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Tag: austérité
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Monsieur Barroso, votre projet de société n’est pas le bienvenu
Carte blanche de la plateforme liégeoise contre le TSCG
La plate-forme liégeoise contre le Traité européen sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance a adressé une lettre ouverte au président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, à l’occasion de sa visite à Liège. Cette carte blanche a été publiée dans l’édition du 17 octobre du quotidien Le Soir.
Monsieur Barroso, nous, acteurs de la solidarité, ne vous souhaiterons pas la bienvenue lors de votre visite de notre Cité Ardente, ce 17 octobre. Nous ne ferons pas un accueil chaleureux à cette construction européenne néolibérale, antisociale, autoritaire et non-démocratique que vous représentez à travers votre mandat de président de la Commission européenne. Nous ne voulons pas de votre projet de société qui met en danger et détruit nos conquêtes sociales ! Projet mis en application par les différents Traités européens, du Traité de Maastricht au récent pacte budgétaire européen, le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) qui nous impose l’austérité permanente et nous confisque notre démocratie.
Nous n’acceptons pas que sous le couvert de la nécessité, les politiques, menées par la Commission européenne et nos différents gouvernements, nous contraignent à la réduction des dépenses publiques, à la diminution de notre pouvoir d’achat, au blocage des salaires, ou encore à la destruction de nos services publics. Nous avons combattu durant 125 ans pour construire une société plus juste. Celle-là même que votre projet tente de détruire. Pourquoi ? Pour continuer à rendre les riches plus riches et les pauvres plus pauvres !
Des politiques antisociales
Nous n’admettons pas non plus de voir notre démocratie prise en otage par ce pacte budgétaire européen complété de son mécanisme européen de stabilité. En Belgique, comme dans les autres pays de l’UE (à quelques rares exceptions), gouvernements et parlements ont adopté les différents Traités sans véritable débat politique et sans consultation des populations, alors que leurs dispositions ont des conséquences sociales dramatiques. D’autant plus que le dernier Traité budgétaire européen (TSCG), déjà mis en application, retire aux parlements nationaux le droit de déterminer eux-mêmes leurs choix et orientations budgétaires. Et comme si ce n’était pas suffisant, votre Commission européenne et sa complice, la Cour de justice européenne, pourront sanctionner automatiquement les Etats membres qui tarderaient à renforcer les politiques antisociales déjà en cours. Des politiques antisociales catastrophiques qui toucheront tous nos pouvoirs publics et toutes nos administrations (Régions, Communautés, Provinces, Communes, etc.).
Si l’objectif de ce dernier Traité était de plonger l’Europe encore plus dans la précarité, le chômage et la pauvreté et d’augmenter les inégalités, vous devez être ravi : c’est chose faite ! Notre parlement national l’a également ratifié. Il ne nous reste plus que le parlement wallon comme seul espoir ! En votant Non, il pourrait encore bloquer ce pacte dangereux.
« Non à l’austérité »
Avec la complicité de nos chefs d’Etat et de gouvernement et de nos parlements, vous défendez les politiques antisociales et contraignantes dictées par la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI). Politiques guidées par le profit immédiat et à court terme, par le soutien à la compétitivité des entreprises dans la jungle de la « concurrence libre et non faussée », par la soumission aux marchés financiers et aux banquiers spéculateurs.
Si nous laissons faire, notre seule perspective d’avenir sera un monde en ruine, sans justice sociale.
Monsieur Barroso, vous avez eu l’audace de vanter une « révolution silencieuse ». Nous, acteurs de la solidarité, nous ne resterons pas silencieux. Au contraire, nous le crions haut et fort : nous ne voulons pas de votre austérité, cette austérité que nous imposent la Commission européenne et nos gouvernements. Nous voulons nous investir dans un large mouvement social pour préparer la rupture avec cette Europe-là que dirige la logique capitaliste.
Signataires
- Marcel Bergen, président de la Fédération liégeoise du PC et Conseiller provincial ;
- Charles Beuken, président de la CNE Liège ;
- Daniel Cornesse, CSC ;
- Dimitri Coutiez, membre de la section de Liège du PS ;
- Pascal Durand, auteur des « Nouveaux Mots du Pouvoir. Abécédaire critique » (Aden) ;
- Pierre Eyben, VEGA ;
- Michel Faway, conseiller communal de la Ville de Liège (PS) ;
- Raoul Hedebouw, porte-parole national du PTB ;
- Denis Horman, LCR ;
- Simon Hupkens, PSL ;
- Gilbert Lieben, secrétaire général CGSP wallonne ;
- Sylviane Mergelsberg, Rassemblement R ;
- Jean-Marc Namotte, secrétaire Fédéral CSC Liège-Huy-Waremme ;
- Christine Pagnoulle, ATTAC ;
- Emilie Paumard, CADTM ;
- Jean-François Ramquet, secrétaire Régional FGTB Liège-Huy-Waremme ;
- François Schreuer, conseiller communal de la Ville de Liège (VEGA) ;
- Olivier Starquit, Amis du Diplo Liège ;
- Nicole Van Enis, Barricade ;
- Bernard Wesphael, député wallon et coprésident du MG
- Alliance D19-20.
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Manifestation : Barroso, dégage !
Contre la machine d’austérité européenne : Résistance !
Ce jeudi 17 octobre, à l’initiative de la plateforme liégeoise contre le traité budgétaire européen (TSCG), un rassemblement de protestation a eu lieu suite à la venue à Liège du président de la Commission Européenne. Environ 200 personnes avaient bravé la pluie pour appeler à la résistance contre une Union Européenne rouleau-compresseur de nos conquêtes sociales.
Rapport de Nico, photos de Laurenne
La construction européenne telle qu’elle s’effectue actuellement est profondément antisociale. Le dogme de la concurrence et de la mise en compétition des travailleurs des différents pays a écrasé toute idée d’une Europe de la solidarité, d’une Europe des peuples.
Ce constat est destiné à devenir plus sombre encore avec l’application concrète du Traité budgétaire européen et la mise en place d’un marché transatlantique.
Le TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, ou Traité budgétaire européen, ou encore Traité d’austérité) vise à condamner à une cure d’austérité permanente les pays de la zone euro, sans laisser la possibilité aux Etats de changer de trajectoire. L’orientation économique des autorités publiques sera coulée dans le moule, avec mesures coercitives, et le choix des électeurs sera finalement très simple : votez pour ce que vous voulez, tant que c’est pour l’austérité et le néo-libéralisme.
De son côté, le projet de construction d’un marché transatlantique entre les Etats-Unis et l’Union Européenne ouvre la voie vers la condamnation de normes environnementales, de règles de sûreté alimentaire ou de droits des travailleurs en tant qu’entraves au droit à la libre concurrence.
Nous refusons cette logique, qui vise à faire payer la crise non à ses responsables, mais à ses victimes. Battons nous ensemble contre cette politique néolibérale qui enrichi 1% de la population sur notre dos à tous et qui vise à faire payer le prix de la crise capitaliste aux travailleurs et à la jeunesse.
