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Tag: Bart De Wever
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Action de protestation contre les propos de De Wever sur les Berbères
Le président de la N-VA et bourgmestre d’Anvers Bart De Wever a maladroitement tenté de nuancer ses déclarations stigmatisantes contre les Berbères (qui préfèrent du reste le terme ‘d’Amazigh’) en déclarant «Je parle avec beaucoup de représentants de l’autorité marocaine. Ils me disent: “Prenez garde, ne croyez pas que les Berbères vont facilement vous faire confiance. Ils sont très refermés sur leur communauté (…).» Le fait qu’il avait à l’époque de ses premières déclarations ajouté que des groupes de la population comme les Berbères invoquent le racisme comme excuse pour justifier leurs échecs personnels (que le racisme serait relatif, en d’autres termes, comme il l’avait déjà déclaré) a été commodément omis de sa «nuance».Le premier essai de mener une action de protestation contre ces propos a été étouffé dans l’œuf par la répression. Tout le monde a été arrêté, dont des membres de notre campagne antifasciste flamande, Blokbuster. Quelques semaines plus tard, une action a finalement été autorisée, sur la Groenplaats, ce dimanche, qui a attiré de 250 à 300 participants. Cela avait beau ne pas constituer une action majeure, il était néanmoins important de démontrer que les déclarations de De Wever en passaient pas tout simplement comme une lettre à la poste. Malheureusement, l’organisation de cette action de protestation n’a pas jugé utile de consacrer une certaine attention à la présence de membres de la communauté amazighe ce dimanche.
Nous avions décidé d’organiser une mobilisation sérieuse et colorée pour cette action. De plus, nous ne nous sommes pas limités à exiger des excuses de la part de De Wever, nous avons défendu la nécessité d’une politique différente sans discrimination, racisme, sexisme, homophobie,… Cela n’est possible qu’en décidant de rompre avec la politique d’austérité qui ne fait qu’exacerber les tensions sociales, les pénuries sociales et les sources possibles de discorde au sein de la classe des travailleurs.Le PSL était présent avec environ 35 membres et sympathisants, y compris des Amazighs de Bruxelles, des Tamouls, des Cachemiris, des Pakistanais et d’autres habitants d’Anvers. Nous avons tenu un stand politique et vendu notre mensuel, Lutte Socialiste (De Linkse Socialist en néerlandais). Nous avons assuré la présence d’Amazighs à cette action, de même que de communautés issues du continent asiatique qui, aux dires de De Wever, ne souffrent pas de racisme… («Je n’ai jamais rencontré un migrant asiatique qui se dise victime de racisme», avait-il déclaré). Nos banderoles faisaient le lien entre la lutte antiraciste et le combat pour de meilleurs conditions de vie en termes d’emploi, de logement, d’enseignement,… tout en dénonçant la répressive qui frappe les antiracistes à Anvers.
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De Wever: ‘‘Le racisme ? C’est de leur faute!’’
A Anvers, la N-VA a sérieusement fait renaitre le débat sur le racisme. Il y a peu, l’échevine Liesbeth Homans déclarait que le racisme serait ‘‘relatif’’ et qu’il ne s’agissait donc pas d’un problème structurel dans la société. Cette fois-ci, c’est le bourgmestre lui-même, Bart De Wever, qui a suggéré que ‘‘Le racisme est un concept relatif surtout utilisé comme excuse pour des échecs personnels’’, particulièrement parmi la communauté marocaine ou berbère.
Par Jarmo Van Regemorter
De Wever est un fervent partisan du modèle sociétal thatchérien dans lequel chacun est individuellement responsable de ses propres problèmes, c’est connu. Cette déclaration-ci a quand même suscité pas mal de réactions. Le bourgmestre d’une des villes les plus multiculturelles du pays a déclaré que les victimes du racisme étaient en fait les responsables de son développement. Le monde à l’envers.
La stratégie de De Wever et de sa N-VA est limpide : confirmer et accroître les préjugés négatifs qui existent envers un groupe de la population afin de monter diverses couches de celle-ci les unes contre les autres. De Wever refuse de discuter du chômage parmi les populations d’origine immigrée. Il fait également mine d’ignorer le dernier rapport annuel de l’OCDE sur la Belgique, qui classe notre pays avant-dernier concernant l’apprentissage des langues pour les personnes d’origine immigrée dans l’enseignement. Toutes ces discussions devraient être balayées en déclarant que les Berbères sont eux-mêmes responsables de leur situation et qu’ils doivent arrêter de se plaindre du racisme !
Il a encore ajouté ‘‘Je n’ai encore jamais rencontré un migrant asiatique qui se dise victime de racisme’’, clarifiant ainsi du même coup que son intention était effectivement de stigmatiser un groupe spécifique de la population. De quels migrants asiatiques parle De Wever ? Tous les migrants doivent faire face au racisme; mais il est vrai que cela doit être moins le cas parmi les diamantaires indiens…Une proportion croissante de la population anversoise, d’origine immigrée ou non, considère ces déclarations pour ce qu’elles sont : un élément d’une politique qui vise à monter des groupes de la population les uns contre les autres afin de mieux appliquer une politique antisociale. Une première initiative d’action contre le racisme de De Wever a presque immédiatement été interdite par la police à Anvers. Tous les manifestants ont été emmenés au poste de police. De Wever s’est souvent caché derrière la menace terroriste pour imposer le silence aux actions de protestation. Mais cette fois-ci, l’alerte avait été réduite au niveau 2.
La véritable politique de l’empereur d’Anvers devient de plus en plus évidente. Ses déclarations racistes visent à ouvrir la voie à une politique d’austérité plus dure. Renforçons la résistance antiraciste et anti-austéritaire, refusons le modèle de société égoïste de De Wever !
