Tag: Vlaams Belang

  • Ne laissons pas l’opposition à l’establishment à l’extrême droite. Les antifascistes doivent s’organiser !

    Dimanche dernier, la caravane automobile du Vlaams Belang (VB) a impressionné. Le président du VB Tom Van Grieken en a parlé comme de la plus grande manifestation jamais organisée par son parti. Des investissements substantiels avaient été réalisés pour cette action : la semaine l’ayant précédée, Van Grieken et le VB ont dépensé pas moins de 46.000 euros en publicités sur Facebook. Réunir des voitures sur un parking du Heysel, ce n’est bien entendu pas la même chose que manifester à Bruxelles. Pour les antifascistes, cependant, c’est un avertissement d’importance : nous ne pouvons pas laisser l’opposition à l’establishment à l’extrême droite !

    Le Vlaams Belang entendait protester contre la coalition Vivaldi, qu’il qualifie de gouvernement “de gauche” et “anti-flamand”. En fait, il visait également, peut-être même principalement, à toucher la base de la N-VA maintenant que ce parti doit se réorienter en tant que parti d’opposition au niveau fédéral. L’extrême droite a le vent en poupe : dans les sondages, le Vlaams Belang est dorénavant le plus grand parti de Flandre, avec un sérieux transfert de la N-VA vers le VB. En Flandre, les politiciens traditionnels cachent de plus en plus leurs échecs sociaux derrière un racisme à peine déguisé, ce qui rend le racisme immédiatement plus acceptable. La confiance dans l’establishment politique est au plus bas. Les nombreux déficits sociaux et la crise exacerbent les tensions sociales. En conséquence de cela, le terreau sur lequel prospère l’extrême droite s’est développé.

    L’opposition du Vlaams Belang est bien entendu très hypocrite. Ce parti présente la Vivaldi comme étant de “gauche”, alors qu’à l’exception de la N-VA, tous les partenaires de coalition de la suédoise y sont représentés. Dans sa critique de la déclaration de septembre du gouvernement flamand dirigé par Jan Jambon, le Vlaams Belang a déclaré que seules les ressources supplémentaires allouées aux soins de santé étaient positives. Toutefois, il s’agit de la mise en œuvre d’une mesure fédérale au niveau flamand. De plus, ces moyens supplémentaires pour la santé sont le résultat direct de la mobilisation du personnel soignant et de la large solidarité dont il bénéficie, ce qui est particulièrement marqué “à gauche”. Le programme électoral du VB de 2019 ne défendait évidemment pas d’octroyer plus de moyens pour les soins de santé. Tout comme la N-VA, le VB est bien forcé d’adopter une courbe rentrante sur ce point. Chacune de leur tentative de se présenter comme une opposition “sociale” est artificielle et manque sérieusement de crédibilité. Lorsque les travailleuses et les travailleurs ont défendu leurs salaires et leurs pensions à la fin de l’année 2014, le VB s’est positionné contre les syndicats selon son vieux slogan “Werken baat, schaadt schaadt” (‘Le travail produit, la grève nuit)

    Avec environ 10.000 personnes présentes, le Vlaams Belang a réussi à mobiliser au-delà de ses propres militants. On trouvait plus de monde que ce qui serait normalement le cas pour une action du VB. Bien sûr, cette mobilisation est encore relativement limitée : ces dernières années, beaucoup plus de personnes sont descendues dans la rue en faveur du climat, sans parler des actions syndicales. Il est néanmoins dangereux que l’extrême droite puisse mobiliser plus largement. Cela alimentera la soif d’actions à sa base, y compris pour des actions musclées contre toute personne qui pense différemment ou qui semble différente.

    Face à ce danger, nous ne devons pas compter sur les arguments légalistes. Il ne faut pas non plus compter sur les partis traditionnels : c’est leur politique qui a conduit à la croissance des inégalités et aux tensions sociales qui en découlent. La meilleure manière de mettre un terme au racisme et aux autres formes de division est d’entrer collectivement en action autour de nos revendications en faveur des soins de santé, d’emplois décents, de pouvoir d’achat, de services publics,…

    Les dirigeants syndicaux ne doivent pas se laisser piéger par leurs “partenaires” politiques de la Vivaldi. Laisser l’opposition à l’extrême droite ouvrira la voie à une nouvelle croissance de la haine et de la violence.

    La confiance des membres du VB et des forces néo-fascistes à sa marge est renforcée. Cela aura inévitablement des conséquences. Se contenter de regarder n’est pas une option. Les antifascistes doivent s’organiser dès maintenant. Si le mouvement ouvrier n’exprime pas et n’organise pas l’espoir d’un changement dans l’intérêt de la majorité de la population, alors l’extrême droite pourra trouver plus d’audience et même la mobiliser en faveur de son message de désespoir.

  • Pourquoi tellement de Flamands votent-ils à droite ?

    Le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken. Photo : Wikimedia Commons

    Les Flamands ‘‘irrémédiablement marqués à droite’’ ? L’idée est bien pratique pour les politiciens de droite bien entendu, mais d’autres la partagent. Au vu des résultats électoraux, ce n’est pas faux. Les derniers sondages placent la N-VA et le Vlaams Belang à environ 50% des voix ensemble.

    Le manque de moyens fait craquer la société de toutes parts, y compris en Flandre. Une large majorité de la population y est favorable à l’augmentation des budgets pour les soins de santé, l’enseignement, les infrastructures et les transports publics. Cela se remarque notamment au soutien dont bénéficient des mobilisations sociales telles que les grèves et les manifestations.

