Tag: Belgique

  • Bruxelles : Appel à un rassemblement pour Clément Méric

    C’est avec tristesse et colère que nous avons appris le meurtre hier d’un militant du collectif antifasciste Paris-Banlieue et syndicaliste à Solidaires Étudiant-e-s, commis par des individus d’extrême-droite. Par ce communiqué, nous tenons à marquer notre solidarité envers ses camarades et à présenter nos condoléances à sa famille et à ses ami-e-s.


    Ixelles : Rassemblement sur l’avenue Héger (ULB) marche vers le Square groupe G et commémoration sur place.

    Accès : Tram 94, 25 et bus 71 ; arrêt ULB


    Alors qu’il sortait d’un magasin près de la gare Saint-Lazare, ce jeune militant étudiant a été lâchement agressé et battu à mort par des membres de l’extrême-droite radicale. Il est décédé des suites de ses blessures, dans la nuit, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

    Une fois de plus, cette agression sauvage nous montre que le fascisme est une idéologie autoritaire basée exclusivement sur la violence, qui ne tolère aucune forme d’opposition. Une fois de plus, le fascisme nous montre son vrai visage : celui de la barbarie et de la mort. Le mouvement d’extrême-droite des « Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires » est aujourd’hui pointé du doigt. Rappelons que le 1er mai dernier, leur chef, Serge Ayoub, défilait à Bruxelles aux côtés du mouvement belge Nation.

    Nous refusons que les partis et gouvernements de l’austérité tentent de récupérer politiquement l’événement voire de donner un alibi à cet acte abjecte – ceux-là même qui par leurs discours ou leurs actes banalisent l’extrême-droite et créent les conditions pour qu’elle grandisse. Nous savons que Clément faisait partie de celles et ceux qui chaque jour luttent réellement face aux classes dominantes pour l’égalité et la justice sociale. Ne nous trompons pas : les extrêmes ne se valent pas. La gauche progressiste a toujours été et sera toujours du côté des dominés. Le fascisme, même lorsqu’il se cache derrière un discours social, est une idéologie profondément raciste, sexiste et homophobe qui sert les intérêts du capitalisme.

    Il est plus que nécessaire de continuer à lutter aujourd’hui contre la peste brune qui se répand de plus en plus en Europe depuis la crise économique. Que ce soit en Grèce, en Espagne, en France ou en Belgique, l’extrême-droite se montre de plus en plus agressive et n’hésite plus à se montrer au grand jour. Face à la montée du populisme et de l’extrême-droite, notre résistance doit être toujours plus forte.

    Nous considérons que la meilleure preuve de notre soutien et de notre solidarité est de poursuivre indéfectiblement la lutte antifasciste en Belgique et ailleurs contre ces organisations qui propagent la haine.

    « Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place. » Pour nous, ces paroles ne sont pas un vain mot…

    Un camarade est tombé mais la lutte continue !

    • Antifa Bruxelles
    • CADTM
    • Collectif Alternative libertaire Bruxelles
    • Comac
    • Étudiants de gauche actifs (EGA)
    • Fédération bruxelloises des jeunes socialistes (FBJS)
    • Jeunes anticapitalistes (JAC)
    • Jeunes FGTB
    • JOC
    • Ligue Communiste des travailleurs (LCT)
    • Parti de Gauche (PG)
    • Parti socialiste de lutte/Linkse socialistische partij (PSL/LSP)
    • Union syndicale étudiante (USE)
  • Stopper la casse sociale et faire respecter la justice fiscale… Cela exige une réelle stratégie politique et syndicale !

    Spéculation financière, parachutes dorés, salaires des topmanagers, paradis fiscaux,… nos politiciens se disent impuissants. Un patron est pris pour fraude ou “évasion” fiscale ? ‘‘Les impôts sur les sociétés sont trop élevés.’’ Un autre recourt au travail en noir ? ‘‘Les salaires bruts sont trop élevés.’’ Le système de profit est en crise? ‘‘La compétitivité doit être renforcée.’’ Quoi qu’il arrive, les patrons sont toujours du côté qui paye.

    Tract du PSL pour la manifestation syndicale du 6 juin

    Comparez cela avec la manière dont nous sommes traités. Même sans frauder ou travailler au noir, nous sommes impitoyablement pillés. Il vaut mieux éviter d’être victime de chômage, de maladie, d’accident, d’invalidité, sinon on est rapidement soupçonné de ‘‘fraude sociale’’. Toute la politique européenne vise à saper les conditions de travail, à geler les salaires, à casser les contrats de travail et à détruire la prestation de service à la population. Les politiciens du patronat et de leurs institutions supranationales n’ont en fait qu’un seul remède à la crise : faire payer les travailleurs et leurs familles !

    Ils y parviennent en nous montant les uns contre les autres : jeunes contre séniors, Belges contre immigrés, Flamands contre Wallons, fonctionnaires contre travailleurs du privé, travailleurs contre chômeurs et maintenant employés contre ouvriers. Tout le débat sur le statut unique ne porte plus sur la fin de décennies de discriminations à l’encontre des ouvriers, mais sur l’assouplissement des conditions de licenciement et la réduction du préavis. Le nombre de fonctionnaires est-il trop élevé ? Le nombre de missions pour les services publics ne fait qu’augmenter. Suite aux magouilles des patrons, les autorités doivent maintenant assurer notre sécurité alimentaire et le respect des normes environnementales. Les patrons ne demandent rien de mieux que de voir leur technologie fiscale de pointe n’être combattue que par des moyens datant d’il y a 20 ans. Ils réclament des travailleurs hautement qualifiés mais râlent quand on parle de l’infrastructure et du personnel supplémentaires que l’enseignement exige.

    Les négociations salariales, à l’origine destinées à assurer que les salaires augmentent également dans les secteurs les plus faibles, ont été par la suite transformées en une norme salariale indicative et sont maintenant vidées de leur contenu. Avec sa nouvelle loi salariale, le gouvernement – soi-disant ‘‘l’ami’’ des travailleurs – veut fixer à plus long terme le gel salarial déjà décidé pour les deux prochaines années. Tout employeur qui cèderait à la pression des travailleurs se verrait infliger une amende, tandis que ceux qui respecteront le gel bénéficieraient de nouvelles réductions de charges.

    Une seule force peut arrêter cette spirale de casse sociale : la classe des travailleurs, en Belgique et en Europe. Mais cela nécessite plus qu’un ‘‘plan d’action’’ basé sur des soins palliatifs. Il nous faut un véritable plan d’action allant crescendo, bien préparé et démocratiquement discuté, avec des grèves générales, en commençant par la Belgique, mais en liaison avec un plan d’action européen. Aucune majorité pour ça ? Qu’on le présente d’abord à la base.

