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Tag: Belgique
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Amendes de roulage. C’est la politique qu’il faut changer, pas les mentalités
Amendes de roulage
LA BELGIQUE fait piètre figure en matière d’accidents de la route mortels. Il paraît qu’il faut changer les mentalités. D’après les hommes politiques, «Celui qui ne veut rien entendre va le sentir passer». Depuis le 1er mars, les infractions sont réparties en 4 catégories: les infractions simples et 3 degrés d’infractions graves. En cas de perception immédiate, les amendes vont de 50 euros pour une infraction simple à maximum 300 euros pour une infraction grave du 3e degré. En cas de paiement différé, c’est 10 euros de plus. Celui qui ne paie pas est passible de poursuites judiciaires. Dans ce cas, l’addition pourra atteindre 1.375 euros pour une infraction simple et 2.750 euros pour une infraction grave des deuxième et troisième degré. A partir du 1er septembre, rouler à vélo sans feux ou ignorer la priorité de droite par inadvertance coûtera la peau des fesses.
Eric Byl
Les lourdes amendes vont-elles réduire le nombre d’infractions?
Le gouvernement espère réduire radicalement le nombre d’accidents à coups de lourdes amendes. Il faut dire qu’on déplore en Belgique 13,7 tués sur les routes pour 100.000 habitants. Notre pays arrive en cinquième position après le Portugal, la Grèce, l’Espagne et la France. Les Pays-Bas (6,9), le Royaume-Uni (6) et la Suède (6,6) affichent de bien meilleurs résultats. La Belgique est même nettement au-dessus de la moyenne européenne (11,1).
Comment cela s’explique-t-il? En tout cas, pas par le montant des amendes. Les tarifs néerlandais sont nettement inférieurs aux tarifs qui seront appliqués dans notre pays. Quelques exemples: aux Pays-Bas, rouler à vélo sans feux coûte 17 euros, brûler un feu rouge 86 euros. En Belgique, on paiera 137 euros dans les deux cas et même 175 euros à partir du 1er septembre.
Il va de soi que ces supers amendes ne dissuaderont pas les fils à papa de foncer à toute allure avec leurs bolides. Ils payeront sans sourciller. En revanche, de telles amendes provoqueront des difficultés financières dans les familles modestes qui perdront de fait leur droit à la mobilité. Il fut un temps où le SP, avant qu’il ne devienne le SP.A, plaidait pour des amendes proportionnelles au revenu. On n’entend plus guère parler aujourd’hui de tentatives de tempérer quelque peu la justice de classe.
La répression ne fait que sanctionner la faillite d’une politique
Pour le CD&V dans l’opposition, ce ne sont pas les amendes mais les contrôles qui doivent augmenter. En 2001, les Pays-Bas ont distribué 7,2 millions de contraventions dont 6 millions pour excès de vitesse. En Belgique, c’est 1 million et demi dont seulement 500.000 pour excès de vitesse. Un plus grand risque de se faire pincer poussera sans doute bon nombre de conducteurs à la prudence, mais il y a plus. Les Pays-Bas oeuvrent depuis 50 ans à l’aménagement du territoire tandis qu’en Belgique, surtout à l’époque où le CVP faisait encore la pluie et le beau temps, on a laissé s’installer un joyeux chaos. Les magasins de quartiers ont été éliminés par la concurrence des grandes surfaces, les entreprises ont été installées dans des zones dépourvues de transport public, des méga-dancings ont été implantés en plein champs sans accès aux transports en commun,… En d’autres mots, ceux qui ont appliqué la politique des dernières décénnies sont au minimum co-responsables de chaque accident et de chaque amende. Une vie humaine n’est certes pas quantifiable en argent, mais des statistiques ont évalué le coût total des accidents de la route avec dommages corporels à 1 milliard d’euros par an. Il faut encore y ajouter le coût des embouteillages. Le MAS/LSP préférerait dépenser une telle somme pour créer des emplois de proximité et développer des transports en commun gratuits et de qualité. C’est la seule manière de garantir la sécurité sur les routes. Les amendes ne sont jamais qu’un moyen d’occulter la faillite d’une politique.
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Elargissement de l’Union européenne. L’Europe du bradage social est en route
Elargissement de l’Union européenne
LE 1ER MAI, l’Union européenne accueillera 9 nouveaux pays membres d’Europe centrale, plus Chypre. L’Union européenne comptera alors 25 pays membres. A quoi peuvent s’attendre les travailleurs et les jeunes?
Peter Delsing
La majorité de la population n’arrive pas à suivre les affaires courantes européennes. 8 habitants de l’Union européenne sur dix déclarent être peu ou mal informés de l’élargissement de l’Europe. 84% se disent «presque pas» ou «pas du tout» concernés. En Belgique, seul 49% de la population se considère en faveur de l’élargissement.
Les entreprises qui ont délocalisé, partiellement ou totalement, vers l’Europe de l’Est au cours de ces dernières années sont nombreuses. Le revenu moyen par habitant des 10 pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne est égal à 35% du revenu moyen des états membres actuels. Par exemple en Pologne (38 millions d’habitants) le salaire moyen mensuel s’élève à 460 euros. Le niveau de vie s’est effondré lors de la restauration du capitalisme et le démantèlement de l’économie planifiée. Même si cette économie planifiée était gérée de façon inefficace par une structure étatique monolithique (un seul parti au pouvoir) bureaucratique.
Les capitalistes occidentaux considèrent l’Europe de l’Est comme un nouvel Eldorado: avec une maind’oeuvre bon marché et hautement qualifiée. De plus les 80 millions d’habitants des 10 pays qui vont entrer dans l’Union européenne représentent 80 millions de consommateurs potentiels. Mais il est peu probable que les profits réels seront à la mesure des espérances des capitalistes. Après le 1er Mai, la valeur de la production totale (Produit intérieur brut de l’Union européenne) n’augmentera que de 5% malgré une croissance de la population estimée à 20%.
La bourgeoisie se servira du niveau de vie bas en Europe de l’Est pour miner le niveau de vie des travailleurs d’Europe occi-dentale. Voila sans doute un des objectifs principaux de l’élargissement: disloquer les acquis de l’ensemble des travailleurs.
De Standaard (17 février) proposait récemment une baisse des salaires afin d’éviter que les entreprises ne délocalisent: «Étant donné qu’une baisse de salaires sera difficile à faire avaler, il est souhaitable que les pays occidentaux revoient leur système d’allocations de chômage afin de rendre plus flexibles les travailleurs non-qualifiés» (17 février). Autrement dit: réduire les allocations de chômage, pour s’attaquer ensuite aux salaires. La riposte à opposer est la lutte intransigeante pour la défense de l’emploi et des conditions de vie de part et d’autre des frontières européennes actuelles. Cette lutte est une tâche des syndicats combatifs et des partis ouvriers en Europe.
Les autorités des pays membres actuels vont recourir à un système de quotas et de permis de travail pour réguler le nombre de travailleurs de l’Est qui viendront vendre leur force de travail en Europe occiden-tale. Elles utiliseront cette main-d’oeuvre de réserve pour faire pression ici sur les salaires et faire accepter de mauvaise conditions de travail. Comme au temps où les autorités belges ont fait appel aux immigrés ita-liens pour descendre au fond de la mine.
