Your cart is currently empty!
Tag: Bart De Wever
-
Voilà la seconde phase de l’avalanche d’austérité
La première tournée d’austérité n’était pas encore totalement au point, les pompiers étaient notamment encore en pleine lutte, que le gouvernement et l’opposition de droite se sont empressés de proposer de nouvelles mesures antisociales. Attaques contre l’indexation, les prépensions, et même les congés légaux : l’imagination est décidément au pouvoir…
Par Geert Cool, article tiré de l’édition de mars de Lutte Socialiste
La situation économique de notre pays ne semble pas au mieux de sa forme. La perspective de croissance de 0,8% prise en compte lors de la préparation du budget 2012 par le gouvernement Di Rupo n’était pas réaliste. On parle désormais, au mieux, d’une croissance nulle (0,1% selon le Bureau du Plan, – 0,2% selon Frank De Keyser, économiste de BNP Paribas Fortis). La récession connue lors des deux derniers trimestres de 2011 se poursuivra cette année. La période de croissance rencontrée durant la première partie de l’année 20111 n’était, selon De Keyzer, due qu’au fait que notre économie est une économie ‘‘ouverte qui a profité de la croissance mondiale et également au fait les assainissements étaient encore à venir.’’ Di Rupo veut trouver 1,5 milliard d’euros supplémentaires, plus 0,5 à 1 milliard à trouver chez les gouvernements régionaux.
Pour l’opposition de droite de la NVA, il faut aller encore plus loin. Le parti de Bart De Wever veut mettre les travailleurs au régime sec avec un menu qui comprend la suppression pure et simple de la retraite anticipée et la quasi-suppression de l’indexation des salaires.
Pendant ce temps, l’impact de la première vague d’assainissement commence à devenir concret. Le service des pensions est ainsi parti en grève parce que le personnel est insuffisant pour répondre aux nombreuses questions des travailleurs. A Malins, c’est carrément la moitié des trajets assurés par la société de transports en commun De Lijn qui a été supprimée. Il n’est d’ailleurs pas prévu d’en rester là. Cette ville est aussi illustratrice de ce qu’il faudra attendre après les élections communales d’octobre : les sacs poubelles y coûtent désormais 2,5 euros.
Toute l’argumentation consistant à dire que nous ‘‘vivons au-dessus de nos moyens’’ est une stupidité. Les ménages ont, en moyenne, perdu 3% de pouvoir d’achat depuis 2009. Le coût de la vie a augmenté de 33% en moyenne depuis 2000. L’augmentation a surtout frappé les loyers (44%), l’énergie (77%) et la nourriture (38%). On ne peut pas vraiment considérer que ce sont des domaines superflus dans la vie quotidienne des familles. L’austérité qui vient va augmenter le taux de pauvreté en Belgique, à un moment où déjà 117.400 Belges sont dépendants de l’aide alimentaire. Rien que l’an dernier, 3.000 personnes ont rejoint leurs rangs. La campagne ‘Hiver 2012’ de la RTBF a illustré l’ampleur de la pauvreté dans notre pays, mais aussi la solidarité dont fait preuve la population.
Cette avalanche d’assainissement ne va pas se stopper d’elle-même, et nous ne devons en aucun cas accepter ces mesures avec l’espoir que cela permette d’éviter le pire. Céder une fois au chantage, c’est assurer qu’il se répète encore et encore. Nous avons un urgent besoin d’une riposte efficace et sérieuse, tant sur le plan syndical que politique. Des actions ludiques ou symboliques ne servent à rien, de même que faire appel au PS et au SP.a. Organiser sérieusement la résistance sociale, avec détermination et combativité, signifie aussi construire son prolongement politique sous la forme d’un nouveau parti des travailleurs. Ce sont des défis urgents pour le mouvement ouvrier.
-
Brisons tous les liens avec les partis de l’austérité !
‘‘Le PS nous a trahis, humiliés et abandonnés’’, ‘‘Au pays des belles promesses, les travailleurs meurent de faim car le PS a sacrifié les travailleurs sur l’autel de l’accord gouvernemental !’’ C’est ce qu’on pouvait notamment lire dans le tract de la CGSP distribué début janvier lors de vœux du ministre-président de la Région Wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte (PS). Quelques jours plus tard, la CGSP s’est rendue à la réception du bourgmestre de Mons, Elio Di Rupo. Le n° 1 du PS et du gouvernement a eu pour réponse de dire que les syndicats conduisent ‘‘les citoyens vers l’abîme’’. Relais politique des travailleurs, le PS ?
Par Eric Byl
Des propos similaires à ceux de leurs camarades de la CGSP ont pu être entendus à Anvers lors d’une réunion de militants, de la bouche de délégués de grandes entreprises privées (notamment dans la pétrochimie et de la métallurgie) mais aussi de tous les services publics et des soins de santé. A cette réunion, le président de la FGTB Rudy De Leeuw a tenté de minimiser la responsabilité des ‘socialistes’ dans le plus grand projet d’austérité de l’histoire du pays, en se concentrant sur la Hongrie, l’Espagne, Merkozy et la Banque Centrale Européenne. Mais il ne fallait pas écouter que ce qui sortait de la tribune, et ceux qui ont prêté l’oreille aux propos tenus dans la salle ont entendu un autre son de cloche.
Le 18 janvier, le président des métallos de la FGTB Wallonie-Bruxelles a écrit un article (disponibles sur www.metallos.be) dans lequel il affirme : ‘‘Peut-être, politiquement, sommes-nous à un bout du chemin : l’année prochaine, il y aura 25 ans que les socialistes sont revenus au pouvoir en Belgique. Si nous en sommes là aujourd’hui, ils ne peuvent nier leur responsabilité, et elle tient en un constat : la droite au pouvoir mène des politiques de droite, la gauche au pouvoir n’a pas mené des politiques de gauche et, aujourd’hui, joue carrément à droite.’’
Même à la CSC, la désillusion est profonde envers le rôle actuellement joué par le PS. Le 22 décembre, des militants du syndicat des employés de la CSC, la CNE, avaient ainsi manifesté devant le siège du PS Boulevard de l’Empereur et coloré sa façade d’un bleu symbolisant la politique libérale du parti de Di Rupo.
Plan Global, déduction des intérêts notionnels, Pacte des Générations, ‘‘chasse aux chômeurs’’, sous-financement de l’enseignement,… la droite aurait eu bien plus de mal si le PS s’était trouvé dans la rue à organiser la lutte plutôt qu’à appliquer ces politiques aux Parlements et aux gouvernements ! La ‘‘politique du moindre mal’’ a constitué la meilleure façon d’instaurer des mesures néolibérales par la manière ‘‘douce’’. C’est sur cette base que le SP.a n’attire déjà plus que 13% des voix en Flandre. La gauche officielle y a pratiquement disparu de la scène politique, et le vote anti-establishment s’exprime maintenant avec Bart De Wever. A-t-on vraiment envie que cette situation s’étende à tout le pays ?
Il faut rompre tous les liens qui unissent les syndicats aux divers partis traditionnels MAINTENANT ! Combien de trahisons encore avant qu’une partie conséquente des militants syndicaux refuse de continuer à se battre une main liée au dos ? Nous avons urgemment besoin de notre propre relais politique.
-
Rompre les liens entre les directions syndicales et les partis de l’austérité MAINTENANT !
Le gouvernement Di Rupo 1er a déjà engrangé un beau record : celui du gouvernement belge à avoir été le plus vite confronté à une grève générale de l’histoire ! Comme le disait Nico Cué, le président des métallos de la FGTB pour la Wallonie et Bruxelles, en titre de son édito du 9 décembre, ce gouvernement c’est ‘‘Un ‘‘socialiste’’ au ‘‘16’’ [rue de la Loi, siège du Premier ministre], le socialisme au tapis.’’ Pourquoi encore entretenir la moindre illusion envers le rôle joué par le PS ?
Peu avant le nouvel an, on a pu découvrir dans les pages du Soir et du Standaard, dans le cadre d’une série consacrée à la formation du gouvernement, que le formateur avait à de nombreuses reprises rencontré les membres de l’Action Commune durant l’automne. Celle-ci regroupe historiquement la FGTB et son pendant néerlandophone l’ABVV, le PS, le SP.a et les Mutualités socialistes francophones et flamandes. Le président de la FGTB wallonne, Thierry Bodson, a déclaré à ce sujet que "Elio avait un grand cahier devant lui, il nous donnait la liste des horreurs. On disait que c’était la ‘cata’ et lui répondait que ce n’était pas possible de faire autre chose! A aucun moment, il n’y a eu vraiment concertation." Un négociateur a dit aussi que les experts du PS étaient en liaison étroite avec le service d’études de la FGTB. Conclusion : les directions syndicales étaient parfaitement au courant des mesures qui allaient tomber, et contre lesquelles les militants ont fait grève par la suite. Ils savaient aussi qu’aucun changement significatif n’allait arriver dans la feuille de route du gouvernement en formation.