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[DOSSIER] 6 mois de gouvernement Michel : Le retour à la normale est une illusion
Bien avant la prestation de serment des autorités fédérales, il était clair qu’un changement majeur était à l’œuvre. Ce n’est pas que le gouvernement Di Rupo ait été des plus sociaux – les chômeurs exclus de leurs allocations dites d’insertion en savent quelque chose – mais sa rhétorique visait à faire croire que si l’austérité était inévitable, elle devait toucher ‘‘tout le monde’’, tandis que le rythme d’application de l’austérité veillait à éviter toute provocation inutile. Le gouvernement Michel, quant à lui, a directement et clairement annoncé la couleur : les plus pauvres allaient payer la note. Au prix fort. A cadence soutenue.Par Nicolas Croes, dossier central de l’édition de mai de Lutte Socialiste
Retour vers le futur
La dynamique antisociale est de suite passée à la vitesse supérieure avec un objectif avoué : modifier durablement le rapport des forces entre travail et capital, à l’image de la contre-révolution conservatrice du président américain Ronald Reagan et de la première ministre britannique Margareth Thatcher dans les années ’80, ce à quoi avaient échoués les autorités belges de l’époque.
Tant aux USA qu’en Grande-Bretagne, le triomphe d’un néolibéralisme drastique n’avait pu survenir que suite à une confrontation directe et violente avec le mouvement organisé des travailleurs selon le modèle suivant : prendre un secteur syndical fort, lui briser les reins et profiter de sa défaite pour affronter les autres secteurs. Aux USA, l’exemple fut donné en août 1981 par la répression de la grève du syndicat des aiguilleurs du ciel américain (PATCO), partis en grève contre l’agence aérienne fédérale pour une réduction des heures de travail liée à la création d’emplois et à une augmentation de leurs salaires. Deux jours après le déclenchement de la grève, les dirigeants du syndicat descendaient d’avion les fers aux pieds, encadrés par des agents du FBI armes aux poings, en route vers la prison. Par après, Reagan a licencié les 11.359 contrôleurs ariens qui refusaient de reprendre le travail en annonçant leur inscription sur une liste noire qui leur interdisait dorénavant tout emploi fédéral. La défaite syndicale fut le signal d’une charge inédite contre les droits syndicaux, contre les salaires, contre l’emploi et contre les services publics. En Grande Bretagne, ce fut la grève des mineurs de 1984-1985, son échec et ses conséquences qui ont profondément ébranlé l’importance du fait syndical dans le pays, ouvrant là encore la voie à une offensive néolibérale inouïe. Margaret Thatcher s’était expliqué ainsi : après avoir défait le ‘‘socialisme démocratique’’ dans les urnes, il lui fallait à tous prix battre le ‘‘socialisme non démocratique’’, ce par quoi elle entendait le syndicalisme. La police a notamment été envoyée empêcher la formation de piquets de grève, réprimer durement les manifestations ou encore escorter les briseurs de grève jusqu’au travail (parfois en fourgons blindés). Parallèlement, les aides sociales aux familles des grévistes ont été réduites.
En Belgique, il y eut bien des tentatives de procéder de la sorte dans la période 1981-1988, la mise en place du gouvernement Martens-Gol en 1982 marquant véritablement un tournant vers le néolibéralisme impitoyable également incarné par un tout jeune homme politique libéral aux dents longues, Guy Verhofstadt. Mais la résistance du mouvement organisé des travailleurs a convaincu l’establishment capitaliste qu’il valait mieux opérer de façon plus discrète, en cherchant à éviter les affrontements sociaux et en faisant notamment appel au soutien de la social-démocratie. Cette dernière fut par la suite associée au pouvoir sans discontinuité de 1988 à 2014. La méthode différait, mais l’objectif était identique: mettre à l’œuvre un gigantesque transfert de richesses de la collectivité vers le privé à l’aide de privatisations, de réductions de ‘‘charges patronales’’, de subsides aux entreprises, etc.
Pour l’équipe gouvernementale de Charles Michel, cette pratique a fait son temps, l’heure de la contre-révolution conservatrice a enfin sonné en Belgique.Une austérité décomplexée, un gouvernement thatchérien
Ce gouvernement des riches a dès ses origines essentiellement visé à bien enfoncer dans le crâne de chacun la primauté de la politique sur la société – pour autant qu’il s’agisse de politique néolibérale – en diminuant considérablement le pouvoir et l’influence des syndicats. La déclaration gouvernementale est truffée de mentions relatives à la ‘‘concertation sociale’’, mais la réalité derrière le discours est un refus inflexible d’accorder la moindre marge de manœuvre un tant soit peu sérieuse aux négociations entre prétendus ‘‘partenaires sociaux’’. Alors que les gouvernements précédents essayaient tant bien que mal d’associer les directions syndicales à la mise en œuvre des reculs sociaux et de favoriser un syndicalisme de concertation, Michel & Co ont adopté une approche plus dure : le gouvernement prend ses décisions, les ‘‘partenaires’’ sociaux n’ont ensuite qu’à discuter d’aménagements à la marge.
Une fois dévoilés, les projets gouvernementaux n’ont pas tardé à être qualifiés de ‘‘catalogue des horreurs’’ par les syndicats, les structures sociales, etc. Indexation des salaires, budgets des services publics, droit de grève, pensions et fins de carrière,… aucune de nos conquêtes sociales importantes n’ont été épargnées tandis que la politique migratoire prenait un virage plus ouvertement raciste. De son côté, la Fédération des Entreprises Belges (FEB) se déclarait ‘‘satisfaite qu’on ait enfin un accord de gouvernement ambitieux.’’ Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es, comme le dit le proverbe…
Il n’a pas fallu longtemps pour que les faits viennent étayer les inquiétudes suscitées durant les mois de vacance et à la rentrée. Durcissement des mesures contre les chômeurs, augmentation de l’âge de la pension à 67 ans, saut d’index, modération salariale stricte, restrictions budgétaires,… sur fond de provocations quotidiennes de la part d’élus des partis gouvernementaux, essentiellement issus de la N-VA. Le 15 décembre, le jour-même de la grève générale nationale, Edward Gardner, chef de la mission menée par le Fonds Monétaire International en Belgique, qualifiait les mesures du Gouvernement de ‘‘très bon début’’, saluant particulièrement la réforme des pensions et le saut d’index.
