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  • ELECTIONS 2009: recherche de stabilité et peur d’un bain de sang social

    Ce texte a pour objectif de mettre en lumière les processus sous-jacents qui ont conduit aux résultats électoraux des élections de 2009 en Belgique. Ce texte ne développe pas réellement les développements de la situation économique, mais nous devons être bien conscients que la crise économique est à la base de ces résultats. Une crise économique se développe en différentes étapes, il en va de même pour ses répercussions sur la conscience. De plus, la phase actuelle de la crise a des conséquences différentes pour les diverses couches de la population, ce qui produit également des réactions différentes.

    Texte du Comité National du PSL/LSP du 13 juin 2009

    Il n’y a pas, non plus d’espace dans ce texte pour une véritable évaluation des résultats électoraux pour le reste de l’UE. Le Comité pour une Internationale Ouvrière a publié une première réaction sous la forme de l’article de Robert Bechert, à lire sur le site du PSL (voir ici). Dans les jours et semaines à venir arriveront des analyses plus profondes des différentes sections. Ici, seuls quelques éléments généraux de l’analyse sont cités, ceux qui servent également à l’analyse des résultats électoraux en Belgique.

    Différents processus se croisent

    Pour le moment, la crise économique continue à s’approfondir, bien que certains commentateurs (de la FEB entre autres) mettent actuellement en avant, de façon prudente, l’idée que le «fond» de la crise serait atteint pendant ou après cet été. Ils ajoutent néanmoins de suite qu’il n’y aura pas d’amélioration rapide du marché du travail et que le chômage va continuer à grimper. La Banque Nationale s’attend à la suppression de 140.000 emplois entre fin 2008 et fin 2010. Combiné à la croissance prévue de la population active de 60.000 personnes (avec notamment deux années de jeunes quittant l’enseignement), cela signifie 200.000 chômeurs en plus. La FEB suit également cette analyse car elle ne s’attend pas une montée rapide du niveau d’investissement. De plus, aucun des optimistes n’attend de relance rapide de l’économie, mais seulement une sortie du rouge.

    Chaque mois arrive un nombre record de faillites. La petite bourgeoisie, mais aussi toute une série de PME’s – qui travaillent surtout comme sous-traitants pour des multinationales et d’autres grandes entreprises – sont fortement touchées par la crise. Le nombre de pertes d’emplois continue à monter et l’angoisse est profonde pour l’avenir d’entreprises comme Opel à Anvers. Quand on regarde les conséquences sur la région qu’a eu la fermeture de Boelwerf à Tamise (1994), conséquences qui perdurent encore aujourd’hui, nous savons déjà quels drames sont provoqués par ce type de fermetures. La direction syndicale ne met aucune stratégie en avant, aucun plan, pour éviter ce à quoi la plupart des travailleurs s’attendent maintenant: des licenciements massifs, une montée du chômage et de la pauvreté,… en d’autres termes; un appauvrissement collectif alors que l’austérité d’Etat supprime encore plus de services et d’interventions sociales.

    La presse bourgeoise parle déjà depuis des mois de l’impasse dans laquelle se trouvent les partis sociaux-démocrates en Europe. «Ils devraient toutefois pouvoir profiter de la crise», ont dit les journalistes dans leur pensée mécanique, quelques uns ont même dit que comme cela ne se produisait pas, c’était la preuve de la faillite de Marx (entre autre Frank Vandenbroucke!) Les marxistes ont toutefois une vision plus développée à ce sujet. Ils apprennent de l’histoire que les crises peuvent aussi avoir un effet paralysant sur la classe ouvrière et qu’il est possible que les travailleurs se réactive massivement seulement aux premiers signes de relance économique. Aujourd’hui, le mot paralysie est une expression trop forte, mais il y a néanmoins un élément de cela renforcé par la démotivation consciemment organisée par la direction syndicale.

    Mais les grandes claques reçues par la social-démocratie dans différents pays européens dans ces élections n’ont, en soi, rien à voir avec cela. Ces claques sont arrivées dans les pays où les partis sociaux-démocrates bourgeoisifiés ont été les architectes d’un grand nombre d’attaques contre le mouvement ouvrier au cours des dix dernières années. Le fait de gérer le capitalisme, dans une période de détérioration systématique des conditions de vie de la classe ouvrière depuis le début de la période de dépression en 1974, a de plus en plus vidé ces partis. Le Labour en Grande-Bretagne, le SPD en Allemagne, le PvdA aux Pays-Bas,… sont, tout comme le SP.a en Flandre, sanctionnés pour leur politique. Il reste à peine de quoi se souvenir encore des partis ouvriers qu’ils ont été jadis. Certains partis sociaux-démocrates échappent à une telle punition brutale dont le PSOE en Espagne et le PS en Belgique francophone.

    Dans un certain nombre de pays, la crise s’exprime dans un vote de protestation élevé, le plus souvent sous la forme de votes pour des formations populistes de droite, plus ou moins euro-sceptiques, comme l’expriment la montée de Wilders aux Pays-Bas ou celle de l’UKIP en Grande-Bretagne. Ces formations récoltent un pourcentage de voix plus important que la social-démocratie. Là où ils l’ont pu, ces populistes ont utilisé le large mécontentement qui existe contre l’Europe. Cela n’est en soi pas un nouveau phénomène: depuis le milieu des années ’80 déjà, nous observons la montée de partis (souvent néo-fascistes) qui se servent du populisme et qui se construisent sur le mécontentement social en se basant sur la dégradation générale du standard de vie et des conditions de travail – notamment des salaires, de la pression au travail,… – qui se poursuit systématiquement, y compris en période de croissance économique.

    Aujourd’hui, la palette des partis populistes est plus variée qu’il y a vingt ans. Ce sont toutes des formations petite-bourgeoises qui vivent du vide créé par la disparition des partis ouvriers en tant qu’organisations ouvrières. Le manque de luttes collectives qui stimulent la conscience de classe et qui peuvent offrir de véritables perspectives conduit à la recherche de solutions individuelles ainsi qu’à des éléments de division qui semblent d’autant plus importants que la division de la société en classes a disparu de la scène politique. Dans certains pays, les partis d’extrême-droite et néofascistes ont eu à faire face à une perte de voix comme en Flandre (le FN en France n’est également plus que l’ombre de ce qu’il a été à son sommet). Le Vlaams Belang a perdu des votes car les populistes plus «modérés» ont commencé à viser son électorat. Ces formations n’ont pas l’étiquette du fascisme et d’un racisme «indécent» et ont, à première vue, plus de chance d’être un jour réellement présentes au pouvoir. Pour la même raison, il a perdu une partie de ses votes flamingants au profit de la NVA.

    Mais cela ne doit pas nous tromper. Il est probable que le Vlaams Belang ne chute pas plus profondément. Des trois partis de la petite-bourgeoisie de droite, le Vlaams Belang est celui qui a les structures les plus fortes, le cadre le plus grand et l’implantation la plus large. Des partis comme la LDD, qui dépendent d’un dirigeant charismatique, peuvent disparaître aussi rapidement qu’ils sont arrivés comme la LPF l’a démontré aux Pays-Bas (mais la base sous-jacente à leur montée peut conduire ensuite à ce que de nouveaux phénomènes semblables arrivent). Et des partis flamingants comme la NVA ont dans le passé souvent été mis hors jeu suite à leur participation au pouvoir, quand ils se brulent les ailes avec des compromis.

    Une autre tendance importante de ces élections européennes est la victoire de partis conservateurs de centre-droit ou de droite qui sont, avec plus ou moins d’écart, redevenus les plus grands: les Tories en Grande-Bretagne, le CDU/CSU en Allemagne, l’UMP en France, le PP en Espagne, Berlusconi en Italie, le CD&V en Flandre. L’insécurité créée par la crise peut mener à la polarisation et à l’éparpillement politique (cela se développe presque partout) mais peut également pousser certaines couches de la population (y compris dans une partie de la classe ouvrière) à un désir de stabilité, de vieilles recettes, de politiciens de qui «émane la confiance». Il y a une peur des «aventures» qui se développe maintenant que les choses ne vont pas bien. Ce n’est qu’une phase, vu que ces partis n’ont pas de réponse à offrir face à la crise si ce n’est, au mieux, un accompagnement de la dégradation sociale. Mais la profondeur de la crise a comme conséquence de limiter les moyens pour un tel «accompagnement». Une fois que cela se clarifiera aux yeux de larges couches, le centre politique recommencera à se déplacer.

    Cette tendance a sans doute aussi fait des dégâts parmi les formations et les listes de gauche dans différents pays. Aussi bien en Allemagne qu’aux Pays-Bas, Die Linke et le SP ont fait des scores en-dessous des attentes. En nombre de voix, le SP se fait même dépasser par la formation de «gauche modérée» Groen-Links. En France, la percée attendue du NPA ne s’est pas produite, le NPA obtenant moins de votes que le Front de Gauche (autour le PC) et aucun élu. En Italie, où les dernières élections nationales ont mis fin à la présence conséquente de la gauche radicale au parlement depuis la Deuxième Guerre Mondiale, il n’y a cette fois-ci non plus pas eu d’élu pour la gauche radicale au Parlement Européen. A côté de cet élément objectif, il y a aussi dans ce processus des éléments subjectifs forts sur lesquels on ne peut pas s’étendre dans ce texte. L’élection de Joe Higgins en République Irlandaise – frappée par le développement rapide d’une crise économique profonde après une longue période de croissance élevée – montre qu’un parti de lutte réellement impliqué dans la directions de luttes et de mouvement de la classe ouvrière, armé d’un programme correct et socialiste conséquent, avec des revendications et des campagnes qui rejoignent la conscience et qui met une perspective en avant,… peut obtenir des victoires dans une période de crise.

    En Belgique, la bourgeoisie reçoit un puzzle compliqué

    En Flandre

    La première réaction de la presse – remarquablement unanime dans les différentes parties du pays – était claire: «La Flandre a voté flamand et à droite». Ce discours a un air de déjà-vu: cela semble être une réédition des dernières élections fédérales de 2007. Le PSL/LSP y a déjà répondu à l’époque. Tout comme en 2007 les sondages à la sortie des urnes et autres recherches sur les élections montrent que la question communautaire n’est pas vue comme un thème important par les électeurs (selon une recherche inter-universitaire faite pendant la campagne, il semble que seulement moins de 10% des électeurs flamands choisissent leur vote pour des raisons communautaires). Tout comme en 2007, ce thème était à peine présent et même encore moins durant la campagne proprement dite. Le CD&V a obtenu sa victoire en 2007 avec son image de «bon père de famille» dans un moment de recherche de stabilité et de repos après une coalition violette agitée. Il avait notamment convaincu sa base CSC avec des promesses de 2 milliards d’investissements en plus dans la politique sociale, avec une rhétorique qui tournait autour des soins de santé, de l’aide aux familles, etc. Le CD&V, aidé par son passage dans l’opposition, a beaucoup moins un profil néolibéral que les partis libéraux. Il se profile plus sur la «vieille» politique de conciliation de classes qui était dominante dans la période de croissance des années ’50-’75. Bien que ses liens avec le mouvement ouvrier chrétien soient devenus bien plus faibles et que ce dernier opère de manière indépendante beaucoup plus que par le passée, l’absence d’un vrai parti ouvrier (et donc avec la bourgeoisification de la social-démocratie) défendant réellement les intérêts de la classe ouvrière a pour conséquence que ces liens ne sont pas réellement cassés. La victoire du CD&V ne représente pas dans le paysage politique actuel un vote à droite, mais bien un vote pour un parti qui se profile au centre et lance un message «social».

    Vu l’attitude “réaliste” et plus modérée prise par le CD&V au sujet de la question communautaire, sa volonté publique d’arriver à un accord par les négociations, il est difficile de prétendre que le vote pour le CD&V ait pu être attirant pour les flamingants les plus durs. Dans ces élections, le vote flamingant – les sondages montrent depuis déjà quelque temps qu’un pourcentage stable de plus ou moins 11% de la population se déclare pour l’indépendance de la Flandre – s’est surtout dirigé vers la NVA. Même pour le Vlaams Belang, qui vient historiquement de l’aile d’extrême-droite du Mouvement flamand, le flamingantisme ne constitue pas la raison principale de sa progression électorale. Sa rhétorique anti-establishment et surtout le thème de l’immigration ont joué un rôle beaucoup plus important. Des recherches ont déjà montré que le Vlaams Belang avait même le public électoral le plus monarchiste de tous les partis flamands. Pour la LDD, le communautaire est un élément utilisé de temps à autre, mais ce n’est pas non plus le thème principal sur lequel elle cherche à gagner des votes.

    Après presque trois années de constante surenchère communautaire, la NVA – le seul parti flamand qui a un public électoral attiré par ses positions communautaires de façon si dominante – a réussi à canaliser ce vote flamand au cours de ces élections et à le tirer hors des eaux dangereuses du «flamingantisme antidémocratique», comme la presse bourgeoise l’a écrit. La NVA s’est même fait féliciter pour cela par, entre autres, Patrick Janssens et Caroline Genez (du SPa). La presse bourgeoise dit que la NVA commence à «regagner la position qu’avait la Volksunie dans le temps». La NVA se retrouve néanmoins encore bien loin de cette position: la VU a obtenu 20% des votes à son apogée et était capable de construire une stabilité relative. La NVA n’a pas pu obtenir un tel résultat après trois années de surenchère communautaire, trois années qui pourtant pouvaient faire rêver les partis de la petite-bourgeoisie de «solutions faciles». Le parti a reçu un soutien pour être soi-disant sans concession et en évitant (provisoirement) un deuxième scénario d’Egmont (compromis accepté par la VU qui lui avait fait perdre son soutien) en retirant à temps son soutien aux gouvernements fédéral et flamand. De cette manière, la NVA a retiré à la LDD l’image de «mains propres» que cette dernière ne pouvait de toute façon plus maintenir à cause de l’affaire Vijnck et des bagarres publiques autour de la formations de ses listes. Des recherches sur les élections montrent que, sur base d’une image de «politicien pur», la NVA a obtenu des postes qui n’ont rien a voir avec leur flamingantisme. La grande personnalisation de la politique dans les médias, y compris sur les chaînes publiques, et l’absence de débats vraiment contradictoires conduisent à faire des jeux tels que «l’homme le plus intelligent» (un jeu sur la chaîne publique qui s’est déroulé juste avant la campagne électorale officielle et dans lequel Bart De Wever est apparu comme une star). Cela a donné un énorme forum à des hommes comme De Wever et Dedecker. Comme Dedecker a déjà pu le voir, cet effet peu rapidement diminuer dès qu’une meilleure «figure» est trouvée. La NVA a eu une victoire électorale importante, mais un passage dans le gouvernement, où un compromis sur une réforme d’Etat doit être conclu, ou encore un scénario dans lequel la NVA est mise en avant comme responsable de l’instabilité, peuvent briser ce soutien, dont une partie reviendra alors au Vlaams Belang.

    En ce qui concerne le Mouvement flamand, il faut en plus observer la disparition du SLP (ancien Spirit). Cela confirme notre analyse du nationalisme flamand «progressiste» ou «de gauche», qui n’a plus de base dans la situation objective présente. Les figures provenant de Spirit qui se trouvaient sur d’autres listes ont à peine pu compter sur des partisans à l’exception de Bert Anciaux, qui a finalement pu encore rassembler un nombre raisonnable de votes de préférence. Dans la région de Bruxelles il a une certaine popularité malgré ses nombreux zigzags politiques. C’est d’ailleurs la seule région de Flandre où un certain sentiment d’oppression des flamands demeure, essentiellement à cause de l’expulsion sociale engendrée par les hauts prix des logements. 16. Ce qui a également été remarquable dans ces élections, c’est le sprint très tardif du SP.a pour sortir de la zone de danger de moins de 15% pour les élections régionales. Tout comme le PS en Wallonie, le SP.a a reçu l’aide consciente de la presse bourgeoise. La peur d’un «gouvernement de droite» a été mise en avant avec l’élément de «rien ne va plus aller» ni sur le plan social ni sur le plan de la réforme d’Etat. Au dernier moment, une partie de son public électoral a finalement et par désespoir accordé son vote à se parti qui s’est compromis à mort aux gouvernements. Cela a certainement joué un rôle dans le résultat plus bas que prévu de Groen (qui, contrairement au SP.a, a plus de voix au Parlement Européen comparé aux élections régionales). Groen n’a pas réussi à se présenter comme une force crédible avec de vraies réponses. Cela a peut-être aussi joué un rôle dans le fait que le PvdA n’a même pas fait un semblant de percée. Nos militants avaient fait état de discussions dans le cadre syndical inférieur, où certains pensaient cette fois-ci voter pour le PvdA (mais il était clair que cette tendance ne descendait pas parmi la base et était limité à des individus spécifiques dans l’appareil).

    Mais le parti qui a probablement le plus souffert du sprint final du SP.a au niveau régional est l’Open VLD. Alors que le «VLD flamand» maintenait un profil néolibéral bien dur, Verhofstadt a réussi à se donner une image plus social-libérale pour les européennes. Le SP.a n’a en effet réussi à sortir de la «zone de danger» des 15% qu’au niveau régional puisque sur le plan européen il fait 13,23%. Le VLD a obtenu plus de 5% de plus sur sa liste européenne que sur sa liste régionale. Il y a – sous l’influence de la bourgeoisification totale du SP.a et de l’épisode des gouvernements violets – un certain public qui vacille au niveau électoral entre le VLD et le SP.a. Une partie de cette couche que Verhofstadt a pu convaincre sur le plan européen a finalement voté pour le SP.a à cause du profil de la liste flamande et de la peur, stimulée par les médias, d’un gouvernement totalement de droite sans le SP.a. C’est un élément de plus qui illustre la bourgeoisification totale de ce parti: une bonne part des votes qui l’ont sauvé au dernier moment d’une chute totale ne provient pas du tout de la classe ouvrière. Plus de précisions sur l’analyse du VLD suivra dans la partie du texte consacrée aux résultats du MR.

    Wallonie et Bruxelles

    A la différence de Groen, en Belgique francophone, Ecolo a réussi à faire une très grande percée. Cela a constitué le phénomène le plus important de ces élections, avec le fait que la lourde punition annoncée du PS n’a pas eu lieu, surtout en Wallonie. Mais pour pouvoir estimer correctement le nouveau phénomène – la percée d’Ecolo – il faut premièrement analyser le «vieux» – la puissance durable du PS wallon. Les différences régionales pour les deux phénomènes sont d’importance.

    Malgré toute une série de scandales sur lesquels le MR a beaucoup joué et malgré des sondages terribles, le PS est redevenu le plus grand parti de Wallonie. Il a obtenu 32,77% des votes, ce qui signifie un recul de 4,14% par rapport aux élections régionales précédentes de 2004 et une légère progression par rapport à ses votes aux élections fédérales de 2007. Il faut donc replacer le combat du MR pour faire changer le «centre de gravité de la Wallonie» dans une perspective correcte: le MR n’a obtenu que 23,41%. En sièges, c’est 29 pour le PS et 19 pour le MR.

