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  • ELECTIONS 2009: recherche de stabilité et peur d’un bain de sang social

    Ce texte a pour objectif de mettre en lumière les processus sous-jacents qui ont conduit aux résultats électoraux des élections de 2009 en Belgique. Ce texte ne développe pas réellement les développements de la situation économique, mais nous devons être bien conscients que la crise économique est à la base de ces résultats. Une crise économique se développe en différentes étapes, il en va de même pour ses répercussions sur la conscience. De plus, la phase actuelle de la crise a des conséquences différentes pour les diverses couches de la population, ce qui produit également des réactions différentes.

    Texte du Comité National du PSL/LSP du 13 juin 2009

    Il n’y a pas, non plus d’espace dans ce texte pour une véritable évaluation des résultats électoraux pour le reste de l’UE. Le Comité pour une Internationale Ouvrière a publié une première réaction sous la forme de l’article de Robert Bechert, à lire sur le site du PSL (voir ici). Dans les jours et semaines à venir arriveront des analyses plus profondes des différentes sections. Ici, seuls quelques éléments généraux de l’analyse sont cités, ceux qui servent également à l’analyse des résultats électoraux en Belgique.

    Différents processus se croisent

    Pour le moment, la crise économique continue à s’approfondir, bien que certains commentateurs (de la FEB entre autres) mettent actuellement en avant, de façon prudente, l’idée que le «fond» de la crise serait atteint pendant ou après cet été. Ils ajoutent néanmoins de suite qu’il n’y aura pas d’amélioration rapide du marché du travail et que le chômage va continuer à grimper. La Banque Nationale s’attend à la suppression de 140.000 emplois entre fin 2008 et fin 2010. Combiné à la croissance prévue de la population active de 60.000 personnes (avec notamment deux années de jeunes quittant l’enseignement), cela signifie 200.000 chômeurs en plus. La FEB suit également cette analyse car elle ne s’attend pas une montée rapide du niveau d’investissement. De plus, aucun des optimistes n’attend de relance rapide de l’économie, mais seulement une sortie du rouge.

    Chaque mois arrive un nombre record de faillites. La petite bourgeoisie, mais aussi toute une série de PME’s – qui travaillent surtout comme sous-traitants pour des multinationales et d’autres grandes entreprises – sont fortement touchées par la crise. Le nombre de pertes d’emplois continue à monter et l’angoisse est profonde pour l’avenir d’entreprises comme Opel à Anvers. Quand on regarde les conséquences sur la région qu’a eu la fermeture de Boelwerf à Tamise (1994), conséquences qui perdurent encore aujourd’hui, nous savons déjà quels drames sont provoqués par ce type de fermetures. La direction syndicale ne met aucune stratégie en avant, aucun plan, pour éviter ce à quoi la plupart des travailleurs s’attendent maintenant: des licenciements massifs, une montée du chômage et de la pauvreté,… en d’autres termes; un appauvrissement collectif alors que l’austérité d’Etat supprime encore plus de services et d’interventions sociales.

    La presse bourgeoise parle déjà depuis des mois de l’impasse dans laquelle se trouvent les partis sociaux-démocrates en Europe. «Ils devraient toutefois pouvoir profiter de la crise», ont dit les journalistes dans leur pensée mécanique, quelques uns ont même dit que comme cela ne se produisait pas, c’était la preuve de la faillite de Marx (entre autre Frank Vandenbroucke!) Les marxistes ont toutefois une vision plus développée à ce sujet. Ils apprennent de l’histoire que les crises peuvent aussi avoir un effet paralysant sur la classe ouvrière et qu’il est possible que les travailleurs se réactive massivement seulement aux premiers signes de relance économique. Aujourd’hui, le mot paralysie est une expression trop forte, mais il y a néanmoins un élément de cela renforcé par la démotivation consciemment organisée par la direction syndicale.

    Mais les grandes claques reçues par la social-démocratie dans différents pays européens dans ces élections n’ont, en soi, rien à voir avec cela. Ces claques sont arrivées dans les pays où les partis sociaux-démocrates bourgeoisifiés ont été les architectes d’un grand nombre d’attaques contre le mouvement ouvrier au cours des dix dernières années. Le fait de gérer le capitalisme, dans une période de détérioration systématique des conditions de vie de la classe ouvrière depuis le début de la période de dépression en 1974, a de plus en plus vidé ces partis. Le Labour en Grande-Bretagne, le SPD en Allemagne, le PvdA aux Pays-Bas,… sont, tout comme le SP.a en Flandre, sanctionnés pour leur politique. Il reste à peine de quoi se souvenir encore des partis ouvriers qu’ils ont été jadis. Certains partis sociaux-démocrates échappent à une telle punition brutale dont le PSOE en Espagne et le PS en Belgique francophone.

    Dans un certain nombre de pays, la crise s’exprime dans un vote de protestation élevé, le plus souvent sous la forme de votes pour des formations populistes de droite, plus ou moins euro-sceptiques, comme l’expriment la montée de Wilders aux Pays-Bas ou celle de l’UKIP en Grande-Bretagne. Ces formations récoltent un pourcentage de voix plus important que la social-démocratie. Là où ils l’ont pu, ces populistes ont utilisé le large mécontentement qui existe contre l’Europe. Cela n’est en soi pas un nouveau phénomène: depuis le milieu des années ’80 déjà, nous observons la montée de partis (souvent néo-fascistes) qui se servent du populisme et qui se construisent sur le mécontentement social en se basant sur la dégradation générale du standard de vie et des conditions de travail – notamment des salaires, de la pression au travail,… – qui se poursuit systématiquement, y compris en période de croissance économique.

    Aujourd’hui, la palette des partis populistes est plus variée qu’il y a vingt ans. Ce sont toutes des formations petite-bourgeoises qui vivent du vide créé par la disparition des partis ouvriers en tant qu’organisations ouvrières. Le manque de luttes collectives qui stimulent la conscience de classe et qui peuvent offrir de véritables perspectives conduit à la recherche de solutions individuelles ainsi qu’à des éléments de division qui semblent d’autant plus importants que la division de la société en classes a disparu de la scène politique. Dans certains pays, les partis d’extrême-droite et néofascistes ont eu à faire face à une perte de voix comme en Flandre (le FN en France n’est également plus que l’ombre de ce qu’il a été à son sommet). Le Vlaams Belang a perdu des votes car les populistes plus «modérés» ont commencé à viser son électorat. Ces formations n’ont pas l’étiquette du fascisme et d’un racisme «indécent» et ont, à première vue, plus de chance d’être un jour réellement présentes au pouvoir. Pour la même raison, il a perdu une partie de ses votes flamingants au profit de la NVA.

    Mais cela ne doit pas nous tromper. Il est probable que le Vlaams Belang ne chute pas plus profondément. Des trois partis de la petite-bourgeoisie de droite, le Vlaams Belang est celui qui a les structures les plus fortes, le cadre le plus grand et l’implantation la plus large. Des partis comme la LDD, qui dépendent d’un dirigeant charismatique, peuvent disparaître aussi rapidement qu’ils sont arrivés comme la LPF l’a démontré aux Pays-Bas (mais la base sous-jacente à leur montée peut conduire ensuite à ce que de nouveaux phénomènes semblables arrivent). Et des partis flamingants comme la NVA ont dans le passé souvent été mis hors jeu suite à leur participation au pouvoir, quand ils se brulent les ailes avec des compromis.

    Une autre tendance importante de ces élections européennes est la victoire de partis conservateurs de centre-droit ou de droite qui sont, avec plus ou moins d’écart, redevenus les plus grands: les Tories en Grande-Bretagne, le CDU/CSU en Allemagne, l’UMP en France, le PP en Espagne, Berlusconi en Italie, le CD&V en Flandre. L’insécurité créée par la crise peut mener à la polarisation et à l’éparpillement politique (cela se développe presque partout) mais peut également pousser certaines couches de la population (y compris dans une partie de la classe ouvrière) à un désir de stabilité, de vieilles recettes, de politiciens de qui «émane la confiance». Il y a une peur des «aventures» qui se développe maintenant que les choses ne vont pas bien. Ce n’est qu’une phase, vu que ces partis n’ont pas de réponse à offrir face à la crise si ce n’est, au mieux, un accompagnement de la dégradation sociale. Mais la profondeur de la crise a comme conséquence de limiter les moyens pour un tel «accompagnement». Une fois que cela se clarifiera aux yeux de larges couches, le centre politique recommencera à se déplacer.

    Cette tendance a sans doute aussi fait des dégâts parmi les formations et les listes de gauche dans différents pays. Aussi bien en Allemagne qu’aux Pays-Bas, Die Linke et le SP ont fait des scores en-dessous des attentes. En nombre de voix, le SP se fait même dépasser par la formation de «gauche modérée» Groen-Links. En France, la percée attendue du NPA ne s’est pas produite, le NPA obtenant moins de votes que le Front de Gauche (autour le PC) et aucun élu. En Italie, où les dernières élections nationales ont mis fin à la présence conséquente de la gauche radicale au parlement depuis la Deuxième Guerre Mondiale, il n’y a cette fois-ci non plus pas eu d’élu pour la gauche radicale au Parlement Européen. A côté de cet élément objectif, il y a aussi dans ce processus des éléments subjectifs forts sur lesquels on ne peut pas s’étendre dans ce texte. L’élection de Joe Higgins en République Irlandaise – frappée par le développement rapide d’une crise économique profonde après une longue période de croissance élevée – montre qu’un parti de lutte réellement impliqué dans la directions de luttes et de mouvement de la classe ouvrière, armé d’un programme correct et socialiste conséquent, avec des revendications et des campagnes qui rejoignent la conscience et qui met une perspective en avant,… peut obtenir des victoires dans une période de crise.

    En Belgique, la bourgeoisie reçoit un puzzle compliqué

    En Flandre

    La première réaction de la presse – remarquablement unanime dans les différentes parties du pays – était claire: «La Flandre a voté flamand et à droite». Ce discours a un air de déjà-vu: cela semble être une réédition des dernières élections fédérales de 2007. Le PSL/LSP y a déjà répondu à l’époque. Tout comme en 2007 les sondages à la sortie des urnes et autres recherches sur les élections montrent que la question communautaire n’est pas vue comme un thème important par les électeurs (selon une recherche inter-universitaire faite pendant la campagne, il semble que seulement moins de 10% des électeurs flamands choisissent leur vote pour des raisons communautaires). Tout comme en 2007, ce thème était à peine présent et même encore moins durant la campagne proprement dite. Le CD&V a obtenu sa victoire en 2007 avec son image de «bon père de famille» dans un moment de recherche de stabilité et de repos après une coalition violette agitée. Il avait notamment convaincu sa base CSC avec des promesses de 2 milliards d’investissements en plus dans la politique sociale, avec une rhétorique qui tournait autour des soins de santé, de l’aide aux familles, etc. Le CD&V, aidé par son passage dans l’opposition, a beaucoup moins un profil néolibéral que les partis libéraux. Il se profile plus sur la «vieille» politique de conciliation de classes qui était dominante dans la période de croissance des années ’50-’75. Bien que ses liens avec le mouvement ouvrier chrétien soient devenus bien plus faibles et que ce dernier opère de manière indépendante beaucoup plus que par le passée, l’absence d’un vrai parti ouvrier (et donc avec la bourgeoisification de la social-démocratie) défendant réellement les intérêts de la classe ouvrière a pour conséquence que ces liens ne sont pas réellement cassés. La victoire du CD&V ne représente pas dans le paysage politique actuel un vote à droite, mais bien un vote pour un parti qui se profile au centre et lance un message «social».

    Vu l’attitude “réaliste” et plus modérée prise par le CD&V au sujet de la question communautaire, sa volonté publique d’arriver à un accord par les négociations, il est difficile de prétendre que le vote pour le CD&V ait pu être attirant pour les flamingants les plus durs. Dans ces élections, le vote flamingant – les sondages montrent depuis déjà quelque temps qu’un pourcentage stable de plus ou moins 11% de la population se déclare pour l’indépendance de la Flandre – s’est surtout dirigé vers la NVA. Même pour le Vlaams Belang, qui vient historiquement de l’aile d’extrême-droite du Mouvement flamand, le flamingantisme ne constitue pas la raison principale de sa progression électorale. Sa rhétorique anti-establishment et surtout le thème de l’immigration ont joué un rôle beaucoup plus important. Des recherches ont déjà montré que le Vlaams Belang avait même le public électoral le plus monarchiste de tous les partis flamands. Pour la LDD, le communautaire est un élément utilisé de temps à autre, mais ce n’est pas non plus le thème principal sur lequel elle cherche à gagner des votes.

    Après presque trois années de constante surenchère communautaire, la NVA – le seul parti flamand qui a un public électoral attiré par ses positions communautaires de façon si dominante – a réussi à canaliser ce vote flamand au cours de ces élections et à le tirer hors des eaux dangereuses du «flamingantisme antidémocratique», comme la presse bourgeoise l’a écrit. La NVA s’est même fait féliciter pour cela par, entre autres, Patrick Janssens et Caroline Genez (du SPa). La presse bourgeoise dit que la NVA commence à «regagner la position qu’avait la Volksunie dans le temps». La NVA se retrouve néanmoins encore bien loin de cette position: la VU a obtenu 20% des votes à son apogée et était capable de construire une stabilité relative. La NVA n’a pas pu obtenir un tel résultat après trois années de surenchère communautaire, trois années qui pourtant pouvaient faire rêver les partis de la petite-bourgeoisie de «solutions faciles». Le parti a reçu un soutien pour être soi-disant sans concession et en évitant (provisoirement) un deuxième scénario d’Egmont (compromis accepté par la VU qui lui avait fait perdre son soutien) en retirant à temps son soutien aux gouvernements fédéral et flamand. De cette manière, la NVA a retiré à la LDD l’image de «mains propres» que cette dernière ne pouvait de toute façon plus maintenir à cause de l’affaire Vijnck et des bagarres publiques autour de la formations de ses listes. Des recherches sur les élections montrent que, sur base d’une image de «politicien pur», la NVA a obtenu des postes qui n’ont rien a voir avec leur flamingantisme. La grande personnalisation de la politique dans les médias, y compris sur les chaînes publiques, et l’absence de débats vraiment contradictoires conduisent à faire des jeux tels que «l’homme le plus intelligent» (un jeu sur la chaîne publique qui s’est déroulé juste avant la campagne électorale officielle et dans lequel Bart De Wever est apparu comme une star). Cela a donné un énorme forum à des hommes comme De Wever et Dedecker. Comme Dedecker a déjà pu le voir, cet effet peu rapidement diminuer dès qu’une meilleure «figure» est trouvée. La NVA a eu une victoire électorale importante, mais un passage dans le gouvernement, où un compromis sur une réforme d’Etat doit être conclu, ou encore un scénario dans lequel la NVA est mise en avant comme responsable de l’instabilité, peuvent briser ce soutien, dont une partie reviendra alors au Vlaams Belang.

    En ce qui concerne le Mouvement flamand, il faut en plus observer la disparition du SLP (ancien Spirit). Cela confirme notre analyse du nationalisme flamand «progressiste» ou «de gauche», qui n’a plus de base dans la situation objective présente. Les figures provenant de Spirit qui se trouvaient sur d’autres listes ont à peine pu compter sur des partisans à l’exception de Bert Anciaux, qui a finalement pu encore rassembler un nombre raisonnable de votes de préférence. Dans la région de Bruxelles il a une certaine popularité malgré ses nombreux zigzags politiques. C’est d’ailleurs la seule région de Flandre où un certain sentiment d’oppression des flamands demeure, essentiellement à cause de l’expulsion sociale engendrée par les hauts prix des logements. 16. Ce qui a également été remarquable dans ces élections, c’est le sprint très tardif du SP.a pour sortir de la zone de danger de moins de 15% pour les élections régionales. Tout comme le PS en Wallonie, le SP.a a reçu l’aide consciente de la presse bourgeoise. La peur d’un «gouvernement de droite» a été mise en avant avec l’élément de «rien ne va plus aller» ni sur le plan social ni sur le plan de la réforme d’Etat. Au dernier moment, une partie de son public électoral a finalement et par désespoir accordé son vote à se parti qui s’est compromis à mort aux gouvernements. Cela a certainement joué un rôle dans le résultat plus bas que prévu de Groen (qui, contrairement au SP.a, a plus de voix au Parlement Européen comparé aux élections régionales). Groen n’a pas réussi à se présenter comme une force crédible avec de vraies réponses. Cela a peut-être aussi joué un rôle dans le fait que le PvdA n’a même pas fait un semblant de percée. Nos militants avaient fait état de discussions dans le cadre syndical inférieur, où certains pensaient cette fois-ci voter pour le PvdA (mais il était clair que cette tendance ne descendait pas parmi la base et était limité à des individus spécifiques dans l’appareil).