Un sondage récent révèle que 70% de la population des pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne pense qu’il est plus facile de trouver un em-ploi ici que là-bas. En revanche seuls 30% croient que leur propre niveau de vie s’améliora après l’entrée de leur pays dans l’Union européenne.
D’autre part le Danemark et la Grande-Bretagne veulent restreindre le droit à la sécurité sociale pour les nouveaux venus. La division entre les travailleurs est un piège mortel qui risque d’affaiblir la résistance aux patrons et de désigner de nouveaux boucs émissaires en faisant l’impasse sur les véritables coupables: les capitalistes et les gouvernements.
Exigeons les mêmes droits pour tous les travailleurs! Qu’ils soient originaire du Nord, du Sud, de l’Est ou de l’Ouest! Tous doivent avoir le droit de s’organiser dans les syndicats. Le travail clandestin, sans contrat, sans barème, sans protection sociale doit être active-ment combattu! C’est la seule possibilité pour lutter tous ensemble contre les patrons pour les salaires et les droits sociaux. Les travailleurs ont tout à perdre s’ils se laissent diviser.
Une Union européenne élargie sera une construction instable. L’euphorie s’est dissipée. Une nouvelle période de lutte de classes mettra l’Europe du capital à l’épreuve. Déjà la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie, principaux candidats à l’élargissement, ont ralenti la politique d’austérité par crainte d’une riposte sociale impétueuse.
La bourgeoisie caresse l’espoir d’un effondrement de la Pologne sur le scénario argentin. Le soutien au parti social-démocrate SLD est passé de 41% aux 2001 à 13% au-jourd’hui dans les sondages. Le taux de chômage s’élève à 20%. La corruption est omniprésente. Le déficit budgétaire de 2004 risque de frôler les 6% du PIB, alors qu’on exige un déficit de maximum 3% pour introduire l’euro.
Après une série de mobilisations sociales (syndicats, retraités) un important volet de mesures d’austérité (notamment une réforme des retraites) a été repoussé à plus tard. Le gouvernement polonais a dû céder aux revendications des mineurs et des cheminots en lutte. D’ici 2007 le gouvernement polonais veut introduire une série de mesure d’austérité équivalant à 6,8 milliards d’euros. La croissance de ces dernières années n’a pas bénéficié à la majorité de la population. En Hongrie, le déficit budgétaire en janvier était estimé à 5,6% du PIB, ce qui a provoqué à la démission du ministre des Finances.
Rejoignez le MAS pour construire une alternative anticapitaliste et internationaliste. Non à la division entre les travailleurs pour mieux les exploiter! Luttons tous ensemble pour nos droits sociaux et nos salaires! Unissonsnous pour socialiser les profits exorbitants accumulés par les grandes entreprises! Luttons pour une fédération des états socialistes en Europe!
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Élections américaines: Les travailleurs n’ont pas de candidat
Élections américaines:
LES DEVELOPPEMENTS économiques et politiques aux Etats-Unis ont de lourdes conséquences au niveau mondial. D’où l’attention particulière qui se focalise sur les élections présidentielles américaines. Bush a incarné la politique agressive de l’impérialisme américain. C’est pourquoi on envisage avec beaucoup d’anxiété l’issue du scrutin présidentiel du début novembre. Une défaite de Bush ne manquerait pas de réjouir les opprimés du monde entier. Aux Etats-Unis, une grande partie de la population pousserait un soupir de soulagement. Ils espèrent qu’un autre président accordera plus d’attention aux problèmes des travailleurs américains et de leur famille et qu’il parviendra à faire reculer la vague montante d’anti-américanisme.
Bart Vandersteene
Les Etats-Unis, un géant économique aux pieds d’argile!
La guerre en Irak a semblé confirmer l’idée que le monde évoluerait vers un système unipolaire où une seule grande puissance, les Etats-Unis, jouerait le rôle de gendarme du monde. La base économique d’une telle politique n’existe pourtant pas et repose, comme nous l’avions déjà dit auparavant, sur la création de différentes bulles condamnées à éclater un jour ou l’autre.
La croissance économique exceptionnellement longue des années nonante était essentiellement due à la stimulation de la consommation intérieure, avec un endettement colossal à la clé. Il y a d’abord eu l’effervescence boursière qui a répandu le sentiment de richesse dans la société américaine. L’Américain moyen voyait enfin le «Rêve américain» devenir réalité en achetant les actions d’entreprises de haute technologie, dont les cours montaient en flèche. Il ressort d’un sondage d’opinion paru fin 1999 que 19% des Américains croyaient alors appartenir au cercle privilégié du 1% le plus riche. Une autre tranche de 20% croyaient pouvoir y accéder un jour.
Cette bulle a entretemps éclaté et nombre d’Américains sont retombés sur terre. Ceci n’a évidemment pas été sans conséquences pour l’économie américaine. D’un seul coup, la richesse des Américains s’est trouvé ramenée à de plus justes proportions. Nombreux sont ceux qui avaient emprunté pour pouvoir acheter ces actions. Pour différer le plus possible la crise économique, les autorités ont décidé de faire baisser les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas de 1%. Cela signifie qu’il fallait éviter coûtequecoûte que les Américains cessent de consommer et commencent à épargner. Le taux d’épargne s’élevait à 1,3% en décembre 2003. Cela signifie que les Américains n’épargnent que 1,3% de leur revenu total. En Belgique, il se situe entre 14 et 15%. Les familles américaines ont donc accumulé des montagnes de dettes. Il y a déjà làbas des jeux télévisés où le gagnant remporte… la suppression de ses dettes.
Outre la baisse des taux, l’Administration a encore utilisé d’autres moyens pour maintenir cette consommation aussi longtemps que possible. D’un côté, il y a eu l’énorme baisse d’impôts pour les riches ainsi que la baisse d’impôts des entreprises. Mais cela n’a créé que très peu d’emplois. Pas moins de 3 millions d’emplois ont été perdus dans l’industrie sous la présidence de Bush. Les baisses d’impôts pour les patrons ne créent pas d’emplois. Le monde entier en fait au-jourd’hui la dure expérience. Un bureau d’étude a calculé que Bush aurait tout aussi bien pu affecter l’argent de ces baisses d’impôts au recrutement de 2,5 millions d’Américains pour creuser des puits et de 2,5 millions d’autres pour les reboucher. Du moins cela auraitil donné un revenu décent à 5 millions d’Américains. L’administration a évidemment compensé le manque à gagner en recettes fiscales par des coupes sombres dans les dépenses sociales qui ont encore accru l’écart entre riches et pauvres.
Les Etats-Unis essayent maintenant d’exporter leur crise en laissant chuter le cours du dollar. Cela rend leurs produits meilleur marché à l’exportation leur valeur est libellée en dollars. Chacune de leurs manoeuvres ne fait qu’aggraver les problèmes de l’économie mondiale. Toute cette bulle éclatera tôt ou tard.
Kerry contre Bush/Edwards contre Bush?
C’est toujours l’élite qui gagne
Il semble que John Kerry sera le candidat démocrate qui fera face à Bush en novembre. Les électeurs démocrates qui ont voté pour lui n’ont pas vu dans Kerry le candidat qui avait les meilleures idées, mais bien celui qui avait le plus de chances de battre Bush.
D’après un sondage d’opinion de la chaîne TV ABC, Kerry obtiendrait 52% des voix contre 43% pour Bush si les élections présidentielles avaient lieu maintenant. Mais toute la question est de savoir si l’élection de Kerry changerait quoi que ce soit à la politique américaine. Elle présentera sans doute une façade moins agressive, mais rien ne changera sur le fond. Kerry n’atil pas voté pour la guerre en Irak?
