Tag: Belgique

  • Une claque dans la gueule des travailleurs

    Beaucoup de travailleurs de VW et des sous-traitants ont connu des semaines d’incertitude avant l’annonce des plans de la direction de VW. Cette incertitude continue. Dans le cadre de la Loi Renault, la direction doit suivre une phase de consultation et d’information de ses « intentions » de restructurations avant que la décision ne devienne officielle.

    L’industrie automobile en Belgique en chiffres

    En ce moment, il y a encore 4 grandes entreprises automobiles en Belgique : Ford à Genk, Volvo à Gand, Opel à Anvers et VW à Forest : 21.600 travailleurs en tout aujourd’hui, 100.000 en comptant la sous-traitance.

    Ces 4 entreprises ont produit à peu près 1 million de voitures en 2000, et 900.000 en 2005. Sur le même laps de temps, 6000 emplois ont été perdus. Avec 22% de travailleurs en moins, la production n’a donc diminué que de 10%. Cela révèle une productivité et une pression au travail qui augmentent à une vitesse vertigineuse.

    Durant cette période, la direction doit écouter les remarques et les alternatives proposées par les syndicats. La décision est bien sûr déjà prise mais ne deviendra officielle que quelques semaines ou même quelques mois plus tard. Les travailleurs devront attendre avant de savoir s’ils pourront rester ou pas, en fonction des choix de la direction.

    Nous avons parlé avec Jean-Pierre, ouvrier à VW.

    Depuis combien de temps travailles-tu à VW ?

    Je travaille depuis 28 ans à VW-Forest. A la tôlerie.

    4000 emplois à la trappe ! Quelle a été ta première réaction ?

    C’est honteux ! C’est inhumain ! Comment est-ce que je vais rembourser mon prêt hypothécaire ? Et j’ai 2 filles qui font des études supérieures…

    La réaction du monde politique est-elle à la hauteur de l’agression patronale ?

    Non, pas du tout !

    Et celle des syndicats ?

    Plusieurs délégations d’autres entreprises sont venues ici par solidarité. Notamment Ford, Duferco, les ex-Sabéniens. Mais les syndicats de VW traînent trop à mobiliser les gens.

    Que faire après la manifestation du 2 décembre ?

    Il faut continuer pour sauver le maximum d’emplois. Sinon, ils n’ont qu’à rembourser le pognon qu’ils ont reçu de l’Etat. On doit mettre les points sur les i ! Ils gardent 26% du personnel pour ne pas devoir payer la prime de fermeture aux autres. Mais moi, j’ai 51 ans. Ils ne vont sûrement pas me garder.

  • Réactions politiques: “Une entreprise n’est pas une institution de charité”

    Les politiciens de tous les partis ont rapidement exprimé leur opposition aux licenciements chez Volkswagen. En pleine préparation d’un nouveau round de discussions communautaires, ils ont fustigé le « nationalisme » des Allemands qui ont accepté énormément de concessions pour garder l’emploi chez eux.

    Mais, bien sûr, ces mêmes politiciens veulent continuer à imposer le même genre de concessions en faveur du patronat en Belgique.

    Le Vlaams Belang a été encore plus net en déclarant qu’« Une entreprise n’est pas une institution de charité, quel que soit l’endroit où se trouve le siège principal. Une entreprise ne réfléchit qu’en termes de rentabilité. ». Il en a profité pour exiger des « mesures structurelles et audacieuses » (sic) pour réduire les « coûts salariaux trop élevés » des travailleurs belges.

    En octobre 2005, Bernd Pischetsrieder, le manager de VW a tout de même reconnu dans une interview : « Les salaires ne sont que responsables de 15% de tous les coûts (pas seulement l’assemblage, mais également la vente,… NDLR). Notre problème se situe ailleurs. »

    Le gouvernement a utilisé l’argent de nos impôts pour essayer d’ancrer solidement VW en Belgique en multipliant baisses de charges sociales, cadeaux fiscaux sur le travail en équipe et les heures sup’, et en investissant en outre 35 millions d’euros dans l’Automotive Park. Cette stratégie a clairement fait faillite.

    Le gouvernement aurait mieux fait de récupérer les investissements de soutien et les baisses de charges des années précédentes afin de les réorienter vers leur but premier annoncé: le maintien de l’emploi !

    Une alternative socialiste

    Sous le capitalisme, les travailleurs n’ont pas d’autre choix que de lutter pour chaque emploi. Sous le socialisme, l’augmentation de la productivité permettra d’alléger la charge de travail pour tous. La surproduction sera éliminée par une diversification graduelle et une réorientation vers une production socialement utile.

    En attendant, des victoires à court terme et partielles sur les multinationales sont possibles, même à l’ère de la mondialisation, à condition de forger un rapport de forces. Mais si, dans le passé, un compromis était parfois possible en raison d’une conjoncture économique favorable, une période de longue durée de concessions systématiques par les multinationales est aujourd’hui impossible. Une troisième voie (entre capitalisme et socialisme) est définitivement exclue.

    Assurer des conditions de vie et de travail correctes pour tous exigera une rupture fondamentale et la construction d’une société socialiste.

  • Pourquoi pas une grève générale de 24 heures?

    D’ici 2008, VW veut réaliser 5,1 milliards d’euros de profit sur le dos de 4.000 travailleurs de VW et de leurs familles et de bon nombre de sous-traitants. La direction a deux options: fermer complètement Forest en 2 phases pour éluder les primes de fermeture ou lui confier un nouveau modèle (Audi A1), mais pas avant 2009, et à condition que les salaires baissent de 20% et que la collectivité paye pendant deux ans pour les travailleurs qui pourraient être repris à partir de 2009. Licencier pour réengager ensuite à meilleur marché, ce n’est pas nouveau. A Ford-Genk, ils ont réengagé avec un contrat à durée déterminée 1.297 des 3.000 travailleurs qui avaient été licenciés en 2003…

    Tract du MAS

    Et ce après toutes les concessions que les travailleurs (hausse de la pression du travail, flexibilité accrue, travail du week-end,…) et la collectivité (baisse des charges sur le travail en équipe, les heures supplémentaires, … ou le cadeau de l’Automotive Park où 35 millions d’euros ont été investis) ont consenties.

    Rapport de force

    La manifestation d’aujourd’hui donne l’occasion à tout un chacun de témoigner sa solidarité. La direction et le gouvernement font tout pour saper la mobilisation. La direction avec l’annonce que l’Audi A1 pourrait venir à Forest (à moins que d’autres sites ne donnent plus de cadeaux), le gouvernement avec l’annonce qu’il y a déjà 1.500 offres d’emploi pour les travailleurs de VW.

    Quelques grosses boîtes engageraient volontiers au rabais des travailleurs qualifiés de chez VW. Ce qu’on ne dit pas, c’est que ça fait autant de demandeurs d’emplois qui voient s’éloigner l’occasion d’avoir un revenu.

