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Tag: Yves Leterme
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3 millions de pauvres en Belgique!
La première page du Télémoustique de cette semaine (21-27 juin) est sans équivoque: "La Belgique est dans la rue – Déjà 3 millions de pauvres – MAIS OU VA-T-ON? – Témoignage d’un pays qui souffre." Un article de 7 pages qui vient admirablement compléter le dossier du même magazine de la semaine dernière sur la grande fraude fiscale. On aimerait que d’autres médias pourtant réputés plus sérieux aient autant les yeux en face des trous…
Le premier paragraphe donne le ton : "Alors que ses dirigeants sont englués dans la panade communautaire, la Belgique d’en bas n’en peut plus. L’escalade de la vie fait grimper la pauvreté en flèche. Y compris chez ceux qui travaillent…"
Ici, on est loin des études qui relayent la propagande patronale et selon lesquelles nous n’aurions pas à nous plaindre. Pensons à celle de Mr Philippe Defeyt – ancien secrétaire fédéral d’ECOLO et actuel président du CPAS de Namur (!) – qui argumente, sur base du fait que nous travaillons autant de minutes aujourd’hui qu’en 1983 pour acheter quelque chose, que rien n’a changé et que le mouvement pour plus de pouvoir d’achat est avant tout un mouvement d’humeur. Sans revenir sur toutes les critiques que nous avons déjà mises en avant dans différents articles, rappelons que la production a, elle, terriblement augmenté (dans quelles poches s’est engouffrée toute cette richesse que nous produisons en plus ?). Rappelons aussi que le nombre de pensionnés et de pauvres (officiels comme non-officiels) a lui aussi, terriblement augmenté.
Et c’est avec ce constat que commence le dossier du Télémoustique. Il y a en Belgique 1.470.000 pauvres selon les statistiques officielles, soit un septième de la population. "Mais ce chiffre, déjà insupportable, est calculé sur la base d’un seuil de pauvreté qu’on peut franchement qualifier de complètement ridicule : est considéré comme pauvre l’isolé qui dispose d’un revenu inférieur à 860 euros par mois ou le ménage avec deux enfants (!) qui gagne moins de 1.805 euros net par mois. Qui peut vivre avec de telles sommes aujourd’hui ? Les statistiques sont complètement dépassées par la réalité." Le journaliste, Vincent Peiffer, poursuit en faisant remarquer que les données disponibles sont, en plus, datées de 2006, soit avant la flambée actuelle des prix…
Selon la plupart des spécialistes interrogés pour l’article, tout isolé ou ménage qui n’a pas réussi à joindre les deux bouts, à fournir le strict nécessaire à ses enfants et à lui-même, est considéré comme pauvre. Sur cette base, la pauvreté a explosé en Belgique. Déjà confrontée à la hausse des coûts du logement, la population est depuis une année sous les coups des augmentations des prix de l’énergie et de l’alimentation. "Tous nos interlocuteurs sont d’accord : on peut estimer que la Belgique compte aujourd’hui… 3 millions de pauvres. Sans risquer de se tromper."
Une situation destinée à évoluer… dans le mauvais sens !
Il faut encore rajouter ceux qui s’en sortent à peine et pour qui la pauvreté n’est pas bien loin. "Ceux-là basculeront dans la pauvreté au moindre accroc (maladie, accident) et si le coût de la vie (logement, énergie, alimentation) continue de s’envoler. Et plus tard, puisque l’épargne leur est déjà impossible, beaucoup ne pourront compter que sur leur pension légale et rejoindront les rangs déjà bien serrés des «retraités pauvres»." Précisons juste qu’une récente étude de l’Université d’Anvers pointe une montée aigüe de la pauvreté parmi les pensionnés. D’ici 2016, 40% des plus de 75 ans seront sous le seuil officiel de pauvreté si la politique actuelle est maintenue… Pour l’instant, environ un quart des pensionnés sont officiellement pauvres.
Vincent Peiffer aborde après le cas des "working poors" (voir notre article à ce sujet). "Avoir un emploi n’immunise plus contre la précarité. Depuis quelques mois, de plus en plus de travailleurs pauvres font appel aux CPAS et aux maisons sociales." Histoire d’illustrer ce phénomène neuf, Télémoustique donne la parole à Fabienne Perot, coordinatrice du Centre liégeois de service social : "Récemment, une dame en procédure de divorce est venue nous trouver. Elle travaille à temps plein et gagne 1.250 euros net. Quand elle a payé son loyer, la nourriture, quelques vêtements, les dépenses médicales et un abonnement de transport pour aller travailler, il ne lui reste presque plus rien! Or, sa séparation implique des frais. Elle ne peut donc pas payer les provisions de chauffage et d’électricité. Son fournisseur va lui mettre un compteur à consommation minimale. Ce qui, vu l’état de santé de sa fille, est inenvisageable. Même si sa fille n’était pas malade, elle ne s’en sortirait pas. Elle n’a pas de vacances, pas de loisirs, aucune dépense de plaisir alors que cette dame travaille à temps plein! Et 1.250 euros, c’est un salaire très courant!" Que rajouter de plus ? Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et une hausse des allocations…
L’eau deux fois plus chère en 2008 par rapport à 2000…
Et un endettement endémique
Une étude du groupe Sud-Presse est ensuite relayée. Cette étude a comparé l’augmentation des prix de l’énergie et de l’eau pour deux familles types belges entre 2000 et 2008, à consommation égale. Les dépenses en eau ont ainsi doublé et le chauffage au mazout coûte trois fois plus cher. L’électricité coûte 70% plus cher qu’en 2000 et le gaz 110% plus cher…
Pour Fabienne Perot : "Ce qui est tout à fait nouveau depuis une petite année, c’est que le CPAS est sollicité par des personnes qui travaillent mais n’arrivent plus à assumer leurs factures de gaz et d’électricité. Avant, nous n’avions que des gens défavorisés. Et là, il y a une grosse affluence de travailleurs qui demandent une aide alimentaire pour pouvoir payer leur énergie. Ce sont des familles monoparentales avec un salaire régulier ou même des ménages à deux revenus, mais modestes. Ceux-là non plus ne s’en sortent plus. Nous accordons l’aide alimentaire quand la personne dispose de moins de 7 euros par jour pour s’alimenter. Quantité de personnes qui travaillent n’ont même plus 7 euros par jour pour s’alimenter…"
L’article révèle ensuite que près de 340.000 Belges étaient considérés comme endettés en 2007, uniquement pour les crédits à la consommation et les emprunts hypothécaires, sans compter les dettes de soins de santé, d’énergie et les arriérés de consommation. "Fin 2007, 491.000 contrats de crédits défaillants étaient répertoriés auprès de la Banque nationale de Belgique. Et c’était avant la grosse flambée des prix de la consommation… Les spécialistes craignent un surendettement qui toucherait 600.000 à 700.000 Belges fin 2008."
Cet article est encadré de différents autres, plus petits, qui abordent l’arrivée de l’aide sociale même dans des régions riches, la situation des parents isolés, les loisirs, le logement,… Impossible ici de tout reprendre sans continuer à recopier l’intégralité du dossier, ce que nous avons déjà largement fait ici.