John Kerry est devenu multi-millionnaire en épousant la veuve du magnat du ketchup Heinz. Comme Bush, il a étudié à l’université de Yale et, comme Bush encore, il est membre du club élitiste «Skull and Bones», une association fondée en 1832 par des esclavagistes. C’est devenu depuis lors une société secrète dont les membres sont triés sur le volet sur base de leurs liens familiaux, de leur hérédité et de leur fortune. Elle n’admet dans ses rangs que 15 nouveaux membres par an. John Kerry était l’un d’eux en 1966, Bush l’a suivi en 1968. Les heureux élus jurent fidélité éternelle à la Société et à ses membres, les «Bonesmen».
Kerry a été sénateur du Massachusetts pendant 20 ans. On cherchera en vain dans les annales du Sénat la moindre initiative de Kerry en faveur de la population laborieuse. Bien au contraire, il n’a manqué aucune occasion de défendre l’économie de marché, la libéralisation,… Son nom est de plus en plus associé à des scandales de corruption impliquant de grosses firmes du secteur de la construction et à la défense constante des intérêts du big business.
La majorité de la population mondiale n’a rien de bon à attendre de ces élections. Ou comme l’a écrit Michael Colby du magazine Wild Matters: «Lorsqu’on tend l’oreille, on se rend compte qu’on n’est pas seul en entendant les rires étouffés qui s’échappent de derrière le rideau qui dissimule les élites politiques aux yeux des masses. Il y a une fête qui se déroule et nous n’y avons pas été conviés. (…) Un duel Bush/Kerry est un scénario de rêve pour ces gens qu’on appelle l’élite dominante, ce club fermé de leaders économiques, politiques et militaires qui tiennent réellement entre leurs mains les rênes de la nation».
Il a d’abord semblé que Howard Dean l’emporterait en tant que démocrate «plus radical» affichant des positions en flèche contre Bush et la guerre. Mais Dean a fini par casser sa propre image. Il est apparu comme un membre de l’élite politique et économique au même titre que les autres candidats. Mais un candidat démocrate pourratil faire la différence? Ou pour le dire autrement: les travailleurs et les jeunes américains peuventils utiliser le Parti démocrate comme instrument pour défendre leurs intérêts?
Michael Moore répond à cette question dans son livre Mike contre-attaque: «Y atil une différence entre les démocrates et les républicains? Oui. Les démocrates disent une chose et font l’inverse serrer la main en coulisses aux salopards qui rendent ce monde plus dégoûtant et plus sordide. Les républicains ne s’embarrassent pas de fauxsemblants et donnent aux salopards une officine dans l’aile ouest de la Maison Blanche. C’est ça la différence. Tant qu’à faire, il vaut encore mieux dépouiller quelqu’un sans crier gare plutôt que de le faire après lui avoir promis protection».
On peut dire que le Parti démocrate est en passe de devenir le cimetière des mouvements sociaux. En imposant la logique du «moindre mal» (voter pour les démocrates pour battre les républicains), ils étouffent dans l’oeuf tous les mouvements qui tentent de forcer le changement par la mobilisation. Car toute critique des démocrates affaiblit leur position électorale. Et vous ne voudriez tout de même pas qu’un républicain soit élu!
Il faut briser ce cercle vicieux. On ne peut y arriver qu’en construisant un mouvement de masse dans la rue, un mouvement indépendant des démocrates. Un tel mouvement ne tardera pas à arriver à la conclusion qu’il lui faut son propre prolongement politique pour pouvoir remporter la lutte.
Aussi Nader est candidat
Lors des élections présidentielles de 2000, Nader avait obtenu 2,8 millions de voix en tant que candidat indépendant sur la liste des Verts. Après beaucoup d’hésitations Nader a décidé de se presenter en novembre 2004. Les Verts vont probablement appeler à voter pour les démocrates; il faudra donc mettre sur pied de nouveaux comités pour soutenir un candidat indépendant. Mais il y a certainement un espace aux Etats-Unis pour une politique radicale qui défende les intérêts des travailleurs et des jeunes. La moitié de la population n’ira sans doute pas voter. Ils n’ont pas le moindre espoir qu’un président démocrate puisse améliorer leurs conditions de vie ou de travail.
Nader a beaucoup de faiblesses. Il ne choisit pas clairement entre les travailleurs et les patrons. Il a disparu de la scène depuis les dernières élections. Mais une candidature indépendante serait à même de rassembler ces forces éparses dans la société comme étape préparatoire à la création d’un nouveau parti. Les socialistes ont un rôle de catalyseur à jouer dans ce type de processus tout en avançant un programme socialiste. C’est la double tâche que s’assigne aujourd’hui Socialist Alternative, notre organisationsoeur aux Etats-Unis.
A lire:
- Michael Moore: Mike contre-attaque (Ed. 10-18)
- Suzy Hendrikx: Une Bosse dans le Rêve américain
- Thomas Friedman: Longitudes and Attitudes
Disponible auprès du MAS/LSP:
- Howard Zinn, Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours (Ed. Agone)
- Why we need a Labor Party (brochure de Socialist Alternative)
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Retrait des sanctions contre les chômeurs
Tous ensemble:
EN WALLONIE, les syndicats ont déterré la hache de guerre contre le plan Vandenbroucke. Il faut dire qu’avec un taux de chômage dépassant les 18%, les travailleurs wallons sont fort concernés par les mesures contre les chômeurs décidées au conclave gouvernemental de Gembloux, au mois de janvier.
Vincent Devaux
Pour rappel l’ONEm sera chargé de faire subir aux chômeurs des contrôles répétitifs et d’exclure du chômage ceux qui ne peuvent prouver leurs efforts pour trouver un emploi. La Belgique reste le seul pays de l’Union européenne où les allocations de chômage ne sont pas limitées dans le temps (pour les chefs de famille et les isolés). Et la pression est forte pour que la Belgique s’aligne sur les autres pays. L’exclusion d’une partie des chômeurs permettra de truquer un peu plus les statistiques de chômage, de persécuter les chômeurs en leur faisant accepter n’importe quel boulot à n’importe quelle conditions et de faire pression sur l’ensemble des salaires. D’une part le gouvernement va pourchasser les chômeurs, de l’autre il instaure l’amnistie fiscale pour les fraudeurs et couvre les entreprises de cadeaux en baissant les charges sociales.
Seule une politique où les besoins de la population déterminent les choix économiques peut résoudre le problème de l’emploi: une réduction du temps de travail sans perte de salaire avec embauche compensatoire, de vastes programmes de constructions de logements sociaux, un refinancement de l’enseignement sont des mesures qui contribuent à restreindre le chômage
La direction de la FGTB à réagi dans un premier temps en faisant pression sur ses "camarades" du PS. Une grande partie du journal Syndicat du 30 janvier était consacré à ces mesures. Par contre Mia de Vits présidente de la FGTB n’en touche pas un mot dans son éditorial. Elle est plus préoccupée de maintenir de bonnes relations avec ses amis SP.a qui pourraient d’ailleurs l’accueillir sur leur liste pour les élections européennes et par le résultat des élections sociales que par le sort réservé des chômeurs.
