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  • Nulle part en Europe la productivité par travailleur n’est aussi élevée qu’en Belgique

    Depuis que les travailleurs belges, il y a trente ans, sont sortis de la moyenne pour se hisser dans le top 5 des travailleurs les plus productifs au monde, ils n’en ont jamais été chassés. Une étude du consultant PwC(1) l’a encore confirmé fin mars. Nulle part en Europe la production par travailleur n’est aussi élevée qu’en Belgique. Ce titre, les travailleurs en paient le prix en termes de burn-outs, d’usage record d’antidépresseurs et de crises cardiaques.

    Par Eric Byl

    Les données les plus consultées sur la productivité sont celles de l’OCDE(2). On y trouve qu’en 2010, les travailleurs belges produisaient en moyenne une valeur de 58,9 $ pour chaque heure de travail prestée. C’était un peu moins que ce que nos collègues norvégiens, luxembourgeois, irlandais et américains produisaient, mais beaucoup plus que ce qui se fait de manière générale dans le reste du monde. Ces données s’appliquent à l’ensemble de notre économie, PME et indépendants compris.

    L’agence PwC a fait le même exercice pour les entreprises privées de plus de 250 travailleurs, en excluant le secteur financier, le travail temporaire et le nonmarchand. Il est ainsi apparu que dans ces entreprises, la production annuelle par travailleur dans notre pays est en moyenne de 239.000 € par an. Afin de produire en un an autant que 100 travailleurs belges, il faut 126 travailleurs néerlandais, 131 français, 132 allemand ou 176 britanniques. Il ne faut donc guère s’étonner de voir le baron Paul Buysse déclarer comme il l’a fait l’an passé dans Knack(3) : ‘‘Si la Belgique était une entreprise, je l’achèterais tout de suite !’’

    Les travailleurs belges ne reçoivent en retour qu’une petite partie de leur production. Depuis l’introduction de la norme salariale en 1996, nos salaires se sont certainement accrus de 15% par rapport aux salaires allemands, mais ont baissé de 3 % et même de 15% par rapport aux salaires français et hollandais( 4). Ce sont surtout les grands actionnaires, les cadres de direction et les membres des conseils d’administration qui s’en vont avec les gros morceaux. Ainsi, les entreprises non-financières du Bel 20 s’apprêtent-elles à verser à leurs actionnaires 75 % de leur profit net réalisé en 2011(5) ! Le salaire annuel moyen du top-manager d’une compagnie cotée en bourse s’élève entretemps à 2 millions d’euro(6) et les présidents d’un conseil d’administration d’une entreprise du Bel 20 reçoivent une prime moyenne de 190.000 € pour une dizaine de réunions par an(7).

    Mais le gouvernement ne va certainement pas parler de cela quand, une fois les élections sociales terminées, il va commencer à discuter de son plan de relance. Tout comme dans le cadre d’un plan d’austérité ou d’une correction budgétaire, ce seront les salariés, s’ils ne s’y opposent pas, qui se retrouveront une fois de plus du côté où tomberont les coupes. L’enjeu étant une nouvelle hausse de la compétitivité des entreprises, notre mécanisme d’indexation va se retrouver au centre des combats, tandis que sont à prévoir de nouvelles baisses de taxes pour les entreprises.


    (1) PricewaterhouseCoopers, “Trends in Human Capital”

    (2) Organisatie voor Economische Samenwerking en Ontwikkeling – http://stats.oecd. org/Index.aspx?usercontext=sourceoecd

    (3) Knack interview 19 janvier 2011

    (4)De Standaard 12 février 2012

    (5)De Tijd 30 mars 2012 Belgische bedrijven keren driekwart van hun winst uit

    (6) De Tijd 31 mars 2012 Crisis treft salarissen toplui niet

    (7) De Tijd 4 avril 2012 Huygebaert en Buysse best betaalde bestuursvoorzitters

  • Pour une politique communale combative et conséquente !

    ‘‘Toujours plus d’administrations locales en Flandre ne parviennent plus à joindre les deux bouts, entre autres vu la hausse des coûts des pensions de leur personnel’’, a déclaré Mark Suykens, directeur de l’Union des villes et communes flamandes. ‘‘Et 2013 sera financièrement encore plus catastrophique pour les administrations locales’’.Le climat dans lequel nous irons voter ce 14 octobre pour les conseils communaux sera de plus en plus défini par la vague d’austérité qui nous attend. Avec la faillite du Holding communal, la crise financière a durement frappé les finances des communes.

    Dossier par Bart Vandersteene

    En 2012, diverses villes et communes ont décidé d’une politique d’austérité des plus sauvages. Cette folie de l’austérité, présente ou à venir, est en grande partie conséquente à la débâcle du Holding communal qui pesait pour une part considérable dans le revenu des communes. Via ce Holding, les communes belges détenaient 14% des parts de Dexia. Avec la faillite de la banque, tous ces investissements ont été perdus. Pire encore: en 2008, il a été demandé aux communes de payer pour sauver la banque en difficulté. La commune de Saint-Gilles a ainsi encore augmenté sa participation de 4 millions d’euros. Tout cet argent a maintenant disparu. De plus, la commune paie chaque année 500.000 € pour un prêt qu’elle a conclu pour l’opération de sauvetage… Un prêt contracté auprès de la banque… Dexia !

    La ville néolibérale arrive

    Les villes sont des nœuds d’activité économique. Afin d’attirer les flux de capitaux, les villes cherchent à se donner une image “business-friendly”. Le citymarketing et l’élaboration d’une bonne image sont des choses très importantes dans ce but. La politique des villes est orientée en direction des commerçants privés, de l’industrie touristique, de l’élite culturelle, sportive et intellectuelle, dans le cadre de la politique néolibérale.

    C’est New-York qui a initié cette tendance dans les années ‘70 avec une des toutes premières campagnes ‘‘I love NY’’, campagne destinée à résoudre la crise financière de la ville. Beaucoup de moyens ont été investis dans la publicité et l’industrie touristique au détriment des services publics. Depuis lors, toutes les grandes villes ont suivi ce délire de citymarketing et se retrouvent aujourd’hui en concurrence les unes avec les autres, gérées à l’instar d’une vulgaire marque, y compris de petites villes.

    La crise et ses conséquences sur le plan local

    La crise économique a eu pour conséquence une baisse de toutes sortes de revenus et plus de dépenses, surtout du fait que plus d’habitants se sont vus contraints de faire appel au CPAS. Les villes et communes vont introduire une hausse d’impôts et vont économiser sur les dépenses sociales. Les budgets à la jeunesse seront revus à la baisse, les services publics démantelés, le personnel réduit, les prix des sacs poubelles, des parcmètres et des documents administratifs augmentés, et il faut également bientôt s’attendre à voir des fermetures de piscines et de bibliothèques, des privatisations de services publics et l’abandon complet de maisons de jeunes, de centres sportifs, etc.

