Tag: Belgique

  • Lutte antiraciste, cordon sanitaire, … Comment combattre le Vlaams Belang?

    Le thème principal des discussions autour des élections communales d’octobre dans les médias flamands va sans doute être la survie du cordon sanitaire. Dans différentes communes, le cordon est remis en question même si les état-majors des grands partis continuent à dire qu’il est inacceptable de gouverner – même localement – avec le Vlaams Belang.

    Sven De Deken

    Selon un sondage récent, le VB obtiendrait pas moins de 48% à Hoboken, une commune de la banlieue d’Anvers. Les partis traditionnels n’ont pas de solution pour enrayer la croissance électorale du VB. Au contraire, ils mènent une politique néolibérale qui ne tient compte que des intérêts des couches les plus riches de la population. Ce faisant, ils poussent les électeurs dans les bras du VB sans que celui-ci ait quoi que soit à faire. Les partis traditionnels sont donc eux-mêmes la cause de la croissance de l’extrème-droite.

    Si on regarde son programme un peu attentivement, il est facile de constater que l’extrême-droite n’a pas de solution à proposer aux nombreux travailleurs qui votent pour elle aujourd’hui. Le VB défend l’augmentation de la productivité et de la flexibilité, les diminutions de salaire, les privatisations,… En même temps, il veut supprimer, ou au moins réduire fortement, la sécurité sociale dont il n’hésite pas à dire : « La sécurité sociale est un paradis pour les profiteurs professionnels (…). Le CPAS est un moyen d’existence pour les paresseux, les indolents, les étrangers et les refugiés politiques. »

    Si on sait qu’en Belgique il y a aujourd’hui 1,1 million de personnes dépendant d’une manière ou d’une autre d’allocations de chômage – et quasiment pas d’emploi disponible – on comprend qu’ il est nécessaire de renforcer la sécurité sociale et non pas de la réduire ou de l’abolir. Ceux qui voient d’un bon oeil ce programme sont les dirigeants d’entreprises et leurs actionnaires qui apprécient aussi le projet du VB de diminuer les cotisations patronales. Le VB n’est donc pas un parti qui lutte pour les intérêts des travailleurs, mais au contraire un parti qui défend les intérêts du patronat.

    Pour contrer le succès du VB, de plus en plus de gens, y compris à gauche, estiment qu’il faut laisser le VB gouverner parce que, de cette façon, il s’userait au pouvoir. C’est une stratégie extrèmement dangereuse. Les droits des travailleurs et des jeunes seraient remis en cause au cours d’un telle expèrience. Il ya quelques années, on a vu à Vitrolles en France, comment le Front National avait commencé, immédiatement après avoir gagné les élections communales, à expurger les bibliothèques de livres jugés trop à gauche, à fermer les maisons de jeunes,… La mairie avait proposé une prime de 700 euros pour la naissance de chaque enfant français. Car, comme la bourgmestre Catherine Mégret le déclarait, « il y a des différences entre les races (…), il y a des différences dans les gènes ». Les élections communales suivantes n’ont pas vu le FN rejeté du pouvoir. Nous ne voulons pas courir un tel risque en Belgique.

    Il est néanmoins clair qu’il faut faire quelque chose contre la montée du VB et du racisme. Une des thèses les plus courantes de l’extrème-droite est que tous les problèmes sociaux comme le chômage, le manque de logement à des prix abordables, les bas salaires,… se réduisent à la présence des allochtones en Flandres (et aux « Wallons paresseux »). Mais il est naïf de penser que les patrons pourraient tout d’un coup augmenter les salaires (et donc accepter moins de profits) s’il n’y avait plus d’allochtones en Flandre ou si la Flandre était indépendante. Ils se moquent bien de qui travaille dans leurs entreprises du moment qu’ils peuvent les exploiter. Par contre, l’existence de groupes de travailleurs avec moins ou pas de droits est un facteur qui avantage les patrons.

    Les idées racistes engendrent la confusion au sein de la classe ouvrière. Les tensions qui existent à cause des problèmes sociaux sont ainsi canalisées dans des attitude racistes, qui amènent les travailleurs à lutter entre eux pour quelques miettes pendant que le patronat fait des super-profits. C’est pour cela que l’on ne peut pas tolèrer le racisme sur le lieu de travail. S’il n’y a pas de lutte commune des Belges et des immigrés sur le lieu de travail, les patrons vont toujours utiliser un des deux groupes pour casser le mouvement. Créer, à travers le syndicat, un climat antiraciste sur le lieu de travail peut donc faire la différence entre une victoire ou une défaite dans la lutte syndicale.

    Les partis traditionnels étant responsables de la croissance du Vlaams Belang, il est clair qu’ils ne représentent pas une solution pour un nombre de plus en plus important de travailleurs. La seule chose qui pourrait offrir une alternative pour les votes de protestation qui vont aujourd’hui au VB, c’est un nouveau parti des travailleurs qui défende les intérêts des salariés et de leurs familles.

  • “C’est une connerie de dire que nos salaires sont trop élevés”

    Cette déclaration n’est pas faite par Xavier Verboven (FGTB), ni par Luc Cortebeeck (CSC), mais par le professeur d’économie de Louvain Paul De Grauwe, un des économes libéraux belge les plus connu et ex-sénateur du VLD. Au moment où tous les partis traditionels, et le Vlaams Belang, disent avec le soutien de la presse bourgeoise que les coûts salariaux sont trop haut en Belgique et poussent à une modération salariale, ce professeur dit que c’est une connerie…

    Karel Mortier

    …et qu’il s’agit d’une « stratégie cachée » des employeurs pour faire augmenter encore leurs profits. « Si les employeurs disent que les coûts salariaux sont trop hauts, ils disent en fait qu’ils veulent faire plus de profits. Pourtant, ces entreprises ont fait de solides profits ces dernières années. Qu’on arrête donc cette connerie sur les coûts salariaux trop élevés. »

    Les entreprises font des profits records d’année en année et les salaires des managers swinguent à mort, mais on doit néanmoins croire que les salaires des travailleurs sont trop élevés. Apparemment même quelques économes libéraux se rendent compte que ce n’est pas correct. Les salaires des managers et des politiciens, selon eux-mêmes, sont par contre trop bas. Selon Marcel Rottiers de Towers Perrin les topmanagers belges « doivent rattraper un retard » sur leurs collègues à l’extérieur qui gagnent encore bien plus. Il prévoit alors que les salaires des managers en Belgique vont encore augmenter. Aujourd’hui les topmanagers en Belgique gagnent en moyenne 1 million de dollars, mais apparemment ce n’est pas encore assez.

    Le président de la Chambre Herman De Croo (VLD) prend l’occasion de la publication des salaires confortables des managers des entreprises de l’Etat pour dire: «Je constate que le premier (ministre) et moi gagnons la moitié de, par exemple, Jannie Haek (administrateur délégué de la SNCB). C’est trop peu. Je trouve que les politiciens dirigeants pourraient gagner plus. » Ceux qui disent sans cesse que les coûts salariaux sont trop importants n’ont visiblement aucun problème avec le fait que leurs propres coûts salariaux crèvent le plafond.