Dans un premier temps il n’a été question que de pressions symboliques: une manifestation le 2 février à Verviers rassemblant 250 militants, les Travailleurs sans Emploi de Charleroi et de Liège/Huy/Waremme en manifestation à Bruxelles et à Liège le 3 février. Mais la tendance à l’élargissement des actions semble l’emporter. Les concessions obtenues après le conclave ne sont que des miettes en vue de calmer les esprits avant les élections: les mesures Vandenbroucke ne s’appliqueront pas aux chômeurs de plus de 50 ans, ni aux temps partiels, ni aux travailleurs ALE. Mais pour l’essentiel, la chasse aux chômeurs est ouverte. A l’appel de la FGTB, des actions sont prévues le 1er mars à Liège et le 4 mars à Namur. La CSC et la FGTB appellent à manifester ensemble lors du prochain conclave gouvernemental qui se tiendra le 20 mars à Ostende.
Nous vous appelons à participer massivement à ces manifestations pour défendre nos acquis fondamentaux.
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Quand la perception se heurte à la réalité
Entre-temps, rue de la Loi…
L’Establishment politique est en difficulté. Il aurait besoin de stabilité pour faire avaler un plan d’austérité canon après les élections du 13 juin. Mais les libéraux s’empoignent sur la place publique.
Eric Byl
Les Chrétiens-Démocrates remontent dans les sondages en Flandre, mais la faiblesse du CDH n’en fait pas une alternative valable. La famille sociale-démocrate devient incontournable et l’extrême-droite rit sous cape.
Ainsi s’arrêtent quelques fables tenaces. Après la défaite historique des Chrétiens-Démocrates en 99, beaucoup pensaient que la famille libérale allait reprendre le rôle d’instrument politique le plus important pour la bourgeoisie. Les vieilles contradictions de classes seraient dépassées et réduites à une contradiction parmi beaucoup d’autres dans la société. Le VLD et le MR se sont profilés par conséquent comme des partis «populaires» d’un nouveaux type. Pas comme le vieux CVP, sur la base de branches socio-économiques («standen») et de classes, mais de «citoyens». De plus Verhofstadt prétendait que ce n’est pas la réalité qui est la plus importante, mais plutôt la perception de cette réalité qui est décisive. A gauche nous retrouvons cette même idée dans la surestimation du rôle des médias. L’optimisme de Verhofstadt I et II a été contagieux un petit temps, tant qu’il y avait de l’argent dans les caisses.
Le MAS a dû nager à contre-courant. Dans notre texte du congrès de 2000, nous écrivions qu’il était prématuré d’enterrer le CVP et que la Belgique évoluerait à terme vers la domination de deux pôles bourgeois, un conservateur (l’aile droite du CD&V, du CDH, du VLD, du MR et aussi de ce qui s’appelait encore la Volksunie) et un pseudo pôle progressiste (autour du SP.a, du PS et des verts, des nationalistes de gauche, des libéraux de gauche et surtout le MOC). Nous y ajoutions que le pôle «progressiste» jouirait légèrement de la préférence de la bourgeoisie grâce à son contrôle de l’appareil syndical.
La crise du capitalisme mettra de nouveau à l’avant-plan la contradiction fondamentale dans la société, entre travail et capital. Finalement, reconnaissant l’importance de la perception, nous y ajoutions que «en dernière instance ce sont les conditions matérielles qui déterminent le mouvement et pas le contraire».
La crise a miné l’autorité des instruments politiques traditionnels. Mais pas nécessairement comme nous le voulions. Dans les années 90 cela a mené à la croissance de l’extrême-droite et au morcellement politique. Quand il y a de l’insatisfaction, il y a toujours un aventurier pour en tirer parti. Mais quand cela devient vraiment important, l’aventurier fait le choix le plus payant, comme par exemple Duchâtelet, le fondateur de Vivant. Le morcellement du paysage politique est par définition un phénomène temporaire. Dans une époque de cartels politiques les politiciens interprètent volontiers le morcellement politique comme la raison de l’impossibilité de gérer. En réalité le morcellement n’est pas la cause, mais une conséquence temporaire de cette impossibilité de gérer. Aujourd’hui les politiciens découvrent le principe de «l’unité dans la diversité». En Flandre, «cartel» est un nouveau mot à la mode. La question cruciale est cependant jusqu’où il y a une unité dans cette diversité. Le VLD peut utiliser un peu plus de cohérence. Pour le MR, Richard Fourneaux, n’est pas vraiment un cadeau. Après Ducarme, c’est déjà le deuxième politicien MR en difficulté avec le fisc. Le CD&V, se positionne bien dans les sondages et a de la chance que le NVA ne passe pas le seuil électoral.
Le cartel peut cependant faire tourner à l’aigre le CD&V: le N-VA bruxellois veut aller seul aux élections, mais c’est surtout le départ de Bert Peirsegaele, secrétaire national à la mutualité chrétienne, qui trouve que le CD&V est poussé trop à droite par son alliance avec le N-VA, qui constitue un dangereux précédent. Une opinion que partagent bien des membres de l’ACW (MOC flamand). En attendant, le SP.a semble le plus malin. Il a déjà digéré Spirit et une partie des verts. Le PS attend simplement que le CDH et le MR s’entre-déchirent.
Ecolo ne peut plus inquiéter le PS. Le SP.a et le PS deviendront probablement incontournables après le 13 juin. Le réel défi ne se situe cependant pas encore là. La tension grimpe déjà avant les élections entre l’aile wallonne et l’aile flamande de la FGTB. En outre la CSC ne va pas rendre la situation plus facile pour le gouvernement.
Les dirigeants syndicaux auront plus de difficultés de tenir leurs troupes en mains après les élections, lorsque le gouvernement lancera l’offensive contre les pensions, la SNCB, la Poste et les soins de santé. Alors les masques du SP.a et du PS tomberont vite. Plus que jamais il faut une réelle opposition de gauche à la politique de droite.
Aidez le MAS à relever ce défi.
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Les troupes hors du Golfe
"Bring the troops back home"
Aux États-Unis ce sont les slogans du nouveau mouvement contre l’occupation de l’Irak. On y perçoit de plus en plus clairement la nature d’une guerre qui est officiellement finie depuis 9 mois déjà. Depuis lors, la privatisation de l’exploitation pétrolière va bon train. La reconstruction du pays n’était visiblement pas une priorité.
Bart Vandersteene
D’après Knack, «les chiffres moroses des premiers mois sont devenus encore plus moroses. 80% de la population vit dans la pauvreté, 60% dépend – tout comme à l’époque de Saddam Hussein – des colis alimentaires et de l’aide de l’Etat. Le chômage pourrait atteindre les 75%.»
La résistance à l’occupation ne se limite pas à de petits groupes fidèles à Saddam. Chaque semaine entraîne son lot de manifestations de retraités ou de chômeurs qui réclament la pension ou le travail qu’on leur a promis.
Les Etats-Unis veulent faire de l’Irak l’une des économies les plus ouvertes pour le commerce et l’injection de capital. Les impôts des personnes physiques et des sociétés seront ramenés à 15%, les tarifs à l’importation à 5% maximum et toutes les restrictions aux investissements étrangers seront levées. Le capital régnera sans partage en Irak.
Un éventuel contrôle de l’ONU ne ferait que multiplier le nombre de pillards. Seule la population locale – organisée sous forme de syndicats ou d’autres organisations de masse – peut constituer une force alternative. Une force qui – avec le soutien d’organisations analogues au niveau international – utilisera les richesses irakiennes pour satisfaire les besoins essentiels du plus grand nombre plutôt que les profits d’une minorité.
