Tag: Anvers

  • Une rentrée du tonnerre pour notre travail jeune

    Nos campagnes jeunes – Résistance Internationale (RI) orientée vers les lycéens et Etudiants de Gauche Actifs (EGA) – étaient présentes dès les premiers jours de cours dans les écoles et sur les campus avec leurs journaux et une nouvelle campagne contre le capitalisme et ses conséquences pour l’environnement qui a rapidement enthousiasmé et organisé des dizaines de lycéens.

    Boris Malarme

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    Du 27 au 29 décembre

    Participe à notre Camp d’hiver

    Le Camp jeune de Résistance Internationale se tiendra cette année dans l’Entre-Sambre et Meuse, dans une spacieuse maison de scouts avec jardin et à proximité de la forêt. Un cadre idéal pour assurer que les nombreux ateliers sur l’économie, l’Amérique Latine, Sicko, la démocratie des travailleurs, les idées de Lenine, nos campagnes contre le racisme et les néo-fascistes, l’environement ou encore sur quel instrument construire pour lutter et changer la société se déroulent dans une ambiance décontractée. Le prix est de 20 EUR pour les 3 jours (pour le logement et les repas). N’hésite pas à t’inscrire et à ainsi apporter ton avis aux débats et discussions ! Infos : 02/345.61.81 ou 0472/29.91.92
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    Nous participerons à la manifestation nationale du 8 décembre « pour le Climat et la Solidarité ». Nous avons déjà organisé plusieurs débats dans les universités et diverses actions locales avec RI pour graduellement construire une atmosphère de mobilisation autour de cet événement. RI a ainsi organisé une manifestation à Gand le jour même où les partenaires de l’Orange Bleue ont scellé un accord illustrant à nouveau combien les politiciens refusent de s’en prendre aux véritables pollueurs : les multinationales. Ces actions ont le mérite de permettre aux lycéens, qui seront en examen début décembre, de prendre pleinement part au mouvement. Notre campagne et son programme sont axés autour de solutions collectives comme des transports publics gratuits, le contrôle des travailleurs sur le secteur énergétique,…

    A côté de cette campagne, nous continuons à être actifs sur de nombreux autres thèmes. Dans sept universités, notre camarade britannique Matt Dobson des Socialists Students a présenté les conséquences pour les étudiants de la politique néolibérale menée par les gouvernements travaillistes de Blair et Brown ainsi que leur campagne pour l’abolition des minervals. A ce titre, ces meetings ont été pour EGA une excellente prépara-tion au vu des attaques que préparent les recteurs et les politiciens pour les années à venir.

    Nous avons aussi pris d’importantes initiatives afin de maintenir et de renforcer les traditions anti-fascistes, avec la manifestation à Bruges et la campagne menée par nos camarades à Anvers contre la reconnaissance comme organisation étudiante des néo-fascistes du NSV. Nous préparons aussi une campagne contre le sexisme.

    Alors qu’une série d’organisations de gauche, sous la pression de l’idéologie dominante, mettent de plus en plus en avant la recherche de « solutions concrètes » dans le cadre du système capitaliste, le succès de la plupart des meetings de rentrée d’EGA illustre qu’une nouvelle génération de jeunes comprend l’impossibilité d’aménager ce système et cherche une alternative. C’était le sujet du débat à Louvain qui a réuni plus de vingt jeunes. A Gand, 7 étudiants ont rejoint EGA à la fin du meeting. A l’ULB, 25 jeunes étaient présents pour discuter de “quel socialisme pour l’Amérique Latine ?”. Les débats sur Che Guevara, comme celui de Gand qui a réuni 35 étudiants, reflètent également l’intérêt croissant pour nos idées. Plusieurs jeunes ont déjà rejoint le MAS-LSP depuis la rentrée. Tout comme eux, discute avec nous de notre alternative et rejoins notre parti afin que ton énergie et ton intelligence contribuent à la réalisation d’une société socialiste.

  • Bayer/Lanxess. 3,5 milliards de bénéfices… Mais 379 emplois menacés !

    En 2006, les bénéfices du groupe chimique Bayer ont augmenté de 14 % et atteint 3,5 milliards d’euros, un nouveau record pour le groupe. Cela ne suffit encore pas à la direction qui, pour assurer que les bénéfices continueront dans les années à venir, a préparé un plan d’économies passant par le développement de la sous-traitance et la scission de l’entreprise en entités plus petites.

    Geert Cool

    La direction a beau faire des tours de passe-passe avec les chiffres, ces restructurations devraient coûter à Anvers 244 emplois chez Bayer et 135 chez Lanxess, soit un total de 379 emplois.

    En réponse aux plans patronaux, les délégations syndicales de Bayer/Lanxess ont immédiatement organisé l’information des travailleurs et quelques actions ciblées, en particulier sur la question de la sécurité qui était menacée par la possibilité du passage de ce service en sous-traitance.

    Suite à cela, la direction a été contrainte d’annoncer lors d’un conseil d’entreprise spécial mercredi 17 octobre que la suppression des services d’intervention (service incendie et services médicaux) serait réétudiée. En outre, les travailleurs qui seraient touchés par la sous-traitance conserveraient les modalités de leur convention de travail actuelle avec Bayer/ Lanxess.

    Ces concessions faites par la direction lors de l’ouverture des pourparlers sur les plans de restructuration ayant été jugées importantes, les actions ont été temporairement suspendues. Les négociations sur les divers aspects des restructurations pourraient encore durer des mois.

    Il est important que ces négociations commencent avec un recul de la direction suite à des actions bien organisées au cours desquelles la solidarité de tous les travailleurs dans les différentes implantations de Bayer et de Lanxess à Anvers s’est vigoureusement exprimée.

    Par le passé, des plans d’économies de Bayer ainsi qu’un autre plan de scission entre Bayer et Lanxess ont déjà été empêchés par le personnel. A chaque fois, cela s’est fait sur base d’une solidarité entre les travailleurs des divers sites et d’une résistance active. C’est encore sur cela que les travailleurs devront se baser dans les mois à venir !


    Pourquoi faire des économies sur le dos des travailleurs ?

    1. Le personnel n’est-il pas assez productif ?

      En 2003, Bayer avait un chiffre d’affaires de 1.134 millions d’euros avec 2.072 travailleurs, ce qui équivaut à 0,55 million d’euros par travailleur. En 2006, le chiffre d’affaires était de 1.100 millions d’euros avec 917 travailleurs, soit 1,1 million d’euro par travailleur.

      La productivité a donc doublé en 4 ans !

    2. Les salaires sont-ils trop élevés et donc impayables ?

      En 2006, les salaires et frais de personnel ne représentaient que 8,7% du chiffre d’affaires. Et pourtant, c’est cet argument qui est mis en avant par la société. Dans la Gazet van Antwerpen de mai 2006, Ulrich Koemm (dirigeant de Lanxess) affirmait “qu’un travailleur dans la chimie à Anvers a presque 60 jours de vacances par an. C’est trop. En Chine, ils en ont maximum 15.” Apparemment, la direction rêve d’imposer des conditions de salaires et de travail à la chinoise à Anvers.

    3. La pression fiscale est-elle trop élevée ?

      Les diverses mesures de Verhofstadt ont permis de faire tomber la pression fiscale réelle chez Bayer à un maigre 7,8 %. Si elle doit continuer à baisser, Bayer/Lanxess ne devra bientôt plus payer d’impôts et ne fera plus que recevoir des moyens de la collectivité en cadeau.

    Comment la direction veut-elle faire des économies ?

    1. Scinder

      La première manière envisagée pour économiser est de poursuivre la scission de l’entreprise entre Bayer et Lanxess. En novembre 2003, la direction avait annoncé qu’elle allait se défaire de certaines activités.