Résistance de masse
Reagan et Thatcher avaient veillé à tout d’abord affronter un secteur particulier pour ensuite affronter toute la classe sur base de la démoralisation. Mais à force de dire et de répéter que les syndicats ne représentaient plus rien en Belgique, Michel, De Wever & Co ont visiblement finis par être eux-mêmes suffisamment convaincus que pour s’en prendre à tout le monde en même temps. La réaction ne s’est pas fait attendre, et elle fut inédite.
Tous les spécialistes s’accordent pour le dire : c’était du jamais vu dans l’après seconde guerre mondiale. Les trois syndicats (FGTB, CSC et même la CGSLB libérale) ont immédiatement convenu, après un premier rassemblement en front commun syndical fin septembre qui servit de coup d’envoi, d’un plan d’action ambitieux étalé sur cinq dates, tant au Nord qu’au Sud.
Première phase : la manifestation nationale du 6 novembre à Bruxelles, la plus grande manifestation syndicale depuis celle du 31 mai 1986 contre le Plan de Val Duchesse : plus de 120.000 personnes dans les rues de la capitale, peut-être bien 150.000 ! Aux côtés des syndicalistes, des étudiants (du supérieur comme du secondaire), le secteur culturel et même un certain nombre de petits indépendants. Une belle illustration de la force du nombre… Avec pareille mobilisation, les journées de grève à venir s’annonçaient on ne peut mieux. Les médias dominants et l’establishment ont bien tenté de réduire le tour de force aux violences en marge de la manifestation, sans grand succès. Deuxième phase : trois journées de grèves générales tournantes par provinces le 24 novembre, le 1er décembre et le 8 décembre. Anvers, Hainaut, Flandres, Namur, Liège,… l’enthousiasme était palpable dans tout le pays et les grèves furent de véritables réussites. A Gand, le port était totalement à l’arrêt, pour la toute première fois de son histoire. Troisième phase : la grève générale nationale du 15 décembre, qui a pu bénéficier de la ‘‘répétition générale’’ constituée par la tournée de grèves régionales. Depuis le début de la crise économique, aucun pays européen n’a connu pareille préparation d’une grève générale.
2015 : un début d’année marqué par l’indécision
Pas de doutes à avoir, le gouvernement a pris une succession de belles claques en pleine figure à ce moment-là, de même que tous ceux pour qui le mouvement syndical et les mobilisations de masse étaient choses du passé. Si un deuxième plan d’action avait été annoncé au début d’année – similaire au premier mais avec des objectifs plus ambitieux à chaque étape, jusqu’à une grève générale de 48 heures éventuellement reconductible par exemple – le gouvernement se serait tout simplement effondré. Mais les mots d’ordre se sont fait attendre tout le mois de janvier, puis tout le mois de février…
Alors que même les médias dominants ne pouvaient cacher le succès du plan d’action et se faisaient l’écho des tensions internes au gouvernement, alors que la position du CD&V était de plus en plus gênante sous la pression de l’aile flamande du mouvement ouvrier chrétien, alors que des couches plus larges commençaient à s’organiser (dans Hart boven Hard / Tout Autre Chose par exemple) et que l’atmosphère sociale était à l’optimisme (notamment illustré par la réussite de la journée d’action contre le Traité transatlantique (TTIP) le 19 décembre), alors qu’un vent nouveau soufflait de Grèce dans la perspective des élections du 25 janvier et de la très probable victoire du parti de gauche radicale SYRIZA… les directions syndicales se sont laissées piéger dans des négociations sociales. Les (très) maigres résultats obtenus auront au moins eu le mérite d’illustrer que ce gouvernement ne lâchera rien même en étant affaibli.
Au final, des actions syndicales en front commun ont été organisée fin mars et début avril, mais en l’absence de tout plan d’action et de perspectives concrètes. Reste qu’environ 30.000 personnes ont participé aux diverses manifestations syndicales, et 20.000 personnes se sont aussi réunies sous une pluie battante pour la Grande Parade de Hart boven Hart / Tout Autre Chose. Ces événements, avec la grève générale des services publics appelée par la CGSP le 22 avril, illustrent que la colère est toujours là, de même que le potentiel de la transformer en résistance active.
Reste qu’un moment a été perdu pour le mouvement social, et que le gouvernement a su le mettre à profit, en instrumentalisant notamment la menace terroriste. Mais même en ayant quelque peu recouvré des forces, le gouvernement Michel dispose d’un soutien tout relatif. Si le baromètre trimestriel La Libre/RTBF/Dedicated de novembre 2014 faisait état d’une confiance à l’égard du gouvernement fédéral de 20 %, elle n’était encore que de 25% seulement en mars 2015. Pas de quoi pavoiser. En Flandre, seuls les électeurs de la N-VA restent majoritairement satisfaits (56%) tandis que les opinions ne sont plus favorables qu’à 46 % à l’Open-VLD et à 36 % au CD&V. Le gouvernement a d’ailleurs effectué un contrôle budgétaire plutôt adouci en mars, histoire de ne pas trop en rajouter et d’aider à faire atterrir le mouvement social.
Nous n’avons pas fini d’en voir de toutes les couleurs
Le gouvernement a démontré savoir comment instrumentaliser les faiblesses de la riposte sociale. Et sa confiance pour poursuivre son offensive ne sortira que renforcée de chaque période de répit. Lors des évaluations faites dans la presse à l’occasion des 6 mois du gouvernement fédéral, le politologue Pascal Delwit (ULB) a expliqué sur Bel RTL le 11 avril que les deux gros dossiers de l’accord du gouvernement (la réforme des pensions et le saut d’index) étaient passés et que ‘‘Ça a l’avantage qu’ils sont derrière le gouvernement et donc ça va rendre les choses plus difficiles pour le monde syndical. Aussi bien sûr, plus vous adoptez des mesures impopulaires loin d’une élection mieux c’est.’’ Mais il se trompe lourdement. Même avec un saut d’index, même avec la retraite repoussée à 67 ans, la classe capitaliste belge a du retard à rattraper par rapport à ses équivalents européens. La logique de loi de la jungle (pardon, ‘‘de compétitivité’’) la pousse à en vouloir plus, beaucoup plus. Chaque faiblesse de notre camp sera pour celui du patronat une incitation à l’agression et au lancement d’autres attaques antisociales.