Aux Etats-Unis, de plus en plus de gens réalisent maintenant combien cette guerre va leur coûter. Et tout ça pour quoi? Pas la moindre trace d’armes de destruction massive; une menace terroriste toujours bien présente.
L’angoisse et la colère montent au sein de l’armée américaine et des familles des soldats. Tim Predmore, de service en Irak, écrit: «Je croyais servir une bonne cause: défendre la constitution des Etats-Unis. Je n’y crois plus aujourd’hui. J’ai perdu toute motivation. Je ne veux plus servir ce que je pense être des demi-vérités et des mensonges grossiers».
Un mouvement de la jeunesse et des travailleurs américains pourrait mettre fin à cette occupation à l’instar du Vietnam. Le MAS va bientôt s’atteler à la construction d’un mouvement contre l’occupation en Belgique. Avec nos organisations soeurs dans le monde, nous allons mobiliser la population contre la guerre et l’exploitation. Nous allons également participer à la journée d’action internationale contre l’occupation de l’Irak prévue pour le samedi 20 mars, avec notamment une manifestation à Bruxelles.
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Pourquoi le MAS-LSP se présente aux élections du 13 juin
Pourquoi le MAS-LSP se présente aux élections du 13 juin
LES LICENCIEMENTS chez Ford Genk, Sobelair, Cockerill,… et dans une série d’entreprises de moindre importance: tous ces chiffres signifient autant de drames sociaux. Les familles qui ne peuvent plus rembourser leurs crédits hypothécaires, les factures qui s’accumulent, les projets de vacances qui tombent à l’eau,…
Peter Delsing
L’incertitude d’un système en crise pèse de plus en plus lourd sur une frange croissante de la population laborieuse. Les jeunes réalisent qu’on les jette dans une épouvantable société de compétition qui n’aura rien de commun avec «l’âge d’or» des années 50 et 60 qu’ont connues leurs aînés.
Comment les travailleurs et les jeunes peuvent-ils résister à un capitalisme caractérisé par un chômage de masse, aux attaques contre les acquis sociaux et aux guerres comme celle de Bush en Irak? Les partis ne sont-ils pas corrompus par définition? Quel sens cela a-t-il de voter si les grands partis mènent tous la même politique de démolition sociale?
Un vrai parti, pas une machine électorale
Le MAS-LSP n’est pas un parti comme les autres. Nos membres n’ont rien de commun avec ces carriéristes qui monnayent leur loyauté contre un poste grassement rémunéré. Nos membres luttent sur leur lieu de travail, dans leur école, leur université ou leur quartier aux côtés des autres travailleurs et des autres jeunes. Nous ne voulons pas d’avantages pour nous-mêmes, mais lutter pour les intérêts de toute la classe des travailleurs. Les chômeurs exclus par la crise capitaliste en font pleinement partie.
A Gand, nous avons organisé la campagne «Stop à la démolition» contre l’expropriation de dizaines d’habitants du quartier Brugse Poort au nom d’un projet environnemental de prestige. A Bruxelles, les Etudiants de Gauche Actifs se sont fort impliqués dans les actions de solidarité avec les réfugiés iraniens à l’ULB. Ils y ont mis en avant un programme qui faisait le lien avec les attaques contre les emplois et la sécurité sociale des travailleurs belges. Le capitalisme mène à des catastrophes sociales au niveau mondial, nous devons également le combattre au niveau mondial. C’est pourquoi le MAS-LSP fait partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO), une organisation socialiste internationale avec des sections dans plus de 30 pays.
Lors des actions contre les licenciements à Ford Genk, nous avons fait des propositions concrètes pour gagner la lutte: des grèves de solidarité dans le secteur, une manifestation nationale pour l’emploi, la réduction du temps de travail avec embauche compensatoire sans perte de salaire, la nationalisation des entreprises qui menacent de licencier. Ce sont nos besoins qui comptent, pas les profits des grandes entreprises. Lors de la manifestation des travailleurs de Cockerill il y a quelques mois, notre revendication d’une nationalisation de l’entreprise sous le contrôle des travailleurs était bien accueillie.
Les jeunes nous connaissent par les campagnes Blokbuster et Résistance Internationale. Blokbuster ne se contente pas de s’en prendre au Vlaams Blok. Nous avons argumenté que tout ce qui divisait les travailleurs et les jeunes les affaiblissait face aux patrons et au gouvernement.
Une opposition active dans les syndicats et dans les quartiers est nécessaire, et non pas les paroles hypocrites de l’extrème-droite?
Les dernières années ont vu le MAS-LSP participer à des tentatives de construire une gauche combative dans les syndicats, avec le Mouvement pour le Renouveau syndical (MRS) autour de Roberto D’Orazio et le Mouvement pour la Démocratie syndicale (MPDS). Le 19 octobre 2001, nous avons, avec notre campagne Résistance Internationale, fait descendre dans la rue 2500 lycéens et étudiants contre le sommet européen de Gand.
Les élus de notre courant, comme Joe Higgins (député du CIO au parlement irlandais), ne reçoivent que le salaire moyen d’un travailleur et donnent le reste au parti, à des campagnes dans les quartiers, etc. Joe Higgins est connu en Irlande comme «le politicien qui n’est pas à vendre». Nous voulons que les élus soient révocables à tout moment au cas où ils ne respecteraient pas leurs promesses. Cela vaut pour notre parti également. Le MAS-LSP n’est pas une machine électorale, mais un groupe de travailleurs et de jeunes qui, tous ensemble, discutent un programme, le testent dans la pratique et l’affinent si nécessaire. Nous voulons construire un mouvement de masse pour mener la lutte pour une société socialiste où la production sera planifiée et gérée collectivement par des conseils démocratiquement élus dans les entreprises et les quartiers.
Le MAS-LSP et les élections
Les mois de février et de mars verront nos membres battre le pavé pour s’efforcer de récolter le nombre de signatures requis pour pouvoir participer aux élections du 13 juin. Nous voulons présenter des listes pour les élections européennes dans les collèges flamand et francophone. Nous ne sommes pas sûrs d’y arriver du côté francophone. En Flandre orientale, nous présenterons une liste pour les élections régionales. Le but premier de cette campagne n’est pas de récolter beaucoup de voix; notre parti n’est pas encore assez connu pour cela. La lutte de classes en Belgique – la lutte des travailleurs et des jeunes – n’est pas encore assez développée pour que les marxistes puissent faire une percée aux élections.
Tout comme lors des élections du 18 mai 2003, cette campagne est pour nous une campagne de renforcement: nous voulons convaincre de nouvelles personnes d’adhérer, mettre sur pied de nouvelles sections, récolter de l’argent pour la construction de notre parti, nous faire connaître plus largement,…
Un nouveau parti des travailleurs
Vu la transformation progressive, bien qu’à des rythmes différents, du SP.A et du PS en partis bourgeois, le MAS-LSP appelle depuis 1995 à la formation d’un «nouveau parti large des travailleurs», un instrument capable de rassembler des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs pour faire reculer les privatisations, les attaques contre les conditions de travail, la sécurité sociale, l’enseignement,… Nous ne nous considérons pas nous-mêmes comme ce nouveau parti des travailleurs. Il surgira de luttes politiques et sociales importantes. Cette lutte mènera à la conclusion que nous avons besoin de notre propre instrument politique. Le MAS-LSP y interviendrait comme une tendance socialiste révolutionnaire avec son propre programme. Avec le CIO, nous voulons construire à terme un parti révolutionnaire de masse au niveau mondial.