    Face à la politique de diviser pour régner de la direction et du gouvernement, il faut l’unité d’action de tous les travailleurs. Cette manifestation ne doit pas être un cortège funèbre, mais le début d’un plan d’action bien organisé pour le maintien de tous les emplois.

    Grève générale?

    Si la direction de VW devait plier, d’autres suivront. En ce moment, il y a des restructurations en cours chez Agfa Gevaert et dans d’autres entreprises, il y a des suppressions d’emplois comme à La Poste (9000 emplois perdus en 10 ans!). VW devient un test. Même les négociations sur l’AIP sont reléguées à l’arrière-plan par ce qui se passe à Forest. Beaucoup se demandent comment la lutte va être menée à VW. S’il revient évidemment aux travailleurs de VW et à leurs délégués syndicaux de prendre les initiatives nécessaires, qu’on nous permette de faire quelques suggestions.

    La restructuration chez VW mène à un mécontentement généralisé et à une disposition à l’action. Pourquoi ne pas mettre à profit le succès de cette manifestation pour annoncer une grève générale de 24 heures contre les innombrables restructurations? Cela soulignerait l’unité des travailleurs et leur détermination à résister aux pertes d’emplois. Le slogan "maintien de tous les emplois" y gagnerait en puissance et aurait un rayonnement international.

    Pour maintenir tous les emplois, il faut faire table rase du plan industriel de VW. On ne peut y arriver qu’en mobilisant toute l’opinion publique, en Belgique d’abord, ailleurs en Europe ensuite. Même si nous devions finalement être contraints d’accepter un plan social, il faudra de l’action pour pouvoir imposer de meilleures conditions.

    La lutte syndicale exige une alternative politique

    On ne peut pas faire plier une multinationale en limitant la lutte à une entreprise ou un secteur; il faut pour cela mobiliser tous les travailleurs. Cela suppose une alternative politique. Les pouvoirs publics pourraient réclamer à VW les cadeaux qu’ils lui ont consentis pour ancrer l’emploi à Forest. Même s’ils obtenaient gain de cause, VW n’hésiterait pas à récupérer le manque à gagner sur le dos des travailleurs d’autres sites de VW.

    Des pouvoirs publics vraiment au service des intérêts des travailleurs prendraient en mains le site de Forest, maintiendraient tous les emplois et y réorienteraient la production sur base d’un débat de société sur la mobilité. Mais seuls comptent les profits dans une société capitaliste. On a besoin d’une alternative socialiste où la production est organisée en fonction des besoins des travailleurs et de leurs familles (que ce soit en termes d’emplois, d’environnement de vie ou de travail, …).

    Il y a un an, nous luttions contre le Pacte des Générations. Aujourd’hui, il y a des actions en Allemagne contre la volonté du gouvernement de relever l’âge de la pension à 67 ans. Lorsqu’on s’en remet aux politiciens traditionnels, on ne tient aucun compte de nos griefs. Il y a eu très peu de voix contre le Pacte des Générations lors du vote au Parlement malgré les centaines de milliers de manifestants et de grévistes.

    Sur VW, les politiciens font de grandes déclarations contre "les Allemands" ou les uns contre les autres. Ils acceptent tous la logique néolibérale. Ceux du VB veulent aller encore plus loin. Ils disent qu’une entreprise n’est pas "une institution de charité" et que ce sont les salaires qui posent problème.

    Depuis le mouvement contre le Pacte des Générations, le Comité pour une autre Politique est en train de se mettre sur pied à l’initiative de Jef Sleeckx, Lode van Outrive et Georges Debunne. A la conférence du 28 octobre 2006, il y avait 650 personnes. On y a décidé de participer aux prochaines élections législatives pour donner une voix à la résistance contre la politique néolibérale.

  • Solidarité avec les victimes de VW

    Jamais VW n’a vendu autant de voitures qu’aujourd’hui. De nouveaux profits records sont atteints d’année en année. Mais pour les actionnaires et les managers, cela n’est pas assez. Ils veulent encore plus: un profit de 5,1 milliards d’euros en 2008 au lieu de 1,12 milliard aujourd’hui. Des milliers de familles seront privées de leur revenu ou laissées dans l’incertitude. Mais, de cela, la direction de VW s’en moque.

    Eric Byl

    4.000 familles de travailleurs de VW et au moins 8.000 familles de travailleurs chez les sous-traitants seront privées de leur revenu si la direction peut réaliser ses plans. La commune de Forest va perdre plus de 10% de ses revenus de taxes. C’est à peu près la même valeur que le budget communal pour l’enseignement, alors que des investissements urgents dans les bâtiments et le personnel de l’enseignement communal se font attendre depuis des années. Ce ne seront donc pas seulement les travailleurs de Forest et les sous-traitants qui seront les victimes des mesures de VW mais aussi tous les parents, les petits commerçants,… Bref, tout un tissu social.

    Dès l’annonce des licenciements, beaucoup d’offres d’emploi ont été présentées via la presse pour les travailleurs de VW qui disposent d’une certaine expérience. Le gouvernement et le patronat essaient ainsi de montrer qu’il ne faut pas lutter mais que chacun doit chercher une solution individuelle. On verra bien les résultats de cette opération. Un paquet de boulots précaires probablement – contrats temporaires, intérimaires, à temps partiel, mal payés,… – qui iront aux travailleurs de VW à la place de chômeurs sans expérience qui devront attendre encore plus longtemps pour avoir un revenu.

    La collectivité n’a pourtant pas rechigné à se serrer la ceinture pour maintenir l’emploi. La flexibilité, les assainissements, le travail de week-end,… ont fait que Forest est le deuxième site de VW en termes de productivité et de qualité. En plus, le gouvernement a investi des millions d’euros de la caisse collective dans l’espoir de garder VW en Belgique. Des terrains de la STIB et de la SNCB ont presque été offerts gratuitement pour la création de l’Automotive Park. Le prix de ces cadeaux avec notre argent: 35 millions d’euros! L’ouverture officielle de l’Automotive Park a eu lieu en 2005, en présence de Guy Verhofstadt.

    La politique de cadeaux, fiscaux et autres, au patronat pour maintenir l’emploi n’a pas réussi. C’est un tunnel sans issue que le gouvernement tente de cacher en accusant le soi-disant nationalisme de l’employeur allemand et surtout du syndicat allemand IG-Metall. Mais sa propre politique de cadeaux pour maintenir les emplois en Belgique aux dépens des travailleurs étrangers, ce n’est pas du nationalisme, ça ?

    Les syndicats doivent arrêter de suivre les politiciens dans leurs tentatives d’augmenter la compétitivité en détruisant les conditions de travail et les salaires. Cette politique ne peut que mener à des réflexes nationalistes et à la division des travailleurs. Et tant que cette division existera, le gouvernement pourra toujours rejeter la faute sur les syndicats pour cacher ses propres responsabilités…

    Les travailleurs et leurs syndicats doivent rompre avec la surenchère patronale sur le plan de la destruction sociale. Ils doivent construire la solidarité entre secteurs et au-delà des frontières. La manifestation du 2 décembre ne doit pas être un cortège funèbre, mais doit être utilisée pour lancer un appel à une grève générale de 24 heures comme réponse à toutes les restructurations des multinationales.

