndicales qui ne peuvent garder les travailleurs sous contrôle. La seule capacité qu’elles développent magnifiquement c’est de fractionner la lutte secteur par secteur. Mais si on veut forcer le gouvernement et le patronat à faire des concessions, l’action coordonnée et généralisée est indispensable. C’est précisément ce que les directions syndicales essaient à tout prix d’éviter depuis la grève contre le Plan Global de 1993.

    Marche des jeunes

    Le MAS seul ne peut pas transformer cette situation. Nous pouvons tout au plus intervenir dans la situation politique et sociale sur base du mécontentement dans divers secteurs. Dans une période de montée rapide du chômage et avec en arrière-plan une chasse aux chômeurs, nous avons décidé de faire un appel avec notre campagne Blokbuster à une nouvelle Marches des Jeunes pour l’Emploi. En 1982 et 1984 il y avait des dizaines de milliers de jeunes dans la rue contre le chômage. Ces marches étaient préparées par de nombreux comités locaux de mobilisation dans les écoles et les entreprises. Ce n’étaient pas des manifestations comme les autres, mais des campagnes menées pendant toute une année.

    En 1993 Blokbuster et les Jeunes FGTB ont organisé une petite Marche des Jeunes de 7.000 manifestants. Cette Marche s’est tenue juste après la chute du stalinisme, quand le capitalisme semblait pour beaucoup de gens le seul système possible. De plus les Jeunes CSC avaient refusé de participer. La «petite gauche» était, comme d’habitude, plus occupée à insulter les organisateurs qu’à mobiliser. Le journal La Gauche appelait Blokbuster «une filiale de la maison de mère britannique Militant» et dépeignait les Jeunes FGTB comme «une organisation inerte avec juste un fichier de membres» . Solidaire ne pensait pas grand-chose de cette Marche des Jeunes.

    Aujourd’hui la situation est totalement différente. Le chômage monte à nouveau en flèche. Le gouvernement a lancé une offensive. Différents secteurs sont en lutte. Il ne manque qu’une initiative capable d’unifier les luttes et d’offrir une perspective. Nous pensons que la Marche des Jeunes pourrait jouer ce rôle. En avril 2004 Blokbuster a contacté les jeunesses syndicales avec une proposition d’une Marche des Jeunes en octobre. Elles ont marqué finalement leur accord pour le 19 mars 2005.

    Nous craignons toutefois que les jeunesses syndicales ne pensent pas au même type de Marche que nous. Nous la voyons comme un point culminant où des comités locaux dans les entreprises, les écoles et les quartiers mobilisent pendant des mois avec des tracts, des réunions, des sessions d’information dans les entreprises, des actions locales devant les agences d’intérim, à l’ONEM, etc. La Marche elle-même, on la voit comme une marche combative où les jeunes pourront mettre en avant avec force leurs revendications sur l’emploi et les conditions de travail. Pas par des émeutes ou d’autres sottises, mais par une présence massive et décidée.

    Nous craignons cependant que les jeunesses syndicales pensent plutôt en termes d’une grande city parade, avec plein de ballons, des chars carnavalesques, de la musique à plein tube, des groupes de danseurs, mais pas beaucoup de réelle mobilisation autour des revendications concrètes. Le caractère final de cette Marche dépendra en grande partie de notre force. Nous appelons nos lecteurs à mettre sur pied partout où ils peuvent des comités pour la Marche des Jeunes autour d’un nombre de revendications concrètes: il faut s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs; pas de petits boulots précaires, mais des emplois stables avec un vrai salaire; 32 heures hebdomadaires sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.

  • Retour à la case départ: la répression continue

    CANNABIS

    UN ARRÊT DE la Cour d’Arbitrage a cassé la loi sur le cannabis adoptée sous le gouvernement arc-en-ciel. L’abrogation de cette loi est un retour à la case départ: la criminalisation complète pour tous les usagers du cannabis et pour ceux qui en font la culture.

    Emiel Nachtegael

    La loi abrogée permettait la consommation de cannabis pour les personnes majeures si cela n’était pas source de «nuisance publique» et ne relevait pas d’un «usage problématique». Avant cette loi tout était illégal, et donc punissable. Mais en pratique les poursuites judiciaires venaient en dernière priorité dans les parquets. L’abrogation de cette loi est un splendide exemple de l’hypocrisie du gouvernement précédent: donner une image progressiste qui maquillait un caractère répressif et droitier. La loi institutionnalisait la répression contre les usagers du cannabis: elle donnait carte blanche à la tolérance zéro pour les consommateurs mineurs et pour les consommateurs majeurs hors de la sphère privée. Seules les personnes majeures dans la sphère privée pouvaient consommer du cannabis. Les problèmes de drogue n’ont pourtant jamais diminué avec la répression, bien au contraire.

    La répression n’apporte pas de solution. Les auteurs de telles lois restent à cent lieues des conditions réelles de vie des gens. Pour eux, l’usage de la drogue, la criminalité et la violence forment un tout. La création de clichés est encore plus forte au travers des reportages spectaculaires dans les médias. A les entendre, un jeune sur quatre serait un membre d’une bande brutale et consommateur de drogue. D’abord beaucoup d’argent sale circule dans les zones sombres de l’illégalité. Les jeunes qui «dealent» viennent souvent des couches les plus précaires de la société, qui gagne plus avec cette activité qu’avec un job intérimaire flexible et mal payé. Ensuite, la question est de connaître jusqu’à quel point l’usage problématique de drogue diminuerait par la tolérance zéro. Le cannabis est largement accessible mais l’alcool et les calmants le sont encore plus. Beaucoup de personnes ayant des problèmes sociaux fuient la réalité dans ces drogues à accoutumance. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, presque 1,5 million de personnes en Belgique – dont un million de femmes – ont pris l’année dernière des antidépresseurs ou des tranquillisants: une augmentation de 40% par rapport à 1997.

    Autant dans l’enseignement que sur le lieu de travail, une pression contre-nature règne sur les conditions de travail. Les problèmes de drogues sont connus à La Poste, au travail à la chaîne,… L’usage de drogues au travail est dangereux, mais une attitude répressive des autorités ne va pas résoudre les problèmes, cela va juste rendre plus précaires les conditions de travail, en augmenter la pression,… tous ces facteurs entraînant une augmentation de l’usage des drogues. Avec une telle politique musclée, «de l’ordre et de la loi», le gouvernement prouve son incapacité à dépasser sa politique superficielle de lutte contre les symptômes.

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