Tag: Belgique

  • Le gouvernement veut mouiller les syndicats dans l'offensive sur les salaires

    Rencontre entre syndicats et patronat

    Le gouvernement a organisé ces derniers mois un premier tour de concertation avec les syndicats et le patronat pour arriver à un accord sur les salaires. En fait, il s’agit donc d’anticiper sur la concertation sur les salaires prévue pour la fin de cette année. Il faudra alors conclure un nouvel Accord Interprofessionnel (AIP).

    Karel Mortier

    Guy Verhofstadt a déclaré le 27 mars que "Les syndicats et les employeurs reconnaissent qu’il y a un problème avec la compétitivité de nos entreprises. Ils plaident aussi pour l’instauration de mécanismes de contrôle, et c’est important en cas d’inflation trop élevée. Les partenaires sociaux ne veulent pas non plus que les futures diminutions de charges soient détournées en augmentations de salaire."

    Au lieu de préparer la lutte pour les prochains mois, les dirigeants syndicaux se laissent déjà embarquer dans le raffiot néo-libéral pourri. On pouvait s’y attendre dès lors qu’ils avaient déjà accepté qu’on touche à l’index, ce qui fait que l’indexation des salaires a été différée de quelques mois. Pour compenser cet énième coup de rabot sur les salaires, les syndicats reçoivent la "promesse" qu’on va créer plus d’emplois et que les entreprises vont investir dans l’innovation.

    D’après Cortebeeck (CSC), il n’est pas question de toucher à l’index – c’est pourtant ce qu’on vient de faire – ni aux barèmes salariaux. Mais il laisse ouvertes toutes les autres pistes pour contenir les salaires. Le message qu’il envoie aux secteurs n’est pas de voir comment on peut augmenter le pouvoir d’achat des affiliés: il leur demande de s’attabler avec les patrons pour voir comment on peut contenir la hausse des salaires.

    Les patrons ne manqueront pas d’imagination pour proposer les pistes adéquates. Il semble déplacé d’évoquer les profits et les salaires exorbitants des top managers. Quel contraste avec la baisse du pouvoir d’achat de la majorité de la population… malgré la hausse de la productivité !

    Au moment même où Paul De Grauwe, économiste libéral de renom, déclare que la question des salaires trop élevés est une fable et fait sans doute partie d’un agenda caché de la FEB visant à augmenter les marges de profit des entreprises, le sommet syndical reprend à son compte une bonne part de l’agenda de la FEB et du gouvernement comme cadre des prochaines négociations intersectorielles.

    La lutte contre le Pacte des Générations est-elle en train de se répéter ? A ce moment-là aussi, Cortebeeck avait été immédiatement acquis à la nécessité de ce pacte, mais sa base l’a rappelé à l’ordre plusieurs fois. Le livre "50 mensonges sur le vieillissement" du chef du service d’étude de la CSC, Gilbert De Swert, a été totalement ignoré alors qu’il contient tant de contre-arguments pour mener la discussion.

    Aujourd’hui, même les déclarations d’un économiste libéral dont la rubrique fait autorité dans le Financial Times ne semblent pas suffire à détourner Cortebeeck du cadre de réflexion néo-libéral imposé par le gouvernement.

    Cela fait déjà trois décennies qu’on dit aux travailleurs de se serrer la ceinture en échange de plus d’emplois et de plus d’innovation. Tout ce qu’on voit, c’est un chômage qui grimpe et des conditions de travail qui se dégradent pour ceux qui ont encore un boulot. Quant aux moyens supplémentaires pour l’innovation et la formation, on les attend toujours. La Belgique continue à se signaler par de très piètres performances sur ces terrains d’après toutes les études internationales. Le seul résultat tangible de cette politique, c’est que ceux qui possèdent le capital iront de nouveau puiser dans les poches de ceux qui produisent la richesse de ce pays.

  • Une autre politique est possible!

    Pour un nouveau parti des travailleurs!

    “Une autre politique est nécessaire” est la phrase-choc que Jef Sleeckx, parlementaire du SP.a durant 21 ans, assène depuis l’automne. Sous le titre “Tu dois faire quelque chose, Jef”, il a évoqué pour la première fois la nécessité d’une nouvelle initiative politique dans une interview accordée au magazine Knack le 9/11/05.

    La Constitution Européenne et surtout la lutte contre la casse de nos (pré)pensions ont provoqué un déclic chez les gens. “Je donne au parti 2 à 3 mois pour corriger ses fautes” déclarait Jef en novembre. Mais il connaissait d’avance le résultat.

    Ceux qui veulent une politique en faveur de la majorité de la population se sentent de moins en moins chez eux au SP.a. Si on veut éviter un nouveau dimanche noir lors des élections législatives de juin 2007, il faut s’atteler dès aujourd’hui à la formation d’une opposition de gauche.

    Jef Sleeckx, Lode Van Outrive et Georges Debunne forment actuellement un comité d’initiative pour une autre politique qui rassemble des gens de toute la Flandre autour de la nécessité d’une alternative politique.

    En Belgique francophone, l’initiative “Une autre gauche est nécessaire” joue un rôle analogue. Des réunions publiques se dérouleront dans plusieurs villes en mai pour promouvoir l’appel commun aux deux groupes.

    Un appel clair soutenu par des dizaines de figures nationales et locales est à même de convaincre des centaines de militants de la FGTB et de la CSC de se joindre à cette initiative.

    Il saute aux yeux que la lutte contre le Pacte des générations a ouvert une brèche dans les relations entre la FGTB et le PS/SP.a et, dans une moindre mesure, entre la CSC et le CD&V. Plus rien ne sera désormais comme avant. Les blessures sont trop profondes.

    Le 1 Mai verra plusieurs régionales de la FGTB marquer symboliquement cette rupture. A Gand, par exemple, il n’y aura pas de podium d’honneur pour les bonzes du SP.a à la fin du défilé. Mais il faudra évidemment aller au-delà de protestations symboliques.

    Un nouveau parti des travailleurs qui oppose un programme clair à la politique néo-libérale d’économies, de privatisations et de superprofits est le pire cauchemar des patrons et du Vlaams Belang.

    C’est donc que sa création répond à un besoin urgent de la majorité de la population. Le MAS/LSP s’engage à fond dans ce processus.

  • Manifestation massive au Forum Social Européen d’Athènes

    Une politique socialiste et combative est nécessaire pour résister à la guerre, à la casse sociale et au capitalisme

    Le samedi 6 mai, plus de 100.000 travailleurs et jeunes grecs se sont rassemblés pour une manifestation de 7 kilomètres contre la guerre et l’exploitation capitaliste. Cette marche était à l’initiative du Forum Social Européen (FSE) qui s’est déroulé à Athènes du 4 au 7 mai. La manifestation avait une taille impressionante, même pour les traditions du mouvement ouvrier grec. La police, une fois de plus, a tout fait pour se ridiculiser en déclarant initialement qu’il n’y avait que 15.000 participants, chiffre doublé ensuite pour se contenter enfin de mentionner la longueur de la manifestation.

