Tag: Belgique

  • Opel. De nouvelles attaques sur un scénario bien connu

    VW-Forest a créé un précédent. Avec le soutien du gouvernement et de la direction syndicale, VW a pu imposer une augmentation de la flexibilité et du temps de travail sans augmentation salariale. Les autres entreprises envient évidemment un tel résultat. Opel a décidé de partir à l’attaque.

    Geert Cool

    Concurrence entre filiales

    Opel dépend de General Motors et possède à Anvers une usine de 5.100 travailleurs. La production du nouveau modèle d’Opel Astra va bientôt commencer et la direction a annoncé des mesures « d’assainissement ».

    Cependant, rien n’est encore clair : General Motors veut d’abord regarder ce qu’elle est capable d’obtenir en jouant sur la concurrence entre les salaires et les conditions de travail des sites de Suède, d’Angleterre, de Pologne, d’Allemagne et de Belgique. Hans Demant, un membre de la direction, a ainsi déclaré que la décision sera prise sur base de critères comme « la flexibililté, la productivité, la qualité et les possibilités logistiques ». (Automobilwoche, 5 mars)

    De toute façon, la direction veut travailler avec moins de personnel, d’autant plus qu’elle estime qu’il y aurait actuellement une surcapacité de production de 250.000 voitures. La fermeture de l’usine est improbable, les syndicats ayant à Opel un accord européen pour étendre les assainissements autant que possible à toutes les filiales plutôt que de fermer un site. Une ou deux équipes devraient être virées (à peu près 1.000 emplois par équipe) : ce sont Bochum en Allemagne et Anvers qui courent le plus grand risque de voir chacune une de leurs équipes disparaître.

    GM fait à nouveau des profits…

    Après quelques années de perte, General Motors a dépassé ses prévisions et réalisé un profit net de 950 millions de dollars au quatrième trimestre 2006. Un an avant, la perte était de 6,6 milliards de dollars. Depuis lors, des « assainissements » brutaux ont été effectués en Amérique du Nord. L’entreprise veut, pour la fin 2008, avoir viré un total de 30.000 personnes et avoir fermé neuf filiales. Une bonne partie de ces « assainissements » a déjà été appliquée.

    Il est à craindre que ce soit maintenant au tour de l’Europe. En 2006, « un assainissement des coûts » de 6,8 milliards de dollars a déjà été fait, la direction veut poursuivre cette année dans cette voie pour 9 milliards de dollars. Le profit net réalisé l’an dernier était de 172 millions d’EUR mais la direction en veut visiblement plus.

    … mais ce n’est pas assez

    Pour cela, une partie de la production a été délocalisée vers des pays meilleur marché. En Russie, la production de GM est passée l’année dernière de 40.000 à 100.000 unités.

    Selon une étude allemande, la production d’une voiture en Europe de l’Est coûte 23% moins cher qu’en Allemagne. Les coûts salariaux pour une Golf seraient par exemple de 1.926 EUR en Allemagne contre 770 en Europe de l’Est. Cependant, les salaires ne forment que 15% du coût de production. Mais les matériaux seraient aussi meilleur marché.

    De tels chiffres sont suivis de près par les directions des entreprises. Ainsi, les « assainissements » imposés aux travailleurs de VW-Forest doivent mener à ce que les Audi sortent de la chaîne au coût de 32 EUR par heure et par voiture, 10 EUR de moins qu’en Allemagne.

    Anvers: plus de flexibilité

    A Anvers, les syndicats et la direction ont déjà signé une déclaration d’intention pour, entre autres, introduire plus de flexibilité et limiter les adaptations salariales. Ainsi, il est possible de travailler un samedi tous les mois et, jusqu’à la mi-2009, seules les augmentations prévues par l’indexation seraient accordées. De plus, un accord-cadre se prépare autour de l’outsourcing.

    Un accord a été conclu dans le secteur automobile flamand pour permettre une flexiblité élaborée autour d’un temps de travail variable (avec la possibilité d’une journée de 10 heures) calculé sur six ans, ce qui rend presque impossible d’encore toucher des heures supplémentaires.

    Quelle réponse?

    Où va s’arrêter la spirale infernale des salaires et des conditions de travail? S’en remettre aux directions des entreprises automobiles revient à accepter le niveau le plus bas possible. Contre la politique de division des directions de ce secteur, il FAUT une résistance unifiée.

    • Non aux pertes d’emplois, à l’augmentation de la flexibilité et à l’outsourcing
    • Pour une répartition du travail disponible et une diminution du temps de travail sans perte de salaire
    • Pas de transfert de production vers d’autres filiales sans l’accord des travailleurs
    • Ouverture des comptes des grandes entreprises automobiles pour une transparence de leur situation financière
    • Développement de voitures plus écologiques en utilisant les connaissances des travailleurs de des entreprises automobiles et avec des investissements publics dans la recherche scientifique
    • Pour une planification socialiste sous le contrôle des travailleurs, combinée à un plan de transport par pays et par région sous contrôle public
  • Le problème, ce ne sont ni les Flamands, ni les Wallons… Ce sont les patrons!

    Aucun soutien aux propositions communautaires

    Contrairement à l’idée répandue par les partis flamands, les enquêtes de La Libre et du Soir démontrent que la population en a assez du communautaire.

    Anja Deschoemacker

    Il ressort notamment du sondage de La Libre que 48% des Flamands acceptent l’idée d’un premier ministre francophone, que 50% se sentent Belges en premier lieu (34% se sentent avant tout Flamands et 16% avant tout Européens). Seuls 11% des Flamands se prononcent pour l’indépendance de la Flandre (8% selon Le Soir), 15% pour une poursuite de la régionalisation, 23% pour un statu quo et – contrairement à ce que peut laisser croire la domination du nationalisme flamand dans le monde politique traditionnel et les médias – 51% pour un retour à l’Etat unitaire (sans régions et communautés)! (LL, 13/3)

    Alors que les patrons flamands entraînent à leur suite presque tous les partis flamands et les médias dans leur croisade pour une régionalisation accrue sous la bannière de « notre peuple d’abord » (« notre peuple » ne semblant pas inclure les travailleurs flamands et leurs familles mais plutôt les actionnaires et les managers des entreprises), la population flamande est bien moins unanime. A la question « Est-ce que les Wallons freinent la croissance économique de la Flandre », et alors que cette idiotie est répétée tous les jours, seuls 31% répondent « oui » alors que 41% sont contre. (LL, 16/3)

    Les enquêtes montrent que la surenchère des politiciens flamands est non seulement rejetée par les francophones, mais aussi par leur "propre" population. Les politiciens flamands doivent arrêter de parler au nom "des Flamands" quand ils ne parlent qu’en leur nom!

