Tag: Afrique du Sud

  • Liège : Soirée “Fight Babylon Fight Capitalism”

    Ce vendredi 16 mai, une soirée de solidarité internationale était organisée aux « Fous d’en Face », café bien connu des soirées liégeoises, afin de récolter des fonds pour soutenir le travail mené en Afrique du Sud par le Workers and Socialist Party (WASP). Cette soirée nous a permis de collecter plusieurs centaines d’euros. L’ambiance était au rendez-vous, grâce à Moha Soundsystem et Olivier Selecta Soldado, qui ont assuré l’animation jusqu’aux petites heures. Un grand merci à eux, de même qu’à toute l’équipe des Fous d’en Face. (photos : Marie)

  • Afrique du Sud : Bilan des élections de 2014

    Le président Jacob Zuma

    La victoire de l’ANC, le WASP et l’EFF.

    Par Weizman Hamilton, Secrétaire Général du WASP

    L’ANC, le Congrès national africain, a remporté les élections avec 62% des voix. Cela représente une légère baisse de soutien, une perte de 3,5% qui représente quelques centaines de milliers de voix en chiffres absolus. Étant donné le mandat de 5 ans rempli de scandales du président Zuma, dont le massacre de Marikana (où la police avait tiré sur des mineurs en grève, causant plus de 30 morts) et le Nkandla-gate (autour de la résidence privée du président Jacob Zuma), les stratèges de l’ANC doivent pousser un grand soupir de soulagement.

    Cela masque toutefois que l’ANC fait face à un rejet important. Plus de dix millions d’électeurs ne se sont pas inscrits pour aller voter et six millions de personnes s’étaient bien enregistrées mais ne se sont pas rendues aux urnes. 16 millions de personnes n’ont donc pas pris part à ces élections. Les données correspondantes pour les années 2004 et 2009 étaient respectivement de 12 millions et de 12,4 millions. L’ANC, dans les faits, est sur le point de composer un gouvernement minoritaire qui n’a reçu le soutien que de 11 millions d’électeurs, à peine 32%.

    L’ANC n’a pas abordé ces élections avec la même complaisance que les fois précédentes. Ils ont tardivement réalisé que leur position dominante, particulier parmi la classe ouvrière et les pauvres, ne devait pas tout simplement être tenue pour acquise. La machine électorale de l’ANC a été huilée et est passée à la vitesse supérieure. Même s’il n’y a pas eu de corruption généralisée, cela ne signifie pas que l’ANC a joué le jeu de manière honnête durant la campagne électorale. L’ANC confond volontairement son rôle de parti politique et son contrôle gouvernemental de l’appareil des services sociaux. Le budget pour les colis alimentaires aux plus démunis a été fortement augmenté les mois ayant précédé les élections, et les bénéficiaires ont bien sûr entendu qu’il s’agissait d’un cadeau de l’ANC, qui a passé sous silence que cela provenait en fait des caisses de la collectivité. Les 12 millions de personnes qui reçoivent des subventions sociales (retraites, pensions d’invalidité, aide à l’enfance) entendent régulièrement que ces allocations leur sont versées ”par l’ANC”. L’ANC répand aussi le mensonge selon lequel un échec électoral pour l’ANC signifierait le retour du système de ségrégation raciste de l’apartheid. Particulièrement parmi les aînés, beaucoup n’ont pas voté pour Zuma mais bien pour le “parti” de la libération qui a mis fin à l’apartheid .

    Le réseau de patronage de l’ANC a été utilisé à plein rendement. La chaîne publique SABC a d’ailleurs retiré à la dernière minute deux publicités télévisées de l’opposition – de l’Alliance démocratique (DA) et des Economic Freedom Fighters (EFF) – au motif fallacieux qu’elles “inciteraient à la violence”. Le jour du scrutin, aux stations de vote, il a été rapporté que l’ANC distribuait de la nourriture gratuite et des t-shirts afin de corrompre les pauvres et les désespérés. En Afrique du Sud, de vastes sommes d’argent sont dépensées pour les élections, sans qu’aucune règle n’existe sur la publication des finances des partis. Nous pouvons raisonnablement supposer que d’importantes sections de la classe capitaliste ont versé des sommes gigantesques dans la campagne de l’ANC. La direction de l’ANC est en réalité un comité exécutif de la nouvelle classe capitaliste noire. Plus de 50% des membres du Comité exécutif national de l’ANC sont des administrateurs de sociétés importantes, et un tiers sont administrateurs de plus d’une entreprise, un sur dix ayant des mandats à la direction de cinq entreprises ou plus. 72 % des membres de la direction de l’ANC sont détenteurs d’actions, 50 % possèdent des actions dans plus d’une entreprise et 18 % détiennent des actions de plus de cinq sociétés. Quinze membres de la famille Zuma sont impliqués dans la gestion de 134 entreprises, dont 83 ont été mises en place après l’arrivée de Jacob Zuma à la présidence. Le Vice-président de l’ANC, Cyril Ramaphosa, possède une fortune estimée à plus de 6 milliards de rands sud-africains (573 millions de dollars).

    Le Workers and Socialist Party (WASP) avait relevé l’énorme défi de se présenter contre ce mastodonte avant même d’avoir eu son premier anniversaire en tant que parti. Nous sommes bien sûr déçus du nombre de voix limité que nous avons obtenu, et qui se situe en deçà de nos attentes. Nous avons reçu un peu plus de 8000 voix (0,05%). Ce faible résultat électoral ne saurait toutefois mettre de côté les énormes progrès réalisés par le WASP dans sa courte existence, notamment avec la construction de poches de soutien parmi la classe ouvrière. Peu de gens ont voté pour nous, mais cela représente la couche la plus consciente des travailleurs. Nous avons déjà reçu des appels téléphoniques de délégations de travailleurs qui voulaient rassurer la direction du WASP et encourager le parti à poursuivre la tâche de construire «leur» parti.

    Le manque de ressources pour mener la campagne a constitué un problème fondamental. Le combat destiné à réunir les fonds nécessaires à payer les énormes dépôts électoraux afin de pouvoir déposer une liste a signifié que nous avons passé plus d’un mois sans un sou avant de lancer la deuxième phase de collecte de fonds pour le matériel électoral et notre fonds de campagne. Il ne fait aucun doute que si nous avions eu les ressources nécessaires pour atteindre plus de gens, notre soutien électoral aurait été plus élevé. En outre, les médias dominants ont décidé dès ce début d’année que le récit des élections se limiterait à une course à trois chevaux entre l’ANC, la DA et EFF. Le WASP a été exclu de toute couverture médiatique sérieuse. Même le lancement de notre manifeste politique n’a pas été couvert, ce qui n’a pas empêché les médias de parler du lancement de la campagne d’un petit parti religieux qui a au final reçu bien moins de voix que le WASP.

    Mais il y a d’autres facteurs politiques importants à prendre en considération. Malheureusement, le WASP n’a pas été en mesure de consolider sa position parmi les mineurs. Malgré le rôle crucial joué par les fondateurs du WASP – le Democratic Socialist Movement (section sud-africaine du Comité pour une Internationale Ouvrière) – dans le mouvement des mineurs contre le syndicat national des mineurs affilié à l’ANC (le NUM) et qui les a fait rejoindre le syndicat des mineurs auparavant marginal AMCU, la direction de l’AMCU a tout fait pour éliminer notre influence parmi les mineurs. Des membres et sympathisants du DSM et du WASP ont été attaqués et expulsés du syndicat, ce qui a fréquemment conduit à la perte de leur emploi. Les dirigeants de l’AMCU ont diffusé le mensonge que le WASP est derrière le nouveau syndicat jaune et anti-grève, et ils ont honteusement été aidés dans cette tâche par de minuscules forces de ”gauche” jalouses. L’Union Workers Association (WAU) a tenté de profiter de la démoralisation parmi les mineurs dans le cadre d’une grève de trois mois sans salaire. Le WASP s’est donc retrouvé face à l’hostilité de la direction de l’AMCU et au ”resserrement des rangs” bien compréhensible des mineurs au beau milieu d’une grève à la vie à la mort. Le WASP a eu de grandes difficultés à mener campagne dans le secteur des mines de platine, quelques camarades ont même dû faire face à des menaces de mort.

    La position du National Union of Metalworkers of South Africa (NUMSA, Union nationale des métallurgistes d’Afrique du Sud) a également entraîné une situation compliquée. Après avoir pris la décision audacieuse et historique en décembre dernier de ne pas faire campagne pour l’ANC, décision prise lors d’un Congrès extraordinaire, la direction du NUMSA, malheureusement, n’a pas réussi à développer cette position en une alternative positive au-delà de la promesse de fonder un parti des travailleurs d’ici 2016. Cela a ouvert un espace important pour que le WASP parvienne à gagner des militants clés des métallos, des délégués syndicaux et des responsables régionaux dont certains ont été parmi nos militants les plus actifs, mais la faiblesse de la direction a eu un impact sur l’ensemble des membres. Beaucoup ont différé leurs attentes pour une alternative de la classe ouvrière jusqu’à après ces élections. Malheureusement, la direction du NUMSA n’a fait aucune recommandation de vote à ses membres.

    Pendant des mois, le WASP a fait campagne pour que le NUMSA ne manque pas l’occasion historique que les élections de 2014 représentaient dans le cadre de la construction d’une tête de pont pour le véritable socialisme en essayant d’obtenir une poignée de sièges au parlement. Nous avons invité le NUMSA à prendre place à la direction du WASP et à présenter ses propres candidats aux élections. Malheureusement, la direction du NUMSA n’a pas retenu cette offre. Le WASP a néanmoins établi une base importante parmi les membres de ce syndicat.

    L’hésitation de la direction du NUMSA a également fourni une excuse au reste de la gauche sud-africaine pour ne pas soutenir le WASP pour ”soutenir le NUMSA”. Le Democratic Left Front, un ”mouvement” d’intellectuels de la classe moyenne, a fait écho au NUMSA et s’est abstenu de donner une consigne de vote claire aux électeurs en préférant ”soutenir ceux qui veulent jeter leur bulletin de vote, le sauvegarder pour un futur parti des travailleurs de masse et / ou voter pour des forces anticapitalistes comme première étape vers la construction d’une plate-forme électorale anticapitaliste pour les élections de 2016.” Ce groupuscule parle d’anticapitalisme là où il faut parler de socialisme et de plateforme là où il faut parler de parti!

    Pour concrétiser cette position confuse jusqu’à sa conclusion logique, les forces académiques sympathisantes de ce groupuscule ont lancé en avril une campagne de boycott pour voter “Non”, malheureusement soutenue par Ronnie Kasrils et d’autres vétérans respectés des luttes qui ont rompu avec l’ANC. Cette campagne a appelé les électeurs à s’abstenir ou à voter pour un petit parti. Le WASP a discuté avec Ronnie Kasrils et a averti que cette campagne était source de confusion et n’aurait pas d’effet au-delà d’une ”victoire morale”, les bulletins annulés ne faisant en fait que magnifier le poids des suffrages exprimés pour l’ANC.

    Les critique de tels ”socialistes” de salon ne peuvent pas être prises au sérieux. Même s’ils chantent aujourd’hui au sujet de leur prophétie auto-réalisatrice, cela ne peut passer sous silence le rôle audacieux et héroïque de ceux qui ont agi plutôt que de s’effacer.

    Ces critiques ont trouvé un écho, y compris à l’échelle internationale, chez de petits groupes qui se sont emparés du faible résultat du WASP pour l’attaquer ainsi que le Comité pour une Internationale Ouvrière. Ces petits groupes se sont mis de côté dans la lutte pour construire un nouveau parti des travailleurs et beaucoup d’entre eux n’ont fait aucun appel de vote clair dans ces élections.

