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Tag: Antiracisme
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Opposons aux violences fascistes une mobilisation de masse
Aux dernières élections européennes, l’extrême droite gagnait près de 100 sièges au parlement européen, le FN arrivait premier parti en France. En Grèce, le 25 janvier dernier, le parti néonazi Aube Dorée rééditait son score de 2012 avec près de 7% des voix et 17 sièges au parlement malgré les procès contre nombre de ses dirigeants après le meurtre de Pavlos Fyssas, un rappeur antifasciste. Ces dernières années, divers mouvements réactionnaires sont descendus dans les rues : contre le mariage homosexuel, contre l’avortement ou contre les immigrés, comme ce fut le cas pour les manifestations Pegida en Allemagne contre ‘‘l’islamisation de l’occident’’, initiatives rejointes par l’extrême droite.
Par Nicolas M (Bruxelles), article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Surfer sur les effets de la crise pour amplifier les divisions : une politique au service des capitalistes. La crise économique et les politiques d’austérité sont un terrain fertile pour les organisations racistes et fascistes. Celles-ci instrumentalisent la colère pour insuffler dans la population des éléments de division. Elles ciblent souvent les couches les plus faibles. Sous un vernis de pseudo-radicalisme antisystème, un groupuscule comme l’organisation d’extrême droite francophone ‘‘Nation’’ tente de se présenter comme une alternative crédible. Leur racisme et leur nationalisme sont en fait des leviers visant à accentuer les divisions au sein de notre classe sociale en développant la compétition entre jeunes et travailleurs des différents pays. Selon leur logique nauséabonde, nos problèmes trouvent leur source dans la présence de travailleurs d’origine immigrée, ou de travailleurs sans-papiers, et surement pas dans l’avidité capitaliste et dans l’exploitation toujours plus grande qui en découle.
Des organisations au service du capitalisme et par essence violentes
Les attaques physiques des néo-nazis d’Aube Dorée contre les immigrés en Grèce ont, au-delà de la Grèce, donné confiance aux organisations fascistes pour révéler leur caractère réel : des organisations adeptes de la violence de rue.
A Bruxelles une tentative d’intimidation verbale et physique a été entreprise par le fasciste français Laurent Ozon accompagné de militants néo-nazis de Nation le 26 mai dernier. Ayant pris une bouffée de confiance, Nation a appelé à multiplier ce genre d’initiatives. Le 1er juin ils ont tenté de se remobiliser contre une nouvelle manifestation de sans-papiers. Une quinzaine à peine de leurs militants étaient présents contre quelques centaines de sans-papiers et de sympathisants. La frustration des néonazis s’est exprimée dans le tabassage d’un SDF place du Luxembourg. En attaquant les sans-papiers, puis ce SDF, ils illustrent quelles sont leurs cibles : les couches les plus faibles de la société, les victimes du système capitaliste.
Notre réponse : la mobilisation de masse.
Face à la violence des voyous nazis, notre arme la plus forte reste notre capacité à mobiliser massivement. Avec leur stratégie de violence de rue, ils veulent nous emmener sur leur terrain : la confrontation physique entre commandos. Nous devons rester vigilants et préparés face à leurs attaques, parfois aux conséquences meurtrières (Clément Meric en France, Pavlos Fyssas en Grèce,…), mais la lutte contre l’extrême droite se construit avant tout par la mobilisation massive de la classe des travailleurs et de la jeunesse dans les rues, sur les lieux de travail, dans nos quartiers, dans les maisons de jeunes, etc. contre les divisions, le racisme et pour la solidarité des jeunes et des travailleurs, avec ou sans papiers. Les mobilisations en Allemagne contre le mouvement Pegida, ou encore l’appel pour une journée européenne contre l’extrême droite le 9 novembre dernier illustrent comment nous pouvons minoriser les fascistes et les repousser hors de nos rues. Une approche socialiste pour un changement de société.
L’histoire nous le montre, lorsque la domination capitaliste est remise en cause par la classe des travailleurs, la classe dominante recourt à l’arme du fascisme pour briser la résistance et assurer leur hégémonie. La lutte contre le racisme et l’extrême droite est liée à la nécessite d’un changement de société. Nos luttes collectives constituent notre réponse contre l’austérité, les divisions, le racisme et tous les effets pervers d’un système en crise dirigé par une élite privilégiée. Le PSL, avec ses campagnes antifascistes Résistance Internationale et Blokbuster en Flandre, veut construire ces mobilisations massives et défendre une alternative socialiste démocratique face au chaos capitaliste.
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Tract de campagne d'été des Etudiants de Gauche Actifs
Tout comme chaque année, les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) poursuivrons leurs activités durant l'été. Vous pourrez les retrouver en campagne en rue, sur les festivals,… Le tracts ci-dessous dévoile les principaux thèmes sur base desquels ils engageront la discussion. Bonne lecture!

Soutiens notre campagne et la participation du plus grand nombre de jeunes à la manif de Paris ! (Autocollant à prix libre)! Changeons le système, pas le climat! Sauvons la planète du capitalisme!
