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Tag: Yves Leterme
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NON au bricolage de l’indexation !
On nous dit régulièrement que nos salaires sont trop élevés et que la compétitivité de nos entreprises croule sous l’indexation des salaires. A ce sujet, les politiciens traditionnels, les patrons et leurs médias varient entre abolition pure et simple et modification de l’index. Mais malgré leur campagne de propagande, un sondage a dévoilé que 56% de la population souhaite maintenir l’index tel qu’il est. L’abolition ne remporte que 13% des opinions.
Par Geert Cool
Dans le cadre du sondage (La Libre Belgique/RTBF), la question d’un “bricolage” de l’index était posée. L’allongement de la période précédant la réalisation de l’indexation ne convainc qu’un tiers de la population. La limitation de l’index aux bas salaires est soutenue par une couche plus large : 47%. Le message est clair : une majorité préfère maintenir l’index tel qu’il est. Un bricolage de notre pouvoir d’achat et de notre niveau de vie serait inacceptable pour ceux qui souffrent déjà.
Ceux qui proposent aujourd’hui de modifier le système d’indexation des salaires n’ont pas pour objectif de le rendre plus représentatif des augmentations des prix réels ou de faire une meilleure évaluation des divers produits et services. Par exemple, le logement, l’eau, l’électricité et le gaz ne comptent que pour 16% de l’index. Ils veulent s’attaquer à notre pouvoir d’achat. Moins nous gagnons, meilleure est la compétitivité des entreprises. Telle est leur logique.
Aujourd’hui, l’index fait souvent l’objet d’un simulacre de bataille dans lequel le maintien de l’index est toujours présenté comme une “victoire” et même invoqué comme une contrepartie à des concessions dans d’autres domaines. Cela permet parfois aux dirigeants syndicaux d’utiliser une rhétorique plus radicale. Dans le cadre de “Rerum Novarum”, c’était au tour du nouveau président de la CSC, Marc Leemans : il a attaqué ces volontés de toucher à l’index comme étant “des recours de charlatans qui ne tiennent pas compte de la maladie, de notre taux d’inflation élevé, et qui veulent donc jeter le thermomètre. Pourquoi la créativité d’innovation des patrons ne se développe-t-elle pas autant que celle dont ils font preuve lorsqu’ils s’en prennent aux poches des travailleurs ?” Leemans a reçu en retour des réactions hystériques d’Alexander De Croo, mais aussi de sa “camarade” des sociaux-démocrates flamands Caroline Ven (ex-collaboratrice d’Yves Leterme et par ailleurs directrice du département économique de la Fédération des Entreprises Belges).
Une attaque frontale contre l’index est peu probable. Néanmoins, la discussion au sujet des adaptations de la méthode de calcul ou sur le panier de produits reste ouverte. Patrick Dewael (Open VLD) et Jan Jambon (N-VA) ont déjà proposé de revoir le panier de produits et ont été rejoints en partie par Karin Temmerman (SP.a). L’objectif des libéraux est clair : l’index peut persister, mais uniquement avec modifications et s’il ne conduit pas à des “augmentations salariales” (en réalité, des ajustements du salaire à la hausse du coût de la vie). La vigilance contre toute remise en cause de l’index est nécessaire. Pourquoi ne pas la lier à une lutte offensive en vue de rétablir un index complet qui reflète le coût de vie réel ?
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[DOSSIER] Dexia: aux travailleurs et à leurs familles de payer pour les bénéfices du privé ?
Pour la nationalisation de Dexia, première étape vers un secteur financier public
Dexia Banque Belgique est actuellement aux mains de l’Etat belge. La France a aussi repris une partie de Dexia, et le reste est placé dans une ‘‘bad bank’’. Début octobre, l’Etat danois a repris la banque Max et l’Etat grec la banque Proto. Ces interventions des gouvernements sont une expression de l’énorme nervosité qui règne dans les milieux économiques et politiques partout en Europe. Certains disent même qu’il faut une intervention européenne coordonnée pour sauver le secteur bancaire avec une injection de 200 milliards d’euros, de l’argent de la collectivité bien entendu.
Dossier, par Bart Vandersteene
En un weekend, le gouvernement belge a trouvé quatre milliards d’euros pour acheter Dexia Banque Belgique. Selon le premier ministre Yves Leterme et le ministre Reynders, cela ne va rien coûter aux contribuables. Dexia doit immédiatement payer une prime de 270 millions d’euros pour la garantie destinée à la ‘bad bank’, tandis que les intérêts annuels pour le prêt de 4 milliards sera de ‘seulement’ 160 millions d’euros. Bien sûr, ils passent très vite sur le fait que les 4 milliards empruntés doivent être remboursés. Par ailleurs, le gouvernement a engagé la collectivité pour un garantie de 54 milliards d’euros pour la ‘bad bank’. Cela représente 15% du PIB et environ 5.000 euros par Belge.
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Est-ce qu’une banque publique pouvait éviter la crise actuelle ?
Il est illusoire de penser qu’une banque publique qui n’a pas participé à des investissements risqués serait restée debout dans la période qui a précédé 2008. Cette illusion, qui était aussi entrée dans la gauche, suppose qu’une banque avec un taux d’intérêt de 2% sur les épargnes pouvait rivaliser avec les 4 à 6% promis par les autres banques, bien que cela fût fondé sur les grands risques.
Si une banque publique avait existé, cela aurait été une île au milieu d’un océan de logique capitaliste, et les vagues spéculatives l’auraient immergé. Qui serait resté à la banque publique face au bombardement de propagande des médias et des experts avec leurs projections de rendements attrayants ? La pression aurait été rapidement là complètement s’inscrire dans une logique de spéculation.
C’est pourquoi le Crédit Communal et la CGER ont été vendus au secteur privé. Les banques publiques ne pouvaient pas répondre de façon adéquate à la vague de spéculation financière néolibérale.
Qui gère une banque publique ?
Comment pouvons-nous assurer que la gestion des banques éviter de retourner vers la logique capitaliste, avec des managers dont la tâche est de faire des profits rapides pour gagner des bonus ? Nous plaidons pour que le contrôle et la gestion soient aux mains d’un comité de représentants démocratiquement élus des travailleurs du secteur, des clients et du monde du travail en général. Ces élus ne devraient avoir aucun privilège pour l’exercice de leurs fonctions. Les travailleurs devraient être exemptés de leur boulot pour exercer cette tâche, les représentants des gouvernements sont déjà payés pour leur mandat public.