    Enfin, le WASP avait une concurrence sérieuse avec les Economic Freedom Fighters (EFF). L’EFF a engrangé un bon résultat et gagné plus d’un million de voix, soit près de 30 députés, sans mentionner un nombre similaire de députés provinciaux. Ce parti de gauche populiste ayant un programme de gauche portant sur la nationalisation et l’expropriation des terres, a lancé un appel à la jeunesse et aux pauvres. Son chef, Julius Malema, est un ancien dirigeant de la ligue des jeunes de l’ANC qui a été expulsé, et il a été en mesure d’attirer à lui d’importantes sections de la ligue de la jeunesse. Ses réseaux au sein de la nouvelle élite noire à l’intérieur de l’ANC lui a fourni les ressources nécessaires pour mener une campagne efficace. Le WASP appelle les membres de l’EFF à être ouverts à discuter du programme de l’EFF, des tâches qui font face à la classe ouvrière et du rôle des dirigeants de l’EFF au sein du parlement et face à la pression incessante de la classe capitaliste.

    Des discussions ont eu lieu en août dernier entre le WASP et l’EFF, où nous avions proposé de constituer un bloc électoral, de déposer des listes communes de candidats et d’unifier le vote anti-ANC, un objectif stratégique clé. D’importantes différences existaient toutefois entre le WASP et l’EFF au sujet de la nationalisation, du socialisme et d’autres questions cruciales et nous défendons notre droit de débattre de ces questions avec la classe ouvrière et les pauvres. Dans le sillage du massacre de Marikana, il faut aider la classe ouvrière dans la clarification des tâches nécessaires à la transformation socialiste de la société.

    Malheureusement, l’EFF a rejeté notre proposition d’un bloc électoral, a exigé la liquidation effective du WASP au sein de l’EFF et qu’aucune discussion ne porte sur questions programmatiques et politiques. Le WASP n’avait pas d’autre choix que de se présenter indépendamment suite à cette réponse de la direction de l’EFF.

    L’EFF a réalisé un important pas en avant, sans avoir cependant fait aussi que ce qu’ils avaient espéré. Cela s’explique en partie par les attentes exagérées semées par mes dirigeants parmi leurs membres, mais cela reflète aussi le scepticisme de la classe ouvrière envers l’EFF. Le NUMSA par exemple, a explicitement rejeté l’EFF à son congrès extraordinaire de décembre en raison de son incapacité à appeler au contrôle des travailleurs de l’industrie nationalisée et à leur position équivoque sur la nécessité du socialisme. Si le WASP et l’EFF avaient pu parvenir à un accord de principe, un tel bloc électoral aurait pu agir comme un pont pour la classe ouvrière et cela aurait donné à l’ANC une correction sanglante. Malheureusement, cette occasion a été gaspillée.
    Même si nous n’avons pas réussi à combler le vide à la gauche de l’ANC, nous avions raison de nous présenter dans ces élections. Nous avons joué un rôle de pionnier et posé les fondations du développement d’un parti des travailleurs parti basé sur un programme socialiste. Ce processus se poursuivra dans la période à venir.

    Nous avons gagné des positions de soutien cruciales pour les idées du socialisme révolutionnaire parmi la classe ouvrière, les communautés locales et les jeunes, et allons consolider ces positions à la suite des élections. Nous avons toujours dit que le WASP est d’abord et avant tout un parti de lutte, et une étape seulement dans la construction d’un parti de masse des travailleurs. Nous allons maintenant tourner notre attention vers une campagne pour un nouveau parti de masse des travailleurs et pour unifier les protestations sociales afin de construire un puissant mouvement de la jeunesse socialiste. Le WASP va s’engager dans le débat avec le NUMSA et d’autres forces dans le cadre de la lutte pour franchir les prochaines étapes de la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs.

    La majorité obtenue par l’ANC dans ces élections ne représente pas la fin du processus. Le nouveau gouvernement devra faire à la crise sociale qui existe actuellement. Le correspondant de la BBC a résumé les perspectives de ces autorités capitalistes en disant : “L’ANC est susceptible d’utiliser son mandat impressionnant pour son Plan national de développement – en rejetant la nationalisation et en mettant l’accent sur les investissements et les infrastructures.” Cela signifie plus d’attaques néolibérales et plus de lutte de classe. Le WASP interviendra pour aider à construire une alternative socialiste de masse.

  • Soutenez nos campagnes électorales en Afrique du Sud et en Belgique

    Afrique du Sud : Workers and Socialist Party

    L’Afrique du Sud vit en ce moment la période la plus importante de sa jeune histoire post-apartheid. La fin du régime ségrégationniste n’a nullement signifié la fin de l’exploitation des masses. La politique de l’ANC, au pouvoir depuis 1994, s’est illustrée par des réformes néolibérales parfois sanglantes et une répression systématique de la contestation.

    Le point tournant a été franchi en août 2012, quand l’ANC a lancé la police massacrer des mineurs en grève pour de légitimes augmentations de salaires et pour de meilleures conditions de travail. Ce massacre de Marikana a conduit à une importante remise en cause du soutien des travailleurs à l’ANC, indétrônable puisque notamment supporté par la puissante fédération syndicale COSATU. C’est dans cette période qu’a été créé le WASP, notamment par des mineurs et par nos camarades du Democratic Socialist Movement, parti-frère du PSL.

    La création d’un parti large des travailleurs indépendant de l’élite capitaliste est un formidable pas en avant. C’est toute la classe capitaliste et ses laquais politiques qui ont tremblé en imaginant le potentiel d’une telle alternative dans la situation actuelle. En décembre dernier, elle a de nouveau reçu une énorme claque lorsque le syndicat du métal NUMSA, le plus gros syndicat au sein du COSATU, a décidé de rompre ses liens politiques et financiers avec l’ANC.

    Le WASP n’est bien sûr pas – encore – en position de pouvoir défier l’ANC pour la prise du pouvoir. Mais, doté d’un programme réellement socialiste, il ouvre une importante brèche dans la scène politique sud-africaine, avec des répercussions pour toute l’Afrique. Nationalisations, investissements dans l’infrastructure et gratuité des soins sont autant d’urgentes nécessités pour tout le continent. La voix d’un élu du WASP se ferait puissamment entendre et serait sans aucun doute une base pour le développement d’une conscience socialiste à une échelle de masse, à la manière de celle de Kshama Sawant, élue de notre parti-frère américain Socialist Alternative à Seattle, pour l’ensemble de l’Amérique du Nord.

    Belgique : Gauches Communes (à Bruxelles)

    Depuis les élections communales de 2012, le PSL participe à Gauches Communes, une alliance de gauche ave le Parti Humaniste (PH) et des individus intéressés à s’unir avec un respect mutuel de la spécificité de chacun autour d’un programme. Notre campagne en 2012 nous a notamment permis de récolter 3,65% des voix à Saint-Gilles, en menant une campagne intensive dans les quartiers contre l’austérité à tous les niveaux de pouvoir – dont la commune – et pour un programme d’investissements publics massifs entre autres dans les services sociaux pour en finir avec l’éternel manque de moyens pour satisfaire les besoins réels des travailleurs et de leurs familles. Construire une relation de force pour un tel type de programme et d’approche est la raison pour laquelle nous présentons des listes.

    Le moment n’est peut-être pas encore venu, mais un élu Gauches Communes assurerait une voix à de nombreuses luttes et revendications légitimes des travailleurs et des jeunes en Belgique. Après les élections, l’austérité sera sans nul doute à nouveau à l’agenda des différents gouvernements en Belgique. La construction d’un front de résistance de l’ensemble des organisations de travailleurs et de la vraie gauche politique sera nécessaire : un front de la résistance sociale contre l’austérité destiné à mettre à l’agenda les revendications des travailleurs, pour un changement de société.

    Nous avons besoin de vos dons

    Pour les campagnes électorales en Afrique du Sud et en Belgique, le PSL a pour objectif de récolter 11.000€, en plus de la récolte normale de fonds de lutte qui assure notre fonctionnement. C’est un montant important, mais réalisable, à la hauteur des enjeux exceptionnels auxquels nous sommes confrontés.

    Partout dans le monde, contrairement aux partis traditionnels, l’activité de nos militants et nos campagnes ne sont pas financées par les subsides publics ni par de riches sponsors, mais par le soutien volontaire de nos membres et sympathisants.

    Nous comptons sur vous pour faire un don le plus généreux possible, ou une promesse de don (à payer au plus tard fin mai). Quel qu’en soit le montant, toute contribution sera utile au financement des campagnes électorales en Afrique du Sud et en Belgique.

    Merci de donner votre contribution à l’un de nos membres ou de la verser sur le compte du PSL : BE69 0012 2603 9378 (BIC: GEBABEBB), avec ‘soutien élections’ en communication.

    Cette occasion exceptionnelle exige un effort exceptionnel !

    [divider]

    « Les personnes les plus à même de représenter les intérêts des travailleurs sont les travailleurs eux-mêmes. Même un petit groupe de députés du WASP au prochain parlement – ce qui, selon nous, est tout à fait possible – serait un grand pas en avant pour la classe ouvrière sud-africaine. Cela nous permettrait de faire largement entendre notre voix. Nous en appelons à votre solidarité pour aider à faire une réalité de ce potentiel. Des messages de soutien et la diffusion de notre campagne sont vitaux. Mais le plus crucial est le financement nécessaire pour mener une campagne électorale efficace. (…) Un pas en avant pour la classe ouvrière d’Afrique du Sud est un pas en avant pour les travailleurs du monde entier. » Mametlwe Sebei, porte-parole du WASP

    Vos informations, à renvoyer à info@socialisme.be :

    Nom, prénom, adresse, téléphone.
    O Je fais un don de ………… € que je donne directement à un responsable du PSL.
    O Je promets un don de ……………. € à payer avant le 31 mai 2014.
    O Je prend un ordre permanent bancaire de soutien de ……… € par mois. (et je reçois le mensuel Lutte Socialiste )

     

  • Succès du lancement du manifeste du Workers’ and Socialist Party !

    Ce samedi 29 mars, le Socialist and Workers Party (WASP) a lancé son manifeste électoral pour les élections de 2014 lors d’un rassemblement tenu à Katlehong. Liv Shange, secrétaire générale adjointe du WASP, a présidé la réunion.

    Par des correspondants du Workers’ and Socialist Party (WASP)

    Weizmann Hamilton, secrétaire général du WASP, a abordé l’historique du WASP et l’urgente nécessité pour la classe ouvrière et les pauvres de disposer de leur propre parti, un instrument de combat pour défendre leurs intérêts. Hamilton a expliqué la signification du titre de ce manifeste : « Seul le Socialisme Signifie Liberté », notamment en référence au congrès de 1987 de la fédération syndicale COSATU, qui avait adopté la Charte de la Liberté comme manifeste politique pour le mouvement syndical. Son titre était : « le Socialisme Signifie la Liberté ». Après 20 ans de ‘‘démocratie’’ sous le règne de l’ANC, ce slogan avait sérieusement besoin d’être remis à jour. Il est clair que la poursuite du capitalisme – qu’il soit géré par un gouvernement issu de la minorité blanche ou par un gouvernement de la majorité noire – signifie pauvreté, chômage et inégalités. Aujourd’hui, pour des millions de gens, il est de plus en plus clair que seul le socialisme signifie liberté !

    Liver Mngomezulu, secrétaire général assistant du National Transport Movement a pris la parole et apporté la solidarité de son syndicat fort de 50.000 au WASP.