Reste que, entre le 4 juillet, date à laquelle Di Rupo a publié sa note de négociation, et le 15 décembre, date de la concentration syndicale du Heysel, fort peu de choses ont été faites pour se préparer au combat. A tel point que le lendemain de la concentration syndicale, dans les pages du Soir, la première question posée par les journalistes à Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB) et Claude Rolin (secrétaire générale de la CSC) était : ‘‘Vous mobilisez un peu tard non ?’’ (16/11/11)
Cette relation étroite entre la direction la FGTB et le parti d’austérité qu’est le PS sape totalement l’idée que le dialogue social est passé par-dessus bord et que les syndicats ne savaient pas quelles mesures allaient venir. Mais cela sape aussi la crédibilité des protestations massives contre ces mesures, connues à l’avance du sommet syndical.
Les partenaires de l’Action Commune, nous les connaissons. Tout juste après la manifestation syndicale nationale du 2 décembre, le vice-premier ministre Johan Vande Lanotte (SP.a) avait déclaré dans les pages du Soir : ‘‘Avant même d’avoir un gouvernement, on a déjà manifesté ! On est déjà en train de préparer la grève. Ce n’est pas comme ça que marche, une démocratie ! […] Évitez de vous mettre hors-jeu ! Restez dans le jeu ! Deux millions d’affiliés… Cela donne des responsabilités’’ (6/12/2011). En gros : laissez nous vous plumer, s’il vous plait… Est-ce avec ce genre de personnage qu’un syndicat de combat doit entretenir des liens ? Nous ne le pensons pas, et sommes loin d’être les seuls.
Dans son édito du 9 décembre, Nico Cué concluait que ‘‘le PS est tout heureux d’être «responsable» et d’avoir «sauvé les meubles». Ceux de Laeken? Les travailleurs vont payer cash l’exorbitant loyer du «16, rue de la Loi». Ce n’est pas ce qu’ils voulaient. A gauche, nous avons besoin d’une politique de gauche. Comme de pain. D’une gauche offensive. D’une gauche qui rende les coups plutôt que de les encaisser. D’une gauche qui fasse changer la peur de camp. D’une gauche qui permette enfin d’envisager pour nos enfants un avenir meilleur que leur présent.’’ En disant cela, il traduit un sentiment qui vit particulièrement fort à la base de la FGTB, mais aussi de la CSC. Ainsi, lors de la grève générale des services publics du 22 décembre dernier, des militants de la CNE s’étaient rendus devant les locaux du PS à Bruxelles, Boulevard de l’Empereur. Ils étaient venus dénoncer que ce parti, pour lequel de nombreux militants de la CSC avaient voté, est devenu bien libéral. La police avait essayé de les déloger.
Que peut-on encore attendre d’un parti comme le PS, dont les fédérations ont approuvé à la quasi-unanimité l’accord gouvernemental fédéral et la participation du PS à la tête de l’austérité ? Qu’est ce que ça vaut encore un parti ‘‘de gauche’’ qui applique une politique de droite ? Plan Global, déduction des intérêts notionnels, Pacte des Générations, ‘‘chasse aux chômeurs’’, sous-financement de l’enseignement,… la droite aurait eu bien plus de mal si le PS s’était trouvé dans la rue à organiser la lutte plutôt qu’à appliquer ces politiques aux Parlements et aux gouvernements !
La ‘‘politique du moindre mal’’ a constitué la meilleure façon d’instaurer des mesures néolibérales par la manière ‘‘douce’’. C’est sur cette base que le SP.a n’attire déjà plus que 13% des voix en Flandre. La gauche officielle y a pratiquement disparu de la scène politique, et le vote anti-establishment s’exprime maintenant avec Bart De Wever. A-t-on vraiment envie que cette situation s’étende à tout le pays ?
Il faut rompre les liens qui unissent les syndicats aux partis d’austérité, et MAINTENANT ! N’importe qui sait très bien que l’on ne part pas vers une victoire facile en allant se battre une main liée au dos. Les luttes syndicales ont besoin de disposer de leur propre outil politique, d’un prolongement pour leurs revendications. Le PS et le SP.a sont tout le contraire de ce prolongement. Cela signifie qu’Anne Demelenne et Rudy De Leeuw doivent prendre leurs distances des réunions de Bureau du PS et du SP.a. Rudy Deleeuw doit aussi quitter la présidence du SP.a à Denderleeuw, ville où le SP.a est en coalition avec entre autres… la NVA !
Tant que les syndicats renverront leur base vers le PS, le CDh ou Ecolo, le populisme menacera. Les syndicats doivent rompre leurs liens avec les partis ”amis” et construire un vrai parti des travailleurs avec des hommes politiques qui bossent au salaire d’un collègue, pas à celui d’un manager. Ils n’existent pas ? Prenons-les hors des dizaines de milliers de militants syndicaux qui s’engagent quotidiennement sans aucun intérêt personnel !
Un tel parti des travailleurs doit être pluraliste et ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre cette politique qui rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. En Flandre, Rood !, le mouvement d’Erik de Bruyn (ancien candidat à la présidence du SP.a, qui vient de quitter ce parti) est un essai en cette direction. A Bruxelles et en Wallonie, ce potentiel existe aussi. Il est urgent d’aborder largement cette question.
[VIDEO] Action de la CNE devant les locaux du PS
[VIDEO] La police intervient lors de l’action de la CNE aux portes du PS
-
Du métal, pas de Mittal !
Nationalisation de la sidérurgie sous le contrôle des travailleurs, sans rachat, ni indemnité!
Le 26 octobre dernier, nous étions 10.000 à avoir occupé une matinée le centre-ville de Seraing contre l’annonce de la fermeture de la phase à chaud. Et combien de dizaines de milliers ce mercredi encore dans les rues de la Cité Ardente ? ‘‘Si Mittal décide de nous traiter comme de la merde, qu’il dégage ! Nous, on se battra pour reprendre notre avenir en main. On n’est pas condamnés à se laisser dépouiller par les financiers et les actionnaires’’ a déclaré la délégation FGTB d’ArcelorMittal à Liège. Reste maintenant à concrétiser tout ça !
Tract du PSL. PDF
De l’occupation de places à l’occupation de l’outil
Les syndicats revendiquent la nationalisation de l’outil, et ils ont raison. Nous voulons participer à ce débat et défendre plus particulièrement la nationalisation du secteur sidérurgique entier, sans rachat ni indemnités, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la collectivité. Les métallos connaissent parfaitement leurs entreprises ainsi que les compétences et qualifications qui sont les leurs, ils peuvent aussi tous témoigner de la gestion aberrante et chaotique qui prévaut actuellement sous le règne de la logique de profit.
ArcelorMittal n’est pas un évènement isolé. Partout dans le monde, les travailleurs et les jeunes entrent en résistance contre ce système de profits. Ils ont notamment occupé les grandes places, en les gérant par des assemblées générales. Pourquoi – après l’occupation des places en Tunisie, en Égypte, en Espagne, en Grèce ou aux États-Unis – ne pas commencer à occuper notre entreprise et déplacer ainsi la lutte au cœur même de l’économie et des moyens de production ? Ce serait la meilleure manière d’offrir un espace où discuter, en assemblées générales souveraines, de l’organisation du combat, de l’élection démocratique d’un comité de lutte, de l’organisation d’une solidarité active dans les autres entreprises et dans les quartiers,… Ce serait encore un excellent premier pas pour assurer que les travailleurs restent ensuite au contrôle de leur entreprise, expropriée et nationalisée. Imaginons aussi l’impact proprement gigantesque qu’aurait une telle méthode sur les luttes de tous les pays et dans les discussions sur la manière de renverser le capitalisme et de le remplacer par le socialisme démocratique !
Résistance internationale !
La Fédération européenne des sidérurgistes (la FEM) a appelé tous les travailleurs d’ArcelorMittal et de ses sous-traitants à faire grève ce 7 décembre, partout en Europe. C’est un appel historique, qui montre clairement la voie à suivre.
Partout, les travailleurs et leurs familles font face à des attaques gigantesques, dans leurs entreprises ou sous les coups des gouvernements comme l’illustre ce nouveau plan d’austérité monstrueux (24 milliards d’euros !) en Italie. Pour tous les secteurs, cet appel de la FEM est un exemple à énergiquement utiliser pour défendre l’organisation d’une grève générale européenne de 24 heures.
Un outil politique pour les travailleurs !
Vendredi dernier, 80.000 personnes étaient dans la rue contre l’austérité et les projets du gouvernement. Ce que prépare Di Rupo 1er n’est rien de moins que la plus grande attaque contre les travailleurs de toute l’histoire du pays, et nous savons tous que ce n’est que le début d’une avalanche d’austérité. Que peut-on encore attendre d’un parti comme le PS, dont les fédérations ont approuvé ce week-end à la quasi-unanimité l’accord gouvernemental fédéral et la participation du PS à la tête de l’austérité ? Qu’est ce que ça vaut encore un parti ‘‘de gauche’’ qui applique une politique de droite ? Plan Global, déduction des intérêts notionnels, Pacte des Générations, ‘‘chasse aux chômeurs’’, sous-financement de l’enseignement,… la droite aurait eu bien plus de mal si le PS s’était trouvé dans la rue à organiser la lutte plutôt qu’à appliquer ces politiques aux Parlements et aux gouvernements !