Le changement climatique a déjà un impact catastrophique sur la production alimentaire et les conditions de vie à travers le monde. En 2013, 22 millions de “réfugiés climatiques” ont dû fuir leur région. Sans changement de cap majeur, cela ne va faire qu’empirer.
Sommes-nous chacun responsable au même titre? Non. Une étude de Richard Heede (revue scientifique ‘‘Climatic Change’’) estime que 61% des émissions de gaz à effet de serre émises depuis le début de l’ère industrielle (1750) proviennent de… 90 multinationales (principalement ces dernières décennies)! Celles-ci possèdent les ressources et la technologie nécessaires pour une transition énergétique écologiquement responsable. Mais pour les multinationales, notre environnement peut être sacrifié pour protéger leurs montagnes de pognon!Les vingt sommets climatiques de l’ONU ont systématiquement souligné le péril environnemental qui nous fait face, sans jamais remettre en cause l’immonde gaspillage du système de production capitaliste. Fin 2015, un nouveau sommet climatique aura lieu à Paris. La dernière fois, plus de 300.000 personnes ont manifesté à New-York.
Opposons à la folie du gaspillage capitaliste une gestion rationnelle des ressources et de la production, basée sur la collectivisation de secteurs fondamentaux comme l’énergie (production et distribution) et des multinationales telles que Monsanto. À partir de là, nous aurons les moyens de démocratiquement planifier la transition écologique et la sortie du nucléaire et de l’énergie fossile, avec des investissements publics massifs dans les énergies renouvelables, dans les transports en commun, dans l’isolation des bâtiments, dans le recyclage de masse,…
C’est ce changement de société radical que les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) défendront à la manifestation ‘‘Climat’’ de Paris le 29 novembre, au côté de la Coalition Climat qui vise à mobiliser 10.000 Belges. Prends la route de Paris avec nous !
Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère… De cette société-là, on n’en veut pas !
Chômage de masse, jobs précaires,… la vie après les études, c’était déjà la jungle. Mais Michel et sa clique en ont rajouté une couche en augmentant l’âge de la pension à 67 ans (idée splendide pour encore plus boucher aux jeunes l’accès à un emploi) et en refusant à ceux qui finissent leurs études après 24 ans d’avoir une allocation de chômage. Ils veulent aussi diminuer le salaire minimum des jeunes (personne n’avait remarqué qu’il était trop élevé…). Au final, il n’y aura pas le moindre emploi en plus, mais la concurrence entre travailleurs (âgés, jeunes,…) aura été augmentée. Au bénéfice de qui ?Ce gouvernement des riches veut livrer au monde des patrons et des actionnaires une masse de travailleurs hyper-flexibles, corvéables à merci et aux salaires tellement bas qu’ils empêchent de se construire sérieusement un avenir. T’es pas content de ton job? Tant pis. D’autres seront forcés de l’accepter.
En novembre/décembre dernier, pas mal de jeunes ont participé aux actions syndicales. Lors de la manifestation-monstre du 6 novembre (environ 150.000 personnes dans les rues de Bruxelles…), la tête du cortège était constituée d’un bloc déterminé de jeunes. Parmi eux, un bon groupe d’élèves du secondaire de Gand qui avaient eux-mêmes organisé des sit-ins, des manifestations et une grève dans leur ville contre les coupes budgétaires dans l’enseignement.
Malheureusement, après la grève générale nationale du 15 décembre, les directions syndicales ont refusé de poursuivre la construction du mouvement avec une stratégie audacieuse. Michel & Co ont donc pu poursuivre leur politique de démolition sociale sauvage.
EGA veut assurer que la jeunesse soit activement présente au côté des travailleurs. Le 7 octobre prochain, une nouvelle manifestation syndicale de masse aura lieu. Assurons que ce soit un succès et qu’un nouveau plan d’action audacieux arrive, jusqu’à la chute de ce gouvernement des riches!
Stop au racisme et au sexisme – Ils veulent nous diviser pour mieux régner – Non à l’austérité !

Autocollant à prix libre. Pour Dewever et la N-Va, le racisme, ça n’existe pas vraiment, ce serait juste un prétexte que des personnes d’origine immigrée utilisent pour justifier leur échec personnel. Mais le massacre de Charleston et la violence policière contre les Noirs aux USA, la politique migratoire européenne, l’exploitation des sans-papiers,… illustrent à quel point la société capitaliste est pourrie, rongée par le racisme et les discriminations.
Ce n’est pas un accident. La meilleure stratégie pour assurer la domination d’une infime minorité, c’est de diviser la masse des opprimés, d’exacerber les préjugés pour nous monter les uns contre les autres et détourner ainsi l’attention des véritables responsables des problèmes sociaux, économiques, environnementaux,…
Le sexisme est ainsi si ancré dans notre quotidien qu’il en vient à être considéré comme quasiment ‘‘naturel’’. C’est vraiment flagrant sur la plupart des festivals. Combien d’entreprises font leur pub en considérant le corps des femmes comme un vulgaire objet de promotion ? Avec quelles conséquences sur les comportements ? En Flandre, de nombreuses jeunes filles ont décidé de livrer sur les réseaux sociaux leurs témoignages sur le harcèlement de rue, les viols et le sexisme quotidien sous le hashtag #wijoverdrijvenniet (nous n’exagérons pas).
