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  • Congo : Après 50 ans d’indépendance, tout reste à faire…

    L’an dernier, le gouvernement congolais fêtait en grande pompe les 50 ans de l’indépendance, occasion pour le gouvernement de Joseph Désiré Kabila de lancer sa campagne pour les présidentielles à venir. Les masses congolaises doivent elles se souvenir de la date du 30 juin pour de toute autre raisons. En effet, après l’année 1959, qualifié par la puissance coloniale en juillet comme une période ‘prérévolutionnaire’, l’indépendance a été acquise de haute lutte : ce n’est que dans la lutte que les masses obtiennent des avancées démocratiques, sociales et économiques.

    Par Alain (Namur)

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    La crise du système capitaliste a ouvert une nouvelle période. Le processus de révolte et de révolution au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le réveil du mouvement social aux Etats-Unis, les luttes des travailleurs et de la jeunesse grecs et espagnols face à l’austérité et maintenant les luttes du peuples sénégalais pour la démocratie et pour une amélioration de leurs conditions de vie en sont l’illustration. Que ce soit dans les pays industrialisés ou dans les pays néocoloniaux, l’affrontement de classe est à l’ordre du jour. L’anniversaire de l’indépendance du Congo nous permet de nous replonger dans les erreurs qui ont fait du Congo un pays si riche et si pauvre.

    Un pays si riche et si pauvre

    La République Démocratique du Congo est un des pays qui illustre le mieux le mot ‘contradiction’. Alors que ce pays est grand comme toute l’Europe occidentale, riche en coltan, en or, en diamant, en cuivre, en caoutchouc, en uranium, en terre fertile, en bois précieux et même en pétrole, ce pays est classé parmi les pays pauvres et est très endetté. Son PIB se situe aux alentours de 11 milliards de dollars. À titre de comparaison, le PIB de la Belgique se situe lui aux alentours de 461 milliards de dollars. Cette richesse potentielle fait en fait le malheur de la population, car elle attire la convoitise des groupes capitalistes de par le monde, laissant le peuple vivre dans des conditions misérables (l’espérance de vie est de 52,58 ans). La pauvreté est partout, le pays est encore gangrené par des milices armées, notamment dans l’est, et la démocratie se fait attendre.

    La lutte contre la colonisation, une lutte de classe

    Le jour de l’indépendance, le roi Baudouin de Belgique avait fait hommage au roi fondateur, Léopold II. Il présenta l’indépendance comme l’étape ultime du processus de civilisation engendré par son aïeul. Il demanda aux dirigeants congolais de ne pas gaspiller le cadeau de liberté fait par la métropole… Cette présentation des faits occulte la réalité. L’indépendance a été arrachée par la lutte. Il a fallu que le peuple congolais se mobilise en masse pour faire plier la métropole. C’est au prix d’efforts héroïques des travailleurs et des paysans que cette ‘‘liberté’’ a été acquise.

    Dans l’administration coloniale, certains noirs avaient réussi à gravir quelques échelons. Ceux, peu nombreux, qui avaient pu avoir un niveau de scolarisation suffisant étaient jugé évolués (mention administrative). En fait, une petite couche d’intellectuel a commencé à s’organiser politiquement. Après la visite de l’exposition universelle de 1958, certains ‘évolués’ ont commencé à s’intéresser au nationalisme et au panafricanisme. Diverses organisations existaient. La faiblesse de celles-ci résidaient dans leur caractère essentiellement petit-bourgeois, qui mettait au mieux en avant une idéologie démocratique bourgeoise sur une base nationale et, au pire, régionaliste.

    Leur but était d’établir une démocratie parlementaire. Même Patrice Lumumba, un grand combattant de l’indépendance, n’exigeait rien de plus que ce qu’on lui a apprit, c’est-à-dire la démocratie libérale. Ce que les leaders de l’époque ne comprenaient pas, c’est qu’en 1959, sous le capitalisme, il était impossible d’arriver à établir et stabiliser une démocratie même bourgeoise comme l’a connu la France après la révolution 1789. Après 50 ans, force est de constater que le Congo ne connaît toujours pas ni la paix ni la démocratie.

    La base plus révolutionnaire que ses leaders

    Le 4 Janvier 1959, un meeting politique a été organisé à Kinshasa, celui-ci, interdit par la force publique, se tient malgré tout. La force publique tue environ 300 personnes, principalement des ouvriers, des chômeurs et des irréguliers (les irréguliers étant des personnes interdites de séjour). Les irréguliers sont renvoyés dans leurs villages, et ceux-ci ne tardent pas à raconter le massacre et la situation qui vit dans la capitale.

    Cet événement va faire remonter à la surface la colère, la rancœur et les frustrations de l’ensemble du pays qui a connu le régime brutal de Léopold II puis l’humiliation de l’administration d’Etat belge. À partir de cette date, les ordres et l’administration sont bafoués. En juillet 1959, la situation est devenue explosive. Patrice Lumumba tient un meeting où il demande 4 minutes de silence pour les victimes du 4 janvier. A ce moment là, il prend ouvertement parti pour les masses là ou d’autres dirigeants avaient pris peur de la fureur de ces dernières. Pour pouvoir continuer à bénéficier de leur situation une partie des ‘évolués’ se détache du mouvement de masse. Dans le parti de Lumumba, cela a été jusqu’à la scission entre ceux qui prennent parti pour les masses, le MNC-Lumumba, et ceux qui prennent le parti de la ‘‘loi et l’ordre’’, le MNC-Kalonji. Lumumba a expliqué que les masses poussaient les dirigeants vers la gauche et étaient beaucoup plus révolutionnaires que leurs dirigeants.

    Tout change pour que rien ne change

    De peur de se retrouver avec une situation à ‘‘l’Algérienne’’, la Belgique est contrainte d’organiser des élections et finalement de consentir à l’indépendance. Cela ne signifie toutefois pas que l’ancienne puissance coloniale abandonne son ambition. Les groupes comme la société générale, Empain,… ne vont pas laisser partir la poule aux œufs de diamants. Après l’indépendance, ils vont pousser le pays au bord du chaos pour pouvoir installer un homme à leur solde. Cela se fera en plusieurs phases, car le peuple est mobilisé et grisé par sa victoire. De manière formelle, le Congo est indépendant. Dans les faits, un homme s’impose, Mobutu, un homme à la solde des intérêts impérialistes.

    La guerre de guérilla, un long échec

    Les nationalistes qui sont le plus à gauche (Mulele, Gizenga), voyant l’échec du nationalisme, vont se radicaliser. Ils vont aller dans la forêt ouvrir des maquis révolutionnaires. Che Gueverra en personne viendra combattre avec les maquisards congolais, dont un certain Laurent Désiré Kabila. Cette stratégie ne permettra pas de renverser le régime de Mobutu qui, pendant 3 décennies, organisera une dictature féroce au service des intérêts impérialistes et dont il se nourrira, lui et sa famille.

    Pour un Congo socialiste dans une confédération socialiste des états d’Afrique centrale

    Aujourd’hui, tous les anciens sont de retour. Le fils de Mobutu fait même partie du gouvernement, malgré le mal que sa famille a causé au pays. Pour que les richesses du Congo profitent réellement aux congolais, les travailleurs et les paysans pauvres doivent s’organiser et reprendre les meilleures traditions de lutte qui ont permis à nos anciens d’arracher l’indépendance des mains du capital et de l’Etat belge. Seule une lutte de classe organisée dans une perspective socialiste est à même de briser les chaines de la dictature du capital et de créer la solidarité nécessaire pour qu’enfin les besoins des masses laborieuses soient rencontrée dans la région.

  • L’ETINCELLE : Mise au point de Louis Van Geyt, ancien président du PCB.KPB

    Notre Camarade Gustave Dache est l’auteur d’un livre intitulé ; « La grève générale insurectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61 » Dans cet ouvrage, Gustave s’en prend beaucoup aux « Mandelistes (LCR) et aux Staliniens (PCB-KPB), ci-dessous , nous livrons à nos lecteurs le point de vue de Louis Van Geyt, ancien président du PCB-KPB.

    Louis Van Geyt, Ancien président du PCB-KPB.

    Pour lire la réponse de Gustave Dache à cet article, veuillez cliquer ici

    Le rôle du PCB, avant, pendant et après la Grande Grève.

    Louis Van Geyt (version ajustée et complétée par l’auteur, de la traduction brute par un(e) bénévole de l’article paru dans le Vlaams Marxistisch Tijdscrift – Revue marxiste flamande – n°21, été 2010).

    « Concentré » :

    1. Qui prit la responsabilité du déclenchement de l’action ? Le rôle de G. Debunne, R. Beelen, F. Lauwers, F.Vandenbranden R. Dussart, M. Baiwir …
    2. L’importance de la date de déclenchement (20.12.60) et du mode de l’action ;
    3. Le contraste entre le « sentiment » dominant d’échec, voire de défaite parmi les participants, et la signification réelle de la grève ; comme barrage contre le virage social à droite tenté par l’establishment, et comme tremplin de la poursuite – même ralentie – pendant les vingt années suivantes, du modèle social belge d’après guerre.

    Sources :

    Les souvenirs personnels de l’auteur, alors collaborateur direct de René Beelen, le numéro 2 du PCB-KPB depuis la rupture d’avec le sectarisme de son XI ème Congrès (Vilvorde – décembre 1954). Ceci, en prenant appui sur les archives du PCB-KPB, conservées et gérées par les ASBL Carcob et Dacob*.

    Développement synthétique du « concentré » :

    1) La grève « généralisée » a été déclenchée le 1er jour du débat plénier de la Chambre sur l’ainsi dite loi unique, non seulement malgré A. Cool et L. Major (les présidents « droitiers » de la CSC et de la FGTB d’alors), mais encore à l’encontre de A. Renard (chef de file de la « gauche wallonne » de la FGTB) qui voulait se limiter à un arrêt de travail de 24 heures en janvier ’61.

    Le point de départ de l’action se situait à la CGSP (avec G. Debunne, alors président général de cette Centrale, et F. Lauwers, secrétaire de la régionale d’Anvers du secteur Communaux de celle-ci) et l’initiative de l’extension interprofessionnelle revint au PCB-KPB (avec R. Beelen, secrétaire national de ce parti, R. Dussart, délégué syndical principal CMB aux ACEC de Charleroi, F. Vandenbranden, dirigeant du Comité d’action des dockers d’Anvers et M. Baiwir, chef de file de l’aile gauche de la délégation CMB de Cockerill, tous trois militants en vue du PCB-KPB).

    A. Renard ne rejoignit la lutte qu’après plusieurs jours de résistance contre elle, pour ensuite se porter à sa direction et infléchir, début ’61, son objectif premier – « abattre la loi unique » – en la plaçant sous le mot d’ordre « fédéralisme et réformes de structure » (ces dernières parfois affublées du label discutable d’ « anticapitalistes ») – mot d’ordre sous l’égide duquel allait être fondé le Mouvement Populaire Wallon.