    Nous sommes de plus en plus à penser que nous n’avons pas besoin d’ennemis avec des amis pareils au gouvernement. Le moindre mal, nous le subissons déjà. A Charleroi, la régionale de la FGTB et la centrale des employés de la CSC ont appelé le 27 avril dernier à la création d’un nouveau relais politique, à la gauche des sociaux-démocrates, des écolos et des démocrates-chrétiens. On n’y est, hélas, pas encore mais en attendant, le PSL a envoyé – tout juste un an avant les élections du 25 mai 2014 – une lettre ouverte à tous ceux qui sont prêts à lutter contre la politique de casse sociale.

    Nous pensons qu’obtenir un ou plusieurs élus de gauche en 2014 n’est pas exclu, à condition que toute la gauche veuille et puisse y collaborer. Puisque le PTB est en ce moment le mieux placé pour ce faire, nous leur avons offert d’aider à convaincre la gauche de déposer des listes communes sous le nom de PTB-Unité ou quelque chose de similaire. Nous n’avons pas encore reçu de réponse de la part du PTB. Peut-être que la pression de militants syndicaux et d’autres activistes peut faire avancer les choses. Désirez-vous soutenir cet appel ? Contactez-nous par mail via info@socialisme.be ou par téléphone au 02/345.61.81.

  • Débat à Bruxelles sur l'unité de la gauche

    Dans le cadre des Mardis politiques au Garcia Lorca, l’Association Culturelle Joseph Jacquemotte et Alternatives à Bruxelles vous proposent un débat sur les suites de l’appel de la FGTB de Charleroi afin de construire un rassemblement de gauche en Belgique !

    Mardi 18 juin à 20h au Garcia Lorca

    Entrée gratuite

    Possibilité de manger sur place-réservation indispensable au 0472 67 13 28

    Près de quatre cents personnes se sont rassemblées le 27 avril dernier à Charleroi à l’appel de la FGTB de Charleroi, de la CNE et du comité de soutien à l’Appel du premier mai lancé en 2012 par la régionale carolo du syndicat socialiste (voir photo ci-contre).

    Pour rappel, la FGTB Charleroi-Sud Hainaut, rejointe depuis par la CNE, veut œuvrer à un rassemblement politique afin d’ouvrir une alternative anticapitaliste à gauche des partis traditionnels.

    infos (Matthieu Tihon) : 0473 49 67 79

    Nous vous proposons un débat inédit sur les conséquences de cet appel, les suites envisagées dans toutes les régions en Belgique et les perspectives pour les élections fédérales de 2014.

    Débat avec :

    • Daniel Piron, FGTB Charleroi et qui est à l’initiative de cet appel
    • Lahoucine Tazribine (sous réserve) Secrétaire Permanent Cne-Gnc (centrale nationale des employés de la CSC)
    • François D’Agostino, militant du Parti Communiste Charleroi
    • Anja Deschoemaker, militante pour le Parti Socialiste de Lutte/Linkse Socialistische Partij
    • Stephen Bouquin, militant et initiateur du parti ROOD
    • Un représentant(e) du PTB (Parti du travail de Belgique )
    • Un représentant(e) de la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire)

    "Nous avons besoin d’un nouveau départ. Nous avons besoin de nouveaux partis de la Gauche qui comprennent et défendent les intérêts des gens ordinaires. Nous avons besoin de nous unir autour de ce projet dans toute l’Europe. Nous ne pourrons réussir que si nous faisons de "l’Internationale" une réalité!" Ken Loach-réalisateur

    > Evénement Facebook

    > Rubrique de Socialisme.be concernant la nécessité d’un relais politique large des luttes des travailleurs à la gauche du PS et d’ECOLO

    > Lettre ouverte du PSL/LSP pour une union électorale de nos forces en 2014

  • NON au gouvernement Erdogan et NON à l’AKP, le parti du capital !

    Pour obtenir satisfaction de nos revendications et organiser la fin du règne de l’AKP, il nous faut une grève générale ! Unifions la résistance !

    Le gouvernement AKP de Tayyip Erdogan réprime brutalement la moindre volonté d’opposition. L’intervention violente de la police contre une manifestation pacifique opposée à la démolition du parc Gezi à Istanbul n’a été que la goutte qui a fait déborder le vase.

    Tract de Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie). PDF

    Le règne dictatorial de Tayyip Erdogan assure que tous les droits démocratiques sont systématiquement bafoués. Erdogan n’a pas hésité à répondre à chaque protestation démocratique à coups de matraques, de gaz lacrymogène, de canons à eau et d’arrestations massives. Des militants écologistes au mouvement ouvrier, tout doit être balayé pour satisfaire les intérêts d’une poignée de capitalistes.

    Il y a à peine un mois, le jeune étudiant Dilan avait été visé par la police quasiment tué sous le choc des tirs de grenades lacrymogènes pour avoir pris part à la manifestation contre l’interdiction de célébrer le 1er mai place Taksim. Peu de temps avant, il y a eu le massacre de Reyhanli en riposte à la politique impérialiste de l’AKP. Et ceux qui ont donné l’ordre de bombarder les enfants kurdes de Roboski restent introuvables.

    Cette accumulation de colère a poussé une mobilisation de quelques centaines de manifestants au Parc Gezi à devenir une protestation de millions de personnes.

    Assez c’est assez!

    Aujourd’hui, les jeunes, les travailleurs et des personnes issues de toute la société crient massivement le slogan ‘‘Tayyip démission!’’ A Istanbul, Izmir,… un peu partout en Turquie, les masses laissent libre cours à l’expression de leur colère. Les protestations ont spontanément surgi, il est maintenant nécessaire de très vite lancer des comités de résistance afin de coordonner les protestations et de développer des revendications politiques.

    Ces comités doivent organiser les protestations pour par exemple éviter le pillage des magasins et aussi pour organiser la circulation de l’information et l’assistance médicale. Nous avons également besoin d’un plan d’action politique. Erdogan ne démissionnera pas simplement sous la pression des manifestations. Faire chuter son régime nécessite de développer la résistance au moyen d’une grève générale. Cela pourra annoncer la fin d’Erdogan et de son gouvernement AKP qui ne sert que les intérêts du capital.