    Une des raisons de ces résultats est le fait que le MR de Reynders est puni pour son profil néolibéral dur. Des discussions à ce sujet se développent dans le MR également. C’est ce qui est ressorti de la brève période où Aernoudt pouvait se dire membre du MR. Ce n’était pas seulement Deprez (MCC, ex-PSC) mais également le FDF qui voulaient à ce moment-là une rhétorique «social-libérale». Il est probable que le MR commence à réaranger certaines choses après les élections. Le double mandat de Reynders et sa stratégie d’attaque dure contre le PS vont certainement être remis en question. Il va falloir laisser un espace pour que l’aile plus «social-libérale» puisse venir à l’avant du parti. Le très bon résultat de Louis Michel sur la liste européenne face au très mauvais résultat de Reynders à Liège en donne également l’occasion. Nous avons dit en 2007 que les ambitions de Reynders en Wallonie arrivaient trop tard, le néolibéralisme en tant qu’idée étant totalement discrédité par la crise bancaire. Aujourd’hui, ce constat reste correct et joue aussi dans la punition que le VLD a reçu. Celle-ci n’avait pas comme première base «l’affaire Vijnck», mais surtout le maintien d’une rhétorique de diminution des charges et d’autres cadeaux au patronat. «L’affaire Vijnck» n’a été que la dernière goutte qui a montré que dans ce parti, ce sont les postes qui comptent et non pas les idées. Plus important que cela, les plaidoyers du VLD pour la privatisation de De Lijn et pour la commercialisation d’une partie du secteur des soins de santé notamment étaient en retard par rapport à la conscience existante parmi les couches larges, qui ne croient plus aux recettes néolibérales d’hier.

    Pour “changer le centre de gravité en Wallonie”, une campagne anticorruption ne suffit pas. La population part de l’idée – au vu de la confiance très basse accordée aux politiciens montrée par des sondages d’opinion (seulement 17% de confiance) – que chaque personne au pouvoir magouille d’une manière ou d’une autre. Des populistes partout dans le monde se basent sur cette idée. Le scandale des remboursements de frais des parlementaires en Grande-Bretagne a ainsi été la base pour une défaite si humiliante et si profonde pour le Labour. Mais le PS échappe à ce sort. Pourquoi? Premièrement parce que l’alternative du MR fait plus peur qu’elle n’attire. Deuxièmement parce que le PS, grâce au soutien dans les journaux par des messages de panique au sujet des gouvernements sans le PS en pleine crise économique profonde, a de nouveau pu faire appel à tous ses réseaux. Dans ses bastions – où le PS fait localement des scores jusqu’à et même au-dessus de 40% (scores obtenus en Flandre uniquement par le CD&V), toutes les structures et les réseaux qui tournent autour du PS (et comme pour le CD&V en Flandre, cela représente beaucoup) ont été mis en jeu dans un dernier rush avant les élections. Le PS n’a pas obtenu une punition comme la plupart des partis sociaux-démocrates. Il y a même eu un certain élément de «bonus de chancelier» comme pour le CDU en Allemagne ou le CD&V en Flandre. La peur d’un bain de sang social sous un possible gouvernement du MR a toutefois été l’élément dominant pour le score élevé du PS.

    Cela ne change en soi rien dans notre analyse de la bourgeoisification du PS. Il est clair que, de nouveau, beaucoup de gens n’ont pas voté pour ce parti par enthousiasme, mais seulement contre une alternative de droite face au PS. Les médias ont exprimé que le PS avait du soutien parmi la population mais surtout parmi une couche importante de la bourgeoisie elle-même qui reconnaît au PS le mérite de savoir imposer l’austérité à la base de la FGTB et qui craint l’attitude provocatrice du MR contre le mouvement ouvrier. Le PS a joué de façon habile sur cette bipolarisation durant les dernières semaines avec la déclaration de Di Rupo de refuser de gouverner avec le MR. De cette manière, il a clarifié que la seule manière de garantir que le MR reste en dehors du pouvoir était un vote PS. Une autre raison est qu’avec sa campagne «antilibérale», le PS a pu mettre au travail – pour une dernière fois? – tout son réseau de maisons du peuple, etc. La FGTB a joué un rôle dans ce processus avec sa campagne «le capitalisme nuit gravement à la santé». C’était clairement une campagne de soutien à la campagne «antilibérale» de Di Rupo. Cela montre l’importance de notre revendication de «cassez les liens» entre les syndicats et les partis traditionnels. Dans les dernières deux semaines de campagne, ce ne sont d’ailleurs pas seulement la FGTB et l’ABVV qui ont exprimé la nécessité que la social-démocratie soit dans le gouvernement, mais également la CSC/MOC et l’ACV/ACW.

    A Bruxelles, le PS tient une place raisonnable par rapport à la punition annoncée dans les sondages. Il perd quand même la première place au profit du MR. Le VLD devient, lui, le plus grand parti flamand à Bruxelles. La tradition libérale est très forte à Bruxelles. Le pouvoir y était, dans le passé, occupé alternativement par les libéraux et les socialistes. Les scandales du PS ont joué, mais aussi le fait que le MR de Bruxelles a, par son lien avec le FDF, un visage plus «social». D’autre part, le fait que la coalition Olivier sortante n’a pas eu de solution pour les grands problèmes de Bruxelles – un chômage et une pauvreté colossale – a très certainement joué un rôle dans ce résultat.

    La grande percée d’Ecolo ne peut, selon nous, pas être vue comme un «virage à gauche». Ecolo est, en effet, dans son programme et sa rhétorique clairement moins «à gauche» que le PS, certainement en ce qui concerne les thèmes sociaux-économiques classiques. Ecolo profite partiellement de l’acceptation grandissante que quelque chose doit être fait face à la crise environnementale, y compris parmi les cercles gouvernementaux et dans toute sorte d’institutions internationales. Cela rend le message des verts moins utopique et plus crédible. Mais Ecolo n’a pu faire ce score que parce qu’il a pu se profiler comme la seule «alternative sociale et pas de droite» au PS. Les différences régionales sont importantes aussi dans ce processus : les résultats d’Ecolo étaient les plus forts dans le «nouvel axe économique» Bruxelles-Namur-Luxembourg, régions dans lesquelles un tas de nouveaux emplois ont été créés essentiellement dans des entreprises de haute technologie. La population y est moyenne bien plus aisée que dans les bastions du PS, souvent de vieux bassins industriels.

    Il faut aussi remarquer que le nombre de votes pour les partis flamands dans la région de Bruxelles-Capitale a encore diminué. En 2004, il y en avait encore 62.516. Aujourd’hui, cela a diminué jusqu’à 51.811. Dans les médias, notamment sur la chaîne locale flamande-bruxelloise, ils parlent de la fuite de la ville. Mais la raison principale est selon nous le fait que les flamands de Bruxelles se sentent mal à l’aise avec la rhétorique flamingante dure de tous les partis flamands. Cet élément joue aussi dans la victoire du VLD à Bruxelles, un parti qui joue relativement peu sur l’élément communautaire. Le SP.a fait mieux qu’espéré à cause de cela, tout comme Groen.

    Perspectives pour les gouvernements

    Aujourd’hui, il est difficile d’opter avec certitude pour l’un ou l’autre scénario. Il y a maintenant, dans les coulisses, des négociations animées pour mettre en place le puzzle que la classe dirigeante a reçu de la population. Comme nous l’avons dit avant les élections, il est presque exclu qu’un des partis syndicaux (sociaux- et chrétiens-démocrates) tombe dans l’opposition. La nécessité d’un sévère plan d’austérité dans le budget de 2010 et 2011 au niveau fédéral, mais certainement aussi au niveau régional, oblige au maintien de cet axe dans le gouvernement. C’est important également pour réussir une réforme de l’Etat – qui sera surtout financière, avec un changement de la loi de financement qui permettra qu’une bonne part des assainissements puissent être délégués au niveau des régions et des communautés, même si la question plus symbolique de BHV doit aussi être réglée. Cette réforme est considérée comme nécessaire par tous les partis bourgeois pour sortir du blocage actuel et de l’impasse dans laquelle se trouve tout un tas de dossiers sociaux-économiques, mais il faut au moins aussi l’axe libéral. Néanmoins, avoir un partenaire fiable dans le MR au niveau fédéral n’est pas du tout évident si ce parti ne se retrouve dans aucun pouvoir régional.

    Si, en Flandre, une tripartite est mise sur pied, cela sera probablement sans la NVA. Il y a alors la possibilité que le SP.a entre aussi au gouvernement fédéral. Pour cela, il faut premièrement obtenir un score crédible dans les élections mais surtout être préparé et avoir la capacité d’appliquer le programme de la bourgeoisie. Les deux grands syndicats et l’ACW ont déjà dit qu’ils n’accepteraient pas une tripartite de droite (CD&V, VLD, NVA), mathématiquement possible. La nécessité d’assainissements lourds au niveau régional (notamment en transférant des compétences sans transférer de moyens supplémentaires, en diminuant le nombre de fonctionnaires régionaux, en démantelant des services publics, en augmentant les revenus des régions par toutes formes de TVA,…) semble exclure une telle coalition. Seule l’idée d’arriver dans l’opposition en Flandre a poussé certaines grosses têtes du VLD à dire qu’ils se retireraient alors aussi du gouvernement fédéral. Verhofstadt, qui, à cause du grave manque de personnel politique chez les libéraux flamands, doit à nouveau jouer le «numéro un», a déjà corrigé cela. Cependant, il est clair que la stabilité du gouvernement est menacée par la punition des libéraux partout dans le pays (sauf à Bruxelles, où la première position du MR est plus la conséquence d’une punition plus forte du PS que d’une victoire électorale remarquable de la droite).

    La tripartite classique en Flandre va donc le plus probablement survivre bien que les médias mettent maintenant aussi en avant «la grande coalition» : la tripartite classique, complétée de la NVA. De cette manière, le CD&V pourrait se couvrir sur son aile flamingante et tirer la NVA avec lui. Il mettrait ainsi sous pression de façon relativement plus subtile la Belgique francophone pour arriver à un compromis au lieu d’une guerre ouverte et constante, qui n’a rien donné ces dernières années. La faisabilité de ce scénario dépend totalement de la volonté de la NVA d’appliquer le programme de la bourgeoisie (belge): une réforme d’Etat afin que les régions soient responsables du démantèlement social. Pour cela, il va falloir laisser des os à ronger à la NVA, au minimum la scission de BHV sur base négociée (c’est-à-dire avec des concessions aux francophones dans la périphérie).

    Une telle “grande coalition” serait difficilement gérable mais offre en même temps l’avantage que la chute du gouvernement fédéral devient presque impossible. Cela offre au CD&V un énorme avantage face à ses plus petits partenaires : chacun d’eux peut sortir sans que le gouvernement perde sa majorité. Que tous les partenaires soient préparés à y entrer n’est absolument pas certain, mais les avantages du pouvoir sont attractifs, également pour la NVA et certainement pour le SP.a et le VLD qui s’y sont déjà bien habitués.

    Tout compte fait, la formation d’un gouvernement régional en Belgique francophone semble plus difficile. Bien qu’une coalition avec seulement deux partis soit mathématiquement possible (ce qui est totalement exclu en Flandre par l’effritement de tous les partis traditionnels au profit des partis moyens-grands, le CD&V étant le plus grand parti avec 22%), l’éparpillement y est aussi présent mais dans un stade moins avancé. En Wallonie, le marché politique se compose aujourd’hui d’un axe fondamental, le PS, à côté duquel il y a trois partis moyens-grands dont un a voulu lancer défi au PS et le pousser de son trône, mais a échoué. Toutes les petits listes – également celles qui jouaient entièrement sur la question nationale comme des listes régionalistes en Wallonie ou Pro-Bruxsel à Bruxelles – ont fait des scores négligeables et le FN a été totalement écarté de la carte. Mais la percée d’Ecolo montre que le processus d’éparpillement a clairement bien commencé – en Flandre aussi, la montée d’Agalev (l’ancien Groen, après la Volksunie qui a précédé le Vlaams Blok) a été un des premiers signes de l’éparpillement du soutien pour les partis traditionnels.

    La formation des gouvernements à Bruxelles et en Wallonie n’est pas difficile à cause des niveaux régionaux mêmes – Ecolo et CDH, qui font maintenant une tentative de lier leur sort et leurs revendications pour être plus forts dans leurs négociations avec aussi bien le PS que le MR, se sont déclarés en faveur de formules symétriques dans toute la Belgique francophone. Mathématiquement, cela est possible avec une coalition Olivier mais également avec une coalition jamaïcaine. Mais l’entrée du MR dans le gouvernement wallon semble cependant totalement exclu. Derrière les écrans, on cherche sans doute désespérément une possibilité de lier quand même le MR, mais cela semble très difficile. Théoriquement, il serait excellent pour la bourgeoisie qu’Ecolo et le CDH se déclare d’accord de gouverner à Bruxelles avec le MR et en Wallonie et dans la Communauté francophone avec le PS. On va voir si ce scénario est possible, mais cela ne semble pas, à première vue, vraiment probable.

    Si ce sont des coalitions Oliviers sur tous les niveaux (et donc pour un développement où le «centre-gauche» va prendre toute la responsabilité du recul social en Belgique francophone, avec plus tard une punition des électeurs), la question de garantir la stabilité du gouvernement fédéral se pose. Le MR n’a pas déclaré qu’il quitterait le gouvernement fédéral s’il ne peut pas arriver au pouvoir au niveau régional – aujourd’hui aucun parti ne veut être vu comme le responsable de l’instabilité fédérale – mais il est évident que la coopération devient dès lors très difficile et que le menace que le MR s’en aille à un moment qui lui va bien serait fortement présente.

    Écarter les libéraux de tous les niveaux de pouvoir a comme seul avantage le fait qu’un des grands partis traditionnels peut potentiellement se renforcer dans l’opposition. Les désavantages à court terme semblent néanmoins plus grands. En réalité, la nécessité d’une réforme financière de l’Etat comme méthode d’assainissement fait que la disparition d’un des axes fait revenir le spectre du «malgoverno» de la fin des années ’70 – début des années ’80, avec des gouvernements qui tombent tout le temps alors que la bourgeoisie essaie de s’adapter à une nouvelle situation économique et cherche une nouvelle stratégie pour pouvoir imposer son programme. Cette période d’adaptation nécessaire mène à des divisions dans les forces bourgeoises elle-même par rapport à la stratégie à suivre. L’instabilité politique est alors inévitable, mais cela peut alors être l’occasion pour la population, qui a peur des conséquences de la crise, d’attaquer toute la caste politique.

    Nous allons probablement vers une période de formation de gouvernements régionaux un peu plus longue que d’habitude. En Flandre, il n’y a que deux coalitions qui sont mathématiquement possible: la tripartite classique ou une «grande coalition» avec la NVA (comme partenaire non-nécessaire et donc faible). En Belgique francophone, Ecolo va très probablement être présent au pouvoir à tous les niveaux, ce qui amène le risque de brûler rapidement leur soutien (cfr son passage précédent au gouvernement). Il va recevoir un tas de petites concessions sur le plan de l’économie durable, ce marché devenant potentiellement très rentable; des assainissements et l’augmentation de moyens pour l’Etat vont recevoir une couleur verte; sur la question du droit d’asile, les libéraux vont faire les difficiles après leur forte défaite, mais l’élaboration des nouveaux critères plus clairs pour les régularisations semble difficilement évitable à plus long terme,… Mais Ecolo va aussi devoir avaler des concessions dont la plus grande pour elle va être l’ajournement de la fermeture des centrales nucléaires. Peut-être que cela ne va pas se passer explicitement: les dates actuelles de fermetures peuvent être utilisées par le gouvernement belge pour avoir encore une carte en main contre Suez français. Mais en réalité, la dépendance énergétique de la Belgique et l’impossibilité en temps de crise (et donc un Etat avec des moyens limités) de construire un secteur assez fort pour les énergies alternatives vont conduire à l’ajournement de la fermeture.

    En Flandre, notre parti va devoir offrir une réponse aux thèses selon lesquelles la Flandre a voté “à droite et flamand”. La disparition des contradictions de classes sur la scène politique fait qu’il n’y a, en Flandre – par son développement historique spécifique – aucun parti qui n’est pas de droite et flamingant. La rhétorique plus modérée de la NVA, maintenant que la participation gouvernementale est en vue, ne diffère pas fondamentalement de la pratique dans laquelle tous les partis traditionnels flamands ont été impliqués dans la dernière période: utiliser de façon maximale ses propres compétences (comme par exemple une allocation familiale supplémentaire du gouvernement flamand, partie intégrante de l’idée d’une assurance de soins flamande), utiliser la dominance flamande comme un instrument dans les conflits d’intérêts pour forcer l’Etat fédéral ou encore l’imposition de conditions linguistiques, etc. Vandenbroucke (Spa), après les élections, a déclaré à propos de Bart De Wever que c’était comme s’il «s’entendait parler lui-même». La NVA va devoir se plier à moins de violences verbales et à un flamingantisme très modéré pour gagner sa place dans le gouvernement et la garder. Un scénario-Egmont reste alors une menace constante. Mais le parti peut aussi se retirer sans être vu comme le responsable de l’instabilité, comme le gouvernement flamand n’a pas mathématiquement besoin de la NVA.

    En Wallonie et ç Bruxelles, si l’Olivier devient partout la réalité, notre parti va certainement devoir offrir une réponse sur le caractère soi-disant “de gauche” des gouvernements. Nous allons devoir avertir que les résultats d’une tentative de gestion d’un capitalisme en crise sont qu’il est impossible de défendre les intérêts de la classe ouvrière. Nous devons dénoncer le rôle du PS comme la formation la plus importante pour la bourgeoisie – et le fait qu’elle utilise cyniquement les votes de la classe ouvrière. Nous devons aussi dénoncer Ecolo, formation petite-bourgeoise qui, avec sa soif de pouvoir, est une fausse alternative, et – comme en Flandre – mener la propagande autour de l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. La seule chose que l’on peut attendre des «coalitions de gauche» est une détérioration emballée, masquée et accompagnée des conditions de vie et de travail de la majorité de la population.

    Partout, nous devons montrer l’éparpillement causé par la détérioration économique qui se développe depuis déjà le début de la dépression de ’74. Tous les partis traditionnels ont perdu une grande partie de leur crédibilité dans ce processus. La crise actuelle de l’économie mondiale a aussi mis en question le néolibéralisme comme stratégie pour la bourgeoisie ce qui cause une division dans les forces bourgeoises. Mais l’éparpillement à gauche a surtout comme base la bourgeoisification de la social-démocratie. La construction d’un vrai parti de gauche, qui défend bec et ongles les intérêts du mouvement ouvrier est la seule solution permanente face à cet éparpillement. Le discrédit ultérieur de chaque parti impliqué dans le pouvoir, combiné au développement des licenciements massifs, des faillites, du chômage structurel massif etc – et au fait que les dirigeants politiques ne savent rien y changer – vont préparer le chemin pour la pénétration de l’idée de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs dans des couches encore plus larges de la population.