    Ces préoccupations reçoivent une attention rachitique dans les médias établis et ne sont pas fortement présentes sur le terrain politique, notamment parce qu’il n’existe pratiquement plus de gauche politique conséquente. L’équivalent du PS en Flandre, le SP.a, est encore plus néolibéral. Son actuelle opération de renouvellement ne dépassera pas le stade de l’élection d’un nouveau manager pour la ‘‘marque’’ SP.a. Groen a tellement fait sienne la logique néolibérale qu’il n’inspire plus confiance. Heureusement, il y a le PVDA/PTB, un parti qui défend un message différent mais qui, en ce qui nous concerne, pourrait être bien plus audacieux. Les voix syndicales qui défendent le progrès social pourraient également se faire plus régulièrement entendre.

    Et quand la gauche est pratiquement absente du débat public, les gens votent pour d’autres partis. La N-VA s’est d’abord présentée comme une ‘‘force du changement’’. Et quand il a commencé à être clair qu’il s’agissait d’un mensonge, le Vlaams Belang a fait son retour en instrumentalisant le mécontentement suscité par la politique antisociale de la N-VA et l’orienter vers le racisme. C’est d’autant plus facile à faire puisque la N-VA a tout fait pour banaliser le rejet des migrants.

    Dans le quotidien De Standaard, un journaliste a fait remarquer que les électeurs du Vlaams Belang ‘‘se préoccupent moins de l’identité ou de la population que des arguments d’ordre financier : leur petite pension ou leurs impôts alors que ‘‘ces étrangers’’ reçoivent tout gratuitement (ce qui n’est pas vrai, comme on le leur répète).’’ Mais la droite ou l’extrême droite ne défendent pas de revendications telles que l’augmentation des pensions. Leurs inquiétudes sociales ne leur servent qu’à semer la discorde.

    Le mouvement des travailleurs peut reconquérir ces électeurs en allant à l’’offensive sur ces questions. Les nécessités collectives de la lutte imposent une évidence : ce qui nous divise (le racisme, le sexisme ou l’homophobie) nous affaiblit. C’est par la lutte que le mouvement des travailleurs peut donner le ton dans le débat public. Le potentiel est là : après tout, les préoccupations sociales sont tout aussi fortes que dans d’autres régions du pays.

  • Action contre Salvini, le VB & Co : un pas en avant vers la renaissance d’un mouvement antifasciste à Anvers

    Lundi soir, des centaines d’antifascistes se sont rassemblés sur la place Hendrik Conscience à Anvers pour dénoncer ensemble contre le message de haine et de division de l’extrême droite. Le Vlaams Belang veut se reconstruire à Anvers et, dans cette optique, le parti d’extrême droite avait invité le dirigeant de la Lega italienne, Matteo Salvini. Le VB n’a pas ménagé ses efforts : son comparse italien est arrivé en jet privé tandis que le meeting s’est tenu dans la prestigieuse Nouvelle Bourse louée pour l’occasion. Le VB a beau se prétendre anti-establishment, le terme est assez éloigné de la réalité ! L’ironie d’un parti raciste qui amène un étranger à Anvers en jet privé n’échappera à personne non plus.

    Déclaration de Blokbuster

    L’action de protestation était combative et de bonne ampleur. La police a parlé de 300 à 350 personnes présentes. C’est beaucoup plus que les actions antifascistes de ces dernières années. Espérons qu’il s’agit là des premiers pas de la renaissance d’un mouvement antifasciste à Anvers. Ce rassemblement a été suivi d’une action des ‘‘Sardines’’, en référence au mouvement italien anti-Salvini, qui s’est tenue sur la place De Coninck.

    Les antifascistes représentaient une foule bigarrée où se mêlaient des activistes d’origine italienne criant des slogans en italien tandis que tout le monde apprenait à chanter en cœur le chant de résistance bien connu Bella Ciao. Des slogans ont encore été criés en français et des prises de parole ont eu lieu en espagnol et en anglais. Des activistes kurdes et cachemiris étaient présents aux côtés de militants et de dirigeants syndicaux, de militants politiques de diverses organisations et horizons, de jeunes et de nombreuses personnes non organisées qui voulaient faire quelque chose contre l’extrême droite et le fascisme. L’atmosphère était contagieuse et la confiance est allée grandissante : les slogans ont été criés de plus en plus fort. Un microphone ouvert permis à toutes les personnes qui le souhaitaient de s’exprimer afin de permettre à la discussion d’aborder les différents points de vue et de représenter la diversité du rassemblement.

    La manifestation a mis l’accent sur les thématiques sociales. Dans son rapport de l’action, le journal Het Laatste Nieuws a donné la parole à un manifestant d’origine italienne qui a résumé les choses ainsi : ‘‘L’avantage de cette manifestation est qu’elle attire l’attention sur les questions vraiment importantes, telles que les transports publics, le salaire minimum, la pension minimum et les investissements dans la culture. Nous ne sommes pas seulement ici pour dénoncer des choses.” Le racisme et le sexisme nous divisent et nous affaiblissent dans notre combat pour un meilleur avenir. C’est un argument de première importance pour combattre le fascisme.

    Un syndicaliste a fait remarquer que ses collègues touchés par les préjugés racistes ne se tournent pas vers le Vlaams Belang pour défendre leurs salaires, leurs emplois et leurs pensions. Ils se tournent vers le syndicat. Si nous voulons les convaincre de se détacher complètement du Vlaams Belang, ce n’est pas à coups de discours moralisateurs, c’est en luttant ensemble pour défendre nos conditions de vie et notre avenir !