    Une grève générale vers l’obtention des revendications suivantes :

    • Toutes les personnes arrêtées dans les mobilisations de ces derniers jours doivent être immédiatement libérées !
    • Les agresseurs et leurs commanditaires qui ont attaqué les manifestants au Parc Gezi et dans toute la Turquie doivent être directement mis de côté. Ils ont voulu restreindre le droit de manifester et sont responsables des nombreux blessés.
    • NON aux plans qui destinent la place Taksim à n’être qu’une caserne et non aux autres projets qui pillent l’espace public !
    • NON à la volonté du gouvernement d’imposer ses positions à l’aide des forces de l’Etat !
    • NON à la défense des intérêts d’une poignée de capitaliste, rien n’est plus important que le droit à de bonnes conditions de vie dans un environnement sain !
    • NON aux attaques contre les droits syndicaux et les droits des travailleurs !
    • Tous les prisonniers politiques doivent être immédiatement libérés. NON aux arrestations de toute personne ne partageant pas les vues du gouvernement !
    • NON à la violence policière, aucune limitation du droit de manifester !
    • Stop à la répression contre les Kurdes !

    Contactez Sosyalist Alternatif (section du CIO en Turquie), le Parti Socialiste de Lutte (CIO-Belgique) et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) pour poursuivre le combat. Le CIO est présent dans plus de 45 pays et veut organiser la lutte pour une société socialiste. Non à la pauvreté, au chômage et à l’exploitation ! Lutte – Solidarité – Socialisme !

  • Brisons la norme salariale ! NON au blocage des salaires !

    Les provocations se suivent rapidement, les unes après les autres. A peine nous remettons-nous de cette mesure qui ne prévoit aucune augmentation des salaires au cours des deux prochaines années (hors indexation) que d’autres attaques surviennent pour un gel permanent des salaires. Et comme si cela ne suffisait pas, les extrémistes libéraux flamands et la fédération des petits patrons flamands, l’Unizo, réclament des mini-emplois à l’allemande, avec de micro-salaires.

    Par Geert Cool

    Ces dernières années, les grandes entreprises ont pu profiter en Belgique d’un régime fiscal des plus favorables. Toutes sortes de structures complexes ont permis aux multinationales de ne payer quasiment aucun impôt. La lutte contre la pauvreté et la misère n’ont pas pu bénéficier de pareilles technologies de pointe.

    Résultat : un transfert massif des ressources de la collectivité – c’est-à-dire de nous tous – vers les poches des grands actionnaires. Les topmanagers, les actionnaires et les spéculateurs sont assis sur une gigantesque montagne d’argent, mais leur avidité ne connaît pas de limites, ils en veulent plus, toujours plus. La révélation de ces 25.000 milliards de dollars cachés dans quelques paradis fiscaux est rapidement passée au second plan dans les médias dominants, derrière toute cette propagande qui affirme que le vrai problème, ce sont nos salaires. Tous les obstacles défiant la course aux profits des capitalistes sont en ligne de mire. Il n’y avait plus grand-chose à aller chercher du côté des diminutions d’impôts, d’autres ‘‘coûts’’ font maintenant face à l’artillerie lourde patronale, et nos salaires en premier lieu. L’argumentaire de l’establishment défend qu’en temps de crise, tout le monde doit faire des efforts.

    Mais bon, ça ne vaut pas pour tout le monde, et certainement pas pour les gros actionnaires ou les cadres supérieurs d’entreprises qui n’ont jamais été aussi gâtés. De plus, il n’a été démontré nulle part qu’une réduction drastique des salaires conduisait à la croissance économique. Les travailleurs grecs ont été saignés jusqu’à la moitié de leurs revenus. En vain. Au contraire, après cinq années de récession, on parle maintenant d’une ‘‘décennie perdue’’.

    Dans nombre d’entreprises, le personnel ne se contente pas de la norme salariale. Ainsi, le personnel de l’entreprise chimique Bayer (à Anvers) a obtenu une augmentation de 4%, ce qui est encore beaucoup moins que l’augmentation des dividendes versés aux actionnaires (+15%). ‘‘Illégal’’ crient les fédérations patronales, scandalisées. ‘‘Irresponsable’’ clament les partis traditionnels, ahuris. Des néolibéraux rouges comme la ministre De Coninck (SP.a) réclament un gel des salaires sur le long terme assorti d’une obligation légale. La concertation sociale est réduite à néant, le résultat est fixé à l’avance : au plus bas que puisse atteindre notre niveau de vie.

    Si cela ne dépendait que des libéraux officiels, les choses iraient encore plus loin, comme avec l’Open-VLD qui exige la création de mini-emplois avec de mini-salaires : ‘‘Cela permettrait un accès plus facile au marché de l’emploi.’’ Qu’ils aillent le dire aux 60% de la jeunesse grecque ou espagnole qui sont au chômage ! Ou à plus de 30% de la jeunesse bruxelloise. L’objectif est clair : tirer les salaires vers les abysses. On appréciera aussi l’hypocrisie de cette proposition de salaires de 450 euros par mois émise par un parti dont la présidente, Gwendolyn Rutten, dispose d’un salaire annuel brut de plus de 200.000 euros. Elle gagne plus que le salaire mensuel qu’elle veut nous imposer en une seule journée.

    Si nous les laissons faire, nous serons plongés dans une spirale négative sans fin concernant nos salaires, nos conditions de travail et notre sécurité au travail. Mais c’est leur système économique qui déraille, nos salaires n’ont rien à voir là-dedans. A mauvais diagnostic, mauvais remèdes. Et là, le poison sert avant tout à encore plus enrichir les super-riches au détriment de la grande majorité de la population.

    La seule cure est de construire une résistance conséquente, car chaque faiblesse appelle à l’agression patronale. Briser la norme salariale peut constituer la première étape pour inverser la tendance. La colère et la rage se développent, et il nous faut de toute urgence l’organiser dans la lutte contre la casse sociale, mais aussi pour une nouvelle politique. La politique néolibérale a laissé de nombreux secteurs exsangues (accueil de l’enfance, enseignement, logement, aide aux personnes âgées,…), nous ne pouvons en aucun cas nous limiter à une lutte défensive.

    Dans ce cadre, le PSL défend un programme de rupture anticapitaliste et socialiste, afin de construire une alternative où les nécessités sociales détermineraient l’orientation de l’économie, et non plus l’avidité capitaliste et l’approvisionnement des comptes bancaires dans les paradis fiscaux.

  • Europe : chasser le chômage, pas les chômeurs !

    Des chiffres de chômage dramatiques

    Avec plus de 26 millions de personnes sans emploi, le taux de chômage dans l’Union Européenne s’est élevé à 10,9% en février 2013 (1). En une année d’austérité, près de 2 millions de personnes ont été grossir les rangs d’un marché de l’emploi déjà saturé.

