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  • Anvers : Ne laissons pas d’espace aux néonazis le 1er Mai !

    Un petit groupe de néonazis veut utiliser la journée internationale du travail – une journée de lutte et de solidarité pour le socialisme – pour mettre en avant son racisme et sa haine contre le mouvement des travailleurs. Il nous faut une réponse adaptée : ne leur laissons pas un millimètre d’espace !

    Par Geert Cool, porte parole de la campagne antifasciste flamande Blokbuster

    Le petit groupe de néonazis de la NSA (Nieuw-Solidaristisch Alternatief) a vu une excellente occasion pour lancer une provocation médiatisée à Borgerhout, l’un des districts d’Anvers. Avec Bart De Wever comme bourgmestre de la ville et une coalition locale à Borgerhout sans la N-VA mais avec le PTB, la N-SA pensait avoir plus de possibilités de recevoir le feu vert pour manifester à Borgerhout, alors que ses demandes des années précédentes pour manifester le 1er mai ont été refusées tant à Malines qu’à Gand. L’organisation d’une fête de quartier le 1er mai sur la place centrale de Borgerhout, la place Moorkens, va probablement mener à la révocation de l’autorisation.

    L’annonce de l’action néonazie a reçu pour réponse une déclaration de la FGTB et un appel du SETCa à venir manifester à Anvers le 1er mai. Un appel facebook pour une fête de quartier sur la place Moorkens a rapidement réuni 1.500 participants. Cela démontre le potentiel de résistance face aux néonazis. Tout au long des actions antifascistes de ces dernières années, nous avons toujours défendu la nécessité d’actions politiques avec des campagnes vers l’extérieur des milieux antifascistes traditionnels avec un contenu de réponses sociales contre les éléments de division comme le racisme, le sexisme ou l’homophobie.

    Il est vrai que la N-SA et son petit ‘Führer’ Eddy Hermy sont visiblement contents de l’attention qu’ils reçoivent actuellement. Mais ne faire qu’ignorer les actions des néonazis signifie qu’ils ont le champ libre pour tenter de se construire. Pourquoi devrions-nous leur faciliter la tâche ? Ne rien faire comporte le risque d’avoir plus difficile de mener la bataille lorsque le danger sera plus grand. Nous sommes donc en désaccord avec le PTB qui a immédiatement annoncé qu’il n’allait pas répondre aux provocations et ne pas organiser de contre-manifestation. Le PTB aurait mieux fait de lancer l’appel pour mobiliser sa base électorale autour de revendications sociales tant pour combattre la politique antisociale de De Wever & Co que pour limiter l’espace des néonazis dans les rues.

    Le fait qu’une campagne antifasciste active puisse engranger des résultats est chaque année à nouveau démontré avec la manifestation contre l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, le NSV. Cette année encore (le 7 mars dernier à Louvain), nous avons mobilisé quatre fois plus de manifestants antifascistes que les militants d’extrême-droite. La campagne parmi les étudiants a permis à la mobilisation de se faire connaitre et il était même très difficile au bout d’un moment pour l’extrême-droite de mener une réelle campagne. Très souvent, l’attitude des étudiants était de directement jeter leur tract nauséabond à la poubelle. Leur campagne s’est finalement limitée à une poignée d’affichages nocturnes. La campagne antifasciste Blokbuster se prépare déjà à organiser une nouvelle manifestation anti-NSV, à Anvers cette fois, en mars 2014.

    L’action de la N-SA sera plus limitée que la manif du NSV et les néonazis ne vont sans doute pas oser mener une campagne active à Borgerhout. Ils vont probablement être présents avec un petit groupe venu de l’extérieur. D’un autre côté, il y a un grand potentiel pour la mobilisation et la résistance de la population locale et le mouvement ouvrier en général. L’indignation et le soutien pour la fête de quartier sont déjà une indication de ce potentiel. Cela signifie qu’un rapport de forces très favorable aux antifascistes est possible ; un blocage complet est même une option. Mais un rapport de force ne tombe pas du ciel, il faut le construire avec une campagne destinée à transformer le soutien passif en mobilisation active.

    Nous pensons qu’une mobilisation antifasciste nécessite une approche politique. Sans une telle approche, le danger existe de voir fleurir des actions symboliques, tellement symbolique que seul l’élément moralisateur restera présent. Voire même pas. Et qu’arriverait-il si les néonazis eux-mêmes rejoignaient la fête apolitique ?

    Une approche politique signifie d’expliquer d’où vient le danger de l’extrême- droite et comment nous y répondre. Des néonazis peuvent trouver un certain soutien sur base d’une aversion généralisée et de l’aliénation de la société, ce qui est renforcé en temps de crises, avec l’exclusion sociale pour une couche croissante de la population. Nous pouvons riposter en luttant pour un meilleur avenir : des emplois, des logements, des services publics,… au lieu de la haine du racisme, du sexisme, de l’homophobie,…

    L’implication du mouvement des travailleurs dans la lutte contre l’extrêmedroite est d’une importance capitale. La force potentielle de ce mouvement est très grande ; les syndicats organisent trois millions de membres dans ce pays ! Ce n’est pas aux communales mais aux élections sociales qu’il y a le plus grand nombre de candidats lors d’une élection en Belgique. Aucune autre force n’est capable de mobiliser à ce point.

    Si cette force potentielle est utilisée, il devient impossible pour les néonazis de faire une action à Anvers, qu’importe l’endroit. Cela ne veut pas dire que nous voulons que la marche traditionnelle du 1er mai à Anvers soit annulée ou remplacée par un autre type de manif. Bien sûr, nous espérons que la marche du 1er mai à Anvers va donner un message antifasciste clair. Mais la présence de beaucoup de syndicalistes et de militants politiques dans la ville peut être utilisée pour mener également une action antifasciste.

    Le danger que De Wever soit le vainqueur en cas d’affrontements et d’émeutes est réel. Comment l’éviter ? Si nous ne faisons rien et que les néonazis peuvent faire ce qu’ils veulent à Borgerhout, la possibilité de problèmes est très grande. C’est en organisant la colère contre le racisme et l’extrême droite que nous pouvons éviter les émeutes. En Allemagne, différentes villes ont été bloquées par des manifestations massives qui n’ont laissé aucune marge aux néonazis. Une action directe implique une participation de masse.

    La fête de quartier prévue peut jouer un tel rôle. L’occupation du centre de Borgerhout assurera qu’il sera impossible au néonazis de s’y rendre. Si cette fête n’est pas apolitique – et les partis établis vont tout faire pour que cela soit le cas – mais défend un message antifasciste combatif, il sera alors possible de mobiliser plus largement dans le quartier et de transformer le mécontentement passif contre le racisme en une implication active dans la résistance contre ce racisme et ses causes.

    Le 7 mars, un petit millier d’antifascistes ont manifesté à Louvain contre la marche de la haine des étudiants du Vlaams Belang. Avec une manifestation non-violente et une campagne au contenu politiquement développé, il est possible de réellement lutter contre l’extrême-droite. La situation en Grèce clarifie l’importance d’une lutte antifasciste combative et militante.

  • Capitalisme et culture du viol

    En décembre 2012, l’horrible viol collectif d’une étudiante de 23 ans à Delhi, en Inde, suivi de sa mort, a placé le fléau du viol sur le devant de la scène. Ce cas particulier ne sort malheureusement pas du tout de l’ordinaire par sa nature ou sa gravité. Ce qui l’a rendu exceptionnel, c’est la réponse explosive du mouvement ‘‘rage against rape’’, qui a fait descendre dans la rue une foule de femmes aussi bien que d’hommes opposés aux viols et à la violence sexuelle extrêmement fréquents, commis surtout contre les femmes et les enfants.

    Par Emma Quinn & Laura Fitzgerald, Socialist Party (CIO-Irlande)

    ‘‘Rage against rape’’ en Inde – malgré la nature problématique des appels à la peine de mort et à la castration pour les auteurs de viols (en plus de ne pas répondre aux causes sous-jacentes du viol, cela donnerait encore plus de pouvoir à un Etat indien qui réprime et va continuer à réprimer les luttes des travailleurs et mouvements sociaux) -, le développement du phénomène ‘‘Slutwalk’’ ces dernières années, fer de lance de la montée de la remise en cause de la ‘‘culture du viol’’, sont autant de développements véritablement positifs.

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    Socialisme 2013

    Commission le samedi 13/04 : Les causes de la violence envers les femmes et comment la combattre

    Commission le dimanche 14/04 : Le débat pro-choix sur le droit à l’avortement. Avec des militantes pour les droits des femmes, notamment Aisha Paulis (commission femmes du PSL)

    Plus d’infos et programme complet

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    La ‘‘culture du viol’’ peut être décrite par le fait de réagir aux viols et à la violence sexuelle en culpabilisant les victimes et les survivantes en se demandant comment elles s’habillent, quel est leur passé sexuel, leur consommation de drogue ou d’alcool, etc. de façon à la fois subtile et ouverte. C’est ainsi que réagissent la police et la justice, à des degrés variables en fonction des divers pays du monde. Il s’agit d’une vulgarisation du viol. Au cours de cette dernière période, ce phénomène s’est développé dans un contexte où, de plus en plus, les femmes et leurs corps se voient rabaissés au rang d’objet dans la culture dominante.

    Le viol est une question de pouvoir

    Le viol n’est pas une question de désir sexuel, mais plutôt l’expression ultime du pouvoir, du contrôle et de la suprématie sur un autre être humain. La majorité des victimes et des survivantes sont des femmes et la grande majorité des auteurs de viols sont des hommes. Les hommes victimes d’un viol sont particulièrement stigmatisés, en partie parce que c’est considéré comme une expérience émasculatrice. L’exemple de femmes soldates participant à l’humiliation sexuelle de prisonniers hommes dans la prison d’Abu Ghraib, en Irak, montre comment le viol et l’abus sexuel sont fondamentalement une expression du pouvoir : les forces impérialistes ont utilisé les abus sexuels dans le but très conscient de dégrader et de démoraliser.

    Les milliers d’années d’oppression de la femme ont signifié des milliers d’années de soumission, et notamment de viol. Les viols fréquents sur les esclaves par les possesseurs d’esclaves dans le Sud des Etats-Unis avant la Guerre Civile sont un exemple parmi beaucoup d’autres du viol en tant qu’expression de cette soumission imbriquée dans l’oppression économique également subie.