La conclusion vaut cependant son pesant d’or : "La grogne se transforme petit à petit en sentiment d’écœurement. Sentiment attisé par l’apathie de décideurs embourbés dans la bisbille institutionnelle. Attisé aussi par les salaires indécents de certains patrons, les bénéfices pharaoniques de certaines banques ou entreprises, souvent les mêmes qui vendent leurs "services" et leurs produits beaucoup plus cher en Belgique qu’ailleurs en Europe. Quelque chose ne tourne plus rond. «Quand les gens qui travaillent commencent à ne plus pouvoir nourrir leurs enfants» prévient cette dame active depuis quinze ans dans un CPAS, «il faut craindre la révolte. On dit que le combat communautaire n’a jamais fait de morts, en Belgique. Il va en faire si ça continue. Indirectement.»"
Ne vous contentez pas d’être en colère, luttez !
Le constat tiré dans ce dossier est on ne peut plus correct. Il fait froid dans le dos. La question est de voir maintenant comme inverser la vapeur, comment récupérer la richesse produite à la sueur de notre front accaparée par les patrons, les banques et les actionnaires.
La semaine d’action syndicale pour le pouvoir d’achat s’est terminée il y a maintenant un peu plus d’une semaine. Plus de 80.000 personnes ont défilé dans les rues du pays, beaucoup plus qu’initialement attendu, avec une forte présence de jeunes militants syndicaux et de femmes. Cette semaine était à peine terminée que, ce lundi, le personnel communal er régionnal de Bruxelles défilait avec plus de 2.000 manifestants, toujours sur la question du pouvoir d’achat. Continuons sur cette lancée !
Yves Leterme a dit qu’il nous "comprend", mais qu’il a des problèmes plus urgents, comme Bruxelles-Hal-Vilvorde. Selon lui, il n’y a pas d’argent. Assez toutefois que pour accorder la déduction des intérêts notionnels : un cadeau de 3,5 milliards d’euros (selon les derniers chiffres cités) au patronat. S’il ne dépendait que des libéraux, cette somme serait encore augmentée. Si rien ne change, beaucoup de travailleurs sont sur la voie d’un hiver froid qu’ils subiront en ayant faim. La résistance de façade du PS à la logique de profit (PS qui a approuvé la chasse aux chômeurs, qui a voté le Pacte des Générations, qui a voté la déduction des intérêts notionnels, qui est directement responsable de la privatisation de Belgacom, des attaques dans l’enseignement,… et bien plus encore!) ne changera pas grand-chose.
Une journée d’action nationale avec un mot d’ordre de grève nous permettrait de lutter tous ensembles: jeunes et moins jeunes, travailleurs et étudiants, hommes et femmes, Belges et immigrés. Cela clarifierait une bonne fois pour toute que la majorité de la population veut d’urgence des mesures pour plus de pouvoir d’achat. Que les partis établis essayent de mettre 80.000 personnes dans la rue pour BHV!
Nous ne disposons malheureusement pas de notre propre prolongement politique. Comme aux temps du mouvement contre le Plan Global ou contre le Pacte des Génération, les revendications syndicales n’arrivent pas sur le terrain politique ce qui permet au gouvernement de simplement attendre que l’orage passe. Un parti de type "syndical" serait un outil important pour éviter que les partis traditionnels puissent continuer leurs jeux en occupant seuls la scène politique.
Le MAS défend l’idée d’une journée d’action nationale après l’été avec un mot d’ordre de grève pour défendre entre autres une augmentation salarial fondamentale (au moins 1 euro de plus par heure en plus de l’index rétabli). Nous voulons sur le même temps poursuivre la discussion sur la nécessité d’une formation politique propre aux travailleurs et aux allocataires.
- Evaluation de la semaine d’action sur le pouvoir d’achat.
- Rubrique "Pouvoir d’achat".
- Tous les rapports et reportages photo de la semaine d’action pour le pouvoir d’achat du 9 au 12 juin.
Le MAS propose de considérer les revendications suivantes :
- Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire et des allocations liées au bien-être, pour que nous ne payons pas nous-mêmes nos augmentations comme avec des réductions de taxes : 1€ de plus par heure
- Un index qui reflète réellement le coût de la vie, pas d’accords all-in
- Abolition de la norme salariale, des accords interprofessionnels comme dans le passé, avec un seuil salarial et non un plafond (un minimum qui revient à tous, pour que les secteurs faibles puissent en bénéficier également)
- Pour les collègues qui tombent hors de l’AIP: casser tout les accords salariaux de plus de 2 ans, tel que l’accord 2005-2010 dans le non-marchand
- Une suppression de la TVA sur les produits de première nécessité
- Un plan massif de construction de logements sociaux publics
Pour financer cela :
- Une forte répression de la grande fraude fiscale
- Un impôt sur les grandes fortunes
Ces dernières mois, nous avons pu constater à quel point il est désastreux de laisser des secteurs-clés tels que l’énergie et les banques à l’avidité du secteur privé. Quand des grandes banques se trouvent en difficulté, l’Etat peut alors soudainement intervenir. Pour nous, le contrôle de tels secteurs revient à la collectivité. Nous plaidons donc pour leur nationalisation sous le contrôle démocratique du mouvement ouvrier et de toute la collectivité.
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« Le travail produit, la grève nuit » : La bourgeoisie se prépare à des temps plus difficiles
Dans plusieurs pays européens, la discussion sur le droit de grève est à nouveau à l’agenda, sans bien sûr le clamer du haut des toits aux travailleurs. En France, par exemple, le Parlement a, sous la baguette de Sarkozy et de son gouvernement Fillon, voté tout une batterie de lois antisyndicales. Le vieux slogan du Vlaams Blok/Belang « le travail produit, la grève nuit » semble être adopté par bien des « démocrates »…
En Allemagne, un tribunal a décidé d’imposer l’interdiction de faire grève au syndicat des machinistes. Le juge, soi-disant « impartial » comme de bien entendu, a annoncé que cette interdiction serait en vigueur jusque fin septembre.
En Belgique, les atteintes aux droit de grève s’accumulent également, comme illustré par l’initative de l’avocat Cafmeyer qui veut rendre les grévistes de Zaventem personnellement responsables des dommages encourus par les voyageurs. En cause de cette première en Belgique: les actions du personnel de securité de l’aéroport du 13 avril dernier.
D’autres nuages s’accumulent au-dessus du droit de grève. Ainsi, dans la deuxième version de la note de l’ancien formateur Yves Leterme, il est fait mention d’un service minimum garanti dans les secteurs publics. Comment, alors que les travailleurs ne font déjà pas facilement usage de la grève, peut-on encore faire usage de cet instrument ?
Hélas, la direction de la CGSP a elle-même posé le ballon devant le but et n’a vraiment pas amélioré les choses. Aussi bien au sein de la direction de la FGTB que de la CGSP – toutes deux encore sous le choc de la giffle électorale encaissée par le SP.a et le PS – la crainte d’actions de grève spontannées est bien présente. Ils veulent à tout prix éviter un mouvement géneralisé comme lors des luttes contre le Pacte des génerations.
Ce mouvement avait été stoppé de façon bureaucratique par le sommet hierarchique. Mais ce même sommet est-il encore capable de réaliser un tel coup d’arrêt contre un gouvernement orange-bleue à la politique durement et ouvertement néolibérale?
En France, les travailleurs des transports publiques doivent présenter un préavis de grève 48h avant le début de celle-ci, ce qui laisse le temps à la direction de pratiquer quelques intimidations de la part des supérieurs tandis que les autorités peuvent organiser un service minimum. En d’autres termes : autant d’opportunités de casser la grève. Pire encore, Sarkozy et Fillon prévoient d’organiser après 8 jours de grève un vote sur sa continuation, selon les modalités imposées par la direction. Le gouvernemant français a déjà laissé entendre que cette loi pourrait être élargie à l’enseignement et à tout le secteur privé.