      Un accord sur la structure de l’entreprise à Anvers a été conclu dès décembre 2003 : la scission a eu lieu mais on a maintenu un seul conseil d’entreprise et un seul comité de prévention et de protection sur le lieu de travail. En même temps, une garantie de sécurité d’emploi a été définie dans une convention collective de travail (CCT) avec des primes remarquablement élevées en cas de licenciements éventuels. Cette CCT est valable jusqu’au 31 décembre 2008.

      A présent, la direction veut progressivement mettre un terme aux accords de collaboration entre les deux entreprises (il y a 70 contrats de ce type actuellement). Cette collaboration est remise en question pour pouvoir économiser plus vite et de façon plus efficace. Tout le processus de séparation de Lanxess au sein du groupe Bayer a ce but : fin 2003, il y avait encore 20.423 travailleurs dans ce qui est Lanxess aujourd’hui et fin juin 2007, le compteur indiquait 16.400. En 4 ans, on a donc perdu 1 emploi sur 5.

    2. Sous-traiter

      Ce qu’on appelle la “sous-traitance” est une autre méthode pour pouvoir produire meilleur marché : certains services ne sont plus assurés par la société elle-même, mais sous-traités à des entreprises qui viennent fournir les services (on les appelle les providers). Ainsi, la société peut fonctionner avec une partie du personnel qui travaille pour de petites entreprises fournisseuses de services qui n’ont ni fonctionnement syndical réel ni conditions de travail et de salaire valables. La direction peut ainsi augmenter encore plus la flexibilité. La sous-traitance est une forme de traite des êtres humains pour économiser sur le dos des travailleurs

    3. Rogner sur la sécurité

      Un des services menacés chez Bayer/Lanxess est le service assurant la sécurité et l’assistance médicale. Comme les travailleurs de ce service l’ont fait remarquer dans les médias, ceci est particulièrement dangereux, pas seulement dans l’usine elle-même, mais aussi pour les alentours de l’usine.

      En sous-traitant la sécurité ou en économisant dans ce domaine, on joue avec des vies. Car une entreprise chimique n’est pas une biscuiterie mais une société de type Seveso (c’est-à-dire présentant de hauts risques en matière de pollution). Or, le service incendie ne « coûte » que 6 millions d’euros par an à la société. C’est sans doute encore trop pour la soif de profit des actionnaires.

    4. Produire plus avec moins de monde

      Finalement, la direction veut maintenir le chiffre d’affaires au même niveau, mais avec moins de personnel. Apparemment, elle espère que l’énorme augmentation de productivité des dernières années se poursuivra éternellement. Produire plus avec moins de monde est un fantasme des actionnaires qui risque de tourner de plus en plus au cauchemar pour les travailleurs (à cause du stress, de la pression accrue, des conditions de travail difficiles,…).


    Les actions montrent la solidarité

    • Samedi 22 septembre. La “Gazet van Antwerpen” publie un article sur la possible disparition de 300 emplois chez Bayer/Lanxess. Le journal dispose d’informations détaillées à ce sujet.
    • Lundi 24 septembre. La direction annonce un conseil d’entreprise spécial pour parler de ces rumeurs. Les syndicats distribuent un tract dans lequel ils exigent des clarifications de la part de la direction.
    • Mercredi 26 septembre. La direction dévoile ses plans : 379 emplois sont menacés. Les syndicats distribuent immédiatement un tract révélant les chiffres de bénéfices de l’entreprise ainsi que ceux de la productivité des travailleurs.
    • Vendredi 28 septembre. Les délégations syndicales organisent des rassemblements du personnel pour informer les travailleurs quant aux plans d’économies de la direction et appeler à la résistance.
    • Mardi 2 octobre. Les travailleurs organisent une journée d’action contre les attaques planifiées sur la sécurité. Ils mènent une action devant les bâtiments centraux de la société.
    • Vendredi 5 et lundi 8 octobre. Des assemblées syndicales sont organisées pour informer et mobiliser les travailleurs.
    • Lundi 15 octobre. Les travailleurs bloquent l’accès à l’entreprise avec des sous-traitants et des camions.
    • Mercredi 17 octobre. Suite au conseil d’entreprise spécial, le personnel organise une marche contre la politique de démolition sociale. Plus de 500 travailleurs se dirigent vers des entreprises voisines comme Degussa où les militants syndicaux ont manifesté leur solidarité. Lors du conseil d’entreprise spécial, la direction annoncent des ouvertures en ce qui concerne la sous-traitance et le personnel de la sécurité.
  • Sauvons la solidarité. La défense de la sécurité sociale nous concerne tous

    Plus de 140 jours après les élections, les négociations gouvernementales se compliquent encore avec le refus du gouvernement flamand de nommer plusieurs bourgmestres francophones de la périphérie pourtant démocratiquement élus.

    Anja Deschoemacker

    Le 24 octobre, à l’initiative du SETCa et de la Centrale Générale d’Anvers, quelque 250 militants se sont réunis pour une réunion d’information sur le maintien de la sécurité sociale. Les questions au président de la FGTB De Leeuw et à la dirigeante de la CSC Van Laer ont résonné comme un appel à l’action, mais il y a eu aussi des questions sur un prolongement politique pour ceux qui défendent plus de solidarité

    Cependant, les accords partiels conclus par les négociateurs de l’Orange Bleue illustrent l’entente qui règne dans et entre ces partis pour une droitisation marquée de la politique tandis que les médias manipulent l’opinion publique en expliquant que les pensions « deviennent impayables ».

    Le patronat et ses politiciens vont s’employer à faire retomber sur le dos des travailleurs et de leurs familles les déficits budgétaires qui sont pourtant avant tout causés par les diminutions d’impôts et par les baisses des charges « patronales ». On voit nettement arriver les mesures « structurelles » douloureuses et on peut être certain que celles-ci vont s’accompagner de tentatives pour limiter le droit de grève.

    Les nuages qui s’annoncent à l’horizon économique ne sont pas légers, avec un risque de récession internationale l’an prochain. Si un gouvernement peut être formé, il tentera d’imposer des mesures similaires au Plan Global de 1993. Pour rappel, ce plan imposé par un gouvernement chrétien-socialiste avait introduit l’index-santé et la norme salariale, qui ont eu des effets négatifs durables sur le pouvoir d’achat de la population.

    Cependant, ces attaques ne peuvent se concrétiser que si le mouvement ouvrier n’oppose qu’une résistance limitée. Et comment mieux restreindre celle-ci qu’avec la bonne vieille tactique du « diviser pour régner » ? L’objectif des discussions communautaires actuelles n’est pas de scissionner le pays mais bien de scissionner graduellement les systèmes de sécurité sociale et de fixation des salaires en systèmes régionaux qui seront mis en concurrence de manière à augmenter plus encore la pression vers le bas sur les salaires et les allocations.

    Un grand merci aux délégations de Total et Degussa !

    Avec leur initiative pour le maintien de la sécurité sociale fédérale, les délégations syndicales de Total et de Degussa ont brisé le silence. Contrairement aux directions syndicales, ces délégations ont mené une large campagne d’information et ont pris leurs responsabilités pour mettre la pression sur les directions syndicales afin de passer réellement à l’action.

    Au moment où politiciens et médias parlent sans arrêt de LA Belgique, de LA Wallonie ou de LA Flandre, patrons et travailleurs confondus, la pétition «Sauvons la solidarité» a l’énorme mérite de partir de la défense des intérêts de TOUS les travailleurs du pays, quelle que soit la région où ils habitent. Elle a néanmoins quelques faiblesses, notamment quand elle déclare que : «La solidarité entre les citoyens les plus riches et les plus pauvres, ainsi que la solidarité entre les régions plus riches et les plus pauvres sont des piliers de notre société belge». Cette affirmation est correcte dans la mesure où tous les acquis sociaux et démocratiques en Belgique ont été obtenus par la lutte commune des travailleurs flamands, francophones, germanophones et immigrés. Mais la « solidarité » des riches n’a jamais été obtenue que par une lutte résolue des pauvres. Et, en ce qui concerne la construction de l’Etat belge, on ne peut que constater qu’elle a été extrêmement antidémocratique et que l’Etat continue à servir les intérêts de l’élite dirigeante.