Mais ce n’est pas juste une question de nouvelle structure. La nationalisation de Dexia et de l’ensemble du secteur financier devrait faire partie de la construction d’une autre société dans laquelle les profits d’une minorité ne seraient pas centraux, mais bien les besoins de la majorité.
Ce n’est pas ce que les ‘‘représentants’’ de la collectivité ont défendu au sein de Dexia ces dernières années. Non, ils ont délibérément défendu l’illusion néolibérale que les risques ont été réduits en les répartissant. Ils ont été bien payés pour défendre ces mensonges. Ces représentants ont-ils représenté la collectivité au sein de Dexia, ou plutôt Dexia au sein de la collectivité ? Aucun représentant public chez Dexia – et ils n’étaient pas des moindres avec le président de l’Europe Herman Van Rompuy ou le presque nouveau premier ministre Elio Di Rupo – n’a averti des dangers du secteur. Est-ce que ces politiciens vont maintenant se limiter à une nationalisation de Dexia pour que la collectivité doive payer pour les mauvaises dettes pendant que le privé peut s’en aller avec les bons morceaux pour leurs profits ?
Une fois que le secteur financier sera dans les mains publiques, le secteur ne peut pas suivre la même voie que les directions précédentes qui étaient toujours inscrites dans la logique du capitalisme. Le secteur doit être mis sous le contrôle direct et la gestion des travailleurs et des clients. Cela devrait permettre de s’assurer que le secteur bancaire et de crédit joue un rôle socialement utile.
Nous demandons que :
- Tous les représentants politiques au sein du conseil de Dexia remboursent leurs honoraires pour les 10 dernières années
- Tous les bonus pour les managers, comme Mariani, soient récupérés
- Que Dexia soit enfin complètement placé aux mains du public
- Un audit public soit réalisé sous contrôle ouvrier pour déterminer quels actionnaires et détenteurs d’effets ont droit à une indemnité équitable au nom de la collectivité
- Les livres de toutes les banques soient ouverts
- Le secteur dans son ensemble soit mis dans les mains du public
- La gestion de ce secteur et son contrôle soient effectués par un comité élu composé de représentants élus des travailleurs, des clients et du monde du travail en général
- Il faut rompre avec le capitalisme qui démontre de plus en plus sa faillite. Il faut commencer à construire une alternative socialiste dans laquelle les besoins et les désirs de la majorité de la population sont centraux.
Tous complices
Qui sont les représentants de la collectivité qui étaient supposés nous représenter au conseil d’administration de Dexia? Aperçu de quelques complices…
Le président du conseil d’administration est Jean-Luc Dehaene, député européen du CD&V. Francis Vermeiren n’est pas seulement maire de Zaventem pour le VLD mais aussi président du Holding Communal (46.000 euros par an) et administrateur chez Dexia (pour un montant similaire). Plusieurs politiciens ont fait partie du conseil d’administration de Dexia. Parmi eux se trouvait le président européen Herman Van Rompuy.
Une petite liste des politiciens qui ont été membres du conseil d’administration de Dexia ces dernières années :
- PS: Marc Deconinck, Elio Di Rupo,
- CDH: Benoît Drèze, Jean-Jacques Viseur
- MR: Antoine Duquesne, Serge Kubla.
- SP.a: Frank Beke, Patrick Janssens, Jean Vandecasteele, Geert Bervoets
- Open VLD verres Louis, Francis Vermeiren, Patrick Lachaert, Karel De Gucht, Rik Daems, Jaak Gabriels
- CD & V: Wivina Demeester, Herman Van Rompuy, Tony Van Parys, Luc Martens, Jef Gabriels, Stefaan Declerck
Dehaene: politicien ou homme d’affaires ? Ou est-ce le même?
Yves Leterme s’est trompé quand il a été à la radio en parlant de Dehaene comme un ex-politicien. Le poids lourd du CD&V est toujours eurodéputé, ce qui représente un salaire mensuel de € 6.080 ajouté aux 4.500 euros de frais et d’indemnités de voyage.
En tant que président de Dexia, Dehaene a reçu une indemnité de 88.000 euros par an (hors primes et bonus). Au conseil d’administration d’Inbev, il recueille € 79.000, chez Umicore € 33.000, chez Lotus € 17.500, … A la FIFA, il reçoit € 70.000 par an. Ce montant a été récemment doublé en raison d’une pression de travail élevée. Ces revenus comptent pour environ 30.000 par mois. Rembourser ce qu’il a reçu de Dexia ne sera donc pas un grand problème pour Dehaene.
Jean-Luc Dehaene est officiellement de l’aile du Mouvement Ouvrier Chrétien du CD&V. Les membres du MOC (y compris les membres d’Arco) pensent-ils que les intérêts des travailleurs sont bien défendus par de tels représentants ?
[/box]Pour des logements abordables, un enseignement gratuit et de qualité, des soins de santé,… il n’y a jamais de garantie de l’Etat. Pourquoi le problème des listes d’attente dans les soins de santé n’est-il pas résolu en un weekend en donnant les moyens adéquats ? Pour les banquiers et les spéculateurs, les politiciens trouvent facilement de l’argent en ‘un weekend de courage politique’. Mais pour les manques qui frappent la majorité de la société, il n’y a pas de moyens.
La collectivité perd
La décision de scinder Dexia a de lourdes conséquences. Cela est évident rien qu’au regard de la liste des principaux actionnaires:
- Arco, le holding du Mouvement Ouvrier Chrétien, contrôle 13% des actions
- Le Holding Communal : 14%
- L’association d’assurance Ethias : 5%
- Les gouvernements régionaux : 5,7% et le gouvernement fédéral : 5,7%
Non seulement les grands actionnaires privés connaissent une perte de valeur, mais tous les niveaux de gouvernement et même la coopérative du mouvement ouvrier chrétien vont payer le prix fort pour avoir rejoint l’idéologie néolibérale avec le casino de Dexia.
La perte de valeur pour le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux est de 2 milliards d’euros. Pour les 700.000 membres de la société Arco, une solution sera développée correspondant à la garantie de l’Etat pour les comptes d’épargne. La perte du Holding Communal, en théorie, doit conduire à la faillite. Il est possible que les régions et le gouvernement fédéral interviennent pour le maintenir à flot. Mais, pour les communes, cela signifie de toute façon un gouffre financier. Il y a la disparition des dividendes (en 2008, il s’agissait de 8,5 millions d’euros pour Anvers) et aussi la perte de valeur du Holding Communal. Ce holding avait acheté ses actions Dexia à 8,26 € alors que leur valeur boursière a chuté à moins de 1 euro. La collectivité va payer un prix élevé, la seule discussion est de savoir quel niveau va supporter quelle partie du prix.