    Le début de la société humaine divisée en classes sociales – il y a environ 10.000 ans – a constitué un moment crucial dans l’instauration des structures et de l’idéologie qui oppressent les femmes. L’idéologie de la famille nucléaire et patriarcale en particulier, qui a atteint son apogée dans la Rome Antique lorsque les pères avaient droit de vie et de mort sur leur femme et leurs enfants, est une idéologie façonnée et utilisée par le système économique actuel du capitalisme. Malgré les grandes luttes et les changements survenus depuis lors, la promotion de cette idéologie a contribué à pérennisé l’oppression des femmes.

    Ce n’est nullement une coïncidence si la plupart des viols et des abus sexuels sont perpétrés par une connaissance de la victime, souvent même un membre de la famille, un partenaire ou un ex-partenaire. Sous le capitalisme, l’idéologie de la famille patriarcale (soutenue depuis les débuts de ce système) a permis que les femmes soient des sources d’heures de travail non rémunéré – comme elles le sont encore aujourd’hui de bien des façons et dans bien des cas – en effectuant le travail domestique, en s’occupant des enfants et des membres âgés de leur famille ou des malades.

    Cette idéologie était en contradiction avec la nécessité d’intégrer la force de travail féminine dans le système de profit, mais elle a aidé à justifier les plus bas salaires des travailleuses, une réalité toujours d’application aujourd’hui dans les pays capitalistes développés. En Irlande, selon un récent rapport de l’OCDE, les femmes gagnent en moyenne 14% de moins que les hommes, et ce fossé s’élargit à 31% pour les femmes qui ont des enfants (en Belgique, l’écart moyen est de 24%, NDT).

    L’Ère de l’austérité et son impact sur les femmes

    Ces dernières décennies, l’entrée massive des femmes dans la force de travail – tout en augmentant souvent l’exploitation que les femmes subissent à la fois en tant que travailleuses et en tant que femmes – a eu un impact progressiste. En s’engageant dans la force de travail, les femmes ont pris confiance en elles et, en réalité, les idées réactionnaires concernant la famille patriarcale et le rôle subalterne des femmes ont été profondément ébranlées. Par exemple, la grande majorité de la population européenne, hommes et femmes, n’acceptent plus l’idée selon laquelle les femmes ne devraient pas être égales aux hommes.

    L’ère de l’austérité actuelle signifie concrètement une énorme destruction de nos emplois, de nos services publics et de nos conditions de vie. Les femmes sont plus particulièrement affectées par les attaques contre le secteur public parce qu’elles représentent la majorité des travailleurs de ce secteur (en particulier dans la main d’œuvre peu payée du secteur public) et en raison de la nature progressiste des services publics qui peuvent socialiser ce qui auparavant étaient des problèmes privés pour les femmes (comme de prendre soin des malades et des personnes âgés).

    Des services sont en train d’être complètement érodés, comme l’aide à domicile (un service qui a en fait commencé sur base volontaire et non payée – notons l’impact de l’idéologie patriarcale qui montre les femmes comme des ‘‘soignantes naturelles’’ -, et pour lequel on s’est battu pour qu’il devienne financé et développé par l’État). Les femmes, en particulier, vont porter le fardeau de cette érosion, avec comme résultat probable le retour réactionnaire aux rôles traditionnels de genre. L’élite au pouvoir a besoin de trouver des moyens pour justifier ce retour en arrière. La publicité et les autres moyens de propagande (particulièrement aux USA) ont été massivement utilisés pour mettre l’accent sur la ‘‘place naturelle des femmes au foyer’’ en tant qu’épouses, soignantes et domestiques non payées, de même que leur subordination aux hommes juste après la seconde guerre mondiale, alors que les femmes étaient massivement entrées dans les usines pendant la guerre.

    Cette propagande nous paraît aujourd’hui grossièrement sexiste et dépassée. Cependant, d’autres formes de propagande sexiste ont été de plus en plus développées, dans les médias en particulier. L’offensive s’est même intensifiée cette dernière décennie : rabaissement de la femme au rang d’objet, marchandisation du corps féminin et ‘‘pornification’’ de la culture.

    L’impact du ‘‘nouveau sexisme’’

    Le ‘‘nouveau sexisme’’, appuyé en grande partie par l’industrie cosmétique (très rentable), joue actuellement un rôle dans le renforcement des vieilles idées selon lesquelles la valeur d’une femme se mesure à son apparence et à son look, en dénigrant sa valeur en tant qu’être humain égale aux hommes. Cette attaque idéologique offre aux politiciens l’espace pour mener une politique sexiste et réactionnaire. Ainsi, lors des émeutes de Londres en 2010, certains politiciens ont tenté d’expliquer le phénomène par l’éclatement de la famille traditionnelle en reportant la faute sur les parents célibataires, afin de ne pas parler des causes sociales derrière cette explosion de colère (taux de chômage élevé, aliénation et pauvreté massive parmi la jeunesse).

    En Espagne et au Royaume Uni, des partis politiques au pouvoir souhaitent aujourd’hui revenir sur le droit à l’avortement : une véritable indication de l’instrumentalisation des femmes en tant que boucs émissaires de même qu’un cas concret de casse des droits des femmes et de leur liberté de choisir. Aux USA, le degré auquel le parti de droite Tea Party a influencé le discours et la politique représente à la fois une attaque idéologique et une menace physique contre les droits des femmes. Les restrictions à l’accès à l’avortement y ont tellement augmenté que certains États n’ont plus qu’une seule clinique pratiquant l’avortement ouverte ! Paul Ryan, le candidat républicain malchanceux à la vice-présidence américaine aux élections de 2012, a précédemment soutenu une loi qui tentait de permettre aux violeurs de poursuivre en justice les victimes qu’ils auraient mises enceinte pour les empêcher d’avorter ! Voilà le contexte dans lequel la ‘‘culture du viol’’ existe. C’est aussi le contexte dans lequel cette culture doit être remise en cause.

    Les violences sexuelles comme arme de guerre et de domination

    Le viol en tant qu’expression de la suprématie et de la domination est illustré par les abus commis par de nombreux prêtres en position de pouvoir, des cas systématiquement couverts par la hiérarchie de l’Eglise Catholique. On peut également parler du cas du célèbre présentateur de la BBC Jimmy Saville (un proche de Margareth Thatcher qui a été protégé par la véritable institution qu’est la BBC) qui a abusé d’enfants et de jeunes vulnérables et marginalisés en toute impunité, des décennies durant.

    La violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre afin d’intimider et de dégrader l’ennemi ; en Syrie, c’est en fait la première raison pour laquelle il y a eu un exode massif de femmes et d’enfants dans des camps de réfugiés de Jordanie et du Liban. L’attaque de femmes et de filles par des hommes armés, parfois à plusieurs, est une caractéristique significative et problématique de la guerre civile syrienne. C’est globalement le cas des zones de guerre ; on estime à 200.000 le nombre de victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo dans le cadre de conflits armés. Le viol y est décrit comme une arme ‘‘moins chère que les balles et les bombes.’’

    L’Afrique du Sud connait des statistiques parmi les plus alarmantes, le taux de viols d’enfants et de bébés y est le plus élevé au monde. 37% de la population masculine admet avoir commis un viol et plus de 500.000 attaques sexuelles ont lieu chaque année. Le problème est notamment enraciné dans la croyance très répandue qu’une relation sexuelle avec une vierge guérit du sida. Ce pays comprend le plus grand nombre de séropositifs : 11% des habitants sont affectés. La Zambie, le Zimbabwe et le Nigeria sont aussi infestés par les attaques sexuelles à cause de ce mythe dangereux.

    Attaques contre les femmes sur la place Tahrir

    L’un des exemples les plus frappants de ce que représente le viol et d’où il provient se trouve peut-être dans le contexte de révolution et de contre-révolution qui se déroule en Égypte actuellement, au cœur symbolique de la révolution, place Tahrir.

    L’héroïque révolution qui a renversé le dictateur Moubarak en 2011 n’était en fait qu’une demi-révolution : le dictateur corrompu a été renversé par une lutte de masse et une grève générale, mais les bases-mêmes du capitalisme et de l’impérialisme n’ont pas été abattues pour céder la place à un gouvernement représentant les travailleurs et les pauvres visant à placer les richesses sous propriété publique et démocratique. Sans une telle démocratie, les portes ont été ouvertes pour que l’armée et l’Islam politique reviennent à l’avant. Cependant, les femmes, les travailleurs et les pauvres qui se sont battus héroïquement pendant la révolution ne sont pas simplement rentrés chez eux. Les femmes ont été présentes durant tout le soulèvement révolutionnaire de ces dernières années en Égypte, et elles sont encore présentes dans le mouvement aujourd’hui.

    La participation des femmes à la lutte, dans les soulèvements révolutionnaires et dans la quête de changement de la société, n’est pas seulement essentielle, elle est aussi une indication positive de la lutte en elle-même. Les réactionnaires en Égypte comprennent fort bien cela et visent spécifiquement les femmes pour tenter de toucher le mouvement dans son ensemble.

    Le viol est un des outils de ces réactionnaires. Des rapports montrent que la Confrérie Islamique a organisé et payé des groupes d’hommes pour attaquer brutalement et agresser sexuellement les femmes militantes sur la place Tahrir. Les femmes s’arment déjà elles-mêmes pour réaffirmer qu’on ne les forcera pas à rentrer à la maison, et des groupes de manifestants – hommes et femmes – organisent la défense pour résister à ces attaques.

    Viol et violence sexuelle en Irlande

    En Irlande en 2011, plus de 2000 survivantes à la violence sexuelle se sont rendues au RCC (cellule de crise sur le viol, NDT). Des milliers d’autres cas ne sont pas rapportés et on estime que jusqu’à une irlandaise sur sept souffre de graves abus sexuels, physiques ou émotionnels. En Irlande, la question du viol et des abus sexuels est complexe. Historiquement, le pays a été dominé par le contrôle de l’Église et par ses idées tordues sur la moralité. La vision du sexe est empreinte de peur et de honte, surtout en ce qui concerne les femmes. Le sexe était uniquement considéré comme un outil de procréation et une fille considérée comme ‘‘légère’’ était ‘‘une femme déchue’’. Malgré un rejet de ces idées réactionnaires par la plupart des gens d’aujourd’hui, la ‘‘culpabilité catholique’’ et la poussée du sexisme ‘‘moderne’’ (les femmes rabaissées au rang d’objet et la commercialisation du sexe) ont contribué à développer une culture de culpabilisation des victimes d’abus.

