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  • Homophobie au parlement belge : un député accuse le premier ministre gay de pédophilie.

    Ce jeudi matin, un député fédéral (Laurent Louis, MLD) s’en prenait publiquement à l’homosexualité du premier ministre à coups d’amalgames honteux avec la pédophilie. Le député Laurent Louis vient en effet de se lâcher sur Twitter et de déclarer qu’Elio Di Rupo traine derière lui "une réputation plus que douteuse en ce qui concerne son intimité et sa vie privée… Allez allez, tout le monde connaît les goûts de notre Premier Ministre. En dessous de 18 ans, ce n’est plus de l’homosexualité. Tous les Belges savent parfaitement de quoi je parle !"

    Par la commission LGBT du PSL

    Rubrique LGBT de socialisme.be

    Une réflexion fortement étonnante pour un homme lui-même accusé de harcèlement l’an dernier par l’une de ses collaboratrices qu’il aurait notamment assaillie par un flot incessant de mails. Devons-nous également rappeler que la majorité sexuelle dans notre pays s’élève à 16 ans… et non 18, comme ce député semble le penser? Soit.

    Visiblement, pour ce député de l’opposition, il semble plus facile d’attaquer la sexualité du premier ministre que de s’en prendre à son plan d’austérité, sans parler de sa politique néolibérale. C’est que cette approche antisociale est partagée par Laurent Louis, ex-député du Parti Populaire devenu indépendant. Or, en affirmant de tels propos, celui-ci bafoue non seulement la vie privé d’Elio Di Rupo, mais il légitime férocement les clichés homophobes les plus débiles. Ces propos sont de nature à renforcer de nombreuses organisations réactionnaires, d’extrême droite et intégristes dans leurs positions les plus intolérantes.

    Un contexte d’homophobie de plus en plus généralisé

    Ces propos font bien entendu bondir les associations LGBT. En effet, ces dernières semaines ont été le théâtre d’une surenchère homophobe, notamment par l’institution catholique, mais pas seulement.

    La nouvelle miss belgique a affirmé pour ceux qui l’auraient oublié que "malgré tout, les homosexuels sont aussi des êtres humains". On appréciera le ‘malgré tout’… Ensuite, le patron de l’église belge, l’intégriste notoire Mrg Léonard, a regretté que la loi des hommes prenne le pas sur la loi divine, et que "le Parlement s’attribue le droit de décider par vote majoritaire du sens de la sexualité, de la différence du masculin et du féminin, de la signification du mot ‘mariage’, du rapport métaphysique de l’être humain à la finitude et à la mort, de la qualité des embryons méritant ou non d’être respectés, etc." Ces propos éminemment anti-démocratiques semblent emboîter le pas à la doctrine officielle du Vatican qu’a rappelée avec enthousiasme le pape Benoit XVI à l’occasion de son traditionnel discours de noël : "les politiques qui portent atteinte à la famille (comme le mariage gay) menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité." sic!

    Après avoir entendu dire que le mariage gay menace rien de moins que l’avenir de l’humanité, nos oreilles ont à nouveau sifflé lorsque ces mêmes intégristes ont blâmé les femmes pour avoir avorté. Ainsi, l’archevêque espagnol Javier Martinez déclarait récemment que "tuer un enfant sans défense, et que ce soit sa propre mère qui le fasse, cela revient à donner aux hommes le droit absolu et sans limite d’abuser du corps de cette femme!" Ainsi les droits de femmes et des LGBT sont remis en cause.

    Ce genre de propos est inacceptable, mais l’homophobie est en plein développement, de même que l’offensive contre le droit à l’avortement. La semaine dernière, en Hongrie, la droite populiste a instauré une nouvelle constitution bannissant le mariage gay pour l’éternité, ainsi que l’avortement sous le préambule de "Dieu bénisse les hongrois !" Précédemment, la Lituanie avait exercé des pressions contre toute ‘‘promotion’’ de l’homosexualité, rendant impossible tout rassemblement, mais aussi toute discussion dans les écoles et campagne de prévention contre le VIH. (voir une intervention de Joe Higgins à ce sujet). On pourrait aussi parler de la campagne républicaine aux Etats-Unis, ou de l’instauration de la charia en Lybie, qui condamne à mort les gays et les lesbiennes.

    Mais l’homophobie ne passera pas !

    En Belgique, nous vivons au quotidien les discriminations dans nos quartiers, à l’école, sur notre lieu de travail,… Dans les faits, l’égalité pour les LGBT reste à gagner, et nous allons lutter pour l’imposer. C’est pourquoi nous n’accepterons jamais ce genre de propos qui nous divisent et nous affaiblissent. Di Rupo est à critiquer – très largement – mais pour sa politique de casse sociale qui s’attaque durement aux travailleurs et à leurs familles, pas pour son orientation sexuelle.

    Au PSL, la lutte LGBT est portée par l’ensemble de nos militants, nous pensons que c’est seulement dans l’unité que nous pourrons vaincre toutes les discriminations. Travailleurs, jeunes, pensionnés, femmes, hétéros, LGBT, sans-papiers… Battons-nous tous ensemble pour nos droits !

  • Kazakhstan : En défense des travailleurs du pétrole

    La bureaucratie syndicale et les groupes de ‘gauche’ attaquent la solidarité du CIO avec les grévistes

    Avec une brutalité incroyable, le régime de Nazarbayev, au Kazakhstan, a tenté de briser l’esprit de combativité des travailleurs du pétrole à Zhanaozen et Aktau, en utilisant la troupe, la police, des tirs à balles réelles, des arrestations de masse, l’imposition d’un couvre-feu et jusqu’à la torture. Le régime admet lui-même que 16 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées en décembre. En réalité, des dizaines de personnes ont été tuées, des centaines d’autres blessées, et beaucoup sont encore ceux qui sont toujours en garde à vue ou qui sont forcés de se cacher pour éviter la persécution de l’État.

    Rob Jones, CIO-Moscou

    La manifestation des travailleurs du pétrole du 16 décembre dernier à Zhanaozen était une action tout à fait non-violente. Les diverses vidéos, y compris celles de la police, montre les travailleurs du pétrole et leurs partisans sur une place centrale, sans la moindre arme, sans même agiter de bâtons. Elles montrent d’ailleurs au contraire que lorsque l’atmosphère a commencé à s’échauffer et que des insultes ont été lancées en direction de la police, des travailleurs plus expérimentés sont directement intervenus pour calmer la situation.

    Au cours de leur longue grève de 7 mois, ces grévistes avaient déjà pu démontrer en de nombreuses reprises quels étaient leur sang-froid et leur retenue. Les représentants qu’ils avaient élus ont été arrêtés et confrontés à une violence des plus brutales. Leur avocate, Natalia Sokolova, a été condamnée à 6 ans de prison. Des travailleurs ont vu leurs logements brûlés tandis qu’un gréviste et la fille d’un autre gréviste ont été lâchement assassinés. Des milliers de travailleurs du pétrole ont été licenciés. Mais malgré toutes ces provocations, ces héroïques travailleurs ont fait tout leur possible pour maintenir les protestations disciplinées et pacifiques.

    Mais leur patron, avec le soutien plein et entier du régime, a toujours refusé de commencer de véritables négociations avec les grévistes. À plusieurs reprises, l’Etat s’est montré préparé à aller vers une confrontation violente, mais cette approche a été refreinée, par crainte de provoquer un conflit plus large encore à travers le pays. Il ne fait aucun doute que la solidarité croissante envers les grévistes, y compris au niveau international, a joué un rôle important.

    La violence et les révolutions de palais – deux faces d’une même médaille

    Mais à l’approche du 16 décembre, soldats et policiers avaient été déployés à l’avance dans la région, avec armes et balles réelles. Mis à part à Astana, la capitale, tout ce qui avait été prévu dans le pays pour célébré le 20e anniversaire de l’indépendance du pays (le 16 décembre) avait été annulé.

    Il semble que l’attaque armée contre la manifestation des travailleurs du pétrole à Zhanaozen faisait partie d’un plan plus vaste organisé par une partie de l’élite dirigeante. Les violences qui ont dégénéré hors de tout contrôle suite à la fusillade perpétrée par la police ont été utilisées comme prétexte pour démettre plusieurs personnalités clés au sein du régime et des structures du pouvoir. Un des beaux-fils de Nazarbayev, Timur Kulibayev, a été démis de sa fonction de président de ‘KazMunaiGaz’ et du fonds national ‘Samruk-Kazyn’. De plus, des rumeurs font état du possible remplacement du chef de la KNB (la police secrète) par des personnes plus fidèles au groupe Massimov-Musin. Tout indique qu’une révolution de palais s’est produite dans les sphères dirigeantes.

    Attaques contre les grévistes

    Pourtant, les travailleurs du pétrole et leurs partisans ne cessent d’être accusés d’être responsables des tragiques évènements du 16 décembre. Ces accusations des porte-paroles du régime, qui prennent différentes formes, sont reprises telles quelles par les médias, la bureaucratie syndicale et même par certains de groupes de ‘‘gauche’’, qui agissent ainsi en apologistes du régime dictatorial de Nazarbayev.

    Le régime prétend que la ‘‘raison majeure de ces troubles de masse réside dans les actions d’un groupe de hooligans qui a profité du conflit de longue date entre les salariés licenciés et la direction de la société ‘Ozenmunaigaz’.’’ (Déclaration émise par l’Ambassade de la République du Kazakhstan en Autriche, 23 décembre 2011)

    L’ambassadeur kazakh aux Etats-Unis, Erlan Idrissov, a affirmé le 21 décembre 2011, que ‘‘la police a essayé de se comporter aussi responsablement que possible afin de protéger la vie des civils (…) A l’origine, sur la place [de Zhanaozen], seul le chef de la police avait une arme (…) Ce n’est que lorsque le vandalisme a commencé et que des menaces ont commencé à peser sur des vies innocentes – après l’incendie de la Akimat [les locaux des autorités locales] – que la police a dû recourir aux moyens nécessaires pour rétablir l’ordre.’’

    Selon une déclaration faite par le Daulbayev Askhat, le Procureur Général de la République du Kazakhstan, le 16 décembre, les perturbations ont été causées quand ‘‘un groupe de hooligans [sur la place] ont commencé à tabasser les civils et à fracasser les voitures garées près de la place." La déclaration se poursuit comme suit : ‘‘En raison des perturbations, le bureau du bourgmestre, un hôtel et le bâtiment de la société Ozenmunaigaz ont été brûlés.’’

    Ces déclarations, en réaction aux protestations qui se sont déroulées dans le monde entier, sont très manifestement destinées à tromper l’opinion internationale sur les sanglants événements qui se sont produits à Zhanaozen. Dans les premières déclarations du Procureur Général, le 16 décembre, il est affirmé que les bâtiments ont été brûlés "en conséquence des troubles’’, mais cette version a été changée deux jours plus tard pour donner l’impression que ces destructions avaient pris place avant l’intervention meurtrière de la police.

    Mais les différentes déclarations officielles du régime suffisent déjà à poser des questions très sérieuses :

    • Si ce qui s’est passé à Zhanaozen n’était qu’une émeute causée par des hooligans, pourquoi les ‘‘moyens habituels’’ de la police (balles en caoutchouc, canons à eau) n’ont-ils pas été utilisés ? Pourquoi directement recourir aux tirs à balles réelles ?
    • Si la police protégeait la population de la place de ces hooligans, pourquoi ont-ils tirés à balles réelles au sein même de la foule qu’elle était censée protéger ?
    • Si l’action de la police n’a constitué qu’une réponse à des émeutes, pourquoi l’ambassadeur du Kazakhstan aux Etats-Unis juge-t-il nécessaire de consacrer une partie importante de sa déclaration à s’en prendre aux grévistes du pétrole ?
    • Si cela n’était tout simplement qu’une émeute, pourquoi le gouvernement a-t-il interdit toute manifestation, réunion publique et grève et a été jusqu’à interdire l’utilisation de photocopieuses, de TV, de radios, de vidéos et de haut-parleurs ? C’est bien étrange, que les hooligans ont d’habitude fort peu tendance à éditer des tracts et à organiser des conférences de presse.

    Les vidéos et les témoins dissent démontrent clairement que l’attaque policière n’avait aucun fondement

    La vérité, c’est que le massacre de Zhanaozen n’était pas une conséquence d’une riposte légitime de la police face à du hooliganisme ou à des émeutes, il s’agissait bel et bien d’une attaque prédéterminées contre les grévistes du pétrole. C’était une nouvelle tentative de briser leur grève. Plusieurs vidéos démontrent que la place, juste avant l’attaque de la police, n’était occupée que par des manifestants pacifiques, sans armes, et que la police ainsi que les soldats, en marche vers la place, tiraient sur la foule de loin. Dans une vidéo particulièrement pénible à regarder – certaines scènes rappelant celles des journées de juillet 1917 à Petrograd (quand l’armée a tiré sur les manifestants et en a tué des centaines sur la perspective Nevsky) – on eut voir les manifestants fuir à travers la place alors qu’on leur tire dans le dos et que les blessés à terre sont brutalement frappés par les voyous aux ordres du régime.

    Ces films sont tellement révélateurs que même le Procureur général du Kazakhstan a été forcé de réagir. Le 27 décembre, il a annoncé qu’une enquête criminelle était lancée au sujet des "décès causés par la police à la suite d’un ordre de tirer pour tuer.’’ Nous n’avons bien entendu aucune confiance envers les possibilités que cette enquête soit honnêtement et sérieusement menée jusqu’à son terme, mais il est plus que révélateur que la responsabilité des agents de police dans ces meurtres soit reconnue d’une certaine manière. Ceci dit, tandis que ces policiers sont menacés de 5 à 10 ans de prison, l’avocate des grévistes du pétrole, Natalia Sokolova, dont le seul tort est d’avoir honnêtement défendu la cause des grévistes, a déjà été condamné à 6 ans de prison.

    Une autre confirmation qu’un ordre de tirer pour tuer a été lancé provient du ministre de l’Intérieur du Kazakhstan, rien de moins, K. Kazymov. Dans une interview réalisée le 16 décembre, il a admis qu’il avait donné l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule. Il a essayé de justifier cet ordre en prétendant que les manifestants "étaient armés d’armes automatiques, et nous aussi". Il a confirmé que la police continuerait de tirer des citoyens kazakhs si cela était ‘‘nécessaire’’. Son interview a été publiée sur internet, accompagnée de vidéos montrant la foule courir dans tous les sens face à la police qui tire très visiblement dans le dos de manifestants désarmés et paniqués.

    Nazarbayev dénonce les ‘influences étrangères’ et les ‘criminels’

    A la lumière de tout cela, les déclarations du dictateur Noursoultan Nazarbayev selon lesquelles les troubles auraient été causés par des ‘‘groupes organisés de criminels en liaison avec des forces étrangères’’ sont particulièrement cyniques.

    Pour une bonne partie de la population du Kazakhstan, le plus grand groupe criminel organisé du pays est celui du clan Nazarbayev lui-même, protégé par un bataillon de soldats formé et équipé par les Etats-Unis. Les diverses photos font toujours apparaître des voitures blindées de confection américaines aux postes de contrôle d’Aktau et de Zhanaozen.

    Mais les déclarations de M. Nazarbayev ne sont destinées qu’à détourner l’attention du rôle de la police, du ministre de l’Intérieur, des troupes spéciales et de ceux qui, au sein du cercle présidentiel, ont planifié ce massacre. C’est pour cela qu’il blâme des personnages du régime tels que Mukhtar Ablazov, Rakhat Aliyev et Bulat Abilov.