    Andros, Xekinima (organisation-soeur du MAS en Grèce)

    La foule s’est dirigée vers l’ambassade américaine pour protester contre les politiques impérialistes des Etats Unis et de l’Union Européenne au Moyen-orient, en Irak et en Iran. Ensuite, la manifestation a pris le chemin du Parlement grec pour exprimer son opposition aux politiques menées contre la classe ouvrière par le gouvernement grec et l’Union Européenne. L’atmosphère présente à cette marche était jubilatoire. Sa taille a permis aux travailleurs de sentir leur force et de donner un puissant message pour toute la société grecque. Le fait qu’étaient présent environ 9.000 activistes du reste de l’europe – en particulier de France, d’Italie, de Turquie et des Balkans (plus ou moins 2.000) – a pu donner un véritable élément d’internationalisme.

    Xekinima

    Xekinima, la section grecque de notre internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a mené une campagne enthousiaste pour le succès de cette manifestation du 6 mai et a pris également part aux discussions durant le FSE. Nous avons notamment produit 10.000 affiches et 20.000 tracts appelant les travailleurs et les jeunes à prendre part à cette marche. Il y avait aussi des versions turque, italienne et anglaise du tract de Xekinima/CIO que nous avons distribué au FSM.

    En même temps, nous avons critiqué les politiques du FSE et, en général, des Forums Sociaux (Forum Social Mondial et les forums sociaux nationaux) ainsi que la direction suivie par ces forum sociaux. Les slogans du FSE – contre la guerre, le néo-libéralisme et le racisme – sont tellement généraux qu’ils permettent à n’importe qui de prendre part aux évènements organisés, comme les partis sociaux-démocrates qui supportent les politiques menées contre les travailleurs et les appliquent même lorsqu’ils sont au gouvernement !

    Les forums sociaux sont maintenant dominés, bien plus que par le passé, par les partis de la Gauche Européenne, comme le Parti Communiste en France (PCF), la Refondation Communiste en Italie (PRC) ou le Parti du Socialisme Démocratique en Allemagne (PDS). Beaucoup de ces partis sont coupables de participer, avec les sociaux-démocrates, à des gouvernements qui mènent des politiques anti-travailleurs et anti-immigrés.

    Ces caractéristiques du FSE minent ses perspectives futures et ses capacités à jouer un rôle unificateur pour les luttes de la classe ouvrière contre des politiques à caractère européen ou international. Seule une approche anti-capitaliste et des idées socialistes peuvent offrir le programme nécessaire aux activistes de toute l’Europe pour combattre la politique du capital. Xekinima et le CIO participent aux initiatives majeures des Forums Sociaux tout en critiquant ouvertement de mannière claire et constructive les orientations que nous jugeons mauvaises.

    Le reste de la gauche

    Le reste de la gauche grecque n’a pas une approche similaire. Les organisations qui prennent part au Forum Social Grec et au récent Forum Social Européen à Athènes n’évaluent pas de façon critique ces organisations, ou le font de manière trop partielle. Chaque organisation parlant au nom de Trotsky autre que la nôtre, comme l’International Socialist Tendency (le SWP britannique) ou l’USFI, le Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale (La LCR en France), tentent de créer un optimisme artificiel sur l’avenir et le rôle de ces forums sociaux.

    Les organisations critiques envers le FSE et le Forum Social Grec, comme le Parti Communiste Grec (KKE) et les groupes maoïstes ainsi que leurs alliés, choisissent de rester en dehors et d’attaquer le FSE et tout ceux qui participent à ces évènements. Ils se coupent ainsi des centaines de milliers de travailleurs qui répondent ou sont attirés par l’appel anti-guerre et anti-néo-libéral des organisations autour du FSE. Le Parti Communiste Grec, en particulier, a panniqué durant la semaine précédent le FSE et a entammé une forte campagne pour couvrir les affiches annonçant le FSE. Cela s’est avéré vain. Les groupes maoïstes et leurs alliés ont quant à eux appelé à un « contre-forum » et à une « contre manifestation » qui a rassemblé à peu près 500 personnes.

    Le journal du Parti Communiste du 7 mai avait une petite note sur la manifestation à l’appel du FSE où était déclaré qu’environ 7.000 personnes y avaient pris part.

    Perspectives

    Jusqu’au meeting du FSE à Athènes, les organisateurs étaient assez pessimistes sur l’avenir de l’initiative. Cela était essentiellement arrivé après le 3e meeting du FSE, tenu à Londres. Le Maire de londres, Ken Livingstone, et le SWP britannique étaient deux des principales forces dirigeantes de cet événement ce que beaucoup d’activistes avaient mal ressentis. Mais le meeting d’Athènes a revivé leurs espoirs.

    Une résolution est passée à la conférence du FSE à Athènes appelant à une meilleure coordination des actions au niveau européen, spécialement sur les questions de la guerre et du racisme. La résolution appelle à une semaine d’actions contre la guerre (du 22 au 30 septembre), et à une journée d’actions le 7 octobre contre le racisme et en soutien des droits des immigrés.

    Ce sont des initiatives positives, mais loin d’être suffisantes. Les organisateurs du FSE semblent éviter, de toutes les manières possibles, de voir la remontée de la lutte des classes en Europe et les actions de classe décisives que cela demande. Cela inclut entre autre les thématiques de la pauvreté qui s’accroît, de l’inégalité, de l’exploitation et des attaques sur les pensions. Bien plus encore, les organisateurs du FSE semblent éviter de proposer des moyens de lutte qui puisse stopper ces politiques. Des festivals, des journées de protestation et autres manifestations colorées peuvent être utiles, mais sans actions de lutte et sans protestations de masse de la part de centaines de millions de travailleurs et de jeunes à travers l’Europe, les capitalistes – en Europe et internationallement – vont continuer à appliquer les mêmes politiques.

    Dans les rangs des activistes, une conclusion va s’imposer avec le passage du temps : le capitalisme ne peut pas devenir « humain ». Les guerres, le racisme, la pauvreté et la famine ne seront jamais éliminés tant que le capitalisme ne sera pas tombé.

    Xekinima (CIO) a eu une excellente délégation lors de la manifestation du 6 mai à Athènes, avec plus de 400 participants de Grande-Bretagne, d’Irlande, de belgique et d’ex-Union Soviétique. Cette délégation a été remarquée tant par nos amis que par nos ennemis pour son côté éminement militant et plein de vitalité.

    La campagne de Xekinima pour renforcer le soutien au FSE et à la marche du 6 mai n’a duré que 8 jours, le FSE venait peu de temps après les vacances de Pâques grecques. Durant ces journées de mobilisations, plus de 1000 journaux de Xekinima ont été vendus, et à peu près 1.300 euros ont été récoltés pour notre fonds de lutte. Beaucoup de personnes intéressées par les idées défendues par Xekinima et le CIO ont laissé leurs coordonnées pour nous rejoindre ou nous aider dans notre travail.