La ‘‘politique du moindre mal’’ a constitué la meilleure façon d’instaurer des mesures néolibérales par la manière ‘‘douce’’. C’est sur cette base que le SP.a n’attire déjà plus que 13% des voix en Flandre. La gauche officielle y a pratiquement disparu de la scène politique, et le vote anti-establishment s’exprime maintenant avec Bart De Wever. A-t-on vraiment envie que cette situation s’étende à tout le pays ?
Il faut rompre tous les liens qui unissent les syndicats aux divers partis traditionnels MAINTENANT ! Combien de trahisons encore avant qu’une partie conséquente des militants syndicaux refuse enfin de continuer à se battre une main liée au dos ? Les métallos ont la capacité de se mettre à l’avant de cette lutte, ils l’ont déjà démontré à de nombreuses reprises. Ils peuvent entraîner la toute la société derrière eux, avec un bon plan d’action qui assure une ‘‘année chaude’’ (comme avec la proposition de Nico Cué d’un plan de grèves générales de 24 heures en janvier, de 48 heures en avril et de 72 heures en juin) mais aussi avec un appel à construire un nouveau parti large, POUR et PAR les travailleurs.
En Flandre, c’est dans cet esprit que le PSL participe à la construction de Rood !, une nouvelle initiative politique autour d’Erik De Bruyn, l’ancien candidat à la présidence du SP.a, qui vient de quitter ce parti tourné depuis des années vers le libéralisme et la casse des acquis des travailleurs.
-
Il faut une gauche forte, combative et conséquente
Les derniers sondages dévoilent une N-VA aussi “incontournable” en Flandre que le PS l’est en Wallonie. La N-VA a grimpé jusqu’à 33,5% (contre 28,2% l’an passé). Le PS obtient de son côté un score similaire aux élections dernières avec 35,6%. Cela signifie-t-il un ferme tournant à droite de l’électeur flamand ? Pas en première instance, selon nous.
Bart Vandersteene
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
A la réunion de lancement de Rood! à Gand, le 15 juin dernier, environ 80 personnes étaient présentes. Le PSL soutient Rood! et veut défendre de façon conséquente la nécessité de la création d’une nouvelle formation politique large de gauche.
[/box]La propagande de droite et libérale menée des années durant a certainement eu un impact sur la manière dont une grande partie de la population réfléchi vis-à-vis de nombre de sujets brûlants. Mais le score de la N-VA est avant tout l’expression de la faiblesse de ses opposants politiques. La N-VA défend un programme de droite et anti-social, mais comment les partis traditionnels pourraient-ils le dénoncer de façon crédible ? Comment le SP.a pourrait attaquer Bart De Wever sur le fait qu’il veut poursuivre les privatisations alors qu’eux-mêmes ont bradé sans scrupules Belgacom, La Poste, la SNCB, De Lijn,… avec des libéralisations et/ou des privatisations ?
La N-VA fait tout pour maintenir une image de parti d’opposition, de parti qui n’a pas encore souillé ses mains à la politique, malgré leur participation au gouvernement flamand. Là, le parti a déjà montré quelle est sa démarche au pouvoir, en allant chercher Philippe Muyters dans les rangs de l’organisation patronale flamande extrémiste Voka pour en faire un ministre des Finances et du Budget…
De qui la N-VA défend-elle les intérêts ?
En 2010, la Belgique comptait 75.000 millionnaires en dollars, une croissance de 9,8% en comparaison de 2009. Pour les plus riches, la crise a rapidement été digérée. Ces 75.000 personnes (soit 0,7% de la population) font la pluie et le beau temps. S’ils estiment que les impôts sont trop élevés, ils menacent alors de quitter le pays et d’aller à Monaco ou un autre paradis fiscal. Que les travailleurs osent défendre des revendications salariales et ils menacent de délocaliser la production pour se faire plus d’argent ailleurs.
De Wever & Co défendent, avec finesse, les intérêts de ceux qu’ils représentent réellement, c’est-à-dire ce 1% des plus riches et ceux qui espèrent un jour faire partie de ce club. Subtilement, avec des répétitions méthodiques et en l’absence de toute contestation, ils créent de nouvelles ‘‘évidences’’, des interprétations qu’une partie grandissante de la population accepte comme étant la vérité : ‘‘les pensions ne sont plus payables’’, ‘‘les salaires sont trop élevés’’, ‘‘plus de compétences pour la Flandre pourrait tout résoudre’’,…
Nous avons besoin d’une gauche qui défende avec la même résolution le camp des 95% restant de la population : les familles de simples travailleurs, l’un avec un meilleur salaire que l’autre, l’un avec un peu plus d’épargne que l’autre. Qu’importe, ils ont tous en commun de vivre du travail salarié et de préférer payer leurs impôts pour une grande piscine communale plutôt que de devoir construire une piscine trop petite et trop chère dans leur jardin. Pour ces 95%, un mécanisme de solidarité collectif pour les soins de santé et la sécurité sociale est bien meilleur qu’une assurance individuelle. Ce sont ces 95% qui ressentent maintenant la crise, pour qui les emplois deviennent incertains, pour qui trouver un logement décent est devenu quasiment inabordable, pour qui les services coûtent toujours plus cher, pour qui la facture énergétique est une charge très lourde,…
Fin de cette année, le gouvernement Leterme va devoir accoucher d’un programme d’austérité, ce qu’il prétend pouvoir réaliser sans mesures antisociales. Illusion. Une augmentation de l’âge des pensions, des attaques contre l’indexation salariale, une baisse du budget pour les soins de santé, la détérioration de la sécurité sociale, le démantèlement des services publics,… Tout ça, c’est ce qui nous attend.
Au Parlement, aucun parti ne s’oppose résolument à cette logique politique qui fera payer la crise à la population, alors qu’elle n’en est en rien responsable. Nous voulons soutenir chaque initiative allant en direction d’une représentation politique des intérêts des simples travailleurs. C’est pourquoi nous nous engageons dans des initiatives plus larges comme Rood ou le Front des Gauches.
Rood en Flandre, le Front des Gauches en Belgique francophone
Fin avril, l’opposition de gauche officielle au sein du SP.a a définitivement tourné dos au parti et a initié le mouvement indépendant ‘‘Rood’’ (Rouge en néerlandais). Depuis lors se sont tenues les premières réunions à Anvers, Gand, Bruxelles, Hasselt, Herentals et Louvain. En septembre, nombre d’autres villes sont encore prévues. Le PSL/LSP participe à cette initiative, qui a selon nous le potentiel de grandir vers un large mouvement de gauche. Pour cela, il faut un profil combatif et le mouvement doit adopter un programme clairement socialiste.
Le Front des Gauches (FdG) n’a pas pu utiliser l’année écoulée depuis sa participation électorale afin de s’imposer plus fortement dans le paysage politique. Le FdG est une coalition de six organisations, dont le PSL, le PC, la LCR et le PH. Juste avant les élections précédentes un accord avait été conclu pour se présenter aux élections comme FdG, une liste qui a eu un respectable 1,15% (28.000 voix). Les divergences d’opinions concernant la manière de poursuivre cette initiative ont conduit à ce que le Front n’est aujourd’hui pas plus avancé qu’il y a un an, c’est-à-dire une coopération électorale de six organisations. Selon nous, le potentiel est réel de pouvoir rassembler en une initiative large des centaines de gens de gauche qui ne sont actuellement pas organisés.
Le travail à faire est encore grand avant de pouvoir parvenir à constituer des formations de gauche aussi fortes que celles dont dispose la droite. Mais cette nécessité devient sans cesse plus urgente aux yeux de beaucoup de personnes, et cela est en soi un grand potentiel. Le PSL appelle chacun à rejoindre les initiatives existantes. Ce n’est qu’avec une participation et une implication de couches plus large que les actuels militants de gauche qu’elles peuvent devenir des réussites.
-
Le souhait de De Wever : des économies encore plus dures
En rejetant la note de Di Rupo, la N-VA a livré ses critiques concernant les plans d’économies. Le parti de De Wever affirme que les choses ne vont pas suffisamment loin à leur goût et regrette que l’indexation des salaires soit préservée, que l’âge de la retraite n’augmente pas assez vite et que le chômage ne soit pas limité dans le temps. En bref, l’austérité prévue par la note de Di Rupo allait déjà très loin, mais pas assez pour De Wever.
De façon extrêmement étrange, Bart De Wever tente de faire avaler que son refus de la note de Di Rupo est une ”résistance” contre le fait que le bon travailleur Flamand devrait payer pour tout selon De Wever. Mais, avec ce que De Wever propose, le ”bon travailleur Flamand” devrait payer encore plus ! De Wever ne s’adresse en réalité pas le moins du monde au travailleur ‘normal’ quand il met en avant les mesures qu’il voudrait voir mises en oeuvre. D’ailleurs, vous qui lisez ces lignes, quand avez-vous réussi à payer moins d’impôts grâce à la déduction des ‘intérêts notionnels ? Peut-être faites vous partie de ces 70.000 Belges qui disposent d’une fortune de plus d’un million d’euros ?
Pour De Wever, il n’est pas possible que les entreprises reçoivent moins de ‘cadeaux fiscaux’. Réduire les cadeaux fiscaux, c’est ce qu’il qualifie de ”tsunami fiscal”. Le fait est que, pendant ce temps, la moyenne des impôts des entreprises à diminué de 19.9% (en 2001) à 11.8% (en 2009). Pour de Wever, toucher aux intérêts notionnels, même légèrement, c’est un tabou.