    On verra les partis au pouvoir jurer leurs grands dieux qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Mais une ville a pourtant bien la possibilité de générer ses propres revenus avec une taxe bancaire, des taxes sur l’industrie et les signes ostentatoires de richesse, de lutter contre la spéculation immobilière et l’abandon de bâtiments par l’expropriation des grands propriétaires et autres mafias immobilières, etc.

    On peut choisir de donner priorité aux dépenses sociales plutôt qu’aux projets de prestige. Et lorsque les moyens versés par le gouvernement régional ou fédéral s’assèchent, les responsables sont également ces mêmes partis qui se trouvent au pouvoir et dans les communes, et dans les instances supérieures. Cela fait des années qu’ils donnent des cadeaux aux patrons et aux riches, organisant de cette manière un pillage en règle des moyens de la collectivité.

    Les conseils communaux peuvent s’opposer à la politique d’austérité imposée par la dictature des banques, des marchés et des multinationales. Les conseils communaux peuvent constituer un front et refuser la logique d’austérité, avec une mobilisation de leur population afin de démontrer que leurs habitants n’acceptent pas de sacrifier leur bien-être et leur sécurité sur l’autel des profits d’une élite limitée. Ce n’est pas une utopie, comme nous le prouve l’histoire de la ville de Liverpool.

    Remettre en question le capitalisme

    Le socialisme est impossible à construire à l’échelle d’un seul pays, alors à l’échelle d’une seule ville ! Un conseil communal réellement socialiste peut cependant utiliser sa politique comme un tremplin permettant d’élargir la lutte. Une politique socialiste conséquente posera également la question de la propriété privée. De l’énorme richesse que la classe ouvrière produit sur le territoire d’une ville, une énorme partie file directement se perdre dans les poches d’actionnaires locaux ou étrangers, qui deviennent scandaleusement riches sur le dos d’une majorité de travailleurs de plus en plus exploitée. Ce n’est que lorsque nous prendrons le contrôle de ces richesses que nous pourront réaliser une véritable politique socialiste sur le plan local, régional, national et international.

    Dans nos prochaines éditions de Lutte socialiste, nous entrerons plus en détail dans le programme que le PSL défendra au cours de cette campagne et où nous nous présenterons. Nous présentons ci-dessous deux villes où la campagne électorale a déjà démarré au quart de tour : Gand et Saint-Gilles (à Bruxelles).

    Gand : une liste Rood! rebelle

    À Gand, le PSL se présentera sur la liste Rood ! Cette liste unit un large groupe de militants et de syndicalistes avec pour objectif de commencer la construction d’une opposition de gauche. Le centre-ville de Gand a été fortement embelli, les brochures touristiques sont pleines d’éloges, les organisateurs d’événements ont bien perçu toutes les opportunités commerciales que représente Gand. Mais entretemps, les problèmes sociaux s’accumulent.

    Obtenir un logement de qualité devient de plus en plus impossible. Les garderies et crèches ne peuvent accueillir tous les enfants. Les projets de prestige poussent comme des champignons, mais de nombreuses rues et pistes cyclables sont dans un état lamentable. Le fossé entre riches et pauvres s’accroit, et de nombreux problèmes sociaux se concentrent plus qu’auparavant dans quelques-uns des quartiers les plus pauvres.

    Rood ! craint que Gand se voie également frappée par la logique d’austérité. Le cartel SP.a-Groen n’a encore donné aucune piste concrète afin d’expliquer comment, dans une période de réduction budgétaire, ils vont financer leur programme. Ils veulent faire de Gand une “éco-ville à taille humaine”. Aucun de ces deux partis n’a de vision claire de la manière dont un conseil communal rebel pourrait nager à contre-courant afin de réaliser cela.

    Le 14 octobre, Rood ! veut défendre une voix rebelle. Gand bénéficie d’un grand nombre de militants, d’organisations et de réseaux de gauche, critiques et diversifiés. Une opposition de gauche unifiée peut leur donner une voix. Nous ne voulons pas laisser la critique de la politique gouvernementale à la seule opposition de droite.

    Il y a quelques semaines, Rood ! a entamé une campagne dans les quartiers pour un accueil gratuit et de qualité pour chaque enfant. Nous avons déjà rassemblé plusieurs centaines de signatures afin de pouvoir remettre plus tard une pétition à l’échelle communale. Dans celle-ci, nous demandons à l’administration communale de lancer un plan d’urgence pour la création de 1.000 places supplémentaires dans les crèches subsidiées. À travers cette campagne, nous voulons nous assurer que ce thème important fera partie prenante des débats lors de la campagne électorale. Les membres de Rood ! sont aussi à la base de l’initiative “Gantois contre l’austérité”, qui a organisé une manifestation pour le maintien et l’amélioration des transports publics , le 10 mai dernier.

    À l’occasion du lancement de la campagne, le PSL a distribué fin avril 20.000 exemplaires de son tract local, le “Nieuwe Vooruit”.

    Saint-Gilles : Reprenons notre commune !

    À Bruxelles, la section du PSL de Saint-Gilles a pris l’initiative d’une campagne contre le transfert du coût de la faillite de Dexia sur le dos de la population. Cela coûterait 400 € par habitant. Dans un rapport du CREG, on pouvait lire que c’est surtout le coût de distribution de l’énergie en Belgique qui a augmenté, atteignant 40 % de la facture de gaz et d’électricité, soit environ 600 € par an en moyenne par ménage !

    À Bruxelles, la distribution d’énergie est aux mains de Sibelga, une intercommunale sous contrôle de l’État et des communes. Ces dernières années, les communes bruxelloises ont décidé qu’elles voulaient obtenir plus de revenus de la part de Sibelga. Nous en payons donc le prix via une hausse de la facture d’énergie ! Entre 2008 et 2012, la commune de Saint-Gilles a décidé de doubler ses revenus en provenance de Sibelga : 5,3 millions au lieu de 2,6 millions. Par l’intermédiaire de sa facture de gaz et d’électricité, chaque habitant de Saint-Gilles, du plus petit enfant au vieillard le plus grisonnant, paie aujourd’hui une taxe communale cachée dont le prix est de 110 euros par an (afin de financer les services publics, l’entretien des routes, mais aussi le remboursement de la dette communale, etc.).

    La campagne exige que le secteur de l’énergie soit placé entre les mains du public. De cette manière, il est possible d’accorder la priorité à une énergie bon marché pour la population, au lieu de superprofits pour les actionnaires !

    Nous avons auparavant aussi organisé des actions de protestation contre la casse du transport public à Bruxelles, et contre la hausse des tarifs.

    Chaque dimanche de mai, la campagne sera menée sur le marché du parvis de Saint-Gilles, de 11h à 13h. Le 31 mai est prévue une action devant l’hôtel de ville, place Van Meneem, à 19h.

  • Meeting du Front de Gauche Bénélux à Liège

    Hier soir, Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche pour les élections législatives françaises dans le Bénélux, était à Liège pour un meeting destiné à convaincre les Français résidants à Liège de soutenir le Front de Gauche aux législatives. Un peu plus d’une vingtaine de personnes étaient présentes, dont quelques militants du PSL. Si le débat, très cordial, a bien entendu été axé sur la France, la nécessité de construire un relais politique pour les luttes sociales en Belgique n’était pas absente de la discussion.