    Mais le parti qui a probablement le plus souffert du sprint final du SP.a au niveau régional est l’Open VLD. Alors que le «VLD flamand» maintenait un profil néolibéral bien dur, Verhofstadt a réussi à se donner une image plus social-libérale pour les européennes. Le SP.a n’a en effet réussi à sortir de la «zone de danger» des 15% qu’au niveau régional puisque sur le plan européen il fait 13,23%. Le VLD a obtenu plus de 5% de plus sur sa liste européenne que sur sa liste régionale. Il y a – sous l’influence de la bourgeoisification totale du SP.a et de l’épisode des gouvernements violets – un certain public qui vacille au niveau électoral entre le VLD et le SP.a. Une partie de cette couche que Verhofstadt a pu convaincre sur le plan européen a finalement voté pour le SP.a à cause du profil de la liste flamande et de la peur, stimulée par les médias, d’un gouvernement totalement de droite sans le SP.a. C’est un élément de plus qui illustre la bourgeoisification totale de ce parti: une bonne part des votes qui l’ont sauvé au dernier moment d’une chute totale ne provient pas du tout de la classe ouvrière. Plus de précisions sur l’analyse du VLD suivra dans la partie du texte consacrée aux résultats du MR.

    Wallonie et Bruxelles

    A la différence de Groen, en Belgique francophone, Ecolo a réussi à faire une très grande percée. Cela a constitué le phénomène le plus important de ces élections, avec le fait que la lourde punition annoncée du PS n’a pas eu lieu, surtout en Wallonie. Mais pour pouvoir estimer correctement le nouveau phénomène – la percée d’Ecolo – il faut premièrement analyser le «vieux» – la puissance durable du PS wallon. Les différences régionales pour les deux phénomènes sont d’importance.

    Malgré toute une série de scandales sur lesquels le MR a beaucoup joué et malgré des sondages terribles, le PS est redevenu le plus grand parti de Wallonie. Il a obtenu 32,77% des votes, ce qui signifie un recul de 4,14% par rapport aux élections régionales précédentes de 2004 et une légère progression par rapport à ses votes aux élections fédérales de 2007. Il faut donc replacer le combat du MR pour faire changer le «centre de gravité de la Wallonie» dans une perspective correcte: le MR n’a obtenu que 23,41%. En sièges, c’est 29 pour le PS et 19 pour le MR.

    Une des raisons de ces résultats est le fait que le MR de Reynders est puni pour son profil néolibéral dur. Des discussions à ce sujet se développent dans le MR également. C’est ce qui est ressorti de la brève période où Aernoudt pouvait se dire membre du MR. Ce n’était pas seulement Deprez (MCC, ex-PSC) mais également le FDF qui voulaient à ce moment-là une rhétorique «social-libérale». Il est probable que le MR commence à réaranger certaines choses après les élections. Le double mandat de Reynders et sa stratégie d’attaque dure contre le PS vont certainement être remis en question. Il va falloir laisser un espace pour que l’aile plus «social-libérale» puisse venir à l’avant du parti. Le très bon résultat de Louis Michel sur la liste européenne face au très mauvais résultat de Reynders à Liège en donne également l’occasion. Nous avons dit en 2007 que les ambitions de Reynders en Wallonie arrivaient trop tard, le néolibéralisme en tant qu’idée étant totalement discrédité par la crise bancaire. Aujourd’hui, ce constat reste correct et joue aussi dans la punition que le VLD a reçu. Celle-ci n’avait pas comme première base «l’affaire Vijnck», mais surtout le maintien d’une rhétorique de diminution des charges et d’autres cadeaux au patronat. «L’affaire Vijnck» n’a été que la dernière goutte qui a montré que dans ce parti, ce sont les postes qui comptent et non pas les idées. Plus important que cela, les plaidoyers du VLD pour la privatisation de De Lijn et pour la commercialisation d’une partie du secteur des soins de santé notamment étaient en retard par rapport à la conscience existante parmi les couches larges, qui ne croient plus aux recettes néolibérales d’hier.

    Pour “changer le centre de gravité en Wallonie”, une campagne anticorruption ne suffit pas. La population part de l’idée – au vu de la confiance très basse accordée aux politiciens montrée par des sondages d’opinion (seulement 17% de confiance) – que chaque personne au pouvoir magouille d’une manière ou d’une autre. Des populistes partout dans le monde se basent sur cette idée. Le scandale des remboursements de frais des parlementaires en Grande-Bretagne a ainsi été la base pour une défaite si humiliante et si profonde pour le Labour. Mais le PS échappe à ce sort. Pourquoi? Premièrement parce que l’alternative du MR fait plus peur qu’elle n’attire. Deuxièmement parce que le PS, grâce au soutien dans les journaux par des messages de panique au sujet des gouvernements sans le PS en pleine crise économique profonde, a de nouveau pu faire appel à tous ses réseaux. Dans ses bastions – où le PS fait localement des scores jusqu’à et même au-dessus de 40% (scores obtenus en Flandre uniquement par le CD&V), toutes les structures et les réseaux qui tournent autour du PS (et comme pour le CD&V en Flandre, cela représente beaucoup) ont été mis en jeu dans un dernier rush avant les élections. Le PS n’a pas obtenu une punition comme la plupart des partis sociaux-démocrates. Il y a même eu un certain élément de «bonus de chancelier» comme pour le CDU en Allemagne ou le CD&V en Flandre. La peur d’un bain de sang social sous un possible gouvernement du MR a toutefois été l’élément dominant pour le score élevé du PS.

    Cela ne change en soi rien dans notre analyse de la bourgeoisification du PS. Il est clair que, de nouveau, beaucoup de gens n’ont pas voté pour ce parti par enthousiasme, mais seulement contre une alternative de droite face au PS. Les médias ont exprimé que le PS avait du soutien parmi la population mais surtout parmi une couche importante de la bourgeoisie elle-même qui reconnaît au PS le mérite de savoir imposer l’austérité à la base de la FGTB et qui craint l’attitude provocatrice du MR contre le mouvement ouvrier. Le PS a joué de façon habile sur cette bipolarisation durant les dernières semaines avec la déclaration de Di Rupo de refuser de gouverner avec le MR. De cette manière, il a clarifié que la seule manière de garantir que le MR reste en dehors du pouvoir était un vote PS. Une autre raison est qu’avec sa campagne «antilibérale», le PS a pu mettre au travail – pour une dernière fois? – tout son réseau de maisons du peuple, etc. La FGTB a joué un rôle dans ce processus avec sa campagne «le capitalisme nuit gravement à la santé». C’était clairement une campagne de soutien à la campagne «antilibérale» de Di Rupo. Cela montre l’importance de notre revendication de «cassez les liens» entre les syndicats et les partis traditionnels. Dans les dernières deux semaines de campagne, ce ne sont d’ailleurs pas seulement la FGTB et l’ABVV qui ont exprimé la nécessité que la social-démocratie soit dans le gouvernement, mais également la CSC/MOC et l’ACV/ACW.

    A Bruxelles, le PS tient une place raisonnable par rapport à la punition annoncée dans les sondages. Il perd quand même la première place au profit du MR. Le VLD devient, lui, le plus grand parti flamand à Bruxelles. La tradition libérale est très forte à Bruxelles. Le pouvoir y était, dans le passé, occupé alternativement par les libéraux et les socialistes. Les scandales du PS ont joué, mais aussi le fait que le MR de Bruxelles a, par son lien avec le FDF, un visage plus «social». D’autre part, le fait que la coalition Olivier sortante n’a pas eu de solution pour les grands problèmes de Bruxelles – un chômage et une pauvreté colossale – a très certainement joué un rôle dans ce résultat.

    La grande percée d’Ecolo ne peut, selon nous, pas être vue comme un «virage à gauche». Ecolo est, en effet, dans son programme et sa rhétorique clairement moins «à gauche» que le PS, certainement en ce qui concerne les thèmes sociaux-économiques classiques. Ecolo profite partiellement de l’acceptation grandissante que quelque chose doit être fait face à la crise environnementale, y compris parmi les cercles gouvernementaux et dans toute sorte d’institutions internationales. Cela rend le message des verts moins utopique et plus crédible. Mais Ecolo n’a pu faire ce score que parce qu’il a pu se profiler comme la seule «alternative sociale et pas de droite» au PS. Les différences régionales sont importantes aussi dans ce processus : les résultats d’Ecolo étaient les plus forts dans le «nouvel axe économique» Bruxelles-Namur-Luxembourg, régions dans lesquelles un tas de nouveaux emplois ont été créés essentiellement dans des entreprises de haute technologie. La population y est moyenne bien plus aisée que dans les bastions du PS, souvent de vieux bassins industriels.

    Il faut aussi remarquer que le nombre de votes pour les partis flamands dans la région de Bruxelles-Capitale a encore diminué. En 2004, il y en avait encore 62.516. Aujourd’hui, cela a diminué jusqu’à 51.811. Dans les médias, notamment sur la chaîne locale flamande-bruxelloise, ils parlent de la fuite de la ville. Mais la raison principale est selon nous le fait que les flamands de Bruxelles se sentent mal à l’aise avec la rhétorique flamingante dure de tous les partis flamands. Cet élément joue aussi dans la victoire du VLD à Bruxelles, un parti qui joue relativement peu sur l’élément communautaire. Le SP.a fait mieux qu’espéré à cause de cela, tout comme Groen.

    Perspectives pour les gouvernements

    Aujourd’hui, il est difficile d’opter avec certitude pour l’un ou l’autre scénario. Il y a maintenant, dans les coulisses, des négociations animées pour mettre en place le puzzle que la classe dirigeante a reçu de la population. Comme nous l’avons dit avant les élections, il est presque exclu qu’un des partis syndicaux (sociaux- et chrétiens-démocrates) tombe dans l’opposition. La nécessité d’un sévère plan d’austérité dans le budget de 2010 et 2011 au niveau fédéral, mais certainement aussi au niveau régional, oblige au maintien de cet axe dans le gouvernement. C’est important également pour réussir une réforme de l’Etat – qui sera surtout financière, avec un changement de la loi de financement qui permettra qu’une bonne part des assainissements puissent être délégués au niveau des régions et des communautés, même si la question plus symbolique de BHV doit aussi être réglée. Cette réforme est considérée comme nécessaire par tous les partis bourgeois pour sortir du blocage actuel et de l’impasse dans laquelle se trouve tout un tas de dossiers sociaux-économiques, mais il faut au moins aussi l’axe libéral. Néanmoins, avoir un partenaire fiable dans le MR au niveau fédéral n’est pas du tout évident si ce parti ne se retrouve dans aucun pouvoir régional.

    Si, en Flandre, une tripartite est mise sur pied, cela sera probablement sans la NVA. Il y a alors la possibilité que le SP.a entre aussi au gouvernement fédéral. Pour cela, il faut premièrement obtenir un score crédible dans les élections mais surtout être préparé et avoir la capacité d’appliquer le programme de la bourgeoisie. Les deux grands syndicats et l’ACW ont déjà dit qu’ils n’accepteraient pas une tripartite de droite (CD&V, VLD, NVA), mathématiquement possible. La nécessité d’assainissements lourds au niveau régional (notamment en transférant des compétences sans transférer de moyens supplémentaires, en diminuant le nombre de fonctionnaires régionaux, en démantelant des services publics, en augmentant les revenus des régions par toutes formes de TVA,…) semble exclure une telle coalition. Seule l’idée d’arriver dans l’opposition en Flandre a poussé certaines grosses têtes du VLD à dire qu’ils se retireraient alors aussi du gouvernement fédéral. Verhofstadt, qui, à cause du grave manque de personnel politique chez les libéraux flamands, doit à nouveau jouer le «numéro un», a déjà corrigé cela. Cependant, il est clair que la stabilité du gouvernement est menacée par la punition des libéraux partout dans le pays (sauf à Bruxelles, où la première position du MR est plus la conséquence d’une punition plus forte du PS que d’une victoire électorale remarquable de la droite).

    La tripartite classique en Flandre va donc le plus probablement survivre bien que les médias mettent maintenant aussi en avant «la grande coalition» : la tripartite classique, complétée de la NVA. De cette manière, le CD&V pourrait se couvrir sur son aile flamingante et tirer la NVA avec lui. Il mettrait ainsi sous pression de façon relativement plus subtile la Belgique francophone pour arriver à un compromis au lieu d’une guerre ouverte et constante, qui n’a rien donné ces dernières années. La faisabilité de ce scénario dépend totalement de la volonté de la NVA d’appliquer le programme de la bourgeoisie (belge): une réforme d’Etat afin que les régions soient responsables du démantèlement social. Pour cela, il va falloir laisser des os à ronger à la NVA, au minimum la scission de BHV sur base négociée (c’est-à-dire avec des concessions aux francophones dans la périphérie).

    Une telle “grande coalition” serait difficilement gérable mais offre en même temps l’avantage que la chute du gouvernement fédéral devient presque impossible. Cela offre au CD&V un énorme avantage face à ses plus petits partenaires : chacun d’eux peut sortir sans que le gouvernement perde sa majorité. Que tous les partenaires soient préparés à y entrer n’est absolument pas certain, mais les avantages du pouvoir sont attractifs, également pour la NVA et certainement pour le SP.a et le VLD qui s’y sont déjà bien habitués.

    Tout compte fait, la formation d’un gouvernement régional en Belgique francophone semble plus difficile. Bien qu’une coalition avec seulement deux partis soit mathématiquement possible (ce qui est totalement exclu en Flandre par l’effritement de tous les partis traditionnels au profit des partis moyens-grands, le CD&V étant le plus grand parti avec 22%), l’éparpillement y est aussi présent mais dans un stade moins avancé. En Wallonie, le marché politique se compose aujourd’hui d’un axe fondamental, le PS, à côté duquel il y a trois partis moyens-grands dont un a voulu lancer défi au PS et le pousser de son trône, mais a échoué. Toutes les petits listes – également celles qui jouaient entièrement sur la question nationale comme des listes régionalistes en Wallonie ou Pro-Bruxsel à Bruxelles – ont fait des scores négligeables et le FN a été totalement écarté de la carte. Mais la percée d’Ecolo montre que le processus d’éparpillement a clairement bien commencé – en Flandre aussi, la montée d’Agalev (l’ancien Groen, après la Volksunie qui a précédé le Vlaams Blok) a été un des premiers signes de l’éparpillement du soutien pour les partis traditionnels.

    La formation des gouvernements à Bruxelles et en Wallonie n’est pas difficile à cause des niveaux régionaux mêmes – Ecolo et CDH, qui font maintenant une tentative de lier leur sort et leurs revendications pour être plus forts dans leurs négociations avec aussi bien le PS que le MR, se sont déclarés en faveur de formules symétriques dans toute la Belgique francophone. Mathématiquement, cela est possible avec une coalition Olivier mais également avec une coalition jamaïcaine. Mais l’entrée du MR dans le gouvernement wallon semble cependant totalement exclu. Derrière les écrans, on cherche sans doute désespérément une possibilité de lier quand même le MR, mais cela semble très difficile. Théoriquement, il serait excellent pour la bourgeoisie qu’Ecolo et le CDH se déclare d’accord de gouverner à Bruxelles avec le MR et en Wallonie et dans la Communauté francophone avec le PS. On va voir si ce scénario est possible, mais cela ne semble pas, à première vue, vraiment probable.

    Si ce sont des coalitions Oliviers sur tous les niveaux (et donc pour un développement où le «centre-gauche» va prendre toute la responsabilité du recul social en Belgique francophone, avec plus tard une punition des électeurs), la question de garantir la stabilité du gouvernement fédéral se pose. Le MR n’a pas déclaré qu’il quitterait le gouvernement fédéral s’il ne peut pas arriver au pouvoir au niveau régional – aujourd’hui aucun parti ne veut être vu comme le responsable de l’instabilité fédérale – mais il est évident que la coopération devient dès lors très difficile et que le menace que le MR s’en aille à un moment qui lui va bien serait fortement présente.