    Ces oligarques, tous d’anciens membres de la clique dirigeante, vont sans aucun doute tenter d’exploiter l’opposition qui se développe face au régime actuel pour se construire un certain soutien public afin de défendre leurs propres politiques pro-capitalistes. Mais les divers clans sont tous résolument opposés à l’idée que les travailleurs du pétrole puissent avoir leurs propres syndicats indépendants et leur propre parti politique, pour les travailleurs et sous leur contrôle exclusif.

    Les grévistes du pétrole étaient pacifiques et disciplinés

    L’idée selon laquelle les grévistes du pétrole auraient pu être dirigés, contrôlés et manipulés par une quelconque force secrète de l’extérieur est une véritable insulte à leur détermination ainsi qu’à leur discipline. La décision d’organiser la manifestation pacifique du 16 décembre a été prise ouvertement et collectivement, lors d’un meeting de masse sur cette place. Cette décision a ensuite été publiquement annoncée et les travailleurs du pétrole ont eux-mêmes été prévenir les autorités qu’ils avaient l’intention d’organiser une telle manifestation en avertissant qu’il y avait des risques que des provocations soient organisées par des sections des forces spéciales.

    La manière très publique dont les choses ont été organisées a permis à la campagne ‘‘Campaign Kazakhstan’’ et aux sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) de planifier une série d’actions de solidarité et de protestation devant les ambassades du Kazakhstan et les sièges d’entreprises aux intérêts commerciaux liés au régime kazakh dans un certain nombre de pays ce jour-là (notamment en Belgique). Le caractère de solidarité a bien entendu largement cédé la place à celui de la protestation lorsque les nouvelles de ce bain de sang sont parvenues aux manifestants devant les ambassades.

    La semaine qui a suivi le massacre, diverses manifestations ont été organisées à travers l’Europe, y compris à Londres, Bruxelles, Vienne, Berlin, Moscou, Stockholm, Dublin, Athènes et ailleurs également, comme à New York, Hong Kong et Tel Aviv. Le député européen Paul Murphy (élu de la section du CIO en République irlandaise, le Socialist Party) a à la rupture de tous pourparlers entre l’Union Européenne et le gouvernement du Kazakhstan, et a aussi écrit une lettre de protestation signée par plus de 40 eurodéputés. Des communiqués de presse ont été émis dans un certain nombre de pays (lire notamment Massacre au Kazakhstan: Quand l’agence Belga se fait complice du régime) et de conférences de presse ont été organisées à Moscou et à Almaty. [Vous pouvez accéder à différents rapports des protestations sur le site socialistworld.net].

    Rompre le blocage de la presse

    La politique de l’Union Européenne, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et des Etats-Unis est directement dictée par les intérêts de ces institutions pour l’exploitation du pétrole et du gaz kazakhs. Elles ont tout d’abord ignoré ou réagi de façon bien équivoque face aux nouvelles du massacre. Dans une certaine mesure, cela s’est reflété dans la politique éditoriale d’une grande partie des médias du monde entier. Les premières heures après le massacre, par exemple, des reporters internationaux basés à Moscou ont refusé de relayé les rapports du bain de sang sans ‘‘confirmation indépendante’’ tout en relayant par contre les déclarations officielles du régime. United Press International, par exemple, a qualifié les grévistes du pétrole de ‘‘voyous’’ à trois reprises dans un article de 150 mots seulement.

    La campagne menée par le CIO et Campaign Kazakhstan a aidé à vaincre les tentatives du régime de dissimuler l’ampleur du massacre. Finalement, le poids écrasant cumulé des témoignages, vidéos et rapports de journalistes ont eu raison de cette attitude complice, et les rapports dans les médias ont commencé à être plus équilibrés.

    ‘‘An injury to one is an injury to all’’ – Ce qui en touche un nous touche tous

    Tout aussi rapidement, des syndicalistes ont réagi face à la crise, mais de façon bien différente. A Anvers, par exemple, la délégation de TOTAL a relayé les rapports en direct du CIO sur le site de leur délégation, de sorte que les travailleurs pouvaient voir par eux-mêmes l’étendue de l’horreur des événements. Bien que le site du CIO au Kazakhstan a immédiatement été bloqué par le régime après la fusillade, le site russe du CIO a continuer à fonctionner, jusqu’à ce qu’arrivent des problèmes dus aux trop grand nombre de visiteurs sur le site, dont de nombreux journalistes de médias du monde entier.

    En Suède, Gruvtolvan, le syndicat de l’industrie minière de Kiruna, a condamné sans équivoque "la violence contre les travailleurs (…) suite à l’attaque de la police et des militaires contre une manifestation dans la ville de Zhanaozen." Ils ont appelé le mouvement syndical suédois à activement soutenir les travailleurs du pétrole du Kazakhstan sous la devise "Une victoire pour les travailleurs, où qu’ils soient, est une victoire pour tous les travailleurs, partout!" Cet appel a été accompagné d’une importante donation pour les grévistes.

    Si une véritable organisation syndicale nationale indépendante existait au Kazakhstan, il y aurait immédiatement eu après le 16 décembre convocation de meetings, d’actions de protestations et de grèves dans tout le pays en riposte au massacre de Zhanaozen.

    Une commission indépendante internationale doit enquêter

    Malheureusement, alors que des militants syndicaux ont réagi partout à travers le monde, certains membres de la bureaucratie syndicale internationale ont adopté l’approche de renvoyer chacun dos à dos. Ainsi, la Confédération syndicale internationale (CSI) a publié une déclaration le 16 décembre, signée Sharan Burrow, secrétaire général, qui déclare : "une situation extrême de tension et de désespoir a provoqué des troubles, la panique et le chaos. La violence doit immédiatement cesser, et toutes les parties doivent reconnaître que la seule façon de résoudre des conflits est le dialogue ouvert et la négociation. Le gouvernement doit immédiatement agir pour commencer ce processus."

    Cette déclaration ignore donc la responsabilité du régime dans ce massacre, une attitude partagée par de nombreuses autres organisations, telles que Human Rights Watch, qui a publié une déclaration le 22 décembre. Dans celle-ci sont détaillés plusieurs cas de graves tortures du fait des forces gouvernementales à Zhanaozen et, ensuite, l’organisation tire la conclusion incroyable que ‘‘les autorités du Kazakhstan doivent mener immédiatement une enquête.’’ Cela n’aboutirait qu’à une enquête ignorant totalement la responsabilité écrasante du ministère de l’Intérieur et qui, dans le meilleur des cas, trouverait quelques boucs émissaires afin de laissait un peu de colère s’échapper.

    Le CIO estime qu’il est nécessaire d’organiser une commission d’enquête internationale, totalement indépendante du gouvernement, des structures étatiques et des intérêts pétroliers et gaziers, afin de faire toute la lumière sur les causes réelles du massacre et sur les véritables responsables de ces horribles évènements.

    La “gauche” et les bureaucrates syndicaux poignardent les grévistes dans le dos

    Mais si la Confédération Syndicale Internationale n’a pas ouvertement condamné le régime de Nazarbayev, elle n’a au moins pas directement attaqué les travailleurs du pétrole. De la façon la plus incroyable qui soit, les 17 et 18 décembre, des déclarations sont apparues sur des sites internet de langue russe contrôlés par des syndicats et des groupes de gauche qui, tout en condamnant la violence, se sont lancés dans des attaques contre les grévistes du pétrole, contre leurs revendications et leurs tactiques, répétant d’ailleurs bien souvent l’argumentation des patrons et du gouvernement.

    Le Mouvement Socialiste Russe [section russe du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, à laquelle est reliée la LCR belge, n’ayant aucun rapport avec le Mouvement Socialiste du Kazakhstan] a contribué à détourner l’attention de la responsabilité du gouvernement Nazarbayev pour ce massacre en répétant grossièrement les mensonges du régime concernant l’implication de l’oligarque Mukhtar Ablyazov. Ce faisant, ils réduisent le rôle de l’autodiscipline et de la conscience politique des travailleurs du pétrole en les réduisant à l’état de simples pions joués par les oligarques kazakhs et en donnant du crédit aux déclarations du dictateur qui blâme les influences étrangères (Ablyazov vit à Londres) pour tous les problèmes rencontrés au Kazakhstan.

    Les attaques les plus importantes proviennent toutefois de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA) et de la Confédération du travail de Russie. Même avant les événements du 16 décembre, d’anciens fonctionnaires de l’Union Internationale des travailleurs de l’alimentation à Genève et à Moscou ont travaillé à saper le soutien à la grève. Des pressions ont ainsi été exercées sur Alexei Etmanov, le syndicaliste indépendant le plus connu en Russie, ce qui l’a conduit à revenir sur sa promesse d’organiser des actions de solidarité avec les travailleurs du pétrole par l’intermédiaire du syndicat des travailleurs de l’automobile.

    Le prétexte donné ensuite à ce désistement était que les travailleurs du pétrole avaient été manipulés par des représentants de la ‘‘gauche révolutionnaire’’ – c’est-à-dire par le Comité pour une Internationale Ouvrière. Cela a d’ailleurs été confirmé dans une déclaration de l’UITA le 9 décembre 2011 qui disait: ‘‘Avec pourtant un énorme potentiel d’organisation, dans tout ce temps, les grévistes n’ont jamais mis en place leur propre organisation, tout comme avant ils ne disposent pas de leurs propres représentants et direction élus, avec le droit de représenter les travailleurs dans les négociations avec la direction de la société et les autorités. Cela signifiait que, dès le début, différents groupes politiques ont été en mesure d’utiliser l’énergie sociale et le potentiel du mouvement ouvrier de masse dans leurs propres intérêts. S’exprimant au nom des travailleurs et réécrivant constamment les revendications des travailleurs, ils ont apporté d’énormes préjudices au mouvement, ont fait sortir le conflit du champ de la lutte syndicale et ont réduit au minimum les chances de succès, privant ainsi les habitants de Zhanaozen de leur grève.’’

    Cette déclaration fait écho aux arguments des patrons et du gouvernement et est particulièrement honteuse étant donné que les travailleurs, dès le début, ont élu leurs représentants pour les négociations, ces représentants rencontrant ensuite une répression sévère. Nous avons déjà dit que Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes, a été condamnée à 6 ans de prison, Akzhanat Aminov a reçu une peine de deux ans avec sursis, tandis qu’un troisième a vu sa maison brûler !

    Les grévistes du pétrole luttaient pour le droit d’instaurer leurs propres syndicats indépendants

    Il convient de rappeler que la grève de la faim des travailleurs du pétrole a commencé en mai dernier après que les membres du syndicat de Karazhanbasmunai, à Aktau, ont exigé le retour de documents syndicaux de leur ancien président après qu’il ait été démis de ses fonctions par le vote des membres du syndicat. L’ancien leader syndical avait collaboré avec la direction de l’entreprise pour éviter toute véritable négociation portant sur les salaires et les conditions de travail. Il avait été jusqu’à envoyer des gros-bras armés pour qu’ils battent ses adversaires. En Juin, l’UITA avait envoyé toute une série de questions bureaucratiques aux grévistes, dont les réponses ont nécessité 60 pages de documents. Le résultat final a été de déclarer que les travailleurs avaient eu tort de démettre leur ancien dirigeant syndical, comme ils ne pouvaient changer de président qu’une fois tous les 5 ans !

    L’affirmation selon laquelle le CIO a constamment "réécrit" les revendications des travailleurs est absolument ridicule, comme toutes les autres calomnies visant à salir les grévistes. Depuis le début de la grève, le CIO a publié sur ses sites toutes les déclarations produites par les grévistes. Le 1er Juin 2011, après que la police anti-émeute ait attaqué les grévistes de la faim de Zhanaozen, le comité de grève de Zhanaozen avait publié les revendications suivantes:

    • La démission de la direction de la société “KazMunaiGaz” à Aktau;
    • La restauration du statut autonome de la société “OzenMunaiGaz”;
    • L’augmentation de 60% des salaires des médecins et des enseignants de la ville pour compenser la dureté de leur travail dans des conditions écologiques difficiles;
    • Le retour sous statut public, c’est-à-dire la nationalization, des enterprises regroupées dans la société “OzenMunaiGaz” – en particulier TOO “Burylai”, TOO “KazGPZ”, TOO “Kruz”, TOO “Zhondei”.

    En Juillet, des incendies criminels ont eu lieu contre des maisons de militants grévistes, et Zhaksylyk Turbayev a été assassiné quand il est devenu clair qu’il serait élu à la présidence du nouveau syndicat. L’avocate Natalia Sokolova et le militant syndical Akzhanat Aminov ont été arrêtés et ont été confrontés à de graves accusations. Des milliers de grévistes ont été licenciés. Lors de leur rencontre avec le député européen Paul Murphy en juillet dernier, les travailleurs ont défini leurs revendications de la façon suivante:

    • La reconnaissance des droits des travailleurs, notamment leur droit d’élire leurs propres représentants, sans interférence de qui que ce soit ;
    • La libération immédiate de Natalia Sokolova et de Akzhanat Aminov;
    • Le réengagement de tous les travailleurs licenciés aux conditions qui prévalaient avant leur licenciement;
    • L’abandon de toutes les poursuites judiciaires contre les grévistes;
    • Le commencement de véritables négociations avec les représentants élus des travailleurs.

    Les bureaucrates syndicaux soutiennent les briseurs de grève et les éléments diviseurs dans le syndicat

    En réalité, l’UITA et ses ‘‘organisation fraternelle’’ en Russie (KTR) et au Kazakhstan (la ‘‘Confédération des syndicats libres du Kazakhstan’’, CFTUK) tentent depuis le début de faire dévier la grève. Au Kazakhstan, le CFTUK dirigé par Sergei Belkin a depuis longtemps cessé d’exister en tant qu’authentique organisation syndicale. En 2009, Belkin a signé un accord avec le gouvernement destiné à stopper toutes les grèves, les protestations et les manifestations de travailleurs afin de permettre au régime de "maintenir la stabilité’’. En novembre dernier, quand le gouvernement a annoncé qu’il était temps de mener des ‘‘négociations’’ à Zhanaozen, Belkin, totalement absent depuis le début du conflit, est soudain arrivé comme ‘‘expert indépendant’’ pour aider le gouvernement et ses tentatives de briser la grève. La tactique du régime était alors d’essayer par tous les moyens de diviser les grévistes en offrant à certains d’entre eux des emplois dans une nouvelle société, tout en encourageant Belkin pour qu’il mette en place un nouveau syndicat anti-grève dans le cadre de la Confédération syndicale CFTK. Les grévistes, cependant, ont rejeté ces tactiques, insistant pour que tous les travailleurs sans exceptions soient être réintégrés dans leur ancien emploi.

    Hypocritement, l’UITA et le KTR, après avoir soutenu les activités visant à briser la grève et le syndicat anti-grève de Belkin, ont donné des conseils aux travailleurs en leur disant qu’ils devraient : ‘‘décider de suivre le chemin de la construction de leur propre syndicat indépendant, qui peut décider d’une stratégie d’action et proposer leurs revendications à tous niveaux, en s’assurant qu’ils obtiennent, ainsi que leurs familles, les moyens nécessaires pour se défendre et pour mobiliser un soutien international.’’

    Il faut construire de véritables syndicats indépendants

    Depuis le début de la grève, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) a entièrement pris ses responsabilités en soutenant, non seulement en paroles mais aussi en actes, l’appel diffusé à Zhanaozen et à Aktau sous la signature de milliers de travailleurs en novembre (soit avant les ‘‘conseils’’ de l’UITA. Dans cet appel, ils expliquent que : ‘‘notre combat démontre que vaincre l’injustice et l’arbitraire ne peut se faire qu’en unissant nos forces. Dans cette situation difficile et compliquée, le meilleur soutien et moyen d’action sera de créer une organisation syndicale indépendante et de développer des revendications capables d’unir, comme l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de vie et de travail et la non-ingérence de l’employeur dans le travail du syndicat. En faisant ce travail d’unification des travailleurs, ce syndicat deviendra une solide fondation pour la création d’un syndicat national indépendant au Kazakhstan.’’