    Le soutien d’un grand nombre de personnalités a permis à cette initiative d’obtenir une large audience dans les médias. Mais quand certains d’entre eux expliquent qu’ils ont signé la pétition parce que « la Belgique est un pays où il fait bon vivre et qu’il ne faut pas trop changer », il faut leur mettre sous le nez le sort des 15% de personnes vivant sous le seuil de pauvreté et de toutes ces familles qui doivent vivre avec un salaire au rabais ou une allocation de misère. Nous luttons à la fois contre l’élite nationaliste flamande qui désire presser plus encore les travailleurs flamands d’abord, wallons ensuite, comme des citrons et contre l’élite belge des Lippens, Frère et Davignon, qui veulent faire la même chose en une fois à l’échelle de toute la Belgique.

    Un plan d’action est nécessaire !

    En remerciant tous ceux qui ont soutenu leur campagne, les délégations syndicales de Total et Degussa ont dit « Espérons que le 24 octobre signifie aussi le commencement de plus de mouvements syndicaux ».

    Le MAS/LSP les rejoint dans cet espoir. La pétition était une bonne chose et doit être poursuivie mais il faut plus. Partout en Europe « l’Etat-providence » est dans le collimateur. Là où les attaques ont été arrêtées ou limitées, cela a été rendu possible par une lutte massive, avec des manifestations et des grèves, y compris des mouvements de grève générale. En Belgique aussi, « négocier » ne suffira pas.

    Les délégations de Total et Degussa ont clairement fait entendre la voix de la solidarité de tous les travailleurs et leurs familles, l’une des meilleures traditions du mouvement ouvrier belge. Sur le terrain politique, par contre, cette voix n’est plus représentée. Tout ce qu’on peut encore attendre des liens entre les deux grands syndicats et leurs partis traditionnels, c’est qu’ils permettent de limer un peu les pointes les plus dures – parce que cela fait longtemps qu’ils n’arrêtent plus les attaques ! Les travailleurs ont besoin de leur voix propre, indépendante des «communautaristes» flamands et francophones ou des «unitaristes» belges. Elle doit se traduire dans une action concrète et un programme. C’est pourquoi le MAS/LSP appelle à rejoindre le Comité pour une Autre Politique qui a fixé à sa dernière conférence nationale le 20 octobre l’objectif de construire un nouveau parti des travailleurs.

    Les capacités du CAP à réaliser cet objectif dans les années à venir dépendent largement des luttes dans la société et de la façon dont le CAP sera capable de se construire dans ce processus. Actuellement, il s’agit de la seule initiative qui travaille dans cette direction et qui est prête à organiser ensemble les travailleurs, les chômeurs, les pensionnés et les jeunes contre la politique antisociale, tout en laissant aux groupes et individus la possibilité de maintenir leur propre identité et de mener des discussions ouvertes sur les positions que le CAP doit prendre.

  • La bourgeoisie est faible politiquement, mais quand les syndicats vont-ils passer à l’action?

    Au moment où nous publions ce journal, les négociations sur la formation d’un gouvernement sont en train d’établir un nouveau record. Faute de pouvoir apporter des améliorations au niveau du pouvoir d’achat, de l’emploi ou des soins de santé, les politiciens au service du patronat ont été contraints de se livrer à une guerre communautaire. On verra dans les prochaines semaines si elle aboutira à une crise du régime. Mais, même si un gouvernement chrétien-libéral se mettait en place, ce serait un gouvernement peu stable.

    Peter Delsing

    Lors des négociations, la CGSP-Cheminots a lancé une grève d’avertissement contre les projets sur le service minimum. La direction syndicale avait appelé ses membres à décider « localement » quand mener une heure de grève. Il n’y avait pas de mot d’ordre concret. Or, la force des salariés repose justement sur la discussion et l’action collectives. Pour le syndicat, il existait des méthodes plus efficaces pour émettre un signal, notamment par des actions de grève organisées collectivement et nationalement. En un sens, cette grève a donné une illustration très frappante de la situation politique actuelle.

    La bourgeoisie a un problème avec la génération actuelle de son personnel politique. Ses politiciens ne sont plus capables de défendre les intérêts patronaux à long terme. En face, les travailleurs ne disposent pas d’une direction pour forcer une bourgeoisie divisée et affaiblie à la défensive au moyen de l’action collective. Cette absence de direction montre, tant sur le plan syndical que sur le plan politique, la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs.

    Le 24 octobre, un débat syndical important s’est déroulé autour de la pétition “Sauvons la solidarité” à Anvers. Ici aussi les demandes d’actions ont fusé depuis la salle et la question de la représentation politique des salariés a été posée. Cette réunion a contredit la caricature très unilatérale “des Flamands égoïstes qui veulent scissionner la sécurité sociale”, propagée par les politiciens bourgeois francophones.

    Tant les travailleurs flamands, bruxellois que wallons seront victimes des mesures prévues par le gouvernement de l’Orange Bleue: coupes d’austérité dans les soins de santé, suppression de plus de dix mille emplois chez les fonctionnaires, possibilité de mettre des mineurs dans des prisons pour jeunes dès l’âge de 14 ans,…

    Un nouveau gouvernement profitera moins d’une croissance économique qui se ralentit en Europe et aux USA. Les budgets menacent de devenir déficitaires pendant des années. Cela implique des coupes d’austérité telles que Leterme, Reynders et les autres hésitent encore à imaginer.

    Entre-temps, les libéraux flamands trouvent que les choses pourraient aller plus vite et exigent la limitation dans le temps des allocations de chômage, l’assouplissement des règles de licenciement, de nouvelles diminutions des charges patronales, etc. Si le projet de l’Orange Bleue échoue, une tripartite avec participation des partis socialistes aura encore plus de mal à réaliser les points de son programme.

    La critique du PS et du SP.a sur ce spectacle ? Beaucoup de blabla, peu d’action et surtout du chauvinisme communautaire. Laurette Onkelinx essaie de se dresser comme la Jeanne d’Arc des francophones. Vandenbroucke veut obtenir une victoire “flamande” mais, pour lui, il est plus important encore d’obtenir la scission de la politique de l’emploi (qui jetterait les travailleurs des trois régions dans une concurrence de plus en plus dure) que la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

    Et les intérêts communs des travailleurs dans ce pays ? On n’entend pas un mot là-dessus. Dans la période d’effervescence qui s’ouvre devant nous, le CAP doit utiliser chaque mouvement de lutte pour mettre en avant une politique vraiment solidaire aux piquets de grève, dans les quartiers et dans les écoles. Un programme pour faire payer les riches trouvera un écho important dans les années à venir.

  • Comment lutter contre le racisme après la condamnation de Hans Van Themsche ?

    Beaucoup de gens ont été légitimement soulagés de voir confirmée la culpabilité du meurtrier anversois Hans Van Themsche, qui avait commis deux meurtres et une tentative de meurtre racistes. Nous sommes satisfaits de cette condamnation car il est important que l’aspect raciste du crime ait été reconnu.

    Le point de vue de Blokbuster

    La défense a plaidé la maladie mentale (une forme d’autisme) afin d’éviter la prison. Il est vrai que ces dernières sont surpeuplées faute de moyens, ce qui créé inévitablement des problèmes liés à la déficience de l’encadrement. D’un autre côté, laisser un tel crime impuni aurait été injuste (c’est le moins qu’on puisse dire).

    Mais une série de questions doit être posée : et après l’emprisonnement ? Van Themsche sera-t-il encore un danger pour la société avec beaucoup de risques de récidive ? Les réponses nous renvoient directement à l’importance de l’accompagnement individuel et à la question des moyens.