    Mais l’honnêteté et la démocratie ne sont pas des mots qui viennent spontanément à l’esprit quand on pense au nationalisme flamand actuel. En opposition au nationalisme progressif et démocratique d’antan – la lutte contre l’oppression nationale et pour des droits égaux pour chacun – nous assistons aujourd’hui aux éructations d’un nationalisme revanchard et ultra-libéral qui ne résoud aucun des problèmes des travailleurs.

    Historiquement, le mouvement flamand a grandi en réponse aux injustices provoquées par l’élite francophone. Aujourd’hui, l’élite flamande reproduit à longueur de temps toutes les erreurs que celle-ci a commises : la répression linguistique, l’humiliation, l’imposition d’une certaine "culture nationale", les tracasseries persistantes… Les travailleurs flamands et leurs familles ne veulent pas aller plus loin: depuis la régionalisation, de moins en moins d’argent a été investi dans l’enseignement, par exemple. Dans la « Flandre riche », il n’existe pas de moyens suffisants pour assurer un enseignement digne de ce nom à tous les jeunes.

    Il n’est pas pour autant question de suivre la position des partis francophones établis. S’ils ne veulent pas entendre parler de régionalisation, ce n’est pas au nom d’une lutte pour améliorer le sort de la population. Il est toujours question de « front des francophones » derrière des partis qui chaque jour appliquent une politique antisociale au lieu de rechercher la solidarité avec les travailleurs flamands. Derrière leurs discours sur l’unité des francophones (derrière les intérêts des patrons), il y a la même logique de division des travailleurs.

    Le CAP offre actuellement les meilleures chances de devenir un parti qui défende réellement les intérêts, les droits et les acquis des travailleurs en Belgique. Non à la surenchère nationaliste!

  • Batibouw se recycle. Quelle politique du logement?

    Batibouw 2007 a fermé ses portes le 4 mars. Ce salon de la construction résidentielle a une nouvelle fois battu tous les records d’affluence avec pas moins de 360.000 visiteurs.

    Thierry Pierret

    Il faut dire que le secteur de la construction résidentielle se porte bien en Belgique. Ce boum de la construction est dû pour une large part à la soif de profit des investisseurs qui acquièrent un maximum de petits appartements flambant neufs à des fins purement spéculatives. Ils anticipent l’évolution démographique qui voit s’accroître le nombre d’isolés et de familles monoparentales. Il est également vrai que des taux d’intérêt historiquement bas ont incité bon nombre de ménages à acheter ou à faire construire leur logement.

    Un marché juteux

    Les prix du logement augmentent chaque année en Belgique. En 2006, les prix moyens des maisons et des appartements ont atteint respectivement 190.000 € (+ 7,6%) et 147.000 € (+ 8,3%) d’après le rapport d’ERA, un réseau d’agences immobilières. Cette situation a poussé les banques à proposer des formules de crédit de plus en plus souples pour appâter les candidats-acquéreurs.

    Certaines banques prévoient même la possibilité d’étaler les remboursements sur 40 ans pour avoir une mensualité plus basse. C’est tout bénéfice pour les banques qui augmentent ainsi leur marge bénéficiaire. De plus, cette « facilité » est toujours liée à l’obligation de prendre des assurances ou d’autres produits financiers dans la banque qui fait le prêt.

    La construction verte: luxe ou nécessité?

    Les moyens d’économiser l’énergie domestique suscitent un intérêt croissant. Par exemple, il y a des « maisons passives » qui ne nécessitent presque pas d’apport énergétique extérieur. Mais leur construction coûte 20% plus cher que celle des maisons classiques. Les incitants fiscaux décidés par le dernier Conseil des ministres à Louvain ne profiteront qu’à ceux qui gagnent suffisamment pour pouvoir avancer l’argent. L’enjeu est pourtant de taille: le secteur du logement est responsable de 25% des gaz à effet de serre!

    Ecolo critique à juste titre la timidité des mesures du gouvernement. Les Verts proposent que l’Etat avance l’argent pour les travaux d’isolation des habitations individuelles ; il se rembourserait ensuite sur les économies d’énergie réalisées par les ménages. Ecolo prétend que c’est une mesure financièrement neutre pour l’Etat comme pour les ménages. Mais les Verts veulent la financer en regroupant les fonds énergétiques existants, y compris le fonds de fermeture des centrales nucléaires. Cela signifie qu’il faudrait reconstituer ce fonds avec l’argent des contribuables. Les travailleurs et leurs familles paieraient donc une deuxième fois!

    Pour une politique socialiste du logement

    Le logement est le premier poste de dépense des ménages. C’est même le premier facteur d’inclusion ou d’exclusion dans la société. C’est aussi un enjeu écologique majeur. Autant de raisons de le soustraire aux forces du marché.

    Il ne s’agit évidemment pas de nationaliser le parc des logements privés, mais bien le secteur de la construction. La création d’un service public de la construction résidentielle est un préalable à la mise en œuvre d’un Plan national du logement sur base d’un cadastre complet des besoins. Cela permettrait d’augmenter massivement l’offre de logements publics de qualité à loyer modéré et à basse consommation d’énergie, ainsi que de rénover le parc de logements privés selon les normes écologiques à un coût raisonnable pour leurs propriétaires.

    Ce n’est qu’ainsi que le logement cessera d’être une cause majeure de pauvreté et d’émission de gaz à effet de serre.

  • Socialisme 2007 : journée de discussion et de débat

    Le samedi 31 mars s’est tenu notre journée annuelle de formation et de discussion. Socialisme 2007 a réuni environ 150 travailleurs et jeunes de tout le pays pour deux meetings centraux et une série de discussions dans de plus petits groupes.

    Cette journée a été particulièrement passionante avec beaucoup d’attention accordée au développement ultérieur du Comité pour une Autre Politique (CAP). Les différentes commissions ont abordé les différents thèmes de discussion plus en profondeur.

    La journée a commencé avec un meeting où quelques orateurs ont brièvement abordé des aspects spécifiques de notre fonctionnement. Jan Vlegels a ainsi parlé de nos activités antiracistes avec, entre autres, la récente manifestation anti-NSV à Anvers. Jo Coulier a parlé au sujet de la lutte contre les assainissements dans l’enseignement tandis que Laure Miège a pris la parole au nom de la commission femme du MAS/LSP et que Jeroen Demuynck a développé nos campagnes étudiantes. Enfin, Alex Rouillard, de France, est intervenu sur la nécessité de s’organiser sur le plan international contre le capitalisme.