Le ‘‘tax shift’’ (allègement de la fiscalité sur le travail et déplacement vers d’autres formes de fiscalité) en préparation nous en garantit d’ailleurs une nouvelle. Et si le gouvernement parvient à imposer le service minimum dans les chemins de fer et les prisons, ce ne sera que le prélude à d’autres restrictions sévères du droit de grève et à une charge générale contre nos droits syndicaux. D’autre part, l’accord gouvernemental prévoit aussi la mise au travail obligatoire des chômeurs; la réforme de la Défense, etc.
Et maintenant ?
Les mesures que le gouvernement est parvenu à faire passer restent maigres en comparaison de ce que les gouvernements Martens ont su imposer dans les années ‘80. A l’époque aussi, la première agression n’était pas destinée à être isolée : un véritable bombardement antisocial a eu lieu jusqu’à ce que le gouvernement soit enfin arrêté. La FGTB partit seule au combat et il a fallu des années avant que l’appareil de la CSC ne rentre dans la bataille. C’était l’époque des accords secrets de Poupehan, un village reculé où Wilfried Martens (CVP, l’ancêtre du CD&V) se retirait discuter des mesures antisociales à imposer en compagnie du gouverneur de la Banque Nationale (CVP lui aussi), de son chef de cabinet Fons Verplaetse, du patron de la banque du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) Hubert Detremmerie et de Jef Houthuys, qui se trouvait alors à la tête de la CSC. Jef Houthuys soutenait Wilfried Martens dans l’ombre et avait notamment expliqué à son ami : “ Wilfried, vous dites ce qui doit passer au syndicat: je m’arrangerai pour que ça passe”.
La situation a bien changé, on peut le dire. Le premier plan d’action a été appliqué en front commun syndical et même si la CSC s’est assise à la table des négociations pour l’accord social qui a accouché de la modération salariale, le résultat du vote interne à la CSC concernant le projet d’accord a été historiquement faible. Le Conseil général de la CSC a finalement approuvé ce projet d’accord à 52% pour et 48% contre. Mais en comptant les abstentions, on n’obtient carrément plus de majorité : 49% pour, 45% contre et 6% d’abstentions, malgré toutes les pressions et la propagande internes qui poussaient à accepter l’accord pourri. Concernant la grève des services publics du 22 avril, la CSC-Transcom a déclaré couvrir ‘‘tout cheminot qui souhaitera participer à l’action.’’ Et ce gouvernement n’a pas encore un an d’activités derrière lui…
Malheureusement, la FGTB, au lieu d’informer et de mobiliser sérieusement pour un nouveau plan d’action, craint de partir seule à l’action. Les quelques faits ci-dessus démontrent pourtant que la FGTB est parfaitement capable de détacher des secteurs de la CSC de sa direction nationale, pas pour rejoindre la FGTB, mais pour l’accompagner dans l’action.
Aucun ‘‘retour à la normale’’
Nous sommes dans une période de confrontation sociale, aucun ‘‘retour à la normale’’ n’est possible. Depuis la Chute du Mur de Berlin et l’effondrement de la caricature stalinienne de socialisme, un certain sentiment d’impuissance avait contaminé la conscience des travailleurs, ce qui n’a pas manqué d’avoir ses répercussions en termes de reculs sociaux.
A l’arrivée de la crise, en 2008, la classe des travailleurs s’était révélée surprise, sous le choc. Le premier plan d’action a reconfirmé l’existence et la puissance du mouvement des travailleurs, ce dernier reste bel et bien le moteur de changement dans la société. Une fois que cette classe sociale part à l’action, elle attire dans son sillage de plus larges couches. Le mouvement de l’automne 2014 a démontré ce qui est possible de réaliser avec des mots d’ordre clairs et un plan d’action où chaque étape construit la force de la suivante. Il a partiellement restauré la foi des travailleurs en la force de leur mouvement.
Une certaine déception et de la frustration peuvent être présents parmi les meilleurs militants et leur base. C’est sûr, plus était possible. Une occasion importante de faire tomber le gouvernement a été perdue après le 15 décembre. L’attitude des syndicats de ce début d’année a illustré les lacunes, à la fois politiques et syndicales, des dirigeants syndicaux actuels. Elle a brisé de nombreuses illusions envers la direction syndicale suscitées par le plan d’action de l’automne dernier. Cela clarifie d’autant plus la nécessité de s’organiser dans des organes politiques de combat.
Le plan d’action de l’automne dernier n’est pas arrivé par hasard, c’est la situation objective qui y a conduit, pas l’intention subjective des dirigeants syndicaux. Ces conditions objectives se font ressentir par vagues et les plus hautes sont encore à venir, elles conduiront inévitablement à une nouvelle lutte massive, indépendamment de ce que les dirigeants syndicaux ont à l’esprit. Du côté des travailleurs, les vagues d’action se succèderont contre le mur de la réaction, jusqu’à ce que celui-ci se brise.
Mais il est pour cela crucial de mettre à profit chaque moment de répit pour faire tirer les leçons de la période précédente et se renforcer en vue des conflits à venir. Dans ce cadre, il est aussi de première importance de discuter de l’absolue nécessité pour le mouvement des travailleurs de disposer d’un relais politique large qui lui soit propre. Il nous faut un nouveau parti large des travailleurs capable d’intégrer en son sein les divers courants existant à la gauche du PS et d’Ecolo alternative politique dans le respect des spécificités de chacun, faute de quoi nous continuerons à nous battre une main liée dans le dos.
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Rassemblement antiraciste devant le siège de la N-VA
Ce lundi, quelque 200 personnes se sont rassemblées devant le siège de la N-VA à Bruxelles, à l’appel du “Movement X”, afin de protester contre les propos de Bart De Wever à l’égard de la communauté Amazigh. Il avait qualifié à la télévision flamande VRT les Berbères de “communauté fermée, avec une défiance envers les autorités.” Les déclarations de Bart De Wever font l’objet de plusieurs plaintes pour racisme d’associations et de citoyens.Par Boubaker (Bruxelles), photos de PPICS – Banque d’images
Après la tenue d’un premier sit-in sur la Grand Place d’Anvers, cette nouvelle action réclame toujours que le Bourgmestre d’Anvers retire ses propos stigmatisants.
