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  • Elections présidentielles en France : Sarkozy-Royal, un faux choix

    Interview d’Alex Rouillard, membre de la Gauche Révolutionnaire, organisation-soeur du Mouvement pour une Alternative Socialiste en France.

    Alternative Socialiste : En Belgique aussi, on parle beaucoup des élections présidentielles françaises. Vu d’ici, ou plutôt vu de la presse bourgeoise, on a un peu l’impression qu’il ne s’agit que d’un match Nicolas Sarkozy/ Ségolène Royal. On imagine que c’est un peu plus compliqué…

    Alex Rouillard : C’est au contraire plus simple. La france connaît un gouvernement de droite depuis plusieurs années. Une politique néo-libérale extrême a été menée qui a conduit à la résistance des jeunes et des travailleurs. dans ce contexte, il est logique qu’apparaisse une forte polarisation entre celui qui représente la continuation de cette politique et la recherche d’un ou une candidat capable de s’y opposer.

    AS : Ségolène Royal représente-t-elle cela ?

    AR : Malgré des tentatives, il n’y a pas de candidats capables de représenter les luttes passées en rassemblant autour de lui. Ségolène Royal capte l’anti-sarko mais pas par ses positions politiques. S’opposer à Sarkozy sur le terrain électoral est la question centrale de son programme.

    AS : Donc, Ségolène n’est pas assez à gauche. Mais en 2002, on avait dit la même chose de jospin et, affaiblit par l’extrême-gauche, c’est Le Pen qui est passé au second tour…

    AR : Si Jospin a fait si peu de voix en 2002, c’est parce que la politique qu’il avait menée n’était pas assez à gauche et les travailleurs ne lui ont donc pas apporté leur soutien. Le Pen a capté à l’époque une partie du mécontentement mais on a vu au second tour qu’il n’a pas plus progressé. A l’époque, l’extreme gauche a fait plus de 10 % mais n’a pas cherché à utiliser ce score pour construire une alternative. Aujoursd’hui, Royal ne se différencie pas de Jospin. La différence est que le gouvernement actuel est un gouvernement officiellement de droite qui porte donc le bilan des attaques menées ces dernières années. Ce qui manque face à ça, c’est un ou une candidate qui défendrait un programme anti-capitaliste et une perspective de rassemblement pour construire une alternative. Dans un tel cas, il ne serait pas certain qu’elle arrive à capter tout l’effet anti-Sarko, et ce ne serait pas Le Pen qui en bénéficierait.

    AS : La Gauche révolutionnaire ne se présentera pas à l’élection présidentielle.

    AR : Nous ne pouvons pas nous présenter pour une question de moyens. Nous sommes en faveur qu’un candidat rassemble les jeunes et les travailleurs contre la politique néo-libérale. Mais aucune force se réclamant de l’anti-capitalisme ou de l’anti-néo-libéralisme n’a cherché à le faire réellement. Le problème n’est pas celui d’une dispersion des voix à gauche de Ségolène, mais plutôt celui de l’absence d’une candidature qui rassemble ces voix. Elle aurait mis au centre de son action la préparation des luttes futures contre Sarkozy ou Royal. Chacun des deux au pouvoir mènera une politique d’attaques contres les acquis des travailleurs. C’est l’absence d’un nouveau parti des travailleurs qui permet à Royal et à Sarkozy d’occuper à ce point le débat politique.

    Ni la LCR (Ligue Communiste révolutionnaire), ni LO (Lutte Ouvrière) n’ont voulu d’un tel candidat. Pour autant, la question d’un maximum de voix se portant sur ceux qui sont perçus par les jeunes, les travailleurs… et les patrons comme anti-capitalistes est importante.

    AS : Vous allez donc appeler à voter pour la LCR et LO ?

    Oui, nous appellerons à voter pour eux au premier tour. En même temps, nous appellerons à transformer ce soutien électoral en un rassemblement pour les luttes futures qui vont nous opposer aux futures attaques néo-libérales du prochain gouvernement.

    Certains vont voter pour Ségolène Royal pour empêcher Sarkozy de passer. Nous comprenons largement ce souci et nous ne chercherons pas à faire le jeu de Sarko, nous ne sommes pas partisans de la politique du pire. Mais là aussi, la question centrale, quel que soit le scénario du second tour, sera de préparer les luttes des travailleurs. A travers elles il faudra défendre la nécessité d’un parti indépendant des travailleurs et des jeunes, et l’absence d’un tel organe de lutte est la grande caractéristique de ces élections.

  • Réchauffement climatique: et s’il était déjà trop tard?

    Un capitalisme écologique est-il possible?

    Les grands développements industriels sous le capitalisme se sont appuyés sur l’exploitation de ressources énergétiques non renouvelables, principalement le charbon et le pétrole, libérant quantité de gaz -dont le CO2- qui provoquent ce qui est appelé “réchauffement climatique”.

    Vincent Devaux

    Les conséquences des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre sont connues depuis des dizaines d’années. Ainsi aux USA, en 1979, le rapport Charney (du nom du météorologue du M.I.T.), commandé par le gouvernement, concluait déjà "Si les émissions de dioxyde de carbone continuent d’augmenter, le groupe d’étude ne voit aucune raison de douter que des changements climatiques en résulteront, et aucune raison de penser que ces changements seront négligeables" (1). Ce même rapport prévoyait l’augmentation de la température moyenne de la surface du globe… mais le capitalisme raisonne à court terme.

    Aujourd’hui on ne peut que constater à quel point ces experts et beaucoup d’autres avaient raison. Il est désormais admis par la grande majorité de la communauté scientifique – et même des politiciens – que le réchauffement climatique est la conséquence des activités de l’être humain et qu’il va entraîner de grands changements capables de remettre en question le bien-être de centaines de millions de personnes.

    Les effets de ce réchauffement sont multiples – réchauffement de l’atmosphère, réchauffement et acidification des océans, fonte des glaces maritimes, retrait des glaciers – et les scientifiques s’affrontent désormais pour donner une estimation de la gravité des effets et de leurs conséquences "secondaires". Dans les milieux scientifiques, on parle beaucoup de ‘rétroaction positive’, ce qui signifie que les conséquences négatives du réchauffement provoquent elles-mêmes d’autres aggravations; un peu comme en économie, les intérêts d’une dette importante amplifient la dette elle-même (l’effet "boule de neige"). Et comme le CO2 persiste des dizaines d’années dans l’atmosphère, le pire est à venir.

    Les conséquences directes pour l’homme sont d’ores et déjà importantes: modifications de la biodiversité, augmentation de maladies comme le paludisme et le choléra, famines, inondations, vagues de chaleur et de sécheresse, avancées de la désertification. Selon les perspectives de l’ONU et le récent Rapport Stern, il pourrait y avoir 50 millions de "réfugiés environnementaux" en 2010 et 200 millions en 2050 (2).

    Une prise de conscience?

    Si on suit l’actualité, on pourrait croire que les politiciens prennent désormais le problème à bras le corps (ils pourraient même le penser eux-mêmes). Le docu-film d’Al Gore, La vérité qui dérange, fait le tour du monde depuis le mois d’octobre. Du 6 au 17 novembre s’est tenue à Nairobi, capitale du Kenya, la 12e Conférence mondiale sur le réchauffement climatique et quelques jours plus tôt est sorti le Rapport Stern (3), du nom de l’ancien économiste de la Banque Mondiale, analysant en termes financiers les conséquences du réchauffement. Stern a évalué l’impact de celui-ci à 5.500 milliards d’euros d’ici 2050 et prédit que le réchauffement aura un impact comparable à celui des guerres mondiales ou à la crise économique de 1929.

