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Tag: Anvers
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“Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs"
Interview de Jef Sleeckx, ex-parlementaire du SP.a
Le jeudi 13 mars, j’ai discuté avec Jef Sleeckx dans son bastion de Mol. Entre les nombreux projets, histoires et anecdotes, je lui ai posé les questions suivantes.
Propos recueillis par Bart Vandersteene
Qui est Jef Sleeckx?
> Jef Sleeckx a été membre du SP pendant plus de 40 ans. Il a été parlementaire pendant 21 ans et a siégé pendant 17 ans au bureau du parti.
> Jef a été vu pendant toutes ces années comme une figure de gauche proche des travailleurs.
> Jef a voté contre Steve Stevaert pour la présidence du parti: “Steve se préoccupe trop de techniques de vente et de shows télévisés et trop peu des vrais principes socialistes.”
> Yves Desmet (journaliste à De Morgen) : “Ce qu’un ouvrier ne veut surtout pas, c’est de voir cette idole de la vieille gauche qu’est Jef Sleeckx apparaître à la porte de son usine, car il sait alors qu’il est grand temps de trouver un autre travail”
Jef, tu as quitté le Parlement en 1999. Aujourd’hui, 7 ans plus tard, tu reviens sur la scène politique. Quels sont les raisons qui t’y ont poussé?
Il y a deux événements qui m’ont poussé à donner de la voix. D’une part, il y a eu la Constitution européenne qui a été rejetée en France et aux Pays-Bas. En soi, je trouve que l’UE a besoin d’une constitution pour faire collaborer 25 pays et 450 millions de gens. Mais cette Constitution ne porte pas là-dessus. Elle ne contient pas les règles du jeu, mais le jeu lui-même. La partie 3 de la Constitution dit que l’UE doit être néo-libérale. On ne laisse aucun espace pour le débat politique.
Une initiative avec Debunne et Vanoutrive
Georges Debunne m’a contacté l’année passée pour que je me joigne à lui et à Lode Vanoutrive afin de soumettre ensemble une pétition au Parlement flamand et de lancer ainsi le débat sur cette Constitution en Belgique.
Pour ce faire, nous avons dû récolter quelque 15.000 signatures dans des manifestations, des fêtes de quartier, aux portes des entreprises, et j’en oublie. En même temps, j’ai aussi étudié cette Constitution. Jamais je n’avais étudié avec un tel acharnement. Après la récolte des signatures, nous avons pu faire un exposé au Parlement flamand. Quelle ne fut pas ma stupéfaction lorsqu’il apparut que les parlementaires ignoraient presque tout de la Constitution. Cela transparaissait clairement dans les questions qu’ils me posaient. Ils n’en ont pas moins tous voté ensuite pour la Constitution…
Une deuxième affaire qui m’a énormément touché, c’est la lute contre le Pacte des Générations. A un certain moment, quelques délégués sont venus me trouver pour demander de mener une action et de diffuser un appel au fameux congrès du SP.a à Hasselt. J’ai été tout de suite d’accord et j’ai diffusé avec eux l’appel « nous vous tournons le dos ».
La collectivité paye, les patrons reçoivent des cadeaux
J’étais en total désaccord avec le Pacte des Générations. Le gouvernement et le SP.a faisaient tout pour effrayer les gens alors que ce n’était pas nécessaire. La Commission sur le Vieillissement a calculé qu’il faudrait de 3% à 4% du PNB en plus d’ici 2030 pour pouvoir payer les pensions. Cela équivaut à 9 ou 10 milliards d’euros (un peu plus d’après certains).
Si l’économie belge actuelle, qui vaut un bon 250 milliards d’euros, croît chaque année de 1,5% d’ici 2030, elle vaudra alors 112 milliards d’euros en plus. Utilisons-en 10% pour les pensions. Ce n’est quand même pas exagéré ?
Dans une interview à Knack, j’ai dit à ce moment qu’il fallait quelque chose de nouveau en dehors du SP.a, un nouveau parti des travailleurs. Je ne m’attendais pas à ce que mes paroles aient autant de conséquences à l’intérieur comme en dehors du SP.a.
Vande Lanotte a prétendu qu’il irait vers les entreprises avec ses militants. Nous ne les avons pas vus. Ils ont par contre organisé des réunions provinciales. J’y étais à Anvers où j’ai pris le micro et expliqué mon point de vue. J’ai demandé pourquoi on ne parle plus jamais d’un impôt sur la fortune, pourquoi on ne s’en prend pas plus énergiquement à la fraude, pourquoi les impôts ne rentrent pas mieux. Bref, j’y ai dit clairement que les moyens d’une politique existent, mais qu’il faut une autre politique.
Johan a encore essayé de monopoliser la parole, mais ça n’a pas marché. Il y a eu aussi une discussion sur ce que le Pacte des Générations reconnaîtrait comme métiers lourds. Après moi, quelqu’un dans la salle a pris le micro et a invité Johan à venir travailler 14 jours avec lui. Il saurait tout de suite ce qu’est un travail lourd. L’atmosphère dans la salle a tourné à travers la discussion et j’ai reçu beaucoup d’applaudissements et de marques de soutien. A la fin, j’ai dit que Vande Lanotte faisait prendre à la population des vessies pour des lanternes. C’est toujours la collectivité qui doit payer et les patrons qui reçoivent des cadeaux.
Si on menait une autre politique il n’y aurait aucun problème pour la population et, par exemple, pour le 1,5 million de Belges qui s’enfoncent aujourd’hui dans la pauvreté. Mais Stevaert a dit que le SP.a ne se préoccuperait plus en premier lieu des miséreux. Je me demande alors ce que doit faire un parti socialiste. Et aujourd’hui il n’y a pas que les allocataires sociaux qui ont du mal à s’en sortir. Vous pouvez toujours essayer d’entretenir une famille avec un salaire net de 1200 euros, surtout avec le coût actuel du logement.