    Le CIO estime que si les syndicats tels que l’UITA et le KTR soutiennent véritablement les travailleurs du pétrole, ils devraient alors publiquement retirer tout leur soutien à la Confédération syndicale kazakh CFTK et donner un soutien pratique et moral à ceux qui tentent de construire un authentique syndicat indépendant dans ces circonstances extrêmement difficiles. Mais même si l’UITA et le KTR refusent d’agir de la sorte, le CIO va continuer à soutenir les grévistes et à les aider.

    Le 17 décembre, le Président du KTR, Boris Kravtchenko, a clairement tenté de blâmer le CIO pour les événements de Zhanaozen: ‘‘Nous croyons que la responsabilité de ces événement et du sang versé par les travailleurs du pétrole incombe entièrement aux dirigeants de la République du Kazakhstan. Cependant, cette responsabilité est partagée par les spéculateurs politiques, auto-désigné ‘‘comité’’ et ‘‘internationale’’, qui utilisent la protestation sociale pour leurs propres intérêts, pour réécrire les revendications des manifestants en transformant politiquement celles-ci et qui, par leurs actions provocatrices, poussent les autorités à utiliser des moyens violents.’’

    Ce que Boris Kravtchenko pense exactement du CIO n’est pas très clair. Nous avons soutenu la grève depuis sa création. Nous avons défendu que les employeurs éliminent tous les obstacles pour que des négociations sérieuses puissent commencer. Nous avons soutenu que ces négociations devraient être dirigées de façon transparente par des représentants élus des grévistes. Dès le début, nous avons été engagés dans la construction de la solidarité avec les grévistes et avons aidé à briser le blocus médiatique. Nous avons discuté avec les grévistes de leur intention d’organiser une manifestation pacifique le 16 décembre et avons convenu d’organiser une campagne internationale de solidarité autour de cet évènement.

    Les staliniens surpassent les bureaucrates syndicaux

    Une attaque encore plus vicieuse contre les travailleurs du pétrole a été lancée par le Parti communiste d’Ukraine, qui était resté silencieux sur cette question jusqu’au 4 janvier. Ce parti a finalement brisé son silence dans un article qui accuse Natalia Sokolova d’être un agent du département d’Etat américain et les travailleurs du pétrole d’être responsables de "la tentative des Etats-Unis pour déstabiliser la situation politico-économique." Ils ont continué en disant: ‘‘Les autorités du Kazakhstan ont agi durement, courageusement et de manière adéquate. Ils ont réagi fermement en instaurant l’Etat d’urgence et la police anti-émeute n’y a pas été de main morte contre les combattants bien armés qui se trouvaient derrière les travailleurs du pétrole. Ils ont montré leur courage quand le président, M. Nazarbayev, a visité la ville de Zhanaozen et a personnellement parlé aux habitants. Leur réponse a été adéquate, en agissant avec fermeté et en expliquant à ces messieurs de l’Union Européenne que ce qui se passe à Zhanaozen est une affaire interne au Kazakhstan."

    La “gauche” attaque les grévistes qui revendiquent la nationalisation

    Le 18 décembre, le site internet de gauche "RabKor" publiait un article d’Aleksei Simoyanov de l’Institut de la Mondialisation, à Moscou. Après presque sept mois de silence et à seulement 2 jours du massacre, l’auteur avait décidé de rejoindre le flot des attaques contre les travailleurs du pétrole : "Il est impossible de ne pas parler d’un certain nombre d’erreurs tactiques effectuées par les manifestants au cours de leur campagne. Aussi longtemps que les principaux slogans des manifestants étaient favorables à des meilleurs salaires, au respect des droits des travailleurs et luttaient contre la dégradation des conditions de travail, ils étaient dans une position forte. Dans les limites d’un conflit entre travailleurs et patron, les autorités avaient les mains liées, et toute pression de leur part aurait été purement illégitime. Le problème s’est compliqué quand, sous l’influence du CIO, les travailleurs ont également défendu des revendications politiques, y compris la nationalisation de la compagnie."

    Pourtant, comme cela peut être vérifié avec l’évolution des revendications des grévistes, les travailleurs du pétrole ont défendu la nationalisation de leur entreprise dès le début du litige. Ils n’ont pas eu besoin du CIO pour savoir que tant que ces entreprises restaient aux mains de capitaux privés liés au régime et aux multinationales étrangères, il n’était pas possible d’obtenir un salaire raisonnable. Le seul changement qui a été opéré avec cette revendication au cours de la grève, c’est de généraliser la revendication de la propriété publique à tout le secteur pétrolier, sous le contrôle des travailleurs. Les travailleurs du Kazakhstan ne sont d’ailleurs pas les seuls à tirer ces conclusions. En décembre, par exemple, des dizaines de milliers de syndicalistes ont défilé à Liège, en Belgique, pour exiger la nationalisation du site liégeois d’ArcelorMittal.

    Toutes les grèves sont politiques dans une certaine mesure

    Simoyanov ne fait avec son texte que démontrer sa profonde incompréhension de cette grève. La direction de l’entreprise a refusé de négocier non pas parce que les ouvriers ont soulevé la revendication de la nationalisation, mais parce qu’ils n’étaient pas prêts à mieux payer les travailleurs. La logique de son article est que les travailleurs devraient restreindre leurs luttes à des questions purement économiques et que s’ils vont plus loin, toute la pression contre eux devient ‘‘légitime’’. Suivant cette logique, les syndicats ne devraient pas exiger le limogeage des responsables antisyndicaux ou faire grève afin de faire tomber des régimes autoritaires. Suivant cette logique encore, les syndicalistes d’Europe, de Grèce, du Portugal, d’Italie et d’ailleurs qui sont en lutte par millions contre les politiques d’austérité de leurs gouvernements ne devraient pas exiger la chute de ces gouvernements ? Simoyanov pensent-il aussi que cette revendication est ‘‘illégitime’’ ?

    L’ironie est que ces critiques, en se précipitant contre les grévistes du pétrole, ont oublié de s’en prendre à la direction de l’entreprise, et finissent même au final à la droite du président Nazarbayev qui, à Aktau, a déclaré après le massacre que : ‘‘Le gouvernement, ainsi que le fonds Samruk Kazyna et la société KazMunaiGas, ont échoué à mettre en œuvre mes instructions sur la résolution rapide de ce conflit. Malheureusement, ils se sont montrés incapables de résoudre le problème."

    La caractéristique des critiques de ‘‘gauche’’ des grévistes est la manière dont ils ferment les yeux sur les bureaucrates syndicaux qui collaborent avec les régimes autoritaires ! Boris Kravtchenko est un membre du conseil consultatif du président russe Medvedev, Alexeï Etmanov est un candidat de la liste pro-Kremlin "Russie juste" et Sergei Belkin a signé une entente pour éliminer les grèves avec le régime de Nazarbayev. Ils sont en colère non pas parce que les travailleurs du pétrole ont adopté des revendications politiques – ils ne les critiqueraient pas s’ils rejoignaient le parti présidentiel. Les critiques n’arrivent que lorsque les travailleurs du pétrole déclarent qu’ils ne vont plus soutenir le parti présidentiel et lancent un appel au boycott total des élections législatives de janvier. Plutôt que de rester derrière l’un ou l’autre parti politique pro-régime et leurs conseillers dans les syndicats, les travailleurs du pétrole ont appelé à la création de leur propre, démocratique et indépendant parti des travailleurs, un instrument politique capable de représenter leurs intérêts sans devoir subir l’influence des oligarques.

    Le 16 décembre – début de la fin pour Nazarbayev

    Les événements du 16 décembre 2011 marquent un tournant dans le développement des luttes ouvrières à travers l’ancienne Union soviétique (la CEI, Communauté des Etats Indépendants). Après sept mois de lutte acharnée, les travailleurs du pétrole ont appris de nombreuses leçons. Ils ont démontré qu’ils étaient capables d’adopter une attitude pacifique et disciplinée et de rejeter les provocations destinées à les conduire à la violence. Ils sont allés plus loin que de simples exigences salariales face à un patron qui n’a aucune envie de payer plus, et ont défendu que l’entreprise devait être nationalisée, sous contrôle ouvrier, de sorte que les richesses du pays puissent être utilisées pour le peuple, plutôt que d’enrichir les oligarques et la famille présidentielle. Ils ont démontré qu’ils peuvent unir autour d’eux tous les pauvres et les exploités de la région en défendant de meilleurs salaires pour ceux qui travaillent qui travaillent dans le secteur public. Ils ont appris qu’il y a beaucoup de ‘‘dirigeants’’ et de ‘‘politiciens’’ qui inondent leurs oreilles de promesses d’amitié éternelle en échange de leurs votes, mais qui désertent aux premiers besoins. Ils ont vu que les seuls amis qu’ils ont vraiment, ce sont les travailleurs d’autres villes et d’autres pays, les seuls à avoir exprimé une véritable solidarité.

    Même après les horribles attentats de la police et de l’armée le 16 décembre 2011, et les nombreux morts, blessés et emprisonnés, les travailleurs du pétrole ont préservé leur dignité et leur discipline. Ils continuent à faire appel aux autres travailleurs pour qu’ils s’organisent en une seule fédération syndicale nationale et indépendante et pour construire un parti des travailleurs. Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections est fier de rester à leur côté, et de rester entièrement solidaire de leur combat.

  • Pourquoi faire grève le 30 janvier ?

    Les trois syndicats veulent empêcher que le gouvernement et les patrons ne nous fassent payer la crise de leur système de profit. Si ce gouvernement de casse sociale ne change pas fondamentalement ses projets, ils menacent de mettre le pays à plat le 30 janvier. Les 99% qui doivent subir cette politique décidée par les 1% par-dessus nos têtes ont donc tout intérêt à ce que cette grève soit un succès.

    Tract du PSL

    Tract en version PDF

    Nous sommes tous responsables? FAUX

    Pour l’instant, personne n’ose nier que la crise a été causée par la cupidité des banques et autres spéculateurs. Mais on tente de nous rendre également responsables, car nous aurions nous aussi tenté de rendre notre épargne la plus rentable possible. Nous sommes tous dans le même bain, selon cet argument. Dans le même bain ? Les 99% ne l’avaient pas remarqué…

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    En danger

    • 5.000 emplois à BPost
    • La prestation de services des TEC et de la STIB
    • Les statuts à la SNCB
    • Les pensions (des fonctionnaires, le crédit-temps,…)
    • Le droit à une retraite anticipée
    • Les allocations des chômeurs et des invalides
    • Le stage d’attente
    • Les soins de santé et l’enseignement
    • L’emploi dans des entreprises privées telles qu’ArcelorMittal, Duracell, BRC…
    • Les notes de gaz et d’électricité
    • Et d’ici peu l’indexation des salaires

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    Nous vivons au-dessus de nos moyens. FAUX

    Les fortunes des familles belges représentent 1.700 milliards €, soit cinq fois le montant total de la dette publique. Alors que 341 milliards € se trouvent chez les 1% les plus riches, les 50% les plus pauvres possèdent ensemble 235 milliards €. Ces grandes fortunes ne se sont pas construites par le travail. En 2009, le revenu annuel d’Albert Frère était de 3,9 millions €, ce qu’un salarié ne pourrait en moyenne obtenir qu’en travaillant 130 ans environ. Albert Frère gagne d’avantage en dividendes et en redistribution de bénéfices grâce aux actions de diverses entreprises. Ces gens-là payent en moyenne 11% d’impôts, quasiment rien même pour les plus gros d’entre eux. En 2010, les sociétés cotées en Bourse ont distribué 4,4 milliards € de dividendes. On parie qu’Albert Frère considère que le commun des mortels vit au-dessus de leurs moyens ?

    Nous vivons plus longtemps, il est normal de travailler plus longtemps. FAUX

    En 1960, la moyenne d’espérance de vie était de 70 ans, pour presque 80 en 2007. En 1960, on travaillait en moyenne 2.289 heures par an, contre 1.611 en 2007, soit presque 30% de moins. Mais par contre, depuis lors, nous sommes passé d’une productivité moyenne de 11,89 $ par heure en 1960 à 53,18 $ aujourd’hui (en prenant la valeur du dollar en 2007 pour base comparative). Cela provient des améliorations technologiques, de l’augmentation de la formation et, surtout, d’un rythme de travail beaucoup plus élevé. Tout cela, avec l’augmentation du nombre d’employés (passé de 3,5 à 4,3 millions), a entraîné un quasi quadruplement de la valeur annuelle de la production totale dans notre pays (de 97,5 milliards $ à 371,5 milliards $).

    Trop de gens profitent de la sécurité sociale. FAUX

    La génération actuelle de travailleurs serait-elle plus fainéante et plus bête que la précédente ? Ou alors se pourrait-il que la formation demandée et le rythme de travail soient tellement élevés que plus de gens ne suivent plus ? Tout le monde ne peut être le plus intelligent, le plus rapide, le plus beau, le plus jeune, ou le plus endurant. Une maladie, un accident, une mauvais passe, peuvent ruiner notre vie. Certains se sont découragés, peut-être bien. Dans les années 60, un salaire suffisait à entretenir une famille, mais c’est désormais loin derrière nous. Il était aussi possible de faire carrière dans la fonction publique, mais elles sont devenues des entreprises soumises à la concurrence. Nombreux sont ceux qui dépendent d’emplois faiblement rémunérés et précaires, avec de longues période sans travail.

    Seuls les assainissements peuvent nous sortir de la crise. FAUX

    Nos collègues grecs ont dû sacrifier 40% de leur revenu, suivis de près dans cette spirale par nos collègues portugais, irlandais, espagnols et italiens. Mais le remède ne fonctionne pas, il conduit au contraire à une crise plus intense encore. Les déficits budgétaires et les dettes publiques ne diminuent pas, elles sont en constante augmentation. Nous avons échappé à ce sort parce que nous n’avions pas de gouvernement. Notre économie a bien tourné. Mais maintenant, les politiciens veulent lancer une avalanche d’austérité. La croissance économique va se gripper et des coupes plus drastiques vont suivre. L’accord gouvernemental a été scellé pour répondre aux désirs de l’Europe.

    Avec la grève, on n’obtient rien. FAUX

    Tout ce que nous avons obtenu – la journée des 8 heures, le droit de vote, l’abolition du travail des enfants, les négociations sur les salaires et les conditions de travail – les anciens l’ont gagné par la grève. Ces luttes ont demandé de grands sacrifices, mais c’est ce qui nous a donné ce bien-être qu’on veut aujourd’hui nous enlever. Ce ne sont pas les grévistes à leurs piquets, mais bien les patrons et le gouvernement qui prennent la population en otage. Et quand leur propagande échoue, ils imposent leurs conditions unilatéralement, par procuration, comme en Belgique ou en remplaçant des gouvernements élus par des technocrates.

    Les directions syndicales ne vont-elles pas finalement conclure un petit accord ?

    La meilleure manière d’éviter cela, c’est d’argumenter au maximum en faveur de la grève dans notre entourage. Si possible au boulot, avec des réunions d’information au cours d’arrêts de travail. Le mieux est d’ailleurs de formellement y soumettre la grève au vote, pour qu’elle soit réellement portée par la base des syndicats. Une grève décrétée d’en haut peut facilement être arrêtée d’en haut tandis que si nous faisons tout reposer sur la base, nous assurons qu’elle a son mot à dire.