    Le SP.a qui, par l’intermédiaire de son porte-parole Frank Vandenbroucke, a ouvert l’attaque sur les salaires des travailleurs et qui, pour la tantième fois, a donc ridiculisé ces partenaires « priviligiés » à la FGTB, essaye de mettre le professeur dans un coin « extrème-libéral », selon la stratégie de Vande Lanotte durant les actions contre le Pacte des Générations qui avait déclaré que celui qui se détourne de la « gauche » (en parlant du SPa !) se tourne vers la droite. Vandenbroucke n’a pas trouvé mieux que d’avouer que la sécurité sociale a été dépouillée pour faire baisser les coûts salariaux. « De plus, ces dernières années, on a appliqué des diminutions de charges monumentales, entre autre avec de l’argent de la sécurité sociale. Ce n’était pas destiné aux augmentations salariales, mais pour la compétitivité. » Cette dernière décennie, le pouvoir d’achat de la majorité des travailleurs a par contre baissé, donc l’argent n’a certainement pas disparu dans les poches des travailleurs, mais dans ceux des actionnaires des entreprises, qui n’ont pas utilisés les diminutions de charges pour employer des travailleurs supplémentaires, mais pour augmenter leurs profits. La FEB dit par contre que « ce que De Grauwe dit est plus extrème que ce que déclarent les gens de la gauche du débat. » Plus extrème que Frank Vandenbroucke ? Il faut le faire !

    Il est clair que les partis bourgeois et les organisations d’employeurs sont emmerdés par la déclaration du professeur. Car cette déclaration vient à un moment où le gouvernement essaye d’imposer la modération syndicale aux syndicats en préparation des négociations interprofessionnels prochaines en essayant de venir à la conclusion d’un accord-cadre. Le but est de faire diminuer les salaires bruts sans (immédiatement) toucher aux salaires nets en diminuant aussi les impôts. Le problème, c’est qu’avec cela la baisse des revenus de l’Etat va finalement quand même être mise sur le dos des travailleurs par une augmentation des impôts et la diminution des allocations ou des services sociaux.

    Ceux qui reprochent aux syndicats d’être irresponsables et de penser à court terme, n’ont pas de problèmes pour vider les caisses de la sécurité sociale pour temporairement satisfaire la soif de profits des patrons. Si même un top-économe libéral, collaborateur régulier du Financial Times, dit que les coûts salariaux ne sont pas un problème en Belgique et que tout cela va dans le sens d’un agenda «caché » de la FEB pour faire augmenter encore les profits de leurs membres, il est clair que les syndicats ne peuvent pas concéder le moindre pouce aux gouvernement et employeurs.

  • A Bruxelles comme à Dublin, qu’ils viennent de Varsovie ou de Kinshasa, avec ou sans papiers, … Unité de tous les travailleurs!

    Si, pour le moment, la porte d’entrée de la Maison Belgique reste fermée pour les travailleurs d’Europe Orientale, la porte de derrière, par contre, est grande ouverte. Mais il faut se baisser très fort pour entrer…

    Dagmar Walgraeve

    La discussion sur l’ouverture du marché de l’emploi en Belgique pour les travailleurs venant des « nouveaux Etats membres de l’UE » s’est terminée sur un compromis… typiquement belge. La Commission Européenne voulait savoir pour le 1er mai si la Belgique allait prolonger l’interdiction d’accès ou la supprimer. Puisque les services du gouvernement fédéral n’ont pas encore terminé l’élaboration du document détaillant la politique à suivre (enregistrement obligatoire, contrôles,…), l’Etat ne veut pas encore ouvrir les frontières. Mais le ministre de l’Emploi, Peter Vanvelthoven, affirme que cela devra pouvoir se faire « le plus tôt possible ». Il est déjà acquis que la procédure de demande d’un permis de travail sera réduite de 30 à 5 jours pour les 104 professions où il y a une pénurie de candidats sur le marché belge. C’est le dernier en date des cadeaux que le gouvernement fait au patronat afin de lui livrer des travailleurs à bon marché. Le gouvernement belge est d’ailleurs leader en Europe en ce qui concerne « les aides financières à la création d’emplois » (lisez: les cadeaux au patronat). Par contre, il est bon dernier pour les investissements en formations professionnelles!

    Avec l’adoption récente par le Parlement européen de la directive Bolkestein « aménagée », des entreprises polonaises peuvent maintenant s’installer en Belgique, surtout dans le secteur de la construction où de nombreux travailleurs polonais sont déjà « détachés ».

    La manière dont se prépare l’ouverture du marché de l’emploi pour les travailleurs des nouveaux Etats membres et la directive Bolkestein montrent comment la classe capitaliste européenne essaie de répondre à la concurrence croissante entre pays et entreprises. L’élargissement de l’Europe est un élémentclé de cette stratégie puisqu’elle va permettre aux grandes entreprises d’exploiter plus facilement les nombreux travailleurs hautement qualifiés et bon marché des pays d’Europe de l’Est. Ceci se fera, d’une part, en délocalisant des entreprises d’ici dans ces pays et, d’autre part, en amenant ici des travailleurs bon marché venant de là-bas.

    Le patronat veut utiliser les salaires plus bas et les conditions de travail et de sécurité sociale moins bonnes dans ces pays afin de s’attaquer au niveau de vie de tous les travailleurs en Europe. Car, même si les conditions de travail et de salaire en vigueur chez nous sont respectées lors de la réalisation des contrats d’embauche des travailleurs venus de Pologne ou d’Estonie, il suffira aux entreprises de remplacer les contrats fixes à salaire convenable par du travail précaire au salaire minimal pour doper leurs profits. C’est ce qui s’est passé récemment en Irlande. La direction des Irish Ferries a voulu faire naviguer ses bateaux sous pavillon étranger, ce qui lui permettait de licencier 543 travailleurs irlandais syndiqués et de les remplacer par des travailleurs lithuaniens non-syndiqués, qu’elle comptait payer 3,76 € l’heure – soit moins d’un tiers du salaire officiel actuel – et faire travailler 84 heures par semaine ! Les bateaux ont été occupés par des travailleurs en grève et les syndicats ont été obligés d’organiser une manifestation en solidarité. 100.000 personnes sont descendues dans la rue pour protester contre les licenciements et l’exploitation des travailleurs immigrés. Malheureusement, les syndicats n’étaient pas prêts à engager une lutte décidée et à l’organiser de façon efficace. Ils ont accepté un compromis qui conserve le statut aux travailleurs actuels mais autorise l’embauche de travailleurs étrangers au salaire minimum légal (7,65 €). Une légère amélioration pour ces travailleurs, mais Irish Ferries economisera ainsi annuellement 11,5 millions d’€ en coûts salariaux!

    Un autre avantage qu’offre aux patrons l’engagement de travailleurs étrangers avec des contrats à durée très limitée, c’est l’affaiblissement des syndicats dans les entreprises. Tout comme les travailleurs précaires, les travailleurs étrangers sont difficiles à organiser à cause du taux d’exploitation élevé et de la grande insécurité du travail. De plus, beaucoup ne connaissent ni leurs droits, ni la langue du pays. L’initiative de la CSC de distribuer des tracts en polonais pour informer les ouvriers polonais du bâtiment sur leurs droits est un pas en avant important, mais c’est loin d’être suffisant.

    Si nous voulons faire face à ces menaces, il faut aller à leurs racines. Partout dans le monde, les patrons cherchent à s’attaquer aux salaires et aux conditions de travail afin de maximaliser les profits. Ils sont continuellement à la recherche de nouveaux travailleurs à bon marché. Dans le passé, ils ont utilisé les femmes pour miner les salaires des hommes, et aujourd’hui les femmes gagnent toujours en moyenne 25% en moins que les hommes. Des travailleurs “coûteux” sont remplacés par des jeunes meilleur marché au moyen du travail précaire et des plans d’embauche style Rosetta et Activa. Diviser pour régner, c’est la politique préférée de la bourgeoisie pour sauvegarder son système. C’est pourquoi nous devons résister à toute tentative de division des travailleurs. S’il n’y avait pas de travailleurs immigrés, les patrons inventeraient bien d’autres moyens de s’attaquer à nos salaires. Il faut défendre les travailleurs étrangers tout autant que les travailleurs dits illégaux. L’UDEP (Union de Défense des sans-papiers) affirme avec raison : « Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs ». Et comme le dit Claude Matuba, un des porte-parole de l’UDEP: “Le travail en noir mène à des salaires plus bas pour tout le monde, la régularisation mène à des salaires plus élevés pour tous.”