Racisme, sexisme et homophobie sont autant de barrières qui freinent le combat que nous devons mener ensemble pour la satisfaction des nécessités sociales les plus élémentaires. Chacun mérite d’avoir un véritable avenir et d’être respecté indépendamment de son origine, de son genre ou de son orientation sexuelle. La meilleure riposte, c’est l’organisation d’une opposition active et politique conséquente contre toute tentative de diviser la résistance sociale. De la sorte, en Allemagne, ce sont les manifestations de masse qui ont brisé la progression du mouvement islamophobe Pegida.Soutiens nos campagnes: EGA et ses campagnes antifascistes (Résistance Internationale (FR) et Blokbuster (NL)) organisent chaque année une manifestation contre la marche de la haine de la NSV (organisation étudiante officieuse des néofascistes du Vlaams Belang). Nous jouons aussi un rôle moteur contre les réactionnaires qui veulent abolir le droit à l’avortement, renvoyer les femmes au foyer, revenir sur les conquêtes des Lesbiennes, Gays, Bisexuel(le)s, Transgenres, Queers et Intersexes.
NO TTIP! Un avenir où on nettoie le poulet au chlore ? Bombardé d’OGM ? Où la moindre protection sociale est une ‘‘atteinte à la liberté d’entreprise’’ ? Bienvenue dans le monde que nous prépare le Traité transatlantique (TTIP) que nous concoctent les chefs d’État européens et les autorités américaines : la plus vaste zone de libre-échange au monde. Les multinationales sont les seules à applaudir… EGA participera à l’encerclement du sommet européen du 15 octobre prochain (initiative de l’Alliance D19-20).
MARX AVAIT RAISON! REJOINS EGA!
Nous voulons lutter contre le capitalisme, c’est certain, mais pas n’importe comment. Être efficace signifie d’avoir une grille d’analyse pour bien comprendre la situation présente, d’où elle provient, quelles sont ses contradictions internes, comment elle peut se modifier,… Parfois, de grands événements peuvent survenir de façon très abrupte, mais ce n’est pas pour autant que rien ne les annonçait !Il faut aussi tirer les leçons du passé pour mieux renforcer les luttes d’aujourd’hui. Le combat contre l’exploitation capitaliste a déjà une riche histoire derrière lui concernant le programme, la stratégie et les tactiques nécessaires pour aller vers une société débarrassée de la guerre, de la misère et de l’oppression.
EGA, Étudiants de Gauche Actifs (ALS, Actief Linkse Studenten en Flandre) est l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste de Lutte (PSL). Elle se revendique du marxisme. Contrairement à ce qu’en a fait le totalitarisme stalinien, il ne s’agit pas d’un dogme rigide, mais au contraire d’une méthode flexible pour comprendre le monde afin de le changer. Nous défendons une alternative anticapitaliste basée sur le contrôle démocratique de l’économie par la collectivité. Nous voulons une société orientée vers les besoins de la majorité de la population plutôt que vers les profits des super-riches. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.
Rejoins-nous et construisons ensemble cette société !
Voici le nouveau T-shirt et le nouveau sweat des Étudiants de Gauche Actifs! Ils reviennent à 12 euros pour le T-shirt (modèle homme et femme) et à 25 euros pour le sweat (+ 3 euros pour les frais de port). Vous pouvez passer commande auprès de nos militants ou via info@gauche.be.
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NON au sexisme, au racisme, à l'homophobie ! Tout ce qui nous divise nous affaiblit!
L’extrême droite a beau avoir perdu de sa superbe (le Vlaams Belang occupe bien moins de place aujourd’hui en Flandre tandis que ne subsistent que des groupuscules du côté francophone) et les droits légaux des personnes LGBTQI (1) ont beau avoir progressé, les discriminations racistes, sexistes ou homophobes (etc.) sont loin de s’être évanouies.Cela fut illustré par le déluge de témoignages concernant le sexisme ordinaire qui a déferlé sur la Flandre sous le hashtag #WijOverdrijvenNiet, mais aussi par les tentatives – du Vlaams Belang notamment – de développer un mouvement raciste tel que Pegida, inspiré du mouvement allemand des ‘‘Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident’’. Le 16 mai, pour la première fois depuis des années, une contre-action homophobe prendra probablement place le jour même de La Pride (ex-Gay Pride). Cette initiative provient, une fois encore, des milieux conservateurs et d’extrême droite.
Les discriminations n’épargnent aucun secteur, des agences immobilières aux entreprises les plus diverses. Des nationalistes flamands se sentent suffisamment en confiance que pour s’en prendre à des journalistes en raison de leur couleur de peau. Les scandaleuses expulsions de sans-papiers suscitent par ailleurs peu d’indignation, de même que le fait que 40% des migrants non européens vivent sous le seuil de pauvreté en Belgique. Les faits indiquent clairement que le racisme est une réalité toujours bien vivace et, contrairement à ce qu’affirme Bart De Wever sans la moindre honte, il ne s’agit pas bêtement d’une excuse évoquée pour justifier des échecs personnels.