    Nous pouvons nous appuyer sur l’enthousiasme qu’a suscité cette action antifasciste. C’est malheureusement absolument nécessaire. La politique d’austérité, y compris celle du gouvernement flamand, s’attaque à nos conditions de vie. Parallèlement, les résultats électoraux ont donné des ailes à l’extrême droite pour propager son racisme et sa haine de l’autre. Cette confiance revigorée n’est pas limitée au VB : des groupes à sa marge se font aussi entendre et le nombre d’incidents racistes augmente. Ces dernières semaines seulement, il y a eu l’incendie criminel du futur centre d’asile de Bilzen et le fils d’un ancien parlementaire du VB s’est fait photographier alors qu’il faisait le salut hitlérien à la forteresse de Breendonk. Nous devons nous organiser sérieusement pour briser la confiance de l’extrême droite en montrant que de larges couches de la population refusent sa logique de haine et de division.

    Le prochain rendez-vous d’importance aura à nouveau lieu à Anvers. En mars, les étudiants du Vlaams Belang organiseront un défilé qui rassemble traditionnellement toute la flore et la faune de l’extrême droite. Il s’agit d’un événement où les étudiants de droite se mêlent aux ‘‘nazis-à-bières’’ marginaux et à toutes les variantes possibles de la peste brune. Une tradition conséquente de contre-manifestation a été installée. La campagne antifasciste du PSL Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) veulent apporter la plus forte contribution possible à tous ceux qui souhaitent poursuivre sur cette lancée. Ce n’est qu’un début, continuons le combat !

    Quelques mots de Geert Cool, porte parole de la campagne Blokbuster

    Reportage de la RTBF avec interview d’Aïsha, de la campagne Blokbuster et du PSL

  • Lundi nous protesterons contre la venue de Salvini à Anvers

    Lundi, nous protestons contre un meeting laissant la parole à Salvini et à d’autres leaders d’extrême droite à Anvers. 75 ans après la libération d’Anvers, le Handelsbeurs sera à nouveau le théâtre de discours de haine, racistes et fascistes. Heureusement, le soutien pour l’action de protestation a également grandit.

    Ce soutien croissant a provoqué une certaine panique parmi les services de sécurité. Il ne nous est plus permis de protester juste aux portes du Handelsbeurs. Nous devons aller à la Conscienceplein, la place voisine. Elle se trouve à 400 mètres de l’entrée du Handelsbeurs (et encore plus près de l’entrée côté Brozestraat). De là, notre action devrait être audible jusqu’au Handelsbeurs.

    Stoppons les incendiaires !

    Nous voulons réunir le plus grand nombre possible d’antifascistes ce lundi 2 décembre. Il y aura des slogans et aussi un mégaphone ouvert pour tous ceux qui veulent délivrer un message antifasciste en leur nom propre ou au nom d’une organisation. Nous voulons d’une action non violente mais déterminée.

     

    Les revendications sociales nous semblent essentielles contre les divisions semées par l’extrême droite. Son racisme et son sexisme affaiblissent notre lutte pour le progrès social ou notre opposition à la politique antisociale du gouvernement Jambon, politique dont le Vlaams Belang prétend être “l’architecte”. Au cours de la première semaine de décembre, les organisations culturelles et la société civile organisent différentes actions. Nous voulons contribuer à cette résistance avec la manifestation antifasciste de lundi !

    Le Vlaams Belang veut se reconstruire à Anvers après y avoir été affaibli pendant des années, notamment autour de jeunes tels que ceux de Schild & Vrienden. Cela peut conduire à des incidents, en particulier chez les jeunes. Mieux vaut prévenir que de devoir en payer le prix par la suite. Les actions antifascistes sont d’autant plus importantes aujourd’hui pour ne pas leur laisser développer une confiance arrogante qui conduit inévitablement à des actes de violence et à des incidents.

    En résumé : il y a suffisamment de raisons que pour faire entre nos voix lundi ! Salvini & Co ne sont pas les bienvenus !

    Rendez-vous lundi à 19h00 à la Conscienceplein. L’action durera jusqu’à un peu plus de 20 heures. Pour toute information : Geert Cool 0485/400780

  • Mobilisation antifasciste à Anvers contre un meeting européen de dirigeants d’extrême droite

    La victoire électorale du Vlaams Belang le 26 mai dernier a ouvert la voie à une agressivité et des violences croissantes de la part de l’extrême droite. Les blagues racistes – mais prétendument innocentes – contre les migrants sont devenues monnaie courante. L’incendie criminel de Bilzen est un avertissement clair : si nous ne réagissons pas contre l’extrême droite, nous pouvons nous attendre à avoir de premières victimes !

    La croissance électorale de ces politiciens pyromanes a des résultats similaires dans d’autres pays en Europe. En Italie, le nombre d’incidents et d’actes violents racistes a explosé depuis l’accession au pouvoir du dirigeant de la Lega, Matteo Salvini. Salvini viendra prêcher son message de haine à Anvers à l’invitation du Vlaams Belang, où il parlera au côté du président de VB Tom Van Grieken.

    Pendant la campagne électorale, le Vlaams Belang a essayé de se donner un visage social. Mais ce masque est rapidement tombé. Le nouvel accord du gouvernement flamand annonce une lourde offensive antisociale comprenant des attaques austéritaires conséquentes dans la culture, les transports publics, etc. Le Vlaams Belang ne s’oppose à aucune de ces mesures, seule l’absence de nouvelles mesures d’intimidation contre les migrants l’inquiète !

    Pour les partis traditionnels, le Vlaams Belang n’est pas un adversaire mais un allié dès lors qu’il s’agit de détruire nos conquêtes sociales au profit des plus riches. Cela n’empêchera pas Tom van Grieken et Filip De Winter de prétendre que l’argent de la collectivité va dans “la poche de Mohamed”.