Voilà pourquoi je dis qu’ils ont contribué à grossir les rangs du VB. Les mandataires socialistes ne sont plus physiquement présents dans les quartiers à problèmes. C’est comme s’ils avaient pris peur de leur public naturel. Mais pour pouvoir, par exemple, discuter du travail avec des chômeurs dans les quartiers à problèmes, on ne peut évidemment pas cumuler soi-même deux ou plusieurs boulots. Ce que fait Patrick Janssens est scandaleux : être parlementaire et bourgmestre d’une ville comme Anvers qui n’est pourtant pas si simple à gérer. Ce n’est tout de même pas sérieux. L’un des deux jobs devient forcément un job d’appoint, ce n’est pas possible autrement… Personne n’est capable de faire convenablement plusieurs jobs. Il en va de même avec le logement, vous pouvez toujours essayer de parler du travail au café avec un chômeur dans un quartier à problèmes si vous avez plusieurs jobs, ou avec un SDF si vous vivez dans une villa huppée, vous remarquerez tout de suite à quel point on vous prend au sérieux…
J’aurais pu devenir bourgmestre de Mol en 1994, mais je ne l’ai pas fait. J’ai laissé la base du SP.a décider quel mandat je devais assurer et le choix s’est porté sur mon mandat de parlementaire. Je ne voulais pas cumuler, c’est une question de principe. Si vous dites qu’il faut du travail pour tous, vous ne faites qu’un seul job. En tant que parlementaire, on a une fonction d’exemple. Les paroles ont été tellement vidées de leur sens que plus personne n’y croit, il faut agir tout simplement.
Comment vois-tu les développements des 10 dernières années au sein du SP.a?
J’ai été fortement frappé par le fait que le SP.a virait de plus en plus vers le centre, ce qui me tracassait au plus haut point. J’ai appelé pendant 17 ans au sein du bureau du parti à mener une autre politique. En tant que socialiste, on doit être droit dans ses bottes et adopter un profil clair. C’est ce qui a fait défaut et qui fait qu’aujourd’hui tant de gens votent pour le VB.
Le SP.a a abandonné ses idées socialistes et n’est plus un parti de travailleurs. Ils n’appellent plus jamais à lutter. Alors que c’est justement plus nécessaire que jamais. Nous ne pouvons pas oublier que la Sécurité sociale n’est pas tombée du ciel. C’est le résultat de la lutte. Et pour être honnête, surtout de la lutte des travailleurs wallons. D’où mon opposition résolue à ceux qui veulent scinder la Sécurité sociale. Les travailleurs flamands, bruxellois et wallons ont les mêmes intérêts. Nous oublions parfois que nous devons beaucoup aux Wallons.
Quelque chose qui m’est resté longtemps en travers de la gorge, c’est l’attitude du SP.a envers les réfugiés. Lorsque je siégeais encore au Parlement flamand, j’ai pris en main l’affaire de grévistes de la faim kurdes. Je suis même allé au Kurdistan et je sais qu’on ne peut pas renvoyer les réfugiés kurdes. Ces gens se retrouvent en prison, voire disparaissent tout simplement. J’ai clairement dit au bureau du parti que je voterais « selon ma conscience ». Grâce à la pression que j’ai pu mettre à l’époque, ces gens ont pu rester en Belgique. La grève de la faim avait lieu à Hasselt à l’époque où Stevaert était encore bourgmestre. Mais je ne l’y ai jamais vu et il n’est jamais intervenu en faveur de ces grévistes de la faim.
As-tu un message à transmettre le 1er mai aux militants du SP.a et de la FGTB ?
Aux militants du SP.a, je demanderais qu’ils insistent au sein du parti pour qu’il recommence à se préoccuper beaucoup plus des travailleurs. Je suis content que SP.a Rood existe, j’ai beaucoup de respect pour ces camarades, mais je n’y crois pas. Le sommet du parti ne va pas les prendre au sérieux, il va les faire lanterner. SP.a Rood peut jouer un rôle pour démontrer qu’il y a soi-disant une aile gauche, mais en même temps SP.a Rood n’a rien à dire et n’aura jamais rien à dire dans le parti.
Aux militants de la FGTB, je demande de porter haut le drapeau de la solidarité. Il y aura beaucoup de luttes qui nécessiteront l’unité des travailleurs flamands, wallons et bruxellois. Les politiciens veulent briser la solidarité en disant qu’il y a d’autres intérêts en jeu. Mais nous ne pouvons pas oublier que c’est grâce à la combativité wallonne que la Sécurité sociale a pris forme.
Aux uns et aux autres, je veux aussi dire qu’une alternative politique est nécessaire. Une alternative politique qui place les intérêts de la population laborieuse et des allocataires sociaux tout en haut de l’agenda.
Où que tu parles, tu mets l’accent sur la nécessité d’une meilleure protection des délégués syndicaux. Pourquoi ce point en particulier?
Parce que les délégués sont le moteur des syndicats. Ils sentent ce qui vit à la base. Hélas, les patrons font tout aujourd’hui pour mettre à la porte les bons délégués qui défendent leur base. Ils n’épargnent pas leur peine et sont même prêts à payer le prix fort, comme par exemple chez Stora à Zelzate, pour se débarrasser de délégués. Nous devons y apporter une réponse.
Les jeunes seront importants dans une nouvelle initiative, quel message adresses-tu à la jeunesse ?