  • Différents processus se croisent

    Différents processus se croisent

    Pour le moment, la crise économique continue à s’approfondir, bien que certains commentateurs (de la FEB entre autres) mettent actuellement en avant, de façon prudente, l’idée que le «fond» de la crise serait atteint pendant ou après cet été. Ils ajoutent néanmoins de suite qu’il n’y aura pas d’amélioration rapide du marché du travail et que le chômage va continuer à grimper. La Banque Nationale s’attend à la suppression de 140.000 emplois entre fin 2008 et fin 2010. Combiné à la croissance prévue de la population active de 60.000 personnes (avec notamment deux années de jeunes quittant l’enseignement), cela signifie 200.000 chômeurs en plus. La FEB suit également cette analyse car elle ne s’attend pas une montée rapide du niveau d’investissement. De plus, aucun des optimistes n’attend de relance rapide de l’économie, mais seulement une sortie du rouge.

    1e partie du texte d’évaluation du Comité National du PSL/LSP

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    Reste du texte:

    • Flandre: A droite toute?
    • Wallonie et Bruxelles: percée d’Ecolo, mais le PS se maintient
    • Perspectives pour les gouvernements
    • Texte intégral en version PDF
    • [/box]

      Chaque mois arrive un nombre record de faillites. La petite bourgeoisie, mais aussi toute une série de PME’s – qui travaillent surtout comme sous-traitants pour des multinationales et d’autres grandes entreprises – sont fortement touchées par la crise. Le nombre de pertes d’emplois continue à monter et l’angoisse est profonde pour l’avenir d’entreprises comme Opel à Anvers. Quand on regarde les conséquences sur la région qu’a eu la fermeture de Boelwerf à Tamise (1994), conséquences qui perdurent encore aujourd’hui, nous savons déjà quels drames sont provoqués par ce type de fermetures. La direction syndicale ne met aucune stratégie en avant, aucun plan, pour éviter ce à quoi la plupart des travailleurs s’attendent maintenant: des licenciements massifs, une montée du chômage et de la pauvreté,… en d’autres termes; un appauvrissement collectif alors que l’austérité d’Etat supprime encore plus de services et d’interventions sociales.

      La presse bourgeoise parle déjà depuis des mois de l’impasse dans laquelle se trouvent les partis sociaux-démocrates en Europe. «Ils devraient toutefois pouvoir profiter de la crise», ont dit les journalistes dans leur pensée mécanique, quelques uns ont même dit que comme cela ne se produisait pas, c’était la preuve de la faillite de Marx (entre autre Frank Vandenbroucke!) Les marxistes ont toutefois une vision plus développée à ce sujet. Ils apprennent de l’histoire que les crises peuvent aussi avoir un effet paralysant sur la classe ouvrière et qu’il est possible que les travailleurs se réactive massivement seulement aux premiers signes de relance économique. Aujourd’hui, le mot paralysie est une expression trop forte, mais il y a néanmoins un élément de cela renforcé par la démotivation consciemment organisée par la direction syndicale.

      Mais les grandes claques reçues par la social-démocratie dans différents pays européens dans ces élections n’ont, en soi, rien à voir avec cela. Ces claques sont arrivées dans les pays où les partis sociaux-démocrates bourgeoisifiés ont été les architectes d’un grand nombre d’attaques contre le mouvement ouvrier au cours des dix dernières années. Le fait de gérer le capitalisme, dans une période de détérioration systématique des conditions de vie de la classe ouvrière depuis le début de la période de dépression en 1974, a de plus en plus vidé ces partis. Le Labour en Grande-Bretagne, le SPD en Allemagne, le PvdA aux Pays-Bas,… sont, tout comme le SP.a en Flandre, sanctionnés pour leur politique. Il reste à peine de quoi se souvenir encore des partis ouvriers qu’ils ont été jadis. Certains partis sociaux-démocrates échappent à une telle punition brutale dont le PSOE en Espagne et le PS en Belgique francophone.

      Dans un certain nombre de pays, la crise s’exprime dans un vote de protestation élevé, le plus souvent sous la forme de votes pour des formations populistes de droite, plus ou moins euro-sceptiques, comme l’expriment la montée de Wilders aux Pays-Bas ou celle de l’UKIP en Grande-Bretagne. Ces formations récoltent un pourcentage de voix plus important que la social-démocratie. Là où ils l’ont pu, ces populistes ont utilisé le large mécontentement qui existe contre l’Europe. Cela n’est en soi pas un nouveau phénomène: depuis le milieu des années ’80 déjà, nous observons la montée de partis (souvent néo-fascistes) qui se servent du populisme et qui se construisent sur le mécontentement social en se basant sur la dégradation générale du standard de vie et des conditions de travail – notamment des salaires, de la pression au travail,… – qui se poursuit systématiquement, y compris en période de croissance économique.

      Aujourd’hui, la palette des partis populistes est plus variée qu’il y a vingt ans. Ce sont toutes des formations petite-bourgeoises qui vivent du vide créé par la disparition des partis ouvriers en tant qu’organisations ouvrières. Le manque de luttes collectives qui stimulent la conscience de classe et qui peuvent offrir de véritables perspectives conduit à la recherche de solutions individuelles ainsi qu’à des éléments de division qui semblent d’autant plus importants que la division de la société en classes a disparu de la scène politique. Dans certains pays, les partis d’extrême-droite et néofascistes ont eu à faire face à une perte de voix comme en Flandre (le FN en France n’est également plus que l’ombre de ce qu’il a été à son sommet). Le Vlaams Belang a perdu des votes car les populistes plus «modérés» ont commencé à viser son électorat. Ces formations n’ont pas l’étiquette du fascisme et d’un racisme «indécent» et ont, à première vue, plus de chance d’être un jour réellement présentes au pouvoir. Pour la même raison, il a perdu une partie de ses votes flamingants au profit de la NVA.

      Mais cela ne doit pas nous tromper. Il est probable que le Vlaams Belang ne chute pas plus profondément. Des trois partis de la petite-bourgeoisie de droite, le Vlaams Belang est celui qui a les structures les plus fortes, le cadre le plus grand et l’implantation la plus large. Des partis comme la LDD, qui dépendent d’un dirigeant charismatique, peuvent disparaître aussi rapidement qu’ils sont arrivés comme la LPF l’a démontré aux Pays-Bas (mais la base sous-jacente à leur montée peut conduire ensuite à ce que de nouveaux phénomènes semblables arrivent). Et des partis flamingants comme la NVA ont dans le passé souvent été mis hors jeu suite à leur participation au pouvoir, quand ils se brulent les ailes avec des compromis.

      Une autre tendance importante de ces élections européennes est la victoire de partis conservateurs de centre-droit ou de droite qui sont, avec plus ou moins d’écart, redevenus les plus grands: les Tories en Grande-Bretagne, le CDU/CSU en Allemagne, l’UMP en France, le PP en Espagne, Berlusconi en Italie, le CD&V en Flandre. L’insécurité créée par la crise peut mener à la polarisation et à l’éparpillement politique (cela se développe presque partout) mais peut également pousser certaines couches de la population (y compris dans une partie de la classe ouvrière) à un désir de stabilité, de vieilles recettes, de politiciens de qui «émane la confiance». Il y a une peur des «aventures» qui se développe maintenant que les choses ne vont pas bien. Ce n’est qu’une phase, vu que ces partis n’ont pas de réponse à offrir face à la crise si ce n’est, au mieux, un accompagnement de la dégradation sociale. Mais la profondeur de la crise a comme conséquence de limiter les moyens pour un tel «accompagnement». Une fois que cela se clarifiera aux yeux de larges couches, le centre politique recommencera à se déplacer.

      Cette tendance a sans doute aussi fait des dégâts parmi les formations et les listes de gauche dans différents pays. Aussi bien en Allemagne qu’aux Pays-Bas, Die Linke et le SP ont fait des scores en-dessous des attentes. En nombre de voix, le SP se fait même dépasser par la formation de «gauche modérée» Groen-Links. En France, la percée attendue du NPA ne s’est pas produite, le NPA obtenant moins de votes que le Front de Gauche (autour le PC) et aucun élu. En Italie, où les dernières élections nationales ont mis fin à la présence conséquente de la gauche radicale au parlement depuis la Deuxième Guerre Mondiale, il n’y a cette fois-ci non plus pas eu d’élu pour la gauche radicale au Parlement Européen. A côté de cet élément objectif, il y a aussi dans ce processus des éléments subjectifs forts sur lesquels on ne peut pas s’étendre dans ce texte. L’élection de Joe Higgins en République Irlandaise – frappée par le développement rapide d’une crise économique profonde après une longue période de croissance élevée – montre qu’un parti de lutte réellement impliqué dans la directions de luttes et de mouvement de la classe ouvrière, armé d’un programme correct et socialiste conséquent, avec des revendications et des campagnes qui rejoignent la conscience et qui met une perspective en avant,… peut obtenir des victoires dans une période de crise.

  • “Stand alone” pour Opel Anvers: Nationaliser pour sauver les emplois!

    Vic Heylen, généralement reconnu comme un brillant analyste automobile, a balayé de la table lundi soir les propositions concernant l’usine d’Opel Anvers, à la fois de la part du gouvernement flamand et des syndicats. Selon lui, l’usine d’Anvers est en soi performante, mais évolue au sein d’une «structure néfaste», celle de GM-Europe, qui est à l’agonie. Si le site était une entité distincte, affirme Heylen, il aurait un brillant avenir.

    Heylen prétend que la proposition du gouvernement flamand visant à acheter l’usine d’Anvers et à la relouer à GM, n’est rien de plus qu’un slogan électoral. "GM a déjà laisé entendre qu’ils veulent même donner l’usine gratuitement pour autant que l’on reprenne avec les 3.000 travailleurs et tout le passif social qu’ils représentent. L’essentiel est qu’aucune construction ne peut garantir que les gens puissent continuer à travailler" affirme-t-il. Au lieu de cela, Heylen plaide pour que le gouvernement achète l’entreprise pour offrir des services d’assemblage à tous les constructeurs automobiles qui vendent des voitures sur le marché européen. En bref, que le gouvernement nationalise l’usine et offre lui-même des services d’assemblage. "Mais", ajoute-t-il, "ils n’osent pas." Toutefois, dans quelques années, il y aura peut être des propositions plus intéressantes de la part de quelques acteurs asiatiques, poursuit Heylen. Le Parti Socialiste de Lutte n’est pas d’accord avec Heylen sur ce qu’il voudrait faire d’Opel après un rachat par le gouvernement. Nous sommes en faveur d’une nationalisation du site, et de sa réaffectation vers un plan de mobilité public et innovant (voir ici), et non pas nationaliser aujourd’hui pour revendre plus tard à d’autres parasites capitalistes. Mais nous avons toujours eu des problèmes avec cette structure européenne.

    Dès le départ, il était clair qu’une reprise de GM-Europe n’offrait pas une solution face à la crise de surproduction, et entraînerait un massacre social. Tant le Canado-Autrichien Magna-Steyr que Fiat préparent une telle destruction d’emploi. Dans les deux cas, au moins 10.000 emplois devaient disparaître. Aucun gouvernement, ni même, malheureusement, aucun syndicat n’a osé remettre cette option en question.

    Il était supposé que la seule possibilité de survie pour Opel-Anvers était un rachat, et de préférence au niveau européen. Pour attirer un repreneur, il y a eu des garanties d’Etat, des crédits supplémentaires, et dans le cas du gouvernement flamand, également une opération sale-and-lease-back (le gouvernement achète l’usine que d’autres louent ensuite). Sur cette base, ils espèrent attirer les acheteurs potentiels pour éviter à tout prix une fermeture pure et simple du site. La filière européenne n’était pas remise en question, tout comme l’appât avec lequel le gouvernement flamand voulait attirer les acheteurs. Seul Dedecker a exprimé des réserves, mais pas dans une optique que l’entreprise soit prise en charge par la collectivité ; dans le but de fermer immédiatement l’ensemble du site. Ainsi va le sens commun. Du côté syndical, on s’est complètement enfermé dans la logique de l’attrait pour le "meilleur acheteur possible" pour la branche européenne de GM. C’est le cas par exemple de ce syndicaliste Rudi Kennes, Vice-président du comité d’entreprise européen, qui, même s’il porte la casquette de "gauchiste" du Spa.Rood (un groupe plus à gauche au sein du SP.a), se profile lui-même comme un fervent partisan d’une acquisition par Magna. Selon lui et son collègue allemand Klaus Franz de IG-Metall, également président du CE européen, cette option offrait de meilleures garanties sur l’emploi que Fiat.

    Le fait que Magna veut supprimer 11.000 des 55.000 emplois de GM en Europe, un sur cinq donc, met les syndicats dans l’embarras. Via des pressions à l’encontre des différents gouvernements, ils tentent de déplacer le bain de sang social le plus possible vers d’autres régions. Ce n’est pas un hasard si les syndicats belges ont félicité la minutie avec laquelle le gouvernement flamand pour leur soutien, mais ce soutien n’a aidé en rien. Avec une ligne de crédit d’une valeur de 1,5 milliards d’euros, la moitié est supportée par le gouvernement fédéral, et l’autre moitié par les quatre Lander qui disposent d’usines Opel, et une garantie d’État de 4,5 milliards d’euros, le gouvernement allemand a procédé à un accord de principe. Magna prendrait une participation de 20%, son partenaire russe Sberbank de 35%. GM détiendrait quant à lui un solide pied-à-terre avec 35%, et les employés contribueraient à hauteur de 10%.

    Mais par-dessus tout, des 11.000 emplois qui seraient supprimés, 2.500 seulement le seraient dans les entreprises allemandes, c’est-à-dire un emploi sur 10. Ailleurs en Europe au moins un emploi sur 4 disparaîtrait, un total d’environ 8500. De plus, l’accord de principe stipule que le russe GAZ, qui produit encore la Volga, mais bientôt aussi les Opel, serait intégré comme partenaire industriel. En Europe de l’Est et en Russie, les travailleurs de ne doivent pas s’effrayer, car Magna va produire de manière substancielle et l’emploi sera prolongé. Les licenciements seront tous supportés par les quelques 20.000 travailleurs en Espagne, en Grande-Bretagne, en Belgique, en Suède et en France.

    Kennes a compris le message. Dans un premier temps, il avait plaidé pour que le Zafira soit produite en Belgique parce que "nous sommes 18% moins cher qu’à Bochum", maintenant, il veut que la Meriva, qui est produite en Espagne, soit localisée à Anvers. Ca ne peut pas fonctionner, on ne sauve pas des emplois par la concurrence entre les travailleurs, mais par l’organisation de la lutte et de la solidarité.

    Klaus Franz d’IG-Metall, président du conseil chez Opel et fervent partisan de Magna, a déclaré, à la suite de l’accord de principe, que "les intérêts de tous les travailleurs ont été défendus". "Des méga fusions, dans un marché déjà saturé, ne peuvent pas fonctionner" sont ses arguments. Klaus Kranz n’a jamais proposé qu’Opel devienne un constructeur public qui se concentre sur des investissements inovateurs et écologiques. Combien de temps va encore durer cette compétition, exigeant chaque fois de nouvelles victimes dans une situation de surcapacité? Magna ne va-t-il pas, tout autant que Fiat, pousser dans cette voie? Le Parti Socialiste de Lutte est très sceptique quant à l’attitude des syndicats qui se montrent enthousiastes face à la logique de concurrence.

    Les syndicats ont également appelé le gouvernement flamand pour protester auprès de la Commission européenne contre le protectionnisme allemand. Sans beaucoup de succès, d’ailleurs, parce que dans les faits, le gouvernement flamand avec son offre de 300 millions d’euros de prêt et de 200 millions d’euros pour une opération sale-and-lease-back, ne fait rien de différent de ce que fait son homologue allemand.

    Des excellences libérales telles que Ceyssens et Van Quickenborne parlent de "critères objectifs". Cela ne signifie pas le bien-être des travailleurs ou le maintien d’un maximum d’emplois, mais la rentabilité! Les syndicats se font entraîner dans une position renégate, dans laquelle ils ne peuvent gagner.

    L’Europe n’est pas là pour sauver des emplois, mais pour transférer la richesse des pauvres vers les riches. Combien de fois n’a-t-on pas fait appel à l’Europe pour nous faire abandonner nos acquis? Combien de fois ne nous a-t-on pas dit qu’il n’y avait pas besoin de lutter, car nos exigences ne peuvent être atteintes que dans une Europe “sociale”? Serait-il de bon ton qu’une Europe sociale nationalise “Opel-Europe”? Bien sûr, mais alors est-il encore temps d’attendre avant de procéder à la nationalisation de l’entreprise, qui pourrait servir d’exemple sur la voie à utiliser pour réaliser une autre politique en matière de mobilité ?

  • Le Parti Socialiste de Lutte au 1er mai

    Les militants du PSL ont saisi l’occasion du premier mai pour diffuser leur programme clairement socialiste. Chez nous, pas de slogans creux. Il est absolument nécessaire d’apporter des réponses claires face à la crise du capitalisme. C’est pourquoi notre campagne électorale a comme points centraux des revendications comme les nationalisations pour sauver les emplois, les 32 heures de travail par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, l’arrêt de la commercialisation du secteur des soins de santé, plus de moyens publics pour l’enseignement,… Ces slogans composent notre affiche électorale ainsi que la première page de notre mensuel de mai.

    La veille du 1er mai, nous avons organisé des réunions locales dans certaines grandes villes. Mardi soir, à Liège, un meeting de la liste commune pour les européennes LCR-PSL a pu compter sur une participation de plus de 70 personnes. Mercredi soir, à Anvers, 40 personnes ont assisté au meeting de nos camarades. La veille du premier mai au soir, à Gand, 75 personnes s’étaient déplacées, et 40 à Alost. A la soirée de Gand, un appel au soutien financier de notre parti a rapporté 500 euros!

    Le 1er mai, des militants du PSL étaient présent à Bruxelles, Liège, Verviers, Charleroi, La Louvière, Mons, Oostende, Brugge, Courtrai, Alost, Gand, Dendermonde, Sint-Niklaas, Anvers, malines, Mol, Louvain, Diest, Tienen et Diepenbeek. A Bruxelles, nous avons participé à une action combative des sans-papiers dans laquelle certains membres du PSL ont joué un rôle central.

    Nous avons eu un bon écho pour les idées pour lesquelles nous luttons. Le résultat provisoire de la vente de notre mensuel est de 744 exemplaires, plus que les années précédentes (700 en 2008, 650 en 2007 et 600 et 2006). La vente s’est particulièrement bien passée à Bruxelles (170) et à Liège (90), comme l’an dernier. A Liège, nous avons aussi récolté 650 euros de fonds de lutte, et la vente de nos livres et brochures a rapporté 88 euros. Notre stand était juste à côté de celui de la LCR avec laquelle nous nous présentons pour les élections européennes (liste n°24 LCR-PSL). A Verviers, 20 Alternative Socialiste ont été vendus. À Bruxelles, notre stand était au côté de ceux de la LCR, du Parti Communiste et du Parti Humaniste, organisations avec lesquelles nous présentons une liste commune pour les élections régionales à Bruxelles (liste PC-PSL-LCR-PH). Le PSL a joué un rôle clé pour lancer cette liste unitaire. Dans le Hainaut, 43 exemplaires de l’Alternative Socialiste ont été vendus.