Les propos racistes de Bart De Wever et sa stigmatisation ouverte de minorités spécifiques ont profondément choqué. Cela n’a toutefois pas suffit à ce que la N-VA et De Wever prennent leurs distances de ces remarques. Quant à ceux qui ont tenu à protester dans les rues d’Anvers, ils ont immédiatement dû faire face à la répression policière et au système des amendes SAC (Sanctions Administratives Communales).
Loin d’être exagéré
Ce débat public survient au moment même où l’étendue du sexisme ordinaire occupe à nouveau le devant de la scène médiatique flamande et où, en France, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a dévoilé une étude indiquant que 100% des utilisatrices de transports en commun interrogées ont subi du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle au moins une fois dans leur vie! Le problème est profond, très profond, et ne se limite pas aux jeunes d’origine immigrée des rues de Bruxelles, contrairement à une fausse idée largement répandue.
Tout comme c’est le cas avec le racisme, certains essayent de faire retomber la responsabilité de la problématique sur les épaules des victimes. Dans les cas de viol on peut ainsi encore régulièrement entendre (jusque dans les milieux universitaires) que la victime avait ‘‘provoqué’’ ce qui lui est arrivé par sa tenue, son ébriété,…
Les réactionnaires contre La Pride
Pour la première fois depuis longtemps, un groupe de profonds réactionnaires de droite (sous le nom de Mars voor het gezin, Marche pour la famille) veut organiser une action homophobe dans les rues d’Anvers le 16 mai, au moment même où se déroulera La Pride à Bruxelles. Cette manifestation comprendra des revendications opposées au droit à l’avortement, pour l’interdiction de La Pride,… Cet évènement aura de quoi séduire le primat de Belgique, Monseigneur Léonard, pour qui ‘‘La loi belge dépénalisant l’avortement? C’est un drame!’’ , comme il l’a déclaré cette année dans son homélie de Pâques. Il y a quelques années, il avait encore comparé l’homosexualité à l’anorexie, reléguant ainsi clairement l’orientation sexuelle au rang de maladie.
Si cette initiative a originellement été prise par des fondamentalistes catholiques, un large spectre de réactionnaires de droite est également intéressé par la démarche, notamment le KVHV (cercle des étudiants catholique) étroitement lié à la N-VA. Le 16 mai, des militants de la N-VA se retrouveront donc à La Pride à la recherche de potentiels électeurs tandis que d’autres manifesteront à Anvers pour l’interdiction de l’évènement…
Ne nous laissons pas diviser!
Racisme, sexisme et homophobie ont pour effet de diviser la population et d’instaurer des barrières à la lutte commune que nous avons tous à mener contre les véritables responsables de la crise, du chômage et de la misère. La meilleure façon de réagir est d’organiser une opposition politique et active conséquente contre toute tentative de division de notre classe et du mouvement social. En Allemagne, c’est de cette façon que la progression du mouvement Pegida a pu être brisée.
Pareille approche ne peut qu’être renforcée en étant clairement liée au combat anti-austérité, dont l’impact néfaste accroit les tensions sociales. Opposons la solidarité à la logique de division, par la lutte pour des emplois et des logements décents et de qualité pour tous. Plus globalement, luttons pour permettre à chacun de disposer d’un véritable avenir indépendamment de son origine, de son genre ou de son orientation sexuelle. Voilà notre réponse au désespoir réactionnaire.
(1) Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenders, Queers, Intersexués
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USA: Baltimore envahit par la colère au lendemain de la mort de Freddie Gray
Par Eljeer Hawkins, Socialist Alternative (section du Comité pour une Internationale Ouvrière aux États-Unis), New YorkLe 26 avril dernier, le premier président américain noir, Barack Hussein Obama, s’est livré à des plaisanteries frivoles lors du dîner annuel des correspondants de la Maison Blanche en compagnies d’autres politiciens, de roquets des médias dominants et de comédiens vêtus de leurs plus beaux smokings et de leurs plus belles robes. A quelques dizaines de kilomètres de la Maison Blanche seulement, les jeunes de Baltimore, dans le Maryland, ont massivement laissé exploser leur rage après le décès de Freddie Gray des suites de blessures subies au cours de sa garde à vue. Sa moelle épinière a été endommagée à 80% et ses cordes vocales ont été écrasées. Il a sombré dans le coma et est mort une semaine plus tard. Les mots du Dr W.E.B. Du Bois (célèbre sociologue et activiste des droits civiques aux Etats-Unis, NDT) sonnent toujours vrai pour les travailleurs et les jeunes noirs : «Un système ne peut pas échouer à protéger ceux qu’il n’a jamais été censée protéger.»