    Ce n’est qu’en défendant de façon déterminée le niveau de vie de la classe des travailleurs et en se battant systématiquement pour que chaque nouveau travailleur – qu’il soit belge, polonais ou congolais – soit engagé aux ‘anciennes’ conditions que la spirale vers le bas pourra être arrêtée. Nous devons lutter pour que les syndicats organisent aussi les couches les plus opprimées de la classe des travailleurs (les femmes, les jeunes, les immigrés, …). Ce n’est qu’en ayant des syndicats démocratiques et combatifs qui organisent toutes les couches des travailleurs que nous pourrons nous défendre contre les attaques de la bourgeoisie.

  • ÉNERGIE: Nos intérêts ne sont pas les leurs

    Un sommet européen vient de se tenir à Bruxelles. Au menu: la politique énergétique. Le consommateur, à l’heure des grandes manoeuvres spéculatives, y trouvera t-il- son compte? On peut en douter…

    Xavier Dupret

    Energie: du monopole public au monopole privé…

    La construction européenne, basée sur le libre-échange, a entrepris, dès 2002, le démantèlement des monopoles nationaux en vigueur dans les Etats-Membres. Le projet européen de libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz poursuit plusieurs objectifs: favoriser l’émergence d’un marché européen de l’énergie unifié, accroître la compétitivité des entreprises européennes du secteur de l’énergie face à leurs concurrents internationaux, faire profiter les consommateurs (professionnels en particulier) des baisses de prix sur le marché de l’énergie entraînées par la restauration de la libre concurrence. On fera remarquer, dès le départ, que la baisse des tarifs concerne en priorité les gros consommateurs (les entreprises).

    En laissant les coudées franches à de grands groupes, on risquait de favoriser l’apparition de monopoles privés au niveau européen, non sans conséquences d’ailleurs. « Les résultats observés sur les marchés européens sont mitigés au regard des objectifs initiaux : forte volatilité des prix de l’électricité sur plusieurs marchés européens, recrudescence croissante des incidents » (1.) Ce genre de remarque permet de voir où le bât blesse. C’est qu’avant la libéralisation, l’existence de monopoles trouvait son explication dans les investissements nécessaires à la mise en oeuvre de la production d’énergie. Au total, la libéralisation aura juste permis un transfert de propriété du public vers le privé. A la clé: une perte de contrôle démocratique sur le secteur de l’énergie.

    Electrabel: la poule aux oeufs d’or

    La libéralisation a eu très vite ses effets sur le marché intérieur belge. C’est ainsi qu’Electrabel est passé sous le contrôle de Suez pour en devenir le pôle d’électricité. Le passage a été progressif. Au départ, Suez, groupe de service aux collectivités et spécialisé dans l’énergie, détenait déjà 50,1% des parts de la société belge. En août 2005, les actionnaires minoritaires ont été dégagés et Electrabel est passé sous le contrôle total de Suez. Cette stratégie de consolidation répondait à un souci de protection. Enel (Ente Nazionale per l’Energia Elettrica), la société nationale italienne d’électricité, principal producteur d’énergie électrique du pays, a fait connaître son souhait de se porter acquéreur d’Electrabel qui est très rentable puisque ses centrales sont amorties depuis longtemps.

    Evidemment, pour capter Electrabel, il fallait passer par Suez qui n’a jamais voulu lâcher la poule aux oeufs d’or. Résultat des courses : après avoir fait l’objet d’une tentative de rachat par ENEL, Suez a décidé de fusionner avec Gaz de France (GDF). Suez restera français, Electrabel aussi.

    De l’eau dans le gaz en Belgique

    Outre l’électricité, Suez est également, en Belgique, à la tête du principal réseau de stockage et de distribution de gaz, via ses filiales Fluxys et Distrigaz. Le projet de fusion avec GDF -qui vend du gaz en direct en Belgique et qui y est aussi le second producteur d’électricité via sa filiale SPE (qu’il contrôle avec le britannique Centrica) – aboutirait, donc, à la création d’un monopole énergétique. Evidemment, les garanties pour le consommateur sont des plus minces. L’Europe du libre marché n’aura pas eu pour effet, chez nous, d’accroître la concurrence, bien au contraire. Et à quelques mois des communales, ça fait désordre. D’où l’intervention du Premier Ministre. Les pistes avancées sont soit une cession d’actifs en Belgique par GDF et Suez soit le démantèlement pur et simple d’Electrabel. La solution préconisée par les libéraux flamands – et les écologistes francophones ! – tendrait plutôt à casser Electrabel avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer. Car si le secteur belge de l’électricité devait se caractériser par un grand nombre d’opérateurs individuels, le principe de concurrence reposerait aussi par une renégociation des acquis des travailleurs du secteur, compression des coûts oblige. Pour rappel, le bénéfice d’Electrabel a grimpé de 60,4% l’année dernière. Décidément, cette Europe n’est pas la nôtre…

    (1) 10ème session du cycle de conférences de politique énergétique organisé conjointement par le Commissariat général au Plan, Paris, février 2004

  • Rapport de l’action de solidarité avec la lutte des jeunes en France contre la précarité

    Ce mardi 28 mars était une journée historique en terme de mobilisation en France. Près de 3 millions de personnes, étudiants, chômeurs, travailleurs confondus ont défilé dans les rues de l’hexagone pour protester contre la loi de régression sociale dite de « l’égalité des chances ».

    Les Etudiants de Gauche Actifs

    Les Etudiants de Gauche Actifs soutiennent vigoureusement cette lutte contre la précarisation de l’emploi et ont tenu à organiser un rassemblement devant le consulat de France à Bruxelles afin de concrétiser leur soutien (d’autres sont allés manifester dans les rues de Lilles ou de Paris) et de protester contre le démantèlement social que subit l’ensemble de l’Europe.

    Plusieurs communiqués de presse avaient été envoyés et nous avions mobilisé pendant deux semaines et notamment à la manifestation contre le décret Simonet avec un tract faisant un lien entre les attaques que l’enseignement subit ici en Belgique et celles mises en place en France pour l’emploi des jeunes.

    Nous étions pourtant qu’une petite vingtaine (étudiants de la VUB, de l’ULB, de la Haute Ecole de la Poste, et travailleurs) devant le consulat, mais sans aucun doute, combatifs et déterminés (sous les slogans de « non à la précarité, étudiants , travailleurs solidarité » ou encore « résistance internationale contre l’Europe du capital »).

    Il est important de montrer une solidarité internationale face aux attaques qui nous touche tous. En effet, le pacte des générations, celui contre les chômeurs, les attaques dans l’enseignement, etc.… ne sont pas des mesures isolées mais se retrouvent dans un contexte d’attaques néolibérales appliquées au niveau européen. Et c’est à l’échelle internationale que nous devons nous y opposer.