    Pendant que les médias crient victoire pour la condamnation de cet assassin, la dénonciation de la politique répressive envers les sans-papiers suscite moins d’engouement. Les travailleurs « illégaux » bon marché sont les bienvenus pour être utilisés afin de faire pression sur les salaires vers le bas, pour louer des maisons délabrées et pour servir de boucs émissaires, ce sur quoi joue surtout l’extrême-droite. Dans ce sens, le VB porte aussi la responsabilité des des meurtres horribles commis en mai 2006 à Anvers.

    L’extrême droite n’a pas été vaincue à Anvers et l’administration actuelle ne fait rien pour cela. Au contraire, les propos tenus sur le port du voile par le bourgmestre Patrick Janssens (SP.a) démontrent clairement qu’il est favorable à une politique de discrimination. De même, les projets de prestige de la ville coûtent les yeux de la tête et empêchent d’utiliser ces sommes pour résoudre les problèmes de la société sur lesquels le VB peut gagner du soutien.

    La meilleure réponse face à la violence gratuite et au racisme est une VRAIE politique sociale.

  • Manifestation antifasciste à Liège: Non à la librairie fasciste !

    Depuis la mi-juillet, la librairie PRIMATICE, diffuseuse d’ouvrages d’éditeurs fascistes français, s’est installée dans le quartier historique de Hors-Château, au n°58, au coin de la rue Velbruck. On peut y trouver des livres comme "La politique sociale du IIIe Reich", "La judéomanie" ou encore "L’Islam devant le National-Socialisme", vendue par un individu partisan du rétablissement de la peine de mort et du droit du sang et donc de la préférence nationale en matière d’emploi…

    Nicolas Croes

    Le Front Anti-Fasciste (FAF) a donc décidé de coupler la commémoration de la nuit de cristal – quand, en 1938, les nazis ont organisé leur premier pogrom d’ampleur – à une mobilisation contre cette librairie. A cet appel, un peu plus de 200 personnes se sont donc rassemblées et ont défilé, sous la pluie et le froid, vers cette librairie.

    Ce sont principalement des organisations politiques qui ont mobilisé et étaient présentes : aux cotés du FAF se trouvaient le Comité pour une Autre Politique et le Mouvement pour une Alternative Socialiste avec son organisation de jeunesse Résistance Internationale, bien sûr, mais aussi Comac (le mouvement de jeunes du PTB) quelques membres du Parti Communiste et des anarchistes. Des sans-papiers étaient également présents, ainsi que quelques syndicalistes, mais à titre individuel uniquement. En vain pouvait-on chercher les partis traditionnels, qui brillaient par leur absence…

    Devant la librairie, les différentes organisations ont pris la parole. Georges Robert, du FAF, a précisé que cette librairie « est une antenne de la librairie parisienne Primatice qui diffuse des ouvrages d’extrême-droite à la tête de laquelle on retrouve Philippe Randa, connu pour être un auteur fasciste. Notre objectif est de mettre la pression pour que cette librairie ferme ».

    Nous avons également eu l’occasion de nous exprimer, en mettant en avant que nous ne devons pas uniquement nous battre contre l’extrême-droite organisée. La majorité des électeurs du FN ou du VB ne sont pas des nostalgiques du IIIe Reich, beaucoup d’entre eux ont des difficultés à trouver un emploi, un logement social,… et face à l’argument « sans les étrangers, il y aurait plus de place pour les belges », les partis traditionnels n’apportent aucune solution (voir notamment notre article sur Di Rupo et l’immigration). Ils sont même responsables de la politique antisociale qui pousse bien des gens vers l’alternative nauséabonde de l’extrême-droite. Il est honteux de remarquer qu’un pays aussi riche que la Belgique a un taux de pauvreté de 15% ! Dans ce cadre, à côté du combat antifasciste « traditionnel », il nous faut également lutter contre ce système d’exploitation qui engendre la frustration sur laquelle l’extrême-droite peut se développer. Tout ce qui nous divise nous affaiblit dans la lutte contre le capitalisme !

    Il est important de mobiliser contre ce genre de librairie. L’absence de réactions face à ce genre de pratique laisse se développer une certaine confiance chez les néo-fascistes, confiance qui pousse certains d’entre eux à devenir des assassins, comme le cas de Hans Van Themsche l’a illustré à Anvers.

    D’autres actions sont prévues, notamment ce 19 novembre devant le conseil communal de Liège.

  • Il faut passer à l’action … pour défendre la Sécurité Sociale !

    Les négociateurs du gouvernement de l’Orange bleue veulent s’en prendre à plusieurs pans de la sécurité sociale. Alors que les recettes de l’Etat diminuent suite aux nombreux cadeaux faits aux patrons, les chefs de la droite cherchent à combler le manque à gagner en puisant dans les poches des travailleurs et de leurs familles. Ils veulent ainsi poursuivre et renforcer les transferts des pauvres vers les riches. Sous la menace d’un déficit budgétaire grandissant, la droite prépare une attaque de grande ampleur.

    Geert Cool

    Le débat communautaire qui permet de « diviser pour mieux régner » est utilisé afin de pouvoir mener une politique néolibérale de plus en plus dure. Ceux qui exigent une régionalisation de la sécurité sociale ne le font pas pour étendre les acquis sociaux mais pour les réduire plus rapidement. Car le patronat veut économiser sur les pensions, augmenter la flexibilité des travailleurs, limiter les allocations de chômage dans le temps et poursuivre les privatisations dans le secteur des soins de santé,…

    C’est par la lutte que les travailleurs ont obtenu la sécurité sociale. Aujourd’hui, celle-ci a déjà fortement été entamée. Le secteur privé a investi le domaine des soins de santé, avec pour conséquence que l’accent est mis non sur les soins mais sur le profit. « Sicko », le film de Michael Moore, devient de plus en plus une réalité chez nous aussi.

    En matière de pensions, on constate que la tranche des 20 % les plus hautes sont en moyenne 16 fois plus élevées que celle des 20 % les plus basses. C’est une des conséquences de la privatisation partielle provoquée par le recours à l’épargne-pension individuelle ou au niveau de l’entreprise. Le résultat de cette privatisation est qu’en 1980, 12 % des pensionnés vivaint sous le seuil de pauvreté et qu’ils sont 23 % actuellement.

    Les nouvelles attaques contre la sécurité sociale vont continuer à faire grimper le nombre de pauvres. Aujourd’hui déjà , 15 % des Belges sont pauvres. Selon des chiffres récents, il y a 3 % de pauvres parmi les travailleurs. En Allemagne, un des effets des attaques successives contre les salaires et la sécurité sociale est que 10 % de travailleurs se retrouvent sous le seuil de pauvreté. Est-ce que le même sort nous attend en Belgique ?

    Pour éviter cela, il va être indispensable de répondre aux attaques. Les travailleurs vont devoir résister. L’appel à une concentration nationale des militants, comme celui qui a été lancé par le président de la FGTB De Leeuw lors d’un rassemblement à Anvers le 24 octobre, est une bonne initiative. Mais, pour arriver à une véritable mobilisation, il va être nécessaire d’expliquer ce que signifient concrètement les attaques planifiées contre la sécurité sociale et de mettre en avant un programme clair. Et d’expliquer que cette concentration de militants doit être vue comme un premier pas dans la construction d’un rapport de forces pour aller à la confrontation.

    Au cours de ces mobilisations, la discussion sur la nécessité d’un prolongement politique aux luttes syndicales ne disparaîtra pas, bien au contraire. Pratiquement tous les partis traditionnels ont soutenu le Pacte des Générations il y a deux ans et se laissent à présent entraîner dans la surenchère communautaire. Si nous voulons un parti qui défende activement les intérêts des travailleurs et de leurs familles, nous devrons participer nous-mêmes à la construction d’un tel parti. Le Comité pour une Autre Politique (CAP) peut être l’outil qui nous permettra de le faire.