Enfin, le gouvernement a également engagé la collectivité pour 54 milliards d’euros pour la ‘bad bank’. Si quelque chose va mal – et le nom de ‘bad bank’ indique que le risque est grand – la collectivité intervient. Parmi les 200 milliards d’euros d’actifs dans cette ‘bad bank’, il y a 12 milliards d’euros en obligations des gouvernements d’Europe du Sud et 7,7 milliards d’actifs toxiques. Comme le dit l’économiste Van de Cloot (Itinera): ‘‘S’il y avait seulement de bons morceaux, pourquoi faudrait-il une garantie du gouvernement ?’’
Les agences de notation vont bientôt se pencher sur la solvabilité de la Belgique, qui sera réduite après les garanties que l’Etat a prises en charge. Les belles paroles du gouvernement concernant l’argent que les garanties pour la ‘bad bank’ rapporteront à la collectivité ne sont pas prises au sérieux par les économistes des agences de notation.
La ‘Bad Bank’ : étape vers un scénario grec?
Dans le quotidien flamand ‘De Morgen’ le rédacteur en chef Yves Desmet a dit que la ‘bad bank’ est un énorme pari. ‘‘Si ça tourne mal, le gouvernement met la prochaine génération devant une dette semblable à celle de la Grèce ou de l’Irlande. C’est ni plus ni moins que mettre l’avenir en péril.’’
Un scénario grec en Belgique suite à l’éclatement d’une bulle de spéculation et de crédit, c’est ce que la ‘bad bank’ peut nous apporter. Juste un rappel de ce que signifie ce scénario grec : un doublement du taux de chômage, la chute de moitié du revenu moyen d’une famille grecque au cours des quatre dernières années, une montagne de nouveaux impôts pour les travailleurs et leurs familles, la fin des livres scolaires parce qu’ils ne peuvent pas être payés, 200.000 fonctionnaires en moins,…
De cyniques journalistes placent la responsabilité de ce scénario grec chez les Grecs eux-mêmes. Steven De Foer du ‘De Standaard’ avait écrit le 7 octobre : ‘‘Cette violence, cette protestation arrogante contre les institutions internationales, cette innocence théâtrale, comme si le Grecs sont justes des victimes. (…) Bien sûr, cela n’a pas de sens de réélire pendant des années des politiciens corrompus et de profiter du travail au noir, du népotisme, de la mauvaise gestion,… et après de venir dire que ce n’est pas de sa faute.’’ C’est vrai que le capitalisme met en évidence les éléments les plus mauvais des gens. Dans le cas d’un scénario grec dans notre pays, ce journaleux s’excusera-t-il pour le rôle joué par son journal dans l’élection des politiciens traditionnels ?
Qui suit après Dexia ?
Dexia a ouvert la danse dans cette deuxième phase de la crise financière. Beaucoup l’ont vu venir de loin, mais les responsables ont tout fait pour entretenir l’illusion qu’ils avaient tout sous contrôle. Il y a quelque mois, Jean-Luc Dehaene affirmait qu’il n’y avait aucun problème, pour dire aujourd’hui que Dexia est désormais plutôt un hedgefund.
La garantie de l’Etat pour la ‘bad bank’ de Dexia (une garantie qui représente 15% du PIB) n’est que le début. Que faire si d’autres banques suivent ?
Le FMI a estimé, avant l’épisode Dexia, qu’il faut 200 milliards d’euros pour protéger le secteur bancaire contre les conséquences de la crise de la dette dans la zone euro. Combien faudrait-il si, après la Grèce, le Portugal, l’Italie et l’Espagne entre aussi en difficulté ? Tout semble indiquer que nous allons bientôt avoir une vue plus claire sur ce scénario. Combien d’argent public sont-ils prêts à donner pour sauver les richesses, la position de pouvoir des grands actionnaires et les spéculateurs du secteur financier ?
Gagnants et perdants
Malgré tout l’argent public consacré au sauvetage des banques en 2008, la même culture de la spéculation et de la cupidité est restée à l’ordre du jour. Le manager de Dexia Mariani avait reçu 1,95 million d’euros en 2009 et, en plus de son salaire régulier, il a encore reçu plus de 1 million d’euros en 2010 en cadeau pour sa retraite de 200.000 euros, avec un bonus de 600.000 euros. L’homme avait sans aucun doute travaillé très dur ? Ses notes de frais à l’hôtel – l’hôtel cinq étoiles ‘Amigo’ à Bruxelles – démontrent qu’il était à Bruxelles en moyenne deux fois par semaine. Et c’est bien sûr Dexia qui payait 185 euros par nuit. Sans doute Mariani et Dehaene vont-ils encore encaisser une prime de départ pour quitter le bateau en plein naufrage ?
Les politiciens veulent maintenant nettoyer les débris des vautours avec l’argent public. Les débris sont soigneusement triés dans les ‘‘toxiques’’ (lire: les pertes) qui sont pour la collectivité et une partie rentable qui, par la suite, peut être retournée aux mêmes vautours à prix d’ami. Alors que les spéculateurs sont sauvés, nous sommes confrontés à des projets d’austérité dans la sécurité sociale, les soins de santé, les services sociaux et publics, l’éducation,…
Les principaux actionnaires ont encaissé de gras dividendes des années durant et ont consciemment joué les parasites. Leurs complices dans les médias et la politique ont menti au public et quelques personnes se sont laissé tenter pour placer leurs épargnes et participer à la fête boursière. Cela est maintenant utilisé pour dire que chacun est responsable, y compris ceux qui ont été trompés par cette campagne de propagande massive.
Les responsables de la spéculation, les principaux actionnaires et les managers, n’ont besoin d’aucune compensation pour l’expropriation par le public. Pour les petits actionnaires, une compensation doit être possible sur base de besoins prouvés. Nous ne voulons pas mettre en encore plus grande difficulté ceux qui avaient espéré compléter leur maigre pension avec le revenu de quelques actions.
Il faut aussi que l’épargne et les prêts des travailleurs et de leurs familles soient garantis. La société Arco doit être dissoute, avec une compensation pour les 700.000 membres victimes de la participation de la direction d’Arco au casino de Dexia.