Des grévistes qui doivent se denoncer eux-mêmes, sous menace de sanction, une direction qui organise des votes sur les grèves en lieu et place des syndicalistes, etc. Vraiment, le gouvernement Sarkozy est un modèle de la droite chaleureuse, comme le quotidien flamand soi-disant de gauche De Morgen l’a encore qualifié. Si ce journal représente officiellement la gauche, comment alors s’étonner que la Flandre vote tellement à droite ?
Les attaques de la bourgeoisies européenne sur le droit de grève ne sont en rien dues au hasard. Nous sortons d’une période de croissance économique qui n’a donné aux travailleurs que quelques fruits amers (une plus grande fléxibilité, une baisse du pouvoir d’achat, une intensification de l’exploitation,…). La baisse du pouvoir d’achat fut si grave ces 25 à 30 dernières années que même des ménages à deux revenus se sentent menacés. La perte d’un revenu réduit un ménage à vivre juste au niveau, ou en dessous, du seuil de pauvreté.
A peu près un tiers de la population belge est maintenant touchée par la pauvreté ou la précarité. Une nouvelle crise économique ou une récession (dont les signes avant courreurs sont d’ailleurs visibles sur le marché immobilier américain) touchera aussi les classes moyennes de la societé, cette couche qui jusqu’ici s’accommodait de la logique du patronat.
Les travailleurs n’auront pas d’autre choix que d’entrer en action pour la défense de leurs conditions de travail et de vie. C’est parce que la bourgeoisie est bien consciente qu’en cas de récession elle sera poussée à lancer des attaques plus brutales sur les classe laborieuses qu’elle se taille déjà maintenant des armes pour parrer à toute résistance. Le filet de sûreté qu’était la sécurité sociale, après 25 ans de politique antisociale, a des mailles bien trop élargies.
La bourgeoisie et ses propagandistes ne se rendent pas toujours ni assez bien compte qu’ils s’enfoncent plus profondément chaque jour dans l’ornière des mesures antidémocratiques contre les jeunes et les travailleurs. Dans les années ‘30, le fascisme a rempli cette tâche en liquidant les syndicats et les partis ouvriers. Aujourd’hui, ce sera plutôt le rôle de l’appareil d’Etat existant – les tribunaux, la police etc – d’accomplir la tâche d’opprimer et de limiter les droits démocratiques de la grande masse de la population.
Sapper le droit de grève est un important test dans ce processus. Dans ce cadre, faire confiance aux dirigeants syndicaux qui font l’impossible pour éviter tout mouvement génrealisé, c’est aller droit au démantellement social !
Nous devons reconstruire un nouveau parti des travailleurs pour donner aux syndicalistes combatifs, aux travailleurs et aux jeunes un instrument pour favoriser le rapport de force en faveur du travail, et non du capital, dans la societé. Le Comité pour une Autre Politique (CAP) peut devenir cet instrument à la condition de se construire dans les meilleures traditions combatives et socialistes.
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Contre les attaques de la droite : Solidarité
Lors des élections du 10 juin, le gouvernement violet a été puni. À défaut d’une alternative visible réellement de gauche, ce sont surtout les partis de droite qui ont pu en profiter . En Flandre, le CD&V-NVA sort grand vainqueur et la Liste Dedecker a dépassé ses propres espérances. Du côté francophone, Ecolo récupère une partie des pertes du PS mais la c’est la formation (très) libérale de Didier Reynders qui est pour la première fois la plus grande formation politique tant en Wallonie et à Bruxelles.
Karel Mortier
Après leur lourde défaite, le PS et le SP.a sont dans les cordes et doivent tenter de se refaire une santé. Une coalition orange bleue composée des démocrates-chrétiens et des libéraux est en marche, ce qui n’augure rien de bon pour la population de tout le pays.
En décembre 2006, Yves Leterme avait déjà affirmé sa volonté d’opérer une série d’attaques sévères contre la sécurité sociale, ce qui pourrait « au besoin » mener à des « troubles » à l’automne. Durant sa campagne électorale, Leterme n’a d’ailleurs cessé de se référer au « modèle » de la politique économique menée par le premier ministre hollandais Balkenende : réduction de la sécurité sociale, de l’aide aux personnes âgées, des indemnités de chômage,…
Leterme – qui est le mieux placé dans la course pour la direction du futur gouvernement – a donc averti, en termes prudents, qu’il était prêt à engager la confrontation avec les syndicats. Il n’est donc pas surprenant de voir l’empressement vorace avec lequel le patronat lui fait part de ses souhaits. Le précédent gouvernement avait déjà été un beau Père Noël pour les patrons mais leur soif de profits n’a pas de limites et ils attendent plus encore de preuves de loyauté de la part de l’Orange bleue.
Mais l’euphorie du patronat provoquée par la progression des partis de droite, surtout en Flandre, est déplacée. Les victoires de Leterme et Dedecker sont en premier lieu une conséquence de l’aversion provoquée par la politique de la coalition violette. Et que représentent Leterme et Reynders comme alternative ? Une même politique, mais encore un cran au-dessus. Avec, entre autres, l’augmentation des prix chez Electrabel et la fermeture de nombreux bureaux de poste, nous savons à quoi nous en tenir pour les conséquences des libéralisations. Mais que veulent obtenir les patrons du prochain gouvernement ? Justement, plus encore de libéralisations.
L’aversion grandira aussi parmi les électeurs de Leterme et Reynders contre la politique que ceux-ci représentent. Mais le PS ou ECOLO peuvent-ils apporter une alternative à cette politique ? Si les Verts ne sont pas ultralibéraux comme l’est Dedecker en Flandre – qui profite du même vote de protestation et de dégoût face aux partis précédemment au pouvoir – il est à parier que son opposition ne sera dure qu’en paroles. Et encore. Sur le fond, ECOLO se prononce aussi pour des cadeaux au patronat et ne s’oppose plus à la privatisation de services publics. Quant au PS, s’il fera payer cher au MR sa première place perdue, sa hargne viendra uniquement de sa volonté de reprendre rapidement les rênes du pouvoir.
Selon Guy Quaden, gouverneur (PS) de la Banque Nationale, 1,2 milliard d’euros devra être épargné par l’Etat cette année et encore 2,3 milliards d’euros l’an prochain. Pour réaliser cet « assainissement », les mesures à effet unique, comme la vente de bâtiments publics, ne suffira plus et la probabilité d’attaques dures contre les acquis des travailleurs en sera d’autant plus grande. La résistance doit s’organiser dès aujourd’hui.
Les résultats électoraux du CAP (Comité pour une Autre Politique) n’ont pas reflété ce que nous espérions et encore moins le potentiel et le dynamisme de cette nouvelle organisation. A l’avenir, la nécessité d’un nouveau parti large pour défendre les travailleurs et leurs familles ne cessera pourtant de s’affirmer. Nous avons besoin de solidarité entre les travailleurs, entre les jeunes et les plus âgés, entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas, entre Wallons, Flamands et Bruxellois,… Pour tout cela, nous vous appelons à continuer à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.
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Les droits syndicaux dans le collimateur!
Quelle sera la signification d’un gouvernement orange bleue pour les travailleurs ? La réponse n’est pas longue à deviner. Les élections sociales de 2008 sont ainsi déjà menacées par les libéraux et le droit de grève est de plus en plus ouvertement mis sur la sellette.