    Il n’y a pas d’alternative

    Vraiment ? La classe des travailleurs est néanmoins parfaitement capable de gérer l’économie, ce qu’elle fait déjà maintenant d’ailleurs, mais au service des 1%. Pourquoi ne pas nationaliser le secteur financier dans son ensemble, avec compensation pour les petits actionnaires sur base de besoins prouvés ? Pourquoi ne pas collectiviser la sidérurgie ? Mittal & Co n’accordent aucune attention à l’acier ou à la collectivité, seul compte le profit. Pourquoi ne pas nationaliser le secteur de l’énergie pour vraiment contrôler les prix ? Ne serait-ce pas mieux une économie au service des besoins de chacun plutôt qu’au service des profits de l’élite ? Voilà ce que nous entendons par ‘‘socialisme démocratique’’.

    Un nouveau parti des travailleurs

    ‘‘Le PS nous a trahi, humilié et abandonné’’ ont récemment dénoncé des militants de la CGSP-Hainaut occidental. De plus en plus de gens en ont marre de la ‘‘politique du moindre mal’’ du PS ou d’ECOLO. La classe des travailleurs, les 99%, ont besoin d’hommes et de femmes politiques qui défendent leurs actions et qui travaillent au salaire d’un collègue de travail et non à celui d’un topmanager. Les syndicats doivent rompre tous les liens qui les lient aux divers partis d’austérité MAINTENANT. Il nous faut un parti composé d’un personnel politique du même type que les dizaines de milliers de militants syndicaux qui sont bénévolement actifs pour leurs collègues. C’est en ce sens qu’en Flandre, le PSL participe à Rood, la nouvelle initiative politique autour de l’ancien candidat à la présidence du SP.a Erik De Bruyn, qui a récemment claqué la porte de ce parti.

    En Europe et au niveau international

    L’Europe, le FMI, la Banque Mondiale et les marchés financiers s’accrochent à leurs intérêts. Partout à travers le monde, leurs politiques font face à la colère de millions de jeunes, de travailleurs,… Cette contestation se développe même sans claire idée d’une alternative, sans mot d’ordre des syndicats, d’un parti ou d’une autre structure. Quel serait le résultat d’un mot d’ordre commun ? Au début du siècle dernier, la journée des 8 heures a été conquise pays après pays dans le monde occidental, ce n’est qu’ainsi qu’elle a pu être préservée si longtemps par la suite. Maintenant encore, une alternative à ce système de profit doit être défendue au niveau européen et international.

  • Des emplois, pas de racisme !

    Plateforme pour la manifestation anti-NSV du 15 mars 2012

    Ce 15 mars 2012, le NSV (Nationalistische Studentenvereniging – Cercle Etudiant Nationaliste), organisera son annuelle marche de la haine. Chaque année, ils choisissent une ville étudiante flamande différente et, en 2012, ce sera à Louvain. Comme chaque année, la campagne antifasciste Blokbuster organisera une contre-manifestation non-violente, sans répondre aux provocations de la part du NSV. Ensemble avec d’autres organisations, nous voulons mobiliser les jeunes et les habitants des quartiers de Louvain avec un message clair contre le racisme et le fascisme et pour une société orientée vers la résolution des réels problèmes sociaux.

    Nous voulons mener une discussion approfondie sur la manière de lutter contre l’extrême-droite et le racisme à l’aide du texte ci-dessous.

    L’extrême-droite est un danger réel

    Le 22 juin 2011, deux attentats sanglants ont été commis en Norvège. A Oslo une bombe a explosé dans le quartier du gouvernement et, par la suite, un massacre a été perpétré dans un camp de la branche jeune du Parti des Travailleurs norvégien, social-démocrate, sur l’île d’Utoya. Le bilan de ces attentats est des plus tristes : 77 morts et au moins 96 blessés. Le fait que l’assassin, Anders Breivik, âgé de 32 ans, a commis ces attentats parce qu’il était convaincu par les idées d’extrême-droite pose directement la question du danger représenté des individus et groupes d’extrême-droite.

    Quelques heures avant l’attentat, Breivik a mis en ligne un manifeste de 1500 pages dans lequel il a dévoilé ses idées politiques. Dans ce manifeste, il s’est prononcé contre le “marxisme culturel” et contre l’islam. Il y affirmait aussi son admiration pour Geert Wilders et son Parti de la Liberté au Pays-Bas qui, selon lui, “est le seul vrai parti pour les conservateurs”. Il s’est avéré par la suite qu’il avait également envoyé ce manifeste à un millier d’adresses e-mail. En Belgique, quelques membres du NSV à Gand ainsi que les parlementaires du Vlaams Belang Tanguy Veys et Chris Janssens ont reçu ce manifeste par mail. Francesco Speroni, chef de file de la Ligue du Nord italienne au Parlement Européenne et ancien ministre de Berlusconi, a déclaré que Breivik “défend la culture chrétienne occidentale”.

    Dans notre pays aussi, la menace représentée par les éléments d’extrême droite et néo-nazis est bien réelle. En effet, cela ne fait pas si longtemps que le groupe des néo-nazis Blood & Honour a été arrêté pour avoir tenté d’installer une bande armée en Belgique. Leur amateurisme les a conduit à l’échec et la police a mis fin à leurs ambitions. Ce fait a toutefois révélé publiquement la présence de néo-nazis armés dans notre pays.

    Des emplois, pas de racisme

    Le NSV est une pépinière pour les politiciens du Vlaams Belang. Même si leurs résultats électoraux ont diminué cette dernière période, le danger que le racisme et l’appel à “l’ordre” se fasse entendre parmi une partie de la population reste bien réel.

    Depuis cet été, la crise est omniprésente et le chômage augmentera en conséquence. La concurrence pour trouver un travail est féroce. Les frustrations augmentent. L’illusion selon laquelle les immigrés volent nos emplois et qu’il y aura plus d’emplois s’ils s’en vont peut gagner de l’influence dans ces conditions.

    Les patrons et les spéculateurs rêvent de ce scenario. Ils utilisent la crise afin de “rationaliser” et “restructurer”. S’il faut, ils menacent de délocaliser vers des pays à bas-salaires ou de carrément fermer. Si les travailleurs se reportent la responsabilité de cette situation les uns sur les autres au lieu de s’en prendre ensemble à la soif de profit du patronat, les patrons sont libres de faire ce qu’ils veulent.

    Le manque de logements décents et abordables est terrible. La concurrence pour ce qui reste encore augmente, tout comme les prix. Des quartiers complets sont les proies des marchands de sommeil et des spéculateurs immobiliers. Souvent, le délabrement, le chômage, la pauvreté et les problèmes de sociétés sont ramassés les uns sur les autres.

    Malgré l’énorme misère qui augmente chez une grande partie de la population, les politiciens ont passé ces 3 dernières années à discuter d’une réforme d’Etat. L’attention a été déviée des problèmes réels vers la surenchère communautaire. Tous les partis sont prêts à économiser 20 milliards sur le dos de la population belge au cours des prochaines années. Les désaccords ne concernent que la façon de répartir cette austérité aux différents niveaux de gouvernements.

    Dans ce contexte, l’extrême-droite sera capable de se renforcer sur base du mécontentement présent. Dans beaucoup des pays européens, les organisations de droite populiste ou néo-fascistes ont obtenu des succès électoraux. A cause de l’absence d’une alternative crédible, certains parmi la population peuvent être séduits par les slogans populistes de l’extrême-droite. En mettant le slogan ‘des emplois, pas de racisme’ au centre de la manifestation anti-NSV, nous voulons mettre le doigt sur la raison réelle du succès électoral de l’extrême-droite, mais aussi défendre un début de solution.

    Pour une politique d’asile humaine: c’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !

    Aujourd’hui, la répression contre les réfugiés augmente. Récemment, le bourgmestre de Schaerbeek n’a pas hésité à expulser des familles de sans-papiers de la Gare du Nord. Il n’y a pas seulement un énorme manque au niveau des places d’accueil, mais aussi au niveau de la politique sociale concernant l’enseignement, les transports, les soins de santé, les services publics, etc. afin d’offrir les mêmes opportunités aux autochtones et aux allochtones.

    15% de la population de notre pays est sous le seuil de pauvreté. Mais il existe aussi une minorité de riches. L’extrême-droite n’a clairement aucun problème avec cette minorité là, elle veut surtout monter les différentes couches des plus opprimés les unes contre les autres. Les flux de migration et de réfugiés sont une conséquence directe de la manière avec laquelle le capitalisme entraîne une exploitation brutale, des conditions de travail et de vie inhumaines et des guerres pour le contrôle des ressources et des marchés. La seule manière de s’en prendre à cette problématique est d’en éliminer les causes. En attendant, une politique d’asile humaine est nécessaire pour aider les victimes de ce système.

    NSV: raciste, fasciste et violent. Non à la reconnaissance à la KULeuven

    Le NSV n’a pas de problèmes avec l’utilisation de la violence pour soutenir ses idées. Les immigrés et les réfugiés, les LGBT et les dissidents sont en danger réel quand le NSV mobilise ses troupes dans les rues. Nous ne voulons pas accepter cela ! Nous appelons tous les jeunes et les travailleurs à occuper les rues le même soir. Nous appelons à une mobilisation massive et non violente pour démontrer que la grande majorité des étudiants et des habitants des quartiers n’accepte pas cette marche de la haine de l’extrême-droite dans les rues de Louvain. Nous demandons à l’université de Louvain qu’elle rejette la reconnaissance du NSV et qu’elle n’ouvre pas ses locaux aux activités des racistes.

    Ce 15 mars 2012 :

    • Pas de marche de la Haine à Louvain, No Pasaran
    • Stop à la reconnaissance du NSV et des autres organisations racistes à la KULeuven
    • Des emplois, pas de racisme: pour des emplois décents, des logements abordables et un enseignement gratuit pour tous
    • Stop la répression contre les réfugiés. Il faut s’en prendre aux multinationales, pas à leurs victimes !
  • Appel des Syndicalistes CONTRE le Fascisme pour la manifestation anti-NSV du 15 mars 2012 à Louvain

    Une période importante s’annonce pour tous les travailleurs, et pour les syndicalistes plus particulièrement. La lutte déterminera qui payera la crise économique : ceux qui en sont responsables ou ceux qui l’ont déjà payée. La voie suivie par le gouvernement ne laisse aucun doute : il offre bien volontiers 4 milliards d’euros à Dexia afin de sauver les spéculateurs, mais une nationalisation d’ArcelorMittal pour 1 milliard d’euros destinée à sauver des centaines d’emplois (600 chez ArcelorMittal et plusieurs fois ce nombre chez les sous-traitants) est un sujet tabou.

    Stopper les assainissements annoncés ne sera pas simple. Tous les partis représentés au Parlement sont favorables à ce que ce soit à la population ordinaire de payer la crise. Le taux moyen d’imposition que les 1000 entreprises les plus grandes paient en Belgique n’est plus que de 5,8%, alors que le taux officiel d’imposition sur le revenu des sociétés est de 34%. La déduction des intérêts notionnels nous coûte 5 milliards d’euros chaque année. Mais durant les négociations gouvernementales, même les plus timides tentatives de faire contribuer les entreprises ont été retirées. Les partis de l’opposition parlementaire peuvent bien critiquer, c’est la même logique de casse sociale qu’ils appliquent ou ont appliqué aux gouvernements régionaux et ailleurs.

    Nous avons besoin d’un parti à nos côtés pour nous protéger de la soif de profit des entreprises et des actionnaires, d’un parti défendant les intérêts des travailleurs et de leurs familles, avec un personnel politique qui travaille au salaire d’un collègue, pas à celui d’un manager. Bref, nous avons besoin d’un nouveau parti de gauche des travailleurs, capable d’unir les diverses tendances du mouvement ouvrier et de se construire de la base par la pratique du débat démocratique. Mais tant que cela n’existe pas, nous sommes obligés de nous appuyer sur la force que nous connaissons: notre action syndicale. Nous connaissons l’importance d’une délégation syndicale qui fonctionne correctement et d’un noyau militant, surtout dans une période de lutte et encore plus lorsque cette lutte peut durer des semaines, des mois voire des années. Nous savons aussi combien il est important de systématiquement développer nos noyaux militants et de les renouveler avec de jeunes travailleurs.

    Cela peut être il y a longtemps pour certains, mais de nombreux militants syndicaux ont connu pour première activité les manifestations du Front antifasciste, le FAF, dans les années ’70 et ’80. Pour les plus jeunes, ce fut à partir des années ‘90, entre autres avec les actions de la campagne antifasciste flamande Blokbuster. Cette dernière décennie, Blokbuster a sauvegardé – à contre-courant de l’acceptation répandue de l’extrême droite – la bonne tradition de la manifestation annuelle contre les fascistes du NSV, l’association des étudiants nationalistes. Nous ne pouvons laisser cette lutte à des écoliers, des étudiants et des jeunes travailleurs aux contrats précaires. Ils sont nos futurs militants, ceux dont nous aurons encore fortement besoin. Nous devons dès maintenant gagner leur confiance en leur montrant que les délégations syndicales sont à leurs côtés.

    Quand les partis officiels de ‘‘la gauche ou du centre’’ appliquent une politique d’assainissements drastique et de droite, la droite a la possibilité d’adopter un profil anti-establishment, certainement en l’absence d’un authentique parti ouvrier. A l’heure actuelle, en Flandre, il s’agit surtout de la N-VA, avec sa rhétorique populiste de droite, mais dès qu’elle sera démasquée avec une future participation au pouvoir, l’extrême-droite du Vlaams Belang sera prête à prendre la relève. Sa stratégie est celle de diviser pour régner. De nombreux politiciens, y compris des partis de l’establishment, reprennent cette rhétorique. Ne nous laissons pas entrainer dans ces tentatives de division et mettons au contraire en évidence les intérêts communs des travailleurs dans toutes les régions du pays. Les véritables ennemis ne sont pas les 99% de travailleurs immigrés, bruxellois, wallons ou flamands, mais le 1% de patrons qui nous divisent afin de pouvoir empocher des profits record.

    En mars 2012, le NSV organise son annuelle marche de la haine, chaque année dans une ville universitaire flamande différente. Cette fois-ci, c’est au tour de Louvain.

    Le NSV est un vivier de formation pour les futurs dirigeants du Vlaams Belang (et aussi de la NVA). Il ne rechigne pas à recourir à la violence afin d’imposer ses idées. Immigrés, demandeurs d’asile, LGBT et tous ceux qui ne partagent pas leurs idées en général courent un réel danger lorsque le NSV envoie ses troupes dans les rues. Les Syndicalistes CONTRE le Fascisme n’acceptent pas cette situation et appellent tous les jeunes et les travailleurs à descendre ce même soir dans les rues avec la campagne Blokbuster. Nous appelons à une mobilisation massive et non-violente afin de montrer que la grande majorité des étudiants, des habitants et des travailleurs refusent d’être intimidés par cette marche d’extrême-droite à Louvain.

    Vous pouvez signer l’appel ci-dessus en votre nom propre, ou en celui de votre délégation syndicale, de votre structure syndicale ou de votre organisation d’inspiration syndicale. Veuillez mentionnez le nom de l’entreprise, de la centrale ou de la section syndicale ainsi que vos mandats syndicaux et envoyez cela à l’adresse suivante : syndicalistes@blokbuster.be. La liste des signataires sera publiée ultérieurement.

    Site de Syndicalistes CONTRE le Fascisme : http://nopasaranbe.blogspot.com, avec également des liens vers Facebook.

  • En Bref…

    Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes. Aujourd’hui, il est entre autres question de la couverture honteuse de la grève du 22 décembre dernier par la presse francophone, ou encore de l’imact des mesures projetées par le gouvernement Di Rupo premier… qui doit encore trouver jusqu’à deux milliards de mesures d’austérité d’ici lundi selon la Commission européenne !