    Traditionnellement, c’est en Flandre Orientale que nous vendons le plus grand nombre de journaux. Il n’en a pas été autrement cette année avec 191 exemplaires vendus à Gand (75), Alost (61), Sint-Niklaas (40) et Dendermonde (15). En Flandre occidentale, nous avons vendus 118 exemplaires de notre journal avec les ventes à Bruges (50), Ostende (36) et Courtrai (32). A Anvers, des militants étaient présents à Anvers, Malines, Sint-Niklaas et Dendermonde. Ces militants ont vendu ensemble presque 110 exemplaires de notre mensuel (contre 68 l’an dernier). À Anvers nous avons récolté 150 euros de fonds de lutte, notamment en vendant des boissons durant la manifestation. Comme chaque année, notre intervention a été plus difficile dans le Brabant Flamand et au Limbourg, où 35 exemplaires de l’Alternative Socialiste ont été vendus.

    Le PSL a partout été bien visible et a accentué les traditions de lutte et de solidarité du 1er mai. Pour nous, le 1er mai n’est pas la journée où l’on peut entendre les « socialistes » officiel faire un discours plus musclé alors que le jour d’après ils continuent à appliquer une politique néolibérale. Nous considérons le 1er mai comme un jour de lutte pour les travailleurs, une journée de lutte vers une alternative socialiste à la société capitaliste: une société dans laquelle les besoins de la majorité de la population sont centraux et non les bénéfices d’une petite minorité de parasites. Vous aussi, rejoignez la notre lutte, rejoignez le PSL et son internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière, pour développer une alternative socialiste au niveau mondial!


    • Voeux de mai du CIO
    • Le Premier Mai, fête des travailleurs – Plus que jamais un jour de lutte! Histoire du premier mai
    • Texte de Rosa Luxembourg sur les origines du premier mai
    • Le socialisme comme alternative à l’ordre du jour Editorial de l’édition de mai 2009 de l’Alternative Socialiste

    Interventions du PSL le 1er mai 2009

    • Reportage-photos de Bruxelles
    • Reportage-photos de Liège
    • Reportage-photos d’Anvers
    • Reportage-photos de Mons
    • Reportage-photos de Charleroi
    • Veille de Premier Mai à Gand
    • Veille de Premier Mai à Alost
  • Plus de moyens publics pour l’enseignement !

    Non à la commercialisation croissante ! –Non aux coupes budgétaires !

    L’enseignement est de nos jours un des secteurs les plus importants du pays. Quelque 300.000 personnes y travaillent et ses budgets s’élèvent à quelque 15 milliards d’euros par an. La crise économique fait de ce secteur une proie très attrayante pour les entreprises à la recherche d’un endroit sûr pour investir leurs profits. Pour la même raison, on doit s’attendre après les élections à une série d’attaques et de coupes budgétaires, notamment contre l’enseignement. Nous voulons mettre en avant notre alternative et, dans ce dossier, aborder le pourquoi et le comment de notre programme sur l’enseignement.

    Par Tim (Gand)

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    Coupes d’austérité en pratique : le crédit-études

    Depuis cette année académique, le crédit-études a été introduit en sourdine dans l’enseignement supérieur flamand (soyons vigilants du côté francophone!). Il s’agit d’une mesure qui vise à limiter de façon drastique les possibilités d’études. Le ministre Vandenbroecke présente cela comme une mesure sociale afin d’empêcher le gaspillage. La réalité est toute autre. Nous en avons parlé avec quelques étudiants de l’Université de Gand qui s’opposent au crédit-études.

    « Le crédit–études a été introduit dans le cadre de la libéralisation de l’enseignement supérieur et du décret de financement de Vandenbroecke. Chaque étudiant reçoit 140 points au début de ses études, en plus d’un bonus de soixante points pour un débutant. Au début de l’année, on déduit soixante points, que l’on reçoit à nouveau à la fin de celle-ci, mais seulement si on passe l’année en première session. Différents autres mécanismes sont prévus pour retirer des points.

    Sans points d’études, soit l’institution peut refuser l’étudiant, soit l’obliger à payer deux fois les frais d’inscription. Les universités de Gand et de Louvain ont déjà déclaré vouloir rigoureusement appliquer cette politique. Les universités et les hautes écoles ne recevront plus de financement pour les étudiants qui n’auront plus de points d’études.

    Cette mesure est surtout un désastre pour les étudiants qui travaillent et pour ceux issus d’un milieu social plus faible et qui ont plus de difficultés à réussir dans l’enseignement supérieur. Il n’existe aucune compensation ou situation d’exception pour ces étudiants. En outre, cette mesure ouvre la possibilité d’augmenter de façon masquée les frais d’inscription. Il ne s’agit donc pas du tout d’une mesure sociale, mais d’un coup d’austérité sur le dos des étudiants, qui limite l’accès à l’enseignement supérieur surtout pour les plus faibles dans la société. Pour un étudiant qui a des parents nantis, ce n’est pas un problème de payer deux fois les frais d’inscription. »

    Rendre l’enseignement accessible à tous

    Aller à l’école, ça coûte de l’argent. L’ « enseignement gratuit » qui « offre sa chance à chacun » dont ont tant parlé les différents ministres de l’enseignement est un rêve à mille lieux de la réalité. Aujourd’hui, une famille de salariés modestes est quasiment incapable d’assurer des études supérieures à plusieurs enfants. Le système des bourses d’étude n’est pas adapté pour remédier pleinement à pareille situation.

    La Fédérations des Etudiants francophones (FEF) a calculé l’an dernier qu’un étudiant en Belgique francophone dépense en moyenne entre 7.000 et 12.000 euros chaque année pour ses études alors qu’une bourse est de 3.500 euros au maximum. En Flandre, le nombre d’étudiants boursiers a chuté de 25 à 15% de la population étudiante entre 1989 et 2004, et ce n’est pas parce que ceux qui en ont besoin sont moins nombreux…

    Résultat : plus de 80% des jeunes doivent travailler pour pouvoir payer leurs études, ce qui peut prendre des formes extrêmes. En Belgique, il existe peu de chiffres sur les étudiantes qui se prostituent pour pouvoir payer leurs études mais, aux Pays-Bas, la situation est telle que l’arrivée massive des étudiantes dans les bureaux d’escort-girls a provoqué une baisse des prix. Beaucoup de filles ne gagnent plus que 9 euros de l’heure en vendant leur corps ! Selon des données récentes, quelque 400 étudiantes ‘travaillent’ dans la prostitution à Anvers et 200 à Gand. En France, on estime à quelque 40.000 les étudiant(e)s qui se prostituent plus ou moins occasionnellement, soit 1 étudiant(e) sur 50. Ce sont bien entendu des cas extrêmes, mais une grande partie des étudiants sont confrontés aujourd’hui à la combinaison d’études trop chères et d’un emploi précaire mal payé.

    Les choses ne sont pas meilleures dans l’enseignement obligatoire : septembre est un mois de lourdes dépenses pour de nombreux parents. Malgré les promesses et les demi-mesures, envoyer un enfant à l’école demeure financièrement pénible. En moyenne, dans notre pays, l’éducation d’un enfant coûte entre 250 et 400 euros par mois, dépenses qui sont loin d’être couvertes par les allocations familiales et autres. C’est aussi la raison pour laquelle de nombreuses mères célibataires flirtent avec le seuil de pauvreté et sont contraintes de repousser des dépenses fondamentales (les coûts médicaux par exemple). Elles ont aussi souvent moins d’argent pour offrir à leurs enfants une éducation décente.

    EGA/ALS : des étudiants combatifs pour un enseignement accessible à tous !

    Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du PSL, est présent dans toutes les universités du pays et dans quelques Hautes Ecoles (sous le nom d’Actief Linkse Studenten en Flandre). Nos camarades étudiants militent pour la gratuité des études, soutiennent les luttes des travailleurs, et en particulier celles du secteur enseignant, ou encore celles des sans-papiers qui occupent des locaux dans certaines universités ; ils organisent aussi des conférences et des formations marxistes.

    Aujourd’hui, en Belgique, les frais d’inscription pour l’enseignement supérieur restent encore relativement bas par rapport aux pays avoisinants. C’est pour cela que beaucoup d’étudiants allemands, hollandais et français viennent en Belgique afin de pouvoir encore jouir d’un enseignement à prix abordable. Cependant, avec la crise économique, il est prévisible que tant la Communauté flamande que la Communauté française voudront augmenter les frais d’inscription après les élections. Nous mobiliserons parmi les étudiants pour stopper ces mesures, mais nous ne nous croisons pas les bras en attendant. Nous participons ainsi à la campagne Respact qui vise à réduire le coût des études (voir la dernière page de ce journal).

    Autre exemple ; nous avons pour la cinquième fois participé aux élections du Conseil étudiant de la VUB afin de populariser nos arguments parmi les étudiants, avec succès. Ces dernières années, nos représentants au Conseil ont, avec les militants syndicaux de la CGSP, ont été à l’initiative des mobilisations contre le décret de financement de Vandenbroecke, la réduction des dotations à la VUB, etc.

    Mais étudier coûte bien plus cher que le seul paiement des frais d’inscription. Dans toutes les universités et les hautes écoles, on assiste à une augmentation continuelle des frais des kots, des repas, de l’infrastructure sportive, des services médicaux,…

    EGA/ALS participe partout aux luttes contre ces mesures et s’oppose au comportement des directions qui ne font que transférer les coupes d’austérité du gouvernement sur le dos des étudiants au lieu de rejoindre activement la mobilisation contre ce gouvernement.

    Le PSL/LSP est en faveur de mesures comme l’introduction d’un salaire étudiant. Certains opposants au salaire étudiant rétorquent que cela bénéficierait aussi aux familles riches, mais dans un système où celles-ci ne représentent qu’une couche très réduite de la population, c’est une mesure générale comme la sécurité sociale ou un salaire étudiant qui protège le mieux possible les familles en difficultés financières. Nous sommes également pour d’autres mesures générales comme des transports en commun gratuits pour tous, un système de soins de santé national gratuit et des investissements massifs pour développer des logements sociaux à prix abordable – au bénéfice tant des étudiants que du reste de la population – afin que ces coûts ne soient pas un frein sur les études.

    Stop aux coupes budgétaires!

    Les réformes consécutives de l’enseignement ont aussi des conséquences néfastes pour les conditions de travail du personnel enseignant, administratif et technique du secteur. Depuis la communautarisation de l’enseignement, les ministres (le plus souvent soi-disant socialistes, comme Onkelinx et Di Rupo…) ont fait disparaître des milliers d’emplois dans l’enseignement secondaire en Communauté française. Inutile d’insister sur quelle charge de travail et quelle pression cela représente pour ceux qui restent.

    La même chose vaut pour l’enseignement supérieur : les réformes entraînées par le processus de Bologne font porter plus de travail sur le dos du personnel des universités et des hautes écoles. En outre, on introduit constamment de nouvelles règles de contrôle qui conduisent à une pression administrative insupportable, et ce malgré le fait que l’enseignement et la recherche sont dans notre pays de haute qualité. Qui plus est, on peut douter de l’efficacité de ces mesures. Le personnel administratif qui doit se charger de gérer ces réformes en est souvent victime aussi : le financement de l’enseignement ne suit pas les tâches supplémentaires des universités et les hautes écoles, ce qui met une pression de travail supplémentaire sur ceux qui travaillent dans les services administratifs et techniques.

    L’école n’est pas une usine

    L’enseignement sous le socialisme

    L’enseignement n’est jamais indépendant de la société dans laquelle il existe. Dans la société capitaliste, l’enseignement a avant tout pour fonction d’imposer la discipline et de fournir des ‘produits tout faits’ pour le marché du travail. De préférence des travailleurs qui ne sont pas trop critiques et qui peuvent aussi être facilement influencés en tant que consommateurs. Dans une société socialiste, les priorités seraient différentes. Une telle société serait organisée par la population travailleuse, activement impliquée dans la gestion et l’organisation de la production et des entreprises, mais aussi des autres institutions comme l’enseignement, la santé, la justice,… Cette société serait bien plus démocratique que la nôtre, parce que les richesses seraient gérées collectivement et que les gens pourraient donner leur opinion et participer aux choix sur tout ce qui concerne leur quotidien. L’enseignement y jouerait un rôle important : former des individus critiques, capables de se forger leur propre opinion et de la proposer de manière claire et respectueuse. Chaque individu devrait pouvoir développer ses talents amplement, pour se servir de ceux-ci dans le sens du progrès global de l’ensemble de la société.

    C’est sur cette base que l’enseignement a été réorganisé dans les premières années qui ont suivi la révolution de 1917 en Union Soviétique. Les obstacles au libre accès à l’enseignement ainsi que toutes les traditions conservatrices ont été abolies : pas de frais d’inscription, du matériel gratuit, des voyages d’études, plus d’examen d’entrée ni d’uniformes scolaires, etc. Les élèves plus âgés ont été impliqués dans l’apprentissage de la matière scolaire par les plus jeunes, de manière à ce que les jeunes apprennent à vivre de manière solidaire. La musique et le théâtre ont été promus pour contribuer à favoriser une expression publique claire, sans timidité. Les universités ont été transformées en écoles populaires où chacun pouvait suivre les cours et participer de manière illimitée, où chaque sujet et chaque capacité étaient proposés à l’apprentissage. Le but était d’abolir les barrières artificielles entre le travail manuel et intellectuel pour que chacun puisse se développer en un individu complet et varié.

    Hélas, avec l’avènement de la dictature stalinienne, beaucoup de ces mesures ont été restreintes ou supprimées, mais quelques éléments sont malgré tout restés, comme les investissements massifs dans l’enseignement et l’accès à l’enseignement à tous les niveaux. Ce n’est pas un hasard si l’enseignement en Union Soviétique était un des meilleurs du monde, avec une série de scientifiques renommés dans de nombreuses disciplines.

    Aujourd’hui, nous luttons pour un enseignement qui applique ces idées, en sachant que ce type d’enseignement ne sera réalisable que dans une société où la population pourra décider collectivement et démocratiquement de ce qui est produit et de comment le répartir.

    Cette société s’appelle une société socialiste.

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    Ces dernières années, l’enseignement a dû avaler un tas de réformes néolibérales : le rôle de l’enseignement en tant que service public responsable de la formation et du développement de la société a été constamment mis sous pression par les coupes budgétaires continuelles ainsi que par l’introduction d’une logique de marché.

    Les réformes de Bologne visent à remodeler l’enseignement supérieur européen selon le modèle anglo-saxon : quelques institutions renommées et élitistes et beaucoup d’institutions de second rang pour la majorité de la population. Le Partenariat Public-Privé mis en place pour rénover les bâtiments scolaires suit cette même logique.

    Ce genre de mesure est officiellement destiné à réduire les dépenses d’investissements dont les écoles ont cruellement besoin (même si l’on devra rembourser aux banques 2,5 milliards d’euros pour 1 seul milliard prêté…). Un autre objectif est d’instaurer parmi la population l’idée que les entreprises auraient un rôle essentiel à jouer dans l’enseignement. Que ces entreprises soient principalement intéressées par le profit maximum qu’elles espèrent tirer de leurs investissements – et pas par les besoins réels des élèves et des enseignants – n’a, semble-t-il, guère d’importance.

    Lutter ensemble pour un enseignement gratuit et de qualité

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL/LSP) est présent parmi le personnel de l’enseignement à travers nos militants syndicaux, parmi les étudiants avec nos cercles Etudiants de Gauche Actifs (EGA-ALS) et parmi les écoliers avec la campagne Résistance Internationale (RI-IV).

    Nous travaillons avec un programme concret basé sur les expériences quotidiennes de nos membres et sur leurs discussions avec leurs collègues, enseignants comme étudiants. Dans notre programme, nous ne partons pas de ce qui est réalisable avec les minces budgets dont disposent les ministres, et nous ne voulons pas intéresser le monde des affaires à l’enseignement. Nous prenons au contraire comme point de départ les intérêts du personnel et des étudiants : comment peut-on rendre le système éducatif de meilleure qualité et accessible pour tous ? Comment l’enseignement peut-il jouer un rôle dans le développement des talents de chacun et former des individus critiques et ayant une vie sociale riche et active ?

    Mais le PSL, EGA et RI ne se limitent pas à discuter des réformes et de l’organisation dont l’enseignement a besoin. Nos militants sont souvent aux premiers rangs des luttes contre les coupes d’austérité et les réformes néolibérales. Nous voulons stimuler l’opposition active des jeunes et des travailleurs et nous défendons une réponse vraiment socialiste. Il n’est donc pas étonnant que nos militants se soient trouvés à l’avant-plan lors de la lutte contre le plan Vandenbroecke en Flandre (destiné à diminuer les subventions pour l’enseignement supérieur), lors de la lutte contre les privatisations à l’Université libre de Bruxelles l’année passée ou, il y a quelques années, lors de la lutte contre l’augmentation du minerval intermédiaire à l’Université de Liège.

    Avec la crise économique qui touche le monde entier aujourd’hui, beaucoup de multinationales visent le secteur de l’enseignement. Après avoir mis le chaos dans l’économie privée, nombre de capitalistes s’orientent à nouveau vers les services publics. La pression pour réduire les budgets de l’enseignement et privatiser les secteurs les plus juteux sera énorme dans les prochaines années.

    Rejoindre une organisation comme la nôtre, c’est se préparer à lutter contre les (contre)-réformes au détriment du personnel et des étudiants et lutter pour un enseignement orienté vers les intérêts de l’ensemble de la société.


    • Site électoral du PSL
  • III. NOTRE PROGRAMME

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    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
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    Idéologie

    Beaucoup de gens disent qu’ils n’adhèrent à aucune idéologie particulière, il est même devenu assez «tendance» de se dire pragmatique. Depuis la chute du stalinisme, à la fin des années ’80 – début des années ’90, la classe dominante et ses collaborateurs intellectuels ont déclaré avec grand fracas que le débat idéologique avait pris fin. Seul le marché «libre» était dorénavant considéré comme étant efficace. Pour reprendre la célèbre expression du philosophe Francis Fukuyama (qui a très peu fait parlé de lui par la suite) la «fin de l’histoire» a été explicitement proclamée.

    La raison pour laquelle peu de gens parlent encore de cette prétendue «fin de l’histoire» n’est pas compliquée à trouver: les contradictions de classes n’ont fait que s’accroître durant les années 1990 et 2000 et le clivage entre riches et pauvres est aujourd’hui gigantesque. De plus en plus de travailleurs et de jeunes se retrouvent sur le côté. Cette situation conduit inévitablement à de nouveaux questionnements ainsi qu’à la recherche d’une réponse générale contre le capitalisme ; autrement dit : une autre idéologie, capable de mieux expliquer les développements sociaux que l’ancienne.

    A travers l’histoire, les classes dirigeantes ont toujours essayé de présenter leurs idées comme «naturelles», «éternelles», et «normales». La bourgeoisie n’agit pas différemment au travers de ses partis, de son enseignement, de ses médias et de ses intellectuels. Attardons nous sur quelques clichés de la vision capitaliste :

    – «La société n’est pas constituée de différentes classes économiques, mais bien d’individus indépendants.»