    Raph Parkinson, vice-président du bureau exécutif de UNISON – syndicat du secteur public en Grande-Bretagne – et membre du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales, membre du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), s’est également rendu au Forum Social Européen. Raph écrit à titre personnel:

    « Des socialistes, syndicalistes, Organisations Non Gouvernementales (ONG), communautés et de jeunes activistes se sont rencontrés pour discuter d’un large pannel de problématiques au Forum Social Européen d’Athènes, entre autres des privatisations, du développement du commerce équitable, de l’Amérique Latine, de la guerre en Irak, et de la libération sociale. En comparaison au FSE tenu à Londres il y a deux ans, l’atmosphère à Athènes était plus sérieuse, mais il y avait moins de participants.

    Le point culminant était pour moi la très large manifestation du 6 mai contre la pauvreté, le chômage, la guerre et le racisme. Les membres du Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Gales ont marché sous la bannière de Xekinima, la section grecque du CIO.

    Cette section était suivie par la délégation de Youth Against Racism in Europe (YRE, Jeunes contre le Racisme en Europe, campagne lancée à l’initiative du CIO) qui comprenait beaucoup d’immigrés vivant en Grèce.

    Il était fort remarquable que les manifestants du CIO et de YRE étaient très dynamiques, en chantant notamment des chants de lutte variés, et étaient bien organisés.

    Une « contre-manifestation » est sortie de la manifestation principale pour tenter d’attaquer l’ambassade américaine et a été confrontée à la police anti-émeute. D’innocents manifestants ont été gazés. Les stewards du CIO et de YRE ont maintenu à cette occasion une approche disciplinée pour défendre leurs délégations contre toutes attaques possibles.

    Les télévisions ont montré les McDonalds attaqués, mais n’ont pas montré la majorité pacifique de la manif’. En Bref, le FSE cette année fut mieux organisé, avec moins de conférences, mais des discussions plus sérieuses.

  • Ne pas politiser le débat revient à laisser la voie libre aux politiciens traditionnels

    Autour du meurtre de Joe

    Durant tout le déroulement de l’affaire, l’ensemble des politiciens n’a eu de cesse de demander que la politique soit muette sur ce sujet, ce qui ne les a cependant pas empêché d’être omniprésents dans les colonnes de la presse ou dans les reportages des informations télévisées. L’idée d’empêcher toute récupération politique de ce triste événement revenait à laisser cette récupération uniquement aux mains des partis politiques traditionnels.

    Nicolas Croes

    Ainsi, le lendemain de la Marche Silencieuse du 23 avril qui a rassemblé 80.000 personnes dans un même sentiment de solidarité avec la famille de la victime et de rejet de cette violence qui peut sembler absurde, on a pu lire dans les colonnes du Soir les réactions d’Elio Di Rupo et de Didier Reynders.

    Le président du PS et bourgmestre de Mons a ainsi pu mettre en avant la nécessité de renforcer la police de proximité… avant de parler de l’exemple de Mons où cela a été fait et où « ça va bien ». Au-delà du fait qu’un habitant de cette ville peut rapidement se rendre compte que ça ne va pas aussi bien qu’il le proclame, une telle déclaration dans la presse à l’approche des communales ressemble furieusement à de la récupération politique.

    De même Didier Reynders a pu parler de tout et de rien (« il faudra travailler à plus de sécurité par rapport aux jeunes », « l’arrestation des coupables doit intervenir le plus rapidement possible »,…) en terminant par « gare à toute tentative de récupération politique. On a évité ça jusqu’à présent, que ça continue ». Voilà une belle demande de la part de quelqu’un qui, étant à Washington pour une réunion du Fonds Monétaire International, ne pourrait pas autant en profiter que d’autres s’il était laissé plus d’opportunités de débattre politiquement de cette affaire.

    L’hypocrisie des politiciens traditionnels a tout simplement été révoltante dans le suivi de cette affaire, et le gouvernement n’était pas en reste. Pour un gouvernement bloqué depuis de nombreux mois et duquel rien ne sort si ce n’est des preuves de l’incapacité à répondre aux attentes des travailleurs et de leurs familles (ce dont ils n’ont globalement que peu à faire), il s’agissait là d’un moyen à bon marché pour se montrer apte à quelque chose d’autre qu’à appliquer les plans d’austérité du patronat. La presse a ainsi été unanime pour féliciter le trio qui assure dans la crise (titre d’un article du Soir du 26 avril), trio composé du chef du gouvernement Verhofstadt, du ministre de l’Intérieur Patrick Dewael et de la ministre de la Justice Laurette Onkelinx. Il faut dire qu’il s’agissait d’une histoire de gestion de la communication, et si il y a bien un domaine dans lequel nos politiciens professionnels excellent faute d’avoir un véritable programme à défendre autre que celui des patrons, c’est bien celui-là.

    Il y avait également la crainte de voir l’appareil politique aussi décrédibilisé qu’en 1996 à l’époque de la Marche Blanche. Un proche du Premier ministre a d’ailleurs déclaré que « son obsession était d’éviter la comparaison avec les évènements de 1996, l’affaire Dutroux, la marche Blanche, quand le « système » était mis en cause, les politiciens cloués au pilori pour leur indifférence.…».

    Par contre, en terme de proposition pour régler véritablement le problème, c’est-à-dire pas seulement s’occuper du moment présent, mais s’atteler à ce que de pareilles douleurs n’arrivent plus à personne, le gouvernement remontre l’étendue de son décalage avec la situation réelle. On peut résumer les propositions effectuées par ces mots : répression, répression, et encore de la répression. Laurette Onkelinx, actuellement Ministre de la Justice, montre décidément plus d’enthousiasme à créer de l’emploi à la police (3.200 supplémentaires) qu’à en préserver dans son secteur à l’époque où elle était Ministre de l’Enseignement. Alors qu’il y a quasi-unanimité pour dénoncer le fait que plus de répression ne permettra pas de régler le problème – tout juste de faire baisser la pression de la rue (mais peut-être est-ce là sa véritable intention ?) – ce cruel rappel des licenciements dans un enseignement dont le manque de moyen a été éclairé par cette crise tombe mal. Mais aucun journaliste ne mentionne ce genre de chose, et c’est parfois dans le courrier des lecteurs que l’on peut avoir les meilleurs articles…

    De plus personne ne sait actuellement ou trouver l’argent de cet « ambitieux » projet. A force d’avoir octroyé baisses de charges sur baisses de charges au patronat, le gouvernement n’a presque plus rien, et certainement pas pour améliorer nos conditions de vie qui ne cessent de se détériorer. En cas de protestations trop importantes contre la casse de nos acquis sociaux, des services public, etc, les policiers et cameras supplémentaires, si l’on arrive à les payer, seront d’une utilité précieuse pour nos dirigeants…

    Le premier ministre Verhofstadt disait espérer que le signal de la Marche Silentieuse aurait comme résultat une diminution de la violence au sein de la jeunesse. En ce sens, la manifestation n’est pour lui qu’à voir que comme un appel à la responsabilité. D’après Verhofstadt, c’est la responsabilité individuelle des parents – qui doivent avoir assez de temps pour s’occuper de leurs enfants – qui est primordiale. La responsabilité du gouvernement ne se limiterait qu’à augmenter la répression.