    Par Loïc (Liège)

    La logique capitaliste nous pousse à croire que l’austérité est la seule issue à la crise, mais c’est tout le contraire qui s’est produit et même les plus pessimistes ont dû réévaluer leurs prévisions. Les effets de la crise systémique du capitalisme poussent nombre d’entreprises à fermer volets. En Belgique, pas moins de 30 entreprises par jour se sont écroulées en 2012, portant le nombre de faillites à 10.587. Avec de telles statistiques, il serait grand temps de changer d’optique…

    Dans ce schéma, nous sommes déjà plongés dans un cercle vicieux qui ne pourra que continuer à porter des effets négatifs sur nos conditions de vies. Licenciements de masses, coupes budgétaires, réformes sociales, sauvetages de banques,… voici les seules solutions proposées par nos dirigeants. C’est n’est qu’en sacrifiant nos acquis qu’ils peuvent conserver les leurs.

    Avec un nombre de chômeurs en expansion constante, il est clair que les grands capitaux pourront profiter d’une réserve de main-d’œuvre qui est de plus en plus poussée au travail précaire et à la concurrence. C’est ce que Marx appelait ‘’l’armée de réserve du Capital’’.

    Nos dirigeants se disent garants des générations futures, en voulant, disent-ils, se sacrifier afin de sauvegarder les possibilités d’émancipation de notre génération. C’est évidement tout le contraire qui se produit, ils sont d’ores et déjà à l’œuvre afin de détruire tous les acquis que nous ont transmis nos grands-parents. Sécurité sociale, sécurité de l’emploi, accès à l’éducation, accès aux logements,… toutes ces choses nous sont progressivement retirées. Partout en Europe, les jeunes perdent tout espoir d’une qualité de vie meilleure, ou du moins égale, à celle de leurs parents. Les pays les plus touchés sont l’Espagne et la Grèce avec respectivement 55,7% et 58,4% de chômage parmi les moins de 25 ans !

    Cela a de nombreux effets directs sur cette catégorie de la population. C’est ainsi que depuis 2008, le taux de suicide a explosé en Europe, le suicide restant la première cause de mortalité chez les jeunes. Autre répercussion alarmante, l’augmentation d’infections par le VIH, qui est notamment due aux coupes budgétaires dans les programmes d’échange de seringues pour les drogués et la distribution de préservatifs. (2) Quand on sait que plus d’1,35 millions d’Européens connaissent des problèmes liés à la consommation de drogues, principalement l’héroïne, on ne peut que s’alarmer sur les prochains taux de mortalité. (3)

    Cette crise a également des répercussions sur le nombre de migrants parmi les jeunes à la recherche d’un avenir meilleur. Les montées du nationalisme, du racisme, de la concurrence entre travailleurs en Europe ne seront qu’accrues avec de telles solutions.

    Bref, voici comment nos dirigeants comptent préserver nos possibilités d’émancipations. Mais ce n’est pas comme cela que nous pourrons espérer de meilleures vies. Mais bien en acceptant la confrontation avec la classe dominante afin de remédier à tous les effets néfastes de cette crise et ses mesures d’austérité.

    Ce qu’il nous faut, c’est accepter la nécessité d’imposer une alternative à ce système qui ne peut trouver de solutions. Et cette alternative s’appelle le socialisme, le véritable, non celui de la sociale-démocratie qui, depuis longtemps, est complice de la droite. Ce qu’il nous faut, c’est s’allier à la classe des travailleurs qui est la seule classe opposée depuis toujours à la classe dominante. Ce qu’il nous faut, c’est prendre le contrôle des moyens de production afin de pouvoir satisfaire les besoins de la population et non les envies de la classe exploiteuse.


    (1) Eurostat

    (2) Selon Elias Kondilis, chercheur à l’université Aristote

    (3) Observatoire européen des drogues et des toxicomanies.

  • Comment aller chercher l’argent là où il est ?

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes et sont choquants : 25.000 milliards d’euros dorment sur des comptes planqués dans les paradis fiscaux. Leurs propriétaires ne représentent qu’une infime minorité de la population, quelques dizaines de milliers de personnes et d’institutions, qui possèdent ainsi de quoi en finir à plusieurs reprises avec la pauvreté dans le monde et de nombreux autres problèmes sociaux. L’appel à un partage des richesses existantes se fait plus audible.

    Edito de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Alors que l’homme de la rue – les travailleurs et les allocataires sociaux – est systématiquement visé par les plans d’austérité, les grandes fortunes sont épargnées. À chaque fois qu’il est question de les faire contribuer, la proposition est dégagée de la discussion sous prétexte que cela ne ferait que nuire à ‘’notre’’ position de compétitivité. Si le secteur diamantaire anversois cache des sommes énormes dans les paradis fiscaux, cela n’illustre, aux dires d’un de leurs avocats, que le fait ‘’qu’Anvers compte toujours comme centre diamantaire.’’ Face à cette élite de 1% de la population, les 99% restants ne représentent donc rien ?

    La logique de concurrence conduit à la pauvreté et au recul social, tout à l’opposé de la solidarité du mouvement des travailleurs. Au sein de cette solidarité se trouve la répartition équitable des richesses. Nous soutenons la revendication d’un impôt sur la fortune qui ferait payer aux riches les conséquences de cette crise causée par leur avidité.

    Mais il faut se demander comment faire. Les riches ne vont pas gentiment abandonner leurs fortunes parce que nous leur demandons. Un nouvel eldorado fiscal se développera toujours pour prendre la place de celui qui a été détruit. Quand François Hollande a parlé d’une taxe sur les plus hauts revenus (limitée d’ailleurs : 75% sur la tranche supérieure à un million d’euros), Gérard Depardieu s’est envolé vers la Belgique. Il n’est pas le seul à considérer notre pays comme un paradis pour les riches: certains quartiers d’Uccle sont devenus de véritables ghettos pour Français super-riches.

    La lutte contre la grande fraude fiscale des autorités est une opération de communication plus qu’autre chose. Mais qu’attendre d’autre de la part de partis qui ont organisé le pillage légal des caisses de l’Etat en votant des mesures telles que la déduction des intérêts notionnels? Quand les quotidiens L’Echo et De Tijd rapportent qu’au moins 110 entreprises belges auraient des connexions avec les Îles Vierges britanniques ou les Îles Caïmans (on y retrouverait même l’Etat belge), le secrétaire d’Etat à la Lutte contre la fraude John Crombez (SP.A) ne semble pas vouloir aller voir plus loin.