    Photos de Juliette Ryan

    La candidate a résumé les grandes lignes du programme du Front de Gauche ("l’Humain D’abord") et la discussion s’est engagée dans la salle, notamment au sujet de la manière dont fonctionne le Front de Gauche (qui réunit le Parti Communiste Français, le Parti de Gauche de Mélenchon et d’autres formations politiques, chacune gardant son identité propre au sein de l’initiative commune) et du potentiel existant en Belgique pour une initiative similaire. Il a aussi été question de ce que signifie la "planification écologique" mise en avant dans le programme du Front de Gauche et de la façon de lier les thématiques sociales et écologiques ensemble, de la défense des services publics, de la dynamique de la récente campagne pour les élections présidentielles,…

  • Rassemblement contre l'homophobie à Liège

    hier, environ 400 personnes se sont réunies sur la Place Saint Lambert à Liège pour lancer "un grand cri contre l’homophobie" en hommage à Ihsane Jarfi, ce jeune homme disparu le 22 avril, victime de ce qui est considéré comme le premier meurtre homophobe en Belgique. Une autre manifestation aura lieu le 17 mai à Liège, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie.

  • Un nouveau type de révolution ?

    Depuis 2011, le monde est à nouveau parcouru de mouvements de masse et de révolutions. A partir des révoltes de Tunisie et d’Egypte, le mouvement s’est étendu avec les Indignados d’Europe du Sud, le mouvement Occupy aux Etats-Unis, puis dans 970 villes étrangères. Différentes grèves générales ont également eu lieu, de même que divers mouvements de masse. Vingt ans après la ‘‘fin de l’histoire’’ et la chute de l’URSS, il semble qu’une nouvelle ère débute, une période de mécontentement massif et de révolte, en conséquence de la crise économique mondiale.

    Par Mathias (Gand)

    Ce nouvel état d’esprit entraîne des discussions et des débats passionnés. Remettre en question l’idéologie, les institutions et l’élite dominantes pose en effet de nombreuses questions très intéressantes. Quelles méthodes utiliser? Comment nous organiser ? Quelle est l’alternative à défendre ? De nombreuses questions semblent aujourd’hui être réinventées, alors que plusieurs générations avant nous ont lutté contre ce système, avec les mêmes interrogations en tête.

    De nombreux points de discussion au sein du mouvement ne peuvent pas être distincts de l’héritage des tentatives précédentes de renverser ce système. La profonde aversion ressentie par beaucoup de jeunes face à la politique, aux partis ou aux syndicats peut s’expliquer à partir de la trahison systématique de partis sociaux-démocrates au cours de ces 20 dernières années. Tout comme en Belgique, ces partis ont laissé tomber les ‘‘gens ordinaires’’ pour défendre les intérêts du 1% le plus riche.

    Dans de nombreux pays, la faillite de l’establishment politique et de ses institutions soi-disant démocratiques a conduit à une nouvelle quête pour la démocratie. Les participations massives aux assemblées populaires du mouvement Occupy ou des Indignés ont été l’expression quasiment littérale du retour du débat politique dans la rue plutôt que dans les tours d’ivoire des parlements. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) s’est impliqué dans tous ces mouvements dans ces divers pays en proposant que ces nouvelles structures organisationnelles se développent dans les quartiers, les lieux de travail, les écoles et les universités afin qu’un nouveau pouvoir se développe à côté de celui des capitalistes, et pour finalement le défier. Nous avons aussi défendu la nécessité d’une direction démocratiquement élue contre les illusions qui existaient souvent envers ce qu’on appelle la démocratie directe. Cette forme de démocratie signifiait souvent en réalité que, après 10 heures de réunions, seuls ceux qui avaient le plus de temps ou de détermination prenaient les décisions.

    Dans la plupart de ces mouvements, le rôle de la jeunesse a été crucial. Les plus jeunes couches de la population active, les 99%, qui sont souvent les plus dynamiques dans l’action. D’abord parce que c’est leur avenir qui est directement attaqué, et en partie aussi parce qu’elles ne supportent pas sur elles les défaites des mouvements précédents. Il est très important que ces défaites ne se répètent pas.

    Une des raisons pour laquelle mai 68 n’a pas conduit à la victoire fut la relation limitée entre la jeunesse radicale et les couches plus larges de la population active. Les jeunes peuvent entrer en lutte et même initier des mouvements internationaux tels le mouvement Occupy, mais il est au final absolument nécessaire que les 99% s’organisent. Tant en Egypte qu’en Tunisie, ce sont les syndicalistes indépendants et l’arme de la grève générale qui ont mis ces dictatures sanglantes à genoux. Ici aussi, les protestations doivent trouver comment se lier au reste de la population, au moyen de revendications portant sur les conditions de travail et de salaire, sur le logement, l’enseignement, etc.

    Ce que les révolutions égyptienne et tunisienne nous ont aussi appris, c’est qu’il ne faut pas se contenter d’une seule victoire. Tant que la même élite capitaliste garde les rênes du pouvoir, toute réforme ne peut avoir qu’un caractère temporaire et limité. Les nouveaux régimes en place n’ont pas donné de changement réel pour les conditions de vie difficiles des populations d’Afrique du Nord et du Moyen- Orient. Il faut proposer une alternative concrète au système actuel, capable d’assurer que les 99% aient le contrôle de l’économie de façon à ce qu’elle puisse répondre aux besoins de tous.

  • Pour une démocratie réelle, renversons la dictature des milliardaires !

    Nous sommes 99%, vous êtes 1%. Ce slogan a parcouru le monde après être devenu la devise du mouvement Occupy aux Etats-Unis. Ce 12 mai se déroule une nouvelle journée internationale d’action, sur tous les continents, à l’appel des Indignés espagnols et du mouvement Occupy. Lors de la précédente journée d’action, le 15 octobre 2011, 10.000 manifestants avaient défilé à Bruxelles. Le PSL appelle à participer à la manifestation de Bruxelles ce samedi 12 mai, à 13h à Bruxelles-Nord.

    Article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Les contradictions internes à la société capitaliste sont plus que jamais exposées. 21% des Grecs vivent sous le seuil de pauvreté de 470 euros par mois. Au moins 400.000 familles n’ont reçu aucun revenu ces derniers mois. En Espagne, 50% des jeunes sont officiellement sans emploi. Le programme d’austérité imposé à la population espagnole n’évitera pas la catastrophe, il ne fera qu’empirer les choses. Cette situation du sud de l’Europe se propage lentement vers le nord. Chez nous aussi, une nouvelle vague d’austérité est à l’ordre du jour, à moins bien entendu que nous n’organisions la résistance.