    Moses Mayekiso, le président du WASP, a introduit les points-clé du manifeste. « Nous affirmons qu’à moins que l’économie ne soit transformée par la nationalisation des mines et des autres secteurs-clé, il n’y aura jamais de sécurité en Afrique du Sud. Pourquoi la pauvreté devrait-elle exister alors que notre pays est si riche ? Mais pour une émancipation réelle, nous avons besoin de structures capable de donner le pouvoir à la classe ouvrière. »

    • ECONOMIE – nationalisation des banques, des mines, des exploitations agricoles, des grandes usines et des grandes entreprises sous contrôle démocratique de la classe ouvrière et des communautés au sein d’une économie socialiste planifiée.
    • TERRE – nationalisation des 36.000 exploitations agricoles sous contrôle démocratique des travailleurs et de la communauté ; aide d’Etat aux petits agriculteurs et à l’agriculture vivrière ; détermination de l’utilisation des terres non-agricoles par des comités de communautés.
    • SALAIRES ET REVENUS – pour un salaire minimum de 12.500 rands et pour l’instauration d’un revenu minimum garanti de 80.000 rands pour tous ceux qui vivent en Afrique du Sud.
    • SERVICES PUBLICS – programme massif de travaux publics pour la construction de 2,5 millions de maisons avec électricité, sanitaires, eau courante et connexions routières décentes ; pour des soins de santé gratuits pourvus par un secteur national de soins de santé universel; pour un enseignement gratuit, accessible et de qualité.
    • DROITS – Pour l’unité de la classe ouvrière contre le sexisme, le racisme, la xénophobie et la répression.
    • CORRUPTION ET DÉMOCRATIE – pour un État des travailleurs et un gouvernement socialiste ; tous les représentants publics doivent être élus, révocables et recevoir seulement le salaire moyen d’un travailleur qualifié.
    • POLITIQUE ÉTRANGÈRE – pour la solidarité internationale de la classe ouvrière ; aucun soutien à des gouvernements capitalistes, quelle qu’en soit la forme.

    Les autres orateurs – tous candidats du WASP aux élections – ont illustré l’intérêt que suscité le WASP ainsi que les racines dont il dispose au sein de la classe ouvrière et parmi les communautés pauvres.

    Lebogang Mstweni, secrétaire de la section du NUMSA (le syndicat des métallos) à Tseti et délégué syndical, a expliqué comment son syndicat, actuellement le plus grand d’Afrique du Sud, a décidé de ne pas faire campagne pour l’ANC en 2014, puisque ce parti ne représente plus la classe ouvrière. Elle a toutefois déclaré qu’il fallait une alternative face à l’ANC, ce pourquoi elle a décidé d’être candidate du WASP.

    Sithembile Nqulo, un membre de l’AMCU (syndicat des mineurs et des travailleurs de la construction) et mineur dans une mine d’or de Carletonville, ainsi que Nkosinati Mpopo, délégué syndical de l’AMCU à Rustenburg, ont tous deux parlé de la façon dont le massacre de Marikana en 2012 (la police avait tiré sur des grévistes et tués plus de trente d’entre eux) avait été un brutal réveil pour les mineurs. L’ANC était devenu non seulement prêt à collaborer avec les dirigeants des mines, mais aussi à noyer les luttes des mineurs dans le sang. C’est à partir de cette lutte qu’est né le WASP afin de répondre à la recherche d’une alternative qui s’est développée parmi les rangs des mineurs.

    Le WASP a annoncé qu’il comptait lancer une pétition afin d’exiger la démission du président Zuma, suite à l’éclatement du scandale de corruption de Nkandla. Une campagne orientée vers les services publics va également être lancée afin de donner une direction aux dizaines d’actions qui se déroulent chaque jour dans les services publics des communautés pauvres. Une coordination nationale des lutte doit être construire, de même qu’une campagne cherchant à intégrer dans la bataille les jeunes chômeurs et les étudiants.

  • Afrique du Sud, la lutte est intense en prélude aux élections

    Par Liv Shange, Democratic Socialist Movement (CIO-Afrique du Sud)

    Le président Jacob Zuma a annoncé que les élections parlementaires sud-africaines se tiendront le 7 mai prochain. Au moment-même où était faite cette annonce, le pays était secoué par des actions et des grèves. C’est dans ce contexte qu’une opportunité historique se présente au WASP, parti dans lequel est activement impliqué le DSM.

    Ce jour-là, un délégué syndical de l’AMCU (1) de la mine d’Amplats a été abattu par la police alors qu’il était en compagnie d’ouvriers en route pour un rassemblement de masse dans le cadre d’une grève pour une augmentation du salaire mensuel minimum à 12.500 rands (environ 850 euros). Une grande partie des mines étaient à l’arrêt. À ce délégué assassiné, s’ajoute à une liste – qui ne cesse de s’allonger – de militants de victimes de l’extrême violence de la police.

    Ces trois derniers mois, 32 actions de protestation ont en moyenne eu lieu chaque jour, aux dires du ministère des Affaires policières. A titre de comparaison, il n’était question que de 3 actions en moyenne par jour durant la période 2009-2011. L’Afrique du Sud était alors déjà l’épicentre de la protestation mondiale, avec le plus grand nombre d’actions au monde. Outre la grève des mines et d’autres actions ouvrières, la contestation gronde dans les quartiers pauvres et les bidonvilles contre les prix d’électricité inabordables, contre l’incapacité du gouvernement à fournir de l’eau potable, des sanitaires ou des logements ou encore contre la corruption galopante.

    Ainsi, les habitants de la ville minière de Brits, dans la province du Nord-Ouest, sont descendus en rue pour protester contre le manque incessant d’eau courante. La police a réagi en abattant quatre manifestants ! Les habitants soupçonnaient le gouvernement ANC de magouiller pour pouvoir finalement confier les contrats à des entreprises privées pour qu’ensuite elles récompensent les politiciens qui les avaient soutenues…

    Ces dernières semaines, il y a également eu plusieurs grèves d’étudiants qui protestaient contre l’exclusion massive de jeunes de la classe ouvrière de l’enseignement supérieur. Ces mises à l’écart sont la conséquence du manque de subventions publiques.

    Politisation et polarisation

    Les prochaines élections renforcent la politisation et la polarisation croissantes de la société. Le bain de sang de Marikana en 2012 a clarifié le caractère du gouvernement ANC et de l’État. Cela a eu un impact sur la conscience de millions de travailleurs.

    Dans presque toutes les communautés où l’on proteste vit l’idée d’un boycott des élections en vue de sanctionner l’ANC. Mais parallèlement, des millions de personnes sont à la recherche d’une alternative politique. Début février, l’enregistrement des électeurs a été clôturé et, au final, 25,3 millions de personnes se sont enregistrées, soit 80,5% du corps électoral. D’après la commission électorale indépendante, c’est le plus haut niveau jamais atteint.

    La collaboration de classe sur laquelle le pouvoir de l’ANC et la démocratie bourgeoise se sont basés ces 20 dernières années commence à s’effriter. C’est particulièrement visible au sein de la fédération syndicale Cosatu (Congress of South African Trade Unions) liée à l’ANC. Ainsi, la centrale la plus importante de cette fédération, le syndicat du métal NUMSA, a rompu avec l’ANC et dfend l’idée d’un parti des travailleurs (voir notre édition précédente). Huit autres centrales du Cosatu s’opposent également au président de la fédération, Dlamini, toujours plus isolé. Même dans les centrales fidèles à l’ANC, des fissures deviennent plus en plus visibles.

    Dans ce qui reste de la direction du Cosatu, autour de Dlamini, on peut également voir des dissensions. La réunion extraordinaire du Bureau Exécutif Central de mi-février a été boycottée par neuf des dix-neuf membres. Malgré tout, il y a été décidé de ne pas tenir de congrès extraordinaire tel qu’exigé par les neuf absents pour revoir la suspension du populaire secrétaire général de Cosatu Vavi. Un courrier a également été adressé à la NUMSA pour menacer le syndicat de suspension ou d’exclusion suite, entre autres, à la décision de ne plus soutenir l’ANC.

    La polarisation se reflète dans le remodelage du paysage politique. Suite la vague de grèves de 2012, le Democratic Socialist Movement (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Afrique du Sud et parti-frère du PSL) et le comité de grève des mines ont pris l’initiative de créer le Workers and Socialist Party (WASP). Nos membres travaillent dur pour construire le WASP et participer aux élections de mai en tant qu’unique réelle alternative socialiste.

    Julius Malema, l’ancien président des jeunes de l’ANC aujourd’hui exclu du parti, connaît une croissance rapide avec son Economic Freedom Fighters (EFF) parce que cette organisation est considérée par beaucoup de travailleurs et de jeunes désespérés comme une alternative facile. L’EFF a refusé toute alliance électorale avec le WASP mais, en revanche, a récemment conclu un accord avec l’Inkatha Freedom Party, un parti particulièrement réactionnaire responsable de la mort de dizaines de milliers d’activistes anti-apartheid. Il s’agit d’un avertissement quant à l’orientation prise par Malema & Co.

    Échec d’unification de l’opposition de droite

    Le propriétaire de mine et millionnaire Mamphela Ramphele a lancé l’an dernier un nouveau parti, Agang-SA, en le présentant comme le parti des “noirs responsables” du monde des affaires. Malgré tout le battage médiatique dont l’initiative a bénéficié, elle n’a pas su décoller. Ce parti a annoncé une collaboration avec “l’opposition officielle”, la Democratic Alliance. Cette dernière est en pleine tourmente et Ramphele a été présenté candidat à la présidence de la DA. Mais tout s’est effondré cinq jours plus tard. La construction d’une opposition de droite unie face à l’ANC fut un échec.

    Les élections de mai représentent une opportunité majeure. Un parlementaire issu du mouvement des travailleurs pourrait considérablement renforcer les luttes en faisant entendre leur voix au sein du parlement bourgeois, derrière les lignes ennemies. Environ 63.000 voix sont nécessaires pour parvenir au parlement national. Nous ferons tout pour y parvenir. Il s’agit d’un effort important pour les socialistes d’Afrique du Sud, mais aussi pour les militants du reste du monde. Un succès pour le WASP serait un pas en avant majeur vers la révolution socialiste, tant en Afrique du Sud que dans le reste du continent et du monde.

    Comment un élu socialiste peut-il faire la différence ?

    Les élus du Comité pour une Internationale Ouvrière comme Joe Higgins (au parlement irlandais), Paul Murphy (au parlement européen) ou Kshama Sawant (au conseil de Seattle), utilisent leur mandat pour construire et renforcer les mouvements de lutte.

    Kshama Sawant a ainsi utilisé sa position afin de soutenir la mobilisation concrète pour un salaire minimum de 15 dollars de l’heure aux USA. Depuis qu’elle est entrée au conseil début janvier, diverses mobilisations et actions ont eu lieu en regroupant des milliers et des milliers de personnes. Sa position de principe a été remarquée dans tout le pays, ce qu’a d’ailleurs écrit Michael Moore sur son site.

    Paul Murphy s’est lui aussi fait le défenseur des mouvements et campagnes de luttes, ce qui lui a valu de se voir refuser l’accès au Kazakhstan et au Sri Lanka. Il soutient aussi des actions de protestation dans notre pays, du combat des ouvriers d’ArcelorMittal à l’opposition face à la politique d’asile asociale.

    Joe Higgins s’est engagé dans la contestation contre la nouvelle taxe sur l’eau en Irlande et, avant cela, contre l’augmentation des prix du ramassage des ordures ou l’instauration d’une taxe supplémentaire sur les maisons. Les choses n’en restent pas aux communiqués de presse, Joe utilise sa position pour favoriser la plus grande implication de la base au travers de la construction de comités de lutte.

    Nos élus vivent du salaire moyen d’un travailleur qualifié, le reste revient au mouvement. Le fait d’être élu n’entraîne donc aucun privilège. Un parlementaire socialiste conséquent en Afrique du Sud aurait un impact dans le pays, sur tout le continent africain et même le reste du monde. En tant qu’internationalistes, nous nous engageons dans le défi de conquérir une telle position.