    Signez la pétition “Sauvons la solidarité”

    > www.sauvonslasolidarite.be

  • Contribution à la discussion : Le CAP doit avoir comme objectif la création d’un nouveau parti des travailleurs

    “Une autre politique est nécessaire et possible”. C’est sur ce thème que nous nous sommes présentés aux élections du 10 juin. Le contenu revendicatif de ce slogan était développé dans notre programme électoral et était largement compris et accepté parmi les membres du CAP. Mais notre faible résultat électoral a montré que l’absence d’une prise de position claire dans notre nom et dans nos slogans – quelle est cette « autre » politique que nous voulons et avec quels instruments espérons-nous la mener – a joué contre nous.

    Depuis lors, les difficultés pour relancer le CAP ont, elles aussi, montré qu’il est plus que temps de préciser notre projet politique. Si le CAP veut avancer vers la formation d’un nouveau parti, il va devoir prendre position de façon claire et faire des choix afin de construire un outil solide.

    Sauver la solidarité… en lui donnant une voix politique

    Depuis le 27 septembre, des dizaines de milliers de personnes ont signé la pétition Sauvons la solidarité en réponse aux chamailleries communautaires entre les partis traditionnels. Mais ceux qui signent la pétition n’ont plus de parti qui porte clairement leur voix dans le débat politique.

    Quel parti défend – dans ses actes et pas seulement uniquement dans ses discours, au pouvoir et pas seulement dans l’opposition – des revendications comme un salaire convenable, des conditions de travail et de vie saines et sécurisées, une pension décente,… ? Quel parti défend encore les intérêts de la majorité de la population, celle qui vit d’un salaire ou une allocation ? Quel parti agit encore au niveau belge dans le sens de la solidarité entre les populations ? Aucun. Ce constat reste aujourd’hui tout aussi vrai que lors des luttes contre le Pacte des Générations et les licenciements massifs à VW et Opel.

    Beaucoup de ceux qui disent ne plus vouloir voter pour le PS et le SP.a expliquent que « ce ne sont plus des partis de gauche » et qu’ « on n’y écoute plus les travailleurs et les militants de base ». Seule une formation politique organisée sur le plan national qui défendra à nouveau clairement les intérêts de cette majorité de la population et qui fonctionnera sur une base démocratique et ouverte pourra rendre un espoir à ceux qui l’ont perdu, reconstruire une combativité qui s’est dégradée et construire une alternative, dans les luttes et dans les élections.

    Pour un nouveau parti des travailleurs et de la solidarité

    L’idée que les travailleurs – au sens large, c’est-à-dire en y incluant ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en n’ont provisoirement pas (en chômage, en maladie), qui n’en ont plus (prépensionnés et pensionnés) ou qui espèrent en avoir bientôt un (jeunes aux études) – ont de véritables intérêts communs et qu’ils doivent les défendre dans la solidarité a reculé au cours du dernier quart de siècle. Beaucoup de travailleurs ont perdu une vision collective de leur situation, de leurs problèmes et des revendications à défendre ; ils ont été amenés à penser que leurs problèmes ne sont pas ceux des autres, qu’il n’ont rien à attendre comme solidarité de la part des autres, qu’ils sont obligés de chercher des solutions individuelles,…

    Le CAP va devoir s’engager activement dans cette lutte des idées. Il va devoir prouver sur chaque question concrète que seul un point de vue basé sur les intérêts collectifs des travailleurs et sur la solidarité peut permettre d’organiser les actions efficaces qui puissent faire barrage aux projets du patronat et du gouvernement.

    Pour cela, le CAP devra :

    • être présent au quotidien dans les luttes, des « grandes batailles nationales » contre les plans gouvernementaux d’austérité aux « petits combats locaux » contre la fermeture d’un bureau de poste.
    • mettre inlassablement l’accent sur les intérêts communs que les travailleurs ont entre eux et avec les usagers des services publics, participer concrètement à l’organisation de ces luttes et de cette solidarité, et mettre en avant la nécessité d’un nouveau parti capable de redonner une voix aux travailleurs.
    • continuer à œuvrer, à travers l’action en commun et le débat politique, pour favoriser l’unité de tous ceux qui, à gauche, organisés politiquement ou non, se reconnaissent dans cette perspectived ‘un nouveau parti des travailleurs.

    C’est de cette manière que le CAP pourra grandir et devenir plus visible et plus efficace.


    Nathalie Dupont – tête de liste CAP Liège

    Bart Vandersteene – tête de liste Oost-Vlaanderen

    Gustave Dache – tête de liste CAP Hainaut

    Ludo Mommen – tête de liste CAP Anvers

    Hugo Matthieu – 4 place CAP Oost-Vlaanderen

    Simon Hupkens – 2 place CAP Liège

    Levi Sollie – ABVV délegué Bayer

    Jo Coulier – ABVV délegué VUB

    Katia Chikowski – secretariat CAP Liège

    Jean Peltier – secretariat CAP Liège

    Patrick Zeoli – 6e place CAP Liège

  • Bye Bye Belgium? Questions / réponses sur la crise communautaire

    La crise politique paralyse la Belgique

    Plus de cent jours après les élections, aucune issue n’est en vue. Journalistes et politiciens étrangers regardent ce spectacle avec stupéfaction, comme The Economist qui a prédit la fin de la Belgique. On peut être plus que certain que les classes dirigeantes des pays européens confrontés à des régions qui aspirent à plus d’autonomie – la Grande-Bretagne, l’Espagne, la France ou encore l’Italie – suivent ces développements avec grande attention.

    Dossier par Anja Deschoemacker

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    Fédéralisme responsable?

    Alors que les deux syndicats juraient leurs grands dieux avant les élections qu’ils s’opposeraient à toute régionalisation du marché de l’emploi, les dirigeants flamands de la CSC – maintenant que “leur” parti a de nouveau la possibilité d’avoir le Premier ministre – laissent désormais la porte ouverte sur cette question. Les déclarations de Cortebeeck prouvent que la direction de la CSC pourrait donner son accord à, par exemple, une proposition de Bea Cantillon (Centre pour la Politique Sociale de l’Université d’Anvers), pour qui on peut transférer partiellement le budget de la sécurité sociale en fixant des objectifs. « Un Etat régional qui par sa politique diminue les dépenses de la sécurité sociale serait recompensé. Un Etat régional qui augmente les coûts sera financièrement puni. » (Knack, 25/07). Elle appelle ça « un fédéralisme social responsable ». Cela serait – suivant la veille tradition belge – présenté comme une victoire à la fois par les nationalistes flamands (« un premier pas vers une régionalisation ») et par les partis francophones (« pas de régionalisation »).

    Les syndicats ne doivent pas se battre pour une division de de la pénurie –résultat de l’écrémage systématique de la richesse produite qu’opèrent patrons et actionnaires – mais doivent mener une lutte contre contre chaque démantèlement social et pour plus de moyens.
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    Mais si la discussion sur l’éclatement de la Belgique se mène ouvertement, les prises de positions en faveur du maintien du pays gagnent en force. A la surenchère communautaire répond le sentiment grandissant que « la récréation est terminée » et qu’il est temps de faire appel à un « véritable homme d’Etat».

    Comment un tel chaos a-t-il pu arriver ? Et que va-t-il arriver maintenant ? Pour nous, socialistes révolutionnaires, s’ajoute la question du programme à défendre. Les revendications nationalistes flamandes – caractérisées par la suffisance, et l’égoïsme – ne sont en aucun cas une option. Mais les « belgicistes » ont-ils pour autant une solution valable ? Pas vraiment… Le MAS/LSP ne défend ni l’élite nationaliste flamande – qui ne veut rien d’autre qu’exploiter plus encore les travailleurs flamands – ni les intérêts de patrons comme Albert Frère (la plus grosse fortune de Belgique) ou encore de la monarchie.

    D’où vient la surenchère communautaire?