    La crise s’installe. Le pouvoir d’achat de la majorité de la population mondiale est sous pression alors qu’une infime élite s’accapare une grande fortune. Un récent rapport a dévoilé qu’il existe actuellement 10.126 milliardaires en dollars. Ce 0,000017% de la population mondiale possède au total une fortune de 3.500 milliards de dollars, soit dix fois le montant de la dette publique belge. Celui qui gagne la moyenne des revenus en Belgique devrait bosser 100.000 ans (et ne rien dépenser) pour disposer d’une telle fortune. La moitié de cette somme serait suffisante pour que personne ne puisse plus souffrir de faim et pour que chacun ait accès à l’eau potable, à un toit, à l’enseignement et aux soins de santé de base.

    Ceci n’est pas une démocratie !

    Partout sur la planète, les politiciens sacrifient le sort de milliards de personnes pour préserver les privilèges du 1% le plus riche. Ils plongent des millions de personnes dans le désespoir. Début avril, un Grec âgé de 77 ans s’est suicidé d’une balle dans la tête devant le parlement grec. Dimitris Christoulas désirait que ses enfants ne soient pas endettés. Les politiciens et ses problèmes financiers l’ont conduit droit à l’abîme. Dans sa lettre d’adieu, il a écrit : ‘‘ je ne vois pas d’autre solution que de mettre fin à ma vie dignement, ce qui m’épargne d’avoir à fouiller les poubelles pour assurer ma survie’’.

    Il y a aujourd’hui 280 milliardaires en dollars de plus qu’en 2006. Eux, ils n’ont pas de souci à se faire. Au même moment, leurs amis politiciens et les médias qu’ils contrôlent essayent par tous les moyens de nous convaincre que nous devons les sauver. Le capitalisme conduit la société tout droit à l’abîme. Mais nous ne sommes pas destinés à simplement subir cela. Nous pouvons résister, comme le font de plus en plus de gens. Nous avons besoin d’une alternative entièrement consacrée aux 99%, une alternative socialiste selon nous. Travaillez-y avec nous !

  • L’homophobie tue encore !

    En 1998 aux USA, Matthew Shepard est battu à mort parce qu’il est gay. 14 ans plus tard, Ihsane Jarfi est assassiné à Liège pour la même raison. L’indignation est énorme. Nous marchons aujourd’hui pour lui rendre hommage tandis que les déclarations de nos ministres se succèdent dans la presse… Mais demain, il faudra aborder un problème de fond : comment combattre efficacement la recrudescence des agressions homophobes.

    Tract du PSL pour la Belgian Lesbian and Gay Pride 2012

    Tract en version PDF

    Rubrique "LGBT" de ce site


    « Cette année, la Gay Pride est endeuillée. Le meurtre odieux d’Ihsane Jarfi nous blesse et fait prendre conscience à chacun que cette égalité à laquelle nous aspirons n’a pas encore été gagnée. »


    Notre Premier ministre étant ouvertement gay, d’aucun pourrait y voir le signe que l’homosexualité est désormais acceptée dans la société. Pourtant, les agressions homophobes se succèdent et dépassent le supportable. En août déjà, deux lesbiennes ont été tabassées dans la capitale, l’une d’elle ayant le crâne fracassé sur le trottoir. Toujours à Bruxelles, un homosexuel a été agressé à coups de chaise. Et l’on ne compte plus les provocations homophobes dans des bars gays ou ‘‘gay-friendly’’. Le centre pour l’égalité des chances affirme que cette réalité est encore largement sous-estimée, de nombreux homosexuels n’osant pas porter plainte, notamment en raison de craintes et de doutes concernant la réaction des policiers, loin de toujours faire preuve de délicatesse dans ce genre de situation. Du côté judiciaire, ça coince aussi. La circulaire COL14 (le signalement des actes homophobes par la police) n’étant pas toujours appliquée, les procureurs eux-même ne sont pas toujours informés d’une procédure qui date pourtant… de 2006.

    Malgré les lois interdisant toute discrimination homophobe, malgré les lois qui permettent le mariage gay et garantisse le droit d’avoir des enfants, l’homophobie reste bien ancrée dans notre société. Ces lois sont bien évidemment fort utiles. Pourtant, comme le décrit le Centre pour l’Egalité des Chances, ‘‘l’égalité en termes juridiques ne doit pas conduire à une sous-estimation de la réalité de l’homophobie.’’

    En effet, s’il suffisait d’une législation progressiste pour lutter contre les inégalités, les femmes seraient les premières à en bénéficier, et ce depuis longtemps. Malheureusement, il n’en est rien. Aprésent, il est plus qu’urgent de trouver de vrais solutions pour que l’horreur de Liège ne se reproduise plus jamais.

    ”Avec les lois en Belgique, tout est réglé ?” NON

    Ces lois, écrites et pensées pour et par des hétérosexuels, sont parfois discriminantes notamment en matière de don de sang. On voit aussi que les difficultés et la longueur des procédures d’adoption restent décourageantes pour les homoparents. Il manque cruellement d’assistantes sociales pour répondre à la demande des futurs adoptant. Par ailleurs, on remarque que trop souvent on ne fait pas appel à des familles d’acceuil homosexuelles, préférant laisser des enfants ayant besoin d’un foyer et d’amour au sein d’une institution plutôt que de les confier à une famille «différente». D’un autre côté, la procréation médicalement assistée reste très chère et est un vrai parcours du combattant. Le droit d’être parent est un droit fondamental, il faut accorder la gratuité des soins de santé pour tous, aussi pour les PMA. De même, la psychiatrisation des trans est un scandale. Les trans n’étant pas des malades mentaux, il faut réviser le manuel psychiatrique et refuser la mention du sexe sur les papiers officiels. Enfin, il faut aussi dénoncer les expulsions des sans-papiers, qui sont parfois renvoyés dans un pays où le fait d’être LGBT les met en danger.

    L’égalité des droits reste à gagner.

    ”Davantage de policiers pour lutter contre l’homophobie ?” NON

    Dans sa déclaration de politique générale, le gouvernement Di Rupo a clairement annoncé son intention de lutter ‘‘avec la plus grande fermeté’’ contre les violences faites aux LGBT. Hélas, la réalité sur le terrain est loin d’avoir bougée. Tant qu’il y a des pénuries il y aura des conflits et des discriminations pour se partager les moyens disponibles. A moins qu’on nous explique comment généraliser une vraie prévention à l’école sans les moyens adéquats dont les enseignants manquent cruellement? Comment lutter contre la discrimination à l’embauche en permettant que le chômage frappe tellement de personnes dans ce pays? Comment lutter contre la discrimination face au logement tant qu’il y aura pénurie de foyers? Comment lutter contre la violence dans la rue sans renforcer la présence d’agents de prévention, les éclairages publics et les projets de quartier? Ou comment lutter contre les agressions la nuit sans faire rouler les transports en commun toute la nuit?

    Pour un programme social qui répond aux besoins de la majorité de gens.