    "Grève en Belgique : Haro sur les grévistes et les syndicats"

    Que les médias traditionnels ne sont pas objectifs et défendent un camp bien précis sous des allures de "neutralité", nous en sommes bien conscients. Les dernières mobilisations syndicales ont d’ailleurs suscité des réactions quasiment hystériques dans les médias. Le site français Acrimed (Action-Critique-Médias) a publié un très bon article qui passe en revue la couverture de ces mobilisations syndicales par la presse belge francophone. Le résultat est des plus édifiants… Nous vous invitons à en prendre connaissance, et espérons que cela vous convaincra, si ce n’est déjà fait, à soutenir la presse alternative et clairement du côté des travailleurs, en prenant par exemple un abonnement à notre mensuel, Lutte Socialiste.


    L’Europe réclame 1,2 à 2 milliards d’efforts supplémentaires avant lundi

    Selon l’agence de presse Belga, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn exige que de 1,2 à 2 milliards d’austérité supplémentaires d’ici lundi matin concernant le budget 2012 du gouvernement Di Rupo 1er. Les services de la Commission estiment que le budget 2012 présenté par la Belgique n’aboutit pas à un déficit de 2,8% du Produit intérieur brut (PIB) comme présenté par l’équipe Di Rupo, mais bien de 3,25%, soit au-delà des 3% exigés. Comme nous l’avons déjà dit, c’est une avalanche d’austérité qui nous attend, les mesures dévoilées jusqu’à présent ne sont que les premières d’une longue liste ! Il est plus facile de stopper une avalanche d’austérité à ses débuts : il faut organiser et préparer sérieusement la grève générale annoncée pour le 30 janvier, privé et public confondus.


    Le capitalisme nuit gravement à notre planète

    Il a beaucoup été question du réchauffement climatique ces derniers temps, pour commenter les catastrophes naturelles de 2011 et celles qui se préparent pour cette année. Dans l’édition du Soir de ce vendredi, on a notamment pu lire le commentaire suivant de Jean-pascal Van Ypesele, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) : "On peut réduire à zéro les émissions de gaz à effet de serre. D’abord empêcher que le CO2 se répande dans l’atmosphère : c’est techniquement possible, et ça prendra un rôle important dans les décennies qui viennent. Et puis il y a l’immense potentiel des énergies renouvlables, bien supérieur aux quantités d’énergie qui peuvent être consommées dans le monde dans les 50 ans qui viennent. S’il n’y avait pas de solution, ce serait déprimant. Mais seule la volonté politique de mettre en oeuvre les techniques adéquates manque." Le problème, c’est que la volonté politique des partis au pouvoir est toute entière aux ordres de la dictature des marchés. Renverser cette dictature, c’est lutter pour renverser le capitalisme et placer le contrôle des secteurs-clés de l’économies dans les mains des travailleurs et de la collectivité dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, tant pour les intérêts de la population comme pour ceux de notre environnement.


    Au moins 50.000 SDF en Belgique

    Le nombre de sans domicile fixe a fortement augmenté dans notre pays et il y aurait actuellement pas moins de 50.000 SDF. C’est ce qu’a affirmé l’association flamande “ Dakloze Aktie Komité ” (DAK) dans le quotidien flamand Gazet van Antwerpen. “Cinq mille d’entre elles vivent en rue de manière permanente, environ 500 à Anvers et 2.000 à Bruxelles. Elles sont les plus visibles, mais une grande partie des sans domicile fixe, au moins 45.000 personnes, sont quasi invisibles. Ils vivent de temps en temps chez un ami, un membre de la famille, retournent à la rue ou dans une gare ”, explique cette association, en pointant l’impact négatif de la crise économique. Les jeunes forment le groupe le plus important de nouveaux SDF. Le DAK considère que les solutions capables de résoudre cette crise sont que les pouvoirs publics fournissent davantage de logements sociaux et organisent la diminution des prix de l’immobilier. Hélas, c’est très éloigné des priorités des autorités…


    Conséquences concrètes de l’accord politique sur le budget de l’Etat belge

    La CSC a réalisé un site internet qui développe concrètement les conséquences des mesures projetées par le gouvernement, à l’aide d’une vingtaine de profils de travailleurs et d’allocataires sociaux pénalisés par les mesures du gouvernement Di Rupo 1er. De quoi furieusement avoir envie de lutter contre ce gouvernement !


    L’Internationale socialiste, fière de l’austérité…

    On peut lire dans l’édition de janvier 2012 du Monde Diplomatique (n°694) une citation de Martine Aubry, première secrétaire du PS français, extraite de son discours d’ouverture du conseil de l’Internationale Socialiste (le 15 novembre dernier) : " Je veux saluer tout particulièrement notre président Georges Papandréou et le féliciter pour les résultats des élections locales en Grèce. Dans un contexte difficile, c’est un encouragement et un succès qui viennent récompenser un courage politique qui force l’admiration" Il faut savoir que ces élections ont été marquées par un taux d’abstentions de 53%… Et le ”courage politique” qui ”force l’admiration”, c’était le courage de casser les conditions de vie tout un peuple ! Voilà qui en dit long sur l’orientation de l’internationale socialiste. Entretemps, Papandréou a été viré de son poste de premier ministre, et personne dans l’establishment n’a voulu prendre le risque de nouvelles élections: un gouvernement technique aux ordres de la dictature des marchés a été instauré. Quant à Papandréou, son souvenir aura un goût des plus amers pour les travailleurs et leurs familles.


    Quand l’état rabaisse son service…pour plaire au privé !

    Un des mesures entrées en vigueur ce 1er janvier 2012 est le changement de numéro de l’horloge parlante (qui passe de 1300 à 078051300). Apparemment rien de très intéressant. Mais il est très intéressant par contre de se pencher sur la raison de ce changement. Est-ce suite à un problème technique ? Pour améliorer le service ? Non non, rassurez-vous, c’est pour ne pas ”fausser la concurrence libre” avec les opérateurs privés, comme Belgacom, qui n’ont pas la possibilité de fournir des numéros aussi courts. L’Etat choisit donc, charitablement, de compliquer son numéro ! L’horloge parlante reçoit quotidiennement plus de 5000 appels, mais enfin, ce serait quand même de dommage de ne pas faciliter les choses au privé, non ?

  • [DOSSIER] Italie, 1920 : Quand les travailleurs occupaient les usines

    En 1920, un mouvement d’occupations d’usines historique a pris place en Italie, allant jusqu’à susciter une profonde remise en question du capitalisme. Ce mouvement de masse a pourtant échoué à renverser l’autorité du capitalisme et sa disparition a malheureusement présidé à l’avènement du fascisme. Dans ce dossier, notre camarade Christine Thomas, de la section italienne du CIO (Contro Corrente) revient sur ces évènements et les leçons à en tirer.

    ‘‘En 1920, la classe ouvrière italienne avait, en effet, pris le contrôle de l’Etat, de la société, des usines et des entreprises. En fait, la classe ouvrière avait déjà gagné ou virtuellement gagné.’’ (Léon Trotsky, au quatrième Congrès de l’Internationale Communiste, novembre 1922 ). De fait, des travailleurs armés occupaient alors les usines, et des paysans s’étaient également emparés des terres. Le parti socialiste italien (PSI) était fort de quelque 200.000 membres à ce moment.

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    De l’occupation de places à l’occupation d’entreprises !

    Le thème de l’occupation est revenu sur le devant de la scène lors des luttes qui ont pris place au cours de l’année 2011. Nous avons déjà commenté sur notre site, dans notre journal et dans nos tracts cette méthode admirable issues des plus belles traditions du mouvement ouvrier et qui pose la question du contrôle de la société. Vers le mouvement des Indignés ou Occupy, nous défendons de déplacer les occupations de places symboliques vers les lieux de travail. Les pas qui ont été posés en cette direction aux Etats-Unis avec le blocage des ports, notamment celui d’Oakland, sont d’une très grande importance. En Belgique, dans le cadre de la lutte pour la sauvegarde de l’emploi dans la sidérurgie liégeoise, nous défendons l’occupation des sites d’ArcelorMittal en tant que première étape vers la nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs. Les liens ci-dessous développent ces questions.

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    Selon les mots de Lénine, le PSI incarnait – de par son opposition à la première guerre mondiale – ‘‘l’heureuse exception’’ des partis affiliés à la Seconde Internationale. En mars 1919, ce même parti avait rejoint l’Internationale Communiste afin d’apporter son soutien à la ‘‘dictature du prolétariat’’. Et pourtant, le mouvement de septembre qui marquait l’étape finale de deux années rouges consécutives (biennio rosso) a échoué à renverser l’instance capitaliste, et sa défaite inaugura la montée du fascisme.

    Aujourd’hui, ce mouvement historique est en voie de devenir la ‘‘révolution oubliée’’, y compris par l’Italie elle-même. Beaucoup d’organisations politiques de masse n’existent plus et les marxistes doivent faire face à la tâche difficile de construire des partis neufs sur base des vieux fondements idéologiques de la classe des travailleurs. Mais la crise prolongée du capitalisme en cours – et les luttes qui en découlent – produiront inévitablement de nouvelles forces politiques avec, une fois de plus, l’hypothèse d’un réformisme et d’un centrisme massifs. C’est pour cette raison que, plus de 90 ans après, la révolution italienne mérite la même attention que d’autres révolutions ‘‘manquées’’ plus familières aux militants de gauche.

    Le mouvement de septembre commença en fait comme une ‘‘simple’’ lutte économique visant à protéger les salaires dans le secteur de l’ingénierie et de la métallurgie. Le coût de la vie connaissait une progression affolante – en juin 1920, les prix dépassaient de 20 % ceux qui étaient en cours trois mois plus tôt à peine. Les patrons avaient accumulé d’énormes profits pendant la guerre mais, selon une logique qui touchera une corde sensible chez tous les travailleurs d’aujourd’hui, ils s’employaient à rejeter la crise économique d’après-guerre sur la classe ouvrière.

    Non seulement ces patrons refusaient d’accorder les 40 % d’augmentation de salaire réclamés par l’union des ouvriers métallurgistes de la FIOM (une section autonome de la principale fédération syndicale (CGL)) mais, quand les négociations furent rompues et que les travailleurs mirent en place un ‘‘va mollo’’ au cœur de leur cadence de travail, les employeurs de l’usine Roméo de Milan décidèrent de fermer l’entreprise et 2000 ouvriers se retrouvèrent à la porte d’un seul coup.

    La FIOM riposta en lançant un appel immédiat à l’occupation de 300 usines milanaises. Cette riposte fut perçue par les dirigeants syndicaux comme une manifestation purement défensive qui, au final, coûterait moins cher que l’organisation d’une grève. Ils furent toutefois totalement dépassés par l’ampleur de la lutte qui s’ensuivit.

    De nombreuses angoisses qui s’étaient accumulées explosèrent alors. Des usines furent saisies dans les bastions industriels de Turin et de Gênes et au-delà de Florence, à Rome, Naples et Palerme. Le raz-de-marée d’occupations engloutit d’innombrables secteurs industriels dont ceux des produits chimiques, du caoutchouc, des chaussures ou encore du textile, pour ne citer qu’eux.

    Finalement, un demi-million de travailleurs tant syndiqués qu’inorganisés, furent impliqués dans cette belle aventure.

    Des drapeaux rouges (socialistes) et noirs (anarchistes) se déployèrent au-dessus des usines occupées. Sur le même temps, des ‘‘Gardes Rouges’’ armés contrôlaient les allées et venues aux abords de l’usine, décidant de qui pouvait entrer et sortir. Les travailleurs eux-mêmes maintenaient l’ordre, interdisant l’alcool et punissant ceux qui transgressaient les codes de discipline qu’ils s’étaient fixés ensemble.

    Le mouvement est allé plus loin à Turin – surnommée la ‘‘Petrograd’’ italienne en référence à la Révolution russe de 1917 – jusqu’à devenir un véritable mouvement de masse populaire qui impliqua pas moins de 150.000 travailleurs.

    Au centre Fiat (à l’époque rebaptisé ‘‘Fiat Soviet’’) les ‘‘commissaires’’ d’atelier organisaient la défense du site ainsi que le transport et le contrôle des matières premières. Les travailleurs de Turin s’organisèrent en conseils d’usine (coordonnés par le ‘‘lavoro di camere’’, une sorte de ‘‘conseil de métiers’’) et des comités de travailleurs prirent la responsabilité de la production, du crédit ainsi que de l’achat et de la vente des marchandises et des matières premières.

    Formellement, les capitalistes et leurs représentants politiques au gouvernement étaient aux commandes mais, en réalité, ils ne contrôlaient plus rien. Ils étaient en quelque sorte « paralysés ». Comme le journal national – ‘‘Corriere della Siera’’ – l’a exprimé sans fioriture : le contrôle complet des usines était aux mains des travailleurs.

    On tenait là un exemple clair de ce qui constitue une étape cruciale à l’intérieur du processus révolutionnaire, à savoir l’étape du ‘‘double pouvoir’’, où celui qui contrôle la société ressent la nature vacillante de son statut et où le destin s’écrit, soit par les forces révolutionnaires potentielles – qui achèvent la révolution via le renversement de l’ancien régime – soit par la vieille classe dominante qui neutralise les forces qui voulaient l’abattre et se réapproprie le contrôle.

    Le mouvement des conseils de l’usine de Turin

    Ce qui advint par la suite ne peut être compris que dans un contexte conjoncturel antérieur, et plus particulièrement dans la période de l’immédiat après-guerre. Les patrons avaient délibérément provoqué le mouvement de Septembre en ‘‘enfermant dehors’’ les ouvriers affectés aux centres d’ingénierie. Cette manœuvre patronale avait évidemment pour but de porter un coup décisif à la classe ouvrière.

    ‘‘Il n’y aura pas de concessions’’, avait déclaré le représentant des patrons à Bruno Buozzi, chef de la FIOM. ‘‘Depuis la fin de la guerre, nous n’avons rien fait d’autre que de baisser nos pantalons. Maintenant c’est votre tour.’’

    Comme cela avait été le cas dans de nombreux pays européens, la guerre, mais aussi la victoire remportée par les travailleurs et les paysans contre le capitalisme et le féodalisme en Russie, avaient donné lieu à une situation explosive en Italie. En 1917, des mouvements semi-insurrectionnels avaient secoué le nord du pays tandis que des paysans et des ouvriers se rebellaient au sud. Il a toutefois fallu attendre 1919 pour que le mouvement s’intensifie et se généralise davantage.

    La première grande bataille des deux ‘‘années rouges’’ fut remportée par les métallurgistes qui, au printemps de 1919, menèrent des actions de grève et obtinrent la journée des huit heures.

    En juin et juillet de la même année, la flambée des prix provoqua un autre mouvement insurrectionnel au nord. Dans de nombreuses régions, des comités de citoyens (sortes de Soviets ‘‘embryonnaires’’) s’emparèrent du contrôle complet des prix.

    Au printemps 1920, le climat insurrectionnel gagna encore en intensité, d’où la hausse du nombre de grèves spontanées générées par l’extrême pénibilité des conditions économiques et sociales. La ‘‘courbe des températures’’ en milieu gréviste devait toutefois poursuivre sa montée inexorable : en 1918 on comptabilisait 600.000 grèves, en 1919 on en comptait 14.000.000 et en 1920 on atteignait le chiffre de 16.000.000 !

    Sur le plan industriel, Turin était la ville la plus importante d’Italie et, du point de vue des capitalistes, elle fut le lieu originel d’émergence puis de développement du mouvement le plus dangereux.

    Dans les usines, les travailleurs s’organisèrent en commissions internes. Il s’agissait d’instances contradictoires dont l’existence débuta en 1906 en tant que comités de revendication affectés aux questions de discipline et d’arbitrage. Ceux-ci étaient dominés par les représentants du syndicat et considérés par la caste capitaliste comme des organes de collaboration de classe, ou encore comme un moyen d’amener les travailleurs à participer aux décisions concernant leur propre exploitation sur les lieux de travail.