    Écarter les libéraux de tous les niveaux de pouvoir a comme seul avantage le fait qu’un des grands partis traditionnels peut potentiellement se renforcer dans l’opposition. Les désavantages à court terme semblent néanmoins plus grands. En réalité, la nécessité d’une réforme financière de l’Etat comme méthode d’assainissement fait que la disparition d’un des axes fait revenir le spectre du «malgoverno» de la fin des années ’70 – début des années ’80, avec des gouvernements qui tombent tout le temps alors que la bourgeoisie essaie de s’adapter à une nouvelle situation économique et cherche une nouvelle stratégie pour pouvoir imposer son programme. Cette période d’adaptation nécessaire mène à des divisions dans les forces bourgeoises elle-même par rapport à la stratégie à suivre. L’instabilité politique est alors inévitable, mais cela peut alors être l’occasion pour la population, qui a peur des conséquences de la crise, d’attaquer toute la caste politique.

    Nous allons probablement vers une période de formation de gouvernements régionaux un peu plus longue que d’habitude. En Flandre, il n’y a que deux coalitions qui sont mathématiquement possible: la tripartite classique ou une «grande coalition» avec la NVA (comme partenaire non-nécessaire et donc faible). En Belgique francophone, Ecolo va très probablement être présent au pouvoir à tous les niveaux, ce qui amène le risque de brûler rapidement leur soutien (cfr son passage précédent au gouvernement). Il va recevoir un tas de petites concessions sur le plan de l’économie durable, ce marché devenant potentiellement très rentable; des assainissements et l’augmentation de moyens pour l’Etat vont recevoir une couleur verte; sur la question du droit d’asile, les libéraux vont faire les difficiles après leur forte défaite, mais l’élaboration des nouveaux critères plus clairs pour les régularisations semble difficilement évitable à plus long terme,… Mais Ecolo va aussi devoir avaler des concessions dont la plus grande pour elle va être l’ajournement de la fermeture des centrales nucléaires. Peut-être que cela ne va pas se passer explicitement: les dates actuelles de fermetures peuvent être utilisées par le gouvernement belge pour avoir encore une carte en main contre Suez français. Mais en réalité, la dépendance énergétique de la Belgique et l’impossibilité en temps de crise (et donc un Etat avec des moyens limités) de construire un secteur assez fort pour les énergies alternatives vont conduire à l’ajournement de la fermeture.

    En Flandre, notre parti va devoir offrir une réponse aux thèses selon lesquelles la Flandre a voté “à droite et flamand”. La disparition des contradictions de classes sur la scène politique fait qu’il n’y a, en Flandre – par son développement historique spécifique – aucun parti qui n’est pas de droite et flamingant. La rhétorique plus modérée de la NVA, maintenant que la participation gouvernementale est en vue, ne diffère pas fondamentalement de la pratique dans laquelle tous les partis traditionnels flamands ont été impliqués dans la dernière période: utiliser de façon maximale ses propres compétences (comme par exemple une allocation familiale supplémentaire du gouvernement flamand, partie intégrante de l’idée d’une assurance de soins flamande), utiliser la dominance flamande comme un instrument dans les conflits d’intérêts pour forcer l’Etat fédéral ou encore l’imposition de conditions linguistiques, etc. Vandenbroucke (Spa), après les élections, a déclaré à propos de Bart De Wever que c’était comme s’il «s’entendait parler lui-même». La NVA va devoir se plier à moins de violences verbales et à un flamingantisme très modéré pour gagner sa place dans le gouvernement et la garder. Un scénario-Egmont reste alors une menace constante. Mais le parti peut aussi se retirer sans être vu comme le responsable de l’instabilité, comme le gouvernement flamand n’a pas mathématiquement besoin de la NVA.

    En Wallonie et ç Bruxelles, si l’Olivier devient partout la réalité, notre parti va certainement devoir offrir une réponse sur le caractère soi-disant “de gauche” des gouvernements. Nous allons devoir avertir que les résultats d’une tentative de gestion d’un capitalisme en crise sont qu’il est impossible de défendre les intérêts de la classe ouvrière. Nous devons dénoncer le rôle du PS comme la formation la plus importante pour la bourgeoisie – et le fait qu’elle utilise cyniquement les votes de la classe ouvrière. Nous devons aussi dénoncer Ecolo, formation petite-bourgeoise qui, avec sa soif de pouvoir, est une fausse alternative, et – comme en Flandre – mener la propagande autour de l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. La seule chose que l’on peut attendre des «coalitions de gauche» est une détérioration emballée, masquée et accompagnée des conditions de vie et de travail de la majorité de la population.

    Partout, nous devons montrer l’éparpillement causé par la détérioration économique qui se développe depuis déjà le début de la dépression de ’74. Tous les partis traditionnels ont perdu une grande partie de leur crédibilité dans ce processus. La crise actuelle de l’économie mondiale a aussi mis en question le néolibéralisme comme stratégie pour la bourgeoisie ce qui cause une division dans les forces bourgeoises. Mais l’éparpillement à gauche a surtout comme base la bourgeoisification de la social-démocratie. La construction d’un vrai parti de gauche, qui défend bec et ongles les intérêts du mouvement ouvrier est la seule solution permanente face à cet éparpillement. Le discrédit ultérieur de chaque parti impliqué dans le pouvoir, combiné au développement des licenciements massifs, des faillites, du chômage structurel massif etc – et au fait que les dirigeants politiques ne savent rien y changer – vont préparer le chemin pour la pénétration de l’idée de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs dans des couches encore plus larges de la population.

  • Le MAS évalue le CAP et son rôle dans la création d’un nouveau parti des travailleurs en Belgique

    Le CAP était un essai louable pour la création d’un nouveau parti des travailleurs mais il s’est heurté aux obstacles sur son chemin

    Comité National du MAS, 3-4 Mai

    1. Que la création d’un nouveau parti des travailleurs ne serait pas un processus linéaire, nous le savions au travers des expériences internationales de plusieurs sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et nous l’avions déjà écrit à de nombreuses reprises. L’expérience du CAP illustre que diverses étapes devront être parcourues avant de pouvoir réussir vraiment un nouveau parti.

    2. Le processus de formation d’un organe politique de lutte pour la classe des travailleurs est déterminé dans chaque pays par la situation objective spécifique, l’organisation de la classe des travailleurs, les groupes de gauche existants,… En Belgique, comme nous le disions déjà dans le passé, le processus devrait inévitablement passer par l’étape de cassure massive de la part de la base syndicale avec sa direction social-démocrate et ses partis: le SP.a et le PS. La lutte contre le Pacte de Solidarité entre les Générations portait en soi, selon nous, des éléments d’une telle cassure. C’est sur base de cette lutte qu’un socialiste “classique” tel que Sleeckx et l’ancien président de la FGTB Debunne sont arrivés à la conclusion qu’à côté du SP.a, il fallait un nouveau parti pour la classe des travailleurs. Ce constat a été porté par un groupe important de syndicalistes en Flandre. Faire un constat correct est une chose, prendre une initiative politique adaptée, avec l’approche et le programme nécessaire pour faire aboutir un tel parti en est une autre. C’est ce que nous avons pu vivre dans la pratique ces deux dernières années.

    3. Le Comité pour une Autre Politique avait un potentiel important et il était donc à 100% nécessaire que le MAS/LSP avec quelques centaines de syndicalistes, de militants et de gens de gauche saisissent ces possibilités afin de réunir les forces et de lancer un nouveau parti large des travailleurs.

    4. La lutte des classes n’est pas un jeu de société, mais une lutte qui exige du sérieux et de l’acharnement, vu le caractère impitoyable de notre adversaire, la classe des capitalistes. Celle-ci a déjà suffisamment prouvé qu’elle ne se gênait pas pour museler la classe des travailleurs. La violence brutale est une méthode qu’elle utilise, mais la ruse, la tromperie, la corruption, la trahison,… sont souvent des méthodes plus subtiles. Face à cela, la classe des travailleurs à besoin d’un organe politique résolu, inflexible qui s’attaque avec un programme clair aux forces qui défendent les intérêts de la classe dominante et qui sont donc irréconciliables avec les intérêts des la classe laborieuse. La détermination, la clarté, l’ouverture (vers l’intérieur et vers l’extérieur) et un programme pour la classe des travailleurs sont indispensables si l’initiative veut avancer dans la direction d’un nouveau parti. Malgré la bonne volonté de bon nombre de ses membres, le CAP s’est heurté à plusieurs reprises à des obstacles sur la voie vers un tel parti.

    5. Ce texte a comme objectif de faire une évaluation solide des deux années où le CAP a été un pôle d’attraction pour certains parmi les couches les plus conscientes de la classe des travailleurs. Cette évaluation ne sera pas seulement utilisée en interne au MAS/LSP afin de décider notre attitude face au CAP actuel. Mais elle sera aussi publiée afin de s’intégrer dans l’analyse et le débat qui découle de cette première étape dans le processus de la création d’un parti pour la classe des travailleurs.

    6. Le contexte politique dans lequel les développements dans et autour du CAP se sont déroulés est essentiel. Dans un article approfondi paru dans le magazine Marxisme.Org, nous avions expliqué les développements politiques et sociaux qui ont menés à la création du CAP. Le lecteur pourra trouver des analyses et des commentaires sur les activités et les développements du CAP dans les dizaines d’articles publiés dans notre mensuel Alternative Socialiste et sur notre site www.socialisme.be, Ceux-ci sont déjà une source riche sur l’histoire du CAP. Ce texte a comme objectif de lier les divers points, de remplir les trous, d’offrir une vue d’ensemble des discussions les plus importantes et d’offrir une évaluation après les faits. Nous espérons qu’il sera une contribution pour tous ceux qui ont été impliqués dans une année et demi de fonctionnement du CAP et pour ceux qui s’impliqueront dans les futures initiatives de la classe des travailleurs pour se créer un organe politiquement indépendant.

    L’appel de Sleeckx reçoit du répondant

    7. C’est au début août 2006, période creuse dans les médias. Depuis novembre 2005, des articles étaient paru sporadiquement, notamment dans Knack, dans lesquels Jef Sleeckx exprimait son désaccord avec la politique du SP.a et suggérait la nécessité d’un nouveau parti. Le 2 août 2006, De Morgen publie un article sur les plans de Sleeckx. Très vite les événements s’enchaînent et des articles suivent dans tous les journeaux et magazines – Knack, Menzo, P-magazine, … Les titres parlent d’eux-mêmes : « Nouveau parti des travailleurs sur le chantier » (De Morgen, 02/08/06) et « Nouveau parti des travailleurs en automne » (De Standaard, 02/08/06). Ces titres et le contenu des articles ont créé un enthousiasme énorme dans un public large, en quelques jours des centaines de personnes intéressées s’inscrivent pour recevoir le bulletin d’information électronique du CAP ou envoient des mails et des lettres pour communiquer leur soutien. En même temps que l’enthousiasme, l’attention des médias a aussi fait naître des attentes : à l’automne un nouveau parti va se créer – c’est exactement ainsi que le CAP à été annoncé au grand public. Hélas, à ce moment, le CAP était déjà entré dans l’impasse de la recherche de compromis avec Une Autre Gauche (UAG). Et au lieu d’arriver à un compromis permettant d’aller de l’avant, le CAP a été pendant plus qu’un demi-an mené en bateau et finalement aussi largué.

    8. En politique, le sens du moment est une arme importante. Lors de la création d’un nouveau mouvement politique, il faut utiliser la période limitée d’attention et d’enthousiasme. La stratégie qui consistait à essayer d’arriver à des compromis avec tout le monde, y compris un chien avec un chapeau, a conduit le CAP dans impasse qui a fait que les centaines de personnes vraiment intéressées qui ont pris contact pendant l’été ont dû prendre place dans la salle d’attente sans savoir si un jour ils seraient reçus. Ainsi, il a encore fallu 4 mois, soit jusqu’au 15 décembre, avant qu’une carte de membre puisse être proposée aux gens intéressés. En ce qui concerne la clarté sur une participation indépendante aux élections, il a fallu attendre encore plus longtemps.

    9. Depuis quelques mois, avant que se déclenche l’orage médiatique, diverses réunions locales se sont déroulées de “l’initiative Sleeckx” qui deviendra plus tard le Comité pour une Autre Politique. En janvier 2006, Sleeckx avait accepté notre invitation à une rencontre avec le Bureau exécutif du MAS/LSP. La base pour la discussion était entre autre le rencontre intéressante que Jef a eu avec un petit vingtaine de délégués syndicaux du secteur de chimie en Anvers. De cette rencontre il apparait clairement que non pas seulement Jef était préparé de lancer un appel, mais aussi qu’une initiative de Jef pouvait compter d’un large soutien parmi les syndicalistes. Cette rencontre était une première expérience importante qui nous mettait à inviter Jef pour une discussion. Pendant cette conversation, il est apparu clairement que Sleeckx et un certain nombre de ses partisans (Lode Van Outrive, Raf Verbeke, Theo Mewis) avaient l’intention de lancer une campagne pour un nouveau parti large et qu’ils tendaient la main aux organisations existantes pour qu’elles participent à l’initiative tout en gardant leurs spécificités. Selon l’explication de Jef, il était clair que, sur un nombre important de questions, ils avaient des positions proches de celles du MAS/LSP. Tout d’abord, que l’initiative ne devait pas s’orienter principalement vers la gauche radicale, mais vers le nombre important de travailleurs et de jeunes qui n’ont plus de toit politique et sont à la recherche d’une alternative de gauche claire. Ensuite que nous avions besoin d’un parti national au delà des frontières linguistiques afin de pouvoir surmonter les discussions communautaires. Et finalement qu’un nouveau parti des travailleurs serait capable, à travers la lutte et un programme pour la classe de travailleurs, de reprendre des voix au Vlaams Belang et donc qu’un profil anti-raciste serait très important. Sur base de ces conditions, le MAS/LSP s’est directement rangé derrière l’initiative de Jef et a proposé d’organiser ensemble un certain nombre de meetings locaux afin de tâter le terrain.

    10. Après la discussion nous avons proposé de lancer un appel pour un grand rassemblement en automne avec l’objectif de rassembler 5 à 600 personnes. Ce n’est que de cette manière que la campagne pouvait être concrétisée et qu’une mobilisation pouvait être faite afin de pouvoir à un certain moment évaluer les forces participantes. Ainsi l’idée d’organiser “une journée pour une autre politique” le 28 octobre 2006, soit un an après la manifestation de 100.000 syndicalistes contre le Pacte de Solidarité entre les Générations, a pris forme. La journée s’est finalement déroulée avec 650 présents.

    UAG entre en scène

    11. Le 22 février 2006 est paru dans La Libre Belgique un appel pour “Une Autre Gauche” signé par Carine Russo (qui se présentera finalement sur la liste d’Ecolo en 2007 et y obtiendra presque 58.000 voix de préférences), Jef Sleeckx, Nadine Rosa-Rosso (l’ancienne secrétaire générale du PTB) quelques professeurs d’université, des syndicalistes et les initiateurs, Freddy Dewille (POS), Alain Van Praet (ex-POS et délégué CSC) et Corine Gobin (prof à ULB). Ce texte commençait en force « Il est urgent de repenser la gauche. » Et finissait ainsi : « Nous invitons tous ceux et toutes celles qui ne veulent pas se résigner au désordre établi actuel, qui refusent de s’incliner devant la prétendue fatalité de la crise, qui excluent d’observer sans réagir la montée de la « peste brune », à se regrouper pour commencer à construire une alternative transformatrice de la société. » Pas mal en terme de phraséologie. Mais, après coup, beaucoup de bruit pour pas grand chose.

    12. UAG s’est réunie pour la première fois le samedi 11 mars 2006. Parmi les 35 présents, il y avait quelques membres du MAS/LSP et quelques membres du CAP. La discussion s’est relativement bien passée, bien que beaucoup de questions subsistaient sur quel type d’initiative était nécessaire. Il a été décidé de se réunir à nouveau le 1er avril après concertation avec Sleeckx.

    13. Le 1er avril s’est donc tenue la réunion suivante d’UAG, avec 45 présents, dont une dizaine de membres du MAS/LSP et Jef Sleeckx. On s’y est accordé après un long débat sur le fait de distribuer un tract commun le 1er mai. Des projets et des propositions pouvaient être envoyés à Nadine Rosa-Rosso et des volontaires devaient se réunir le lundi de Pâques (12 avril) afin de discuter et de décider du tract.