Le travailleur ‘normal’ devrait être plus fortement pris en main selon De Wever. Récemment, en Flandre, le président de l’Open VLD, Alexander De Croo, a été surnommé ”Baby – Thatcher”, en référence à Guy Verhofstadt, qui lorsqu’il était plus jeune reçu fin des années ’80 un tel surnom en conséquence de son approche fortement néolibérale. Il semble bien que ce soit dorénavant Bart De Wever qui lorgne sur le titre.
Que veut-il donc ? Il prétend que la note de Di Rupo ne rencontre que deux des six ”Recommandations Européennes”. Plus précisément, De Wever exige que les allocations de chômage soit limitées dans le temps (de 6 mois à 2 ans) avec le constat suivant: ”La Belgique est le seul pays ou tu peux recevoir des allocations de chômage pendant une éternité.” Il souhaite aussi que les ‘Allocations d’attentes’ soient supprimées. De Wever exige encore de s’en prendre à l’indexation des salaires, sans toutefois explicitement affirmer qu’elle doit être supprimée, mais en disant quand même que la garder n’est pas possible…
Les grandes entreprises et les topmanagers ont moins à craindre de Bart De Wever. Il trouve ainsi scandaleux que l’on touche à la déduction des intérêts notionnels, ce qui d’après lui signifierait une perte de crédibilité auprès des investisseurs étrangers. Larhétorique de De Wever parle du bon travailleur Flamand mais, dans les faits, il est bien plus soucieux des intérêts des investisseurs étrangers. Les topmanagers ont aussi trouver leur champion: la proposition de limiter la partie ”variables” des topmanagers (bonus et autres) à 30% du salaire total est décrite par De Wever comme étant une mesure destinée à ”intimider”.
Le 5 juillet, nous avons écrit sur notre site qu’il y a deux courants dans la politique des partis au Parlement ”Ces deux principaux courants – ceux qui veulent immédiatement provoquer la casse sociale et à entrer en confrontation avec les syndicats ainsi que ceux qui prévoient des ‘‘sangsues’’ qui font leur boulot tous les jours, mais qui font moins de bruit au début – n’offrent pas de perspectives agréables. Préparons-nous à lutter contre ces deux stratégies. Dans les syndicats, il est urgent de briser les liens que la direction continue à entretenir avec des partis qui n’ont à offrir aux travailleurs qu’une dégradation continue de leurs conditions de vie.” Ce constat est encore vérifié après les évènements de ces derniers jours.
-
Assainir 22 milliards d’euros d’ici 2015
Parmi les négociateurs, l’unité règne pour dire qui va payer, mais pas sur la méthode
Au moment de boucler ce journal, personne ne savait encore ce qui allait bien pouvoir figurer dans la note de Di Rupo. Un chiffre se dégageait toutefois, celui de 22 milliards d’euros à assainir pour 2015. La seule chose que Di Rupo a laissé entendre, c’est qu’il cherche à trouver un équilibre 50/50 entre augmentations des revenus et diminutions des dépenses. La N-VA et les libéraux (des deux côtés de la frontière linguistique) ont alors lancé l’offensive : pour eux, l’accent doit être mis sur l’effort dans les dépenses. Di Rupo se donne un air plus ‘‘social’’, sans avoir précisé où il allait chercher ces nouveaux revenus et quelles dépenses allaient passer à la trappe…
Par Anja Deschoemacker, article tiré de l’édition de juillet-août de Lutte Socialiste
Les différences de style dans le paysage politique belge sont bien connues. La N-VA, l’Open VLD et le MR veulent instrumentaliser la crise pour passer à la vitesse supérieure avec la politique néolibérale. Le modèle allemand, avec son augmentation gigantesque du secteur des bas salaires, les rend jaloux, tout comme les petits et moyens patrons de l’Unizo et du Voka. Ce n’est pas non plus une coïncidence si Bart De Wever a eu du succès lors de son passage au cercle patronal wallon le Cercle de Wallonie (le 30 novembre 2010).
Les patrons wallons auront surtout apprécié cette partie : ‘‘Lorsque les Flamands (pour De Wever, les syndicats n’existent pas en Flandre, alors qu’ils comprennent plus de membres que tous les partis flamands mis ensemble !) disent que nous devons prendre l’exemple de l’Allemagne, où le travail intérimaire a été assoupli, les allocations de chômage réformées, des mesures prises afin de contrer la flambée des coûts du travail et où le gouvernement a introduit des réformes difficiles mais nécessaires, la majorité de la Wallonie se cabre une fois de plus et dénonce des bains de sang sociaux !’’
Quelle douce musique aux oreilles des partis libéraux ! Les autres partis sont moins ouvertement sur cette ligne, mais c’est largement leur politique qui a introduit modération salariale, démantèlement de la sécurité sociale, privatisations et libéralisations des services publics.
Au début de l’ère néolibérale, les partis bourgeois ont vite compris qu’une politique de confrontation directe avec les syndicats a souvent un effet contreproductif. La tactique du salami s’est donc imposée comme stratégie privilégiée, une tactique assurant graduellement – mais structurellement – le démantèlement et l’érosion de l’Etat-providence d’un côté et l’augmentation des profits des grandes entreprises de l’autre.
N’entretenons aucune illusion ! Le PS lui aussi ne reviendra en aucune façon sur la baisse des contributions patronales à la sécurité sociale. A l’instar des autres partis, il souhaite qu’elles baissent encore, probablement plus particulièrement pour les bas salaires. Quant aux ‘‘revenus alternatifs’’ pour la sécurité sociale qui seront alors nécessaires, on ira les chercher chez ‘‘tout le monde’’, surtout dans les salaires nets des travailleurs.
La presse flamande a attaqué Di Rupo lorsqu’il a défendu l’indexation et l’actuel âge de la retraite contre les recommandations européennes, mais Yves Leterme lui aussi a défendu l’index avec des termes identiques il y a quelques mois. Il ne faut cependant pas s’attendre à ce qu’ils reviennent sur l’index-santé (une manipulation de l’indexation qui assure que le pouvoir d’achat des salaires et des allocations diminue, même malgré l’indexation). A un certain moment, au contraire, le CD&V/CDH et le PS/SP.a accepteront une nouvelle ‘‘adaptation’’ de l’index.
Ces deux principaux courants – ceux qui veulent immédiatement provoquer la casse sociale et à entrer en confrontation avec les syndicats ainsi que ceux qui prévoient des ‘‘sangsues’’ qui font leur boulot tous les jours, mais qui font moins de bruit au début – n’offrent pas de perspectives agréables.
Préparons nous à lutter contre ces deux stratégies. Dans les syndicats, il est urgent de briser les liens que la direction continue à entretenir avec des partis qui n’ont à offrir aux travailleurs qu’une dégradation continue de leurs conditions de vie. Leurs partis frères en Grèce, en Espagne et au Portugal indiquent ce à quoi nous devons nous attendre lors d’une nouvelle phase de la crise financière ou économique, ce qui n’est pas à exclure pour la Belgique.
-
Il faut briser la norme salariale dans les négociations sectorielles
Après différentes actions contre la norme salariale de 0,3% et le maintien de la discrimination entre statuts d’ouvrier et d’employé, les négociations sectorielles vont commencer. C’est l’occasion de briser cette norme salariale et de mettre en avant des revendications offensives, si possible en front commun syndical.
Article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste
Les actions contre l’AIP
La majorité des syndicalistes s’est prononcée contre la proposition d’Accord Interprofessionnel, dans les trois gros syndicats et contre leurs propres directions nationales. Seules la FGTB et la CGSLB ont respecté cette majorité et sont partis en action. Mais les manifestations et actions régionales étaient relativement désorganisées, sans mot d’ordre clair donné suffisamment longtemps à l’avance. La journée d’action du 4 mars a toutefois été un succès. Différents secteurs et zonings industriels étaient à l’arrêt, tout comme le port d’Anvers qui, aux dires du chef de l’autorité portuaire, a perdu un million d’euros par heure. La fédération patronale du métal, Agoria, a perdu 20 millions d’euros de revenus et 35.000 journées de travail.
Il faut refuser la norme salariale !
Avant et après la journée d’action nationale du 4 mars, la volonté d’avoir de nouvelles actions était grande, mais l’absence d’un plan d’action a miné le potentiel de la journée du 4 mars. Il a bien été question du sommet de l’Union Européenne du 24 mars (voir en page 5), mais le débat concernant l’AIP a été renvoyé aux négociations sectorielles.
Au cours des actions contre l’AIP, les informations concernant les augmentations salariales des directions d’entreprises, de plus de 0,3% évidemment, ont fait tache. Maintenant qu’aucun accord national n’a été conclu, les négociations dans les secteurs et les entreprises peuvent commencer, pour obtenir des augmentations salariales décentes.