Prochaine mobilisation : Ce lundi 21 octobre, à 18h, devant le Conseil communal de Liège pour dénoncer les conséquences désastreuses de l’austérité européenne sur les services publics, sur les communes, sur la sécurité sociale,… Une interpellation citoyenne sera portée devant le Conseil communal (Evénement facebook).
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Liège : Barroso dégage !
Le 17 octobre, accueillons le président de la commission européenne comme il se doit !
Alors qu’en Belgique, le TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance) est en attente de ratification, le président de la Commission européenne vient nous rendre visite à Liège. C’est l’occasion de lui faire entendre ce qu’on pense de ce concentré d’austérité toxique.
Par Romain (Liège)
- TSCG : attention danger
- Discipline budgétaire et dictature des marchés
Ce passage à Liège sera la troisième visite Barroso dans une ville d’Europe dans le cadre de ”l’année du citoyen”, un intitulé dont on ne peut que savourer l’ironie… Comme l’a fièrement annoncé l’ULg à ses étudiants, Barroso ”souhaite aller à la rencontre des jeunes liégeois” et ”échanger sur l’avenir de l’Europe”. Un échange à sens unique car, pour la Commission européenne, l’avenir est déjà tout tracé. Si depuis le début de la crise économique mondiale en 2008, l’Europe et le monde entier ont subi des mesures d’austérité aveugles et vaines, la tendance ne fera que se confirmer avec la ratification de ce nouveau traité d’austérité concentrée.
Démocratie 2.0
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Barroso dégage !
Ce jeudi 17 octobre, 16h, Place du XX Août à Liège.
Rassemblement contre les politiques austéritaires européennes, à l’occasion de la venue à Liège du président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso. À l’appel de la plate-forme liégeoise contre le Pacte budgétaire européen.
- Page Facebook de l’événement
Un 2e rendez-vous est donné le 21 octobre à 18h devant l’hôtel de Ville, pour une interpellation citoyenne sur les conséquences du TSCG sur les communes, les services publics, la sécurité sociale,…
- Page Facebook de l’événement
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Parmi les mesures qui entreront en vigueur, citons la limitation du déficit structurel des budgets nationaux à 0,5%. La Commission, dans sa grande mansuétude, élèvera ce taux à 1% si la dette publique du pays est inférieure à 60% de son PIB. Outre la totale volatilité de ce taux – que chaque économiste calcule à sa façon – c’est surtout son absurdité et l’impossibilité de l’atteindre qu’on ne peut ignorer. Respecter cette règle, cela signifiera saigner à blanc les services publics comme les soins de santé, les transports ou l’éducation. Une fois encore, ce sont les travailleurs et les pauvres qui paieront le prix de la crise du capitalisme.
En cas d’entorse à la règle, la Commission aura tous les pouvoirs pour décider des mesures exactes que les gouvernements devront prendre, sous peine pour les Etats-membres d’être exposés à des sanctions et à des amendes démesurées. A l’heure actuelle, c’est la quasi-totalité des pays européens qui remplissent les conditions d’une telle mise sous tutelle. Et cela, c’est sans compter encore la réduction annuelle de la dette publique de 5% si elle dépasse les 60% du PIB.
Ce traité, aucun citoyen européen n’a eu à se prononcer pour ou contre lui. Il a été négocié, voté et ratifié par les Etats-membres sans la moindre consultation, nous privant du droit élémentaire de décider du régime politique et économique que l’on veut voir appliquer. A partir de maintenant, ce sera néo-libéralisme, ou néo-libéralisme.
Ce manque total de consultation ou même d’information se répète avec le nouveau traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe, un traité qui vise à abolir les taxes à l’exportation et à homogénéiser les normes de travail, de production et de sécurité, notamment alimentaire. Monsanto peut se réjouir, car rien ne dit que dans un avenir plus ou moins proche, les viandes, céréales, fruits ou légumes bourrés aux OGM en provenance des Etats-Unis ne viendront pas plus encore envahir nos supermarchés. Certains syndicats américains se réjouissent de cet accord qui, selon eux, sera bénéfique aux travailleurs américains grâce à l’influence des systèmes de sécurité sociale européens. C’est à la fois une erreur et une méconnaissance des pressions et des attaques que subissent sans cesse nos conquêtes sociales avec la spirale incessante vers bas en termes de salaire et de conditions de travail qu’entraîne la logique de concurrence.
La réalité, c’est qu’on ne sait encore rien de comment les normes seront affectées. Une chose est sûre, c’est que les marchés publics sont les premiers visés par ce traité, qui prévoit des mesures visant à l’obligation d’achat de produits américains auprès de fournisseurs privés.
Mobilisation générale
Ce n’est pas parce qu’on ne nous demande pas notre avis que l’on doit se résigner et accepter!
La venue de Barroso à Liège ce jeudi 17 septembre sera l’occasion de l’interpeller et de se mobiliser pour rejeter en bloc le traité d’austérité et le futur traité de libre-échange, qui ne représente qu’un pas de plus vers la dérégulation totale des marchés et vers une compétitivité toujours plus acharnée.
Mais cette action ne doit pas représenter un but en soi ; elle doit être une étape, une contribution à l’organisation d’un mouvement de masse contre l’austérité et contre le capitalisme, un système qui ne peut survivre qu’en s’en prenant toujours plus sauvagement et sournoisement à nos conditions de vie.
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Chômage et emplois précaires : Le gouvernement s’en prend aux victimes, pas aux responsables
22,3% des jeunes en Belgique sans emploi
Pour nombre de politiciens, les chômeurs sont des parasites qui restent dans leur hamac et refusent de travailler. C’est faux, mais cela permet de préparer le terrain pour une attaque d’envergure. Les chômeurs sont littéralement en état de siège. Le montant des allocations diminue et le nombre d’exclus des allocations est en augmentation. Faute de solution contre le chômage, les autorités s’en prennent aux chômeurs.
Parmi les jeunes, la problématique du chômage est très préoccupante. Pas moins de 22,4% des jeunes belges de moins de 25 ans qui ne sont plus aux études sont sans emploi. En une année seulement, l’armée de jeunes chômeurs a augmenté de 11,5%. Il y a donc 61.000 jeunes en attente d’un emploi et d’un avenir… D’où provient cette hausse soudaine de la paresse parmi les jeunes ? A suivre la logique des partis traditionnels, ce serait la seule question à poser… Sortons de l’absurde et regardons la situation économique, les licenciements et l’austérité. On commence à y voir plus clair de cette façon.
Il est ridicule de reprocher aux jeunes chômeurs de ne pas suffisamment chercher du travail, c’est ce qui ressort d’une enquête réalisée sur les jeunes chômeurs par l’entreprise Adecco. Cette société spécialisée dans l’intérim est dirigée par Patrick De Maeseneire, exilé fiscal en Suisse et militant de l’abolition de la prime de fin d’année et du double pécule de vacance. Ce n’est vraiment pas le type de personnage que Charles Michel décrirait comme étant un bolchévique.