    Le patronat allemand a réussi à faire déclarer toutes les grèves de solidarité illégales. Le patronat belge serait content de faire appliquer une telle mesure ici. Des lois injustes doivent être brisées si nécessaire. Nous sommes convaincus qu’une réponse unifiée des travailleurs belges aura aussi un impact en Allemagne, et pas seulement chez les politiciens ou les patrons, mais aussi et surtout parmi les travailleurs. Et nous sommes prêts à parier que cette sympathie auprès des travailleurs ne se limitera pas à l’Allemagne mais rayonnera partout en Europe.

    Mais cette stratégie ne sera pas possible si les travailleurs ne disposent pas d’un parti politique indépendant du patronat. La FGTB et la CSC doivent rompre les liens avec les politiciens néolibéraux des partis traditionnels. Comme dans des pays voisins, les travailleurs doivent construire une nouvelle formation qui défende leurs intérêts. C’est une telle formation que le MAS essaie de construire avec le Comité pour une Autre Politique.

  • Non marchand. Manifestation du personnel IRIS

    Environ 1500 travailleurs du réseau IRIS (fonction publique en région bruxelloise –hôpitaux, ville,…) ainsi que le personnel des CPAS ont manifesté mercredi matin dans les rues de Bruxelles.

    Un membre du CAP – Bruxelles (Comité pour une Autre Politique), ouvrier IRIS.

    Le front commun syndical appelait à une journée de grève et à une manifestation afin de réclamer une revalorisation des bas salaires ainsi que la réalisation de l’accord fédéral soins de santé. Les ouvriers de ce secteur, qui touchent en moyenne à peine 1100 euros par mois, ont exprimé leur volonté de lutter pour un respect des accords salariaux bafoués depuis des années mais aussi plus largement pour une amélioration de leurs conditions de travail.

    On pouvait ressentir dans cette mobilisation une énorme motivation au sein des diverses délégations. Malheureusement, le suivi de la grève et le nombre de participants étaient assez limités. Ceci est la conséquence directe du manque de sérieux des directions syndicales dans l’information et la mobilisation de leurs membres. De manière générale, la colère qui peut exister dans ce secteur ressortait très clairement dans les discussions. Mais l’incapacité de nos dirigeants syndicaux à donner une quelconque perspective pour obtenir une victoire a joué un rôle démobilisateur.

    Pour illustrer cela, les permanents syndicaux ont eu le plaisir de rencontrer le ministre président Charles Picqué. Après quasi deux heures d’attente dans un froid de canard, ceux-ci sont réapparus pour nous faire juste savoir que : « Rien n’a été obtenu, nous allons essayer de renégocier avec lui, merci à vous d’être venus » Point barre ! La frustration parmi les dernières personnes présentes était énorme.

    Une seule conclusion peut être tirée : aujourd’hui plus que jamais, il est temps de s’organiser sur notre lieu de travail pour construire une aile combative au sein de nos délégations afin de construire sérieusement un rapport de force qui peut faire aboutir nos revendications. Le potentiel est là, nous devons l’exploiter.

    Dans ce cadre, la réaction que les membres du Comité pour Une Autre Politique ont reçu était extrêmement favorable. Nos affiches en soutien aux travailleurs de VW ont connu un succès fulgurant. Le lien entre les licenciements massifs des ouvriers de VW et leur situation apparaissait comme évident aux yeux des manifestants. La nécessité de l’unité dans la lutte pour la défense de nos acquis venait à l’avant plan. D’ailleurs, une délégation s’est formée après la manif et a été soutenir les grévistes de VW.

    Le chômage massif, la pauvreté croissante et la politique de casse sociale touchent et sont les préoccupations premières d’énormément de travailleurs aujourd’hui. Les discussions autour de la nécessité d’un outil pour organiser nos luttes et d’un relais politique des revendications des travailleurs étaient très encourageantes. Nous appelons donc tout le monde à rejoindre le CAP et à commencer à renouer avec les traditions de luttes des travailleurs en Belgique.

    Assemblée Générale provinciale du Comité pour une Autre Politique de Bruxelles ce vendredi 15 décembre, à 19h à la VUB, bâtiment D. Venez nombreux !

  • Assemblée générale massive des travailleurs de VW

    Le front syndical au sommet est un obstacle pour l’action

    Pour un front syndical basé sur l’action à la base

    Des milliers de travailleurs de VW et des sous-traitants ont afflué mercredi matin pour entendre les propositions de leur direction syndicale. Pour ceux qui venaient pour écouter et discuter de la manière dont on peut lutter contre le scénario de licenciements massifs de la direction de VW – qui est probablement un scénario qui prépare la fermeture pure et simple de l’usine – ce fut une peine perdue.

    Les responsables syndicaux nous a expliqué minutieusement et dans les deux langues que le licenciement de 4.000 travailleurs et employés et une fermeture possible sont une vraie catastrophe et qu’on est tous dans le même merde.

    A juste titre, ils ont dit qu’on ne pouvait rien reprocher aux travailleurs et employés qui ont bien fait leur travail et ont livré à temps les voitures prévues avec les efforts d’austérité et de flexibilité demandés. L’usine belge était en 2005 la deuxième sur le plan de la productivité et de la qualité dans le groupe VW. Mais cela n’était pas suffisant pour garder notre boulot.

    Il n’y a pas eu d’évaluation de la stratégie qui a été menée les dernières années par les délégations syndicales. Une telle démarche aurait pourtant eu sa place à cette assemblée. Avons-nous assez résisté à la surenchère de la direction et des gouvernements nationaux destinée à dresser l’un contre l’autre les travailleurs de VW dans les différents pays et filiales ? N’avons-nous pas trop échangé la tradition de lutte et de solidarité internationale pour la flexibilité, les efforts d’austérité et les subventions d’Etat comme moyen de maintenir l’emploi ? N’avons-nous pas suivi de trop la logique des patrons et du gouvernement ? Fulminer maintenant contre le “nationalisme” des syndicats allemands est hypocrite. Notre gouvernement a lui-même pendant des années couvert les entreprises de cadeaux fiscaux et autres, utilisé des moyens provenant des impôts de la population pour convaincre les patrons d’investir ici et non ailleurs. Ce n’était pas du nationalisme, ça?

    A l’assemblée, les dirigeants syndicaux ont expliqué que la fermeture est le scénario le plus probable. Avec 4.000 travailleurs en moins Forest n’a probablement plus d’avenir. Pourquoi ne pas fermer toute l’entreprise en une fois ? Une prime de fermeture coûte plus cher qu’une prime de licenciements. Un scénario de fermeture en phases successives est par conséquent meilleur marché.