    Solidarité internationale

    La campagne électorale du WASP coûtera environ 150.000 euros. Une grande partie de ces moyens sont récoltés en Afrique du Sud, mais un appel à la solidarité internationale a été lancé. Cette campagne offre une chance unique d’obtenir un élu socialiste conséquent en Afrique du Sud. Le PSL a promis une contribution de 6.000 euros pour que ce soit possible. Nous récoltons cet argent parmi nos membres et sympathisants. N’hésitez pas à apporter votre contribution ! => Appel à la solidarité internationale

    [divider]

    (1) Association of Mineworkers and Construction Union, syndicat qui a remplacé le NUM (lié au gouvernement de l’ANC) comme syndicat central des mines de platine après le massacre de Marikana en 2012 (la police avait ouvert le feu sur des mineurs en grève, causant des dizaines de morts).

  • Afrique du Sud : Le WASP participera aux élections de 2014!

    Moses Mayekiso – ancien secrétaire général du syndicat des métallos NUMSA – sera tête de liste du WASP

    Le Workers and Socialist Party (WASP) est enregistré pour les prochaines élections de l’Assemblée nationale ainsi que pour les élections législatives dans les provinces du Nord-Ouest, de Limpopo et de Gauteng. La composition de la liste nationale a été rendue publique ce 13 mars lors d’une conférence de presse tenue à Johannesburg.

    Le candidat à la présidence et tête de liste nationale du WASP est Moses Mayekiso, militant syndical de premier plan au cours des années ‘70 et ‘80, actif au sein du Metal & Allied Workers Union (Mawu) dont il est devenu secrétaire général. Le Mawu fut, avec d’autres syndicats, à la base de la création de la fédération syndicale Cosatu en 1985. Le Mawu fut également la colonne vertébrale de la création du Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud (le Numsa), dont Moses fut le premier secrétaire général. Il fut élu à ce poste alors qu’il était en prison, sur base de son activisme contre l’apartheid et pour le mouvement ouvrier. Une campagne internationale avait alors exigé sa libération et des manifestations pour la « liberté du camarade Moses » ont eu lieu dans de nombreuses villes à travers le monde.

    Moses était encore secrétaire général du Numsa quand ce syndicat a adopté une résolution appelant à la création d’un nouveau parti des travailleurs en 1993. Il a maintenant rejoint le WASP et a pris place au sein de sa direction.

    Il fut aussi le premier président la South African National Civic Association (SANCO – le «quatrième» membre de l’Alliance tripartite) et a consacré ses efforts ses dernières années à reconstruire ce mouvement sur base de véritables principes socialistes au vu du lamentable échec de la SANCO pour relayer la marée montante des protestations. Moses fut aussi député de l’ANC (African National Congress) de 1994 à 1996, mais a démissionné pour se concentrer sur le travail de terrain visant à construire la SANCO à la suite de la chute de l’apartheid.

    Les listes du WASP représentent la classe des travailleurs et les pauvres du pays

    Tous les candidats sur les listes du WASP sont des travailleurs, des syndicalistes et des activistes des communautés ou parmi la jeunesse. Ceux qui peuvent le mieux représenter les intérêts de la classe ouvrière sont des membres de la classe ouvrière. Le WASP rejette la ‘professionnalisation’ de la politique et cette idée selon laquelle les gens ordinaires n’auraient ni les compétences ni la capacité d’assumé une position élue.

    Les principaux candidats qui ont parlé lors de la conférence de presse de présentation des listes sont : Mametlwe Sebei (figure-clé de la vague de grève qui a suivi le massacre des mineurs en grève de Marikana en août-septembre 2012), Weizmann Hamilton (secrétaire général du Democratic Socialist Movement – DSM section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Afrique du Sud et parti-frère du PSL, l’une des organisations fondatrices du WASP – militant de longue date anti-apartheid et syndical), Liver Mngomezulu (secrétaire général du syndicat du transport National Transport Movement union, NTM), Matron Mhlanga (membre exécutif de l’African Traders Organisation, ATO), Sithembile Nqulo (mineur, Carletonville), Lebogang Mtsweni (militant du syndicat du métal Numsa), Jabulani Madlala (militant du syndicat du métal NUMSAà l’usine Toyota de Durban), Paul Gaaje (travailleurs aux services médicaux d’urgence, Fochville), Nkosinathi Mpopo (mineur, Rustenburg).

    Des représentants des travailleurs au salaire d’un travailleur

    Le salaire de base d’un député en Afrique de Sud est de 72.000 rands par mois (environ 4.820 euros), ce qui signifie concrètement que les élus sont déconnectés de la vie quotidienne des travailleurs et des pauvres. Ils figurent parmi les mieux payés du pays et se placent de ce fait au sein de l’élite. Le WASP rejette totalement ces positions privilégiées de soit-disant “élus du peuple”.

    Chaque élu du WASP ne recevra comme salaire que l’équivalent de celui d’un ouvrier qualifié. Le restant sera reversé pour la construction du WASP ainsi que pour soutenir les luttes des travailleurs et des jeunes. Les salaires et dépenses des élus du WASP seront publiquement disponibles afin que chaque citoyen sud-africain puisse les contrôler. Le WASP fera usage du droit à révoquer ses élus si ceux-ci deviennent corrompus ou ne respectent pas le manifeste du parti. Ce droit de révocation ne sera pas au seul usage de la direction du WASP, mais aussi des membres et affiliés du WASP.

  • Possible percée des idées socialistes en Afrique du Sud: participez!

    Soutenez la campagne électorale du Workers and Socialist Party!

    Des élections se tiendront début mai en Afrique du Sud au cours desquelles le Workers and Socialist Party (WASP) a de réelles chances d’obtenir un élu. Ce nouveau parti large a notamment émergé suite aux luttes des mineurs dans lesquelles le Democratic Socialist Movement (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Afrique du Sud) a joué un rôle crucial. Mais pour pouvoir participer à ces élections, un grand effort est nécessaire, principalement d’ordre financier. Nous vous appelons à rendre possible cette percée des idées socialistes en Afrique du Sud en effectuant un don généreux !

    [divider]

    Mametlwe Sebei, porte-parole du WASP, fait appel à votre soutien pour les prochaines élections

    Chers camarades,

    Le Workers and Socialist Party fait appel à votre soutien pour les prochaines élections générales sud-africaines qui se tiendront le 7 mai 2014. Le WASP est né des luttes des ouvriers mineurs de en 2012 qui ont notamment abouti au massacre de Marikana. Cet assassinat criminel de 34 mineurs en grève – fauchés par les armes automatiques de la police, sous les ordres du gouvernement dirigé par l’ANC – a partout été condamné à travers le monde, en particulier par des organisations ouvrières et des syndicats. Nous ne demandions rien de plus qu’un salaire minimum plus élevé pour nous permettre, ainsi qu’à nos familles, de sortir de la pauvreté écrasante dans laquelle nous vivons. Beaucoup d’entre nous ont fait des centaines de kilomètres loin de nos maisons pour travailler dans les mines afin de soutenir nos familles. Beaucoup d’entre nous vivent dans des cabanes dans des bidonvilles autour des mines sans électricité ni eau courante. En moyenne, chaque ouvrier mineur soutient huit à dix personnes à charge: conjoints, enfants, parents âgés ou autres membres de la famille.

    Les espoirs de millions de familles de la classe ouvrière et de communautés ont été investis dans notre lutte. Mais le gouvernement dirigé par l’ANC a non seulement fermé les yeux face à notre souffrance – celle de ceux au nom desquels ils prétendent gouverner – et était prêt à noyer nos revendications dans le sang. Beaucoup d’entre nous ont été contraints de quitter le Syndicat national des mineurs (NUM, présent dans le gouvernement de l’ANC), qui a refusé de soutenir notre lutte, pour mettre en place nos propres comités de grève indépendants afin de mener notre lutte. Ce sont ces comités qui ont pris la décision de lancer le Workers and Socialist Party pour nous redonner la voix politique que la trahison de l’ANC nous a refusé.

    Avant même le massacre de Marikana, l’ANC était en train de rapidement perdre du soutien. 12,4 millions de personnes n’ont pas voté aux dernières élections tant la désillusion était grande. L’Afrique du Sud a été surnommée la ‘capitale mondiale des protestations’. Les travailleurs utilisent des actions de grève pour améliorer leurs salaires de misère, des communautés entières protestent contre le manque d’eau, de sanitaires, de routes et de logements, et les jeunes protestent contre le coût de l’éducation et le manque d’emplois qui entraine le chômage des jeunes jusqu’aux 50%. Le Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud – le plus grand syndicat du continent africain – a tenu un congrès extraordinaire en décembre dernier où il a décidé de mettre fin à son soutien à l’ANC. Le WASP a été créé pour unir les luttes des travailleurs, des communautés et des jeunes. Nous sommes un parti qui se bat pour (1) la nationalisation des mines ; (2) un programme massif de création d’emplois avec un salaire décent ; (3) des investissement dans l’infrastructure des routes, de l’eau, des sanitaires, de logements décents et de services sociaux; (4) l’éducation gratuite; (5) la gratuité des soins.

    Le WASP appelle les travailleurs, les membres de communautés et les jeunes à désigner leurs propres représentants pour se présenter en tant que candidats du WASP : les personnes les plus à même de représenter les intérêts des travailleurs sont les travailleurs eux-mêmes. Même un petit groupe de députés du WASP au prochain parlement – ce qui, selon nous, est tout à fait possible – serait un grand pas en avant pour la classe ouvrière sud-africaine. Cela nous permettrait de faire largement entendre notre voix. Nous en appelons à votre solidarité pour aider à faire une réalité de ce potentiel. Des messages de soutien et la diffusion de notre campagne sont vitaux. Mais le plus crucial est le financement nécessaire pour mener une campagne électorale efficace. L’Afrique du Sud utilise un système de liste à représentation proportionnelle.

    Les exemples de coûts ci-dessous indiquent ce qui est nécessaire au WASP pour mener une telle campagne électorale efficace :

      • Dépôt nécessaire afin de se présenter à l’élection de l’Assemblée nationale : ± 13.200€ ;
      • Dépôt nécessaire afin de se présenter à l’une des élections législatives provinciales : ± 2.970€ ;
      • Production de 1.000 t-shirts: ± 1.650€ ;
      • Location de salle pour un meeting électoral : ± 660€ ;
      • Impression de 50.000 tracts : ± 594€ ;
      • Impression de 10.000 affiches : ± 660€ ;
      • Utilisation d’un téléphone portable pour un organisateur du WASP pendant un mois : ± 79€ ;
      • Essence pour un organisateur du WASP pendant un mois : ± 165€ ;
      • Achat d’un ordinateur portable pour un organisateur du WASP : ± 528€.

    Au total, nous devons récolter au moins 2 millions de rands (150.000€) pour mener cette campagne. Dans l’esprit de l’internationalisme dont le WASP est imprégné, nous lançons un appel à votre soutien pour compléter la campagne de financement que nous menons en Afrique du Sud même. Un pas en avant pour la classe ouvrière d’Afrique du Sud est un pas en avant pour les travailleurs du monde entier.