    Ci dessous la lettre donnée au consulat:


    Bruxelles, le 27 mars 2006

    Les Etudiants de Gauche Actifs

    Tel : 0497/92.12.63

    Site web: www.gauche.be

    Email: ega@gauche.be

    Madame, monsieur

    Le cercle des Etudiants de Gauche Actifs de toutes les universités et hautes écoles de Belgique, et les personnes venues appuyer leur lettre, tiennent à vous faire part de leur total désaccord avec la loi dite pour l’égalité des chances. Cette loi n’annonce que précarisation, flexibilité, avenir misérable pour les jeunes, et n’est que le reflet d’une politique ultra-libérale appliquée partout en Europe et dans le monde. Cette politique qui ne profite qu’au patronat nous la refusons. Nous trouvons également scandaleuses les méthodes répressives employées pour discréditer et museler l’opposition criée par les jeunes et les travailleurs.

    Le gouvernement français n’a le droit de rester sourd à ce mouvement de contestation qui traverse sont pays. Il est clair que la majorité de la population s’oppose au moins au CPE.

    Si ce gouvernement refuse de retirer cette mesure, c’est qu’il ne représente nullement son pays. Le mot d’ordre de la coordination nationale étudiante appelant à la démission du gouvernement nous semble des plus légitimes en ce sens.

    Nous constatons que partout en Europe (et certainement dans le reste du monde) des attaques visant à reprendre nos acquis sociaux sont lancées. La précarisation de la vie et du travail se fait ressentir de plus en plus clairement. Face à ce démantèlement social nous nous devons de réagir. C’est pourquoi nous soutenons vigoureusement la lutte des étudiants, des lycéens et des travailleurs contre cette loi de plus, synonyme de régression sociale.

    Salutations socialistes,

    Les Etudiants de Gauche Actifs

  • INBEV: Tournées de licenciements après tournées de licenciements pour étancher la soif de profit du géant de la bière…

    Plus de 500 licenciements ont été annoncés en Belgique, ainsi que la fermeture des brasseries de Hoegaarden et de Molenbeek. Inbev est déjà la plus grande brasserie au niveau mondial – un de ses slogans est d’ailleurs « going from bigger to best » – mais les concurrentes Anheuser-Busch et SABMiller font plus de bénéfices avec un volume plus petit. En d’autres termes, il faut faire plus de profit, de préférence sur le dos du personnel. Mais quand il s’agit des primes des managers, il y a deux poids deux mesures.

    Luc Janssens

    En chiffres

    • 1,024 milliard de profits en 2005…
    • 31 millions d’euros en prime de départ pour trois managers…
    • Les familles Spoelberch, de Mevius en Vandamme, les plus importants actionnaires d’Inbev, ont une fortune de 7.357.577.790 euro, ce qui fait d’eux de loin les plus riches familles de Belgique…
    • Et 500 licenciements…

    La première restructuration a eu lieu en octobre dernier: 45 employés au bureau principal ont été licenciés. Alors que les négociations étaient encore en cours, les 45 travailleurs ont reçu, en décembre, leur lettre de licenciement. Fin novembre, une deuxième restructuration eut cours en Belgique. Il s’agissait de la fermeture des brasseries d’Hoegaarden et de Molenbeek et de licenciements dans presque tous les sièges. Cette restructuration était encore en cours lorsque Inbev en a annoncé une nouvelle le 24 février, lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’entreprise : 360 licenciements à travers l’Europe, dont 201 en Belgique. Cette fois, c’est le siège de Jupille qui est visé, dont l’administration sera délocalisée vers la Tchequie et la Hongrie. Mais ça ne s’arrête pas là. Une semaine plus tard, plus de 200 licenciements étaient annoncés en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Il apparaît clairement que d’autres restructurations auront lieu. Les sièges de Belgique ne seront pas touchés dans l’année à venir, à l’exception de cinq licenciements. Mais qu’arrivera-t-il ensuite? Une nouvelle tournée pour les sièges de Belgique? En appliquant la restructuration en différentes phases et en délocalisant, Inbev suit la stratégie de diviser pour mieux régner. Il s’agit de monter les travailleurs des différentes entreprises les uns contre les autres: méthode qu’Inbev continuera d’utiliser pour s’attaquer aux conditions de travail et de salaire du personnel (sauf évidemment pour les managers).

    Les réactions ont fusé immédiatement. Après l’annonce de la fermeture de la brasserie de Hoegaarden, 3000 personnes ont manifesté dans le village. Après l’annonce des licenciements à Jupille, l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré dans une interview : « Si les lois économiques ne tiennent pas compte de l’être humain, ces lois doivent changer. Les pertes d’emploi s’empilent. Hier c’était à Arcelor, aujourd’hui à Inbev. Et demain? Est-ce cela le côté européen de la mondialisation de l’économie? Cela nous touche. Avec les victimes, leurs familles, leurs collègues et beaucoup de citoyens nous disons: si la logique financière provoque tant de souffrance, elle est inhumaine et elle doit changer. »

    La logique du système actuel est en effet au service du profit. Pour augmenter ces profits, des travailleurs sont jetés à la rue. Ici et là, on entend proclammer l’impuissance quant à la volonté arbitraire des multinationales. Les politiciens crient au scandale, mais au moment décisif ils disparaissent. Ou peut-être ont-ils peur de perdre leur (futur) siège dans le conseil d’administration? Pourquoi n’entendons- nous rien de Jean-Luc Dehaene présent au conseil d’administration d’Inbev? Pas de commentaire? Quelques larmes de crocodile pour ensuite repasser à… de nouvelles attaques sur nos salaires et nos pensions. Bien que des multinationales comme Inbev sont influentes, cela ne signifie pas qu’elles peuvent faire n’importe quoi. Mais pour les arrêter, il faut établir un rapport de force. Il est donc nécessaire de répondre à la stratégie de division d’Inbev. Pour cela il faut un plan d’action commun, européen et combattif, discuté sur les lieux de travail, avec comme point central la lutte pour chaque emploi. Mais même si cela mène à une victoire, elle ne serait que temporaire. Tant que nous vivrons dans un système capitaliste, les profits seront toujours primordiaux, et l’attaque suivante n’est qu’une question d’échéance. Des victoires ponctuelles sur des multinationales comme Inbev sont possibles à condition de construire un rapport de force. Une longue phase de concessions systématiques occtroyées par les multinationales, comme, dans une certaine mesure, lors des « golden sixties », est par contre exclue dans cette phase du capitalisme. Pour de véritables résultats, il faut fondamentalement briser le système et construire une société socialiste.

  • ITALIE: Pour barrer la route à la politique de Berlusconi, il faut un programme socialiste!

    ITALIE

    Ce week-end des 18 et 19 mars fut marqué par des manifestations dans le monde entier pour protester contre la guerre et l’occupation impérialiste de l’Irak, celle-ci entrant à présent dans sa quatrième année. C’est à Rome que le nombre de personnes descendues dans les rues fut le plus massif: on évoque des chiffres allant jusqu’à 150.000 manifestants. Il Tempo, le principal journal contrôlé par Berlusconi, parlait quant à lui de moins de 10.000 manifestants!

    Cédric Gérôme

    L’approche des élections législatives italiennes (qui auront lieu les 9 et 10 avril 2006) n’y est pas pour rien dans ce genre de distorsion de l’information: en effet, dans le cadre de la campagne électorale, la coalition concurrente à celle de Berlusconi, L’Unione (coalition dite de « centre-gauche » autour de Romano Prodi, ancien président de la Commission Européenne) fait du retrait des troupes italiennes un de ces chevaux de bataille.