Geert Cool
Elections sociales menacées
Une directive européenne a déclaré en 2002 que les travailleurs dans les entreprises de plus de 50 salariés doivent avoir accès à l’information et à la participation. En février de cette année, le Conseil d’Etat a rendu public un arrêté qui affirme que la limite actuelle de 100 travailleurs pour installer un Conseil d’entreprise est illégale. Dès la fin juin, la Belgique risque de devoir payer de fortes amendes européennes (jusqu’à plus de 20.000 euros par jour!) si rien n’est fait pour assurer la représentation des travailleurs dans les petites et moyennes entreprises.
Pourtant, sous la pression des libéraux, deux Arrêtés Royaux sur les élections sociales ont été bloqués. C’est que le patronat ne veut absolument pas voir appliquer la directive européenne et fera tout pour bloquer toute représentation syndicale dans les PME. Cette situation compromet l’organisation des élections sociales.
Ces dernières concernent 5.814 entreprises, à peu près 125.000 candidats et plus de 1,2 millions de travailleurs. Autant de personnes qui ne pourront pas exercer leur droit démocratique. A cela s’ajoutent encore plus ou moins 405.000 travailleurs dans les entreprises comprenant entre 20 et 50 salariés.
Comment, après tous les discours sur la “gestion ethique”, le prochain gouvernement réussira-t-il à faire avaler le sabotage des élections sociales ? Comment Yves Leterme expliquera-t-il à la CSC, liée au CD&V, que sa promesse d’imposer un conseil d’entreprise à toutes celles employant plus de 50 travailleurs est enterrée ?
Droit de grève menacé
Les élections sociales ne sont pas les seules à être visées, le droit de grève est également dans la ligne de mire, tant du côté libéral que chrétien. Et lorsqu’un avocat veut se faire un nom à peu de frais en profitant de la grève des 46 travailleurs de la BIAC, qui a paralysé l’aéroport de Zaventem le 13 avril, en engageant une procédure contre les grévistes, c’est à peine s’il y a eu une réaction syndicale.
Cet individu, « Maître » Cafmeyer, déclare ainsi: “Une grève est un moyen de pression qui ne peut être utilisé que dans des circonstances exceptionnelles. Si la cause d’une grève n’est pas assez lourde, un juge peut décider qu’il s’agit d’un abus.” Il veut donc tirer en justice à l’automne prochain les 46 travailleurs de la BIAC individuellement. Si ces salariés sont condamnés, les syndicats paieront les indemnités, mais c’est un dangereux précédent que de voir le droit de grève collectif réduit à des procédures individuelles. Si la responsabilité n’est pas portée par le collectif (les syndicats) mais par des individus, qui osera encore se mettre en avant ?
Une attaque d’une telle ampleur sur le droit de grève est spectaculaire, mais c’est surtout le manque de réaction ferme contre cette offensive qui est remarquable. Il est pourtant largement préférable de déjà réagir maintenant et de ne pas attendre un éventuel jugement qui irait contre les travailleurs.
Pendant ce temps, la polémique se poursuit à propos de l’instauration d’un service minimum en cas de grève. Dans les transports en commun flamands, une convention collective qui admet implicitement le service minimum a déjà été signée. Il est ainsi admis de ne pas mener de grèves sauvages et d’organiser durant les grèves un service minimum le soir pour les écoliers , étudiants et navetteurs. Cette discussion est amplifiée par le vent sarkoziste qui souffle de France.
Au final, l’argumentation patronale revient à dire que si l’on peut toujours faire grève, il faut tout de même assurer un certain nombre de services : on peut faire grève, mais sans déranger personne. On peut crier notre indignation, mais en silence. Si évidemment les grèves ont des effets, que dire des mesures contre lesquelles les actions sont menées ? En expliquant largement les raisons d’une grève, il est possible d’obtenir bien plus de soutien, comme l’ont témoigné les réactions face aux grèves de La Poste, en particulier à Gand à la fin du mois de mai.
Ce sujet est plus sensible dans les transports publics. Aucune tentative n’est faite pour lier le mécontentement du personnel à celui des passagers, en expliquant par exemple que la majorité des retards ne sont pas liés aux travailleurs mais sont des conséquences du manque de personnel et d’entretien. Un soutien aux actions de grève au sein de la société serait la meilleure défense du droit de grève en isolant les partisans du « service minimum ».
Il faut une offensive syndicale !
Une réponse syndicale ferme et conséquente est nécessaire. Aujourd’hui, tant les acquis sociaux que les instruments de lutte pour les défendre (représentation syndicale, droit de grève, …) se trouvent dans le collimateur.
Il est crucial de répondre au contenu des mesures néo-libérales qui nous sont imposées, de construire pas à pas un rapport de forces avec la participation des couches larges de travailleurs et de leurs familles. Et cela ne saurait se réaliser qu’en adoptant une attitude inébranlable contre chaque attaque sur nos libertés et droits syndicaux.
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Et le marché du travail, vous le voulez en français ou en néerlandais?
Et voilà, encore un édito sur le communautaire. Mais bon, l’agenda politique ne se fait pas selon notre volonté. Pour ce sujet, comme pour tant d’autres, nous dépendons de ce que proclament à grands cris les partis traditionnels.
Stéphane Delcros
Le grand sujet du jour, c’est l’emploi; ça, personne ne peut le nier. Les partis traditionnels flamands ne jurent que par la régionalisation du marché du travail. Selon Yves Leterme (CD&V), ceux qui s’y opposent sont un danger pour le pays. Leterme «veut aider les chômeurs wallons». Comment? En adaptant le budget des allocations de chômage en fonction du taux d’emploi dans la région. Autrement dit, il suffit de botter le derrière des chômeurs, de les enfoncer dans la misère et vous verrez comme ils trouveront vite du boulot ! Au nom du gouffre existant entre les réalités d’emploi au Nord et au Sud du pays, Johan Vande Lanotte (SP.A) veut lui aussi régionaliser cette matière. Mais en quoi cette régionalisation permettrait une meilleure politique d’emploi, ça, personne ne le dit.
Elio Di Rupo, ainsi que la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), y sont par contre opposés. D’ailleurs, du côté wallon, on se targue de prendre le taureau par les cornes : en 2006, 7.000 chômeurs wallons ont été suspendus, c’est-à-dire plus qu’en Flandre et à Bruxelles confondus! Qu’on ne vienne pas dire que les partis francophones ne serrent pas la vis!
Finalement, si les formes diffèrent un peu (voire très peu), tous sont d’accord sur le fond : c’est aux travailleurs de souffrir, qu’ils aient ou non un emploi.
A titre d’exemple, Joëlle Milquet (CDH), opposée à une nouvelle révision de la constitution, est favorable à une nouvelle diminution de l’imposition des entreprises (fixé actuellement à 33% seulement) ainsi qu’à l’amplification du «plan d’accompagnement» des chômeurs. Avec elle, l’humanisme se colore visiblement d’attaques sociales.
Les différences entre la Wallonie et la Flandre (et Bruxelles) existent certainement, mais si on regarde à l’intérieur des régions, on rencontre également de grosses inégalités. Pour une offre d’emploi, à Liège, il y a 43 demandes, tandis qu’à La Louvière, il y en a 130. A la lumière de ces données, difficile de croire que c’est en bottant le cul des chômeurs qu’ils trouveront un emploi qui n’existe pas.
Les syndicats sont également opposés à la régionalisation du marché du travail, mais les directions ne mettent en avant aucune véritable solution pour l’emploi.
A la régionalisation du marché du travail, nous opposons la réduction du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires ! L’argent ? Il faut aller le chercher là où il est. En 2006, les sociétés du BEL 20 ont réalisé d’énormes bénéfices : plus de 27 milliards d’euros, doublant presque leurs résultats en deux ans.