    Les dirigeants syndicaux ont souligné que les travailleurs sont le dindon de la farce pendant que les actionnaires vont s’enrichir encore fortement. Ils trouvaient cela très triste et avaient des difficultés de l’expliquer. Ils ont dit “Mais peut-être il y aura un peu d’espoir ?! 1.500 emplois pouvaient peut-être rester ?” avant de couler cet espoir en disant qu’il n’y a pas d’avenir pour cette usine avec 1.500 personnes. Ils faisaient sans doute référence au scénario de Ford d’il y a quelques années où 3.000 travailleurs ont perdu leur emploi mais où on embauche de nouveau depuis quelques mois. 800 ouvriers et employés ont été rembauchés par Ford. Mais dans des conditions de travail bien pires, avec des salaires plus bas,… Et on devrait être content avec cela ?

    Dans ce système néolibéral, aucun ouvrier, employé, chômeur, pensionné, étudiant,.. n’a encore de sécurité. Tout est cédé et laissé à l’arbitraire des entreprises. Une condamnation encore plus grande de la stratégie de la direction syndicale actuelle est difficile à s’imaginer. Pourtant les travailleurs et les employés du secteur de l’automobile sont parmi les mieux organisés de toute la classe ouvrière. Ils ont des syndicats forts, du moins en nombre d’affiliés, et ils occupent une position cruciale dans un des secteurs les plus rentables de l’économie. Cette puissance a été sacrifiée sans combat par le front syndical. La fermeture de Forest prouve encore une fois la faillite du syndicalisme de concertation qui n’est pas préparé à se battre.

    À la fin de l’assemblée, les responsables syndicaux ont encore fait référence à l’organisation d’un mouvement de solidarité, national et international. Bien que cela restait encore peu clair à l’assemblée, un appel a été lancé le soir même à une manifestation internationale de solidarité pour le samedi 2 décembre à Bruxelles. Selon nous, c’est une bonne chose. Un appel à la solidarité peut mettre des dizaines de milliers de gens dans la rue. Ce qui se passe aujourd’hui à Forest peut se passer demain ailleurs. Une manifestation du personnel des hôpitaux qui avait lieu à Bruxelles en même temps que l’assemblée de VW a reçu avec enthousiasme l’appel à la solidarité avec VW lancé par le Comité pour une Autre Politique (CAP) de Bruxelles. Il n’y a pas un travailleur un peu conscient en Belgique qui ne soit pas préparé à la solidarité. Mais pour faire quoi? Pour montrer notre pitié ? Cela ne peut donner qu’un peu de chaleur et de sympathie. Mais avec ce type de solidarité, rien ne pourra changer.

    Un mouvement de solidarité de travailleurs dans chaque entreprise, dans chaque ville, en Belgique et en Europe, qui exige la fin des restructurations et des profits sur leurs dos peut rendre possible un tout autre scénario. Un scénario dans lequel les ouvriers et les employés dans une entreprise comme VW sont soutenus par les ouvriers et les employés des autres entreprises, peut mettre sous pression la direction de VW – mais aussi celles d’autres entreprises – pour qu’elles ne touchent pas aux emplois et aux conditions de travail. Au lieu d’organiser une spirale vers le bas, les patrons doivent être confrontés à des travailleurs combatifs unis dans des syndicats bien organisés qui ne leur permettent pas de réaliser des profits sans que soient assurées de bonnes conditions de travail et de salaire.

    “Marx avait tort”, écrit le ‘’Financial Times’’, un journal d’affaires britannique, “la solidarité internationale ne peut pas surmonter le nationalisme syndical”. Quelle solidarité internationale? Cette solidarité nationale et internationale, dans et entre les secteurs, est bien la seule chose qui n’a pas encore été essayée ! Et c’est à cause de cela que les directions syndicales n’ont pas de réponse face à la décision de VW et qu’elles trouvent cette décision “honteuse”, non pas parce qu’on assainit pendant qu’il y a des méga-profits, mais honteuse parce qu’on licencie à Forest et non pas en Allemagne. Ce manque de réponse traduit l’impuissance engendrée par la pensée unique – celle du néolibéralisme – qui a infecté le sommet syndical. Et la base des syndicats en est la victime.

    Les direigeants syndicaux ont annoncé que la direction de VW paiera les salaires des ouvriers et des employés jusqu’à vendredi – Merci patron ! – mais que, dès lundi, elle les considérera comme en grève ! Ils ont dit que le travail ne reprendra pas avant qu’une prime de départ décente soit prévue par le patron et avant qu’une ou l’autre forme de prépension pour les 700 travailleurs de plus de 50 ans soit permise par le gouvernement. De dures heures de négociations vont suivre pour tirer le maximum de la direction de VW et pour arriver le plus tôt possible à un plan social. Ils ont promis de se battre ensemble avec les travailleurs des firmes sous-traitantes: “Nous ne pouvons pas accepter que ces travailleurs, qui ne disposent pas d’une représentation syndicale forte, restent dans le froid”. Mais aucune proposition ou promesse concrète n’a été faite. Ils ont encore ajouté qu’“ Il faut encore lutter aussi pour les 1.500 qui resteront ‘’.

    Mais beaucoup de travailleurs vont rentrer à la maison avec une solide gueule de bois. Au lieu d’impliquer les travailleurs dans les décisions et de discuter pour voir s’il y a des stratégies alternatives, les directions syndicales ont renvoyé les travailleurs à la maison avec le message de bien suivre la presse les jours qui viennent. Ils vont donc communiquer avec leurs membres à travers la presse parce que ce serait la méthode la plus rapide. ‘’Quelle démocratie syndicale !’’ penseront beaucoup – dont nous.

    Mais ce n’est pas encore fini. On a appris par la presse que l’assemblée ne s’est pas tenue dans les bâtiments de VW-Forest ni dans la salle de concert de Forest National parce que les directions syndicales craignaient le vandalisme et des émeutes. Sans doute craignaient-ils aussi une occupation de l’usine… C’est pour cela aussi qu’il n’y avait que deux porte-paroles à l’assemblée, les deux délégués principaux de la FGTB et de la CSC. Ni une participation des travailleurs ni un vote n’étaient à l’ordre du jour. Une opportunité importante pour stimuler la participation et un mouvement réel a été perdue. Mais rien n’est encore définitif. Un mécontentement profond était sensible. Un mouvement de solidarité peut lui permettre de s’exprimer et lui offrir un débouché.

    Avec le MAS/LSP, le CAP et d’autres forces, nous allons tout faire pour développer une solidarité aussi grande que possible. Un appel à la solidarité où tous les travailleurs dans toutes les entreprises et tous les services publics sont appelés à descendre dans la rue et à se battre pour le maintien de chaque emploi, pourrait bien recevoir une réponse massive. Et pourrait mettre sous pression la direction syndicale et la forcer de se tourner vers une stratégie plus offensive.

  • Augmentation de la flexibilité, réductions de charges, cadeaux fiscaux,… VW nous remercie avec 4000 licenciements

    Augmentation de la flexibilité, réductions de charges, cadeaux fiscaux, investissements sur le dos de la communauté, …

    La restructuration de VW.

    Parce qu’il y a trop de voitures produites?

    D’après ce qu’on nous dit, le marché européen aurait une capacité de production de 26,5 millions de voitures alors que le marché ne pourrait en absorber que 20,5 millions. Volkswagen ne peut pas faire appel à cet argument.

    « Volkswagen a dit que les livraisons destinées à la consommation mondiale ont augmenté durant le premier trimestre jusqu’à 1.361 millions de voitures contre 1.183 millions l’an dernier. La part de marché augmente spécialement en Allemagne et dans d’autres marchés importants en Europe occidentale. » (De Tijd, 28/04/2006).

    Parce qu’il n’y a pas de profits ?

    En 2005, VW a réalisé un profit de 1,12 milliards, ce qui équivaut au double des résultats obtenus en 2004. Les chiffres pour 2006 ne sont pas encore complets, mais malgré une cotisation unique pour les pensions de 688 millions d’euros, les profits de cette année seraient encore bien plus élevés qu’en 2005. Le chiffre d’affaires a augmenté de 7%. VW en veut toujours plus, l’objectif de ce plan de restructuration étant d’augmenter les profits jusqu’à 5,1 milliards d’euros en 2008.

    La communauté paie, l’actionnaire se remplit les poches

    En plus des 4.000 ouvriers et employés de Volkswagen qui perdent leur emploi, il faut encore compter les 8.000 emplois qui vont tomber chez les sous-traitants. Le gouvernement a dépensé notre argent afin de récompenser la direction de VW : la diminution des charges patronales, les baisses de charges pour le travail en équipe et le travail de nuit, et encore un cadeau récent pour les heures supplémentaires. En outre le gouvernement a généreusement investi 35 millions d’euros dans l’Automotive Park, sensé ancrer solidement VW en Belgique. Cette stratégie a clairement fait faillite. Le gouvernement se plaint maintenant du « nationalisme des Allemands », de «l’intérêt propre des syndicats allemands », du «manque de marché libre ». Ils oublient de mentionner qu’en Allemagne aussi 20.000 emplois sont menacés. Les dons qu’ils ont offerts aux patrons de VW, n’était-ce pas une entrave au libre marché ?

    Le gouvernement aurait mieux fait de récupérer les investissements de soutien et les baisses de charges des années précédentes afin de les réorienter vers leur but premier annoncé : le maintien de l’emploi !Des tas d’autres entreprises sont également confrontées à des restructurations. Les ouvriers et les employés de tout le pays partagent notre sort. Beaucoup d’entre eux n’attendent que d’exprimer leur solidarité et leur colère avec les travailleurs de VW.

    Après Peter Hartz, l’ancien directeur du personnel de VW, c’est maintenant au tour de Klaus Volkert, l’ancien président du CE d’être ramassé. Sur 10 ans, il aurait encaissé 1,9 millions d’euros en échange de la « paix sociale ». Moins de lobbying envers les patrons et les politiciens, et plus de participation à la base ne ferait pas de mal à la solidarité entre les travailleurs.

  • ULB : encore des solutions néolibérales au problèmes de financement !

    Face à un budget public limité, la direction de l’ULB prend une nouvelle fois des mesures libérales pour combler le manque d’argent nécessaire au développement de l’institution. Après la privatisation de nombreux services sur l’université (restaurants, foyer étudiant, service de nettoyage et maintenant la sécurité, …), l’ULB a prévu en Conseil d’administration (C.A.) de vendre une grande partie des terrains du campus de la Plaine (échéance le 31 décembre) et de privatiser les logements étudiants.

    En parallèle les autorités relance le projet d’une carte multifonctions coûteuse (plus de 500 000€ la première année puis plus de 60 000€ chaque année) et dangereuse (contrôle des accès, base de données élargies et centralisée concernant les utilisateurs). Ces mesures ne résorberont aucunement les problèmes financiers de l’ULB à long terme (une fois les terrains vendus et l’argent dépensé), et la sicafisation des logements étudiants nous fera perdre à terme la propriété de ce service aux étudiants. L’année prochaine, les problèmes seront les mêmes, allons nous devoir alors subir une nouvelle hausse du minerval ?

    En opposition à cela, un mouvement universitaire est parti en votant en Assemblée Générale (16 octobre) le rejet de ces trois projets puis en envahissant le C.A. du même jour, empêchant ainsi leur application. A la suite de cela, le mouvement a par contre était ralenti par une mauvaise direction bureaucratique incapable de convaincre et d’impliquer dans un mouvement combatif les étudiants venus en masse aux A.G. (1500 le 16, 600 le 19/10). Les A.G. non démocratiques notamment ont éloigné les étudiants des prises de décision sur la direction du mouvement et les actions à entreprendre. Il en est ressorti un essoufflement de la mobilisation et un manque de coordination entre les actions isolées. Devant une telle situation, nous avons toujours mis en avant la constitution d’un comité d’organisation ouvert à tous, capable d’organiser la lutte.

    Depuis la semaine de la Toussaint, les différentes organisations et étudiants actifs dans le mouvement se sont mis d’accord sur la composition d’un tel comité qui a été approuvé par l’A.G. du 9 novembre. De cette même A.G. plusieurs choses sont ressorties. Premièrement, une première journée de grève bloquante a été votée pour le jeudi 16 novembre. Il est important de comprendre que pour faire valoir nos revendications nous devons tous ensemble construire un rapport de force conséquent pour faire pression sur les autorités qui nous tournent le dos et attaquent nos conditions d’études et de travail sur les campus.

    Ensuite, on a pu voir que le mouvement a perdu son soutient large de la première A.G. rarement atteint dans le passé. On peut y voir ici un manque d’information sur la portée de ces attaques et sur la nécessité de lutter. Nous vivons aujourd’hui les applications des politiques néolibérales menées en Belgique mais aussi partout en Europe.

    Le décret de Bologne notamment vise à instaurer une harmonisation de l’enseignement supérieur à l’échelle de l’Europe. Derrière cette réforme c’est un enseignement voué à la rentabilité, comme un simple produit de marché, qu’on nous impose. Ce qui se traduit par une marchandisation et une compétitivité entre différentes institutions ainsi que par la privatisation des services. Dans cette optique on essaye de nous imposer une université de prestige, capable de rivaliser avec les autres universités européennes. Les dépenses inutiles comme une carte multiservices mais aussi l’évacuation des services moins rentables (-363 000€ dans le budget social de l’ULB) rentrent dans ce plan pour construire une université élitiste et prestigieuse accessible à une minorité privilégiée. L’université se formate aux demandes du marché pour satisfaire encore un peu plus les patrons capitalistes. De plus aucun parti traditionnel ne nous défendra puisqu’ils défendent tous cette vision et ces politiques néolibérales. Il nous faut donc construire un mouvement de lutte combatif capable de faire valoir nos revendications et fonder un nouveau parti des jeunes et des travailleurs, à gauche d’écolo et du PS pour défendre les intérêts de la population.

    Les étudiants ne sont pas les seuls à subir ces attaques, c’est pourquoi il nous faut élargir ce combat aux travailleurs mais aussi aux autres universités, hautes écoles et à l’ensemble des secteurs de l’enseignement. Il était urgent d’élargir les revendications du mouvement à un refinancement public de l’enseignement à 7% du PIB minimum (votée à l’A.G. du 9 novembre)! Nos revendications doivent être claires et non négociables !

    Etudiants et travailleurs ensembles pour la sauvegarde de nos acquis, pour un enseignement de qualité, gratuit, accessible à tous !

  • Analyse des élections communales. Un recul masqué de la coalition violette

    Quelques tendances principales se dégagent des élections communales et provinciales du 8 octobre. Les partis chrétiens-démocrates en sortent victorieux dans les trois régions du pays. C’est aussi le cas de l’extrême droite en Flandre et, dans une moindre mesure, en Wallonie, mais pas à Bruxelles. Le VLD et les écologistes sont en net recul, à l’une ou l’autre exception locale près. Le MR équilibre les gains et les pertes.

    Par Els Deschoemacker, Thierry Pierret et Jean Peltier

    Le SP.a progresse fortement dans les grandes villes, surtout à Anvers où il reprend au Vlaams Belang la position de premier parti. Une réussite qu’il faut néanmoins tempérer par le fait qu’il n’a pris des sièges qu’à ses partenaires de coalition, mais aucun au VB. Le PS recule significativement là où des scandales ont éclaté (Charleroi, La Louvière, Namur, Mons, Huy,…) mais il reste le principal parti en Wallonie où il maintient, voire conforte, nombre de majorités absolues.

    Les chrétiens-démocrates: retour au “bon vieux temps” de l’Etat-CVP

    Le CD&V a reconquis la majorité des cantons flamands et dépasse à nouveau la barre des 30%. Il n’avait plus engrangé une telle victoire depuis 20 ans. Du côté francophone, le CDH poursuit lui aussi sa remontée et a conquis 10 cantons de plus qu’aux élections régionales de 2004.

    Cela signifie-t-il pour autant un retour au « bon vieux temps » où la famille CVP-PSC (les anciens noms du CD&V et du CDH) était le parti-pivot de toute coalition gouvernementale grâce à une base stable dans toutes les couches de la société ? Loin de là !

    D’une part, parce qu’au fil des ans et quels que soient leurs scores électoraux, tous les partis traditionnels ont perdu de leur autorité dans la société. D ‘autre part, parce que, s’il reviennent au pouvoir national en 2007 (ce qui est probable), le CD&V et le CDH ne pourront pas compter sur une grande stabilité politique dans leur propre zone d’influence. Du côté francophone, les liens sont nettement plus distendus aujourd’hui entre la CSC et le CDH. En Flandre même, une partie des membres de la CSC ont participé aux grèves contre le Pacte des Générations du gouvernement violet, contre l’avis de la direction de la CSC et surtout contre l’avis du CD&V qui trouvait que ce pacte n’allait pas assez loin !

    En outre, tant le CD&V que la N-VA (un petit parti autonomiste flamand de droite issu de l’éclatement de la Volksunie) ont jusqu’ici tiré profit du cartel qui les unit. Mais pour combien de temps ? Le nationalisme flamand risque à terme de devenir une véritable épine dans le pied des chrétiens-démocrates flamands. Le fait qu’une majorité de petits patrons flamands prônent plus d’indépendance pour la Flandre va sans doute inciter le parti à aller plus loin dans cette direction. Une attitude qui est en porte-à-faux par rapport aux positions du CDH et surtout aux aspirations de la base syndicale comme l’a encore rappelé le congrès national de la CSC il y a quelques jours…

    La coalition violette en sursis?

    La coalition violette a perdu ces élections. Elle n’aurait plus de majorité en Flandre avec un VLD – le parti du Premier ministre – qui plafonne à 16%. Du côté francophone aussi , la violette est en recul. Si on extrapole le résultat des élections provinciales au niveau fédéral, tant le MR (-5) que le PS (-2) perdraient des sièges par rapport aux élections de 2003. La coalition libérale-socialiste passerait de 98 à 79 sièges à la Chambre en 2007, soit une majorité de seulement 4 sièges.

    La défaite globale de la violette est pourtant reléguée à l’arrière-plan par la victoire de l’une ou l’autre de ses composantes dans quelques grandes villes comme Bruxelles, Liège, Gand et surtout Anvers.

    Dans ces élections, le vote pour le moindre mal a de nouveau joué en faveur de la social-démocratie. Bien qu’ils soient les architectes et les maîtres d’oeuvre de la politique néolibérale au niveau national, PS et SP.a ont encore réussi à présenter leurs réformes antisociales comme un mal nécessaire pour préserver notre sécurité sociale ou assurer une bonne gestion communale.

    Poursuivre dans cette voie mène pourtant à une impasse. L’augmentation de la pauvreté, le bradage des services communaux, la disparition des emplois correctement payés, … ne feront que nourrir le terreau de l’extrême-droite. La seule digue qui puisse tenir contre l’extrême-droite, c’est aussi une digue contre ce genre de politique. Ces élections ont de nouveau démontré la nécessité d’une opposition de gauche sous la forme d’un nouveau parti des travailleurs.

    Flandre: un coup d’arrêt au Vlaams Belang?

    Une des principales questions de cette campagne était : le Vlaams Belang peut-il encore progresser à Anvers et arriver au pouvoir dans certaines communes flamandes ? Le verdict est tombé : le Vlaams Belang recule à Gand ainsi que dans les districts d’Anvers-Centre et de Borgerhout. Et les commentateurs de proclamer aussitôt que « un SP.a fort peut stopper la montée du VB ». Au lieu d’être vu comme l’une des causes de la marée noire montante depuis 1991, le SP.a est maintenant présenté comme le sauveur et le bourgmestre d’Anvers et ex-président du SP.a Patrick Janssens fait figure de héros !

    Qu’en est-il réellement ? Pour l’ensemble de la Flandre, le Vlaams Belang progresse de 6,6% par rapport aux élections communales de 2000. Il a augmenté d’un tiers le nombre de villes où il se présentait, passant de 459 à 794 conseillers communaux. Ce qui ne peut que renforcer l’implantation du parti. Dans ce sens, le triomphalisme ambiant est totalement déplacé.

    A Anvers, grâce à la campagne médiatique centrée sur « Patrick », le SP.a a pu présenter l’enjeu du scrutin comme un duel entre Patrick (Janssens) et Filip (Dewinter). Patrick Janssens a récolté un peu plus de 70.000 voix de préférence, Filip Dewinter un peu plus de 60.000. Le parti de Janssens a progressé de 16% et devient du même coup – mais de peu – le premier parti d’Anvers à la place du VB.

    Mais le grand soupir de soulagement à Anvers ne doit pas empêcher de voir la réalité en face : personne n’a réussi à prendre un siège au VB ! Comme Dewinter l’a fait remarquer, le SP.a a « cannibalisé » ses propres partenaires dans la coalition. Le VLD perd 5 sièges, Groen ! 4 et le CD&V 1. Le SP.a en gagne 10 avec un score de 35%.

    Pour expliquer la victoire des coalitions au pouvoir à Anvers et Gand, les commentateurs mettent en avant la « bonne gouvernance » de ces villes, et en particulier les opérations de rénovation urbaine. Mais celles-ci ont surtout été mises en oeuvre dans l’intérêt de la classe moyenne qui a réinvesti certaines portions du centre-ville au détriment de toute une population fragilisée qui y vivotait depuis des années et qui avait offert au Vlaams Blok sa première percée électorale à la fin des années ‘80 et au début des années ‘90. La composition sociale de certains quartiers a changé parce que les pauvres en ont été chassés.

    Ceci explique les progrès successifs du SP.a, le champion de la nouvelle classe moyenne et le maître d’oeuvre de ce type de « rénovation urbaine ». Mais la valeur des logements a tellement grimpé que les moins nantis ont dû quitter certains quartiers de Borgerhout et d’Anvers-Centre… pour s’établir dans les quartiers plus périphériques où le Vlaams Belang continue à se renforcer.

    Bruxelles: une politique “proche des gens”?

    A Bruxelles, le PS conforte sa position de premier parti régional qu’il avait déjà ravie au MR en 2004. C’est d’autant plus remarquable que le MR – sauf à Bruxelles-Ville où il s’effondre – et le CDH progressent également. Le PS progresse dans les grosses communes de la première ceinture comme Schaerbeek (où il fait plus que doubler son score mais où Onkelinx rate le poste de bourgmestre grâce à la nouvelle alliance entre MR et Ecolo), Molenbeek ou Anderlecht et il franchit pour la première fois la barre des 30% à Bruxelles-Ville. C’est surtout Ecolo qui fait les frais de cette progression. L’extrême-droite (FN et VB) stagne, sauf à Schaerbeek où la Liste Demol, apparentée au VB, perd la moitié de ses voix et 3 de ses 4 élus. Est-ce à dire que les politiciens bruxellois ont su rester « proches des gens et de leurs préoccupations » comme ils aiment à le dire? Rien n’est moins vrai.

    Le vote des Belges d’origine immigrée et des étrangers non européens, qui pèse lourd dans certaines communes, a certainement fait barrage à l’extrême-droite. Les partis, surtout le PS, ont joué à fond la carte du vote communautaire en ouvrant largement leurs listes à des candidats d’origine turque, marocaine et africaine. Le principal, sinon le seul critère de sélection était leur capacité à récolter des voix dans leur communauté. Nombre d’entre eux ont été élus le 8 octobre. Ils vont rapidement être associés à la politique néolibérale. Ils vont sans doute essayer d’en atténuer les effets dans leur quartier ou leur communauté en aidant leurs électeurs à surmonter individuellement les problèmes sociaux qu’ils auront contribué à créer par leur soutien à des mesures antisociales. Mais le clientélisme – ce que les politiciens appellent « être proche des gens » – se heurtera à ses limites et ceux-ci devront tôt ou tard rendre des comptes sur leur attitude au Conseil communal ou au Collège.

    Wallonie: le PS en équilibre instable

    Une marée noire était parfois annoncée le 8 octobre. Les résultats sont beaucoup plus diversifiés. Mais le lien est clair entre les résultats du PS et du FN. Dans le Hainaut, là où les scandales à répétition ont ébranlé le PS, celui-ci connaît des reculs parfois impressionnants (13% à Charleroi, 14% à La Louvière, 10% à Mons) et le FN refait une percée. Par contre, là où le PS a échappé (pour le moment ?) aux scandales, comme dans la région liégeoise, il maintient ses résultats, voire les améliore, après avoir réussi à se présenter comme le rempart contre le libéralisme agressif du MR et de Reynders. Et le FN ne perce pas (1 seul siège à Liège).

    Si le PS n’a pas été envoyé au tapis lors de ces élections, ses résultats mitigés et la reprise des inculpations (le bourgmestre de Charleroi Van Gompel en tête) minent quand même sa position tant au sein du gouvernement Verhofstadt qu’à la Région wallonne. Cela explique certainement sa volonté d’ouvrir ses majorités dans plusieurs villes au MR ou au CDH. Mais le résultat en sera immanquablement une politique encore plus néolibérale. Et un espace encore plus grand pour le développement du FN dans les prochains scrutins.

    Le PTB triple le nombre de ses sièges

    La gauche se souviendra de ces élections en raison du « décollage électoral » du Parti du Travail de Belgique. Le PTB progresse un peu partout et triple le nombre de ses sièges qui passe de 5 à 15. En Wallonie, il conserve ses 2 sièges à Herstal et en gagne 1 à Seraing et La Louvière ; par contre, il n’obtient pas de siège à Bruxelles. Mais 11 de ces 15 sièges sont gagnés par des « Médecins pour le Peuple » est révélateur. Autour de ses Maisons médicales, le PTB a construit une intervention locale et mené des actions contre les sacs-poubelles payants, pour le logement social, pour plus de facilités pour les jeunes, … qui, avec sa participation active à la lutte contre le Pacte des Générations, a pu convaincre une partie des électeurs.

    Ce résultat démontre en tout cas le potentiel pour une politique d’opposition au néolibéralisme. Un nouveau parti, défendant réellement les travailleurs et reposant sur une forte base syndicale, pourrait obtenir de tels scores dans toute la Belgique. C’est ce qui fait toute l’importance de l’initiative du Comité pour une autre politique (CAP)…

  • Un pas important a été posé vers un nouveau parti des travailleurs

    2810: entre 500 et 600 participants

    La conférence du mouvement des anciens parlementaires SP.a Jef Sleeckx et Lode Van Outrive ce 28 octobre est donc derrière nous. Ainsi un cap important est dépassé dans la construction d’un futur nouveau parti de gauche qui respecte la diversité du mouvement ouvrier et puisse parallèlement servir d’organe de lutte dans lequel s’uniront nos forces. La conférence a, à notre avis, illustré le potentiel d’une telle formation, mais nous a également forcé à regarder la réalité en face. Le 28 octobre a été une impulsion importante et prometteuse, mais rien n’est certainement encore gagné.

    Eric Byl

    Quelle réponse à l’absence d’une représentation politique?

    L’Alternative Socialiste n’a pas pour habitude de tromper le lecteur avec des rapports euphoriques, incorrects où unilatéraux. Il n’y a pas de place ici pour un journalisme de complaisance, pour des rapports « diplomatiques » où tous les dangers et problèmes sont enlevés chirurgicalement afin de n’effrayer personne. Nous invitons au contraire le lecteur à regarder avec nous les coulisses pour juger par lui-même.