    ”L’homophobie est un problème personnel ?” NON

    Les difficultés rencontrées par les gays et lesbiennes dans le monde du travail en sont un bon exemple. Une enquête révélée par le journal français Libération démontre que 28% des salariés du privé ne se sentent pas très ‘‘à l’aise’’ avec le fait que leur collègue soit homosexuel. Une proportion qui conduit l’employé homo à avoir une chance sur trois de se retrouver sous les ordres d’un chef homophobe. Autre fait marquant de cette enquète, les gays gagnent en moyenne 6% de moins que leurs collègues hétéros. Et ce, pour le même niveau de qualifications et de responsabilités, pour des salariés travaillant dans des entreprises de même taille. Un écart qui atteint 10,5% de moins que leurs collègues hétéros mariés ! Ce chiffre n’étant qu’une moyenne, et étant donné que tous les homos ne sont pas visibles sur leur lieu de travail, on imagine que ceux qui le sont subissent une discrimination plus importante encore.

    Il faut lutter collectivement contre l’homophobie.

    ”L’homophobie est moins grave que le racisme ou le sexisme ?” NON

    Au lieu d’opposer, comme on le fait trop souvent, les causes antiraciste, antisexiste et antihomophobie, nous préférons les relier. Toutes les discriminations sont insuportables et méritent qu’on les combatte. Quelles que soient les préjugés répandus de part et d’autres, ce n’est qu’en s’alliant avec les autres jeunes et travailleurs, opprimés et discriminés, que tous ensemble, nous pouvons faire avancer la société. Ainsi, une soirée littéraire au Passa Porta donnait hier la parole aux mères musulmanes ayant accepté le coming out de leurs fils. Elles partipent elles aussi à la Belgian Pride aujourd’hui ! Les 1% des plus riches dans le monde décident de tout, de la production à la distribution des richesses néanmoins produites par le travail des 99% autres – pour garder ce pouvoir les 1% ont besoin de diviser le 99% pour notamment affaiblir la lutte contre leurs privilèges. Pour arrêter ce système capitaliste il faut que la majorité s’organise et s’unifie dans une lutte pour un système qui fonctionne pour les besoins de la majorité et non pas pour les hyper profits d’une petite minorité.

    Pour faire de ça une réalité, solidarité entre tous les jeunes et travailleurs.


    Prend contact avec une association dans ta région ou avec nous !

    • www.socialisme.be
    • LGBT@socialisme.be
    • 02/ 345 61 81
    • Boite Postale 131, 1080 Molenbeek Sainctelette
  • Le train de l’austérité n’a fait que démarrer – Que nous restera-t-il au terminus ?

    Les 11,3 milliards d’euros pour le budget de 2012, les 2,4 milliards du dernier contrôle budgétaire et les 800 millions d’euros d’assainissements dans les régions ne sont qu’un début, le début d’une extrême austérité et de quelques décennies de diminution du niveau de vie pour de larges couches de la population.

    Par Anja Deschoemacker

    Le Haut Conseil des Finances estime les efforts budgétaires à venir à 5 milliards en 2013, 8 milliards en 2014 et 11 milliards en 2015. Vers 2015, tous les gouvernements doivent présenter un équilibre budgétaire. Les régions et communautés payent aussi en ne recevant que 75 à 80% du budget pour les compétences transférées. Cela les obligera à trouver 4 milliards d’euros (en plus des efforts pour remettre à zéro leur déficit budgétaire).

    Cela fait suite à des décennies d’amortissement de la dette, que les travailleurs et les allocataires sociaux ont essentiellement dû payer. Résultat: une paupérisation croissante, l’augmentation du nombre de ‘‘travailleurs pauvres’’, la nécessité de disposer de deux salaires pour atteindre le niveau de vie qu’une famille pouvait encore avoir avec un seul trente années passées. Tous ces efforts ont été annihilés en un weekend quand le gouvernement a décidé de sauver les capitalistes du secteur bancaire. Désormais, une nouvelle tournée d’amortissements arrive. Dans 10 à 20 ans aura-t-on besoin de trois salaires par famille pour s’en sortir ?

    Il suffit d’ouvrir son journal pour voir quelle est déjà la réalité aujourd’hui. Les agressions contre le personnel de la Stib ou des Tec auraient-elles pris ces proportions s’il y avait encore deux travailleurs par tram ou bus ? Le personnel des prisons devrait-il craindre tous les jours pour son bien-être physique et sa vie si on n’avait pas refusé pendant des années d’embaucher plus de personnel et d’élaborer des alternatives pour tous ceux qui ne sont pas à leur place en prison ?

    Ce ne sont là que deux secteurs souffrant de manque de moyens et d’une trop grande pression au travail. Dans n’importe quel autre service public, les similitudes sautent aux yeux. Aucune solution n’arrivera pour ces problèmes sociaux toujours plus pénibles, au contraire. Plutôt que de débloquer des moyens supplémentaires, de nouveaux assainissements vont être imposés.

    Il est encore trop tôt pour dire avec précision quelle sera la nature des nouvelles mesures d’austérité, mais au regard de la politique menée ces 30 dernières années, il est évident que cela ne touchera pas ceux qui vivent réellement “au-dessus de leurs moyens” : les grands actionnaires, les banquiers et les topmanagers qui s’approprient toujours plus les bénéfices de cette société. C’est la grande majorité des simples travailleurs, des allocataires sociaux, des pauvres,… qui devra casquer. Rien ne laisse supposer que les partis au pouvoir puissent faire montre de remords. Derrière toute la rhétorique ‘‘sociale’’ des partis sociaux-démocrates, et dans une moindre mesure des partis chrétiens-démocrates, se cache la vieille manoeuvre de diversion visant à chercher un rien chez les super riches pour ensuite pouvoir prendre les milliards dans les poches des 99% les plus modestes.

    Il ne faut pas non plus attendre quelque chose de l’opposition parlementaire actuelle. La NVA veut, comme chacun le sait, une politique d’austérité beaucoup plus dure encore. Les partis verts parlent bien de quelques mesures sociales et d’attaques contre les super riches, mais ils restent eux aussi dans la lignée néolibérale. Ainsi, Groen s’oppose aux attaques contre l’indexation des salaires, mais trouve quand même que les coûts salariaux doivent baisser. Mais moins d’impôts sur les salaires, cela signifie moins de revenus pour le gouvernement et donc plus de nouvelles mesures d’austérité. L’expérience de ces dernières décennies illustre de plus très clairement qu’une baisse des coûts salariaux n’entraîne aucune augmentation d’emplois.

    Les seules organisations en Belgique qui peuvent arrêter ces politiciens bourgeois et leur politique d’austérité, ce sont les syndicats. Mais mener une lutte principielle et résolue contre ces attaques nécessite que les syndicats se séparent des partis de l’austérité. Les syndicalistes de gauche doivent stimuler la discussion sur ce que pourrait être une vraie politique de gauche et sur les instruments dont nous avons besoin pour l’imposer : des syndicats combattifs et démocratiques et un nouveau parti des travailleurs large combattif et démocratique !

  • Argentine : Kirchner nationalise l’entreprise de pétrole YPF

    L’annonce de la présidente péroniste de l’Argentine, Cristina Fernandez Kirchner, que 51% des parts de l’YPF seraient prises par l’Etat a rencontré un soutien massif en Argentine et a été vu comme une attaque envers la multinationale Repsol. Mais elle s’est attirée les foudres de l’impérialisme.