    Il est clair cependant que le discours pacifiste des partis qui forment la coalition de centre-gauche a ses limites: pour preuve, le DS (Democratici di Sinistra, principal parti de la coalition) a refusé de participer à la manifestation de samedi sous prétexte que la plate-forme ne condamnait pas assez explicitement le terrorisme ; pour les mêmes raisons, la direction de la CGIL (le plus gros syndicat italien, qui compte dans ses rangs plus de 5 millions d’adhérents et joue habituellement un rôle-moteur dans le mouvement anti-guerre) a elle aussi boycotté la manifestation. Cela n’a pas empêché nombre de militants de la base d’assister au défilé, mais les mots d’ordre absentéistes du sommet ont tout de même contribué à déforcer grandement le cortège.

    De plus, la plupart des dirigeants parlent d’un retrait des troupes « conditionné à l’approbation des Nations Unies ». Quoiqu’il en soit, il est clair que l’évocation du retrait des troupes, même si elle est mise en pratique sous un futur gouvernement Prodi, sera surtout un moyen de gagner des points sur la politique étrangère en jouant sur le fort sentiment anti-guerre présent parmi la population italienne dans le but de détourner l’attention de la politique interne, qui risque de ne pas se distinguer fondamentalement de la politique anti-sociale appliquée pendant 5 ans par le gouvernement de Berlusconi.

    L’Unione semble en effet se profiler comme la formule gagnante du patronat pour poursuivre ses attaques. Pendant que des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs descendaient dans la rue contre la guerre, Prodi s’entretenait avec le grand patronat pour lui présenter le programme de son futur gouvernement: un programme de recettes néo-libérales (réduction des charges patronales et autres cadeaux fiscaux aux entreprises, nouvelles privatisations, augmentation de la flexibilité sur le marché du travail,…). Le titre révélateur du Giornale d’Italia en dit long sur ce qu’en pense les patrons: « Les oligarques veulent un gouvernement de gauche » (!) D’ailleurs, un sondage paru dans La Repubblica – «Les pronostics des industriels»- fournit des chiffres révélateurs quant à l’état d’esprit de la bourgeoisie: à la question « Qui gagnera les élections ? », 44% des patrons de la Confindustria- la principale confédération patronale du pays, équivalent de la FEB en Belgique- répondent Prodi, et seulement 12% affirment qu’il s’agira de Berlusconi.

    Les intentions de vote des électeurs semblent confirmer cette tendance: dans les derniers sondages, L’Unione jouit de presque 5 points d’avance sur son adversaire. Il est clair que la majorité des travailleurs et des jeunes veulent en finir avec ce bandit milliardaire qu’est Berlusconi, ainsi qu’avec La casa delle libertà – La Maison des Libertés, sa coalition dite de « centre-droit », abritant en réalité nombre de néo-fascistes notoires.

    A ce titre, Berlusconi vient tout récemment de conclure une alliance avec Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce, et ouvertement nostalgique du régime de son grand-père. Son parti, Alternativa Sociale, s’ajoute ainsi à l’Alleanza Nazionale de Gianfranco Fini (n°2 du gouvernement, considérant le Duce comme « le plus grand homme d’Etat du 20ème siècle ») et du ministre Gasparri (ancien président du Front de la Jeunesse, mouvement d’extrême-droite). Berlusconi n’avait-il pas lui-même déclaré, en septembre 2003: « Mussolini n’a jamais tué personne, tout au plus envoyait-il les gens en vacances aux abords des frontières » ?

    La haine des travailleurs à l’égard d’«Il Cavaliere » et les scandales à répétition qui l’ont éclaboussé (collusions avec la mafia, faux bilans, banqueroute frauduleuse, mise en accusation pour être soupçonné d’avoir versé 600.000 $ à l’avocat anglais David Mills en remerciement d’un faux témoignage, publication de faux sondages le profilant en tête pour les prochaines élections, démission de son ministre des réformes institutionnelles Calderoli –de la Ligue du Nord- après que celui-ci eut fièrement exhibé sur un plateau de télévision un T-shirt à l’effigie des caricatures danoises de Mahomet,… pour ne citer que quelques exemples récents) ont fait de Berlusconi un pion gênant pour la bourgeoisie italienne. Les relations entre celle-ci et le premier ministre ne sont plus au beau fixe ; bien au contraire, elles se sont envenimées au point de se transformer en une véritable foire d’empoigne dont la presse italienne fait quotidiennement ses choux gras. Ainsi, La Repubblica du lundi 20 mars avait pour titre à la une: « La Confindustria contre Berlusconi »…

    Toutefois, la mainmise de ce dernier sur les médias du pays (Berlusconi possède et contrôle directement ou indirectement les médias audiovisuels et la presque entièreté de la presse écrite) lui assurent encore, d’ici au 9 avril, la possibilité de convaincre les quelques 24% d’électeurs indécis et de faire ainsi basculer les urnes en sa faveur. La possibilité que Berlusconi reste au pouvoir n’est donc pas totalement exclue: un tel scénario pourrait constituer l’élément déclencheur de nouvelles luttes de masse en Italie.

    L’Unione, copie conforme de L’Olivier… avec le PRC en plus

    A la différence des précédents gouvernements de centre-gauche (L’Ulivo), un éventuel gouvernement de L’Unione incluerait directement le PRC (Partito della Rifondazione Comunista), lequel prendrait alors sur ses épaules la responsabilité de la politique gouvernementale. De la part de Prodi, cette alliance avec le PRC n’est évidemment pas anodine: grâce au soutien dont dispose encore ce parti parmi de larges couches de travailleurs et de jeunes, celui-ci s’assure une bonne couverture sur la gauche. L’autorité dont bénéficie le PRC parmi les couches les plus combatives des travailleurs de la CGIL et de COBAS (= deuxième syndicat le plus important d’Italie) d’une part, et la ligne de plus en plus opportuniste suivie par la majorité des dirigeants du PRC d’autre part, ouvrent l’espace à Prodi pour former un gouvernement de collaboration de classes amortissant les luttes ouvrières et liant ainsi les mains des travailleurs au grand capital grâce à la complicité de la bureaucratie syndicale.

    Le 13 mars, Bertinotti, secrétaire général du PRC, affirmait, en réponse à une question qui lui était posée par un internaute: « Une alliance plurielle entre plusieurs partis, dont Rifondazione, s’est constituée sur un programme partagé et très engagé: un programme de réforme. Nous soutenons celui-ci avec conviction. » On comprend un peu mieux la nature de ce programme lorsque l’on sait qu’il est soutenu –avec tout autant de conviction- par la Confindustria: Luca di Montezemolo, le patron des patrons, s’est en effet dit « très satisfait » par l’entrevue qu’il avait eu avec Prodi, entrevue portant précisément sur ce fameux programme de gouvernement que Bertinotti défend de vive voix…

    « Battre Berlusconi et le gouvernement de droite est nécessaire », affirme le PRC. Il s’agit bien entendu d’un souhait partagé par des centaines de milliers de jeunes et de travailleurs italiens ; cependant, ceux-ci ne veulent pas se débarasser de Berlusconi et de la droite pour les voir revenir au pouvoir quelques années plus tard. Or, le soutien à la politique néo-libérale de Prodi ne peut que creuser le lit pour une telle perspective. Au nom d’une unité sacrée contre Berlusconi et ses sbires, les dirigeants du PRC semblent avoir mis sous le tapis les leçons du passé: c’est précisément la politique du précédent gouvernement de centre-gauche, arrosée d’attaques sur les acquis sociaux et de privatisations en tout genre, qui avait ouvert la voie au second gouvernement de Berlusconi en 2001.