Cette étude réalisée à partir de 1.116 jeunes chômeurs a révélé qu’ils ont passé en moyenne 8,6 mois à rechercher un emploi avant d’en trouvé un et que ceux qui recherchent très activement un emploi envoient en moyenne 12 demandes d’emploi mensuellement. 93% d’entre eux affirment qu’ils sont motivés pour solliciter , mais que cette diminution diminue au fil du temps. C’est loin d’être surprenant au vu du fait qu’il y a entre 22 à 40 candidats pour chaque emploi. Une étude danoise a montré que ceux qui ne trouvent pas un emploi directement après leurs études sont deux fois plus susceptibles d’être toujours au chômage 15 ans plus tard.
Avec une situation pareille, quand un jeune trouve un emploi après une recherche intensive, c’est généralement dans des conditions exécrables et pour un salaire limité. Entre 1999 et 2009, les salaires ont augmenté en moyenne de 3,1% en Belgique, mais cette moyenne n’atteint que 1,8% pour les jeunes. Le ‘‘Modèle allemand’’ de bas salaires n’est pas qu’un thème de discussion, des mesures très concrètes ont déjà commencé à tracer la voie dans cette direction.
Dans l’avenir immédiat, plus de 150.000 chômeurs recevront une allocation inférieure au seuil de pauvreté. D’autre part, à partir du 1er janvier 2015, environ 30.000 sans-emplois bénéficiaires d’allocations d’insertion (qui ne disposent pas d’une année complète de travail à temps plein) seront exclus des allocations. De cette manière, c’est tout le marché de l’emploi qui sera mis sous pression au niveau des conditions de travail et de salaire. Travailleurs avec ou sans emploi : tous unis contre l’austérité !
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Une belle mise en scène pour la campagne électorale la plus longue de notre histoire
Budget(s), statut unique, monarchie,…
Cet été, alors que beaucoup d’entre nous jouissaient de vacances bien méritées, les divers gouvernements du pays n’ont pas été inactifs. Nous avons été témoins d’une mise en scène remarquable – orchestrée par les partis traditionnels avec l’aide des médias dominants – pour lancer dans les meilleures circonstances la campagne électorale la plus longue de notre histoire.
Par Anja Deschoemacker, article issu de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Le calme avant les élections
Pour la fin septembre, les budgets de tous les niveaux de pouvoir (fédéral, régions et communautés, communes) devaient être présentés pour pousser le déficit budgétaire du pays sous les exigences européennes (un déficit maximal de 2,15% concernant la Belgique). L’ampleur de cette nouvelle opération d’austérité (à nouveau plus de 4 milliards d’euros) passera toutefois inaperçue à la plupart des gens. Il est vrai que les coupes budgétaires, par définition, ne font sentir leurs effets qu’après coup, mais l’effet d’annonce suffit déjà généralement à gonfler le mécontentement et à entraîner une lutte. Cet automne, par contre, les partis traditionnels sont parvenus à faire disparaître cet effet d’annonce : pour le gouvernement fédéral – celui dont il est le plus question – on ne parlera ‘‘que’’ de 200 millions d’euros, puisque 2,4 milliards d’euros d’assainissements divers ont déjà été décidés cet été.
La Région Wallonne et la Communauté Française (la Fédération Wallonie-Bruxelles) ont elles aussi suivi l’exemple et la moitié des efforts prévus pour 2014 ont été réalisés, soit 300 millions d’euros de restrictions budgétaires. De plus, un nouveau roi est arrivé sur le trône et les médias ont fait leur boulot pour assurer la popularité de Philippe et Mathilde. Mais plus encore, le calme de l’été a été utilisé pour décider de l’unification des statuts ouvrier et employé, une décision unilatéralement favorable au patronat tandis que des centaines de milliers d’employés et d’ouvriers se sont retrouvés les dindons de la farce. Le gouvernement et le patronat n’auraient toutefois pas réussi pareil tour de passe-passe sans l’attitude des sommets syndicaux qui ont laissé faire sans organiser la résistance.
Quid de la N-VA?
L’argument-massue justifiant tout cela est simple à comprendre : éviter que les prochaines élections ne conduisent au chaos et à l’impasse. En d’autres termes, il faut éviter de répéter le scénario de 2010. Les médias les plus sérieux et tous les partis traditionnels affirment clairement que l’enjeu des élections de 2014 est de réussir à bloquer la N-VA, cette dernière ayant une fois de plus confirmé qu’il lui était impossible de rentrer dans un gouvernement fédéral sans confédéralisme. Comme le confédéralisme à la sauce N-VA (avec scission de la sécurité sociale et en rompant toute forme de solidarité entre les deux côtés de la frontière linguistique) est inacceptable pour les partis francophones et puisqu’aucun autre parti flamand ne rejoint la N-VA sur ce point, ce scénario est quasiment exclu.
Les médias, y compris et surtout en Flandre, ont tiré à boulets rouges tout l’été durant sur les frasques des mandataires locaux de la N-VA (un conseiller communal de Dilbeek qui a baissé son pantalon en pleine cérémonie de remise des prix pour ‘‘une blague’’, la ville de Turnhout plongée dans la crise politique ingérable suite à une dissidence de la N-VA, la décision prise à Sint-Niklaas de tout de même privatiser le ramassage des déchets bien qu’une large majorité des habitants se soient prononcés contre par référendum ou encore les tentatives de la NVA-Anvers d’imposer une taxe inconstitutionnelle aux étrangers). Des dissensions internes ont été révélées au sujet de la grogne qui vit contre les sorties de figures de premier plan de la N-VA comme Geert Bourgeois (qui s’est présenté dans la presse en tant que candidat ministre-président flamand) et, surtout, Siegfried Bracke (qui a parlé d’un possible gouvernement fédéral sans confédéralisme, parce que le socio-économique – une austérité plus brutale – est plus important).
Notre voix n’est pas prise en compte
Le ton est donné. Avec de bons outils politiques à sa disposition, la classe des travailleurs ne devrait pas se laisser ainsi mener par le bout du nez par les médias bourgeois et les partis traditionnels. Il lui faut son propre parti, un instrument politique défendant bec et ongles les intérêts de la majorité de la population contre cette idée d’un prétendu “intérêt général” belge. Dans une société capitaliste, ‘‘l’intérêt général’’ se réduit systématiquement à l’intérêt des capitalistes. Les travailleurs ont aussi besoin de syndicats démocratiques avec une direction libre de tout lien avec ces partis bourgeois et bourgeoisifiés. De cette manière, la classe ouvrière organisée pourrait contrer les attaques passées et à venir. La force du nombre est présente pour y parvenir, de même que le degré d’organisation. Mais il n’y a pas de parti des travailleurs et la direction des syndicats est étroitement liée aux partis (surtout le PS mais aussi le CD&V) qui sont centraux dans l’élaboration et l’application du programme de la bourgeoisie.