    Pour briser la rhétorique de division de l’extrême droite, nous, les 99% de la population, devons nous organiser pour protéger nos conquêtes sociales et en obtenir de nouvelles : un salaire minimum décent de 14 €/h brut, des investissements massifs dans des transports publics pour qu’ils soient gratuits et de qualité, une pension minimum de 1.500 € net et des investissements qui rendent la culture accessible à tous. Faisons barrage à l’extrême droite ! Tout ce qui nous divise nous affaiblit !

    Les déclarations faites aux Parlements et dans les médias ne permettront pas à elles seules de stopper l’extrême droite. Nous devons clairement signifier notre opposition à l’extrême droite dans la rue, dans nos écoles et sur nos lieux de travail.

    Le 16 octobre, nous avons organisé une action réussie à l’Université d’Anvers contre une rencontre organisée par le NSV (organisation étudiante liée au Vlaams Belang) avec Dries Van Langenhove (président de Schild en Vrienden récemment élu député pour le Vlaams Belang). De telles mobilisations constituent d’importantes étapes dans la construction d’un mouvement antifasciste plus large.

    Rejoignez-nous le 2 décembre prochain pour mener une action contre Salvini, Van Grieken et Cie ! Rendez-vous à 19h00 au Handelsbeurs (twaalfmaandenstraat Antwerpen – à 20 minutes de la gare d’Anvers Central – contactez-nous pour les rendez-vous locaux ).

    => Evénement Facebook

  • Mobilisation antifasciste contre la présence de Dries Van Langenhove à l’université d’Anvers

    Une cinquantaine d’antifascistes se sont réunis mercredi soir devant l’entrée de l’université d’Anvers dans la Rodestraat, où le jeune député récemment élu du Vlaams Belang et fondateur du groupe néofasciste Schild & Vrienden Dries Van Langenhove devait prendre la parole lors d’une conférence. Les antifascistes ont clairement fait entendre qu’ils n’acceptent pas la haine et la division de l’extrême droite et veulent la combattons activement. Des slogans ont été criés en néerlandais, en anglais et en français, notamment « Résistance internationale contre le racisme et le capital » ou encore « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés ». Les activistes brandissaient également des affiches qui reprenaient les plus sombres déclarations de Van Langenhove et ses amis d’extrême droite. Dries Van Langenhove n’est pas en prison, il est au Parlement, mais ce n’est pas une raison pour ignorer sa haine raciste et sexiste.

    L’initiative de cette action a été prise par la campagne antifasciste flamande du PSL Blokbuster et par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA). Jusqu’ici, nous n’avons reçu que peu de réponses de la part d’autres organisations. Certains n’ont pas osé rejoindre la protestation, d’autres n’en ont pas vu l’importance. Il est évident que tout le milieu de l’extrême droite profite de la victoire électorale du Vlaams Belang pour se renforcer ou se reconstruire. A l’Université d’Anvers, le NSV (organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) avait été extrêmement affaibli ces dernières années, mais il semble maintenant attirer du sang neuf. L’ancien cadre du Vlaams Belang comme les militants du Voorpost sont prêts à former ces nouveaux sympathisants et membres. Cela pourrait conduire à de nouvelles explosions de violence. Les néofascistes n’ont pas tendance à se déradicaliser tout seuls. Nous ne devons pas attendre et construire dès aujourd’hui un puissant mouvement antifasciste.

    Avec de telles actions de protestation, nous n’exprimons pas simplement le rejet de l’extrême droite largement ressenti dans la société, nous rendons également plus difficile de s’engager dans l’extrême droite. Si la résistance au racisme, au sexisme,… reste inaudible, il peut alors sembler que la logique de division domine. Mais ce n’est pas le cas : beaucoup de jeunes et de travailleurs ne veulent rien entendre de l’extrême droite ou du populisme de droite. A juste titre : le gouvernement flamand, dirigé par la N-VA, va prendre dans nos poches l’argent des allocations familiales, de la prime au logement, des budgets des services publics, de la sécurité sociale,… et le Vlaams Belang applaudit !

    Curieusement, certains critiques ont soutenu qu’une action de protestation irait à l’encontre de la liberté d’expression. Depuis quand une action collective comme celle de ce mercredi ne fait-elle plus partie de la libre expression de l’opinion ? Nous utilisons notre droit démocratique pour construire un rapport de force contre le racisme et la division.

    Nous invitons tous les antifascistes à contribuer à la construction d’une plate-forme plus large pour les actions à venir contre l’extrême droite à Anvers. Malheureusement, nous ne pouvons pas contrecarrer l’action du Vlaams Belang de ce dimanche : nos forces sont encore trop limitées pour organiser deux actions en cinq jours (renforcez-nous pour être en mesure de le faire !). Mais de telles manifestations peuvent encore avoir lieu et, en mars de l’année prochaine, le NSV organisera une marche de la haine à Anvers contre laquelle une forte mobilisation antifasciste sera nécessaire. N’hésitez pas à nous contacter pour coopérer : info@blokbuster.be ou à soutenir financièrement nos actions sur le compte BE05 0012 2824 0975 de Blokbuster.

  • Vlaams Belang : des députés qui font froid dans le dos…

    Le 26 mai, le Vlaams Belang a obtenu 46 sièges dans plusieurs parlements. Un passage en revue de certains de ces élus illustre de façon limpide que le VB agit contre les intérêts de la majorité de la population. Ce parti est composé de marchands de haine. Il représente une menace pour tous les travailleurs, les allocataires sociaux, les femmes, les personnes LGBTQI+, les migrants,… Vous pensez qu’on exagère ? Tremblons ensemble avec le petit aperçu ci-dessous.