    Mais la raison pour laquelle beaucoup de familles, et pas seulement polonaises, ont en Belgique peu de temps disponible pour leurs enfants est que ces fammilles doivent travailler toujours plus afin de survivre. Comment Verhofstadt pense-t-il résoudre cela? En attaquant encore les salaires? Le pouvoir d’achat des travailleurs Belges a déjà bien diminué ces vingt dernières années, et de nouvelles coupes salariales n’auront comme résultat que d’accroître encore le temps de travail nécessaire à garder un même niveau de vie.

    Tant le renforcement de la répression que la vitesse à laquelle les politiciens ont annoncé la création d’une nouvelle prison pour jeunes sont en contradiction flagrante avec les besoins du secteur de l’accompagnement de la jeunesse. Ce manque de moyens a été illustré au début de cette année par les actions effectuées par ce secteur en Flandres. Si au nord du pays les cas d’application d’accompagnement de jeunes « difficiles » ont augmenté de 25%, le budget, lui, n’a pas évolué en conséquence. Au vu de cette situation, les problèmes ne peuvent que s’amplifier.

    La construction de nouvelles prisons pour jeunes est finalement fort révélatrice de la politique actuelle: une politique qui ne s’occupe que des conséquences des problèmes au lieu de s’attaquer à leurs causes.

  • La France d’aujourd’hui est l’Europe de demain…

    C’était la devise des patrons et des gouvernements. Mais elle devient aujourd’hui celle des travailleurs et des jeunes. la progression des emplois non statutaires dans les services publics.

    Jean Peltier

    Il n’y a pas qu’en France que patrons et gouvernements tentent de pousser au maximum la flexibilisation des travailleurs en essayant de démolir les contrats de travail et de généraliser la précarité. Ainsi, en Allemagne, le nouveau gouvernement chrétien-socialiste a en projet une version locale du CPE/CNE encore pire qu’en France, puisqu’elle prévoit de porter la période d’essai (sans protection pour le salarié) de 6 mois à 2 ans pour toute nouvelle embauche quelle que soit l’âge du travailleur ou la taille de l’entreprise !

    Ailleurs, ce sont surtout les fins de carrière qui sont visées : attaques contre les prépensions, report de l’âge de la pension à 65 voire 67 ans,…

    Mais la colère monte un peu partout. En Grèce, les travailleurs ont mené une grève générale le 15 mars pour protester contre la multiplication des emplois non statutaires dans les services publics, la généralisation des heures supplémentaires non payées et pour revendiquer des hausses de salaires. En Grande-Bretagne, un million et demi d’employés des administrations locales ont fait une journée de grève le 28 mars pour s’opposer au report de 5 ans de l’âge de la pension. Ce fut la grève la plus massive dans le pays depuis la grève générale de … 1926. En Allemagne, ce sont les fonctionnaires des Etats régionaux qui sont partis en grève contre le projet de faire passer l’horaire de travail de 38,5 à 40 heures/semaine.

    La victoire contre le CPE sonne comme un avertissement pour les patrons et les gouvernements. A nous d’en faire un signe de ralliement des travailleurs et des jeunes partout en Europe… et en particulier en Belgique dans les prochains mois !

  • Marxisme.org. Une nouvelle revue du MAS/LSP

    Marxisme.org. Une nouvelle revue du MAS/LSP

    Les instruments politiques avec lesquels le MAS/LSP fait connaître ses idées vont bientôt s’élargir avec la parution d’une nouvelle revue Marxisme.org (qui est déjà le nom de notre site théorique). Cette nouvelle revue se concentrera sur des analyses plus profondes que celles qui paraissent dans ce journal, des études théoriques et historiques,… Le premier numéro sera disponible à l’occasion du 1er Mai.

    Anja Deschoemacker

    Pour les socialistes, les derniers développements de l’actualité sont assez excitants. Partout en Europe explose de nouveau la lutte des classes avec des manifestations de masse et des grèves importantes. Les conséquences de la politique d’austérité qui grignote (et mange parfois goulûment) les conditions de travail et le niveau de vie des travailleurs et de leurs familles sont devenues sensibles dans la vie de tous les jours de couches toujours plus larges de la population.

    Le constat que cette politique de démolition ne va pas s’arrêter sauf si nous la stoppons nous-mêmes trouve un écho grandissant, tout comme la compréhension que les travailleurs sont capables de stopper ces mesures en jetant dans la balance leur force numérique et leur position dans l’économie. De plus en plus se pose aussi la question des moyens d’actions à mettre en oeuvre pour cela. Dans différents pays, ces luttes et cette réflexion ont mené à l’émergence de nouvelles initiatives politiques voulant donner à nouveau une voix aux travailleurs et aux jeunes.

    La Belgique n’est pas isolée de ce processus, même si, chez nous, il se trouve encore au stade embryonnaire. Les lecteurs de l’Alternative Socialiste et les visiteurs de notre site (www.socialisme.be) peuvent suivre de près les développements des diverses initiatives allant dans ce sens, auxquelles le MAS/LSP coopère pleinement.

    Le MAS/LSP défend depuis le milieu des années ’90 la nécessité de construire un nouveau parti des travailleurs. Mais, comme nous l’avions expliqué dès le départ, seul un mouvement de masse parmi les travailleurs pouvait libérer les forces capables de donner vie à un tel projet.

    Dans le premier numéro de Marxisme.org, vous pourrez trouver le texte voté à la conférence nationale du MAS/LSP de novembre 2003. Ce texte analyse le potentiel qui existe pour la création d’un nouveau parti des travailleurs et la manière dont nous envisageons sa construction. Un article écrit par Bart Vandersteene complète ce texte de congrès en actualisant l’analyse des nouvelles formations politiques apparues depuis 2003 en Belgique et ailleurs. Enfin, vous pourrez aussi apprécier un article de Sascha Stanicic, membre de notre organisation-soeur en Allemagne (SAV), sur le développement et l’évolution du WASG et du Parti de Gauche en Allemagne et sur le rôle que les socialistes peuvent et doivent jouer dans de telles formations.

    Il ne s’agit donc pas d’un vrai premier numéro de Marxisme.org, mais plutôt d’un numéro "special" sur le nouveau parti des travailleurs. Ce n’est qu’en septembre que paraîtra le premier " véritable " Marxisme.org. Mais, d’ici là, vous pourrez patienter et satisfaire votre curiosité avec ces analyses détaillées, provenant de participants au processus et non pas de commentateurs extérieurs.

  • “Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs"

    Interview de Jef Sleeckx, ex-parlementaire du SP.a

    Le jeudi 13 mars, j’ai discuté avec Jef Sleeckx dans son bastion de Mol. Entre les nombreux projets, histoires et anecdotes, je lui ai posé les questions suivantes.

    Propos recueillis par Bart Vandersteene

    Qui est Jef Sleeckx?

    > Jef Sleeckx a été membre du SP pendant plus de 40 ans. Il a été parlementaire pendant 21 ans et a siégé pendant 17 ans au bureau du parti.

    > Jef a été vu pendant toutes ces années comme une figure de gauche proche des travailleurs.