Qu’un nouveau parti tombe du ciel avant 2014, en parallèle avec une réorganisation des syndicats en instruments de lutte démocratiquement gérés et contrôlés par la base, est très improbable. Mais il n’existe pas d’autre raccourci. Sans cela, nous sommes condamnés à nous battre les mains liées dans le dos. C’est pour ça que les syndicalistes combatifs (FGTB et CSC), les jeunes qui veulent se battre pour un changement de système, les militants de divers mouvements sociaux,… doivent, au cours de cette longue campagne électorale, se concentrer sur la diffusion et la construction de l’appel de la FGTB de Charleroi, rejoint par la CNE, pour la construction d’une nouvelle formation politique de gauche (voir en page 4). C’est, de très loin, le développement syndical le plus important de ces dernières décennies, une opportunité monumentale pour la classe des travailleurs de pouvoir enfin – après avoir perdu ses propres partis à cause de la bourgeoisification du SP.A et du PS – avancer vers un nouveau parti des travailleurs. Un tel parti serait à même de dénoncer la meilleure des mises en scène ainsi que les mensonges les plus sournois des partis bourgeois. Un tel parti impliquerait les travailleurs et leurs familles dans la lutte pour éviter que nos conditions de vie en reviennent à la situation d’avant-guerre. Un tel parti assurerait que des patrons comme Mittal ne soient pas vainqueurs à l’avance. Un tel parti assurerait que les travailleurs ne doivent pas choisir entre la peste et le choléra, entre la stratégie de la NVA et celle des partis traditionnels.
Comme vous pouvez le lire ailleurs dans ce journal, les militants du PSL vont se concentrer sur cette tâche dans les mois à venir : la diffusion et la construction de l’initiative de la FGTB de Charleroi.
Si cette initiative ne parvient pas à livrer une liste de gauche unitaire pour les élections de 2014, nos militants feront tout leur possible là où nous sommes présents pour renforcer cet appel à l’unité de la gauche, même si cela doit signifier de ne pas nous-mêmes déposer de candidats. Informez-vous sur l’initiative de Charleroi et participez-y !
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TSCG : attention danger
Le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance en Europe, plus communément appelé Traité budgétaire européen, est un traité en cours d’adoption qui vise à compléter l’arsenal de l’Union Européenne destiné à pousser ses Etats-membres encore plus profondément dans la logique du néolibéralisme et de l’austérité.
Par Simon (Liège)
Photo ci-contre : Ce 25 septembre, une centaine de personnes étaient présentes pour une réunion publique organisée par la plate-forme liégeoise contre le Traité d’austérité européen. Prochaine date à retenir pour la plateforme : le 21 octobre prochain pour un rassemblement devant l’Hôtel de ville de Liège contre le TSCG afin d’interpeller le conseil communal et les députés wallons qui y siègent.
Concrètement, il s’agit d’interdire aux Etats-membres des déficits budgétaires excédant 0,5% du PIB, ce qui signifie empêcher toute logique budgétaire de relance économique par les investissements dans les services publics. Plus grave encore, ce Traité mettrait toute la politique budgétaire des gouvernements sous la tutelle de la Commission Européenne (qui est, pour rappel, une instance non-élue).
Comme tout traité européen, le TSCG doit recevoir l’approbation à la fois de notre parlement fédéral, mais aussi celui des parlements régionaux. Les partis politiques traditionnels sont tous acquis à ce traité. En ce compris Ecolo, qui se paye en plus le luxe de paraître le contester en votant ‘‘non’’ au Parlement fédéral où il occupe les bancs de l’opposition, mais en prévoyant de voter ‘‘oui’’ au Parlement wallon où il est associé à la majorité. Car si le vote en faveur du traité à déjà eu lieu aux Parlements fédéral et flamand, il doit encore avoir lieu au Parlement régional wallon.
Bien sûr, les politiciens traditionnels connaissent l’impopularité de ce type de traité depuis les ‘‘non’’ français, irlandais ou hollandais au traité constitutionnel européen de 2004. Les grands médias, dociles, mettent donc peu de lumière sur cet enjeu de toute première importance pour les travailleurs d’Europe.
Un vote négatif au Parlement wallon serait donc de nature à bloquer la procédure d’adoption dans tout notre pays, ce qui serait d’une portée hautement symbolique dans toute l’Union Européenne et permettrait de renforcer la détermination de ceux qui luttent partout en Europe contre la logique de l’austérité imposée aux populations pour sauvegarder les profits de quelques millionnaires.
Une plate-forme lancée à l’initiative de la coopérative politique liégeoise Vega, à laquelle le PSL s’est immédiatement rallié, tente d’atteindre cet objectif et de faire pression pour qu’un débat public soit organisé face à ce vote que les élus wallons aimeraient faire passer en catimini et en prenant clairement position contre ce traité. Cette plateforme s’est rapidement élargie, recevant le soutien de secteurs du monde syndical comme la CNE ou la CGSP wallonne ou encore d’organisations de la gauche comme le PTB ou la LCR. Fait notable, la section locale de Liège-centre ville du PS (pas la fédération liégeoise, donc) a aussi pris position contre le TSCG, à rebours de ses instances de direction régionales et nationales.
Mais au-delà de ces signatures, ce qu’il faut, c’est construire un rapport de force efficace sur le terrain qui soit capable de faire pencher la balance du côté de la démocratie et de la justice sociale. Nous avons besoin qu’un plan d’action voie le jour dans les plus brefs délais afin de coordonner les forces qui se liguent contre ce traité d’austérité et contre la politique d’austérité en général.
Plus d’informations sur cette plate-forme sur WWW.STOP-TSCG.BE
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Grèce : Arrestations et poursuites de membres d’Aube dorée, mais le danger reste présent
Le dirigeant du parti néo-nazi grec Aube Dorée¸ Nikolaos Michaloliakos, a été arrêté ainsi que plusieurs députés. Ces arrestations font suite à l’assassinat du rappeur Pavlos Fyssas, les responsables étant liés à Aube Dorée. D’autre part, certaines figures de premier plan des forces de police, alliées d’Aube Dorée, ont été démises de leurs fonctions tandis que le gouvernement a annoncé qu’il allait examiner si ce parti pouvait être considéré comme une organisation criminelle, et donc être interdit. Que doivent en penser les antifascistes ?
Déclaration de Blokbuster et Résistance Internationale, les campagnes antifascistes du PSL
Jeudi soir, Michaloliakos brandissait encore la menace de la démission des 18 députés d’Aube Dorée, ce qui aurait causé la tenue d’élections anticipées dans certaines circonscriptions. Au vu de l’hostilité qui s’est développée contre le parti d’extrême-droite depuis l’assassinat de Fyssas, la concrétisation de cette manœuvre est encore bien incertaine. Aube Dorée pouvait encore relativement s’en sortir avec le passage à tabac des immigrés – il est toujours facile de s’en prendre aux plus faibles dans la société – mais, avec l’assassinat d’un artiste grec, ils ont franchit une ligne pour beaucoup de gens.