A la fin des années 90, le MAS-LSP a mené campagne pour des alliances de gauche. Une telle initiative aurait pu, en attendant la création d’un nouveau parti des travailleurs, combler partiellement le vide à gauche (à la gauche du PS et d’Ecolo). Notre initiative n’a cependant reçu que peu de répondant: une liste unitaire Leef à Gand et des listes ouvertes du PC à Bruxelles, à Liège et dans le Hainaut.
En tant que seule organisation non stalinienne de la gauche radicale à se présenter aux élections du 18 mai, nous avions présenté un programme clairement socialiste. Nous voulons relever le même défi d’ici le 13 juin 2004. Dans le cadre des violentes secousses que la crise capitaliste va provoquer – à commencer par une vague de mesures d’austérité après le 13 juin – nous voulons nous faire connaître le plus largement possible avec un programme clairement socialiste pour gagner à notre alternative de gauche les travailleurs et les jeunes les plus combatifs. Rejoignez-nous!
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Interdiction du foulard: Diviser pour régner
DEPUIS QUE le gouvernement français a déposé un projet de loi pour interdire les «symboles religieux ostensibles» à l’école, la discussion a éclaté aussi en Belgique. D’abord en Wallonie où deux parlementaires, Destexhe (MR) et Lizin (PS), ont fait des propositions allant dans le même sens, puis en Flandre où Dewael veut faire oublier la défaite que le VLD a subie dans le débat sur le droit de vote et montrer que le VLD «ose». Pas besoin de beaucoup de courage pourtant pour désigner un groupe déjà discriminé comme bouc émissaire pour les prétendus problèmes de vie en commun. Le but de cette manoeuvre, c’est de diviser les travailleurs dans la perspective des assainissements draconiens qui sont prévus pour les prochains mois.
Anja Deschoemacker
Le débat est faussé par un certain nombre d’arguments tirés par les cheveux. Ainsi, la séparation de l’Etat et l’Eglise. Une institution doit être neutre du point de vue religieux, ne peut donc pas imposer l’une ou l’autre religion, mais ni le personnel de l’institution, ni les gens qui utilisent ses services ne doivent être obligés de cacher leurs opinions religieuses. Leur droit à porter le voile, s’ils le souhaitent, relève totalement de la liberté de religion individuelle. Sans oublier en plus que la Belgique ne connaît pas une séparation stricte entre l’Etat et l’Eglise et que la majorité des écoles appartiennent au réseau catholique!
Comment le racisme se déguise en féminisme
Les défenseurs de l’interdiction abusent de manière hypocrite de l’idée de l’émancipation des femmes afin de stigmatiser un autre groupe opprimé. Dans les pays occidentaux il existe une égalité légale entre hommes et femmes. Dewael et les autres essaient de nous faire croire qu’il s’agit aussi d’une égalité réelle. Mais une femme peut bien être considérée par la loi comme égale à l’homme, si elle ne gagne pas assez elle-même pour assurer sa vie et celle de ses éventuels enfants, elle reste dépendante de celui qui gagne le revenu, qui est le plus souvent un homme. L’égalité légale n’a pas mené à un salaire égal, à des conditions de travail et à des chances de trouver un emploi égale, à la disparition de la violence intrafamiliale,…
Les immigrés, et parmi eux les femmes, subissent des discriminations sur le plan de l’enseignement, du logement et du marché du travail. Une fille musulmane, à qui les parents imposent le foulard, ne fera pas un pas en avant avec l’interdiction de celui-ci. Le foulard est unilatéralement présenté comme un élément de soumission de la femme. Pourtant aujourd’hui de nombreuses femmes le présentent comme un élément de défense de leur identité personnelle ou comme un élément de protestation contre une société raciste. Et qu’est-ce que Dewael a à offrir aux filles musulmanes qui se révoltent contre leur père, leurs frères ou leur mari? Une protection? Un emploi ou une allocation qui leur permettent de vivre? Une habitation sociale si elles ne peuvent plus rester à la maison? Non, même pas un accueil de première ligne, comme par exemple un refuge où elles pourraient rester quelque temps si nécessaire. Il y a plus de places d’accueil pour les chiens errants que pour les femmes qui sont victimes de violence. L’émancipation des femmes doit être tangible, sinon ce n’est que des paroles vides de sens.
L’oppression fait le jeu des courants réactionnaires
On parle aussi beaucoup du danger qui proviendrait d’une radicalisation de l’Islam. L’Islam est présenté comme dangereux pour «nos valeurs démocratiques». S’il y a une radicalisation, ce n’est pas parce qu’il y a des forces réactionnaires qui font de la propagande – elles le font déjà depuis longtemps – mais parce qu’il y a un bouillon de culture favorable pour cette radicalisation. Etant donné le rôle impérialiste de l’Occident dans le monde musulman, il n’y a rien de surprenant à ce qu’il y ait des sentiments anti-occidentaux. Ces sentiments pouvaient dans le temps trouver un cadre progressiste dans les idées du socialisme. Mais, depuis la chute du stalinisme, c’est vers un islam politique plus radical qu’ils se tournent à la recherche d’une réponse à des situations économiques catastrophiques.
En Belgique, les immigrés sont de plus en plus attaqués, sous la pression du Vlaams Blok apparemment suivi de toute la caste politique. La discrimination est claire quel que soit le terrain: un chômage plus grand, un accès moindre à l’enseignement, une concentration dans des secteurs mal payés et/ou lourds,… Demander à des femmes immigrées de ne voir leur discrimination qu’en tant que femmes et non qu’en tant que travailleurs d’origine étrangère est absurde. Ce sont justement des mesures comme l’interdiction du foulard qui vont pousser les immigrées à se replier toujours plus sur leur propre communauté, dans lesquelles des courants de l’islam politique sont souvent les seuls leaders d’opinion.
Un point de vue socialiste
Les marxistes partent du point de vue que la religion est l’opium du peuple. Les classes dirigeantes utilisent toujours les religions pour développer le fatalisme dans les classes opprimées, afin de leur faire accepter l’inégalité sociale. Mais, de même qu’on ne peut pas contraindre des toxicomanes à se désintoxiquer, on ne peut pas lutter efficacement contre la religion par la répression, comme le montre clairement l’histoire des systèmes staliniens.
Nous voyons la religion comme un choix personnel. Pour nous, l’Etat a le devoir d’assurer à la population un enseignement qui lui permette d’accéder aux connaissances et à la compréhension scientifiques les plus avancées. Mais l’Etat ne peut néanmoins pas obliger les gens à abandonner leurs croyances religieuses; le résultat d’une telle contrainte serait totalement contre-productif.
Le plus important pour nous est la création des liens de solidarité entre les travailleurs de toute nationalité, de toute religion, de toute ethnie,… Nous ne voulons pas que les travailleurs d’origine étrangère se conforment aux idées de Dewael et des autres, mais nous voulons que les immigrés soient intégrés dans la classe ouvrière. Pour cela, la lutte pour l’égalité des droits et contre la discrimination est indispensable. La libération de la femme musulmane – comme celle de la femme belge – se fera dans la lutte pour des revendications comme un emploi et une habitation accessible à tous, des droits individuels à la sécurité sociale, un enseignement gratuit de qualité pour tout le monde.