    Après le meeting, il était possible de participer à l’une des 10 commissions autour de différents thèmes : de la lutte syndicale à la santé publique en passant par l’histoire de la révolution russe et celle du trotskisme en Belgique. Chacun a ainsi pu trouver un thème qui a éveillé son intérêt.

    La journée a été clôturée par un meeting dans lequel les orateurs ont commenté la nécessité d’une alternative politique et le développement futur du CAP. Jef Sleeckx a dû malheureusement s’excuser, il a dû participer à une fête à Mol, mais a précisé qu’il trouvait particulièrement regrettable de ne pas être présent à Socialisme 2007. Bart Vandersteene (LSP), Daniel Lebleu (ex-travailleur à VW-Forest et actif au sein du CAP) et Gustave Dache (ancien syndicaliste à Caterpillar et maintenant actif dans le CAP comme trotskiste indépendant) ont parlé pendant qu’Anja Deschoemacker animait la conversation.

    La conclusion principale a été la grande volonté d’aller de l’avant mettre dans la construction d’une alternative politique. Un gigantesque enthousiasme était présent lors de cette journée, et il était clair que la nécessité de transmettre dans le concrêt cet enthousiasme était compréhensible de tous.

  • Ni centres fermés, ni expulsions. Régularisation des sans-papiers

    Les récentes déclarations de médecins et d’infirmières ayant travaillé au centre fermé de Vottem ont remis en lumière la réalité de ces centres : des prisons où les droits élémentaires des détenus sont encore moins respectés que dans les autres prisons.

    Jean Peltier

    Dans son appel à manifester à Vottem le 22 avril, le CRACPE rappelle que ces centres enferment des personnes étrangères qui n’ont le plus souvent commis d’autre délit que de ne pas avoir de papiers et que des enfants y sont aussi enfermés au mépris des conventions internationales signées par la Belgique. Il décrit la situation qui règne dans ces centres : « La violence y est banalisée : il s’agit de centres de rapatriement qui ont comme fonction de préparer l’expulsion et de briser toute résistance à celle-ci. Ainsi chaque jour des personnes qui se rebellent sont mises en isolement et au cachot. La veille d’une tentative d’expulsion, les personnes sont systématiquement placées au cachot. Des personnes désespérées en arrivent à des tentatives de suicide, elles aussi se retrouvent au cachot…

    « Les expulsables sont menottés aux poignets, parfois complètement ligotés pour pouvoir être embarqués de force dans l’avion, avec parfois un casque de kick-boxing sur la tête pour amortir les coups… Des coups qui sont portés sur tout le corps, comme en attestent de nombreux certificats médicaux établis et plaintes déposées…

    « Fin novembre 2006, quatre gardiens du centre fermé de Vottem ont dénoncé d’autres graves maltraitances, en particulier le sort réservé aux personnes détenues malades ou atteintes de troubles psychiatriques : placement en isolement au cachot, sans soins, pendant des jours, voire des semaines! En mars, ce sont deux infirmières qui témoignent d’injections de neuroleptiques dangereux pour calmer les « résidents » (en plus de l’administration fréquente de « tranquillisants » par voie orale, déjà dénoncée par le passé).

    Un élément-clé de la répression

    Les centres fermés ne sont pas un accident ou une horrible verrue sur le corps sain de la politique d’immigration de la Belgique et de l’Europe. C’est au contraire une pièce centrale de ce dispositif. Le quasi-arrêt de l’immigration légale depuis 25 ans et les restrictions grandissantes au droit d’asile depuis 10 ans forces de plus en plus ceux qui fuient la dictature, la guerre, la misère,… à plonger dans la clandestinité. Ils deviennent ainsi des proies faciles pour les patrons qui les embauchent en noir (à bas salaire sans sécurité sociale ni protection syndicale) et pour les marchands de sommeil qui leur louent des logements (et souvent des taudis) à prix d’or.

    Les centres fermés, étape entre les rafles policières et les expulsions, sont comme eux un moyen de maintenir l’arbitraire qui nourrit la peur et casse les possibilités de résistance. Espérer « humaniser » les centres fermés et les expulsions n’a pas de sens. La seule solution qui défende réellement les sans-papiers – mais aussi les Belges et les immigrés ayant leurs papiers – c’est la régularisation massive des sans-papiers. Seule celle-ci peut leur permettre de sortir de la clandestinité et de la précarité et conquérir des droits élémentaires et de ne plus constituer – bien malgré eux – une pression à la baisse sur l’emploi, les salaires et les conditions de travail des « avec-papiers ».

    Dimanche 22 avril 2007, manifestation:

    Vottem, 8 ans déjà…, je ne l’accepte pas!

    Rassemblement : 14h rue des Glacis (Liège, Citadelle) et manifestation jusqu’au centre fermé de Vottem.

  • 27 milliards de profits pour les 19 plus grosses entreprises du pays. Voilà ce que le CAP en ferait !

    10 milliards d’euros (ou 400 milliards de francs belges), voilà l’ensemble des profits qu’ont réalisé les 4 plus importantes banques belges en 2006. Les 19 entreprises reprises dans l’indice boursier belge (le BEL- 20) ont, elles, réalisé 27 milliards d’euros de profits, soit 2.700 euros par habitant. En 2003, il avait fallu additionner les 30.000 entreprises les plus importantes du pays pour réaliser autant de profits !

    Bart Vandersteene

    Voilà qui est loin d’être une mauvaise prestation pour l’économie belge. Ce qui n’empêche pas que, depuis des années, on nous répète qu’il n’y a pas moyen d’augmenter les salaires, les allocations, les retraites, etc. Une partie des profits est réinvestie au sein de l’entreprise, mais un pourcentage historique est laissé aux actionnaires. Le champagne a dû couler à flot à l’annonce de ces résultats.

    Les moyens existent. Que ferait une autre politique avec ces richesses ?

    Que ferait-on avec 27 milliards d’euros si ces richesses n’étaient pas contrôlées par une infime minorité de la population mais à la disposition de la collectivité?

    • avec 2 milliards d’euros par an, 60.000 emplois perdus peuvent à nouveau être financés dans les services publics.
    • avec 2,5 milliards d’euros, le budget de l’enseignement en Belgique peut être porté à 7 % du PIB. Depuis longtemps c’est une très juste revendication syndicale.
    • avec 4 milliards d’euros, une augmentation de 250 ou 300 euros par mois de toutes les allocations est possible
    • avec 520 millions d’euros, on peut satisfaire entièrement la plate-forme de revendications du secteur non-marchand élaborée en 2005.