    2) Le PCB-KPB, important acteur de la préparation et du déclenchement de la grève, par delà le secteur public, n’a pas seulement fortement contribué à l’ample et vigoureux déploiement de celle-ci. Il a en même temps, continûment mis l’accent sur le caractère « constitutionnel et non insurrectionnel » de la lutte. Ainsi, il s’est opposé, principalement par la voix de René Beelen, à une nouvelle marche sur Bruxelles, à des actions violentes comme aux Guillemins, au sabotage des pylônes électriques etc. Il a de la sorte riposté efficacement à la campagne « de l’autobus » de l’aile dure à l’intérieur et autour du gouvernement Eyskens – Lilar (avec entre autres Vanden Boeynants) – campagne selon, laquelle la grève, prétendument était de type « insurrectionnel ».Cette intervention du PCB-KPB fut pour une bonne part dans le fait que la grève allait déboucher sur les suites évoquées au point 3) ci-après.

    3) Parce que la grève avait sensiblement régressé lors du vote final par la Chambre d’une loi unique quelque peu « rabotée », la plupart des grévistes ont repris le travail avec le sentiment que la lutte s’était soldée par un échec, voire par une défaite.

    Or, dans les faits, celle-ci a débouché presque immédiatement sur la chute du gouvernement Eyskens Lilar, sur la dissolution de Chambres dominées par la droite, et sur la formation d’une majorité et d’un gouvernement « de centre gauche » (Lefèvre – Spaak). En somme, l’establishment s’était vu contraint de prendre ses distances d’avec la stratégie agressive de son aile dure.

    Il faut dire que dans la plupart des « bastions » de la FGTB-ABVV, la reprise même résignée du travail s’était déroulée « dans l’ordre », délégués syndicaux en tête, tandis que dans bien des secteurs du mouvement ouvrier chrétien (et particulièrement de l’ACV-CSC) surgit une sérieuse crise à la suite de la non participation du syndicalisme « vert » à l’action décidée des principaux secteurs de son homologue « rouge ».

    Et, tandis que A. Renard et ses compagnons allaient pratiquer la « stratégie de l’Aventin » (c à d se retirer jusqu’à nouvel ordre des instances dirigeantes de la FGTB) G. Debunne et consorts, accompagnés par le PCB-KPB, allaient s’appliquer bientôt à construire le Front commun syndical avec l’ACV-CSC, et à exercer continûment une pression directe sur le PSB (plus tard sur le PS et le SP) et indirectement sur le CVP-PSC.

    Cette stratégie de la « mouvance Debunne » – avec laquelle, fort heureusement, allaient de plus en plus souvent converger celle des successeurs de A. Renard (prématurément décédé) et de ses successeurs à la tête du Mouvement Populaire Wallon, et non moins celle du PCB-KPB, allait faire beaucoup pour qu’en Belgique purent être préservées et même encore poursuivies pendant quelque vingt ans, les avancées sociales de l’après guerre. Ce n’est, en effet, qu’au début des années ’80, par delà la période des « grèves sauvages » d’après ’68, et les combats souvent « rentables », contre la vague de fermetures d’entreprises des années ’70, que la tendance au progrès social à la belge a commencé à s’inverser, notamment par les sérieux « coups de canif » portés au système de l’indexation. Cela alors que dans la plupart des pays voisins le tournant régressif (Thatcher et consorts) allait intervenir bien plus tôt.

    Cette « spécificité » belge – à laquelle l’apport de la stratégie à la fois dynamisante et rassembleuse du PCB-KPB ne peut être sous estimé – ne fut du reste pas étrangère à la phase plutôt sociale de la « construction européenne » (jusques et y compris avec Delors).Mais sans doute ceci n’est-il que le début d’une histoire autre que celle à laquelle a été consacré le présent colloque.

    Bruxelles, janvier et octobre 2010, publié en février 2011

  • La réponse politique de Gustave Dache à Louis Van Geyt, l’ancien président national du Parti Communiste Belge

    Comme je l’ai déjà écrit, je ne suis pas partisan d’entretenir, avec qui que ce soit, des querelles d’anciens combattants nostalgiques, même si mon livre sur ”La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 60-61” a provoqué des réactions controversées de la part de tous ceux qui y sont politiquement mis en cause. Cette brève réponse me parait toutefois nécessaire. Ce qui est encore aujourd’hui le plus dérangeant pour les staliniens, c’est qu’ils ont été obligés de constater que d’autres militants ouvrier, comme, entre autres, des militants trotskistes, ont pu avoir un rôle modeste mais combien réellement actif, à la pointe du combat de classe, dans cette grève générale de 60-61. Le lecteur trouvera dans mon livre une analyse plus complète sur le rôle du PCB que dans cette brève réponse.

    Par Gustave Dache, auteur du livre ""La grève générale insurrectionnelle et révolutionnaire de l’hiver 1960/61"

    L’initiative de la préparation du déclenchement et de l’extension interprofessionnelle de la grève générale de l’hiver 60-61 ne revient certainement pas exclusivement au PCB-KPB. Certes, le PCB, surtout ses militants de base, ont été des acteurs importants dans la préparation et le déclenchement de cette grève générale dans différents secteurs, surtout du privé, mais ils ne furent pas les seuls. Si on veut rester objectif, politiquement, il ne faut pas que la direction du PCB s’en attribue l’exclusivité, car il ne faut pas oublier et négliger que d’autres militants de base – tels que des socialistes, des sans-partis, des militants syndicaux de la FGTB et de la CSC, des trotskistes ou des membres de la Jeune Garde Socialiste – ont eux aussi été des acteurs importants dans la préparation et le déclenchement de la grève générale.

    D’ailleurs, il est tout aussi certain qu’une grève générale spontanée d’une ampleur historique ne sera jamais une œuvre individuelle, mais toujours une œuvre collective, provoquée d’abord par l’avant-garde radicalisée, toutes tendances de gauche confondues, s’appuyant sur la volonté de lutte de l’ensemble de la classe ouvrière. Mais aujourd’hui est-il encore nécessaire de rappeler, comme le disait Lénine, que: ”On ne peut vaincre avec l’avant-garde seule.” Il ne suffit pas pour vaincre et guider la classe ouvrière vers la victoire d’être uniquement des acteurs importants du déclenchement d’une grève générale spontanée, encore faut-il être un parti politique porteur d’un programme politique révolutionnaire de rechange, visant essentiellement au renversement du régime capitaliste et déterminé, au moment venu, d’agir en ce sens, sans la moindre réserve.

    Mais pour la direction du PCB, ce ne fut certainement jamais le cas. Je ne prendrai pour preuve que ce que l’ancien président national du PCB, Louis Van Geyt, nous rappelle dans la note de ”L’Étincelle” parue sur internet le 10 février 2011, reprenant la position politique que le PCB avait adoptée lors de la grève générale de l’hiver 60-61. Il a continuellement mis l’accent sur le caractère, ”constitutionnel et non insurrectionnel de la lutte” et en plus, tout comme André Renard, il s’est ”opposé principalement à la marche sur Bruxelles” ainsi qu’aux ”actions violentes comme aux Guillemins, au sabotage des pylônes électriques, etc.”, soi-disant pour ”riposter efficacement à l’aile dure autour du gouvernement.”

    Plus respectueux de la légalité bourgeoisie, il n’est pas possible de trouver. Pourtant, toutes ces actions de violence et ces nombreux actes de sabotage sont inhérents à toute grève générale, à toute lutte révolutionnaire de la classe ouvrière. Il y a de quoi se demander s’il s’agit bien du même parti communiste qui avait participé à la résistance contre l’occupation allemande durant la guerre 40-45 où, pendant cette période, de nombreux actes de sabotages ont été commis par les résistants de toutes tendances politiques. Par contre, d’un autre côté, certains syndicalistes de la base, membres du PCB et en contact direct avec la base dans les usines disaient autre chose. Ainsi, Robert Dussart, délégué syndical FGTB aux ACEC, affirmait, ce à quoi je souscris entièrement, que: ”Il faut préparer sérieusement une Marche sur Bruxelles (…) L’expérience de 1950 a prouvé qu’un tel mot d’ordre est efficace.” (La Gauche du 7 février 1961).

    La tactique politique et les objectifs de la direction nationale du PCB lors de la grève générale de 60-61 ne cadrait absolument pas avec les actions politiques attendues d’un véritable Parti Communiste révolutionnaire. Comme Lénine l’a d’ailleurs magistralement et indiscutablement défini, lorsqu’il disait: ”qu”il fallait préparer activement une situation révolutionnaire”, même en période de mouvement de grève moins général, avec toujours comme but essentiel de contraindre l’adversaire à céder. Cette citation de Lénine est d’ailleurs valable pour tout parti qui se réclame du marxisme.

    Lorsque la grève générale de 60-61 fut déclenchée, la tactique politique adoptée par la direction nationale du PCB correspondait à une politique s’inspirant du caractère du pacifisme, du légalisme, du réformisme, du suivisme face aux appareils syndicaux et d’un alignement sur la politique du grand frère de la social-démocratie réformiste du PSB qui préconisait dans son éditorial du Peuple du 7 janvier 1961, pour décourager les grévistes de réagir suite aux tués du 6 janvier à Liège: ”qu’ils calment leurs nerfs, qu’ils tiennent paisiblement le coup, pas de violence. Sang-froid et décision.” La direction nationale du PCB se limitait de plus à pratiquer une tactique politique réformiste axée sur une action exclusivement parlementaire, au détriment de toute action extra-parlementaire. Le PSB et le PCB n’envisagèrent qu’une opposition exclusivement parlementaire. D’ailleurs le PCB proposait pour toute action que : « des délégations de grévistes rendent visite au parlementaire de droite ». Les militants de la base du PCB, qui avaient participé à la résistance contre l’occupation nazie, avaient de bonnes raisons d’être profondément déçus et choqués par la tactique ainsi que l’orientation prises dans le conflit par la direction du PCB.

    Toutes les tendances et directions de la gauche traditionnelles, dont le PCB, ont chacune donné durant toute la grève des gages de loyauté à la bourgeoisie par leur tactique et leur politique conciliatrice, qui restaient dans un cadre strictement légaliste des institutions de la bourgeoisie. Ces directions ouvrières traditionnelles ont aussi démontré aux larges couches de grévistes qu’elles ne souhaitaient pas pousser les hostilités contre la bourgeoisie jusqu’à leur terme en développant une tactique et une politique d’action révolutionnaire conséquente conduisant à la lutte pour le pouvoir.

    En ce qui concerne l’objectif qui était poursuivi par la direction du PCB, parlons-en du ”constitutionnalisme” du PCB ainsi que du fédéralisme cher à André Renard. Que ce soit avec l’un ou l’autre, il n’y a que le nom qui change, le but est le même rester dans le cadre du capitalisme. Qu’il y a-t-il aujourd’hui de fondamentalement changé pour les travailleurs avec les réalisations politiques du fédéralisme ? Les travailleurs ne subissent-ils plus l’exploitation effrénée du régime capitaliste qui engendre la misère ?

    La grande différence, c’est qu’aujourd’hui, avec le fédéralisme, il y a en Belgique 15% de la population qui vit dans la pauvreté, 23% des retraités vivent sous le seuil de pauvreté. En dix ans, les pensionnés ont perdu près de 30% de leur pouvoir d’achat et 22% des femmes seules n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Il y a un chômage croissant, et en même temps un nombre croissant d’exclusions des indemnités de chômage. Et en plus de tout ce qui précède, ce sont les jeunes travailleurs intérimaires qui subissent de plein fouet l’instabilité de l’emploi suite aux variations de la conjoncture économique provoquées par les crises successives du régime capitaliste, avec toutes les conséquences qui brisent la solidarité entre les travailleurs. Intolérable, scandaleux, irresponsable de la part des directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier d’avoir accepté et de toléré des contrats de travail précaires, remettant ainsi en cause les conquêtes ouvrières si durement arrachées par les travailleurs dans les luttes du passé. Et toute cette politique avec le fédéralisme et un gouvernement en Wallonie à majorité socialiste, tout comme le souhaitaient André Renard et ses amis politiques socialistes. Pendant ce temps, les bénéfices des entreprises capitalistes sont constamment en augmentation. La crise, c’est pour les petites gens.