Une alternative socialiste
La nationalisation complète et définitive de Dexia en tant que première étape vers un secteur financier dans les mains du public avec une gestion démocratique
La première banque entièrement détenue par l’État est un fait. Le ministre Reynders suggère que Dexia Banque Belgique peut rester dans la propriété publique pendant des années. Le rédacteur du ‘De Standaard’ Guy Tegenbos n’est pas d’accord : ‘‘une banque n’est pas une tâche essentielle pour un gouvernement.’’ Bien protéger l’épargne et l’utiliser pour accorder des prêts à ceux qui veulent, par exemple, investir en achetant une maison ou au gouvernement pour investir dans des travaux publics nous semble bien être une tâche essentielle de la collectivité.
Le système bancaire et de crédit est trop important pour être laissé aux vautours à la recherche de profits rapides. Il est vrai que cela ne sera pas réglé si ‘nationalisation’ signifie que les banques seraient dirigées par des (anciens) politiciens aux attitudes identiques à celles de leurs copains du privé. Tegenbos écrit: ‘‘Même si l’objectif des administrateurs du gouvernement est d’avoir des services bancaires objectifs, il y aura toujours la tentation de poursuivre des objectifs moins honorables’’.
Une banque publique ne signifie pas automatiquement qu’elle fonctionne au service de la majorité de la population. Ces dernières décennies, de nombreuses entreprises publiques ont été utilisées comme tremplin pour le secteur privé. Elles étaient sellées avec des achats inutiles, une mauvaise gestion et un agenda destiné à servir un noyau d’élite. Pensons à la mauvaise gestion au sommet de la SNCB, où à la faillite orchestrée de la Sabena, après quoi le privé a pu reprendre le morceau intéressant de Brussels Airlines.
L’ensemble du secteur financier doit être retiré des mains du secteur privé afin de pouvoir jouer un rôle socialement utile. Faire de Dexia Banque une banque publique ne peut être qu’une première étape pour prendre l’ensemble du secteur hors des mains des spéculateurs.
Mais un Etat servant les intérêts de l’élite capitaliste n’appliquera pas une telle politique dans les pans de l’économie dont il est propriétaire. Pour échapper à la logique du libre marché, une banque, une société ou une industrie dans les mains du public doit être placée sous le contrôle démocratique des travailleurs.
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L’entièreté du secteur financier aux mains du public!
Une “Bad bank” pour collectiviser les dettes et sauvegarder les profits?
La Grèce est en faillite, c’est peu à peu officiel. La note de solvabilité de l’Italie est revue à la baisse. La foi en l’avenir de la zone euro est au plus bas. Le gouvernement belge a opté pour la création d’une ”bad bank” pour y mettre tous les déchets de Dexia. Lors du stresstest européen pour les banques, Dexia s’est retrouvé à la 12e position sur 91 banques, seules 11 banques sont donc mieux préparées face à la crise. Il est possible que cela ne soit seulement que le début d’une nouvelle tournée d’opérations de sauvetage dans le secteur bancaire.
“Un clou dans le cercueil de la Belgique”
La valeur des actions de Dexia a chuté hier de 22%. L’occasion de cette baisse était la crainte que Dexia soit exposée dans une large mesure à la dette publique grecque, à hauteur de 3,4 milliards d’euros. Avec également les dettes grecques privées, Dexia est exposée à concurrence de 4,8 milliards d’euros. Une partie des dettes grecques, 21%, a déjà été amortie, mais il est possible qu’il faille faire de même pour plus de la moitié de celles-ci.
Juste avant l’été, l’agence de notation Moody’s avait expliqué : ”Dexia est le clou sur le cercueil de la Belgique et peut signifier la fin de la zone euro.” L’effondrement de la valeur de Dexia a également de profondes implications pour le financement des villes et des communes qui représentent 14,4% des actions Dexia. Les communes réussiront-elles à reporter les opérations d’économies au niveau local jusqu’après les élections communales de 2012 ? Ces économies, conséquentes au jeu sur les dettes, viendront s’ajouter aux attaques du fédéral et des régions.
Les spéculateurs et les banquiers ont reçu carte blanche des politiciens
Dexia est entremêlée à l’establishment politique, et ce n’est pas une coïncidence si Jean-Luc Dehaene (CD&V) en est le président. Lors de la crise financière de 2008, Dexia avait reçu 6 milliards d’euros des gouvernements français et belge. Les communes et le gouvernement, via Dexia, ont participé au capitalisme-casino et ils veulent maintenant nous en faire payer la facture. À tous niveaux, les élus ont fermé les yeux sur les risques pris au nom de la collectivité.
La direction de Dexia, avec le soutien des gouvernements français et belge, a élaboré un scénario où les activités à risque seraient regroupées dans une ”bad bank” pendant que les‘’ parties ‘saines’ du groupe seraient vendues pour recapitaliser Dexia. Cela signifie en pratique que les pertes sont nationalisées et que les bénéfices sont privatisés. Le Premier ministre Yves Leterme a immédiatement annoncé que le gouvernement belge accorde une garantie d’Etat pour la ”bad bank”. Il serait question de 57 milliards d’euros.
L’épargne en danger?
Nombreux sont ceux qui s’interrogent au sujet de la sécurité de leur épargne. Le gouvernement offre des garanties à hauteur de 100.000 euros par client. Hier, 300 millions d’euros ont été retirés des comptes de Dexia. Ce n’est pas encore une panique bancaire, mais cela indique bien que la méfiance et la peur sont grandissantes.
Il est exact que nous ne pouvons pas accorder de confiance aux banquiers et aux spéculateurs qui jouent avec notre argent. Les politiciens font tout pour nous rassurer, mais que faire si, après la Grèce, l’Italie glisse elle aussi ? Cela signifierait un nouveau coup dur pour Dexia et d’autres banques belges. Le gouvernement peut bien intervenir pour entièrement ‘nationaliser’ Dexia’. Cela pourrait coûter presque 4 milliards d’euros aux contribuables, mais sur un actif total de 247 milliards d’euros (soit deux tiers du PIB belge). Des opérations de cette taille peuvent difficilement être répétées plusieurs fois.
Les banques aux mains du public !
Une banque publique avec toutes les mauvaises dettes ne servirait uniquement qu’à collectiviser les pertes pour que les spéculateurs privés puissent sauvegarder leurs profits futurs. Ce n’est pas ce que nous entendons par ‘nationalisation’. Nous plaidons pour que le secteur financier entier soit placé hors de portée des spéculateurs et des banquiers pour être mis sous contrôle public.
Comme nous l’avons écrit sur la première page de l’édition d’octobre de notre journal : ”Si nous voulons stopper la dictature des marchés et faire jouer au secteur financier un rôle utile à la société, nous devons reprendre ce secteur hors des mains des requins de la finance et le placer sous contrôle public, non pas pour que les ménages supportent les conséquences de leurs actes, mais pour en finir avec ces spéculateurs qui veulent nous dicter nos conditions de vie. Cela fait partie de la lutte pour une société où les intérêts de la majorité de la population seront centraux.”