Michaloliakos & Co vont naturellement dire haut et fort qu’Aube Dorée n’a rien à voir avec cet assassinat. Ainsi, le meurtrier s’est rendu compte que ses liens avec le parti néonazi constituaient un problème, et il a tenté de cacher son appartenance à Aube Dorée. Mais cette violence n’a de toute façon pu se développer et aller jusqu’à l’assassinat que suite aux campagnes d’Aube Dorée et au climat que cela a créé. Ces gros bras néonazis se sont sentis encouragés par le succès électoral remporté par le parti. Si la direction d’Aube Dorée semblait se rendre compte qu’une certaine prudence était de mise après ce succès, ce n’était plus possible de retenir les militants du parti qui voulaient en découdre et cherchaient à répandre le sang.
Dans la foulée de l’assassinat de Fyssas, l’Etat a procédé à l’arrestation du dirigeant du parti Michaloliakos, de plusieurs députés et d’une dizaine d’autres dirigeants centraux du parti. L’opération de police a été soigneusement élaborée (ce qui n’est pas évident quand on voit le large soutien dont dispose le parti parmi la police) et suivie de près par le Premier ministre Samaras, des néo-démocrates conservateurs, au pouvoir en coalition avec les sociaux-démocrates du PASOK .
La semaine dernière, de grandes actions contre la violence fasciste ont eu lieu en Grèce, avec par exemple 50.000 manifestants à Athènes. Ces nouvelles mobilisations antifascistes renforcent la dynamique de la résistance et de la lutte. Peut-être le gouvernement craignait-il que les choses aillent trop loin dans cette direction, et que c’est sur cette base qu’une action policière rigoureuse a été décidée. Pour les antifascistes, l’arrestation des provocateurs néonazis violents à la tête d’Aube Dorée peut constituer un soulagement. Mais cela ne diminue pas pour autant le terreau sur lequel peuvent se construire les forces d’extrême-droite.
Il y a quelques années encore, Aube dorée ne représentait qu’une force marginale en Grèce, la principale force électorale d’extrême-droite était le LAOS. Mais ce dernier parti a collaboré à un gouvernement d’austérité, et a été lourdement sanctionné par la suite. Aube Dorée, de son côté, s’est profilé comme un parti ‘‘différent’’. Avec des opérations musclées et les déclarations dures du provocateur professionnel qu’est le président du parti Michaloliakos, il a été possible de gagner un soutien parmi un segment de l’électorat anti-establishment. Aube Dorée est entre temps devenu le troisième parti grec (après les conservateurs de la Nouvelle Démocratie et la coalition de la gauche radicale Syriza). A l’occasion des élections européennes de l’an prochain, il est possible qu’Aube Dorée fasse son entrée au Parlement européen.
Nous ne pouvons pas laisser l’initiative de la lutte contre l’extrême-droite aux partis de l’establishment dont la politique d’austérité a conduit à l’aliénation sociale sur laquelle les néonazis s’appuient pour chercher une audience et un soutien. La répression policière peut avoir un effet temporaire, mais ce ne sera que très temporaire. L’interdiction des organisations néofascistes impliquées dans l’assassinat de Clement Meric en France n’a pas évité la création de nouvelles organisations. Il ne faut en outre pas sous-estimer le danger que l’establishment grec utilise cette opération comme un précédent contre toute forme de protestation sociale contre la politique d’austérité.
Qu’une force ouvertement néonazie comme Aube Dorée puisse disposer d’un large soutien dans la société est l’expression d’une crise sociale très profonde. Pour stopper l’extrême-droite, nous devons être capables de répondre à cette crise sociale.
L’interdiction n’arrêtera pas l’extrême-droite. Dans les sondages, le parti est retombé ces derniers jours jusqu’à 6,8%, ce qui représente encore un score similaire à celui obtenu lors des dernières élections (6,92% en juin 2012). L’aversion contre les partis établis et leur politique d’austérité n’a pas diminué. Dans la mesure où la gauche politique ne sait pas suffisamment organiser et canaliser ce sentiment vers un changement fondamental de société, la porte reste grande ouverte pour les forces d’extrême-droite.
La gauche doit orienter le mouvement antifasciste vers la lutte des travailleurs qui se déroule au même moment. Par la création de comités de lutte démocratiques, il est possible de s’organiser dans les quartiers et les entreprises contre la violence fasciste, contre l’austérité et contre le capitalisme en général. Cela permettrait de plus de fournir une base pour développer au sein des syndicats le débat concernant la nécessité d’un syndicalisme de combat où l’activité syndicale ne se limite pas à des paroles radicales accompagnées d’actions essentiellement destinées à laisser échapper la vapeur de la base. Cela permettrait également de renforcer la gauche politique en instaurant une pression pour que la lutte soit résolument orientée contre le capitalisme, avec une alternative socialiste claire.
Avec des mobilisations de masse du niveau des 50.000 manifestants antifascistes qui se sont tenues la semaine dernière, l’extrême-droite peut être stoppée. Ces mobilisations fournissent une base pour une résistance organisée et politique au travers de comités locaux capables d’immédiatement réagir contre les activités publiques des néonazis, tout en renforçant les initiatives destinée à aider au développement de la lutte contre la politique d’austérité. Ces mobilisations ne doivent pas s’arrêter après ces arrestations, elles doivent au contraire se poursuivre et gagner en ampleur !
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Allemagne : Merkel réelue… mais l’avenir reste instable
Malgré le succès électoral de la coalition CDU/CSU (Union Démocratique Allemande et Union Chrétienne de Bavière) d’Angela Merkel, les élections législatives allemandes du week-end dernier ont été le reflet de l’aliénation de vastes couches de la population vis-à-vis des partis de l’establishment et des institutions de la démocratie capitaliste. Vu l’intensification attendue de la crise de la zone euro et le ralentissement de l’économie mondiale, le nouveau gouvernement sera confronté à une instabilité croissante, et des attaques contre le niveau de vie de la population seront de nouveau à l’agenda.
Sascha Stanicic, porte-parole de Sozialistische Alternative (CIO-Allemagne)
La croissance de l’électorat du CDU/CSU ne peut nous faire oublier que la coalition ‘‘noire et jaune’’ CDU/CSU et Parti libéral démocrate (FDP) a été démise de ses fonctions et a perdu 735.000 voix. Le triomphe de Merkel et sa majorité quasi absolue au Bundestag (parlement national) ont occulté ce fait, mais cela aura des conséquences sur les développements à venir en Allemagne.