    Pour terminer cette brève réponse politique, je voudrais encore m’attarder sur le commentaire et le bravo de Josiane Vrand, ex-fonctionnaire employée au bureau du PCB, lorsqu’elle dit que : pour la mise au point de Louis Van Geyt. La façon dont certains ont réécrit l’histoire de la grève de 60-61 et se sont auto-glorifiés – souvent sans que le recadrage nécessaire ne soit opéré – en a choqué plus d’un.»

    L’initiative d’écrire un livre engagé politiquement, comme l’expression d’un parcours et d’un témoignage vécu, n’est pas nécessairement une garantie de faire l’unanimité politique. Chacun a sa propre perception politique d’un évènement, comme par exemple la grève générale historique de l’hiver 60-61. Tous n’en tirent pas les mêmes conclusions. Mais par contre, de mon côté, je reste effectivement persuadé que d’après les retours que j’ai été amené à entendre suite à la parution de mon livre, il apparait que celui-ci en a choqué plus d’un parmi les bureaucrates syndicaux et politiques, ainsi que parmi mes détracteurs politiques de tendance dite radicale. Le contraire m’aurait d’ailleurs inquiété.

    Mais d’un autre côté, je reste conforté dans mon analyse politique. Plusieurs anciens travailleurs et des syndicalistes qui ont participé à cette grève générale du siècle m’ont fait part, lors des meetings que j’ai été amené à faire, de leur approbation quant au contenu et aux conclusions politiques exposées dans mon livre qui, d’après certains, est une révélation puisque cette grève générale de 60-61 a été pour deux générations de militants ouvriers complètement occultées. Certains d’entre eux considèrent même que ce livre sera comme un outil de référence dans leur engagement politique et syndical sur le terrain de la lutte des classes.

    Il ne faut tout de même pas perdre de vue qu’entre ceux qui ont participé activement et se sont engagés sans réserve dans ce combat de classe et qui savent de quoi il s’agissait réellement et ceux qui à l’époque étaient encore au berceau, il n’y a pas photo. Si, aujourd’hui, certains de mes détracteurs politiques adoptent plus que d’autres un réflexe d’auto-défense par rapport à leur propre tendance politique, leur propre appareil de parti, c’est parce que les uns et les autres restent aujourd’hui comme hier largement mis en cause politiquement. C’est là la raison essentielle pour laquelle certains évitent d’aborder le fond du débat politique, s’attardant plutôt sur la forme du livre que sur son contenu politique. En politique, il est toujours risqué de se présenter en donneur de leçon, en virtuose de la modestie, car souvent ce n’est que l’expression d’un mépris politique sectaire envers les militants politiques d’autres tendances politiques que la sienne. Ce livre n’a d’ailleurs aucune prétention de glorification de qui et de quoi que ce soit.

    L’auteur a surtout voulu établir sans complaisance les responsabilités des directions traditionnelles du mouvement ouvrier ainsi que de la gauche socialiste et aussi exprimer une expérience syndicale et politique vécue sur le terrain de la lutte des classes, ce qui n’est pas en soi déshonorant. Cela afin de convaincre les jeunes militants ouvriers d’aujourd’hui d’avoir et de garder envers et contre tout le scepticisme régnant surtout chez la plupart des dirigeants politiques et syndicaux réformistes, une grande confiance dans les incommensurables capacités révolutionnaires que la classe ouvrière est toujours aujourd’hui comme hier capable de déployer.

    A la lecture de ce commentaire, il est évident que certains ex-fonctionnaire du PCB ont un certain culot politique pour oser parler aujourd’hui de recadrage et d’auto-glorification. En effet, malgré la rupture avec le sectarisme du XIe Congrès du PCB de Vilvorde en 1954, il est resté au PCB, des incorrigibles sectaires nostalgiques de l’époque stalinienne, toujours admirateurs en silence du ”Petit Père du Peuple”, Staline, que Trotsky avait dénoncé après la mort de Lénine comme ”le fossoyeur de la révolution d’Octobre 1917”, ce qui s’est avéré historiquement et incontestablement exact. Toutes les bureaucraties, tous les fonctionnaires, tous les courtisans serviles des appareils du PC stalinien du monde ont, pendant le régime néfaste du stalinisme, soutenu et approuvé par de longs et interminables bravos Staline, en lui portant une glorification sans borne. Ils ont tous contribué à conduire l’URSS à sa perte. Dans toutes les controverses entre staliniens et trotskistes, l’histoire a tranché. Le stalinisme a été définitivement condamné, et il ne se relèvera jamais.


    Pour accéder au texte auquel fait allusion Gustave Dache, veuillez cliquer ici.

  • [PHOTOS] Rassemblement et assemblée populaire à l’appel des Comités d’Action Europe

    Ce mercredi 22 juin, à la veille de l’ouverture d’un nouveau sommet européen des chefs d’Etats à Bruxelles, quelques centaines de syndicalistes, de travailleurs et de jeunes se sont rassemblés au Rond point Schuman (au lieu du sommet) à l’appel des Comités d’action Europe. Une Assemblée Populaire y a pris place contre les plans d’austérité imposés à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande par le FMI, la BCE et la Commission Européenne ainsi que contre le projet de "gouvernance économique", un système contraignant visant à imposer l’austérité dans chaque pays de l’UE qui a été adopté par le parlement européen ce jeudi 23 juin.

    Par Boris, photos de Karim et Pablo (Bruxelles)

    L’Assemblée Populaire a aussi permis une rencontre et un dialogue entre différents délégués et militants (les Comité d’action Europe rassemblent surtout des syndicalistes) ainsi qu’avec un certain nombre de jeunes qui participent au mouvement des Indignés en Belgique. Plusieurs membres du PSL sont intervenus à l’Assemblée, entre autres pour défendre une orientation des actions de la jeunesse vers le mouvement de travailleurs et également pour défendre la nécessité d’avoir une alternative au capitalisme.

    Paul Murphy, l’eurodéputé irlandais du Socialist Party (le parti-frère du PSL en Irlande) est également intervenu afin d’exprimer que ce n’est pas dans l’enceinte du Parlement que l’on va bloquer la volonté de faire payer la crise aux travailleurs et à leurs familles, mais bien avec des mouvements de résistance, comme cela se déroule actuellement en Grèce. Il a aussi mis en avant l’initiative prise en commun avec 11 autres eurodéputés de la Gauche Unitaire Européenne à l’occasion de la manifestation européenne de la Confédération Européenne des Syndicats qui s’est tenue ce 21 juin au Luxembourg. Ils défendent l’idée d’une journée d’actions coordonnées à l’échelle européenne avec l’idée d’une grève générale européenne de 24 heures. Plusieurs intervenants sont d’ailleurs également intervenus par la suite en reprenant cette idée d’une grève générale européenne de 24 heures.

    Après l’Assemblée, deux à trois cents personnes ont manifesté jusqu’au Parlement européen. La manifestation pacifique a été attaquée par la police, qui a lancé des gaz lacrymogènes et arrêté plusieurs jeunes. Une assemblée a alors pris place devant le Parlement. Les dernières personnes présentes ont été dispersées par les charges successives de la police et par les gaz.

    Photos de Karim

    Photos de Pablo

  • Les crimes de guerre du gouvernement srilankais et le tardif rapport des Nations-Unies

    Le rapport du groupe d’experts des Nations-Unies publié ce 25 avril après un délai considérable confirme l’analyse de Tamil Solidarity et d’autres organisations au sujet du massacre des Tamouls au Sri Lanka ces deux dernières années. Ce groupe d’experts avait été établi par le secrétaire général des Natons-Unies Ban Ki-Moon en juin 2010 afin de connaitre la situation au Sri Lanka.

    Écrit par TU Senan, pour Tamil Solidarity

    Le rapport confirme nos estimations selon lesquelles plus de 40 000 personnes ont été massacrées par l’armée srilankaise lors de la phase finale de la guerre qui s’est terminée en mai 2009. L’armée a constamment bombardé les hôpitaux, les écoles, les abris temporaires et les soi-disant “zones de cessez-le-feu”. L’ensemble des 400 000 réfugiés ont été ensuite déportés en masse vers des “camps de détention” sans aucune infrastructure. Toutes sortes de décès et abus scandaleux ont eu lieu au cours du transport et dans les camps. De nombreuses campagnes, y compris Tamil Solidarity et les médias tamouls, diffusent constamment de nouveaux rapports de ces horreurs.

    Toutefois, il ne faut pas avoir la moindre illusion dans le fait que ce rapport de l’ONU n’apporte le moindre changement dans les conditions des victimes au Sri Lanka. Le lendemain de sa publication, le journal britannique The Guardian rapportait que le secrétaire général de l’ONU «ne désire lancer une enquête internationale que si le gouvernement srilankais est d’accord, ou si un “forum international” tel que le Conseil de sécurité des Nations-Unies appelle à une telle enquête». Il est évident pour de nombreuses personnes que le gouvernement srilankais ne permettra pas la moindre enquête internationale. En fait, la publication de ce rapport tardif a elle-même été retardée par les protestations du gouvernement srilankais. Le ministre srilankais des Affaires extérieures, GL Peiris, a qualifié ce rapport d’“absurde” et “sans fondement”.

    Le président du Sri Lanka, Mahinda Rajapaksa, a appelé à une “démonstration de force” pour le Premier Mai, la journée internationale des travailleurs, pour «manifester contre l’injustice faite à notre pays» par ce rapport de l’ONU ! «Le Premier Mai ne devrait pas être confiné à exprimer la solidarité des travailleurs», disait Rajapaksa. Alors que le régime tente de récupérer à son compte la Fête du Travail pour ses propres intérêts chauvinistes, il accuse l’ONU d’être «récupérée par certains pays» ! Le gouvernement a aussi appelé tous les partis politiques du pays à exprimer leur opposition à ce rapport. Il cherche à détourner les critiques contre le gouvernement vers les “ennemis à l’étranger”. 

    En réponse à l’appel de Rajapaksa, le parti pseudo-marxiste qu’est le JVP (Janatha vimukthi peramuna – Front de libération populaire, un parti communautaire chauviniste pro-cingalais qui se prétend à tort “marxiste”) a attaqué les Nations-Unies pour leur ingérence dans les affaires internes du pays ! La véritable raison de l’opposition de ce parti au rapport de l’ONU provient du fait qu’il a soutenu le gouvernement pendant la guerre. Il a suivi le gouvernement dans chacun de ses pas tout au long de la guerre. Et il a été très rapide à appeler à ce que l’ex-général Sareth Fonseka, qui a dirigé la guerre, soit promu au rang de héros national.