Suite au rassemblement à ce rassemblement, une plateforme composée de différents mouvements va être mise en place afin d’organiser en commun d’autres actions de lutte contre le racisme. Elle regroupera notamment le Collectif des Amazighs de Belgique, l’AMDH (Association marocaine des droits humains), le Movement X, des activistes amazighs (berbères) et des militants de gauche. Les camarades du PSL ont invité les intervenants à rejoindre l’action anti-Pegida qui se tiendra le 13 avril prochain à Gand.
Ce samedi aura lieu cette réunion destinée à constituer la plateforme, toutes les organisations progressistes sont invitées à y participer, à 18h (lieu et détails : Rachid – 0484/86.16.25 – van.moumni@gmail.com)
Une manifestation dans le bastion de De Wever est envisagée.
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Quel type de gouvernement pour continuer la politique d’austérité, et à quel rythme ?
Une formation de gouvernement fédéral partie pour durer à nouveau de longs mois ? Vu les résultats sortis des urnes, et les premières coalitions formées aux niveaux fédérés, c’est tout à fait possible ; même si rien n’est exclu. Une chose est toutefois certaine : le prochain gouvernement aura à assainir au minimum 14 milliards d’euros supplémentaires ces prochaines années, afin de ‘redresser’ l’économie belge. C’est certes moins que les 22 milliards d’austérité du gouvernement Di Rupo, mais là où la précédente majorité avait enlevé une bonne partie de la graisse et de la chair, le prochain devra s’attaquer à l’os.
Par Stéphane Delcros, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Pour les travailleurs et leurs familles, cela fera d’autant plus mal. D’autant que la question des pensions arrive à nouveau sur la table, et que la problématique du chômage est loin de disparaitre. De nombreuses autres mesures d’austérité sont attendues au niveau communal et dans les régions et communautés, là où les transferts de compétences du fédéral n’ont pas été accompagnés du transfert de moyens correspondants.
Tous les partis envisagés pour former un gouvernement fédéral, comme tous ceux impliqués dans les coalitions en construction dans les entités fédérées (PS-CDH en Wallonie, PS-FDF-CDH en Communauté française et à Bruxelles, avec Open VLD-CD&VSP. a pour la coalition néerlandophone, et NVA-CD&V en Flandre), s’accordent sur un point : ça va saigner. Pour les travailleurs et leurs familles, bien sûr, pas pour la classe capitaliste. Et celle-ci de se poser cette question : quelle est la meilleure option pour faire passer la douloureuse pilule à la population ? A l’aide d’un bâton de gavage tenu par la NVA ? Ou en la cachant péniblement dans de la purée de plus en plus fade sous la main du PS et du CD&V ?
La classe capitaliste perd peu à peu le contrôle
A l’heure de boucler ce journal, la mission d’information de Bart De Wever n’était pas terminée. Et il est difficile de se projeter dans l’avenir: confrontée à la perte d’autorité de ses alliés politiques au fur et à mesure de l’application des politiques néolibérales, la classe capitaliste ne possède plus un contrôle total de la situation. Son option préférée reste aujourd’hui une coalition dite de ‘tripartite classique’, a priori plus stable pour mener les politiques ‘nécessaires’. Avec le PS au gouvernement, elle peut encore tenter de ‘brider’ les directions syndicales, même si c’est et ce sera de plus en plus difficile.
Bart De Wever déclarait ne plus croire en la force des syndicats en Belgique, peut-être croit-il lui-même en cette provocation. Mais si les syndicats donnent l’impression de ne plus peser grand-chose, c’est avant tout par l’absence criante de stratégie et de mots d’ordre clairs et offensifs de la part des directions syndicales face aux nombreux défis urgents survenus ces dernières années. Reste qu’avec plus de 3,5 millions de membres – près de trois quarts de la population active – la force des syndicats est bien réelle, et ne demande qu’à être organisée.
Si un gouvernement de droite autour de la NVA (ce qui est l’autre option discutée et tentée par De Wever) voyait le jour, nul doute qu’il mènerait à une véritable guerre de classes ouverte. Un tel gouvernement pousserait directement des dizaines de milliers de travailleurs dans la rue, sans possibilité de tenter un ‘bridage’ des directions syndicales. La grande bourgeoisie belge pourrait éventuellement adhérer à un tel projet, mais probablement sans grand enthousiasme. Car cela resterait assez risqué pour elle, d’autant que la NVA, soi-disant ‘anti-establishment’, n’est pas à proprement parler un parti fiable et contrôlable par elle.
Quelle que soit donc la composition du prochain gouvernement, la base de la politique qu’il mènera est connue et il est certain que les partis traditionnels continueront à voir leur autorité s’éroder. Ne jouons pas trop leur jeu en espérant au plus vite une coalition, et que celle-ci soit la plus ‘progressiste’ possible. Occupons-nous plutôt dès à présent à nous rassembler et à nous préparer pour les grandes batailles que l’automne nous promet.
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Tout est prêt pour une longue campagne électorale
Pendant les 6 prochains moins on ne pourra pas y échapper: tous les conseillers en communication des partis de l’establishment se sont mis au travail. Le ton a été donné par toute une série de congrès de partis en préparation de la campagne électorale, l’annonce des propositions soumises à l’approbation du prochain congrès de la N-VA obtenant la part du lion dans les journaux.
Par Anja Deschoemacker
Ces congrès n’ont rien livré de bien neuf, du moins en ce qui concerne les thèmes fondamentaux que sont la sécurité sociale, la sortie de crise, la relance de l’économie,… Ces sujets d’importance n’ont bénéficié de la part des partis traditionnels que de vagues déclarations. Leurs ‘‘propositions novatrices’’ ne portent que sur des détails. Seule la N-VA a clairement dévoilé jusqu’où elle était prête à aller dans l’application de l’austérité. Et les choses vont suffisamment loin pour que même l’Open-VLD, les libéraux flamands, préviennent de l’arrivée d’un véritable désastre social si, par exemple, la proposition de la NVA de rembourser la totalité de la dette de l’Etat dans un très court délai était mise en pratique. Diverses figures du MR ont également trouvé que cela allait trop loin.