    Au Parlement européen : un bagarreur de rue condamné

    Tom Vandendriessche a beau être un nouveau venu au Parlement européen, la campagne Blokbuster le connaît depuis le milieu des années 90. À cette époque, Vandendriessche était le président du NJSV (une association d’écoliers nationalistes de droite) à Bruges. Sous sa direction, le groupe est passé à la violence physique. D’actions dans les cafés progressistes à l’intimidation lors de réunions de gauche en passant par un véritable raid sur une action de protestation contre le rôle de la multinationale pétrolière Shell au Nigeria. Lors de ce raid, Els Deschoemacker, militante de Blokbuster, a reçu des coups qui l’ont menée tout droit à l’hôpital. La violence à Bruges a encore dégénéré lorsqu’un membre du NJSV a commis une attaque à la grenade contre lui-même afin d’accuser Blokbuster. L’homme a été démasqué. Une campagne nationale contre la violence fasciste avec une manifestation en 1997 a fini par mettre fin à la violence du gang de Vandendriessche.

    Après cela, Vandendriessche est allé à l’Université de Gand. Après un court passage au NSV (association d’étudiants nationalistes), il a été plus longuement actif au KVHV, un club étudiant catholique de droite. Vandendriessche s’est vanté qu’on y buvait exclusivement du champagne. La violence a également repris. Le 15 février 2000, Vandendriessche et un ancien conseiller provincial du VB ont attaqué deux étudiants de gauche qui, sac poubelle à la main, demandaient à tout le monde de jeter les tracts du VB. Vandendriessche et son compagnon, Tanguy Veys, ont traîné l’un des étudiants dans les escaliers et l’ont frappé. Résultat: en novembre 2001, Vandendriessche a été condamné à un mois de prison et à une amende de 372 euros. En appel, la culpabilité a été confirmée, mais une remise de peine a été prononcée. Cela n’a pas empêché le KVHV d’avoir Vandendriessche comme président de sa section gantoise de 2001 à 2004.

    Après une courte carrière en dehors de la politique, Vandendriessche est revenu au Parlement européen en tant qu’assistant parlementaire de Gerolf Annemans. Il entre maintenant lui-même dans ce parlement en tant que successeur de Patsy Vatlet, élue en deuxième position sur la liste du VB – une de ces élues du Vlaams Belang qui a été immédiatement échangée contre un successeur masculin.

    A la Chambre et au Parlement flamand : des homophobes

    Dominiek Sneppe-Spinnewyn, la nouvelles élue homophobe de Flandre occidentale, pense que le mariage homosexuel est ‘‘un pont trop loin’’. Elle n’est pas la seule à penser ainsi au VB. L’ancien président du KVHV et nouveau député VB Filip Brusselmans a déclaré dans le magasine Humo l’année dernière : ‘‘Les transgenres sont une anomalie, une aberration. (…) Tout a commencé avec les personnes LGBT qui défendaient leur orientation sexuelle. Nous pensions alors que cela devrait être permis. Nous avons accepté que la reproduction et l’amour soient déconnectés. L’étape suivante a été le mariage homosexuel : les pouvoirs publics ont reconnu la relation homosexuelle. Le concept ‘‘d’amour’’ a reçu un sens différent : il n’était ainsi plus nécessaire qu’un enfant naisse de l’amour.’’

    Cette position n’est pas nouvelle : en 2011, Filip Dewinter a déclaré au Parlement flamand que la meilleure prévention contre le sida est de ‘‘promouvoir des relations hétérosexuelles durables’’. En 1998, le parti écrivait dans une brochure : ‘‘L’homosexualité, ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas adaptée à l’ordre naturel (c’est-à-dire à la différence entre l’homme et la femme), n’est pas bénéfique à la société’’. (Un choix pour la vie, brochure du VB ‘Een keuze voor het leven’, 1998, p. 10).

    Dominiek Sneppe utilise explicitement le nom de son mari. Il faut dire que ‘Spinnewyn’ est un concept en soi dans les milieux nationalistes flamands. Le père Roger et ses fils ont joué un rôle central dans la milice privée interdite VMO (Vlaamse Militanten Orde). Roger Spinnewyn, décédé en 2013, était l’un des dirigeants du VMO, avec Bert Eriksson (qui disait jusqu’à la fin de sa vie être resté fidèle au Führer). Jusqu’en 2012, Roger Spinnewyn était sur la liste du VB à Zedelgem, où sa belle-fille poursuit maintenant sa carrière.

    Au Parlement flamand : un briseur de grève

    En 2014, une campagne a eu lieu sur les médias sociaux contre le mouvement de masse contre la politique antisociale du gouvernement Michel (notamment : recul de l’âge de la retraite et le saut d’index). Le KVHV a lancé la campagne ‘‘Nous ne faisons pas grève’’, avec 100.000 followers. Les grèves étaient qualifiées de ‘‘dictature des syndicats’’. L’auteur de la campagne, Bart Claes, a été immédiatement engagé par le VB et est maintenant parlementaire. Ce n’est pas un hasard : dans les années 80, le Vlaams Blok a fait campagne sous le slogan ‘‘Travailler est bénéfique, faire grève est nuisible’’.

    D’autres députés VB sont allés plus loin et ont eu recours à la violence physique. Les troupes de Van Langenhove (Schild & Vrienden) ont attaqué des piquets de grève. Juste après, un cambriolage a été effectué au bureau de la FGTB de Gand pour y voler un drapeau afin de le brûler à la façon Etat Islamique. Les milieux d’extrême droite ont toujours essayé d’intimider les militants syndicaux. C’est l’attitude du Vlaams Belang et précédemment du Vlaams Blok : contre les syndicats, mais aussi plus généralement contre les acquis sociaux des travailleurs.

  • Le moment est venu de vous organiser contre l’extrême droite !