    Mais pendant la guerre, ces commissions explosèrent et devinrent l’objet d’une véritable bataille qui opposa les ouvriers de terrain aux patrons sur la question de savoir qui exerçait le contrôle dans les usines. Un rôle crucial dans ce mouvement a été joué par l’Ordine Nuovo (l’Ordre Nouveau), un journal fondé à Turin en mai 1919 par Antonio Gramsci et trois autres socialistes. Inspiré par la révolution russe, l’Ordre Nouveau appelait à la démocratisation des commissions internes et à l’établissement de conseils ouvriers élus par l’ensemble des travailleurs, sans pour autant exclure ceux qui n’étaient pas syndiqués.

    Les conseils ouvriers ne se bornaient pas à exercer un contrôle sur les lieux de travail, mais devenaient d’authentiques organes de pouvoir au service des travailleurs dans la société toute entière.

    L’idée de ces conseils ouvriers se répandit à travers la ville telle une traînée de poudre. Partout dans Turin, dans chaque industrie importante, des élections désignèrent des commissaires d’atelier : il est à noter qu’à son apogée, le mouvement des conseils impliqua pas moins de 150.000 travailleurs dans cette ville… Les capitalistes n’allaient évidemment pas rester bras croisés et accepter indéfiniment l’imposition d’un double pouvoir effectif et permanent à l’intérieur des usines. ‘‘Il ne peut y avoir qu’une seule autorité dans l’usine’’ déclarait le manifeste de la Ligue Industrielle de Turin. ‘‘Les conseils d’ouvriers de Turin doivent être implacablement écrasés’’ clamait de son côté le leader industriel Gino Olivetti.

    En mars 1920, alors que les élections se déroulaient sur chaque lieu de travail pour renouveler les commissions internes, les patrons sont montés à l’assaut en annonçant un verrouillage des centres d’ingénierie à travers toute la ville. Un conflit s’ensuivit, non pas centré sur des griefs économiques, mais bien sur des domaines touchant à la fois au contrôle ouvrier et à la reconnaissance des conseils d’usine. En avril, la grève des métallurgistes s’étendit à l’industrie chimique, à l’imprimerie, au bâtiment ainsi qu’à d’autres secteurs, impliquant un demi-million de travailleurs, soit la quasi-totalité de la classe ouvrière de Turin !

    Quatre jours plus tard, le mouvement s’étendit au-delà des confins de la ville, atteignant la région du Piémont. Une solidarité spontanée s’organisa à Livourne, Florence, Gênes et Bologne, mais les directions syndicales refusèrent de prolonger la grève et – comme au temps de la Commune de Paris en 1871 – le mouvement des conseils d’usine de Turin resta isolé, coupé du reste du pays. A la différence de la Commune de Paris toutefois, dont l’Histoire nous a appris l’issue fatale (les estimations parlent d’au minimum 20.000 morts et 20.000 déportés après la ‘‘semaine sanglante’’ d’avril 1871, NDLR), les milliers de travailleurs ne perdirent pas la vie, mais l’accord qui mis fin à la grève fut vécu comme une amère défaite.

    En dépit d’une reconnaissance formelle des conseils d’usine, cet accord privait les ouvriers de l’exercice d’un contrôle réel sur leur lieu de travail. De plus, après ces journées d’avril, les patrons furent encouragés à aller plus loin dans l’offensive et à reprendre les travailleurs en main. 11.000 industriels appartenant à 72 associations s’organisèrent en une instance centralisée – la Confindustria, qui existe toujours aujourd’hui – qui tint sa première conférence nationale cette année-là. Ces patrons se retrouvaient ainsi unis en une même opposition face aux revendications des travailleurs. Mais la portée des occupations – ainsi que le potentiel révolutionnaire de celles-ci – restaient incontestables et des fissures profondes lézardèrent bientôt la façade du front uni des capitalistes.

    Les ‘‘faucons’’, qui comptaient parmi eux Agnelli, le propriétaire de Fiat, poussèrent le gouvernement à adopter une ligne dure et à briser les occupations par la force. Une autre aile redoutait toutefois une intervention de l’armée – et des forces de l’Etat – à l’encontre des travailleurs. Cette aile craignait le risque de voir la situation s’embraser davantage et entraîner dans la débâcle le système capitaliste dans sont entièreté.

    Le premier ministre Giolitti, élu trois mois auparavant, adopta plutôt la ‘‘logique de la colombe’’ et choisit de demeurer dans sa maison de vacances, d’attendre et de laisser faire le temps dans l’espoir évident que l’usure gagne la classe ouvrière et que cette dernière se retrouve à devoir se prosterner à ses genoux.

    Lorsque Agnelli sollicita l’intervention du gouvernement, Giolitti proposa cependant de bombarder l’usine Fiat afin de la ‘‘libérer de l’occupant’’… ‘‘Non, non’’, s’écria Agnelli. Et Giolitti de résumer lui-même en des termes sans équivoque le fameux dilemme de la classe dirigeante : ‘‘Comment pourrais-je mettre fin à l’occupation ? Il est question de 600 usines dans l’industrie métallurgique. (…) J’aurais dû placer une garnison dans chacune d’elles. (…) Pour occuper les usines, j’aurais dû utiliser toutes les forces à ma disposition ! Et qui aurait assuré la surveillance des 500.000 travailleurs en dehors des usines ? C’aurait été la guerre civile’’. (3) La classe dirigeante était impuissante. La balle était désormais dans le camp des travailleurs…

    Se battre avec des mots

    L’effet de la radicalisation d’après-guerre sur les organisations ouvrières avait été explosif. A la fin de la guerre, la CGL (le syndicat lié au PSI) comptait environ 250.000 membres. Deux ans plus tard, deux millions de travailleurs étaient enrôlés dans ses rangs ! Au cours de l’été 1920, l’union-anarcho-syndicaliste (USI) – qui rejetait la ‘‘politique’’ – pouvait réclamer 800.000 membres et le syndicat catholique du commerce (CIL) était, quant à lui, passé de 162.000 membres en 1918 à un million en 1920. La croissance du PSI ne fut pas moins spectaculaire : 24.000 membres en 1918, 87.000 en 1919 et 200.000 en 1920. En novembre 1919, le parti remporta une stupéfiante victoire électorale, raflant plus de 1,8 millions de voix et devenant, avec 156 députés, la force parlementaire la plus puissante. Il s’assurait aussi le contrôle de 2000 conseils locaux (soit près d’un quart du total).

    Giolitti tablait sur les dirigeants syndicaux, estimant qu’ils seraient capables de retenir la vague d’occupations et de prévenir une insurrection révolutionnaire. En avril, la direction nationale de la CGL, ainsi que celle de la FIOM, s’était montrée hostile au mouvement des ‘‘conseils d’usine’’ qui représentait une menace au niveau de leur contrôle sur la classe ouvrière. Elle avait résisté à toute tentative d’étendre la lutte au-delà de Turin. En septembre, leur principale préoccupation était de maintenir leur contrôle sur le mouvement, de limiter les revendications des occupations aux thèmes économiques (salaires,…), et de prévenir toute volonté de ceux qui désormais exerçaient le contrôle de la société de défier clairement le système capitaliste.

    Et le PSI dans tout ça ? Le parti se prononça en faveur de la révolution et caractérisa, très justement, cette période de ‘‘révolutionnaire’’. Les travailleurs contrôlaient les usines, pas les capitalistes ; la classe dominante était déchirée en raison de ses divisions et l’Etat était paralysé. C’était l’heure de la lutte pour le pouvoir.

    Mais alors que les mouvements révolutionnaires commencent souvent spontanément, sans aucun véritable ‘‘modus vivendi’’, mener une révolution vers sa conclusion – ce qui pour la classe ouvrière et paysanne revient à prendre le pouvoir des mains de la classe dirigeante capitaliste et à construire un Etat ouvrier démocratique – exige un mouvement conscient guidé par un parti révolutionnaire porté par un programme, une stratégie et une tactique claires. Les bolchéviks en avaient fait la démonstration limpide et éclatante trois ans auparavant en Russie.

    Des centaines d’usines furent occupées. Les travailleurs, spécialement à Turin, appelaient ces conseils d’usine à s’étendre davantage. Des initiatives furent développées par la base mais, dans de nombreux domaines, ces occupations d’usine se vivaient séparément les unes des autres et les travailleurs se concentraient exclusivement sur leurs propres questions locales.

    Pendant ce temps là, les ouvriers ruraux et les paysans étaient aussi en effervescence, montant au créneau, se battant, manifestant et s’emparant des terres et autres biens fonciers appartenant aux propriétaires terriens. En 1920, 900.000 ouvriers agricoles rejoignirent la CGL. Cependant, ces soulèvements furent pour la plupart vécus en retrait du monde des ouvriers d’usine.

    Il existait pourtant un besoin impérieux de voir les occupations gagner tous les secteurs de la société et les conseils des travailleurs s’étendre au-delà des lieux de travail et se coordonner au niveau local, régional et national. La formation de comités de paysans et de travailleurs ruraux (l’Italie était encore majoritairement un pays rural) liée aux conseils de travailleurs aurait pu poser les bases d’un gouvernement révolutionnaire des travailleurs et des paysans.

    Dans sa presse, le PSI a publié des articles stimulants relatifs, par exemple, à la formation de soviets, plans détaillés à l’appui. On trouve encore dans cette presse des déclarations révolutionnaires exhortant les paysans à soutenir les grévistes, ainsi qu’un appel aux ‘‘prolétaires en uniforme’’ à rejoindre la lutte des travailleurs et à résister aux ordres de leurs officiers supérieurs.

    Lors du deuxième Congrès de l’Internationale Communiste – qui se tint durant les mois de juillet et août 1920 – les représentants du parti évoquèrent la révolution imminente. Le 10 septembre, la direction nationale du PSI annonça son intention d’ ‘‘assumer la responsabilité et la direction du mouvement afin de l’étendre au pays tout entier ainsi qu’à l’ensemble de la masse prolétarienne’’. (4) Sur papier, c’est un programme révolutionnaire, mais dont la concrétisation n’a jamais dépassé le stade de l’écrit. La direction nationale du PSI fut qualifiée de ‘‘centriste’’ par Lénine (soit des ‘‘révolutionnaire en paroles’’). En tout cas, la direction du PSI était incapable, ou insuffisamment motivée, de tirer des conclusions pratiques de sa phraséologie révolutionnaire.

    Gramsci a expliqué que l’ensemble du PSI avait rejoint la troisième Internationale Communiste, mais sans vraiment comprendre ce qu’il faisait. Une grande partie du parti était encore dominée par les réformistes ou les ‘‘minimalistes’’ (qualifiés ainsi parce qu’ils adhéraient au ‘‘programme minimum’’ du parti, lequel se bornait à une logique de revendications démocratiques, tout en ignorant – ou en le concédant du bout des lèvres – le ‘‘programme maximum’’ de la révolution socialiste). L’existence même d’un programme ‘‘minimum’’ et ‘‘maximum’’ – sans aucun rapport entre eux – aide à comprendre pourquoi le PSI a réagi comme il l’a fait en septembre.

    Dirigés par Turati et Treves, les minimalistes étaient essentiellement concernés par le travail visant à gagner du soutien électoral pour obtenir des postes au Parlement et dans les conseils locaux. Selon eux, les réformes concernant la classe ouvrière devaient être garanties par le Parlement plutôt que par la lutte des classes qui, quand elle avait lieu, devait se limiter aux créneaux économiques ‘‘sûrs’’, c’est-à-dire qui ne représentaient aucune menace pour le système capitaliste. La base principale était – sans surprise – réformiste dans le parti parlementaire ainsi que dans la CGL qui avait été mise en place par le PSI en 1906.

    A côté des réformistes, et, pour la plupart, à la tête du parti, se trouvaient les ‘‘maximalistes’’ dirigés par Serrati. Ils défendirent le programme maximum de la révolution socialiste, mais à la mode typiquement centriste. La principale préoccupation de Serrati était de maintenir l’unité du parti à tout prix ‘‘pour la révolution’’, même si cela équivalait à faire des concessions aux minimalistes. Ainsi, lui et les autres dirigeants centristes ignorèrent-ils les conseils de Lénine qui prescrivaient l’expulsion des réformistes et prônait la constitution d’un parti unifié autour d’un programme communiste clairement défini. En plus de tout ceci, il fallait compter avec les communistes regroupés principalement autour d’Amadeo Bordiga, sans oublier les partisans de Gramsci…

    Une autre caractéristique du centrisme est l’indécision. Pendant les ‘‘journées d’avril’’, la direction avait adopté une position passive, permettant au mouvement des conseils d’usine de se retrouver complètement isolé à Turin, et par conséquent vaincu. La confiance de l’aile ‘‘minimaliste’’ du parti se renforça et cela conduisit aussi à une augmentation du soutien à l’égard des anarchistes en réaction. L’immobilisme du PSI en avril constitua un avant-goût de ce qui allait arriver en septembre. Il n’était en aucune manière préparé à la tempête qui allait faire rage à travers le pays. Comme l’a expliqué Trotsky, l’organisation la plus effrayée et la plus paralysée par les événements de septembre a été le PSI lui-même. (5)

    "L’organisation centrale du parti n’a pas jugé utile jusqu’à présent d’exprimer une seule opinion ou de lancer un seul slogan", écrit Gramsci, en août. (6) En fait, en dépit de sa base, le PSI ne disposait pas d’organisation réelle dans les usines. En 1918, le parti avait signé un ‘‘pacte d’alliance’’ avec la CGL, désignant deux sphères d’influence artificiellement séparées : le PSI se chargeait de mener les ‘‘grèves politiques’’ et la CGL ‘‘les grèves économiques’’. Naturellement, comme l’occupation de septembre l’avait clairement montré, il n’existait pas de distinction franche entre les deux : une grève qui débute sur une question économique (la ‘‘question des salaires’’, dans ce cas précis) devait rapidement revêtir un caractère plus général et, en tous les cas, un caractère politique.

    Mais cette fausse stratégie signifiait que le parti ne se réservait qu’un rôle secondaire – dévolu ordinairement au spectateur voire à la ‘‘pom-pom girl de service’’ – plutôt que de s’approprier le rôle principal : à savoir celui d’un parti révolutionnaire capable de guider le mouvement vers la conquête du pouvoir ainsi que les bolcheviks l’avaient fait en Russie.

    Le PSI pouvait bien imprimer des proclamations abstraites et des manifestes pro-soviétiques, concrètement, il ne faisait rien pour promouvoir ceux-ci parmi les travailleurs eux-mêmes, et permettait donc aux dirigeants syndicaux réformistes – qui mettaient toute leur énergie à faire échouer la révolution – de renforcer leur influence.

    Cette approche propagandiste abstraite était également manifeste dans l’attitude du parti envers les paysans et les travailleurs agricoles. Dans son emphatique rhétorique révolutionnaire, il appelait en ces termes à soutenir les travailleurs des usines : ‘‘Si demain sonne l’heure des grèves décisives, celle de la bataille contre tous les patrons, vous, aussi, ralliez-vous ! Reprenez les villes, les terres, désarmez les carabiniers, formez vos bataillons dans l’unité avec les travailleurs, marchez sur les grandes villes, soyez du côté du peuple en armes contre les voyous mercenaires de la bourgeoisie ! Car le jour de la justice et de la liberté est proche, et la victoire peut-être à portée de la main… ! " (7) Mais l’influence du parti dans les zones rurales, en particulier au sud, restait minime.