Nationaliser le secteur entier
Ces dernières années, les grands actionnaires ont reçu dividende après dividende. Les managers ont été récompensés avec des bonus gigantesques. Maintenant qu’ils sont trop grands, les risques doivent êtres repris par les contribuables. C’est une illusion de penser que cela ne nous coûtera rien, comme Leterme le suggère. S’il ne s’agissait pas de crédits problématiques, il y aurait aucune raison pour que le gouvernement les reprenne.
Au lieu de nettoyer le secteur peu à peu pour le rendre ensuite aux mains des mêmes charognards, le secteur complet doit venir aux mains du public. Les grands actionnaires ne doivent recevoir aucune indemnisation. Ils ont profité assez longtemps du système en parasites. Pour le petit actionnaire, convaincu de placer sont épargne sous forme d’actions dans le secteur financier par une propagande massive, une compensation doit être prévue sur base de besoins prouvés.
Une fois le secteur financier dans les mains du public, il ne doit pas suivre la même voie que les anciennes banques où les autorités constituaient les actionnaires les plus importants et qui fonctionnaient totalement dans le cadre de la logique du capitalisme. Le secteur doit être placé sous le contrôle et l’administration directs des travailleurs et des clients. Cela doit permettre d’assurer que les banques jouent un rôle socialement utile : assurer notre épargne et permettre des emprunts payables.
A la place d’être géré par des topmanagers grassement payés, le secteur doit être géré par un comité élu composé de représentants des employés, des clients et du mouvement ouvrier. Ces élus ne doivent avoir aucun privilège lié à leur fonction. C’est la seule façon d’éviter que ces représentants, par le biais de diverses subventions et primes, soient soudoyés pour aller contre les intérêts de la population.
Le système est malade
La nouvelle crise bancaire est la conséquence de la nouvelle phase de la récession qui, depuis 2007-08, a la mainmise sur l’économie mondiale. Ces dernières années, le capitalisme a testé toutes sortes de mesures pour y faire face. Tous les remèdes, des mesures de stimulus aux économies –dures, ont échoué. Le capitalisme est très gravement malade, une aspirine n’y changera rien. Le mouvement ouvrier doit aller à l’offensive pour défendre ses intérêts. Sur les plan syndical et politique, nous devons lutter pour que le secteur des banques et du crédit soit placé dans une institution publique forte, en tant que partie d’une politique de relance socialiste.
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Si nous ne voulons pas payer pour la crise : Il est temps de descendre dans la rue
Il semble qu’il ne reste que l’option d’élections anticipées qui soit capable d’offrir une issue à l’impasse que les partis politiques ont eux-mêmes créée. Plusieurs mois de négociation n’ont pas semblé avoir d’impact négatif sur le pays. Dans cette période, la croissance économique belge est passée de 0,4% (attendu lors de l’élaboration du budget fin 2009) à 2,1%. Le déficit budgétaire est quant à lui passé de 6% en 2009 à 4,8% en 2010. Il en faudrait moins pour se permettre une nouvelle ronde communautaire. Mais cette situation ‘favorable’ n’était dans la crise qu’une petite pause au cours de laquelle la Belgique a surfé sur la croissance économique de l’Allemagne, plus forte et vers où se dirige une bonne part de l’exportation belge.
Par Bart Vandersteene, article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste
‘Les marchés’ règnent sur le pays
‘Les marchés’ ont la Belgique dans le collimateur, cette pression externe a ramené De Wever & Co autour de la table de négociation. “Nous devons rassurer les marchés,” répète-t-on partout. Le Roi a ainsi demandé au premier ministre démissionnaire Yves Leterme d’épargner cette année 4 milliards d’euros sur le budget, plus que prévu, pour prouver ‘aux marchés’ que la Belgique peut commencer à appliquer l’austérité même sans nouveau gouvernement.
Le chômage et la pauvreté croissante sont bien loin de procurer des nuits blanches ‘aux marchés’ et à nos politiciens, au contraire de leur capacité à continuer à garantir les superprofits pour les riches.
C’est pourquoi il faut couper dans le budget, pour calmer des ‘marchés’ souvent présentés comme une donnée neutre, anonyme. Mais la réalité les montre simplement tels des charognards capitalistes avides de faibles proies sur le dos desquelles plus de profits peuvent être réalisés. Obéir ‘aux marchés’ signifie accepter leur dictature, et pas un seul parti présent au Parlement ne veut y changer quoi que ce soit. Mais ça ne signifie pas pour autant que c’est impossible.
‘‘You can’t buck the market’’ (tu ne peux rien faire contre le marché), proclamait Margaret Thatcher il y a 30 ans. Sous son impulsion en tant que premier ministre de Grande-Bretagne, un changement politique important s’est opéré : tout ce qui était aux mains du gouvernement a été privatisé. Le marché libre était destiné à régner sans restriction, avec en conséquence un gigantesque transfert de richesses des pauvres vers les riches. La destruction de l’Etat-providence s’est accompagnée de bénéfices illimités pour les riches. Cette politique est précisément à la base de la crise économique actuelle, dont on nous dit qu’elle nécessite des années d’austérité sévères pour au final se retrouver abandonner dans une société fondamentalement autre.
Prendre la rue !
Les syndicats, les mouvements sociaux, et la gauche conséquente doivent se réunir autour d’une plateforme d’action claire: ne pas payer pour leur crise, retirer le secteur financier des mains des requins capitalistes, défendre la sécurité sociale, instaurer un salaire minimum de 2.000 euros bruts/mois, supprimer la Déduction des Intérêts Notionnels, appliquer un impôt sur les fortunes (pour les fortunes supérieures à un million d’euros),…
Un tel programme combatif pourrait compter sur un grand enthousiasme parmi la population. Finalement, les discussions communautaires seraient réduites à leur juste proportion et les organisations patronales comme le Voka, l’Unizo, la FEB et leurs amis ‘des marchés’ recevraient une bonne réponse sous forme de riposte sociale.
Ce n’est que si la rue commence à sérieusement remuer que les travailleurs et leurs familles, l’immense majorité de la population, pourront mettre tout leur poids dans la balance. Les 4 milliards à assainir cette année ne sont qu’un avantgoût de ce qui va nous tomber dessus : nous devons refuser de les laisser aller chercher cet argent dans nos poches. La suppression de cadeaux fiscaux pour les patrons, comme la Déduction des Intérêts Notionnels, rapporterait au-delà de ces 4 milliards. Mais ce n’est pas ce genre de politique que défendent les partis traditionnels.