    Le Vlaams Belang a remporté les élections et a immédiatement bénéficié d’une plus grande plate-forme pour répandre sa haine. Et il y a eu des incidents. A Tongres, un homme de 58 ans a été grièvement blessé suite à une agression raciste. Un courrier à caractère raciste a été déposé dans les boîtes aux lettres de personnes étrangères et d’origine étrangère à Alost : ‘‘Vous êtes tellement en retard et non civilisés, impolis, lâches, sales, bêtes, stupides et sans valeurs. Et surtout, vous êtes de sales profiteurs, vos enfants sont si impolis, si marginaux et sans éducation.’’ L’an dernier, des jeunes avaient chanté ‘‘Handjes kappen, de Congo is van ons’’ (‘‘Couper les mains, le Congo est à nous’’) au festival Pukkelpop. Il est grand temps de s’organiser contre l’extrême droite.

    Par Geert Cool, porte-parole de la campagne Blokbuster

    Prenons ce combat au sérieux

    Pour combattre efficacement l’extrême droite, il faut tout d’abord comprendre sur quoi repose son succès et ne pas nous limiter à exprimer notre colère, même si cela est bien entendu important. Nous n’irons pas très loin en disant : ‘‘le racisme, c’est mal’’ de manière moralisatrice. Nous devons entrer en action mais aller au-delà de ceux qui sont déjà convaincus.

    Si le Vlaams Belang a remporté les élections de cette manière, c’est parce qu’il a lié son racisme à des revendications sociales. Comme d’autres partis, le Vlaams Belang a parlé des pensions et du pouvoir d’achat, souvent avec des exigences à première vue similaires à celles de la gauche. Cela a suffi pour que la fédération patronale FEB proclame que le PTB et le VB ont des programmes socio-économiques similaires. C’est une absurdité totale. Le VB cherche à masquer sous un verni social un programme totalement antisocial qui prend pour cible non seulement les migrants et les Wallons, mais aussi les chômeurs, les LGBT, les femmes, les syndicalistes,… Un salaire minimum plus élevé de 14 euros de l’heure (ou 2.300 euros par mois), une retraite de 1.500 euros dès 65 ans, des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté,… quand la gauche et les syndicats revendiquent cela en se limitant presqu’exclusivement aux mots, il est difficile de faire la différence avec le VB. Le VB sera démasqué pour ce qu’il est dès que nous entrerons sérieusement en lutte pour arracher ces revendications, car il n’est pas prêt à faire quoi que ce soit. C’est par la lutte que le caractère antisocial du VB peut être démasqué.

    Le Vlaams Belang lie ces revendications au racisme et à la division : la facture doit être payée par les migrants et les Wallons. Lorsque d’autres partis parlent de ‘‘payer’’, la plupart des Flamands savent immédiatement que c’est leur portefeuille qui est en ligne de mire. L’arrivée des premiers députés flamands de gauche radicale permettra, espérons-le, de donner un plus large écho au débat sur l’impôt sur le capital. Ce ne sont pas les réfugiés ou les migrants qui ont profité de la politique du gouvernement Michel : ce sont les riches et les spéculateurs. Au cours des cinq dernières années, les profits des entreprises ont en moyenne augmenté de 3,2% en Belgique contre 1,8% dans les pays voisins.

    Il est facile de se reposer sur les préjugés inhérents au capitalisme pour faire porter aux migrants la responsabilité de la régression sociale. Améliorer le sort de la population – c’est-à-dire obtenir des salaires plus élevés, un renforcement de la sécurité sociale, mais aussi la fin des guerres et du pillage du monde néocolonial – exige de défier le système capitaliste. C’est la seule option réaliste : le capitalisme en crise entraîne de plus en plus d’inégalités et de tensions sociales. Sans renverser ce système, il est impossible de disposer d’une société où la majorité de la population connaitra une vie décente. C’est pourquoi nous programme repose sur la perspective de transformation socialiste de la société. (Voir également notre dossier central)

    Ensemble dans la rue

    La victoire électorale du VB a accru la confiance des militants d’extrême droite et de toutes sortes de racistes. Nous devons assurer que cette confiance ne donne pas lieu à des agressions en rue en occupant celle-ci quand il le faut. Depuis des années, à chaque fois que le cercle étudiant officieux du Vlaams Belang (le NSV, Nationalistische Studentenvereniging) a voulu manifesté dans une ville étudiante flamande, la campagne antifasciste Blokbuster était à l’origine d’une contre-manifestation à la participation systématiquement plus nombreuse. Nous avons cherché à mettre sous pression ce cercle dans lequel le Vlaams Belang va chercher ses nouveaux parlementaires (de même qu’au cercle étudiant catholique ultra-conservateur KVHV).

    Nous devons nous organiser et discuter des actions à mener dans des comités d’action qui permettent d’affiner notre approche à chaque étape de la lutte. C’est de cette façon que l’on est le mieux à même de réagir efficacement à chaque déclaration raciste à l’école ou au boulot, pour isoler ces déclarations et encore plus le comportement qui les accompagne. Ce ne sont pas les migrants ou les réfugiés qui nous volent nos moyens : c’est le résultat du manque d’investissement pour des emplois décents, de bonnes allocations sociales, des soins de santé décents, l’enseignement, les loisirs,…

    De la crise du capitalisme surgissent des éléments de barbarie, dont l’extrême droite. Vouloir la bloquer, cela implique de combattre le système qui l’alimente. La force de la société qui est capable de produire un changement de système, c’est le mouvement ouvrier. Une manifestation dynamique de jeunes est contagieuse pour le mouvement syndical, c’est d’ailleurs ce que nous avons vérifié une fois de plus au début des grèves pour le climat en janvier et février.