    Le problème, c’est qu’aucun parti n’est disposé à agir de la sorte. Qui a l’audace de protester contre la maximalisation des profits ou de mettre au coeur du débat les besoins de la population ? Tandis que 15% de la population (1,5 million de personnes) connaissent la pauvreté, tous les partis traditionnels défendent la même politique : celle des patrons.

    Le CAP veut offrir une alternative

    Le Comité pour une Autre Politique (CAP) veut faire entendre un autre son de cloche lors de sa campagne électorale. Mais une nouvelle formation a devant elle de nombreux défis.

    La précampagne du CAP a lieu avec des moyens et une renommée limités. Mais si elle est couronnée de succès, des listes seront présentes pour le Sénat et pour la Chambre tant en Flandre qu’en Wallonie, à condition que 14.000 électeurs signent nos listes de parrainage.

    Il y aura des listes pour la Chambre dans huit provinces et à Bruxelles-Hal-Vilvorde. Il ne manquera des listes qu’à Namur et au Luxembourg. Le 14 avril, la véritable campagne sera lancée lors d’une conférence nationale.

    Afin de diffuser le message du CAP, il nous faut votre aide. Car une nouvelle force politique à gauche ne pourra se construire qu’avec beaucoup de mains bénévoles et pas en comptant par les médias ou les dons des entreprises.

    Aidez-nous à récolter les signatures, parlez de l’initiative du CAP à vos amis, collègues, voisins,… Collez une affiche sur votre fenêtre, diffusez le matériel électoral du CAP et soutenez le fonds électoral du CAP.

    Rejoignez le CAP et participez à la lutte pour construire une alternative politique. Car une autre politique est nécessaire !

  • EADS/Airbus. Les profits s’envolent, l’emploi s’écrase!

    Nouvelle onde de choc dans le monde des travailleurs : EADS a décidé de supprimer 10.000 emplois en quatre ans sur les 55.000 que compte sa filiale Airbus. Une fois encore, ce n’est pas une entreprise en crise qui se sépare d’une partie de ceux qui ont forgé ses richesses : le chiffre d’affaire d’EADS s’élève à 39,4 milliards d’euros pour 2006, soit une hausse de 15% par rapport à 2005.

    Nicolas Croes

    La société Airbus a été créée en 1970 et rassemble des entreprises aérospatiales nationales française, anglaise, allemande et espagnole. Nombreux étaient ceux qui voyaient dans ce consortium un des symboles les plus parlants de l’Union Européenne. Il y a deux ans à peine, le président français Chirac, le premier ministre britannique Blair, son collègue espagnol Zapatero et le chancelier fédéral allemand Schröder avaient eux-mêmes repris la métaphore à l’occasion de la sortie de l’A380. Finalement, le parallèle est effectivement très significatif, bien plus d’ailleurs que ne l’auraient souhaité ces chefs d’Etat…

    18% : une aumône…

    En 1999, le gouvernement français du « socialiste » Jospin a décidé de privatiser l’aérospatiale française. Rapidement, les intérêts du privé ont dominé au sein du nouveau groupe nommé EADS. Ce groupe est devenu n° 2 mondial dans l’aéronautique civile avec Airbus et n° 1 dans les hélicoptères militaires avec Eurocopter, le lancement de satellites avec Arianespace, le positionnement géosatellitaire avec Galileo et les missiles militaires avec MBDA.

    Pour les cinq années à venir, les carnets d’Aibus sont copieusement remplis : 2.357 appareils sont commandés, ce qui correspond à 258 milliards de dollars. Une situation qui ravit les actionnaires qui, depuis la privatisation de 1999, s’en mettent plein les fouilles: les actions rapportent en moyenne plus de 18% de bénéfices chaque année. Mais ce n’est pas encore suffisant. C’est même très loin de l’être pour étancher la soif de profit de la direction et des actionnaires.

    En conséquence, 4.300 travailleurs français seront jetés à la porte, au même titre que 3.700 allemands, 1.600 anglais et 400 espagnols. Ceux qui restent n’auront qu’à se réjouir, ils pourront même rester plus longtemps dans les usines… pour le même salaire! C’est ce que révèle le magazine allemand Focus : la direction d’Airbus envisagerait de faire passer les travailleurs de 35 heures de travail par semaine à 40, sans aucune compensation salariale.

    C’est exactement ce qu’avait fait le groupe américain Boeing quand Airbus était devenu n°1 mondial (place qu’il a perdue cette année). Boeing a pu se hisser à nouveau à la première place en escaladant les corps des travailleurs laissés sur le côté : 42% de l’effectif de 1998 ont été licenciés alors que ceux qui ont évité la trappe doivent subir des cadences infernales. C’est maintenant au tour d’Airbus, tandis que la Chine vient juste de décider de se lancer sur le marché aéronautique, menaçant l’hégémonie des deux compagnies occidentales.

    Sauver les meubles… pas les travailleurs

    Comment enrayer le cycle infernal des travailleurs sacrifiés sur l’autel de la concurrence? La décision du conseil d’administration d’EADS aura aussi des répercussions en Belgique. Depuis le début des années 1980, plusieurs sous-traitants d’Airbus sont des entreprises belges (la Sonaca, la Sabca, Asco et Eurair). Lors du dernier conseil extraordinaire des ministres à Louvain, le gouvernement belge a décidé de débloquer 150 millions d’EUR. C’est autant d’argent qui sortira de nos impôts pour compenser la rapacité d’un groupe infime de grands actionnaires.

    Cependant, pour beaucoup de politiciens placés devant ce drame humain – finalement si caractéristique de la société d’exploitation que nous connaissons – la solution se trouve là : faire intervenir l’Etat (et notre argent). Attention! Il n’est en aucun cas question de revenir sur les privatisations! Si l’Etat doit intervenir, c’est uniquement quand les choses vont mal. Pour le reste, les bénéfices peuvent continuer à alimenter la folie des grandeurs des capitalistes, et uniquement elle. En France, où Airbus s’est infiltré dans la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a par exemple déclaré qu’il soutiendrait Airbus comme il l’avait «fait avec Alstom» (l’Etat avait pris 20% du groupe quand celui-ci était en difficulté).

    Pour d’autres, le sort des travailleurs ne compte absolument pas. Le Premier ministre français Dominique de Villepin a ainsi précisé que s’il mesurait « pleinement l’inquiétude » des salariés, ce plan est pour lui « nécessaire pour sortir définitivement de la situation d’incertitude et préparer l’avenir »!