    Un sondage récent a montré que 41% des gens pensent qu’une femme est partiellement ou totalement responsable si elle se fait violer en ayant bu de l’alcool, 37% pensent qu’elle porte une part de responsabilité si elle a excessivement flirté avec un homme et 26% pensent qu’elle est responsable si elle portait des vêtements qui révèlent son corps.

    Le sensationnalisme suscitant la peur qui est cyniquement appuyé par les tabloïds possédés par des milliardaires a aidé à perpétrer le mythe que le viol est quelque chose qui n’est commis que par des hommes louches dans des ruelles sombres. En réalité, une femme sur cinq est abusée par son partenaire actuel ou son ex, 39% par un ami ou une connaissance. Le lieu le plus courant des viols est la maison de la victime.

    Selon les estimations, seuls 7% de tous les viols en Irlande sont condamnées. La DPP (Director of Public Prosecution) ne poursuit qu’un tiers des cas reportés, ce qui signifie que 70 cas sur 100 sont déjà perdus à ce stade. ‘‘Le manque de preuves’’ est la première raison pour laquelle la majorité des dénonciations ne va pas plus loin. Il y a significativement plus de chances d’aboutir à une condamnation si l’attaque se produit dans un espace public par un inconnu de la victime, par rapport aux agressions bien plus courantes où l’auteur est connu d’elle. Depuis l’introduction en 1990 de la pénalisation du viol conjugal, il n’y a eu qu’une seule condamnation, ce qui est choquant lorsqu’on considère que 18% des agressions sexuelles sur les femmes sont commises par des hommes qui ont ou ont eu une relation intime avec elles par le passé.

    Une étude par le Rape Crisis Network Ireland a monté que jusqu’à 40% des victimes de viols retirent leur plainte en raison de la faible réaction de la police. Les cas sont souvent abordés de façon insensible et des incidents comme le scandale de la ‘‘rape tape’’ de Rossport n’est pas pour rassurer les victimes lorsqu’elles rapportent la violence sexuelle. Dans cette vidéo, des policiers menaçaient deux manifestantes arrêtées de les violer si elles n’obéissaient pas à leurs instructions. Une autre tendance alarmante dans le système judiciaire irlandais est l’augmentation du nombre de procès où des hommes riches donnent une compensation financière à leur victime au lieu d’être condamnés à la prison.

    Le viol en Inde

    Le viol collectif et le meurtre d’une étudiante en médecine de 23 ans à Delhi ont amené la question de la violence sexuelle dans les médias de masse, obligeant les gens à se rendre compte de l’impact de la ‘‘culture du viol’’ en Inde et à travers le monde. La façon sournoise dont ce cas a été géré par la police a mis en lumière l’attitude dédaigneuse envers le viol en Inde.

    Il s’agit du crime le plus répandu dans le pays : au moins 24 000 incidents sont rapportés chaque année et on estime que seuls 50% des viols sont rapportés. Cette culture est un arrière goût amer du système féodal dominé par les hommes en Inde. Il existe un énorme mépris des femmes dans tout le large et varié spectre politique et religieux du pays. En contradiction directe avec le système discriminatoire, il n’est pas exceptionnel qu’un homme d’une caste inférieure agresse une femme de la classe supérieure dans la rue. La propriété des femmes par les hommes dépasse le statut social même ici, ce qui indique à quel point l’oppression des femmes est enracinée.

    Les femmes des classes inférieures Dalit ou intouchables qui sont les plus vulnérables. La société indienne leur offre peu de protection ou de justice et la majorité du temps, les attaques contre ces femmes ne sont pas remarquées et restent impunies. L’idéologie de la domination masculine dans une période de changement social rapide et abrupt, avec les femmes et les castes inférieures qui entrent dans la force de travail en raison des investissements capitalistes en Inde, est le contexte dans lequel le viol est si endémique et répandu dans le pays.

    Remettre en cause la ‘‘culture du viol’’

    ‘‘Mon violeur ne sait pas qu’il est un violeur. Vous lui avez appris que ce n’est pas de sa faute. J’avais trop bu, j’ai flirté, et mes vêtements étaient trop courts. Je l’ai cherché. Il m’a laissée dans l’escalier d’un parking. Mon (ex) petit copain m’a craché à la figure. Il m’a traitée de pute, il n’a traitée de salope. Je l’avais mérité. Mes amies me jetaient des sales regards. Elles m’ont dit que j’étais un déchet, sans réaliser que ça aurait pu être elles. Cette culture, votre culture, leur a dit, m’a dit, que c’était de ma faute. Et j’ai souffert. Mais mon violeur ne sait pas que c’est violeur. Je n’ai pas honte. Je reste debout.’’

    Comme l’indique cette citation d’une participante à la slutwlak de Washington DC en 2011, une culture qui ramène les femmes au rang d’objet, qui promeut une vision bancale de la sexualité des femmes, qui culpabilise les victimes et non les agresseurs, qui encourage les femmes à ne pas sortir seules la nuit, à prendre des cours de self-défense, à s’habiller d’une certaine façon pour éviter le harcèlement et attaques sexuel mais n’apprend pas aux hommes et aux jeunes pourquoi ‘‘non, c’est non’’ – fait absolument partie du problème auquel on doit s’attaquer.

    La prolifération de l’industrie pornographique – généralement destinée aux hommes et centrée sur une vision des femmes, de leur sexualité et du sexe en général très étroite, dirigée par les hommes et souvent misogyne, qui lie de plus en plus le sexe et la violence – alimente cette culture. C’est aussi le contexte de la gueule de bois de la promotion idéologique des rôles traditionnels de chaque genre qui dénigre aussi les femmes et appuie la subordination des femmes aux hommes. Plus encore, c’est le contexte de la promotion de l’idée, propre au capitalisme, de la responsabilité individuelle et de l’individualisme, qui isole les femmes à leur détriment, et des normes sociales et culturelles arriérées, qui donne naissance à la ‘‘culture du viol’’. Les phénomènes Slutwalk et Rage Against Rape sont en opposition à cette culture, et sont en soi une politisation des questions du viol et de l’oppression. Cela joue un rôle dans l’éducation des masses à cette question.

    Les femmes et la lutte pour le socialisme

    Comme nous l’avons vu, l’ère de l’austérité est une énorme menace contre les conditions de vies et les droits de chacun. Les travailleuses, aux côtés de leurs collègues masculins, sont à l’avant-garde de la lutte contre les coupes budgétaires et les suppressions d’emplois. En Irlande, nous avons surtout vu les travailleuses des entreprises Thomas Cook et La Senza occuper leur lieu de travail lorsqu’elles étaient menacées de licenciement. Les attaques contre le secteur public dans toute l’Europe requièrent une lutte énorme et un mouvement d’opposition massif. Les femmes peuvent jouer un rôle central dans un tel mouvement.

    En plus d’un combat déterminé spécifique pour remettre en cause le sexisme, l’objectification, la violence et les agressions sexuelles, il est vital qu’un mouvement contre l’austérité mette aussi ces questions en avant et les relie afin d’assurer que les femmes puissent être au centre du mouvement, et aussi jouer un rôle dans l’éducation des hommes, qui eux-mêmes n’ont pas intérêt à ce que la situation actuelle perdure.

    Depuis le début de la ‘‘Grande Récession’’ de la crise capitaliste, il y a eu une baisse de 29% du nombre de filles qui finissaient leurs études primaires (le taux est de 22% pour les garçons). Dans le pays le plus riches au monde, les USA, 17 millions de femmes vivaient dans la pauvreté en 2011 (de même que 12,6 millions d’hommes). Ces inégalités sont abjectes, de même que l’énorme pauvreté et la destruction des conditions de vie que le système du profit fait subir à la majorité des femmes, des hommes, des enfants et des jeunes dans le monde.

    La lutte pour en finir avec ce monde de violence, d’oppression, de pauvreté et d’austérité doit mettre le socialisme à l’ordre du jour, c’est à dire la propriété publique démocratique des principales richesses et ressources, et la planification démocratique de l’économie en fonction des besoins de la population.

    Une lutte massive pour réaliser ce changement en Irlande, en Europe et partout dans le monde, et une société basée sur la solidarité humaine et l’égalité, pourraient poser les bases pour remettre en cause et mettre fin à l’oppression des femmes que le viol incarne.

  • 24 mars : Mobilisons-nous pour un réel choix !

    Droit pour tous d’avoir des enfants sans s’appauvrir – Droit des femmes de décider de leur corps

    Depuis plusieurs années déjà, un mouvement réactionnaire se construit contre le droit des femmes à décider de leur corps. Ses membres organisent chaque année une marche contre le droit à l’avortement, mais ne se limitent pas à ça. C’est chaque semaine qu’ils tiennent des piquets devant certains plannings familiaux qui pratiquent l’IVG dans des villes comme Bruxelles, Anvers et surtout Gand, accusant les femmes qui ont pris la décision d’avorter d’être des ‘‘meurtrières’’. En plus, ils se font appeler les ‘‘pro-vie’’. Nous ne pouvons pas l’accepter !

    Par Emilie (Namur)

    Tout d’abord, la mort de Savita Halappanavar, en Irlande, nous a rappelé que c’est l’interdiction de l’avortement qui tue. Cette jeune femme est décédée en octobre 2012 suite aux complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué. Ensuite, légal ou non, l’avortement est un phénomène qui existe. Non sécurisée, cette procédure tue une femme sur huit. Enfin, a-t-on jamais vu un membre des ‘‘pro-vie’’ défendre des conditions de vie descentes pour tous ?! Se sont-ils même posé cette question ?

    Nous devons nous battre pour un réel choix : le droit pour tous d’avoir des enfants sans s’appauvrir, le droit des femmes de décider de leur corps. Pour cela, nous devons lutter contre l’austérité et réclamer un plan massif d’investissements publics.