L’exemple allemand : 7%
Quant on parle de salaire, le patronat aime bien se référer au modèle allemand de bas salaires et de travail flexible (voir notre édition de février). Une part grandissante des travailleurs allemands tombe dans le secteur des (très) bas salaires, mais les secteurs traditionnellement plus forts n’hésitent pas à défendre des augmentations importantes. Le syndicat de la chimie IG BCE revendique 7% d’augmentation pour une année (index compris) pour les 550.000 travailleurs du secteur. La production de ce secteur a augmenté de 11% en 2010, le chiffre d’affaire de 17,5% et la marge de bénéfice a aussi augmenté. Dans la télécommunication, les syndicats allemands revendiquent 6,5% d’augmentation. Ils ont manifesté et fait grève en février contre la ‘‘proposition’’ patronale de 1,08%.
Suivons ces exemples pour les négociations sectorielles. Yvan De Jonge, secrétaire de la FGTB-Alimentation, a déclaré à la presse que : “Toutes les indications nous donnent le droit de demander plus que les 0,3% qu’ils veulent aujourd’hui nous donner. Par exemple, Coca-Cola a réalisé en 2009 un bénéfice 96% supérieur à la moyenne des 10 dernières années et en 2010 il sera trois fois supérieur à la moyenne. Quick a engrangé un bénéfice en hausse de 109% par rapport à la moyenne des dix dernières années. Des entreprises comme Candico, Dossche Mills, CSM notamment ont engrangé de ‘superbénéfices’.’’ Il a aussi dénoncé qu’alors que les bénéfices des entreprises augmentent, le personnel doit travailler 10% plus dur qu’il y a dix ans. Pour les barèmes minimaux, la FGTB-Alimentation revendique 4,5% d’augmentation.
Quelques arguments…
“Il n’y a pas de marge pour une augmentation de salaire”
Au beau milieu de la crise, en 2009, au moins 10 entreprises présentes dans notre pays ont réalisé plus d’un milliard d’euros de profit (presque 30 milliards d’euros ensemble). Les 18 entreprises du Bel20 qui ont fait connaître leurs résultats pour 2010 parlent de 16 milliards d’euros de profit, soit 30% de plus qu’en 2009. Environ la moitié de ces bénéfices seront versés aux actionnaires.
Alors qu’on nous demande de nous serrer la ceinture, il n’y a pas de problèmes pour les topmanagers et les politiciens. Les 13 managers les plus hauts placés d’ABInbev reçoivent 20,33 millions d’euros en salaires et bonus. Et nous ?
“Nous voulons partir en action, mais ceux de la CSC ne veulent pas…”
S’il y a division au sommet syndical, ce n’est pas le cas à la base dans le cadre de l’AIP. Le militant de la LCB (centrale flamande des employés de la CSC) Jon Sneyers a effectué une recherche sur les votes concernant l’AIP dans la CSC, qui démontre que 55% de la base s’est opposée au projet, chiffre ‘‘transformé’’ en 67% de ‘OUI’ avec différentes manipulations. Mais à la direction de la FGTB, on trouve aussi des coupables : la secrétaire générale Anne Demelenne a signé le projet d’Accord Interprofessionnel avant que sa base ne le rejette.
Les manœuvres au sommet entraînent très certainement des tensions à la base, mais il ne faut pas les favoriser. Le 4 mars, des militants de la CSC étaient aussi présents aux piquets, et la CNE/LBC avait fait une action particulièrement réussie le 28 février à Bruxelles, avec une petite délégation de militants de la FGTB. Travaillons l’unité à la base, les directions pourront moins facilement jouer avec nos pieds.
“Nous voulons partir en action, mais pas les Flamands…”
Cet argument, on peut souvent l’entendre du côté francophone: les Flamands seraient de droite et pas combatifs. Le 4 mars, il y avait 2.500 manifestants à Gand, 2.000 à Anvers, un millier à Louvain, et le port d’Anvers était totalement à l’arrêt. Avec des actions ce jour-là souvent mieux organisées que du côté francophone. Cet argument d’une moindre volonté de lutter en Flandre est faux, et ne doit pas être répéter si on veut construire un mouvement plus offensif.
Aucun parti traditionnel ne soutient les positions des travailleurs
Si cela nécessitait encore confirmation, le syndicat socialiste des employés SETCa et la Centrale Générale ont eu l’occasion de s’en apercevoir en faisant la tournée des partis traditionnels les 6 et 17 mars : aucun parti n’a soutenu les revendications syndicales.
Les partis gouvernementaux, y compris le PS, ont soutenu la proposition d’AIP, avec la norme salariale de 0,3% et le maintien de la discrimination entre statuts ouvrier et employé. Cette proposition a d’ailleurs aussi reçu le soutien de la N-VA. Le 4 mars, Bart De Wever s’est explicitement prononcé contre les actions pour de meilleurs salaires, a parlé d’une ‘‘ville occupée’’ et a exigé l’intervention de la police contre les grévistes. Nous avons bien vu ce qu’il fait du droit à l’action collective.
Quand la proposition scandaleuse d’AIP est sortie des négociations du ‘‘groupe des dix’’, le PS a déclaré que ‘‘Cet accord donne une nouvelle fois tout son sens au maintien au niveau fédéral de la concertation sociale interprofessionnelle, pivot de la compétitivité de nos entreprises, de la formation des salaires et des conditions de travail de milliers de travailleurs’’. Quand le gouvernement a cherché à imposer son projet, le PS a soutenu ce dernier dans un communiqué se terminant par : ‘‘Pour le PS, la priorité absolue est d’aboutir à un accord interprofessionnel équilibré et de garantir la paix sociale, dans une situation de crise particulièrement difficile.’’
On ne doit rien attendre de ces partis. Si les syndicats laissent tomber la question du prolongement politique de leur résistance contre l’AIP, ils reviendront vers les partis traditionnels la queue entre les jambes. Il est grand temps de rompre tout lien entretenu avec les partis traditionnels! Les militants combatifs doivent commencer à discuter de la façon de construire leur propre instrument politique, un nouveau parti des travailleurs.
Quelques chiffres sur les salaires…
A Bayer, les syndicats ont publié un tract comprenant les chiffres des profits de leur entreprise. En 2010, Bayer a eu 1,3 milliards d’euros de bénéfices, après impôts. De l’aveu même de la direction, le chiffre d’affaire a été cette année-là le plus élevé de l’histoire de l’entreprise.
En 2010, les dividendes par action ont été augmentés de 0,10 euro pour atteindre 1,5 euro. Les actionnaires ont reçu au final 1,24 milliards d’euros, soit 7% de plus qu’en 2009.
Les 6 membres du “bureau de management” ont reçu 10 millions d’euros en 2010, 13,5% de plus qu’en 2009. Le CEO (chief executive officer) Dekkers a gagné 80 fois plus qu’un simple ouvrier
Les travailleurs du site d’Anvers ont, eux, reçu une prime unique de 225 euros…
Si les actionnaires peuvent recevoir 7% de plus et les managers 13,5%, pourquoi doit-on se contenter de 0,3% ?
-
Shame: Manifestation et mécontentement massifs contre la crise politique
Hier, les rues de Bruxelles ont résonné au rythme d’une manifestation de plusieurs dizaines de milliers personnes (entre 35 et 45.000). L’ensemble des médias n’avaient eu de cesse de parler de cet appel la semaine dernière, la différence est frappante avec la manière dont sont traitées les mobilisations syndicales de cette ampleur, généralement reléguée au rang de vulgaires ‘fait divers’. La participation massive à la manifestation ‘Shame’ est toutefois un reflet de l’énorme mécontentement qui se développe face à la crise politique. La question est cependant de savoir quel gouvernement nous voulons…
Ce mécontentement, cette colère, les partis traditionnels ne peuvent l’ignorer. Même le président de la N-VA Bart De Wever a été relativement prudent dans sa manière de traiter du sujet, certainement la semaine dernière. Il sait bien entendu pertinemment bien qu’il est actuellement impossible de rassembler un nombre similaire de partisans de la scission de la Belgique dans une manifestation.
La manifestation elle-même rassemblait des publics très divers et avait un caractère confus quant au contenu. On pouvait retrouver dans le cortège des manifestants de l’extrême-droite à la gauche. A côté d’appels à “dissoudre tous les partis” pour donner le pouvoir au Roi se trouvaient des appels pour plus de solidarité, avec notamment une banderole en néerlandais comportant le slogan: “Geen Vlaanderen van de werkgevers” (‘‘Non à une Flandre des patrons’’). De nombreux symboles nationalistes étaient présents (des drapeaux belges), mais des groupes de manifestants n’étaient clairement pas là pour ça. D’autre part, il ne s’agissait pas d’une manifestation de ‘‘francophones’’, de très nombreux Flamands étaient aussi là, avec pancartes et banderoles en néerlandais.
Concernant le caractère confus, les organisateurs avaient tout fait pour le préserver en appelant à une manifestation “apolitique”. C’est d’ailleurs très étrange dans le cadre d’une manifestation visant à réclamer la formation d’un gouvernement… Ces mêmes organisateurs ont pourtant déclaré qu’il s’agissait d’un signal clair ‘‘au politique’’.
Le PSL était présent, mais en aucun cas pour ce ranger derrière le drapeau tricolore ou pour soutenir la formation de n’importe quel gouvernement. Il était important pour nous d’être présents à une manifestation semblable pour répondre au mécontentement et tenter de donner une orientation concernant le contenu.