    La Rifondazione conserve toujours le support de nombre de travailleurs et de jeunes qui veulent en finir avec la politique néo-libérale. Il était pourtant clair lors de la manifestation de samedi que beaucoup d’entre eux réalisent que le parti prend une mauvaise orientation. Car l’objectif poursuivi par la direction du parti n’est pas seulement de se présenter sur une liste pour contribuer à la défaite de Berlusconi, mais bien d’être une composante directe d’un gouvernement qui fera inévitablement payer la crise sur le dos de la classe ouvrière et de la jeunesse.

    Les dirigeants du PRC, tel Bertinotti, bercent leur base de phrases creuses et de slogans apolitiques – « Pour que l’Italie change vraiment » est ainsi le slogan principal de leur campagne – au lieu de mettre en avant une position de classe claire et indépendante et un programme de revendications qui soit dans la lignée de ce que le nom de leur parti laisse suggérer.

    L’Italie est en proie à une crise économique profonde, le pouvoir d’achat en chute libre. Le FMI estime que le déficit du PIB italien atteindra en 2006 les 4,1% et que la croissance demeurera nulle. La propension des familles italiennes à l’endettement a pratiquement doublé en 10 ans, et, selon la Banque d’Italie, la moitié des jeunes entre 15 et 29 ans travaillent sous contrat à durée déterminée. Un jeune travailleur italien sur quatre est en outre considéré comme travailleur précaire.

    Toutefois, il est clair que les craintes d’une dégradation de cette situation ne sont en rien balayées par la perspective d’un nouveau gouvernement de centre-gauche. Le seul moyen d’en finir avec cette politique est de rompre avec les politiciens bourgeois responsables d’attaques vicieuses sur les travailleurs et les jeunes et de construire la lutte et les instruments pour une politique vraiment socialiste. Ceci devrait être l’ABC pour ceux qui se proclament communistes et représentants des intérêts du mouvement ouvrier.

  • SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril. WEEKEND DE DÉBATS ET DE DISCUSSIONS

    SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril

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    LUTTONS POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALISTE!

    Même l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré à l’occasion du licenciement de dizaines de personnes suite à la délocalisation de l’entreprise brassicole – et surtout “bénéficole” – Inbev-Jupille: “Si la logique fi nancière cause tant de souffrances, si les lois économiques font fi de l’homme, elles sont inhumaines et il faut les changer”.

    Si leurs propos sont évidemment empreints de charité chrétienne – alors que nous sommes partisans d’une approche structurelle des problèmes sociaux – ils n’en sont pas moins signifi catifs. Ils expriment le sentiment général de milliers de travailleurs: laissés sur le bas-côté et sans alternative. Les banques et les entreprises engrangent des profi ts records, les managers empochent des salaires exorbitants, mais on nous bassine sans cesse les oreilles avec la modération salariale, la flexibilité et la casse des pensions et de la Sécurité sociale.

    Socialisme 2006 a pour enjeu la lutte contre le système qui génère de telles situations. Des jeunes et des travailleurs s’y réuniront pour échanger les expériences de lutte. Vous y aurez l’occasion de découvrir en quoi consiste le marxisme. Par-dessus tout, nous pourrons y discuter en long et en large d’une alternative au capitalisme.

    CONCERT DE PROTESTATIONS MONDIAL CONTRE LE NÉO-LIBÉRALISME

    Voici un aperçu du programme de Socialisme 2006 sur la situation internationale avec des informations et des analyses de première main. MAS/LSP fait en effet partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui a des sections dans 35 pays.

    AMÉRIQUE LATINE

    La résistance au néo-libéralisme y est la plus avancée. La politique de privatisation et de libéralisation a condamné un tiers des 400 millions de Latino-Américains à l’extrême pauvreté. Des luttes d’ampleur et des mouvements révolutionnaires pour une autre politique, une politique plus sociale, ont balayé des présidents et/ou des gouvernements de droite, et leur ont substitué des dirigeants de gauche. A Socialisme 2006, on se penchera sur le “Socialisme du 21ème siècle” de Chavez au Venezuela ainsi que sur la politique de “nationalisation du gaz” de Morales en Bolivie.

    La vie de millions de gens s’en trouvera-t-elle améliorée substantiellement ou faudra-t-il une rupture fondamentale avec le capitalisme? Quel est le rôle dévolu à la classe ouvrière et aux paysans pauvres dans la réalisation d’une société socialiste?

    ISRAËL/PALESTINE

    La politique de “diviser-pour-mieux-régner” du capital y a dressé deux groupes nationaux l’un contre l’autre jusqu’à en faire des ennemis farouches. Seul l’establishment y trouve son compte. Les séismes politiques qui ont ébranlé les deux camps ces derniers mois sont l’expression d’un désir ardent de changement de la part des populations de la région. Mais l’absence d’une alternative socialiste aux partis nationalistes et religieux se fait cruellement sentir. Quelle issue le MAS/LSP, le CIO et ses sections entrevoient-ils à l’impasse dans cette région?

    PAKISTAN

    Les témoignages occulaires du Forum social mondial au Pakistan de membres du MAS/LSP et du CIO constitueront sans aucun doute le point d’orgue du week-end. Là plus qu’ailleurs, le capitalisme a mené à une société brutale où la pauvreté et la misère sont le lot quotidien du plus grand nombre. Le CIO a des sections au Pakistan, au Cachemire, en Inde et à Sri-Lanka.

    Ils ont observé caméra à l’épaule les conditions dans lesquelles les travailleurs et les jeunes doivent vivre et travailler ainsi que les campagnes que nos membres ont menées contre la privatisation du secteur des télécommunications au Pakistan et lors du tremblement de terre qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de sans-abris il y a quelques mois. Ils en donneront un rapport vivant à Socialisme 2006. Il y aura des ateliers sur la Chine, la guerre en Irak ainsi que sur la situation en France. Notre organisation soeur française y donnera de plus amples informations sur le mouvement de protestation des étudiants contre les contrats à statut précaire pour les jeunes.

    EUROPE: MOUVEMENTS D’AMPLEUR ET GRÈVES GÉNÉRALES

    Depuis le NON franc et massif à la Constitution européenne néo-libérale exprimé lors des référendums en France et aux Pays-Bas, l’appel à une politique plus sociale se fait de plus en plus pressant. Le mouvement de grève dans le secteur public en Allemagne, le plus grand depuis 14 ans, et le succès du WASG et du Parti de Gauche en sont des expressions on ne peut plus claires. On a voté clairement à gauche lors des dernières élections communales aux Pays-Bas. Tous les partis gouvernementaux ont perdu au profit du PVDA social-démocrate et du SP de gauche. Après une explosion de colère justifi ée bien qu’aveugle dans les banlieues, un mouvement contre les atteintes à la sécurité d’emploi des jeunes prend de l’ampleur en France; la politique antisociale de Berlusconi s’est de nouveau heurtée à une grève d’ampleur en Italie.

    La combativité y est, mais quelle est l’alternative? De nouveaux partis de gauche ont vu le jour dans différents pays. Quelles sont leurs possibilités? Quelles leçons pouvons-nous d’ores et déjà en tirer?

    A Socialisme 2006, des membres de nos sections en Allemagne, aux Pays-Bas et en France témoigneront ainsi que des membres du MAS/LSP qui ont participé aux dernières manifestations contre la guerre en Italie.

    LA RÉSISTANCE EN BELGIQUE: CONTRE LE PACTE DES GÉNÉRATIONS ET DEMAIN CONTRE LE PACTE DE COMPÉTITIVITÉ

    La fin de l’année passée a été émaillée de mouvements d’ampleur en Belgique également. La manifestation syndicale en décembre 2004 n’avait été que le prélude à un mouvement de tout autre ampleur avec les grèves générales contre le Pacte des Générations.