Les jeunes doivent affiner leur conscience politique. Nombre d’entre eux sont en quête de valeurs qui proposent davantage que les valeurs purement matérielles. Parce que celles-ci ne garantissent pas le bonheur. C’est pourquoi la solidarité est importante, y compris entre les jeunes et les aînés.
J’ai été surpris dans un premier temps de lire que le VB fait maintenant de bons scores parmi les jeunes. L’avantage qu’a le VB, c’est qu’il n’y va pas par quatre chemins. Même si nous ne sommes pas du tout d’accord avec leur démagogie abjecte. Les partis traditionnels créent des attentes qu’ils ne concrétisent pas. D’où la perte de crédit de ces partis. Avec toutes les conséquences qui s’ensuivent ! Les gens doivent savoir clairement qui défend quoi sur qui ils peuvent vraiment compter.
L’initiative pour une autre politique diffusera un tract national le 1 mai. Quelle sera l’étape suivante ?
C’est un pas important que nous faisons en diffusant un tract commun dans tout le pays. Des gens d’horizons divers, des militants syndicaux, des militants politiques collaborent à une alternative politique.
Il y aura une réunion nationale en automne pour décider ce que nous ferons, quelles suites nous allons donner à notre appel à une alternative politique. Je ne peux pas encore anticiper cette étape, mais je la trouve importante. Si un nouveau parti voit le jour, ce sont les travailleurs qui en détermineront le programme. J’espère que nous seront prêts pour les élections législatives de 2007.
D’après toi, quel rôle les militants du MAS/LSP ont-ils à jouer dans cette nouvelle initiative ?
Les militants du MAS/LSP s’implique énormément dans le mouvement ouvrier. C’est positif et très important que le MAS/LSP ait pris position sur la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. J’ai beaucoup de respect pour vos militants, comme pour tous les militants de gauche. Une nouvelle initiative pourra compter sur beaucoup de bons militants pour approfondir certains points du programme et aider à les diffuser et à les défendre au-dehors. A mes yeux, tous les militants de gauche sans la moindre exception joueront un rôle important.
Un dernier mot pour nos lecteurs?
J’espère que le 1er Mai de cette année préfigure un nouveau printemps et un nouveau cri. Un nouveau cri qui réaffirme la solidarité entre tous les travailleurs où qu’ils habitent. Une autre politique signifie aussi que tous les gens de gauche devront, sans renier pour autant leur identité, mettre de côté les grandes certitudes de leur propre groupe pour aider à façonner une autre politique avec tous ceux qui veulent une autre politique, solidaires autour d’un programme commun, ainsi que pour combattre efficacement l’extrême droite.
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Il faut un nouveau parti pour les travailleurs !
Qui a porté la voix des 100.000 travailleurs qui ont manifesté à Bruxelles le 28 octobre dernier contre le Pacte de « Solidarité » des Générations ? Qui s’est fait l’écho des centaines de milliers de travailleurs qui ont fait grève contre la casse de leurs pré-pensions ? Qui a repris les revendications de la FGTB et de la CSC qui organisent ensemble 3,6 millions de travailleurs ?
Tract du MAS
Sûrement pas le PS et le SP.a dont TOUS les députés ont voté pour ce Pacte avec leurs amis libéraux. Et pas non plus le CD&V, le Vlaams Belang, le cdH et Groen qui se sont abstenus (les deux premiers parce qu’ils disaient ouvertement que ce Plan n’allait pas assez loin !).
D’un Pacte à l’autre, le PS contre les travailleurs
Ce vote n’a pas été une erreur de parcours. En 1993 déjà, une coalition des partis socialistes et chrétiens dirigée par Dehaene nous avait aussi imposé un Plan Global que tous les parlementaires de ces partis avaient voté comme un seul homme, le doigt sur la couture du pantalon.
Le PS et le Sp.a ne défendent plus depuis longtemps les intérêts des travailleurs. Présents au gouvernement depuis 18 ans, ils se sont définitivement aligné sur la politique néolibérale et ont participé à tous les mauvais coups contre les acquis sociaux.
Alors que les profits des patrons et les salaires des managers atteignent des sommets, les privatisations s’accélèrent et les licenciements et les plans de restructurations pleuvent à torrent. Et à chaque fois la réponse du PS et du Sp.a est la même : plus de cadeaux aux patrons sous forme de nouvelles diminutions de charges patronales et moins de pouvoir d’achat pour les salariés et les allocataires sociaux.
Et cela va continuer : Verhofstadt prépare pour la fin de l’année un Pacte de Compétitivité dont le but avoué est de remettre en cause l’indexation des salaires.
Pour bloquer cette politique de recul social permanent, il faut que la FGTB et la CSC rompent avec les PS/SP.a et les CD&V/CDH.
Une nouvelle voix pour les travailleurs
Plus personne ne vote encore aujourd’hui pour le PS ou le SP.a en espérant que ces partis vont apporter un réel progrès social. Beaucoup votent encore pour eux parce qu’ils les voient comme un « moindre mal » face aux libéraux, mais cela n’empêche pas le fossé entre les militants syndicaux de base et le PS et Sp.a de grandir chaque jour. D’autres reportent leurs votes vers l’extrême-droite pour sanctionner le monde politique. Mais, en votant FN ou VB, ils renforcent des partis qui haïssent les syndicats et veulent liquider tous les droits des travailleurs.
Pour arrêter les plans d’austérité et faire reculer les partis fascistes, nous avons besoin d’un nouveau parti qui défende clairement les intérêts de tous les travailleurs – au sens large de ce mot, c’est-à-dire les travailleurs actifs et non actifs; wallons, flamands, immigrés et sans papiers; encore étudiants ou déjà à la retraite; actifs dans des entreprises ou cherchant de l’emploi, FGTB et CSC – et à leurs familles.