Nous sommes donc intervenus derrière le slogan: “Un gouvernement pour s’attaquer aux banques et aux spéculateurs, pas aux travailleurs et à leurs familles / Een regering om de banken en speculanten aan te pakken, niet de werknemers en hun gezinnen”, un slogan qui clarifie de suite quel type de gouvernement nous voulons. Il est certain que pour une telle orientation, nous ne pouvons en aucun cas nous en remettre aux partis qui négocient actuellement et qui ont en tête de constituer un gouvernement de casse sociale, un gouvernement d’austérité qui voudra nous faire payer la crise. Nous publions également quelques photos de la manifestation :
- Reportage-photos (1)
- Reportage-photos (2)
-
De l’intérêt de la crise politique pour le mouvement ouvrier – Un regard réellement socialiste sur la crise politique persistante
La tentative de conciliation de Vande Lanotte était qualifiée de tantième ”négociation de la dernière chance”. A nouveau, aucun accord n’a été obtenu, mais il apparaissait en même temps qu’il ne s’agissait pas de ”la dernière chance” non plus. Les négociations continuent sous la direction de Vande Lanotte, avec De Wever et Di Rupo, et de nouveaux pourparlers ”cruciaux” vont suivre. Le gouvernement en affaires courantes sous la direction d’Yves Leterme a entretemps reçu du Roi la demande d’élaborer un budget pour 2011 avec un déficit plus bas que prévu.
Texte d’Anja Deschoemacker au nom du Bureau Exécutif du PSL
L’homme et la femme de la rue ne savent plus que penser. La dépression, le cynisme et surtout le défaitisme sont aux prises avec le fou rire, bien que ce soit un rire jaune. Entretemps, les institutions internationales, y compris les institutions de crédit, commencent en avoir assez. Les journaux sont remplis d’articles consacrés à la menace issue des marchés financiers. Selon le bureau de recherche du marché CMA, le risque d’une faillite de la Belgique a considérablement monté au cours du dernier trimestre, jusqu’à atteindre 17,9% (site web du quotidien flamand De Tijd, 10 janvier 2011). Avec cela, notre pays occupe aujourd’hui la 16e place des pays à risque, contre la 53e il y a neuf mois.
Cela doit être fortement nuancé. Même si la crise politique et l’absence d’un gouvernement stable attire évidemment l’attention et peut donner des idées aux spéculateurs, il est insensé de mettre la Belgique au même niveau que la Roumanie, comme fait le CMA. Ceci étant dit, il est évidemment correct de dire que le taux d’intérêt croissant que la Belgique doit payer sur ses emprunts coûte une masse d’argent, certainement au vu du fait que les intérêts que paie notre pays sur sa dette d’Etat représentent aujourd’hui déjà à peu près 11% du PIB.
Si ces éléments sont actuellement très fortement mis en avant dans les médias et si les dangers sont encore souvent exagérés, c’est surtout afin de mettre pression sur les partis impliqués dans les négociations pour enfin conclure un accord et former un gouvernement. Si la NVA ne peut pas y être poussé, même pas quand la crise financière frappe à nouveau, cela constituera la donnée devant servir pour gouverner sans la NVA, car la NVA ne veut pas gouverner et ”nous ne pouvons pas entretemps voir sombrer le pays”.
Au vu du fait que la Flandre – et donc aussi la Belgique – risque de devenir ingouvernable si les partis traditionnels perdent encore du soutien électoral et que la NVA l’emporte encore, la pression des marchés financiers et des institutions internationales va devoir être très grande avant que le CD&V ne soit prêt. Ce parti qui a durablement été le plus grand parti du pays, le meneur de jeu ultime, est aujourd’hui dans une situation où son existence même est menacée. C’est l’explication principale de son comportement capricieux.
Le CD&V dit “non, sauf si” – ou était-ce quand même ” oui, mais”?
Après la déclaration de Wouter Beke selon laquelle le CD&V ne voulait pas se mettre autour de la table avec les sept partis sur base de la note de Vande Lanotte, sauf si des adaptations fondamentales sur des points essentiels étaient préalablement adoptés, la confusion a totalement éclaté. Le bureau du CD&V aurait décidé de dire ”oui, mais” (selon Torfs et Eyskens), mais le G4 du parti (Kris Peeters, Yves Leterme, Steven Vanackere et Wouter Beke) aurait modifié cette décision après que des contacts aient eu lieu avec la NVA pour dire ”non, sauf si”. Wouter Beke a clairement été surpris des réactions et surtout de la décision de Vande Lanotte de démissioner. C’est du poker à haut niveau…
Et en première vue, cela semble avoir marché. Vande Lanotte peut maintenant quand même continuer à négocier, bien qu’accompagné de deux ”belles mère”: De Wever et Di Rupo. Qu’il n’y ait maintenant aucune garantie que ce triumvirat ne parvienne à quelque chose, pour le dire le plus doucement que possible, peut être clair au vu des premières réactions. Tant la NVA que le CD&V voudraient maintenant emprunter un chemin où moins de thèmes seraient discutés, mais où les réformes concernant ces sujets seraient plus profondes. Le socio-économique est évident mais, pour la NVA, cela signifie par exemple de revendiquer la scission de toute la politique du marché de l’emploi. Les réactions du CDH, du PS et d’Ecolo ont clairement été ”non!” Le CD&V s’oppose d’ailleurs lui aussi à une scission de la sécurité sociale et de l’Onem, ce parti est aussi sous pression de l’ACW (le Mouvement Ouvrier Chrétien en Flandre) et de l’ACV (la CSC en Flandre) qui s’y opposent également.
Le CD&V et la NVA veulent plus de responsabilisation des gouvernements régionaux et des adaptations dans la note sur Bruxelles, où joue surtout la veille contradiction entre régions et communautés. L’existence de ces deux structures est une exemple typique de ce qu’on appelle le compromis belge : les communautés ont étés créés sur demande de la Flandre qui voulait mener une politique culturelle propre (la Communauté Germanophone utilisant ce développement pour pouvoir elle aussi disposer de compétences communautaires), les régions ont étés créés sur demande de la Wallonie pour pouvoir mener sa propre politique économique. Les deux s’imbriquent et entraînent une structure d’Etat très compliquée.
Pour les politiciens flamands, les communautés sont les plus importantes. C’est pour cela que les politiciens et les journalistes flamands parlent tout le temps de deux ”Etats régionaux” et que des propositions reviennent pour que Bruxelles soit gérée à partir de la Flandre et de la Wallonie. Ils nient donc que la création d’une Région de Bruxelles a créé une nouvelle réalité qu’on ne peut pas simplement éviter et que l’application d’un Bruxelles géré par les communautés peut conduire dans la capitale à de grandes différences, et même à une politique de séparation. Ils laissent aussi de côté le fait qu’à peu près la moitié de la population bruxelloise ne se considère comme faisant partie ni d’une communauté, ni de l’autre.
Pour les politiciens francophones, les régions sont la structure de référence, de manière à ce que deux régions (la Wallonie et Bruxelles) se retrouvent face à la Flandre, ce qui renforce évidemment leur position. Ils refusent le développement de ”sous-nationalités” à Bruxelles, ce avec quoi le PSL est d’accord, mais ils passent à côté de la réalité historique que les Flamands ont dû se battre pour avoir, par exemple, le droit à un enseignement néerlandophone, car les compromis qui étaient conclus à ce sujet avant la création des communautés n’ont jamais été réellement appliqués et la politique visant à repousser le néerlandais et à privilégier le français continuaient tout simplement.
Maintenant que des nouveaux compromis doivent être conclus, ces vielles contradictions continuent à jouer parce que les compromis du passé n’ont pas résolu l’affaire, mais l’ont seulement temporairement ”concilié”.
Est-ce que ça va finir un jour?
Les partis francophones ont évidemment tous négativement réagi face au refus du CD&V et de la NVA de se remettre autour de la table à sept. Car eux aussi veulent des adaptations à la note de Vande Lanotte, mais en direction inverse. Ecolo a déclaré être d’accord pour continuer de négocier autour de cette note, avec des amendements, mais le PS et le CDH ont attendu jusqu’aux déclarations du CD&V et de la NVA pour laisser entendre un ”oui, mais”. Le découragement monte : est-ce qu’un accord finira par arriver un jour ?
Dans sa première déclaration après l’échec de la note Vande Lanotte, Elio Di Rupo a créé une ouverture envers le MR. Cette ouverture a été de suite refermée – les propositions du MR de travailler sur base de l’article 35 de la constitution et de commencer à discuter sur ce que nous voulons encore faire ensemble à partir d’une feuille blanche n’ont pas aidé Reynders à se réimposer – mais c’était un manœuvre tactique importante. En fait, Di Rupo disait ainsi que le PS n’est pas seulement préparé à fonctionner avec la NVA dans un gouvernement qui est de centre-gauche pour le reste, mais également au sein d’un gouvernement de centre-droit. La NVA a fait savoir auparavant qu’elle préférait impliquer les libéraux afin de pouvoir mener une politique sociale (plus) à droite.
La NVA a aussi laissé savoir qu’elle était en faveur d’une augmentation des compétences pour le gouvernement sortant et être préparée à donner un soutien de tolérance à plusieurs mesures budgétaires, entre autres autour du dossier du droit d’asile et de l’immigration, ce qu’ils avaient déjà proposé à Leterme en octobre. Il est donc clair que pour la NVA, un gouvernement de (centre) droit est un objectif important, un objectif qu’on ne sait pas obtenir sans les partis libéraux comme tant les sociaux-démocrates que les chrétiens-démocrates, et dans une moindre mesure les verts, sont gagnés à l’idée d’une politique d’austérité socialement emballée et accompagnée au lieu d’une thérapie de choc qui conduirait sans doute à une lutte du mouvement ouvrier. Mais il est très clair qu’avec le MR, il serait encore beaucoup plus difficile d’arriver à un accord autour du dossier symbolique par excellence – la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde – au vu des intérêts électoraux du MR/FDF dans la périphérie de Bruxelles. Si Vande Lanotte échoue à nouveau, une tentative de formation d’un gouvernement de centre-droit sans les verts et avec les libéraux n’est pas exclue.
La pression sur la NVA augmente aussi dans les médias flamands, et il est clair que ce parti constitue un obstacle sérieux pour parvenir à la formation d’un gouvernement. Mais est-ce qu’il y a la possibilité d’arriver à un accord, avec ou sans la NVA ? Les commentaires dans les médias sur les contradictions de la note de Vande Lanotte montrent qu’il s’agit des même qu’il y a trois ans : la responsabilisation des gouvernements régionaux et la place des Communautés à Bruxelles face à celle de la Région.
Dans le passé, ces contradictions ont toujours été – temporairement – conciliées dans les structures belges sur base de compromis où chaque côté recevait partiellement ce qu’il voulait en échange de concessions de l’autre côté. Cette tradition de compromis – pas seulement sur la question nationale et la langue, mais aussi en conciliant les contradictions entre travail et capital et celles entre les piliers catholiques et laïque – fait que la politique en Belgique est fortement caractérisée par le pragmatisme.
En Belgique, tous les commentateurs disent unanimement : ”la politique c’est l’art de faire des compromis”. Les coalitions sont ici la forme gouvernementale traditionnelle. Participer aux coalitions était déjà l’objectif du Parti Ouvrier Belge avant la Première Guerre Mondiale (sur le plan communal), et toutes les forces flamingantes ou régionalistes wallonnes ou bruxelloises ont dans le passé été prises dans des coalitions, une récompense pour leur volonté de compromis.
Maintenant, il semble que la NVA ne veut pas s’inscrire dans ce processus, ou du moins veulent ils visiblement en faire monter le prix tellement haut que ce ne soit plus acceptable du côté francophone. Mais nous ne devons pas nous tromper : pour la bourgeoisie aussi, par la voix de ses organisations comme la FEB, nombre de revendications de la NVA sont inacceptables. Le dernier rapport du FMI également appelle bien à la responsabilisation des gouvernements régionaux, mais appelle également à éviter que la concurrence entre les régions ne fasse des dégâts à l’unité du marché de l’emploi. Comme le rédacteur en chef du magazine Knack l’écrivait il y a des mois, la Belgique fonctionne pour le patronat comme la vache à lait parfaite, il ne veut en aucun cas s’en débarrasser. A la table des négociations, le PS n’est pas seulement le représentant de la Communauté francophone, mais aussi celui de ces cercles du Grand Capital.
La NVA reçoit un soutien pour son refus de rentrer dans ce jeu: une rupture avec cette politique des coulisses. Les études du comportement électoral illustrent toutefois que de grandes parties de l’électorat gagné par la NVA n’a rien à voir avec le programme de ce parti, on vote pour la NVA après avoir déjà conclu qu’on ne doit rien attendre des autres partis si ce n’est plus de la même chose. Plus de la même chose, c’est encore quelques décennies de modération salariale, une politique menée ces trente dernières années et qui conduit à ce qu’aujourd’hui, une famille a besoin de deux salaires afin de maintenir le niveau de vie de vie qui pouvait dans le temps être assuré par un salaire. Encore quelques décennies de sous-financement de toute l’infrastructure et de tous les services publics, avec comme résultat des crevasses dans les routes, des retards dans les transports publics, les listes d’attente dans chaque secteur des soins,… Encore quelques décennies d’augmentation de la pauvreté (de 6% dans les années ’80 à 15% aujourd’hui), de sous-emploi et de chômage, d’insécurité sur l’avenir,…
Mais avec la NVA, tout ça ne s’arrêtera pas, bien au contraire. Le parti peut bien se poser idéologiquement comme parti conservateur et non pas libéral, ses revendications socio-économiques sont par contre ultralibérales. Il semble totalement échapper à la NVA que c’est cette politique libérale qui a conduit à la crise mondiale actuelle. Ou est-ce que la NVA pense que le néolibéralisme mène partout à un bain de sang social et à l’appauvrissement, mais que par une ou autre magie la population flamande peut être sauvée ? Il semble aussi échapper à la NVA que leur idée que l’Europe se développera vers une sorte d’Etat national pour les régions européennes – dans laquelle peut pacifiquement s’évaporer la Belgique et la Flandre pacifiquement et presque automatiquement devenir indépendante – a toujours été utopique et qu’avec la crise financière-économique, la direction que prend aujourd’hui l’Union Européenne est plutôt une direction qui disperse les pays européens plutôt que de les rassembler pour la construction d’une véritable fédération européenne.
Ce qui échappe aussi à la NVA, c’est le fait que ”la Flandre” est tout sauf unanime – même si les partis flamands le sont – sur la nécessité d’un démantèlement des dépenses sociales et des services publics. En 2008, les fonctionnaires flamands ont protesté contre la diminution de leur pouvoir d’achat et, maintenant, ces mêmes fonctionnaires devraient accepter sans lutter qu’on mette fondamentalement un terme à leurs pensions?
Si la NVA n’est pas préparée à avaler un accord qui satisfait la bourgeoisie – une réforme d’Etat répartissant l’austérité sur différents niveaux – ce parti ne va pas prendre place au gouvernement. Si ce n’est vraiment pas possible autrement, elle serait éventuellement reprise mais seulement le temps nécessaire pour lui brûler les ailes au gouvernement. A côté de ce chemin, il ne reste à la bourgeoisie que la stratégie de pourrissement, où la NVA est brûlée justement en la gardant hors du pouvoir, si nécessaire avec le prix d’encore quelques années de crise politique et, entre autres, des élections se suivant rapidement.
Un accord est donc possible si De Wever peut imposer un compromis à son parti et si les “pragmatiques” l’emportent sur les ”romantiques flamands”. Si ce n’est pas le cas, le feuilleton va sans doute encore continuer quelque temps pour alors inévitablement conduire à un certain moment à des élections. La pression externe – de la part de l’Europe, des institutions internationales, la menace des marchés financiers,… – va sans doute être nécessaire pour forcer tous les partis à un accord (et pour en même temps donner l’excuse au fait que cet accord sera sans doute en-dessous du seuil minimum aujourd’hui mis en avant par les partis concernés).
La Belgique a-t-elle encore un avenir ?
Comme cela a déjà été dit, dans le passé, des compromis ont été conclus conduisant à chaque fois à une période de pacification. Ces compromis étaient possibles sur base de l’énorme richesse produite par la classe ouvrière belge et qui créait la possibilité d’acheter un accord. Les partis régionalistes ou nationalistes flamands ont toujours obtenu des concessions partielles, et on s’assurait en même temps que toutes sortes de verrous étaient instaurés pour éviter la désintégration du pays. L’attribution de plus de pouvoir et de poids des structures belges vers la Flandre en pleine floraison économique et vers la Wallonie frappée de désindustrialisation, s’accompagnait de doubles majorités et d’autres mesures de protection pour les minorités nationales comme les mesures de conflits d’intérêt et la procédure de la sonnette d’alarme. La pleine reconnaissance du bilinguisme à Bruxelles s’est accompagnée d’une Région bruxelloise, qui constitue aujourd’hui la pierre d’achoppement la plus importante contre la désintégration du pays. L’élite flamande ne sait unilatéralement proclamer l’indépendance que si elle accepte la perte de Bruxelles, ce qui n’est pas en train de se faire immédiatement, qu’importe à quoi peuvent bien rêver nombre de membres de la NVA.
De l’autre côté, il est aussi clair qu’il devient toujours plus difficile de conclure des compromis. Ces trente dernières années, une partie de plus en plus grande de la richesse est allée vers les couches les plus riches de la population, les capitalistes. Les presque 90% de la population qui vivent de salaires et d’allocations ne reçoivent aujourd’hui même plus la moitié des revenus qui sont produits avec le travail de la classe ouvrière en Belgique. Les salaires et les allocations ont été de plus en plus vidées pour faire à nouveau monter les profits, mais les revenus de l’Etat – impôts et sécurité sociale – ont aussi été toujours plus écrémés. Aujourd’hui, l’Etat fédéral n’est plus dans la position d’acheter n’importe quoi. La question actuelle n’est pas de savoir si on sait parvenir à atteindre une situation ”gagnant-gagnant”, et même pas ”gagner un peu, perdre un peu”, mais à un équilibre sur ce qui est perdu, et donc à une situation ”perdant-perdant”. Cela explique la difficulté.