    14. Le processus pour en arriver à un tract du 1er mai a tout de suite illustré le problème de méthode de fonctionnement au sein d’UAG, qui deviendra plus tard insurmontable. Les initiateurs considéraient UAG comme leur propriété personnelle et exigeaient par conséquent un droit de veto sur toute discussion et décision. Dans la discussion sur le tract du 1er mai beaucoup – énormément – de divergences politiques sont apparues. Mais il y avait néanmoins parmi les 30 individus à cette réunion la volonté politique d’aboutir à un tract commun. Après 2 heures de discussion, un petit groupe de travail a été formé pour écrire mot par mot un tract acceptable pour chacun. Ce groupe a réuni Bart Vandersteene et Griet VM du côté néerlandophone, Nadine Rosa-Rosso, Ataulfo Riera (POS) et quelques autres du côté francophone. Puis le projet de tract a été lu à haute voie aux présents et a été accepté avec enthousiasme sous les applaudissements. En réponse à tous les préjugés, il était démontré que la collaboration était possible. Mais les 30 braves qui se sont réunis ce lundi de Pâques afin d’écrire le tract n’avaient, dans leur enthousiasme, pas tenu compte des initiateurs d’UAG. Ceux-ci, qui ne savaient pas être présents ce lundi, n’ont pas été non plus d’accord après coup avec le contenu, ont changé le tract à leur gré et ont imposé leur version comme celle qu’UAG allait distribuer le 1er mai.

    15. Le MAS/LSP à condamné cette méthode et refusé de distribuer le tract UAG : il a donc distribué le tract CAP dans les deux langues partout dans le pays. L’attitude des initiateurs d’UAG et encore plus l’acceptation de cette méthode par un nombre important d’UAG a illustré non seulement le caractère des initiateurs, mais surtout le caractère que toute l’initiative prenait. Chaque discussion portant sur le contenu se terminait en injures où les procès d’intentions et la méfiance étaient injectés comme un poison. Le POS/SAP (maintenant LCR/SAP) porte la responsabilité de cette méthode. Le contenu des discussions n’était pas négligeable et il était urgent de l’approfondir, mais cela ne s’est jamais fait de façon sérieuse.

    Quelles étaient les divergences politiques les plus importantes?

    Dans les paragraphes qui suivent nous voulons profondément entrer sur les différences d’opinion importantes qui parcouraient le CAP et UAG et qui sont apparu insurmontable pour arriver à une coopération. L’attention large qu’on donne à cet élément dans ce texte a tout à faire avec les arguments de contenu, qui vont selon nous revenir toujours de nouveau dans l’avenir s’il y a des initiatives envers un nouveau parti des travailleurs. La place qu’on donne ici n’est d’aucune manière une expression du poids dans la société qu’on donne à des organisations comme UAG et d’autres qui ont défendus leurs méthodes et programme.

    Avons-nous besoin d’un nouveau parti des travailleurs ou plutôt d’une recomposition de la gauche radicale?

    16. Un nouveau parti des travailleurs se crée selon nous après que la classe des travailleurs ait constaté à travers la lutte qu’elle ne dispose plus d’un instrument politique. La social-démocratie, qui depuis longtemps a à sa tête une direction pro-capitaliste, a été pendant longtemps le lieu de rassemblement des travailleurs les plus politisés. Dans les années de croissance économique inédite d’après la 2e Guerre mondiale, elle a pu, malgré son rôle traître, se créer une aura de lutte pour la justice sociale et pour les intérêts de la classe des travailleurs. Elle s’est accaparé les progrès obtenus. Pourtant c’est souvent malgré la direction social-démocrate que les travailleurs ont arraché des concessions. La phase de néolibéralisme, commencée dès le début des années ’80 avec la politique de Thatcher, Reagan,… a été renforcée par la chute du stalinisme. La social-démocratie qui avait jusque là exprimé de façon déformée la politique de la classe des travailleurs, a rejeté toute référence au socialisme et à la lutte des travailleurs et est devenue le meilleur exécuteur des plans et des intérêts de la bourgeoisie, justement à cause de son lien historique avec les sections les plus combatives du mouvement ouvrier.

    17. Une classe de travailleurs dépourvue de voix politique et donc de cadre idéologique fait parfois des sauts étranges dans sa conscience et son comportement électoral. La baisse de conscience de la classe explique pourquoi toute une série de populistes, de tendance droitière et néo-fasciste, ont pu récolter des votes parmi ceux qui avaient quitté la social-démocratie par dégoût. Il faudra une lutte profonde avant qu’une masse critique se rassemble pour la création d’une nouvelle expression politique de la classe des travailleurs. Une telle formation aura comme tâche importante de remettre à l’ordre du débat politique une approche de classe.

    18. L’appel à une “recomposition” de la gauche radicale, par contre, est de fait le cri désespéré et pessimiste des perdants de la gauche radicale. C’est l’expression du moral de ceux qui ont essayé en vain au cours de ces 25 dernières années de construire un mouvement de la gauche radicale et qui cherchent, après leur défaite, la chaleur d’un foyer afin de digérer « ensemble » leurs défaites. Car soyons honnêtes, l’existence séparée de quelques groupes de la gauche radicale n’est pas le problème fondamental. Additionnons-les et nous n’arrivons toujours qu’à une petite organisation. Le problème avec lequel la classe des travailleurs est confrontée, c’est qu’il n’existe pas un parti de quelques dizaines de milliers de membres, où des opinions et des courants idéologiques divergents coexistent dans un débat ouvert. Un parti qui par sa présence incite à l’action et au débat.

    19. Qu’il existe aujourd’hui divers groupes de la gauche radicale avec divers programmes, diverses méthodes,… est le produit du 20e siècle qui a été un siècle de tentatives manquées de construire une société socialiste. A travers des dizaines de révolutions, en Russie, en Chine, en Allemagne, en Espagne, au Chili, au Portugal, au Nicaragua, à Cuba, … la classe des travailleurs a essayé de renverser la société capitaliste et de construire une société sans classes. Partout des erreurs terribles ont été commises, ou alors, comme cela a été le cas en Russie, une révolution réussie s’est bureaucratisée à cause de son isolement. Toute ces défaites et erreurs ont conduit à des analyses et des conclusions différentes et donc des organisations différentes. De cette manière, nous portons l’histoire du mouvement ouvrier avec nous.

    20. Le problème avec la “recomposition de la gauche”, c’est que ce concept ne considère pas les tâches politiques d’aujourd’hui comme les conclusions de la lutte des classes, avec ses phases de montée et ses phases de recul, mais comme une affaire interne à la gauche radicale.

    21. C’est un concept qui en même temps exprime aussi un manque de confiance en la capacité de la classe des travailleurs de reconstruire, même après une défaite comme celle de la chute du stalinisme, leur propre parti. Ces concepts différents mènent à des méthodes et des programmes totalement différents. Qui est l’acteur principal dans ce processus? La nouvelle génération de la classe des travailleurs qui veut lutter pour une nouvelle voix politique où plutôt les protagonistes de la gauche radicale qui veulent en arriver à un accord entre eux et qui, pour cela, doivent donc nier le 20e siècle?

    Avons-nous besoin d’une initiative qui part de la lutte contre le néolibéralisme où d’un projet anticapitaliste?

    22. La lutte contre le néolibéralisme et la défense des intérêts des victimes du néolibéralisme : c’était selon nous la base sur laquelle une nouvelle initiative pouvait être lancée. Cette ligne de rupture est un remplissage populaire et actuel des contradictions de classe dans la société. C’est une ligne claire. Selon UAG l’initiative devait avoir dès le début un caractère anticapitaliste. Cela exprimait de manière populaire les contradictions de classes dans la société. Pour UAG par contre, l’initiative devait avoir une étiquette clairement anticapitaliste.

    23. Pour nous la proclamation d’une initiative comme anticapitaliste ou de gauche n’est pas en soi le principal. Il y a des partis en Europe qui se disent de gauche et même anticapitalistes et qui participent en même temps à la politique néolibérale. En Allemagne, Die Linke participe aux gouvernements locaux dans les Länder de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale et de Berlin, où elle applique une politique néolibérale désastreuse. C’est pourquoi le WASG Berlin a de justesse opté pour ne pas se présenter avec Die Linke aux élections régionales de septembre 2006, mais pour se présenter indépendamment. Comme Lucy Redler, porte-parole du WASG-Berlin, le disait: « Quelle est la crédibilité d’un parti qui parle du socialisme le dimanche et applique des assainissements le lundi ». Un autre exemple est le Parti de la refondation Communiste (PRC) en Italie, qui se dit de gauche et anticapitaliste tout en participant au gouvernement Prodi, en y ayant des postes de ministre et en étant ainsi coresponsable de la politique et de l’échec de ce gouvernement. On n’est pas nécessairement plus à gauche ou plus clairement anticapitaliste en se donnant ce titre, mais par ce qu’on fait en pratique. Le PRC, un parti qui n’a pas seulement un profil anticapitaliste, mais qui porte même le communisme dans son nom, vient de perdre tous ses parlementaires dans les élections récentes. Un parti avec plus de 100.000 membres a été démoli en une participation gouvernementale. Le sommet recherche déjà des postes dans la formation social-démocrate nouvellement construite et la base est délaissée, étonnée et indignée. Le PRC avait parlé à l’imagination partout en Europe et était devenu le point de référence pour beaucoup. Dans ce sens, sa défaite est une tragédie pour la gauche au niveau international. La thèse de base d’une nouvelle initiative doit selon nous contenir un rejet de la politique néolibérale et un rejet très clair de participation à cette politique. Après lequel suit évidemment la discussion sur le programme avec lequel cela est le mieux possible. MAS va dans ces discussions toujours défendre un programme anticapitaliste, même plus : un programma révolutionnaire. Mais cela n’est pas pour nous une condition pour notre participation dans un nouveau parti. Nous pouvons accepter si la tendance dominante dans le mouvement ouvrier part encore plus de tentatives de changements réformistes au capitalisme.

    La défaite du Partito della Rifondazione Comunista est une confirmation de notre position qu’il ne suffit pas tout simplement de créer un nouveau parti. Mais nous avons besoin d’un parti enraciné dans la classe ouvrière, où toute la pourriture de la politique traditionnelle – la chasse aux postes, le carriérisme, la bureaucratie – est bannie. Ceci n’est possible qu’avec un vrai programme socialiste. Ce n’est pas le titre, le nom, ni l’étiquette qui déterminent la voie qu’un parti de gauche suivra, mais bien sa composition, son programme, sa direction et son activité.

    24. Le POS/SAP va après présenter de nouveau l’attitude du MAS dans cette discussion comme un manœuvre. Dans ce sens qu’ils partent de l’idée que nous ne racontent dans notre argumentation jamais la vérité totale. Dans ces discussions nous avons eu selon eux surtout l’objective de lancer un parti large pou pouvoir nous identifier le plus clairement que possible comme l’aile révolutionnaire. Pour cette organisation la politique révolutionnaire n’est pas une question de discussion et de convaincre envers le débat et la pratique, mais un enchainement de manœuvres pour obtenir des choses, occuper des poste, influencer des décisions. Cette organisation, comme on l’a pu expérimenter plusieurs fois, et aussi un nombre important de leurs ex-membres qui ont été éduqué politiquement avec ces méthodes, ne peuvent apparemment ne pas s’imaginer que nous entrons la lutte de classe et le débat nécessaire dans cette lutte, à visage découvert, avec une argumentation et des idées ouverts. En vue qu’ils ont pris comme méthode le manoeuvrisme, qu’ils ont vue au travail les staliniens qui sont maître de cette méthode, ils partent sans doute de la constatation que c’est ce que tout le monde fait ;

    25. Le point avancé dans cette discussion était selon nous aussi une discussion sur l’orientation du CAP et d’UAG. La question à laquelle il faut répondre est: comment atteindre les centaines et les milliers de travailleurs et de jeunes qui se sentent délaissés par ces partis qui ont dans le passé prétendu défendre leurs intérêts. Et quel est le langage que nous utiliserons? Est-ce un langage et un style compréhensibles, qui partent en premier lieu des expériences et des considérations de ces travailleurs et ces jeunes que nous voulons atteindre ? Où partons-nous au contraire de l’idée que la gauche est en crise et qu’elle doit se regrouper afin de construire la vraie gauche ? Ce sont deux visions différentes qui mènent à des pratiques différentes.

    26. UAG et avec beaucoup d’ardeur aussi le POS/SAP expliquaient cette attitude du CAP de façon magique par l’impact de l’extrême- droite en Flandre. Ils prétendaient que le Vlaams Belang et la propagande de droite et raciste avaient frappé si fortement que même la gauche radicale n’osait plus se présenter comme anticapitaliste. De cette manière, une discussion sur le programme, l’orientation et les objectifs était facilement esquivée et ridiculisée.

    Allons-nous lutter contre la surenchère communautaire et la politique de « diviser pour régner » ou sommes-nous d’accord que deux mondes différents ne peuvent collaborer dans un modèle confédéral ?

    27. UAG a répandu l’idée que la situation en Flandre et en Wallonie était si différente que cela demandait des approches séparées. L’argument était surtout utilisé pour interdire aux Flamands de se mêler des discussions en Wallonie et cela a servi aussi comme explication magique face à chaque divergence d’opinion : « la situation chez nous est différente ».

    28. Nier les différences réelles entre la Wallonie et la Flandre serait difficile vu les différences de langue et de culture, les différences économiques et de niveau de chômage, les rapports différents entre les syndicats rouge et vert, … Mais ces différences sont-elles tellement plus grandes que celles entre la ville d’Anvers et certaines régions de Flandre Occidentale ou du Limbourg, ou que celles entre Namur et le Borinage? Chaque parti traditionnel est aujourd’hui organisé sur base communautaire. C’est pourquoi ils approchent chaque problème à partir de cette logique. Cela est même apparu comme une bonne façon de détourner l’attention des réelles contradictions dans la société. Le mouvement ouvrier a au contraire besoin d’une unité la plus grande possible, au delà des frontières, qu’elles soient linguistiques, religieuses, de couleur de peau, de sexe, d’origine, de nationalité,…

    29. UAG est arrivée avec cette proposition d’une coopération confédérale juste au moment où la surenchère communautaire commençait à se développer. Des sondages ont montré plus tard que, malgré l’énorme propagande communautaire, des deux côtés de la frontière linguistique, il y avait peu de monde qui était chaud pour une guerre communautaire. La plupart des gens se rendent compte que les mécanismes de solidarité vont être démantelés si le pays scissionne et que les gens normaux n’ont qu’à y perdre. Imaginez quel écho aurait trouvé un nouveau parti lorsqu’il aurait pris une position de classe conséquente dans la plus longue crise politique de l’histoire belge.

    30. Dans l’Alternative Socialiste de juin 2006, nous avons répondu aux propositions d’UAG d’adopter une structure confédérale, dans laquelle un groupe néerlandophone et un groupe francophone se consultent : « Dans le contexte politique et social actuel, le mouvement ouvrier est menacé par un dangereux virus : l’idée qu’un travailleur wallon lutte dans un contexte fondamentalement différent du travailleur flamand, qu’il y a deux réalités distinctes qui demandent des réponses distinctes. Cette logique a mené à la scission de la Centrale des Métallurgistes de la FGTB et est utilisée pour agrandir encore la fissure entre travailleurs flamands, wallons et bruxellois. Les seuls à avoir un intérêt à diviser la classe ouvrière sont ceux qui le font consciemment pour pouvoir mieux régner. Le mouvement ouvrier a besoin d’une sécurité sociale nationale, d’un mouvement syndical national et d’un instrument politique national. Une telle initiative nationale doit être prête à l’automne. Chaque jour offre son lot de tentatives des partis traditionnels et des médias bourgeois pour dresser les différents groupes de la population les uns contre les autres. Mais une fois entré en action, comme contre le Pacte des Générations, le mouvement ouvrier peut comprendre rapidement que son atout le plus important est la solidarité. Cette solidarité doit être centrale à tout niveau dans une nouvelle formation politique. »

    31. Un modèle confédéral ne crée pas seulement la désunion et des complications pratiques, par exemple autour de la question : "quid de Bruxelles"? Selon UAG, Bruxelles était une ville francophone et dès lors "territoire UAG" et elle a donc refusé d’organiser des réunions communes CAP/UAG à Bruxelles. C’était également en même temps une prise de position politique qui se serait faite à la longue sentir dans le programme qu’une telle formation politique défend, dans le sens où elle deviendrait la proie des réflexes régionaux, de la défense des intérêts d’un groupe linguistique contre l’autre.

    Commençons-nous un processus avec des étapes successives ou délivrons-nous un projet tout prêt ?