Cette nouvelle voix, nous voulons qu’elle se fasse entendre pas seulement au moment des élections, mais tous les jours dans les entreprises, les quartiers, les écoles et partout où les opprimés sont prêts à résister. Le MAS est prêt à collaborer avec toutes les autres forces de gauche pour construire ce parti large, dans lequel nous défendrons notre orientation anticapitaliste et socialiste.
Comment un tel parti large pourra-t-il se développer ? Pas simplement en réunissant les gens qui aujourd’hui sont déjà conscients de la nécessité de s’opposer totalement à la politique néo-libérale. Mais en se tournant résolument vers des couches plus larges de militants et de délégués syndicaux, de jeunes, de sans-papiers qui peuvent comprendre eux aussi cette nécessité et s’engager… pour autant qu’on aille à leur rencontre et qu’on discute avec eux.
Ce n’est qu’un début…
Des premiers pas on été fait dans ce sens depuis la manifestation du 28 octobre. En Flandre, le MAS soutient pleinement l’initiative « Pour une autre politique » lancée par l’ex-député SP.a Jef Sleeckx et l’ancien président de la FGTB Georges Debunne. Cette initiative a déjà reçu le soutien de dizaines de militants et de délégués combatifs. Nos camarades flamands diffusent aujourd’hui à l’occasion de la Fête des Travailleurs le tract de « Pour une autre politique » à Bruxelles, Anvers, Gand, Louvain, Malines, Courtrai, Alost, Grammont, Ninove, Ostende, Bruges, Menin, Harelbeke, St-Nicolas, Tirlemont, Turnhout, St-Trond, Diest, Lokeren.
Du coté francophone, une initiative « Pour une autre gauche » a été lancée il y a quelques semaines. Le MAS espère qu’elle prendra la même orientation qu’en Flandre et qu’ensemble nous pourrons construire une nouvelle force politique nationale et démocratique qui mette autant d’acharnement à défendre les intérêts des travailleurs que les partis traditionnels en mettent à défendre ceux des patrons.
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Lutte antiraciste, cordon sanitaire, … Comment combattre le Vlaams Belang?
Le thème principal des discussions autour des élections communales d’octobre dans les médias flamands va sans doute être la survie du cordon sanitaire. Dans différentes communes, le cordon est remis en question même si les état-majors des grands partis continuent à dire qu’il est inacceptable de gouverner – même localement – avec le Vlaams Belang.
Sven De Deken
Selon un sondage récent, le VB obtiendrait pas moins de 48% à Hoboken, une commune de la banlieue d’Anvers. Les partis traditionnels n’ont pas de solution pour enrayer la croissance électorale du VB. Au contraire, ils mènent une politique néolibérale qui ne tient compte que des intérêts des couches les plus riches de la population. Ce faisant, ils poussent les électeurs dans les bras du VB sans que celui-ci ait quoi que soit à faire. Les partis traditionnels sont donc eux-mêmes la cause de la croissance de l’extrème-droite.
Si on regarde son programme un peu attentivement, il est facile de constater que l’extrême-droite n’a pas de solution à proposer aux nombreux travailleurs qui votent pour elle aujourd’hui. Le VB défend l’augmentation de la productivité et de la flexibilité, les diminutions de salaire, les privatisations,… En même temps, il veut supprimer, ou au moins réduire fortement, la sécurité sociale dont il n’hésite pas à dire : « La sécurité sociale est un paradis pour les profiteurs professionnels (…). Le CPAS est un moyen d’existence pour les paresseux, les indolents, les étrangers et les refugiés politiques. »
Si on sait qu’en Belgique il y a aujourd’hui 1,1 million de personnes dépendant d’une manière ou d’une autre d’allocations de chômage – et quasiment pas d’emploi disponible – on comprend qu’ il est nécessaire de renforcer la sécurité sociale et non pas de la réduire ou de l’abolir. Ceux qui voient d’un bon oeil ce programme sont les dirigeants d’entreprises et leurs actionnaires qui apprécient aussi le projet du VB de diminuer les cotisations patronales. Le VB n’est donc pas un parti qui lutte pour les intérêts des travailleurs, mais au contraire un parti qui défend les intérêts du patronat.
Pour contrer le succès du VB, de plus en plus de gens, y compris à gauche, estiment qu’il faut laisser le VB gouverner parce que, de cette façon, il s’userait au pouvoir. C’est une stratégie extrèmement dangereuse. Les droits des travailleurs et des jeunes seraient remis en cause au cours d’un telle expèrience. Il ya quelques années, on a vu à Vitrolles en France, comment le Front National avait commencé, immédiatement après avoir gagné les élections communales, à expurger les bibliothèques de livres jugés trop à gauche, à fermer les maisons de jeunes,… La mairie avait proposé une prime de 700 euros pour la naissance de chaque enfant français. Car, comme la bourgmestre Catherine Mégret le déclarait, « il y a des différences entre les races (…), il y a des différences dans les gènes ». Les élections communales suivantes n’ont pas vu le FN rejeté du pouvoir. Nous ne voulons pas courir un tel risque en Belgique.
Il est néanmoins clair qu’il faut faire quelque chose contre la montée du VB et du racisme. Une des thèses les plus courantes de l’extrème-droite est que tous les problèmes sociaux comme le chômage, le manque de logement à des prix abordables, les bas salaires,… se réduisent à la présence des allochtones en Flandres (et aux « Wallons paresseux »). Mais il est naïf de penser que les patrons pourraient tout d’un coup augmenter les salaires (et donc accepter moins de profits) s’il n’y avait plus d’allochtones en Flandre ou si la Flandre était indépendante. Ils se moquent bien de qui travaille dans leurs entreprises du moment qu’ils peuvent les exploiter. Par contre, l’existence de groupes de travailleurs avec moins ou pas de droits est un facteur qui avantage les patrons.