    SAMEDI SOIR: UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS EN BELGIQUE, MEETING AVEC LE WASG, JEF SLEECKX, …

    De ce mouvement a jailli l’idée de démarrer ici aussi un mouvement pour un parti résolument opposé au néo-libéralisme, un parti créé par et pour les travailleurs. Ce projet est en même temps le thème du débat principal du samedi soir avec notamment Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SP, aujourd’hui figure de proue du mouvement pour un nouveau parti des travailleurs; Eric Byl, secrétaire général du MAS/LSP; un orateur du WASG allemand; …

    LE TRAVAIL JEUNES DU MAS/LSP

    Venez nombreux à nos ateliers sur les campagnes contre:

    LES ÉCONOMIES DANS L’ENSEIGNEMENT:

    Le nouveau décret de financement du Ministre de l’Enseignement flamand Frank Vandenbroucke prévoit des coupes sombres dans l’enseignement supérieur, avec des conséquences catastrophiques pour le personnel et les étudiants. Il essaye de dresser les différents instituts d’enseignement les uns contre les autres. Les droits d’inscription pourraient atteindre les 25.000 euros tandis que l’offre d’enseignement serait considérablement réduite. Etudiants de Gauche actifs, en collaboration avec la délégation CGSP de la VUB, a démarré une campagne pour unifier dans la lutte les étudiants et le personnel de tous les instituts et établissements d’enseignement.

    LA GUERRE: 3 ANS DE GUERRE EN IRAK

    La guerre “pour la démocratie et contre le terrorisme” n’a été qu’une guerre coloniale brutale pour le contrôle d’une des principales réserves de pétrole au monde. Résultat: mort et misère pour des millions d’Irakiens, un pays au bord de la guerre civile, des économies sur le dos des travailleurs américains et de leurs familles pour financer cette aventure guerrière. Résistance Internationale continue d’organiser la résistance contre cette occupation brutale et exige le retrait de toutes les troupes. Seule une politique socialiste est à même d’unifi er les différents groupes nationaux et confessionnels dans la lutte pour une société où les richesses sont entre les mains de la collectivité. Les troupes et les multinationales n’y ont pas leur place!

    LE RACISME ET TOUTE FORME DE DISCRIMINATION

    Les économies mènent à toujours plus de misère sociale. Le chômage par manque d’emplois, les marchands de sommeil par manque de logements sociaux, les atteintes à nos salaires et à notre sécurité sociale pour étancher la soif de profi ts du patronat… sont les véritables causes du racisme, de l’homophobie et du sexisme. Les politiciens et le patronat essayent d’éluder leurs responsabilités en faisant de grands discours sur la société multiculturelle et les droits égaux. Blokbuster, notre campagne anti-raciste, et la commission femmes du MAS/LSP ont accumulé des années d’expérience dans le domaine de l’anti-racisme et de l’antisexisme qu’ils veulent partager avec vous pour pouvoir mener avec succès la lutte contre toute forme de discrimination et de politique de “diviser-pour-mieuxrégner”.

    PRATIQUE ET THÉORIE DU MARXISME

    LE SOCIALISME: SCIENCE OU UTOPIE?

    Le MAS/LSP et l’organisation internationale à laquelle nous appartenons, loin d’être des spectateurs au balcon, participent activement aux mouvements réels. Nous ne nous contentons pas de rêver d’une société meilleure, nous mettons tout en oeuvre pour qu’elle devienne réalité.

    Pour nous, le socialisme n’est pas qu’ »une bonne idée », mais la seule réponse à la contradiction entre ce système archaïque, le capitalisme, et le développement de la science et de la technique qui a déjà depuis longtemps dépassé les limites de ce système. N’en déplaise à ceux qui prétendent le contraire, nous constatons chaque jour la montée de la lutte des classes.

    Le MAS/LSP intervient consciemment dans ce processus pour aider cette lutte à aboutir à sa conclusion logique: une société où la production est au service de l’homme en lieu et place de cette société-ci où l’homme n’est qu’un prolongement de la production.

    RÉFORMISME OU RÉVOLUTION?

    Ou comment la lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail et de vie débouche sur une lutte pour une autre société. Cette discussion n’est pas nouvelle dans le mouvement ouvrier. Rosa Luxemburg a écrit à la fin du 19ème siècle sa brochure: “réforme sociale ou révolution?”. Les réformes importantes, imposées par la lutte, ont renforcé pendant toute une période l’illusion qu’on pouvait réformer le capitalisme. Aujourd’hui nous connaissons un retour de balancier. Les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus nombreux à remettre en cause le capitalisme en tant que tel. L’offensive généralisée contre nos salaires, les services publics et les conditions de travail n’y est pas étrangère. Nombre de gens voient leur vie régresser au lieu de progresser. Et ce malgré l’énorme développement de la technologie, de la science et de la richesse. D’autres introductions plus théoriques au marxisme porteront sur la théorie de la révolution permanente de Trotsky et sur l’économie planifi ée face à l’économie de marché.

    Infos

    DATE: samedi 22 et dimanche 23 avril 2006 | LIEU: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, 3000 Louvain | INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81 ou e-mail socialisme2006@socialisme.be / site Internet: www.socialisme.be | PRIX D’ENTRÉE: 25 euros pour les lycéens/étudiants/sans-emplois, 35 euros pour les actifs / participation, repas chauds, logement sont compris dans le prix / crèche sur demande | PROGRAMME DU SAMEDI: Meeting d’ouverture de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 16.30 à 19.00 – Débat principal à 20.00: “Pour un nouveau parti des travailleurs!” – Tout de suite après: Bar & fête à partir de 22.00 | DIMANCHE: Meeting de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 13.30 à 16.00 – Meeting de clôture | POUR LE PROGRAMME COMPLET: téléphoner au 02/345.61.81 ou consulter notre site Internet

  • Logements sociaux en Belgique: un désastre!

    "Tout citoyen a droit à un logement décent. Voilà pourquoi il faut promouvoir un logement adapté, de bonne qualité dans un enviroennement approprié à un prix abordable et présentant des garanties de sécurité”. Dans la Constitution, le droit à un logement décent a été ajouté. Mais, malgré ces belles déclarations, on est bien obligé de constater que la satisfaction de ce droit n’est pas, dans les faits, une réelle priorité et qu’au contraire, la tendance générale en cette matière est plus à la régression qu’au progrès social.

    Karel Mortier

    Dans notre pays, toutes régions confondues, on compte près de 140.000 personnes (74.000 en Flandre, 21.000 à Bruxelles et 43.000 en Wallonie) inscrites sur des listes d’attente pour obtenir un logement social.

    En moyenne, une famille bruxelloise consacre plus de 30% de son budget pour lelogement.

    En Flandre, pour plus de la moitié des locataires, le budget logement représente 20% du budget..

    Un cinquième des locataires consacre plus de la moitié de son revenu au loyer. A Bruxelles, plus de la moitié de la population a droit à un logement social.mais à peine 8% des habitants de la Région de Bruxelles-Capitale voient ce droit satisfait. En Flandre, les besoins existant en la matière impliquent la construction de 100.000 à 180.000 logements supplémentaires. Au rythme actuel de 3.000 habitations neuves par an, il faudra soixante ans pour que toutes les personnes ayant droit actuellement à un logement social puissent l’obtenir ! En Belgique, à peine 6% du parc immobilier est constitué de logements sociaux. La moyenne européenne se situe aux alentours des 17% contre 36% aux Pays-Bas, pays dont le PNB est plus élevé que celui de la Belgique.