    32. UAG a voulu livrer d’abord un programme tout prêt et des statuts avant d’aller chercher des partisans. De cette manière, ils se préparaient à élaborer leur réflexion en tant qu’élite éclairée à la place des masses. Notre position était toujours de permettre à l’initiative d’avancer, avec par exemple un programme électoral, sans pour autant déjà graver dans la pierre le programme du nouveau parti. Dans une première phase CAP/UAG avait selon nous besoin d’un programme de dix points autour duquel tout le monde peut se mettre et qui montrait en grandes lignes notre résistance contre le néolibéralisme et des effets. Selon nous, le programme de celui-ci doit être le résultat d’un processus de discussion approfondi dans lequel les masses qui forment le parti sont impliquées et où la discussion est basée sur les premières expériences collectives de la lutte et des campagnes.

    33. Nous aurions tout à fait pu décider le 28 octobre que le CAP/UAG défendrait un programme socialiste révolutionnaire. Malheureusement cela aurait été au même moment la fin de l’initiative large. La tendance dominante dans le mouvement des travailleurs n’en est pas à tirer des conclusions révolutionnaires – sinon nous pourrions construire le MAS/LSP en tant que parti de masse ! Ce qui existe principalement, c’est une recherche de réponses. Et nous sommes persuadés que si les travailleurs peuvent tirer des conclusions sur base des expériences concrètes dans la lutte et du débat qui vient avec, une grande partie d’entre eux en tirera des conclusions révolutionnaires. Mais cela ne pourra arriver que sur base des luttes et de l’expérience.. Comme nous l’avons déjà souvent expliqué, nous défendrons toujours un projet socialiste révolutionnaire au sein d’une nouvelle formation, mais comme contribution au débat et pas comme une condition pour notre engagement. UAG a voulu coller un billet anticapitaliste sur l’initiative avant que ceux à qui elle est destinée aient eu l’occasion de se prononcer au sujet du contenu d’un programme!

    Une nouvelle initiative a-t-elle besoin d’un fonctionnement par lequel la liberté de débat est stimulée ou doit-elle surtout servir à clouer le bec aux organisations existantes?

    34. Si une « recomposition » de la gauche est à l’ordre du jour, alors la conclusion est évidente : la première tâche est de finir avec la vieille composition. De cette logique l’existence des organisations de la gauche radicale est le problème fondamental et les organisations existantes doivent donc jeter par-dessus bord leurs structures, leur spécificité propre et le programme qu’elles ont mis un long travail à construire. Ce point de départ ne peut que mener qu’à des problèmes lorsqu’il s’agit de construire un parti où existe la liberté de défendre un certain programme. En fin de compte, au lieu d’organiser un endroit pour le débat, cette nouvelle initiative devient une prison pour tous ceux qui ont des idées et veulent les défendre.

    35. Pour qui le MAS/LSP a-t-il été un problème au sein du CAP ? Pour les nombreux travailleurs ordinaires qui estiment chaque contribution honnête à sa valeur et pour ceux qui non seulement parlent mais en plus passent aux actes ? Non. Pour eux, il a été facile de voir qui étaient les beaux parleurs et qui a combiné les arguments et la pratique. Cependant, pour ceux qui ont essentiellement considéré le MAS comme une menace et ne le voyaient pas comme une contribution précieuse, notre organisation représentait l’ennemi public n°1 dont tout le monde devait se méfier et contre qui il fallait s’opposer et former un bloc. Cette politique de calomnie et manipulation n’a pas pris pendant la première phase de formation du CAP. Une fois le recul commencé plusieurs raisons étaient cherchées et trouvées pour l’échec, où le plus grand component était facilement montré du doigt par quelques uns. Même s’il n’y avait pas d’occasion directe et d’arguments concrets.

    36. Chez quelques participants d’UAG, une peur presque phobique – et c’est encore un euphémisme – s’est développée face à notre organisation. Chaque proposition, idée ou argument était repris avec la méfiance nécessaire et ensuite analysé pour y chercher la petite bête et y trouver la manœuvre. Cette attitude a atteint des proportions hilarantes quand un membre juif de UAG a accusé les membres du MAS/LSP d’attitude antisémite en affirmant leur responsabilité dans le fait qu’une réunion avait continué le vendredi soir jusqu’après le coucher de soleil afin de le museler (il avait dû rentrer chez lui avant le coucher du soleil du fait de sa religion). Cette personne est allée tellement loin dans ses accusations que naturellement plus personne ne pouvait encore prendre ce genre de choses au sérieux. Mais cette accusation n’a toutefois pu arriver que par la création consciente d’une certaine ambiance par les protagonistes d’UAG.

    Pourquoi avons-nous quitté UAG?

    37. Vu a posteriori le MAS/LSP a décidé trop tard de se retirer de UAG. Dans une déclaration publique sur notre site Web, nous avions décrit notre décision (voir http://www.socialisme.be/mas/archives/2006/06/30/uag.html – Date de publication 30 juin 2006) : « Quelques uns, au sein du secrétariat et du Parti Humaniste entre autres, nous disent : « Mobilisons systématiquement pour les mettre en minorité ». Numériquement, pour le MAS/LSP, cela n’est aucunement un problème, mais nous faut-il descendre à ce niveau pour pouvoir faire de la politique au sein d’UAG ? Cela, nous le refusons. Les jeux de pouvoir bureaucratiques ne sont pas le terrain favori du MAS/LSP. Notre force est dans le mouvement réel et c’est sur cela que nous voulons nous concentrer. Certes, il faut parfois accepter des manœuvres bureaucratiques parce que c’est la seule façon d’entrer en contact avec la base. C’est par exemple le cas dans pas mal de centrales syndicales, c’était aussi le cas dans les années ’80 quand nous travaillions encore dans le SP. C’est avec cette idée en tête que nous n’avons pas déjà quitté UAG le 1er mai. Maintenant, après les faits, nous pensons que c’était une erreur : dès la première manœuvre, nous aurions pu déceler qu’UAG allait rester une initiative mort-née.

    Nous sommes partis de l’idée que nous pouvions accepter les manœuvres bureaucratiques parce qu’un parti national plus large allait être créé le 21 octobre. Cela aussi était une erreur. UAG essaie de se présenter comme le seul partenaire francophone d’UAP (qui par après a changé de nom vers CAP) et, de cette façon, former une minorité de blocage pour imposer à UAP sa propre approche politique et probablement boycotter une formation nationale. Le MAS/LSP est numériquement plus fort que le reste d’UAG mis ensemble. A notre propre initiative, nous pouvons mobiliser un bon nombre de francophones pour la conférence du 21 octobre (qui est devenu le 28 octobre) et nous pouvons y assurer qu’UAP ne se fasse pas prendre en otage par UAG. Si, au contraire, nous restons dans UAG, nous risquons d’être englués dans d’incessants combats qui n’ont ni intérêt ni lien réel avec les questions qui se posent vraiment aux travailleurs et qui ne sont utiles ni pour nous, ni pour UAP. La seule réponse correcte à des jeux de pouvoir au sein d’UAG est une mobilisation francophone forte pour la conférence du 21 octobre. »

    La longue marche vers le 28 octobre 2006

    38. Entre mai 2006 et septembre 2006, de nombreuses réunions, négociations et conversations ont été organisées pour essayer d’arriver à un compromis avec UAG concernant l’ordre du jour de la journée pour une autre politique le 28 octobre. La position de la majorité écrasante de CAP était de vouloir lancer une nouvelle organisation le 28 octobre, de présenter à cette occasion des cartes de membre et d’élire une direction provisoire. Pour UAG, le 28/10 était un test intéressant qu’ils voulaient ensuite évaluer dans leur propre petit cercle. Le CAP a été obligé par cette attitude d’UAG d’attendre jusqu’après le 28/10 pour s’organiser, en vue que les négociations avec UAG continuaient jusqu’à la semaine avant 28/10. UAG a imposé au nouveau mouvement et au CAP de facto un modèle confédéral en décidant déjà avant le 28 octobre d’établir ses propres structures, programme et méthodes de fonctionnement et en revendiquant qu’ils seraient le seule partenaire francophone dans le mouvement. . De cette manière, le 28/10, malgré la mobilisation forte de notre côté, est devenu un coup dans l’eau pour la construction d’une nouvelle force politique.

    Toute dernière tentative de recherche de compromis entre CAP et UAG

    39. Au début du mois d’octobre, les représentants du CAP et d’UAG se sont réunis pour discuter d’une dernière proposition de compromis. L’inquiétude majeure du CAP et du MAS/LSP était qu’UAG prenne en otage tous les participants au 28 octobre pour son propre agenda. Si le 28 octobre un nouveau mouvement n’était pas lancé, avec des cartes de membre, une structure, une direction élue,… tous les efforts seraient quasiment vains. Une ultime proposition pour la formation d’une direction nationale a été faite à UAG : une structure de 16 personnes, composée de 8 néerlandophones (5 du CAP et 3 parmi les présents au 28/10) et 8 francophones (5 d’UAG et 3 non UAG). Cette tentative de compromis a été poussée très loin. Nous étions prêts à laisser la majorité de la composante francophone de la direction dans les mains d’UAG, malgré le fait qu’elle ne mobiliserait pas la majorité des francophones pour le 28 octobre. Les négociateurs d’UAG pouvaient difficilement balayer une telle proposition; même les membres du POS/SAP semblaient prêts à la défendre auprès d’UAG. Grande fut la surprise de tout le monde quand cette proposition a été rejetée en assemblée générale d’UAG. Celle-ci exigeait d’être la seule représentante du monde francophone et d’avoir le monopole des accords de coopération avec le CAP. Elle voulait seulement constituer un secrétariat commun paritaire entre le CAP et UAG, sans tenir compte de la langue, ce qui en fait empêchait le CAP de travailler en territoire francophone. Même le POS/SAP s’est senti obligé de diffuser le 16 octobre une lettre ouverte qui refaisait la proposition de compromis comme seule possibilité d’arriver à un accord. Hélas, dans la pratique, il y avait manifestement peu de la bonne volonté exprimé dans la lettre ouverte et il n’y a pas eu d’arrangement avant ou après le 28 octobre.

    Et pourtant, encore une tentative ?

    40. Après le 28 octobre, alors qu’UAG a été fortement surprise par la grande affluence, une nouvelle ouverture pour aller de l’avant ensemble dans le cadre d’une campagne électorale semblait se profiler. Dans cette optique, lors d’une réunion d’évaluation commun de CAP/UAG le 6 novembre, une proposition concrète fut faite pour entre autre former une équipe de campagne commun pour coordonner la campagne électorale (voir ajout 3). Une fois de plus, cette offre de coopération a été rejetée par UAG, ce qui a définitivement séparé nos routes. Le CAP a exécuté toutes les résolutions des 28/10 et 06/11, avec pour résultat que les groupes provinciaux flamands, ainsi que ceux qui se sont mis en place du côté francophone à partir du 15 décembre, ont décidé au cours d’une conférence le 3 février 2007, de participer à la campagne électorale.

    La conférence du 3 février

    41. Le PTB a été aussi mis sous pression par le développement du CAP. Pendant les vacances de Noël 2007, deux discussions ont eu lieu entre le PTB et le CAP. Par la suite le PTB a laissé entendre que le CAP aurait refusé de reprendre le nom du PTB dans le nom de la liste et aurait donc ainsi refusé d’aller aux élections en cartel. L’article paru dans son propre journal Solidaire du 9 janvier contredit cela. La principale préoccupation du PTB était de savoir si Sleeckx serait sur la liste ou pas. S’il était sur la liste du CAP, cela aurait signifié une menace sérieuse pour la position électorale du PTB. Il fallait dès lors rendre Sleeckx inoffensif du point de vue électoral. En conséquence, la proposition du PTB était qu’il pouvait être discuté d’une collaboration, donc d’un cartel, à Anvers où Van Duppen tirerait la liste alors que Sleeckx la pousserait. De cette manière, la tête de liste Van Duppen aurait eu l’attention et, avec la contribution des voix de Sleeckx, Van Duppen aurait fait son entrée au parlement. Parallèlement, Sleeckx ne pourrait ainsi être utilisé pour attirer pour le CAP des voix dans toute la Flandre, par exemple en figurant sur la liste du Sénat. Le PTB savait d’ailleurs déjà à ce moment que Sleeckx était tout sauf prêt à faire un come-back sur une liste électorale après sa retraite politique à 74 ans. La proposition déloyale du PTB n’a pas été bien perçue au CAP et avant même que le CAP puisse élaborer une contre- proposition et la présenter (par exemple dans la forme de listes de cartel dans tout le pays, sans conditions), Peter Mertens a appelé Sleeckx pour lui demander s’il avait déjà décidé d’être candidat ou pas. Quand Sleeckx lui a répondu qu’il restait sur sa position de ne pas se présenter, le PTB en savait assez. L’opération « rendre Sleeckx inoffensif » avait réussie et le PTB pouvait, d’un pas tranquille, expliquer à ses membres qu’il ne collaborerait pas avec le CAP.

    42. Cela a été expliqué de la façon suivante dans Solidaire le 9 janvier 2007. Là on ne parle pas d’un refus du CAP de prendre le nom PTB dans le nom de la liste. Au contraire, avec beaucoup de sens dramatique le PTB insinue qu’elle a attendu le CAP, deux mois au moins, et que, malheureusement, Jef ne voulait pas participer: « Le PTB+ a tendu la main pour rendre possible une liste de cartel entre Van Duppen et Sleeckx. Cela a duré deux mois de plus que prévu, malgré le fait que les élections seront peut-être anticipées. Au début, on espérait que la conférence du CAP, le 28 octobre, allait donner un signal en ce sens. Deux mois seulement plus tard, le sort en était jeté : Jef Sleeckx ne se présenterait pas. Si les inspirateurs et les porte-parole d’un mouvement se retirent, il ne peut en émaner ni le rayonnement ni la dynamique qui sont pourtant tellement nécessaires pour donner sa chance à un cartel progressiste. Cela signifie finalement que pas un seul des fondateurs du CAP, à savoir Lode Van Outrive, Georges Debunne et Jef Sleeckx, ne participera à une campagne électorale. Quant à savoir si, dans de telles circonstances, le CAP se rendrait tout seul aux urnes, la chose n’est pas claire. Le PTB laisse la porte ouverte à tous les membres du CAP pour qu’ils soutiennent, en tant que candidats indépendants, la campagne électorale du Dr Dirk « Kiwi » Van Duppen sur une liste PTB. »

    43. Sleeckx ne sera pas avec le PTB, mais peut-être bien avec Groen!, titrait De Morgen le… mardi 9 janvier, le même jour que l’article de Solidaire, un jour après que le PTB ait envoyé, par une tactique magistrale, une déclaration de presse annonçant que le cartel d’Anvers n’aurait pas lieu. Ainsi les médias ont pu tout de suite intervenir pour débarrasser le PTB de toute responsabilité. Une petite leçon de manipulation par laquelle le PTB constate un danger, le rend inoffensif et s’érige en victime. Un vieux renard change de poils non d’esprit. C’est une leçon importante pour qui veut à l’avenir se mettre autour d’une table avec le PTB.

    44. Entre temps l’immaturité du CAP a continué à peser douloureusement. Sleeckx a avancé lors d’une conversation téléphonique avec un journaliste du Morgen que les Verts étaient aussi intéressés par son projet. Le lendemain, on pouvait lire dans ce journal que Sleeckx serait peut-être sur la liste de Groen ! Cette proposition totalement fausse a ajouté à la confusion. Après quoi, Vera Dua (dirigeante de Groen !) a alors donné Sleeckx un coup de téléphone surprise et lui a, à ce moment seulement, proposé d’entamer une discussion.

    45. Le 3 février plus de 300 personnes sont encore venues à la conférence du CAP, sans grande mobilisation (pas d’affiches ni tracts) et sans UAG, pour décider de la participation aux élections. Le manque de clarté sur l’avenir du CAP, que les membres n’ont pu suivre que via les médias, avait déjà eu un effet sur l’enthousiasme. Mais, malgré cela, la grande majorité restait gagnée à l’idée d’une participation indépendante aux élections. La meilleure preuve en est que, lors du vote, seul un groupe de maximum 10 personnes (soit 3% des présents) a voté pour la proposition de Groen – une « bande rouge » sur les listes vertes de Groen où les candidats du CAP occuperaient les places 5, 6, 7 et 8 sur toutes les listes – ou s’est abstenu.