    Cela est totalement faux. Il existe une classe dirigeante qui dispose de la propriété privée des machines, des ressources, etc. Cette propriété privée des moyens de production entraîne inévitablement l’exploitation de la majorité de la population et une compétition mortelle, contrairement à ce que permettrait une économie démocratiquement planifiée. Il y a donc bien des groupes aux intérêts divergents et irréconciliables dans la société capitaliste. Un tel système contradictoire conduit immanquablement à des crises de surproduction.

    – «Les restructurations et les licenciements sont déplorables, mais sont un phénomène temporaire, et nécessaire à la viabilité de l’économie.»

    Tout aussi faux. Le chômage a, en Belgique, augmenté de 70.753 personnes au début des années ’70 à plus d’un demi-million de personnes qui dépendent de l’ONEM aujourd’hui. Le licenciement des travailleurs est seulement «nécessaire» afin de garantir les profits des patrons et PAS pour maintenir une économie saine. Les profits d’une petite élite priment sur tout le reste.

    – «Celui qui est sans emploi l’est uniquement par sa propre faute. C’est un problème personnel, pas social.»

    Une fois de plus, c’est un mensonge. Le chômage structurel – alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société (garderies à bon marché, facilités de loisir, enseignement de qualité,…) – est une maladie liée à la crise de surproduction capitaliste.

    Les frais salariaux sont seulement une excuse pour des capitalistes à la mémoire courte. Dans les années ’50 et surtout ’60, un système de sécurité sociale a été construit, et les salaires réels sont montés de manière significative. Mais ce processus a pris place dans une période de forte croissance capitaliste. Depuis la politique néolibérale, au début des années ’80, nos salaires directs et indirects (pensions, allocations, etc.) ont fortement diminué en termes de pouvoir d’achat. Cela n’empêche pas les patrons de systématiquement parler du coût salarial comme d’un facteur «destructif pour l’emploi». La seule chose destructive pour l’emploi est pourtant le système capitaliste qu’ils défendent.

    – «L’idée de redistribuer les richesses est le reflet d’une jalousie vis-à-vis de ceux qui ont réussi dans la vie. La position de quelqu’un dans la société correspond à ses efforts et à ses talents.»

    Faux. La redistribution des richesses signifie de réclamer aux grands actionnaires le travail non-payé, grands actionnaires dont l’activité ne consiste d’ailleurs qu’à s’asseoir sur leurs culs de fainéants, à remplir des coupons et à les commercialiser. Etre riche aujourd’hui signifie avant tout être né dans une «bonne famille». Les efforts et les talents de la majorité des travailleurs sont constamment niés par le capitalisme. Par la routine robotique, le manque de contrôle et de démocratie, ces talents sont à peine utilisés.

    – «Le socialisme ne correspond pas à la nature humaine, car la majorité des gens est égoïste.»

    Encore une autre désinformation. Dans la nature humaine, on peut indubitablement constater des éléments d’altruisme, par exemple dans la relation des parents envers leurs enfants. Mais la lutte pour le socialisme ne se base pas sur l’idée que nous devrons faire «plus avec moins». Bien en contraire. C’est dans la lutte pour les intérêts matériels de la majorité de la population que se trouve le fondement même des mouvements de lutte à venir.

    – «La révolution, c’est un coup d’Etat chaotique réalisé par une petite minorité, comme cela a été le cas en Russie en octobre 1917.»

    C’est quelque chose que l’on entend également très souvent, mais là encore, c’est très loin de correspondre à la réalité. Les révolutions ont lieu seulement quand les masses ne veulent plus vivre de l’ancienne manière : quand les masses laborieuses arrivent sur la scène de l’histoire. Nous parlons d’une intervention consciente et organisée des masses pour prendre la gestion de la société entre leurs mains. La révolution de 1917 était portée par la majorité des travailleurs et des paysans pauvres, organisée dans des conseils (soviets) démocratiquement élus.

    – «Une économie planifiée n’est pas réaliste. Qui voudrait encore travailler?»

    Cette idée rejoint la thèse sur la nature humaine «égoïste». La satisfaction du travail pour les masses trouvera sa source dans le fait qu’elles contrôleront elles-mêmes les produits de leur travail, et ce d’une manière démocratique. Ce sera un stimulant économique et social énorme. Les conditions de vie pourraient de nouveau augmenter sur toute la planète, avec des possibilités gigantesques pour les nouvelles technologies et les sciences, tout en tenant compte de l’environnement. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que l’on pourra réellement respecter l’environnement, nécessité vitale pour chacun.

    Ce sera l’intérêt commun et non le profit d’une petite élite qui sera mis en avant par des discussions dans les conseils ou comités de travailleurs. La technologie, qui actuellement conduit à plus de chômage au fur et à mesure des progrès en entraînant des crises de surproduction, pourrait sous une économie planifiée élargir le temps libre, la liberté humaine et la connaissance de ce que la planète a à nous apporter de façon considérable.

    On pourrait encore aborder beaucoup d’autres questions. Est-ce que les travailleurs d’aujourd’hui sont encore exploités, comme au 19e siècle ? La majorité d’entre nous n’est-elle pas devenue heureuse grâce au capitalisme, à l’exception de quelques problèmes provisoires et marginaux ? En fait, la machine de propagande bourgeoise tourne tellement bien que certaines finissent pas la croire, malgré des statistiques qui prouvent le contraire.

    Il en va ainsi du «Quart-Monde», que beaucoup de gens considèrent comme ayant toujours existé, et destiné à disparaître à terme. En réalité, la notion de «Quart-Monde» est née dans les années ’80 suite aux économies opérées dans les services sociaux. Depuis quelques années, même ceux qui ont un emploi ne sont plus certain d’échapper à la pauvreté.

    En fait, les idées capitalistes sont quotidiennement diffusées par des milliers de canaux tandis que la réponse socialiste à ce flot de propagande ne dispose bien évidemment que de peu de moyens. Ainsi, quand la presse bourgeoise parle des grèves, elle parle essentiellement de la nuisance de celles-ci. Pourquoi n’entend-t-on jamais dire de leur part que sans les grèves, les grèves générales et les manifestations de travailleurs, nous n’aurions jamais eu le droit de vote ou la sécurité sociale? Ce n’est pas un fait objectif peut-être? Ou est-ce simplement parce que cela déplaît à l’idéologie dominante, celle de la classe dominante et de ceux qui servent ses intérêts?

    Et d’ailleurs, est-ce qu’il existe encore des idéologies? On prétend aujourd’hui facilement qu’au 19e siècle, à l’époque de Marx, il y avait encore de grandes contradictions de classes, mais que celles-ci ont entre-temps disparu. La raison avancée pour étayer cette thèse est que la classe ouvrière de l’époque de Marx n’existe plus aujourd’hui. C’est un argument auxquelles nos oreilles auraient à force presque tendance à s’habituer, alors qu’il n’y a pas la moindre parcelle de vérité là-dedans.

    Au 19e siècle, la classe ouvrière était une petite minorité largement désorganisée. Politiquement, elle était proche du parti Libéral, et on ne parlait même pas encore d’un parti ouvrier (de tels partis sont nés seulement vers la fin du 19e siècle). Une des tâches les plus importantes de Marx a consisté à donner une idéologie propre et globale à la classe ouvrière ainsi qu’à créer des organisations ouvrières indépendantes de la bourgeoisie. Marx parlait de transformer la classe ouvrière d’une classe «en soi» (qui existe) en une classe «pour soi» (conscience de son existence en tant que classe aux intérêts communs).

    Aujourd’hui, la classe ouvrière constitue la majorité de la population. Elle est bien éduquée, organisée dans des syndicats, possède un certaine degré d’indépendance politique et, depuis le 19e siècle, elle a obtenu le droit de vote, la liberté de la presse, le droit de grève, etc. Il est normal que la bourgeoisie essaie de s’en prendre à ces droits. Les patrons font bien entendu tout pour miner et diviser cette force potentielle en scissionnant des entreprises (la scission de Bayer à Anvers en Bayer et Lanxess, par exemple) ou à l’aide de la sous-traitance.

    C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les attaques contre le droit de grève. Les patrons veulent limiter le pouvoir potentiel des travailleurs, avant que ce pouvoir ne se manifeste de manière trop évidente. En France, Sarkozy a fait voter une loi qui oblige les grévistes, dans le secteur des transports publics, à annoncer préalablement une grève à la direction. Ils veulent ainsi pouvoir anticiper les effets de la grève et soumettre les travailleurs à l’intimidation. Les politiciens et les patrons rêvent d’élargir cet exemple à d’autres secteurs.

    En Belgique, comme en France, la discussion sur le «service minimum» est lancée. A quoi sert une grève, si des remplaçants sont sur place? Les directions syndicales nationales de la CSC et de la FGTB n’ont pourtant pas émis de forte résistance contre une telle idée. Dans certains cas, ils ont même aidé la droite dans ses réflexions sur le sujet, tant leur peur des actions spontanées et des mouvements généralisés est profonde. Comme Trotsky l’a déclaré il y a quelques décennies, si les dirigeants syndicaux ne rejettent pas le système, alors ils s’y incorporent de plus en plus.

    Les dirigeants syndicaux ne portent pas juste une «petite» part de responsabilité sur leurs épaules dans l’absence de perspectives de toute une génération et d’une jeunesse immigrée abandonnée par le capitalisme. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes européennes, on assiste à l’émergence de ghettos auxquels aucun politicien bourgeois ne s’intéresse. L’aliénation que ceci peut amener, nous avons pu la voir à l’œuvre dans les explosions violentes des banlieues françaises en 2005. Des voitures et des entreprises ont été incendiées. Des attaques ont été commises contre des bus dans lesquels se trouvaient des travailleurs ordinaires victimes de la politique néolibérale au même titre que les jeunes. On a pu voir également les attaques de la part de jeunes immigrés contre leurs compagnons d’âge pendant les manifestations et les grèves contre le CPE (Contrat Première Embauche), tout cela parce qu’ils faisaient selon les jeunes des banlieues partie des «riches». Ces exemples sont tous des signes d’une société malade. De nouveaux partis des travailleurs doivent, avec l’aide des syndicats, défendre toutes les couches de la population, même les plus opprimées. Ne pas le faire ouvre la porte aux islamistes radicaux, et, parmi la jeunesse blanche, à l’extrême-droite.

    Il y a encore de grands débats idéologiques en vue. Ni la classe ouvrière, ni l’exploitation n’ont disparu et, en conséquence, pas non plus la nécessité d’un fondement idéologique. Ce qui a disparu, c’est les idéologies réformistes des sociaux-démocrates, ainsi que des dirigeants staliniens.

    Ces derniers, après la chute des régimes staliniens, ont couru à toute vitesse vers le camp du marché libre, parfois avec quelques «corrections sociales» mais sans le plus souvent. A tel point que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair prétend maintenant que le Parti Travailliste n’aurait jamais dû rompre avec les libéraux! En fait, ce que Blair demandait en disant cela, c’était un retour à la période qui a précédé Marx.

    C’est assez logique pour quelqu’un qui a intérêt à ce que l’idéologie capitaliste reste la seule en course, ce qui concrètement signifie que tout doit rester comme avant. «Pas d’idéologie» ou le «pragmatisme» néolibéral, ce ne sont rien d’autre que des formes revêtues par l’idéologie bourgeoise qui a entre autres conduit aux libéralisations, aux privatisations, à la chute du pouvoir d’achat et à une flexibilité croissante.

    Le fait que la discussion sur le «socialisme du 21e siècle» ait été lancée au Vénézuela et en Amérique Latine n’arrive pas au bon moment pour la classe capitaliste. Pour nous, ce n’est que le début du type de discussions qui vont gagner en intensité dans les années à venir, en Europe et dans les pays développés également. Très certainement dans le cadre de cette crise économique qui risque d’être la plus importante jamais connue et si la tendance à la formation de nouveaux partis des travailleurs se confirme.

    Chavez a mené une série de mesures positives pour la population pauvre en partie grâce au prix élevé du pétrole, dont le Vénézuela regorge. Nous soutenons bien entendu ces mesures (supermarchés spéciaux pour les pauvres, campagnes d’alphabétisation, meilleurs soins de santé avec l’aide de médecins cubains,…). Mais, malheureusement, Chavez n’est pas clair sur la nécessité d’opérer une véritable rupture avec le capitalisme. Il n’y a pas encore autant de nationalisations qu’il y en a eu au Nicaragua dans les années ’80, où d’ailleurs le processus révolutionnaire avait été renversé. Suite à la crise économique, au fur et à mesure de la baisse des revenus pétroliers, cela va fortement limiter l’espace dont dispose Chavez pour l’application de mesures sociales et le soutien pour le régime pourrait en sortir considérablement miné. De plus, le développement d’organes de classe indépendants (comités de lutte élus, partis, etc.) est freiné par l’approche «de haut en bas» du régime.

    Les références de Chavez au socialisme reflètent une pression de la base. Elles expriment la volonté des masses d’abandonner la misère du capitalisme pour construire un nouvelle société.

    IDEOLOGIE ET PROGRAMME

    Le mot «programme» est souvent compris comme «cahier de revendications». Mais un programme, c’est bien plus que cela. Le cahier de revendications n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit l’application concrète d’un programme sous certaines conditions.

    Par exemple, il est possible que l’on soit complètement d’accord avec le cahier de revendications du MR aujourd’hui, sans nécessairement souscrire à tout le parcours historique de ce parti, aux différentes réponses que les libéraux ont offert à travers l’histoire. Pour être un vrai libéral, il ne faut pas seulement souscrire à leur cahier de revendications actuel, mais aussi à la manière avec laquelle ils sont arrivés à cela.

    En d’autres termes, un programme signifie: un cadre idéologique consistant et historiquement construit, une analyse de la situation actuelle, une orientation générale, une stratégie et une tactique. Sans cela, on peut être d’accord avec le MR aujourd’hui mais être complètement en désaccord avec eux demain, lorsque les conditions auront changé. A l’inverse, il est possible d’être d’accord avec le populiste de droite Jean-Marie Dedecker sur un cadre historique libéral, mais avec un autre cahier de revendications.

    Dans un parti qui souscrit à l’idéologie dominante, l’idéologie bourgeoise, cela ne joue pas un rôle tellement important. Par contre, lors d’une révolution ou de grands mouvements de lutte, ces différences peuvent comporter des conséquences catastrophiques.

    C’est pour ça qu’un programme, au sens marxiste du terme, ne peut pas se limiter à un simple cahier de revendications. Le Manifeste du Parti Communiste, écrit par Marx et Engels comme proposition de programme pour la «Ligue des Communistes», était en premier lieu une analyse historique du développement du capitalisme, une perspective sur son futur développement, une orientation générale vers le mouvement ouvrier, et enfin une discussion sur la stratégie et la tactique à adopter vis-à-vis d’autres courants socialistes. Une page seulement sur les 80 à 100 pages du Manifeste (en fonction de l’édition), contient un cahier de revendications en 10 points.

    Les thèses d’Avril de Lénine, le document programmatique des Bolcheviks pour la révolution d’Octobre ‘17, ou encore le programme de transition élaboré par Trotsky en 1938 nous donnent la même image. Autrement dit : on n’est pas pour autant marxiste parce qu’on est d’accord avec une ou même toutes les revendications du cahier de revendications. On le devient réellement sur base d’une analyse historique et actuelle de l’évolution de la lutte des classes et des grandes tâches générales qui en découlent.

    Le PSL/LSP et le Comité pour une Internationale Ouvrière basent leur programme sur l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky; sur les textes des quatre premiers Congrès de la Troisième Internationale, sur le Congrès fondateur de la Quatrième Internationale et sur les textes du CIO (créé en 1974) et de ses pionniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Cela n’est pas rien et cela ne signifie pas non plus que nous sommes d’accord avec ces textes à la virgule près. Nous utilisons ces documents comme référence, comme méthode d’analyse et comme fil rouge pour nos orientations et tâches pratiques.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION

    Naturellement, nous comprenons que tous les travailleurs et les jeunes ne souscrivent pas à 100% de notre programme. C’est pour cela que Trotsky a développé la notion de programme de transition. Par «programme de transition», il entendait un programme qui part de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles à un moment précis et qui met en avant la transition socialiste de la société.

    Trotsky affirmait qu’il ne sert à rien d’élaborer un programme ou des revendications pour une gestion «plus humaine» du capitalisme, mais qu’il faut cependant offrir des solutions qui partent des besoins des travailleurs et de leurs familles. Trotsky a argumenté que le capitalisme ne sera jamais capable de satisfaire ces besoins, que seule une société socialiste pourrait offrir une solution durable.

    En fait, il n’a rien fait d’autre que d’exprimer sous une forme plus claire un concept que Marx avait déjà élaboré dans le Manifeste du Parti Communiste et Lénine dans ses Thèses d’Avril. Lénine utilisait le slogan «Terre, pain et paix» pour arriver à la conclusion que le gouvernement transitoire qui a succédé au tsarisme après la révolution de février 1917 ne pourrait jamais satisfaire ces revendications pourtant primordiales. A travers cela, il est arrivé au slogan «Tout le pouvoir aux soviets».

    De même, le PSL/LSP parle aujourd’hui de la «nécessité que la production soit basée sur les besoins de la population et pas sur les profits d’un petit groupe de capitalistes» pour arriver à la conclusion que cela n’est possible que par un changement socialiste de la société.

    Le programme du PSL/LSP exprimé ci-dessous n’est rien d’autre qu’une application actuelle de ce programme de transition. Il doit être lu en prenant en considération les remarques ci-dessus à propos de l’idéologie et du programme.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION AUJOURD’HUI

    La classe ouvrière est soumise à un recul perpétuel sous le capitalisme. La «cathédrale» de la sécurité sociale et d’autres acquis sont sous attaque depuis des décennies par le patronat et leurs politiciens. Ce n’est pas un processus économique inévitable. Le passé nous apprend que lorsque les travailleurs s’organisent dans des syndicats et des partis, la situation peut se retourner.

    D’une lutte défensive visant à défendre nos intérêts par entreprise ou par secteur, nous devons reprendre tous ensemble l’offensive et réclamer la richesse que nous avons créée : pour créer des emplois décents, bien payés et stables; pour augmenter les allocations ainsi que les retraites et disposer d’un pouvoir d’achat digne de ce nom; pour initier un programme de construction massif de logements sociaux et plafonner les prix des habitations; pour renationaliser, sous le contrôle démocratique de la population, les services privatisés et libéralisés ; pour refinancer l’enseignement; pour organiser collectivement les tâches ménagères qui actuellement pèsent toujours sur les épaules des femmes ;… En bref, pour mettre réellement en avant les besoins de la majorité, au lieu de la soif de profit d’une minorité de grands actionnaires et de patrons.

    Tous ensemble, jeunes et vieux; Flamands, Wallons ou Bruxellois; Belges ou immigrés; hommes et femmes;… nous sommes plus forts !