La mort de Freddie Gray et les protestations de milliers de jeunes de Baltimore rempli de juste colère illustrent toute la pertinence du mouvement «Black Lives Matter» qui a forcé l’arrivée de la question des meurtres policiers sur le devant de l’actualité. La Garde Nationale a été mise en état d’alerte face à la propagation de l’agitation et un couvre-feu a été décrété. Cela pourrait être le début de la ré-émergence du mouvement à l’échelle nationale. Pour le 1er mai, une section syndicale historiquement combative (International Longshore and Warehouse Union, ILWU) avait annoncé de sortir et de fermer le port d’Oakland en solidarité avec Black Lives Matter. Le 1er mai était effectivement l’occasion de renforcer la propagation des protestations à travers tout le pays en soulevant les revendications de justice pour les victimes de violences policières.
’Wire’ dans la vie réelle
Des mois durant, les médias traditionnels et les dirigeants politiques Démocrates n’ont pas cessé de parler de cette thématique, sans qu’aucun plan sérieux n’ait été dévoilé pour s’en prendre à la brutalité de la police envers les communautés noires pauvres ainsi qu’à l’absence d’avenir décent pour les jeunes noirs à travers le pays. Examinons la recette mortelle qui a conduit à la rage de Baltimore.
La mort de Freddie Gray, avec tant d’autres femmes et hommes à Baltimore, a montré le véritable visage de la pauvreté, de la drogue, de la négligence des autorités, des lois de renforcement de la surveillance, de la désindustrialisation et du racisme endémique.
En dépit de la présence d’un maire noir, Stephanie Rawlings-Blake, les habitants de cette ville à majorité noire sont victimes d’un agenda patronal qui place le centre-ville de Baltimore au-dessus des besoins de la communauté de Gilmor, dans laquelle Freddie Gray vécut et mourut. L’exemple de ce terrain de basket délabré à Gilmor que les autorités de la ville ont systématiquement refusé de remettre à neuf pendant quinze ans, en dépit des levées de fonds organisées par le voisinage, est extrêmement illustratif.
Les policiers sont considérées comme une force d’occupation présente pour surveiller et contrôler la classe ouvrière et la jeunesse noire. L’application de la loi a une longue histoire derrière elle à Baltimore. Un récent article du New York Times intitulé «Les relations brisées entre Baltimore et la police» expliquait ainsi que plus de gens ont été tués à Baltimore par la police que dans la plupart des autres villes de taille similaire.
«Les agents de police de Baltimore ont tué 127 personnes en deux décennies, jusque 2012, avec une légère hausse marquée en 2007 et 2008, selon l’enquête du FBI sur les homicides justifiables par la police. La police de Las Vegas, qui couvre cette région métropolitaine avec une force de taille similaire, a tué 100 personnes au cours de la même période.
«L’année dernière, le Baltimore Sun a rapporté que les contribuables avaient payé 5,7 millions $ depuis 2011 suite à des jugements ou des règlements concernant 102 poursuites contre le comportement de la police. A. Dwight Pettit, un avocat spécialisé dans ces affaires et représentant la famille de Tyrone West dans un procès pour homicide contre la ville, a déclaré qu’il avait 20 dossiers ouverts en ce moment et qu’il était inondé de demandes.» (voir : Baltimores broken relationship with police.)
La police de «tolérance zéro» a été introduite par Martin O’Malley, le maire de Baltimore entre 1999 et 2007, un Démocrate qui par la suite est devenu gouverneur du Maryland. Il lorgnerait actuellement vers la course à la présidence. Cette doctrine conduit à des arrestations massives pour de petites infractions afin de «dissuader» de commettre d’autres crimes. Toute une génération a ainsi été balayée dans l’injustice du système criminel. Dans les faits, des familles ont été détruites et un grand nombre de personnes innocentes ont été emprisonnées pour le «crime» d’être pauvre.
Baltimore, Ferguson à plus large échelle
Les détails des blessures de Freddie Gray et de sa mort sont tragiquement monnaie courante à Baltimore. De nombreux suspects sont battus dans les camionnettes de la police avant d’arriver au poste. Certains ont été paralysés. La mort de Freddie Gray est arrivée au même moment que celle de Walter Scott en Caroline du Sud et à l’échec de la condamnation du flic qui a tué Rekia Boyd à Chicago.
L’élite dirigeante américaine se demande que faire face à l’attention constante attirée sur la violence policière. Certains parmi l’establishment veulent réaliser quelques réformes, mais en restant dans le cadre de marges très étroites. Le rapport Ferguson de l’ancien procureur général Eric Holder suite à la mort de Michael Brown décrit le taux de racisme, la manière dont les hauts fonctionnaires des villes agissent comme des sangsues sur le dos des pauvres ainsi que la corruption pure et simple. D’autre part, la nouvelle et première femme noire procureur général, Loretta Lynch, a été décrite par le Black Agenda Report comme étant «Condoleezza Rice avec un diplôme de droit». Rien ne changera avec elle.
Les réformes possibles prescrites dans le rapport Ferguson pourraient être un point de départ pour organiser des réformes plus lourdes afin de résoudre la crise de la violence policière et de la terreur parrainée par l’État. Mais la réalisation de réformes, même basiques, exigera l’existence d’un mouvement social militant coordonné, sans compromis, cohérent et national basé sur la classe des travailleurs et les pauvres, sous la bannière de Black Lives Matter.