    Tout d’abord, nous revendiquons la mise en place de réelles politiques de prévention. D’une part, pour que l’éducation sexuelle puisse se donner de manière sérieuse, nous avons besoin de plus de moyens pour l’enseignement, davantage d’enseignants, des classes plus petites. D’autre part, pour éviter des grossesses non désirées, la contraception devrait être gratuite, accessible à tous et de qualité. Aujourd’hui, la contraception coûte plus cher qu’un avortement.

    Ensuite, il est inacceptable qu’actuellement en Belgique un quart des femmes avorte pour des raisons principalement financières. Exigeons le droit d’avoir des enfants sans s’appauvrir. Cela commence par des emplois de qualité avec des salaires décents et des horaires fixes et raisonnables. Non aux heures supplémentaires ! On compte des milliers de chômeurs alors que les travailleurs subissent une charge de travail excessive. Nous exigeons un partage du temps de travail avec la mise en place des 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Ensuite, il faut des allocations familiales qui couvrent le réel coût d’un enfant. Puis, la Belgique manque de crèches et ce n’est pas le « plan cigogne 3 » du ministre Nollet qui va résoudre ce problème! Par exemple, Schaarbeek compte 500 places de crèches communales, mais 500 autres bébés sont sur les listes d’attentes. Les 500 nouvelles places par an qui vont être créées pour l’ensemble des 19 communes de Bruxelles, ne couvriront de très loin pas la demande. Enfin, les logements capables d’accueillir une famille sont trop chers au regard des revenus et les listes d’attentes pour des logements sociaux débordent.

    Le droit à l’avortement doit être lié aux revendications sociales. L’émancipation des femmes passe par l’émancipation de l’ensemble de la classe des travailleurs. Ne laissons pas d’espace aux mouvements réactionnaires ! Mobilisons-nous !

  • Mesures racistes à l’ULB

    C’est maintenant une tradition à l’ULB : à chaque année son scandale autour des inscriptions ! En plus d’avoir un minerval plus élevé, les étudiants non-européens devront dorénavant payer 200€ de caution au début de l’inscription (non-récupérables en cas de refus de l’inscription évidement). A cela s’ajoute un durcissement des critères d’entrée : avoir une moyenne de 65 % à son diplôme de secondaire, ne jamais avoir raté en bachelier,…

    Par Julien (Bruxelles)

    De l’aveu des autorités, il y a ‘‘trop’’ de demandes et cela nécessite ‘‘trop’’ de gestion. L’argument ‘‘On n’a pas les moyens d’accueillir tous ces étudiants étrangers’’ le confirme : gérer l’enseignement, c’est gérer la misère. Et le sous-entendu évidement : les étudiants étrangers, on les accepte… quand ils ont de l’argent !

    Selon l’ULB l’idée serait des ‘‘responsabiliser’’ les étudiants hors UE, éviter qu’ils ‘‘viennent, échouent et payent pour rien’’. Ce qu’on remarque c’est ce processus d’élitisation de l’université dont cette mesure est un parfait exemple. Pour faire des études il faut venir d’une bonne école secondaire, avoir le bagage culturel pour et les moyens financier. Pas un mot sur ceux qui échouent car ils travaillent pour payer leurs études. Pas un mot sur le sous- financement qui empêche d’avoir des syllabus à prix réduit et des conditions d’études décentes, pas un mot enfin sur la difficulté d’accéder à l’aide sociale. Alors que l’ULB organisait en novembre un colloque ‘‘ULB : université ouverte’’, ce qui est nettement mis en avant c’est une fermeture de l’unif aux plus précaires et aux étrangers. C’est de fait la discrimination qui s’impose.

    L’ULB veut aussi faire la police : ‘‘Il y a énormément de ‘‘faux-dossiers’’, des gens qui viennent juste pour avoir un visa, etc. mais qui ne veulent pas vraiment faire des études, ils veulent des excuses pour venir en Belgique.’’ C’est quand même étrange que quand l’unif manque d’argent, elle s’inquiète soudainement de la politique migratoire ! Alors quelle a longtemps été un refuge pour les sans-papiers, l’ULB veut aujourd’hui aider à ce que les étrangers aient plus de mal à entrer sur le territoire.

    Avec l’austérité et les 30 ans de sous- financement de l’enseignement, ces méthodes de gestion de la misère seront de plus en plus utilisées. Vers un futur à la grecque ou à l’espagnol, avec hausse des minervaux, privatisations, hausses des frais annexes,… ? Dans un contexte de chômage de masse, la difficulté d’accéder au diplôme supérieur va évidement plonger la jeunesse dans ce qu’on appelle de plus en plus ‘‘la génération sans avenir.’’

    Face à cela, nous revendiquons le refinancement de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB. Ce n’est pas aux jeunes de payer pour la crise, l’argent existe, dans les poches des patrons. Nous revendiquons la nationalisation des secteurs clefs de l’économie et d’utiliser les profits pour les besoins de la population.

  • Comment les politiciens et les patrons transforment la réalité

    Ce n’est pas la concurrence, mais la solidarité qui crée les richesses

    Ce n’est pas la solidarité, mais la concurrence qui appauvrit

    Ce dossier traite du fondement-même de la société actuelle ; la production basée sur la concurrence. On nous le rappelle chaque heure, chaque minute, chaque seconde : si nous ne sommes pas concurrentiels, nous allons tous périr ensemble. Des syndicalistes combatifs lanceront une contre-offensive au cours des prochaines semaines et des prochains mois. La concurrence n’est plus depuis longtemps un moteur pour la création de richesses, au contraire. La production actuelle, le développement de la science et de la technique, exigent un autre modèle économique dont la base ne serait plus la concurrence et la compétition, mais la coopération et la solidarité.

    Par Eric Byl, dossier par dans l’édition de mars de Lutte Socialiste

    L’idéologie dominante

    La propagande du patronat, nous la connaissons. Ce sont toujours ces mêmes patrons qui sont interviewés par une élite ‘‘choisie’’ de journalistes neutres dans des médias de masse qu’ils contrôlent eux-mêmes, que ce soit de façon directe ou indirecte.

    Ce sont toujours ces mêmes politiciens qui, avec en vue de futurs postes lucratifs dans des conseils d’administrations d’entreprises, viennent répéter les mêmes ‘‘vérités’’. Dans le meilleur des cas, les journalistes sont forcés de se retenir mais, dans leur majorité, ils sont imprégnés de la logique patronale et, très souvent, sollicitent ouvertement une future carrière politique. Leur bas de laine ? Pour survivre, il faut augmenter la compétitivité des entreprises.

    Il existe aussi une propagande plus raffinée, plus systématique et par conséquent mortellement efficace. Des publicités, des feuilletons, des films, des magazines, des journaux commerciaux et des quotidiens soutiennent tous, de façon consciente ou inconsciente, l’idée qu’il faut être concurrentiel pour avoir du succès. Même le sport, où une bonne dose de compétition devrait stimuler le développement physique et psychologique de tous, est transformé en un plaidoyer pour une concurrence impitoyable. Le moyen de propagande peut-être le plus efficace d’entre tous est la simple transmission des valeurs et des mœurs dominantes de la société par les parents, les amis, l’école, l’église, etc. C’est ce dont Marx parlait en disant que l’idéologie dominante dans une société est en général celle de la classe dominante.

    Le socialisme scientifique

    Il ne s’agissait pas simplement d’une intuition que Marx a appliquée par la suite aux sociétés précapitalistes, mais au contraire une loi tendancielle déduite après une étude approfondie de l’histoire humaine telle qu’elle était jusqu’alors connue. D’où l’appellation de socialisme scientifique. C’est tout à fait différent du ‘bon sens’ dont parlent si souvent nos politiciens. Ils ne font que repérer des caractéristiques de leur environnement immédiat pour décréter que ces “découvertes” sont des lois universelles. Quelques exemples ? ‘‘L’homme est naturellement égoïste’’, ‘‘l’exploitation a toujours existé et existera toujours’’, ‘‘l’homme a besoin de la concurrence en tant que stimulant pour produire’’,… Toutes ces ‘‘vérités’’ doivent nous convaincre de fatalisme et nous faire accepter notre sort.

    Avec son approche scientifique, Marx a pu non seulement reconnaitre la validité relative d’une loi tendancielle, mais également en voir les limites. Pendant 3 millions d’années (200.000 ans pour l’Homo sapiens), les humains ont vécu en tant que chasseurs-cueilleurs. Il n’y avait ni égoïsme ni exploitation, ils vivaient de façon sociale et solidaire, non pas par générosité, mais simplement puisque les conditions matérielles – vivre de ce qu’offre la nature – ne permettait pas de faire autrement. Ce n’est qu’il y a 10.000 ans, avec la révolution agraire, que l’exploitation est devenue la meilleure forme d’adaptation à son environnement. A la division du travail selon le sexe, les capacités physiques et l’âge s’est ajoutée une division du travail permanente entre activités physiques et spirituelles.

    L’espace nous manque ici pour analyser chaque type de société que nous avons connu depuis lors. Mais ce qui les caractérise tous, c’est l’existence d’un monopole de la violence aux mains de l’élite dominante et d’idéologies adaptées pour faire accepter aux sujets qu’ils cèdent une partie de leur travail à cette élite, qu’importe s’il s’agissait d’une caste dominante – dont le pouvoir est basé sur sa place spécifique dans la division de travail, comme avec le mode de production asiatique ou le stalinisme – ou d’une classe dominante qui possède directement les moyens de production telle que les sociétés esclavagistes, féodales, capitalistes ou l’une des nombreuses formes intermédiaires.