Les dividendes sont également en hausse : plus de 8 milliards d’euros. Quasi toutes ces entreprises ont augmenté la rémunération de leurs actionnaires de plus de 10% par rapport à 2005.
Qui a dit qu’il n’y avait pas d’argent?
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Changeons de cap … avec le C.A.P. !
Promesses creuses, surenchère communautaire …
Depuis l’été, il est impossible d’échapper à la campagne électorale. Surenchère communautaire, effets d’annonce publicitaires etc tous les moyens sont bons pour faire parler de son parti … et surtout de soi.
La question communautaire est le sujet le plus commode pour le positionnement des partis traditionnels. Suite à différentes provocations d’hommes politiques flamands, dont l’interview remarquée d’Yves Leterme au journal français Libération dans laquelle celui ci ironisait sur les capacités des francophones à apprendre le néerlandais, le PS s’était profilé comme l’avant-garde de la défense des francophones.
Tous les autres partis ont embrayé sur ce thème. Le « front » francophone s’est ensuite un peu déforcé. Le MR, en concurrence électorale directe avec le PS, s’est rapproché du VLD et a accueilli avec enthousiasme le Manifeste Citoyen de Verhofstadt (où il est notamment question d’augmenter la flexibilité des travailleurs et de nouvelles attaques sur les pensions). Pendant ce temps, le PS s’est profilé comme le plus fidèle défenseur de l’unité du pays, de la monarchie et des institutions (comme lors des débats qui ont suivi l’émission de la RTBF sur la scission du pays ou à l’occasion du procès concernant la villa du prince Laurent).
Tous ces débats communautaires viennent bien à propos pour éviter de devoir donner des réponses claires aux véritables problèmes que sont le logement, les conditions de travail, les salaires,… qui touchent tous les travailleurs qu’ils soient flamands, bruxellois ou wallons.
La grande nouveauté de cette campagne est pourtant la découverte de l’écologie. Avant fer de lance du seul ECOLO (dans une optique où il faut faire payer les consommateurs et non pas les entreprises qui sont pourtant seules à décider de ce qui arrive dans nos rayons et de la manière de les produire), l’environnement est maintenant bien présent dans les discours de la plupart des politiciens. Elio Di Rupo a rencontré Nicolas Hulot et annoncé que répondre au défi climatique devrait être une priorité. Le CDH l’a suivi. Sur le site du MR par contre, le silence reste d’or. Tapez-y « écologie » et vous ne verrez apparaître aucun sujet !
Cela sera peut-être au programme de la MR-TV ? Car, non contents d’être omniprésents dans les médias au point d’étouffer toute autre voix, les partis traditionnels ont décidé de mettre le paquet sur la toile. Le MR et le CDH ont annoncé (à grand bruit) la création de leurs télévisions respectives sur le net. Pour le PS cependant, internet « ne peut pas remplacer le contact avec les gens ». On imagine ce que le PS entend par là, lui qui confond si souvent « contact avec les gens » et « cadeaux aux amis ». Pour le reste, après près de 20 ans au pouvoir, le PS a montré que son principal contact avec la rue, main dans la main avec les autres partis établis, était plutôt d’y faire descendre les travailleurs mécontents.
S’ils veulent en finir avec la dégradation de leurs conditions de vie et de travail, travailleurs et allocataires ne doivent compter en rien sur les partis traditionnels. C’est pour cette raison que les militants du MAS/LSP aident le Comité pour une Autre Politique (CAP) à faire signer les listes de parrainage qui lui permettront de se présenter aux élections du 10 juin.
Alors que les partis établis n’ont besoin que de quelques signatures de parlementaires (qu’ils ont déjà), une nouvelle formation comme le CAP doit récolter deux fois 5.000 signatures pour pouvoir présenter des listes au Sénat tant du côté néerlandophone que francophone.
Aidez-nous à récolter ces signatures et à présenter une véritable alternative pour les travailleurs et leurs familles le 10 juin !
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Les partis traditionnels se mettent en ordre de bataille pour faire encore un peu plus de la même politique
La campagne pour les élections fédérales de cette année est désormais lancée. Les préparatifs des partis traditionnels vont de pair avec une série de propositions antisociales, le tout nappé d’une sauce communautaire. Le Premier ministre Verhofstadt (VLD) a pondu un “nouveau” Manifeste du Citoyen. Son possible successeur Yves Leterme (CD&V) y est allé d’une petite phrase sur la nécessité d’une politique d’austérité pure et dure comme aux Pays-Bas.
Geert Cool
Le Manifeste du Citoyen de Verhofstadt est moins innovateur que son auteur voudrait nous le faire croire. Verhofstadt y propose de calculer davantage le temps de travail plutôt en termes d’heures de carrière. Des horaires individuels permettent d’augmenter la flexibilité, bien entendu parce que les travailleurs demanderaient « des horaires de travail souples », et aussi de remettre en cause l’âge de la pension.
Sauce hollandaise…
Pour les chômeurs, Verhofstadt a repris une idée de son collègue de parti Rik Daems. Il s’agit d’imposer aux chômeurs des “emplois de proximité” à temps partiel en échange de leur allocation de chômage. Les fossoyeurs néolibéraux du service public ne précisent évidemment pas que cela se fera au détriment d’emplois qui étaient auparavant prestés par du personnel statutaire.
Le candidat le plus souvent cité à la succession de Verhofstadt, Yves Leterme (CD&V), est politiquement proche des propositions de Verhofstadt. Leterme se prononce aussi pour accentuer… la même politique. Au début du mois de décembre, lors d’un déjeuner-débat avec de petits entrepreneurs à Gand, il a dit qu’il voulait mener une politique similaire à celle de son homologue hollandais Balkenende: une politique néolibérale pure et dure avec de graves atteintes à la sécurité sociale et aux salaires. Balkenende et son parti chrétien-démocrate sont même allés aux élections avec la « promesse » d’allonger la durée du travail hebdomadaire de 38 heures à 40 heures sans augmentation de salaire.
Leterme ne semble pas se soucier de la résistance que vont susciter de telles atteintes aux conditions de travail et de salaire ainsi qu’aux droits des chômeurs. « Mieux vaut une adaptation en profondeur que laisser les choses suivre leur cours » (…) Même si ça doit susciter quelques remous en septembre et octobre. »
De son côté, Frank Vandenbroucke (SP.a), ministre de l’enseignement flamand et promoteur de la chasse aux chômeurs, trouve lui aussi qu’il faut régionaliser l’emploi. Cela aboutira immanquablement à des différences dans les conditions d’accès au chômage, les critères d’ “emploi convenable”,…
Tout cela doit remplir d’aise Karel Van Eetvelt, porte-parole de l’Union des Classes Moyennes flamandes (UNIZO) qui s’indigne qu’ “actuellement seuls 10% des milliers de chômeurs qui n’ont pas suffisamment cherché d’emploi ont été sanctionnés. Il y a obstruction au niveau national.”
Régionaliser l’emploi servira donc à exclure plus de chômeurs en Flandre d’abord, en Wallonie ensuite.
… et goût de l’effort
Un autre candidat Premier ministre, c’est Elio Di Rupo. Il a surtout insisté sur le fait qu’il était peut-être temps qu’un francophone devienne Premier ministre. Malgré toutes les chamailleries et les problèmes internes, il ne ménage pas ses efforts pour former un front de tous les partis francophones.