Le SP.a a fait de la diminution de la TVA sur l’énergie son principal cheval de bataille électoral, le CD&V aurait abandonné sa résistance au gouvernement sur ce point. Les sociaux-démocrates flamands voulaient ainsi afficher un profil ‘‘de gauche’’ – la proposition pour la diminution de la TVA émanant à l’origine du PTB – dans l’espoir de pouvoir une fois de plus convaincre les électeurs de voter pour ‘‘le moindre mal’’.
Contrairement au PTB, le SP.a explique cependant qu’une diminution de la TVA aura aussi des conséquences favorables pour le patronat (et le gouvernement) : le fait que l’indice pivot ne serait dépassé que plus tard ferait économiser pas mal d’argent aux patrons du privé comme du public. Il ne faudrait pas se montrer comme étant de la ‘‘gauche irresponsable’’ devant le patronat…
Le PS compte sur ses liens avec les syndicats, les mutualités et d’autres composantes du mouvement ouvrier pour tenir le coup. L’index n’a pas été aboli, les allocations de chômage ne seront pas limitées dans le temps, il n’y a pas eu de licenciements massifs dans les services publics…
Voilà le message à faire passer : sans le PS, les choses auraient été bien pires ! Que l’index ait été encore un peu plus bidouillé (les soldes sont notamment reprises dans le calcul de l’index, ce qui mine notre pouvoir d’achat) ; que les diverses mesures sur le chômage condamnent des dizaines de milliers de femmes et de jeunes à des allocations ridicules et les rendent donc dépendants de leur partenaire ou de leurs parents et que des dizaines de milliers d’autres font face à la menace de voir leurs allocations supprimées ; que beaucoup de fonctionnaires qui partent en pension ne soient pas remplacés avec toutes les conséquences que cela implique en termes de pressions sur le personnel restant alors que les jeunes qui sortent de l’enseignement ne trouvent pas d’emplois ;… de tout cela, la direction du PS préfère ne pas dire un mot.
Eh oui, les querelles classiques entre sociaux-démocrates et libéraux vont bon train, les chrétien-démocrates se présentant comme une sorte de ‘‘force tranquille’’, comme le ‘‘milieu politique responsable’’. Mais il est toutefois clair que les trois familles politiques traditionnelles et les partis ‘‘verts’’ se trouvent d’un côté et la N-VA de l’autre, et pas uniquement quand on parle de confédéralisme. La N-VA ne cache pas sa politique agressive, les autres partis préfèrent enrober l’austérité dans un emballage ‘‘social’’ afin d’éviter de provoquer de larges contestations.
Rien de neuf depuis 2010?
En comparaison de 2007 et 2010, les choses se présentent différemment : une alliance a été conclue contre la N-VA. Cela n’a toutefois rien à faire avec une inquiétude quant aux intérêts des travailleurs. C’est plutôt la volonté d’assurer de disposer d’un gouvernement en bon état de fonctionnement dont il est question, pour le moment où la bourgeoisie voudra lancer de grandes attaques structurelles en passant à l’acte pendant le ‘‘calme électoral’’ post-2014. C’est très précisément dans l’objectif de présenter la facture de la crise aux travailleurs de manière plus efficace que ce front anti-N-VA a été créé.
Pour la classe des travailleurs, il n’y a rien de bon à trouver, ni dans un camp, ni dans l’autre. Des partis traditionnellement liés aux syndicats, on ne peut s’attendre qu’à quelques mesurettes diluées dans un océan d’austérité. A la N-VA, il n’est question que d’austérité dure, mais les chances que cela soit de suite rejeté par l’action du mouvement des travailleurs et par une résistance de masse est plus que probable en s’y prenant ainsi.
Mais, contrairement à 2007 et 2010, on assiste aux premiers pas timides posés dans la direction du développement d’une conscience de classe. L’influence de l’appel de la FGTB de Charleroi est encore limitée en ce moment et la direction de la FGTB soutient toujours un appel pour le ‘‘moindre mal’’ pour les élections de 2014. Mais le travail de Piron et des siens est inestimable, même si les premiers résultats restent pour le moment encore sous la surface. Il ouvre la discussion parmi les syndicalistes les plus conscients et les plus politisés sur le type de parti nécessaire pour la classe des travailleurs, sur la base sur laquelle un programme de classe doit être élaboré,… Le PSL participe activement à cette initiative. Même si cet appel ne conduit pas à temps à de véritables listes unitaires de gauche, le progrès électoral du PTB offre aux jeunes et aux travailleurs combatifs au moins la possibilité de faire un vote de protestation à gauche, ce qui va aussi nourrir la discussion sur la nécessité d’un parti de gauche large et sur la lutte pour des revendications de gauche.
Qui arrivera au pouvoir en 2014 ?
Là où pendant longtemps les sondages montraient une croissance constante de la N-VA, les sondages les plus récents montrent que cette croissance s’est au moins arrêtée. Le front des partis traditionnels et des verts qui s’est constitué autour du gouvernement Di Rupo Ier et durant les négociations sur la sixième réforme d’Etat a évidemment beaucoup joué. Au lieu de constamment s’attaquer entre eux, ils ont maintenant tous la N-VA dans le collimateur.
Mais il y a plus. L’attitude de la presse flamande n’est plus celle de 2010, quand les journalistes bourgeois succombaient massivement à la tentation face au dirigeant charismatique de la N-VA, Bart De Wever. Dans la dernière période il y a eu un tournant dans la presse dite ‘‘de qualité’’ et la N-VA est mise en avant de façon plus négative : le référendum contre la privatisation à Saint-Nicolas balayé par la majorité communale ; l’éclatement de la coalition autour de la N-VA à Turnhout ; les propositions de la N-VA qui s’attaquent au droit constitutionnel (taxe sur les étrangers à Anvers, interdiction du foulard au conseil communal de Boom,…) ; les querelles publiques autour des déclarations de Bracke,… Parallèlement, une approche plus positive a été adoptée envers le gouvernement fédéral et surtout envers Di Rupo lui-même, qui peut aujourd’hui se réjouir – selon les sondages – de disposer d’une certaine ‘‘popularité’’ en Flandre également.