    En solidarité,

    Mametlwe Sebei


    Le PSL a promis d’effectuer une contribution majeure, à hauteur de 6.000 euros, dont la moitié doit être récoltée avant ce 1er mars. Nous demandons aux lecteurs de socialisme.be de faire la contribution la plus généreuse possible. Cette occasion exceptionnelle exige un effort exceptionnel ! Merci de verser vos dons sur le compte du PSL : BE69 0012 2603 9378, avec ‘soutien WASP’ en communication. (Bic: GEBA BE BB – BNP Paribas Fortis)

  • Afrique du Sud – Décision historique du syndicat des métallos

    Au cours de ce qui restera dans l’Histoire comme le plus important congrès syndical depuis la fondation du Congress of South African Trade Unions (Cosatu) en 1985, les délégués du congrès spécial de la National Union of Metal Workers of Soutah Africa (Numsa) ont pris la décision audacieuse et historique de couper les ponts avec l’ANC, parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid. Avec le retrait de leur soutien financier et logistique à l’ANC, celui-ci va entrer dans les élections 2014 sans le soutien du syndicat membre du Cosatu le plus nombreux et le plus influent politiquement. Etant donné le soutien de la base de toutes les composantes du Cosatu envers la Numsa, y compris dans celles dirigées par des leaders pro-capitalistes, cela signifie que l’ANC est partie pour perdre non seulement le vote des 340.000 membres de la Numsa, mais potentiellement également plus d’un million de voix des autres syndicats affiliés au Cosatu. L’ANC va sortir des élections de 2014 significativement affaiblie. Les scénarios-catastrophes des stratèges de l’ANC eux-même, où l’ANC obtiendrait moins de 50%, ne peuvent être écartés.

    Article du Workers’ And Socialist Party, parti large au sein duquel travaille le Democratic Socialist Movement, section du CIO en Afrique du Sud

    Les répliques du séisme commencé à Marikana, qui ont ébranlé les fondations de l’ordre politique post-apartheid ingénieusement établit dans les négociations de la Conférence pour une afrique du Sud Démocratique (CODESA), ont maintenant trouvé une expression sur le plan politique.

    Pour adapter le titre du livre du commentateur politique Allister Spark sur les perspectives du pays après la CODESA (tomorrow is another country), ”aujourd’hui, l’Afrique du Sud est un autre pays”. Les barreaux en or de la prison politique dans laquelle la classe ouvrière est maintenue depuis 20 ans sont brisés et le processus de l’émancipation de classe et d’indépendance politique de la classe ouvrière a commencé avec force.

    De plus, la Numsa va cesser sa contribution financière au Parti Communiste Sud-Africain, coupant les liens politiques avec ce parti ”en faillite idéologique”, selon les mots du secrétaire général de la Numsa, Irvin Jim.

    La colère et le sentiment de trahison des délégués envers les dirigeants de l’ANC et du PC Sud-Africain se sont exprimés pendant toute la conférence. A aucun moment un seul délégué n’a donné d’argument sérieux pour la poursuite du soutien à l’ANC. Pour les membres de la Numsa, la réalité est claire : l’ANC et le PC Sud-Africain sont des partis de la classe capitaliste. Le prochain gouvernement dirigé par l’ANC, avec le Programme de Développement néo-libéral comme pièce maîtresse, sera un gouvernement consciemment anti-ouvrier et ne mérite pas le soutien de la classe ouvrière.

    A ce stade, la Numsa s’est gardée de décider de soutenir un parti alternatif en 2014 et a simplement réitéré le droit de ses membres de voter individuellement selon leurs convictions. Au lieu de prendre une position claire pour 2014 au cours du congrès, la Numsa a pris la décision de lancer un ”front uni” modelé sur le United Democratic Front des années ’80, pour unir les luttes des travailleurs et des communautés tout en contribuant à former un ”Mouvement pour le Socialisme”. Le Workers’ And Socialist Party, dans sa lettre ouverte à la Numsa, a appelé au lancement d’un réseau syndical socialiste pour aider à surmonter les divisions au sein de la classe ouvrière et à surmonter la paralysie de la lutte unifiée causée par la crise du Cosatu. Nous appelons aussi à une Assemblée de l’Unité de la Classe Ouvrière pour établir un plan de bataille pour les luttes de masse. Dans la décision de la Numsa de lancer un Front Uni et un Mouvement pour le Socialisme, nous voyons que ces appels ont trouvé un écho.

    Cependant, avec les élections nationales et provinciales à quelques mois d’ici, nous avons invité la Numsa à ”prendre sa place dans la direction du WASP”. Le WASP a été lancé pour unir les luttes des travailleurs, des communautés et des jeunes et est organisé de façon démocratique et fédérative qui permettrait à Numsa d’utiliser l’étiquette du WASP pour présenter ses propres candidats, sélectionnés selon ses propres procédures. La Numsa pourrait s’opposer au Plan de Développement National au parlement en tant qu’auxiliaire des luttes qui vont avoir lieu dans les lieux de travail et les communautés.

    Au congrès spécial de la Numsa, la direction a établi les critères que tout parti politique devrait présenter pour obtenir son soutien politique. Ces critères ont été approuvés par les délégués au cours de l’adoption du rapport du secrétariat. Nous pensons que le WASP présente ces critères. Le WASP s’est forgé dans les luttes des mineurs et se base sur la classe ouvrière ; il défend la nationalisation des mines, des banques, des exploitations agricoles, des usines et des autres grandes entreprises sur base du contrôle ouvrier et dans le cadres de la lutte pour une société socialiste ; le WASP est une organisation complètement démocratique. Dans leur nouvelle stratégie politique, la direction de Numsa a reçu le mandat ”d’être attentif à tout parti engagé pour le socialisme dans les élections futures”. Nous répétons donc notre appel envers la Numsa à prendre place dans la direction du WASP et à soutenir et à présenter des candidats sous l’étiquette du WASP aux élections de 2014, ce qui serait une étape cruciale dans la construction du nouveau Mouvement pour le Socialisme.

    Les limites de la position spécifique de la Numsa pour les élections 2014 ne peuvent cependant amoindrir le changement monumental dans le paysage politique annoncé par sa décision. La rupture de l’ordre politique est maintenant bien engagée et le chemin vers l’indépendance politique de la classe ouvrière est ouvert. La décision de la Numsa a accéléré le processus commencé par les mineurs en 2012. En reconnaissant que le changement dans la situation politique post-Marikana demandait la convocation d’un congrès spécial, la Numsa a amené ce processus à un plus haut niveau de conscience.

    Les délégués ont accueilli les survivants du massacre de Marikana et leurs familles et ont levé des fonds à hauteur de 20.000 rands (plus de 20.600€) pour les familles des tués. Ce montant sera augmenté à 500.000 rands (plus de 34.300€) par les employés de la compagnie d’investissement de la Numsa et par la compagnie elle-même. L’importance que le congrès a donné à la lutte des mineurs en 2012, y compris au massacre de Marikana, a montré la reconnaissance de la Numsa envers le rôle des mineurs en tant qu’avant-garde de la classe ouvrière dans sa libération de la prison de l’Alliance Tripartite (ANC, PC sud-africain et Cosatu). L’exode massif de la National Union of Mineworkers était aussi une rupture des liens politiques avec l’ANC. C’est de cette bataille ouverte qu’est né le WASP. La Numsa a maintenant complètement rejoint la bataille que les mineurs ont commencée.

    La Numsa a envoyé un signal clair aux mineurs et aux autres travailleurs, en montrant qu’il ne va pas les abandonner aux directions syndicales pro-capitalistes qui continuent à s’accrocher à l’ANC. Irvin Jim a déclaré que la Numsa ”ne rejettera plus jamais un seul travailleur”, en défi ouvert à la politique ”une industrie, un syndicat” du Cosatu. Jim a même regretté que cela n’ait pas été la politique de la Numsa à l’époque de Marikana. Cela va mettre la Numsa en opposition avec l’aile droite pro-ANC du Cosatu et va certainement mener à une rupture avec le Cosatu. La décision de retirer leurs 800.000 rands de cotisation de membre au Cosatu tant que leur demande de congrès spécial n’a pas aboutit est une autre mesure audacieuse.
    Les projets d’action de masse début 2014 et la solidarité du congrès envers les mineurs (qui vont sûrement mener d’autres luttes pour les salaires et contre les licenciements cette année) montrent que la Numsa va être au centre des luttes des travailleurs dans la prochaine période. La conférence pour le socialisme qui est prévue va continuer la discussion sur la construction d’une alternative politique de la classe ouvrière commencée au congrès spécial. La Numsa a fait les premiers pas dans le nouveau paysage politique qu’ils ont aidé à créer et, avec le WASP et les mineurs, ont entamé la tâche historique de reconstruire une indépendance politique de la classe ouvrière. Le WASP salue la direction de la Numsa et les délégués pour leur décision.

  • Afrique du Sud : Un an après le massacre de Marikana

    Tant les capitalistes que la classe des travailleurs se préparent à des troubles sans précédent

    Le 16 août 2012, à Marikana, une ligne sanglante a été tracée dans le sable politique de l’Afrique du Sud après que la police ait froidement abattu 34 grévistes et blessé 78 autres. Les quelques secondes de ce massacre qui sont passées à la télévision ont démoli des décennies d’illusions soigneusement entretenues par le gouvernement de l’ANC (le Congrès National Africain) et l’Etat capitaliste. Ce recours de l’Etat à la forme la plus brutale de répression contre les grévistes de l’entreprise minière britannique Lonmin a mis en branle une nouvelle période de révolution et de contre-révolution dans le pays.

    Liv Shange, Democratic Socialist Movement (CIO-Afrique du Sud)

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Pour en savoir plus:

    Un an plus tard, l’offensive des patrons des mines contre les emplois et les droits des travailleurs ne cesse de prendre de l’ampleur. Mais les leçons du massacre de Marikana sont profondément enracinées dans la conscience de millions de travailleurs et de jeunes, et cela prépare le terrain pour de plus amples bouleversements axés autour de l’industrie minière, le secteur économique central du pays.

    Marikana : nous n’oublions pas

    Le massacre du 16 août 2012 était une opération soigneusement orchestrée, dont l’objectif était d’écraser le défi représenté par les travailleurs de Lonmin pour le gouvernement et l’ordre capitaliste. A la suite de jours (et d’années) de répression, des milliers de travailleurs s’étaient rassemblés sur la colline, ‘‘la montagne’’ clôturée de barbelés qui surplombe Marikana, mais ils ont été attaqués par derrière à coups de tirs d’armes automatiques et de canons à eau. Chassés vers l’ouverture de cinq mètres dans la clôture, un premier groupe a été littéralement abattu devant les caméras. La majorité des personnes tuées et blessées a ensuite été portée hors de vue des caméras, au milieu de rochers et de buissons d’une autre petite colline. Beaucoup de victimes ont été abattues à bout portant, dans le dos ou alors qu’elles levaient les bras en l’air pour se rendre. La police a délibérément détruit les visages des morts en roulant sur leurs crânes avec des véhicules blindés. ‘‘L’enquête’’ de la police a par contre été bien moins préparée. Il s’agissait très clairement d’une maladroite tentative de couvrir cette violence.

    La véritable histoire de Marikana a été largement connue grâce à la ténacité des travailleurs qui ont poursuivi leur combat après le massacre, la grève se développant même à l’échelle de toute l’industrie minière nationale. Dans les jours qui ont précédé et suivi le massacre, l’opinion publique avait subi un déluge virtuel de propagande vicieuse contre les travailleurs de Lonmin et leur lutte. Suite à la trahison du Syndicat national des mineurs (le NUM), les travailleurs n’ont eu d’autre choix que de prendre eux-mêmes en main la lutte pour un salaire décent. C’est pour ce ‘‘crime’’ qu’ils ont eu à faire face à une répression abjecte et ont été dépeints comme des criminels sanguinaires et assassins, comme des sauvages possédés ou encore comme de malheureuses victimes des manipulations d’une ‘‘troisième force’’. Jeremy Cronin, du Parti ‘‘communiste’’ sud-africain (SACP) a remporté la palme en condamnant publiquement les grévistes en tant que ‘‘gros bras de la mafia du Pandoland’’ (une région d’Afrique du Sud). L’Etat, de son côté, n’a cessé de marteler le refrain de ‘‘l’auto-défense’’ de la police devant la Commission Farlam qui a enquêté sur le massacre. Cela n’a fait qu’illustrer à quel point cette parodie de procès a été déconnectée de toute réalité.