    De plus, la qualité de nombre d’habitations laisse à désirer. En comparaison avec les pays avoisinants, la Belgique se caractérise par un parc immobilier relativement vieux, ce qui infirme clairement l’adage selon lequel le belge a une brique dans le ventre car nous construisons relativement peu de logements neufs..

    En Wallonie, c’est surtout dans les régions de vieille industrialisation que la mauvaise qualité des habitations et la vétusté des logements sont les plus criantes entre autres parceque les locataires dans ces régions n’ont pas les moyens financiers pour entretenir ces habitations.

    En Flandre, tous les 10 ans, on procède à une enquête portant sur la qualité des logements et on a pu constater que près de 300.000 logements sont de mauvaise qualité et qu’un locataire sur cinq habite dans un de ces taudis. En région bruxelloise, un code du logement définissant des critères de qualité a seulement été adopté en 2003.

    Les partis traditionnels excellent dans l’art de multiplier les lois et décrets mais ils éprouvent les pires difficultés à les appliquer dans la pratique. Dans un grand nombre de cas, comme par exemple la lutte contre les logements abandonnés et la vétusté, on peut voir que les droits des propriétaires sont davantage protégés que ceux des locataires, même si personne ne l’avouera aussi clairement.

    Les élections communales étant une fois de plus en vue, on peut constater que les partis traditionnels ont redécouvert le problème du logement. Laurette Onkelinx a émis une proposition afin de bloquer les loyers dans un certain nombre de zones avec comme perspective les élections communales à Schaerbeek. Cette proposition a été rejetée par les libéraux parce que selon eux, cela risquerait de renforcer la pénurie de logements sur le marché locatif privé.

    Côté flamand, il semble que des partis comme le SP.a et Groen aient décidé de faire du logement un thème de campagne. Le SP.a a lancé l’idée d’augmenter l’offre de terrains à bâtir et de vendre ces derniers pour 60% de leur valeur sur le marché de façon à ce que “chacun” puisse bâtir son logement.

    Il est évident que les positions du SP.a concernant le logement reflètent les préoccupations des ménages à deux revenus et des jeunes diplômés universitaires qui éprouvent de plus en plus de difficultés à se procurer un logement à un prix abordable. Le SP.a, tout comme le ministre libéral flamand du logement Marino Keulen, pense que ces ménages à deux revenus pourront jouer un rôle dans l’amélioration des relations sociales dans les quartiers à problèmes d’un grand nombre de villes flamandes.

    C’est pourquoi le montant total des exonérations fiscales destinées à stimuler l’accession à la propriété équivaut au triple du budget régional consacré au logement social.

    Tout cela montre que les partis traditionnels manquent de la volonté nécessaire à la résolution des problèmes fondamentaux qui sont bien connus depuis des décennies et pour lesquels personne ne s’est jamais vraiment bougé.

    Comme les élections sont en vue, tout ce beau monde va venir avec sa petite proposition et un tas de belles promesses – souvent les mêmes qu’aux élections précédentes – qui seront jetées aux oubliettes une fois qu’il faudra les traduire en actes et en argent.

    Pour casser ce cercle vicieux, une alternative sur le plan politique est nécessaire pour pouvoir mener une politique décente du logement, qui mette avant tout l’accent sur la lutte contre les logements abandonnés et la vétusté ainsi que sur la construction massive de nouveaux logements sociaux.

  • Paris: des centaines de milliers de manifestants contre le CPE

    France

    Ce 18 mars avait lieu dans toute la France des manifestations pour dénoncer le train de mesures asociales du CPE (Contrat Première Embauche) . Selon les médias, il y avait des manifestations dans plus de 150 villes. La CGT estime que 1.5 millions de gens ont manifesté dans les rues de France.

    Vincent Devaux

    Cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus eu de mobilisations aussi massives en France et malgré que la contestation soit présente depuis des semaines, cela ne pourrait bien être que le début d’un mouvement plus large si De Villepin et le gouvernement Chirac s’entêtent dans leur ligne arrogante de détricotage social.

    Rien qu’à Paris le cortège aurait compté plus de 350.000 personnes. Alors que les gens en fin d’après-midi terminaient le défilé Place de la Nation, d’autres ne l’avaient toujours pas commencée et étaient toujours sur la place Denfert-Rochereau, le point de rendez-vous à 6km de là. La mobilisation était immense et toutes les tranches d’âges dans la société étaient présentes.

    Tout le monde se rend compte que la précarisation est générale. Beaucoup de gens font également le parallèle avec mai 68 ; il est clair que la récente occupation de la Sorbonne y est pour quelque-chose ; elle est devenue un symbole de résistance contre l’arrogance du gouvernement Chirac. Egalement, c’est le mouvement étudiant et lycéen par son ampleur, sa capacité d’organisation qui a amené des secteurs plus larges de la population dans les rues. Si elles seront les premières victimes du Contrat Première Embauche, les mesures du gouvernement Chirac toucheront également les moins jeunes, par exemple au travers des « Contrats Séniors ».

    La Coordination Nationale des Etudiants formait la tête du cortège – malgré les essais de récupération bureaucratique par l’UNEF- principal syndicat étudiant en France- et était bien plus importante que cette dernière. Etudiants et lycéens mis à part on pouvait noter la présence des syndicats (majoritairement la CGT, mais également la CFDT, FO,…), mais également une délégation d’une organisation de parents, des délégations de sans-papiers (la coordination nationale des sans-papier était présente), les Intermittants du spectacle,…

    Beaucoup de personnes « non-organisées » étaient présentes dont beaucoup de travailleurs et de personnes plus âgées. Dans le cortège on pouvait entendre une délégation chanter « La Sorbonne on l’a gagnée, la Sorbonne on la gardera ». D’autres slogans traduisaient la rage envers le gouvernement et le patronat : « À ceux qui veulent précariser les jeunes, les jeunes répondent : "Résistance !" », « Villepin t’es foutu, la jeunesse est dans la rue » , « Villepin Démission », certaines délégations avançaient le mot d’ordre de grève générale mais en tout cas le mot d’ordre principal qui ressortait clairement dans toute la manif était le « Retrait du CPE ».

    Notre organisation soeure en France, La Gauche Révolutionnaire, est intervenue avec ses journaux et des tracts, aidée par des camarades venus de Belgique. Les gens étaient en tout cas très curieux et très demandeur vis-à-vis de tracts, ce qui peut être expliqué par un processus d’une politisation qui va au delà d’une simple radicalisation et de recherche d’alternative –la gauche institutionnelle étant discréditée-.

    Dominique de Villepin est désormais sous une énorme pression; il est clair qu’il ne pourra pas maintenir une position aussi inflexible telle que jusqu’ici. Son taux de popularité est en baisse; il n’a plus que 37% d’opinion favoribale soit une baisse de 16 % en deux mois. Selon un sondage, actuellement 68% des français veulent le retrait du CPE ; ce qui entre en contradiction avec les propos hypocrites du gouvernement qui voudraient faire passer « les masses silencieuses » pour des gens qui seraient favorables au CPE.

    Les syndicats ont prévu de se réunir ce lundi pour décider de l’appel à la grève afin d’obtenir le retrait du CPE. La semaine va redémarrer dans les lycées et les unifs par des assemblées générales pour décider de la suite des mobilisations Une grande journée de mobilisation est déjà prévue pour jeudi prochain (le 23). La mobilisation doit s’élargir et l’appel à la grève dans les usines doit être utilisé pour prendre à la gorge le patronat et son bras armé gouvernemental dans ce qu’il lui est le plus chèr: les profits.

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