    Tony Saunois, CIO

    Le ministre de l’industrie espagnol, José Manuel Soria, a dénoncé cela comme un acte ”d’hostilité envers l’Espagne qui aura des conséquences”. Rajoy a parlé d’un acte ”arbitraire et hostile” qui casse le ”climat d’amitié” entre les deux pays. Le British Financial Times a reproduit ce ressentiment. Son éditorial, titré ”un acte lamentable de piraterie économique”, a mis en garde l’Argentine qu’elle pourrait être ”suspendue du G20” et prévenu Kirchner : ”Elle ne devrait pas oublier que tout acte ont des conséquences”. (FT 18/4/2012)

    Le président néolibéral du Chili, Pinera, et Camderon, du Mexique, se sont aussi joints aux critiques contre cette acte de Krichner. Même Evo Morales le président Bolivien, dans une réaction assez lâche, a argumenté que c’était une question bilatérale entre deux Etats et que son gouvernement jouissait de bonnes relations avec Repsol ! Son propre gouvernement a pourtant subi des attaques similaires de la part du Brésil lorsqu’il a pris des mesures du même type contre Petrobras, la multinationale brésilienne ! (Depuis l’écriture de cet article, Morales a annoncé la nationalisation de l’entreprise de Transport d’électricité TDE, NDLR)

    La nationalisation des parts de l’YPF est un développement significatif qui a des conséquences importantes au-delà de l’Argentine, c’est d’ailleurs ce qui se cache derrière le déversement de venin contre l’intervention d’Etat de Kirchner. La classe dominante mondiale a peur que cela puisse constituer un précédent pour d’autres gouvernements alors que la crise économique mondiale s’aggrave. ‘‘Le chant des sirènes populistes séduit à nouveau…’’ a ainsi titré Moisés Naim dans son article paru dans le Financial Times du 19 avril 2012. Ces développements en Argentine sont une anticipation de ce qui pourrait se développer dans d’autres pays alors que la crise du capitalisme s’intensifie. En ce sens ils signifient le début d’une nouvelle ère.

    L’hostilité et l’opposition internationales aux mesures similaires de Hugo Chàvez au Venezuela dans le passé (quand son gouvernement avait également agi contre Total, BP et Chevron), elles n’atteignaient pas le même niveau que les réactions actuelles consécutives à l’intervention de Kirchner. C’est que la situation mondiale est maintenant beaucoup plus critique pour le capitalisme mondial. L’idée que d’autres gouvernements puissent être forcés d’intervenir et d’aller encore plus loin dans les nationalisations de secteurs de l’économie (que cela soit sous la pression de la population ou pour défendre leurs propres intérêts) terrifie à présent la classe dominante.

    Une nouvelle politique de la classe dominante?

    L’intervention de Kirchner, en saisissant 51% des parts de l’YPF, pourrait être annonciatrice d’une nouvelle situation où les gouvernements se verraient forcés d’intervenir, par une intervention d’Etat, afin de tenter d’atténuer les effets d’une sérieuse récession prolongée ou d’un marasme économique.

    Cela remet aussi la question de la nationalisation à l’ordre du jour politique ; la classe dominante craint que la classe ouvrière se saisisse de ce mot d’ordre et exige son application. Les développements en Argentine sont en conséquences extrêmement importants internationalement.

    L’intérêt géopolitique de l’Amérique Latine et des Amériques est un élément supplémentaire important. Le déclin perceptible d’Hugo Chàvez laisse un espace que Kirchner tente de remplir. L’impérialisme États-Unien a donc été plus prudent dans sa réaction, ne voulant pas pousser Kirchner davantage dans la ‘‘camp populiste’’. Le journal espagnol El Pais a cité un haut fonctionnaire États-Unien qui, à la suite du récent Sommet des Amériques en Colombie, disait que : ‘‘Nous avons des divergences occasionnelles avec l’Argentine, mais nous ne voulons pas que cela (la nationalisation de l’YPF) compromette notre large coopération économique et sur la sécurité’’ avec l’Argentine. (El Pais 16/4/12)

    Cette re-nationalisation partielle de YPF est directement issue des conséquences désastreuses des privatisations massives menées en Argentine dans les années ’90 sous le règne du président péroniste Carlos Menem. Traditionnellement, le péronisme (un mouvement nationaliste populiste) a adopté une politique de lourdes interventions de l’Etat dans l’économie. Mais Menem avait change d’orientation et s’est dirigé vers des privatisations massives, résultat de l’adoption de la logique néolibérale qui prévalait intentionnellement. Il s’agissait à tel point d’un nouveau départ pour le péronisme qu’il a été surnommé le “Menemismo”.

    L’YPF a été privatisé en 1992. Tout comme les autres privatisations, ce fut un désastre pour les masses, mais a qui représentait d’immenses opportunités pour les capitalistes argentins et pour les multinationales telles que Repsol qui sont retournées en Amérique Latine tels de nouveaux conquistadores, en achetant des pans entiers de l’économie d’Argentine et de l’Amérique Latine.

    Ces privatisations ont véritablement été catastrophiques pour l’économie. Comme Kirchner l’a fait remarquer, le manque d’investissements et de développement dans les secteurs de l’énergie et du pétrole a eu pour conséquence que l’Argentine a dû commencer à importer du gaz et du pétrole pour la première fois depuis plus de 17 ans. Et cela malgré la découverte de champs de gaz étendus, connus sous le nom de Vaca Muerta (la ‘‘vache morte’’). ‘‘Cette politique vide, de ne pas produire, de ne pas explorer, nous a pratiquement transformés en un pays non-viable en raison de la politique du business, et non à cause d’un manque de ressources’’, était l’une des raisons invoquées par Kirchner pour prendre une part majoritaire de l’YPF. (El Pais 17/4/12)

    Récemment encore, l’Aérolinéas Argentinas privatisée, les compagnies d’électricité et quelques autres ont aussi été renationalisées, en partie pour des raisons similaires. Ce changement de politique par le gouvernement Kirchner fait suite à un net ralentissement de l’économie, à une augmentation de l’inflation, à l’introduction de coupes budgétaires ainsi qu’au développement du chômage.

    Ce qu’elle dit dans les faits, c’est que si le secteur privatisé n’assurera pas les services essentiels, alors l’Etat va intervenir et le faire. Cependant, malgré l’épanchement d’hostilité de la part des représentants du capitalisme et de l’impérialiste, Kirchner n’a pas effectué une nationalisation socialiste.

    Trotsky et le Mexique de 1938

    En mars 1938, le gouvernement populiste radical du Mexique dirigé par Làzaro Càrdenas a nationalisé les compagnies pétrolières Anglo-Américo-Néerlandaises. Trotsky argumentait que cette étape devait être soutenue et que les syndicats et la classe ouvrière devraient lutter pour un contrôle et une gestion démocratique par les travailleurs dans la nouvelle industrie d’Etat, bien que celle-ci n’ait pas été construite sur des bases socialistes. Cette approche est une leçon pour l’Argentine aujourd’hui.