    Le mouvement antifasciste doit être massif. Et pour assurer l’implication de couches larges de la population, le mieux est de reprendre des revendications qui touchent à leurs préoccupations quotidiennes. Ces revendications portant sur le travail, l’enseignement, les soins de santé,… représentent la meilleure réponse à la politique de ‘‘diviser pour régner’’ dont le racisme fait partie. Ces revendications ne seront satisfaites que par un changement de société : les inégalités croissantes sont dans l’ADN du capitalisme. Une société socialiste concrétisera les aspirations à un meilleur avenir pour la majorité de la population et fermera ainsi définitivement la porte au désespoir réactionnaire.

    La campagne Blokbuster a joué un rôle de premier plan dans les premières actions qui ont suivi les élections – dont les manifestations des 28 mai et 23 juin à Gand. Il en ira de même à l’automne. Lorsque les étudiants du VB et du NSV manifesteront à Anvers en mars de l’an prochain, nous organiserons à nouveau la riposte antifasciste avec une contre-manifestation. Aidez-nous et rejoignez-nous !

  • Retour sur le dimanche noir précédent et la riposte antifasciste qui a suivi

    Blokbuster, début des années ’90

    24 novembre 1991. Le jeune Filip Dewinter lève un gant de boxe en l’air pour encourager ses partisans. Son Vlaams Blok (qui deviendra le Vlaams Belang en 2004) est devenu le plus grand parti d’Anvers et a franchi pour la première fois le seuil des 10% en Flandre. De 3 sièges fédéraux, le Blok est passé à 17 députés (12 à la Chambre, 5 au Sénat). Immédiatement, on a parlé d’un ‘‘dimanche noir’’. Le choc est grand. Des jeunes et des travailleurs déferlent dans les rues contre le racisme et l’extrême droite.

    La percée de l’extrême droite entraine une riposte antifasciste

    La percée du Vlaams Blok s’est déroulée dans un contexte de perte de confiance dans les partis traditionnels. Dès le début des années 1980, une politique d’austérité néolibérale a entraîné une baisse du niveau de vie d’une grande partie de la population. Cette tendance s’est encore renforcée après la chute du mur de Berlin et l’offensive idéologique néolibérale qui l’a accompagnée. Il n’était pas surprenant que le rejet des partis traditionnels, en particulier des socialistes censés défendre les travailleurs, ait tant augmenté. Tout comme en France avec le FN, le Vlaams Blok a pu en profiter. Parallèlement, la violence raciste a fortement augmenté en Allemagne de l’Est, avec 3 morts et 449 blessés dans 1.300 cas enregistrés en 1991.

    Cela a immédiatement suscité une réaction. Les jeunes et les travailleurs voulaient montrer leur rejet du racisme et de la violence raciste et de grandes manifestations nationales ont eu lieu, mais surtout des dizaines d’actions locales. Des actions ont été organisées contre de nombreuses réunions locales du Vlaams Blok. Au cours de l’été 1991, la campagne antifasciste Blokbuster a été créée par les marxistes qui forment aujourd’hui le PSL. L’objectif était d’organiser la colère des jeunes contre le racisme et le fascisme et de discuter des réponses à apporter autour de slogans tels que ‘‘Des emplois, pas de racisme’’ et ‘‘32 heures par semaine sans perte de salaire’’. Ces revendications entendaient s’en prendre au terreau fertile de l’extrême droite et apportaient une réponse sociale. Bientôt, il y eut environ 50 comités Blokbuster avec plusieurs milliers de jeunes antifascistes organisés en leur sein.

    Blokbuster a pris l’initiative d’organiser une manifestation européenne, entre autres après le choc de la violence raciste mortelle exercée contre des demandeurs d’asile à Rostock, en Allemagne. Le 24 octobre 1992, un an après le dimanche noir, 40.000 jeunes et travailleurs ont ainsi manifesté à Bruxelles contre le racisme ! Un an plus tard, une nouvelle ‘‘Marche des jeunes pour l’emploi’’ a suivi, faisant suite aux précédentes grandes manifestations de 1982 et 1984. Entre-temps, le 24 novembre de chaque année, des grèves scolaires et étudiantes prenaient place contre l’extrême droite et le racisme. Beaucoup de jeunes actifs contre le Vlaams Blok dans les années 1990 sont devenus plus tard des délégués syndicaux très actifs et combattifs.

    Similitudes et différences entre 1991 et aujourd’hui

    26 mai 2019, nouveau dimanche noir. Le Vlaams Belang relégué dans l’arrière-cour électorale à partir de 2006 a fait un retour spectaculaire. Ceux qui pensaient que la N-VA coupait l’herbe sous le pied de l’extrême droite en sont pour leurs frais. La politique antisociale du gouvernement fédéral a poussé la N-VA à mettre de plus en plus l’accent sur les réfugiés. Cela a rendu le racisme plus acceptable, au grand bonheur du Vlaams Belang. En outre, le VB a instrumentalisé la colère contre le politique menée par la N-VA et le gouvernement.

    D’importantes différences existent entre le dimanche noir actuel et celui de 1991. Aujourd’hui, le Vlaams Belang fait un score plus élevé que le Vlaams Blok à l’époque. Alors que le Blok était avant tout un phénomène urbain, les résultats les plus élevés du Belang ont été obtenus dans les zones périurbaines et à la campagne. Le Vlaams Belang n’est plus un phénomène neuf : en 2004, le parti a remporté jusqu’à 24% des voix. Par rapport à 1991, les partis traditionnels et toutes les institutions de l’establishment sont encore plus discréditées. Autre différence : il existe aujourd’hui une gauche radicale au Parlement, ce qui signifie que le débat officiel ne se limite pas aux partis établis et à l’extrême droite. Avec une présence parlementaire et une position forte dans le mouvement ouvrier, le PTB peut apporter une contribution importante à la résistance contre la politique d’austérité et contre l’extrême droite.