    Airbus – ou VW-Forest pour prendre un autre exemple récent – illustre combien les logiques de « nos » gouvernements sont incapables de résoudre les problèmes de l’économie de marché. Pour sauver les emplois d’Airbus, il faut renationaliser l’entreprise, sans achat ni indemnité. Les travailleurs doivent avoir accès aux comptes de l’entreprise et à toutes les informations sans restrictions pour prévenir les erreurs de gestion et les magouilles. Mais seule une transformation socialiste de la société pourra sauvegarder définitivement les emplois d’Airbus et d’ailleurs.

  • Québec. Une élection aux enjeux très importants

    Déclaration du Comité exécutif du Parti Communiste du Québec à la veille des élections du 26 mars.

    Nous publions cet article de la part du Parti Communiste du Québec. Il s’agit d’une déclaration de son Comité Exécutif à l’occasion des élections du 26 mars. Le PCQ collabore à la construction d’un parti de gauche plus large qui s’appelle « Québec Solidaire » et qui se présentera lors de ce scrutin.

    Introduction du MAS/LSP

    Le PCQ a entammé des discussions avec plusieurs organisations de gauche sur le plan international. L’une d’entre elles est le Comité pour une Internationale Ouvrière (Committee for a Workers’ International) dont le MAS/LSP est la section belge. Nous trouvons que la déclaration du PCQ est une contribution intéressante, tout en reconnaissant que le MAS/LSP n’a pas pu suffisamment étudié les spécificités locales et ne peut donc pas s’engager sur l’ensemble des positions prises dans ce texte.

    Nous pouvons nous imaginer que certains lecteurs feront le parallèle avec la situation en Belgique et se poseront donc la question de savoir pourquoi offrir une tribune à un parti qui se dit indépendantiste, voir même en faveur du séparatisme du Québec, même si ce parti affirme, avec justesse, que la libération nationale, pleine et entière, est indissociable d’une prise du pouvoir politique par les travailleurs.

    Notre position sur la question nationale est toujours concrète et dépend de la situation sur le terrain. Si, en ce moment, le MAS/LSP ne défend pas le séparatisme, ni même la poursuite de transferts de pouvoirs vers les régions en Belgique, ce n’est nullement à cause d’un attachement à l’Etat bourgeois belge. Bien au contraire, c’est la raison pour laquelle le MAS/LSP n’est pas signataire, contrairement à certains dirigeants syndicaux, des pétitions qui plaident en faveur de l’unité de la Belgique sur base de l’Etat actuel.

    Si nous nous opposons aujourd’hui à un transfert de compétences vers les régions, c’est justement parce que ceux qui le proposent veulent s’en servir pour créer des conditions de travail, des systèmes de sécurité sociale, des marchés de travail, des concertations sociales et des salaires concurrentiels afin de mieux diviser les travailleurs. Le fait que même en Flandre 74% de la population s’oppose actuellement à un nouveau transfert de compétences aux régions alors que tout les partis traditionnels flamands le défendent sous une forme ou l’autre, indique la justesse de notre position.

    Mais cela ne veut évidemment pas dire que le MAS/LSP s’opposerait dans toutes les conditions à la régionalisation, voir même au séparatisme, là où il y a réellement un sentiment d’oppression nationale. L’unité des travailleurs ne s’impose pas. Au contraire, l’unité n’est possible que sur une base volontaire, ce qui sous-entend la reconnaisance du droit à l’autodétermination, même jusqu’au séparatisme.

    Les camarades du PCQ ont un site et nous invitons nos lecteurs à aller le visiter http://www.pcq.qc.ca

    Le site de Québec Solidaire: http://www.quebecsolidaire.net


    Déclaration du Comité exécutif du PCQ à la veille des élections du 26 mars

    Une élection aux enjeux très importants

    Par le Comité exécutif central du PCQ

    Les élections au Québec sont en branle. Jean Charest cherche à être réélu, André Boisclair essaie de prouver à ses propres troupes qu’il est capable de l’être, tant qu’à Mario Dumont il traîne encore dans le populisme le plus crasse. Une belle campagne électorale pour les humoristes et les caricaturistes se déploie devant nos yeux!

    Le Mike Harris du Québec

    La situation au Québec est complexe. Après les pires sauvageries anti-syndicales et le charcutage des acquis sociaux des quarante dernières années, Charest tente de réussir l’exploit de Mike Harris : se faire élire de nouveau en présentant une hystérie néolibérale comme étant la révolution du bon sens. Dans les publicités qui ont précédé les élections, Charest expliquait à la population que le Québec va bien et que le Québec va mieux.

    Pourtant le Québec va mieux uniquement pour les grandes entreprises. La sous-traitance fleurit partout au Québec depuis la modification à l’article 45 : donc les conditions de travail s’effondrent. Charest chantait lors des élections précédentes que sa priorité était la santé. Malheureusement la bactérie C difficile n’a jamais fait autant de ravage et les salles d’urgences ne sont pas moins engorgées.

    Charest avait promis des défusions municipales massives pour se rallier les populistes de la droite qui voyaient une tragédie dans les dites fusions municipales qui ne sont qu’un fait social accompli depuis plus de deux décennies. Pourtant les défusions se sont faites au compte goûte grâce a un système référendaire spécial, mais surtout spécialement douteux. Le mandat de Jean Charest n’a donc pas été le mandat de l’accomplissement de ses promesses à l’électorat mais celui de l’accomplissement de ses engagements pris en coulisse envers le patronat.

    Ce qui est pourtant surprenant c’est que Jean Charest et les libéraux risquent de gagner à nouveau! Malgré ses promesses de dégel des frais de scolarité qui déjà suscitent une résistance du mouvement étudiant. Charest ne semble avoir rien compris du message envoyé lors de la dernière grève étudiante; ce qui prouve que cette victoire ne sera pas vraiment dû à Jean Charest lui même mais plutôt à ses adversaires.

    Le PQ face à lui-même

    Le nouveau chef du Parti Québécois, André Boisclair, ne réussit toujours pas à satisfaire ses propres troupes. Le Parti québécois réussit encore tant bien que mal à convaincre les syndicats qu’il est un parti indépendantiste, mais la "famille" péquiste en est encore à s’arracher les cheveux.

    Premièrement, les déclarations ouvertement antisyndicales de Boisclair avant les élections n’ont en rien aidé. André Boisclair a entre autres déclaré que "c’était finie l’époque ou les négociations entre le PQ et les syndicats se finissaient par des soupers bien arrosés"! Les dirigeants syndicaux des grandes centrales l’ont "avalé de travers". Certains ont même déclaré que "les progressistes ne s’empresseraient pas d’aller voter pour le Parti Québécois aux prochaines élections."Sans compter que le PQ ne s’est jamais prononcé sur le dossier Olymel et que André Boisclair a clairement dit qu’un gouvernement péquiste ne reviendrait pas sur la modification à l’article 45. De quoi à créer des remous!