Les idées racistes engendrent la confusion au sein de la classe ouvrière. Les tensions qui existent à cause des problèmes sociaux sont ainsi canalisées dans des attitude racistes, qui amènent les travailleurs à lutter entre eux pour quelques miettes pendant que le patronat fait des super-profits. C’est pour cela que l’on ne peut pas tolèrer le racisme sur le lieu de travail. S’il n’y a pas de lutte commune des Belges et des immigrés sur le lieu de travail, les patrons vont toujours utiliser un des deux groupes pour casser le mouvement. Créer, à travers le syndicat, un climat antiraciste sur le lieu de travail peut donc faire la différence entre une victoire ou une défaite dans la lutte syndicale.
Les partis traditionnels étant responsables de la croissance du Vlaams Belang, il est clair qu’ils ne représentent pas une solution pour un nombre de plus en plus important de travailleurs. La seule chose qui pourrait offrir une alternative pour les votes de protestation qui vont aujourd’hui au VB, c’est un nouveau parti des travailleurs qui défende les intérêts des salariés et de leurs familles.
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De Lijn: 7 jours de “tarifs-zéro” à Gand et Anvers
A l’occasion d’un changement de tarif le 1er mars, les chauffeurs de De Lijn à Anvers et à Gand ont refusé de faire payer les trajets.
Un correspondant
Depuis le 1er mars, les voyageurs peuvent acheter des tickets dans 2500 points de vente (librairies,…) et auprès de distributeurs automatiques. Les tickets et cartes vendus dans le bus ou le tram sont au moins 20% plus chers. Mais voilà où le bât le blesse: les distributeurs automatiques, souvent, ne marchent pas, les voyageurs doivent donc payer plus. De surcroît, ni les chauffeurs, ni les voyageurs n’ont été bien informés.
La direction de De Lijn a simplement poussé les chauffeurs dans la fosse aux lions face à des voyageurs surpris, qui ne pouvaient pas acheter un ticket aux distributeurs automatiques et qui devaient payer plus dans le bus, ou encore qui ne savaient tout simplement pas où acheter les tickets en prévente… C’était au chauffeur d’être confronté, seul, à la colère et l’incompréhension des usagers. Après sept jours de grève de paiement, un accord a été conclu: les distributeurs automatiques vont avoir un entretien, les chauffeurs vont recevoir une formation supplémentaire sur le système et à Anvers, des lignes où tout les arrêts sont pourvus de distributeurs automatiques ne vont plus vendre de tickets dans le tram. Après trois mois suivra une évaluation.
Le passage à un système de prévente chez De Lijn est une tentative d’alléger la pression sur la durée de conduite et de repos. Mais avec cet accord, rien ne change fondamentalement. Le temps de repos est toujours dans plusieurs cas du temps de rattrapage pour les délais faits.
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Vlaams Belang : une piscine qui en dit long
Le Vlaams Belang essaie de se présenter comme un parti qui sait ce qu’est la vie des travailleurs et qui défend fermement ceux-ci. C’est pourquoi il a été particulièrement drôle de voir une des nouvelles dirigeantes du Vlaams Belang épinglée par la presse pour s’être conduite avec les manières élitistes d’une grande bourgeoise du 19e siècle.
Peter Delsing
Déjà remarquée il y a quelque temps pour sa rencontre avec un négationiste connu, Marie-Rose Morel a à nouveau fait parler d’elle. Mais, cette fois-ci, c’est parce qu’elle avait commencé à construire, sans avoir demandé les autorisations nécessaires, une piscine privée dans le jardin de sa villa… qui a coûté la bagatelle de 1 million d’euros !
Morel avait déménagé à Schoten (près d’Anvers) pour être la candidate principale du parti pour les éléctions communales. Comment quelqu’un qui vit dans un tel luxe pourrait-il savoir ce que sont les problèmes des travailleurs et de leurs familles? Ce n’est pas une coïncidence si le Vlaams Belang soutient une politique extrêmement néolibérale. Beaucoup de ses politiciens ont déjà le mode de vie d’un patron ou un manager. Ou ils sont carrément des patrons eux-mêmes, comme Freddy Van Gaever, parlementaire du VB qui est un patron… en faillite.
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Ville d’Anvers: arbitraire total et politique illégale
Blokbuster (la campagne anti-fasciste du MAS/LSP en Flandre) a déposé une plainte auprès du tribunal de police d’Anvers contre une sanction administrative imposée à l’éditeur responsable des affiches de Blokbuster. Ces affiches ont été collées sauvagement à Deurne par des inconnus, suite à quoi la ville a imposé une amende administrative à l’éditeur responsable.
Geert Cool
François Bliki est poursuivi pour violation du réglement de police qui prévoit une interdiction du collage sauvage. Mais il n’était pas l’auteur des collages de Deurne.
Il n’existe aucune indication allant dans cette direction, mais une amende administrative de 60 euros a quand même été imposée, sans aucune base juridique.
Rendre civilement responsable l’éditeur responsable est une chose absurde. Si demain un inconnu publie des affiches avec dessus le nom et l’adresse de Grootjans (l’échevin de la sécurité) comme éditeur responsable et que cet inconnu colle ces affiches… qui paiera l’amende administrative si le colleur inconnu n’est pas intercepté?
Autre exemple. Un navetteur achète un journal et après l’avoir lu, le jette par terre: du déversement clandestin donc. S’il n’est pas attrapé, l’éditeur responsable est-il passible d’être poursuivi?