    Des similitudes existent aussi avec la situation des années 1990. Beaucoup de jeunes n’ont pas encore connu le Vlaams Belang en tant que menace réelle, après plus de 10 ans d’érosion de l’extrême droite. Ils sont choqués par la percée du VB et par le fait que les organisateurs de forums de discussion néonazis, racistes, sexistes et homophobes siègent maintenant au parlement. Comme au début des années 1990, la croissance du VB s’est accompagnée d’un grand nombre de déclarations inacceptables, d’intimidation et de violence raciste. Beaucoup de jeunes et de travailleurs veulent riposter. C’est important : la mobilisation limite la portée de l’extrême droite dans la rue. En même temps, elle offre l’occasion de discuter de nos réponses au terrain fertile de l’extrême droite. Blokbuster a défendu cette approche dans le mouvement antiraciste des années 1990 et a continué ses activités alors que l’extrême droite était moins considérée comme une menace concrète. Nous entendons continuer sur cette voie.

  • Stopper l’extrême droite par la lutte contre la politique antisociale

    ‘‘Des homos qui se marient et ont des enfants, c’est un pont trop loin’’, déclarait Dominiek Sneppe-Spinnewyn, députée nouvellement élue du Vlaams Belangau Parlement fédéral. En dépit de l’indignation massive que cela a – à juste titre – suscité, elle s’en tient à cette position. La direction du VB lui a conseillé de ne plus parler à la presse. Mais la figure de proue du parti Filip De Winter n’hésite pourtant pas à parler d’envoyer un ‘‘Go Back bus’’ à Bruxelles-Nord pour ‘‘ramener dans leur pays tous les migrants tuberculeux, atteint de malaria et autres’’. Quant à Dries Van Langenhove, il a été inculpé d’infractions à la loi sur le racisme, à la loi réprimant les faits de négationnisme, ainsi qu’à celle portant sur les armes dans le cadre de l’enquête sur les agissements de son groupuscule néonazi Schild & Vrienden.

    Par Fabian (Gand)

    Ce ne sont là que quelques-unes des personnes bien peu recommandables qui siégeront dans les parlements dans les années à venir et qui auront donc une tribune pour faire entendre leur haine et leur logique de division. Depuis les élections, Bart De Wever mène des négociations (de façade) avec le président du Vlaams Belang, l’ancien bagarreur de rue Tom Van Grieken, pour la formation d’un gouvernement flamand. Il se peut qu’il n’y ait pas (encore) de rupture du cordon sanitaire, mais ce terrain est sérieusement exploré pour l’avenir tandis que les textes rédigés ensemble par le Vlaams Belang et la N-VA sur la migration, l’éducation et le bien-être dans le cadre des négociations pour la formation du gouvernement serviront comme base pour la suite, avec d’éventuels partenaires d’une coalition autour de la N-VA. Après tout, c’est bien de cela qu’il s’agit : appliquer une politique de droite dure au profit des plus riches et au détriment des travailleurs et des pauvres. Cette même politique qui explique pourquoi les partis au pouvoir ont reçu une claque aux élections.

    Durant la campagne électorale, le Vlaams Belang prétendait être opposé à cette politique, au point même d’avoir repris des revendications syndicales (le retour de la pension à 65 ans ou encore l’augmentation des allocations sociales). Mais une fois le scrutin passé, Tom Van Grieken et sa bande ont annoncé se rendre aux négociations de coalition ‘‘sans points de rupture’’. La seule chose concrète qu’ils ont publiquement formulée depuis est la fin des subventions pour les organisations culturelles turques. Les promesses sociales n’ont pas mis longtemps à être jetées par-dessus bord.

    Partout où l’extrême droite accède au pouvoir, elle ne fait pas barrage à la politique antisociale : elle attaque au contraire de front les conquêtes sociales des travailleurs et des pauvres. Le gouvernement autrichien, qui comprend le FPÖ d’extrême droite, a immédiatement assoupli les horaires de travail pour permettre de travailler jusqu’à 12 heures par jour ! En Hongrie, Orban a introduit la possibilité de travailler jusqu’à 400 heures supplémentaires par an (sans compensation !) et a donc dans les faits introduit un sixième jour de travail par semaine. Au Brésil, Bolsonaro est déjà sous le feu de grèves massives contre sa réforme haïe des retraites (la grève générale a mobilisé 45 millions de travailleurs !) et contre les diminutions de budgets dans l’enseignement.

    L’extrême droite n’a aucune solution pour les bas salaires, le manque de logements à prix abordables, la pression au travail, le sous-investissement dans les services publics, etc. Ce n’est pas en montant les opprimés les uns contre les autres que l’on peut vaincre l’austérité et défendre nos conditions de vie ! Laisser le champ libre à l’extrême droite signifie simplement que la chasse aux boucs émissaires ira de plus belle et de manière plus violente. La victoire électorale du VB donnera plus de confiance aux groupes et individus d’extrême droite violents. Des habitants d’Alost issus de l’immigration ont ainsi été ciblés par une lettre anonyme raciste une fois les élections passées.

    L’accession de l’extrême droite au pouvoir est dangereuse, non seulement pour les minorités, mais pour tous les travailleurs. Ne laissons aucun espace à ses mensonges ! Démontrons par la lutte concrète que nous sommes les meilleurs défenseurs des revendications sociales qu’ils instrumentalisent ! Entrons en action pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure, une pension mensuelle minimale nette de 1.500 euros pour toute personne de plus de 65 ans et un enseignement gratuit et de qualité. De cette manière, nous pourrons exposer le Vlaams Belang pour ce qu’il est et offrir une alternative à sa haine et aux dogmes néolibéraux des partis traditionnels.

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