    La répression sanglante des luttes des travailleurs en général, et de celles des mineurs en particulier, n’a bien entendu pas commencé à Marikana. Tout juste deux semaines plus tôt, le 1er août 2012, par exemple, cinq travailleurs qui protestaient ont été abattus par la police à l’extérieur Rustenburg, à l’entreprise Aquarius K5. Leurs meurtres n’ont constitué qu’un nouveau paragraphe sur les pages sombres des pratiques des entreprises. L’ampleur de la violence publique infligée aux travailleurs Lonmin, qui a secoué l’Afrique du Sud et le reste du monde, ne devait rien au hasard. Il s’agissait d’une riposte calculée face au plus sérieux défi auquel faisait face l’African National Congress (ANC, Congrès National Africain) : une révolte de mineurs contre le syndicat des mineurs NUM, qui tout au long de l’ère post-apartheid a joué un rôle clé pour contrôler les mineurs et soutenir les patrons de l’industrie minière, l’épine dorsale de l’économie sud-africaine. Le NUM est devenu le pilier du Congrès des syndicats sud-africains (le COSATU) et de l’alliance dirigée par l’ANC au pouvoir (qui comprend également le Parti ‘‘Communiste’’ Sud-Africain). L’autorité du NUM n’était pas seule à être menacée. La capacité de l’ANC à préserver la confiance de la classe dirigeante capitaliste en tant que force capable de ‘‘contrôler la classe ouvrière noire’’ (selon les mots du Business Daily pour résumer la raison d’être de l’ANC) était aussi en jeu. La répression décidée par l’ANC et le grand actionnaire de Lonmin Cyril Ramaphosa (ancien dirigeant du NUM, député de l’ANC et 21e fortune africaine) devait par conséquent affirmer l’autorité de l’Etat-ANC à l’aide de fusils.

    ‘Ceci n’est pas notre gouvernement’

    “Longue vie à l’esprit de nos héros” : commémoration du massacre de Marikana ce 16 août 2013, à l’initiative du WASP.
    [/box]

    La tentative de noyer la grève dans le sang a exposé aux yeux de millions de personnes quel était réellement devenu le rôle de l’ANC, du NUM,… avec une clarté aveuglante et instantanée. L’un des principaux enseignements du marxisme – que le noyau dur de tout Etat se compose de ‘‘bandes d’hommes en armes’’ qui défendent la classe dirigeante, tout en s’appuyant également sur des institutions plus ‘‘douces’’ (comme le parlement en tant que moyen de renforcer régulièrement les illusions ressenties envers le système) et avec l’aide de prolongements comme les syndicats, les partis politiques et les médias afin de justifier l’oppression des uns par les autres – a été soudainement compris bien au-delà de la portée des militants marxistes. Marikana a clarifié que le gouvernement ANC est un gouvernement dirigé par un parti qui n’existe que pour défendre les intérêts des capitalistes, que le NUM est l’outil principal pour mener à bien cette tâche et que la police, les tribunaux et les médias soi-disant neutres ne sont guère plus que les propriétés effectives des grandes de grandes entreprises.

    Ce qui découle directement de ces conclusions, c’est la nécessité d’une alternative politique pour la classe des travailleurs. Les mineurs, tout d’abord dans la ceinture des mines de platine de Rustenburg puis dans les mines de tout le pays, ont suivi l’exemple des travailleurs de Lonmin et instauré des comités de grève indépendants. Le permanents syndicaux du NUM, qui gagnaient parfois l’équivalent de dix fois le salaire d’un travailleur ordinaire, ont été chassés des bureaux syndicaux. Grâce à la diffusion de la grève, à son unification et à sa coordination, les compagnies minières et le gouvernement ont été contraints de reconnaître les comités de travailleurs. Dans l’esprit des grévistes, dès le début, cela était lié à la nécessité de renverser le gouvernement des patrons pour le remplacer par un gouvernement des travailleurs. Au fur-et-à-mesure que les travailleurs ont retrouvé confiance dans leur capacité de s’organiser, de combattre et de gagner, l’idée de construire un nouveau parti, une alternative politique à l’ANC et aux partis établis pour défendre les intérêts des travailleurs, a pris racine en tant qu’urgente nécessité. De là sont sortis le Comité de grève national sur base du développement des comités de grève locaux en octobre 2012 et le Workers and Socialist Party (WASP) fondé en décembre 2012.

    De nouvelles batailles sur le front des mines

    A partir de Marikana, la conscience de classe au sein de la classe ouvrière sud-africaine a atteint un nouveau stade. Les luttes se développent sur divers fronts, des lieux de travail aux communautés locales, sur base quotidienne. Et alors que celles-ci sont en pleine recrudescence, le contexte actuel est que les choses ne peuvent pas continuer comme avant – au sein de la classe ouvrière et de la classe capitaliste. Encore une fois, les contradictions politiques et économiques sud-africaines atteignent leur expression la plus concentrée dans l’industrie minière. Les ventes perdues suite à la vague de grèves d’août-décembre 2012 sont certainement irritantes pour les patrons, mais ce n’est pas cela qui explique les attaques actuelles contre l’emploi dans les mines : c’est le ralentissement inexorable de l’économie mondiale. Les cours de l’or et du platine ont chuté, par exemple, et les profits et marges de manœuvre des multinationales minières s’en sont retrouvés réduits. L’objectif visé par les licenciements actuels est de supprimer l’offre excédentaire de minéraux comme le platine et l’or afin de restaurer la profitabilité tout en s’en prenant à la confiance retrouvée des travailleurs.

    Avant les évènements de Marikana, des entreprises minières avaient déjà tâté le terrain pour réduire la surproduction en essayant de fermer des puits de mines autour de Rustenburg. Après avoir été forcés de battre en retraite par le mouvement de grève, ils ont repris l’offensive immédiatement après la fin des grèves en commençant un lock-out (une grève patronale par la fermeture des sites) et en expulsant 6.000 travailleurs au puits de Kusasalethu de l’entreprise Harmony Gold à Carletonville le jour du Nouvel An 2013. Amplats, premier producteur de platine au monde, a suivi en annonçant deux semaines plus tard la mise sous cocon (fermeture avec possibilité de réouverture ultérieure) de quatre puits à Rustenburg, la fermeture d’une mine et le licenciement de 14.000 travailleurs. Sous la pression du gouvernement et de la combativité des mineurs, ces chiffres ont été revus à trois puits et à 6000 travailleurs pour l’instant. Alors que l’AMCU (Association of Mineworkers Union et Construction, née d’une scission de la fédération des syndicats d’Afrique du Sud COSATU) est toujours empêtrée dans les consultations avec les patrons concernant cette ‘‘révision stratégique’’, les patrons agissent déjà et comptent bien finaliser leur projet pour la deuxième moitié de l’année 2013. De son côté, AngloGold Ashanti a annoncé la réduction d’un tiers de sa production mondiale en un an, plus que probablement essentiellement en Afrique du Sud.

    Tout comme Amplats, Glencore Xstrata est un cas pilote pour la classe dirigeante. Eux aussi comprennent bien cette vérité de la classe ouvrière : une attaque contre un est une attaque contre tous. Tout au long de l’année 2013, l’industrie minière n’a cessé d’être marquée par des grèves spontanées dirigées par les travailleurs eux-mêmes. À la mine de chrome de Glencore Xstrata à Tubatse (région de Limpopo), 2000 travailleurs ont protesté contre le fait que la société ait protégé un superviseur blanc raciste qui avait agressé un travailleur noir. La société a immédiatement agi en déclarant la grève illégale et en licenciant les 2000 travailleurs avec le soutien de tous les patrons des mines et des spéculateurs internationaux. Les patrons de Xstrata Glencore veulent empêcher toute victoire des travailleurs aujourd’hui engagés dans la bataille pour récupérer leurs emplois, avec le soutien du Workers and Socialist Party (WASP) et du Democratic Socialist Movement (DSM, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Afrique du Sud, active au sein du WASP). Certains commentateurs bourgeois parlent d’une possible réduction d’emplois de l’ordre de 200.000 postes au cours des quelques prochaines années. Pendant ce temps, la monnaie nationale (le Rand) baisse, de même que le taux de croissance et les recettes fiscales. L’inflation est la hausse, tout comme le taux de chômage et la dette publique. L’économie sud-africaine approche d’un point tournant que craignent tous les analystes pro-capitalistes, car cela peut déclencher une crise sociale globale.

    Une paix sans justice ?

    En plus de ces attaques contre l’emploi dans les mines, la classe dirigeante veut se débarrasser du système de négociation collective et plus souvent recourir à une répression similaire à celle qui a pris place à Marikana. Une série ‘‘d’accords de paix’’, sous diverses étiquettes, a été conclue au lendemain du massacre. Le dernier en date est ‘‘l’accord-cadre pour une industrie minière durable’’ qui fait suite aux négociations entre le gouvernement, l’industrie et le syndicat, sous la direction du Vice-Président Kgalema Motlanthe (un ancien secrétaire général du NUM). Tout comme les accords précédents, il ne contient que de vagues promesses pour améliorer le niveau de vie dans les communautés minières. Par contre, il est beaucoup plus concret concernant le respect de la loi et de l’ordre, avec notamment le stationnement permanent de la police et ‘‘d’autres forces de sécurité’’ sur toutes les sites miniers. Les travailleurs et les syndicats devraient prendre la responsabilité de maintenir la ‘‘paix’’ alors que les patrons se préparent à la guerre. Pendant ce temps, les menaces et les assassinats contre les dirigeants des travailleurs associés à l’AMCU ont continué, provoquant parfois de sanglantes représailles.

    Cet accord-cadre est à considérer dans le cadre des tentatives du gouvernement ANC pour rassurer les capitalistes des mines et la classe dirigeante dans son ensemble sur les capacités de ce parti à regagner le contrôle de la situation après Marikana. Ce n’est bien entendu aucunement un hasard si cet accord intervient au moment du début des négociations salariales dans els secteurs de l’or et du platine, les négociations les plus polarisées depuis des décennies avec par exemple la revendication d’une augmentation de 120% contre l’offre patronale de 5% dans le secteur de l’or et le début d’une vague de licenciements de masse. L’attaque portée contre le Democratic Socialist Movement (CIO-Afrique du Sud) en essayant de prendre pour bouc émissaire la membre du DSM Liv Shange accusée d’être responsable de l’anarchie dans l’industrie minière et menacée d’expulsion fors d’Afrique du Sud (voir notre article à ce sujet) fait partie des efforts visant à amoindrir la capacité de combat des mineurs.

    En dépit des efforts de l’ANC, ses déchirements internes continuellement en cours sont la preuve que ses dirigeants, par ailleurs grands gestionnaires d’entreprises, doivent encore être convaincus que les choses peuvent être gardées sous contrôle. Alors que la faction du président Zuma semble toute-puissante pour l’instant, sa paranoïa est une indication qu’elle reconnait que d’autres forces peuvent jouer un rôle grandissant, par exemple autour de du vice-président de l’ANC Cyril Ramaphosa.

    De plus en plus, la classe dirigeante sud-africaine se prépare à un ‘‘Plan B’’ sans ANC. La formation de Agang (‘‘Construire’’ en langue Sotho), un nouveau parti politique dirigé par le magnat des mines et ancienne directrice de la Banque Mondiale Mamphela Ramphele est à considérer dans ce cadre. L’opposition de droite de la Democratic Alliance s’acharne actuellement à avaler d’autres partis pour constituer une ‘‘super-opposition’’. L’ancien président de la Ligue de la Jeunesse de l’ANC Julius Malema est désormais le ‘‘commandant en chef’’ des Economic Freedom Fighters (EFF), un parti nouvellement créé, dans l’espoir de tirer profit de cette nouvelle situation avec un programme de revendications radicales. L’ANC devrait avoir à souffrir de lourdes pertes aux prochaines élections au parlement national et aux parlements provinciaux.

