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Tag: Unité à gauche
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Appel du 1er mai: débat et états des lieux!
Par les Jeunes FGTB CharleroiCe jeudi 20 février, 20h, Centre Jeunes Taboo, (8, rue Basslé 6000 Charleroi)Le 1er mai 2012, la FGTB Charleroi & Sud Hainaut lançait son appel aux partis de la gauche à s’unir pour proposer une une alternative au capitalisme. Son constat : le PS et Ecolo ont fait le choix du pouvoir et ont trahis la classe des travailleurs avec ou sans emplois.- Page de l’évènement facebook
Le 1er mai 2012 notre régionale FGTB Charleroi & sud Hainaut se positionnait très clairement sur la nécessité d’un rassemblement des forces politiques véritablement de gauche et qui servent de relais de défense des travailleurs face à l’exploitation capitaliste. La régionale avait exprimé très clairement le fait qu’elle ne considère plus le PS et Ecolo comme des partis défendant l’intérêt du peuple et luttant contre la domination capitaliste. Bien au contraire, les exemples sont nombreux des trahissons de ces deux partis qui ont fait le choix de la voie libérale.
Suite à cet appel et cette prise de position, la FGTB Charleroi & sud Hainaut lançait un travail d’animation et de fédération avec l’ensemble des partis de gauche.
Dans le même temps elle a publié deux brochures sur son appel et son positionnement politique et anticapitaliste.Dernièrement, une avancée a vu le jour : l’union de la LCR et du PC autour du PTB qui feront campagne sous le sigle PTB-GO. Contrairement à ce que certains médias ont affirmé: la FGTB Charleroi n’appelle pas à voter PTB-GO mais se réjouit de ce premier pas vers une unité de la gauche mais en espérant que celle-ci s’élargira par la suite.Nous vous proposons de débattre en présence de notre secrétaire Régional Daniel Piron afin de refaire l’historique depuis 2012. Nous reviendrons sur les raisons de cet appel et le camarade Daniel Piron clarifiera la position de la FGTB Charleroi & Sud Hainaut. Ce sera aussi l’occasion de discuter ensemble des actions à venir et de la stratégie syndicale à mettre en place face aux attaques continues contre les travailleurs et les jeunes.- Lien vers le discours de l’appel du 1er mai 2012.
- Liens vers les brochures
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=> Élections : PTB, VEGA et Gauches Communes – Renforcer la vraie gauche et, surtout, saisir ensemble le potentiel par la suite -
Elections : PTB, VEGA et Gauches Communes
Renforcer la vraie gauche et, surtout, saisir ensemble le potentiel par la suite
S’exprimant en interview au sujet de l’émergence du PTB sur le plan électoral, Anne Demelenne, secrétaire générale de la FGTB, a déclaré: “Le PTB a sa raison d’être, c’est un parti qui met en avant le débat. Je déplorerais simplement que l’on divise la gauche, on n’a vraiment pas besoin de ça en Belgique”. A nouveau, une partie de la direction syndicale nous ressert l’argument du ‘‘sans le PS, ça aurait été pire’’, une rhétorique qui pour beaucoup reste bien calée en travers de la gorge après l’offensive d’une ampleur historique lancée contre nos conquêtes sociales par le gouvernement Di Rupo.
Par Boris Malarme, article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste
C’est cette colère qui vit très certainement dans la base syndicale qu’exprime l’appel de la FGTB de Charleroi à rassembler l’ensemble des forces de la vraie gauche pour construire une alternative à la gauche du PS et d’Ecolo ou encore les prises de position de la CNE via les déclarations de son secrétaire général.
Certaines expériences dans d’autres pays ont toutefois plutôt démontré que l’émergence de nouvelles formations de gauche n’a pas affaibli le débat autour des idées de gauche et leur soutien dans la société, mais l’a au contraire renforcé. Ce débat est crucial aujourd’hui, la classe dominante belge souhaitant que la période qui suivra les prochaines élections (4 ans sans élection, phénomène plutôt rare en Belgique) voit une accélération du rythme et de l’ampleur de l’austérité. Pour elle, le scénario d’un nouveau gouvernement Di Rupo, mieux à même de teinter l’austérité d’un vernis social, est préférable. Elle craint qu’un gouvernement de droite dure avec la N-VA ne mette de l’huile sur le feu au point de provoquer une résistance généralisée.
Les idées de gauche trouvent un écho grandissant
A l’image du développement du PTB depuis les élections communales, le lancement du nouveau livre de son porte-parole Raoul Hedebouw, Première à Gauche, rencontre un franc succès. Les soirées de présentation à Liège, Charleroi, Namur et Bruxelles ont rassemblé des centaines de participants. Ce livre va au-delà de la simple présentation d’initiatives du PTB comme Médecine pour le Peuple et la campagne pour la taxe des millionnaires et a le mérite d’aborder des notions de base du marxisme.
Mais il existe une couche de jeunes anticapitalistes et de travailleurs qui ne se reconnaissent pas dans le modèle proposé par le PTB. En Flandre, le mouvement Rood! avait tenté d’être avec d’autres une composante plus large du mouvement organisé des travailleurs. C’est la raison pour laquelle le PSL a participé à l’initiative. Suite à l’abandon de sa figure publique Erik de Bruyn, qui a considéré son résultat électoral comme un échec, Rood! s’est engagé dans un processus de réflexion sur son orientation et ne participera pas à ces élections.
D’autre part, le lancement du Mouvement Vega, autour de la coopérative politique liégeoise du même nom (liste sur laquelle le PSL disposait de candidats aux dernières élections communales à Liège) ainsi que de l’ancien parlementaire écolo Vincent Decroly, peut compter sur un certain écho. Vincent Decroly a expliqué à diverses soirées de présentation que la campagne du Front des Gauches(1) en 2010 l’avait poussé à se réinvestir sur la scène politique après plusieurs années de retrait et qu’il avait évolué de l’anti-néolibéralisme à l’anticapitalisme. Lors de ces réunions de présentation, nous avons pu entendre des positions plus ouvertement marquées à gauche que celles habituellement exprimées par la coopérative politique liégeoise Vega.
Le nouveau mouvement Vega, lancé officiellement à Charleroi le 1er février, est centré autour de trois axes : ‘‘Ecologie, socialisme et démocratie’’. Pour Vega aussi, les problèmes écologiques ne peuvent être résolus qu’en sortant du capitalisme et en étant liés à la question sociale, notamment au partage des richesses. Reste à voir à l’avenir comment ces axes seront concrétisés en termes de programme et d’action. Même si Vega semble plus incliner vers le milieu associatif que celui du mouvement ouvrier organisé, Vincent Decroly a pris le temps au cours de ces soirées de clarifier qu’il soutient l’appel de la FGTB de Charleroi et se retrouve dans son programme anticapitaliste en 10 points.
A gauche : un besoin d’unité
L’attention des électeurs opposés aux diverses formes de politique de casse sociale des partis traditionnels se porte souvent en premier lieu sur le PTB. Celui-ci souhaite obtenir cinq élus : deux à Anvers et deux à Liège pour les parlements fédéral, wallon et flamand et un autre au parlement bruxellois en contournant le seuil électoral de 5% via un regroupement de listes. Le PTB est actuellement positionné comme l’organisation la plus à même d’exploiter une partie de l’espace à la gauche du PS/SP.a et d’Ecolo/Groen.