    > Jef a voté contre Steve Stevaert pour la présidence du parti: “Steve se préoccupe trop de techniques de vente et de shows télévisés et trop peu des vrais principes socialistes.”

    > Yves Desmet (journaliste à De Morgen) : “Ce qu’un ouvrier ne veut surtout pas, c’est de voir cette idole de la vieille gauche qu’est Jef Sleeckx apparaître à la porte de son usine, car il sait alors qu’il est grand temps de trouver un autre travail”

    Jef, tu as quitté le Parlement en 1999. Aujourd’hui, 7 ans plus tard, tu reviens sur la scène politique. Quels sont les raisons qui t’y ont poussé?

    Il y a deux événements qui m’ont poussé à donner de la voix. D’une part, il y a eu la Constitution européenne qui a été rejetée en France et aux Pays-Bas. En soi, je trouve que l’UE a besoin d’une constitution pour faire collaborer 25 pays et 450 millions de gens. Mais cette Constitution ne porte pas là-dessus. Elle ne contient pas les règles du jeu, mais le jeu lui-même. La partie 3 de la Constitution dit que l’UE doit être néo-libérale. On ne laisse aucun espace pour le débat politique.

    Une initiative avec Debunne et Vanoutrive

    Georges Debunne m’a contacté l’année passée pour que je me joigne à lui et à Lode Vanoutrive afin de soumettre ensemble une pétition au Parlement flamand et de lancer ainsi le débat sur cette Constitution en Belgique.

    Pour ce faire, nous avons dû récolter quelque 15.000 signatures dans des manifestations, des fêtes de quartier, aux portes des entreprises, et j’en oublie. En même temps, j’ai aussi étudié cette Constitution. Jamais je n’avais étudié avec un tel acharnement. Après la récolte des signatures, nous avons pu faire un exposé au Parlement flamand. Quelle ne fut pas ma stupéfaction lorsqu’il apparut que les parlementaires ignoraient presque tout de la Constitution. Cela transparaissait clairement dans les questions qu’ils me posaient. Ils n’en ont pas moins tous voté ensuite pour la Constitution…

    Une deuxième affaire qui m’a énormément touché, c’est la lute contre le Pacte des Générations. A un certain moment, quelques délégués sont venus me trouver pour demander de mener une action et de diffuser un appel au fameux congrès du SP.a à Hasselt. J’ai été tout de suite d’accord et j’ai diffusé avec eux l’appel « nous vous tournons le dos ».

    La collectivité paye, les patrons reçoivent des cadeaux

    J’étais en total désaccord avec le Pacte des Générations. Le gouvernement et le SP.a faisaient tout pour effrayer les gens alors que ce n’était pas nécessaire. La Commission sur le Vieillissement a calculé qu’il faudrait de 3% à 4% du PNB en plus d’ici 2030 pour pouvoir payer les pensions. Cela équivaut à 9 ou 10 milliards d’euros (un peu plus d’après certains).

    Si l’économie belge actuelle, qui vaut un bon 250 milliards d’euros, croît chaque année de 1,5% d’ici 2030, elle vaudra alors 112 milliards d’euros en plus. Utilisons-en 10% pour les pensions. Ce n’est quand même pas exagéré ?

    Dans une interview à Knack, j’ai dit à ce moment qu’il fallait quelque chose de nouveau en dehors du SP.a, un nouveau parti des travailleurs. Je ne m’attendais pas à ce que mes paroles aient autant de conséquences à l’intérieur comme en dehors du SP.a.

    Vande Lanotte a prétendu qu’il irait vers les entreprises avec ses militants. Nous ne les avons pas vus. Ils ont par contre organisé des réunions provinciales. J’y étais à Anvers où j’ai pris le micro et expliqué mon point de vue. J’ai demandé pourquoi on ne parle plus jamais d’un impôt sur la fortune, pourquoi on ne s’en prend pas plus énergiquement à la fraude, pourquoi les impôts ne rentrent pas mieux. Bref, j’y ai dit clairement que les moyens d’une politique existent, mais qu’il faut une autre politique.

    Johan a encore essayé de monopoliser la parole, mais ça n’a pas marché. Il y a eu aussi une discussion sur ce que le Pacte des Générations reconnaîtrait comme métiers lourds. Après moi, quelqu’un dans la salle a pris le micro et a invité Johan à venir travailler 14 jours avec lui. Il saurait tout de suite ce qu’est un travail lourd. L’atmosphère dans la salle a tourné à travers la discussion et j’ai reçu beaucoup d’applaudissements et de marques de soutien. A la fin, j’ai dit que Vande Lanotte faisait prendre à la population des vessies pour des lanternes. C’est toujours la collectivité qui doit payer et les patrons qui reçoivent des cadeaux.

    Si on menait une autre politique il n’y aurait aucun problème pour la population et, par exemple, pour le 1,5 million de Belges qui s’enfoncent aujourd’hui dans la pauvreté. Mais Stevaert a dit que le SP.a ne se préoccuperait plus en premier lieu des miséreux. Je me demande alors ce que doit faire un parti socialiste. Et aujourd’hui il n’y a pas que les allocataires sociaux qui ont du mal à s’en sortir. Vous pouvez toujours essayer d’entretenir une famille avec un salaire net de 1200 euros, surtout avec le coût actuel du logement.

    Voilà pourquoi je dis qu’ils ont contribué à grossir les rangs du VB. Les mandataires socialistes ne sont plus physiquement présents dans les quartiers à problèmes. C’est comme s’ils avaient pris peur de leur public naturel. Mais pour pouvoir, par exemple, discuter du travail avec des chômeurs dans les quartiers à problèmes, on ne peut évidemment pas cumuler soi-même deux ou plusieurs boulots. Ce que fait Patrick Janssens est scandaleux : être parlementaire et bourgmestre d’une ville comme Anvers qui n’est pourtant pas si simple à gérer. Ce n’est tout de même pas sérieux. L’un des deux jobs devient forcément un job d’appoint, ce n’est pas possible autrement… Personne n’est capable de faire convenablement plusieurs jobs. Il en va de même avec le logement, vous pouvez toujours essayer de parler du travail au café avec un chômeur dans un quartier à problèmes si vous avez plusieurs jobs, ou avec un SDF si vous vivez dans une villa huppée, vous remarquerez tout de suite à quel point on vous prend au sérieux…

    J’aurais pu devenir bourgmestre de Mol en 1994, mais je ne l’ai pas fait. J’ai laissé la base du SP.a décider quel mandat je devais assurer et le choix s’est porté sur mon mandat de parlementaire. Je ne voulais pas cumuler, c’est une question de principe. Si vous dites qu’il faut du travail pour tous, vous ne faites qu’un seul job. En tant que parlementaire, on a une fonction d’exemple. Les paroles ont été tellement vidées de leur sens que plus personne n’y croit, il faut agir tout simplement.

    Comment vois-tu les développements des 10 dernières années au sein du SP.a?