    Serrati considérait effectivement que les travailleurs étaient ‘‘socialistes’’ par essence et les paysans ‘‘catholiques’’, renonçant à toute tentative de recruter les masses rurales radicalisées du sud. Lors du deuxième Congrès de l’Internationale Communiste, Serrati rejeta la politique agraire de l’Internationale Communiste au motif que celle-ci était inappropriée par rapport à l’Italie. Un journaliste du ‘‘Corriere della Serar’’ a très bien résumé l’approche du PSI à cette époque en disant que ‘‘les dirigeants socialistes veulent attaquer le régime seulement avec des mots.’’ (8)

    Quand une action concrète était nécessaire

    Dès la deuxième semaine de septembre, les occupations se répandirent spontanément, mais de nombreux travailleurs urbains devenaient fatigués et impatients, attendant en vain quelqu’un capable de passer enfin de la parole à l’acte et de montrer l’exemple. La situation instaurée par le double pouvoir ne pouvait pas continuer indéfiniment : le temps de l’action décisive était venu.

    Le 9 septembre, le conseil de direction de la CGL rencontra certains dirigeants du PSI. Lors de cette réunion, le chef de la CGL, D’Aragona, demanda de but en blanc aux socialistes de Turin : ‘‘êtes-vous prêts à passer à l’attaque, avec vous-même en première ligne, quand ‘‘attaquer’’ signifie très précisément démarrer un mouvement d’insurrection armée ?’’ Ce à quoi Togliatti (un futur leader du Parti Communiste Italien) répondit "Non". (9) Les travailleurs qui occupaient les usines étaient armés et, à Turin, un comité militaire avait même été organisé depuis le mois d’avril. Mais les travailleurs se retrouvaient pour la plupart dans des forteresses isolées, séparées les unes des autres et, comme Togliatti lui-même le soulignait alors, les préparatifs militaires qui s’organisaient étaient purement défensifs.

    En Octobre 1917, en Russie, l’insurrection armée (la prise de contrôle des institutions-clés de l’Etat ainsi que des positions stratégiques, comme les télécommunications et les transports) avait été préparée à la manière d’une lutte pour la défense de la révolution contre les forces contre-révolutionnaires. Mais, comme l’expliquait Trotsky, l’insurrection de masse elle-même, "qui se tient au dessus d’une révolution comme un pic au-dessus d’une montagne d’événements’’, est un acte offensif qui peut être "prévu, préparé et organisé à l’avance sous la direction du parti. Une insurrection ne peut être spontanée et renverser un pouvoir ancien, mais la prise du pouvoir nécessite une organisation appropriée ; elle nécessite un plan’’. (10) La première tâche est de convaincre les troupes, ce que les bolcheviks avaient réussi à faire avant l’insurrection.

    En septembre 1920, le PSI exprima par écrit – et dans un langage on ne peut plus radical – que l’heure de la ‘‘lutte décisive’’ était proche… mais il ne fit absolument rien pour préparer l’avènement de ce combat crucial. Il n’existait aucune coordination pour l’armement des travailleurs, pas d’approche concrète vers les rangs des forces armées pour qu’ils forment leurs propres comités démocratiques destinés à soutenir la révolution. Il n’existait que des déclarations éthérées et, naturellement, aucun plan pour la formation d’une alternative gouvernementale ouvrière.

    Comme cela a déjà été mentionné, le 10 septembre, la direction nationale du PSI vota la prolongation du mouvement. Ce même soir, les dirigeants de la CGL qualifièrent de bluff cette décision de la direction du PSI. Lors d’une réunion commune des deux organisations, les dirigeants de la CGL démissionnèrent et D’Aragona offrit de remettre le contrôle du mouvement au parti : ‘‘Vous croyez que le moment de la révolution est arrivé ?’’, dit-il. ‘‘Très bien : dans ce cas, vous devez en assumer la responsabilité (…) Nous soumettons notre démission (…) Vous prenez la direction de l’ensemble du mouvement.’’ (11) Et que firent les dirigeants du PSI ? Tout comme dans ce jeu révolutionnaire tragique, tout entier résumé par l’expression ‘‘passer le colis’’, ils ‘‘passèrent’’ la question au Conseil national de la CGL !

    Umberto Terracini (co-fondateur avec Gramsci et Angelo Tasca de l’Ordre Nouveau) devait déclarer ceci : "Quand les camarades qui menaient la CGL présentèrent leur démission, la direction du parti ne pouvait ni les remplacer, ni espérer les remplacer. C’était Dugoni, D’Aragona, Buozzi, qui dirigeaient la CGL. Ils furent, à tout moment, les représentants de la masse". (12) Et donc, les centristes, qui des heures plus tôt étaient censés se préparer à propager la révolution, étaient en réalité désemparés face à ce qu’il fallait faire par la suite. En l’absence de programme clair, et sans disposer d’aucune stratégie ni tactique, ils étaient voués à capituler inévitablement et à abandonner le contrôle total aux réformistes (qui, eux, avaient un plan) afin d’éviter la révolution à tout prix.

    ‘‘La direction du parti avait perdu des mois à prêcher la révolution’’, écrivait Tasca, ‘‘mais elle n’avait rien prévu, rien préparé. Quand le vote à Milan accorda la majorité aux thèses de la CGL, les leaders du parti poussèrent un soupir de soulagement. Dégagés désormais de toute responsabilité, ils pouvaient se plaindre – avec force trémolos dans la voix ! – de la trahison de la CGL. De cette manière, c’est un peu comme s’ils avaient quelque chose à offrir aux masses qu’ils avaient pourtant abandonnées au moment décisif, heureux dans cet épilogue qui leur permettait de sauver la face.’’ (13)

    La résolution de la CGL, qui transforma une lutte révolutionnaire en une lutte purement syndicale, remporta le vote au Conseil national. Elle sollicita le contrôle syndical afin d’être reconnue et une commission mixte, composée d’employeurs et de représentants syndicaux, fut mise en place pour étudier la question. Lorsque la FIOM organisa un référendum pour voter l’accord final qui mettrait fin aux occupations, celui-ci fut massivement accepté, sans se heurter à aucune opposition émanant du cœur du syndicat lui-même.

    La réaction capitaliste fut mitigée. Agnelli était tellement déprimé par toute cette affaire qu’il proposa de transformer Fiat en coopérative, non sans se dispenser de cette interrogation ironique : ‘‘comment pouvez-vous construire quelque chose avec 25.000 ennemis ?’’ (14) Mais les leaders syndicaux refusèrent son offre. Une partie des capitalistes, pourtant, s’insurgeaient contre la question du contrôle des travailleurs. Mais les ‘‘modérés’’ comprenaient bien qu’après presque un mois d’occupations, les travailleurs n’accepteraient rien de moins.

    Comme le journaliste Einaudi l’exprima succinctement : ‘‘la raison et le sentiment conseillent aux industriels de céder le contrôle, de mettre fin à un état de choses qui ne saurait plus continuer sans échapper à la décomposition et à la désagrégation.’’

    La Commission, en fait, n’a jamais émis une seule proposition et le contrôle des travailleurs fut enterré tandis que la crise économique étranglait l’Italie l’année suivante et que des dizaines de milliers de travailleurs perdaient leur emploi, y compris de nombreux militants (qui comptaient parmi les plus actifs à l’intérieur du mouvement d’occupations).

    L’accord qui mit fin aux occupations ne fut pas initialement perçu comme une défaite par de nombreuses sections de travailleurs (et ne fut pas présenté comme tel par le syndicat et les dirigeants du PSI). Les acquis économiques – les hausses substantielles de salaire, les congés payés etc – constituaient d’impressionnantes victoires pour un combat syndical. Mais, naturellement, le mouvement avait le potentiel d’être beaucoup plus que cela et voulait beaucoup plus que cela. C’est seulement au cours des quelques mois suivants, alors que la crise économique commençait à sévir et que les bandes fascistes se mobilisaient contre les travailleurs, que la pleine mesure de la défaite atteignit les consciences.

    Les communistes auraient-ils pu s’investir davantage dans leur manière de façonner l’événement ?

    Le deuxième Congrès de l’Internationale Communiste, qui s’est en fait réuni alors que le mouvement était en marche, disposait d’informations très limitées sur ce qui se passait en Italie. Ce n’est que le 21 septembre, alors que les occupations étaient en voie de démobilisation, que l’Internationale publia un manifeste appelant à la formation de conseils d’ouvriers et de soldats, et à l’insurrection armée pour la conquête du pouvoir.

    Gramsci n’était pas présent au Congrès, mais Lénine loua son texte sur le renouvellement du PSI, le considérant comme le meilleur qu’on lui ait été donné de lire sur la situation italienne. Pourtant, en septembre, Gramsci jouissait de peu d’influence au sein du parti de même que sur le mouvement lui-même. Le groupe ‘‘Ordine Nuovo’’, qui avait toujours été politiquement hétérogène, s’était désintégré pendant l’été et Gramsci se retrouvait désormais isolé.

    En regardant en arrière, quelques temps plus tard, il se fit un devoir de revenir via l’écriture sur les erreurs graves qu’il avait commises et payées cher et en particulier sur l’échec qui mit fin à sa tentative de former – avec un soutien dans tout le pays – un courant organisé au sein du parti. Le groupe, en fait, ne développa jamais vraiment de racines à l’extérieur de Turin et quand le Parti Communiste Italien fut finalement formé en janvier 1921, les idées de Bordiga dominèrent largement celles de Gramsci.

    Le groupe de Bordiga était un groupe national et beaucoup mieux organisé, mais politiquement d’ultra-gauche. Il fit campagne pour la formation d’un parti communiste ‘‘pur’’, rigide, et discipliné, et, dans une sur-réaction envers l’opportunisme électoral des réformistes du PSI, préconisa l’abstention (astensionismo), la non-participation du parti aux élections. Le fait qu’en septembre, le journal des Bordiguistes ‘‘Le Soviétique’’ n’ait pas publié un seul éditorial sur les occupations en dit long sur son approche abstraite et sectaire du marxisme (que Lénine attaqua par ailleurs dans son texte ‘‘Le gauchisme, maladie infantile du communisme’’).

    Après les événements de septembre, Bordiga renonça officiellement à l’abstentionnisme et, avec Gramsci, soutint la construction d’un parti communiste de masse. Cependant, son ultra-gauchisme et son sectarisme – son opposition ‘‘de principe’’ à la tactique du front unique – ont continué d’imprégner le jeune Parti Communiste d’Italie, en particulier dans son attitude envers le PSI (qui avait le soutien de la majorité des délégués lors la scission du parti qui donna naissance au Parti Communiste) et envers les Arditi del Popolo – les milices populaires – mises en place pour lutter contre les fascistes.

    A quelques semaines de la fin des occupations, les propriétaires fonciers lâchèrent les escadrons fascistes à Emilia. La révolution de septembre et le début de la grave crise économique avaient convaincu une partie de la classe capitaliste qu’elle ne pouvait pas continuer comme avant. Elle ne pouvait pas compter plus longtemps sur l’Etat capitaliste dans sa forme de l’époque et la résistance des travailleurs devait être impitoyablement brisée.

    Avec une classe ouvrière affaiblie et démoralisée après la défaite du mouvement, les grandes entreprises et le capital financier commencèrent à financer les voyous fascistes qui, dans les deux ans qui précédèrent l’appel final au pouvoir de Mussolini en Octobre 1922, lancèrent une offensive brutale contre la classe ouvrière, impliquant des attaques violentes envers les organisations de travailleurs et l’assassinat de militants. Les travailleurs italiens eurent à payer au prix fort les fautes de leurs chefs au cours des ‘‘biennio rosso’’ (les deux années rouges) avec, en guise de récolte amère, une domination fasciste qui allait durer 20 ans.

    Aujourd’hui, en Italie, après la transformation du Parti Communiste en un ‘‘Nouveau Parti Travailliste’’ de type capitaliste au début des années 1990 et après le déclin du parti de la refondation communiste (Rifondazione Comunista) qui s’ensuivit au cours de la dernière décennie, il n’y a pas de parti de masse de gauche. Mais bon nombre des caractéristiques politiques de la période 1919-1920 demeurent. Parmi celles-ci : la fausse division entre la lutte politique et syndicale, la prédominance de l’électoralisme sur la lutte de masse, la propagande abstraite et une incapacité à se connecter directement à la classe ouvrière.

    Une compréhension de cette période critique de l’histoire italienne sera utile pour la nouvelle génération de combattants, non seulement en Italie mais également sur le plan international.


    1. Gwyn A Williams, Proletarian Order, Pluto Press,1975 p238
    2. Paolo Spriano, The Occupation of the Factories, Pluto Press, 1975 p72
    3. Paolo Spriano op cit p56
    4. Gwyn A Williams op cit p257
    5. Lev Trotsky, Scritti sull’Italia, Controcorrente, 1990 p29
    6. Paolo Spriano op cit p34
    7. Gwyn A Williams op cit p251
    8. Paolo Spriano op cit p93
    9. Gwyn A Williams op cit p256
    10. Leon Trotsky, History of the Russian Revolution, volume three, chapter six, The Art of Insurrection
    11. Paolo Spriano op cit p90
    12. Gwyn A Williams op cit p258
    13. Paolo Spriano op cit p93
    14. Gwyn A Williams op cit p267
    15. Paolo Spriano op cit p110
  • Di Rupo Ier veut nous faire payer la crise des banquiers et des spéculateurs…

    Dégageons l’austérité par la grève !

    Voici la dépêche régionale des sections bruxelloises du PSL/LSP. Il y est surtout question de la nécessaire résistance contre ce gouvernement d’austérité, avec un rendez-vous pour un meeting début février avec des syndicalistes combatifs dans le quartier de Saint-Gilles.

    Di Rupo 1er déclenche une avalanche d’austérité…

    Après 530 jours de crise institutionnelle, la Belgique a un gouvernement avec Elio Di Rupo (PS) comme 1er ministre. Ce gouvernement n’aura pas tardé à démontrer sa vraie nature : celui d’un gouvernement qui veut faire payer la crise aux 99% et sauvegarder les profits records des 1% de la population, c’est-à-dire des banquiers et des patrons qui spéculent et jouent avec nos vies et notre avenir.

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    Préparons la grève générale du 30 janvier pour stopper l’austérité

    Après la journée de grève des services publics, une grève générale est d’ores et déjà à l’agenda le 30 janvier. Nous avons besoin d’un plan d’action démocratiquement élaboré pour riposter contre l’austérité. Ce 30 janvier ne doit pas rester sans suite ! Des grèves générales de 48h et 72h doivent être programmées dans les mois qui suivent s’il n’y a pas de changement, comme Nico Cué des Métallos FGTB l’a récemment proposé.

    C’est bien une avalanche d’austérité qui nous attend, d’une ampleur jamais vue en Belgique. Les mêmes coupes budgétaires et attaques antisociales chères aux marchés financiers, au FMI et à la Banque Centrale Européenne qui ont réduit de moitié les salaires et les allocations des familles Grecques, Portugaises et Irlandaises. Au final, ce sont des millions de jeunes, travailleurs, chômeurs, retraités qui se retrouvent jetés dans la pauvreté.

    … et replonge le pays dans la récession

    Après avoir sauvé les banques, ils veulent nous faire payer la note. Le budget 2012 consiste à aller chercher 11,3 milliards € dans nos poches. Selon les patrons et leurs politiciens, il n’y a pas d’autre choix. Pourtant, ce gouvernement qui veut briser notre pouvoir d’achat va aggraver la récession.

    Selon la banque nationale, 1 à 2 milliards € d’assainissements supplémentaires seront encore nécessaires en mars pour l’année 2012. Chaque année, un nouveau budget d’austérité plus dur nous attend provoquant une spirale austérité-récession comme on l’a déjà vu ailleurs en Europe. Tout le monde est aujourd’hui d’accord pour dire que les cures d’austérité ne fonctionnent pas. Mais les capitalistes n’ont aucune solution à la crise de leur système.

    Réforme des pensions: travailler plus pour gagner moins ?

    Lors de la grève des services publics du 22 décembre, les pompiers bruxellois manifestent à coup de lance incendie devant le cabinet de Van Quickenborne.

