Guerre d’Algérie (3/3) Amère victoire

Dans les deux premiers articles de cette série nous avons relaté la conquête coloniale de l’Algérie par la France, l’éveil de l’aspiration à l’indépendance portée par le mouvement national algérien et la lutte armée déclenchée en 1954 par le Front de Libération nationale (FLN).

Par Guy Van Sinoy

https://fr.socialisme.be/60919/la-guerre-dalgerie-1-3-les-debuts-de-la-lutte-pour-lindependance
https://fr.socialisme.be/93995/guerre-dalgerie-2-3-1954-le-fln-declenche-linsurrection
https://fr.socialisme.be/60688/histoire-revolutionnaire-la-guerre-dindependance-algerienne-1954-1962

Commence alors une guerre coloniale cruelle. Les troupes françaises, envoyées massivement sur le sol algérien, font la traque aux maquisards de l’ALN(1). Les maquisards pris les armes à la main sont souvent exécutés sommairement. La torture des prisonniers algériens est fréquente. La population des villages est brutalement regroupée dans des camps et certains villages sont bombardés au napalm. En France la police fait la chasse au faciès et arrête souvent de façon arbitraire les ouvriers algériens qui travaillent dans l’industrie automobile.

Charles de Gaulle prend le pouvoir

En 1958, à la suite d’une crise ministérielle à Paris, les activistes d’extrême-droite occupent les rues d’Alger, scandent : « Faute de gouvernement, l’armée au pouvoir ! » et envahissent les bâtiments officiels. Plusieurs officiers supérieurs se rallient au coup de force. Le 13 mai le général Massu lance un appel à Charles de Gaulle pour qu’il se porte au pouvoir. En Corse, l’armée se rallie au putsch. René Coty, président de la république, fait appel à de Gaulle pour qu’il accepte la présidence du Conseil des ministres. Une fois au pouvoir de Gaulle fait approuver par référendum une nouvelle constitution(2) qui lui donne lui donne de très larges pouvoirs : il devient le chef des armées, préside le conseil des ministres et peut dissoudre à tout moment l’assemblée nationale.

Poussé vers le pouvoir par les partisans de l’Algérie française, de Gaulle comprend vite que le statu quo colonial en Algérie n’est pas viable à long terme. A partir de 1959 il chemine vers l’acceptation d’une Algérie algérienne, en essayant de préserver au mieux les intérêts français, notamment au Sahara.

Soutien à la révolution coloniale

En France, la lutte du peuple algérien rencontre un soutien limité : seul le petit groupe trotskyste(3), des militants anarchistes et des intellectuels de gauche, au mépris de la répression, aident les cadres du FLN traqués par la police et se font « porteurs de valises(4) ». Michel Pablo, secrétaire de la IVe Internationale, rêve de voir la lutte en Algérie prendre le chemin de la Révolution cubaine et parvient à faire installer clandestinement au Maroc une usine de fabrication d’armes destinées au FLN.

Accords d’Évian , OAS, violences policières

De 1960 à 1962 les négociations entre le FLN et les autorité françaises se déroulent à Évian. En réaction à ces négociations l’extrême-droite crée l’OAS(5), une organisation terroriste qui assassine des cadres du FLN et les partisans de de Gaulle(6). Le 17 octobre 1961 la police parisienne assassine plus de 200 manifestants algériens(7) qui protestaient contre le couvre-feu imposé par le préfet de police Maurice Papon. En février 1962, au métro Charonne, la police parisienne tue 9 militants CGT qui manifestaient contre les violences de l’OAS.

Signés en mars1962 les Accords d’Évian définissent les conditions de l’indépendance de l’Algérie(8). Près d’un million de pieds-noirs quittent précipitamment l’Algérie à la veille de l’indépendance. Le 5 juillet 1962 l’Algérie devient indépendante. Les chefs du FLN entrent en conflit et le colonel Boumedienne impose Ben Bella au poste de président de la république. Le19 juin 1965, Boumedienne renverse Ben Bella par un coup d’État. Le FLN sert désormais de paravent à l’armée qui détient véritablement le pouvoir.

Note de la rédaction : Contrairement à Pablo, les prédécesseurs de notre courant ne se faisaient aucune illusion sur le type de régime qui émergerait de la révolution algérienne menée par le FLN. Cela ne les a toutefois pas empêchés de lutter activement pour la victoire de cette révolution et pour l’affaiblissement de l’impérialisme.

1) ALN : Armée de libération nationale, branche armée du FLN.
2) Constitution de la Ve République, toujours en vigueur aujourd’hui.
3) A l’époque, le Parti Communiste Internationaliste, section française de la IVe Internationale, compte à peine une centaine de membres.
4) Ces valises, transportées clandestinement à travers l’Europe, contiennent l’argent des cotisations récoltées en France par le FLN et destinées à financer les maquis.
5) OAS : Organisation Armée Secrète.
6) En 1962, un commando de l’OAS tire au fusil mitrailleur sur la voiture de de Gaulle.
7) La presse de l’époque passe sous silence ce massacre. Ce n’est qu’en 1991 que ce crime d’État sera rendu public..
8) Au total la guerre d’Algérie a fait de 350.000 à 400.000 morts chez les Algériens , 25.000 chez les militaires français, quelques milliers chez les civils européens.

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