    Marx est parvenu à la conclusion qu’une société peut tenir tant qu’elle réussit à développer les forces productives. Du moment qu’elle n’en est plus capable, le déclin s’amorce, le moteur de l’histoire – la lutte des classes – se met en marche ou, en cas d’absence de lutte des classes, la société est écrasée par d’autres plus dynamiques. Dans des telles périodes, les contradictions de la société deviennent plus aigües, de plus en plus visibles et de plus en plus insupportables. L’ancienne société ne veut pas encore céder la place, la nouvelle ne peut pas encore casser le carcan de l’ancienne. Cela provoque une crise qui atteint toutes les anciennes institutions, qui s’accrochent toutes désespérément à leurs privilèges et à leur vision idéologique, le dogme libéral de la concurrence dans le cas du capitalisme. C’est ce qui explique que des processus qui prendraient autrement des siècles peuvent soudainement éclater et se dérouler en quelques heures, quelques jours ou quelques années.

    une offensive pour annuler l’effet de la manifestation du 21 février

    Les syndicalistes venaient à peine de ranger leurs pancartes et de replier leurs calicots que l’offensive patronale reprenait de la vigueur. “La manifestation superflue” écrivait le lendemain le quotidien flamand De Morgen. “Coene s’alarme de la compétitivité morose”, annonçait De Tijd. Le jour d’après De Standaard avertissait: “Sans mesures drastiques, la Belgique s’expose à une amende européenne”. Le message ? ‘N’écoutez pas ces 40.000 syndicalistes bruyants, conservateurs et grisonnants, divisés en interne et isolés de leurs troupes, mais écoutez plutôt des personnalités importantes comme Luc Coene, gouverneur de la Banque Nationale et le Commissaire Européen Oli Rehn, sinon nous allons tous périr.’

    C’était comme si ces articles dénonçant que 18 des 100 plus grosses multinationales au monde utilisent la voie belge pour éviter de payer des milliards d’euros d’impôts n’avaient jamais étés publiés. Nous, par contre, nous avons retenu que les 25 sociétés de financement et holdings les plus capitalisés (qui gèrent ensemble 340 milliards d’euros et ont fait en 2011 un profit cumulé de 25 milliards d’euros) ont seulement payé 183 millions d’euros d’impôts, soit à peine 0,7% à peine (1) . Ne parlons pas cette fois-ci d’Arnault et de Depardieu. Mais nous ne pouvons que tirer l’attention sur le fait que les déductions d’impôts des entreprises ont, en 2010, largement dépassé la totalité des impôts de sociétés ! (2) Que disent Oli Rehn ou le rapport de Luc Coene à ce sujet ? Que dalle. Le rapport mentionne juste que “Les impôts sur les bénéfices des sociétés ont fortement progressé pour la troisième année consécutive.” (3)

    Une coïncidence est fort bien possible, mais le timing de la publication du rapport annuel de la Banque Nationale arrive très exactement au bon moment pour la droite politique et le patronat. Il se peut que ce soit une coïncidence aussi qu’Oli Rehn s’est senti appelé à consacrer quelques phrases à la Belgique le lendemain de la manifestation, mais nous ne serions pas étonnés d’apprendre que cela lui a été chuchoté.

    Dans la presse flamande, ça y va cash. La presse francophone doit être plus prudente. Pourquoi ? En mars de l’an dernier déjà, un sondage d’Ipsos avait dévoilé que 71% de la population Belge voulait réduire les avantages fiscaux des grosses entreprises. (4) Cette majorité se retrouvait dans toutes les régions mais, au sud de la frontière linguistique, elle n’était pas seulement plus large, mais aussi plus explicite et plus manifeste. C’est pourquoi Onkelinx réplique dans Le Soir que les nouvelles propositions de Luc Coene pour une nouvelle réforme de l’index sont une folie. Elle explique le fait qu’elle est déjà en train d’appliquer cela au gouvernement par la pression de la droite.

    Sous le titre “Les Belges accusent le coût salarial’’ , La Libre a publié un sondage de Dedicated. Bien que le titre de l’article suggère le contraire, les résultats sont alarmants pour le patronat et ses laquais politiques. Pas moins de 72% des sondés veulent des garanties d’emplois des multinationales en échange des avantages fiscaux. Plus frappant encore : 60% sont favorables à l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font du profit (72% en Wallonie, 66% à Bruxelles et même une majorité de 52% en Flandre). A la question de savoir si les autorités doivent contrer les fermetures par des nationalisations ou des régionalisations, 43% des sondés répondent par l’affirmative, une majorité à Bruxelles (52%) et en Wallonie (53%), mais aussi une minorité significative de 36% en Flandre. (5)

    Pas d’investissement

    Le mythe selon lequel il est possible de sortir de la crise par l’austérité est sérieusement miné. Nombreux sont ceux qui ne croient plus que de nouvelles concessions sur les conditions de travail et les salaires suffiront à restaurer la compétitivité des entreprises et à relancer l’économie.

    De plus en plus de salariés se rendent bien compte que chaque concession de leur part ne conduit qu’à de nouvelles concessions ailleurs. Ainsi, nous sommes tous entrainés dans une spirale négative de casse sociale. Le nombre de dépressions et de maladies psychologiques liées au stress augmente, tout comme le manque de perspective et le sentiment de se sentir traité comme des mouchoirs jetables.

    “Nous achèterons une usine à pneus en Chine ou en Inde, nous y payerons un salaire horaire inférieur à un euro et nous exporterons vers la France tous les pneus dont elle a besoin. Vos ouvriers, faites-en ce que vous voulez.” C’est ce que l’investisseur Américain Maurice Taylor a répondu à la demande de négociations sur la reprise du site de Goodyear à Amiens, menacé de fermeture.(6) Ce n’est pas étonnant que beaucoup de gens considèrent l’austérité comme un moyen de l’élite pour accumuler encore plus de richesses. Ils ne croient plus que plus de profits conduiront à plus d’investissements. Selon Trends, l’an dernier, les 30.000 plus grosses entreprises ont payé 40% de leurs profits aux actionnaires. (7) Quant aux entreprises européennes non-financières, elles disposent d’une réserve de cash de 2000 milliards d’euros, mais refusent de les investir.

    A en croire Coene, cela s’explique par le manque de confiance, tant des consommateurs (ce qui explique l’arrêt de la consommation) que des producteurs (qui craignent que les investissements ne seront pas suffisamment rentabilisés). N’est-il plutôt pas possible d’imaginer que les richesses ne sont pas réparties équitablement ? En fait, les produits de luxe se portent très bien, alors que la production de masse est partout en surcapacité malgré le besoin manifeste de logements sobres en consommation énergétique, d’écoles, de matériel convenable dans les transports publics, etc.

    Un problème de redistribution?

    D ans ‘Socialisme utopique et socialisme scientifique’ Friedrich Engels avait déjà accentué le fait que le capitalisme a socialisé la production. Nous sommes de nombreux producteurs à travailler sur un même produit, mais les moyens de production restent privés.

    De plus, le travailleur ne reçoit en salaire qu’une partie de son travail, le reste, c’est du profit qui peut être réinvesti ou qui disparait dans les poches des actionnaires. Il y a donc d’office une tendance systématique à la surproduction. Finalement, ceux qui disposent encore d’épargnes ne sont pas tentés de les dépenser alors que rode le spectre du chômage, alors qu’augmentent les coûts des soins de santé, de l’enseignement et des autres services et alors que la retraite légale permet de survivre de plus en plus difficilement. Une nouvelle dose d’austérité n’arrangera rien.

    Mais si le problème s’explique entre autres par l’inégalité de la répartition des richesses, n’est-il pas possible de corriger le marché et d’atténuer la concurrence ? Avec un gel des prix par exemple, comme Vande Lanotte l’a fait pour l’énergie ou comme Chavez au Venezuela ? Le gel des prix ne supprime pas la concurrence mais la déplace vers ailleurs, avec la diminution de la masse salariale dans le secteur concerné. De plus, un gel des prix sans nationalisation des entreprises concernées peut très bien, comme au Venezuela, conduire à des étagères vides en conséquence du refus de vendre des investisseurs privés qui peuvent aussi carrément décider de réorienter leurs investissements vers d’autres secteurs. Ne pouvons-nous pas atténuer les effets de la concurrence par un impôt plus important sur les sociétés, par un impôt sur les fortunes comme la CSC le défend ou par une taxe des millionnaires comme nos collègues du PTB le défendent ? Si le PSL avait l’occasion de voter pour ces mesures dans un parlement, nous le ferions certainement, mais pas sans expliquer d’avance les limites et les dangers de ces mesures. Les simples mesurettes de Hollande en France ont entrainé une fuite de capitaux de 53 milliards d’euros en deux mois à peine, en octobre et novembre 2012. De plus importantes mesures feraient sauter de joie les banques internationales dans la perspective d’accueillir une vague de capital en fuite. La population risquerait bien de se retrouver avec une sévère gueule de bois et l’idée que la gauche peut être positive pour le social, mais catastrophique pour l’économie.

    Un problème de profitabilité

    Dans ‘Misère de la philosophie’, Marx a répondu à Proudhon, qui lui aussi ne voulait pas abolir la concurrence, mais la limiter, “chercher un équilibre” . Marx y appelle la société capitaliste “l’association basée sur la concurrence.” Il démontre “que la concurrence devient toujours plus destructive pour les rapports bourgeois, à mesure qu’elle excite à une création fébrile de nouvelles forces productives, c’est-à-dire des conditions matérielles d’une société [socialiste, NDLA] nouvelle. Sous ce rapport, du moins, le mauvais côté de la concurrence aurait son bon.”

    Dans ‘Beginselen van de Marxistische économie’ (les bases de l’économie marxiste, non-traduit en français), Ernest Mandel l’expliquait en disant que les causes principales de la concurrence sont l’indétermination du marché et la propriété privée des moyens de production. C’est ce qui oblige le capitaliste à se mettre à la tête du progrès technologique, afin de ne pas se laisser dépasser par la concurrence. Cela exige de plus en plus de capitaux pour l’achat de machines de plus en plus modernes. Amortir ces machines pèse de plus en plus sur la quantité de profits réalisée par unité de capital investi. Des capitalistes moins riches sont poussés vers des secteurs moins productifs, d’autres partent en faillite et rejoignent les rangs des salariés.

    La concurrence conduit donc à la concentration, la formation de monopoles qui entrent en concurrence à un plus haut niveau. La concurrence économique pousse à l’accumulation de quantités de capitaux de plus en plus importantes. Ces capitaux sont soustraits du travail non rémunéré du salarié, la plus- value, d’où la contrainte économique d’augmenter cette dernière de manière permanente. La lutte sur le rapport entre le travail non-rémunéré et le travail rémunéré, entre la plus-value et le salaire (le taux d’exploitation), c’est le contenu élémentaire de la lutte des classes.

    La concurrence entre capitalistes entraîne une concurrence entre travailleurs. Avec les syndicats, les travailleurs essayent d’étouffer la concurrence entre travailleurs, en vendant leur force de travail de façon collective et non plus individuelle. Leur organisation collective devient donc un moyen de partiellement compenser la relation de soumission du travailleur face au capitaliste. Ainsi, la politique économique des travailleurs fait face à celle de la bourgeoisie. Le fondement de la politique économique de la bourgeoisie, c’est la concurrence, celui de la politique économique des travailleurs, c’est la solidarité.