Le profil très flamand du CD&V lui facilite la tâche à tel point que la présidente du CDH Joëlle Milquet a déclaré : « sur le plan institutionnel, le CD&V n’est absolument pas notre parti frère, (…) les partis francophones sont ma famille politique. » En même temps, elle propose un “contrat collectif” qui obligerait chaque chômeur inscrit à suivre une formation.
Le ministre wallon de l’emploi et de l’économie, Jean-Claude Marcourt, lui emboîte le pas avec son nouveau contrat de gestion pour le FOREm. Il y prône une « culture de l’effort » et une individualisation accrue de l’accompagnement des chômeurs, un doux euphémisme qui dissimule une pression accrue à accepter n’importe quel emploi.
L’une et l’autre présentent leurs propositions, qui augmentent la concurrence entre salariés sur le marché du travail sans créer d’emplois, comme des alternatives aux revendications flamandes de régionalisation accrue de la politique de l’emploi. Di Rupo était satisfait du Manifeste du Citoyen de Verhofstadt parce qu’il y évitait toute surenchère communautaire. Verhofstadt y parle d’emploi, d’économie et du climat. « Nous sommes donc sur la même longueur d’onde », a déclaré di Rupo.
Que Verhofstadt se succède à lui-même ou qu’il soit remplacé par Leterme ou di Rupo, il est déjà certains que les prochaines années seront encore marquées du sceau de la politique néolibérale qui consiste à économiser sur le dos des travailleurs et de leurs familles pour augmenter les profits des entreprises.
Tests de popularité
Vu que les partis traditionnels convergent sur l’essentiel, ils vont de nouveau mettre l’accent sur la forme. Les publicistes dominaient déjà la campagne pour les élections communales. Patrick Janssens a donné l’exemple. Le publiciste Noël Slangen lui a emboîté le pas en rejoignant le bureau du VLD. Mais les autres partis n’accordent pas moins d’importance à la perception.
Michel Daerden (PS) a accédé à la renommée mondiale avec sa fameuse interview où il n’était manifestement pas en possession de tous ses moyens. Il a suffit de cette prestation comique à la télévision pour faire grimper en flèche la cote de popularité de Daerden. D’après un sondage de La Libre Belgique, il est maintenant le sixième politicien le plus populaire du côté francophone. Daerden s’appuie maintenant là-dessus pour revendiquer la tête de liste à Liège.
C’est ainsi qu’on fait de la politique actuellement. L’image prime tout sans qu’elle ait besoin de la politique pour être façonnée. La popularité ne repose pas sur une politique, mais sur une image.
Besoin d’une autre politique
Face aux partis traditionnels et à l’extrême droite, nous avons besoin d’une autre politique. D’une politique qui rompe avec le néoliberalisme et qui soit du côté des travailleurs et de leurs familles. Après le mouvement contre le Pacte des Générations, c’est la conclusion qu’a tirée un groupe de militants syndicaux et politiques, de travailleurs, … Le Comité pour une Autre Politique (CAP) a été créé sur cette base.
Le CAP présentera ses propres listes aux élections. Des pourparlers avec le PTB sur la possibilité d’un cartel dans la province d’Anvers ont buté sur la condition du PTB que Jef Sleeckx y soit lui-même candidat malgré ses 70 ans. Le PTB n’était intéressé que par le nom de Sleeckx. Nous pensons pourtant qu’on a besoin d’une autre politique qui parte de la base.
Quand Jef Sleeckx a dit dans une interview qu’il y avait eu des discussions avec des militants de Groen !, certains médias ont aussitôt annoncé que le CAP négociait avec Groen !. Il n’y a pas de discussions prévues avec Groen !. La motion qui a été votée le 28 octobre dit clairement que le CAP ne collaborera pas avec des forces politiques qui participent ou ont participé à la politique néolibérale ou qui ont approuvé la Constitution européenne. Dans un cas comme dans l’autre, Groen ! peut se sentir visé à juste titre selon nous. Cela n’empêche pas que beaucoup de membres de Groen ! montrent de l’intérêt pour le projet du CAP.
Ce type de réaction médiatique fait partie intégrante de la politique actuelle : beaucoup d’attention aux personnalités et aux petits jeux politiciens à visée électoraliste. Il ne manque plus que les demandes de participation à toutes sortes de programmes de divertissement à la télévision.
Le CAP rompt avec cette politique avec un programme et une campagne où la solidarité occupe la place centrale. Solidarité avec toutes les victimes du système néolibéral: les ouvriers de VW qui doivent travailler plus dur ou pour moins cher, les usagers des bureaux de poste qui vont disparaître, les chômeurs qui se font radier, les travailleurs déjà financièrement exsangues à cause des prix élevés du logement et qui doivent payer plus cher leur électricité suite à la libéralisation,…
Le MAS/LSP apportera sa pierre à la campagne électorale. Nous voulons nous atteler avec le CAP à la construction d’un large réseau de solidarité qui puisse renforcer la résistance à la politique néolibérale. Nous livrons en pages 6 et 7 des interviews sur l’état des lieux de la campagne du CAP : le programme, la campagne électorale, la construction d’une organisation nationale, …
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Le gouvernement n’est pas impressionné par les Saint-Nicolas syndicaux
Actions des 2, 6 et 8 décembre
Le 29 novembre, un mois après la manifestation réussie à Bruxelles, la direction syndicale a présenté son ‘plan d’action’. Ainsi, le 6 décembre, trois Saint-Nicolas, respectivement rouge, vert et bleu, ont rendu visite à Yves Leterme, ministre-président de la région flamande. Le gouvernement peut se féliciter que seule une pièce de théâtre et non une mobilisation de rue a été organisée.
Luk Janssens
Le 2 et le 8 décembre, des actions régionales et sectorielles ont été menées. Ces actions étaient relativement restreintes, mais là où ces actions étaient organisées, la combativité de la base restait remarquable.
Avant l’annonce d’un plan d’action, une tournée d’information a été organisée dans les entreprises. Plusieurs se sont mises en grève à cette occasion: Duferco, VW à Forest (suivie par 90% des salariés),… Chez Picanol et Bekaert, les votes organisés ont démontré sans ambiguïté une volonté d’action. Chez Picanol 88,43% ont voté contre le Pacte de Solidarité dont 81,3% se sont prononcés en faveur d’une poursuite des actions. En dépit de cela, Cortebeeck a maintenu qu’il n’existait pas de base pour de nouvelles actions de grève.
2 décembre. Plus de 2500 manifestants à Mons et à Liège
De nombreuses délégations ont suivi l’appel de la FGTB Liège-Huy-Waremme à une concentration. Chez pas mal de militants régnait la déception envers le Plan d’action proposé, mais le fait que des militants sont venus de toute la province et de toutes les centrales a renforcé la confiance des travailleurs et la discussion sur la nécessité d’une nouvelle grève nationale fut débattue. Dans leurs discours, Thierry Bodson et Marc Goblet ont fait référence aux mensonges de ceux qui ont défendu le Pacte des Génération et ont sévèrement critiqué l’attitude vacillante de Cortebeeck (critique reprise par les quelques militants CSC présents).
A Mons aussi, plus de 2500 militants sont descendus dans la rue. Contrairement à Liège, la CSC était bien représentée. Freddy Matthieu de la FGTB-Mons et Raymond Coumont, président de la CSC, ont tous les deux déclaré que le Pacte était inacceptable et que la lutte devait continuer.
Le ministre bruxellois de l’emploi, Cedexhe, et le ministre-président bruxellois ont eu la visite de 300 militants syndicaux.