    1. La technologie : un ami ou un ennemi ?

    Cette situation est navrante lorsque l’on considère que les possibilités n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

    Un vol jusqu’en Amérique dure à peine 5 heures. Grâce aux ordinateurs, le boulot de centaines de milliers d’employés et de travailleurs peut être réalisé avec beaucoup moins de personnes. Internet, les e-mails et les GSM rendent la communication plus facile pour ceux qui y ont accès et créent pour beaucoup de jeunes et de travailleurs le sentiment d’appartenir à une communauté internationale. La médecine peut résoudre des problèmes dont nous ne pouvions que rêver auparavant. Mais, malgré toutes ces avancées, la chasse au profit joue un rôle extrêmement désastreux.

    Les fonds gouvernementaux pour la recherche scientifique sont drastiquement réduits. Seule la recherche servant directement les intérêts des entreprises et leur fournissant des bénéfices est encore subventionnée. Et quand les entreprises prétendent vouloir financer la recherche, ils la déduisent en réalité de leurs impôts.

    Les seuls qui en profitent sont les patrons. Les centres de recherches perdent ainsi leur indépendance. De plus, cela entraîne une concurrence entre les différents centres pour tenter d’obtenir des fonds. Les scientifiques sont isolés ; ils ne peuvent pas se concerter ni échanger des expériences, ce qui entraîne un gaspillage énorme d’énergie, de temps et d’argent.

    Et même si l’on fait de la recherche utile, et que l’on arrive à trouver des solutions – pensons aux différents traitements des problèmes cardio-vasculaires – les traitements sont pour beaucoup de gens inaccessibles à cause de leur coût.

    Pendant ce temps-là, les problèmes pour lesquels il faut urgemment trouver une solution continuent de s’empiler. Pensons au SIDA, aux catastrophes naturelles qui coûtent la vie à des millions de gens, aux traitements des cancers, à la production des déchets et à la pollution, à la famine dans de larges parties du monde,… Prenons plus particulièrement la famine. Un raisonnement logique serait: il y a une grave pénurie de nourriture, il faut donc produire plus. Et pourtant, les usines tournent au ralenti en craignant la surproduction, alors qu’une énorme quantité de nourriture est détruite tout simplement pour garder les prix à un certain niveau.

    L’écrasante majorité des scientifiques sont d’accord pour affirmer que le réchauffement de la planète aura des conséquences désastreuses pour de larges parties du globe si on ne commence pas à y remédier maintenant. Selon des centaines d’experts présents lors du sommet sur le climat à Bruxelles (en avril 2007) l’Antarctique, l’Afrique Subsaharienne, les îlots et les grands deltas asiatiques sont les régions qui souffriraient le plus du réchauffement de la planète. On parle d’inondations, de tempêtes et de glissements de terrain qui se produiront plus fréquemment. Les franges les plus pauvres de la population mondiale seront les plus touchées par ces catastrophes naturelles. Mais l’existence d’une quantité inquiétante d’espèces de la faune et de la flore est également menacée, entre autres, par le réchauffement de la planète.

    Une économie planifié à l’échelle mondiale et sous le contrôle démocratique de la population permettrait de prendre des mesures immédiates pour réduire «l’empreinte écologique» de l’Homme, notamment par un usage massif de transports publics gratuits mais également par des investissements massifs dans la recherche de sources d’énergie alternatives. Il est difficile de se rendre actuellement compte du potentiel de ces alternatives, du fait que l’industrie pétrolière et automobile leur mettent souvent des bâtons dans les roues.

    La question-clé est qu’aujourd’hui, la science et la technologie sont aux mains et au service des multinationales. Ainsi, les différents gouvernements bourgeois ne peuvent pas prendre les mesures qui s’imposent, ou alors uniquement de façon ambiguë quand il est déjà trop tard. Leur politique est destinée à satisfaire la soif de profit, et pas à satisfaire les besoins de l’Homme et de son environnement. Nous devons exiger le contrôle démocratique de la science, au nom des scientifiques et de la population mondiale.

    Aussi longtemps que les banques, les multinationales,… disposent du monopole de toutes les solutions possibles, nous sommes totalement impuissants. Ce n’est pas le développement de la science et de la technologie qui est en soi désavantageux, mais bien leur contrôle par les groupes mentionnés ci-dessus. Au service de la population, la technique et la science pourraient sauver et améliorer la vie de millions de personnes.

    2. Pour des emplois décents, stables et bien payés.

    • RETABLISSEMENT DE NOTRE POUVOIR D’ACHAT!
    • STOP A LA FLEXIBILISATION!
    • REDUCTION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR LA REDISTRIBUTION DU TRAVAIL DISPONIBLE!
    • 32 HEURES PAR SEMAINE SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES!

    Les paroles du gouvernement contrastent de façon criante avec ses actes. Dans de larges parties de Bruxelles et de Wallonie, il y un chômage massif et structurel. En juin 2007, le chômage dans la région Wallonne était de 14,4% (allocataires au chômage complet et élèves ayant quitté le système scolaire). Presque la moitié de cette catégorie était au chômage depuis plus de 2 ans. Dans la région Bruxelloise, à la même période, le nombre de chômeurs était de 19,9%. Des générations entières sont exclues par l’économie de marché !

    En Flandre, certains essaient de donner l’impression que le chômage a baissé considérablement dans le courant de 2006-2007 et qu’il y a même une pénurie dans certains métiers. Beaucoup de ces métiers sont flexibles (nettoyage, construction) et ne sont pas toujours rémunérés convenablement pour les efforts supplémentaires demandés. Que veulent les patrons? Des travailleurs prêts à se faire exploiter pour une bouchée de pain? La soi-disant pénurie est utilisée pour importer, de façon sélective, des travailleurs bon marchés en Belgique. Des travailleurs qui disposent de moins ou, dans le cas des sans-papiers ou des travailleurs au noir, d’aucun droits sociaux du tout. Le PSL/LSP défend les droits égaux pour tous les travailleurs. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra combattre la pression sur les salaires et la politique de diviser pour régner appliquée par le patronat. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    Au niveau national, plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement dépendantes d’une allocation de chômage. Ce niveau est un record historique. Au début des années ’70, le taux de chômage officiel tournait autour des 70.000-80.000. En 1995, on comptait déjà 505.944 chômeurs : une croissance de 1,9% à 12,3% de la population active !

    Depuis la moitié des années ’80, les chômeurs les plus âgés (de + de 50 ans) ne sont plus comptabilisés dans les statistiques. C’était déjà le cas pour les prépensionnés, et depuis 1986, pour ceux qui sont en pause carrière. Aujourd’hui, tous ces groupes constituent ensemble plusieurs centaines de milliers de personnes, qui reçoivent une allocation de l’ONEM mais ne sont pas comptées dans les statistiques.

    Le chômage partiel et temporaire – pour ceux qui ont signé un contrat de travail mais qui, pour des raisons particulières, ne peuvent pas travailler – n’est pas non plus repris dans les statistiques. C’est également le cas pour les gens qui sont «activés», pour qui on utilise l’allocation de chômage comme une subvention salariale! Les patrons sont ravis! Depuis juillet 2004, les chômeurs entre 50 et 58 ans sont réinscrits comme demandeurs d’emploi à cause de la politique «d’activation» des chômeurs, sauf s’ils peuvent prouver au gouvernement que leur carrière a été suffisamment longue. Le gouvernement force les travailleurs à travailler plus longtemps à travers le Pacte des générations. Mais lorsqu’ils sont licenciés sur le tard, la réalité nous montre que peu d’employeurs acceptent de leur offrir une seconde chance!

    En septembre 2007, le chômage officiel en Flandre était de 6,43% (selon le VDAB). Il faut tenir compte qu’il y a plus de gens en pause carrière et de prépensionnés en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. En outre, la politique d’activation et de suspension commence à «payer»: c’est-à-dire que des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur allocation de chômage ces dernières années.

    A Ostende, suivant le modèle de «l’activation», les jeunes sont massivement soumis à des sessions intensives pour la recherche d’un emploi, afin de leur apprendre à solliciter collectivement. Il ne s’agit même pas de formations professionnelles, et il n’y a aucune garantie d’avoir un emploi à la fin du parcours. De cette façon, les statistiques du chômage peuvent être embellies. D’autre part, le système incertain et extrêmement flexible des chèques-services connaît un succès grandissant. En juillet 2007, 4,38 millions de chèques ont été utilisés. Le système s’est rapidement répandu, surtout en Flandre (66,2% pendant la première moitié de 2007). A Bruxelles (5,9%) et Wallonie (27,8%), c’est moins le cas.

    L’introduction d’emplois à 10, 20 ou 30% permet de beaucoup jongler avec les statistiques. Ainsi, si vous allez repasser ou nettoyer 3 à 4 heures par semaine grâce aux chèques-services, le gouvernement vous raie déjà des statistiques officielles de chômage. Ce genre d’emploi est largement subventionné par le gouvernement, et le système risque de devenir impayable. Sans parler du fait que les contrats flexibles, temporaires et intérimaires sapent de plus en plus la position des travailleurs qui bénéficient encore un emploi stable.

    Ceux qui plaident pour une limitation du paiement des allocations de chômage dans le temps afin d’obliger les gens à dépendre du CPAS vivent sur une autre planète ou se foutent tout simplement des conséquences sociales de telles mesures. S’il est vrai que les gens choisissent de vivre d’une allocation plutôt que d’aller travailler parce que la différence entre les deux est trop faible, alors il faut augmenter les bas salaires plutôt que de réduire encore les allocations.

    Les bureaux d’intérims sont devenus aujourd’hui des entreprises florissantes. Cela n’a rien d’étonnant. De cette manière, les entreprises n’ont plus à assumer la responsabilité d’un employé fixe. L’entreprise se dirige directement vers l’agence d’intérim qui lui fournit des travailleurs, parfois même avec des contrat à la journée! Vous n’avez plus besoin de travailleurs? Licenciez-les sans en subir les conséquences. Certains intérimaires travaillent depuis plus de 3 ans pour le même patron, ils fournissent à ce patron toute leur expérience, mais ne reçoivent ni la sécurité d’emploi, ni un salaire décent.

    Les Etats-Unis sont cités comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre le chômage. Le taux de chômage y serait très bas (entre 4 et 5 %). Ce que l’on ne raconte pas, c’est que la majorité des gens sont obligés de prendre un deuxième boulot après avoir fini le premier pour pouvoir s’en sortir. Ce modèle est en réalité un champ de bataille social. Pourtant, on voit que notre marché du travail évolue vers une croissance des contrats à temps partiel et des chèques-services, de plus en plus comme le système américain.

    Un argument trop souvent cité est le manque de formation. Quelle hypocrisie! Les entreprises exigent que les élèves qui quittent l’école soient formés pour un job spécifique dans l’entreprise. La subvention des écoles par ces entreprises, pour pouvoir utiliser ces jeunes une fois sortis de leurs études, n’est plus un phénomène exceptionnel depuis longtemps. Une fois que le jeune – spécialement formé – n’est plus utile pour l’entreprise, il est mis à la porte.

    Le patronat exige d’assainir le financement de l’éducation. Le raisonnement est toujours le même : les écoles doivent fournir des travailleurs formés, alors pourquoi organiser une formation large quand il s’agit d’emplois précaires ou de rester au chômage? La revendication du mouvement ouvrier comme quoi l’enseignement doit fournir une formation générale est un luxe qui doit être réservé aux enfants de la bourgeoisie. Voilà les pensées cyniques qui se cachent derrière les chiffres et les plaidoyers des chefs d’entreprises et de leurs organisations.

    La crise du capitalisme mène de plus en plus à la croissance du chômage et des emplois précaires à bas salaires. L’ironie est que cela renforce la position des capitalistes, parce qu’ils peuvent menacer les travailleurs avec l’argument que si ces derniers n’acceptent pas les conditions qu’on leur impose, il y en a d’autres qui accepteront de travailler aux conditions imposées.

    Le PSL/LSP défend un rétablissement complet de l’index et un salaire minimal de 1.500 euros net; dénonce le démantèlement de la sécu et « l’érosion » des contrats de travail. Nous nous opposons à chaque fermeture d’entreprise car, dans le cadre du système capitaliste, chaque fermeture mène au chômage et à la pauvreté. La seule revendication capable de commencer à résoudre le problème du chômage est l’introduction de la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires.

    3. Stop aux libéralisations et aux privatisations ! Renationalisation sous contrôle démocratique de la population!

    Dans les années ‘90, après la chute du Bloc de l’Est, l’idée selon laquelle le marché libre était le seul système viable a été largement diffusée. Tant la social-démocratie que les dirigeants syndicaux ont cru à cette fable et ont refusé de continuer à résister à l’offensive idéologique de la bourgeoisie. En utilisant l’unification européenne comme excuse, nos services publics ont été attaqués les uns après les autres, libéralisés et préparés à la concurrence privée. Au vu de la croissance plus lente de beaucoup d’autres secteurs – en conséquence de la crise de surproduction – le capital a cherché de nouveaux créneaux pour faire du profit.

    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs commencent à percevoir les conséquences de cette politique – ou à la sentir dans leur portefeuille ! On pense par exemple à l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique : "Test achat" a ainsi calculé que le prix pour un kilowattheure (kWh) chez Electrabel a augmenté de 50% entre janvier 2005 et décembre 2006.

    Peu après les élections de juin 2007, Electrabel a annoncé qu’elle augmenterait à nouveau ses prix de 13% à 20% ! Après d’énormes protestations, l’entreprise a donné l’impression qu’ils n’allaient finalement pas mettre en place cette décision. Mais en réalité, le CREG, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz, a publié un peu plus tard les résultats de sa recherche sur les augmentations des prix du gaz et de l’électricité. La commission a confirmé que, pour les particuliers, l’augmentation sera de 17% en 2008. Une famille moyenne va donc payer environ 172 euros de plus par an pour sa consommation d’énergie.

    Et ceci alors que, selon le VREG qui est le régulateur flamand des marchés du gaz et de l’électricité, le nombre de familles qui ne sont pas capables de payer leur facture d’énergie a augmenté pour atteindre 91.600 en 2006. Une augmentation de 50% par rapport a l’année passée ! Le nombre de « mauvais payeurs » en Flandre a donc atteint un niveau record en 2006. Déjà 4,5% des ménages flamands sont dépendants du tarif social pour leur électricité. Le VREG affirme, à propos de ce scandaleux bradage d’un besoin essentiel, que « Les clients sont seulement intéressants pour les fournisseurs s’ils rapportent quelque chose. Les mauvais payeurs sont donc mis plus vite à la porte par leurs fournisseurs. »

    Sur le marché du gaz, au début de la libéralisation, Electrabel a temporairement baissé ses prix pour attirer le plus de clients possible. Du moment que le marché a été divisé entre plusieurs concurrents, les prix ont augmenté assez vite pour assurer un maximum de profits pour les patrons et les gros actionnaires du secteur. C’est l’évolution naturelle à attendre de chaque forme de libéralisation et de privatisation d’un service public.

    Le PSL/LSP se demande pourquoi la collectivité n’a pas de contrôle sur le marché de l’énergie. Pourquoi le profit est-il central s’il s’agit de notre consommation d’énergie ? Le PSL/LSP exige l’abolition des 21% de TVA sur l’énergie, qui représente un besoin essentiel pour chaque famille et revendique un gel des prix de l’énergie comme première mesure dans le processus de mise sous contrôle démocratique de tout le secteur de l’énergie. C’est seulement sur cette base que seront pris en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles (y compris les besoins écologiques).

    La libéralisation et la privatisation signifient toujours un drame social concernant le nombre d’emplois et les conditions de travail. A La Poste, 9.000 des 35.000 emplois ont été supprimés ce qui équivaut à la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de voitures. Les travailleurs de La Poste qui sont restés ont été confrontés au système « géoroute » qui conduit à une augmentation perpétuelle de la charge de travail pour moins de personnel. Cela a mené, ces dernières années, à une vague de grèves spontanées dans de nombreux bureaux de poste à travers tout le pays. A quand un mouvement unifié pour jeter tout le plan « géoroute » à la poubelle et stopper net les pas « en avant » vers la libéralisation ?

    Au début des années ’90, 26.500 personnes travaillaient encore chez Belgacom alors que ce chiffre est descendu à 15.000 début 2007. Aujourd’hui, la direction veut encore éliminer 1.500 places. A la classe ouvrière de supporter drames sociaux et pertes d’emplois tandis que les profits exorbitants sont réservés aux patrons. En 2006, Belgacom a ainsi réalisé 6,1 milliards d’euros de profit. La même année, le top manager Didier Bellens a reçu 1,85 millions d’euros de salaire, en plus des 480.000 euros de dividendes pour ses actions. Il en avait d’ailleurs également vendu pour une valeur de 6 millions d’euros. Les ex-« services publics » sont de véritables « jackpots » pour les capitalistes. Et bien sûr, les libéraux, les sociaux-chrétiens et les sociaux-démocrates trouvent que ce genre de profits ne devraient surtout pas être attaquables. Pour eux, les profiteurs sont les chômeurs, dont il faut au plus vite suspendre les allocations ou limiter celles-ci dans le temps.

    Dans les chemins de fer, le transport de marchandises a déjà été libéralisé, et le transport de voyageurs est en train d’y être préparé. L’avenir en Belgique sera-t-il le même qu’en Grande-Bretagne ? Les divers accidents et autres misères qu’y ont connus les chemins de fer privatisés sont loin d’être des coïncidences pour l’opinion publique qui a, depuis, clairement changé d’opinion vis-à-vis de la privatisation. Aujourd’hui, la revendication de la renationalisation du secteur trouve de plus en plus d’échos en Grande-Bretagne, ce qui représente un sérieux changement par rapport aux années ’90.

    En Amérique Latine également, les ravages de la politique de privatisation ont provoqué un changement dans la conscience. Aujourd’hui, les « gouvernements de gauche » en Bolivie et au Venezuela sont mis sous pression pour nationaliser les richesses naturelles. Les pillages et les expropriations par les multinationales sont de moins en moins tolérés par les masses. Comme l’expliquait Engels, le compagnon de Marx, les nationalisations apparaissent déjà comme des «éléments de socialisme» qui s’imposent à la veille société en crise. Ils démontrent la faillite du capitalisme et du libre marché.

    Pendant que les gouvernements néolibéraux organisent la casse sociale, le nombre de personnes ayant besoin de services publics de qualité augmente de jour en jour. Par exemple, de nombreux parents qui travaillent ont un réel problème concernant la garde de leurs enfants. Ils seraient sans aucun doute enchantés d’avoir à disposition des crèches dignes de ce nom, et organisées par l’Etat.

    Chaque jour, des milliers d’ouvriers et d’employés vont au boulot en transport en commun. Quelqu’un est-il capable de nous expliquer pourquoi les transports en train, en tram et en bus sont de plus en plus chers ? Quelle est la logique derrière cela ? A Bruxelles, n’est-ce pas scandaleux de devoir payer 2 euros pour un ticket de la STIB si celui-ci n’a pas été acheté à l’avance à un guichet ? Est-ce comme cela que l’on pense pouvoir résoudre les problèmes des embouteillages ? Un gouvernement au service de la population rendrait directement tous les transports publics gratuits pour faire face au problème des embouteillages et à la pollution. Dans le secteur de transports, il existerait des règles beaucoup plus strictes pour éviter que la pression du travail – en réalité la pression des profits – n’impose à des chauffeurs fatigués de devoir prendre la route.