Et d’autres institutions bourgeoises se sont aussi mises dans le camp anti-N-VA. Ainsi, le gouverneur de la province d’Anvers a aboli la première proposition de taxe sur les étrangers dans la ville et, récemment, la Cour Constitutionnelle a envoyé à la poubelle le décret flamand ‘‘habiter dans sa propre région’’ comme discriminatoire et en contradiction complète avec plusieurs directives européennes.
Tout est alors prêt pour rendre possible la poursuite du gouvernement Di Rupo, éventuellement rejoint par les verts, ce que veut la bourgeoisie. La condition pour une formation de gouvernement rapide est cependant que la N-VA n’obtienne pas de score trop élevé : avec un résultat en-dessous des 30%, le jeu prendrait sans doute fin rapidement. Avec un résultat compris entre les 35 et les 40% – ce que le N-VA n’a plus obtenu dans les derniers sondages – cela deviendrait bien plus difficile.
Si la N-VA devient incontournable – si, en d’autres termes, elle obtient la moitié des voix avec le Vlaams Belang – la bourgeoisie va devoir fouiller dans sa vielle boîte à malice. L’histoire belge comprend quelques exemples de partis non-traditionnels devenus grands et qui ont été brulés par le gouvernement, généralement en leur donnant des postes de ministres sur des terrains où des attaques antisociales dures sont prévues. De tels gouvernements sont instables et tombent alors rapidement, après quoi les partis ‘‘fiables’’ reprennent à nouveau le flambeau. S’il faut un tel détour – un gouvernement de droite sous la direction de la N-VA et sans PS et SP.a – cette brève période gouvernementale va toutefois être utilisée afin d’instaurer nombre de mesures durement antisociales, des attaques qui ne seront pas (entièrement) annulées par le gouvernement ‘‘responsable’’ et ‘‘social’’ qui suivra.
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L’austérité frappe les communes et les villes
L’austérité s’applique maintenant à tous les niveaux de pouvoir. Afin de respecter le corset budgétaire, les villes et communes du pays doivent économiser ensemble plus d’un milliard d’euros. L’exemple d’Anvers est particulièrement frappant, mais il n’y a pas besoin de la N-VA et de De Wever pour retrouver ailleurs cette logique antisociale.
Les autorités locales clament qu’il leur est dorénavant impossible de payer les pensions et qu’il faut donc assainir. La réalité, c’est que nous avons assisté ces dernières années à une diminution drastique du nombre de travailleurs statutaires, aux meilleures conditions de travail et de salaire. Le statut contractuel est devenu la norme. La conséquence de cette politique est naturellement qu’un nombre restreint de statutaires doit prendre en charge un nombre relativement plus important de pensionnés statutaires. L’austérité appliquée dans le passé nous revient dessus tel un boomerang. Et quelle réponse apporter aux conséquences de l’austérité ? Encore plus d’austérité !
A Anvers De Wever et consorts se préparent pour un bain de sang social : des 6.500 travailleurs communaux statutaires, entre 1.200 et 1.400 doivent partir. Divers services du secteur social ont perdu une grande partie de leurs subsides et ont dû s’adapter à la perte de 10 à 20% de leurs moyens financiers. Le magazine ‘De Nieuwe Antwerpenaar’ a ainsi dû mettre la clé sous le paillasson. Les parcs à containers sont maintenant payants. Dans les faits, c’est serrage de ceinture à tous niveaux, sauf concernant les Sanctions Administratives Communales (SAC). L’objectif est de récupérer une somme de 1,25 million d’euros avec ces amendes, contre 1 million jusqu’ici.
Une première action de protestation du secteur social a eu lieu le 19 juin. La réaction de l’échevine Liesbeth Homans (N-VA) a été de déclarer que chaque protestation était une “sollicitation pour plus d’assainissements”. L’échevin Marc Van Peel (CD&V) a de son côté tenté de présenter la casse sociale sous un emballage de ‘‘solidarité’’: chacun doit “faire un effort”. Par contre, hors de question de toucher aux moyens des grandes entreprises. Il n’y a rien de ‘‘solidaire’’ dans cette destruction organisée du tissu social.
Cette action du secteur social n’est que la première étape de l’organisation de la résistance contre la politique d’austérité à Anvers. Selon les propres termes de Bart De Wever, une “période dorée pour l’opposition” arrive. En d’autres termes : la casse sociale sera particulièrement sévère. A nous de construire un rapport de force efficace en unissant toutes les victimes de la politique d’austérité : le personnel et les usagers des services publics. Ensemble, plus forts contre le recul social !
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Anvers : Protestations contre la politique locale d'austérité
Quelques centaines de personns se sont réunies hier sur la place principale d’Anvers (la Groenplaats) afin de dénoncer la politique locale de casse sociale appliquée à Anvers sous le mayorat de Bart De Wever. Les manifestants n’ont pas manqué d’audace dans la mesure où l’échevine Liesbeth Homans (N-VA) avait déclaré que chaque manifestation serait une "sollicitation pour plus d’austérité"… Ce lundi, le conseil communal présentera un plan plus détaillé de ses projets antisociaux. Lors de l’action de protestation, on a pu voir de nombreux travailleurs du secteur social et du secteur de la jeunesse, particulièrement menacés par les projets des autorités communales. Plusieurs partis politiques étaient également présents, parmi lesquels le PSL.
Photos par Pieter et Geert
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Anvers : Ne jetez pas de boules de neige, fraudez dans le secteur diamantaire !
A Anvers, il pleut des Sanctions Administratives Communales. C’est avec nostalgie que l’on songe encore à cette époque où l’on pouvait jeter des boules de neige, boire une canette de bière en rue, donner de la nourriture aux nécessiteux,… sans recevoir d’amendes. Il vaut mieux être riche à Anvers, ou alors être très très prudent sur ce que l’on fait en marchant. Avant même de s’en rendre compte, on peut être victime d’une des 60 SAC délivrées quotidiennement dans cette ville.