Pour ces raisons, le PSL a formulé en mai 2013 une proposition à l’ensemble de la gauche pour des listes ‘‘PTB-Unité’’ afin de parvenir à une participation unitaire au scrutin du 25 mai 2014. Après quelques mois sans réponse, le PTB a finalement répondu lors de rencontres, par ailleurs cordiales et franches, que des candidats du PC et de la LCR seraient présents sur leurs listes, mais qu’il n’était question d’unité qu’avec des organisations qui n’ont plus l’ambition de se construire, ce qui nous excluait. Nous déplorons cette attitude, mais éviterons de présenter des candidats là où cela pourrait faire obstacle à l’obtention d’élus de gauche en tenant ainsi compte du fait que l’arrivée des premiers élus de gauche radicale depuis les années ‘80 pourrait renforcer le mouvement des travailleurs dans son ensemble. Cela créerait aussi un débat politique propice à chaque composante de la gauche dans cet environnement politique aujourd’hui dominé par ceux qui veulent faire payer la crise aux travailleurs. A Bruxelles, le PSL compte participer aux élections avec le Parti Humaniste ainsi que tous ceux qui souhaitent renouer avec l’expérience positive des listes ‘‘Gauches Communes’’ déposées aux dernières élections communales. Vega, qui participera aux élections européennes, pourrait également être présent au scrutin bruxellois mais n’exclut cependant pas de former des alliances à gauche. Nous ne savons jusqu’ici pas encore si un accord électoral entre Véga et Gauches Communes est possible.
Le système de groupement(2) des listes à la Région bruxelloise offre l’opportunité qu’un vote Gauches Communes ou PTB ne soit pas un vote perdu pour un élu de gauche, ce qui permet un vote de conviction pour la liste de gauche de son choix.
Gauches Communes en campagne
Il est possible de bénéficier d’un large soutien électoral sur base d’un programme ouvertement socialiste et d’utiliser une position élue afin de renforcer sur le terrain la lutte des travailleurs. C’est ce qu’a illustré la récente victoire de notre camarade Kshama Sawant à Seattle, et ce fut l’objet d’un débat remarquable organisé récemment par le PSL dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles. Dans le même esprit, Gauches Communes organise le 1er février un rassemblement pour la gratuité des transports publics et contre l’augmentation des tarifs de la Stib votée au parlement bruxellois, en mobilisant dans les quartiers et parmi la jeunesse. Avec le soutien d’une position élue, ce type de résistance active pourrait trouver un plus large écho.
Ce genre de campagne et d’action autour de revendications concrètes doivent être liés à une alternative politique basée sur ce qui est nécessaire aux travailleurs et à leurs familles, et non pas sur ce qui est ‘‘réaliste’’ avec des budgets possibles dans le cadre du système capitaliste. Tout comme plus de 80% de la population, nous soutenons l’instauration d’un impôt sur les grosses fortunes. Mais comment éviter la fuite des capitaux ? Il faut sortir des demi-mesures et défendre audacieusement une politique basée sur le refus du paiement de la dette publique et sur la nationalisation des banques et des secteurs vitaux de l’économie sous contrôle démocratique. Voilà de quoi pouvoir lancer un plan radical d’investissements publics massifs pour l’emploi, le pouvoir d’achat, le logement, l’enseignement, l’environnement, la santé, la culture, etc.
Une fois les élections passées, poursuivons ensemble autour de l’Appel de la FGTB de Charleroi !
Qu’importe l’exacte composition des prochains gouvernements, ils serviront d’Étatsmajors pour une offensive d’austérité plus franche, à tous les niveaux de pouvoir. La riposte nécessite un front uni à la gauche du PS et d’Ecolo autour d’un programme tel que celui proposé par la FGTB de Charleroi. Le renforcement électoral d’une – ou plusieurs – des composantes de la gauche doit être utilisé pour aider à concrétiser cet appel à la constitution d’un relai politique large des travailleurs, pluraliste et respectueux de ses diverses composantes.
Notes
1) Le Front des Gauches était le nom d’une alliance conclue entre le Parti communiste, la Ligue communiste révolutionnaire, le Comité pour une autre politique, le Parti humaniste, Vélorution et le PSL pour les élections de 2010
2) Mécanisme permettant à des listes du même groupe linguistique de faire déclaration réciproque de groupement afin que leurs voix soient additionnées. La répartition des sièges s’effectue sur base de ce total.
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D’où provient la crise, quelle réponse de la gauche?
Malgré son rejet, la proposition du PSL au PTB tient toujours
Lors d’un débat organisé par Rood à Gand le 13 novembre dernier, le modérateur a posé les deux questions suivantes à un panel de 7 invités : D’où provient la crise et quelle réponse doit apporter la gauche ? Il a ainsi exprimé le mystère qui tracasse nombre de jeunes et de travailleurs depuis des années maintenant. Comment expliquer que la crise du néolibéralisme et du capitalisme n’ouvre pas la voie à la gauche, mais semble au contraire souffler dans les voiles de la droite populiste et de l’extrême droite ?
Par Eric Byl, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
- Lettre ouverte du PSL/LSP pour une union électorale de nos forces en 2014
L’espace manquait pour aborder la combinaison de facteurs qui a conduit à cette crise qui dure depuis 5 ans. Stephen Bouquin, de Rood, a évoqué l’austérité, Ivo Flachet, du PVDA (nom du PTB en Flandre) s’est référé à la croissance des inégalités et le philosophe Bleri Leshi a insisté sur l’importance de lire Marx. Généralement, tous les orateurs s’accordaient à dire que la crise est systémique, la conséquence directe du mode capitaliste de production et de distribution. Cela a encore été confirmé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le club des pays riches dont Yves Leterme est secrétaire-général adjoint.
Dans son dernier rapport, l’OCDE décrit les Etats-Unis comme étant la plus importante menace pour l’économie mondiale. Pourquoi ? Parce que la croissance économique s’y accélère. La possibilité que le chômage diminue et que les prix augmentent est, par conséquent, une perspective réaliste. Bonne nouvelle, penserait n’importe quel humble mortel. Mais cela ne marche pas comme ça. Cela peut pousser la Réserve Fédérale américaine (la FED, la Banque centrale des Etats-Unis) à raidir sa politique d’assouplissement monétaire, ce qui fera grimper les taux d’intérêts et rendra le crédit plus cher. La croissance économique serait ainsi étranglée. Le second danger le plus important, toujours selon l’OCDE, se trouve en Europe. Le manque de croissance peut y conduire à une spirale déflatoire, une baisse générale du niveau des prix avec en conséquence l’arrêt de la consommation et l’érosion de la rentabilité des entreprises.
Bref: un cas classique de “cul de sac”. Qu’importe ce qui est tenté, le résultat est négatif. Pour tout le monde ? L’an dernier, la fortune des 500 Français les plus nantis s’est accrue de 25%. Il ne s’agit pas d’un phénomène français ou européen, mais d’un processus mondial. Pour certains, une crise est surtout synonyme d’opportunité. Ainsi, les patrons de la fédération patronale flamande Voka s’en saisissent comme arme pour essayer de fortement réduire notre salaire indirect, les cotisations sociales nécessaires pour nous protéger contre la maladie, l’invalidité, le vieillissement et le chômage.
Daniel Piron, secrétaire général de la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut, a déclaré à Gand que la gauche doit quitter la politique de casse “socialement” accompagnée pour adopter une attitude plus offensive, d’où son plaidoyer pour unifier tous ceux qui se trouvent à la gauche du PS et d’Ecolo. Sa collègue Katrien Neyt de la FGTB de Gand a surtout pointé du doigt le danger de la NV-A et des réglementations européennes afin de plaider pour un front “de tous les progressistes”. L’échevin gantois Tom Balthazar (SP.a) a quant à lui prétendu que l’index et la sécurité sociale avaient été sauvegardés grâce à la social-démocratie. Un plaidoyer peu convaincant.
Egalement présent comme orateur, j’ai utilisé la ‘‘une’’ de l’édition précédente de Lutte Socialiste, sur laquelle figuraient les cinq patrons d’entreprises publiques qui refusent de travailler pour un ‘‘pourboire’’ de seulement 290.000 euros. Quatre d’entre eux ont étés nommés par le PS et le SP.a ! J’ai aussi accentué que la gauche est plus forte dans les pays où il y a plusieurs formations de gauche – les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Grèce,… – que là où une seule formation a le monopole. A l’occasion de l’appel de Daniel Piron, j’ai à nouveau proposé au PTB de renforcer sa campagne avec le PSL et toute la gauche en vue des élections de mai 2014.
Ivo Flachet a confirmé au nom du PTB la réponse que nous avions déjà reçue au téléphone de Jan Hasaers, le responsable du PTB pour ces élections: le PTB ne désire pas collaborer avec le PSL et n’en a pas besoin. Nous espérons que cette position sera revue. Un front ouvert, pluraliste et unitaire autour d’un programme d’urgence offensif tel que le propose la FGTB Charleroi & Sud- Hainaut reste nécessaire avant, mais surtout après les élections afin de riposter contre l’attaque antisociale qui suivra ces élections.
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Le député européen Paul Murphy en campagne pour conserver son siège pour la gauche
Mais l’approche sectaire du SWP menace ses chances
Le Socialist Workers Party (SWP) a confirmé qu’un de ses membres, le conseiller Brid Smith, sera candidat pour la People Before Profit Alliance (PBPA) aux élections européennes de mai prochain pour la circonscription de Dublin. Quand cette nouvelle est apparue il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, elle a semé confusion et désarroi.
Socialist Party (CIO-Irlande)
Cette décision est irresponsable et devrait être annulée. Cela représente un coup porté à la lutte visant à construire une véritable alternative socialiste et de gauche en diminuant les chances de Paul Murphy de conserver son siège au Parlement européen. Si elle n’est pas annulée, cette décision constituera un grossier exemple de sectarisme politique.
Les formations de gauche ont bien sûr le droit de concourir aux élections qu’elles désirent, ce n’est pas là le problème. Il est aussi de leur responsabilité de juger s’il convient d’exercer ce droit en fonction du contexte politique et d’évaluer les conséquences de leur décision.
Paul Murphy, candidat aux élections de mai prochain, dispose déjà d’un siège au Parlement. Au cours des deux ans et demi où il a occupé ce poste, il a toujours utilisé avec justesse sa position et la plate-forme qu’elle représente pour défendre de nombreuses revendications au bénéfice de la classe des travailleurs et du mouvement socialiste, en Irlande et dans le monde. Il est crucial que Paul soit élu en mai mais, pour cela, il a besoin de tout le soutien possible, car le scrutin sera très serré.
Il est vrai que la confiance envers le gouvernement a baissé de manière significative, mais la complexification et la fragmentation de la scène politique sont elles aussi indéniables. Les sensibilités politiques de la classe des travailleurs ont été mises à mal par les trahisons répétées des responsables syndicaux et par l’imposition de la Property Tax. Il existe un potentiel pour la création de nouvelles forces de droite, on en parle d’ailleurs ouvertement. De nouvelles formes de populisme ont également émergé, ce qui reflète partiellement l’espoir des gens qu’il existe une porte de sortie plus facile que les changements fondamentaux et nécessaires pour lesquels militent le Socialist Party et d’autres à gauche.
Il n’y a que trois sièges dans la circonscription européenne de Dublin. En plus des partis de l’establishment et du Sinn Fein, il est probable que de nouvelles forces dont l’impact pourrait être significatif émergent dans les mois à venir. Pour les élections européennes, avec leur foule déstabilisante de candidats, nous devrons convaincre les gens à la recherche d’une alternative qu’il est nécessaire de voter pour un candidat de gauche sérieux qui a de véritables chances de remporter un siège. Autrement, on court le véritable danger que la classe des travailleurs s’abstienne simplement de voter. Dans ce contexte, il est crucial qu’un candidat de gauche se présente à Dublin.
Les derniers sondages d’opinion à l’échelle de l’Irlande créditent le Fine Gael de 26%, le Fianna Fail de 22% et le Sinn Fein de 23%. A Dublin, le Fine Gael obtient 17% et le Sinn Fein 21%. Il est très probable que le Sinn Fein enregistre des gains considérables aux élections locales de l’an prochain, le parti pourrait même récupérer un député européen à Dublin. Les similarités présentes dans le noyau politique du Fine Gael et du Fianna Fail garantissent presque qu’entre eux et d’autres candidats de droite, ils auront assez de voix pour gagner un siège. Malgré la colère ambiante, on ne peut éclipser la possibilité que des partis ou des candidats de droite puissent obtenir deux sièges, au vu de la nature volatile de la période actuelle et de la confusion qui règne. Dans ces conditions, les bénéfices d’avoir un candidat socialiste et/ou de gauche devraient être clairs pour tous.
Toute tentative de justifier qu’un candidat de la People Before Profit Alliance se présente sur le constat que la ‘‘vraie gauche’’ a besoin de plus d’ambition et doit viser deux sièges sur trois reflète soit un jugement politique incroyablement faussé, soit une infinie naïveté. Il faudrait pour cela obtenir près de 50% des premiers votes préférentiels et de nombreux transferts de voix (le système électoral irlandais permet d’émettre deux choix de vote, un vote préférentiel et un vote de report de voix, NDT).
Les élections s’annoncent comme une bataille sans répit entre de nombreuses forces et de nombreux candidats, probablement pour un siège, et l’intervention de la PBPA pourrait miner les chances de Paul Murphy de conserver ce siège.
Le problème n’est pas que différentes formations de gauche ne peuvent pas se présenter dans la même circonscription. Un système de représentation proportionnelle par vote unique transférable pourrait faciliter cela. Mais il faut évaluer chaque situation dans ce qui fait sa spécificité, et mesurer les différents facteurs en jeu ; historique récent, parcours politique des candidats, base de soutien, perspectives,… le principe de base à prendre en considération est qu’aucune formation de devrait agir en risquant de causer du tort à la lutte et au mouvement ouvrier.
Fausses comparaisons
Il n’y a pas lieu d’employer de fausses comparaisons pour troubler la situation, comme le fait que le Socialist Party ait présenté un candidat dans la même circonscription (Dublin Mid West) qu’un élu conseiller de la PBPA aux élections générales de 2011, ou encore que Joe Higgins se soit présenté à Dublin West en 1992 face à Tomas Mac Giolla du Workers Party.
A Dublin Mid West, il était clair qu’aucun candidat n’avait la moindre chance d’être élu, il n’était donc pas question de perdre un siège potentiel au Dàil (parlement irlandais). En 1992, Tomas Mac Giolla a perdu son siège parce que le Workers Party était en plein processus d’implosion et qu’il avait perdu 6000 voix depuis les élections générales de 1989, et non pas parce que Joe Higgins en avait obtenu 1400.
Il est faux de penser que, pour les élections de mai, peu importe qu’il y ait deux candidats de gauche en cas de transfert de votes, car les partis ont de moins en moins de contrôle sur ces transferts.
Lors de la campagne pour les élections européennes de 2009, le fait que Joe Higgins ait été le seul candidat de gauche a représenté un facteur très important pour son accès au siège face au Sinn Fein et au candidat principal du Fianna Fail. De nombreux facteurs sont entrés en jeu, mais le plus important a été le parcours politique de Joe et du Socialist Party. L’idée de voter pour Joe, considéré comme un combattant dans le contexte d’un effondrement de l’économie qu’il avait prédit alors qu’il était encore au Dàil, a été massivement saisie. Il est peu probable qu’un autre candidat de gauche ait pu autant profiter de l’atmosphère d’alors.
Alors que la campagne de Joe était en cours, le bruit courait que Richard Boyd Barrett de la PBPA allait lui aussi annoncer sa candidature aux élections européennes de 2009. Il est clair que s’il avait concouru, il aurait miné le momentum qui a porté Joe Higgins.
Momentum
Le momentum est un facteur clé lors des élections. Le premier sondage d’opinion au début de la campagne électorale en 2009 créditait Joe de 5% des voix. Un résultat correct, mais bien inférieur à celui espéré, et Joe se trouvait à égalité avec de nombreux candidats. Fine Gael, Fianna Fail et Sinn Fein avaient une avance confortable.
Un second sondage a eu lieu à peu près une semaine avant les élections, qui indiquait que Joe avait émergé du lot. Ce sondage a été crucial, autrement, les gens, malgré leur soutien, auraient pu penser que voter pour Joe n’aurait fait aucune différence car il n’aurait eu aucune chance d’être élu.
Le second sondage créditait Joe de 7%. Son score avait progressé, mais surtout, celui d’autres candidats avait régressé. Les élections une semaine plus tard, où Joe a obtenu 12,5%, ont indiqué que, du second sondage jusqu’à la fin, le momentum s’était bel et bien développé, le second sondage ayant été un facteur clé. En termes de votes préférentiels, Joe était derrière le Fine Gael et le Fianna Fail (les deux candidats confondus), mais il a émergé et s’est emparé du troisième siège grâce à des transferts de voix. Il était vital que Joe dépasse le nombre de votes préférentiels de Mary Lou MacDonald. Si Richard Boyd Barrett avait concouru, il aurait probablement pris quelques points de pourcentage à Joe dans les sondages, et cela aurait sans doute mis en péril le cours et l’issue de la campagne. Le résultat aurait été une perte sèche pour la gauche et les socialistes. Ce même danger nous guette encore une fois.
Au cours de la campagne à venir, qui verra surement fleurir des candidats disposant d’un certain soutien, il est important que Paul Murphy soit clairement identifié comme le candidat de la gauche afin de concentrer l’attention et de mettre toutes les chances de son côté pour faire jouer le momentum.
Transferts de votes
Les transferts seront cruciaux lors de ces élections. Mais afin de bénéficier de transferts, il faut sortir du lot, autrement, l’élimination guette. Il est très important que Paul obtienne un aussi grand vote préférentiel que possible.
Dire que chaque vote que Brid Smith arrache à Paul lui reviendra de toute façon dans le cas où Brid serait éliminé n’est que pure spéculation. Cela ne prend absolument pas en compte la façon dont les gens votent. Entre candidats d’un même parti, on peut s’attendre à un transfert de voix à hauteur de 50%. Mais lorsque l’on est confronté à la masse des électeurs, un soutien de masse est nécessaire pour gagner des sièges aux élections européennes, les gens n’ont pas tendance à voter selon une ligne stricte, à gauche ou à droite jusqu’au bout.
Nombre de gens choisiront de voter pour leur candidat préféré, et ensuite leurs votes préférentiels pourront être aléatoires, ils pourront très bien décider de choisir le candidat le moins menaçant, ou de voter pour d’autres raisons de ce genre. Il ne fait aucun doute qu’un soutien potentiel et significatif puisse être perdu à l’issue des transferts. Il existe de nombreux exemples de Fianna Fail, des travaillistes, et d’autres partis qui ont reçu un premier vote préférentiel qui aurait dû leur garantir un élu, mais sans succès car le vote n’a pas été transféré parmi leurs candidats.
C’est arrivé lors des élections européennes de Dublin en 2009 quand le Fianna Fail a obtenu 18,3% et a fini troisième parti, mais comme leurs votes ont été éparpillés et que leur taux de transfert n’était que de 50%, ils ont perdu le siège. Alors que s’ils n’avaient présenté qu’un candidat, les votes auraient été condensés dans ce candidat et il aurait probablement été élu. Dans la même ligne d’idée, non seulement un second candidat risquerait de diviser le premier vote préférentiel, mais en plus il risquerait de dissiper et de fragmenter les votes de la gauche en faisant entrer le système de transfert en jeu.
Le parcours de Paul
Certains ont également émis l’argument que Brid Smith serait un candidat plus ‘‘crédible’’ que Paul Murphy. Bien que son poste de conseiller au conseil municipal de Dublin valorise Brid Smith, cet argument lui-même manque de crédibilité. Paul Murphy est député européen, et il ne fait aucun doute qu’en tant que tel, il est infiniment plus qualifié. Il est de plus reconnu comme un candidat fort, et le mieux équipé pour lutter contre l’establishment capitaliste.
En Irlande, il a utilisé sa position pour soutenir un grand nombre de campagnes comme Shell to Sea ou la campagne contre les taxes immobilières, et d’autres luttes des travailleurs. Il a été à l’initiative d’une lettre signée par 50 députés pour exiger la légalisation de l’avortement après la mort de Savita Halappanavar, ce qui a contribué à augmenter le niveau de conscience sur le sujet dans le monde et à mettre le gouvernement sous pression. Il a lancé ScamBridge.ie, un site qui a aidé à développer le mouvement d’opposition à JobBridge (un projet gouvernemental antisocial).
Paul a joué un rôle majeur dans la campagne contre le traité d’austérité et a été décrit comme ‘‘probablement le candidat le plus engagé du côté du Non’’ par Deaglan De Breaun de l’Irish Times, à l’occasion du référendum tenu en Irlande à ce sujet. Paul a constamment utilisé sa position de député pour s’opposer à l’oppression et se battre pour les droits des travailleurs en Irlande et dans le monde.
Un farouche opposant de l’oppression internationale
Paul a également été très actif dans les luttes et les problèmes vitaux du monde entier. Il a dénoncé l’oppression des Palestiniens, a constamment soulevé ce problème au Parlement et a participé à la ‘‘Flottille de la Liberté’’ en 2011, ce qui lui a valu d’être incarcéré pendant une semaine dans une prison israélienne. Il a joué un rôle admirable dans le soutien aux travailleurs du pétrole au Kazakhstan en lutte contre un régime dictatorial, ce qui a conduit le Kazakhstan à le déclarer ‘‘persona non grata’’ et à refuser tout futur visa. Il s’est aussi vu refuser à de nombreuses reprises l’entrée au Sri Lanka pour son travail au sein et en dehors du Parlement contre l’oppression de la communauté tamoule et le massacre de 40.000 d’entre eux perpétré par le gouvernement du Sri Lanka.
En Europe, il a utilisé sa position pour soutenir et renforcer la lutte contre l’austérité. Il a visité à plusieurs reprises des pays, dont la Grèce, l’Italie et le Portugal, et a parcouru le continent pour soutenir des campagnes et des travailleurs en grève ainsi que pour appeler à la construction d’une action commune européenne contre l’austérité.
Le Socialist Party a joué un rôle important en aidant des travailleurs, des militants de gauche et des organisations à s’allier et à développer une riposte contre l’austérité à travers de la Campagne Contre les Taxes sur les Ménages et sur l’Eau (CAHWT). Nous avons aussi espérer que l’ULA (United Left Alliance) pourrait constituer un important pas en avant dans la réorganisation politique de la classe ouvrière.
L’absence d’un nombre significatif de nouvelles personnes prêtes à s’impliquer sérieusement dans ces initiatives a été un important facteur de leur déliquescence. De plus, le changement de tactique vers une imposition directe sur le revenu (au lieu d’une taxte à payer) combiné au manque de confiance des gens a constitué de la base de l’imposition de la campagne contre la Property Tax (une taxe immobilière). Nous avons toujours su que, sans sang neuf, l’ULA n’aurait pas pu aller de l’avant. Son échec à devenir une alliance socialiste ou de gauche crédible l’année dernière a été assuré par des associations aux actions néfastes et à diverses erreurs. Cependant, le Socialist Party est déterminé à poursuivre le travail avec d’autres pour construire un nouveau parti de masse pour la classe ouvrière, et nous espérons que l’Alliance Anti Austérité, ouverte à tous ceux qui veulent s’y impliquer, et qui participera aux élections locales l’année prochaine, contribuera à ce but.
Nous avons aussi pour principe de populariser une alternative de classe, socialiste et de gauche même lorsque les conditions sont difficiles, comme lorsque nous avons pris position pour l’abolition de l’institution antidémocratique et élitiste qu’est le Seanad, tout en condamnant le gouvernement et l’austérité.
Concernant la bataille dans la circonscription européenne de Dublin, la question principale pour la gauche, c’est de savoir si Paul gardera son siège, et ce que l’on doit faire pour ça. Ce sera une bataille, mais nous pouvons la gagner. Envisager comme le fait le SWP que la gauche puisse obtenir deux sièges n’est qu’une tentative d’enjoliver la réalité ou de camoufler une attitude profondément sectaire, qui sera néfaste à la lutte et pourrait avoir comme conséquence de donner à la droite un siège qui appartient à la gauche.
Une faute majeure
Cet article a dû entrer dans quelques détails pour répondre aux fausses justifications qu’utilisera la PBPA pour justifier la présence de son candidat. Nous demandons aux membres du Socialist Workers Party et à la PBPA de rediscuter et de reconsidérer urgemment ce sujet avant qu’ils ne commettent une erreur irréparable.
Mais quoi qu’ils décident, nous savons que la candidature de Paul pourra compter sur un soutien actif lors des mois qui suivent et lors des élections elles-mêmes, de la part de ceux qui reconnaissent le rôle important qu’il joue et continuera à jouer à l’avenir, et qui comprennent la nécessité d’une force socialiste combative qui mène à de véritables avancées pour la classe ouvrière.
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Le PS de Magnette accusé d’être de gauche… On aura tout vu !
La rentrée politique s’est bien passée, merci pour elle ! Tout était bien dans l’ordre, chaque parti traditionnel jouant bien son rôle. C’était musculation & Cie, aucun des partis traditionnels n’ayant intérêt à dire que tous font et vont continuer à faire la même politique. En bons comédiens, ils s’activent l’un contre l’autre sur scène pendant que, une nouvelle fois, les travailleurs et leurs familles n’ont qu’à regarder. Et payer, parce qu’en coulisse, soyez-en sûrs, tous sont unis pour faire quand même payer quelqu’un ; et ce ne sera pas la bourgeoisie.
Par Stéphane Delcros, édito de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Niveau médiatique, le Mouvement Réformateur n’a pas loupé sa rentrée. Après avoir parlé de ‘‘berlusconisation de la Wallonie’’ concernant le Parti Socialiste et le dossier du rachat des Éditions de L’Avenir par Tecteo début septembre, Charles Michel lançait quelques jours plus tard un ‘‘Anne Demelenne, sors de ce corps !’’ à Paul Magnette qui défendrait des ‘‘idées bolchéviques’’. Pauvre MR qui, malgré sa volonté, ne réussit pas à se faire passer pour le ‘parti principal de la bourgeoisie’, rôle qui a été réquisitionné par le PS pour son propre compte. Alors à défaut de pouvoir réellement se distancer du PS au niveau programmatique, le MR se voit depuis longtemps obligé de lancer de grandes ‘phrases chocs’ qui ne pèsent pas lourd mais peuvent frapper beaucoup d’esprits. Bon, passons le dossier Tecteo : l’opacité et le manque de démocratie dont le PS fait preuve ne sont plus à démontrer. Le MR, d’ailleurs, fait rarement mieux. Le summum des manœuvres rhétoriques du chef de la droite francophone officielle réside évidemment dans la tentative d’assimilation de la secrétaire générale de la FGTB, Demelenne, à un élément de la gauche radicale dont Magnette s’inspirerait. C’est bien sûr ne rien comprendre aux dynamiques des rapports de force et des pressions exercées par la base syndicale sur les dirigeants syndicaux. Et, dans le cas présent, c’est même consciemment les nier.
Ce type de déclarations est bien sûr dans l’intérêt des deux parties : elles permettent au MR de rappeler qu’il est bien de droite et de continuer à essayer de faire croire que le PS est de gauche. Il tente ainsi de pérenniser un soi-disant affrontement gauche-droite et espère que les gens y croiront, malgré l’évidence de plus en plus forte que le PS ne joue plus un rôle progressiste depuis longtemps.
Ce n’est pas autre chose qui est mis en avant au niveau national, avec la N-VA cette fois. C’est dans l’intérêt des deux parties que la N-VA représente ‘la Flandre de droite’ et le PS ‘la Wallonie, la gauche et les syndicats’. Rien de tel que de tenter de rassembler ses troupes face à ‘l’ennemi ultime’. D’autant qu’à la N-VA, on commence à comprendre qu’il ne suffit pas seulement d’être anti-establishment pour attirer des électeurs.
Tout cela plaît évidemment du côté du PS. Tant d’énergie dépensée – et surtout par les autres! – pour faire oublier qu’il mène des politiques néolibérales avec le gouvernement fédéral depuis 1988, pour continuer à faire croire qu’il est de gauche, et est le relais syndical par excellence. Voilà qui plaira évidemment à Magnette qui se voit de plus en plus mis sous pression notamment par les scores plus élevés du PTB dans les sondages. Et ils ont raison de s’inquiéter car, comme l’appel de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut le démontre, la possibilité d’un premier pas vers un nouveau pôle de gauche, qui pourrait devenir majeur, est en train d’être discutée.
Car à la base des syndicats, ça grogne depuis un bout de temps. Une base qui est, de loin, bien plus à gauche que Demelenne, par ailleurs membre du PS, et dont beaucoup de militants syndicaux ont souvent le sentiment qu’elle est plus occupée à essayer de trouver un moyen d’adoucir la résistance syndicale là où ils voudraient surtout essayer de garantir les acquis sociaux.
Beaucoup de travailleurs savent que l’on devra passer par un affrontement gauche-droite, mais un vrai, avec un réel instrument politique dans leurs mains. Donc un instrument autre que ces partis – PS, SP.A, CD&V,… – qui se servent du lien privilégié historique avec le syndicat pour étouffer toute contestation et continuer ainsi la politique d’austérité au profit de la bourgeoisie.
Le processus lancé à Charleroi et la brochure qui le prolonge peuvent être un premier pas vers la reconstruction d’un relais politique pour notre classe, orpheline d’un tel outil dans et autour duquel organiser les luttes. Des dizaines de milliers de jeunes, de travailleurs, de chômeurs et de pensionnés n’attendent que ça, et des centaines de milliers d’autres attendent de voir avant de s’enthousiasmer.
Depuis longtemps le PS n’est plus de gauche. Le processus est irréversible. Et depuis longtemps, la classe des travailleurs a besoin d’un nouvel outil politique, large et accessible à tous ceux qui veulent lutter, avec lequel elle pourrait se défendre, résister, et même passer à l’attaque contre un système économique qui, lui aussi, est irréversible.
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Une belle mise en scène pour la campagne électorale la plus longue de notre histoire
Budget(s), statut unique, monarchie,…
Cet été, alors que beaucoup d’entre nous jouissaient de vacances bien méritées, les divers gouvernements du pays n’ont pas été inactifs. Nous avons été témoins d’une mise en scène remarquable – orchestrée par les partis traditionnels avec l’aide des médias dominants – pour lancer dans les meilleures circonstances la campagne électorale la plus longue de notre histoire.
Par Anja Deschoemacker, article issu de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Le calme avant les élections
Pour la fin septembre, les budgets de tous les niveaux de pouvoir (fédéral, régions et communautés, communes) devaient être présentés pour pousser le déficit budgétaire du pays sous les exigences européennes (un déficit maximal de 2,15% concernant la Belgique). L’ampleur de cette nouvelle opération d’austérité (à nouveau plus de 4 milliards d’euros) passera toutefois inaperçue à la plupart des gens. Il est vrai que les coupes budgétaires, par définition, ne font sentir leurs effets qu’après coup, mais l’effet d’annonce suffit déjà généralement à gonfler le mécontentement et à entraîner une lutte. Cet automne, par contre, les partis traditionnels sont parvenus à faire disparaître cet effet d’annonce : pour le gouvernement fédéral – celui dont il est le plus question – on ne parlera ‘‘que’’ de 200 millions d’euros, puisque 2,4 milliards d’euros d’assainissements divers ont déjà été décidés cet été.
La Région Wallonne et la Communauté Française (la Fédération Wallonie-Bruxelles) ont elles aussi suivi l’exemple et la moitié des efforts prévus pour 2014 ont été réalisés, soit 300 millions d’euros de restrictions budgétaires. De plus, un nouveau roi est arrivé sur le trône et les médias ont fait leur boulot pour assurer la popularité de Philippe et Mathilde. Mais plus encore, le calme de l’été a été utilisé pour décider de l’unification des statuts ouvrier et employé, une décision unilatéralement favorable au patronat tandis que des centaines de milliers d’employés et d’ouvriers se sont retrouvés les dindons de la farce. Le gouvernement et le patronat n’auraient toutefois pas réussi pareil tour de passe-passe sans l’attitude des sommets syndicaux qui ont laissé faire sans organiser la résistance.
Quid de la N-VA?
L’argument-massue justifiant tout cela est simple à comprendre : éviter que les prochaines élections ne conduisent au chaos et à l’impasse. En d’autres termes, il faut éviter de répéter le scénario de 2010. Les médias les plus sérieux et tous les partis traditionnels affirment clairement que l’enjeu des élections de 2014 est de réussir à bloquer la N-VA, cette dernière ayant une fois de plus confirmé qu’il lui était impossible de rentrer dans un gouvernement fédéral sans confédéralisme. Comme le confédéralisme à la sauce N-VA (avec scission de la sécurité sociale et en rompant toute forme de solidarité entre les deux côtés de la frontière linguistique) est inacceptable pour les partis francophones et puisqu’aucun autre parti flamand ne rejoint la N-VA sur ce point, ce scénario est quasiment exclu.
Les médias, y compris et surtout en Flandre, ont tiré à boulets rouges tout l’été durant sur les frasques des mandataires locaux de la N-VA (un conseiller communal de Dilbeek qui a baissé son pantalon en pleine cérémonie de remise des prix pour ‘‘une blague’’, la ville de Turnhout plongée dans la crise politique ingérable suite à une dissidence de la N-VA, la décision prise à Sint-Niklaas de tout de même privatiser le ramassage des déchets bien qu’une large majorité des habitants se soient prononcés contre par référendum ou encore les tentatives de la NVA-Anvers d’imposer une taxe inconstitutionnelle aux étrangers). Des dissensions internes ont été révélées au sujet de la grogne qui vit contre les sorties de figures de premier plan de la N-VA comme Geert Bourgeois (qui s’est présenté dans la presse en tant que candidat ministre-président flamand) et, surtout, Siegfried Bracke (qui a parlé d’un possible gouvernement fédéral sans confédéralisme, parce que le socio-économique – une austérité plus brutale – est plus important).
Notre voix n’est pas prise en compte
Le ton est donné. Avec de bons outils politiques à sa disposition, la classe des travailleurs ne devrait pas se laisser ainsi mener par le bout du nez par les médias bourgeois et les partis traditionnels. Il lui faut son propre parti, un instrument politique défendant bec et ongles les intérêts de la majorité de la population contre cette idée d’un prétendu “intérêt général” belge. Dans une société capitaliste, ‘‘l’intérêt général’’ se réduit systématiquement à l’intérêt des capitalistes. Les travailleurs ont aussi besoin de syndicats démocratiques avec une direction libre de tout lien avec ces partis bourgeois et bourgeoisifiés. De cette manière, la classe ouvrière organisée pourrait contrer les attaques passées et à venir. La force du nombre est présente pour y parvenir, de même que le degré d’organisation. Mais il n’y a pas de parti des travailleurs et la direction des syndicats est étroitement liée aux partis (surtout le PS mais aussi le CD&V) qui sont centraux dans l’élaboration et l’application du programme de la bourgeoisie.
Qu’un nouveau parti tombe du ciel avant 2014, en parallèle avec une réorganisation des syndicats en instruments de lutte démocratiquement gérés et contrôlés par la base, est très improbable. Mais il n’existe pas d’autre raccourci. Sans cela, nous sommes condamnés à nous battre les mains liées dans le dos. C’est pour ça que les syndicalistes combatifs (FGTB et CSC), les jeunes qui veulent se battre pour un changement de système, les militants de divers mouvements sociaux,… doivent, au cours de cette longue campagne électorale, se concentrer sur la diffusion et la construction de l’appel de la FGTB de Charleroi, rejoint par la CNE, pour la construction d’une nouvelle formation politique de gauche (voir en page 4). C’est, de très loin, le développement syndical le plus important de ces dernières décennies, une opportunité monumentale pour la classe des travailleurs de pouvoir enfin – après avoir perdu ses propres partis à cause de la bourgeoisification du SP.A et du PS – avancer vers un nouveau parti des travailleurs. Un tel parti serait à même de dénoncer la meilleure des mises en scène ainsi que les mensonges les plus sournois des partis bourgeois. Un tel parti impliquerait les travailleurs et leurs familles dans la lutte pour éviter que nos conditions de vie en reviennent à la situation d’avant-guerre. Un tel parti assurerait que des patrons comme Mittal ne soient pas vainqueurs à l’avance. Un tel parti assurerait que les travailleurs ne doivent pas choisir entre la peste et le choléra, entre la stratégie de la NVA et celle des partis traditionnels.
Comme vous pouvez le lire ailleurs dans ce journal, les militants du PSL vont se concentrer sur cette tâche dans les mois à venir : la diffusion et la construction de l’initiative de la FGTB de Charleroi.
Si cette initiative ne parvient pas à livrer une liste de gauche unitaire pour les élections de 2014, nos militants feront tout leur possible là où nous sommes présents pour renforcer cet appel à l’unité de la gauche, même si cela doit signifier de ne pas nous-mêmes déposer de candidats. Informez-vous sur l’initiative de Charleroi et participez-y !
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Une brochure pour clarifier et pousser en avant l'appel de la FGTB de Charleroi !
Près de 10.000 brochures ont été produites par la FGTB de Charleroi à la mi-septembre et on parle déjà d’une possible réédition. Une version en néerlandais est également disponible et il se discute la possibilité de traduire dans d’autres langues comme par exemple l’italien. Le sujet? Ce fameux appel de la régionale FGTB de Charleroi pour construire une alternative de gauche contre la crise capitaliste.
Par Ben (Charleroi)
Photo ci-contre : Journée du 27 avril 2013 dernier autour de l’appel de la FGTB de Charleroi
L’idée de la brochure est évidemment de clarifier la position de la FGTB carolo, mais ce sera surtout un outil pour la diffuser le plus largement possible en permettant à chaque délégué ou militant syndical – de Charleroi ou d’ailleurs – de mener le débat dans sa délégation et plus largement avec l’ensemble de ses collègues.
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Comment se procurer la brochure ?
En téléphonant à la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. Ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail à info@socialisme.be. Dépêchez-vous, elle partent très vite !
Vous pouvez la trouver ici en format PDF
Comment travailler avec elle ?
En en discutant avec vos collègues, en proposant que la brochure soit discutée en réunion syndicale, en assemblée interprofessionnelle ou en comité exécutif et, par exemple, en invitant un orateur de la FGTB de Charleroi.
[/box]La brochure s’intitule ”8 questions en relation avec l’appel du premier mai 2012 de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut’‘. Lors de sa présentation en assemblée interprofessionnelle, un délégué est monté à la tribune pour dire que le ”8” de la première page lui faisait penser aux affiches de la campagne pour la journée des 8 heures au début du siècle dernier. ”Si on ne fait rien, a-t-il également dit, c’est à ça qu’on va arriver, à un retour en arrière de 100 ans, à la perte de tous les acquis que les travailleurs ont gagné par leur lutte.”
C’est en partant du même constat que Carlo Briscolini, Président de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut, introduit la brochure. ”Nous continuons à payer, depuis 1974, les conséquences de ces crises successives dont nous ne sommes pas responsables. Nous devons réagir de toutes nos forces contre ce système capitaliste qui nous entraîne progressivement, mais sûrement, vers la misère. A Charleroi, nous voulons lutter pour un nouveau projet de société. (…) Rien ne tombe du ciel, rien n’est toujours acquis définitivement et c’est dans le combat syndical que nous avons obtenu nos plus grandes victoires. (…) Pour changer les rapports de force face au patronat et à la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelles force politique à gauche digne de ce nom.” Et il conclut en disant qu’au ”travers de cette brochure informative et explicative de notre démarche, nous souhaitons lancer un large débat démocratique au sein des structures de la FGTB, mais aussi en dehors avec toutes les forces progressistes qui voudraient nous rejoindre.”
Après la brève introduction de Carlo, la brochure réédite la déclaration de principes de la FGTB afin de rappeler à chaque militant les fondements de la FGTB, dont son premier point: ”Émanation directe des forces laborieuses organisées, la FGTB proclame que l’idéal syndicaliste, visant à la constitution d’une société sans classe et à la disparition du salariat, s’accomplira par une transformation totale de la société.”
Elle continue par un extrait du rapport au Congrès d’orientation politique du 4 mai 2010 où la FGTB a décidé de reconsidérer le lien privilégié qu’elle avait avec le PS et, accessoirement, Ecolo. Suit alors le discours du 1er mai 2012 dans son intégralité, ainsi qu’une motion de l’exécutif du 22 mai 2013. Enfin, les 8 questions/réponses clôturent la brochure.
La première question posée est de savoir si le syndicat peut s’occuper de politique, et la FGTB de Charleroi de répondre ”Oui. Non seulement il le peut, mais il le doit. Notre FGTB défend un projet de société sans classes. (…) Sa réalisation implique l’abolition de ce système et son remplacement par un autre, socialiste et démocratique.”
Face à l’impasse de la stratégie de l’aiguillon sur les partis traditionnels, nous avons besoin d’une nouvelle stratégie politique : ”Nous avons évidemment besoin en premier lieu d’un syndicalisme plus combatif et démocratique. (…) Mais cela ne suffit pas. (…) Pour changer les rapports de forces face au patronat et à la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une force politique nouvelle, anticapitaliste, à gauche du PS et d’Ecolo. Aider à l’émergence et au développement de cette force pour qu’elle devienne la plus large possible, voilà la stratégie politique que nous proposons à la place de celle de l’aiguillon.’‘
Une autre question posée est de savoir si la FGTB veut créer un nouveau parti politique : ”Nous proposons que la FGTB favorise activement l’apparition d’une nouvelle force anticapitaliste sur le champ politique et électoral. Ce n’est pas la même chose. Nous voulons mettre notre poids dans la balance pour rassembler celles et ceux qui aspirent à une alternative anticapitaliste. Nous les mettons devant leurs responsabilités de créer une force aussi fidèle aux intérêts du monde du travail que les forces existantes sont fidèles aux intérêts des patrons.”
Un nouveau relais politique de la FGTB ?
”Non, nous voulons que se forme un nouveau relais politique du monde du travail dans son ensemble. C’est évidemment au sein de notre organisation, la FGTB, que nous menons le débat. Nous ne nous immiscerons pas dans le fonctionnement d’autres organisations syndicales. Mais la FGTB n’est pas la seule à être confrontée à l’impasse de la stratégie politique de l’aiguillon. La CSC est dans la même situation. C’est pourquoi, dans le fond, notre appel à une autre stratégie ne concerne pas que la FGTB. Le fait que la CNE a voulu s’associer à notre démarche est très important. Cela montre que notre stratégie, loin d’être une source de division, peut contribuer au contraire à dépasser certaines divisions historiques du monde du travail.”
Le texte continue sur cette idée, qui s’applique par ailleurs également très bien à la question du travail unitaire des formations de la gauche radicale ; ”Nous devons être conscients de la chance qui s’ouvre ainsi et, sans abandonner notre identité, mais dans le respect des différences, favoriser la convergence autour d’un projet politique commun. Nous devons bien voir que cette possibilité de convergence trouve son origine fondamentale dans l’extrême gravité des menaces qui pèsent sur le monde du travail.”