    Dans les branches de l’industrie les plus développées, la production, la science et la technique ont depuis quelque temps atteint un niveau supérieur aux possibilités des investisseurs privés. Cela a provisoirement pu être surmonté avec la mobilisation de capitaux “dormants” (notamment des fonds de pensions), des subsides publics, des investissements militaires et la commercialisation de l’enseignement et des soins de santé. Mais la mise au point de nouveaux produits exige tellement de recherche et de développement et le capital investi doit être amorti à une échéance tellement courte (afin de ne pas se faire rattraper par des produits encore plus performants) que même ses moyens palliatifs ne suffisent plus. Des découvertes scientifiques essentielles sont cachées à l’aide de brevets afin de se protéger de la concurrence. Du temps, de l’énergie et des moyens précieux sont ainsi gaspillés.

    Aujourd’hui, la concurrence provoque la paralysie, fait obstacle au libre échange de savoirs ; ne nous permet pas d’investir les moyens nécessaires à prendre à bras-le-corps les grands défis écologiques, sociaux et économiques ; et condamne des millions de jeunes et d’autres travailleurs à être des spectateurs sans emploi. La concurrence ne détruit pas seulement nos emplois, nos conditions de vies, nos communautés, notre environnement, mais aussi souvent des unités de production performantes que nous pourrions utiliser pour répondre à de nombreux besoins sociaux urgents.

    Seule une société basée sur la solidarité, où toutes les banques et toutes les institutions financières seraient réunies en une seule banque sous le contrôle démocratique de la collectivité, pourra suffisamment mobiliser de moyens et les utiliser comme un levier pour une planification démocratique de l’économie en fonction des intérêts de toute la collectivité. Cette solidarité sera évidemment internationale.


    Notes

    1. De Tijd 2 février 2013 page 5
    2. De Tijd 13 février 2013
    3. http://www.nbb.be/doc/ts/Publications/ NBBreport/2012/FR/T1/rapport2012_TII. pdf Selon ce rapport, l’impôt des sociétés (plus d’un million de sociétés) représentait 3,2% du PIB en Belgique en 2011. Nous en sommes ainsi quasiment revenus au niveau d’avant la crise. Au total, cela signifie 11,6 milliards d’euros. Nous ne connaissons pas les profits cumulés de toutes les entreprises. Mais grâce à Trends, nous savons que les 30.000 plus grosses sociétés ont réalisé cette année-là un profit net cumulé de 76 milliards d’euros, contre 57 milliards d’euros en 2010 et 63 milliards d’euros en 2009. Cela laisse supposer que le taux réel d’impôt des sociétés ne peut être de plus de 9%, alors que le taux légal est de 33,99%. Les autorités perdent ainsi 30 milliards d’euros de revenus !
    4. Faire payer les grandes entreprises: le Belge est pour – Le Soir 14 mars 2012
    5. La Libre – 22 février 2013 page 6 en 7
    6. Het Nieuwsblad – 21 février 2013
    7. http://trends.knack.be/economie/nieuws/ bedrijven/trends-top-30-000-nettowinst-van- 76-miljard-euro/article-4000217926367.htm
  • La crise européenne est loin d’être terminée

    Il nous faut une grève générale à l’échelle européenne !

    Le délai supplémentaire accordé à la Grèce pour rembourser sa dette a temporairement retardé un défaut de paiement. En décembre, François Hollande déclarait à Oslo : “la crise de la zone euro est derrière nous”. Mais, à chaque fois, l’euphorie n’est que momentanée, l’establishment est systématiquement rattrapé par la réalité de cette crise profonde pour laquelle il n’a aucune solution.

    Par Boris Malarme, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Chypre sous perfusion

    Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, c’est au tour de Chypre (avec son secteur financier fortement exposé à la dette grecque) d’être également mis sous perfusion et tutelle de la troïka (le FMI, la Commission européenne et la Banque Centrale Européenne). Le parti Communiste (AKEL, qui était le premier parti politique depuis 2001) a été sanctionné pour sa politique d’austérité aux élections de février (26,9%) au profit de la droite (45,5%). Mais le candidat conservateur Nicos Anastasiades a fait part de sa volonté d’accélérer le rythme de l’austérité. Cependant, même une victoire surprise de l’AKEL au second tour sur base d’un soutien au ‘‘moindre mal’’ ne changerait pas fondamentalement la donne pour les travailleurs chypriotes [depuis lors, le second tour a eu lieu et les conservateur l’ont emporté, NDLR]. Tous les partis acceptent le chantage de la Troïka et les attaques contre les salaires et les pensions, les privatisations et les hausses d’impôts. Le plan de sauvetage d’au moins 17 milliards d’euros ne représente que 0,2% du PIB de l’Europe, mais cela équivaut au PIB de l’île chypriote !

    L’Europe craint l’instabilité en Italie

    A côté de cela, l’Italie (troisième économie de la zone euro) est un autre morceau sur lequel l’establishment peut se casser les dents. Cette crainte a été illustrée par les propos du président du Parlement européen, Martin Schulz, qui mettait en garde contre un retour de Berlusconi aux affaires. Ce dernier a connu une remontée dans les sondages qui l’a placé directement derrière Bersani, le candidat du Parti Démocrate (au moment d’écrire cet article, les résultats des élections n’étaient pas encore connus). Pour l’establishment européen, Berlusconi est un franc-tireur incontrôlable qui pourrait à nouveau saboter la confiance retrouvée des marchés suite à l’action du gouvernement non-élu de Mario Monti.

    De plus, le mouvement “5 étoiles” de l’humoriste Beppe Grillo serait destiné à devenir la troisième force politique du pays, brouillant ainsi les cartes. Sa campagne populiste autour du slogan “renvoyez les tous [les politiciens] à la maison” a largement recueilli le suffrage du mécontentement, faute d’une alternative sérieuse et crédible issue du mouvement des travailleurs. La campagne de la liste “Révolution citoyenne”, une alliance formée autour du PRC (Partito della Rifondazione Comunista) avec des éléments fortement à sa droite, est embourbée dans le discrédit et l’électoralisme. Ce n’est qu’une mauvaise copie de la campagne du Front de Gauche en France. Beppe Grillo, qui déclare que son mouvement n’est “ni de gauche ni de droite”, défend des propositions radicales lors de véritables one-man-show qui remplissent les places italiennes : nationalisation des banques, revenu minimum de 1000€, semaine de travail de 20h,… Mais d’autres mesures proposées sont à l’opposé : augmentation du nombre de privatisations, suppression des syndicats,…

    La classe capitaliste, avec le soutien de l’Eglise et des élites européennes, voulait disposer d’un gouvernement stable pour appliquer son programme, autour d’une coalition du PD de Bersani et de la liste de Monti. Cet essai est voué à l’échec car ces forces sont considérées comme les responsables de la politique de casse sociale. La remontée du spread italien (c.-à-d. l’écart de taux d’intérêt entre l’Allemagne et l’Italie pour emprunter sur les marchés financiers) illustre la crainte des marchés d’un possible blocage institutionnel. Mais quels que puissent être les résultats, le gouvernement sera ‘au mieux’ une équipe Bersani-Monti très faible qui devra alors affronter le mouvement des travailleurs.

    Vers des explosions sociales

    Toutes les contradictions s’accentuent. La spéculation atteint des sommets et produit de nouvelles bulles. Les plans d’austérité gonflent les dettes publiques et plongent le continent dans la récession. Les annonces de fermetures d’usines et de plans de restructuration massifs s’enchaînent. Il y a désormais 19 millions de sans-emploi dans la zone euro, soit 2 millions de plus qu’il y a un an. Le taux de chômage atteint 11,8%. La crise économique, sociale et politique s’amplifie.

    C’est dans ce contexte que le Ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, a récemment donné des instructions aux services de renseignement de la police pour suivre “au plus près” les conflits sociaux afin d’anticiper une “radicalisation”. Dans la presse, il s’est inquiété du fait que l’on assiste aujourd’hui “moins à des mouvements sociaux, qu’à des implosions ou explosions sociales”, le lendemain de la brutale répression des travailleurs d’ArcelorMittal à Strasbourg, tout en assurant que la police ‘‘ferait son travail’’. Manuel Valls exprime simplement par là sa bonne compréhension du caractère de la période dans laquelle nous nous trouvons, et clarifie le camp qu’il a choisi. En Grèce, rien que cette année, le gouvernement a déjà recouru par deux fois à la loi martiale pour réprimer des grèves de travailleurs.

    Le récent mouvement de masse qui a ébranlé la Bulgarie illustre le climat semi-insurrectionnel qui se développe dans l’opposition à l’austérité appliquée à l’échelle du continent. Après 10 jours de manifestations massives dans 35 villes du pays, le gouvernement de Boiko Borisov est tombé. Les factures d’énergie avaient plus que doublé en 2012 pour atteindre parfois les 100€ dans un pays où le salaire moyen est de 350€, le salaire minimum de 150€ et la pension moyenne de 75€ ! L’étroite collusion existant entre le gouvernement et les trois entreprises qui détiennent le marché de l’énergie a été dénoncé. Dans un contexte de succession de mesures d’austérité, l’augmentation des prix de l’énergie a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les promesses de diminutions des factures (de 8%) et le retrait de la licence de la compagnie tchèque CEZ d’une part, et la répression brutale d’autre part, ont soufflé sur les braises du mouvement qui a su faire chuter le gouvernement.

    Le Sud de l’Europe, maillon faible

    Les pays du Sud de l’Europe sont les plus exposés. Le chômage atteint les 26% en Grèce et en Espagne et respectivement 60% et 56,5% pour les jeunes de moins de 25 ans. Ce sont des niveaux dignes de la grande dépression des années ‘30. 2013 sera la sixième année de récession en Grèce, la troisième au Portugal et la cinquième en Espagne. La Grèce vient de connaitre sa 20e grève générale. De nouvelles manifestations sont encore prévues le 2 mars au Portugal.