Depuis plus de 60 ans, le FDP est vu comme un groupe de pression de capitalistes organisés en parti. Ce parti a toujours été le premier à exiger des attaques contre le niveau de vie et les droits de la classe des travailleurs. Son échec aux élections de 2013 représente un sérieux problème pour la classe capitaliste. C’est la conséquence de l’échec de la propagande des libéraux concernant les pseudos droits civils, une propagande qui a sans cesse eu plus de peine à cacher leur caractère néolibéral. Nombreux sont ceux à avoir accusé le FDP d’être responsable de la polarisation sociale de la société allemande. Lorsqu’il s’est avéré que ce ‘‘petit parti du grand capital’’ n’avait pas réintégré le Bundestag pour la première fois de l’histoire de la République Fédérale Allemande, de nombreuses personnes ont laissé exploser leur joie. Son avenir est incertain. Le parti n’a plus que de faibles représentations dans les parlements et les gouvernements fédéraux. Mais il n’est pas exclu que le FDP s’oriente vers une direction plus nationale-libérale, en comptant subsister en reposant sur le populisme de droite.
L’augmentation des suffrages accordés à Merkel reflète la relative stabilité économique d’un pays entouré d’Etats qui s’embourbent de plus en plus profondément dans la crise de l’euro. Merkel a également consenti à quelques concessions mineures, comme l’annulation de certains frais lors des consultations médicales. Un commentateur a expliqué à la télévision que ‘‘les Allemands ont voté pour la sécurité.’’ Il est vrai que, dans une certaine mesure, l’augmentation de l’électorat du CDU/CSU reflète le sentiment, partagé par de nombreuses personnes, selon lequel Merkel a empêché le pire dans un contexte de crise économique internationale. Mais elle ne peut pas pour autant compter sur un soutien actif, et encore moins sur de l’euphorie. Quand on parle de questions concrètes, l’orientation politique de la population est différente, ce qui a encore récemment été illustré à Hambourg, où se tenait un référendum le même jour que les élections ; et une petite majorité des habitants a voté ‘‘oui’’ à la renationalisation du réseau électrique local.
La victoire de Merkel ne constitue jamais qu’un des aspects de ces élections. L’autre, c’est que jamais auparavant une si grosse partie de l’électorat ne sera pas du tout représentée au parlement. Le taux de participation aux élections n’a que marginalement augmenté (70,8% lors des dernières élections fédérales pour 71,5% cette année), ce qui en fait la seconde participation la plus basse depuis 1945. Plus de 15% des votes sont allés à des partis qui n’ont pas atteint les 5% requis pour entrer au parlement. Jamais auparavant si peu de votes (43%) ont suffi pour former un gouvernement : cela ne représente que 30% de l’électorat. Même une ‘‘grande coalition’’ gouvernementale (où le CDU/CSU se retrouverait aux côtés des sociaux-démocrates du SPD) ne représentera qu’une minorité de la population. Plus de 40% des électeurs se sont soit abstenus, soit ont voté pour de petits partis, et ne sont donc pas du tout représentés au Bundestag.
Ces dernières années, les élections ont suivi un mouvement de balancier, reflet de la volatilité de l’électorat des partis politiques. Les gros succès électoraux, comme ceux du FDP et des Verts dans la passé, sont rapidement oubliés, et la scène électorale reste très changeante.
‘Alternative pour l’Allemagne’
Merkel a réussi à faire l’impasse sur la crise de l’euro pendant sa campagne. Mais le succès du parti ‘‘Alternative pour l’Allemagne’’ (AfD), un parti de droite appelant à l’abolition de l’euro, démontre, avec les potentiels votes de protestation, qu’il s’agit d’un problème important pour une partie de la population. Un problème qui va empirer. Vu la situation, ce fut une erreur de la part de Die Linke (‘‘La Gauche’’) de na pas centrer davantage sa campagne sur le rejet des fonds de sauvetage accordés aux banques.
Le fait que Die Linke ait perdu des voix au profit de l’AfD doit être considéré comme un avertissement. Même si le futur de l’AfD reste encore à écrire, il se peut que le parti n’en reste pas au stade du phénomène éphémère. L’AfD a occupé une partie de la scène politique, portion qui s’agrandira à mesure que la crise de l’euro se creusera. Le parti a réussi à se construire dans tout le pays, et dispose de moyens financiers conséquents. L’AfD a été suffisamment maligne pour éviter d’endosser une image raciste ou trop radicalement nationaliste tout en parvenant à mobiliser l’électorat d’extrême droite. Le parti a de bonnes chances d’accéder au Parlement européen après les élections de l’année prochaine. Il pourrait aussi se baser sur l’euroscepticisme croissant, qui ne fera que croître, surtout si Die Linke ne formule pas une critique claire, de gauche et internationaliste de la crise de l’euro.
Les salaires, les conditions de travail et les pensions ont été les sujets les plus importants aux yeux des électeurs. Cela semble paradoxal vu que le CDU/CSU est un parti aux mains des grandes entreprises, qui s’oppose au salaire minimum et qui veut maintenir l’âge de la retraite à 67 ans. Au vu des leaders des principaux partis à la carte, de nombreuses personnes ont conclu que Merkel était la plus capable de prévenir une crise sociale en Allemagne causée par une ‘‘urgence européenne’’. Le manque d’alternative issue du SPD et des Verts y a contribué. Leur tentative de se présenter comme plus à gauche, plus intéressés par les sujets sociaux et la justice, n’a leurré personne. Ce sont ces partis qui sont à la base de l’introduction de ‘‘l’Agenda 2010’’ néolibéral en 2003 et ses nombreuses attaques antisociales, et peu de gens leur ont pardonné. Les résultats des Verts montrent qu’ils sont devenus un parti bourgeois de la classe moyenne. Mais l’importance de sujets comme les salaires, les conditions de travail et les pensions dans la conscience populaire de la classe des travailleurs reflète aussi le potentiel des syndicats et des luttes sociales. C’est pourquoi les fondations du CDU/CSU sont fragiles. Le nouveau gouvernement prévoit de faire des coupes budgétaires et de procéder à des privatisations et, tôt ou tard, l’opinion générale se retournera contre lui.
Un projet de coalition gouvernementale ?
Merkel a perdu son partenaire de coalition, le FDP. Ses résultats rendront les négociations avec le SPD ou les Verts plus difficiles. Ces deux partis trembleront à l’idée de finir en tant qu’acteurs minoritaires dans un gouvernement CDU/CSU. L’expérience du SPD dans la ‘‘grande coalition’’ de 2005/2009 a rouvert des blessures qui n’ont pas encore fini de cicatriser. Les leaders du SPD se montrent donc très réticents à cette idée. Mais l’affaiblissement des Verts a rendu moins probable une coalition ‘‘noire et verte’’. Une grande coalition est l’issue la plus probable. Bien sûr, le SPD tentera de faire des concessions, qu’il vendra comme des victoires. Ce pourrait même être l’instauration d’un salaire minimum ou d’autres mesures semblables. Il est peu probable que les négociations échouent et que de nouvelles élections soient organisées car elles pourraient mener à une majorité CDU/CSU.