    Un an après Marikana, nous sommes au seuil d’une tourmente qui pourrait ébranler les bases de l’Afrique du Sud. La classe ouvrière sud-africaine vient seulement d’entamer la reconstruction de ses organisations de classe indépendantes. L’AMCU, le syndicat qui a repris une grande partie des adhésions au NUM dans la ceinture des mines de platine de Rustenburg et dans l’industrie de l’or dans le sillage des dernières grèves, doit encore démontrer comment il se comportera dans la pratique, à commencer par la lutte contre les licenciements. Jusqu’à présent, l’absence apparente de toute stratégie de riposte est une grande source de préoccupation. Le Cosatu, la fédération syndicale à laquelle appartient le NUM, semble de son côté incapable de se remettre de sa capitulation historique face aux patrons de Marikana. Les dirigeants du Cosatu ont toléré le massacre et continuent de soutenir les dirigeants de l’ANC pour leur réélection. Rien n’est fait pour mener des campagnes efficaces, au contraire, la fédération ne cesse de sombrer avec de nombreuses luttes intestines.

    Il est grand temps pour les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et les étudiants d’agir sur base de la leçon essentielle de Marikana : il n’existe pas de force plus puissante que la classe ouvrière indépendamment organisée et unie dans l’action. Izwi labasebenzi (le Democratic Socialist Movement) appelle les mineurs du Comité national des travailleurs à travailler à l’élaboration d’un plan de contre-attaques conjointes, coordonnées entre les différents secteurs miniers et entre les syndicats afin de stopper les licenciements de masse et de lutter pour des salaires et des emplois décents.

    Nous appelons également à une journée nationale d’action contre les suppressions d’emplois, pour la nationalisation des mines, des banques et des grandes entreprises afin de les placer sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et des collectivités locales, pour l’emploi et des conditions de vie décentes avec un bon logement et un enseignement gratuit pour tous.

    Izwi labasebenzi / DSM lutte pour l’unité de la classe ouvrière et exhorte tous les authentiques combattants de la classe ouvrière à s’unir dans la construction du Workers and Socialist Party (WASP). Le meilleur hommage que nous puissions rendre aux camarades fauchés à Marikana est de construire l’arme politique capable de vaincre leurs meurtriers une fois pour toutes : un parti ouvrier de masse armé d’un programme socialiste.

  • Afrique du Sud : des convulsions sismiques

    L’École d’été internationale du CIO qui s’est déroulée en Belgique la semaine passée, s’est ouverte sur le récit époustouflant des derniers développements épiques de la lutte des travailleurs d’Afrique du Sud, avec l’importante participation du Democratic Socialist Movement (CIO en Afrique du Sud) et le lancement du Parti socialiste et ouvrier (WASP).

    Par Nick Chaffey, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Le CIO s’est réuni en Belgique cette semaine pour son école d’été annuelle. Des centaines de camarades du CIO venus d’Afrique du Sud, du Nigeria, de Tunisie et du Moyen-Orient, des États-Unis, du Canada et du Québec, du Brésil et du Venezuela, d’Australie, de Chine, de Malaisie, et de toute l’Europe, étaient présents pour discuter de la situation mondiale, du programme du socialisme, et des perspectives pour la lutte de classe des travailleurs mondiale.

    La session a été introduite par le camarade Alec Thraves du Socialist Party of England & Wales, qui a effectué plusieurs visites en Afrique du Sud, et par le camarade Mametlwe Sebei du DSM (CIO Afrique du Sud).

    L’Afrique du Sud totalement changée par le massacre de Marikana

    Alec a commencé par un aperçu des changements rapides qui se sont déroulés après la lutte des mineurs et son impact partout en Afrique du Sud et dans chaque couche de la société. Le meurtre délibéré de 34 mineurs par la police – sous un gouvernement ANC qui est soutenu par la fédération syndicale, Cosatu, et par le syndicat officiel des mineurs, le NUM (National Union of Mine Workers) – a démontré la brutalité des méthodes employées par l’État. La réponse des mineeurs a elle aussi démontré la puissance et la force de la classe ouvrière et le rôle vital que le DSM et le CIO ont joué.

    L’expérience du massacre et de la lutte des mineurs a révélé la véritable nature du régime ANC post-apartheid à de larges sections de la classe ouvrière.

    Non contents de revenir à une répression digne du temps de l’apartheid, la politique pro-capitaliste du gouvernement a créé une énorme inégalité dans la société, et provoqué un mécontentement croissant de la part des travailleurs. Des luttes se sont développées autour de la revendication d’un salaire décent partout en Afrique du Sud, mais cette revendication a été rejetée par le dirigeant du NUM, qui reçoit lui-même un salaire de 1,5 millions de rands (80 millions de francs) payé par les patrons des mines. Il n’est donc guère étonnant que les travailleurs rejettent ces dirigeants corrompus et développent leur propre lutte militante.

    C’est dans ce cadre que le DSM a joué un rôle crucial en organisant la coordination de comités de grève indépendants non officiels, en posant une alternative à la crise et en construisant une nouvelle direction.

    Alec a expliqué qu’après son discours à un meeting de masses avec les mineurs, les travailleurs étaient si enthousiastes à l’annonce de la solidarité du CIO, et de la nouvelle des énormes grèves et luttes qui parcourent toute l’Europe, qu’ils ont acheté 250 exemplaires du journal du DSM à la fin du meeting.

    Les comités de grève ont dû organiser des meetings illégaux dans des parcs, et tous les jours, les membres du DSM Liv Shange et Sebei apparaissaient dans la presse et à la télé, et recevaient chaque jour de nouvelles demandes d’aller parler à des meetings de masse.

    Une société hyper violente

    En plus des luttes pour le salaire, les travailleurs sont obligés de lutter même pour les plus basiques des services. Dans certains quartiers, on voit des travailleurs qui vivent dans des abris en tôle qu’en Europe, on n’utiliserait même pas pour y ranger des animaux ni même des outils ! Alec a ainsi expliqué que « Il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas d’eau, il y a seulement la misère ». Ces conditions engendrent des problèmes tes que le crime et la consommation de drogues, mais aussi, heureusement, la croissance d’idées révolutionnaires ; le DSM a construit des sections dans les pires bidonville d’Afrique du Sud.

    Les femmes militantes ont également fait preuve d’un énorme courage, surtout à Freedom Park, où les femmes ont été terrorisées par les viols atroces perpétrés par le Golf Club Gang, et contre les attaques homophobes qui voyaient des lesbiennes avérées ou non se voir infliger des “traitements correctifs” par des violeurs qui espéraient ainsi les “soigner” de leur “maladie”.

    L’Afrique du Sud reste une des plus violentes sociétés de la planète. Récemment, un dirigeant des mineurs du Syndicat association des mineurs et de la construction (AMCU, un syndicat indépendant formé par les travailleurs contre le NUM corrompu) a été assassiné par des miliciens à la solde du NUM. Le secrétaire général du Cosatu a lui aussi parlé de sa crainte de se voir assassiné. Soixante-dix personnes ont été tuées lors de la grève des mineurs, et ç’aurait été plus encore, sans la présence et le rôle joué par le DSM. Alec nous a raconté un meeting dans un parc avec une centaine de travailleurs pendant une étape cruciale de la grève.

    La discussion était très dure politiquement, vu le danger qu’il y avait que les mineurs décident de reprendre le travail. Certains militants ont fait une proposition qui était d’envoyer un avertissement aux mineurs avant de partir tuer 50 “jaunes” (ouvriers qui travaillent malgré la grève) le lendemain. Les camarades sont intervenus pour contrer cette proposition, en demandant qu’à la place soit envoyée une délégation de représentants des mineurs pour aller discuter avec eux, démolir les arguments des patrons et convaincre plus de travailleurs de rejoindre la grève.

    Avec le soutien d’autres, des mineurs et du DSM, le Parti socialiste et ouvrier (WASP) a été officiellement lancé, et se prépare maintenant à participer aux élections l’an prochain. La lutte de classe est devenue plus intense et plus violente que partout ailleurs, et la conscience socialiste est bien plus grande. Il est vrai que nous avons de dangereux adversaires au sein de l’ANC, parmi les grands patrons et certains dirigeants syndicaux. Toutefois, nos camarades d’Afrique du Sud, comme ceux du Nigeria, du Kazakhstan et du Sri Lanka, ont mis en avant nos idées malgré les mêmes menaces. Nous avons de dangereux adversaires, mais aussi de puissants soutiens parmi les millions de travailleurs, de chômeurs et parmi tous les miséreux qui vivent dans les bidonvilles.

    Le rôle du DSM

    Le camarade Sebei, un de nos dirigeants sud-africains, nous a informé du travail du DSM et nous a expliqué comment une si petite organisation a pu se voir élevée au point où elle est en ce moment en train de jouer un si grand rôle dans un tel mouvement.

    Le DSM s’était préparé à ces évènements, grâce à son analyse complète de la situation à laquelle est confrontée l’économie capitaliste et des relations de classes en Afrique du Sud. Nous avions identifié le maillon faible de l’alliance tripartite (ANC, Parti “communiste” et Cosatu) avec sa tentative de lier et de subordonner la classe ouvrière au gouvernement, surtout vu l’importance de l’extraction de matières premières, et la façon dont le secteur des mines serait le premier touché en cas de crise économique mondiale, surtout à partir du moment où l’économie chinoise commencerait à ralentir. C’est cette analyse qui nous a décidé à nous orienter vers les mineurs de Rustenburg, et qui nous a permis de nous retrouver directement à la tête du mouvement lorsque la grève a éclaté , c’est notre analyse et notre stratégie qui nous a permis de faire cela, et non pas un simple coup de chance, comme certains de nos adversaires (y compris nos rivaux à gauche) l’ont suggéré.

    Pendant très longtemps, il a été clair qu’une guerre cruelle et brutale était en train d’être perpétrée contre les mineurs de Rustenburg par leurs patrons. Au cours des quatre dernières années, nous avons vu commencer de grands combats, impliquant des milliers de mineurs. Le DSM a construit une base dans cette ville, et a étendu son influence à toute l’Afrique du Sud. Cette guerre cruelle et sans merci a duré pendant très longtemps.

    Cinq de nos membres qui travaillaient dans les mines de Rustenburg ont été tué trois semaines avant le massacre de Marikana.

    La direction du DSM a identifié le fait que c’était à Rustenburg que la résistance des mineurs et de la classe ouvrière se développait le plus rapidement. Cette analyse a été rejetée par les autres forces de gauche, qui l’ont décrite comme “gauchiste”. Beaucoup d’autres organisations de gauche avaient tiré la fausse conclusion, vu la faiblesse du Cosatu, qu’il fallait abandonner le travail parmi les travailleurs organisés. Dans un tel contexte, les premières personnes à rencontrer des mineurs ont été les camarades du DSM, et notre intervention nous a élevé à Rustenburg et au-delà, à tout le secteur minier.