Mais le plus probable à ce moment est que – finalement – un compromis soit trouvé. Un compromis bancal qui ne va pas conduire à la stabilité – seulement à plus de coupes dans les dépenses sociales et les services publics, alors que les manques y sont déjà grands. Un compromis donc, dont on peut dire avec certitude qu’il ne va qu’encore augmenter les tensions.
Et le mouvement ouvrier?
Il était là et il regardait… Par manque de parti des travailleurs, les intérêts de la classe ouvrière n’entrent pas en ligne de compte dans ces négociations et ne vont certainement pas être à la base d’un accord. Qu’importe ce que dit le PS, ils ont déjà prouvé plus que suffisamment au cours des trente dernières années qu’ils sont préparés à faire tout ce que la bourgeoisie demande. Bien que le PS reste plus à l’arrière-plan et se cache derrière les partis flamands qui ont toujours livré le dirigeant du gouvernement, il est tout comme le SP.a à la base du vol du siècle (passé) : vider presque tous les acquis d’après-guerre du mouvement ouvrier petit à petit, avec une tactique du salami.
La NVA n’agit clairement pas dans l’intérêt de la classe ouvrière en Flandre, Bart De Wever a rendu cela très clair très tôt dans les négociations, quand il a appelé le Voka – qui a toujours été une des organisations patronales la plus extrême sur le plan des revendications ultralibérales – ”mon patron”. S’il y avait un réel parti des travailleurs en Flandre, qui mène réellement la lutte pour les intérêts des travailleurs flamands, il serait déjà rapidement clair que le Voka – et la NVA avec lui – ne représente qu’une petite minorité de la population flamande, cette minorité qui veut faire travailler pour elle la majorité au coût le plus bas possible. Par manque d’un parti des travailleurs qui réagit aux attaques des partis bourgeois et petit-bourgeois en prenant en main la lutte de classe pour la classe ouvrière, et qui y donne une direction, un climat peut être créé où les intérêts des patrons flamands peuvent être représentés comme les ”intérêts de la Flandre”.
Il n’y a pas de short-cut. La bourgeoisie n’est pas capable de concilier définitivement et complètement la question nationale en Belgique, la seule chose qu’elle a à offrir est encore quelques exercices d’improvisation et d’équilibre avec comme objectif final de maintenir son système et ses privilèges. Une conciliation réelle de contradictions nationales ne peut se faire que si les moyens sont mis à disposition pour garantir à chacun en Belgique une vie et un avenir décent. Des emplois à plein temps et bien payé pour tout le monde, assez de logements abordables et de qualité, un enseignement de qualité et accessible pour offrir un avenir à nos enfants, des services publics et une sécurité sociale avec assez de financement pour couvrir les besoins,… sont des revendications qui doivent nécessairement être remplis, sans aucune discrimination, pour mener à une fin aux tensions. Un développement harmonieux de l’économie belge avec comme but de satisfaire les besoins de la grande majorité de la population et d’en finir avec les pénuries sur le plan social (et donc en finir aussi avec les luttes pour savoir qui peut disposer de ce qui reste comme moyens) devrait mettre fin au chômage colossal et au manque de perspectives qui règnent dans nombre de régions wallonnes, mais certainement aussi à Bruxelles et dans des villes comme Anvers et Gand, où de grandes parties de la jeunesse ouvrière n’a aucune perspective pour l’avenir, sauf le chômage et la pauvreté. Il ne faut pas attendre ce développement harmonieux de la bourgeoisie. Le capital ne va que là où il y a beaucoup de profit à faire à court terme.
Tant que ces énormes moyens produits par la classe ouvrière en Belgique disparaissent dans les poches des grandes entreprises et de ceux qui sont déjà super-riches, ni une Belgique unifiée ni une Flandre indépendante ne sait fonctionner. Ces moyens sont nécessaires pour qu’une société réussisse, que ce soit à l’intérieur de la Belgique ou – si une majorité de la population le souhaite, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – dans le cadre d’une fédération de régions indépendantes. Le PSL ne résiste pas à la disparition de l’Etat belge comme nous le connaissons, mais au fait que la rupture se base sur la destruction totale des acquis du mouvement ouvrier belge (comme la NVA le propose en réalité). Ces moyens sont en d’autres mots nécessaires aussi bien pour une scission pacifique et harmonieuse du pays, si cela était désiré, que pour une réparation de l’harmonie dans le ”vivre ensemble” en Belgique.
Le mouvement ouvrier doit prendre en mains ses affaires. Sur le plan syndical, nous ne pouvons pas nous faire imposer un mauvais accord interprofessionnel parce ”mieux n’est pas réalisable”. Rien, sauf l’appauvrissement, n’est réalisable. Si l’économie repart en chute, stagne ou se relance temporairement et partiellement, si des luttes ne prennent pas place, les patrons vont de nouveau s’en aller avec les profits et les travailleurs vont en payer le coût. Mais aussi sur le plan politique, nous devons de nouveau pouvoir mener la lutte si nous voulons obtenir le maximum sur le plan syndical. Le choix pour le soi-disant moindre mal sous la forme d’encore un fois voter pour les partis existants qui prétendent encore de temps en temps agir dans les intérêts de la classe ouvrière (mais qui ces dernières décennies ne le font plus en actes) a conduit dans le passé au démantèlement social, à une capitulation relative du mouvement ouvrier devant les revendications des patrons. Dans l’avenir cela ne serait pas différent, sauf en pire.
Avec ce vote pour le moindre mal, le mouvement ouvrier prend une position passive, ce qui signifie qu’elle subit tout simplement le processus actuel de réforme d’Etat – qui est en fait la préparation du plan d’austérité drastique qu’on va essayer de nous imposer. Les directions syndicales ont déjà plusieurs fois appelé avec les organisations patronales à un accord sur la réforme d’Etat et la formation d’un gouvernement, qu’importe le gouvernement. Mais nous ne voulons pas de n’importe quel gouvernement, nous ne voulons pas avoir un gouvernement simplement pour avoir un gouvernement.
Pour pouvoir sortir de ce scénario, les militants syndicaux doivent augmenter la lutte contre toutes tentatives du patronat de nous faire payer la crise. Nous devons sur le plan syndical refuser un mauvais accord interprofessionnel et mener la lutte pour une augmentation du salaire brut, contre les contrats précaires et pour assez de moyens pour la création d’emplois décents. Sur le plan politique, nous devons nous préparer à agir contre n’importe quel gouvernement quand il veut nous présenter la facture. Dans la lutte pour nos intérêts, les idées et les forces peuvent grandir pour arriver, pour la deuxième fois dans l’histoire, à la création d’un véritable parti des travailleurs. Un vrai parti des travailleurs peut élaborer une solution définitive à la question nationale en Belgique: une démocratie conséquente, qui tient compte des droits sociaux et culturels de tous les groupes de la population, basée sur une économie planifiée démocratiquement élaborée et qui développe tout la territoire de la Belgique sur le plan social et économique, c’est une condition cruciale. Ce n’est possible que si la bourgeoisie est privée de son pouvoir dans la société.
Un tel parti des travailleurs ne va pas tomber du ciel, mais va se développer sur base de la lutte et des leçons tirées de cette lutte par les masses des travailleurs, comme ça c’est passé dans le temps avec le vieux parti ouvrier, aujourd’hui bourgeoisifié. Une fois qu’une lutte plus massive et maintenue commence pour maintenir des conditions de vie décentes dans cette crise de longue durée du capitalisme, les délégués et militants des mouvements sociaux vont tirer des conclusions plus profondes. L’histoire nous montre que ce processus, une fois commencé, peut développer très vite, certainement s’il y a une minorité consciente sous la forme d’un parti socialiste révolutionnaire capable de développer ses racines dans le mouvement ouvrier dans ce processus.
Il n’y a donc pas de raccourci. Dans la période qui vient, il y aura sans doute une continuation de la crise politique, pendant laquelle le pays est géré par le gouvernement en affaires courantes, en fait un gouvernement technique qui n’en a pas le nom. Si un gouvernement avec la NVA est formé, il va être de courte durée, le tantième gouvernement de combat à l’intérieur. Si les négociations ne peuvent plus être tirées dans le temps, nous pouvons avoir à faire à des élections dans les mois prochains, bien que cette perspective diminue à mesure que la menace des marchés financiers augmente.
A un certain moment un compromis devra être trouvé, qui consistera à ce que la grande majorité de la population – les travailleurs et leurs familles, les gens qui vivent d’allocations, les petits indépendants – paye la facture de la crise capitaliste. Ce compromis va, comme toujours, être de double sens et donner vie à de nouvelles contradictions et tensions. Bien qu’aujourd’hui les forces ne sont pas là pour imposer la désintégration de la Belgique, le maintien de la Belgique sur base capitaliste va de plus en plus être miné jusqu’à ce que cela devienne intenable à un certain moment. La faute dans le raisonnement de beaucoup de flamingants contents de ce processus n’est pas que ce processus ne se passerait pas, mais réside dans l’illusion que cela pourrait se passer pacifiquement et avec des négociations.