6 décembre. Saint-Nicolas chez Leterme
Quelques militants syndicaux se sont réunis à la Place des Martyrs à Bruxelles. Trois Saint-Nicolas (un rouge, un vert et un bleu) ont rendu visite au ministre-président flamand Yves Leterme. Bien comique, mais la question est de savoir si le gouvernement et le patronat ont été mis sous pression suite à cette action ludique. Tandis que les discussions sur un deuxième Pacte sont en cours, les syndicats se sont décidés à envoyer trois Saint Nicolas.
8 décembre. Grève dans la distribution
La journée d’action du 8 a été limitée au secteur de la distribution et au non-marchand. Quelques 300 supermarchés ont arrêté le travail suite à la grève. Un millier de travailleurs du non-marchand ont manifesté à Bruxelles. A La Louvière étaient présents 2700 manifestants. A Gand, des centaines de militants ont manifesté vers le sécretariat local du SP.a. Dans la région liégoise, la FGTB a lancé un appel à la grève générale. C’étaient surtout les secteurs qui étaient les plus forts à se mobiliser dans la lutte contre le Pacte qui s’étaient mobilisés. Dans le secteur métallurgique et de l’acier, aux TEC… la grève était complète tandis que dans les services publics comme La Poste et la SNCB la grève était plutôt restreinte. Les directions syndicales ont tout fait pour convaincre les militants que lors des négociations, plusieurs concessions importantes ont été acquises. Elles ont également mis en avant que Liège ne peut pas continuer seule la lutte.
Fedis, la fédération patronale de la distribution, a déclaré que la grève n’était pas un succès. Mais paradoxalement elle a dû admettre que la grève a coûté à leurs affiliés plus de 16 millions d’euros. Les trois quarts des Carrefour étaient fermés ainsi que la moitié des Super GB, des Delhaize et des Colruyt…
Malgré la faible mobilisation du non-marchand (beaucoup de militants nont été mis au courant de la grève que la veille), plus de 1000 militants étaient présents. Il y avait également des délégations d’autres secteurs et malgré le fait que cela n’était pas prévu, la manifestation s’est dirigée vers le sécretariat du VLD.
Il est clair que le Plan d’action était un plan d’atterrissage. Aujourd’hui, les deux syndicats déclarent qu’il n’y a plus de combativité pour continuer la lutte. Là où nos militants sont intervenu il était pourtant clair que les militants de la base étaient déçus par… le plan d’action.
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Le mouvement ouvrier chrétien à la recherche d’un nouveau parti
"A la recherche d’un nouveau partenaire". C’est le titre de l’article du président de la CSC, Luc Cortebeek, dans Visie (hebdomadaire de la CSC en néerlandais) du 8 avril 2005. Il cite les différents conflits sociaux où les organisations de travailleurs sont diamétralement opposés au patronat et au gouvernement : les négociations pour l’accord interprofessionnel, la représentation syndicale dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, et dans le dossier qui n’est pas le moindre : les pensions. Sa conclusion est qu’il n’y a pas de partenaires “avec qui nous pouvons lancer une discussion sur ces thèmes de manière sérieuse”.
Bart Vandersteene
Dans chacun de ces dossiers la CSC et la FGTB doivent mener la lutte contre un patronat agressif qui lance ses attaques sur nos salaires et nos conditions de travail et contre un gouvernement au sein duquel le SP.a et le CD&V jouent ouvertement du côté du patronat. Les ministres Vandenbroucke, Van den Bossche, Leterme, Vervotte,… se trouvent dans tous les dossiers de l’autre côté des barricades. Il est pénible de constater qu’Yves Leterme et Inge Vervotte sont prétendument des représentants de l’ACW (l’ACW est le mouvement ouvrier chrétien en Flandre) au sein du CD&V. Le grand écart de ces ministres pour, d’un côté prendre des responsabilités politiques au sein du gouvernement flamand, et de l’autre se donner l’image de mandataires de l’ACW devient de plus en plus délicat à assumer. A l’intérieur de l’ACW, il y a de plus en plus de voix qui s’expriment pour cesser de collaborer exclusivement avec le CD&V. La direction doit donc également manoeuvrer pour obtenir le soutien d’une résolution dans laquelle la préférence est de travailler ensemble avec le CD&V. Une formulation qui laisse certainement une large place à d’autres initiatives.
Ce n’est pas un hasard si cette discussion, déjà vieille d’une décennie, remonte à la surface. Après une cure d’opposition de 5 ans, le CD&V prend à nouveau des responsabilités dans le gouvernement flamand. Dans l’opposition, l’aile ouvrière peut encore essayer de faire illusion avec un langage progressiste. Mais depuis le travail en commun structurel avec le NVA (fort à droite), la participation gouvernementale,… l’ACW se pose de plus en plus la question de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs. En Wallonie, le PS domine et est conscient que de nombreux travailleurs chrétiens cherchent un parti qui les défende. C’est la raison pour laquelle Di Rupo crée une ouverture vis-à-vis du monde chrétien, place dans ses cabinets des représentants du MOC,… afin de donner une « alternative » aux déçus du CDh et de récupérer de précieuses voix aux élections. Cela ne peut faire illusion qu’un temps car de nombreux travailleurs sont conscients que le PS ne défend plus leurs intérêts.
Le groupe autour du journal Beweging (Mouvement) dans l’ACW a formulé ce besoin d’un parti pour les travailleurs chrétiens dans un tract diffusé en octobre 2004 après le congrès de l’ACW: «Les travailleurs, les allocataires et leur famille, ont besoin d’un véritable parti social qui défende radicalement les intérêts et la solidarité parmi les travailleurs et ceux qui ont droits à des allocations, jusqu’à amener sur le terrain politique la défense de ses positions. La constitution de l’ACW en tant qu’organisation sociale autonome avec un programme socialprogressiste peut constituer un pas important.» C’est l’exigence de rupture avec le CD&V et la création d’un parti des travailleurs distinct. Cette dynamique changerait la politique dans le pays et pèserait sur la FGTB qui reste dominée par une social-démocratie embourgeoisée.
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La politique néo-libérale repose sur du sable
Elections du 13 juin
Les élections ont signifié en Flandre une victoire pour la droite et surtout pour l’extrême droite, mais cette dernière gagne également du terrain à Bruxelles et en Wallonie. Ce sont de tristes nouvelles pour tous les gens de gauche qui voient les choses en termes de solidarité, d’égalité et de bien commun. La radicalisation de la droite a triomphé – notre peuple d’abord, nos entreprises surtout, moi d’abord, le reste après. Normalement cela devrait être une excellente nouvelle pour le patronat. La victoire de la droite lui laisse pourtant un arrière-goût amer. Le pays devient comme ingouvernable alors que le patronat désire actuellement un fort plan d’austérité.