    De Tijd a d’ailleurs fait remarquer : ‘’Les enquêteurs de la police fédérale doivent maintenant travailler sans disposer d’accès à la vaste base de données des entreprises. Le contrat avec la base de données Euro DB n’a pas été prolongé suite aux économies du gouvernement et aucun nouveau contrat n’a été conclu. (…) Les criminels en col blanc, contrairement à nos enquêteurs qui les combattent, mettent en place des entreprises mondiales avec les meilleurs conseillers fiscaux et de la technologie de pointe. C’est David contre Goliath.’’ Nos enquêteurs en sont encore à l’âge de pierre.

    L’inégalité des richesses est inscrite dans le code génétique de ce système, au plus profond de lui. À mesure que la crise s’aggrave et instaure une pression sur les profits, les capitalistes et leurs marionnettes politiciennes imposent des mesures drastiques contre les travailleurs et leurs familles. Les effets de cette politique économique insensée sont visibles dans un nombre croissant de pays, le temps où les catastrophes sociales étaient confinées au sud de l’Europe est derrière nous.

    L’énorme disparité des richesses ne provient pas de l’activité ‘’accidentelle’’ de quelques brebis galeuses. Les pommes pourries au sommet de la société ne sont que l’expression d’un panier – la société capitaliste – totalement pourri. Et de la même manière qu’on ne peut durablement enlever les mauvaises herbes sans s’en prendre à leurs racines, une solution ne saurait être fondamentale que si elle s’attaque au problème en son coeur.

    Une rupture fondamentale avec le système capitaliste est nécessaire pour en finir avec cette inégalité des richesses sans précédent. Afin d’être véritablement en mesure de redistribuer les ressources disponibles, un contrôle démocratique est nécessaire. C’est pour cela que les secteurs clés de l’économie doivent être placés sous contrôle et gestion démocratiques et publics. Cela nécessite d’engager un combat déterminé dans la perspective d’une société socialiste démocratique.

  • Statut unique ouvrier / employé & protection contre les licenciements : Bas les pattes !

    Partout en Europe, on licencie en masse. Le continent comporte déjà plus de 26 millions de chômeurs. L’inquiétude de beaucoup de travailleurs est donc fort compréhensible. Que faire si nous sommes menacés de rejoindre cette armée de chômeurs de plus en plus imposante ?

    Article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Dans le contexte actuel de profonde crise économique, toutes les discussions sur le statut unique (à partir des statuts d’ouvrier et d’employé) en Belgique ont été réduites à une seule : la question du licenciement. D’autres différences entre les deux statuts existent également, mais la période du préavis de licenciement constitue un problème pour les patrons depuis un bon bout de temps. Les employés ne peuvent pas être virés du jour au lendemain. Pour des ‘’ouvriers’’ qui font surtout du travail ‘’manuel’’, les périodes de préavis sont bien plus courtes.

    Les diverses évolutions techniques ont dépassé cette distinction entre travail manuel et intellectuel. Mais dès lors qu’il est question des préavis, les employeurs préfèrent se référer aux conditions des ouvriers, plus défavorables aux travailleurs. Au nom de la flexibilité et de la concurrence, le patronat souhaite licencier au moindre coût. Le personnel est en solde, tout comme la sûreté d’emploi.

    Les employés devraient connaître de moins bonnes conditions afin de privilégier la position concurrentielle des entreprises qui seraient actuellement enclines à moins engager à cause des ‘’frais de licenciement élevés’’. Mais le patronat ne nous explique pas comment une pire protection contre les licenciements pourrait conduire à une création d’emplois dans cette période où règnent les contrats précaires.

    L’une des dernières propositions en date concernant les périodes de préavis nous vient de l’Institut Itinera, un ‘’think tank’’ qui soutient la propagande quotidienne du patronat. Le professeur Marc De Vos a ainsi proposé de limiter le préavis à un minimum de 2 mois, en ajoutant un demi-mois de plus par tranche de 5 années d’ancienneté, avec un maximum de 6 mois. Il s’agit d’une attaque frontale contre le préavis des employés.

    De Vos veut ‘‘compenser’’ la perte avec un ‘‘budget supplémentaire d’un demi-mois par année d’ancienneté, avec un maximum de 6 mois, qui pourrait seulement être utilisé pour accompagner le travailleur licencié vers un nouveau boulot.’’ Avec le degré élevé de chômage, cela impliquera surtout de juteux bénéfices pour toutes les firmes qui se chargeront de cet ‘‘accompagnement vers le travail’’. Mais trouver du travail quand il n’y en a pas, ça reste assez difficile…

    Tout ce débat est orienté contre la sûreté d’emploi et contre notre emploi tout court. Il a pour objectif de faire porter une partie du coût du licenciement sur le dos de la collectivité. À nouveau, on veut faire porter la responsabilité du chômage sur ses victimes.

    Pour éviter que le débat autour du statut unique ne soit utilisé pour attaquer les acquis sociaux des employés, une réponse syndicale conséquente et unifiée sera nécessaire. Chaque division de notre côté sera utilisée pour porter l’attaque plus loin, de même que chaque faiblesse. Et cette unité, seule une lutte pour l’harmonisation des deux statuts vers le haut est capable de l’obtenir. Partons à l’offensive dès maintenant pour éviter que le gouvernement n’essaye de forcer l’application d’un mauvais compromis.

  • Pour un véritable choix : Pour le droit à l’avortement et le droit d’avoir des enfants sans sombrer dans la pauvreté !

    Le dimanche 24 mars dernier s’est déroulé la ‘‘Marche pour la Vie’’, et il a été question un moment d’une ‘‘Marche européenne pour la Vie et la Famille’’ en avril. A côté de ces manifestations, les activistes du ‘‘Sinterklaasgroep’’ (Groupe Saint Nicolas) tiennent des piquets hebdomadaires devant le centre d’avortement de Gand. Les femmes qui s’y rendent sont culpabilisées et intimidées de manière scandaleuse. Cette poignée de fanatiques a, depuis leur première action, grandi jusqu’à rassembler maintenant une vingtaine de personnes, et le planning familial de Gand n’est plus le seul centre visité régulièrement par ce groupe dont la revendication est l’abolition du droit l’avortement.

    Par Anja Deschoemacker

    Il est grand temps de construire un contre-mouvement. Laisser passer la ‘‘Marche pour la Vie’’ sans contre-action signifie accepter que ces groupes réactionnaires occupent les médias sans aucune riposte. Au sein des plannings familiaux, il faut mener des campagnes qui pourront en finir avec leur présence. Mettre sous pression morale et émotionnelle des femmes à un tel moment n’est, en aucun cas, à considérer dans le cadre du droit à la libre expression : il s’agit clairement ici de harcèlements et de tentatives d’intimidation.