Tant que la classe ouvrière organisée se laissera diviser par le racisme, le sexisme, le nationalisme,… elle ne pourra avancer dans sa lutte pour construire des organisations qui puissent l’amener à la victoire.
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Enseignement supérieur: Vers des universités d’élite en Europe
Enseignement supérieur:
EN ALLEMAGNE, le chancelier Gerhard Schröder prône la mise en place d’universités d’élite sur le modèle américain de Harvard, Standford et compagnies. Le secrétaire général du SPD (social-démocrate) confirme cette idée en avançant la nécessité d’avoir plus de prix Nobel. Le ministère de l’Enseignement supérieur allemand prépare pour cet été un système de notations internationales des universités afin de pouvoir comparer la compétitivité des unifs allemandes avec les universités européennes concurrentes.
Boris Mallarme
Les patrons applaudissent. Ils veulent d’un enseignement adapté au besoin du marché capable de concurrencer les établissements américains. La Table ronde des Industriels européens avance depuis 1989 que l’enseignement en Europe fournit une main-d’oeuvre trop critique, pas assez flexible, que trop de moyens sont consacrés aux études inutiles et que trop peu de jeunes font des études supérieures en rapport avec les besoins du patronat.
Aux États-Unis, les universités décident quels étudiants elles admettent. Les droits d’inscription s’élèvent à des sommes atteignant plusieurs dizaines de milliers d’euros! Bref la sélection est extrême. Seul les génies et les gosses de riches ont accès aux unifs d’élite. Depuis des années les moyens consacrés à l’enseignement diminuent en Allemagne. On financera quelques unifs réservées à une élite au détriment de la masse des étudiants qui accéderont au reste des unifs qui dégénéreront de plus en plus en établissements poubelles.
L’idée d’écoles supérieures pour l’élite ne touche pas que l’Allemagne. La déclaration de Bologne, signée par 29 ministres européens de l’Enseignement en 1999, vise à préparer les universités européennes à la compétition avec celles des États-Unis. L’harmonisation européenne des structures d’enseignement vise à mettre en concurrence les établissements et non à offrir une plus grande mobilité à la masse des étudiants. La mise en concurrence signifie que les formations jugées non rentables par les entreprises passeront progressivement à la trappe. Le stade final du processus est la création de «pôles d’excellence», où l’accès sera filtré par des minervals exorbitants. En Angleterre, un projet de loi permettant aux unifs d’augmenter les droits d’inscriptions à partir de 2006 sera voté dans les prochains jours. Les montants des frais scolaires pourront alors grimper jusqu’à 4.500 euros par an (Le plafond étant pour le moment de 1.656 euros). De nombreux étudiants à la suite de leurs études seront endettés de plusieurs dizaines de milliers d’euros. La dette serait effacée si elle n’a pas été payée entièrement après 25 ans. Cela rappelle les suggestions des économistes de l’UCL d’élever le minerval à 4.000 ou 6.000 euros à rembourser après les études.
Seuls les étudiants les plus aisés capables de payer leurs frais de voyages, leurs logements, leurs droits d’inscription,… pourront étudier à l’étranger.
Bologne conçoit une mobilité accrue pour ceux qui seront admis dans les futurs unifs d’élite étrangère et non pour tous. A côté de ces pôles d’excellence, il y aura des établissements de seconde zone, plus accessibles, mais dont la qualité laissera de plus en plus à désirer et dont les diplômes auront peu de valeur. C’est là qu’échoueront la masse des étudiants les moins fortunés.
L’enseignement en Belgique suit cette tendance néo-libérale européenne.
Le 3 janvier 2004, le gouvernement de la Communauté française a approuvé l’avant projet de décret dit de «Bologne» de la ministre de l’Enseignement supérieur Françoise Dupuis visant à mettre en place l’harmonisation européenne des structures (du coté flamand l’avant-projet de décret correspondant a été voté depuis le 5 juillet 2002). Ce décret remplace le système candis/licences (2+2) par 3 ans de baccalauréat et puis un an de maîtrise (3+1) ou deux ans pour une maîtrise spécialisée (3+2). Les écoles supérieures sont intégrées à ce système. Il faudra dès lors être capable de payer la cinquième années d’études pour avoir le diplôme de maître spécialisé qui vaudra évidemment plus sur le marché de l’emploi que celui de maître. L’autre grosse partie du décret concerne la constitution «d’académies», possible autour de l’ULB, de l’ULG et de l’UCL, associant plusieurs universités francophones du pays. Les universités pourront léguer à souhait à leur «académie», des parties de l’enseignement, de la recherche et des services qu’elles organisent. Ceci permet aux universités de rationaliser, de faire baisser les coûts de fonctionnement (moins d’administration, suppressions de filières, pertes d’emploi,…). Les universités sont en train de se constituer en pôle avec des écoles supérieures. Tout ceci a pour objet de tenter de développer un pôle d’excellence réservé à l’élite du côté francophone.
La vague d’attaques au niveau européen contre les acquis en matière d’éducation visant à augmenter la sélection montre une fois de plus le caractère antisocial de l’Europe capitaliste. L’enseignement est l’un des thèmes de la campagne électorale du MAS pour les élections de juin. Le MAS combat l’idée d’un enseignement élitiste et défend un enseignement gratuit et de qualité à tous les niveaux. Etudiants de Gauche Actifs est solidaire de la campagne électorale du MAS qui est la seule opposition de gauche crédible qui défende nos droits d’étudiants.
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Austérité pour le monde du travail
Maximum à facturer pour les gros utilisateurs industriels d’énergie
Les gros utilisateurs industriels font la bonne affaire
Après le durcissement du contrôle des chômeurs, l’introduction d’un maximum à facturer pour la consommation d’électricité est de loin la mesure la plus importante du conclave. Les 25 plus grosses entreprises paient ensemble 40% de la facture totale de l’énergie en Belgique. Puisque l’industrie achète l’électricité à des tarifs inférieurs à ceux des particuliers, cela signifie que ces 25 entreprises consomment largement plus de 40% de la consommation totale d’électricité en Belgique. Le gouvernement veut rémunérer cela en «plafonnant» les taxes sur la consommation d’énergie. 145.000 entreprises vont en profiter, parmi lesquelles la SNCB. Etant un service public, la SNCB payait annuellement 2 millions d’euros en taxes sur l’électricité. Maintenant que l’entreprise va être scindée en vue de la libéralisation et de la privatisation, ce qui était impossible à discuter auparavant devient possible: la SNCB ne paiera plus que 250.000 euros au maximum en taxes sur l’électricité.
C’était prévisible! La coalition violette ne tient pas debout. On cherche à grand peine une politique commune. En revanche, les annonces ministérielles pleuvent, les unes plus irréalistes que les autres (les Jeux Olympiques en Belgique, les trains gratuits,….). Il était donc temps pour le Premier ministre Verhofstadt d’impulser une dynamique de groupe. Le gouvernement a donc fait une retraite, le temps d’un week-end, dans une ferme château à Gembloux. Après ce week-end, les organisations patronales n’ont pas ménagé leurs éloges tandis que les syndicats affichaient leur déception. Et pour cause !