    En Espagne, le gouvernement de droite de Rajoy est affaiblit par les scandales de corruption et est retombé à 23,9% dans les sondages, devançant à peine le PSOE (23,5%). Pendant 20 ans, des enveloppes d’argent provenant d’entreprises privées ont été distribuées au sein du PP. Rajoy lui-même aurait touché 25.200€ par an de cette manière. Cela illustre les liens étroits qui existent entres les politiciens et les patrons sous le capitalisme. Le 23 février, des centaines de milliers d’Espagnols ont manifesté contre “le coup d’Etat financier”, le jour anniversaire de la tentative de coup d’Etat de 1981. Les protestations contre l’austérité s’amplifient. Des manifestations de masse contre les expulsions des maisons (350.000 depuis 4 ans) et de la part des travailleurs du service public national de santé contre sa privatisation avaient encore pris place une semaine plus tôt. Le mécontentement et la volonté de lutter sont présents à la base de la société, mais les directions syndicales sont incapables de riposter à hauteur de ce qu’exige la situation.

    Vers une grève générale européenne ?

    Après le succès de la plus grande journée d’action coordonnée en Europe contre l’austérité, le 14 novembre dernier, les syndicats devraient élaborer un véritable plan d’action allant crescendo. Une grève générale coordonnée des pays du Sud de l’Europe et d’autres pays (comme la Belgique, la France, l’Angleterre, etc.) avec des manifestations de masse partout en Europe à l’occasion du sommet européen de la mi-mars constituerait une bonne prochaine étape pour transformer la colère en un rapport de force favorable aux masses. Cette journée de grève générale devrait être bien préparée et élaborée sur chaque lieu de travail.

    Quelle alternative politique ?

    Une autre faiblesse provient de l’absence de forces de gauche ou de leur timidité programmatique. Le drame que vivent les masses face à l’actuelle véritable guerre de classe exige des solutions radicales. Aucune demi-mesure n’est apte à réponde aux enjeux de la situation présente. Le non-paiement des dettes, la nationalisation sous contrôle des travailleurs du secteur financier et des autres secteurs vitaux de l’économie, de même que des entreprises qui ferment ou procèdent à des licenciements collectifs, permettraient de réaliser un plan massif d’investissements publics pour sauver les emplois, en créer d’autres et rompre avec cette Europe du Capital pour la remplacer par une confédération socialiste européenne sur base volontaire.

  • Appel à l'action contre la marche "pour la vie" du 24 mars 2013

    Ne laissez pas passer cette attaque contre les droits des femmes !

    Nous sommes inquiets. Depuis quelques années, le mouvement soi-disant ‘‘pro-vie’’ organise une Marche pour la Vie défendant l’abolition du droit à l’avortement. En plus de cette manifestation annuelle, des actions sont menées devant des centres pratiquant des avortements au nom du groupe “Sinterklaas”. Présents aux portes des centres, ses militants intimident et culpabilisent les femmes qui s’y rendent notamment à l’aide de photos de fœtus. Ils jettent même parfois de l’eau bénite sur les patientes ! Que les femmes soient attaquées de cette façon dans un moment où elles sont si vulnérable est inacceptable ! Hors de question de laisser passer ça !

    Ces dernières années, une réaction contre cette Marche pour la Vie a systématiquement été organisée. En mars 2012, un appel de la campagne Abortus Right a rassemblé plus de 2000 personnes pour défendre le droit à l’avortement. Il semble que, cette année, cette plateforme ne puisse pas réorganiser d’action. Nous pensons que laisser le champ libre à ces idées réactionnaires est dangereux et qu’il est nécessaire de construire une riposte.

    En Irlande, la mort de Savita Halappanavar nous a rappelé que l’interdiction de l’avortement tue. Cette jeune femme est décédée en octobre 2012 suite aux complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué. Des actions de protestation ont eu lieu dans plusieurs pays, y compris en Belgique, pour dénoncer la politique du gouvernement irlandais. En Europe, l’Irlande n’est pas le seul pays où le droit à l’avortement n’est toujours pas reconnu (Chypre, Malte et Pologne).

    De plus, le droit à l’avortement est également fortement mis sous pression dans plusieurs autres pays. Ainsi, le gouvernement espagnol veut limiter le droit à l’avortement en obligeant les femmes à justifier leur choix. Les plans d’austérité successifs ont instauré une pression sur les financements. Les développements de la crise et les bouleversements sociaux qui en découlent vont laisser un espace aux forces réactionnaires. Nous ne pouvons l’accepter.

    Nous sommes inquiets parce que la crise frappe durement les couches les plus pauvres et les femmes y sont surreprésentées. Cette mauvaise situation financière pousse certaines à décider d’avorter alors qu’elles ne le feraient pas avec une meilleure situation financière. Le mouvement ‘‘pro-vie’’ joue hypocritement sur ce malaise social afin de faire passer ses idées réactionnaires.

    Nous revendiquons un véritable choix pour les femmes : le maintien du droit à l’avortement avec de préférence un allongement du délai légal d’avortement. Mais nous pensons également qu’il est crucial de lier la défense du droit à l’avortement aux revendications sociales : le droit à un revenu stable et suffisant pour vivre confortablement par l’augmentation des salaires, de toutes les allocations sociales et des allocations familiales (afin qu’elles recouvrent réellement les frais de l’éducation) ; le développement de services publics permettant aux femmes de combiner travail et famille, etc. Ce programme doit garantir qu’aucune femme ne recoure à l’avortement pour des raisons essentiellement financières.


    24 mars 2013 à 14h Mont des Arts, côté Place Albertine (Bruxelles)


    CONTACT : 0484/36.77.01 (Aïsha)

    Evénement Facebook


    Premiers signataires

    • Anja Deschoemacker, porte-parole Gauches Communes
    • Ann Van Cutsem, delegee ACOD Overheidsdiensten
    • Maud Willems, employée SETCa
    • Tina Degreef, militante LBC
    • Paul Murphy, MEP (European United Left/ Nordic Green Left (GUE/NGL) group) – Socialist Party Ireland
    • Michael Pidgeon, action Irish Ambassy
    • Aïsha Paulis, Parti Socialiste de Lutte, Linkse Socialistische Partij
    • Marita de Neubourg, Rood
    • Mathias Vander Hoogstraeten, Actief Linkse Studenten – Etudiants de Gauche Actifs
    • Reza Farnoud, militant de la gauche Iraniène
    • Christian Palmero, militant CNE
    • Kristof Bruyland, lid van nationaal bestuur ACOD onderwijs
    • Sylvianne Mans, militante SETCa
    • Levi Sollie, delegee ABVV
    • Catherine Bracke, artiste
    • Karim Brikci, CGSP Brugmann
    • Jeroen Demuynck, parliamentary assistant to Paul Murphy, MEP (European United Left/ Nordic Green Left (GUE/NGL) group )
    • Tanja Niemeier, staff member of the European United Left / Nordic Green Left (GUE/NGL) group in the European Parliament
    • Lagae Stefanie, militante Setca-sel
    • Liesje Ulburgh, delegee ACOD Onderwijs
    • Jo Coulier, hoofdafgevaarde ABVV VUB
    • Antoine Thioux, animateur Jeunes FGTB Charleroi
    • Luz Alvarez, employée CPAS Molenbeek
    • Pascale Maquestiau (Le Monde selon les femmes)
    • Katrien Van Hecke (voorzitter HVV Vrijzinnige Vrouwen Oost-Vlaanderen)
    • Kris Smet (voormalig VRT journaliste)
    • Marijke Van Hemeldonck (ex-europarlementslid sp.a)

    Organisations signatrices

    PSL-LSP ; EGA-ALS ; Comac ; MALFRAPS ; Etudiants FGTB Bruxelles ; Jeunesse Ouvrière Chrétienne, Commission femme FGTB Bruxelles ; CGSP Brugman ; Le Monde selon les femmes ; JAC ; CHEFF ; SIDA’SOS ; Zij-kant ; LCR-SAP ; 8 maart organisaties (Iran-Afghanistan) ; CFFB – Section de Liège ; Hollaback!-Bruxelles ; Gauches Communes

  • STOP À L’AUSTÉRITÉ ! POUR LE DROIT DE CHOISIR !

    Pour la 4ème année, le mouvement qui se fait appeler « pro-life » marchera sur Bruxelles pour revendiquer l’abolition du droit à l’avortement. Ils organisent déjà des actions chaque semaine devant certains centres qui pratiquent l’IVG. Nous ne pouvons pas les laisser intimider des femmes et diffuser leur discours réactionnaire sans réponse. Ne leur laissons pas le champs libre. Défendons nos droits !

    Tract du PSL et d’EGA

    Tract en version PDF

    « PRO LIFE » : POUR LA VIE DE QUI ?

    Légal ou non, l’avortement est un phénomène qui existe. Pratiqué dans de mauvaises conditions, il est dangereux pour la santé des femmes. La mort de Savita Halappanavar en Irlande nous a rappelé que l’interdiction de l’avortement tue. Cette jeune femme est décédée en octobre 2012 suite aux complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué. Défendre le droit à l’avortement, c’est également défendre le droit des femmes de ne pas mourir au cours des avortements à risque !

    CONTRE L’AUSTÉRITÉ

    Même dans les pays qui ont légalisé l’avortement, le combat n’est pas fini. La crise économique et les plans d’austérité menés par les gouvernements rendent l’accès à l’IVG plus difficile comme c’est le cas en Espagne. Bien qu’aujourd’hui, le droit à l’avortement en Belgique ne soit pas directement en danger, le gouvernement va encore économiser de nouveaux milliards d’euros. Les soins de santé ne seront certainement pas épargnés, alors que le secteur est déjà sous pression. Défendre le droit à l’avortement, c’est également revendiquer un financement public suffisant pour les soins de santé !

    Nous avons également besoin d’une véritable politique de prévention des grossesses non désirées. La contraception devrait être gratuite et accessible à tous. Aujourd’hui, la contraception coûte plus cher qu’un avortement. Nous ne pouvons également pas laisser l’éducation sexuelle des jeunes entre les mains de la télévision et d’internet. Nous avons besoin de plus de moyens pour l’enseignement, davantage d’enseignants, des classes plus petites, où l’éducation sexuelle peut être donnée d’une manière sérieuse.