L’indignation de Baltimore met en lumière l’urgente nécessité de construire un mouvement national cohérent. Le mouvement Black Lives Matter est à un carrefour. Après la vague de protestations de la fin de l’année dernière, il n’y a pas de direction claire ou de leadership, en dépit des liens importants qui se développent à l’échelle locale entre Black Lives Matter, la lutte pour un salaire minimum de 15 dollars de l’heure (Fight for 15) et les militants syndicaux de la base. Cela s’est notamment illustré le 15 avril au cours de la journée de manifestations, d’actions et de grèves contre les bas salaires. Ce jour-là, à Madison, dans le Wisconsin, des grèves ont eu lieu suite au meurtre de Tony Robinson. Les développements de Baltimore sont une nouvelle occasion de donner une direction à cette lutte à l’échelle nationale.
Qu’est ce qui est nécessaire pour forger l’unité autour d’un programme visant à mettre fin à la violence policière et à la pauvreté? Cela signifie de défier l’establishment politique capitaliste, y compris son aile noire, qui a comploté en gardant intact le racisme institutionnel à travers la «guerre contre la drogue» et l’incarcération de masse. Derrière ces politiciens se tient le système capitaliste, un système qui a toujours utilisé le racisme pour assurer la division des travailleurs et qui n’approuvera jamais les mesures décisives nécessaires pour briser la discrimination raciale. Cela ne peut être accompli par la lutte multiraciale de la classe des travailleurs pour un avenir socialiste égalitaire.
Le mouvement de masse doit être enracinée dans ce que nous avons besoin et ce que nous voulons pour être pleinement respectés en tant qu’êtres humains. Nous devons saisir l’opportunité maintenant! Nous avons un monde à gagner: un monde socialiste!
Les revendications de Socialist Alternative :
- Nous devons savoir quels sont les policiers dont les actes ont conduit à la mort de Freddie Gray. Le commissaire de police Batts doit être révoqué maintenant. Les charges retenues contre les manifestants arrêtés doivent être retirées.
- Pour la fin des politiques de tolérance zéro et l’élection de bureaux civils avec complets pouvoirs sur la police. Des candidats indépendants, antiracistes et issus des organisations de communauté et des syndicats devraient se présenter à ces élections. Pour la fin des politiques qui ont conduit à l’incarcération de masse des jeunes noirs.
- Stop à la militarisation de la police! Les milliards qui sont consacrés à l’armement de la police doivent être consacrés aux écoles, aux soins de santé, aux services à la communauté,…
- Pour la justice économique ! Pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure, la garantie d’un bon emploi pour chacun, un investissement massif dans l’enseignement public et une lourde taxation des super-riches et des grandes entreprises.
Passons à l’action !
Construisons un mouvement de protestation de masse contre le racisme et la pauvreté! Les organisations communautaire, les syndicats et les socialistes doivent former des coalitions afin d’organiser des journées d’action coordonnées au côté de “Black Lives Matter” pour la justice économique et raciale. C’est tout le système qui est coupable!
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[FILM] SELMA : Portrait hollywoodien d’une bataille-clé pour les droits civiques
Souvent, les films hollywoodiens nous piègent entre l’Histoire sans contexte ou le contexte sans les évènements historiques. Le réalisateur de ‘‘Selma’’ a fait un bon boulot en abordant la lutte pour les droits civiques et la libération des Noirs aux Etats-Unis à partir une bataille cruciale menée pour l’obtention du droit de vote dans le Sud.Les évènements recréés dans le film livrent un bon aperçu des débats au sein de ce mouvement et du racisme des plus extrêmes de cette période. La scène la plus marquante est sans aucun doute celle de la marche de Selma le 7 mars 1965. Les manifestants pacifiques ont été attaqués et l’évènement a été transmis en direct à des millions de téléspectateurs de l’époque. Ce ‘‘Dimanche Sanglant’’, où 58 personnes ont été blessées, a joué un rôle-clé dans l’adoption du Voting Rights Act la même année, une victoire cruciale pour le mouvement des droits civiques. La brutalité policière de l’époque évoquera aux spectateurs de nombreux parallèles avec la manière dont la police américaine traite les manifestants aujourd’hui. Les gens de couleur se font toujours gazer, tabasser et arrêter en 2015 pour avoir manifestés contre le racisme.
La représentation des femmes dans le mouvement est une faiblesse du film. Le rôle essentiel joué par Diane Nash, co-fondatrice du Comité de Coordination Etudiant Non-violent (SNCC), est totalement ignoré. Le film montre beaucoup d’actes courageux de la part de femmes, mais elles sont reléguées au second plan. Certaines scènes tordent la réalité jusqu’à pouvoir faire croire qu’elles n’ont fait que le ménage et la cuisine des militants, en s’occupant de leurs enfants.
Martin Luther King est présenté comme un ‘‘sauveur’’ agissant seul et prenant toutes les décisions. Le présenter comme la seule personne responsable des avancées obtenues par les Afro-Américains est une vision tronquée de l’Histoire. Cela minimise le pouvoir de l’organisation de la communauté et l’impact des revendications du Mouvement à une échelle de masse.