    Le mythe selon lequel le Parti Québécois est une coalition de classes qui lutte pour l’indépendance du Québec s’effrite. Le PQ montre plus que jamais son visage de parti bourgeois aux travailleurs. Sans compter que dans la plateforme du PQ le mot référendum a été changé par consultation populaire. Le PQ ne sait plus sur quel pied danser pour rallier les travailleurs à son projet de "souveraineté association". De toute façon, n’est-il pas normal que les indépendantistes soient sceptiques face à un projet à demi ou au tiers indépendantiste sans aucune garantie de gains sociaux?

    Les plus récents appels d’André Boisclair à tous les "progressistes", pour qu’ils retournent au PQ, sonnent faux. Jamais le chef du PQ n’utilisaient ce terme avant; le fait qu’il le fasse aujourd’hui tend à montrer que cela ne va probablement pas aussi bien pour son parti qu’il le prétend.

    L’ADQ : être plus à droite que la droite

    Si beaucoup d’indépendantistes n’iront pas voter aux prochaines élections, certains nationalistes se laisseront peut-être tenter par l’Action démocratique du Québec (ADQ). Ce parti né d’une scission du Parti libéral au début des années 90 sombre de plus en plus dans le populisme le plus crasse. Quelques mois avant les élections, Mario Dumont est parti en croisade contre les accommodements raisonnables. Cette exploitation des préjugés xénophobes a malheureusement été profitable à sa formation. Dumont, tout comme Charest d’ailleurs, a applaudi un arbitre qui a expulsé une joueuse musulmane d’un terrain de soccer parce ce qu’elle portait le foulard. Le fait que partout sur terre cette jeune fille aurait pu jouer au soccer en paix, comme tout le monde, n’a pas ébranlé les adéquistes qui ont, tout comme leur chef, applaudi ce geste intolérant à souhait.

    Nationaliste, mais pas indépendantistes, Dumont se fait le chevalier du "fédéralisme d’ouverture". C’est tout aussi logique que le cannibalisme végétarien, mais nous en sommes pas à la première absurdité de l’ADQ. Cette position de Mario Dumont, qui est proche du beau risque de René Lévesque et des pitreries chauvines de Maurice Duplessis, pousse Jean Charest à taxer Dumont de l’épithète de "séparatiste." Le Parti libéral du Québec n’ayant survécu jusqu’ici uniquement grâce à son anti-indépendantisme maladif, rien de surprenant que Jean Charest imagine des séparatistes partout. Qui sera le prochain ? Peut-être le Juge Gomery ou la reine d’Angleterre en personne. On a cessé depuis longtemps de se surprendre des déclarations des chefs fédéralistes.

    L’ADQ périclitait financièrement il a un an, mais les animateurs de radio d’extrême droite de la région de Québec ont permis à ce parti de survivre jusqu’à aujourd’hui; c’est sûrement parce qu’ils s’y reconnaissent. Ce parti n’hésite jamais à nager sur toutes les vagues de mécontentements quitte à utiliser l’ignorance et les préjugés les plus immondes pour gagner de la popularité. Un candidat libéral a même comparé Dumont à Jean-Marie Le Pen au début de la campagne. La comparaison est peut-être exagérée, mais l’ADQ occupe un rôle politique un peu semblable au Front National : être plus à droite que la droite pour rendre la droite plus socialement acceptable.

    À propos du Parti Vert

    L’élection 2007 voit par contre arriver du sang neuf au point de vue politique : le Parti Vert gagne beaucoup de popularité. L’opinion publique étant de plus en plus alarmée par le réchauffement climatique, ce parti ne pouvait que gagner l’attention de l’électorat. Cela dit, les Verts québécois sont très différents des Verts que l’on peut trouver en Europe. Ce parti n’amène pas de réelles solutions. Si un candidat du Parti Vert est élu, ne vous attendez pas a ce qu’ils soit surnommé le "khmer vert" comme cela s’est vu en France.

    Les Verts, qui en Europe font souvent alliance avec les communistes et les altermondialistes, refusent ici toute alliance avec Québec solidaire; ceux et celles qui dirigent cette formation représentent un courant très petit-bourgeois, ils intègrent dans leur programme le principe de pollueur payeur, mais seulement pour ce qui est des individus (qui rouleraient par exemple en SUV ou qui ne prendraient pas le transport en commun); les compagnies ne sont pas visées. Étrange, ne trouvez-vous pas ? Le Parti Vert ne se gène pas en même temps pour critiquer le programme de Québec solidaire comme trop radical et socialisant, notamment en ce qui concerne le projet de nationalisation de l’éolien.

    Les Verts au Québec, tout comme leur homonyme au fédéral, ne comprennent pas et ne veulent surtout pas comprendre que le dossier environnementale est indissociable de la lutte aux inégalités sociales.

    Le refus très clairement exprimé par le chef du Parti Vert, Scott MacKay, d’endosser même la possibilité d’une éventuelle alliance avec Québec solidaire, telle qu’envisagée dans un reportage du journal Le Devoir et publié le 17 mars, confirme l’attitude très sectaire de la direction actuelle du Parti vert ; d’un simple point de vue légal, une telle entente de dernière minute n’aurait pas été possible à cause du trop court délai d’ici aux élections; le Parti Vert, par la voie de son chef, aurait quand même pu démontrer un peu plus d’ouverture d’esprit, au moins sur le principe, face à une telle éventualité puisque Québec solidaire est lui-même écologique; mais c’est plutôt le contraire qu’il a fait. En agissant ainsi, le chef du Parti Vert oeuvre objectivement contre la cause écologique.

    Une autre vision

    Le parti, et de loin le plus intéressant, est le nouveau parti de gauche : Québec solidaire. Québec solidaire (QS) est né de la fusion du mouvement Option citoyenne qui était dirigé par Françoise David, ainsi que du parti Union des force progressistes (UFP) dont le principal porte parole était Amir Khadir. QS amène une toute nouvelle vision de la politique au Québec. Bien sûr la plateforme à tendance écologiste, féministe et social progressiste est audacieuse. On y trouve entre autres le projet de Pharma Québec, une société d’État qui aurait pour tâche de produire des médicaments pour le système de santé publique. Une économie pour le système de santé qui s’évaluerait à 1 milliard de dollars, somme qui bien sûr serait investi pour des dépenses autres dans le dit système de santé.