    La réforme des pensions signifie pour eux une perte de 200 à 700€ brut/mois et travailler jusqu’à minimum 62 ans au lieu de 60 ans.


    Lors de son action devant le siège du PS, la CNE a souligné que de nombreux membres CSC ont voté pour le PS, en espérant voter pour un parti de gauche. Les insignes PS à l’entrée ont été remplacés par des lettres bleues et une grande banderole bleue a été fixé à la façade. Des affichettes annonçaient ‘‘je Lutte des Classes’’, une allusion à la doctrine officielle que le PS a depuis longtemps oubliée, et “Le capital s’enfonce, mais pas nous’’.

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    Ce gouvernement semble bien décidé à détricoter le reste de nos acquis. Le ministre Van Quickenborne l’a illustré en s’attaquant d’emblée à la réforme des pensions. Derrière lui se trouve toute l’équipe gouvernementale et un patronat bien satisfait.

    Ils veulent nous faire travailler plus pour gagner moins:

    • En maintenant les aînés plus longtemps au travail, alors que le chômage des jeunes à Bruxelles atteint déjà le taux record de 33% !
    • En rabotant les pensions, alors que les pensions en Belgique sont déjà parmi les plus basses en Europe !

    Importer le modèle des travailleurs pauvres allemands ?

    Di Rupo 1e s’inspire du modèle allemand en voulant exclure les chômeurs et leur voler leurs allocations, pour faire accepter n’importe quel emploi et construire un large secteur à bas salaire. De cette manière, 20% des travailleurs en Allemagne sont pauvres et sont confrontés au “mini-Jobs” à moins de 400€ par mois sans assurances maladie et de travail et aux “jobs à 1€ l’heure”. Ce large secteur précaire est utilisé par les patrons pour miner l’ensemble des salaires.

    Pas d’autre choix?

    Les syndicats proposent à juste titre de s’attaquer sévèrement à la fraude fiscale (près de 30 milliards d’€/an) et d’abolir les intérêts notionnels et autres cadeaux fiscaux aux patrons. Ces cadeaux représentent plus de 10 milliards d’€ par an qui minent les revenus de la sécurité sociale et pousse le gouvernement à aller chercher l’argent dans nos pensions, nos allocations et nos services publics.

    Mais que faire si les investisseurs mettent les voiles pour aller dans des endroits plus rentables? L’exemple d’ArcelorMittal montre que ne payer quasi pas d’impôts grâce aux cadeaux fiscaux n’empêche pas la suppression d’un millier d’emplois directs. Pour les sauver, les syndicats défendent la nationalisation de la sidérurgie. Pourquoi ne pas occuper l’entreprise pour que la collectivité la reprenne, sans indemniser les grands actionnaires, pour la gérer nous-même, sous contrôle des travailleurs ?

    Plutôt que de sauver Dexia sur le dos du public, il faut placer les banques et les secteurs clés de l’économie dans les mains de la collectivité. De la sorte, les moyens et les richesses que nous produisons pourraient être orientés vers les besoins de la société, et non vers les profits d’une minorité. C’est ce que nous appelons une société socialiste démocratique.


    Rencontre avec des syndicalistes combatifs

    Mercredi 8 février 19h – Café « Dillens » – Place Julien Dillens, 1060 Saint-Gilles (à 5 min. du parvis)

    *Avec des syndicalistes de la SNCB qui luttent contre la libéralisation du rail Les cheminots en tête, les travailleurs des services publics ont été les premiers à passer à l’action contre la réforme des pensions. Le système de pension des services publics est le seul qui protégeait encore nos retraités de la pauvreté. De plus, le gouvernement veut diminuer de 10% le budget de la SNCB d’ici 2013 : nouvelles suppressions de trains, augmentation des tarifs, démolition du statut des travailleurs,… Le PSL défend des services publics de qualité et accessibles à tous !

    *Avec des syndicalistes des hôpitaux bruxellois qui s’opposent à la commercialisation des soins Déjà confronté a un manque de personnel endémique et à l’absence de nominations, le gouvernement veut en plus assainir pour 2,3 milliards d’€ dans le secteur. Inévitablement, l’accès aux soins va diminuer (du fait d’une augmentation des coûts) et les conditions de travail déjà particulièrement pénibles vont encore plus se détériorer. Le PSL défend un service public national de santé qui met fin au règne du profit des entreprises pharmaceutiques !

    *Avec Anja Deschoemacker, habitante de Saint-Gilles et porte-parole du PSL. Elle était tête de liste Front des Gauches à Bruxelles-Hal-Vilvorde lors des élections de 2010. Elle abordera le besoin pour les syndicats de casser leurs liens avec les partis traditionnels et la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs.


    Vous voulez aider à diffuser les tracts du PSL/LSP ? Vous voulez devenir membre du PSL/LSP? N’hésitez pas à nous contacter au n°02/345.61.81, ou en écrivant à BP 131, 1080 Molenbeek-Saint-Jean, ou par mail à l’adresse : psl-lsp-bxl@hotmail.com.

    Vous voulez soutenir la diffusion de ce tract? Versez votre contribution sur le compte du PSL/LSP n°001-2260393-78

    Il vous est également possible de prendre un abonnement à notre mensuel, “Lutte Socialiste“, pour 20€/an ou pour 2€/mois par ordre permanent bancaire.

  • Indignés belges, comment continuer ?

    Partout sur terre, le mouvement des indignés s’est levé contre la dictature des banquiers et des politiciens. En Espagne, en Grèce et au Portugal, le mouvement a rapidement pris un poids de masse. Aux Etats-Unis et en Israël, les mouvements Occupy sont plus restreints mais restent massivement soutenus dans la population (60% de soutien à ‘‘Occupy Wall Street’’). Et chez nous ?

    Par Julien, responsable du travail Jeunes à Bruxelles

    En Belgique, les effets de la crise ne se sont pas encore totalement abattus sur les travailleurs. Il y avait encore jusqu’il y a peu une certaine croissance économique et nos politiciens ont mis bien du temps avant de trouver leur formule d’austérité pour satisfaire les marchés. Les actions contre l’austérité se sont faites attendre un moment dans notre pays et les Indignés belges se sont donc basés sur la solidarité internationale avec la Grèce et l’Espagne et sous l’inspiration des actions ‘‘Occupy’’ aux USA.

    En comparaison aux manifestations de masse que le Sud de l’Europe a connues, les actions en Belgique étaient limitées. Il n’était pas possible de mener un grand nombre d’actions, mais bien de poser les bases pour de futures actions de protestation, dans le contexte d’appels internationaux mais aussi en réaction à des thèmes nationaux. En ce sens, les protestations syndicales contre l’austérité livrent une excellente opportunité pour le mouvement.

    Avec EGA et le PSL, nous voulons tirer l’expérience des pays en lutte afin d’organiser la résistance ici même. En Belgique aussi, le slogan ‘‘ce gouvernement ne nous représente pas’’ prend tout son sens. L’idée des Indignés belges est d’aller manifester sous ce slogan le jour de la formation du gouvernement (et donc du début de l’austérité) avec le slogan ‘‘Nous ne payerons pas 11 milliards pour les banques’’, ce qui pourrait trouver un large écho auprès des travailleurs.

    En Grèce et en Italie, la dictature des marchés a maintenant un visage : celui de Papademos et de Monti. Alors que, le 17 novembre dernier, les Grecs commémoraient le 38e anniversaire de la lutte contre la dictature des colonels, Papandemos a fait monter l’extrême-droite au gouvernement quelques jours avant. Voici tout ce que la démocratie bourgeoise a à offrir aux travailleurs : misère, répression et austérité. Il faut en finir avec ce système et imposer notre démocratie avec des assemblées générales, des comités de quartier, d’entreprise ou d’école, coordonnés par des représentants démocratiquement élus, révocables à tout moment et sans privilèges. De tels instruments sont les embryons d’une future société réellement démocratique.

    Pour les 99%, les limites du capitalisme sont claires et proches, mais les dépasser ne sera possible que par une lutte résolue avec un plan d’action combatif contre l’austérité. Malheureusement, la bureaucratie syndicale joue le rôle de frein dans plusieurs pays. Les indignés doivent s’orienter vers la base des syndicats afin de construire la lutte au-delà des sommets syndicaux, trop proches des politiciens traditionnels.

    Nous pensons que la lutte nécessite son expression politique. Sans alternative à proposer, l’anticapitalisme ne peut progresser. Dans le mouvement des Indignés, nous soutenons l’unité dans l’action et la diversité de pensée pour stimuler le débat sur le changement de société. Les idées antipartis sont compréhensibles vis-à-vis des partis bourgeois. Mais nous pensons qu’un parti révolutionnaire n’a rien à voir avec ces vulgaires machines électorales.

    Les marchés et les patrons ont leurs partis: le PS, la N-VA, ECOLO, CD&V,… Contre les partis de la bourgeoisie, il est nécessaire de construire un parti des travailleurs, un parti des 99% de travailleurs, d’allocataires, de jeunes,… Nous voulons construire un tel outil. Comme les travailleurs l’ont démontré à maintes reprises dans le passé, unis, rien ne leur résiste! Un tel parti, contrôlé par les travailleurs et soumis à leur démocratie est la meilleure arme de lutte pour construire une démocratie réelle, une société socialiste démocratique.

  • Les chemins de fer sous pression – le personnel à l’offensive !

    Ces derniers temps, le personnel de la SNCB a lancé plusieurs actions et appels à la grève. Les mesures d’assainissement se multiplient et menacent tous les domaines, mais la résistance se développe. Pour contrer ces mesures antisociales, le personnel ne se contente pas toujours de suivre les directives des syndicats; la colère est grande parmi la base, et cette colère s’exprime dans des actions spontanées. Lutte Socialiste a interviewé deux militants combatifs.

    Par Jarmo (Anvers), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

    Quelle est la situation à la SNCB ? D’où proviennent toutes ces actions ?

    ‘‘Actuellement, il y a des préparations d’attaques contre le personnel de la SNCB, et ce à chaque niveau. Tant les politiciens traditionnels que la direction s’y préparent. Ces plans menacent non seulement les conditions de travail et les emplois des cheminots, mais aussi l’existence de la SNCB en tant que service public abordable. Tout est fait pour que la SNCB devienne une entreprise rentable et concurrentielle, ce qui va directement à l’encontre des intérêts du personnel et des passagers.’’

    ‘‘Les mesures d’austérité les plus drastiques visent actuellement surtout le transport de marchandises. Il est donc logique que c’est ce secteur que nous défendons le plus en ce moment. Une partie de la direction syndicale considère le transport de marchandises comme une cause perdue, nous savions donc très bien que si nous voulions que les choses bougent, il fallait les prendre en main nous-mêmes.’’

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    Pour réaliser cette interview, nous avons discuté avec deux collaborateurs du site d’action Libre Parcours. Pour des raisons évidentes, nous avons choisi de ne pas mentionner leurs noms. Plus d’infos, d’analyses, de rapports, etc. sont disponibles sur www.libreparcours.net
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    Comment avez-vous mis la lutte en route ?

    ‘‘Cela a été un travail de longue haleine. Durant la période calme, nous nous sommes préparés pour cette lutte qui apparaissait inévitable. Nous avons organisé des réunions avec des militants de tous les syndicats durant lesquelles nous avons constamment mis l’accent sur la nécessité de lutter. C’était important afin que ces réunions aient vraiment un sens et ne conduisent pas simplement à des renégociations. C’était aussi de bonnes occasions pour discuter avec nos collègues et nous préparer ainsi au combat à venir.’’

    ‘‘La SA Logistics a organisé des séances d’information dans des hôtels pour présenter ses nouvelles mesures. En fait, le but était de prendre les travailleurs individuellement et de leur mettre la pression pour qu’ils acceptent ces nouvelles conditions de travail impraticables. Ces séances ont mis le feu aux poudres. La colère parmi la base était énorme, et le développement des actions s’est alors accéléré.’’

    ‘‘Les actions et les piquets de grève ont été l’occasion de constater la grande combativité et l’implication de chacun. A l’un des piquets, des représentants de la direction se sont déplacés afin d’avoir une conversation avec quelques responsables. Nous avons refusé et leur avons demandé de s’adresser à tout le monde. Leurs positions et leurs discours ont encore renforcé la détermination au piquet.’’

    Envisagez-vous de poursuivre la lutte?

    ‘‘Absolument. Lorsque nous sommes confrontés à des attaques de cette ampleur, nous n’avons pas d’autre choix que de lutter. Nous sommes au pied du mur. Les piquets et les actions que nous avons organisés nous ont donné l’occasion de discuter avec nos collègues des mesures et de leurs conséquences.’’

    ‘‘Mais il est crucial d’établir un plan d’action. Il faut avoir des perspectives pour la lutte. Si nous sentons que les actions ne servent qu’à laisser échapper un peu de vapeur pour nous faire finalement accepter les mesures d’austérité, alors elles n’ont pas lieu d’être. Beaucoup de travailleurs ont maintenant le sentiment d’avoir leur propre lutte en main et de pouvoir pousser la direction syndicale dans la bonne direction.’’

    ‘‘Pour obtenir des résultats, nous devons discuter de la meilleure façon de mener la lutte. Nous croyons qu’il sera également nécessaire de regarder au-delà de nos frontières. La Belgique n’est pas le seul pays où les chemins de fer sont attaqués, et elle n’est pas non plus le seul pays où la résistance s’organise. Les grèves générales dans d’autres pays montrent l’exemple, nous avons besoin d’une résistance unifiée en Europe contre les mesures imposées par les autorités européennes. Il n’y a que de cette façon que nous pourrons obtenir des résultats.’’

    Quelles sont vos demandes spécifiques sur le long terme ? Quels résultats voulez-vous obtenir ?

    ‘‘Bien sûr, nous nous opposons aux projets d’assainissements proposés. Nous ne voulons pas d’assainissements dans nos emplois et nos conditions de travail, ni dans les services aux usagers. Nous voulons inverser la tendance actuelle de la libéralisation pour que la SNCB puisse devenir un vrai service public.’’

    ‘‘Pour cela, il faut se concentrer sur ce qui est nécessaire dans la société et ensuite faire correspondre l’offre aux besoins, afin d’être plus efficaces. Par exemple, pendant l’été, les locomotives et leurs conducteurs pourraient être affectés au transport de personnes. Durant cette période, il y a moins de marchandises et davantage de touristes. Ces mesures on ne peut plus logiques sont inapplicables à l’heure actuelle, en conséquence directe de la libéralisation.’’

    ‘‘Le fractionnement infini des services d’organisation (ateliers, transport de marchandises,…) conduit à des pertes importantes. Il faut comprendre que la politique libérale consistant à faire plus avec moins n’est pas seulement absurde mais aussi dangereuse. C’est une menace pour les conditions de travail et aussi pour la qualité des services et leur sécurité. Il faut à tout prix s’y opposer.’’

    Quel rôle les militants individuels peuvent-ils jouer dans la lutte ?

    ‘‘Ils peuvent jouer un très grand rôle. C’est pour cela que nous voulons réintroduire certaines traditions du mouvement ouvrier. Les piquets par exemple sont l’occasion idéale pour discuter avec les collègues et décider de l’avenir de la lutte. Cela nous donne aussi l’occasion de discuter avec d’autres travailleurs.’’

    ‘‘La tradition de solidarité avec d’autres secteurs doit aussi être réintroduite. Nous ne sommes pas les seuls à être menacés. Jetez un coup d’œil à l’enseignement, aux soins de santé,… Là aussi, il y aura des luttes. Espérons que des mouvements se développeront de façon combative. Car c’est uniquement par la lutte qu’on peut espérer gagner. Une lutte unifiée sera d’une importance cruciale pour mettre fin à tous les assainissements.’’

    Merci pour l’interview, et bon succès dans la lutte !

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