Ne nous laissons pas faire ! Résistons et affirmons clairement : nous ne voulons pas payer leur crise!
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Congrès de la FGTB – Quelle réponse syndicale face à la crise ?
Le Congrès fédéral statutaire de la FGTB vient de se tenir sous le titre “Solidarité contre l’inégalité.” Les défis pour les syndicats sont immenses. Tous les politiciens et observateurs sont d’accord sur le fait qu’après les élections, de dures économies vont devoir être faites, comme dans le Sud de l’Europe. Quelle réponse syndicale nous faut-il ?
Par un militant FGTB
700.000 chômeurs – Salaires réels : -1%
La préparation des négociations autour d’un nouvel Accord InterProfessionnel (AIP) commence tôt cette année. Yves Leterme a déjà prévenu qu’il n’y avait pas de marge pour des hausses salariales. Le Bureau fédéral du Plan parle de perspectives économiques très incertaines à cause de la hausse de la dette publique, de l’instabilité financière et des mouvements de capitaux entre les blocs économiques et l’Union Européenne elle-même.
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Et sur le plan politique ?Les militants syndicaux ne peuvent accorder aucune confiance aux partis traditionnels. Le mercredi 2 juin, au Congrès de la FGTB, Di Rupo et Gennez vont peut-être se limiter à de vagues appels concernant l’emploi et la sécurité sociale mais, en essence, ils approuvent la logique néolibérale de toutes ces dernières années, ils l’ont non seulement soutenue, mais également appliquée.
Lors de ces élections, la direction de la FGTB wallonne appelle à voter ‘‘pour des partis de gauche’’.
Voter PS ou Ecolo ferait penser à la situation des tous premiers syndicats, au dix-neuvième siècle. On parlait alors de voter pour les «libéraux progressistes» ou pour les «catholiques progressistes». Cette tactique n’a pas fait avancer d’un iota la lutte pour les droits syndicaux ou pour le suffrage universel.
Malgré la lutte syndicale héroïque, ce n’est qu’après la création d’un parti ouvrier indépendant sous la forme du POB en 1885 que des avancées ont pu être obtenues. C’est encore sous la pression de la lutte ouvrière et de la progression des communistes que la sécurité sociale a pu être arrachée après la Deuxième Guerre mondiale.
Si nous voulons aujourd’hui mettre un terme à l’offensive néolibérale du patronat, nous allons devoir lutter tant sur le plan syndical que politique. Un mouvement syndical combatif serait renforcé par l’existence d’un instrument politique, par l’existence d’un nouveau parti des travailleurs.
Un tel parti des travailleurs ne peut être mis sur pied dans notre pays que s’il s’appuie sur de larges couches combatives du mouvement syndical.
Le PSL veut apporter sa propre pierre à ce projet, et c’est une idée que nous voulons également diffuser par notre participations aux listes du Front des Gauches aux élections du 13 juin.
[/box]Même si l’économie de notre pays peut à nouveau enregistrer une croissance de +1,5% en 2010 et 2011, le nombre d’emplois sur la même période diminuerait quand même de 26.000 unités. Les perspectives de la Banque Nationale concernant la croissance économique sont inférieures à cela, avec pour conséquences une forte hausse des pertes d’emplois (89.000 cette année). Selon le Bureau du Plan, le chômage va monter jusqu’à 13,3% et devrait rester à ce niveau jusqu’en 2015 (les prévisions ne vont pas plus loin que cette date). Dans deux ans, il y aurait 77.000 chômeurs en plus, ce qui signifierait qu’on aurait 128.000 chômeurs en plus en 2012 par rapport à 2008. Le nombre total de chômeurs (avec les chômeurs plus âgés qui ne cherchent plus de travail) dépassera l’an prochain le cap des 700.000 chômeurs.
Si cela ne dépendait que du Bureau du Plan, les salaires bruts en 2011-2012 n’augmenteraient que de maximum 0,6% par an en plus de l’indexation (qui ne représente déjà pas le coût réel de la vie). L’index-santé monterait de 2,9% sur la même période (tandis que les dépenses de consommation des particuliers, elles, augmenteraient de 3,5%). Qui plus est, on parle ici des salaires bruts. Les primes uniques pour le pouvoir d’achat telles que prévues dans l’AIP précédent menacent à nouveau d’être un objet de discussion plutôt qu’une partie acquise des salaires.
Il faut enfin tenir compte de la hausse de la productivité (en 2010 et 2011, le Bureau du Plan prévoit une hausse totale de +3% de la productivité). Selon le Bureau du Plan, le salaire horaire réel va baisser de 1% dans cette période. La vision optimiste du Bureau du Plan quant à la croissance économique signifie encore une fois que ce sera aux travailleurs de devoir faire toutes sortes de concessions sur leurs salaires. Avec les plans d’économies générales sur les dépenses publiques, les particuliers vont en outre devoir payer pour des services et une infrastructure qui étaient auparavant financés par la société.
Pour le Bureau du Plan, les salaires doivent être “modérés”, entre autres à cause de la concurrence de l’Allemagne “qui, depuis déjà des années, mène une politique salariale très stricte”. L’accord salarial passé dans le secteur du métal en Allemagne, qui ne dépasse l’inflation que de peu, est une indication de ce qui nous attend ici à l’avenir.
Une réponse anticapitaliste
Le capitalisme est un système de production dans lequel seuls les profits d’une petite majorité comptent, et auxquels tout est subordonné. Au fur et à mesure que les profits sont mis sous pression par la crise de surproduction, la bourgeoisie n’a, selon sa propre logique, pas d’autre choix que de lancer une attaque sur les travailleurs en les faisant travailler plus longtemps et plus dur. Nier la crise de surproduction en faisant du profit sur base de la spéculation a donné lieu à l’éclatement de bulles financières, et c’est encore à nous de payer.
Accepter la logique de ce système, c’est approuver une attaque contre notre niveau de vie. Pour défendre nos intérêts, nous devons nous dresser contre le capitalisme. Le slogan “Le capitalisme nuit gravement à la santé” est correct, mais il faudrait joindre les actes à la parole et, surtout, construire un rapport de forces.
Plan d’information et de mobilisation
Ces derniers mois, divers bains de sang sociaux ont été annoncés : Opel, InBev, Carrefour, Godiva,… Là où l’offensive patronale rencontre une résistance conséquente et combative, elle est arrêtée et, parfois même, nous avons pu obtenir des victoires éclatantes. La clé du succès à InBev et un peu plus tôt à Bayer a consisté en la sensibilisation et l’information du personnel, en la solidarité sur le lieu de travail, dans le secteur et au-delà. Si nous menons la lutte entreprise par entreprise ou, dans le cas de Carrefour, magasin par magasin, nous n’allons jamais arriver à quoi que ce soit.