    Le JVP tente parfois de donner une image “mixte”. Il donne l’impression de se battre contre les attaques sur les droits démocratiques, de se battre pour les droits des réfugiés tamouls et pour la liberté des médias. Il fait cela uniquement pour conserver un certain soutien parmi les étudiants et certains travailleurs, qu’il mobilise sur base de revendications économiques et sociales “radicales”. Mais en mélangeant ces revendications avec le nationalisme cingalais bouddhiste, il pousse ces couches encore un peu plus vers le régime Rajapaksa. Cette méthode erronnée a été démontrée de manière très claire par l’ampleur de leurs pertes électorales. Un appel doit être fait envers tous ces étudiants et travailleurs qui cherchent une direction, afin qu’ils rompent avec le JVP et qu’ils rejoignent une véritable riposte.

    Mais le JVP n’est pas le seul parti politique qui nie les affirmations des Nations-Unies. Certains membres du parti d’opposition capitaliste, l’UNP (Parti national uni), tels que P.E. Jayasuriya, déclarent encore que «Pas un civil tamoul innocent n’a été tué par l’armée durant la guerre, grâce à la bonne gestion du président Rajapaksa».

    L’ironie étant (si on peut parler d’ironie dans le contexte du Sri Lanka) que Jayasuriya est également un membre de l’association internationale des droits de l’Homme ! Le vice-président de l’UNP, Karu Jayasuriya, a aussi proclamé que le parti se rangera du côté des forces de sécurité, apportant encore plus de soutien au gouvernement quant à cette question.

    Le parti des moines bouddhistes fondamentalistes et racistes du JHU (Jathika hela urumaya – Parti du patrimoine national) fait “tout ce qu’il peut” pour soutenir le gouvernement. « Si Ban Ki-Moon et les Nations-Unies veulent mettre le président Rajapaksa sur la chaise électrique, il faudra alors qu’ils y mettent chacun de nous, les religieux en premier», disait le Vénérable Galagama Dhammaransi Thero, ajoutant que «Nous protégerons et bénirons toujours ce dirigeant courageux».

    Pendant ce temps, la Commission de réconciliation et des leçons apprises (LLRC) mise en place par le gouvernement a déclaré qu’elle ne commentera pas ce rapport ni ne prendra la moindre action le concernant. La LLRC est une fausse commission mise en place par le président, et elle agit conformément à ses attentes.

    Malgré la rhétorique anti-impérialiste utilisée par le gouvernement pour mobiliser le nationalisme cingalais, l’impérialisme occidental tout comme le régime srilankais sont bien conscients du caractère très limité des actions qui pourraient être entreprises à l’encontre du Sri Lanka.

    L’hypocrisie des Nations-Unies

    Malgré l’aveu du rapport lui-même selon lequel «au cours des dernières étapes de la guerre, les organes politiques des Nations-Unies ne sont pas parvenus à entreprendre la moindre action afin de prévenir la mort de civils», aucune “excuse” n’a été jusqu’ici faite par cette institution. À la place, l’ONU n’offre que l’inaction, encore et encore.

    De nombreux appels à l’action ont été émis durant la guerre début 2009, afin d’arrêter la guerre et d’empêcher le massacre en masse de la population tamoulophone. Samedi 31 janvier 2009, 100 000 personnes ont défilé à Londres en opposition à cette boucherie. Des centaines de milliers de Tamouls et d’autres sont descendus dans les rues partout dans le monde. Après la guerre, ces mouvements ont continué à émettre des revendications en faveur de véritables mesures humanitaires. Dans le silence et l’inaction de l’ONU et des autres gouvernements, une horreur et un massacre sans nom ont eu lieu. Et les abus et tueries se poursuivent aujourd’hui même. Ceci ne sera pas oublié.

    Avec ce rapport, les Nations-Unies tentent maintenant de se racheter quelque peu. Mais le fait reste que l’ONU n’a fait absolument aucune tentative pour empêcher la tuerie. Qui plus est, elle ne s’est même pas excusée pour avoir passé une résolution, à dix jours du début du massacre, qui consacrait l’innocence du gouvernement sri lankais. Cette résolution promulguée par le conseil des droits de l’Homme de l’ONU le 27 mai 2009 applaudissait la «conclusion des hostilités et la libération par leur gouvernement de dizaines de milliers de citoyens srilankais qui étaient tenus en ôtages contre leur volonté par les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), de même que les efforts effectués par le gouvernement afin d’assurer la sécurité de tous les Sri Lankais et d’apporter une paix permanente aux pays».

    Cette résolution du 27 mai 2009 ne contient pas la moindre critique du gouvernement srilankais. Celle-ci va même encore plus loin politiquement : «Nous réaffirmons le respect pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance du Sri Lanka et pour son droit souverain à protéger ses citoyens et combattre le terrorisme».

    En fait, la seule condamnation du rapport a été faite à l’encontre des LTTE pour avoir lancé «des attaques contre la population civile» et «utilisé des civils en tant que boucliers humains». Le récent rapport d’experts n’a pas dénoncé ni d’ailleurs fait la moindre référence à cette résolution. Il ne fait que demander au conseil des droits de l’Homme de “reconsidérer leur position” ! L’hypocrisie des Nations-Unies, comme l’a fait remarquer le professeur Noam Chomsky, «a été si profonde qu’elle en était étouffante».

    On serait en droit d’espérer que ce rapport pourrait être considéré par tous les gouvernements et organes gouvernementaux comme une base minimale avant d’entamer toute relation avec le gouvernement srilankais, ou qu’il puisse servir de base à une enquête internationale quant aux crimes de guerre. Toutefois, nous ne constaterons sans doute aucune action de ce type.

    Bien que l’ONU donne l’illusion d’agir en tant qu’organisation indépendante, il serait naïf d’imaginer que l’ONU entreprenne la moindre action qui aille à l’encontre des intérêts de ses constituants majeurs : les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine et la Russie. Cet organe n’est pas indépendant d’aucune manière que ce soit. Il n’a pas non plus la moindre crédibilité dans le fait d’empêcher des massacres de se dérouler dans d’autres régions du monde. Les Nations-Unies n’ont pas empêché le massacre au Congo par exemple. Au Rwanda, les puissances mondiales ont observé sans broncher le génocide d’un million de gens en quelques mois.

    Les Nations-Unis se placent systématiquement du côté des impérialistes. Lorsqu’elles ne le font pas, leurs actions sont bloquées par les grandes puissances qui peuvent exercer un pouvoir de véto sur leurs activités. Les masses opprimées n’ont aucune voix qui représentent leurs intérêts lors des prises de décision par l’ONU.

    Le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de pays tels que la Russie, la Chine et l’Inde, qui ont non seulement financé l’armée gouvernementale sri lankaise, mais continuent à la protéger. Après que le rapport ait été publié, le secrétaire d’État à la défense Gotabayah Rajapaksa a annoncé que le Sri Lanka «devra chercher la protection de la Russie et la Chine».

    Les actions de ces gouvernements sont une extension de la manière dont ils traitent leur propre population. Ils n’accordent absolument aucun intérêt aux droits de l’Homme. Le rôle brutal de l’Inde au Cachemire et dans d’autre partis du pays est bien connu. Aucun gouvernement indien n’a jamais prêté la moindre attention à la décision des Nations-Unies d’organiser un référendum au Cachemire quant à son indépendance. Il existe beaucoup de documentation quant au massacre d’ethnies entières et de militants en leur faveur par le gouvernement indien au nom de la fameuse “opération green hunt” (récente campagne anti-terroriste lancée par l’État indien contre les milices naxalites organisées notamment par le Parti communiste d’Inde (maoïste) dans le “couloir rouge” formé par dix provinces – constituant ensemble 40% de la superficie de l’Inde – de l’est du pays –– NDT).

    D’une même manière, le rôle du gouvernement russe en Tchétchénie et les maltraitances infligées par le gouvernement chinois à la population tibétaine et dans le reste de leurs pays sont tristement célèbres dans le monde entier. Ces États, qui méprisent les droits des masses de leur propre pays, n’ont pas le moindre scrupule à collaborer avec d’autres gouvernements qui commettent des crimes de guerre, tel que le régime Rajapaksa.

    Les Nations-Unies et les intérêts impérialistes

    Le gouvernement srilankais dépend de plus en plus du soutien de la Chine, de l’Inde, et des “États voyoux” tels que l’Arabie saoudite. Cet état de fait entre en conflit avec les intérêts de l’impérialisme occidental en Asie du sud. L’impérialisme occidental pourrait utiliser le rapport des Nations-Unies en tant que levier pour réétablir son influence dans la région.

    Cependant, il y a une limite que l’Occident n’est pas prête à dépasser. Nous ne devrions pas sur-estimer le fait que ceci le mènera à défendre les intérêts des masses opprimées, ni à exiger le droit à l’auto-détermination ou toute autre solution politique.

    Parmi la gauche traditionnelle en Inde, certains affirment que les rivalités inter-impérialistes peuvent être utilisées pour faire progresser les intérêts des opprimés. Cependant, sans une forte organisation indépendante des masses laborieuses et pauvres, une telle stratégie risque de faire tomber ceux qui désirent riposter dans le piège des impérialistes.

    Nous avons vu comment les impérialistes se “liguent” bien souvent contre les intérêts des masses opprimées, malgré leurs différences. Les États indien et pakistanais, par exemple, ont mené ensemble campagne contre toute critique pouvant menacer le gouvernement srilankais. Bien que le Sri Lanka ne possède pas l’énorme manne pétrolière de la Libye – une des principales raisons derrière l’intervention de l’impérialisme occidental dans ce pays – sa position stratégique, y compris sa valeur aux yeux des ambitions régionales chinoises, le rend important pour les puissances occidentales. Les mesures mises en œuvre par les impérialistes au Moyen-Orient après que la vague révolutionnaire ait commencé à s’y répandre constituent à cet égard une bonne leçon.

    La soi-disant “intervention humanitaire” en Libye n’est qu’une tentative de briser la vague révolutionnaire au Moyen-Orient, avec l’intention de regagner le contrôle sur les ressources naturelles. Kadhafi est pour eux un partenaire peu fiable, au contraire des régimes du Bahreïn et d’Arabie saoudite. Aucune action n’a été entreprise à l’encontre de ces régimes, malgré le fait que ces États ont utilisé la même violence meurtrière contre les manifestants pro-démocratie.

    Le secrétaire aux affaires étrangères britannique, William Hague, en défendant sa visite en Syrie malgré les tueries qui y sont organisées contre les masses révoltées, a insisté sur le fait que son gouvernement est sur le point de conclure un “deal” avec le gouvernement syrien et le président Bashar al-Assad. Assad est considéré comme un “réformateur” potentiel. Ceci est en complète contradiction avec les intérêts des masses syriennes, qui exigent le renversement du régime Assad.

    En outre, le rôle des puissances occidentales en Libye a été encore plus discrédité par leur rôle dans le massacre de millions de simples citoyens en Irak. Le rôle contradictoire des soi-disant “préoccupations humanitaires” dans la région démasque clairement les intérêts impérialistes des gouvernements occidentaux.

    L’idée selon laquelle les masses opprimées devraient d’une manière ou d’une autre accorder leur soutien à l’intervention de l’impérialisme occidental en Libye – censé empêcher le “massacre potentiel” – est absolument erronnée. Le régime égyptien, qui a lui aussi voté le soutien à la résolution de mai 2009 sur le Sri Lanka, a été balayé par le mouvement de masse historique du peuple égyptien. C’est un mouvement comme cela, avec une telle confiance en soi, qui pourrait mettre un terme définitif à des régimes tels que celui de Kadhafi.