    46. A ce moment, la participation indépendante aux élections était la seule option qui s’offrait au CAP dans la perspective de poursuivre la construction d’un nouveau mouvement politique de la classe ouvrière. Accrocher notre locomotive au train de Groen aurait complètement coulé la crédibilité du CAP. Nous n’en voulons pour preuve que la campagne électorale de Groen totalement tournée vers une participation au gouvernement avec l’exigence principale d’obtenir le poste du ministre du climat dans le gouvernement à venir. Quelques membres du CAP, regroupés autour de la liste LEEF à Herzele, sont entrés dans le projet « rouge sur vert » et se sont retrouvés coincés dans la logique d’une possible construction d’une aile rouge chez Groen. Certains au sein du CAP doutaient du fait que nous puissions être prêts pour cette campagne électorale, ce qui était parfaitement justifié. Il nous était difficile de nier que les circonstances étaient tout sauf idéales. Une non-participation aurait, selon nous, mit un frein définitif au développement du potentiel encore présent dans le CAP à ce moment-là. Cela n’aurait pas été sérieux aux yeux de ceux qui espéraient encore dans le CAP.

    47. L’un des résultats importants du CAP entre le 28 octobre 2006 et le 3 février 2007 a été son intervention dans la grève de VW. Quelle différence avec UAG qui, dans l’enceinte d’une salle de conférence, claironnait d’une manière plus radicale que radicale que l’industrie la plus importante qui restait à Bruxelles menaçait de fermer… mais qui, sur place, était invisible. Dès le début, le CAP a été massivement présent pour participer à la lutte, fournir du soutien, mobiliser pour les manifestations et entrer dans le débat politique. L’intervention à la manifestation de VW du 2 décembre a clairement placé le CAP sur l’échiquier de la lutte des travailleurs. Entretemps la victoire électorale du SP aux Pays-Bas avait ouvert le débat sur la question évidente si une telle percée serait possible pour un parti de gauche en Belgique. Bien plus tôt, dans le Standaard du 2 août, Noël Slangen (l’ancien porte-parole de Verhofstadt) avait déjà soutenu « qu’un tel parti peut obtenir 10%. A la seule condition que le nouveau parti ne se laisse absolument pas séduire par une participation au gouvernement ». Bart De Wever avait abordé dans une colonne la question d’un nouveau parti des travailleurs tandis que le président de Spirit Geert Lambert jetait l’initiative à la poubelle. « Sleeckx vient avec une vieille histoire. Il se repose spécifiquement sur ‘la classe ouvrière’, mais il y a aussi de petits épiciers qui ont des difficultés. La société de classes que Sleeckx a connu n’existe plus depuis longtemps ».

    48. Un an plus tard, nous sommes au milieu de la crise financière la plus importante depuis la grande dépression des années ’30 et la société de classe n’est plus niée par les commentateurs sérieux. “Class is back”, écrit Naomi Klein dans son dernier livre. Les dernières années une expression a de nouveau été donné à la société de classes en termes de fossé entre les riches et les pauvres, les salaires des top managers par rapport à la baisse du pouvoir d’achat, d’élitisation de l’enseignement, de durcissement et d’américanisation de la société. La période qui se trouve devant nous sera celle de changements très rapides et de chocs dans les consciences. Un parti des travailleurs clairement profilé avec un programme correct pourrait obtenir des scores formidables dans un tel contexte.

    49. Finalement nous avons pu réunir quelques 250 candidats (parmi lesquels 6 travailleurs de VW) dont 90 étaient membres du MAS/LSP. Une seule liste des dix, celle de la Chambre en Flandre Orientale, avait une tête de liste MAS/LSP. Ce choix conscient était un signe manifeste de notre part que nous ne voulions pas dominer le CAP ni obtenir les meilleures places sur les listes électorales. Nous avons rassemblé un peu plus de 20.000 euros pour la campagne et avons obtenu 21.252 voix pour le Sénat (0,32%) – 8.277 voix soit 0,33% pour le collège électoral francophone et 12.938 soit 0,32% pour le collège électoral néerlandophone. Aux élections européennes de 2004, le MAS/LSP avait obtenu 5.675 voix soit 0,23% en Wallonie et 14.166 voix soit 0,35% en Flandre. Ainsi le CAP a obtenu en Flandre moins de voix que nous sous le nom de LSP et en Wallonie plus de voix que nous sous le nom de MAS.

    50. La campagne électorale a connu à divers moments un enthousiasme et une dynamique remarquables. Pendant la campagne plus que 250.000 tracts et 20.000 affiches ont été distribués et une centaine de nouveaux gens rejoignait le CAP. Sans secrétariat ou équipe rémunérée, entièrement basé sur le travail volontaire de quelques centaines de militants, le CAP a pu gagner de l’audience ici et là. Comme lors d’un débat dans une Haute Ecole de Gand où les étudiants pouvaient voter avant et après le débat. Le CAP qui avant le débat était inconnu auprès des quelque 200 étudiants n’obtenait que 1,14% des voix. Après un débat éblouissant avec quelques ténors de la politique nationale, le CAP a obtenu 23,81% des voix des étudiants présents. C’est un petit avant-goût de ce qui serait possible avec un programme fort et de bons porte-paroles qui parlent une langue claire.

    Après le 10 juin 2007, le CAP reste-t-il sur les rails?

    51. Beaucoup de gens ont prédit la punition du SP.a et du PS dans les élections. Comment aurait-il pu en être autrement après 20 années de participation à la politique néolibérale. C’était donc les élections idéales pour lancer une nouvelle formation. Malheureusement toute l’attention dans la campagne électorale est allée vers la droite. La nouveauté des élections, ce n’était pas Sleeckx, mais Dedecker. La question était de savoir qui du CD&V ou du VLD allait arriver premier et qui de la LDD ou du Vlaams Belang allait capter le vote de protestation. Un Sleeckx sur le liste du CAP n’aurait pas pu à lui seul retourner cette situation mais il avait pu montrer une autre voie dans le débat et obtenir plus d’attention pour le CAP.

    52. Beaucoup d’encre a déjà coulé à propos de cette participation aux élections et beaucoup de membres du MAS/LSP se sont déjà creusé la cervelle pour analyser et aider à expliquer le mauvais résultat électoral du CAP. Dans notre journal Alternative Socialiste, nous avons pointé du doigt à plusieurs reprises quelles avaient été selon nous les erreurs de la campagne électorale. A coté des tergiversations, des discussions interminables, du manque de clarté pour le publique large et le fait qu’aucun des initiateurs n’était candidat, le slogan électoral vague a donné au CAP le coup de grâce. Malheureusement ce slogan n’était pas un accident de parcours mais l’expression de ce que quelques-uns dans CAP avaient prévu comme projet politique pour le CAP.

    53. Après les élections l’objectif du CAP a été infléchi, sous insistance de nos membres dans le Comité National. La campagne électorale n’a pas apporté la dynamique, l’enthousiasme et les nouveaux membres nécessaires pour préparer un nouveau pas en avant, celui d’une campagne électorale vers un parti. Au contraire, la démoralisation après le mauvais résultat a conduit une partie de la base de CAP à l’inactivité. En préparant la conférence nationale suivante du 20 octobre, nous avons martelé le fait que le rôle du CAP n’était pas fini, mais devait être ajusté.

    54. Dans notre texte interne pour notre conférence de novembre 2007, nous avons mis en avant notre perspective dans ces termes : « La campagne électorale a placé le CAP sur la carte politique, mais avec un résultat insuffisant pour pouvoir déjà maintenant se mettre en avant comme la structure d’organisation unique, à partir de laquelle un nouveau parti des travailleurs va naître. Pour cela, le CAP va devoir avoir un œil pour les développements dans la lutte de classes et être préparé à collaborer avec les nouvelles initiatives qui peuvent naître dans cette lutte. » Le fait que, lors de la conférence du 20 octobre, le CAP s’est donné comme objectif à une large majorité d’être « un mouvement politique indépendant qui, en dialogue avec d’autres partenaires, veut promouvoir un nouveau parti des travailleurs (c’est-à-dire un parti de ceux qui vivent d’un salaire ou d’une allocation ainsi que leur famille)», était selon nous un pas dans la bonne direction.

    55. Hélas cette décision est restée lettre morte. Une petite minorité dans le CAP, mais dominant dans le secrétariat national, a refusé de mettre cette décision en pratique. N’était-il pas possible de réunir une conférence nationale pour reconfirmer cette décision et pour revendiquer son application ? Cela pouvait être une option. Malheureusement dans les derniers six mois d’amateurisme sans même une initiative nationale réussite, à part l’intervention dans la manifestation sur le pouvoir d’achat que nous avons imposée avec le MAS/LSP, le CAP s’est vidé encore un peu plus. Une conférence nationale aujourd’hui pour refaire la même discussion ne mènerait à rien qu’une cassure. Rien ne donne l’impression qu’il y a beaucoup de gens qui sont chauds pour ça, y compris parmi ceux qui en fait sont d’accord avec nos critiques. Les opportunités que le CAP a reçues n’étaient pas minces. Malheureusement nous devons constater qu’elles ont été systématiquement gâchées et que le CAP, dans sa composition actuelle, ne va pas être capable de jouer un rôle réel dans la construction d’un nouveau parti des travailleurs en Belgique.

    56. En octobre déjà, nous écrivions dans une résolution d’actualité pour la Conférence Nationale du MAS/LSP de 2007 que l’avenir du CAP était incertain. « Si le CAP ne s’avère pas capable dans l’année qui vient de faire en avant des pas importants sur ce plan, il va probablement sombrer dans des discussions internes. Le seul groupe organisé, le MAS/LSP, va alors être pointé du doigt par les couches les moins conscientes et chargé de tous les fautes d’Israël par nos adversaires politiques. Les éléments nouveaux et les plus conscients vont avoir expérimenté notre approche comme principielle, politique et ouverte et vont être intéressés de continuer avec nous vers la création d’un nouveau parti des travailleurs. »

    Conclusion

    57. Le dernière année et demi du CAP s’est avérée un énorme apprentissage pour tous nos membres et aussi pour beaucoup de militants du CAP. Avons-nous commis des erreurs avec le MAS/LSP ? Certainement. Nous avons été probablement trop inconditionnels dans notre soutien au projet du CAP et nous aurions pu voir plus tôt que la faiblesse inhérente allait se retourner contre lui à un certain moment. Avec notre volonté énergique de construire le CAP, nous avons même pendant un certain temps bordé les faiblesses du CAP, espérant qu’une bonne campagne électorale pouvait remettre le CAP de nouveau sur le bon chemin. Nous n’avions pas du faire cela. Notre présence dominante était aussi pour quelques uns l’excuse parfaite de se mettre à coté. Il est compréhensible que, dans le contexte du moment, nous avons cédé dans la discussion sur le slogan électoral. Rétrospectivement ceci était un mauvais compromis qu’on a fait. Mais nous sommes convaincus que, sur les grandes lignes, nous avons à chaque fois défendue les positions correctes et pris une attitude correcte.

    58. Nous pensons que, dans la situation actuelle, le CAP n’est pas capable de grandir vers un nouveau parti des travailleurs et que, s’il continue à suivre le chemin qu’il suit depuis le 20 octobre, il n’apportera plus une contribution constructive dans ce sens. Il va par contre devenir le joueur le plus petit et le moins radical sur le terrain des organisations de la gauche radicale.

    59. Au vu de l’échec du CAP et du tournant du PTB, qui va probablement lui rapporter électoralement, même un début d’un processus dans la direction d’un nouveau parti des travailleurs semble être temporairement postposé. On ne doit probablement pas s’attendre à un développement fondamental dans cette direction avant les élections de 2009. Nous sommes ouverts à la discussion si cela se passait quand même.

    60. Nous ne voulons pas laisser tomber tout simplement ceux qui aujourd’hui sont encore présents dans le CAP et qui étaient d’accord avec nous sur le potentiel du CAP. Partout où le CAP réunit des gens autour de la table avec l’idée de construire un nouveau parti des travailleurs, nous nous assiérons aussi à cette table. Dans ce sens, nous ne laissons pas purement et simplement tomber le CAP et les membres de MAS/LSP vont collaborer à l’organisation des activités avec lesquelles nous sommes d’accord. Cela se fera néanmoins avec un refus clair du chemin politique que le CAP a suivi les derniers mois.

    61. Nous sommes au seuil d’une période de turbulences sur le plan économique, social et politique. La crise économique qui aujourd’hui déjà se traduit par deux trimestres de récession aux Etats-Unis, va aussi peu à peu saisir l’Europe à la gorge. La bourgeoisie belge qui a longtemps postposé une confrontation avec la classe des travailleurs, ne va plus avoir un autre choix que de lâcher à nouveau le monstre néolibéral. Une situation de crise peut mener à la paralysie de parties de la classe des travailleurs, mais elle peut mener aussi à la résistance quand seule la lutte offre encore une issue possible. A partir des mouvements contre la politique du gouvernement, contre les mesures néolibérales et la fermeture des entreprises, la nécessité d’un véritable instrument politique va devenir toujours à nouveau claire. Par le rôle qu’elles jouent au service de la politique traditionnelle, les directions syndicales vont essayer de toutes leurs forces d’arrêter un mouvement combatif généralisé. Au vu de l’attitude du PTB qui va chercher à chaque nouvelle occasion le plus grand diviseur commun dans les mouvements – ce qu’ils appellent eux-mêmes la stratégie de la « majorité syndicale » – pendant qu’il essaie d’être bon copain avec les directions syndicales, les groupes les plus combatifs ne vont pas se reconnaître vraiment dans le langage mou et la plateforme de revendications réformiste du PTB.

    62. Il y aura à nouveau des moments où, après une lutte importante, des groupes de travailleurs arriveront à la conclusion qu’ils doivent construire un parti des travailleurs combatif, ouvert et démocratique afin de pouvoir traduire politiquement leurs intérêts. Mais cela va prendre du temps à cause des défaites dans le passée. Une nouvelle initiative risque d’être vue avec le scepticisme nécessaire, surtout en Flandre où nous avons maintenant l’expérience du CAP derrière nous. En Wallonie, il y a eu une expérience similaire avec la liste Debout, qui a obtenu de meilleurs résultats sur le plan électoral grâce au fait que les dirigeants de la lutte chez Clabecq ont pris leurs responsabilités et se sont mis à la tête de l’initiative, mais ils n’étaient malheureusement pas préparés à construire ensuite une nouvelle formation politique sur une base conséquente.

    63. Pour 2009 les cartes semblent très vite jouées. Le CAP a refusé de jouer l’atout qu’il avait encore en main. Elle avait pu, comme nous l’avons formulé dans notre proposition début 2008, lancer une grande campagne pour des listes antilibérales en 2009. Mais cette opportunité aussi a été perdue. Chaque tentative qui va encore être lancée pour arriver à des listes unitaires à gauche va être écartée par les manœuvres politiques dans lesquels tout le monde va essayer de faire porter le chapeau à l’autre. Seuls un appel et une pétition pour des listes anti-néolibérales, autour desquels une campagne aurait pu être menée pendant des mois et autour desquels des syndicalistes et des militants auraient pu être réunis, aurait pu développer la force nécessaire pour mettre autour du table tous les partenaires de discussion qui sont nécessaires pour une lutte unitaire. Cette proposition du MAS/LSP au CAP en janvier 2008 a été refusée. Aujourd’hui le CAP tente bien de réunir la gauche radicale sur une liste unitaire, mais cela ressemble selon nous plutôt à une dernière tentative pour garder le CAP en vie au lieu d’être une initiative basée sur une campagne profonde dans le contexte politique et sociale actuelle.

    64. Le MAS/LSP ne va pas participer à ce jeu d’échecs politique, où la seule question est qui va faire échec et mat à qui. Mais s’il existe une chance réelle d’aboutir à une liste large anti-néolibérale pour 2009, nous nous y insérerons constructivement. D’ici là, nous préparons notre parti, nos militants et nos sympathisants à une participation aux élections avec des listes MAS/LSP, des listes ouvertes à chaque individu ou chaque groupe qui veut propager la nécessité d’un nouveau parti de travailleurs.

    65. Entretemps nous avons fait la proposition suivante au PTB dans notre déclaration à l’occasion du « renouveau » de leur parti. « Au lieu d’un tournant à droite, nous voulons proposer au PTB un tournant à gauche, vers le socialisme international et vers un front unique. Sur cette base, nous invitons le PTB à lancer avec le MAS un appel pour un parti large de lutte de tous les courants qui veulent s’opposer au néolibéralisme et à y représenter la tendance révolutionnaire avec le MAS. Le premier défi serait en ce sens les élections régionales, européennes et peut-être fédérales de 2009 avec une initiative commune pour une liste anti-néolibérale. »


    Annexe 1:

    Liste chronologique des évènements

    • 7 octobre 2005 Grève générale de la FGTB contre le Pacte des Generations.