Pour éviter une défaite dans les discussions autour du statut unique pour les ouvriers et employés, ou dans le cadre des négociations salariales à la fin de l’année, nous devons résister. Le Congrès fédéral de la FGTB pourrait être utilisé pour organiser une campagne d’information et de mobilisation autour de ces dossiers. Ce n’est pas assez de sans cesse organiser en une semaine une action “coup de feu” qui ne conduit nulle part; pour un rapport de forces plus fort, il faut argumenter, informer et mobiliser sur les lieux de travail.
Nous avons besoin d’une plateforme de revendications concrète qui comprend la défense de nos conditions de travail grâce à la baisse du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires, de vrais emplois avec des contrats fixes et un statut unique ouvrier-employé harmonisé vers le haut. Pour pouvoir financer tout cela, il faut mettre un terme aux cadeaux au patronat (qui s’élèvent cette année à 8,9 milliards d’euros), et la fortune des super-riches doit être remise en question. Enfin, pour obtenir un contrôle sur l’économie, les secteurs-clés doivent être placés sous le contrôle et la gestion du personnel.
Autour de telles revendications, nous pouvons renforcer et construire le mouvement syndical, également parmi les jeunes et parmi les couches les plus exploitées de la population, desquelles on ne tient pas compte aujourd’hui. Qui lutte peut perdre. Mais qui ne lutte pas, a perdu d’avance !
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Les véritables enjeux de la course au leadership wallon
Guéguerre entre le MR et le PS
Souvenez-vous. C’était le soir des élections du 10 juin 2007. Didier Reynders claironnait à qui voulait l’entendre qu’il avait fait « bouger le centre de gravité en Wallonie » après avoir appris que son MR était devenu le premier parti francophone. Et Reynders s’est pris à rêver d’un gouvernement chrétien/libéral – l’Orange bleue – dont il serait l’artisan.
Un tel gouvernement aurait eu pour tâche de mener une offensive plus résolue contre les travailleurs et leurs familles. Et de clamer bien fort à l’attention des partis flamands qu’il avait déjà réalisé une réforme de l’Etat en mettant le PS hors jeu.
Mais le CD&V/NVA ne l’entendait pas de cette oreille. Il tenait absolument à sa réforme de l’Etat. A tel point que les négociations se sont enlisées et que l’Orange bleue chère à Reynders a pourri sur pied. Pour « stopper le compteur de la crise » – dixit le Napoléon du MR – Reynders a dû se résoudre à l’impensable: le retour du PS au gouvernement fédéral. Pour justifier cette volte-face, il n’a pas arrêté de dénoncer le « cartel PS/CDH » indécollable. Et de rappeler à plusieurs reprises que la coalition actuelle n’était pas celle de son choix. En coulisses pourtant, Reynders avait pris des contacts pour élargir au MR la coalition PS/CDH à la Région wallonne et à la Communauté française. Cela aurait permis au MR d’être partie prenante du « dialogue de Communauté à Communauté » qui semblait devoir se mettre en place avant le 15 juillet. Et puis patatras! La pseudo-démission d’Yves Leterme a tout remis en cause. Le dialogue de Communauté à Communauté était au point mort.
Dès lors, Reynders n’avait plus d’autre choix que de renouer avec un discours de rupture. Dans son interview de rentrée au journal Le Soir, il étrille ses « partenaires » PS et CDH au gouvernement fédéral. Il tire à boulets rouges sur le bilan de la coalition PS-CDH à la Région wallonne et va jusqu’à dire que « la Wallonie est au coeur du mal belge ». Il récidive dans une interview à La Libre Belgique des 13 et 14 septembre où il annonce son ambition de faire bouger une seconde fois le centre de gravité en Wallonie lors des prochaines élections régionales. Il y dénonce pêle-mêle les errements de la politique en matière d’enseignement, d’économie, de logement social, d’urbanisme et de gouvernance. Il utilise même le terme infâmant de « politicaille ». Puis il ajoute: « Or nous avons besoin d’un changement profond. Et encore plus si on croit à l’unité de la Belgique. Parce que l’écart qui se creuse entre le Nord et le Sud accroît les tensions, évidemment. Baisser les charges sur les entreprises, qui en a le plus besoin? Mais la Région qui a le plus besoin de créer de l’activité, c’est évident! ».
Rattraper la Flandre par une politique de dumping fiscal et social : Reynders veut réduire l’écart entre le Nord et le Sud en élargissant celui qui existe entre les riches et les pauvres ! On ne saurait mieux exprimer la vocation antisociale de la réforme de l’Etat envisagée par les partis traditionnels. Il est grand temps de faire “bouger le centre de gravité de la politique” vers le mouvement social autour du pouvoir d’achat.
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Le cartel flamand butte sur les frontières de leur propre politique
Ce qui avait déjà été prédit par beaucoup est maintenant arrivé avec environ un an de retard : le cartel CD&V – N-VA s’est scindé plus rapidement que BHV. Ce nouvel épisode du feuilleton politique est le résultat inévitable de la guerre de position communautaire qu’ont connu ces derniers mois et années.
Par Bart Vandersteene
Avec le cartel flamand, le CD&V est redevenu après les élections de 2007 la formation politique flamande la plus importante. La crise qui a suivi la défaite électorale de 1999, quand le CD&V avait obtenu seulement 20,54% au sénat, semblait définitivement du domaine du passé. Avec un score de 31,58% au sénat, le parti chrétien-démocrate flamand était le parti traditionnel le plus important et Yves Leterme, qui à ce moment là personnifiait encore la « bonne gouvernance », avait reçu 733.643 voix de préférence. Peu reste aujourd’hui encore debout de cette image, même si le cartel obtient encore dans les sondages presque 30%.
Le cartel avait déclaré qu’il allait rapidement remettre les francophones à leur place après les élections et réaliser une grande réforme d’Etat. La N-VA suit une stratégie de confrontation qui doit démontrer l’impossibilité du système belge de fonctionner correctement. Ce n’est pas neuf. Par contre, c’était nouveau de voir entrer à ce point dans cette logique le CD&V, le parti de la gestion par excellence pendant des années, afin qu’il redevienne incontournable.