    L’intervention impérialiste est une autre raison pour laquelle la révolution, qui est partie de Tunisie pour se propager à l’Égypte puis à Benghazi, n’a jusqu’ici pas eu le même impact à Tripoli. Kadhafi a été capable de mobiliser un certain soutien, non pas basé sur la loyauté tribale, mais aussi sur l’antagonisme anti-impérialiste des masses. La seule chose qui peut prévenir le massacre et sauver la révolution est l’action des masses unies à Tripoli, une fois qu’elles auront assez de confiance pour se dresser contre Kadhafi. La soi-disant intervention humanitaire de l’impérialisme est tout sauf ça. Qui plus est, elle a déjà causé énormément de morts.

    Le régime du Sri Lanka tente de même de se baser sur l’antagonisme anti-impérialiste qui vit parmi les masses. L’ex ambassadeur sri lankais aux Nations-Unies, Dayan Jayatilleka, a attaqué les puissances impérialistes occidentales lors de la onzième session spéciale à l’UNHCR en mai 2009, afin de s’attirer un soi-disant soutien “anti-impérialiste” : «Ces gens sont les mêmes qui ont certifié que l’Irak détenait des armes de destruction massive. Je ne leur ferais pas confiance pour acheter une voiture d’occasion, encore moins en ce qui concernerait de prétendus “crimes de guerre” !» Même ce fidèle laquais a été viré par le président un peu plus tard sous le prétexte d’avoir défendu la “régionalisation” dans un journal local. Le secrétaire à la défense Gotabhaya Rajapaksa a été encore plus loin dans son “analyse”, annonçant : «Ils sont jaloux, parce qu’eux n’ont pas été capables de vaincre le terrorisme comme nous l’avons fait». Un autre loyal serviteur du régime sri lankais, et prétendu expert mondial en terrorisme, le Professeur Rohan Gunaratna, fait remarquer que : «En Irak et en Afghanistan, où plus d’un million de civils ont été tués, il n’y a pas de comité d’experts qui conseillet au secrétaire général de l’ONU de mener une enquête sur les crimes de guerre».

    Le régime utilise l’hypocrisie des Nations-Unies et de l’impérialisme à son avantage, tout comme le régime Kadhafi en Libye. Nous aussi, nous nous opposons fermement aux non-respect des droits de l’Homme et à leur exploitation par les puissances occidentales, mais nous devons aussi étaler au grand jour l’hypocrisie qui se trouve derrière la pseudo-rhétorique “anti-impérialiste” du régime srilankais.

    Malgré sa rhétorique, le régime sri lankais est toujours aussi coopératif vis à vis des puissances impérialistes tant régionales qu’occidentales. Le débat autour des “droits de l’Homme” est en partie dû à la concurrence entre les puissances régionales, comme la Chine et l’Inde, et les puissances occidentales qui cherchent à établir des conditions favorables afin d’obtenir un avantage sur le plan économique. Le FMI et la Banque mondiale ont donné leur plein accord concernant les prêts au gouvernement srilankais, et ont érigé le Sri Lanka au rang de “paradis pour les investisseurs”. Le gouvernement srilankais mène en ce moment une politique brutale de privatisations, attaques sur les pensions et soi-disant réformes fiscales, telle que dictée par le FMI. La pseudo rhétorique anti-impérialiste du régime Rajapaksa et son exaltation du nationalisme cingalais ont également pour but de détourner l’attention des masses laborieuses et pauvres des attaques brutales menées par Rajapaksa sur leurs conditions de vie et sur les services.

    En outre, nous ne verrons pas l’annualtion des prêts du FMI ou de la Banque mondiale sur base d’un scandale de “crimes de guerre”. Même après la fuite du rapport du comité d’experts de l’ONU dans les médias, les congressistes américains ont continués à voter en faveur d’un “renforcement des liens entre le Sri Lanka et les États-Unis”. Le nouveau vice-président de la commission Sri Lanka du Congrès américain, Chris Van Hollen, qui est aussi un Démocrate, et qui défend les coupes budgétaires d’Obama, appelle l’ensemble de ses collègues à soutenir cet appel. En d’autres termes, l’impact de ce rapport pour le sauvetage des masses opprimées sera en réalité extrêmement minimal.

    Le secrétaire assistant américain Robert Blake, qui a visité le Sri Lanka après que le rapport de l’ONU ait été publié, a donné son soutien indéfectible au gouvernement. Il a félicité le “progrès positif” et a affirmé que la LLRC (Commission pour la réconciliation et les leçons apprises, qui est fort critiquée dans le rapport de l’ONU) joue un “rôle important”. Dans une déclaration publiée le 4 mai, M. Blake dit que «Lors de mes rencontres officielles aujourd’hui, j’ai assuré au gouvernement sri lankais du fait que les États-Unis s’engagent à un partenariat fort et à long terme avec le Sri Lanka, et que des rumeurs concernant notre soutien à un “changement de régime” n’ont pas le moindre fondement. J’ai exprimé notre soutien pour les efforts du gouvernement visant à relever le pays après cette guerre civile dévastatrice, et ai encouragé de nouveaux pas en direction de la réconciliation et d’un Sri Lanka paisible, démocratique et uni». Il y a une très brève mention du rapport des Nations-Unies, dans laquelle il affirme que ce rapport souligne l’importance d’une “solution politique capable de forger un Sri Lanka uni”, et l’importance du “dialogue avec les Nations-Unies” de la part du Sri Lanka ! Voilà bien le genre de comportement hypocrite auquel nous devons nous attendre de la part des puissances impérialistes !

    L’attaque sur la diaspora, et l’absence de solution politique

    Parmi les cinq raisons citées par le rapport de l’ONU en tant qu’“obstacles à la reconnaissance”, on retrouve le “rôle de la diaspora tamoule” : «Certains ont refusé d’admettre le rôle des LTTE dans le désastre humanitaire dans le Vanni (la région du Nord du Sri Lanka), ce qui crée un obstacle supplémentaire sur le chemin de la reconnaissance et de la paix durable».

    Il ne fait aucun doute que les Tamouls de la diaspora ont été les plus virulents à crier contre le massacre qui a lieu au Sri Lanka, tandis que les gouvernements de tous les autres pays ont préféré gardé le silence.

    Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour y clamer leur dégout. L’inaction de la part des organes gouvernementaux occidentaux et internationaux a radicalisé un grand nombre de gens, surtout parmi les jeunes.

    Il n’est pas exagéré de dire que les jeunes Tamouls de la diaspora sont plus politisés aujourd’hui que pendant les trente années qu’a duré la guerre civile. De nouvelles vagues de jeunes se sont impliquées dans des activités politiques. Cette politicisation a eu pour conséquence la création de toute une série d’organisations de jeunes.

    Tamil Solidarity désire rassembler le plus grand nombre possible de ces jeunes afin de mener une riposte de principe contre le régime chauviniste sri lankais, et appelle à une lutte unie avec l’ensemble des masses opprimées.

    Cette politicisation n’est certainement pas un résultat favorable ni pour l’impérialisme occidental, ni pour le régime srilankais. Ces gens préfèrent les “diplomates” qui restent contrôlables, ceux qui vont faire en sorte que la société reste passive dans leurs intérêts, non pas la jeunesse qui se rebelle de colère contre l’injustice. Pendant la guerre, les ministres et députés du gouvernement Labour au Royaume-Uni ont fait toutes sortes de promesses dans une tentative de racheter la jeunesse révoltée pour pouvoir la contrôler. Ils n’ont tenu aucune de leurs promesses.

    Les establishments sentent un “danger” dans la direction que pourrait prendre ce mouvement des jeunes de la diaspora. Les jeunes tirent la conclusion assez correcte du fait que l’attaque sur les Tamouls opprimés fait partie d’une lutte contre l’ensemle des masses opprimées. De plus en plus de jeunes participent de manière active à la politique locale de leurs pays respectifs contre les injustices, contre le racisme, contre les attaques sur les minorités, contre le chômage des jeunes, et contre les attaques sur les services publics.

    En outre, il y a aussi une insistance naissante pour plus de démocratie, la nécessité de travailler avec les syndicats, les organisations de gauche et d’autres mouvements qui mènent campagne pour les droits et contre l’oppression.

    L’establishment veut saper ce processus. Il souhaite pacifier et faire dérailler cette colère, car il comprend que cette rage est de plus en plus dirigée contre lui. Et il veut pousser ces jeunes vers la droite du spectre politique.

    Le fait d’accuser la diaspora de garder le silence sur les crimes supposés des LTTE est, à ce stade, une des manières par lesquelles ils veulent atteindre leurs buts. Ils cherchent à propager un total rejet des idées des LTTE par la diaspora, et s’attendent à sa coopération dans le cadre du “développement et de la réconciliation” pour un Sri Lanka uni.

    De solides groupes militants tels que Tamil Solidarity, tout en s’opposant fermement au régime srilankais, ont toujours remis en cause les méthodes utilisées par les LTTE. Nous avons attentivement expliqué les raisons pour lesquelles les LTTE ont été vaincus. Un des principaux échecs des Tigres a été leur absence d’un appel à l’ensemble des masses en lutte dans le sud du Sri Lanka, dans le Tamil Nadu (la province tamoule du sud de l’Inde, qui compte 70 millions d’habitants, y compris plusieurs grandes villes telles que Chennai (anc. Madras) – à titre de comparaison, le Sri Lanka compte 20 millions d’habitants, dont 2 millions de Tamouls –– NDT) et dans le monde.

    Nous avons aussi critiqué les LTTE en ce qui concerne les tueries internes, les attaques contre la population musulmane (il y a 1 million de musulmans au Sri Lanka –– NDT) , et l’exécution de civils au cours de la dernière phase de la guerre. La majorité de la couche active de la diaspora ne nie pas ces faits non plus.

    Cette analyse est importante, pas seulement pour critiquer les LTTE, mais pour pouvoir avancer dans la lutte. Cela représente une étape cruciale dans la définition d’une stratégie pour la prochaine étape de la lutte. C’est là une chose complètement différente de l’agenda des Nations-Unies qui se cache derrière son attaque sur les LTTE.

    L’idée que la diaspora désire d’une certaine manière promouvoir le terrorisme est entièrement fausse. Toutefois, confrontés à l’immense violence contre la population tamoulophone du Sri Lanka, la première réponse de la jeunesse tamoule ne sera pas dirigée contre la direction des LTTE, dont tous les membres ont été assassinés par le gouvernement du pays. Au lieu de ça, ils vont certainement concentrer leur colère sur le gouvernement criminel du Sri Lanka et sur l’establishment occidental qui garde toujours le silence.

    Dire à la diaspora que son premier rôle est de dénoncer les LTTE, revient à paver la voie pour la coopération des Tamouls avec l’État srilankais. Une telle collaboration pourrait ne pas se faire avec le gouvernement actuel qui est directement responsable du génocide, mais pourrait être organisée avec de futurs gouvernements srilankais avec lesquels l’Occident espérera pouvoir faire de bonnes affaires. En même temps, il est important pour les Tamouls de la diaspora de se distancier des erreurs faites par les LTTE, afin de ne laisser aucun espace à des organes droitiers tels que les Nations-Unies pour attaquer les campagnes de la diaspora.