    Construire un mouvement de défense du droit des femmes à disposer de leurs corps nécessite de répondre également à l’instrumentalisation populiste des problèmes sociaux par le mouvement ‘‘pro-vie’’. Le constat que la voie libérale n’a pas conduit à l’égalité sociale mène à la recherche d’autres solutions. Les mouvements de type ‘‘pro-vie’’ offrent un retour au passé. En tant que militants marxistes, nous devons montrer le chemin vers un futur débarrassé des discriminations, de l’oppression, de l’exploitation,… un avenir où aucun citoyen de second rang n’existerait.

    Le démantèlement graduel de l’Etat-providence conduit à la pauvreté plus fortement encore pour les femmes

    La féminisation de la pauvreté est régulièrement illustrée par diverses études. Ainsi, une enquête, de mars 2010, réalisée conjointement par la plate-forme de défense des droits des femmes Comeva et par la Fondation Roi Baudouin, a mis en lumière que 22% des femmes éprouvent des difficultés financières (7% affirment ne pas s’en sortir et 15% éprouvent des difficultés). 40% d’entre-elles affirment pouvoir s’en sortir, mais sans se permettre d’extra. Seules 30% déclarent vivre ‘‘confortablement’’.

    Les bas salaires auxquels les femmes sont confrontées, liés au coût croissant de la vie (logement, énergie,…), assurent que les femmes célibataires risquent bien plus de sombrer dans la pauvreté que les femmes dont le revenu familial comprend un salaire masculin (généralement plus élevé). 60% des femmes qui ne s’en sortent pas, ou difficilement, sont célibataires (contre 25% des femmes qui s’en sortent) et 38% vivent seules avec leurs enfants (contre 11% pour celles qui s’en sortent).

    36% des parents isolés, dont 80% sont des femmes, courent le risque de devenir pauvre. Travail et diplôme n’offrent pas de garantie pour échapper aux difficultés financières : 38% des femmes qui s’en sortent difficilement ont un diplôme supérieur et 30% travaillent à temps plein. La moitié des femmes déclarent être financièrement dépendantes de leur mari/copain et 11% affirment même rester avec lui faute de ne pouvoir financièrement s’en sortir si elle le quittait (14% des femmes en pauvreté, 7% de celles qui s’en sortent).

    Cette étude montre qu’un gagne-pain masculin fait encore et toujours partie de la meilleure stratégie pour échapper à la pauvreté. Un constat pénible dans une société qui a longtemps affirmé que l’égalité entre homme et femme était à portée de main, pour ne pas dire complètement atteinte.

    La crise et l’austérité menacent le reste des acquis d’après-guerre

    L’austérité du gouvernement Di Rupo s’est déjà chiffrée à 18 milliards d’euros, et cela n’est pas près de finir. Il est à craindre que tout un tas d’attaques structurelles soient prévues après les élections de 2014. Après cela, pour la première fois depuis longtemps, il y aura quatre années sans élections.

    Les pertes d’emplois les plus spectaculaires ont beau se produire dans les secteurs industriels, essentiellement masculins, les femmes sont très durement touchées par la crise. Elles ont été frappées par des décennies de sous-financement des soins sous toutes leurs formes : enfants, malades, personnes âgées, personnes handicapées,… ont, de plus en plus, besoin d’être pris en charge par la famille, faute de places suffisantes dans les diverses institutions. Comme les femmes gagnent généralement moins que les hommes, si quelqu’un doit moins travailler voire quitter son emploi pour prendre le relais des structures déficientes, la plupart du temps, il s’agit de la femme.

    La poursuite de la destruction de nos services publics oblige de plus en plus de femmes à travailler à temps partiel et, donc, à perdre leur indépendance financière. Maintenant déjà, nombreuses sont celles qui doivent quitter, temporairement au moins, le marché de l’emploi à cause du manque de places abordables dans les crèches. La pénurie de places dans l’enseignement (ce qui implique qu’un nombre important d’enfants se rendent dans une école qui n’est pas dans leur voisinage) assure également que beaucoup de femmes éprouvent des difficultés à trouver un emploi à temps plein et à le conserver.

    Les femmes sont aussi plus durement touchées par une série de mesures générales telles que le démantèlement de la pension légale ou la dégressivité des allocations de chômage. Selon Femma (Vie Féminine en Flandre, communiqué de presse du 31/10/2012), les chômeuses isolées vont être durement touchées par la dégressivité : ‘‘Elles finiront bientôt à 1090 euros/mois. Loin en-dessous du seuil de pauvreté européen.’’ Les femmes sont aussi surreprésentées dans la catégorie des ‘‘cohabitants’’, qui finissent au plus bas à 485 euros/mois. Cette mesure instaure aussi une nouvelle pression à la baisse sur les pensions alors que 60% des femmes ont déjà une pension en dessous des 1000 euros/mois (contre 30% des hommes).

    “Les hommes doivent travailler moins d’heures, les femmes plus” (Monica De Coninck)

    Si la double tâche (travail et tâches ménagères) empêche les femmes de devenir socialement égales aux hommes, faudrait-il alors que les hommes s’impliquent plus dans le ménage ? Cela fait partie de la rhétorique des féministes bourgeoises. Il est vrai que la division traditionnelle des tâches ménagères limite la progression des femmes sur le marché de l’emploi. Mais se contenter de dire qu’il ne s’agit que du ‘‘choix’’ de la facilité par les hommes est une erreur. Et si la solution réside uniquement dans une meilleure répartition : que faire des mères célibataires ?

    Si l’homme âgé de 25 à 40 ans est le roi du marché de l’emploi, cela n’est pas suite à une décision des ‘‘hommes’’. En effet, les patrons les embauchent d’une part, parce qu’ils ne peuvent pas tomber enceints et d’autre part, parce que les patrons partent de l’idée que ces hommes ne vont pas être distraits de leur travail si leurs enfants tombent malades.

    Les patrons embauchent des hommes parce qu’ils peuvent faire des heures supplémentaires, ce qui est d’ailleurs encouragé par le gouvernement (notamment par la Ministre de l’Emploi Monica De Coninck, SP.a) avec les baisses de charges sur les heures supplémentaires. Nous nous dirigeons graduellement vers l’annualisation du temps de travail. Cela signifie de dépasser le temps plein par moment, situation évidemment impossible à combiner avec la semaine de 32 heures de l’enseignement. Si nous voulons que les hommes s’impliquent plus dans le ménage et l’éducation des enfants, il leur faut travailler moins d’heures et non plus.