Les maisons d’édition apprécieraient… De même que les éditeurs des campagnes publicitaires de la Ville d’Anvers, pour citer un autre exemple.
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Plan Vandenbroucke pour l’enseignement supérieur flamand. Ecoles en faillite et minervals astronomiques?
Plan Vandenbroucke pour l’enseignement supérieur flamand
Le nouveau projet de décret de financement de l’enseignement supérieur flamand, présenté par le ministre SP.a Vandenbroucke en décembre dernier, va mettre tous les étudiants et tous les membres du personnel devant des choix dramatiques. Ainsi les frais d’inscription d’un master-après-master (3e cycle universitaire) pourraient augmenter jusqu’à 25.000 euros et des centaines de licenciements menacent les travailleurs des universités et des hautes écoles.
Simon Van Haeren
Le projet de décret de financement est le successeur du décret structurel qui a introduit le système bachelor/master et qui a créé la base formelle pour l’application du processus de Bologne. Le nouveau projet a comme objectif premier de mettre l’enseignement supérieur flamand en accord avec le marché éducatif européen qui sera libéralisé en 4 ans (de 2008 à 2012).
Que prévoit le plan de Vandenbroucke?
La partie concernant le financement en dit beaucoup plus sur la nature réelle du processus de Bologne que tous ces beaux termes anglais qui ont été introduits les dernières années.
Sur le plan budgétaire, le gouvernement flamand refuse d’investir plus de moyens dans l’enseignement supérieur. Il n’y aura pas d’indexation à part entière d’ici 2012. Mais, à ces coupes budgétaires, s’ajoute une modification de la distribution des moyens et des clefs du système de repartition des moyens financiers.
Sur base de diverses simulations, il a été démontré que seule l’Université Catholique de Leuven (KUL) verra ses moyens augmenter de manière significative (18 à 23 millions d’euros de plus). En revanche, la Haute Ecole de Gand perdra 3 millions d’euros et l’Université de Gand gagnera seulement 3 millions d’euros. A Anvers et à Bruxelles, les pertes s’accumulereont: l’Université d’Anvers perdra 9 à 10 milllions et la Haute Ecole Karel de Grote 3 millions d’euros.
Bruxelles est la plus touchée avec 3 millions de moins pour la Haute Ecole Erasmus tandis que la Vrij Universiteit de Bruxelles (VUB) perdra pas moins de 10 à 12 millions d’euros. L’Université Catholique de Bruxelles (KUB) perdra 60% de son budget actuel et sera avalée par l’Association de Leuven (regroupant plusieurs Hautes Ecoles autour de la KUL). Entretemps, des versions encore plus alarmantes circulent selon lesquelles la VUB perdrait 27 millions d’euros…
Avec de telles restrictions, les institutions devront fortement réduire l’offre éducative. Et, à long terme, les frais d’inscription exploseront, même si ce n’est pas dit explicitement.
Quel programme pour la lutte?
Vandenbroucke joue le jeu de diviser pour mieux régner. La défedéralisation de l’enseignement a favorisé les plans de la bourgeoisie. Les attaques contre l’enseignement ne sont plus introduites simultanément dans l’ensemble du pays. Si Vandenbroucke réussit en Flandre, la Communauté française ne pourra pas rester en arrière. C’est le même raisonnnement qui est utilisé pour scinder la sécurité sociale.
Vandenbroucke joue aussi le même jeu au sein même de la Communauté flamande. Il essaie de faire avaler les coupes d’austérité en dressant les institutions scolaires les unes contre les autres. Diverses directions sont tombées dans le piège et négocient déjà aujourd’hui en coulisses avec Vandenbroucke la répartition des pénuries.
Cette tactique n’a rien à offrir aux étudiants ni au personnel. Les Etudiants de Gauche Actifs (ALS en Flandres) revendiquent le retrait du Decret de Financement et davantage de moyens pour l’enseignement. Ce n’est que sur cette base-là qu’une lutte unifiée peut être forgée. La revendication de la hausse des moyens financiers pour atteindre 7% du Produit Régional Brut, revendication avancée par la CGSP-VUB comme minimum absolu (face à environ 4% aujourd’hui) est un bon exemple pour avancer dans la lutte !
Pour jeter ce plan à la poubelle, il faut un plan d’action pour construire un rapport de forces contre le gouvernement flamand. Les manifestations régionales (le 16 mars à Bruxelles, le 29 mars à Gand et le 19 avril à Anvers) sont des rendez-vous très importants.
L’enseignement supérieur peut s’inspirer des luttes impressionnantes du secteur non-marchand. Après le Pacte de “Solidarité“ entre les Générations, qui a réduit le crédit de tous les partis, le gouvernement flamand dispose de peu de marge de manoeuvre dans la société. Nous devons profiter de ce moment…
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Enseignement flamand: Plan Vandenbroucke… vers la comercialisation !!!
Vandenbroucke veut introduire la concurance entre les différents établissements de l’enseignement supérieur flamand
Fin décembre, au moment où la plupart des étudiants étaient en examens, Vandenbroucke a lancé son nouveau plan de financement pour l’enseignement supérieur. Le ministre espérait probablement que du fait de cette période où les étudiants étaient concentrés sur leurs examens, il n’y aurait pas de contestation à son plan dans les institutions de l’enseignement supérieur flamand. Cependant, toutes les raisons pour sonner l’alarme sont là: ce plan comporte des pas dramatiques vers la commercialisation de l’enseignement supérieur, et des nouvelles mesures d’assainissement y sont prévues. Le plan a été largement contesté par la plupart des institutions et des syndicats. Vandenbroucke a alors décidé de repousser son plan, prévu pour 2007, à un an plus tard (2008).
Tim Joosen
Le plan Vandenbroucke est en fait la phase financière à exécuter suivant les accords de Bologne. Ce que visent ces accords, c’est la création d’un marché européen de l’enseignement, aboutissant à un enseignement à deux vitesses : d’un côté, quelques universités d’élite, possédant les plus gros budgets, engageant les meilleurs professeurs, le matériel le plus sophistiqué… et dans lesquelles seuls les « meilleurs » étudiants pourront étudier – mais surtout les plus riches, puisqu’on y demande les minervals les plus hauts ; de l’autre, des institutions de second rang, demandant des minervals moins élevés, avec moins de budget consacré à la qualité de l’enseignement, et des conditions de travail plus difficiles.
Les années précédentes, les réformes structurelles ont été appliquées dans ce cadre de Bologne : ainsi sont apparues les années « bachelor » puis « master », les « crédits étudiants », les « semestrialisations »… Les Etudiants de Gauche Actifs avaient déjà mis en avant que ces réformes étaient les signes précurseurs d’un processus néo-libéral visant à la privatisation, à terme, de l’enseignement. Nous expliquions à ce moment-là que dès que seraient mises en place les mesures financières qu’impliquent le processus, le vrai visage de Bologne apparaîtrait aux yeux de tous. Aujourd’hui, avec le plan de Vandenbroucke, on est arrivé à cette échéance.
Tout d’abord, le plan de Vandenbroucke est un plan d’assainissement : jusqu’en 2012, le budget de l’enseignement sera gelé ; seule est prévue une indexation. Si on regarde le coût de la vie qui augmente, et que l’on prend en compte tout ce qui n’est pas compris dans l’index (par exemple, le mazout, qui n’est pas inclus dans l’index santé, mais qui est toujours nécessaire pour chauffer les écoles en hiver), le budget consacré à l’enseignement en 2012 sera clairement bien plus maigre que celui d’aujourd’hui.
Le plus important est l’aspect politique qui se cache derrière ce décret. Avec son plan, Vandenbroucke introduit un mécanisme de concurrence dans l’enseignement belge. Les institutions scolaires vont être obligées d’entrer en compétition les unes contre les autres, afin d’avoir la plus grosse part du budget alloué par le gouvernement. Le ministre introduit certains paramètres avec lesquels les hautes écoles et universités pourront gagner des points. Plus grand sera le nombre de points, plus grand sera le pourcentage du budget pour l’école ou l’université.
Les paramètres que pose le ministre sont basés sur un soit disant « financement output ». Avant, le budget consacré aux écoles était plus ou moins accordé en fonction du nombre d’étudiants inscrits. Maintenant, l’argent que les écoles ou les universités recevront sera déterminé par des paramètres tels que le nombre de doctorants sortant, le succès des étudiants, etc. En outre, avec le choix de ces paramètres, Vandenbroucke s’exprime très clairement en faveur d’un enseignement élitiste. Ainsi, les institutions les plus grosses actuellement seront favorisées de manière conséquente par rapport aux plus petites. Les classes plus restreintes impliquant plus de proximité, d’échange et de suivi pour les élèves seront moins valorisées face aux classes plus larges. Par cette attitude, Vandenbroucke se met en fait en porte-à-faux avec les rapports des experts en pédagogie qui affirment tous qu’une approche plus personnelle vis à vis des étudiants et les petits groupes d’étude sont des éléments positifs pour la qualité de l’enseignement.
Ce qui est clair, c’est que les intérêts des étudiants et la sollicitude pour un enseignement de qualité, ne sont pas des choses prises en considération dans ce décret. Au contraire, l’intention est de développer une université au top (la KUL), capable de concurrencer toutes les autres universités à l’échelle mondiale. A côté de ça, il y aura les autres universités et hautes écoles (les « écoles-poubelles »), qui percevront un bien moindre budget, et seront inévitablement de moindre qualité.
Les résultats parlent d’eux même : sur base des différentes simulations, on se rend compte que l’université de Louvain va recevoir de 18 à 23 millions en plus. La haute école de Gand perd 3 millions, et les 3 millions qui seront ajoutés au budget de Gand seront largement insuffisants. A Anvers, l’université recevra de 9 à 10 millions de moins, et la haute école Charlemagne, quant à elle, perdrait aussi 3 millions. A Bruxelles, tout le monde y perdrait : Erasme 3 millions, la VUB 10 à 12 millions, et la KUB verrait son budget baisser de 60%, soit de 5 à 2 millions !
Finalement, la qualité de l’enseignement se fera également en fonction du prix du minerval. Les universités américaines de prestige telles qu’Harvard, Yale, etc. demandent déjà des dizaines de milliers de dollars à l’inscription. Si une université comme la KUL devait entrer en compétition avec ce genre d’universités, alors elle n’aurait d’autre choix que d’exiger des minervals équivalents. Les autres universités flamandes limiteront à quelques milliers d’euros leur frais d’inscription, mais la qualité en pâtira.
Vandenbroucke est suffisamment malin pour savoir qu’il n’a pas intérêt à appliquer toutes ses réformes sur tous les fronts en même temps. Ainsi, il n’est pas encore question d’augmentation de minerval pour les cours de base. Seules les années d’études considérées comme complémentaires (comme le master après master) ne seront plus financées par le gouvernement. Les universités détermineront leur prix d’entrée elles-mêmes. Déjà, cette année académique, la KUL a décidé d’augmenter son minerval pour certains masters après masters de 5000 à 9000 euros. A partir de maintenant, puisqu’on perd le financement public, toutes les universités vont être obligées de suivre. Pour la plupart des étudiants, cette 5ème année d’étude est indispensable afin d’obtenir une place garantie sur le marché du travail. Les étudiants les moins riches pourront abandonner tout espoir d’accéder à ce niveau d’étude en 2008.
Avec toutes ces mesures, Vandenbroucke amène un enseignement adapté à la demande des entreprises. Ce seront elles qui dicteront ce que l’on doit étudier et l’orientation des recherches à effectuer. Dans le décret, toutes les formes d’éducation n’auront pas le même poids : pour celles qui seront plus intéressantes économiquement, les institutions auront plus de subsides que les autres. L’idée derrière l’accessibilité coûteuse de l’enseignement et le mécanisme de concurrence, c’est en fait que tout le système d’enseignement doit être adapté aux exigences du marché du travail.
Nous avons une toute autre vision sur le rôle de l’enseignement. Pour nous, chacun ou chacune doit avoir le droit, et les capacités, de choisir ses études en fonction de ses intérêts et affinités. Nous voulons un enseignement qui soit accessible à tous, et où le financement public est suffisant pour l’enseignement et les recherches, mais aussi pour les services sociaux (comme les kots, les restaurants, les infrastructures médicales…).
Ces prochains mois, les Etudiants de Gauche Actifs vont faire campagne partout en Flandre pour faire sombrer ce plan néo-libéral. Nous voulons renouer avec les traditions combatives des mouvements étudiants qui se sont éteints dans les années ’90. Le premier rendez-vous est déjà été fixé au 16 mars, jour durant lequel les syndicats et les étudiants de la VUB organisent une première manifestation à Halle, dans le fief électoral du ministre. EGA mobilisera nationalement pour cet évènement. Nous demandons l’annulation immédiate du décret, et un plan alternatif où le budget public de l’enseignement sera immédiatement augmenté à 7% du PNB. Nous luttons pour un enseignement démocratique et de qualité pour tous, et contre la logique néolibérale du marché, qui conçoit l’enseignement comme une machine à faire des travailleurs modulés en fonction de la demande et « prêts à l’emploi ». Nous faisons un appel à tous pour faire partie active du mouvement, prendre contact avec nos sections locales, et rejoindre EGA.
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C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes!
Depuis les régularisations de 2000, le nombre d’étrangers en séjour illégal a de nouveau augmenté. Cette réalité est due à la misère croissante dans les pays néocoloniaux, organisée par les pouvoirs des pays capitalistes occidentaux avec la complicité des dirigeants locaux. La solidarité avec les sans-papiers est nécessaire : le sort des travailleurs belges et celui des illégaux sont indissolublement liés.
Olivier, EGA-ULB
Jeunes et travailleurs quittent les pays du monde néo-colonial pour fuir la misère et la guerre. Sur place, les gouvernements locaux, à la botte des puissances impérialistes, mènent une politique de pillage des richesses de ces pays. Les seuls bénéficiaires de ces pratiques sont les patrons des multinationales qui augmentent ainsi spectaculairement leurs profits. En Belgique, moins de 4% des demandeurs d’asile recevront des papiers. Peu d’alternatives sont laissées à ceux qui, par nécessité, quittent leur pays pour venir chercher un avenir meilleur en Europe.
Certains subissent des conditions de détention désastreuses dans les centres fermés tandis que beaucoup sont obligés de se tourner vers le travail au noir, illégal, mal payé et sans aucune protection sociale. Cette situation bénéficie surtout au patronat qui se constitue ainsi un réservoir de main d’œuvre bon marché. Mais les sans-papiers ne sont pas les seuls à subir les conséquences de cette politique. Celle-ci permet aussi de faire pression sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des travailleurs.
Face à l’afflux de réfugiés en Europe et en Belgique, les partis traditionnels n’offrent aucune solution. De la politique répressive permanente à l’organisation de la précarité, le gouvernement met en oeuvre une politique entièrement dévouée aux intérêts du patronat. Ces mesures n’amènent qu’à un repli identitaire et communautaire des minorités.
Face à cette stratégie consciente du patronat et du gouvernement, il importe que les travailleurs de toutes origines ne se laissent pas diviser mais, au contraire, resserrent leur rang pour contrer ces attaques contre leurs conditions de vie. Ces dernières années, plusieurs groupes de sans-papiers ont lutté pour leur régularisation. On se souvient des Afghans qui ont mené une grève de la faim de plusieures semaines à l’église Sainte-Croix d’Ixelles, ou encore des Iraniens qui ont occupé les locaux de l’ULB et de l’UCL en 2003. Aujourd’hui, 70 sans-papiers occupent l’église Saint-Boniface, et différentes manifestations sont organisées à travers le pays (Vottem, Morlanwelz, Anvers,…). Mais ni les luttes isolées, ni les pressions sur les partis traditionnels (qui ne défendent que les intérêts du patronat) n’offrent de perspectives au mouvement. Des régularisations ont déjà eu lieu dans des contextes particuliers, lorsque ça arrange nos dirigeants, ou sous pression de mouvements larges. Une lutte massive des travailleurs contre la politique néolibérale – et son volet « immigration » – est nécessaire. L’union de tous les sans-papiers et travailleurs belges est un élément décisif pour la lutte.
L’UDEP, premier véritable mouvement qui organise des sans-papiers, essaie de faire le lien entre les luttes et tente de construire cette unité entre travailleurs belges et sans-papiers. C’est un pas en avant pour le mouvement. L’ « immigration clandestine » – qui tire ses sources de l’impérialisme –, le travail au noir, le racisme… est une conséquence du capitalisme. Seule une société socialiste, qui rompt avec la logique de marché et qui se base sur les besoins et les capacités de chacun, peut apporter des solutions aux travailleurs et jeunes sur tous les continents.