    Il suffit d’une simple compréhension du rôle de l’impérialisme et de la manière de lui résister. Construire une organisation sérieuse et indépendante, qui se batte sans aucun compromis pour les droits de masses opprimées, est la clé pour mener la lutte plus en avant. Ceci devrait se faire sur base non seulement d’une opposition au gouvernement Rajapaksa et à ses laquais, mais aussi sur base d’une opposition à toute forme d’oppression. Une fine compréhension des diverses forces de classe en action dans la société est requise afin de bâtir un mouvement capable d’amener un changement fondamental.

    Ce mouvement peut être construit en regroupant les militants progressistes, les syndicalistes et les socialistes. Mais ce ne sera pas une tâche facile, car de sérieux obstacles doivent être surmontés avant que la confiance des masses puisse être gagnée. La trahison de l’ancienne organisations des masses opprimées autrefois si puissante, le Lanka Sama Samaja Party (LSSP – Parti srilankais pour l’égalité sociale, ex-membre de la Quatrième internationale, et ancien parti ouvrier de masse, qui dispose aujourd’hui d’un siège au parlement srilankais dans le cadre d’une coalition avec le parti de Rajapaksa –– NDT), est toujours fraiche dans la conscience des masses ouvrières du Sri Lanka.

    C’est la décision du LSSP de rejoindre le gouvernement de droite en 1964, puis de refuser le droit des minorités dans la constitution de 1972, qui a créé les conditions pour l’afaiblissement de la classe ouvrière et une hausse des tensions ethniques. La force de la classe ouvrière avait été constamment attaquée par les gouvernemens de droite qui se sont succédé. Aujourd’hui, l’épave de ce qui reste du LSSP se trouve maintenant au gouvernement, et joue le rôle de couvrir ses crimes de guerre.

    De même, la trahison des partis tamouls ne sera pas oubliée non plus. En l’absence d’une véritable organisation de masse indépendante des travailleurs et des pauvers, des partis tels que le JVP se sont embourbés de plus en plus, en mêlant marxisme et rhétorique anti-establishment, avec chauvinisme et nationalisme cingalais et bouddhiste.

    Sur une telle toile de fond, il pourrait sembler impossible de regagner la confiance des masses afin de construire un mouvement combatif. Cependant, la reconstruction d’un tel mouvement est la seule manière de mettre un terme à l’oppression, à l’exploitation et à la guerre. En outre, il existe de véritables forces dans le sud du pays qui se positionnent toujours fermement du côté des masses opprimées. Le Parti socialiste uni, par exemple, n’a jamais reculé dans sa lutte cohérente contre les divers et brutaux gouvernements srilankais. Il n’a jamais non plus hésité dans son soutien pour le droit à l’auto-détermination des masses tamoulophones. Pendant la guerre, les membres de l’USP ont risqué leurs vies et ont mené une campagne virulente afin de mettre un terme à la guerre, dont a notamment beaucoup parlé dans les médias du Tamil Nadu en Inde.

    Nous devons rassembler nos forces dans une telle organisation, et renforcer notre riposte. Nous devons aussi lancer un appel à l’ensemble des masses opprimées de l’Inde, et en particulier au Tamil Nadu, afin qu’elles nous rejoignent.

    Il serait stupide de placer le moindre espoir dans le gouvernement srilankais, ni dans toute autre puissance extérieure, pour nous fournir une solution. Les attaques contre les minorités au Sri Lanka n’ont jamais été aussi intenses, et le gouvernement actuel a complètement mis de côté tout effort envers une solution politique.

    Le président a notamment déclaré que : «Il n’y a pas de minorités dans ce pays». Ni les Nations-Unies, ni aucune puissance étatique ne propose non plus la moindre solution politique. Pour de telles puissances, le droit à l’auto-détermination est hors de question.

    Certains ont même émis l’idée comme quoi le fait de nous opposer à l’impérialisme pourrait nous faire perdre le soutien de la soi-disant “communauté internationale”, des gouvernements occidentaux. Mais, sur le long terme, les masses opprimées ne vont rien gagner du tout en s’alliant avec ces oppresseurs. Au contraire, elles ont beaucoup à perdre – le soutien de tous ceux qui se battent contre eux –, et ils ne faut pas leur faire confiance pour faire quoi que ce soit qui ne rentre pas dans le cadre des intérêts de leurs propres classes capitalistes.

    Par exemple, le peuple tamoul ne peut pas appeler le parti conservateur britannique (Tory) un allié, sur base d’un quelconque discours sur les droits de l’Homme fait par un de ses députés. Ceci représenterait une trahison aux yeux des millions de travailleurs au Royaume-Uni, de toutes origines, qui sont confrontés à un véritable bombardement d’attaques constantes sur les emplois, sur les services publics (comme la santé ou l’éducation) et sur les allocations de la part du gouvernement de coalition Tory/libéral-démocrate.

    En s’associant avec un tel parti anti-travailleurs, les Tamouls non seulement perdraient le soutien potentiel de ceux qui se battent contre ces coupes budgétaires, mais trahiraient également les masses tamoules en leur donnant un faux espoir dans ces politiciens.

    En fait, l’approche pro-monde des affaires des Tories est totalement opposée au moindre soutien à toute forme de riposte par les pauvres et par les travailleurs. Leur intérêt est purement avec les patrons et les hommes d’affaires qui cherchent à cacher le massacre qui s’est produit au Sri Lanka, et au lieu de cela, à promouvoir la création de zones de libre échange dans le Nord. Ces zones seront des sites d’exploitation intensive de la jeunesse tamoulophone. Rajapaksa a déjà promis une “main d’œuvre bon marché” en tant que moyen de “réhabilitation” des ex-Tigres ! La question des alliances est donc cruciale. Nous devons nous allier avec ceux qui se battent réellement contre l’inégalité et contre l’exploitation.

    Au milieu de la crise économique monidale et des pénuries alimentaires, la lutte contre les autres gouvernements qui appliquent des coupes similaires dans les emplois et dans les services publics s’est accrue en Europe et au-delà.

    À Londres, plus d’un demi-million de travailleurs ont défilé le 26 mars contre le gouvernement Con-Dem. Au Portugal et en Espagne, des centaines de milliers de gens ont manifesté pour les mêmes raisons. Des batailles de classe massives se déroulent en Grèce. Ces gouvernements, tout en attaquant les services publics, tentent aussi de fomenter le racisme et d’autres divisions dans ces pays. On voit la tentative de montrer du doigt les immigrants, sur base de la pression sur les services et les emplois limités, dans l’espoir d’en faire des boucs émissaires. Si le blâme pour les coupes budgétaires est dirigé à d’autres sections de la classe ouvrière et des pauvres, cela permet aux gouvernements de continuer leur politique au service des intérêts des riches et des grands patrons.

    Il y a un processus similaire au Sri Lanka, où le gouvernement a tenté de détourner l’attention et de diviser l’opposition par le biais du nationalisme cingalais, afin de pouvoir mettre en place sa politique brutale.

    Nous, les travailleurs, les minorités ethniques, les jeunes et les pauvres, portons le fardeau de ces attaques. En tant que minorités dans ces pays, les Tamouls sont aussi la cible du racisme et d’autres formes d’abus qui sont exacerbés par les partis de droite et les médias. Il nous faut répondre à ces attaques.

    Que chacun sache que où que nous soyons, nous nous dresserons contre l’oppression sous toutes ses formes, et riposterons. Cette riposte sera encore plus renforcée si nous nous faisons cause commune avec les luttes qui se déroulent en ce moment à travers toute l’Europe.

    Aucun droit ne peut être obtenu sans une lutte. Ainsi, le fait que les jeunes rejoignent les marches antiracistes et les manifestations de travailleurs au Royaume-Uni et en Belgique, est un développement significatif. Le fait que les Tamoulophones aient rejoint les action du Premier Mai à travers toute l’Europe est également un important pas en avant. Et c’est une telle solidarité et unité qui sème la panique dans le cœur des oppresseurs, au Sri Lanka comme ailleurs.

    S’unir pour riposter

    On peut comprendre que les Tamouls au Sri Lanka attendent contre tout espoir que le rapport de l’ONU puisse constituer un pas en avant dans le soutien à la lutte pour leurs droits.

    On peut comprendre que certains pauvres tamouls au Sri Lanka espèrent qu’une “force extérieure” leur vienne en aide. Mais il est inutile de créer des illusions dans le seul but de fournir un réconfort temporaire. Cependant, Tamil Solidarity exigera des Nations-Unies qu’elles prennent au moins quelques mesures afin que soient mises en vigueur les recommendations détaillées dans ce rapport. Si l’ONU s’avère incapable d’entreprendre la moindre action sérieuse contre le gouvernement srilankais, son hypocrisie n’en sera que plus dévoilée.

    Mais l’Alliance nationale tamoule (TNA) tente d’utiliser les attentes de la population tamoulophone pour se créer une base électorale. Elle fait cela en créant l’espoir que les Nations-Unies, voire l’Inde, peuvent apporter leur aide. Elle tente aussi de cacher le rôle crucial qu’a joué l’Inde dans la guerre. Il est important de rappeler que le gouvernement srilankais n’aurait pas pu gagner la guerre sans le soutien de l’Inde et de la Chine.

    Le fait que le gouvernement indien refuse de faire la moindre critique à l’encontre du régime srilankais actuel, même après avoir accepté le fait qu’un massacre de masse se soit déroulé pendant la guerre, ne devrait pas nous surprendre. Il serait criminel de la part de la TNA de créer des illusions en faveur des mêmes forces qui ont joué un rôle dans le massacre de masse des Tamouls, et qui persévèrent en ce moment dans leur politique d’exploitation des victimes.

    La TNA, tout en devenant de plus en plus “amicale” envers le régime meurtrier actuel, sous l’argument risible qu’elle n’a pas d’autre choix, refuse de chercher un allié parmi les forces qui continuent à se battre pour les droits de la population tamoulophone.

    La TNA est clairement en train de suivre la voie déjà empruntée par son prédécesseur, le Front uni de libération des Tamouls (TULF), qui avait pour habitude de baratiner les Tamouls dans ses zones d’implantation afin de gagner des votes, en même temps qu’il était main dans la main avec les oppresseurs au parlement. C’est là une des raisons qui ont fini par pousser la jeunesse tamoule à prendre les armes.

    Les jeunes et les militants du Sri Lanka doivent rompre avec ce genre de politique trompeuse. Ils doivent rejoindre les véritables combattants et militants dans leur pays. Il y a beaucoup à gagner pour les masses opprimées qui s’opposeront au gouvernement sur diverses plateformes, bien plus qu’en jouant le jeu des “négociations” qui ne mèneront à rien.

    Il y a des journalistes, des militants et de véritables gens de gauche dans le pays qui continuent à se battre pour le droit à l’auto-détermination des masses tamoulophones. Depuis la fin de la guerre, ils se sont vus contraints de dénoncer la loi d’urgence et l’Acte de prévention du terrorisme.

    Le gouvernement prétend avoir gagné la guerre contre le “terrorisme”, mais n’a pas abrogé ces lois draconiennes. Ces campagnes doivent être renforcées. Il faut aussi soutenir l’ensemble des forces qui se battent avec courage pour la liberté des médias et pour les droits démocratiques, et cela même au péril de leurs vies.