    Aujourd’hui, la destruction du système des soins de santé est une réalité flagrante et mène parfois à des situations dramatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les Belges doivent déjà payer eux-mêmes 33% de leurs coûts médicaux. L’OCDE estime ce pourcentage à 28%. Le sous-financement des hôpitaux devient une excuse pour les médecins pour commencer à organiser des consultations « personnalisées », pour lesquelles ceux qui paient le plus sont évidemment les plus vite servis. Les médecins sont rémunérés selon leurs prestations, ce qui favorise les abus.

    Le PSL/LSP veut mettre fin à la course aux profits dans l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et aux abus de la médecine de prestation. Nous sommes pour la création d’un service de soins de santé public et national, avec des statuts fixes – qui sont de plus en plus minés dans les hôpitaux publics – et des salaires décents pour tout le personnel. Selon nous, des éléments tels que le profit ou le prestige de certains individus ou de multinationales ne peuvent intervenir dans le secteur des soins de santé.

    L’argument invoqué en permanence pour la privatisation est le manque de "rentabilité" des services publics. Mais comment un service public peut-il être rentable ? Un service public a pour objectif de rendre un certain nombre de services le plus accessible possible pour chacun, qu’il soit riche ou pauvre.

    Une prestation de services est par définition non rentable parce qu’elle ne peut générer de bénéfice. Ce qu’on oublie, c’est que le droit à des services publics – tout comme à la sécurité sociale – a été arraché par la lutte dans l’objectif de pourvoir à certains besoins sociaux.

    En réalité, la libéralisation et la privatisation signifie la vente de nos services, avec moins d’emplois disponibles et des conditions de travail diminuées, pour nous faire payer doublement le prix. Ainsi le gouvernement économise-t-il sur les dépenses publiques, mais au détriment de qui ? Nous ne payons pas un centime de moins d’impôts, tandis que les managers de nos ex-services publics s’en mettent plein les poches !

    Le PSL/LSP lutte contre la privatisation, pour la gratuité des transports publics, des soins de santé, de la distribution postale et de la collecte des déchets, parce que tous ces services doivent être accessibles a tout le monde, quelque soit l’âge, la situation professionnelle, le sexe,…

    L’argument selon lequel un service public fonctionne mal par définition est largement répandu dans les consciences. Les services publics ont toujours été victimes de ragots. Ils seraient "inefficaces", "bureaucratiques", "tout sauf ponctuels", etc. Et, au contraire, dans le privé, tout marche évidemment à merveille.

    Cette image est complètement fausse. Il y a toujours eu trop peu d’argent disponible pour les services publics, et ce même dans les "golden sixties". Mais même avec suffisamment d’argent, le problème n’est pas totalement résolu. Pour qu’un service fonctionne le plus efficacement possible, la participation de tous ceux qui l’utilisent ou y travaillent est également nécessaire.

    Par exemple, les chemins de fer seraient bien plus efficaces et accessibles en impliquant les travailleurs et les voyageurs dans le fonctionnement du service. Cela permettrait à beaucoup de travailleurs de laisser leur voiture chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail en prévoyant suffisamment de correspondances aux heures opportunes. Ces services seraient gratuits et donc accessibles a tous. Les points de départ du PSL/LSP sont l’efficacité et l’accessibilité pour tous, et non pas la logique de privatisation pour le profit de quelques-uns.

    4. Et la concurrence alors ? Qui va payer tout cela ? Il n’y a pas d’argent pour cela ? Les patrons ne vont jamais l’autoriser…

    Une citation des ouvriers des Forges de Clabecq, à l’époque de leur lutte dans les années ’90 pour le maintien de leur usine : « Si tu mets une pile de briques sur le sol, elles ne vont pas se mettre l’une sur l’autre d’elles-mêmes pour former un mur une maison. C’est pour cela que l’intervention humaine est nécessaire. C’est le travail qui génère la richesse. ». Des richesses, il y en a assez. La question est : qui en bénéficie ?

    Si nous regardons à quel point la productivité a augmenté durant les dernières décennies, il apparaît que la durée du travail n’a pas augmenté aussi vite. Si c’était le cas, nous ne travaillerions qu’une paire d’heures par jour. Tous les profits que les patrons ont amassés, ils les ont gardés dans leurs poches.

    Pour résoudre le chômage, le travail disponible doit être partagé entre tous les travailleurs disponibles. Cela déterminera la durée hebdomadaire du travail, qui pourra ainsi être fortement diminuée. Mais attention, nous voulons que le salaire soit totalement conservé, car nous y avons droit.

    Naturellement, le patronat et le gouvernement vont refuser, car cela signifierait qu’une grosse partie de leurs profits leur échapperaient. Cela signifierait aussi que leur position concurrentielle serait menacée. Mais la concurrence est aussi vieille que le capitalisme. Les travailleurs doivent-ils tout avaler pour être « concurrentiels » ? Si on pousse la logique à l’extrême, cela peut être lourd de conséquences. Cela signifierait que nous devrons accepter à terme les mêmes salaires que les ouvriers chinois ou indiens surexploités.

    Si les travailleurs et leurs organisations avaient suivi le même raisonnement au début du 20e siècle, nous serions encore en train de travailler 12, 13 ou 14 heures par jour au lieu de 8. Lorsque la classe ouvrière a fait pression pour la journée des huit heures, après la 1ère guerre mondiale, il n’était pas question de pertes de salaire.

    Au lieu de partir de la question « Qu’est-ce qui est supportable et réaliste pour les entreprises », nous préférons nous demander « Qu’est-ce qui est nécessaire pour les travailleurs ». Nous trouvons simplement logique que la richesse produite par les travailleurs serve à subvenir à leurs besoins.

    5. Pour un syndicat combatif !

    Une des conditions pour atteindre les objectifs ci-dessus, c’est que les travailleurs puissent compter sur des organisations, tant sur le plan politique que syndical, avec lesquelles pouvoir mener le combat pour ces revendications.

    C’est certain, une bataille sera nécessaire à l’intérieur des syndicats, pour remettre en avant le syndicalisme de combat. Le modèle de négociation par lequel la direction des syndicats essaye de convaincre le patronat a échoué. La force des syndicats réside dans leur capacité à mobiliser les travailleurs dans la défense de leurs intérêts immédiats, comme l’histoire l’a démontré à mainte reprises.

    C’est de cela que les patrons ont peur. Au contraire, si le patron sait que la direction syndicale est prête à accepter un petit accord, il n’a aucune raison de faire des concessions. Si par contre, il comprend que le syndicat est prêt à se dresser comme un seul homme pour défendre les intérêts des travailleurs, il réagira de façon plus prudente. Ce qui importe, c’est que les travailleurs se lancent avec un peu plus de confiance dans la lutte, en sachant qu’ils ont la possibilité d’y gagner quelque chose.

    Les syndicats ne servent pas à aider les patrons dans leurs « restructurations », ils servent à défendre les intérêts des travailleurs. A la place du syndicalisme de concertation, nous défendons le syndicalisme de combat. Nous soutiendrons chaque lutte dans ce sens. Il est crucial de se battre pour chaque emploi et pour le maintien de tous les acquis.

    Un nouveau parti des travailleurs devra aussi organiser une aile gauche combative à l’intérieur des syndicats pour offrir une alternative à la « stratégie » d’enterrement des mouvements de lutte des directions syndicales. C’est la principale raison pour laquelle beaucoup de travailleurs sont aujourd’hui cyniques par rapport au rôle des syndicats. C’est aussi pour cette raison que les militants syndicaux ont du mal à convaincre les jeunes de s’engager dans un travail syndical.

    Pensons par exemple à l’arrêt du mouvement contre le Pacte des Générations en 2005. Au cours de cette lutte, la base a été « consultée », dans le meilleur des cas, au cours d’assemblées régionales sans avoir la possibilité de décider réellement. Le mouvement a été stoppé arbitrairement par la direction de la FGTB et de la CSC. Pourquoi les militants ne pourraient-ils pas décider eux-mêmes de la fin ou non d’un mouvement ? Nous avons besoin d’une réelle démocratie syndicale, fondée sur une base active et impliquée qui peut décider elle-même du déroulement de la lutte par des votes démocratiques. La force de la classe ouvrière est potentiellement présente mais nous avons besoin de leaders syndicaux qui osent utiliser leur force pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions, etc. Et qui puissent concilier ce combat quotidien avec la recherche d’une autre société.

    6. Appel pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs

    Mais la classe ouvrière a aussi besoin d’un parti capable de traduire cette stratégie politiquement. Il est clair que le PS et le SP.a sont toujours considérés par une majorité de travailleurs comme « leurs » partis. Mais ces partis ne sont plus prêts à mener la lutte.

    Au contraire, ils sont devenus parmi les meilleurs exécutants des politiques d’austérité. Leur participation aux gouvernements durant de nombreuses années – ainsi que la désorientation et la démoralisation qui ont suivi la chute des régimes dits « socialistes » avec comme conséquence le triomphe des dogmes du libre marché – ont totalement corrompu ces partis.

    Si nous voulons une traduction politique de nos revendications de travailleurs, nous devons en conséquence construire un nouveau parti, mais nous savons qu’un tel parti ne tombera pas du ciel. Comme le dit l’adage populaire, Rome ne s’est pas construite en un jour. Celui qui n’est pas prêt à se retrousser les manches pour franchir les premières étapes vers un nouveau parti oublie que le Parti Ouvrier Belge (POB, l’ancêtre du PS) n’est pas apparu du jour au lendemain.

    Nous sommes conscients qu’un tel nouveau parti des travailleurs ne sera vraiment viable que s’il est soutenu par une partie importante du mouvement ouvrier, et en particulier par des fractions syndicales, sur base d’expériences de mouvements et de luttes massives. Mais si nous devons attendre les directions syndicales, cela peut encore durer longtemps. C’est seulement s’il y a suffisamment de pression de la base que les meilleurs d’entre eux seront prêts à se mettre en avant.

    Ce parti doit être ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre la casse sociale. Des discussions libres doivent être ouvertes pour les différents courants, syndicats, groupes d’actions,… qui veulent défendre leurs points de vue propres. Ce parti doit se battre contre chaque division des travailleurs, que ce soit sur base de la nationalité, de la race, du sexe, ou de la religion. Les seuls qui trouvent un intérêt quelconque dans ces divisions sont les patrons et leur système. Tous ensembles, nous sommes forts et, en luttant pour des droits égaux pour tous, nous renforcerons cette unité.

    Ce parti large doit aussi lier la lutte contre l’exploitation de tous les ouvriers, y compris ceux du monde néo-colonial. Les intérêts des travailleurs des autres pays sont souvent présentés comme étant opposés aux intérêts des travailleurs d’ici, mais c’est là une tentative de briser la lutte internationale. Les travailleurs de VW Forest auraient certainement été plus forts dans leur combat contre la restructuration s’ils avaient été capables de convaincre leurs collègues des autres sites VW de mener une lutte efficace à l’échelle internationale contre la fermeture. Mais la lutte internationale ne peut pas être une excuse pour ne pas mener le combat dans son propre pays. Les deux sont indissociablement liés.

    Un nouveau parti des travailleurs doit respecter le droit à l’autodétermination des Flamands, des Wallons et des Bruxellois, sans tomber dans le piège de ceux qui veulent affaiblir les travailleurs par la surenchère communautaire. Le PSL/LSP estime que chaque peuple doit avoir le droit de prendre ses propres décisions. Si un peuple veut vivre avec un autre peuple dans le cadre d’un Etat national, cela doit être possible. Mais sur un pied d’égalité et sur une base complètement libre.

    Être obligés de vivre dans un Etat où une partie de la population a moins de droits que l’autre, cela ne peut mener qu’à des situations désastreuses. Nous sommes par conséquent pour toutes les facilités susceptibles de mettre un terme aux sentiments d’oppression nationale. Donc également pour les facilités linguistiques.

    Beaucoup d’Etats capitalistes sont basés sur l’oppression de peuples ou de groupes de population. La Belgique a sur ce plan une mauvaise réputation. Les Flamands ont ainsi été empêchés durant 100 ans d’aller à l’école dans leur propre langue. Toute l’administration était francophone. Il était donc facile d’affaiblir les travailleurs en les divisant sur une base linguistique. On pouvait par exemple lire dans le journal wallon « Les Nouvelles », du 25 octobre 1904 : « Les Flamands de La Louvière ont reçu hier leur salaire et l’ont directement dépensé pour se saoûler et provoquer des bagarres pendant toute la nuit. Il faut relever qu’à chaque fois que des telles bagarres générales se déroulent à La Louvière, on y trouve des Flamands qui jouent avec des couteaux ».

    Entre temps, l’image s’est transformée. Selon le modèle propagé aujourd’hui, le Flamand est le travailleur courageux, le Wallon le profiteur et l’immigré celui qui sort son couteau. Fondamentalement, c’est toujours la même rengaine : les patrons empochent les profits tandis qu’ils dressent les travailleurs les uns contre les autres. C’est surtout la sécurité sociale qui constitue une épine dans le pied des patrons et du gouvernement. En brandissant la menace d’une scission, ils font du chantage sur les travailleurs wallons et, en même temps, ils nourrissent la Flandre de l’illusion que cela serait bon « pour tous les Flamands ».

    Les seuls qui tireraient avantage de la scission de la sécurité sociale sont les patrons, aussi bien les Wallons que les Flamands. Ils feraient pression sur nos salaires, nos pensions, nos pécules de vacances et nos prestations de santé en menaçant de déménager vers l’autre région. Aucun travailleur n’y a intérêt, ni les Wallons, ni les Flamands, ni les immigrés. Seuls les patrons y gagneraient.

    Un tel parti devrait agir pour la nationalisation des secteurs les plus importants de l’économie, sous contrôle ouvrier, car aux mains du privé, ces secteurs ne servent qu’à générer des profits pour les patrons et leurs actionnaires (banques, investisseurs, etc.).

    La seule manière pour que la population puisse profiter des revenus et/ou des services de ces secteurs (énergie, transport, banques…) est de les nationaliser. Mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Dans les mains de l’Etat actuel, qui n’est ni plus ni moins qu’une marionnette aux ordres de la classe capitaliste, ces services devraient toujours être rentables et ne pas trop coûter à l’Etat. La même argumentation est actuellement utilisée pour privatiser les entreprises publiques.

    La participation et le contrôle des travailleurs et de leurs familles dans et sur la politique sont essentiels. En tant qu’utilisateurs et qu’employés, ils savent mieux que quiconque où se situent les déficiences et quelle est la meilleure manière d’y remédier.

    7. Révolution

    Au regard du fait que les multinationales travaillent main dans la main avec les régimes les plus sanguinaires ; que des guerres sont menées pour le pétrole en faisant des milliers et des milliers de victimes innocentes ; que ces multinationales dressent des populations entières les unes contre les autres pour qu’elles finissent, à la longue, par s’entretuer ; qu’elles préfèrent encore laisser les gens mourir de faim plutôt que de toucher à leurs profits et qu’au besoin l’armée choisit la solution militaire, il est clair que ce programme ne peut être atteint autrement que par une lutte résolue.

    Bien plus, pour avoir la possibilité de pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on veut faire de la richesse produite, un mouvement déterminé des travailleurs sera nécessaire pour arracher le pouvoir des mains de la petite minorité des capitalistes.

    Beaucoup feront remarquer que cette minorité est très puissante, car elle dispose de tous les instruments nécessaires pour maintenir les gens sous contrôle. Elle utilise tous les canaux pour diffuser son idéologie, comme l’enseignement, les médias,… afin de faire croire aux gens que le système capitaliste est le seul système qui peut fonctionner.

    Et si ce n’est pas suffisant, elle contrôle encore la police, l’armée et la justice pour faire respecter les lois capitalistes par la force. Les tentatives visant à briser le droit de grève se situent complètement dans cette logique, tout comme la tentative d’exercer un contrôle policier plus sévère au travers d’un appareil policier unifié. Comme nous le voyons à chaque grève, la justice et la police ne sont pas de notre côté.

    Mais cela ne peut pas nous arrêter. C’est le rapport de forces qui sera déterminant. Une classe ouvrière convaincue, dont le noyau le plus dynamique est décidé à ne plus se laisser berner, et déterminée à prendre le pouvoir ne peut pas être arrêtée, même par mille armées.

    Nous devons tenir compte du fait que le capitalisme en crise est continuellement pendu à un fil. Si le système ne parvient plus à convaincre dans ses propres rangs, ce qui est souvent le cas lors d’une révolution, alors il est pour ainsi dire mort.

    Le meilleur exemple est celui de la révolution russe, mais aussi de Mai 68 en France, ou plus récemment les révolutions en Serbie, Géorgie, Ukraine, etc. Ces révolutions ont montré comment une classe dirigeante peut perdre prise sur ses propres troupes face à un mouvement de masse qui se développe. On peut encore parler de la radicalisation énorme en œuvre en Amérique Latine avec les mouvements de masse au Mexique, en Bolivie et dans beaucoup d’autres pays ainsi qu’avec le processus révolutionnaire qui se déroule au Venezuela. Selon nous, c’est un avant-goût des mouvements révolutionnaires qui vont se développer en Europe et dans le monde industrialisé.

    Ce qui a manqué dans beaucoup de ces exemples, c’est une organisation prête à mener le combat contre l’impérialisme jusqu’au bout, en faisant clairement le choix d’un autre type de société. C’est à la construction d’une telle organisation que travaille le PSL/LSP.

    8. Que sera le nouveau système ? Cela ne va-t-il pas dégénérer de la même manière qu’en Russie ?

    Pour éviter une situation où l’élite bureaucratique tire tous les avantages vers elle et rend impossible toute participation démocratique comme cela a été le cas dans l’ancien Bloc de l’Est, nous devons veiller à ce que le système et son économie fonctionnent pour satisfaire les besoins réels de la population.

    La discussion sur le stalinisme n’est pas seulement une discussion historique. Nous ne pouvons pas simplement dire que des « fautes » ont été commises dans l’ancienne Union Soviétique. Trotsky et ses partisans sont les seuls à avoir expliqué l’avènement d’une élite bureaucratique en Russie sur base d’une analyse marxiste. Le stalinisme était la conséquence de l’isolement de la révolution dans un pays arriéré sur le plan industriel et culturel. Trotsky a laissé deux possibilités ouvertes : soit la nouvelle élite régnante était chassée par une révolution politique qui aurait préservé l’économie planifiée, mais qui aurait réinstallé les soviets (ou démocratie des conseils), soit la bureaucratie se réformerait d’elle-même pour devenir une nouvelle classe capitaliste, lorsque l’économie bureaucratiquement planifiée arriverait à bout de souffle. C’est malheureusement cette deuxième possibilité qui s’est produite. Une économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière tout comme le corps humain a besoin d’oxygène.