    J’ai été fortement frappé par le fait que le SP.a virait de plus en plus vers le centre, ce qui me tracassait au plus haut point. J’ai appelé pendant 17 ans au sein du bureau du parti à mener une autre politique. En tant que socialiste, on doit être droit dans ses bottes et adopter un profil clair. C’est ce qui a fait défaut et qui fait qu’aujourd’hui tant de gens votent pour le VB.

    Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs. Ils n’appellent plus jamais à lutter. Alors que c’est justement plus nécessaire que jamais. Nous ne pouvons pas oublier que la Sécurité sociale n’est pas tombée du ciel. C’est le résultat de la lutte. Et pour être honnête, surtout de la lutte des travailleurs wallons. D’où mon opposition résolue à ceux qui veulent scinder la Sécurité sociale. Les travailleurs flamands, bruxellois et wallons ont les mêmes intérêts. Nous oublions parfois que nous devons beaucoup aux Wallons.

    Quelque chose qui m’est resté longtemps en travers de la gorge, c’est l’attitude du SP.a envers les réfugiés. Lorsque je siégeais encore au Parlement flamand, j’ai pris en main l’affaire de grévistes de la faim kurdes. Je suis même allé au Kurdistan et je sais qu’on ne peut pas renvoyer les réfugiés kurdes. Ces gens se retrouvent en prison, voire disparaissent tout simplement. J’ai clairement dit au bureau du parti que je voterais « selon ma conscience ». Grâce à la pression que j’ai pu mettre à l’époque, ces gens ont pu rester en Belgique. La grève de la faim avait lieu à Hasselt à l’époque où Stevaert était encore bourgmestre. Mais je ne l’y ai jamais vu et il n’est jamais intervenu en faveur de ces grévistes de la faim.

    As-tu un message à transmettre le 1er mai aux militants du SP.a et de la FGTB ?

    Aux militants du SP.a, je demanderais qu’ils insistent au sein du parti pour qu’il recommence à se préoccuper beaucoup plus des travailleurs. Je suis content que SP.a Rood existe, j’ai beaucoup de respect pour ces camarades, mais je n’y crois pas. Le sommet du parti ne va pas les prendre au sérieux, il va les faire lanterner. SP.a Rood peut jouer un rôle pour démontrer qu’il y a soi-disant une aile gauche, mais en même temps SP.a Rood n’a rien à dire et n’aura jamais rien à dire dans le parti.

    Aux militants de la FGTB, je demande de porter haut le drapeau de la solidarité. Il y aura beaucoup de luttes qui nécessiteront l’unité des travailleurs flamands, wallons et bruxellois. Les politiciens veulent briser la solidarité en disant qu’il y a d’autres intérêts en jeu. Mais nous ne pouvons pas oublier que c’est grâce à la combativité wallonne que la Sécurité sociale a pris forme.

    Aux uns et aux autres, je veux aussi dire qu’une alternative politique est nécessaire. Une alternative politique qui place les intérêts de la population laborieuse et des allocataires sociaux tout en haut de l’agenda.

    Où que tu parles, tu mets l’accent sur la nécessité d’une meilleure protection des délégués syndicaux. Pourquoi ce point en particulier?

    Parce que les délégués sont le moteur des syndicats. Ils sentent ce qui vit à la base. Hélas, les patrons font tout aujourd’hui pour mettre à la porte les bons délégués qui défendent leur base. Ils n’épargnent pas leur peine et sont même prêts à payer le prix fort, comme par exemple chez Stora à Zelzate, pour se débarrasser de délégués. Nous devons y apporter une réponse.

    Les jeunes seront importants dans une nouvelle initiative, quel message adresses-tu à la jeunesse ?

    Les jeunes doivent affiner leur conscience politique. Nombre d’entre eux sont en quête de valeurs qui proposent davantage que les valeurs purement matérielles. Parce que celles-ci ne garantissent pas le bonheur. C’est pourquoi la solidarité est importante, y compris entre les jeunes et les aînés.

    J’ai été surpris dans un premier temps de lire que le VB fait maintenant de bons scores parmi les jeunes. L’avantage qu’a le VB, c’est qu’il n’y va pas par quatre chemins. Même si nous ne sommes pas du tout d’accord avec leur démagogie abjecte. Les partis traditionnels créent des attentes qu’ils ne concrétisent pas. D’où la perte de crédit de ces partis. Avec toutes les conséquences qui s’ensuivent ! Les gens doivent savoir clairement qui défend quoi sur qui ils peuvent vraiment compter.

    L’initiative pour une autre politique diffusera un tract national le 1 mai. Quelle sera l’étape suivante ?

    C’est un pas important que nous faisons en diffusant un tract commun dans tout le pays. Des gens d’horizons divers, des militants syndicaux, des militants politiques collaborent à une alternative politique.

    Il y aura une réunion nationale en automne pour décider ce que nous ferons, quelles suites nous allons donner à notre appel à une alternative politique. Je ne peux pas encore anticiper cette étape, mais je la trouve importante. Si un nouveau parti voit le jour, ce sont les travailleurs qui en détermineront le programme. J’espère que nous seront prêts pour les élections législatives de 2007.

    D’après toi, quel rôle les militants du MAS/LSP ont-ils à jouer dans cette nouvelle initiative ?

    Les militants du MAS/LSP s’implique énormément dans le mouvement ouvrier. C’est positif et très important que le MAS/LSP ait pris position sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. J’ai beaucoup de respect pour vos militants, comme pour tous les militants de gauche. Une nouvelle initiative pourra compter sur beaucoup de bons militants pour approfondir certains points du programme et aider à les diffuser et à les défendre au-dehors. A mes yeux, tous les militants de gauche sans la moindre exception joueront un rôle important.

    Un dernier mot pour nos lecteurs?

    J’espère que le 1er Mai de cette année préfigure un nouveau printemps et un nouveau cri. Un nouveau cri qui réaffirme la solidarité entre tous les travailleurs où qu’ils habitent. Une autre politique signifie aussi que tous les gens de gauche devront, sans renier pour autant leur identité, mettre de côté les grandes certitudes de leur propre groupe pour aider à façonner une autre politique avec tous ceux qui veulent une autre politique, solidaires autour d’un programme commun, ainsi que pour combattre efficacement l’extrême droite.

  • 80.000 manifestants après la mort de Joe Van Holsbeeck. Une manifestation de solidarité impressionnante

    Ce dimanche 23 avril, une manifestation à travers les rues de Bruxelles a rassemblé 80.000 personnes, expression de la solidarité envers la famille et les amis de Joe Van Holsbeeck tout autant que de la condamnation unanime de cette violence inutile. Quelques membres du MAS/LSP étaient présents dans le même élan de solidarité. De cette Marche Silencieuse pouvait se faire entendre un puissant cri appelant à une société plus sûre, plus sociale, plus solidaire.

    Si la thématique de la sécurité était bien sûre évoquée par toutes les personnes avec qui nos militants ont engagé une conversation, très peu mettaient en avant la nécessité de renforcer la présence policière. Plutôt que de répression, c’était la nécessité de plus de prévention qui était fortement présente dans les discussions, notamment par l’intermédiaire de notre enseignement. Quant aux causes de cet acte, c’est la frustration de l’absence de moyens face à une société qui ne cherche qu’à promouvoir la possession matérielle qui était unanimement évoquée.