    Plus important encore, nous devons nous opposer à la création des zones de libre échange promises par le régime aux gouvernements indien, chinois et occidentaux. Ces zones ne seront pas les centres de soi-disant “réhabilitation” tels que le régime cherche à les faire passer. Elles seront au contraire des centres d’exploitation intensive, où les victimes de la guerre et les ex-membres des LTTE seront forcés de travailler pour le plus bas salaire possible.

    La reconstruction de syndicats puissants est urgemment requise en tant que meilleure opposition capable de s’opposer à ces conditions cruelles. De telles organisations ouvrières pourraient aussi remettre en question dans les faits les conditions inhumains et les bas salaires qui existent déjà à l’heure actuelle. La hausse rapide des prix de la nourriture, par exemple, constituera un autre “détonateur” pour un mouvement de masse contre le gouvernement, tout comme en Tunisie.

    Les “négociations” et la “coopération” avec les oppresseurs ne rapporteront jamais le moindre résultat aux pauvres et aux opprimés. Pour défendre nos droits et en gagner de nouveaux, la tâche urgente est de construire des partis indépendants des travailleurs et des pauvres, et des syndicats puissants et démocratiques.

  • La politique d’austérité, ça ne marche pas

    L’illusion selon laquelle la Grèce, le Portugal, l’Irlande et d’autres pays embarqués dans les griffes des marchés financiers pourraient trouver une issue en assainissant commence à partir en fumée. De plus en plus de représentants de l’establishment plaident prudemment pour un rééchelonnement des dettes afin d’éviter le pire. Car les résultats des plans d’austérité sont décevants : au lieu d’approcher d’une solution, les problèmes se sont aggravés.

    Par Eric Byl

    Les politiciens et patrons belges ainsi que leurs “cellules de réflexion” sont d’accord : il faut de toute urgence un vrai gouvernement afin de prendre des mesures structurelles. Ce n’est pas que Leterme présente un mauvais rapport ; les assainissements réalisés par l’AIP sur le dos des travailleurs ou ceux consécutifs au fonctionnement avec des douzièmes provisoires ne sont pas négligeables.

    Mais, en comparaison de l’Irlande, du Portugal, de la Grèce ou du Royaume Uni – où c’est à la hache qu’on coupe dans les services publics, les salaires et les allocations sociales – jusqu’à maintenant, nous nous en sortons à bon compte. Trop d’ailleurs, aux dires du patronat et de ses laquais. Notre pays échappe pour l’instant à la pression des agences de notation de crédit, au contraire de l’Etat grec qui est maintenant forcé de payer des intérêts de 15,1% pour ses emprunts sur dix ans. En mai 2010, quand le FMI et les Etats-membres de l’Union Européenne avaient permis un emprunt de 110 milliards d’euros, il ne s’agissait encore ‘‘que’’ de 8%. En Grèce, le déficit budgétaire est de 10,5% et la dette de l’Etat a grimpé jusqu’à 142,8% du PIB. Ce n’est pas étonnant. Le plan d’austérité draconien que l’UE et le FMI ont imposé à la population grecque a, l’an dernier, fait chuter l’économie de 4,5% après une contraction antérieure de 2,3%. Cette année encore, on s’attend à un rétrécissement de 3,5%.

    En Irlande aussi, les mesures d’austérité draconiennes conduisent à une croissance économique négative. Le déficit budgétaire est maintenant de 32,4%, après une croissance négative trois ans de suite. Le plan d’austérité que le FMI et l’UE imposent au Portugal en échange d’un emprunt de 78 milliards d’euros va dès cette année jeter l’économie portugaise dans une récession de deux ans. L’an dernier, le Royaume Uni pouvait encore, comme il ne fait pas partie de la zone euro, présenter des chiffres de croissance économique soutenus par une politique de taux d’intérêts extrêmement bas sur leur monnaie, mais le déficit budgétaire a augmenté jusqu’à 10,4%.

    Nous insistons : ce ne sont pas les travailleurs et leurs familles qui ont massivement investi dans les crédits toxiques, mais bien les banques et beaucoup d’entreprises privées. Cela vaut pour la Belgique, l’Allemagne, la Grèce, l’Irlande,… Quand les banques ont dû être sauvées, elles n’ont jamais été forcées d’accepter le type de mesures aujourd’hui dictées aux pays plongés dans une spirale de dette à cause du sauvetage de leur secteur bancaire. Les paquets d’aide à ces pays n’ont rien à voir avec la solidarité. Ils ne servent qu’à mettre à couvert les banques allemandes, françaises et autres qui ont fortement investi dans les crédits des pays PIGS (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne). En même temps, les marchés ‘‘plus sains’’ au nord pompent le capital des marchés contractés des pays sous curatelle. C’est la raison principale qui explique l’actuelle croissance allemande.

    Les assainissements arrivent néanmoins à leurs limites. Qu’importe ce que peuvent dire les grands patrons européens : la publication dans Der Spiegel de la menace de la Grèce (évidemment niée par le gouvernement grec) de se retirer de la zone euro et de réintroduire le Drachme a suffi pour extorquer le rééchelonnement de la dette tant vilipendée. Ils n’aiment pas l’avouer, mais la volonté du FMI et de l’UE de considérer un ajournement du paiement de la dette grecque, ça revient à quoi d’autre qu’à un rééchelonnement? La rapacité ne connaissant toutefois pas de limites, la Grèce est en échange sensée mettre ses entreprises publiques en vente.

  • Indignés contre l’Europe des banques et des multinationales!

    A l’occasion du vote de la doctrine de choc économique de l’Union Européenne et du sommet européen : rassemblement et assemblée populaire – 22 juin à Bruxelles, à 18h au Rond Point Schuman à l’initiative de syndicalistes et de jeunes des Comités d’Action Europe

    Inspirée par les révolutions de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la jeunesse espagnole et grecque est entrée en révolte contre les effets de la crise du capitalisme. Ce mouvement de masse des jeunes – de cette génération perdue et confrontée aux emplois précaires qui ne permette pas d’envisager l’avenir – effraye les capitalistes et leurs politiciens, qui craignent une riposte organisée des millions de travailleurs en Europe contre leurs politiques antisociales.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs

    Ce n’est pas aux jeunes et aux travailleurs de payer leur crise !

    Inspirée par les révolutions de masse au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la jeunesse espagnole et grecque est entrée en révolte contre les effets de la crise du capitalisme. Ce mouvement de masse des jeunes – de cette génération perdue et confrontée aux emplois précaires qui ne permette pas d’envisager l’avenir – effraye les capitalistes et leurs politiciens, qui craignent une riposte organisée des millions de travailleurs en Europe contre leurs politiques antisociales.

    Partout en Europe, les gouvernements ont distribué l’argent public pour préserver les énormes profits des banques et des patrons. Aujourd’hui, ils veulent que ce soit à nouveau aux travailleurs et aux jeunes d’en payer les frais, en diminuant drastiquement les budgets de l’enseignement, des soins de santé, des pensions,… En bref, une austérité qui approfondit la récession et provoque une énorme baisse du niveau de vie alors que le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand.

    La Commission Européenne qui, avec le Fond Monétaire International et la Banque Centrale Européenne, force les Grecs, les Irlandais et les Portugais à accepter des plans d’austérité, veut aujourd’hui imposer l’austérité partout en Europe avec son projet de "gouvernance économique". Avec la menace d’amendes, ils veulent presser les gouvernements à ne pas reculer devant les protestations de masse.

    Flamands, Wallons, Bruxellois? Nous sommes tous Espagnols et Grecs!

    Tous les partis traditionnels ont pillé les finances publiques avec les nombreux cadeaux fiscaux qu’ont reçus les patrons en coupant dans les moyens pour la santé, l’emploi, le logement ou encore l’enseignement. Quel que soit le gouvernement qui sera formé, tous s’accordent déjà sur le principe d’un assainissement d’une vingtaine de milliards d’euros d’ici 2015, alors qu’ils ont donné 22 milliards d’euros aux banques.

    Leurs politiques de tensions communautaires servent à nous diviser et à nous affaiblir. La préparation d’une nouvelle réforme de l’Etat vise avant tout à permettre d’imposer une sévère politique d’austérité au niveau fédéral, mais aussi à celui des régions et des communautés. Les surenchères communautaires, le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc., tous ces moyens servent à diviser pour mieux régner : nous avons besoin de résister tous ensemble.

    Dégageons tous ces politiciens qui mènent une politique au service des riches!

    Les capitalistes peuvent compter sur les partis établis pour défendre leurs intérêts. A l’instar de Dehaene qui siège dans les Conseil d’administration d’Inbev et de Dexia, les politiciens établis sont récompensés pour leurs bons et loyaux services. Ils font partie du même monde : à eux le luxe et l’opulence, à nous la misère et la précarité. Nous avons-nous aussi besoin de notre propre instrument politique: un nouveau parti de masse des travailleurs, de lutte, au sein duquel le programme et l’action sont élaborés démocratiquement par les travailleurs et les jeunes eux-mêmes.

    POUR UNE GREVE GENERALE EUROPEENE DE 24H !

    Une nouvelle manifestation européenne des syndicats est organisée le 21 juin au Grand Duché du Luxembourg. Beaucoup de jeunes développent un sentiment hostile à l’égard des syndicats car l’idée pour les directions est de lâcher un peu de lest face à la pression de la base et non pas de construire un véritable rapport de forces avec un bon plan d’action. Le mouvement des jeunes doit savoir faire la différence entre le sommet et la basse active du mouvement ouvrier organisé, cette dernière aspirant à des syndicats démocratiques et combatifs.

    Les travailleurs sont les seuls à être capables de faire mal aux capitalistes là où ça leur fait mal : à leur portefeuille, au travers de la grève. Une grève générale de 24h coordonnées au niveau européen serait un bon point de départ. Celle-ci devrait être organisée et dirigée via des assemblées générales démocratiques dans les entreprises, les quartiers et les écoles. Les moyens existent, mais il faut aller les chercher là où ils sont: dans les coffres-forts des capitalistes.

    Avec EGA :

    • Stop aux contrats précaires! Stop à la chasse aux chômeurs! Des emplois décents pour tous!
    • Partageons l’emploi disponible, 32 heures par semaine, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!
    • Nationalisation de l’ensemble du secteur bancaire sous contrôle et gestion démocratique de la collectivité afin de financer les besoins réels: les soins de santé, l’emploi, les logements sociaux, les services publics, l’enseignement,…
    • Contre l’Europe du Capital! Pour une Europe Socialiste, où la production est démocratiquement organisée afin de satisfaire les besoins de la majorité et non pas basée sur la course au profit d’une poignée de capitalistes.

    Pour la démocratie réelle – brisons la dictature des banquiers et des patrons !

    L’avenir que nous réserve le capitalisme est fait de guerres, de misère, d’exploitation et de désastres écologiques. De bonnes conditions de vie dans un environnement sain, un emploi décent, un enseignement gratuit et de qualité,… sont autant d’aspirations qui se heurtent violement aux limites de ce système basé sur la course aux profits d’une petite élite. Ce n’est pas une fatalité. Pour changer cela, nous devons agir et nous organiser politiquement.

    Les Etudiants de Gauche Actifs luttent quotidiennement parmi la jeunesse pour en finir avec ce système et pour construire monde où la production et toute la société sont démocratiquement gérées et contrôlées par les organes issus des luttes de masse des travailleurs et des jeunes – une démocratie réelle – afin de satisfaire les besoins et l’épanouissement de tous : une société socialiste démocratique. Rejoins-nous !