    Dans le passé, l’oppression passée de tout ce qui avait trait au flamand a ouvert la voie à l’amertume et la méfiance. Les écoliers flamands apprennent dans leurs cours d’histoire que les Flamands ont dû se battre pour acquérir le simple droit d’utiliser leur langue et ont été souvent trompés quand la lutte imposait des concessions. Dans cette logique, « les francophones » reçoivent aujourd’hui, selon les flamingants, la monnaie de leur pièce.

    Ici, c’est à dessein que « les franco-phones » sont entre guillemets, car il n’existe pas de groupe linguistique homogène. L’élite francophone qui a jadis laissé la Flandre stagner dans le sous-développement est la même que celle qui a durement exploité et opprimé les travailleurs wallons. Ce n’est pas par hasard si Marx a décrit le jeune Etat belge – créé par les grandes puissances européennes comme Etat-tampon contre la volonté d’expansion de la France qui suivit la révolution française – comme un vrai « paradis pour le patronat ».

    La majorité du mouvement flamand a toujours recherché une solution au sein de la Belgique. Aujourd’hui encore, seuls la N-VA et le Vlaams Belang sont séparatistes, mais les études sur l’électorat de ce dernier démontrent paradoxalement qu’il comprend plus d’unitaristes et de monarchistes que d’indépendantistes. La surenchère communautaire n’est donc en rien une lutte consciente pour une Flandre indépendante.

    De l’autre côté, le régionalisme wallon – dont la direction se référait au programme de réformes de structures de la FGTB – est depuis longtemps déjà en déclin. Il faut dire que le rêve d’une Wallonie autonome et « donc plus sociale » a viré en cauchemar face à la croissance du chômage, aux salaires et au niveau de vie en général plus modeste qu’en Flandre, etc.

    La surenchère communautaire est à la fois le résultat de cette histoire et du jeu de poker politique de la classe dirigeante belge. Cette dernière possède le pouvoir économique – et donc le réel pouvoir politique – et mène les partis traditionnels par le bout du nez. Elle a toujours su manipuler les différences de langue et de mode de vie pour faire payer ses profits et ses privilèges à la majorité de la population. Le but n’a jamais été la scission finale de l’Etat. Comme l’expliquait l’écrivain flamand Geert Van Istendael au Soir, on peut tout faire avec un bouc émissaire sauf le tuer, à moins de devenir soi-même responsable. Mais, combinée à la politique antisociale qui engendre toujours plus de manque et de frustration, la surenchère communautaire peut mener à l’exacerbation des tensions nationales.

    Comme l’écrit le journal néerlandais HRC Handelsblad: si le pays se désintègre aujourd’hui, ce sera plus à cause du désintérêt de la population que pour de véritables tensions nationalistes dans les couches larges. Nous sommes du même avis et voyons surtout un jeu politique où la population est réduite à l’état de simple spectateur dans les développements actuels.

    Quels sont jusqu’ici les résultats de la régionalisation?

    La scission de diverses compétences – la communautarisation de l’enseignement ou la régionalisation partielle des villes – a donné d’excellents résultats… pour la classe dirigeante ! Tous les commentateurs politiques sérieux admettent que cela a été une aide précieuse pour « l’assainissement du pays », c’est-à-dire le démantèlement de « l’Etat providence ».

    Depuis presque 20 ans, les partis flamands ont été obligés de gouverner avec le PS. S’ils veulent aller plus loin dans la satisfaction de leurs revendications aujourd’hui, ce n’est que pour améliorer la situation du patronat: un marché de l’emploi encore plus flexible, des conditions de travail et de salaire encore pires, moins de sécurité sociale,… Ce jeu se joue également de l’autre côté de la frontière linguistique. Le PS a de cette manière réussi à être considéré comme un parti d’opposition tout en étant au gouvernement : «nous devons assainir», «nous devons couper dans le budget de l’enseignement», «nous devons chasser les chômeurs», etc «sinon la Flandre scissionnera la sécurité sociale ou même le pays».

    Pendant ce temps les riches restent en dehors du collimateur et reçoivent cadeaux sur cadeaux: diminutions de charges et d’impôts, amnistie fiscale,… Les revenus du capital prennent une place toujours plus grande dans la richesse nationale au détriment des revenus salariaux. Mais tant que dure le show communautaire, personne ne pense aux poches qui engloutissent réellement la richesse nationale ! Ce ne sont pas celles des travailleurs, chômeurs et pensionnés wallons, flamands ou bruxellois !

    Dans une situation de ralentissement de la croissance économique mondiale suite à la crise du crédit hypothécaire américain, la surenchère communautaire ne va pas disparaître de si tôt car car il faut bien en faire payer le prix à quelqu’un.

    Le scénario d’une séparation est-il réaliste?

    Cette question se pose surtout à cause de l’impasse actuelle dans les négociations entre les deux « communautés » pour le gouvernement. Mais une séparation devra également être négociée, notamment pour les frontières des Etats, l’avenir de Bruxelles, la division de la dette nationale et de ce qui reste encore du patrimoine national après Verhofstadt I et II. Sans scission négociée, le seul autre scénario est celui d’une guerre civile autour des questions territoriales et surtout autour de Bruxelles et sa périphérie.

    Car une Flandre sans Bruxelles est immédiatement beaucoup moins intéressante. La région bruxelloise est responsable de 20% du PIB belge et sur les 340.000 navetteurs qui travaillent à Bruxelles, il n’y a pas moins de 230.000 flamands. De plus, la Wallonie et Bruxelles sont les partenaires commerciaux les plus importants des entreprises flamandes.

    Une Flandre indépendante qui voudrait garder Bruxelles devrait par contre accepter que cette Flandre soit un Etat bilingue. Et afin d’être acceptée comme membre de l’Union Européenne, la Flandre devrait très probablement souscrire au traité sur les minorités, ce qu’elle refuse de faire jusqu’à présent. Elle devrait alors accorder à la minorité nationale francophone en Flandre des droits ou des facilités et pas seulement dans les communes à facilités actuelles, mais partout où il y a une minorité francophone importante.

    Et là, c’est encore dans l’hypothèse où la population bruxelloise voudrait rejoindre une Flandre indépendante, ce qui est déjà extrêmement improbable dans le cadre d’une scission négociée, mais devient totalement impensable dans un scénario de déclaration unilatérale d’indépendance.

    C’est pour cela que le groupe De Warande (auteur d’un Manifeste pour une Flandre indépendante) ne men-tionne pas Bruxelles et que Bart De Wever (N-VA) place l’indépendance de la Flandre dans un avenir lointain dans lequel la Belgique se serait « vaporée » entre des Etats régionaux presque autonomes et l’Union Européenne.

    Selon le MAS/LSP, ce dernier scénario est utopique : la création d’un véritable Etat européen n’est pas possible dans le cadre du capitalisme car elle présuppose que les différents Etats européens (et les élites économiques qu’ils représentent) stoppent leur concurrence entre eux alors que l’objectif actuel de l’UE est justement un projet dans lequel cette concurrence peut s’effectuer de façon encore plus brutale, entre autres en libéralisant et démantelant totalement les services et les systèmes de sécurité sociale. Et ces dernières années ont été les témoins de bien des problèmes dans la construction de l’UE: le Pacte de stabilité n’est presque plus respecté, il n’existe pas de politique extérieure unifiée, la Constitution est momentanément enterrée, le protectionisme économique réapparaît,…

    Nous pensons donc qu’une scission de la Belgique n’est pas une perspective probable à court terme. D’ailleurs aucune partie du pays ne compte une majorité qui y soit favorable, ni dans la classe dirigeante ni dans le mouvement ouvrier.

    Au contraire des nationalistes flamands, le MAS/LSP n’est pas non plus convaincu de l’inexistence d’un « sentiment belge » ou du fait que les différences culturelles entre la Flandre et la Wallonie soient insurmontables. La différence linguistique masque justement de fortes similarités, des choses qui tombent directement sous le sens des étrangers mais que beaucoup de Flamands et de Wallons ne voient plus derrière les institutions, les politiciens et les médias. On ne connait pas le nombre de « familles mixtes » entre les régions et une scission ferait du tissu économique un gigantesque gruyère.