    De la même manière, les marxistes britanniques revendiquaient le contrôle et la gestion démocratique par les travailleurs lors des nationalisations des houillères, des chemins de fer et d’autres secteurs de l’économie par le gouvernement travailliste d’après-guerre. Ils proposaient concrètement que les conseils de ces entreprises soient formés d’un tiers de syndicalistes de l’industrie en question, un tiers de représentants de la Confédération Syndicale (représentant la classe ouvrière au sens large) et d’un tiers de représentants du gouvernement.

    La nationalisation partielle de Kirchner a été suffisante pour provoquer la colère de la classe dirigeante. Elle ne signifie pas qu’un simple changement dans la politique du gouvernement, il s’agit d’un changement dans la politique de la dynastie Kirchner elle-même. Christina Kirchner n’a pas été partisane de la classe ouvrière et des pauvres d’Argentine. Son prédécesseur et défunt mari, Néstor Kirchner, était un partisan enthousiaste de la privatisation de l’YPF en 1992. En 1999, il a vendu 5% des parts de l’YPF à Repsol détenues en Patagonie, dans la province de Santa Cruz où il était alors Gouverneur.

    Comme Repsol augmentait sa possession de YPF jusqu’à 99%, Kirchner a alors appuyé une politique d’ « Argentinisation » et a insisté pour qu’un pourcentage reste détenu par des intérêts argentins. En conséquence, le groupe Argentin Peterson, possédé par la famille Eskenazi, a reçu 25% des parts de l’YPF. Celles-ci n’ont pas été touchées par la récente nationalisation partielle.

    Au gouvernement, les Kirchner ont amassé une fortune. Quand Nestor Kirchner a été élu président en 2003, la fortune du couple était estimée à 2,35 millions de dollars. Pendant son règne, la richesse des Kirchner a augmenté d’un étourdissant 900% en 7 ans. Au moment de la mort de Nestor en 2012, ils possédaient 18 millions de dollars avec 27 maisons, appartements, magasins et hôtels à leur nom. En 2003, la famille n’avait pas d’intérêts économiques dans la ville Patagonienne El Calafate. En 2010, les Kirchner dirigeaient 60 à 70 % de l’activité économique de la ville.

    Les mesures prises par Cristina Kirchner, qui vont être très populaires en Argentine, sont une intervention d’Etat pour essayer de résoudre la crise de l’énergie. Elles ont été prises en partie pour essayer de résoudre le déficit énergétique et l’échec de Repsol à développer l’industrie. Elles sont aussi une tentative par Kirchner d’obtenir du soutien dans un contexte d’économie déclinante et d’attaques contre la classe ouvrière. Elle a essayé d’invoquer la mémoire de la populiste radicale et nationaliste Evita Peron (en annonçant les mesures devant une image d’une Evita souriante et en présence des Madres de la Plaza, les mères des milliers de disparus sous la dictature militaire).

    Cette intervention montre comment la classe dominante peut être contrainte de changer sa politique et de soutenir l’intervention d’Etat quand elle y est forcée ou quand ses intérêts sont menacés.

    En faisant cela, Kirchner a frappé un grand coup aux intérêts de l’impérialisme espagnol et de sa multinationale Repsol. Elle a agité le spectre que d’autres coups plus forts soient frappés contre les autres pays et replacé la question des nationalisations à l’ordre du jour politique. Cela a terrifié la classe dirigeante du monde entier. La revendication de nationalisations doit maintenant être reprise par les organisations des travailleurs mondialement. En Espagne, la formation de gauche Izquierda Unida s’est opposée au gouvernement Espagnol et a défendu le droit du gouvernement Argentin à nationaliser l’YPF, ce qui est positif. Cependant, l’achat de 51% des parts de l’YPF ne constitue pas une ‘‘nationalisation socialiste’’. Kirchner elle-même a été très claire lorsqu’elle a déclaré : ‘‘Le modèle n’est pas l’étatisation, c’est clair, mais la récupération de la souveraineté et du contrôle du fonctionnement de l’économie.’’ (El Pais 17/4/12)

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections à travers le monde (dont le PSL en Belgique) s’opposent aux protestations des politiciens impérialistes et capitalistes.

    Nous soutenons toutes les mesures authentiques prises contre l’impérialisme. Nous demandons que des actions réelles soient entreprises contre la domination impérialiste de l’économie et des capitalistes nationaux qui exploitent les peuples d’Argentine. Nous soutenons donc une nationalisation socialiste démocratique du secteur de l’énergie entier.

    Pour la nationalisation de Repsol, de toutes les multinationales et de tout l’YPF en ne payant une compensation que sur base de besoins prouvés ! Le secteur de l’énergie nationalisé devrait alors être dirigé démocratiquement par la classe ouvrière d’Argentine, dans le cadre d’un plan démocratique de toute l’économie basé sur la nationalisation des grandes entreprises.

  • La zone euro dans la tourmente

    “Il n’y aura pas de sauvetage de l’Espagne. Cela serait la fin de l’euro et il faudrait sauver toute l’Europe.” Voilà comment Felipe Gonzalez, président du gouvernement espagnol entre 1982 et 1996, pose le problème de l’eurozone. Après le quasi soulagement provoqué par le défaut partiel de la Grèce qui s’est passé sans remous majeur, la zone euro recommence à avoir des sueurs froides avec les difficultés de financement que connaît l’Etat espagnol. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a pourtant donné des gages de bonne volonté en annonçant une réforme du marché du travail et des coupes monstrueuses dans le secteur de l’éducation et du social. Cela n’a pas, de toute évidence, apaisé la soif de destruction sociale des marchés.

    Par Alain (Namur)

    La construction européenne, un rêve qui se transforme en cauchemar

    Depuis le lancement de l’unification européenne en 1957, avec la création du marché commun, le visage de l’Europe a fortement évolué. Il y a eu une intégration plus grande au niveau politique et économique. La construction européenne a été vantée par tous les politiciens traditionnels et leurs relais médiatiques comme la solution aux problèmes rencontrés par les travailleurs, les jeunes et les allocataires sociaux des différents pays.

    Dans tous les pays européens, y compris la Belgique, la social-démocratie a défendu la construction européenne. Paul Magnette, dans son livre Le Bel Avenir du socialisme écrivait en 2009: “l’Europe (…) est aussi le lieu où développer une régulation toujours plus efficace du capitalisme. L’euro est un succès et une arme de poids contre la spéculation ; la monnaie européenne est un vecteur de la stabilité du cadre financier international…” En réalité, le projet de construction du marché commun n’a jamais eu comme objectif d’améliorer les conditions de vie des travailleurs. Il correspondait à la nécessité qu’avaient les capitalistes des différents pays d’Europe d’agrandir leur marché et d’avoir un bloc plus intégré pour résister à leurs concurrents sur la scène mondiale.

    Les travailleurs européens ont été floués par la construction d’une soi-disant citoyenneté européenne. Ils ont par contre bien compris qu’avec l’Europe de la libre circulation des capitaux et du Traité de Maastricht, la seule chose que l’Europe apporterait c’est plus de concurrence entre les travailleurs et plus d’austérité au niveau de l’Etat-providence.