    EN BELGIQUE AUSSI, PRENDS LA RUE:

    • MANIFESTATION DES INDIGNES – 19 JUIN – BRUXELLES – 14H PLACE FLAGEY
    • RASSEMBLEMENT ET ASSEMBLEE POPULAIRE A L’APPEL DES COMITES D’ACTION EUROPE 22 JUIN – BRUXELLES – 18H ROND POINT SCHUMAN
  • Pour la démocratie réelle – brisons la dictature des banquiers et des patrons !

    INITIATIVE INTERNATIONALE D’ACTIONS AUTOUR DU 19 JUIN

    LES JEUNES VEULENT DES CHANGEMENTS REVOLUTIONNAIRES

    Ce n’est pas la démocratie ! Partout sur la planète, les politiciens décident du futur de milliards de personnes dans l’intérêt des banquiers et des patrons. En faisant porter le poids des conséquences de leur crise sur les épaules de la populations, ils poussent des millions de personnes vers un avenir sans espoirs, fait de chômage de masse, de contrats pourris, de jobs mal payés, de services serrés, d’allocations réduites, d’éducation inaccessible, de montée en flèche des prix et de répression policière.

    Déclaration d’International Socialist Resistance (ISR) et des Etudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten (EGA/ALS)

    Ce qu’ils appellent ‘‘démocratie’’, c’est la mainmise brutale de la “troïka” de la Banque Centrale Européenne, du Fond Monétaire International et de l’Union Européenne sur la Grèce, l’Irlande et le Portugal. C’est cela leur Europe, mais ce n’est pas la nôtre !

    NOUS LUTTONS POUR UNE DEMOCRATIE REELLE, EN EUROPE ET INTERNATIONALEMENT

    Le mouvement «démocratie réelle» exprime une aspiration profonde pour une société dans laquelle les gens ont un vrai contrôle sur leurs vies, et ne sont plus à la merci d’une poignée d’ultra-riches, de banquiers voleurs et de politiciens corrompus. Nous avons tous été inspirés par les luttes révolutionnaires en Égypte et en Tunisie, qui ont remis l’idée de révolution à l’ordre du jour. Maintenant la nouvelle vague d’espoir provoquée par le mouvement «démocratie réelle», qui a démarré en Espagne, se répercute, à des degrés divers, en Grèce, au Portugal, en Italie, en France, en Belgique, en Angleterre, en Pologne…

    Les assemblées sur les places à travers toute l’Espagne ont donné une image vivante des gens se rassemblant, discutant et prenant leurs propres décisions pour le futur. Les débats sur la place Syntagma à Athènes ont pris cela en main.

    Les assemblées dans les lieux de travail, les quartiers, les écoles et les unifs sont nécessaires pour continuer la lutte et construire un mouvement puissant et unifié des travailleurs, des jeunes et des pauvres, organisés démocratiquement par la base, avec une direction qui réponde de ses décisions devant la base et qui soit révocable. Cela pourrait être relié localement, régionalement et nationalement. Ainsi les délégués de ces assemblées pourraient se réunir – mais toujours sous le contrôle des assemblées et sujets à révocation.

    Ces assemblées peuvent être la base d’une lutte pour un changement réel dans l’intérêt des travailleurs, de la jeunesse, des chômeurs et des pensionnés. C’est ce genre de lutte qui pourrait remplacer les politiciens corrompus qui vivent entourés de privilèges, entièrement déconnectés des préoccupations de la majorité, par des représentants élus ne touchant pas plus que le salaire d’un ouvrier qualifié.

    Une réelle démocratie privilégierait les intérêts de la population plutôt que les profits des banquiers, des patrons et des riches, en utilisant les richesses de la société pour mettre fin à la pauvreté, au chômage et à la destruction des ressources naturelles, mises en danger par les désastres nucléaires ou encore par le changement climatique.

    FAIRE PARTIE DU MOUVEMENT

    Le mouvement espagnol a mobilisé pour une manifestation à Barcelone le 15 juin contre le vote des coupes budgétaires au Parlement catalan. L’assemblée de Madrid avait appelé à une manifestation dans toutes les villes européennes le 19 juin. Le mouvement grec avait de son côté mobilisé pour une grève générale le 15 juin et a demandé aux participants d’occuper ensuite les places.

    NOUS APPELONS A PARTICIPER ET A ORGANISER DES ACTIONS INTERNATIONALES DE SOLIDARITE

    Pour la démocratie réelle – pour la fin de la dictature des banquiers, des patrons et de leurs politiciens. Pour une économie planifiée démocratiquement, qui mette les biens de la société dans les mains des millions de travailleurs et pas des millionnaires.

    • Nous ne sommes pas des marchandises! Santé et éducation gratuite, des emplois décents et pour tous. Du fric pour les emplois et l’éducation pas pour les banquiers. Partage du temps de travail entre tous, sans perte de salaire !
    • Pas de coupes, de privatisations, de licenciements ! Faisons payer les grosses entreprises, les actionnaires et les banques pour la crise. Nationalisons ces institutions sous contrôle et gestion démocratique !
    • Dégageons de la Grèce du Portugal et de l’Irlande ceux qui veulent nous imposer l’austérité : l’UE, le FMI et la Banque centrale européenne ! Ce n’est pas notre dette, nous ne la payerons pas !
    • Solidarité internationale contre les coupes budgétaires, le racisme, le chômage et la pauvreté. Pour des actions internationales de grèves, vers des grèves générales partout en Europe.
    • Pour une Europe des travailleurs et des pauvres, pas des rapaces capitalistes!

    Les actions coordonnées autour du 19 juin peuvent constituer un pas vers une résistance de masse organisée à l’échelle européenne.

    REJOINS LA RESISTANCE INTERNATIONALE CONTRE LA PRECARITE ET L’AUSTERITE

    Etudiants de Gauche Actifs secondaire et supérieur fait partie d’ISR, une organisation internationale de jeunes par et pour les jeunes, afin d’organiser la lutte contre la pauvreté, le chômage, le racisme et la guerre. ISR rassemble des jeunes de nombreux pays à travers le monde. Rejoins Nous!

    internationalsocialistresistance.wordpress.com/ – www.gauche.be

    EN BELGIQUE AUSSI PRENDS LA RUE!

    • MANIFESTATION DES INDIGNES – 19 JUIN – BRUXELLES – 14H PLACE FLAGEY
    • RASSEMBLEMENT ET ASSEMBLEE POPULAIRE A L’APPEL DES COMITES D’ACTION EUROPE 22 JUIN – BRUXELLES – 18H ROND POINT SCHUMAN
  • DEBAT sur la révolte du 15-M en Espagne

    DEBAT sur la révolte du 15-M en Espagne

    Environ 25 personnes étaient présentes ce lundi soir pour écouter le témoignage de Clara sur le mouvement en Espagne. Ce témoignage direct des manifestations, occupations de places, meetings, … qui relatait l’ambiance combative et anti-capitaliste du mouvement a été suivi d’un débat lors duquel de nombreuses interventions on fait référence aux différents mouvements qui ont, ou sont encore, en train d’agiter l’Europe et le reste du monde : Grèce, France, Maroc… tous des même exemples d’une seule et même lutte, la lutte contre un système en crise, le système capitaliste. La discussion s’est poursuivie au café autour d’un verre.

    Nous remarquons que, avec des mots différents, la lutte des jeunes et des travailleurs du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord pour la Démocratie est en fait la même que celle des jeunes Espagnols pour une VRAIE démocratie, pas une "démocratie" au service des banques et des multinationales. Que la crise du chômage chez les Ibériques n’est pas très différente des chiffres explosifs en Belgique (35% chez les jeunes Bruxellois). Le système capitaliste est un système mondial, et avec le PSL, branche belge du CIO (Comité pour une Internationale Ouvrière), nous voulons créer une organisation révolutionnaire mondiale pour combattre ce système ; construisez-la avec nous!

  • VOKA et PS unis dans leur soutien à la dictature kazakhe

    A partir du moment où le processus de révoltes et de révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient a été irréversible, l’impérialisme occidental à tenu à exprimer son ‘‘soutien’’ à ces mouvements, au nom de la résistance aux dictatures. Pendant ce temps, les dictatures qui ne sont pas au centre de l’attention médiatique n’ont pas d’inquiétude à avoir : l’occident continue de les soutenir. C’est notamment le cas du Kazakhstan, une dictature des plus répressives.

    Par Jarmo (Anvers)

    Pour l’organisation patronale flamande VOKA, ce pays recèle d’opportunités économiques. Mais l’organisation patronale extrémiste n’est pas la seule à penser de la sorte : le ministre ‘socialiste’ (hum…) Paul Furlan est lui aussi séduit.

    Depuis que le Kazakhstan est devenu indépendant avec la chute du stalinisme, il est présidé par Noursoultan Nazarbayev. Ce dernier a développé une véritable dynastie et s’est lui-même énormément enrichi en soldant l’industrie de son pays aux multinationales étrangères (Chevron, ExxonMobil,…). Malgré le fait que l’Union Soviétique n’existe plus, Nazarbayev remporte toutes les élections avec des scores staliniens. Le plus souvent, il n’y a même pas de candidats face à lui : un parti d’opposition doit récolter au moins 40.000 signatures pour se présenter aux élections et le seuil électoral est de 7%. Quand un parti a des chances de passer ces obstacles, la procédure est adaptée.

    Toute forme d’opposition est durement réprimée, comme en mars, où une grande manifestation a eu lieu dans la capitale (Astana), mâtée dans le sang après 500 mètres de parcours seulement. Tous les manifestants ont été obligés de s’allonger au sol et ont ensuite été violement frappés. Le dirigeant syndical Yesenbek Ukteshbaev a été immédiatement jeté en prison tandis que des dizaines de personnes ont été envoyées à l’hôpital. C’est la manière traditionnelle du régime de répondre à un mouvement d’opposition.

    Nazarbayev poursuit entre-temps le bradage de son pays. Le Kazakhstan possède d’immenses matières premières et offre des possibilités effectivement très intéressantes pour les sociétés étrangères. En Belgique, le VOKA prête une oreille avide à ce genre de nouvelles au point d’avoir organisé un séminaire à ce sujet le 20 mai dernier. Aucune critique contre le régime n’a bien entendu été formulée. La démocratie, les Droits de l’Homme et un niveau de vie décent ne sont en effet pas des principes pertinents pour les patrons flamands. Leur seule priorité est encore et toujours la course aux profits.

    Le ministre wallon de tourisme Paul Furlan (PS), lui non plus, ne voit pas de problème dans la situation politique du Kazakhstan. Les 3 et 4 mai, il a participé au forum économique qui se tenait dans le pays. Quant à savoir ce que pouvait bien faire un ministre de tourisme à un forum économique, Paul Furlan explique qu’il voulait examiner les liens touristiques entre le Kazakhstan et la Wallonie…

    En opposition à ces amis belges du Kazakhstan, le PSL et sa section kazakhe (Socialist Resistance Kazakhstan) appellent au renversement de la dictature et à l’instauration d’une véritable démocratie.

    Selon nous, cela ne pourrait être possible que par la nationalisation de l’industrie sous le contrôle des travailleurs et par le contrôle collectif sur les matières premières du pays. Ainsi, la population kazakhe aurait enfin son sort entre ses mains. C’est précisément l’inverse de la voie empruntée par le VOKA et Paul Furlan.

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