Die Linke
La direction de Die Linke se satisfait des résultats obtenus et met en avant que le parti représente maintenant la troisième plus grande force du pays. Le parti s’est stabilisé et a regagné du soutien depuis l’année dernière et les désastreux sondages d’opinion à son encontre. Les batailles internes se sont momentanément arrêtées mais, surtout, l’arrivée de Bernd Riexinger et de Katja Kipping à la direction du parti ont représenté une orientation plus décidée vers les mouvements sociaux et les luttes syndicales. Cela a motivé une couche de ses militants à s’impliquer davantage. Les slogans clairs sur leurs tracts ont rendu leur campagne très active et ont permis de recruter 500 nouveaux membres durant cette période. Cela prouve que, malgré la situation objective actuelle, il y a toujours un potentiel pour renforcer le parti.
Mais la perte de 1,4 million d’électeurs par rapport à 2009 (moins encore qu’en 2005), l’échec de Die Linke à s’attirer les votes des abstentionnistes ou des électeurs de l’AfD prouvent que les racines du parti ne sont pas assez ancrées dans les communautés ouvrières. De plus, la crédibilité de Die Linke pâtit de son implication régionale dans des coalitions et de des appels permanents à rejoindre une coalition nationale.
Die Linke a maintenant face à lui une deuxième chance, mais pourra-t-il saisir les opportunités qui s’ouvrent à lui ? En cas de grande coalition, le SPD sera également directement responsable des coupes budgétaires. Die Linke sera donc en bonne position pour améliorer son image d’opposant au capitalisme. Mais pour se renforcer ainsi, le parti doit devenir un parti combatif et abandonner tout projet de coalition avec les Verts et le SPD. Des conflits internes vont sans doute se développer autour de cette question. L’année prochaine, de nouvelles élections fédérales se tiendront en Allemagne de l’Est, où se trouve la plus grande base de Die Linke. La question d’une alliance avec le SPD se posera à nouveau, et c’est déjà le cas à Brandebourg.
Certains membres de l’aile droite de Die Linke (y compris le leader du groupe parlementaire, Gregor Gysi) ont récemment publié un livre qui explique la position du parti sur le rejet du déploiement de troupes allemandes à l’étranger, car sans laisser tomber cette position, il était impossible d’entrer au gouvernement national. Cette approche est un sujet de discorde potentiel au sein de Die Linke. Gysi est sorti renforcé de la campagne électorale, et il utilisera surement sa performance contre les éléments les plus anticapitalistes du parti, principalement basés en Allemagne de l’Ouest.
Hessen
Dans ce contexte, les élections fédérales à Hessen, qui ont eu lieu en même temps que celles du Bundestag, sont importantes. La nouvelle entrée de Die Linke au parlement est très importante pour l’aile gauche du parti. Die Linke est connu pour ses liens étroits avec les mouvements sociaux et syndicaux à Hessen.
Mais la dirigeante régionale du parti, Janine Wissler (membre du courant Marx21, qui a quitté l’organisation allemande du SWP britannique), dit être prête à certaines conditions à former une coalition gouvernementale avec le SPD et les Verts. Bien qu’elle dise que cette attitude serait destinée à révéler la vraie nature de ces partis, elle donne l’impression que Die Linke est prêt à tout pour entrer au gouvernement. Au lieu de parler de coalitions, la direction de Die Linke à Hessen devrait dire que son succès électoral est surtout celui de mouvements sociaux de résistance, qui doivent être construits et renforcés.
Die Linke à Hessen, en reconnaissant qu’ils ont une chance de chasser le premier ministre CDU Bouffuer, devrait dire que le parti est prêt à combattre le CDU en rejoignant une minorité gouvernementale SPD-Verts. Mais puisque le SPD et les Verts travaillent dans le cadre du capitalisme et sont prêts pour lancer des attaques contre la classe des travailleurs, Die Linke devrait clairement refuser de signer un contrat de coalition, et à la place voter cas par cas au parlement. Die Linke devrait clairement déclarer qu’il soutiendra toute loi progressiste et se dressera contre toute autre.
Quelles perspectives ?
Un jour seulement après les élections, les médias ont sonné l’alerte d’une intensification de la crise de l’euro et d’un effondrement du système financier.
Les 4 prochaines années en Allemagne ne seront pas semblables aux 3 dernières derrière nous, qui ont connu un redressement économique après une crise majeure. Au lieu de cela, elles seront marquées par une déstabilisation économique croissante et de nouvelles crises.
Chaque nouveau gouvernement européen sera sous pression pour faire payer à la classe ouvrière le prix de la crise du capitalisme. Die Linke peut se renforcer grâce à un développement des luttes et des mouvements de masses, si le parti les soutient fermement.
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Grande Bretagne : Scandale des contrats ‘‘zéro-heure’’
Jusqu’à un million de Britanniques travaillent avec des contrats ‘‘zéro-heure’’. Ce sont des contrats où un patron peut très bien laisser un travailleur assis chez lui sans le payer, mais où ce dernier doit rappliquer dare-dare au moindre coup de fil. Ce coup de fil peut intervenir une heure seulement avant le début de ‘‘l’horaire’’, le travailleur doit rester disponible. Il n’existe aucune garantie de travail, encore moins de revenu. Cette flexibilité poussée à l’extrême s’apparente à du servage.
Dans les magasins de vêtements Sports Direct, 20.000 des 23.000 employés travaillent avec un contrat ‘‘zéro-heure’’. La chaîne n’est pas la seule, même le Palais Royal a 350 employés temporaires sous un tel contrat ! Mc Donalds possède le plus grand nombre de travailleurs à zéro-heure : 82.800 ! Chez Burger King et Domino’s Pizza, il s’agit à chaque fois de 20.000 travailleurs. Dans presque la moitié des cas, ces travailleurs ont un âge compris entre 16 et 24 ans.
Ces travailleurs n’ont aucun garantie de travail et de revenu, pas de congés payés, pas d’allocation en cas de maladie et ils doivent recevoir la permission de leur patron avant de travailler ailleurs ! Pour les patrons, ce système est très intéressant : toutes les heures ‘mortes’ sont supprimées et le personnel ne vient qu’aux moments qu’il y a beaucoup de boulot. Le principe du ‘just in time’ est donc maintenant utilisé pour le travail humain également. Les politiciens affirment pour leur part que ce système permet aux travailleurs de planifier leur vie avec plus de temps pour la famille ou la vie sociale… La réalité est totalement différente, cette insécurité totale détruit la vie sociale. C’est aussi une excellente arme pour créer une atmosphère de terreur au boulot. Ceux qui ne sont pas assez dociles sont immédiatement punis et obtiennent moins ou même pas d’heures de travail.
Le mécontentement à l’égard de cette pratique est grand et entraîne une résistance. La campagne Youth Fight For Jobs a mené diverses actions devant différents magasins de Sports Direct. Le porte-parole de la campagne, Ian Pattison, a notamment déclaré: ‘‘Nous n’obtiendrons pas de bons contrats en le demandant gentiment. Nous menons campagne devant les magasins de Sports Direct et discutons avec le personnel sur la façon de lutter pour une meilleure protection et de meilleurs contrats.’’
Sports Direct en Belgique. ‘‘Un contrat à mi-temps, une disponibilité à temps plein’’
Sports Direct est aussi présent en Belgique. L’entreprise compte 45 magasins dans toutes les grandes villes sous les noms Sports Direct, Disport ou Sports World. Légalement, des contrats zéro-heure ne sont pas possible, mais Sports Direct fait tout pour obtenir un personnel flexible et bon marché. L’entreprise demande dans ces offres d’emploi d’être ‘‘très flexible’’ et ‘‘aussi disponibles les weekends.’’ Ils ajoutent : ‘‘Nous offrons à nos employés un contrat de base à mi-temps. Vous êtres très flexible et vous voulez bien travailler plus d’heures sur base régulière. Vous êtes disponibles à plein temps.’’ En bref, il faut travailler avec un contrat à mi-temps sans avoir la possibilité d’avoir un autre mi-temps !
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Près de deux tiers des jeunes grecs au chômage!
Le capitalisme, un système incapable d’offrir un bon emploi et un avenir à la jeunesse
Le chômage massif des jeunes en Europe ne diminue pas. Même là où une certaine croissance économique existe, les rangs de chômeurs ne désemplissent pas, au contraire. L’économiste Carsten Brzeski, de la banque ING, prévient : ‘‘La situation risque d’exploser. Nous risquons d’avoir toute une génération perdue. Si la jeunesse européenne se soulève contre l’Europe, le chaos s’ensuivra.’’ Les chiffres sont dramatiques. Depuis le début de la crise, le taux de chômage des jeunes en Grèce a augmenté de 19,6% à 64,9% ! Mais si tout le monde reconnaît que le problème est grave et nécessite une solution, les choses en restent là.
Par Thomas B (Gand)
Les chiffres
En mars de cette année, 7,5 millions de jeunes chômeurs se trouvaient dans l’Union Européenne (un taux de chômage de 23,5%), une situation particulièrement grave dans les pays du Sud : 59,1% en Grèce, 55,9% en Espagne, 38,4% en Italie, 38,3% au Portugal. Différents pays d’Europe de l’Est suivent de près (34,8% en Slovaquie, 24,8% en Lettonie ou 24,8% en Lituanie), tout comme l’Irlande avec ses 30,3%. Avec ses 22,4%, la Belgique s’approche plus de la queue du peloton que de la tête, où figurent l’Allemagne et l’Autriche (7,6%).
Les jeunes sont les premiers à être jetés à la rue. Leurs contrats étant souvent précaires, il est plus commode de les licencier. Quant au peu d’emplois disponibles, ils n’ont pas assez d’expérience. Ces quatre dernières années, le chômage parmi des jeunes a augmenté trois fois plus vite que le reste. La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (EUROFOUND) a estimé le coût de ces 7,5 millions de jeunes sans emploi à 150 milliards d’euros. C’est encore sans les conséquences sociales dues au chômage et au désespoir.
L’exemple grec donne le ton : fin du mois de mai, il y avait 1.381.088 chômeurs par rapport à 357.009 sans-emplois au début de la crise (en 2008). Le taux de chômage a augmenté durant cette période de 7,3% à 27,6%. Le nombre de salariés a diminué de 4,6 à 3,6 millions. Le taux de chômage des jeunes a augmenté de 19,6% à 64,9% en cinq ans. L’an dernier il était de 55,1% et en mars l’UE parlait de 59,1%. Maintenant ce taux a atteint les 64,9% !
L’UE n’offre aucune solution
Les politiciens et leurs institutions ne sont pas avares de belles paroles et de promesses vides. L’UE estime cette situation inacceptable et affirme que les actes vont suivre avec les investissements du Fonds social Européen. L’UE ajoute encore que la lutte contre le chômage des jeunes doit être une priorité dans les budgets des pays membres.
En décembre 2012 a été lancé le projet ‘‘Emploi des jeunes’’ avec l’objectif que chaque jeune de moins de 25 ans reçoive une proposition d’emploi ou de formation dans les quatre mois suivant leurs études. En février, un fonds a été créé pour stimuler le suivi des jeunes sans-emplois, avec des moyens à hauteur de 6 milliards d’euros (3 milliards du Fonds social européen et 3 milliards de l’UE). Cet argent doit être utilisé dans les régions où le taux de chômage est supérieur à 25%. En 2013, 20 Etats-membres de l’UE ont été réprimandés pour leur manque d’action pour l’activation des sans-emplois.
L’UE ‘‘oublie’’ de mentionner le fait qu’elle impose au même moment une politique d’austérité drastique. Dans le cas de la Grèce, l’UE fait partie de la troïka (avec le FMI et la Banque Centrale Européenne) et est donc directement responsable de la montée du chômage ! Il est également facile de dire que les pays-membres doivent mettre plus d’attention sur la lutte contre le chômage alors que les recommandations de l’UE sont très strictes en termes de limitation des dépenses. Les actes posés par l’UE prouvent que la sauvegarde des profits du secteur privé prime largement sur le reste. De plus, l’UE mène actuellement campagne pour augmenter l’âge de la pension dans différents pays. Mais au plus nos aînés restent au boulot, au moins il y a de place pour les jeunes…
Tout l’accent est mis sur l’idée d’une ‘‘politique d’activation’’. Mais avec 26,5 millions de chômeurs dans l’UE, il est clair que ce n’est pas une question de volonté mais une question de manque d’emplois. Il n’y a tout simplement pas assez de travail. Alors arrivent les stages et les contrats précaires. En Grande-Bretagne il y a même maintenant un système de contrats ‘‘zéro-heure’’ (voir l’encadré à ce sujet). Travailler gratuitement ou presque comme stagiaire n’est pas non plus une étape vers un emploi à contrat indéterminé, ce sont de dangereux précédents pour attaquer toutes les conditions de travail et les salaires. En période de crise de surproduction, il n’y a pas de solution au chômage dans le cadre de ce système.
Répartir l’emploi !
Alors que le chômage continue d’augmenter, il en va de même pour toutes les pénuries. Toute l’énergie de la jeunesse pourrait être utilisée pour faire face au manque d’infrastructure, au manque de personnel dans les services publics,…, mais les politiciens traditionnels et leur système préfèrent les laisser pourrir au chômage et dans le désespoir.
Nous sommes en faveur de la répartition du travail disponible par la diminution du temps de travail, par exemple à 32 heures par semaine, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences. Pourquoi certains travailleurs doivent-ils bosser jusqu’à tomber raide alors que d’autre sont obligés de ne rien faire ? En répartissant l’emploi disponible, tout le monde pourra s’y retrouver !
Les capitalistes et leurs pantins politiques ne permettront pas l’application d’une telle politique. S’ils doivent payer plus de salaires pour plus de travailleurs, ils doivent diminuer leurs profits, alors que les grands actionnaires réclament plus, toujours plus, pour gonfler leurs comptes dans les paradis fiscaux. Répondre de manière tout à fait logique au problème du chômage nécessite de s’opposer au capitalisme et de lutter pour une autre société, une société socialiste. Pour y parvenir, nous devons nous organiser et, surtout, ne pas nous laisser diviser entre jeunes et moins jeunes.