    Le Socialisme suppose un système dans lequel le plus possible de travailleurs, ainsi que leurs familles, puissent participer et exercer un contrôle sur les prises de décision et ce tant sur le plan économique et social que politique. Un plan de production démocratiquement établi et contrôlé par des conseils composés de représentants des travailleurs, des syndicats nationaux et de la population dans son ensemble doit pouvoir faire une estimation correcte de ce qui est nécessaire et prioritaire. Chaque décision doit ensuite pouvoir être évaluée.

    Mais que se passera-t-il avec ceux qui seront au pouvoir ? N’est-il pas exact de dire que le pouvoir corrompt ? Si être au pouvoir signifie pouvoir rester à son poste sans aucun contrôle de la collectivité, cela pose effectivement un problème.

    Ce que nous défendons au contraire, et que nous mettons déjà en pratique dans notre organisation, c’est que chaque fonctionnaire doit être élu mais aussi révocable à tout moment, au cas où il n’a plus la confiance de ses électeurs. De même, il ne doit pas disposer d’un salaire plus élevé que la moyenne des travailleurs qu’il représente.

    La situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle les parlementaires touchent des milliers d’euros par mois fait en sorte que ceux qui nous représentent vivent bien loin de notre réalité. Comment peuvent-ils savoir quels sont nos besoins ? Ils ne vivent pas dans les quartiers ouvriers, ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, ils ne savent pas ce que c’est que d’arriver péniblement à payer toutes ses factures chaque mois, etc.

    Joe Higgins, jusqu’il y a peu notre parlementaire en Irlande, mais aussi nos parlementaires à l’intérieur du Labour Party dans les années ’80, ne gardaient comme salaire que l’équivalent d’un salaire moyen. Tout le reste était consacré aux campagnes et aux luttes des travailleurs, et non à la construction d’une villa dans le sud de la France…

    9. Pour le socialisme et l’internationalisme !

    Si les travailleurs d’une entreprise se mettent en grève, le patron fera tout pour briser cette grève. Il va proposer un accord aux leaders syndicaux, essayer par tous les moyens d’isoler le noyau dur de la grève et faire appel aux gardes de l’entreprise ou à la police et aux tribunaux pour briser les piquets.

    Il essayera, si la grève dure trop longtemps, de compenser ailleurs les pertes de production, si possible dans une société sœur à l’intérieur ou à l’extérieur du pays mais, s’il le faut, chez la concurrence. En d’autres mots, le capitaliste fera appel à sa classe, à ses représentants politiques, aux médias, et à l’appareil de répression pour briser la grève.

    A l’ère de la production internationale et des flux financiers mondiaux, le capitaliste fera de plus en plus appel à la « solidarité » des patrons à travers les frontières. Les travailleurs doivent en tirer les leçons. Ils doivent aussi faire appel à leur classe pour faire triompher leur lutte. Ils doivent aussi, et plus que jamais, s’appuyer sur leurs collègues à l’étranger.

    Aucune lutte n’éclate partout en même temps, chaque lutte commence quelque part. Les chances de réussite augmentent à mesure que la lutte s’élargit. Cela vaut pour les grèves, pour les mouvements de désobéissance civile, pour les marches de protestation… mais aussi pour la révolte et la révolution.

    Même une révolution socialiste éclate à une échelle nationale, mais sa réussite finale est déterminée par les événements internationaux. La solidarité a une importance majeure, mais avec un soutien moral ou même des collectes, etc. on ne remporte pas une victoire. C’est pour cela que le soutien actif des travailleurs d’autres entreprises, secteurs et pays et un élément d’importance cruciale. La révolution va donc débuter sur un plan local, mais sans élargissement national et international, elle est condamnée à l’échec. La démocratie ouvrière et la planification socialiste ne peuvent pas être limitées à un seul pays, comme cela a été démontré en Russie. L’isolement de la Russie soviétique a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    La Révolution russe, la seule dans laquelle la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir pendant une courte période, a été l’événement le plus important de l’histoire. L’expérience n’a été que partiellement réussie, mais nous pouvons en tirer des leçons énormes et entre autres que nous devons nous organiser au niveau international, dans le cadre d’un parti mondial. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Le CIO est actif sur tous les continents. Nous avons des sections aux États-Unis, mais aussi au Chili, au Brésil et au Venezuela. En Afrique, nous sommes présents au Nigeria et en Afrique du Sud. En Asie, nous avons des sections au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Kazakhstan et au Japon.

    En Europe, nous sommes présents en Belgique, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Écosse, en Irlande (Nord et Sud), en Autriche, en Tchéquie, en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Italie, en Grèce, à Chypre, en Espagne et en France. Au Moyen-Orient, nous avons des sections en Israël et en Palestine et des sympathisants au Liban. Le CIO a aussi une section en Australie. Le PSL/LSP voit donc sa lutte en Belgique dans le cadre de la lutte des travailleurs du monde entier, pour une société socialiste.

  • L’extrême-droite a rendu la nuit dangereuse à Louvain

    Selon la police, il y a eu au moins 15 arrestations durant des troubles causés par des provocateurs d’extrême-droite. Parmi les arrêtés figurent des militants néerlandais de Voorpost. Un jeune de gauche a été battu par cinq militants d’extrême-droite. Pourquoi a-t-il été attaqué ? Il portait des dreadlocks… Tout ce qui n’est pas conforme à l’étiquette du «combattant aryen» et semble un peu «différent» est une victime potentielle de la violence fasciste.

    Les média ont parlé quasiment uniquement des problèmes causés en marge de la manifestation anti-NSV, après la dissolution du cortège. Cela a peut-être fourni des photos ‘spectaculaires’ : un canon à eau qui arrose un petit groupe de jeunes masqués à cent mètres, cela peut bien donner à l’image. Le bilan de la nuit qui a suivi donne une image plus nuancée de la manière dont les choses se sont déroulées. Il est exact de dire qu’il y a eu des problèmes après la manifestation anti-NSV mais, finalement, plus de provocateurs d’extrême-droite ont été arrêtés que parmi les antifascistes.

    Dans le centre-ville, un petit groupe d’extrême-droite a causé des troubles durant des heures. Un jeune membre de Comac (le mouvement de jeunes du PTB) a été battu en rue par 5 individus d’extrême-droite. Il est toujours à l’hôpital avec entre autres une mâchoire brisée. La campagne antifasciste flamande Blokbuster et le Parti Socialiste de Lutte ne sont pas toujours en accord avec les positions défendues par Comac, mais la victime peut bien entendu compter sur notre solidarité.

    Ce genre d’incidents illustre à quel point il est nécessaire de mobiliser pour éviter que les néofascistes violents puissent librement parcourir les rues en bande. Ce n’était pas très malin de la part des forces de l’ordre de ne pas permettre à la manifestation étudiante anti-NSV de finir dans les quartiers étudiants alors que l’extrême-droite a pu le faire. Cela a entraîné plusieurs problèmes à la gare à la fin de la manifestation parce que beaucoup de jeunes voulaient se diriger vers leur kot ou vers un café dans l’avenue qui avait été bloquée. Cela a aussi permis à l’extrême-droite d’être présente dans les quartiers étudiants.

    L’alternative proposée par l’extrême-droite peut se voir ici : battre et envoyer à l’hôpital ceux qui semblent un peu différent. Cela rend la lutte antifasciste plus nécessaire que jamais! Nous espérons que cette manifestation anti-NSV réussie constituera la base pour une manifestation combative tout aussi réussie l’an prochain à Anvers.

  • Manifestation antifasciste à Louvain: l’extrême-droite n’a aucune solution face à la crise!

    Hier, deux manifestations se sont déroulées dans la ville de Louvain. D’un côté ont défilé 300 militants du NSV, l’organisation étudiante du Vlaams Belang, dont peu d’étudiants de Louvain, mais beaucoup d’individus tels que des membres bien connus de groupuscules néonazis comme Blood&Honour. De l’autre côté, une contre-manifestation combative a réuni environ 1.000 jeunes et travailleurs, principalement de Louvain.

    Geert Cool

    Manifestation anti-NSV non-violente

    Cette manifestation anti-NSV a été soutenue par une plate-forme de différentes organisations. À côté des Etudiants de Gauche Actifs (Actief Linkse Studenten) et de Blokbuster figuraient des groupes de comités de soutien pour les sans-papiers, des organisations étudiantes de l’ULB, les Syndicalistes contre le fascisme (Syndicalisten tegen fascisme), des militants et délégations de la FGTB,… Un groupe de Comac (l’organisation de jeunes du PTB) et une délégation d’autonomes (anarchistes) étaient également présents à la manifestation.

    Dans le contexte d’une crise économique, nous devons construire une opposition active contre la politique asociale qui laisse de côté un nombre sans cesse plus préoccupant de personnes. Cela n’a rien à voir avec les polémiques communautaires, mais tout avec l’opposition entre les intérêts du travail et ceux du capital. Les capitalistes sont responsables de la crise de leur système et essayent maintenant de nous la faire payer. En réponse, nous devons nous organiser pour une lutte collective.

    Nous devons aussi aborder la question d’une alternative politique face aux politiciens néolibéraux. L’extrême-droite n’a aucune réponse à offrir vis-à-vis de la crise économique. Le Vlaams Belang et le NSV continuent à s’en prendre aux francophones, comme si les travailleurs et chômeurs wallons étaient responsables de la crise capitaliste. Avec un ancien patron du port d’Anvers comme président, le Vlaams Belang ne risque pas de défendre les intérêts des travailleurs qui risquent de perdre leur emploi ou l’ont déjà perdu.

    Nous voulons construire une relation de forces pour parvenir à un changement. Le Parti Socialiste de Lutte défend la nécessité d’une alternative socialiste contre le capitalisme, une société où seraient centraux les besoins de la majorité de la population et non pas les bénéfices d’une petite minorité. Une manifestation comme celle d’hier peut être une excellente occasion d’organiser les jeunes et les travailleurs et de diffuser nos positions.

    Emeutes

    Dans un tract diffusé au début de la manifestation, nous avons écrit : “Pour lutter contre l’extrême-droite, nous devons rechercher le soutien des couches larges de la population dont les intérêts sont directement opposés à ceux-ci des néofascistes. Nous ne les persuaderons pas de nous rejoindre dans la lutte contre l’extrême-droite en livrant dans les quartiers une confrontation «gauche contre droite». Notre méthode d’action ne peut pas nous isoler des couches plus larges.”

    La manifestation anti-NSV en elle-même s’est déroulée sans violence, le défilé combatif attirant de plus en plus de jeunes à mesure de son parcourt. À la fin de la manifestation, des incidents isolés ont eu lieu, auxquels les média ont bien entendu accordé une attention surdimensionnée. La majorité des manifestants, tant lors du parcours que par la suite, se sont clairement distanciés de ces excès violents. Ainsi, des manifestants, tant organisés que non-organisés, ont rappelé à l’ordre et hué quelques individus masqués qui ont causé des dégâts sur le trajet. Le quotidien flamand Het Niewsblad a écrit à juste titre : «A cause de certains radicaux, le message que les manifestants voulaient donner n’est plus qu’à peine entendu, c’est regrettable.»

    Une certaine ambiance avait aussi été créée à l’avance, laissant lourdemment sous-entendre une possible violence. La ville a pris des mesures extrêmes pour effrayer tout le monde – comme d’interdire les terrasses, les dépôts de poubelles et les transports en commun dans le centre-ville. Le fait que les média choisissent systématiquement d’opter pour un journalisme-spectacle en accordant une attention uniquement aux éventuelles émeutes n’améliore bien entendu pas les choses. La population de Louvain a été poussée dans la peur.

    Les néonazis du NSV

    Au vu du défilé du NSV, il est certain que des actions comme ce genre de contre-manifestation sont nécessaires. Si nous laissons les rues à ce type d’individus, la ville serait alors dangereusement pour chaque non-conformiste, basané,…

    La manifestation du NSV a commencé avec un certain retard, il fallait attendre les autocars de manifestants d’autres villes. Parmie eux, une délégation de Blood&Honour. Cette organisation a plusieurs fois été dans les média en raison de ses conceptions néonazies et de ses activités violentes (trafic d’armes, entre autres). Chris Moorkens, un des leaders de B&H, était présent alors qu’il est en résidence surveillée. On pouvait aussi voir des militants de Voorpost et de Vlaams Belang Jongeren.

    Le Vlaams Belang manifeste chaque année main dans la main avec des néonazis. Malgré les nombreux appels et organisations qui soutenaient la manifestation du NSV, seulement 300 personnes étaient présentes. Pourquoi les média n’ont-il pas accordé d’attention à cela ou aux liens entre les mandataires du Vlaams Belang et les néonazis.

    L’an prochain, la manifestation anti-nsv sera à Anvers

    Ces dernières années, les rangs des manifestants anti-NSV sont devenus plus grands avec les manifestations réussies à Gand l’an dernier et maintenant à Louvain. Sur cette base, nous mènerons une forte campagne pour également faire de la manifestation antifasciste d’Anvers une réussite claire en termes de mobilisation.

    Les étudiants néofascistes d’Anvers sont d’ores et déjà frustrés, une réunion antifasciste à l’université a été troublée peu de temps avant la manifestation anti-NSV…

  • Pour des actions de masse qui renforcent le mouvement

    Dans le cadre des actions contre la guerre dans Gaza, il y a eu parfois des dégradations et des confrontations avec la police. Après la grande manifestation du 11 janvier, des voitures ont été démolies par des petits groupes en marge des manifestants. Ceci ne renforce pas la résistance contre la guerre mais isole le mouvement et offre un prétexte à certains médias pour blâmer tous les manifestants. Nous rejetons ce genre d’« actions » et plaidons pour des actions de masse pacifiques qui se tournent vers des couches larges de la population pour les convaincre et les impliquer dans le mouvement.

    Par Sven (Louvain)

    Le 26 mars, nous organisons la manifesta-tion annuelle contre le NSV. Nous essayons de mettre en place une large unité pour cette manifestation, avec toutes les forces qui veulent lutter pour une alternative de gauche pour faire barrage à la croissance de l’extrême-droite. Malheureusement il y a toujours des groupes pour penser qu’une action ludique ou symbolique serait meilleure parce que toute manifes-tation porterait en elle un risque de violence. Nous n’avons en soi pas de problème avec les lancers des ballons ou d’autres actions ludiques mais ce n’est pas cela qui va faire obstacle au NSV quand il va essayer le 26 mars de mettre en pratique sa politique violente, ce qui rendrait Leuven dangereux pour tout immigré, homosexuel(le), non conformiste,… Seule une mobilisation massive peut empêcher cela.

    On ne peut pas répondre à l’argument selon lequel des petits groupes pourraient procéder à des destructions en marge des manifestations en n’organisant plus de manifestations. Manifester est une méthode d’action qui, à travers toute l’histoire du mouvement ouvrier, a joué un rôle important dans le renforcement de l’action collective et de la solidarité. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons un problème avec les destructions qui minent la solidarité entre les manifestants et qui empêchent une extension de l’action.

    Dans une manifestation contre l’extrême droite, comme celle contre le NSV, nous voulons montrer l’isolement dans lequel se trouvent ces organisations. Malgré le poids électoral du Vlaams Belang et les ressources dont il dispose (pour faire sa propagande mais aussi pour organiser un service d’ordre musclé et violent comme le groupe Voorpost de Luc Vermeulen), il y a chaque année trois à cinq fois plus de monde dans la manifestation antifasciste que dans celle des fascistes. En réalité, le NSV se compose principalement de membres d’organisations telles que Voorpost et le VB, avec très peu d’étudiants.

    En organisant le même soir une contre-manifestation, nous voulons montrer quelles sont les forces réelles sur le terrain et limiter l’espace que le NSV voudrait occuper. Pour chercher – et trouver – un large soutien à la résistance contre l’extrême-droite parmi les étudiants de Leuven, il est important que la manifestation soit pacifique.

    Lors des manifestations contre la guerre à Gaza, nous avons vu comment des politiciens et des médias ont utilisé les incidents dans le but non seulement d’isoler les manifestants, mais aussi de limiter le droit de manifester. La ville d’Anvers a voulu exiger de la Ligue Arabe Européenne qu’elle lui donne une liste de 100 personnes responsables du service d’ordre avant d’autoriser une manifestation (avec l’intention de rendre celles-ci personnellement responsables en cas d’incidents). Cette idée a été immédiatement reprise à Gand, où elle a été, à juste titre, rejetée par les organisateurs de la manifestation “Gand pour Gaza”. Une telle remise en cause du droit de manifester est, entre autre, le résultat des incidents et des dégradations.

    La construction d’une opposition de gauche doit se faire en mettant en avant un projet politique, pas en semant le désordre dans la ville (même si ce n’est le fait que d’une petite minorité). Nous n’avons pas besoin de telles provocations (rappelons qu’au cours des manifestations anti-mondialisation, il y a même eu plusieurs exemples de policiers infiltrés qui étaient à l’origine d’actions provocatrices).

    Construire le projet politique d’une opposition de gauche qui puisse convaincre de larges couches n’est peut-être pas aussi excitant que de jouer au chat et à la souris avec la police. Mais c’est par contre beaucoup plus radical et plus efficace pour développer une force capable de changer la société. C’est pour cela que nous lançons cet appel : faisons de la manifestation anti-NSV à Louvain le 26 mars une démonstration massive et combative contre le racisme, contre l’extrême-droite et contre la misère et le chaos du capitalisme.


    LE 26 MARS, MANIFESTATION CONTRE LE NSV A LOUVAIN, participez vous aussi!

  • Sur les atrocités de Termonde

    Les tragiques évènements qui se sont déroulés à Termonde vendredi dernier ont choqué partout à travers le pays. Le meurtre sauvage de jeunes enfants et d’une accompagnatrice dans une crèche est tout bonnement incompréhensible. Cette tuerie a fortement touché les gens notamment parce qu’elle est très concrète : chaque parent a de suite pensé à ses propres enfants. Nous avons nous aussi été très choqués et témoignons notre sympathie aux familles et connaissances des victimes.

    Les nombreuses réactions suscitées par ce drame ont été dominées par l’incompréhension : comment quelqu’un peut-il être malade au point d’assassiner froidement des enfants ? La même interrogation s’était posée il y a quelques années quand Hans Van Themsche avait tué la petite Luna, une fillette de deux ans, ainsi que sa nounou à Anvers.

    Il semble qu’il y ait une progression du nombre d’incidents et d’actes de violence gratuite et incompréhensibles dans lesquels des enfants sont entre autres victimes. Différents journaux avertissent que cette augmentation n’est pas prête d’être stoppée.

    La violence gratuite est une expression d’une aliénation de la société. De chaque description de la vie du coupable de Termonde, il ressort que cet individu n’était absolument plus attaché à la société, sans aucun contact social et dans une situation totalement isolée. C’est cet isolement qui conduit à ce qui ne peut être qualifié que de barbarie.

    Dans le contexte d’une profonde crise économique avec en conséquence des licenciements massifs, le nombre de personnes qui se retrouveront exclus d’un tissu social va croître et la pression portée sur l’individu repousse les éléments collectifs, sociaux. Nous refusons d’accepter un système incapable d’offrir à chacun une place dans la société.

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