    Si nous voulons que les femmes travaillent à temps plein, seule chance pour les femmes d’obtenir une réelle indépendance, le nombre d’heures pour un emploi à temps plein doit diminuer. Une diminution du temps de travail vers 32 heures par semaine sans perte de salaires avec des embauches compensatoires, ne serait pas seulement un pas important dans la résolution du chômage, mais permettrait aussi aux parents – hommes et femmes – de trouver un meilleur équilibre et une meilleure division d’une partie des tâches ménagères et des soins.

    Il faut surtout socialiser une partie des tâches domestiques. De bons repas frais et de qualité sur les lieux de travail et à l’école libéreraient les familles – et surtout les femmes – de nombreuses heures de travail non-payées (courses, cuisine, vaisselle,…). Des lavoirs et des ateliers de repassage publics, avec un personnel au statut de fonctionnaire, créeraient de nombreux emplois tout en libérant du temps dans chaque foyer. Les emplois actuellement compris dans le système des titres-services devraient tomber dans ce statut public afin que tout le monde puisse en disposer et afin que le personnel, en grande majorité des femmes, reçoive de bonnes conditions de travail et de salaire.

    Pour beaucoup de femmes, le temps partiel est une nécessité suite à la flexibilité du marché de l’emploi et de l’absence de services publics pour les tâches domestiques. Avec cette réalité, les paroles de De Coninck signifient de faire porter la responsabilité des bas salaires et des pensions sur les ‘‘choix’’ individuels des femmes et des hommes. Pourquoi? Parce qu’une telle ‘‘solution’’, en plus de ne rien coûter à l’État, rend les hommes responsables des bas salaires des femmes. Bref, la stratégie classique du diviser pour mieux régner.

    Le mouvement “pro-vie” présente le passé comme la solution aux problèmes actuels

    Que le mouvement ‘‘pro-vie’’ ne montre vraiment sa tête en Belgique qu’aujourd’hui n’est pas du tout étonnant au vu de l’insécurité sociale actuelle touchant une large couche de la population. Nous avons déjà vu que l’attrait de la famille traditionnelle est soutenu par le fait que les femmes s’en sortent généralement mieux avec un partenaire masculin. Nous avons également vu que la dégradation du marché de l’emploi amène de plus en plus de femmes (et surtout des mères) à ne plus gagner de revenus à part entière. Monica De Coninck affirme qu’il faut que plus de femmes travaillent à temps plein, mais elle refuse de créer les conditions matérielles pour y parvenir. De leur côté, les ‘‘pro-vies’’ disent qu’il faut en revenir à cette veille famille traditionnelle où la maman a du temps pour s’occuper des gosses. Ceux-ci passent, évidemment, sous silence que les femmes seront alors totalement dépendantes de leur mari et auront un horizon limité à leur famille.

    Beaucoup de jeunes femmes parviennent à la conclusion qu’au vu des bas salaires des femmes et des frais élevés de l’éducation d’un enfant, le jeu n’en vaut vraiment pas la chandelle. Elles revendiquent le droit de rester à la maison plus longtemps avec leurs enfants et de pouvoir travailler à temps partiel au moins provisoirement pour ne pas avoir une vie extrêmement épuisante pour un revenu ridicule. Nous partageons ces revendications, qui ne devraient d’ailleurs poser aucun problème au vu de la productivité d’aujourd’hui. Ces revendications reflètent le fait que ‘‘la famille’’ est également un ‘‘lieu de travail’’, même s’il n’est pas rémunéré. Les ‘‘pro-vies’’ instrumentalisent cette situation et revendiquent un salaire de femme au foyer.

    Notre alternative est fondamentalement différente : plus de flexibilité en faveur des parents qui travaillent, la reconnaissance de six mois minimum de congé parental obligé et le paiement du salaire complet (pour les mères et les pères), le droit de travailler au moins temporairement à temps partiel sans subir une grande perte de salaire au moment où les tâches familiale exigent plus de temps (enfants malades, soins aux personnes âgées,…), etc. Ces mesures faciliteraient grandement la vie de nombreuses femmes et permettraient aux hommes de s’impliquer plus fortement dans les tâches ménagères et des soins sans que cela implique une forte perte de revenus.

    L’élargissement de ce genre de possibilités dans le cadre de la sécurité sociale (il faudrait donc augmenter – et fortement! – les contributions patronales) protégerait beaucoup de femmes de la perspective de devenir femme au foyer permanente, avec tous les désavantages que cela comporte (dépendance et isolement, possibilités limitées de développement de soi, répétition infinie des même tâches simples,…).

    Dans la société capitaliste, ces solutions sont censées être ‘‘impossible à payer’’. Non pas que cela soit effectivement impossible à payer, mais bien parce que cela nécessite d’aller chercher l’argent là où il est : parmi l’élite de riches. Sur ce point au moins, la Ministre de l’Emploi rejoint le mouvement ‘‘pro-vie’’: leurs ‘‘solutions’’ ne touchent pas à cette élite.

    Pro-avortement ou pro-choix ?

    Nous ne pouvons pas laisser le moindre doute : le droit à l’avortement est un droit fondamental qui doit être défendu bec et ongles. Personne ne peut décider à la place de la femme de garder un enfant ou pas. Dans ce sens, la loi belge est toujours limitée : la période durant laquelle l’avortement est légalement possible est restreinte, sauf en cas de danger pour la mère ou l’enfant. Ceux qui en ont les moyens peuvent encore se rendre à l’étranger, les autres n’ont qu’à se débrouiller. Dans une société où les salaires des femmes baissent au fur et à mesure que les femmes ont plus d’enfants, où les mères isolées courent un énorme risque de pauvreté, où la violence conjugale est largement répandue,… le contrôle de ses propres capacités reproductrices est très important et nécessaire.

    Penser que l’abolition du droit à l’avortement conduit à une baisse de l’avortement est d’ailleurs une dangereuse illusion. L’interdiction légale ne conduit qu’à une augmentation des pratiques dangereuses, pouvant conduire à l’infertilité ou à la mort. Une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé a démontré qu’en 2008, 49% des avortements à travers le monde étaient des avortements à risque où 1 femme sur 8 a perdu la vie.