La coalition violette a néanmoins fait un bon calcul. En 2003 tous les partis de la coalition actuelle avaient gagné les élections fédérales avec brio. Le « renouveau », l’attention pour l’emballage, la mise en avant de ce qui en terme moderne est appelé « la perception » avait porté ses fruits. Les bureaux de communication faisaient merveille. Entre-temps, les partenaires de la coalition violette avaient plus que mouillé les verts dans le bain de la participation gouvernementale; ils les avaient presque noyés. Agalev disparaissait du parlement fédéral, Ecolo perdait plus de la moitié de ses élus. La coalition violette estimait avoir fait du bon boulot. Apporter un message positif diminue la pression sur les aspects négatifs, c’est le mode d’emploi de la coalition violette. La politique des gouvernements Verhofstadt I et II peut se résumer à ces quelques points: une politique néo-libérale de privatisations, de poursuite de la flexibilité, de baisse d’impôts pour le patronat. Cette politique a été atténuée par les revenus de la vente des biens collectifs comme les bâtiments et les entreprises publiques. Le Ministre du budget Vande Lanotte a encore pu, année après année, équilibrer les budgets par le bradage ahurissant des biens collectifs. Verhofstadt mène, a un rythme plus modéré, essentiellement la même politique que Balkenende aux Pays-Bas, Raffarin en France et les sociaux-démocrates Blair et Schröder en Grande-Bretagne et en Allemagne
La pression du patronat pour la poursuite d’une politique libérale encore plus dure a cependant eu des effets. Il s’est avéré qu’en dépit de toutes les affirmations les impôts ne diminuaient pas sous Verhofstadt; la fameuse amnistie fiscale n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau, la communauté internationale a rappelé la Belgique à l’ordre pour sa politique de mesures uniques destinées à maintenir la croissance. L’augmentation du nombre de chômeurs de 35.000 unités, soit 7.1 %, depuis mai 2003 constitue un douloureux écho à la promesse de Verhofstadt de créer 200.000 emplois. Pour redresser la situation, la coalition avait organisé les supers-conseils des ministres (les conclaves). Il en a résulté de nombreux cadeaux fiscaux pour le patronat mais également plus de contrôle des chômeurs, le FOREm et l’ORBEm devenant de véritables machine à suspendre du fait qu’ils sont désormais associés à ces contrôles. En outre, Frank Vandenbroucke a permis le retour de la journée des 10 heures en accord avec le secteur de la construction. Cela peut nous donner un avant-goût de ce qui nous attend après le 13 juin.
La « perception » peut créer un sentiment illusoire de satisfaction pendant un certain temps, mais on finit tôt ou tard par être rattrapé par la réalité. La politique traditionnelle fustige le négativisme (dénonciation que « rien ne va » dans la société), l’anti-politisme sur lequel le Vlaams Blok construit son fond de commerce. Le Blok ne pourrait pourtant pas se repaître de ce négativisme sans que ce sentiment ne trouve une base matérielle quelque part. Celle-ci n’est pas difficile à trouver : il suffit de constater l’augmentation du chômage et de la pauvreté, l’augmentation de la durée du travail, l’allongement des listes d’attentes pour des logements sociaux et des institutions de santé, la flexibilité croissante du marché du travail, l’état des bâtiments scolaires, les licenciements à La Poste et à la SNCB pour préparer l’ouverture à la concurrence, etc…
Contrairement à ce que certains espèrent et/ou affirment, la population n’est pas bête. Elle sait que les mesures prises seront drastiques pour ses conditions de travail et pour son niveau de vie. Elle sait également que ni les patrons ni les politiciens ne feront les frais de cette politique. Dans une telle situation il n’y a pas 36.000 solutions. La lutte collective devrait offrir une issue, mais avec le sommet de la FGTB qui, en la personne de Mia de Vits, s’est littéralement conduit en vassal du pouvoir gouvernemental, il semblait ne pas y avoir de solutions. S’en remettre au SP.a/Spirit pour empêcher une nouvelle détérioration n’était pas plus réaliste: les ministres SP.a sont les meilleurs gestionnaires que le patronat puisse imaginer. En Wallonie et à Bruxelles, le PS l’a emporté malgré sa participation gouvernementale et bien qu’il ne fasse qu’un avec la politique néo-libérale. Comme le PS se présente comme le seul frein aux mesures brutales d’austérité dans le gouvernement, il a pu être le seul parti de la coalition à enregistrer une forte avancée.
Groen!. C’est avec une copie de la campagne de Tobback « le SP est nécessaire » qu’il a pu se rétablir spectaculairement de sa défaite de 2003. Vera Dua et Cie sont assez réalistes pour ne pas rempiler au gouvernement. Ce n’est pas le cas d’ECOLO qui souhaite une pariticipation malgré leur défaite des législatives en 2003 et malgré qu’ils n’aient pas su rétablir leurs position autant qu’ils le voulaient (ils perdent 11 sièges au parlement wallon et 7 sièges au parlement bruxellois). Une fois que l’on a gôuté au pouvoir, il est difficile de s’en passer! Si ils participent effectivement au gouvernement régional, ils auront fort à faire pour défendre leur positions dans des formations où ils auront le moins bon rapport de force. Groen! se rend compte qu’il lui serait fatal de participer à un gouvernement qui sera de toute façon fortement instable. Imagine-t-on pour autant que Groen! va organiser la résistance contre le pillage néo-libéral ? Groen! est contraint de rester dans l’opposition. Son plus grand concurrent, le SP.a/Spirit, est en position difficile. Groen! espère ainsi se refaire une santé avant de tenter à nouveau une participation gouvernementale.
En bref : la résistance collective semble en rade. Dans ces circonstances, beaucoup de gens se tournent – dans l’espoir de ne pas devenir une victime – vers de fortes figures qui tirent profit de l’offensive antisociale. Dewinter et le Vlaams Blok s’en sont fait une spécialité. Dehaene également, avec sa mine bourrue et son profil de bûcheur acharné. Si Le cartel CD&V-NV-A devient bel et bien la plus grande formation, il doit avoir le triomphe modeste. En 1999, le CVP récoltait seul 30 sièges, la Volksunie 12. Aujourd’hui le cartel doit se satisfaire de 35 sièges, dont 6 sièges pour le partenaire NV-A. Pour former une majorité, il faut 63 sièges. Seule une coalition CD&V-NV-A Vlaams Blok permettrait d’avoir une majorité avec deux formations. Le Blok devrait cependant faire beaucoup de concessions pour que le sommet du CD&V et surtout Yves Leterme, son président, se résolvent à rompre le cordon sanitaire. Vu que Groen! a fait le choix de l’opposition – à moins que, mis sous la pression, il ne retourne sa veste – il ne reste comme option qu’une tripartite classique.
Di Rupo a toute latitude de choisir entre le MR et le CDH. En guise de clin d’oeil vers le MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien), de toute manière moins lié avec le CDH qu’en Flandre, une coalition rouge-romaine serait peut-être la meilleure option pour lui. Quoi qu’il en soit, le cartel CD&V-NVA est dans une position difficile pour manœuvrer dans les négociations communautaires comme la régionalisation d’une partie de la sécurité sociale et la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Un PS puissant va se positionner comme leader de la Communauté française. Il va argumenter que le gouvernement flamand veut imposer à la Communauté française une politique d’austérité antisociale. Si le PS est déjà d’accord avec une nouvelle réforme de l’état, il en exigera le prix fort dans les négociations. Avec de l’autre côté de la table une tripartite qui a comme seule opposition le Vlaams Blok et la petite fraction Groen!, Di Rupo sait que le gouvernement flamand ne dispose pas d’une assise solide. De plus, le patronat n’a pas non plus intérêt à voir s’installer une crise communautaire de longue durée.
Quel que soit le gouvernement qui émergera, les résultats électoraux n’offrent pas de base stable à la bourgeoisie pour prendre les mesures d’austérité qu’elle aurait souhaitées. Sa seule consolation est qu’il n’y a pas un seul parti dans le(s) parlement(s) qui soit prêt à défendre les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Le contrôle de la base par les appareils syndicaux n’est pourtant pas total. Et cela se voit encore plus dans les faibles résultats de Mia De Vits pour le SP.a aux élections européennes. Si les travailleurs descendent massivement dans la rue, ils pourront contrarier temporairement l’offensive néo-libérale. Cependant, tant que nous n’aurons pas de nouveau un grand parti des travailleurs, l’offensive de la bourgeoisie repartira de plus belle