    Toutes ces initiatives, si elles ont le point commun positif de populariser la problématique, ont également un point commun plus inquiétant: elles n’apportent pas de solutions à la hauteur du problème.

    Ainsi le Protocole de Kyoto, censé réduire l’émission de CO2 au niveau international, n’a, malgré ses objectifs limités, été ratifié ni par les USA qui sont le plus grand pollueur de la planète (4), ni par l’Australie. Le Canada – qui a augmenté ses rejets de CO2 de 30 % – parle de se désengager, la Russie ne doit le respect des normes qu’à l’effondrement de son économie après 1991. Beaucoup de pays occidentaux continuent à polluer plus qu’autorisé par Kyoto en "rachetant" des volumes de CO2 aux pays moins industrialisés.

    Les pays les plus pauvres attendent des mécanismes de solidarité de financement des pays riches qui n’arrivent pas (le cas de l’Afrique est flagrant). Les solutions – d’inspiration néo-libérale et néo-coloniale – comme les "quotas de CO2" et les "puits de carbone" sont douteuses et contre-productives. Ainsi le système consistant à faire payer par les pays industrialisés le financement de "plantations industrielles" dans les pays du Sud comme puits de carbone retarde la prise de décisions pour réduire l’émission de CO2 dans ces pays industrialisés; de plus, on ne fait qu’exporter le problème du rejet massif de carbone puisqu’un jour ou l’autre, le carbone accumulé dans ces végétaux sera libéré.

    Le nucléaire proposé comme alternative…

    Le protocole de Kyoto est désormais aussi utilisé comme prétexte pour justifier la construction de nouvelles centrales nucléaires, comme "seule alternative crédible au pétrole". Marc Verwilghen, ministre de l’énergie, s’appuie en cela sur le rapport de la commission "Energie 2030", commandé par ses soins sur les besoins énergétiques en Belgique. Ce rapport estime que "la Belgique devrait (…) garder l’option nucléaire ouverte et reconsidérer la fermeture des centrales" (5). Ce type de solution serait du goût du président de la Fédération des patrons d’industrie technologique Agoria et du groupe Umicore, Thomas Leysen, à la recherche d’énergie soit-disant bon marché. Ce n’est pourtant là qu’une manière d’échapper à bon compte à la vraie question qui est celle de financer la recherche et le développement d’énergies renouvelables. Car si on ne met actuellement pas de moyens conséquents permettant d’améliorer leur efficacité et ainsi d’assurer leur généralisation, c’est parce que beaucoup de ces moyens partent vers la recherche nucléaire, en dépit notamment des dangers que représentent les déchets nucléaires pour les générations futures.

    Au cours des 20 dernières années, les Etats membres de l’OCDE ont versé 160 milliards de dollars de subventions au secteur nucléaire rien que pour la recherche et le développement, et il faut à cela ajouter le coût du traitement des déchets et la sécurité. De plus, le projet de fusion nucléaire ne serait fonctionnel au plus tôt que dans…50 ans. De nombreuses questions seraient aujourd’hui résolues si l’argent consacré au nucléaire avait été utilisé en vue d’une politique durable pour développer des énergies respectueuses du cadre de vie des gens. Mais une telle orientation paraît douteuse dans la société de marché.

    Hypocrisie et "solutions" à court terme

    Celui qui apparaît actuellement sur les écrans comme le porte-drapeau de la cause environnementale – Al Gore – est à l’image des limites du système: n’avait-il pas – lorsqu’il était le vice-président de Clinton dans les années ’90 – autorisé le déversement de dioxine dans les océans, et conclut l’ALENA (6) qui définit les réglementations sur l’environnement comme des "distorsions de marché" illégales relevant des tribunaux (7)? Pourrait-il appliquer un programme environnemental radical en étant élu avec l’argent du secteur pétrolier? Pour paraphraser le théoricien socialiste allemand Engels (8), parlant du problème de l’hygiène dans les villes industrielles au siècle dernier, et qui vaut également aujourd’hui sur la question de l’énergie: la bourgeoisie n’a qu’une méthode pour résoudre la question de l’environnement à sa manière, c’est de la résoudre de manière que la solution engendre toujours à nouveau la question… La réponse de la bourgeoisie aux problèmes dans le mode de production capitaliste ne les élimine pas mais se contente de… les déplacer!

    Tant qu’une société permettra que les grandes orientations énergétiques soient aux mains d’actionnaires ne pensant qu’en termes de profits immédiats, dans un système basé sur la concurrence à outrance, nous perdrons du temps et nous aggraverons la situation. Les solutions doivent être trouvées afin de résoudre les problèmes environnementaux ET les problèmes sociaux et non pas les uns aux dépens des autres.

    Un processus transformant radicalement la manière d’utiliser l’énergie ne peut émerger que par la prise du contrôle de la société par les travailleurs conscients des problèmes, au travers de mouvements de luttes sociales et environnementales de plus en plus larges. Et cela en remettant le secteur énergétique, y compris les connaissances et des brevets en matière d’énergie durable, sous le contrôle des travailleurs.

    Ces mouvements vont s’amplifier de plus en plus et ils ne seront pas en reste dans les pays du Sud qui sont confrontés de manière plus aiguë au problème. Notre tâche est d’aller vers ces mouvements et d’y intervenir en défendant une solution socialiste. Cela implique de tisser des liens entre les mouvements environnementaux et les mouvements sociaux et de cristalliser ces luttes au sein de larges partis des travailleurs reprenant les revendications environnementales et se donnant les moyens d’abolir le mode de production capitaliste.


    1. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The New Yorker " Dans l’arctique en plein dégel ".
    2. Le Soir, 18-19/11/06, " Une vague de réfugiés environnementaux "
    3. http://www.hm-treasury.gov.uk/independent_reviews/stern_review_economics_climate_change/stern_review_report.cfm
    4. Avec 5 % de la population mondiale, les USA rejettent 25 % du total mondial de CO2
    5. Le Soir, " Le nucléaire resurgit ", jeudi 16 novembre 2006
    6. Accord de Libre-Echange Nord Américain, conclu entre les USA, le Canada et le Mexique
    7. Courrier International Hors série " Trop Chaud ": d’après un article de The Independant , juin 2006
    8. La Question du logement, Friedrich Engels
  • Se prostituer pour payer ses études?

    Quel avenir nous prépare-t-on?

    En France, selon les chiffres de l’Observatoire de la Vie Etudiante (OVE), 40.000 étudiant(e)s se prostituent pour payer les frais liés à leurs études (droits d’inscription, photocopies et syllabi, logement, transport,…) ! Un(e) étudiant(e) sur 57 ! Et ce chiffre est en-dessous de la réalité, nombreux sont ceux et celles qui n’osent pas le déclarer…

    Boris Malarme

    La politique néolibérale menée par les derniers gouvernements de droite comme de « gauche» ont appauvri une grande partie de la jeunesse. Toujours selon l’OVE, en France, 225.000 étudiants ont des difficultés à payer leurs études, 100.000 vivent sous le seuil de pauvreté et 45.000 d’entre eux vivent dans une situation d’extrême pauvreté.

    Vu la hausse énorme des loyers, le logement est la part du budget des étudiants qui a le plus augmenté. Pendant ce temps, le montant des bourses n’a, lui, pas bougé… L’accès réel aux études supérieures devient de plus en plus difficile. Un étudiant français sur deux se voit donc forcé de travailler pendant l’année à côté de ses études et la moitié des autres travaille durant ses vacances. Autant de temps qui ne peut être consacré à étudier et qui handicape la réussite.

    Un petit boulot de quelques heures par semaine n’est aujourd’hui plus suffisant

    En comparaison des petits jobs qui emploient la plus grande partie de la main d’oeuvre étudiante, l’industrie du sexe est plus attractive financièrement.

    De plus en plus d’étudiant(e)s, pour être à même de réussir leurs études, sont donc obligés de vendre leur corps dans des bars à hôtesses, des agences d’escort-girl, par annonces sur internet, en posant pour des photos pornographiques ou des webcam, en faisant le ménage en sous-vêtements, ou simplement en faisant le trottoir des grandes villes de France.

    Mais croire que ce processus est limité à la France serait une erreur. Il ne réflète que la situation qui se développe dans toute l’Europe. Aucune donnée n’est disponible pour la Belgique, mais l’exploitation, par l’industrie du sexe, d’étudiants confrontés aux mêmes problèmes ne fait pas de doute.

    Une étude récente de l’université anglaise de Kingston illustre les liens entre augmentation des frais d’inscription et prostitution. De 1998 à aujourd’hui, le nombre d’étudiantes forcées à recourir à l’industrie du sexe a doublé en Angleterre pendant que les droits d’inscription ont triplé (aujourd’hui 4.500 € par an en moyenne).

    Plusieurs personnalités issues du corps académique des universités francophones en Belgique, comme le recteur de l’UCL ou l’assistant de l’ancien recteur de l’ULB, ont déclaré récemment vouloir briser le plafond du minerval (aujourd’hui plafonné à 778€).

    Ils préparent ainsi consciemment l’opinion à une hausse de celui-ci, pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros ! Selon l’UCL, les frais pour une année d’études sont de 9.278 € en moyenne, ce qui correspond à près de 200 services de ménages en petites culottes. Mais qu’à l’avenir un plus grand nombre d’étudiant(e)s soient littéralement poussés à se vendre si les minervals augmentent n’émeut guère les recteurs, les patrons et leurs politiciens.

    Le Mouvement pour une Alternative Socialiste et Etudiants de Gauche Actifs défendent l’idée d’un salaire étudiant suffisant afin que chacun puisse étudier. Cela mettrait fin au recours à des solutions individuelles extrêmes comme la prostitution.


    Pour en savoir plus

  • Politiciens, vous êtes tous conservateurs! Pourquoi le cacher?

    Le nouveau jeu à la mode parmi les politiciens est de traiter le plus souvent possible ses opposants de "conservateurs" en se présentant soi-même comme un grand "progressiste". La médaille du plus culotté revient sans aucun doute à Bart Somers. Après la lourde défaite du VLD aux élections communales, le président des libéraux flamands a annoncé un grand tournant. Fini d’essayer d’aller pêcher dans l’étang des électeurs du Vlaams Blok: l’avenir est désormais au centre et au "progressisme".

    Anja Deschoemacker

    Il s’agit maintenant de montrer que le VLD est le parti des" réformes" et donc du "progrès". Pourtant, le contenu des nouvelles propositions – limitation des allocations de chômage dans le temps, abolition de l’impôt progressif selon le revenu,… – reste exactement le même qu’avant. Mais l’étiquette sur l’emballage a changé, donc tout est changé…

    Côté francophone, les libéraux attaquent de plus en plus souvent le "conservatisme" du PS et surtout de la FGTB qui freineraient les "réformes" du marché du travail et de la sécurité sociale. Car pour les libéraux, s’opposer, même timidement, aux "progrès" de l’arbitraire patronal et vouloir défendre les salaires et les allocations, c’est faire preuve d’un effroyable "conservatisme". Et quand il est trop difficile de s’en prendre ouvertement aux syndicats d’ici, on cherche des "conservateurs" ailleurs, comme l’a fait la bourgmestre MR de Forest, Corine de Parmentier, qui a osé dire que "ceux qui ont lâché les travailleurs belges, c’est le syndicat ouvrier allemand". Comme si c’étaient les syndicats allemands qui licenciaient et pas des patrons multinationaux…

    Face à eux, Di Rupo a facile de dénoncer à propos de VW, "les conservateurs, les partis de droite qui partout dans le monde empêchent la régulation de l’économie". Ce n’est évidemment pas faux, mais c’est un peu court. Car, quelques jours avant, la grande majorité des députés socialistes du Parlement européen ont voté en faveur de la directive Bolkestein "nouvelle mouture" qui libéralise une grande partie des services. Et, chez nous, il est bien plus facile de citer vingt mesures de cadeaux au patronat votées par le PS que d’en citer UNE SEULE qui limiterait la toute-puissance des sociétés multinationales comme VW.

    Si le PS, le SP.a et les sommets syndicaux avaient réellement une stratégie pour conserver nos acquis sociaux, ils mettraient en avant une véritable lutte pour conserver l’emploi à VW au lieu de limiter la perspective à négocier un "plan social" un peu moins maigre que ce que souhaite la direction de l’entreprise.

    Le petit jeu des politiciens n’a rien à voir avec la réalité. Sous des formes variées, tous les partis établis mènent bel et bien une même politique conservatrice. Ce qu’ils veulent, ce n’est pas "rénover" la société mais lui faire faire marche arrière. Pour eux, le "problème" en Belgique n’est pas la pauvreté croissante, le chômage massif et les fins de mois difficiles de tant de gens, mais le fait que le patronat n’a pas encore assez les mains libres pour détricoter la protection sociale que les travailleurs avaient réussi à conquérir au fil des ans et des luttes.

    Ceux qui veulent une alternative vraiment progressiste pour les élections qui viennent, nous les invitons à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.

  • Négociations salariales. Recul ou progrès ?

    Le 13 novembre, les partenaires sociaux ont commencé les négociations pour fixer la ‘norme salariale’ des deux prochaines années, c’est à dire l’augmentation maximale de nos salaires. Sera-ce un pas en avant, oui ou non?

    Geert Cool

    Les managers américains…

    Aux Etats-Unis, les salaires du 0,01% des travailleurs les mieux payés (qui sont en fait des managers) a connu une croissance de 617% entre 1996 et 2001, et pour le 0,1% de veinards les mieux rétribués, l’augmentation est « seulement » de 256%.

    Autre donnée intéressante, en 2005, un patron américain gagnait 10,5 millions de dollars par an, soit 369 salaires moyens d’ouvrier. En 1993, il s’agissait « seulement » de l’équivalent de 131 salaires, et en 1976, de 36!

    Qui gagne, qui perd?

    Les salaires des dirigeants des entreprises reprises dans l’indice boursier bege BEL-20 ont augmenté de 12% en une année seulement, de 2004 et 2005.

    Mais le Conseil Central de l’Economie (CCE) a pourtant dû avouer qu’en général le pouvoir d’achat réel des Belges a reculé de 1,3% au cours de chacune des quatre dernières années, notamment parce que certains produits ont été sortis de l’index, qui reflète donc moins la réalité. Une étude du Centre de Recherche et d’Information des Organisations de Consommateurs (CRIOC) dit même que le déclin du pouvoir d’achat a été en fait annuellement de 3%.

    Vers un accord interprofessionnel (AIP)?

    L’AIP est un accord général négocié tous les deux ans entre syndicats et patronat. Il traite entre autres des salaires et des conditions de travail des deux millions d’employés du secteur privé mais il concerne également les allocations sociales. De tels accord interprofessionnels sont conclus depuis le début des années ‘60. Il est toutefois frappant de constater que, depuis qu’une norme salariale (un plafond d’augmentation salariale à ne pas dépasser) a été imposée, la hausse autorisée des salaires a diminué (de 6,1% en 1997-1998 jusqu’à 4,5% en 2005-2006).

    Le CCE présente cette fois une norme salariale de 5,5%, supérieure à la norme salariale précédente. Pourquoi? Une raison importante est la montée de l’inflation (la hausse des prix et du coût de la vie) qui devrait être de l’ordre de 3,9% selon les prévisions pour les années 2007-2008. Cette inflation doit être déduite de la norme salariale.

    La Fédération des Entreprises de Belgique (l’organisation du patronat) affirme de son côté qu’il faudrait plutôt établir une norme salariale de 4,4%, les salaires belges ayant augmenté de 4,7%, plus rapidement donc (de 1,1%) que dans les pays voisins. Une spirale négative devrait par conséquent être entamée. Futur argument pour organiser des coupes budgétaires dans les pays voisins ?

    En fait, les salaires français et néerlandais ont connu une augmentation supérieure aux belges et ce sont surtout les salaires allemands qui augmentent moins vite que l’indice, ce qui traduit un véritable déclin concret pour les travailleurs et leurs familles de ce pays. Cela n’est pas une surprise quand on se rappelle les 250.000 manifestants qui ont défilé fin octobre contre la politique gouvernementale de la chancelière allemande Merkel. Le gouvernement de celle-ci veut même faire grimper l’âge de la retraite à 67 ans. Et c’est ce genre de politique qui nous attend si aucune résistance ne bloque les désirs du patronat.

    Comment les futures attaques seront-elles organisées?

    Les déclarations des cercles patronaux n’ont pas manqué ces dernières années pour réclamer que quelque chose soit fait à propos de l’index. Car une adaptation automatique des salaires à l’augmentation des prix, même partielle et faussée, dérange profondément les patrons.

    Cet indice a pourtant déjà été trafiqué. L’essence, par exemple, n’est plus prise en compte. L’impact des loyers est également sous-évalué : il ne compte que pour 6,2% dans le chiffrage de l’index alors que la majorité des familles bruxelloises consacrent plus de 30% de leur budget au logement et qu’en Wallonie et en Flandre, la moitié des locataires dépense plus de 20% de leurs revenus pour ce poste.

    Pourtant, pour la FEB, la suppression de l’index serait la «meilleure solution». Pour faciliter les attaques contre nos salaires, très certainement. Mais le patronat sait qu’il doit se montrer prudent. Il a, lui aussi, tiré les leçons du mouvement contre le Pacte des Générations. Avant de toucher à l’index, le patronat préfère lancer des attaques indirectes qui susciteront moins de remous.

    Les accords “all-in”

    La solution selon le patronat? Des accords par secteurs qui seraient autant de digues contre l’augmentation de l’index. Actuellement, 516.000 travailleurs (un cinquième du total) sont déjà sous une réglementation « all-in » ou des variantes de ceux-ci, comme les accords-solde.

    En voici quelques possibilités:

    – Supprimer une partie de l’augmentation salariale accordée quand l’index augmente « trop », comme cela existe déjà dans le secteur du métal.

    – Fixer un maximum général d’augmentation comprenant l’indexation, ce qui signifie que l’indexation est neutralisée si une augmentation trop forte se produit. Un tel type d’accord a été appliqué en octobre 2006 dans le secteur de la construction.

    – Arriver à un accord qui dit que les fortes augmentations seront réglées plus tard, dans des accords sectoriels.

    Quel est le problème avec nos salaires ?

    Si nous examinons les bénéfices des entreprises, on ne croirait pas qu’il y a tant de problèmes. Durant les seuls 9 premiers mois de 2006, Fortis a réalisé autant de bénéfices qu’en 2005, soit 3,6 milliards d’euros. Un cas isolé ? Certainement pas ! Ces 5 dernières années, les bénéfices des entreprises côtées en Bourse ont augmenté de 41%…

    De plus, la productivité des travailleurs belges augmente plus rapidement que leurs salaires. Pour la période 2003-2004, la productivité d’un travailleur en Belgique a augmenté de 3,1% et les coûts salariaux par unité produite de 1,4%. On produit davantage, mais si c’est invisible sur nos fiches de paie, cela se voit dans les bénéfices supplémentaires que le patronat accapare.

    Une autre façon d’augmenter les bénéfices est de réduire les contributions «patronales» à la sécurité sociale (en réalité, la part indirecte de nos salaires). Chaque année, la hotte de Saint-Nicolas pour les patrons se remplit un peu plus:

    • 2000 : 2.964.200.000 €
    • 2001 : 3.487.200.000 €
    • 2002 : 3.579.200.000 €
    • 2003 : 3.749.800.000 €
    • 2004 : 4.604.300.000 €
    • 2005 : 5.279.600.000 €
    • 2006 : 5.415.100.000 €

    Quel réponse syndicale?

    La position des sommets syndicaux semble très modérée et fait suite à la convention conclue avec le patronat en septembre, par laquelle les allocations ont été faiblement augmentées en contrepartie de nouvelles baisses de charges (entre autres sur les heures supplémentaires et le travail en équipes). A cette occasion, on s’est aussi pu se rendre compte que les directions syndicales avaient accepté l’idée patronale selon laquelle nos salaires ne peuvent augmenter trop fortement par rapport aux pays voisins. Aucune réaction n’est venue de leur part face aux déclarations des patrons.

    La base syndicale suivera-t-elle ses sommets ? Le mouvement contre le Pacte des Générations a démontré que la base ne suit pas nécessairement sa direction et ose parfois même s’y opposer : 58.000 membres de la CSC ont ainsi participé à la grève du 7 octobre 2005 alors que leur direction avait dépensé 140.000 euros pour la campagne «10 raisons pour ne pas faire grève ».

    Face aux propositions et exigences patronales, il faut construire un mouvement unifié et puissant, ce qui ne saurait être le cas en faisant systématiquement des concessions au patronat. Construisons un rapport de forces ! La base syndicale doit être informée et organisée pour plus tard pouvoir passer aux mobilisations. Un programme répondant aux préoccupations des travailleurs et de leurs familles renforcerait ce processus.

    • Non à la spirale négative de nos salaires ! Face à la concurrence pour la plus grande baisse du pouvoir d’achat en Europe, nous mettons en avant la nécessité d’une lutte commune pour augmenter réellement nos salaires
    • Non aux attaques contre l’index ! Pour un rétablissement complet de l’index, un index qui corresponde à la réalité
    • Non aux attaques indirectes contre l’index (accords all-in et autre)!
    • Pour une augmentation des salaires et des allocations sociales !
    • Pour un rythme de travail viable : non à l’augmentation de la flexibilité !
    • Pour une redistribution du travail au lieu du chômage ! Diminution du temps de travail, 32 heures de travail par semaine avec embauche compensatoire et sans perte de salaire !
  • Des profits augmentés de 50,6% en 2005: ET NOS SALAIRES?!

    Le magazine Trends/Tendances a publié un rapport sur les résultats des 30.000 plus grandes entreprises belges en 2005 duquel quelques données intéressantes émergent. Le drame social ayant percuté de plein fouet le plus grand nombre de travailleurs s’est joué à La Poste. Le même gouvernement qui se déclarait « choqué » par VW-Forest a envoyé 2.255 travailleurs de La Poste à la casse en 2005. Au même moment, La Poste est devenue championne dans la catégorie « utilisation d’intérimaires ».

    Geert Cool

    Rien ne doit être espéré de ce gouvernement pour mener la lutte contre la flexibilisation et les pertes d’emploi. La réalité qui se cache derrière le terme de libéralisation est aussi apparue au grand jour : appliquée au marché postal, libéralisation a signifié : attaques contre les travailleurs (avec, entre autres, Géoroute) et contre les consommateurs (avec une croissance du prix des timbres).

    Les chiffres de Trends/Tendances contribuent à faire tomber les masques.

    Avec 34.586 travailleurs en 2005, La Poste est le plus important employeur (la SCNB étant scindée en différentes entreprises). En même temps, 1,01 millions d’heures sont prestées par des intérimaires. L’idée selon laquelle les travailleurs des services publics n’ont que des statuts fixes n’a plus de base réelle. Officiellement, le travail intérimaire est une exception, comme pour des périodes d’augmentation temporaire de la masse de travail. C’est en réalité plutôt la règle que l’exception. En 2005, le nombre d’heures effectuées par des intérimaires à La Poste a connu une croissance de 116% comparé à l’année précédente. La Poste a explosé la moyenne : dans les 30.000 plus grandes entreprises, le nombre d’heures prestées par des intérimaires a augmenté de 8,7%…

    Augmentation des profits…

    Les grandes entreprises n’ont aucune raison de se plaindre de 2005. La récolte a été fructueuse. Le volume des affaires traitées a augmenté de 9,3% pour atteindre 533 milliards d’euros tandis que les profits ont augmenté de 50,6% pour atteindre 39,6 milliards d’euros ! Malgré cette croissance vertigineuse de son argent de poche, le patronat affirme que les salaires sont trop élevés. Les attaques contre nos salaires ont comme seul but d’encore plus augmenter les profits réalisés : le travail intérimaire est meilleur marché, mais des attaques plus directes sur nos salaires sont encore désirées par nos exploiteurs.

    A Volkswagen cette attaque est très franche et la direction veut l’acheter par des primes de départ élevées. Beaucoup de travailleurs acceptent ces primes : pourquoi travailler plus longtemps à un rythme déjà fort soutenu quand il y a possibilité de partir avec une bonne prime ?

    Cette monstrueuse attaque est reconnue par le dirigeant pensionné de la FGTB Xavier Verboven qui déclarait dans un journal Flamand : « La situation peut être comparée avec les licenciements à Ford Genk il y a quelques années. Après-coup, ils ont engagé d’autres travailleurs meilleurs marché. Je pense que la même chose va arriver à VW. » 

    Le fil rouge de l’année 2005 a donc été une forte augmentation des profits, entre autres sur base d’une attaque contre les conditions de travail et les salaires. Les services publics sont parmi les plus visées, il est temps d’une autre politique !

     … mais la pauvreté augmente aussi !

    Les travailleurs connaissent aussi une augmentation … de la pauvreté ! D’après les chiffres du Conseil Central de l’Economie (CCE), 9% des travailleurs allemands sont pauvres. Plus de 4 millions d’Allemands n’ont qu’un «mini job». Est-cela que les patrons belges veulent nous donner comme futur en échange de leur avenir, doré à nos dépends?

    La croissance des profits et de la pauvreté va de pair. Si 2% de la population mondiale contrôle 50% de toutes les richesses et que le 1% le plus riche possède presque 40% de la richesse, au-même moment, 1 enfant sur 6 connait la pauvreté en Belgique.

    Le nombre d’enfants dans cette situation dans notre pays a augmenté de 12% en 2001 à 17% aujourd’hui… Et demain ?

  • Communautaire : Cet article, lui, n’est pas une fiction…

    Ce mercredi 13 décembre, en soirée, la RTBF a réussi à faire croire à 89% des téléspectateurs (d’après un sondage effectué en cours de soirée) que le Parlement flamand venait de voter l’indépendance de la Flandre. La crédibilité de cette annonce se base sur un mythe relayé depuis longtemps par les partis politiques traditionnels et les médias: tous les flamands sont des flamingants (voire, parfois, de méchants nationalistes racistes).

    Stéphane Delcros

    Sous couvert d’humour, les «reportages» de la télévision «publique» francophone lors de l’émission spéciale qui a relayé l’intox étaient clairement orientés : un rassemblement de flamands au Sportpaleis d’Anvers acclamant la sécession, des manifestations de joies colorées de jaune et frappées d’un lion noir,… Les journalistes ont été jusqu’à poster, devant le Parlement flamand, des figurants venus applaudir la décision. Il ont très vite été rejoins par des militants flamingants, mais des vrais cette fois…

    S’il est vrai qu’il existe des nationalistes et des fanatiques (voire les deux en un) en Flandre (comme partout d’ailleurs), il est beaucoup moins vrai de dire qu’ils représentent la majorité des travailleurs et des jeunes. Comme en témoignent de récents sondages, la population flamande, en grande majorité (tout comme la francophone), se fout complètement du soi-disant important dossier de la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Halle-Vilvorde. Dans les faits, les dossiers communautaires suscitent peu d’intérêt chez les travailleurs, qui se rendent de plus en plus compte que l’existence de ces problèmes ne sert qu’à masquer le programme de démantèlement social prévu par les partis politiques traditionnels (du nord comme du sud). Les sondages démontrent au contraire que les sujets qui intéressent le plus les flamands sont ceux de l’emploi, de la sécurité sociale et du logement, et même que 84% de flamands et 92% de francophones sont pour le maintien de la Belgique.

    En laissant traîner ses oreilles, on entend fréquemment parler des wallons fainéants qui volent l’argent des flamands, ou des flamands génétiquement égoïstes. Il ne s’agit que d’un reflet déformé du mécontentement que vit une population aux prises avec une société qui n’est pas orientée vers son intérêt. Les médias et les politiciens traditionnels surfent d’ailleurs habillement et avec enthousiasme sur ce sentiment.

    Le fait que le Vlaams Belang soit présenté en Flandre comme un parti comme les autres, voire comme le seul à ne pas être mouillé dans la politique antisociale d’un gouvernement (tout simplement faute d’occasion), n’est pas étranger à l’impression de montée en puissance du flamingantisme. Une autre raison réside aussi dans le fait que des partis comme la N-VA sont très médiatisés, bien qu’ils ne représentent pas grand-chose. Cette organisation est issue de l’éclatement de la Volksunie, incapable en son temps d’adapter son discours et sa pratique à la situation réelle : la Flandre est loin d’être la région la plus pauvre de Belgique et la domination francophone sur les flamands n’existe plus. Aujourd’hui, la N-VA ne peut plus survivre sans le CD&V surtout si elle veut intégrer le prochain gouvernement. C’est d’ailleurs pour «sauvegarder» ce cartel que l’aventurier ex-VLD Jean-Marie Dedecker (ancien Judoka et politicien de droite «musclé») a été exclu de ce parti nationaliste juste après l’avoir rejoins.

    Le Mouvement Ouvrier Chrétien a toujours rejeté ce cartel, preuve que les travailleurs flamands s’inquiètent peu des questions communautaires, mais beaucoup des questions sociales. Depuis le début de «l’alliance», il a multiplié les avertissements à son allié politique traditionnel. Il est vrai que, au contraire du CD&V qui parvient encore à «emballer» socialement son programme néolibéral, la N-VA ne cache absolument pas sa politique droitière.

    L’image mise en avant dans une émission comme celle de la RTBF est loin d’être une réalité. Ce n’est pas parce que les parlementaires flamands ont, en grande majorité, des discours nationalistes que les travailleurs (même s’ils ont voté pour eux) le sont forcément. En 2005, aucun parti parlementaire n’a défendu les droits des travailleurs face aux propositions du «Pacte des Générations». Peut-on en conclure que tous les travailleurs flamands étaient pour ce Pacte? Les piquets de grèves et la rue ont démontré le contraire, et les travailleurs flamands, bruxellois et wallons marchaient ensemble contre le gouvernement. Si les travailleurs continuent, encore aujourd’hui, à voter pour ces partis, ce n’est pas pour leur programme socio-économique (et encore moins pour leur programme communautaire), mais parce qu’il n’y a rien d’autre.

    Ainsi prise dans son contexte, l’émission spéciale de la RTBF de ce mercredi soir, volontairement ou pas, s’inscrit dans un climat de renforcement du «front politique francophone» en vue des négociations pour la prochaine réforme de l’Etat en 2007.

    Grâce à ces négociations, les partis traditionnels, qu’ils soient francophones ou flamands, tenteront à nouveaux de tromper TOUS les travailleurs en leurs faisant avaler la tartine d’austérité sous une couche de communautarisme aussi épaisse que possible. Ce ne sont ni les francophones, ni les flamands qu’ils défendent, mais bien les patrons, quelques soient leurs langues.

  • Des primes de départ jusqu’à 144.000 euro. VW: la direction achète la lutte, mais la pilule reste amère

    Plus de 1.200 travailleurs de VW ont décidé de quitter “volontairement” l’entreprise en échange d’une prime de départ exceptionnelle. Ainsi, le chant du cygne de VW à Forest, une des rares icônes restante du syndicalisme de combat, semble avoir commencé. Apparemment, les 1.500 primes de départ que VW veut bien accepter seront facilement dépassés les jours prochains. La hauteur des primes est due aux traditions de lutte au sein de l’entreprise.

    Eric Byl

    Mais il est regrettable d’avoir misé si tôt sur des primes de départ avant qu’il n’y ait de clarté sur l’avenir de l’entreprise et sans que le sort des nombreux emplois perdus chez les sous-traitants ne soit réglé. Voici une analyse critique et quelques suggestions pour l’avenir.

    Une réaction compréhensible

    La réaction de beaucoup de travailleurs n’est pas une surprise. Ces dernières années, les conditions de travail à VW sont devenues intenables et, de plus, l’avenir de l’entreprise reste incertain. Les larmes de crocodiles des dirigeants nationaux des syndicats n’ont pas été de nature à convaincre les travailleurs qu’ils allaient se battre de façon conséquente pour chaque emplois. Ne parlons même pas d’une mobilisation de l’ensemble de la classe ouvrière Belge…

    Le fait que l’assemblée du personnel du 22 novembre s’est terminée en renvoyant tout le monde chez eux avec le message qu’ils seraient informés par les médias était déjà un mauvais signe. L’absence totale de mots d’ordre à la fin de la manifestation de solidarité internationale du 2 décembre a confirmé le soupçon que la lutte pour chaque emplois était exclue avec de tels dirigeants. Qui peut reprocher dans ces conditions aux travailleurs de choisir la moindre douleur? Quelques dizaines de travailleurs nous ont expliqué pourquoi ils ont finalement signé.

    Bruno: “Cela fait 18 ans que je travaille à VW, la prime s’elève dans mon cas à environ 100.000 € brut. Même si après les taxes il n’en restera que 50.000 €, je devrais encore épargner pendant 20 ans 250 € chaque mois pour y arriver. Je considère comme exclu que VW puisse tenir encore 20 ans ici.” Son collègue, qui à 26 années de travail à VW déclare: “Je suis au maximum, je plains ceux qui vont rester, car ils vont souffrir.” Au café Le Cox, en face de l’usine, ceux qui n’ont pas (encore) signé font figure d’exception. Les travailleurs ont fait la part des choses, et ils savent compter, “ici vous voyez beaucoup d’argent”, nous raconte l’un d’entre-eux en souriant pendant qu’il regarde autour de lui “6 millions de franc belges, 4 millions, 3 millions, encore une fois 3 millions, 2 millions, et moi 4 millions”. L’ironie ne nous a pas échappé.

    Fermeture où scénario bien élaboré ?

    Ceci confirme ce que Jacques Guilmot nous avait raconté dans le bus de solidarité du Comité pour une Autre Politique (CAP) garé au picket. Jacques est un de ces délégués exemplaires qui jadis ont essayé de construire le caractère combatif de VW à Forest. Il avait abandonné son mandat syndical et retravaillait de nouveau à la chaîne ces dernières années, “afin de renforcer le contact avec la base”. Il le faisait parce qu’il “savait que des choses allaient se passer et que les délégués puisent leurs forces des travailleurs mêmes”. A VW, il y a environs 60 permanents syndicaux, le résultat d’accords dans l’industrie automobile, avec comme effet néfaste qu’un fossé s’est creusé entre beaucoup de délégués et la base.

    Jacques nous a raconté que selon lui VW n’avait pas du tout l’intention de fermer le site, mais de transformer l’usine à Forest “en modèle en termes d’assainissements sur les salaires et les conditions de travail”. C’est justement ce qui est sur table: allongement du temps de travail et au moins 20% d’économies sur les coûts salariaux. En attendant la possibilité d’attribuer la production de l’Audi A1 qui n’est encore qu’au stade de la table à desssin, trois scénarios sont mis en avant: plus de Polos, une partie des Golfs ou encore des Audi A3. La décision qui concernera les 3.000 travailleurs restants ne serait que pour plus tard dans la semaine. Selon nous, il aurait été mieux de faire dépendre l’accord sur les primes de départs de garanties sur les salaires et les conditions de travail des 3.000 qui restent, entre autres.

    Des temps difficiles

    Ce ne seront d’ailleurs pas que les 3.000 travailleurs qui resteront qui auront à souffrir. On estime que d’une prime de départ de 144.000 €, il n’en reste après taxation que 57.600 € (*). Agoria et les organisations patronales belges sont furieux. Ils n’osent pas imaginer que d’autres délégations syndicales et travailleurs puisse prendre ces montants comme référence. A Renault Vilvorde, en 1997, la prime pour un travailleur ayant 20 années d’ancienneté n’était que de 25.000 € brut (**), autant que VW est prêt à payer pour des intérimaires qui partent volontairement! A Imbev, plus tôt cette année, la prime, de nouveau pour un travailleur avec 20 années d’ancienneté, était de 42.100 € brut. Certains travailleurs de VW espèrent que le gouvernement va partiellement décharger les primes. Ce n’est pas totalement exclus, mais maintenant que la délégation a ouvert les portes et que beaucoup de travailleurs en ont profité pour partir, les relations de forces nécessaires pour arracher cela sont minées.

    Le gouvernement aurait déjà fait des concessions sur le Pacte des Générations pour les plus de cinquante ans : ils pourraient partir en prépension à condition d’avoir tout fait durant 6 mois pour retrouver un boulot. Nous sommes curieux de savoir comment on pourra juger cela d’ici 6 mois. De toute façon, beaucoup de ceux qui partent doivent s’attendre à des temps difficiles. Qui retrouve un boulot devra accepter une réduction de salaire, probablement beaucoup plus que 250 € par mois. A VW, on est habitué à une force syndicale importante, ce qui sera généralement inexistant chez le nouvel employeur. Au cas où ils ne trouvent pas d’autre emploi, la prime sera vite dilapidée et quand ils seront interrogés par le service de chômage et devront subir les humiliations qui y sont fréquentes, beaucoup d’entre eux regretteront qu’aucune lutte pour la préservation de chaque emploi n’ait été menée.

    Les travailleurs des sous-traitants au placard

    Chez les travailleurs des sous-traitants, la frustration n’a fait que monter après le départ de beaucoup de travailleurs de VW. Certains d’entre eux travaillent depuis 20 ans au site de Forest. Leurs patrons ne seront jamais prêts à payer de telles primes de départ. Il parait que VW aurait prévu une enveloppe pour eux, mais il faut encore en négocier le contenu et les relations de forces pour cela sont minées. Durant tout le conflit, nous avons été frappés par l’habitude de la délégation de se réunir généralement à huis clos au lieu d’impliquer au maximum les travailleurs, comme lors de la lutte à Clabecq ou dans d’autres conflits. Encore pire, les délégations des travailleurs des sous-traitants n’ont pas pu participer à ces réunions et démeuraient donc en général dans l’incertitude sur les derniers développements. Maintenant que les travailleurs de VW sont partis, ils perdent leur plus puissant allié. En ce sens, il aurait été préférable que les délégations de VW attendent qu’une solution pour toutes les catégories de travailleurs, y compris ceux des sous-traitants, soit trouvée avant de lâcher les primes de départ.

    Aucun choix

    Beaucoup de travailleurs nous disent qu’ils ne pouvaient tirer qu’une conclusion après l’assemblée du personnel: “game over”. Le MAS est pourtant convaincu que ce n’était pas le seul scénartio possible. Avant l’été déjà, nous avions distribué un tract à VW sur la possibilité d’une restructuration et la nécessité de se préparer puisque “la faiblesse mène à l’agression patronale”. La délégation de VW, par contre, confirmait sa confiance dans la parole donnée par la direction. Nous pensons qu’une campagne de sensibilisation aurait été préférable. Lorsque la direction de l’entreprise chimique anversoise Lanxess, une scission de Bayer comprenant un bon millier de travailleurs, a annoncé le 17 octobre la scisson de l’entreprise en 3 unités, les délégations syndicales ont commencé une campagne d’information. Des calicots ont été placés dans l’entreprise, les délégations ont distribués à 5 reprises des tracts, ils ont pris la parole et organisés des grèves éclairs. Resultat: un bon mois plus tard, le 4 décembre, la direction à annulé son projet. Cela ne signifie pas qu’une telle stratégie aurait aussi à VW et mené à des résultats spectaculaires, mais du moins les travailleurs auraient été mieux préparés.

    Il est évidemment difficile de faire revenir en arrière une multinationale comme VW sur son plan industriel. Il est même exclu de réaliser cela sur base de la force seule des travailleurs de VW. Mais les travailleurs de VW ont une tradition de solidarité avec d’autres entreprises. Ce sont eux qui, en ’96, ont contribué au mouvement autour de l’affaire Dutroux en marchant vers le palais de justice. Cela n’est pas encore oublié et le sentiment de solidarité avec les travailleurs de VW était fort étendu. Une grève de solidarité de 24 heures dans tous les secteurs ou au moins des interruptions de travail aurait été acceuillie avec enthousiasme dans toute grande entreprise en Belgique. Il y avait un potentiel pour moboiliser toute la classe ouvrière et toute l’opinion publique et faire de VW-Forest un pôle d’attraction international qui aurait pu changer le rapport de force plus largement qu’à l’entreprise seule. VW-Forest avait le potentiel de signifier pour le mouvement ouvrier ce que la grève des mineurs en Grande-Bretagne en ’85 signifiait pour le patronat européen: le début d’une offensive contre l’agression du patronat européen.

    Il faut rompre les liens avec la social-démocratie et les sociaux-chrétiens

    Nous n’y sommes pas arrivé et ne pouvons le reprocher aux délégations syndicales de Forest. Nous ne savons pas ce qui a été discuté entre les délégations de Forest et les instances nationales. Ces dernières sont pieds et poings liés à la social-démocratie et aux sociaux-chrétiens qui sont, avec les libéraux, les principaux exécuteurs du néo-libéralisme. Pour forcer une multinationale comme VW à faire des concessions, il faut lui mettre l’épée dans les reins, non pas en exigeant la réstitution des subsides donnés, car la direction le compenserait au dépends des travailleurs VW à l’étranger et les monterait en même temps contre les travailleurs belges – ce qui reduirait la force de tous les travailleurs- mais si nécessaire par la nationalisation de l’usine et la reconversion de la production vers une production écologiquement justifiée.

    Nous ne voyons pas comment un Vande Lanotte, un Vandenbroucke ou un Di Rupo et une Onckelinkx pourraient y être poussés. Cela nécessite un nouveau parti, véritablement du côté des travailleurs. Le MAS y travaille, en collaboration avec Jef Sleeckx entre autres, au sein du Comité pour une Autre Politique.

    Préparer le match retour

    La direction de VW a réussi son coup. 2.800 des 5.800 emplois sont supprimés et les travailleurs restants perdront beaucoup de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Les travailleurs ont marqués un but avec des primes de départ sans précédent, probablement calculées à l’avance par la direction. Le match est à 2 contre 1. Mais il faudra encore jouer beaucoup de parties et nous ne pouvons pas nous démoraliser. Il faut tirer les leçons de la lutte précédente et préparer celles à venir. Les travailleurs de VW ont une tradition de lutte, gardons-la pour ceux qui travailleront encore demain à VW et introduisons surtout avec quelques milliers des anciens travailleurs de VW cette tradition chez les futurs employeurs. Construisons ensemble dans le Comité pour une Autre Politique une force politique tout à fait indépendante du patronat et renforçons le MAS pour que, pas à pas, entreprise après entreprise, nous puissions construire une force qui dévoile la stratégie des patrons et qui soit capable d’y répondre.


    (*) selon le cotidien “Het Volk” du 10/12/2006 “Voir d’abord ce qui en reste”

    (**) un ancien de Renault qui travaille aujourd’hui à la STIB nous raconte qu’après taxes, il lui restait 300.000 frb de cette prime.

  • Halte à la spirale de violence contre les Tamouls au Sri Lanka

    Nadarajah Raviraj, célèbre parlementaire d’origine tamoule, a été assassiné le 10 novembre. Cet avocat des droits de l’homme était actif dans le Civil Monitoring Committee, un comité qui enquête sur les enlèvements et assassinats de Tamouls (une minorité nationale du Sri Lanka) et auquel collaborent d’autres politiciens tamouls et des militants de gauche.

    Le president de ce comité est Siritunga Jayasuriya, le secretaire général de l’United Socialist Party (USP, parti-frère du MAS/LSP) qui a déjà été menacé de mort à plusieurs reprises. Assassinats et menaces servent à museler toute voix d’opposition contre le gouvernement ou en défense des Tamouls.

    Dans une interview accordée en octobre à un journal tamoul de Londres, Raviraj a défendu une position trés critique envers le gouvernement sri lankais en l’accusant de mener une guerre contre les Tamouls et d’entretenir des liens avec des groupes paramilitaires. Il a spécifiquement visé le JVP (Front de libération populaire, un parti ultra-nationaliste de la majorité cinghalaise) en les accusant d’avoir du sang sur les mains.

    Ceux qui prennent ainsi position pour plus de droits pour le peuple tamoul risquent leur vie.

    Mais une nouvelle guerre civile pourrait bien être en vue. Récemment, des négociations de paix à Genève ont avorté. L’accord de paix des trois dernières années fait maintenant partie du passé et durant la deuxième semaine de novembre, des militaires sri lankais ont attaqué un camp de réfugiés dans l’est du pays, tuant 45 Tamouls et en blessant sérieusement 60. La veille de sa mort, Raviraj avait participé à une action de protestation contre cette attaque sanglante.

    Le première guerre civile a coûté plus de 60.000 vies et a détruit une bonne partie de l’économie. La population du Sri lanka vit sous pression d’une hausse des prix des produits de base et du pétrole, et dans le nord tamoul, la population est littéralement affamée à cause d’un blocage des transports du sud cinghalais.

    En réaction aux meurtres et aux tensions croissantes, tous les partis politiques d’opposition ont lancé un appel pour faire de l’enterrement de Raviraj une manifestation politique, avec grève massive. Le lundi 13 novembre, plus de 10.000 personnes, singhalais, tamouls et musulmans, ont manifesté à Colombo, la capitale.

    Notre organisation internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, a soutenu ce mouvement, et a organisé le mercredi 15 novembre des protestations partout à travers le monde avec lettres de protestation et actions devant les ambassade srilankaises.

    En Belgique, la délégation du MAS/LSP a été reçue par l’ambassadeur. Mais nous continuerons à dénoncer la situation au Sri lanka. La solidarité internationale peut avoir un effet important .

  • Réactions de Karel Gacoms sur la loi Renault

    Ce lundi 27 novembre, le tribunal de Première instance de Bruxelles a prononcé une ordonnance en référé qui condamne Volkswagen pour non-respect de la Loi Renault. Les syndicats ont confirmé l’information, en soulignant que la procédure ne vient pas de leur part et n’a pas reçu leur soutien. Présent en solidarité au piquet de VW ce mardi, Karel Gacoms, principal négociateur de la FGTB dans les dossiers SABENA, Philips ou encore Renault Vilvorde, s’exprime sur la loi Renault.

    Nicolas Croes

    « La Loi Renault dont on parle tant n’est pas une loi pour les travailleurs. Rien n’a changé sur le fond par rapport aux fermetures. Sur la forme, oui, un peu. On dispose maintenant, quand la loi est respectée, d’un certains temps pour faire des propositions alternatives à une fermeture, et puis aussi pour construire un rapport de forces entre les travailleurs et le patron. Mais les conventions sur les licenciements collectifs ne sont pas respectées. Evidemment, un loi ne change pas le système capitaliste. Il faut s’y prendre d’une autre manière pour le changer…

    Le plus important dans une situation pareille, c’est le rapport de forces, la solidarité et les actions. Moi, j’ai mes idées, mais c’est à la délégation de faire des propositions. »

    La loi Renault a fait suite à la fermeture du siège de Renault à Vilvorde en 1997. Cette nouvelle avait été rendue publique dans les salons d’un grand hôtel par le PDG Louis Schweitzer. C’est de cette manière que les travailleurs de l’usine avaient appris quel avenir leur direction leur réservait…

    Le gouvernement a par la suite fait passer une loi sensée renforcer l’information et la consultation des travailleurs en cas de licenciement collectif. Selon celle-ci, le Conseil d’entreprise doit être le premier informé de la possibilité de cette décision. Bien qu’à ce stade, le patron n’a officiellement pris de décision définitive, le licenciement collectif est de toute façon très souvent prévu de longue date. Les travailleurs peuvent alors émettre différentes contre-propositions, demander plus d’explications,… Comme l’a démontré l’exemple de Ford-Genk, au finish, cela change peu au sort des travailleurs.

    L’efficacité de cette loi a souvent été remise en doute dans les rangs des syndicats et est plus l’expression de la (vaine) volonté du gouvernement de démontrer qu’il était capable de faire quelque chose que d’un véritable soutien aux futurs licenciés. Marc Deschrijver (FGTB-employés) s’exprime ainsi : « La loi Renault sert à occuper les ouvriers en les obligeant à participer à des « consultations » et des « séances d’information ». Mais, en fin de compte, les emplois sont tout de même supprimés. »

    Nous ne pouvons qu’être d’accord avec Karel Gacoms quand il affirme que « Le plus important dans une situation pareille, c’est le rapport de forces, la solidarité et les actions. » Mais lorsqu’il précise qu’il a ses idées sur les propositions à faire, le souvenir douloureux de la manière dont les luttes ont été freinées à Renault nous revient en mémoire…

    A l’époque la colère des ouvriers les plus combatifs a été canalisée vers des actions spectaculaires sur le territoire français au lieu de mobiliser pour une grève nationale de tout le secteur automobile en Belgique. Les secrétaires syndicaux, Karel Gacoms pour la FGTB et Jacquemyn pour la CSC, ont fait voter par référendum, et sans donner la parole aux travailleurs en assemblée, la reprise du travail "pour continuer la lutte autrement ". Un tiers des travailleurs votent contre. L’usine ne tourne qu’au ralenti car beaucoup de travailleurs ne se présentent pas au travail.

    Karel Gacoms avait alors expliqué : « Nous ne voulons pas d’une longue grève qui épuise les gens. Nous pensons qu’il est nécessaire de reprendre le travail, tout en maintenant l’occupation ». Résultat ? L’usine a complètement fermé, et 400 travailleurs (13% de l’effectif de départ), ont été repris dans des activités annexes.

    Karel Gacoms avait aussi dit qu’il favorisait « de mobiliser tous les moyens pour maintenir Renault ouvert, pas la grève classique, mais des actions orientées vers les médias. Cela devrait obliger les politiciens à reprendre nos mots d’ordre ».

    Nous connaissons donc l’exemple à ne pas suivre.

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