Ces évènements doivent être regardés de près, sans compter sur Hollywood pour nous les relater correctement. Nous faisons nous-mêmes face à une période agitée de l’Histoire, la meilleure chose à tirer de ‘‘Selma’’ est l’importance de s’organiser démocratiquement, que cela soit pour une manifestation, un boycott militant ou une grève.
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[VIDEO] 50 ans après la mort de Malcolm X
Ce 21 février, cela faisait très exactement 50 ans que Malcolm X était assassiné. A cette occasion, nos camarades irlandais du Socialist Party avaient organisé une tournée de meetings avec Eljeer Hawkins, membre de notre organisation-soeur américaine Socialist Alternative. La vidéo (en anglais) ci-dessous a été réalisée lors du meeting de Dublin.
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L’héritage révolutionnaire de Malcolm X
Le mois de février 2015 marque le 50ème anniversaire de l’assassinat de Malcolm X (19 mai 1925 – 21 février 1965). Dans le sillage des révoltes qui prennent place aux USA contre la violence policière endémique, l’exploitation économique et l’aliénation sociale, un nouveau mouvement embryonnaire dirigé par de jeunes noirs grandi sous la bannière #BlackLivesMatter (Les vies noires comptent). Malcolm X reste une figure imposante dans le panthéon des révolutionnaires du 20ème siècle, examinons les 11 derniers mois de sa vie et l’héritage qu’il a laissé derrière lui.
Par Eljeer Hawkins, Socialist Alternative (section américaine du Comité pour une Internationale Ouvrière)
1964 – L’évolution d’un révolutionnaire
Le 8 mars 1964, Malcolm X décida d’annoncer qu’il quittait la Nation de l’Islam et prenait ses distances de son leader spirituel Elijah Muhamad afin de s’engager complètement dans la lutte pour les droits civiques et humains aux USA et à l’étranger. Malcolm fonda Muslim Mosque Inc. (Mosquée Musulmane S.A.) pour regrouper les membres de la Nation de l’Islam qui l’avaient suivi. En juin, il en développa le bras politique : l’Organisation de l’Unité Afro-Américaine (OUAA) basée est sur le modèle de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA – précédant l’Union africaine) née après les victoires des luttes anti-coloniales de libérations, dans le monde néocolonial.
La Nation de l’Islam dénonçait l’hypocrisie de la ‘‘démocratie’’ américaine, le capitalisme, la suprématie blanche et les conditions de vie épouvantables de la population noire depuis l’esclavage. Recrutant ses membres parmi la classe ouvrière, les pauvres, les détenus et les travailleurs précaires noirs, la Nation de l’Islam prêchait et pratiquait une combinaison de nationalisme culturel noir et d’idéaux pro-capitalistes comme le mouvement de Marcus Garvey (UNIA, d’où étaient issus beaucoup de ses membres), le plus large mouvement dirigé par des Noirs et auquel les parents de Malcolm X appartenaient. La Nation de l’Islam était une organisation pyramidale, aux décisions prisent à la direction et imposées à la base, qui comprenait également une branche paramilitaire (Les fruits de l’Islam). L’organisation prêchait que le peuple noir était le ‘peuple élu’ destiné à être libéré du malin, de la suprématie blanche et des lois ségrégationnistes. Elle mettait en avant qu’il existe une connexion mondiale entre les peuples basanés d’Asie, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Amérique-Latine.
La forme spécifique d’Islam afro-américain de la nation de l’Islam n’était pas reconnue par l’Islam sunnite. Sa politique vis-à-vis du mouvement des droits civiques était basée sur le non-engagement alors qu’il s’agissait du mouvement social le plus important de l’époque. Elijah Muhammad craignait que le gouvernement s’attaque à son organisation. Alors que des évènements bouleversants se produisaient partout dans le monde avec des révolutions, des contre-révolutions, des rébellions et le Mouvement des droits civiques aux USA, l’embrasement politique et spirituel de Malcolm pour un engagement plus complet dans la lutte était de plus en plus palpable. En tant que porte-parole national de la Nation de l’Islam, Malcolm politisait la théologie d’Elijah Muhammad au grand désarroi de ce dernier, ce qui provoqua la colère de la direction de l’organisation.
Après avoir quitté la Nation de l’Islam, Malcolm entreprit dès avril 1964 deux voyages internationaux qui se sont étendus à l’Afrique, à l’Europe et au Moyen-Orient. Ce voyage avait des objectifs à la fois politiques et religieux, Malcolm voulant compléter son pèlerinage à La Mecque et accepter formellement les enseignements de l’Islam sunnite. Il souhaitait devenir un point de référence aux USA pour l’Islam, théologiquement et d’un point de vue organisationnel. Les voyages de Malcolm à travers l’Afrique et le Moyen Orient ont eu un énorme impact sur sa manière de penser l’Islam et la révolution.
Lier la lutte de libération des noirs à l’anticolonialisme
Politiquement, Malcolm souhaitait amener sur le devant de la scène internationale la cause des 22 millions d’Afro-Américains qui subissaient la pauvreté, les violences policières, l’exclusion politique, etc. de la ségrégation américaine.