    Mais Québec solidaire ne fait pas qu’innover du point de vue social et environnemental. Plus Vert que les verts, Québec solidaire est aussi réellement indépendantiste contrairement au Parti Québécois (PQ). La stratégie dit "de la constituante" montre que Québec solidaire est bel et bien déterminé à en finir avec la prison que représente pour les Québécois la structure politique fédérale. Québec solidaire fera bien sûr un référendum, mais ce référendum aura pour fonction de sanctionner une constitution d’un Québec indépendant qui aura été écrite suite à une vaste consultation populaire établie sur 12 à 18 mois pour que les travailleurs québécois soient les bâtisseurs de leur nouveau pays. Une constitution écrite par et pour les masses populaires ne peut pas perdre un référendum; les travailleurs n’iront certes pas sacrifier "leur propre enfant" après avoir mis autant d’effort pour le mettre au monde. C’est une stratégie que bien sûr le Parti Québécois ne peut se permettre.

    À cause de son caractère de classe le PQ ne peut donner le mandat aux travailleurs de mettre directement leur nez dans l’écriture de la loi fondamentale de l’État; ce serait du suicide! Mais Québec solidaire, n’étant pas un parti bourgeois, peut se le permettre et se fera un plaisir de le faire. Sans être nationaliste, Québec solidaire est le seul parti politique de masse réellement indépendantiste actuellement au Québec.

    Un État construit sur l’oppression nationale

    Il ne faut pas oublier que l’État fédéral canadien est construit sur l’oppression nationale. Comme le disait Stanley Ryerson dans son livre "Capitalisme et confédération", c’est pour assimiler les francophones et se débarrasser des autochtones que la couronne britannique mit sur pied la "confédération" canadienne. La destruction de cet État impérialiste passe donc par la question nationale. L’indépendance du Québec ne peut que mener qu’à une remise en cause de l’état bourgeois canadien; un tel mouvement pourrait être la bougie d’allumage d’un vaste mouvement de libération des nations d’Amérique du Nord. Ce n’est pas pour rien que l’ensemble de la bourgeoisie au Canada s’y oppose catégoriquement et que la bourgeoisie nationale québécoise a toujours d’autre chose de plus urgent à faire que l’indépendance du Québec. On ne peut pas arracher un morceau de cette envergure au beau milieu du Canada sans que l’État fédéral en soit ébranlé. Et c’est justement parce que la bourgeoisie ne veut rien savoir de l’indépendance du Québec que seul un parti des travailleurs pourra mener ce mouvement jusqu’au bout. Une libération nationale, pleine et entière, est indissociable d’une prise du pouvoir politique par les travailleurs, et une prise du pouvoir politique par les travailleurs est indissociable de la lutte de libération nationale québécoise.

    Québec solidaire n’est pas un parti homogène. Plusieurs tendances y cohabitent. Plusieurs courants socialistes y sont d’ailleurs représentés : Gauche socialiste de la quatrième internationale, Socialisme International, le Collectif pour une masse critique ainsi que le Parti communiste du Québec y font un travail résolu. Bien que la question des collectifs ne soit toujours pas réglée, le Parti communiste est fier de mettre tous ses efforts pour que Québec solidaire puisse s’implanter le plus possible sur le terrain et même faire élire des candidats. André Parizeau et Francis Gagnon Bergman, membres du comité exécutif et du comité central du Parti communiste du Québec, se présentent d’ailleurs aux élections sous la bannière de Québec solidaire. Pour les marxistes, Québec solidaire joue un rôle de premier plan historiquement parlant puisqu’au Québec la culture de parti de classe n’existe pas.

    La plupart des dirigeants au sein du mouvement syndical ont été pendant des années en appui au Parti québécois; sauf que même les plus fervents défenseurs du PQ d’hier doivent aujourd’hui reconnaître qu’il devient de plus en plus difficile de justifier le maintien d’un tel appui; on parle de plus en plus d’un appui circonstanciel et critique, en prétextant le fait qu’il n’y aurait pas vraiment d’autre alternative capable de prendre le pouvoir à court terme; avec le temps, cela est devenu un appui beaucoup plus tiède; d’autres se cantonnent désormais dans un neutralisme, qui n’a pas vraiment sa place, mais qui démontre néanmoins un malaise très clair face au PQ.

    Un vide à gauche

    Une telle situation pourrait, en définitive, devenir très profitable pour Québec solidaire. Il existe de plus en plus un vide à gauche que Québec solidaire peut combler. Les défis sont grands. Pour la première fois au Québec, un parti qui veut devenir un parti de masse, n’est pas dirigé par la bourgeoisie. Les travailleurs apprennent enfin à s’organiser sur leur propre base dans toutes les régions du Québec, sans trembler devant les impératifs des transnationales. Et, au sein même des syndicats, on commence également à discerner un mouvement pour se rapprocher de Québec solidaire; ce mouvement est encore faible, mais il existe.

    Québec solidaire n’a pas pour autant un programme socialiste. Mais il n’est pas impossible que, dans le futur, le projet socialiste devienne partie prenante du programme de Québec solidaire. Actuellement les débats vont bon train au coeur de l’organisation et au jour le jour, les militants du parti s’enrichissent politiquement. C’est là que le rôle des marxistes dans QS est d’une importance déterminante. Beaucoup de membres de Québec solidaire sont des gens qui, ne s’étant jamais reconnus dans le discours des politiciens bourgeois, sentent qu’ils ont leur place en politique grâce à ce parti. Donc beaucoup d’entre eux sont en plein apprentissage face à la politique. C’est là que les marxistes ont un rôle important jouer.

    Montréal 18 mars 2007

  • Participez aux discussions lors de Socialisme 2007 !

    Il est temps pour une alternative socialiste !

    « Après la pluie vient le beau temps » dit le proverbe populaire. Et c’est aussi le discours de nos dirigeants : « certes, nous connaissons une série de problèmes aujourd’hui mais faites-nous confiance, serrez-vous un peu la ceinture, ouvrez un peu plus votre portefeuille et demain tout ira mieux. »

    Nicolas Croes

    Mais le beau temps ne veut rien dire pour les dizaines de milliers de personnes qui décèdent chaque jour dans le monde faute d’un accès à l’eau potable ou à des soins de base. Et, chez nous, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il tarde à venir (malgré le réchauffement climatique).

    Les bénéfices de la croissance, tout comme les sacrifices de la crise, sont loin d’être répartis équitablement. Ces 5 dernières années, les bénéfices des entreprises belges cotées en Bourse ont augmenté de 41%… Un record ! Et votre salaire, il a atteint des records ? La banque ING a terminé l’année 2006 avec un bénéfice de 7,7 milliards d’euros. Pourtant, on nous rabâche encore qu’il faut faire plus de sacrifices : travailler plus longtemps, pour moins cher, mais dépenser plus pour acheter n’importe quoi.