      Le MAS/LSP intervient avec un appel pour un réseau des syndicalistes combatifs

    • 16 octobre 2005 Congrès du SP.a où plus de 200 militants FGTB accompagnés de Sleeckx tournent le dos au SP.a
    • 28 octobre 2005 2e grève générale avec manifestation de 100.000 travailleurs à Bruxelles. Le MAS/LSP lance une pétition pour un nouveau parti des travailleurs
    • 2 novembre 2005 Dans une lettre ouverte la délégation FGTB d’Agfa-Gevaert demande de casser les liens entre la FGTB et le SP.a
    • 26 novembre 2005 Premier meeting avec Sleeckx dans le Limbourg, 20 présents
    • 17 janvier 2006 Rencontre entre Jef Sleeckx et Theo Mewis d’une part et le Bureau exécutif du MAS/LSP d’autre part
    • 22 février 2006 Pièce d’opinion d’Une Autre Gauche dans La Libre Belgique
    • 30 avril 2006 Fête du CAP de veille du 1er Mai à Gand avec plus de 100 personnes présentes
    • 28 octobre 2006 Journée pour une Autre Politique à l’ULB avec 650 présents. Le MAS/LSP est responsable à lui seul de la moitié de la mobilisation
    • 15 décembre 2006 Réunions provinciales du CAP en 8 provinces
    • 3 février 2007 Conférence nationale du CAP qui décide de la participation indépendante aux élections
    • 14 avril 2007 Conférence national du CAP ou le matériel électoral et listes des candidats sont approuvées
    • 20 octobre 2007 Conférence national du CAP ou l’évaluation des élections est faite et où de nouveaux objectifs sont mis en avant


    Annexe 2:

    MOTION CAP-UAG – 28 OCTOBRE 2006

    1.Il est avant tout et surtout nécessaire de poursuivre la construction du mouvement sous la forme d’un programme politique combatif, basé sur des propositions concrètes et radicalement opposé à la politique actuelle néolibérale et pro capitaliste, à la fois sur le plan du social, de l’économie et de l’environnement. Nous nous y attelons dès aujourd’hui avec les propositions qui sortent des 12 groupes de travail.

    2.Nous devons aller plus loin et participer aux prochaines élections fédérales, sans par ailleurs rompre avec la dynamique propre au mouvement. Là où les conditions nécessaires seront réunies pour une participation crédible, des listes seront déposées pour les élections fédérales.

    Nous nous engageons sur base des propositions de cette réunion et de toutes nos expériences, à soumettre un programme électoral à l’approbation de notre mouvement.

    3.Tous les habitants de Belgique peu importe la langue qu’ils parlent seront invités à collaborer de manière aussi intensive que possible. UAG et CAP doivent poursuivre leur collaboration et l’intensifier, tendre à former une solide coordination, et à s’élargir selon les besoins. Une période d’expériences communes sera nécessaire avant de décider si notre organisation politique doit devenir un parti ou rester un mouvement. Cette question sera posée lors d’un futur congrès.

    Bruxelles, le 28 octobre 2006


    Annexe 3:

    Proposition pour la réunion du 6/11 d’évaluation du 28/10

    1. Les éléments positifs du 28/10, la présence et la décision pour les élections, doivent être transformés d’un coté en un bon fonctionnement des groupes locaux existants et la création de nouveaux groupes locaux, et d’un autre coté en une structure politique concrète, tenant compte des différentes initiatives politiques qui s’inscrivent dans le projet du 28/10. La construction du nouveau mouvement après le 28/10 continue ou tombe avec la construction des groupes locaux qui appliquent avec leurs forces les décisions du 28/10, et les groupes locaux qui cherchent une alternative.
    2. Nous proposons que tous les groupes locaux se rassemblent, en décembre, au sein d’une réunion par province, qui correspond aux circonscriptions électorales pour la Chambre en Flandre et à un rassemblement des quelques circonscriptions électorales en Wallonie. Ces réunions se font par invitation de tous “les présents du 28/10 CAP/UAG”. Elles préparent la campagne électorale, font les contacts politiques nécessaires, discutent sur la construction des groupes locaux et mettent en avant un calendrier provincial.
    3. La décision du 28/10 de participer ensemble (nord et sud, CAP et UAG) aux élections parlementaires de 2007 fait partie du processus dans lequel on considère la possibilité de transformer la formation de ce mouvement en un parti.
    4. La seule structure qui peut suivre de cette décision est une structure temporaire de campagne avec un mandat clair. Nous créons une équipe nationale de campagne qui doit créer les conditions pour pouvoir participer aux élections et coordonner cette campagne. Elle organisera une réunion nationale le 03/02/2007 où un programme sera décidé, une campagne élaborée, un budget déterminé et un nouveau nom proposé. Cette équipe est composée sur base d’une parité linguistique parmi ceux qui ont rendu le 28/10 possible. La composition de cette équipe est organisée sur base de mandats concrets qu’elle doit remplir. Cette équipe est confirmée le 03/02/2007 et y est éventuellement élargie.
    5. Dès le 03/02/07, on peut travailler sous le nouveau nom des listes électorales. La base de l’affiliation à ce nouveau mouvement est une contribution au fonds électoral et un engagement dans la campagne électorale.
    6. A côté de cela, un groupe est formé autour de Lode, Jef et Georges qui, sur base du succès du 28/10, va commencer des discussions avec d’autres forces et individus politiques qui s’opposent au Pacte des Génération et à la Constitution européenne et qui veulent aussi participer aux élections.
    7. Une commission (limitée en nombre, à peu près 6) sera composée pour faire la rédaction d’une proposition de programme électoral, proposé le 03/02/2007 à la réunion nationale. Les commissions thématiques vont jouer un rôle important en donnant des éléments à cette commission sur base de propositions concrètes de programme et d’initiatives d’actions. Nous demandons à ces commissions de faire passer leurs premières conclusions avant la fin de cette année.
    8. Cette méthode de fonctionnement est utilisée pour les 7 prochains mois. Après les élections, une nouvelle réunion d’évaluation va déterminer une méthode de fonctionnement pour commencer à préparer le congrès de fondation pour la fin 2007.


    Annexe 4:

    Principes de fonctionnement du Comité pour une Autre Politique, proposition de discussion dans la préparation du congrès de 20 octobre 2007.

    Le Comité pour une Autre Politique s’est posé sur la carte politique par son travail et sa participation aux élections. CAP veut donner une voix aux travailleurs ou allocataires sociaux et à leurs familles. L’énoncé des principes de fonctionnement esquissés ci-dessous est une méthode de travail temporaire afin d’atteindre notre but, la création d’une alternative politique.

    Le CAP est né de la critique contre la Constitution Européenne néolibérale et du soutien politique de Georges Debunne, Lode Van Outrive et Jef Sleeckx aux syndicats et à la population contre le Pacte entre Générations. Le CAP s’est développé par une participation aux luttes sociales et politiques et sur base de sa campagne électorale du 10 juin 2007.

    Le CAP est un mouvement politique indépendant qui, en dialogue avec d’autres partenaires, veut promouvoir un nouveau parti des travailleurs (c.-à-d. un parti de ceux qui vivent d’un salaire ou d’une allocation ainsi que leur famille). Le CAP se pose pour la réalisation des besoins de chacun par le biais de la défense et l’accroissement de services publics et collectifs, et s’oppose à une société qui se base l’appât du gain. La politique de privatisation et de libéralisation mine notre tissu social, notre environnement ainsi que nos conditions de vie et de travail. La première base provisoire du CAP est la ligne générale du programme défendu pendant les élections fédérales.

    CAP est un mouvement de membres. Les membres paient une cotisation annuelle de 25 euros ou de 12 euros pour les bas revenus. Dans la mesure du possible le CAP insiste auprès de ses membres pour qu’ils versent une cotisation mensuelle d’au moins 1 euro par mois.

    La plus haute instance de décision du CAP est le Congrès annuel qui réunit ses membres au moins une fois par an. Le Congrès continue l’élaboration du programme, définit la ligne politique générale du mouvement et les actions globales de l’année à venir. Le Congrès élit annuellement un Comité national. Tous les membres ont un droit de vote au Congrès. Tous les membres peuvent se présenter comme candidat au Comité national.

    L’organe de base est le groupe local du CAP. Le Comité national reconnaît un groupe local s’il y a au moins 5 membres dans un quartier, une commune, une école ou sur un lieu de travail, qui y en prennent l’initiative. Tous les membres du CAP sont appelés à être actifs dans les groupes locaux existants ou à former. Le groupe local règle ses propres activités dans le cadre des décisions du Congrès et du Comité national. Différents groupes locaux peuvent élire, en assemblé générale de leurs membres, un Comité exécutif par ville, commune ou région.

    Les groupes locaux peuvent élire, en assemblée générale de leurs membres, un Comité exécutif provincial. Si l’initiative d’un Comité provincial n’est pas prise, les groupes locaux proposent au Congrès 2 membres comme coordinateurs provinciaux au Comité national. Leur tâche de coordonner les groupes locaux de la province là où il n’y a pas de Comité provincial. Il est laissé aux membres de Bruxelles-Halle-Vilvoorde la liberté de se grouper comme " province" et d’adhérer soit à un Comité exécutif du Brabant flamand, soit à un Comité exécutif bruxellois. Cette décision est prise par une assemblée générale des membres de BHV.

    Les membres du CAP peuvent s’organiser en groupes de travail par thèmes ou secteurs pour autant que ces groupes de travail soient reconnus par le Comité national, le point de départ étant les 10 groupes de travail réunis le 28 octobre 2006.

    Toutes les autres règles concernant la gestion des finances, l’administration des membres, le fonctionnement des organes du CAP et l’installation des organes de travail (rédaction, secrétariat national, etc.) ou l’installation de structures locales, provinciales ou nationales avec personnalité juridique (asbl p.e.) sont élaborées par le Comité national élu le 20 octobre 2007. A toutes les réunions nationales du CAP tout le monde peut parler sa langue maternelle. Cela implique qu’une traduction appropriée est prévue.

    Le congrès de 20 octobre 2007 décide de la situation initiale concernant la reconnaissance des groupes locaux, groupes de travail et comités provinciaux déjà existants. Tous les membres reconnaissent ce statut comme base du fonctionnement interne et externe du CAP.

  • Les fausses excuses de Bart De Wever

    Le président de la NVA Bart De Wever s’est mis récemment dans une situation difficile pour avoir condamné les excuses présentées par Patrick Janssens, l’actuel bourgmestre d’Anvers, pour l’implication des services communaux dans la chasse aux juifs durant l’occupation nazie.

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    Bart De Wever, plus jeune, en visite chez Le Pen
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    Selon De Wever, ces excuses étaient “gratuites”. De Wever a dû s’excuser après une tempête de protestations mais ses excuses n’ont pas convaincu grand’monde, et en particulier pas les organisations juives.

    Plus qu’ailleurs, les services communaux anversois ont en effet collaboré avec les autorités nazies : 9.009 des 13.779 juifs anversois ont été déportés alors que dans les autres grandes villes, moins de 40% des juifs ont été victimes des déportations. Les excuses de la ville d’Anvers arrivent très tard (peut-être parce que l’échevin libéral Delwaide, le fils du bourgmestre durant l’occupation, n’a plus été élu en 2006 ?)

    Mais, pour De Wever, il n’était pas nécessaire de s’excuser pour la chasse aux juifs. Voulait-il ainsi tenter de nouer des liens plus étroits avec une couche plus âgée de la population qui justifie encore toujours actuellement la collaboration et de piquer des électeurs au Vlaams Belang ? Dans ses « excuses », De Wever a en plus insulté la résistance antifasciste en disant qu’il voulait seulement indiquer qu’Anvers n’est et n’était pas la citadelle de l’intolérance. Comme si les excuses faites par la Ville signifiaient que tous les Anversois avaient été responsables de cette collaboration !

    Cela ne rend pas compte de l’existence d’Anversois et d’Anversoises actifs dans la Résistance durant toute l’occupation. Nous sommes fiers au MAS/LSP de pouvoir compter l’un d’entre eux dans nos rangs.

  • Bye Bye Belgium? Questions / réponses sur la crise communautaire

    La crise politique paralyse la Belgique

    Plus de cent jours après les élections, aucune issue n’est en vue. Journalistes et politiciens étrangers regardent ce spectacle avec stupéfaction, comme The Economist qui a prédit la fin de la Belgique. On peut être plus que certain que les classes dirigeantes des pays européens confrontés à des régions qui aspirent à plus d’autonomie – la Grande-Bretagne, l’Espagne, la France ou encore l’Italie – suivent ces développements avec grande attention.

    Dossier par Anja Deschoemacker

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    Fédéralisme responsable?

    Alors que les deux syndicats juraient leurs grands dieux avant les élections qu’ils s’opposeraient à toute régionalisation du marché de l’emploi, les dirigeants flamands de la CSC – maintenant que “leur” parti a de nouveau la possibilité d’avoir le Premier ministre – laissent désormais la porte ouverte sur cette question. Les déclarations de Cortebeeck prouvent que la direction de la CSC pourrait donner son accord à, par exemple, une proposition de Bea Cantillon (Centre pour la Politique Sociale de l’Université d’Anvers), pour qui on peut transférer partiellement le budget de la sécurité sociale en fixant des objectifs. « Un Etat régional qui par sa politique diminue les dépenses de la sécurité sociale serait recompensé. Un Etat régional qui augmente les coûts sera financièrement puni. » (Knack, 25/07). Elle appelle ça « un fédéralisme social responsable ». Cela serait – suivant la veille tradition belge – présenté comme une victoire à la fois par les nationalistes flamands (« un premier pas vers une régionalisation ») et par les partis francophones (« pas de régionalisation »).

    Les syndicats ne doivent pas se battre pour une division de de la pénurie –résultat de l’écrémage systématique de la richesse produite qu’opèrent patrons et actionnaires – mais doivent mener une lutte contre contre chaque démantèlement social et pour plus de moyens.
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    Mais si la discussion sur l’éclatement de la Belgique se mène ouvertement, les prises de positions en faveur du maintien du pays gagnent en force. A la surenchère communautaire répond le sentiment grandissant que « la récréation est terminée » et qu’il est temps de faire appel à un « véritable homme d’Etat».

    Comment un tel chaos a-t-il pu arriver ? Et que va-t-il arriver maintenant ? Pour nous, socialistes révolutionnaires, s’ajoute la question du programme à défendre. Les revendications nationalistes flamandes – caractérisées par la suffisance, et l’égoïsme – ne sont en aucun cas une option. Mais les « belgicistes » ont-ils pour autant une solution valable ? Pas vraiment… Le MAS/LSP ne défend ni l’élite nationaliste flamande – qui ne veut rien d’autre qu’exploiter plus encore les travailleurs flamands – ni les intérêts de patrons comme Albert Frère (la plus grosse fortune de Belgique) ou encore de la monarchie.

    D’où vient la surenchère communautaire?

    Dans le passé, l’oppression passée de tout ce qui avait trait au flamand a ouvert la voie à l’amertume et la méfiance. Les écoliers flamands apprennent dans leurs cours d’histoire que les Flamands ont dû se battre pour acquérir le simple droit d’utiliser leur langue et ont été souvent trompés quand la lutte imposait des concessions. Dans cette logique, « les francophones » reçoivent aujourd’hui, selon les flamingants, la monnaie de leur pièce.

    Ici, c’est à dessein que « les franco-phones » sont entre guillemets, car il n’existe pas de groupe linguistique homogène. L’élite francophone qui a jadis laissé la Flandre stagner dans le sous-développement est la même que celle qui a durement exploité et opprimé les travailleurs wallons. Ce n’est pas par hasard si Marx a décrit le jeune Etat belge – créé par les grandes puissances européennes comme Etat-tampon contre la volonté d’expansion de la France qui suivit la révolution française – comme un vrai « paradis pour le patronat ».

    La majorité du mouvement flamand a toujours recherché une solution au sein de la Belgique. Aujourd’hui encore, seuls la N-VA et le Vlaams Belang sont séparatistes, mais les études sur l’électorat de ce dernier démontrent paradoxalement qu’il comprend plus d’unitaristes et de monarchistes que d’indépendantistes. La surenchère communautaire n’est donc en rien une lutte consciente pour une Flandre indépendante.

    De l’autre côté, le régionalisme wallon – dont la direction se référait au programme de réformes de structures de la FGTB – est depuis longtemps déjà en déclin. Il faut dire que le rêve d’une Wallonie autonome et « donc plus sociale » a viré en cauchemar face à la croissance du chômage, aux salaires et au niveau de vie en général plus modeste qu’en Flandre, etc.