Malcolm a dû naviguer à travers un monde d’après-guerre qui connaissait révolutions et contre-révolutions. Les révolutions dans le monde colonial comme en Chine, en Algérie, au Vietnam ou à Cuba et le mouvement des pays non-alignés qui donna naissance à la conférence de Bandung en 1955 ont eu un puissant impact sur sa vision politique du monde. Les révolutions anticoloniales ponctuaient le déclin de la puissance coloniale européenne, l’émergence des USA comme superpuissance capitaliste prééminente et le renforcement de la social-démocratie ainsi que du Stalinisme en Europe de l’Est. Voilà la toile de fond de l’évolution des idées de Malcolm sur une période de 11 mois. Aux USA, le mouvement de libération des Noirs – avec la naissance en 1955 du Mouvement des droits civiques suite à la mort brutale d’Emmett Till et au refus de Rosa Parks de se lever d’un siège dans un bus de Montgomery – déclencha un puissant mouvement social contre cet esclavage d’un autre nom qu’était le système Jim Crow (un ensemble de lois ségrégationnistes).
La doctrine anti-communiste de 1947 du président Harry Truman, la chasse aux sorcières du sénateur McCarthy et le libéralisme de la guerre froide à travers le bloc de l’Ouest ont eu un effet dévastateur sur le mouvement de libération noir radical, ses activistes de gauche et ses dirigeants radicaux. ‘‘Le soutien de beaucoup de libéraux afro-américains à la politique étrangère américaine pendant la guerre froide et à sa position sur le racisme et le colonialisme à l’étranger a nuit à la lutte anticoloniale et à la lutte des Noirs américains pour les droits civiques’’, comme le dit l’historienne américaine Penny Von Eschen.
Le mouvement des droits civiques
La montée d’un leadership réformiste, libéral et s’appuyant sur l’Église dans des organisations comme le NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et le SCLC (Southern Christian Leadership Conference) ont conduit le Mouvement des droits civiques à devenir la force dominante dans la lutte pour la liberté, par sa tactique de désobéissance civile non violente et sa lutte pour des réformes politiques et sociales accordées par l’establishment politico-économique pendant la période de croissance d’après-guerre. Une certaine élite libérale et politique pensait que le capitalisme pouvait endiguer la pauvreté, le racisme et l’oppression endémiques. Mais ce sont les militants du Mouvement qui forcèrent l’administration du président Johnson à implémenter des programmes sociaux clés sous le nom de programme de la guerre contre la pauvreté ainsi qu’à signer le Civil Right Act (1964, qui déclare la ségrégation et les discriminations illégales) et le Voting Rights Act (1965, qui octroie de facto le droit de vote aux Noirs sans tests ni taxes).
Durant cette période, Malcolm a souligné les limites du libéralisme sous Johnson. Elles sont devenues évidentes après l’implication complète (économique et militaire) de l’impérialisme américain au Vietnam, et le rôle joué par le système bipartisan républicains/démocrates. La récupération des mouvements sociaux par le Parti Démocrate devenait flagrante. Malcom a dénoncé la suprématie blanche, l’hypocrisie de la démocratie américaine face aux explosions sociales qui secouaient de nombreuses villes du pays, la répression violente des militants (lynchages, intimidations et meurtres) et le cadre trop étroit du Mouvement des droits civiques.
Malcolm cherchait à placer la lutte américaine pour les droits civiques dans le cadre de la lutte internationale anticapitaliste et anti-impérialiste. Il souhaitait unir les plus opprimés et les jeunes du Tiers Monde et des USA dans le combat pour une libération totale de l’oppression et de l’exploitation quotidiennes. Sa campagne consistait à vouloir confondre les USA devant les Nations Unies en portant plainte pour crimes contre l’humanité à l’encontre des Afro-Américains. Les élites dirigeantes internationales, les forces gouvernementales américaines et les membres de la Nation de l’Islam voulaient la mort de Malcolm X à cause de sa capacité d’organisation (nationalement et internationalement) et de sa capacité à inspirer les masses en offrant une alternative au racisme et au capitalisme.
La pertinence de Malcolm X aujourd’hui
À la fin de sa vie, Malcolm a tiré une analyse plus profonde du capitalisme et de la suprématie blanche, en fournissant une marche à suivre pour les jeunes générations d’activistes et d’organisations des mouvements de libération noirs. Les conditions matérielles derrière l’émergence d’une figure telles que Malcolm X existent toujours aujourd’hui. La pauvreté abjecte, le racisme, le taux de chômage élevé, l’incarcération de masse, la violence policière, les licenciements, l’austérité, etc. sont les sous-produits d’un système capitaliste malade basé sur la soif de profits d’une poignée de dirigeants faisant partie de l’élite.
Ces conditions produisent aujourd’hui une nouvelle génération de révolutionnaires, comme les jeunes de Ferguson et d’ailleurs aux USA, qui seront inspirés par l’exemple brillant de Malcolm X.