    Le souvenir de la Marche Blanche en 1996 vient de suite à l’esprit. La Marche Blanche était bien sûre plus grande, surtout grâce aux mobilisations qui la précédèrent, mais il s’agissait là également d’une expression spontanée et justifiée d’un sentiment de mécontentement vis-à-vis de la sécurité en général au sein de notre société.

    Bien des parents présents à ces manifestations étaient inquiets de notre futur, mais aussi et surtout de celui de nos enfants. C’est un fait que la société d’aujourd’hui devient de plus en plus dure et incertaine. L’insécurité s’installe dans tous les aspects de la vie des travailleurs et de leurs familles, que cela soit par rapport à l’emploi, au revenu, au logement, à la santé, aux pensions, à l’intégrité physique,…

    Une violence inutile

    La médiatisation de ce meurtre a donné l’opportunité à presque tous les politiciens traditionnels de donner leur avis sur les faits, tout en niant la « récupération politique ». Ils étaient cependant bien tous présents dans la presse, en s’abstenant bien entendu de faire une seule remarque critique sur la politique de ces 20 dernières années.

    Beaucoup de discussions ont eu lieu sur la violence inutile et la nécessité de l’endiguer, mais jamais il n’y a eu d’explication sur la raison pour laquelle un tel phénomène peut se développer. Une société incapable de donner un sens utile à la vie doit en payer le prix.

    Un courrier de lecteur dans le journal flamand « De Standaard » disait : « Il y a 50 ans, quand j’étais encore enfant, il n’y avait pas d’insécurité objective ou subjective. Mais il y avait partout des gardiens. Dans les parcs il a y avait des gardiens. Dans les gares, des contrôleurs de tickets et de voies. Dans les trams et les bus des chauffeurs et des contrôleurs de tickets. Dans les grands bâtiments publics des concierges, même dans les ascenseurs il y avait du personnel… Maintenant on paie des gens pour être sans emploi à la maison, et toutes ces tâches n’existent plus. Ces gens se trouvent exclus et ils ne participent pas à la vie sociale. Est-ce mieux ? »

    Ce courrier de lecteur exprime les changements survenus dans la société ces 20 dernières années. Les services publics ont été « rationalisés », occasionnant à la fois la suppression de dizaines de milliers d’emplois et la diminution de services publics. Il n’est que trop facile d’évoquer la responsabilité parentale lorsqu’on constate qu’au même moment des crèches sont fermées, ou rendues moins accessibles, qu’il y a des assainissements dans l’enseignement, et que de nombreux parents sont forcés de s’adapter à des horaires de plus en plus flexibles pour des salaires de plus en plus bas. En Belgique, 15% de la population est sous le seuil officiel de pauvreté, ce qui est trop facilement expliqué par la responsabilité individuelle de ces pauvres. Cela n’explique en rien pourquoi ce chiffre a doublé depuis 7 ans.

    De véritables socialistes sont pour une sécurité sociale forte, ce qui implique bien plus que des allocations et des assurances. Cela implique aussi le fait d’avoir une place dans la société, de vivre dans un milieu sain et sûr, de travailler et de vivre dans une situation stable,… Ces éléments de sécurité ont fondu comme neige au soleil durant les 20 années précédentes.

    Sécurité pour tous

    La seule réponse des politiciens traditionnels face à l’inégalité croissante est plus d’inégalité et de répression. La résistance contre cette inégalité est de plus présentée comme « conservatrice ». En France, lors du mouvement contre le CPE et la précarité, des jeunes et des générations plus âgées se sont mobilisées contre l’insécurité de l’emploi pour la jeunesse. Une rédactrice de « De Standaard », Mia Doornaart, a osé décrire ce mouvement comme « un réflexe conservateur ». Elle disait également que « Les étudiants d’aujourd’hui vont connaître moins de sécurité, mais plus de défis. »

    De véritables socialistes veulent lutter pour plus de sécurité pour tous. Dans la société actuelle, seules comptent la compétition et la maximalisation des profits. Dans ce processus, des couches sans cesses plus larges de la population se retrouvent misent de côté, ce qui mène à une société plus dure. Mais pour la classe dirigeante, cela n’est aucunement un problème. Augmenter la répression n’aboutira pas à une solution.

    La lutte contre la violence inutile est la lutte pour un bon avenir pour tous. Un futur dans lequel un MP3 ne sera pas une raison pour tuer. Pour cela, on ne peut pas accorder sa confiance aux politiciens traditionnels qui ont déjà démontré l’étendue de leur incapacité.

    Il faut rompre avec la logique du système actuel et de ses représentants politiques.

  • «Pour survivre, nous devons lutter pour le socialisme!»

    Pakistan/Cachemire:

    Du 23 au 6 avril, j’ai visité le Pakistan et le Cachemire afin de participer à une série d’activités de nos organisations-soeurs dans ces régions. Le Comité pour une Internationale Ouvrière est une organisation socialiste internationale organisée dans plus de 35 pays. Le Socialist Movement Pakistan (SMP) et le CIO au Cachemire sont, tout comme le MAS/LSP en Belgique, des sections de ce parti révolutionnaire mondial.

    Geert Cool

    Pakistan: lutte contre les privatisations

    Notre organisation au Pakistan est très jeune, mais possède déjà une bonne réputation. Ces dernières années, les conditions de vie des travailleurs, des jeunes et des paysans pauvres se sont considérablement dégradées. Le fossé entre riches et pauvres est plus grand que jamais, comme en témoigne le taux d’analphabétisme, de 55% à travers le pays. Dans la province de Sindh, à côté des gigantesques villas protégées par des milices armées, 1 million d’habitants souffrent de tuberculose. A Rawalpindi (ville de 3 millions d’habitants) un tiers des maladies sont uniquement dues au manque d’eau potable.

    De pareilles conditions sociales ont des conséquences pour l’organisation de la résistance contre la politique néolibérale du dictateur Musharraf. Celui-ci tente de mettre en avant le pays comme un compagnon de route islamiste, mais moderne, des Etats-Unis en dressant une façade de démocratie.

    En réalité, il mène une politique néolibérale très brutale qui augmente encore l’écart entre riches et pauvres. Mais les premiers signes de résistance apparaissent, comme l’an dernier lors du mouvement contre la privatisation de l’entreprise télécom PTCL. Nos camarades ont joué un rôle crucial dans l’organisation des actions de grève et des manifestations. Cela n’a pas échappé à l’attention du régime et divers camarades dirigeants du SMP ont temporairement dû continuer leur travail clandestinement.

    Ce mouvement, bien que n’ayant pas mené à une victoire, a mis l’idée de la lutte à l’ordre du jour. C’est pourquoi le SMP jouit d’une autorité et d’un respect général. Cela m’a particulièrement frappé lors d’un meeting de notre section d’Islamabad où étaient présents beaucoup de dirigeants et de militants syndicaux combatifs. A Karachi, une réunion de la direction nationale d’un nouveau syndicat des postiers, où se trouvaient 200 participants, a explicitement demandé un speetch d’un orateur du CIO.