    Le DSM a utilisé la grève pour mener campagne pour l’idée d’une alternative, qui vivait déjà dans l’esprit des mineurs, après qu’à peine 300 secondes de violence aient exposé toute l’ampleur de la réalité du régime – un régime prêt à noyer la lutte des travailleurs dans le sang uniquement afin de protéger les super-profits des patrons des mines. Après une première intervention à Marikana, le DSM a rassemblé à Rustenburg l’ensemble des comités de grève indépendants qui avaient été construits par les mineurs vus la méfiance envers le NUM, qui est un syndicat qui se bat pour les patrons et non pas pour les travailleurs. Nous les avons amenés autour d’un programme commun et d’un plan d’actions, nous sommes parvenus à briser l’isolement des travailleurs de Lonmin, et nous avons apporté la possibilité de gagner leurs revendications salariales et de remporter une victoire. Ce qui a commencé par une rupture d’avec le NUM, a été le début de la décomposition de l’alliance tripartite de l’ANC, du Cosatu et du PCAS, qui détenait la clé des intérêts capitalistes en Afrique du Sud.

    Le WASP

    La grève n’est pas retombée après la victoire à Lonmin, mais au contraire s’est étendue à tout le pays, vers le nord dans le Limpopo et dans toutes les régions minières. Lorsque le DSM a convoqué une réunion qui a rassemblé les comités de grève de toute l’Afrique du Sud, cette coalition et son autorité parmi les mineurs et au-delà ont permis le lancement d’un nouveau parti des travailleurs, le WASP.

    Lancé le 23 mars, ce parti a connu un succès immense, bien au-delà de nos attentes. Lors de cette réunion où nous attendions 100 personnes, 500 sont arrivées. Certains travailleurs ont marché pendant des kilomètres pour y participer. Toutes les radios, tous les journaux du pays ont mentionné la création du nouveau parti. Dans trois régions où des représentants des mineurs n’avaient pas été envoyés, les mineurs ont marché sur les bureaux de leur syndicat pour demander pourquoi ils n’avaient pas été invités.

    Ce qui hante à présent la classe dirigeante, surtout depuis le lancement du WASP, est que sa vision est en phase avec celle de larges couches de la classe ouvrière et de militants du Cosatu. Un sondage dans les syndicats a révélé que l’ANC, le PCSA et l’alliance tripartite sont complètement discréditées aux yeux de la base, qui veut que le Cosatu rompe avec l’ANC pour former un nouveau parti des travailleurs. Malgré le large soutien exprimé au président Zuma lors de la conférence de l’ANC, une majorité de la Cosatu rejette ces déclarations et appellent à cesser le soutien à l’ANC.

    Sebei a expliqué que plus intéressant encore est l’attitude des travailleurs vis-à-vis de l’idée du socialisme. Un journaliste demandait : « Pourquoi le reste de la gauche vous déteste-il et vous traite de “gauchiste” ? » Parce que pour nous, la gauche officielle est en réalité à droite par rapport à la vision des travailleurs d’Afrique du Sud. 80 % des délégués Cosatu sont pour la nationalisation et pour que l’industrie soit dirigée par des comités ouvriers, et concluent que les travailleurs ont besoin d’un changement fondamental dans l’organisation de la société, c’est-à-dire, du socialisme. C’est pour cette raison que le programme du DSM qui appelle à la nationalisation des mines, des banques et des monopoles sous le contrôle démocratique des travailleurs est en phase avec les travailleurs actifs et les couches avancées de la classe ouvrière. D’autre principes avancés par le DSM ont gagné un large soutien.

    Le principal évènement de la semaine passée a été la démission de 18 conseillers ANC. Ayant entendu parler de notre revendication selon laquelle les représentants doivent être élus, soumis à révocation de leur base, et ne devraient recevoir pas plus que le salaire moyen d’un travailleur, ils ont décidé de nous rejoindre.

    Développer le DSM

    Après avoir lancé le WASP en tant qu’idée, l’organiser dans la pratique c’est avéré une tâche difficile mais que nous avons brillamment accomplie en construisant le soutien des masses pour notre programme. Cette tâche n’était pas simple, surtout vu le fait que nous n’avions qu’un très petit nombre de cadres expérimentés. La DSM a dû trouver le juste équilibre entre l’effort de construction du WASP et la construction d’une base solide pour le DSM en tant que pilier du nouveau parti.

    Le DSM a multiplié par dix son nombre de membres au cours de la dernière période, ce qui est un immense succès, vu la difficulté de développer un cadre du parti dans un contexte d’analphabétisme répandu, avec des militants très combatifs mais qui doivent aussi pouvoir s’assimiler nos idées.

    Sebei a expliqué comment le DSM parvient à construire une base solide pour nos idées. Le soutien a gagné suffisamment d’élan pour gagner les travailleurs des transports en plus des mineurs en tant que colonne vertébrale du parti, mais il nous a également permis d’attirer les travailleurs de la chimie et un syndicat de manœuvres agricoles qui a dirigé plusieurs grèves l’an passé.

    Ailleurs, le niveau de la lutte grandit autour de la question des services publics, du logement et de l’électricité, deux choses qui sont considérées comme normales en Europe mais qui, en Afrique du Sud, sont le fruit d’une lutte brutale. Dans les semaines qui viennent, le DSM compte convoquer une assemblée de travailleurs, qui rassemblera des mineurs, des travailleurs d’autres secteurs, la base du Cosatu, les militants des quartiers pour les services publics, et les étudiants, afin de lancer une campagne pour l’emploi.

    Il est clair que le WASP va se développer en tant que point focal pour tous les travailleurs, y compris des groupes qui nous ont aidé à mener campagne pour le retour de notre dirigeante Liv Shange, qui a été récemment attaquée par le régime. Le régime a en effet profité du fait qu’elle soit rentrée au pays rendre visite à ses parents pour lui refuser un nouveau visa et l’empêcher de revenir en Afrique du Sud où elle vit depuis 10 ans, est mariée et est mère de deux enfants. La campagne pour son retour en Afrique du Sud a forcé le gouvernement à capituler. L’impact de la campagne a été si grand, que Liv est passée à de nombreuses reprises au journal télévisé, avant même les reportages sur l’état de santé de Mandela.

    Plus que les facteurs objectifs et les efforts des membres du DSM, Sebei a dit dans sa conclusion que : « Nous avons l’Internationale la plus révolutionnaire, dont les idées, les perspectives, le soutien des camarades et le sacrifice de toutes les sections du CIO, nous ont permis d’accomplir ce travail. Sans l’Internationale, nous n’aurions jamais pu réussir. »

    Importance des développements

    Au cours de la discussion, notre député irlandais Joe Higgins a fait un bref rapport de sa visite en Afrique du Sud où il a assisté à la fondation du WASP au nom du CIO : « C’était époustouflant, épatant, de voir l’enthousiasme et l’élan de la classe ouvrière qui se bat pour un changement et pour une nouvelle société. Il était extrêmement gratifiant de voir le rôle joué par nos camarades, de voir nos claires idées, stratégie, tactique, être reprises par les travailleurs.

    Nous commémorons cette année le centième anniversaire du Dublin Lock Out, une énorme lutte menée par les travailleurs d’Irlande contre les patrons et contre l’État, pour une vie meilleure. Cette lutte s’est vue dirigée par des révolutionnaires comme Jim Larkin et James Connolly, dont les noms resteront à jamais gravés dans le cœur de la classe ouvrière. Il n’est pas exagéré de comparer les évènements de Dublin 1913 à ceux qui se déroulent en ce moment en Afrique du Sud, sous la direction du DSM et du CIO ».

    En conclusion à la discussion, un camarade d’Angleterre qui a lui aussi visité l’Afrique du Sud, a dit : « Nos idées sont en train de pénétrer dans la conscience de la classe ouvrière, et d’être reprises comme les siennes. Nous articulons la marche à suivre pour la classe ouvrière, qu’elle-même sent de manière instinctive. Car tous les travailleurs savent au fond d’eux-mêmes qu’ils n’ont pas de voix politique, et qu’ils n’ont rien à attendre d’un éventuel maintien du capitalisme.

    Lors de la conférence du DSM en février, après trois jours de longues discussions, un travailleur d’une mine d’or a été tellement inspiré par tout ce qu’il a entendu, qu’il est rentré chez lui et a vendu 50 journaux à ses voisins – je ne pense pas que nous ayons perdu du soutien par le fait qu’il les ait réveillés au milieu de la nuit pour leur parler. Un autre jeune mineur d’or, qui n’avait pas rejoint le DSM, a dit qu’il voulait rejoindre plus que toute autre chose dans le monde.

    Le principal problème est de développer notre cadre pour qu’il puisse jouer de manière indépendante, et développer le soutien pour nos idées. Cela demande énormément de temps, et la misère freine notre travail. Chaque tentative d’organiser des évènements hors des localités des camarades demande une collecte de fonds. C’est pourquoi le soutien financier du CIO nous a tellement aidé dans tout notre travail.

    Les capitalistes à la recherche d’alternatives

    Les élections générales à venir seront les plus polarisées et les plus tendues depuis la fin de l’apartheid en 1994. Le gouvernement de l’alliance tripartite de l’ANC, du PCAS et du Cosatu est sous pression et se disloque. De nombreux analystes disent que le vote en faveur de l’ANC va passer sous la barre des 60 %, ce qui signifie que l’ANC perdrait la majorité des deux tiers qui lui permet de modifier la constitution à sa guise. La classe dirigeante craint cela, et se prépare à des alternatives. L’Alliance démocratique, un parti blanc, est un train de recruter des cadres noirs afin d’attirer les électeurs noirs. Les libéraux ont lancé un nouveau parti autour de célèbres militants noirs. Ils reconnaissent le fait que l’ANC est en train de perdre le soutien de la classe ouvrière.

    Mais le plus important est la tendance à gauche à former des nouveaux partis. Le WASP n’est pas le seul sur la scène. Notre programme a de nombreux points avec celui des “Combattants pour la liberté économique” (EFF) de Julius Malema, comme la nationalisation, et Malema a un véritable pouvoir d’attraction envers les jeunes et les pauvres.

    Mais « Dis-moi qui sont tes amis, et je te dirai qui tu es », dit le proverbe : le numéro trois de la direction des EFF est un ancien gangster devenu hommes d’affaires, qui a été conseiller en relation public pour les patrons des mines, et dont le nom est mêlé à de nombreux scandales.

    « Nous vous attendions »

    En même temps que la scission dans l’ANC, on voit des scissions dans le Cosatu, que les syndicats les plus combatifs sont en train de quitter. Les manœuvres agricoles ont été forcé de s’organiser eux-mêmes en reprenant les méthodes des mineurs. Lorsque nos camarades ont visité les grévistes sur leurs fermes du Cap, ces derniers leur ont dit : « Nous vous attendions ».

    Les élections générales seront le premier test électoral pour le WASP. Le système électoral sud-africain et notre renommée font en sorte que nos chances d’obtenir au moins un député sont assez élevées (bien que nous ne puissions faire la moindre promesse à cet égard). Il nous faut environ 42 000 votes au niveau national, et le cout pour nous présenter est de 10 millions de francs – plus encore si nous nous présentons en même temps aux élections régionales. Il nous faudra peut-être faire un appel financier afin de soutenir cette campagne.

    Nous sommes arrivés à un stade où les travailleurs les plus avancés se sont déjà joints au DSM et où les masses larges sont en route. Si nous n’avions pas pris l’initiative de créer le WASP, nous n’en serions pas là aujourd’hui, nous serions complètement inconnus.

    Tous nos camarades du monde entier doivent féliciter le DSM pour l’ampleur des efforts fournis. Ce travail a mis plusieurs années avant de porter ses fruits. Si nos camarades n’avaient pas tenu bon et n’avaient pas maintenu leur position coute que coute, nous n’aurions jamais pu accomplir quoi que ce soit.

    Le travail réalisé en Afrique du Sud doit être une source d’inspiration pour toutes les sections du CIO dans le monde entier. Nous pouvons rapidement passer de petits groupes à une influence de masse en un très bref délai. Il y a beaucoup de travail à faire. Avec le soutien du CIO, le DSM restera le joyau dans la couronne de notre Internationale. »

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop