Tag: Violences policières

  • George Floyd. Le policier Derek Chauvin condamné pour meurtre, une victoire arrachée par la lutte

    L’agent de police Derek Chauvin a été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation pour le meurtre de George Floyd ‼
    Ce meurtre raciste avait déclenché le plus grand mouvement de contestation de l’histoire des États-Unis. Le fait que Chauvin ait été jugé coupable démontre l’importance des mobilisations de masse : tout le mérite de cette victoire revient à ce mouvement.

    Pour nos camarades de Socialist Alternative aux Etats-Unis, il faut garder à l’esprit que l’establishment du parti démocrate, qui porte également la responsabilité de la mort de George Floyd, a sacrifié une “pomme pourrie” pour tenter de préserver son arbre pourri.
    Nous devons maintenir la pression pour arracher un véritable changement !

    Le procès des trois complices de Chauvin sera d’autant plus tendu. Leur procès ne commence que le 23 août et se poursuivra jusqu’à l’automne, polarisant sans doute les élections de novembre à Minneapolis. Les activistes socialistes, le mouvement ouvrier et les militants contre les violences policières feront face au défi crucial d’assurer l’implication de la classe ouvrière dans la lutte pour une approche de la sécurité publique qui repose sur les communautés locales. Nous devons nous organiser dès maintenant !

    Dans le sillage de ce cri de masse contre le racisme systémique, les Républicains ont fait passer des projets de loi à travers le pays pour criminaliser les protestations. Les quartiers populaires du Minnesota ont été terrorisés par l’opération Safety Net, une coalition de forces de l’ordre de toute la région utilisant la Garde nationale comme escorte armée, avec le soutien de l’establishment démocrate. Rien de tout cela n’a empêché le meurtre de Daunte Wright, 20 ans, à Brooklyn Center, ou d’Adam Toledo, 12 ans, à Chicago.

    Il faut s’appuyer sur la victoire de cette condamnation pour lutter en faveur d’un monde meilleur et d’un changement structurel. Nous devons nous battre pour des assemblées de masse dans les communautés locales afin de décider démocratiquement des prochaines étapes du mouvement, notamment un conseil de surveillance communautaire démocratiquement élu ayant le pouvoir d’embaucher, de licencier et d’assigner à comparaître les agents de police et qui pourrait débarrasser les services de police de toute personne ayant un passé raciste, sexiste, fondamentaliste religieux ou violent. Nous devons réduire de moitié le budget de la police et taxer les riches pour financer le logement, l’emploi et l’éducation.

    Nous devons construire un mouvement de masse par delà les couleurs de peau pour changer fondamentalement de société et démanteler ce système capitaliste raciste.

  • Stop à la Justice de classe : justice pour les victimes de brutalité policière !

    Combattons le racisme par la solidarité

    L’année vient à peine de commencer que deux personnes de couleur ont déjà trouvé la mort dans les commissariats de Bruxelles suite à leurs arrestations: Ibrahima, un jeune électricien de 23 ans, et Ilyes, un sans-papier de 29 ans.

    Les mensonges proférés à l’encontre d’Ibrahima – son soi-disant viol du couvre feu ou sa prétendue prise de stupéfiants – visaient à attaquer l’image de la victime pour dédouaner les coupables. En réalité, il a simplement été arrêté pour avoir filmé une intervention policière. 700 personnes ont participé au rassemblement pacifique “Justice pour Ibrahima”. De nombreux jeunes guinéens de Belgique ont ainsi remis le mouvement Black Lives Matter à l’ordre du jour. Mais les médias traditionnels ont une fois de plus préféré décrédibiliser l’action collective en se focalisant sur les incidents à la marge du rassemblement.

    Nous devons continuer d’exiger que justice soit faite pour toutes les victimes de brutalité policière. Nous ne pouvons pas nous fier à cette justice de classe qui condamne des syndicalistes et où règne l’impunité pour les policiers impliqués dans les violences, les meurtres et le racisme. Aux États-Unis, il a fallu un soulèvement de masse pour que les assassins de George Floyd soient arrêtés et poursuivis.

    L’indignation des responsables politiques suite à la révélation dans la presse des propos racistes et homophobes de deux policières en patrouille à Anderlecht n’est qu’hypocrisie. Ce n’est pas un fait isolé. Contrôle au faciès, harcèlement et violence raciste policiers accompagnent leur politique de casse sociale. Celle-ci a aggravé la pauvreté et la rareté d’emplois décents ou de logement abordable sur base desquels prospèrent les discriminations. Il faut des réponses sociales aux problèmes sociaux: pas de répression policière mais un plan d’investissements massif dans l’enseignement, les soins de santé, les logements sociaux et des emplois décents.

    Malcolm X disait : “Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme.” Il soulignait que le système capitaliste repose sur l’exploitation et la discrimination au profit d’une minorité de super riches. Organisons-nous pour combattre le racisme par la solidarité ! La solidarité entre tous les  opprimés et les exploités de cette société capitaliste. La solidarité entre tous les travailleurs, avec ou sans emploi,  avec ou sans papiers, quelle que soit leur origine, leur orientation sexuelle ou leur genre dans une lutte en commun pour de vrais emplois et des salaires décents. L’unité dans la lutte nous permet de combattre efficacement ce système d’exploitation capitaliste, éliminant ainsi les racines du racisme et de toute forme de discrimination.

    • Justice pour Ibrahima, Ilyes, Mawda, Lamine, Mhedi, Adil, Jozef et toutes les victimes
    • Stop au racisme et à la brutalité policière !
    • Pas d’impunité. Stop à la justice de classe !
    • Refusons la stratégie de “diviser pour régner” des partis capitalistes !
    • Luttons pour des emplois décents, un salaire minimum de 14 € / h et un logement abordable pour toutes et tous !
    • “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme.” Nous devons lutter pour renverser le système d’exploitation économique capitaliste en faveur d’une société socialiste, une société sans exploitation ni discrimination.
  • Rassemblement JUSTICE POUR IBRAHIMA

    Un rassemblement a eu lieu aujourd’hui pour exiger justice et vérité au sujet de la mort d’Ibrahima, âgé 23 ans, à la suite de son interpellation samedi soir dernier par la police.

    Dans la presse, sa famille a expliqué avoir été informée de son décès vers 2h 30 du matin par des policiers venus à leur domicile qui ont expliqué qu’Ibrahima avait été interpellé pendant le couvre-feu… alors qu’il est décédé à l’hôpital à 20h22, plus d’une heure trente avant celui-ci !
    Environ 700 personnes étaient présentes autour de la famille et des proches de la jeune victime. La colère était bien entendu très palpable face à ce qui s’annonce comme un nouveau cas de violence policière. Parmi les slogans criés on pouvait entendre : “Justice pour Ibrahima”, “Pas de justice, pas de paix”, “Police assassins”.

    A la fin du rassemblement, la tension est montée. En dépit de la situation, la police a à nouveau géré les choses par la force, comme à son habitude.

  • Bruxelles. Rassemblement contre la Loi de Sécurité Globale

    Quelque 200 personnes ont répondu hier à un appel sur Facebook visant à se réunir à Bruxelles suite à la Loi de Sécurité globale votée en France ce 24 novembre. Au même moment, des centaines de milliers de manifestants déferlaient dans différentes rue de France pour le second week-end consécutif. C’est la lutte de masse qui a arraché nos conquêtes démocratiques, c’est par la lutte de masse que nous devons les défendre !

    Bien entendu, il n’est pas possible de parler des violences policières, de la répression et du racisme en France sans tracer le parallèle avec la situation en Belgique. C’est ce que nos militantes et militants ont fait notamment au travers du tract que nous avons distribué : Contre le racisme et les violences policières : c’est tout le système qui est coupable !

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  • Contre le racisme et les violences policières : c’est tout le système qui est coupable !

    Le lundi 23 novembre, 17 syndicalistes ont été condamné pour avoir participé à un blocage routier lors d’une grève contre la politique antisociale. Le même jour s’ouvrait le procès de l’affaire Mawda, cette gamine migrante de deux ans tuée par un policier. Et, le 26 novembre, le parquet de Bruxelles demandait le non-lieu pour les policiers dans l’affaire du jeune Adil, tué par une voiture de police en avril dernier.

    Difficile de ne pas tracer de parallèle avec la France : le 24 novembre, la proposition de Loi de Sécurité Globale était adoptée en procédure accélérée par l’Assemblée Nationale française. Le samedi suivant, pas moins d’un demi-million de personnes défilaient en France contre cette loi autoritaire, dont 200.000 à Paris ! Cette même semaine avaient été dévoilée les images de l’agression du producteur de musique parisien Michel, brutalement agressé par trois policiers qui l’ont également insulté de « sale nègre ».

    Tout cela ne s’est produit qu’en une seule semaine ! On pourrait encore parler en Belgique du jeune Mehdi renversé et tué par une voiture de police en août 2019. Ou de Moïse Lamine Bangoura mort sous les coups de policiers qui venaient l’expulser de chez lui en mai 2018. Ou encore de Jozef Chovanec, tué suite à une interpellation à Charleroi en 2018.

    Malcolm X « Il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme »

    Nous vivons dans une société capitaliste, une société où une infime minorité (les capitalistes) possède les moyens de production et d’échange – comme les grandes entreprises et les banques – et exploite l’écrasante majorité de la population. Pour cette élite capitaliste, la solidarité entre personnes exploitées et opprimées représente un danger mortel.

    Pour assurer leur domination, les capitalistes et leur personnel politique tentent de diviser la population et d’en monter les différentes couches les unes contre les autres. Le système repose ainsi sur le racisme, le sexisme, la LGBTQI-phobie,… Ce n’est pas leur seule arme : l’Etat capitaliste leur est totalement acquis, avec sa police et sa justice.

    Dans une période de crise comme celle-ci, le capitalisme va s’enfoncer dans la répression et la criminalisation des mouvements sociaux, dans le racisme et la déshumanisation des migrants,… Il tente de dévier la colère des masses ou de l’étouffer. Ne nous laissons pas prendre à ce jeu !

    RESISTANCE

    Si des conquêtes démocratiques ont pu être arrachées dans une société construite autour des inégalités et des discriminations, c’est grâce à la lutte de masse. Le potentiel d’une telle lutte a encore été tout récemment illustré en Belgique avec la manifestation Black Lives Matter en juin dernier. Combien étions-nous ? 15.000 ? 20.000 ? Et avec quelle énergie !

    Les organisations syndicales ont un rôle crucial à jouer dans ce combat. Ce sont les seules organisations de masse de ce pays. Et si la crise sanitaire a bien illustré quelque chose, c’est que ce sont les travailleurs qui font tourner le monde, pas les actionnaires ! Nous avons besoin d’une vraie campagne d’information et de mobilisation en défense des droits syndicaux et démocratiques, une campagne qui n’hésite pas à recourir à l’arme de la grève ! Les actions de la FGTB du 10 décembre constituent un bon pas dans cette direction.

    La Campagne Solidarity, les Etudiants de Gauche Actifs et le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij contribueront à cette dynamique dans l’élan de leurs participations et initiatives passées, tout en défendant l’absolue nécessité d’un programme social qui répond aux pénuries de logements, aux bas salaires, à la précarité,… Cela signifie de renverser ce système d’exploitation et de saisir les richesses – que nous produisons ! – pour répondre aux besoins de toutes et tous. C’est ce que nous appelons une société socialiste démocratique.

    Combattons le racisme par la solidarité !

    • Régularisation de toutes les personnes sans-papiers !
    • Jamais plus d’impunité policière! – Contrôle démocratique sur les forces de l’ordre!
    • Des solutions sociales pour les problèmes sociaux : il faut des investissements dans l’enseignement, les soins de santé et les salaires plutôt que dans la répression policière.
    • Malcolm X a dit : “Il n’y a pas de capitalisme sans racisme”. Nous devons combattre le système capitaliste, un système d’exploitation économique subit par la majorité au profit d’une infime élite.

    Meeting en ligne : La force du mouvement de masse, hier et aujourd’hui

    « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »

    C’était il y a dix ans. En décembre et janvier 2010/2011, la révolution a renversé les dictateurs Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte. Les occupations de place ont déferlé dans toute la région et bien au-delà. 2011, c’était l’année des Indignés, celle d’Occupy. Les soulèvements de masse suscitaient la solidarité et l’envie partout à travers le monde.

    Dix ans plus tard, les mouvements de masse sont de retour : contre le changement climatique, pour l’émancipation des femmes, contre les régimes autoritaires, contre l’austérité,… Chili, Bélarus, Hong Kong, Liban, Guatemala,…

    Comment ces mouvements peuvent-ils apporter un véritable changement ? Quelles leçons apprendre des mobilisations d’il y a dix ans ? Quelles erreurs ont été commises ?

    La discussion sera introduite par Cédric Gérôme, permanent pour Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge). Cédric a tout particulièrement suivi les développements en Tunisie et est actuellement en train d’écrire un livre sur cette expérience révolutionnaire.

    La discussion se déroulera sur Zoom, via le lien suivant.

  • Colombie : nouvelle vague de protestation contre les meurtres policiers

    Le soir du 8 septembre, la police a assassiné un habitant de Bogota, Javier Ordoñez. Une vidéo de son assassinat brutal, alors qu’il était tazé à dix reprises, s’est rapidement répandue, provoquant une colère généralisée en Colombie. Ce meurtre s’ajoute aux 61 autres massacres perpétrés jusqu’à présent en 2020 par la police, alors que plus de 152 dirigeants syndicaux et de mouvements sociaux ont été assassinés de même que plus de 200 anciens membres des FARC tués après leur retour à la vie civile.

    Par David Sanz Villamil, SAV (ASI-Allemagne)

    Dans les jours qui ont suivi, des mobilisations militantes contre les violences policières ont éclaté. Ces événements présentent une grande similitude avec les protestations contre les violences et les meurtres policiers aux États-Unis. La réponse de la police colombienne a été encore plus violente qu’aux États-Unis.

    Ce n’est pas le premier cas où les forces de police colombiennes ont dépassé les limites durant la pandémie, sans parler des nombreuses fois où elles l’ont fait auparavant. Mais la cruauté affichée dans la vidéo, ajoutée aux dizaines de situations de même nature qui ont été divulguées et combinée à la misère croissante ainsi qu’à la démission du gouvernement expliquent le caractère de masse des mobilisations contre la police de Bogota qui ont commencé immédiatement après ce meurtre.

    Les 9 et 10 septembre, les manifestants ont refusé d’obéir aux ordres des autorités de se disperser. La police a réagi avec une force excessive à la simple présence des manifestants dans les rues, divers rapports faisant état de 13 morts et de plus de 200 civils blessés, dont 72 par balles. Trois femmes ont été enlevées et violées dans des commissariats de police et on ne peut que se demander à qui elles vont s’adresser pour porter plainte concernant ces horribles incidents. Les manifestants ont résisté à la présence de la police et auraient blessé 194 personnes et brûlé 45 petits postes de police, connus en Colombie sous le nom de CAI, à travers Bogota, la capitale du pays.

    Des vidéos et d’autres preuves ont révélé les actions de la police. La police a tiré avec des armes à feu d’un modèle non conforme au lieu d’utiliser ses propres armes, de sorte qu’il était impossible de remonter jusqu’à eux. Des agents provocateurs déguisés et armés ont été envoyés dans la foule pour créer un chaos généralisé et justifier l’usage excessif de la force. Il n’y a aucune excuse acceptable pour que la police tire à balles réelles sur les manifestants, que ce soit avec des armes conformes ou non.

    Une police irresponsable

    Les forces gouvernementales sont incontrôlables de puis longtemps. La police colombienne fait partie du ministère de la défense et non des ministères de la justice ou de l’intérieur. Cela permet à la police d’être jugée par les tribunaux militaires spéciaux, au lieu des tribunaux civils ordinaires. Cela ne respecte pas la constitution colombienne, qui déclare que la police est une institution civile. De nombreux pays souffrent toutefois d’abus policiers alors que la police a un caractère civil, ce qui indique que la solution doit dépasser le simple respect de la constitution.

    Le problème de la responsabilité de la police va au-delà de la manière dont ses actions sont jugées, car il est tout simplement très rare qu’elles soient jugées en premier lieu. Tout comme dans beaucoup d’autres pays, le gouvernement dépeint les policiers comme des héros de la patrie et des protecteurs de la communauté, ce qui contraste fortement avec la réalité et la fréquence des violences et des abus qu’ils font subir à la population.

    Mais même en tenant compte des traditions des autorités colombiennes, le gouvernement de droite d’Iván Duque est allé au-delà de l’éloge et de la défense des forces de “l’ordre”. Le président Duque a déclaré que les forces de police “ont gagné le cœur des Colombiens grâce à leur culture du respect et de la bravoure” après la mort de Javier Ordoñez, ce qui ne peut guère être interprété autrement que comme une moquerie au regard de l’histoire de cette institution.

    Le ministre de la défense, Carlos Holmes Trujillo, est allé plus loin en excusant de manière préventive les excès commis par les policiers lors des manifestations, affirmant que les manifestations ont un caractère systématique et ont été infiltrées par des membres de la guérilla de gauche et des groupes anarchistes et terroristes ne cherchant qu’à provoquer violence et destruction.

    Comme il est d’usage dans la rhétorique de droite, Javier Ordóñez a déjà été déclaré persona non-grata à titre posthume par les réactionnaires colombiens, son alcoolisme le privant de son droit à un procès équitable. Il rejoint ainsi la longue liste des victimes d’abus des forces armées, dont Dylan Cruz, tué l’année dernière dans une manifestation d’un coup de feu à la tête, action justifiée par son vandalisme présumé. Le viol de trois adolescentes indigènes par des soldats a été justifié par l’affirmation dégoûtante que ces filles étaient à la recherche d’aventures sexuelles. Au cours de la répression brutale du début des années 2000, 10.000 jeunes hommes ont été assassinés par l’armée, qui a prétendu à tort qu’ils étaient des guérilleros.

    2020 : Une année de malheur pour la classe ouvrière

    L’explosion de colère populaire est enracinée dans la situation colombienne. Alors qu’un confinement réussi a entravé les premiers effets de la pandémie COVID-19, le gouvernement n’a pas voulu agir pour endiguer la hausse du chômage et la baisse des opportunités d’emploi dans une économie nationale essentiellement informelle, ce qui a placé le peuple colombien dans une situation désastreuse.

    L’un des pays les plus fertiles du monde – rarement, voire jamais, frappé par la famine – a vu beaucoup de ses citadins souffrir de la faim exclusivement parce qu’ils n’avaient plus d’argent pour acheter des provisions afin de subvenir aux besoins de leur famille. Des serviettes rouges sont accrochées aux fenêtres lorsque des personnes en difficulté appellent à l’aide leurs voisins. Il n’est pas très surprenant que les mesures strictes de confinement auxquelles s’opposent les personnes qui ont désespérément besoin de travail et les vendeurs de rue dans tout le pays aient été le prétexte de brutalités policières répétées.

    Les appels à un “revenu de base” ont été largement ignorés par le gouvernement, et le peu qu’ils ont donné – sous la forme d’une prime unique aux plus pauvres du pays correspondant à la moitié du salaire minimum – était insuffisant pour une personne isolée, encore plus pour une famille.

    Si la violence généralisée n’a jamais vraiment disparu, elle s’est accélérée cette année, avec la longue liste de massacres visant particulièrement les militants sociaux, écologistes et syndicaux ainsi que les anciens membres des FARC.

    Une longue histoire de violence d’Etat

    L’ancien président Álvaro Uribe Vélez, de 2002 à 2010, était un populiste de droite qui a privatisé des pans entiers de l’économie et mené une guerre brutale contre les guérillas avec un recours généralisé aux escadrons de la mort militaires et surtout paramilitaires. Les soldats recevaient des primes pour les guérilleros qu’ils tuaient. L’armée a tué des milliers d’innocents en réclamant des primes. Uribe commentait “s’ils ont été tués, ce n’est pas pour avoir été chercher du café”. Uribe était populaire auprès du président américain George W Bush, qui l’a félicité pour sa “guerre contre la drogue”, bien qu’il soit soupçonné d’être impliqué dans ce trafic de drogue et alors que la Colombie est restée au centre de la production de cocaïne.

    Son successeur, le président Santos, a négocié un accord de paix avec les guérillas. Cependant, son successeur, l’actuel président, Iván Duque Márquez, est un protégé d’Uribe et n’a pas poursuivi le processus de paix. Au lieu de cela, des escadrons de la mort paramilitaires de droite parcourent à nouveau les terres en grand nombre, en particulier dans les régions anciennement contrôlées par les FARC, et les enlèvements et les menaces de “nettoyage social” deviennent systématiques dans de nombreuses communautés rurales et petites communes dont les membres sont soupçonnés d’avoir des penchants de gauche.

    Les promesses d’alternatives à la production de coca dans les campagnes ont eu pour résultat, au mieux, des efforts anémiques. Les efforts d’éradication de la coca, qui impliquent souvent des pulvérisations aériennes de glyphosate qui empoisonnent l’eau et provoquent des maladies, n’ont jamais vraiment cessé pendant les périodes de pandémie, opposant la population rurale à la police et aux forces militaires.

    La droite a intensifié sa violence après qu’Uribe ait été assigné à résidence en août, accusé de corruption et de falsification de témoins. La réponse d’Uribe a été d’appeler à la résistance nationale contre le “virus de la jeunesse des FARC” et les juges.

    Les forces militaires ont été utilisées pour soutenir la police dans la répression à Bogota, car les frontières entre la police et l’armée sont floues. On ne peut s’empêcher de se demander si l’État a déclaré la guerre à la classe ouvrière pour qu’une telle action ait lieu.

    Le vieil adage selon lequel il ne faut pas gâcher une crise était à l’esprit de Duque pendant cette pandémie, car il a saisi cette occasion pour instaurer l’état d’urgence dans le pays et commencer à lancer des décrets sans participation des autres branches du gouvernement.

    Parmi ces décrets figurent la permission accordée au personnel militaire américain de se rendre en Colombie, de multiples allégements fiscaux pour les entreprises du secteur privé et des prêts généreux pour les grandes entreprises et les propriétaires terriens. Les décrets qui bénéficieraient directement à la population générale étaient rares et l’un d’entre eux est tristement célèbre pour ne pas avoir été signé correctement par les ministres, qui n’ont pourtant eu aucun problème à signer les autres.

    Ces actions ont été facilitées par le fait que le parti Centro Democrático (CD), fondé par Uribe, a réuni une coalition majoritaire au Sénat, et que ses membres, qui sont également des amis personnels du président, occupent les sièges de procureur de l’État, d’avocat de l’État et de “défenseur du peuple”, qui sont chargés de surveiller le comportement du président et de ses ministres.

    Avec ces événements et bien d’autres, il n’est guère surprenant que la frustration refoulée de la population ait produit une puissante réaction aux abus flagrants commis par les forces de l’État.

    La résistance sociale

    Le peuple colombien a résisté aux gouvernements de droite. Lors des élections régionales, le parti de Duque a subi des défaites embarrassantes, notamment dans les deux plus grandes villes, Bogota et Medellín. Duque a cependant continué à mener sa politique.

    En novembre, une grève nationale a été déclenchée par les comités syndicaux nationaux et de nombreux groupes d’opposition, dont certains présents au parlement. Le “Comité pour la grève nationale” a clairement appelé à s’opposer aux institutions impérialistes financières et de développement. Les revendications comprenaient l’opposition aux attaques contre la législation du travail, contre les impôts, contre les pensions et contre les services publics, des attaques qui allaient toutes signifier une augmentation ud coût de la vie pour les travailleurs et les pauvres. Il s’agissait également de s’opposer à la constitution d’un conglomérat des plus grandes institutions financières et de l’État.

    Même si les objectifs de la grève n’ont pas été atteints, il s’agissait des plus grandes manifestations antigouvernementales en quatre décennies, entre novembre 2019 et janvier 2020. Elles ont effrayé le gouvernement et l’ont incité à reporter ses attaques contre le mouvement ouvrier. Des débrayages et des manifestations ont eu lieu dans tout le pays, dans tous les grands centres urbains. Ils ont été accueillis par une forte répression policière et les rapports faisant état de l’activité d’agents provocateurs ont accru l’indignation populaire alors que les principaux médias, absolument en accord avec le gouvernement, essayaient de délégitimer les protestations.

    Le couvre-feu et le confinement lié à la pandémie ont mis sur pause les manifestations. Aujourd’hui, six mois après la fin de ce mouvement, la poudrière du mécontentement social a explosé sous la forme d’une mobilisation contre les abus de la police.

    Quelles sont les revendications populaires ?

    Ce mouvement n’a pas d’organisation claire et il n’y a pas de groupe de dirigeants précis à sa tête. Il s’agit d’une expression spontanée de l’indignation populaire. Pourtant, certains appels ont résonné sur les médias sociaux. Une chose est claire : les gens veulent une réforme de la police.

    Trois choses spécifiques ont été fréquemment mentionnées dans ces protestations ainsi que dans les mouvements passés : l’appel à l’abolition de l’Escadron mobile anti-perturbation (ESMAD) qui possède des véhicules militaires et constitue la partie la plus répressive de la police, la démilitarisation générale des forces de police (en interdisant à la plupart d’entre elles de porter des armes à feu et en limitant les types d’armes à feu auxquelles elles ont accès) et le transfert des institutions policières au ministère de l’intérieur afin que le système spécial de justice militaire ne couvre pas leurs abus.

    Le gouvernement ne cédera pas à ces exigences et l’indignation populaire contre le gouvernement et la police semble augmenter de jour en jour. Des manifestations de masse ont lieu dans les grandes villes comme Medellín et Carthagène. Le Comité national de grève a appelé à des manifestations dans tout le pays. Il est probable que les revendications s’étendent au-delà de la réforme de la police, avec des appels à une certaine forme d’allocation de secours pour les masses et un renversement de nombre des récentes attaques contre la classe ouvrière, qui bénéficient d’un soutien populaire accru.

    La situation du plus grand allié des États-Unis en Amérique du Sud devient de plus en plus instable, le gouvernement de droite et ses alliés perdent leur crédibilité à un rythme sans précédent. Cela n’a pas empêché Mike Pompeo, le secrétaire d’État de Trump, de faire l’éloge de Duque lors d’une récente visite sans dire un seul mot au sujet des violations des droits humains en Colombie. Le remarquable soutien des Etats-Unis à la Colombie dans la prétendue guerre contre le trafic de drogue a été accueilli avec ridicule par le peuple colombien, bien conscient que la Colombie est le plus important producteur de cocaïne au monde et les Etats-Unis le plus gros acheteur.

    Le soutien populaire à Gustavo Petro, candidat de gauche à la présidence de l’année dernière, est à son plus haut niveau mais la confiance dans le processus électoral s’est effondrée. Une chose que beaucoup de gens craignent dans cette situation est une plus grande répression de la part du gouvernement actuel pour compenser sa perte de contrôle sur la situation. Il y a également un risque de fraude électorale pour les prochaines élections. Si Petro était élu, il serait le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, et il ne fait aucun doute que la réaction ne perdrait pas de temps à se battre pour rendre son gouvernement aussi inefficace que possible.

    Une chose est sûre : La Colombie est plongée dans une crise sociale et économique qui ne peut que s’aggraver, une crise sans issue capitaliste. Le besoin de construire un soutien pour une alternative socialiste, au sein des mouvements de masse des travailleurs, des jeunes et de tous les opprimés, lié à une lutte sur tout le continent pour une fédération socialiste de peuples libres, n’a jamais été aussi grand.

    Il est à noter que les gouvernements du monde entier n’ont pas critiqué les meurtres et les massacres en Colombie. Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) se bat pour mettre en évidence l’hypocrisie des gouvernements qui parlent des droits humains dans certains pays mais pas dans d’autres, dans la lutte pour une véritable solidarité internationaliste de la classe ouvrière.

  • Stop au racisme meurtrier et à la brutalité policière : une nouvelle action à Bruxelles !

    Après une première action réussie à Charleroi, la Campagne Solidarity et Blokbuster organisent une nouvelle action afin de fermement condamner l’acte odieux dont a été victime Josef Chovanec, ressortissant slovaque, à l’aéroport de Charleroi en 2018.

    Rendez-vous ce samedi 29 août à 15h devant SPF Justice à Bruxelles, Boulevard de Waterloo 115. (Métro Hôtel des Monnaies). L’action se déroulera dans le respect des mesures sanitaires : avec masques et 1m50 de distance physique entre chaque participant.

    Les images parues dans la presse sont particulièrement choquantes. “En voyant les images de la mort de George Floyd aux États-Unis, je me suis dit que mon mari est mort de la même manière” a déclaré son épouse. Au lieu de venir en aide avec une assistance médicale à un passager en détresse, six policiers fédéraux s’appuieront sur lui lors de son incarcération. L’un d’entre eux, lui comprimera la cage thoracique pendant plus d’un quart d’heure. Le tout revendiqué politiquement par un salut nazi de la part de la sixième policière présente. L’affaire a été étouffée et aucun policier n’a été sanctionné. La contre-expertise médicale conclut que l’action de la police a plus que probablement provoqué une arythmie cardiaque fatale à la victime. Une enquête indépendante pour crime de haine doit prendre place. Les policiers impliqués doivent immédiatement être suspendus et arrêtés.

    Tout le système est coupable

    Tous les politiciens traditionnels s’indignent suite à la révélation des images dans la presse. Mais il ne s’agit pas d’un problème isolé. La violence policière fait partie intégrante du système capitaliste, qui repose sur le racisme structurel et l’inégalité. La stratégie de “diviser pour régner” a accompagné leur politique de casse sociale aggravant encore les pénuries existante en termes de manque de logements à loyers abordables, d’emplois décents, de services publics de qualité. L’extrême droite en profite pour disséminer son message de haine. Sur ces pénuries s’épanouissent les discriminations si on n’y répond pas par la solidarité.

    Il nous faut une lutte unifiée des jeunes et des travailleurs, quelque soit notre origine, contre le racisme, les discriminations et les brutalités policières autour d’un programme offensif pour des emplois décents pour tous, un salaire minimum de 14€/h, des logements abordables et la création massive de logements sociaux, un plan radical d’investissements publics dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. C’est impayable pour l’establishment politique capitaliste qui veut une nouvelle fois nous faire payer leur crise pour sauvegarder la soif de profits des plus riches. Comme le disait Malcom X : il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme. Luttons pour un changement de société.

  • Brutalité policière et salut nazi à l’aéroport de Charleroi : Ripostons par la solidarité !

    Stop au racisme meurtrier et à la brutalité policière ! La Campagne Solidarity s’est rendue ce samedi au Palais de justice de Charleroi suite à l’acte odieux dont a été victime Josef Chovanec, ressortissant slovaque, à l’aéroport de Charleroi en 2018.

    Prochain rendez-vous : samedi 29 août, à 15h, à Bruxelles au SPF Justice, Boulevard de Waterloo 115. (Métro Hôtel des Monnaies)

  • Quartier Luchtbal à Anvers. La violence policière raciste étouffée ?

    luchtbal1-600x450Le mois de juin a commencé de manière agitée dans le district anversois de Luchtbal. La police est intervenue de façon musclée contre un groupe de jeunes qui s’étaient réunis dans un centre culturel pour la rupture du jeûne dans le cadre du Ramadan. Abdel, 22 ans, a été grièvement blessé, son orbite brisée. Les jeunes qui se sont réunis le 11 juin, après les événements, pour discuter de la manière de réagir ensemble ont à nouveau été dispersés par la force et certains ont été arrêtés.

    Une mère célibataire de trois enfants témoigne: ‘‘Des appels ont été lancés sur facebook pour se réunir le samedi et discuter d’une action de protestation. Autour de 18h, je passais par là avec ma fille de 9 ans. Quelques jeunes parlaient de la violence policière. J’ai laissé ma fille jouer dans le parc. Soudain, j’ai vu une dizaine de voitures de police dans la rue et les rues se sont retrouvées bloquées. Ça ressemblait à l’arrestation d’un gang international. Nous étions assis dans le parc et avons vu les policiers arrêter certains jeunes. ’’

    ‘‘Lorsqu’un jeune homme a crié: ‘‘Dites-moi d’abord ce que j’ai fait mal’’, l’agent de police est devenu encore plus agressif. Il a été jeté comme un sac de pommes de terre dans la voiture de police. Ma fille et les autres enfants avaient très peur, elle a commencé à pleurer et voulait rentrer à la maison. Je suis rentrée et, ensuite, j’ai demandé à mon fils de faire quelques courses avant que les magasins ferment. Il s’est rendu à un magasin à 200 mètres de notre appartement. Quand il est sorti, la police était partout. Il a dû se mettre à genoux, les mains derrière la tête, et a été soigneusement fouillé. Ils n’ont rien trouvé et lui ont dit : ‘‘Rentre chez toi, qu’on ne voit plus ta sale gueule dans la rue.’’ Mon fils a répondu qu’il avait quand même le droit d’être en rue, mais l’agent lui a dit: ‘‘Tais-toi, un mot de plus et je te casse la gueule.’’ Au cours de la fouille, mon fils a été accusé d’être étranger.

    ‘‘Cela peut conduire à des situations dangereuses. La frustration des jeunes humiliés et la violence policière peuvent échapper à tout contrôle. C’est le système qui est responsable. On investit dans la guerre et la répression, mais pas dans l’enseignement et le travail pour les jeunes. La crise des réfugiés renforce encore ce racisme. Le fossé entre les jeunes ‘d’origine étrangère’ et le système administratif augmente alors que la plupart sont nés en Belgique. L’ENAR (un réseau antiraciste européen) note qu’en Belgique ‘‘les inégalités persistantes proviennent d’une incontestable hiérarchie de positions socio-économiques.’’ Cette inégalité était déjà présente quand les choses allaient mieux sur le plan économique. Et maintenant ? Le marché du travail est gangréné par le racisme, reconnaissent les études. Et puis il y a ce genre d’incidents.’’

    La police a lancé une enquête interne, mais il est clair que tout sera fait pour classer l’affaire. Nous ne devons pas laisser les jeunes protester seuls. Il nous faut une enquête indépendante sur les agissements de la police, avec implication des habitants.

  • [PHOTOS] Rassemblement contre les violences policières à Bruxelles

    anderlecht01Ce lundi 29 juin se sont rassemblées plusieurs dizaines de personnes devant le commissariat de la police locale, rue Démosthène, à Anderlecht. Ce rassemblement visait à soutenir Mwadi et son fils, cette mère et son enfant de 17 ans qui ont été victimes de violences policières ce dimanche 14 juin dans un commissariat tristement célèbre pour ses problèmes de racisme et d’abus de pouvoir. C’est une initiative de la campagne Stop-répression des Jeunes Organisés et Combatifs (JOC-Bruxelles).

    Par Maxime (Bruxelles)

    Si ces deux habitants d’Anderlecht se sont retrouvés dans le commissariat, c’est dans le but de pouvoir faire une déclaration de perte de carte d’identité. C’est en essuyant un refus de la part des policiers et en cherchant à savoir les raisons de celui-ci, que le ton est monté et que les deux Anderlechtois se sont fait agresser par les agents de la police locale. Ils sont entrés vers 13:45 et n’en sortiront qu’à 22:10 après avoir subi des coups et avoir été enfermés au cachot. Ces violences sont inacceptables.

    Il est totalement inacceptable que des habitants d’Anderlecht ne se rendent plus au commissariat de leur quartier par peur d’y être accueillis par des violences et/ou du mépris. Les policiers violents et racistes qui travaillent encore doivent être lourdement sanctionnés.

    Le témoignage de ces deux personnes se rajoutent à la longue histoire des violences et des abus de pouvoir de la police dans cette commune populaire et très pauvre de la Région Bruxelles-Capitale. Tant que la spirale de la violence et le cercle vicieux infernal dans lesquels se sont enfermés les politiciens dirigeant la commune, la politique répressive et les abus de la police continueront.

    Anderlecht n’a pas besoin de tout ça. Anderlecht a besoin d’emplois pour la jeunesse, d’investissements et de services publics. Une politique de prévention de la part d’une police de quartier disposant de réels moyens donnerait aussi bien plus de résultats.

    Des solutions sociales aux problèmes sociaux, voilà ce dont nous avons besoin dans cette commune.

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