    Un divorce n’est facile qu’avec consentement réciproque et accord sur la séparation des biens. Sans accord, la scission de la Belgique ne saurait être qu’une grande bagarre. Et dans un tel type de divorce, les politiciens doivent pouvoir compter sur une réelle volonté de séparation auprès de la majorité de leur population, ce qui n’est pas le cas.

    Cette question nationale peut-elle être résolue?

    Le seul lieu où reste encore des traces de l’oppression et de l’humiliation nationale est la périphérie de Bruxelles, où la population d’origine, flamande et moins aisée, est sous pression depuis déjà longtemps, mais ce phénomène est plus une donnée socio-économique qu’une invasion francophone consciente.

    Tout d’abord, les nouveaux arrivants plus aisés ne sont pas seulement des francophones, mais aussi des eurocrates ( il faut noter que les eurocrates néerlandais ne choississent qu’exceptionnellement le côté flamand, vu comme « provincial » et « borné »). Pour arrêter ce développement, la politique actuelle du logement – qui partout donne priorité au plus grand portefeuille – doit être remplacéé par une politique qui offre des habitations sociales confortables et abordables comme garanties à ceux qui veulent rester dans la région. Cependant, tous les nouveaux arrivants ne sont pas riches; bon nombre d’entre eux sont des familles de travailleurs qui souhaitent élever leurs enfants dans une environnement plus vert et plus agréable. Une politique sociale de logement, combinée à une masse de stimulants pour permettre aux populations parlant d’autres langues de s’intègrer dans la communauté locale donnerait de biens meilleurs résultats que la politique actuelle de harcèlement qui a pour effet de pousser tous les francophones dans les bras des partis francophones dont la politque antisociale ne diffère en rien de celle de leurs collègues flamands.

    Le MAS/LSP n’est pas d’accord avec les nationalistes flamands pour qui la cohabitation des différents peuples au sein d’un Etat est impossible. En soi, le MAS/LSP n’a rien contre un élargissement des compétences des autorités régionales et locales. Mais à la condition que cela soit demandé par une majorité de la population dans la région impliquée et que le but soit d’arriver à une meilleure politique, à une politique sociale qui pourvoit aux besoins de tous.

    Le MAS/LSP défend une démocratie aussi large que possible. Nous reconnaissons le droit à l’autonomie et même à la séparation si cela est demandé par la majorité de la population de la région impliquée. Le MAS/LSP s’oppose par contre à une régionalisation si le but est d’arriver à une politique d’austérité encore plus dure, imposée dans une région pour l’être ensuite dans l’autre. La scission de l’enseignement illustre cette tactique. Pour cette raison, nous nous opposons de façon résolue à la scission de la sécurité sociale, de la politique d’emploi et de la concertation sociale.

    Nous sommes pour un élargissement des droits démocratiques, ce qui signifie entre autres lutter pour le droit à un travail et à des services dans sa propre langue. Le bilinguisme ne peut pas être imposé, seulement stimulé, notamment avec un enseignement de bonne qualité pour tous les élèves. Le MAS/LSP pense que les droits linguistiques des minorités nationales – flamande à Bruxelles et en Wallonie, francophone dans la périphérie de Bruxelles, en Flandre et en communauté germanophone, germanophone en Wallonie – doivent être inscrit dans la Constitution. Une politique linguistique démocratique n’est possible qu’avec assez de moyens. C’est la seule manière de faciliter la cohabitation. La contrainte n’entraîne qu’une résistance aigrie.

    Les droits des immigrés – sur le plan linguistique, mais aussi dans l’enseignement et les autres services – doivent être également inscrits dans la Constitution. Les travailleurs autochtones y ont aussi grand intérêt : c’est justement leur manque de droits qui fait la présence de travailleurs étrangers sur le marché de l’emploi qui fait peser une pression sur tout les salaires.

    Bruxelles-Hal-Vilvorde est le dossier symbolique par excellence. N’importe quelle « solution » – scission et/ou élargissement de Bruxelles – n’en est pas une si on ne tient pas compte des droits de la minorité qui s’y trouve. Ce n’est que si les minorités voient leurs droits garantis qu’on peut arriver à une solution bénéfique pour tous.

    Plus de moyens pour une vraie politique sociale et des droits pour chaque groupe de la population sont les seules véritables conditions pour une cohabitation harmonieuse. Notre pays possède plus qu’assez de richesses pour pourvoir aux droits et besoins de tous les travailleurs et de leurs familles. Mais nos gouvernements choisissent de donner des milliards au patronat sous forme de baisse des soi-disants charges patronales, de diminutions d’impôts pour les riches et de toutes sortes de manoeuvres fiscales.

    En manipulant la question nationale dans le passé et aujourd’hui, la bourgeoisie crée des problèmes de société plus grands encore qu’elle est incapable de résoudre ensuite. Cela ne veut pas pour autant dire qu’ils ne peuvent pas être résolus: avec assez de moyens et une démocratie aussi conséquente que possible les travailleurs peuvent faire en sorte que la cohabitation ne soit pas seulement viable, mais aussi agréable.

    Dans un système où la production des biens et de la richesse est basée sur la soif de profit d’une petite élite qui règne en Belgique à travers les divers gouvernements, il y aura fatalement toujours des besoins non-satisfaits qui mèneront à des luttes diverses. Mais la seule lutte qui peut offrir une issue est celle du mouvement ouvrier pour une société basée sur la satisfaction des besoins de la majorité et qui mette en oeuvre une planification démocratique de l’économie afin de répondre de la façon la plus efficace aux besoins de tous, c’est-à-dire une lutte pour le socialisme.


    La question nationale en Belgique:

    Une réponse du mouvement ouvrier est nécessaire!

    Fin 2005, une Conférence Nationale du MAS/LSP a mené une discussion sur la question nationale en Belgique sur base d’un texte retravaillé par la suite.

    Vous pouvez trouver cette brochure sur www.marxisme.org ou demander une version papier de ce texte à la rédaction!

  • GB : 900 emplois menacés

    Fin juin, la direction du groupe Carrefour a annoncé sa décision de fermer 16 Supermarchés GB cette année (8 en Flandre, 1 à Bruxelles et 7 en Wallonie), supprimant ainsi d’un coup 900 emplois (dont 800 dans ces magasins).

    Jean Peltier

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    DU N°1 BELGE AU N°2 MONDIAL

    Le premier Grand Bazar ouvre en 1885 à Bruxelles, d’autres magasins sont ensuite ouverts à Liège, Anvers et Gand. Après la deuxième guerre mondiale, l’expansion est rapide : en 1958 naît la formule actuelle du supermarché ; en 1970, le groupe GB commence à se diversifier avec l’ouverture du premier Brico GB ; en 1974, GB fusionne avec Immo-BM- Priba et devient GIB. En 2000, GIB est absorbé par le groupe français Carrefour (devenu actionnaire à 100% de GIB).

    Le groupe Carrefour Belgium compte aujourd’hui 561 magasins en Belgique, dont 56 hypermarchés Carrefour, 280 supermarchés GB, 133 GB Contact, 91 GB Express et 1 Rob. Il emploie 17.000 personnes en Belgique dont 5.502 dans les GB intégrés et a réalisé en 2006 un chiffre d’affaires commercial de 5.380 milliards d’euros.