    L’an dernier, la mort de la jeune Savita Halappanavar en Irlande nous a montré l’importance de rendre légal l’avortement. Sa vie était en danger suite à des complications lors de sa grossesse, son fœtus n’était plus viable. Un avortement aurait pu lui sauver la vie, mais cela est toujours illégal en Irlande. L’idéologie soi-disant ‘‘pro-vie’’ a du sang sur les mains ! La défense du droit à l’avortement doit être menée sur différents terrains. Dans beaucoup de pays et de régions, ce droit est mis sous pression à l’initiative des conservateurs. Mais des politiciens soi-disant ‘‘progressistes’’ mettent également ce droit en danger avec des coupes budgétaires dans les moyens des soins de santé, en limitant le financement de l’aide aux personnes, en rendant l’opération plus chère,…

    Mais la seule défense du droit à l’avortement n’offre pas de réponse au discours utilisé par les “pro-vies” dans le but de séduire des couches plus larges. Ce mouvement dénonce que la société ne soutient pas assez les familles nombreuses et impose ainsi aux femmes pauvres de pratiquer l’avortement. Ses membres affirment encore que du fait de l’absence de moyens mis en place pour les personnes handicapées, les femmes enceintes d’un enfant handicapé sont du coup mises sous pression pour avorter.

    Ce discours peut être considéré comme un peu plus social, mais leurs ‘‘solutions’’ sont loin de l’être. Leur alternative à l’avortement est de donner l’enfant en adoption, y compris pour des cas de viol ou de mère mineure. Et quelle est leur solution pour le manque de services de soins de santé ? La femme au foyer ! Et la contraception libre et gratuite ? Non, abstinence !

    Nous défendons le droit à un véritable choix, ce qui comprend le droit à l’avortement, mais ne s’arrête pas à ça. Il ne devrait pas y avoir de femmes qui, désireuses d’avoir des enfants, soient forcées à avorter pour des raisons financières ou parce que leur double tâche dépasse déjà leur force.

    Pour cela, il faut construire une société où avoir des enfants ne conduit pas à l’appauvrissement ou à la double tâche pour les femmes, une société où les allocations familiales couvrent les coûts réels d’un enfant, où chaque enfant a une place dans des structures accessibles et de qualité, où il existe des services de qualité qui allègent les tâches domestiques et qui offrent des soins à ceux qui en ont besoin,… et où personne n’est pas menacé de pauvreté à cause de bas salaires et de basses allocations.

    Avec la société actuelle régie par le capitalisme, les progrès des femmes sur tous ces terrains reculent depuis déjà un bon bout de temps, non pas faute de moyens, mais parce que ces moyens sont de plus en plus accaparés par une infime élite toujours plus riche.

    Cette élite maintient un système à son avantage, qui crée la pauvreté et qui refuse à toujours plus de monde de pouvoir décider réellement de l’orientation de sa vie. Ce système crée systématiquement de nouvelles crises et en fait payer la facture à la majorité de la population. Leur contrôle sur les richesses assure que celles-ci ne soient disponibles que pour ceux qui engrangent du profit, et tant pis pour le reste.

    La lutte pour une véritable liberté de choix ne peut parvenir à sa conclusion logique qu’avec la victoire de la lutte pour le socialisme démocratique, un système où la production sera démocratiquement planifiée pour satisfaire les besoins de la majorité de la population.

  • [PHOTOS] "Construisons ensemble une alternative de gauche à la crise capitaliste"

    Dans l’un des témoignages de militants qui a ouvert la journée, un camarade de la CNE-Non Marchand a dit aux près de 400 participants : ”ici, ce n’est pas la gauche de la gauche, c’est juste la gauche de la droite!" Les applaudissements qui ont fait suite à cette déclaration et l’enthousiasme visible jusqu’à la fin ont confirmé l’accord général : il nous faut construire un relais politique contre les partis de l’austérité – PS et Ecolo inclus – avec et autour de la base syndicale.

    Par Nico

    Une petite foule de militants s’était donc donné rendez-vous pour participer à cette première journée faisant suite à l’appel lancé le premier mai 2012 par la régionale de la FGTB de Charleroi, rejoint ensuite par la centrale des employés de la CSC, la CNE. Tous ces gens – membres de la FGTB, de la CNE, mais aussi du Parti du Travail de Belgique, du Parti Communiste, du Parti Socialiste de Lutte, de la Ligue Communiste Révolutionnaire, du Mouvement de Gauche,… – auront maintenant l’occasion de rendre cet appel plus puissant encore à l’occasion de ce premier mai 2013. Ce jour-là, l’important pas en avant réalisé par ce meeting et ce que cela représente devront constituer LE sujet de discussion parmi le monde du travail.

    La journée était organisée en trois temps : après une introduction de Daniel Piron (Secrétaire Régional FGTB Charleroi & Sud-Hainaut) et d’Isabelle Vanschoor ‘Secrétaire principale CNE-Hainaut), trois témoignages de militants de la base se sont suivis, de la part d’un délégué du Non marchand de la CNE, d’une militante des Travailleurs sans emploi (TSE) de la FGTB et enfin d’un délégué cheminot de la CGSP. Ensuite, l’ensemble des participants s’est réparti en 5 ateliers, où chacun a pu prendre la parole au sujet de deux questions : quels sont les terrains que les partis traditionnels ont déserté et qu’il faudrait réinvestir, et quelles suites donner à cette première journée ? Enfin, revenus en séance plénière, l’assemblée a pu écouter le rapport général des ateliers de la part d’Isabelle Vanschoor et de Daniel Piron. Concernant la première question, la réponse fut assez simple : les partis traditionnels ont déserté tous les terrains pour embrasser la logique de gestion du capitalisme et de la course aux profits. Le PS a eu beau jouer au militant de gauche lors de son "Congrès" dimanche dernier, personne n’entretient d’illusions sur son rôle véritable. Quant à la seconde question, beaucoup de choses doivent encore être concrétisées, mais la nécessité d’adopter un programme radical et "d’exister dans le débat des élections de 2014" sont ressortis. La volonté d’aller de l’avant et d’assurer que cette journée ne reste pas un événement isolé, mais soit au contraire une étape dans un processus à poursuivre et amplifier, était dans tous les cas très fortement présente.

    A l’entrée, toutes les organisations politiques disposaient d’un stand, lieu qui fut littéralement assailli par les nombreux participants désireux de savoir comment et avec quelle énergie les différents partis envisageaient de soutenir cette initiative. Là, tout comme au bar ou lors des ateliers, les discussions ont été franches et fraternelles.

    Terminons ici de la même façon que notre tract distribué hier : "Les discussions ne font évidemment que commencer. Les diverses organisations syndicales, politiques ou associatives mèneront des débats et des réflexions à des rythmes différents, mais espérons toutefois que cela ne dure pas une éternité. Cette déclaration et ce meeting ne peuvent pas rester sans lendemain. Continuons dès demain à poursuivre la discussion dans les entreprises et lors des manifestations du premier mai. Fixons-nous une nouvelle rencontre, plus large, plus publique, encore plus explicite à l’automne. Continuons la mobilisation et l’implication de la base, car c’est là que l’urgence de cette alternative sera de plus en plus ressentie."

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