    POUR UN CHOIX LIBRE ET RÉEL

    Les politiques antisociales menées les dernières années ne laissent pas beaucoup de place à un VRAI choix. Beaucoup de femmes décident d’avorter pour des raisons principalement matérielles et financières. Nous revendiquons le droit d’avoir des enfants sans que cela nous appauvrisse. Nous n’avons pas besoin d’économies dans les services publics mais plutôt un élargissement de différents types de soins et de services qui permettent aux femmes de combiner famille, travail et loisirs. Nous n’avons pas besoin de jobs précaires mais d’un emploi de qualité pour tous. Nous n’avons pas besoin de contrôle des chômeurs mais des allocations qui couvrent les réels besoins des familles. Nous n’avons pas besoin d’une augmentation des coûts du logement mais un plan de construction massif de logements sociaux.

    MOBILISONS-NOUS !

    Pour lutter contre ces organisations réactionnaires, nous avons besoin d’une lutte collective des travailleuses et des travailleurs contre les attaques sociales qui sont menées par le gouvernement. Les partis traditionnels ont choisi leur camp. Ils défendent les intérêts du patronat en s’attaquant à nos conditions de vie. Nous avons besoin d’un société qui n’est pas dirigée par les profits mais qui répond aux besoins de la majorité de la population, une société socialiste.


    24 mars 2013 à 14h Mont des Arts, côté Place Albertine (Bruxelles)


    Participez à la campagne pro-choix ! Aidez-nous à mobiliser pour les différentes actions ! Contactez-nous si vous êtes intéressé pour construire la campagne contre les actions des pro-vie devant les centres de planning familial: femmes@socialisme.be Tel : 0484/36.77.01

  • ArcelorMittal : Construire la confiance et la solidarité par un plan d’action !

    Ce 21 février, à Bruxelles, les métallos d’Arcelor-Mittal et de Ford étaient en tête des quelque 40.000 manifestants qui ont défilé contre l’austérité et les pertes d’emploi. A corps et à cris, eux aussi réclamaient d’aller plus loin qu’une ballade Bruxelles-Nord / Bruxelles-Midi. Une véritable stratégie de combat discutée à la base est plus que nécessaire pour éviter que la colère ne devienne frustration et démoralisation. Ce 21 déjà, les métallos liégeois étaient bien moins nombreux que pour les manifestations de Namur et de Strasbourg : seuls 10 cars étaient partis du Centre Acier de Flémalle, contre 25 pour Strasbourg et Namur (le 6 février et le 29 janvier). La force des travailleurs est pourtant la seule sur laquelle nous pouvons nous baser pour sauver l’emploi.

    Article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste

    Le ‘‘front européen contre Mittal’’ et la task force

    ‘‘Mittal a toujours utilisé les gouvernements et les syndicats les uns contre les autres. Là, il a en face de lui un front uni de la Commission européenne, des syndicats et des États membres’’a expliqué le ministre français du Redressement Productif Arnaud Montebourg. ‘‘Pour les soldats de l’emploi que nous sommes, Jean-Claude (Marcourt, ndlr) et moi, recevoir un appui aérien de l’aviation européenne est appréciable.’’ De belles phrases très martiales qui peinent à masquer l’impuissance…

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    Répression et criminalisation des métallos

    A Namur comme à Strasbourg, tout a été fait pour présenter les métallos comme des sauvages avec qui il est impossible de discuter. A Namur, la police a directement attaqué le cortège de manifestants à coups d’autopompes, sans justification. A Strasbourg, les cars ont été vidés et fouillés – avec fouille corporelle des manifestants ! – avant leur arrivée en ville, pour se retrouver finalement enfermés sur une place, sans la moindre possibilité de bouger tandis que la police tirait sur la foule à coups de flash-balls et de grenades lacrymogènes.

    Dans les deux cas, les métallos ont réagi, ce qui a permis à la presse de publier des photos présentant les métallos agressés comme des agresseurs ! La palme de l’ignominie revient sans aucun doute à cette journaliste de RTL qui a tout fait (en vain) pour faire dire à John David, ce jeune métallo qui a perdu un œil à Strasbourg des conséquences des tirs de la police, que c’était ses collègues qui étaient au final responsables de sa situation !

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    Ce fameux ‘‘appui aérien’’ n’est rien d’autre qu’une succession de phrases en l’air. Le commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani (un ancien porte-parole de Silvio Berlusconi !) a juste demandé à Lakshmi Mittal de suspendre son plan de restructuration jusqu’en juin, où sortira un plan européen destiné à relancer la sidérurgie.

    Mais ArcelorMittal a directement rétorqué qu’il était ‘‘impossible’’ de retarder ses plans. Et maintenant ? Que vont faire les ‘‘soldats de l’emploi’’ ? Et qu’en sera- t-il de ce fameux plan européen élaboré par ceux-là même qui constituent l’état- major de l’austérité européenne ?

    En Belgique, une Task Force a été constituée pour trouver des alternatives aux fermetures annoncées. Mais l’effort de ce groupe (réunissant les gouvernements fédéral et wallon, les syndicats, le Forem, la Sogepa, la Spaque, des représentants de la banque d’affaires Degroof,…) se concentre sur la recherche d’un repreneur… alors que Mittal refuse de céder l’outil ! Poudre aux yeux, poudre aux yeux, poudre aux yeux.

    Mobiliser la force des travailleurs

    Nous n’avons rien à attendre de ces politiciens qui appliquent l’austérité d’un côté, et se disent prêts à défendre les travailleurs de l’autre. Pour les pousser à poser le moindre acte concret, il faudra leur forcer la main. Pour cela, la mobilisation de la collectivité sera cruciale et le potentiel est bien là : un sondage de La Libre/RTBF a encore dévoilé le 22 février que 43% de la population belge est favorable à la ‘‘nationalisation/régionalisation pour prolonger l’activité’’ (36% en Flandre, 52% à Bruxelles et 53% en Wallonie). De tels chiffres – avant même que la moindre campagne de masse ne soit lancée sur cette question ! – sont extraordinaires.

    Les métallos sont allés manifester à Namur, à Strasbourg et deux fois à Bruxelles. A quand une mobilisation massive à Liège afin de directement impliquer la famille, les voisins,… ? De nombreux travailleurs sont actuellement démoralisés. Sur les lieux de travail, l’atmosphère est lourde, même si beaucoup veulent profiter de la présence de leurs collègues et éviter de se retrouver seuls face à leurs problèmes. Une manifestation massive dans les rues de Liège démontrerait quelle est la solidarité de la population locale tout en permettant de sortir la lutte hors de l’entreprise.

    Dès l’annonce de la fermeture de la phase à chaud, le PSL a défendu l’occupation des sites, pour les transformer en quartiers généraux d’une campagne pour la nationalisation des outils sous contrôle des travailleurs et comme premier pas en cette direction. Ce serait une excellente méthode pour que les travailleurs soient côte-à-côte au quotidien et évitent de se retrouver seuls face à leurs problèmes, dans la lutte, pas pour poursuivre le travail et remplir les poches de Mittal.

  • Statut unique ouvrier/employé : Pour une harmonisation vers le haut !

    La distinction entre ouvriers (‘‘travail manuel’’) et employés (‘‘travail intellectuel’’) n’est plus d’actualité. On remarque en outre, depuis des années, un accroissement du nombre d’employés, notamment en raison de la diminution du secteur secondaire (l’industrie traditionnelle) et la croissance du secteur tertiaire (l’industrie de service).

    Par un militant de la CSC

    À l’heure actuelle, en Belgique, les travailleurs se divisent entre environ 60% d’employés et 40% d’ouvriers. Dans de nombreux secteurs et entreprises, des conventions collectives de travail (CCT) ont été conclues qui accordent un certain nombre des avantages normalement prévus pour les employés aux ouvriers. Dans d’autres secteurs (comme pour une bonne partie du secteur non-marchand), il est désormais acquis que tous les travailleurs reçoivent un contrat d’employé, indépendamment de leur fonction.

    Les différences sont importantes entre les statuts ouvrier et employé : au niveau des délais de préavis, du jour de carence (le premier jour de maladie), du calcul des congés payés, de la période d’essai ou encore de la fréquence de paiement des salaires. Dans l’ensemble de ces aspects, le statut employé est plus avantageux. La Cour constitutionnelle a statué que la discrimination entre ouvriers et employés devait être supprimée, au plus tard le 8 juillet 2013. S’il n’existe pas, à ce moment-là, de statut unique, les juges devront accorder aux ouvriers les délais de préavis des employés.

    De leur côté, les employeurs veulent un statut unique réunissant les éléments les moins favorables aux salariés et donc une harmonisation vers le bas. Le gouvernement fédéral, lui, veut un ‘‘compromis’’ où la situation serait (beaucoup) plus mauvaise pour les employés et (un peu) meilleure pour les ouvriers. Difficile de voir où est le ‘‘milieu’’ dans cette harmonisation vers ‘‘le milieu’’, mais ce serait plutôt proche du statut ouvrier. Un sérieux recul pour de nombreux travailleurs.

    Les syndicats exigent une harmonisation vers le haut. Certaines centrales ont adopté une attitude passive, semblant espérer que le simple fait d’attendre jusqu’au 8 juillet 2013 permettrait à tous les ouvriers d’automatiquement devenir employés. Certaines centrales ouvrières partent de leur côté de l’idée qu’une harmonisation vers ‘‘le milieu’’ constituerait déjà une amélioration et qu’il n’est pas nécessaire ou même ‘‘réaliste’’ d’exiger une harmonisation vers le haut. A la CSC, bien que la position officielle du syndicat soit une harmonisation vers le haut, il semble que le sommet de la hiérarchie accorde plus d’importance à l’aboutissement d’un statut unique qu’à son contenu.

    L’harmonisation vers le haut est la seule revendication raisonnable. Mais le gouvernement et les employeurs y sont opposés. Pour eux, seule prime la logique de profit et toutes les occasions sont bonnes pour supprimer les droits acquis et augmenter le degré d’exploitation. Contre cela, de petites actions symboliques pour relâcher un peu la pression de la base ne feront pas grande impression. Seuls une solidarité sans faille et un solide plan d’action peuvent instaurer une pression suffisante, en touchant les patrons là où ça fait leur mal : à leurs bénéfices. Une série de grèves générales pourrait très certainement clarifier que c’est la classe des travailleurs qui produit les richesses !

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