    Notre organisation pakistanaise est aussi active parmi les paysans pauvres et la jeunesse. Une section de notre campagne internationale de jeunes "Résistance Internationale" a été récemment mise sur pied et nous menons également des campagnes contre l’oppression de la femme etc.

    Travailleurs et paysans pauvres mènent une lutte quotidienne contre la misère, lutte qui ne peut être gagnée fondamentalement qu’en établissant une société socialiste mondiale.

    Cachemire: 6 mois après le tremblement de terre, le cauchemar continue

    Il y a six mois, le Cachemire et le Pakistan ont vécu un terrible tremblement de terre. Des villes et des villages entiers ont disparu. Aujourd"hui, la situation ne s’est guère améliorée, la reconstruction est loin d’avoir commencé. La petite ville de Bagh demeure toujours un grand camping dans lequel la population a dû passer l’hiver. Même l’hôpital est encore abrité par des tentes.

    Depuis Islamabad, au Pakistan, le voyage vers Bagh dure 5 heures, même si cette ville n’est pas lointaine. Quelques ponts supplémentaires suffiraient à réduire le trajet actuellement fait de routes étroites et sinueuses à travers les montagnes. Dans la ville de Kotli, il n’existe l’électricité que depuis 1980.

    A Bagh, presque toutes les habitations ont été détruites par les ravages du tremblement de terre et tous ont perdu des parents ou des amis. Un camarade m’a ainsi raconté comment 36 membres de sa famille ont péri.

    Le Kashmire est une région disputée et occupée tant par l’Inde que par le Pakistan (et une petite partie par la Chine). La population y revendique l’indépéndance et nous soutenons cette lutte, mais nous lions cette revendication à la nécessite du socialisme. Nous y avons une section indépendante, même si la coopération avec la section pakistanaise est étroite.

    Nos camarades y ont construit de petites écoles et postes médicaux, aux côtés d’une implication active dans la reconstruction des instruments de lutte que sont les syndicats. Il est nécessaire de soutenir les revendications pour la reconstruction et de garantir qu’il y ait un contôle démocratique sur les travaux de reconstruction. Ces travaux ont été cofinancés par une campagne de solidarité que nous avons entre autre mené en Belgique. L’argent que nous avons recolté a été intégralement versé à la Trade Union Rights Campaign (campagne pour les droits syndicaux).

  • Pour un nouveau parti des travailleurs! Mais pourquoi alors construire aussi un parti révolutionnaire?

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste/Linkse Socialistische Partij appelle depuis longtemps déjà à la création d’un nouveau parti qui puisse reprendre la bannière de la défense des travailleurs des mains des partis "socialistes", bien plus habitués à tenir des stylos de luxe pour signer des accords honteux avec le patronat qu’à revêtir les gants de la lutte.

    Nicolas Croes

    Mais un parti révolutionnaire, tel que celui que nous construisons depuis des années en Belgique et au niveau international, ne pourrait-il pas porter ces gants?

    Les révolutionnaires ont presque toujours été minoritaires dans la société. Faut-il voir là une preuve de la faillite des idées révolutionnaires? Non, il s’agit plutôt de l’expression de la puissance de l’idéologie dominante dans une société, c’est-à-dire celle de la classe dominante, celle de la bourgeoisie. Ce n’est que lorsque les contradictions du système d’exploitation capitaliste apparaissent au grand jour que l’espace se créé pour une large pénétration des idées révolutionnaires au sein des masses.

    Le révolutionnaire italien Antonio Gramsci comparait ainsi le capitalisme des pays développés à une forteresse protégée par un champ composé de mines aussi diverses que l’influence néfaste de la presse bourgeoise, la mainmise de la religion sur les esprits ou l’intégration des directions syndicales ou des partis ouvriers dans la gestion du capitalisme.

    Mais quand on parle de partis ouvriers, on ne peut que constater avec quel enthousiasme PS et SPa ont emprunté le chemin du néo-libéralisme, délaissant les travailleurs et les chômeurs pour se tourner de plus en plus vers les classes moyennes aisées et remplaçant l’activité régulière de leurs militants par les « coups de pub » des bureaux de communication.

    Abandonnés, laissés pour compte, attaqués par ceux-là même qui hier encore prétendaient les défendre (à défaut de l’avoir fait), les travailleurs se sentent désorientés. Cependant, peu d’entre eux sont déjà prêts à tirer des conclusions révolutionnaires de leur situation. Ils ont besoin d’un échelon intermédiaire, d’un moyen par lequel chaque travailleur pourra faire son expérience sur un terrain politique cadenassé aujourd’hui par les défenseurs du patronat. Et cet outil indispensable pour repartir à l’assaut face aux attaques qui ne cessent d’arriver, c’est un nouveau parti de masse des travailleurs.

    Des partis allant dans ce sens peuvent rapidement obtenir des succès en terme de nombre de membres, de soutien de syndicalistes ou même de percée électorale (ce qui est déjà le cas dans plusieurs pays, voir l’article qui parle des cas allemands et hollandais).

    Mais le rôle des révolutionnaires ne se limite pas à aider à construire de tels partis. Car il ne suffit pas de s’opposer à la politique néo-libérale pour résoudre les problèmes qui se posent aux masses des travailleurs chaque jour forcés de courber l’échine. Des problèmes d’orientation peuvent apparaître rapidement. Ainsi, le SP hollandais participe à des coalitions locales qui ont pris des mesures de privatisation et c’est également le cas du PDS en Allemagne. En Italie, la direction du Parti de la Refondation Communiste (PRC), sous la pression de la volonté de vaincre Berlusconi, est entrée dans la coalition sociale-libérale de Romano Prodi et s’affirme prête à rentrer dans un gouvernement « de gauche ». Mais en lieu et place d’une politique de gauche, les partis dominants de cette coalition veulent opter pour une politique libérale modérée.

    L’acceptation de la logique du système capitaliste ne peut mener qu’à plus encore d’oppression pour les travailleurs. Une orientation socialiste conséquente, et donc révolutionnaire, est à terme le seul moyen d’éviter de brûler sa crédibilité.. Cela exige un parti démocratique, mais également efficace, donc réellement collectif où l’ambition personnel est transformé en ambition collective. Un nouveau parti des travailleurs se doit d’organiser la lutte sur le terrain, car c’est là, dans les entreprises, les écoles, les quartiers, que se trouve la véritable majorité et pas dans les petites manoeuvres au parlement.

    Pour que cette orientation puisse démontrer la gigantesque étendue de son potentiel, les forces révolutionnaires doivent non seulement rester organisées au sein de ces nouveaux partis, elles doivent aussi s’y renforcer et peser de tout leur poids dans le travail pratique. « Une once de pratique vaut mieux qu’une tonne de théorie », disait Lénine, et après un siècle, cette réflexion n’a rien perdu de sa justesse. Les discussions et débats sur le socialisme ne sont pas des palabres sur un futur hypothétique, mais un moyen indispensable d’orienter les luttes d’aujourd’hui!

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