Eric Byl
Victoire libérale
Tous les observateurs sont d’accord: les libéraux sont sortis vainqueurs du conclave. C’était nécessaire du point de vue du gouvernement. Le fait que la Belgique avait été critiquée internationalement pour la croissance des impôts sous la coalition violette doit surtout avoir été dur à avaler pour les partis «anti-impôts», le VLD et le MR. De plus, l’image de marque du bon père de famille, que le gouvernement aime à se donner, a été mise à mal par le Fonds Monétaire International. Le FMI a donné un avertissement au gouvernement pour la façon dont il a équilibré son budget. Le FMI aimerait voir remplacer la reprise des pensions de Belgacom et la vente de bâtiments par des mesures plus structurelles.
Ensuite, il y eut les bricolages successifs de la déclaration libératoire unique (DLU), autrement dit de l’amnistie fiscale. A l’origine, celle-ci devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2004. L’ordonnance d’application a été coulée par le Conseil d’Etat. Le cabinet du ministre des Finances Reynders a tenté d’arranger la chose, mais la nouvelle ordonnance est tellement ambiguë que les banques conseillent à leurs clients d’attendre encore un peu. Bref: l’ordonnance ne vaut rien.
Tant de bévues devaient inévitablement mener à des grognements et à de la nervosité sur les bancs libéraux. Le VLD voit s’exprimer, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des voix dissidentes fortes sur son aile droite. Cela a commencé avec l’ancien ministre Daems, qui a déclaré à l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal que la fraude sociale était pire que la fraude fiscale, tout en trônant sur le perron de sa luxueuse villa. Cela a continué avec la flibuste menée par Coveliers sur le droit de vote des immigrés, sa démission comme dirigeant de la fraction VLD au Sénat et sa menace de démissionner du parti. Puis ce fut à nouveau Dewael, qui a lancé à mauvais escient le débat sur le foulard. Enfin le VLD a été obligé d’exclure Claudine De Schepper, parlementaire anversoise, pour son adhésion au Comité contre le droit de vote des immigrés, lancé et contrôlé par le Vlaams Blok. Aller aux élections d’une manière aussi divisée et peu crédible n’était pas possible pour Verhofstadt et le VLD et, dans une moindre mesure, le MR. Ils avaient besoin de concessions pour apaiser leur aile droite et pour augmenter leur crédibilité. C’était là le véritable objectif de Gembloux.
Un maigre résultat?
"Quand les libéraux obtiennent un succès, alors c’est bien aussi pour les socialistes"
(Steve Stevaert, président du SP.a)Selon la presse, en fin de compte peu a été décidé: de vieilles décisions ont été confirmées, d’autres reportées. Se-lon l’hebdomadaire Knack: «Il faut encore attendre le grand projet de société dont Guy Verhofstadt parlait dans ses Manifestes du Citoyen. Quel projet? «Le gouvernement sait pourtant que la même tâche l’attend que celle qui a déjà commencé dans les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il s’agit de la réorganisation complète de notre sécurité sociale et du marché de travail.» Voilà qui est très clair, mais les journalistes pensaient-ils vraiment que le gouvernement annoncerait cela publiquement moins de six mois avant les élections?
Qu’est-ce qui est alors sorti de Gembloux? Toutes sortes de cadeaux aux patrons sous la forme d’une réduction des charges sur le travail de nuit et le travail en équipes, de la possibilité de faire travailler le personnel des magasins le dimanche et de l’assouplissement de la loi sur l’implantation des centres commerciaux, d’une plus grande réductibilité des déjeuners et des dîners d’affaires. Le plus grand cadeau est le maximum à facturer sur l’utilisation d’électricité par les grands entreprises (voir cadre).
Comme les petits indépendants s’opposent à la révision de la loi sur l’implantation des surfaces commerciales en faveur des grandes surfaces et à l’élargissement du travail de dimanche, le gouvernement leur offre en compensation un statut social meilleur… qu’ils payeront eux-mêmes au travers de cotisations plus élevées. Le gouvernement veut aussi réduire la TVA de 21% à 6% dans le secteur Horeca (mais ceci doit encore être approuvé par l’Europe). Bref: les libéraux ont obtenu les succès qu’ils voulaient.
Il se peut que les succès des libéraux soient bien aussi pour certains «socialistes», surtout ceux qui – comme Stevaert – sont patrons d’une chaîne de cafés. La majorité des socialistes – et les travail-leurs qui ont été il y a long-temps «représentés» par eux – devront malheureusement constater que le gouvernement n’a pas seulement été géné-reux avec la santé des travailleurs – en impulsant le travail en équipe, le travail de nuit et le travail du dimanche – mais qu’il sera aussi de plus en plus difficile d’être malade ou vieux. En effet, pour favoriser l’engagement de travailleurs à bas salaires, le gouvernement à décidé de «donner» un «bonus crédit d’emploi». Ce-lui qui gagne moins de 1.956 euros brut par mois paiera moins de cotisations sociales, celui qui gagne moins de 1.095 euros brut n’en paiera même plus. Ainsi nous gagnerons plus en net, mais que se passera-t-il quand nous serons malades, licenciés où retraités? Nous devrons payer de notre propre poche parce que la baisse des cotisations sociales aura ruiné la sécurité sociale. Ainsi le gouvernement reprendra (largement) d’une main ce qu’il a donné de l’autre.
Les chômeurs dupés
Selon Alfons Verplaetse, l’ancien gouverneur de la Banque Nationale, la tâche de ce gouver-nement et de ses successeurs est comparable à celle de Wilfried Martens pendant les années 80. Les gouvernements de cette époque ont appliqué de lourdes mesures d’austérité. Durant cette période, les salaires ont baissé en moyenne de 15% et les allocations de 20% en moyenne. Simultanément la productivité des travailleurs est devenue une des plus élevées au monde. Les profits ont battu tous les records, la dette publique a triplé. En bref, ce fut un transfert massif de moyens financiers des pauvres vers les riches.
C’est ce que le FMI, la Banque Nationale, la FEB et com-pagnie attendent aujourd’hui du gouvernement: un carnage social en limitant dans le temps le droit à une allocation de chômage et en allongeant la durée moyenne d’une carrière professionnelle. Les décisions concernant ce dernier point ont été reportées jusqu’après les élections. Nous pouvons deviner pourquoi. Le droit à une allocation de chômage n’a pas été officiellement limité dans le temps. Mais, en pratique, cela reviendra au même par la centralisation accrue du contrôle des chômeurs par l’ONEm fédéral au détriment des services d’emplois régionaux, l’ORBEm, le FOREm et la VDAB.
Contrairement aux services d’emplois régionaux, qui accompagnent les demandeurs d’emplois dans leur recherche d’un emploi et essaient d’éviter une suspension, l’ONEm est purement un mécanisme de contrôle. Après 18 mois en moyenne de chômage, tous les demandeurs d’emploi seront obligés de prouver à l’ONEm qu’ils ont activement recherché du travail. Celui qui ne pourra prouver «suffisamment d’efforts» sera définitivement suspendu après trois convocations. Il faudra démontrer au moins 312 journées de travail dans une période de 18 mois pour avoir de nouveau droit à une allocation. Knack appelle cela «une percée de principe pour limiter le chômage dans le temps». Cette mesure asociale sera aussi appliquée aux chômeurs âgés (50 ans et plus). On comprend après tout cela pourquoi petits et grands patrons crient victoire… et pourquoi, à gauche, il vaut mieux être patron de café(*) que chômeur!
(*) Steve Stevaert, président du SP.a, est patron de café.