Tout ça, l’ancienne responsable du département des SAC à la ville d’Anvers, Debby Strybosch, ne le sait que trop bien. A ce poste, elle a laissé libre cours à l’arbitraire le plus total pour ces SAC. Qui peut s’y retrouver mieux qu’elle dans tout ça ? C’est probablement pour cette raison qu’elle a quitté son poste à la ville afin de devenir conseillère juridique… pour un bureau qui s’est spécialisé dans les dossiers de victimes de SAC ! Ainsi, un militant ‘‘d’Occupy Anvers’’ a reçu une publicité pour être juridiquement assisté par Debby Strybosch, le même nom que celui qui figure sur la lettre lui signifiant sa condamnation à payer une SAC ! Cette folie représente un marché très juteux, comme l’a bien remarqué Mme Strybosch en déclarant à la presse que les 22.000 SAC donnée à Anvers en une année constituent un ‘‘nouveau marché’’ intéressant pour les avocats et les juristes.
Beaucoup a déjà été écrit sur la signification et surtout sur l’absurdité de ces amendes. Mais il est aussi fort intéressant de regarder là où la sévérité n’est pas la même. Dans certains domaines, la répression est beaucoup plus laxiste, comme peut en témoigner l’entreprise diamantaire anversoise Omega Diamonds. L’Inspection Spéciale des Impôts (ISI) a conclu une transaction de 150 millions d’euros avec cette entreprise suite à une fraude de… 3 milliards d’euros ! En d’autres termes, la société peut payer son amende avec une part infime de sa fraude. Le gouvernement parle régulièrement d’une approche plus sévère de la fraude fiscale pour remplir les caisses du Trésor public. Mais quand on vole trois milliards et que l’on a juste à rembourser 150 millions, cela ne fait qu’encourager les voleurs.
Ce qui se passe à Anvers est absolument ahurissant. Des fonctionnaires responsables des SAC vous conseillent pour éluder les amendes qu’ils vous ont eux-mêmes données tandis que des enfants qui jouent dans la rue sont plus sévèrement punis que ceux qui fraudent des milliards. Le bourgmestre Bart De Wever parle sans arrêt de la ‘‘force du changement.’’ En attendant, la politique antisociale de ces dernières années ne fait que se poursuivre. C’est d’ailleurs l’argument qui est systématiquement utilisé par la N-VA lorsque des critiques se font entendre contre certaines mesures (comme celle qui interdit désormais aux CPAS de rembourser le traitement d’un sans-papier séropositif) : ce n’est que le durcissement de mesures prises par la majorité précédente. De fait, la population est toujours victime d’une politique antisociale tandis qu’on déroule le tapis rouge aux fraudeurs milliardaires. Une opposition réellement socialiste est plus que jamais nécessaire.
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‘‘Socialisme 2013’’ : Une riposte socialiste contre le nationalisme
Lors du week-end de discussion et de débat Socialisme 2013, il y aura deux commissions consacrées à la question nationale en Belgique et au nationalisme. Plusieurs pays d’Europe sont confrontés à une croissance du nationalisme, comme en Catalogne par exemple. La première commission sera concentrée sur le nationalisme en Europe à partir des exemples d’Irlande du Nors, d’Ecosse et d’Espagne. La seconde abordera plus spécifiquement la question nationale en Belgique dans le cadre des prochaines élections de 2014, avec Anja Deschoemacker.
Samedi 13 avril, 15-17h30 – De l’Ecosse à la Catalogne, la montée du nationalisme en Europe.
En 2014 un referendum aura lieu en Ecosse au sujet de l’indépendance. En Catalogne, la toute nouvelle majorité nationaliste au Parlement régional a voté pour l’organisation d’un tel referendum. Le regard de toutes les forces régionalistes et nationalistes est rivé sur ces développements. Sous la pression de l’approfondissement de la crise, parviendrons-nous à une situation où des pays européens vont effectivement commencer à désintégrer en régions différentes ? Qu’en pensent les marxistes, comment interviennent-ils dans ce débat et avec quel programme ?
Cette commission aura pour orateurs Kevin Henry, membre du Socialist Party (parti-frère du PSL en Irlande du Nord), qui abordera la question de la remontée du nationalisme en Ecosse et en Irlande du Nord, et Juan Antonio Herdi, membre de Socialismo Revolucionario (parti-frère du PSL en Espagne), qui parlera des récents développements qui ont eu lieu en Catalogne mais aussi de la lutte de classe qui se développe en réaction à l’austérité brutale.
Dimanche 14 avril, 10-12h. – Quel programme pour la question nationale en Belgique, en préparation aux élections de 2014 ?
Dans son speech de nouvel an devant ces troupes, Bart De Wever a affirmé que 2013 était une année très importante pour le nationalisme flamand, une année où le confédéralisme est élaboré et préparé. Année importante aussi puisque les chiffres de l’année 2013 peuvent donner la date 1302, quand a eu lieu la fameuse Bataille des Eperons d’Or…
Les médias et les grands partis politiques vont tout faire pour que le débat des élections de 2014 tourne exclusivement autour l’existence d’un Etat belge viable. Allons-nous vers une aventure qui peut conduire à l’autonomie de la Flandre ou les électeurs vont-ils voter contre une répétition du scénario de 2010, et donc préférer des ‘‘partis responsables’’ ? Mais le gouvernement qui sortira des urnes ne va pas se consacrer principalement à l’aspect institutionnel du vivre ensemble. Pour la première fois depuis longtemps, quatre années se succèderont sans aucune élection. La classe des travailleurs peut se préparer à une fameuse accélération de l’offensive concertée, unifiée et structurelle des gouvernements et du patronat contre nos acquis sociaux d’après-guerre.
Anja Deschoemacker, membre de la direction du PSL, parlera du lien entre la nécessité d’une riposte du mouvement ouvrier pour préserver les restes de l’Etat-providence et de l’attitude que doivent adopter les marxistes au sujet de la question nationale afin d’éviter toute division au sein du mouvement des travailleurs.