La rupture a été préparée
Jusqu’à cet été, Leterme était le fer de lance du cartel flamand et il a lui aussi dû recevoir des coups pour les échecs consécutifs des négociations communautaires. Le nouveau projet de laisser les communautés « dialoguer », a laisser de côté Leterme pour que Kris Peeters puisse se mouiller. Le Premier ministre flamand a donc lui aussi perdu sa « virginité communautaire ».
Leterme a pu de cette manière pu rester à l’arrière-plan et transférer la crise du gouvernement fédéral au gouvernement flamand. Le SP.a, dans l’opposition au niveau fédéral, n’a pas eu de problème à marcher dans cette nouvelle voie. C’était beaucoup plus compliqué pour la N-VA, car pour tout le monde il était devenu plus que clair qu’arriver à une réelle réforme d’Etat pour juin 2009 via ce dialogue n’était pas possible. La question était donc de savoir si la N-VA allait continuer à participer encore longtemps au gouvernement fédéral et flamand. Le congrès de la N-VA du 21 septembre a sans surprise repoussé les propositions des trois intermédiaires. Les dominos sont alors tombés les uns après les autres : le retrait de la confiance au gouvernement fédéral (duquel la N-VA ne fait plus partie), la crise au gouvernement flamand et l’appel du SP.a et du VLD au retrait du ministre Bourgeois pour arriver à une rupture du cartel.
Après une année de mortification, le CD&V s’est enfin débarrassé de son partenaire radical. Cela va donner encore beaucoup de choses à discuter dans le CD&V. La N-VA se présentera comme les meilleurs Flamands chez les nationalistes. Et après ? Les partis francophones vont tout les quatre considérer la disparition de la N-VA du cartel comme une victoire et il n’est pas à exclure qu’ils accepteront plus facilement un compromis maintenant que ces séparatistes ont disparu de la table de négociations. Le CD&V argumentera que sa tactique par étape négociées produit des résultats en opposition à la politique de confrontation de la N-VA. Il ne doit pas être exclut qu’il y ait un accord-cadre pour une future réforme d’Etat pour les élections du 7 juin 2009. Il est cependant fortement douteux que BHV et le cas des 3 bourgmestres francophone de la périphérie y figurent.
Quid de la N-VA?
Au congrès de la N-VA, une grande euphorie était présente vis-à-vis de la fermeté au niveau des principes, mais elle disparaitra rapidement quand on commencera à réfléchir au sujet de l’avenir. Le parti exclut aujourd’hui de participer à un cartel dans lequel un partenaire au gouvernement fédéral ou régional et l’autre non. L’idée de participer indépendamment aux prochaines élections a la préférence d’une grande partie du cadre du parti, mais cela comporte beaucoup de dangers. Il ne faudra pas longtemps aux souvenirs des élections de juin 2003 de revenir à la surface. A ce moment, la N-VA n’avait dépassé le seuil électoral qu’en Flandre Occidentale pour obtenir un siège (4,85% pour toute la Flandre). Avec un seul parlementaire et aucun sénateur, une solution de rechange a été cherchée et trouvée avec un cartel avec le CD&V. L’importance de ce cartel avait été démontrée fin 2006, quant Jean-Marie Dedecker, après un flirt éphémère, a été mis de côté de la N-VA pour ne pas brusquer le partenaire de cartel.
Au sein des partis petits-bourgeois comme la LDD ou la N-VA, l’accent est beaucoup plus mis sur le rôle de l’individu. Les personnalités arrogantes et les comptes à régler pèsent par conséquent souvent plus lourdement qu’auprès des partis traditionnels. Même si la N-VA arrive à genoux chez la LDD, il semble improbable que Dedecker donne suite à une proposition de coopération. Sa position est fondamentalement différente de l’époque où la N-VA l’a rejeté au profit du cartel. Maintenant, le parti personnel de Dedecker se trouve au dessus des 10% dans les sondages tandis que la N-VA ne dépasse le seuil électoral dans aucun. La concurrence entre les formations de droite avec à côté de la N-VA la LDD et le Vlaams Belang n’est pas non plus à l’avantage de la N-VA, malgré ses nombreux militants et une base mieux organisée. Une nouvelle défaite électorale, en n’obtenant pas le seuil électoral, peut annoncer pour la N-VA la fin du parti. De Wever est-il préparé à aller discuter avec ses membres de cette perspective ?
Qu’arrivera-t-il dans les semaines et mois prochains ?
Sans les sièges de la N-VA, la famille démocrate-chrétienne possède encore 34 sièges, face à 41 pour les libéraux. En échange de la conservation de son poste de Premier ministre, Leterme va devoir payer un prix. Le gouvernement ne dispose même plus d’une majorité parmi les néerlandophones au sein du parlement fédéral. Avec un partenaire imprévisible tel que Didier Reynders, c’est un recette d’instabilité. Mais il sera tenté d’éviter de nouvelles élections avant celles de juin 2009.
La présidente du SP.a Caroline Gennez dit qu’elle n’est pas prête à dépanner le gouvernement fédéral en formant une tripartite, comme en Flandre. Dans la pratique pourtant, en participant au dialogue entre communautés, le SP.a permet à Leterme de commencer le boulot. L’opposition du SP.a va donc être constructive pour prouver d’être prêt à de nouveau participer à un prochain gouvernement. Il reste donc peu d’autre choix que de laisser Leterme I jusqu’en juin 2009 dans l’espoir d’arriver alors à un accord-cadre au sujet d’une réforme d’Etat.
Chaque perspective sur la politique doit toutefois tenir compte de la période turbulente sur le plan social qui se trouve devant nous. Les conséquences de la crise économique et de la politique budgétaire peuvent tout gâcher pour Leterme & Co. Une classe ouvrière en marche pour le pouvoir d’achat et le travail va pousser ses revendications au gouvernement alors que selon la logique néolibérale du gouvernement, des assainissement sont nécessaires. Une fois les thèmes sociaux à l’avant-plan, le caractère asocial et néolibéral des partis au gouvernement sera clair. Ils vont probablement tenter d’éviter cela autant que possible avant les élections.
Après les élections de 2009, on pourra alors démarrer avec une nouvelle composition – un gouvernement stable qui exigera probablement la participation des trois partis traditionnels – et commencer l’application du programme de la bourgeoisie belge. Une grande réforme d’Etat, dont il est possible d’avoir un cadre pour les élections, il est établi, peut alors rendre la politique néolibérale plus efficace en compliquant la résistance de la classe ouvrière. Nous ne pouvons accorder aucune confiance en ces partis néolibéraux. La classe ouvrière a besoin de son propre parti pour défendre ses revendications sur le terrain politique.