    L’ensemble des 78 supermarchés GB intégrés ont réalisé, sur les quatre premiers mois de l’année, un bénéfice de 9 millions d’euros, 15% de plus que pour la même période l’an dernier. Le groupe international Carrefour est le 2e groupe de distribution au niveau mondial. Il est présent dans 29 pays où il possède un total de 12.000 magasins et emploie 430.000 personnes.
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    La direction du groupe considère que « ces supermarchés sont structurellement non rentables » et qu’ « il est temps de stopper l’hémorragie si on ne veut pas risquer de mettre l’ensemble de la chaîne en péril ». Mais, derrière ces déclarations catastrophistes (alors que le groupe Carrefour Belgium de même que le sous-groupe des supermarchés GB en son sein réalisent des bénéfices confortables), il semble clair que Carrefour n’a pas l’intention de fermer définitivement ces magasins et encore moins de les revendre à la concurrence.

    UN RECUL SOCIAL PLEIN DE FRANCHISE

    En réalité, la direction du groupe a un objectif beaucoup plus vicieux : il s’agit de fermer des magasins intégrés au groupe pour les revendre ensuite à des gérants indépendants qui pourront les rouvrir dans le cadre d’une franchise – avec une convention collective moins favorable et sans représentation syndicale ! – en engageant du personnel plus jeune (le personnel des GB intégrés à en moyenne 17 ans d’ancienneté) à des salaires moindres (de l’ordre de 30 à 35%), des horaires de travail plus longs (38 heures/semaine au lieu de 35) et dans des conditions de travail plus dures (notamment avec des ouvertures le dimanche matin).

    A l’heure actuelle, 202 des 280 supermarchés GB sont déjà exploités par des franchisés. Et on peut redouter que Carrefour cherche à faire passer le plus rapidement possible les 78 magasins restants sous ce statut.

    Lorsqu’en février dernier, le patron de Carrefour Belgium, Marc Oursin, a annoncé la restructuration du groupe en 3 niveaux (les Hypermarchés Carrefour de très grande surface, les Super GB de taille moyenne et les petits GB Express de proximité), il avait aussi annoncé l’ouverture de 8 à 10 Supermarchés et 40 Express… tous sous franchise. Car les magasins sous franchise connaissent, grâce à la pression mise sur le personnel, une augmentation de leur chiffre d’affaires de 8%, alors que les magasins intégrés ne progressent guère.

    Voilà donc comment Carrefour compte augmenter encore plus ses plantureux bénéfices. Une fois de plus, c’est la logique du profit maximum en faveur des grands actionnaires qui s’impose au détriment des travailleurs, des clients et des habitants des quartiers.

    Car ce n’est pas un hasard non plus si la grande majorité des magasins visés sont installés dans des quartiers populaires et ont le plus souvent un grands nombre de clients fidèles mais qui ne sont plus considérés par Carrefour comme des clients privilégiés parce qu’ils ne dépensent pas assez !

    Et c’est encore moins un hasard si Carrefour a annoncé ce plan radical de fermetures et de licenciements juste avant les vacances, sachant très bien qu’il serait difficile de mobiliser le personnel pendant les deux mois d’été.

    Ces fermetures pourraient enfin n’être qu’un avant-goût : en décembre, la direction de Carrefour Belgium avait annoncé aux syndicats que la moitié des GB intégrés n’étaient pas rentables ou juste à l’équilibre. Cela veut dire qu’une vingtaine d’autres magasins pourraient aussi être menacés de fermeture par la suite !

    NÉGOCIER… MAIS SUR QUELLES BASES ?

    Devant le coup de force de la direction de Carrefour, les syndicats ont directement répliqué qu’il n’était pas question de discuter pendant les vacances. Les négociations doivent donc commencer à la rentrée de septembre.

    Dès l’annonce des fermetures, des actions spontanées de grève ont eu lieu dans certains magasins menacés, notamment aux GB de Quiévrain et Termonde. Des grèves de solidarité ont aussi eu lieu dans des GB qui ne sont pas directement menacés de fermeture, comme à Gilly, ainsi que dans des hypermarchés, comme ceux de Mouscron et Froyennes qui ont fait grève le samedi 30 juin en solidarité avec le GB de Tournai. Des actions de solidarité ont également eu lieu parmi les clients. Le Comité de Quartier de Rocourt a réuni plusieurs centaines de signatures contre la fermeture du GB. A Tournai, une manifestation locale de 500 personnes a réuni travailleurs du GB, habitants du quartier et syndicalistes d’autres entreprises.

    Malgré le choc provoqué par l’annonce des fermetures, le potentiel pour une forte réaction unissant travailleurs et clients existe donc. Malheureusement, la réponse des directions syndicales paraît jusqu’ici très limitée.

    Elles ont tout d’abord refusé d’organiser une journée nationale de grève contre les fermetures fin juin ou début juillet. Certes, le délai était court pour organise la mobilisation dans les GB et Carrefour mais une journée de grève au début des soldes aurait eu un impact énorme.

    La CNE et le SETCa se sont contentés d’organiser une mobilisation de quelques centaines de travailleurs le 2 juillet devant le bâtiment où se tenait le Conseil d’entreprise de Carrefour qui devait annoncer officiellement les fermetures. Pendant ce temps, une partie des GB menacés étaient ouverts, les gérants ayant fait appel à des étudiants et des intérimaires pour assurer un service minimum !

    D’autre part, le tract commun SETCa-CNE diffusé fin juin met l’accent sur deux exigences vis-à-vis de Carrefour : « des garanties sur un maintien du volume de l’emploi chez Hyper et chez Super » et le fait que « ce plan de restructuration ne pourra se traduire par des licenciements secs ». Il déclare aussi que « Le drame social ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des travailleurs : la direction doit mettre sur table un vrai plan commercial susceptible de relancer l’activité des supermarchés de manière durable tant en garantissant des salaires décents et des conditions de travail acceptable pour le personnel (le même raisonnement vaut aussi pour les hypers…) ».

    Nulle part n’est avancée la revendication centrale du refus des fermetures qui est le seul moyen de réellement maintenir l’emploi ! Il semble que les directions syndicales se soient résignées à la fermeture des GB avant même de mener un vrai combat et qu’elles s’apprêtent à se concentrer sur deux objectifs minimum : reclasser le maximum de personnel dans d’autres GB et hypers et négocier de bonnes conditions de départ (notamment par la prépension) pour les autres . Or, en 1999, un plan de restructuration accepté par les syndicats prévoyait déjà de tels reclassements internes mais les syndicats se lamentent aujourd’hui de ce que la direction de Carrefour n’a guère respecté ses engagements. Si aucune lutte n’est menée contre les fermetures, la direction de Carrefour se sentira encouragée à mettre la pression dans les négociations et à ne pas mieux tenir ses futures promesses.

    Pour imposer le maintien de l’emploi, il faut que monte rapidement de la base l’exigence du refus des fermetures. C’est la seule base sur laquelle un combat efficace pourra être mené.


    Solidarité active avec le CAP

    Dès l’annonce de la décision de Carrefour, le CAP (Comité pour une Autre Politique) s’est mobilisé pour s’opposer à ces fermetures, réclamer le maintien de l’emploi et appeler à la solidarité des travailleurs de tout le secteur de la grande distribution et des clients.

    Il a ainsi organisé du lundi 25 juin au mercredi 27 juin une tournée à travers le pays de son Bus de la Solidarité avec, comme points d’étapes, neuf des GB menacés par la fermeture. L’équipe du bus et les groupes locaux du CAP ont ainsi pu participer à des Assemblées du personnel, discuter avec les clients et les habitants des quartiers. Une affiche a été diffusée largement et la pétition lancée par le CAP a recueilli plus d’un millier de signatures en trois jours. Le CAP était également présent le 2 juillet lors de la manifestation devant le siège de Carrefour. Vous pouvez trouver un résumé complet de cette « tournée » et des interviews de militants sur le site du CAP (www. autrepolitique.be) (documents postés le 1er juillet).

    La campagne de solidarité reprend début septembre. Le Bus de la Solidarité va repartir sur la route et des interventions sont prévues sur plusieurs GB avec la pétition. Pour plus de renseignements, pour recevoir la pétition, pour participer aux actions, contactez le CAP ou les militants du MAS.

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