    Depuis que la social-démocratie a abandonné son approbation du socialisme du bout des lèvres pour embrasser publiquement les principes du Marché « libre » et est ainsi devenue le principal acteur de la politique néo-libérale, une polémique fait rage dans la gauche sur la manière dont le mouvement ouvrier peut être représenté. L’absence d’une telle représentation permet d’ailleurs de comprendre pourquoi les syndicats n’ont pas de réponse à la « libéralisation » du marché, à la privatisation des anciens services publics, aux fermetures d’entreprises et restructurations,… Cela explique également pourquoi des travailleurs se prononcent parfois en faveur de privatisations (des prisons par exemple), ou se laissent entraîner dans la logique de division du racisme. En bref, et donc caricaturalement, mais le plus correctement possible cependant: le MAS, dans cette discussion, plaide pour un nouveau parti des travailleurs, le POS pour un regroupement de la gauche basé sur les “nouveaux mouvements sociaux”, le PTB estime être lui-même le nouveau parti des travailleurs et le Vonk (qui n’existe qu’en Flandre) trouve qu’il vaut mieux s’enterrer dans le SP.a en attendant que les travailleurs le rejoignent massivement.

    La lutte contre le Pacte des Générations a transformé cette discussion entre “spécialistes” en débat public. Le Vonk a dès lors lancé son front SP.a-Rood, le PTB s’en tient – dans l’idée que le nouveau parti des travailleurs existe depuis longtemps – au Mouvement du 15 décembre, un “courant d’opposition” dans l’appareil syndical, le MAS et le POS font partie du mouvement autour de Sleeckx et y défendent leurs positions respectives, très différentes en général. Les trois initiatives – SP.a-Rood, le Mouvement du 15 décembre et le Comité pour une Autre Politique (CAP)– sont toutes l’expression de l’absence d’une représentation politique des travailleurs, et ont chacune leurs petits succès timides, comme une série de listes de gauche au dernier scrutin. Le MAS pense que le CAP a de loin le plus grand potentiel pour remplir ce vide.

    Un grand succès!

    En ce sens, la conférence était un succès. Nos militants ont compté 500 participants dans la salle ; selon le comité organisateur ils étaient 600, bar, stands, couloirs et entrées inclus. Un nombre suffisant donc, et surtout un bon mélange de jeunes et de délégués syndicaux. La mobilisation n’avait pourtant pas été facile. Des mois ont été perdus faute d’arriver à un accord avec Une Autre Gauche (UAG) sur le contenu et la date de la conférence. Nous n’avons ainsi pas su pleinement profiter début août de l’attention de la presse. Le matériel de mobilisation, le site et surtout les réponses aux centaines d’e-mail ont aussi bien trop tardé.

    Heureusement, le MAS a repris une partie du travail et a mené sa campagne électorale dans le cadre du 28 octobre, à tel point qu’un journaliste a écrit à notre propos « il semble que pour le MAS le 28 octobre est plus important que le 8 octobre” (date des élections communales). Nous déplorons que d’autres courants au sein du CAP et d’UAG n’ont pas eu la même approche, surtout pour prendre après une attitude condescendante au vu de notre modeste résultat électoral. Résultat: 200 membres et environ 150 sympathisants et collègues de membres du MAS ont participé à la conférence. C’était aisément remarquable aux stands, au bar, aux sandwiches, à l’équipe de préparation et de nettoyage, mais malheureusement pas au nombre d’orateurs.

    Deux tendances

    Il est apparu toute la journée que deux tendances menaient un dialogue de sourds. D’une part, des expériences concrètes au sein des lieux de travail et des syndicats et des propositions de travail envers les jeunes, d’autre part des considérations académiques et techniques, des rêveries intellectuelles, de la confusion et du radotage. Ici et là, des speechs combatifs mais un peu sur le mode “écoute mes paroles, ne regarde pas mes actes”.

    C’est évidemment inévitable à ce stade du mouvement. Le nouveau mouvement attirera au début toutes sortes de gens qui n’ont nulle part d’autre où aller. Nous espérons qu’au fur et à mesure que le mouvement s’agrandira, leur impact diminuera. Résultat: dans la plupart des groupes de travail, la discussion sur les lignes de force programmatiques a été noyée par une quantité inutile de considérations techniques et académiques.

    La discussion n’a d’ailleurs pas été facilitée par la manière rigide dont toute controverse a été évitée. Le défi était grand, personne ne voulait faire éclater la conférence, et certainement pas le MAS/LSP. Mais s’il fallait pour cela éliminer toute discussion sur le programme et les structures, nous osons remettre le déroulement de la conférence en question.

    Evidemment, nous ne voulions pas d’une guerre ouverte et nous savions qu’il fallait mettre de l’eau dans notre vin. Nous ne voulions pas voter contre où même nous abstenir avec un bloc pouvant aller de 200 à 350 participants, cela aurait probablement signifié la fin du mouvement. D’où notre accord sur une résolution de compromis.

    Participation aux élections de 2007

    Le MAS-LSP voulait discuter d’un slogan central par groupe de travail et le soumettre ensuite au vote à la conférence pour élaborer un squelette de programme. Nous n’avons pas réussi à convaincre les autres et ce sont finalement des formules générales pouvant partir dans tout les sens qui sont issues des groupes de travail. Heureusement l’ambition de participer aux élections fédérales a été retenue malgré l’opposition d’individus d’UAG et du CAP. Finalement, nous avons dû accepter qu’UAG et le CAP se prononcent pour continuer à collaborer ensemble.

    Nos lecteurs savent que le MAS/LSP ne veut plus participer en Belgique francophone à UAG et veut y construire le CAP. Les divergences avec UAG concernent l’orientation de celle-ci, ses structures et sa vision de la collaboration avec le CAP. La résolution nous laisse néanmoins suffisamment d’espace pour construire le CAP dans la partie francophone du pays. Nous sommes convaincus que si UAG ne change pas ses méthodes de travail, la mort guette ce groupe. Pour l’instant, rien n’indique qu’UAG soit préparée à un tel changement.

    La concession la plus importante faite par le MAS/LSP a été d’accepter que le 28 octobre ne marque pas la fin du CAP et d’UAG et le début d’un nouveau mouvement qui élirait à la conférence une direction représentative, comme convenu à l’origine au sein du CAP. Le secrétariat d’UAG continue donc à exister, tout comme la direction « provisoire » du CAP. Ce 6 novembre, une direction ouverte commune doit évaluer la conférence et “former” une nouvelle direction. Une occasion a été ratée de donner une réelle capacité de participer aux personnes présentes.

    Mais cette conférence a finalement été un succès: le potentiel existe, le mouvement se construira, participera normalement aux élections et se dirige en principe vers un congrès démocratique, sans qu’hélas une date ne soit retenue. Jusque là, nous n’aurons ni structure démocratique, ni programme, ni même de lignes directrices ni de direction.

    Globalement c’était un rassemblement intéressant, inspirant confiance, mais la participation de travailleurs, pourtant présents en nombre, a malheureusement été fortement limitée, ce qui a fait dominer les discours intellectuels.

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