    Certains commentateurs ont cru voir une disparation des Etats-nations. Il est vrai que le lancement de l’Euro dans une période de croissance économique a généré beaucoup d’enthousiasme pour toutes les bourgeoisies nationales européennes. Mais lors de la première récession généralisée de l’économie, l’euro a révélé ces contradictions internes.

    Une crise qui révèle les faiblesses structurelles de l’euro

    La crise actuelle révèle un problème insoluble pour le capitalisme. D’un coté, il faut comprimer les salaires et les dépenses sociales pour pouvoir être compétitifs dans une économie mondialisée. De l’autre, il faut vendre sa marchandise à des consommateurs qui voient leur pouvoir d’achat comprimé par la perte ou la diminution de revenu et par la dégradation des services publics.

    N’ayant aucune solution viable, les capitalistes restent assis sur leur montagne d’argent qu’ils ne veulent pas investir. On peut même dire que l’on est dans une “grève du capital”. En effet, si l’on additionne les profits réalisés par les banques et les entreprises des USA, de l’Eurozone, du Japon et du Royaume-Uni, ce n’est pas moins de 7,75 mille milliards de dollars qui dorment. Le ratio investissement/PIB est à son niveau le plus bas depuis ces 60 dernières années. Si l’on prend juste le Royaume-Uni, c’est 750 milliards de livres sterling que les banques et les entreprises gardent sans trouver comment les investir.

    L’attitude de la BCE

    La BCE, qui se glorifie de sa soi-disant indépendance, continue à jouer son rôle. Elle mène encore une politique accommodante avec des taux directeurs qui tournent autour des 1%. Cela permet aux banques de faire du “carry-trade” : emprunter à un taux de 1% environ pour ensuite prêter cet argent via l’achat de bons d’Etat aux pays en difficulté, pour lesquels les banques vont exiger un taux qui avoisine les 5%, comme pour l’Italie, ou les 6%, comme pour les taux à 10 ans de l’Espagne.

    La BCE a aussi dû injecter des liquidités sur le marché afin de favoriser les prêts interbancaires mais aussi les prêts aux entreprises. C’est plus de 1.000 milliards qui ont été injectés dans le circuit financier européen.

    A côté de cela, c’est cette même BCE qui exige des Etats qui se sont massivement endettés pour sauver les banques de retourner à l’équilibre pour 2014-2015. Sous le prétexte de juguler l’inflation, elle appelle à supprimer les mécanismes d’indexation en Belgique et au Luxembourg.

    La crise de l’eurozone n’est pas finie

    Les banques de l’eurozone ont dû lever 115 milliards pour respecter les engagements pris dans le cadre de Bâle 3, qui imposent une réserve de 9% afin d’éviter le “crédit crunch” (une pénurie de crédit) des années 2008-2009. Mais pour cette fin d’année, elles devront retrouver 500 milliards d’euros. Les gouvernements devront trouver 1.600 milliards d’euros pour se financer et honorer leurs prêts, dans une situation où règne une méfiance généralisée entre les banques.

    De plus, le secteur manufacturier européen connaît lui aussi des reculs. La surcapacité de production dans le secteur automobile est évaluée à 20%. Mais dans tous les secteurs industriels, la crise se fait sentir. C’est le cas par exemple du secteur des panneaux photovoltaïques qui est au désespoir face à la concurrence chinoise. Avec la nouvelle ligne d’attaques sur la compétitivité des entreprises lancée dans tous les pays européens, il est clair qu’une spirale risque à nouveau d’entraîner les salaires vers le bas. Dans pareille situation, la concurrence sera d’autant plus rude entre producteurs afin de pouvoir écouler les stocks.

    L’Espagne, une nouvelle épine dans le pied de l’éclopé

    L’Espagne a subi de plein fouet la crise de 2008-2009. La bulle immobilière qui avait tiré l’économie espagnole durant les années Aznar et le début du mandat de Zapatero a éclaté. Depuis, l’économie espagnole peine à se relever.

    Le taux de chômage avoisine les 25%, tandis qu’un jeune sur deux est sans emploi. En 4 ans, c’est presque 2,9 millions d’emplois qui ont été perdus. Cette année, le déficit sera de 5,8% du PIB au lieu des 4,4% attendus, alors que les critères de Maastricht imposent un déficit sous les 3%. Ce fut le prétexte utilisé par le gouvernement Rajoy pour lancer un plan d’austérité d’une ampleur jusqu’alors inconnue, la plus grande attaque contre la classe ouvrière espagnole depuis l’ère franquiste : des coupes sociales et des augmentations de taxes pour un montant de 27 milliards d’euros, ainsi qu’une réforme de la législation du travail. Certains secteurs de la bourgeoisie pensent que ce plan ne va pas assez loin alors que d’autres pensent qu’il va tuer toute relance et va augmenter la tension sociale. En plus de tout cela, les banques espagnoles devront trouver 50 milliards cette année.

    Cette situation avec des éléments dépressionnaires a eu un impact sur le mouvement ouvrier espagnol. Après moins de 100 jours de gouvernement, le premier ministre a été confronté à une manifestation de 1,5 millions de personnes. Un calicot exprimait la volonté de lutte du prolétariat espagnol : “Mariano, à ce rythme tu n’atteindras pas l’été !”

    Lors de cette manifestation, il y a eu énormément de pression et d’appels de la base pour un plan d’action. La tête des syndicats a été forcée d’appeler à une grève générale, une victoire pour la base du mouvement ouvrier dans la lutte contre l’austérité. Le 29 mars, la grève générale a très bien été suivie : on parle de 10 millions de participants, avec des taux de participation de 77% des salariés dans les entreprises. Dans l’industrie, le transport et l’agriculture, les taux de participation étaient respectivement de 97%, 95% et 95%. Le gouvernement a vu l’énorme potentiel qu’avait cette grève et appréhende la possible escalade du mouvement. Il y a eu une forte répression de la part de l’Etat, 176 personnes ont été arrêtées et on a dénombré 116 blessés.

    La situation à ce stade est très ouverte. Si la pression de la base continue, on pourra voir d’autres appels à la grève générale et d’autres mouvements se développer. La colère dans la société espagnole est énorme. Les indignés qui ont pris les rues l’an passé sont un exemple de cette colère qui cherche une alternative.

    On le voit, le mouvement ouvrier en Espagne, mais aussi de façon plus large en Europe, est à un moment crucial. La bourgeoisie dans tous les pays d’Europe n’a aucune solution face à la crise. La seule voie pour elle dans cette situation, c’est de profiter de la crise pour faire avancer son programme : réduction des coûts salariaux et des services publics. Il en résultera un appauvrissement généralisé et une diminution des conditions de vie de toute la population en Europe. La classe ouvrière détient les clés de la situation. Elle peut arrêter cette avalanche d’austérité en mettant en avant son propre programme. Pour cela, nous avons besoin d’organisations politiques et syndicales combatives, démocratiques, indépendantes des partis de l’austérité et orientées vers le renversement du capitalisme.

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