    « Après la pluie, le beau temps »… un bien bel argument pour ne pas se rebeller contre quelque chose qui paraît « naturel ». Mais ce ne sont pas les tendances climatiques qui poussent des millions d’êtres humains à vivre dans la pauvreté et la misère mais bien la politique de ceux qui contrôlent la société.

    Après la deuxième guerre mondiale, tout le monde a crié « plus jamais ça ». Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Plus de guerre ? Inutile d’en parler, l’idéal de paix est écrasé sous les bottes et les bombes tous les jours en Irak, en Palestine, en Afghanistan, au Sri Lanka, …Plus de fascisme ? En Europe de l’Est, en France, en Belgique,… les nostalgiques du IIIe Reich profitent du désaroi des victimes du système pour relever la tête.

    Pour un véritable avenir, il nous faut lutter ! Mais si la colère explose souvent, elle se dissipe souvent avant de pouvoir être canalisée en une véritable force. C’est de cela qu’il sera question à la journée de discussion « Socialisme 2007 » : comment, en profitant de l’expérience des luttes passées et présentes, offrir une véritable alternative à cette société d’exploitation et comment avancer aujourd’hui dans cette direction.

    Venez discuter avec nous, avec des syndicalistes et d’autres participants aux luttes, de Belgique, mais aussi de Pologne, d’Italie, de France,… Et rejoignez la lutte pour un monde dénué d’exploitation. Pour qu’enfin l’on voit le beau temps après la pluie…

    Socialisme 2007 à Bruxelles le samedi 31 mars. Pour tous les renseignements, voir le tract ou notre site: www.socialisme.be.

  • 8 mars : journée des femmes. Les inégalités persistent…

    Si le statut juridique des femmes a connu des améliorations, l’égalité entre hommes et femmes, mentionnée dans la Constitution belge, est loin d’être réalisée. Ce que l’on trouve sur papier est loin de correspondre à la réalité. Chômage, travail précaire, pauvreté, … ces maux sont de plus en plus répandus mais ne touchent pas hommes et femmes de la même manière.

    En Belgique, l’écart salarial moyen entre hommes et femmes est de 24%. Même lorsqu’elles remplissent une fonction complètement équivalente, il subsiste encore un décalage salarial de 6%. Cet écart se creuse d’autant plus qu’augmente le niveau de formation. Autre constatation : plus la profession se féminise, plus le salaire diminue.

    Le risque de pauvreté est également plus grand pour les femmes que pour les hommes (27% contre 13% en Wallonie) de même que l’occupation de postes à temps partiel (40% des femmes en Belgique contre 7,1% des hommes). Et, en 2004, le taux de chômage féminin était de 14,5% pour 10,5% chez les hommes. Face à la pension, l’inégalité persiste, les femmes touchant moins souvent leur pension complète, notamment à cause des arrêts de carrière (principalement pour s’occuper des enfants).

    Si les femmes ont néanmoins gagné une certaine indépendance économique et sociale ces dernières décennies, les inégalités subsistent toujours en matière de tâches ménagères. De plus, la violence contre les femmes sévit toujours fortement et reste banalisée. En Belgique, une femme sur sept est victime de violences conjugales graves et, selon une étude de 1998, 68% des femmes interrogées ont déclaré avoir connu la violence physique et sexuelle. Même sur leur lieu de travail, les femmes sont encore trop souvent confrontées à différentes formes de harcèlement sexuel.

    Que faire face à cette situation ? Beaucoup pensent que le problème vient des hommes et qu’il faut favoriser l’accession au pouvoir de femmes dans les entreprises et les gouvernements. L’arrivée au pouvoir de Michelle Bachelet au Chili, la candidature de Ségolène Royal à la présidence française ou celle d’Hillary Clinton aux USA ont repopularisé ce genre d’idées.

    Aux USA, dans les années 60, un ensemble de mesures préférentielles dans les domaines de l’emploi, de l’admission dans les universités,… appelé « affirmative action » a été mis en place. Les résultats ont toutefois été décevants, l’affirmative action ayant avant tout profité aux moins défavorisé(e)s.

    Et force est de constater que le rôle important de Colin Powell dans l’équipe Bush n’a pas fait grand chose pour le sort des Noirs aux USA, si ce n’est les aider à aller se faire tuer en Irak. Dans le domaine des femmes, Margaret Thatcher a été pire que ses prédécesseurs masculins à la tête de la Grande-Bretagne en terme d’attaques anti-sociales qui ont plus durement touché les femmes. Et que dire alors de Condoleezza Rice, femme et noire, et donc représentante de deux groupes discriminés qui parcourt le monde pour défendre la politique de Bush… Plus proche de nous, combien de femmes se sont-elles retrouvées sans emploi à cause des « assainissements » de Laurette Onkelinx dans l’enseignement ?

    Quant aux entreprises, s’il est difficile de trouver des femmes aux hauts postes à reponsabilité, l’exemple de Laurence Parisot, à la tête du MEDEF, l’association des patrons français, est édifiant. Selon elle « La vie, la santé, l’amour sont précaires. Pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? ».

    Alors, hommes et femmes, tous pourris ? La question ne se situe pas à ce niveau. La contradiction principale dans notre société n’est pas une lutte entre le féminin et le masculin, mais bien une lutte entre riches et pauvres, entre ceux qui possèdent les entreprises, les richesses et les rênes du pouvoir et ceux qui subissent leur exploitation. L’oppression des femmes – encore souvent entretenue par les discours religieux et politiques – est, dans ce cadre, un moyen efficace pour obtenir un travail gratuit (le travail ménager), peser à la baisse sur l’ensemble des salaires et susciter des divisions qui freinent les possibilités de lutter en commun.

    Il y a presque un siècle, en 1910, la création d’une Journée internationale des Femmes a été proposée par la socialiste allemande Clara Zetkin à une conférence internationale des femmes socialistes afin de « militer pour le droit de vote, l’égalité entre les sexes et le socialisme ». Ce lien entre la lutte pour l’émancipation des femmes et celles des travailleurs ne doit pas être oublié.

    La lutte pour en finir avec les discriminations et les violences envers les femmes est une lutte qui doit être menée quotidiennement. Mais une véritable égalité entre les hommes et les femmes ne sera possible que sous un système où ce ne seront plus les profits d’une minorité qui décideront de tout mais les intérêts de la majorité de la population.

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