    La surenchère communautaire est à la fois le résultat de cette histoire et du jeu de poker politique de la classe dirigeante belge. Cette dernière possède le pouvoir économique – et donc le réel pouvoir politique – et mène les partis traditionnels par le bout du nez. Elle a toujours su manipuler les différences de langue et de mode de vie pour faire payer ses profits et ses privilèges à la majorité de la population. Le but n’a jamais été la scission finale de l’Etat. Comme l’expliquait l’écrivain flamand Geert Van Istendael au Soir, on peut tout faire avec un bouc émissaire sauf le tuer, à moins de devenir soi-même responsable. Mais, combinée à la politique antisociale qui engendre toujours plus de manque et de frustration, la surenchère communautaire peut mener à l’exacerbation des tensions nationales.

    Comme l’écrit le journal néerlandais HRC Handelsblad: si le pays se désintègre aujourd’hui, ce sera plus à cause du désintérêt de la population que pour de véritables tensions nationalistes dans les couches larges. Nous sommes du même avis et voyons surtout un jeu politique où la population est réduite à l’état de simple spectateur dans les développements actuels.

    Quels sont jusqu’ici les résultats de la régionalisation?

    La scission de diverses compétences – la communautarisation de l’enseignement ou la régionalisation partielle des villes – a donné d’excellents résultats… pour la classe dirigeante ! Tous les commentateurs politiques sérieux admettent que cela a été une aide précieuse pour « l’assainissement du pays », c’est-à-dire le démantèlement de « l’Etat providence ».

    Depuis presque 20 ans, les partis flamands ont été obligés de gouverner avec le PS. S’ils veulent aller plus loin dans la satisfaction de leurs revendications aujourd’hui, ce n’est que pour améliorer la situation du patronat: un marché de l’emploi encore plus flexible, des conditions de travail et de salaire encore pires, moins de sécurité sociale,… Ce jeu se joue également de l’autre côté de la frontière linguistique. Le PS a de cette manière réussi à être considéré comme un parti d’opposition tout en étant au gouvernement : «nous devons assainir», «nous devons couper dans le budget de l’enseignement», «nous devons chasser les chômeurs», etc «sinon la Flandre scissionnera la sécurité sociale ou même le pays».

    Pendant ce temps les riches restent en dehors du collimateur et reçoivent cadeaux sur cadeaux: diminutions de charges et d’impôts, amnistie fiscale,… Les revenus du capital prennent une place toujours plus grande dans la richesse nationale au détriment des revenus salariaux. Mais tant que dure le show communautaire, personne ne pense aux poches qui engloutissent réellement la richesse nationale ! Ce ne sont pas celles des travailleurs, chômeurs et pensionnés wallons, flamands ou bruxellois !

    Dans une situation de ralentissement de la croissance économique mondiale suite à la crise du crédit hypothécaire américain, la surenchère communautaire ne va pas disparaître de si tôt car car il faut bien en faire payer le prix à quelqu’un.

    Le scénario d’une séparation est-il réaliste?

    Cette question se pose surtout à cause de l’impasse actuelle dans les négociations entre les deux « communautés » pour le gouvernement. Mais une séparation devra également être négociée, notamment pour les frontières des Etats, l’avenir de Bruxelles, la division de la dette nationale et de ce qui reste encore du patrimoine national après Verhofstadt I et II. Sans scission négociée, le seul autre scénario est celui d’une guerre civile autour des questions territoriales et surtout autour de Bruxelles et sa périphérie.

    Car une Flandre sans Bruxelles est immédiatement beaucoup moins intéressante. La région bruxelloise est responsable de 20% du PIB belge et sur les 340.000 navetteurs qui travaillent à Bruxelles, il n’y a pas moins de 230.000 flamands. De plus, la Wallonie et Bruxelles sont les partenaires commerciaux les plus importants des entreprises flamandes.

    Une Flandre indépendante qui voudrait garder Bruxelles devrait par contre accepter que cette Flandre soit un Etat bilingue. Et afin d’être acceptée comme membre de l’Union Européenne, la Flandre devrait très probablement souscrire au traité sur les minorités, ce qu’elle refuse de faire jusqu’à présent. Elle devrait alors accorder à la minorité nationale francophone en Flandre des droits ou des facilités et pas seulement dans les communes à facilités actuelles, mais partout où il y a une minorité francophone importante.

    Et là, c’est encore dans l’hypothèse où la population bruxelloise voudrait rejoindre une Flandre indépendante, ce qui est déjà extrêmement improbable dans le cadre d’une scission négociée, mais devient totalement impensable dans un scénario de déclaration unilatérale d’indépendance.

    C’est pour cela que le groupe De Warande (auteur d’un Manifeste pour une Flandre indépendante) ne men-tionne pas Bruxelles et que Bart De Wever (N-VA) place l’indépendance de la Flandre dans un avenir lointain dans lequel la Belgique se serait « vaporée » entre des Etats régionaux presque autonomes et l’Union Européenne.

    Selon le MAS/LSP, ce dernier scénario est utopique : la création d’un véritable Etat européen n’est pas possible dans le cadre du capitalisme car elle présuppose que les différents Etats européens (et les élites économiques qu’ils représentent) stoppent leur concurrence entre eux alors que l’objectif actuel de l’UE est justement un projet dans lequel cette concurrence peut s’effectuer de façon encore plus brutale, entre autres en libéralisant et démantelant totalement les services et les systèmes de sécurité sociale. Et ces dernières années ont été les témoins de bien des problèmes dans la construction de l’UE: le Pacte de stabilité n’est presque plus respecté, il n’existe pas de politique extérieure unifiée, la Constitution est momentanément enterrée, le protectionisme économique réapparaît,…

    Nous pensons donc qu’une scission de la Belgique n’est pas une perspective probable à court terme. D’ailleurs aucune partie du pays ne compte une majorité qui y soit favorable, ni dans la classe dirigeante ni dans le mouvement ouvrier.

    Au contraire des nationalistes flamands, le MAS/LSP n’est pas non plus convaincu de l’inexistence d’un « sentiment belge » ou du fait que les différences culturelles entre la Flandre et la Wallonie soient insurmontables. La différence linguistique masque justement de fortes similarités, des choses qui tombent directement sous le sens des étrangers mais que beaucoup de Flamands et de Wallons ne voient plus derrière les institutions, les politiciens et les médias. On ne connait pas le nombre de « familles mixtes » entre les régions et une scission ferait du tissu économique un gigantesque gruyère.

    Un divorce n’est facile qu’avec consentement réciproque et accord sur la séparation des biens. Sans accord, la scission de la Belgique ne saurait être qu’une grande bagarre. Et dans un tel type de divorce, les politiciens doivent pouvoir compter sur une réelle volonté de séparation auprès de la majorité de leur population, ce qui n’est pas le cas.

    Cette question nationale peut-elle être résolue?

    Le seul lieu où reste encore des traces de l’oppression et de l’humiliation nationale est la périphérie de Bruxelles, où la population d’origine, flamande et moins aisée, est sous pression depuis déjà longtemps, mais ce phénomène est plus une donnée socio-économique qu’une invasion francophone consciente.

    Tout d’abord, les nouveaux arrivants plus aisés ne sont pas seulement des francophones, mais aussi des eurocrates ( il faut noter que les eurocrates néerlandais ne choississent qu’exceptionnellement le côté flamand, vu comme « provincial » et « borné »). Pour arrêter ce développement, la politique actuelle du logement – qui partout donne priorité au plus grand portefeuille – doit être remplacéé par une politique qui offre des habitations sociales confortables et abordables comme garanties à ceux qui veulent rester dans la région. Cependant, tous les nouveaux arrivants ne sont pas riches; bon nombre d’entre eux sont des familles de travailleurs qui souhaitent élever leurs enfants dans une environnement plus vert et plus agréable. Une politique sociale de logement, combinée à une masse de stimulants pour permettre aux populations parlant d’autres langues de s’intègrer dans la communauté locale donnerait de biens meilleurs résultats que la politique actuelle de harcèlement qui a pour effet de pousser tous les francophones dans les bras des partis francophones dont la politque antisociale ne diffère en rien de celle de leurs collègues flamands.

    Le MAS/LSP n’est pas d’accord avec les nationalistes flamands pour qui la cohabitation des différents peuples au sein d’un Etat est impossible. En soi, le MAS/LSP n’a rien contre un élargissement des compétences des autorités régionales et locales. Mais à la condition que cela soit demandé par une majorité de la population dans la région impliquée et que le but soit d’arriver à une meilleure politique, à une politique sociale qui pourvoit aux besoins de tous.

    Le MAS/LSP défend une démocratie aussi large que possible. Nous reconnaissons le droit à l’autonomie et même à la séparation si cela est demandé par la majorité de la population de la région impliquée. Le MAS/LSP s’oppose par contre à une régionalisation si le but est d’arriver à une politique d’austérité encore plus dure, imposée dans une région pour l’être ensuite dans l’autre. La scission de l’enseignement illustre cette tactique. Pour cette raison, nous nous opposons de façon résolue à la scission de la sécurité sociale, de la politique d’emploi et de la concertation sociale.

    Nous sommes pour un élargissement des droits démocratiques, ce qui signifie entre autres lutter pour le droit à un travail et à des services dans sa propre langue. Le bilinguisme ne peut pas être imposé, seulement stimulé, notamment avec un enseignement de bonne qualité pour tous les élèves. Le MAS/LSP pense que les droits linguistiques des minorités nationales – flamande à Bruxelles et en Wallonie, francophone dans la périphérie de Bruxelles, en Flandre et en communauté germanophone, germanophone en Wallonie – doivent être inscrit dans la Constitution. Une politique linguistique démocratique n’est possible qu’avec assez de moyens. C’est la seule manière de faciliter la cohabitation. La contrainte n’entraîne qu’une résistance aigrie.

    Les droits des immigrés – sur le plan linguistique, mais aussi dans l’enseignement et les autres services – doivent être également inscrits dans la Constitution. Les travailleurs autochtones y ont aussi grand intérêt : c’est justement leur manque de droits qui fait la présence de travailleurs étrangers sur le marché de l’emploi qui fait peser une pression sur tout les salaires.

    Bruxelles-Hal-Vilvorde est le dossier symbolique par excellence. N’importe quelle « solution » – scission et/ou élargissement de Bruxelles – n’en est pas une si on ne tient pas compte des droits de la minorité qui s’y trouve. Ce n’est que si les minorités voient leurs droits garantis qu’on peut arriver à une solution bénéfique pour tous.

    Plus de moyens pour une vraie politique sociale et des droits pour chaque groupe de la population sont les seules véritables conditions pour une cohabitation harmonieuse. Notre pays possède plus qu’assez de richesses pour pourvoir aux droits et besoins de tous les travailleurs et de leurs familles. Mais nos gouvernements choisissent de donner des milliards au patronat sous forme de baisse des soi-disants charges patronales, de diminutions d’impôts pour les riches et de toutes sortes de manoeuvres fiscales.

    En manipulant la question nationale dans le passé et aujourd’hui, la bourgeoisie crée des problèmes de société plus grands encore qu’elle est incapable de résoudre ensuite. Cela ne veut pas pour autant dire qu’ils ne peuvent pas être résolus: avec assez de moyens et une démocratie aussi conséquente que possible les travailleurs peuvent faire en sorte que la cohabitation ne soit pas seulement viable, mais aussi agréable.

    Dans un système où la production des biens et de la richesse est basée sur la soif de profit d’une petite élite qui règne en Belgique à travers les divers gouvernements, il y aura fatalement toujours des besoins non-satisfaits qui mèneront à des luttes diverses. Mais la seule lutte qui peut offrir une issue est celle du mouvement ouvrier pour une société basée sur la satisfaction des besoins de la majorité et qui mette en oeuvre une planification démocratique de l’économie afin de répondre de la façon la plus efficace aux besoins de tous, c’est-à-dire une lutte pour le socialisme.


    La question nationale en Belgique:

    Une réponse du mouvement ouvrier est nécessaire!

    Fin 2005, une Conférence Nationale du MAS/LSP a mené une discussion sur la question nationale en Belgique sur base d’un texte retravaillé par la suite.

    Vous pouvez trouver cette brochure sur www.marxisme.org ou demander une version papier de ce texte à la rédaction!

  • Une Autre Politique dans la presse

    Au mois d’août, plusieurs journaux et magazines ont écrit des articles au sujet du Comité pour Une Autre Politique. Plusieurs commentateurs ont été assez positifs et ont expliqué qu’il y a un espace pour un parti à gauche de la sociale-démocratie et des écolos. Presque tous les journaux néerlandophones ont publié des articles sur l’initiative et quelques journaux francophones (Le Soir, La Libre) y ont même consacré des brèves.

    Karel Mortier

    Le 1er août, De Standaard, le principal quotidien flamand "de qualité", publiait un article sous le titre "Un nouveau parti des travailleurs à l’automne". Le lendemain, le journal anciennement de gauche De Morgen titrait : "Un nouveau parti des travailleurs en chantier". Dans ces articles, les raisons de la création d’une nouvelle formation apparaissaient clairement, mais les journalistes consacraient aussi beaucoup d’attention à la présence des partis de l’extrême-gauche dans l’initiative. Les journalistes ne semblent pas avoir compris qu”Une Autre Politique’ n’est pas un rassemblement de toutes les formations de la gauche radicale mais la construction d’une formation portée par des couches plus larges dans laquelle la gauche radicale organisée peut jouer un rôle. Le PTB s’est senti obligé de réagir avec un communiqué de presse pour annoncer qu’il ne participe pas à cette initiative.

    Le Vlaams Belang a publié deux articles sur l’initiative ‘Une Autre Politique’. Il a osé écrire qu’ "Il y a déjà depuis des années un parti nettement social qui défend le bien-être social de tous les Flamands : le Vlaams Belang". Freddy Van Gaever sera content d’entendre cela… (voir en page 10). Le VB prétend que ses électeurs n’attendent pas "quelques communistes recyclés".

    L’initiative de Sleeckx a reçu des commentaires assez positifs dans De Standaard et dans le quotidien populaire Het Laatste Nieuws. Bart Brinckman a écrit dans De Standaard: "Il y a des arguments pour une formation politique à gauche du SP.a et Groen, qui essaie de reprendre des votes du Vlaams Belang. Au Pays-Bas il existe un tel parti. […] En Flandre, tous les partis, sauf le Vlaams Belang, font partie de l’establishment. Une nouvelle initiative peut alors être un concurrent pour l’extrême-droite." Dans Het Laatste Nieuws Jan Segers a écrit un commentaire assez positif sur ce qu’il appele le Parti des Petits Gens.

    Les politiciens ont été moins enthousiastes. Geert Lambert, président de Spirit (petit parti nationaliste ‘de gauche’ associé au SP.a) a dit que Sleeckx arrive avec "un vieux discours" alors que, selon lui, la classe des travailleurs n’existe plus. Son collègue Bart De Wever, président de la N-VA (un autre petit parti nationaliste ‘de droite’, associé au CD&V) a même publié une tribune libre dans De Morgen avec quelques "avis pour les fondateurs d’un nouveau parti des travailleurs". Bien que son texte consiste surtout en remarques cyniques ou erronées, De Wever a dû avouer qu’il y a un espace pour une initiative à la gauche du SP.a puisque ce parti ne s’oriente plus vers les travailleurs: "Les moins forts dans la société y sont encore un sujet de discussion, mais de préférence en leur absence. La gauche caviar est la norme, le bourgeois bohéme est la forme."

    Caroline Gennez, vice-présidente du SP.a, a elle aussi réagi, en affirmant que son parti "a pris ses responsabilités" dans la discussion autour du Pacte des Générations. Elle a ajouté qu’il y a suffisamment de possibilités de discussions dans le SP.a même, en faisant référence à SP.a-Rood (un petit courant qui tente d’organiser une aile gauche dans le SP.a). Les écologistes de Groen n’excluent pas une collaboration avec une nouvelle formation mais disent attendre de connaître son programme. Groen rappelle qu’il s’est opposé au Pacte des Générations… mais il reste bien sûr silencieux sur la politique du gouvernement fédéral auquel les Verts ont participé eux-mêmes entre 1999 et 2003.

    L’attention portée par la presse – à l’heure actuelle, surtout la presse flamande – confirme bien qu’il y a un espace pour une nouvelle formation à gauche de la social-démocratie et des écolos.

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