Petit rappel
Depuis plusieurs décennies de participation ”socialiste” (on parle bien entendu du PS) à différents niveaux de pouvoir, la colère s’est accumulée dans les rangs syndicaux. Entre la réforme de l’enseignement, le plan global, le pacte des générations, le contrôle de la disponibilité des chômeurs, jusqu’aux mesures du budget 2012, il a été chaque fois plus clair que la stratégie du ”moindre mal” menait tout droit dans le mur.
Comme Daniel Piron l’expliquait lors de la conférence de presse de présentation de la brochure, on peut dire qu’entre 2002 et 2010, il était déjà clair que l’action commune ne fonctionnait plus. C’est ce qui explique que lors du Congrès d’orientation politique du 4 mai 2010 ”la FGTB a décidé de reconsidérer le lien privilégié qu’elle avait avec le PS et accessoirement avec Ecolo et d’engager des rapports suivis avec tous les partis démocratiques de gauche.”
Fin 2011, L’arrivée d’un premier ministre PS a coïncidé avec le pire budget d’austérité que la Belgique ait connu depuis longtemps. Cela a mené a la grève générale du 30 janvier 2012 et lors de l’évaluation qui en a été faite en assemblée interprofessionnelle à Charleroi, de nombreux délégués on déclaré que ”Le PS nous a trahi une fois de plus, une fois de trop.”
C’est ce long processus qui va nous amener au discours du 1er mai 2012 de la FGTB Charleroi, discours dans lequel il est clairement dit que la politique du moindre mal ne passe plus et que c’est pourquoi les instances de la FGTB de Charleroi appellent a un rassemblement a gauche du PS et d’Ecolo. Et comme l’a dit Daniel Piron dans cet appel, ”Je sais que cela ne sera pas chose facile, mais si chacun peut faire un pas vers l’autre, PTB, LCR, PSL, PC, gauche chrétienne peut-être, gauche du PS et d’Ecolo s’il en reste, sûrement, nous pourrons certainement, nous l’appelons de toutes nos forces, renouer avec l’espoir du monde du travail.”
Par après, la FGTB de Charleroi n’a pas voulu interférer avec les élections communales et ce n’est donc que début 2013 qu’un comité de soutien à l’appel s’est constitué avec l’ensemble des partis à gauche du PS et d’Ecolo. Les discussions ont conduit à l’organisation d’une grande journée de lutte et de débat le 27 avril 2013 à Charleroi. Près de 400 militants syndicaux et politiques y ont participé et ont émis le souhait que l’initiative montre qu’elle existe avant 2014. Une autre proposition y a été faite, l’écriture d’un programme anticapitaliste pour la FGTB.
Tout cela nous a amené au mois de septembre et a l’édition d’une première brochure expliquant la démarche de la FGTB de Charleroi, qui sera suivie d’une deuxième, base pour un programme anticapitaliste de la FGTB.
L’idée est de refaire une grande journée de débat et de discussion autour de l’appel et du programme anticapitaliste de la FGTB entre la fin de cette année et le début de l’année 2014. Mais cette fois-ci, en mobilisant plus largement et en y impliquant le plus de délégués et de militants possibles.
Ce débat interne est d’autant plus important qu’il y a un congrès de la FGTB en 2014.
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Présentation de la brochure intitulée: "8 questions en relation avec l'appel du premier mai 2012 de la FGTB Charleroi-Sud Hainaut"
Conférence de presse de la FGTB de Charleroi
Après la grève générale du 30 janvier 2012, de nombreux militants syndicaux ont dénoncé les liens existants entre la FGTB et un PS qui “trahit” les travailleurs en appliquant la politique d’austérité. Après divers débat dans le syndicat, la FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut avait lancé un appel lors du 1er mai 2012, à l’occasion du discours du secrétaire régional Daniel Piron. Cet appel invite à un rassemblement politique anticapitaliste à la gauche du PS et d’Ecolo. La brochure, produite en plusieurs milliers d’exemplaires, doit servir à diffuser largement cet appel.
Dans la presse:
- Lavenir.net : Les huit questions qui balisent la voie
- Lavenir.net : La FGTB Charleroi précise le sens de son appel du 1er mai 2012 et annonce un plan «anticapitaliste»
Rubrique de socialisme.be consacrée à la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs
Extrait de l’introduction de Carlo Briscolini :
“Lors de son congrès d’orientation du 4 mai 2010, la FGTB Charleroi-sud Hainaut a décidé de reconsidérer le lien privilégié avec le PS et d’engager des rapports suivis avec tous les partis démocratiques de gauche.
Nous avons besoin d’une nouvelle stratégie politique car, sans relais politiques forts à gauche, nous sommes condamnés au recul en permanence. Au mieux, nous limitons les dégâts mais sur le long terme, c’est le pire qui détruit toutes nos conquêtes. Pour changer les rapports de force face au patronat et à la droite, nous avons besoin d’une FGTB forte et d’une nouvelle force politique à gauche digne de ce nom.
Aider à l’émergence et au développement de cette force pour qu’elle devienne la plus large possible, voilà la stratégie politique que nous proposons à la place de celle du “moindre mal” (social-démocratie). C’est le sens de l’appel que nous avons lancé le 1 Mai 2012.
Nous voulons donc que se forme un nouveau relais politique fort à gauche pour un changement de cap des politiques menées ces dernières décennies.
Au travers de cette brochure informative et explicative de notre démarche, nous souhaitons lancer un large débat démocratique au sein des structures de la FGTB, mais aussi en dehors avec toutes les forces progressistes qui voudraient nous rejoindre.
Se taire ou se résigner, jamais.”
Vous pouvez vous procurer la Brochure en téléphonant à la FGTB de Charleroi au 071/64.12.62. ou en nous contactant au 02/345.61.81 ou via mail à info@socialisme.be. Dépêchez-vous, elle partent très vite !
Brochure au format PDF
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L’enjeu des élections du 25 mai 2014… et le défi à relever pour la gauche
Cela semble encore loin, mais dès l’automne, tout sera consacré aux élections si redoutées du 25 mai 2014. La bourgeoisie traditionnelle et leurs partis parviendront-ils à nouveau à nous vendre leur politique comme un mal nécessaire ? A moins que la petite bourgeoisie flamande impatiente et ses extrémistes communautaires ne leur mettent des bâtons dans les roues, au risque d’une nouvelle crise politique prolongée ? De leur côté, les dirigeants syndicaux parviendront-ils encore une fois à mobiliser leur base derrière le “moindre mal” ou le fossé existant entre des pans du mouvement ouvrier et les partis traditionnels se manifestera-t-il enfin au Parlement ?
Edito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste, par Eric Byl, membre du Bureau Exécutif du PSL
C’est avec satisfaction que la grande bourgeoisie belge peut regarder en arrière et considérer le choix tactique auquel elle a poussé il y a près de deux ans. Un gouvernement dirigé par le PS était en effet l’instrument le plus adéquat pour faire avaler au mouvement ouvrier le programme d’austérité le plus sombre de l’histoire du pays. En deux bonnes années, une demi-législature à peine, le gouvernement Di Rupo a mis en œuvre toute une batterie de réformes jugées nécessaires par la bourgeoisie. Nous allons maintenant travailler plus longtemps, la chasse à ce qu’à droite on qualifie de “profitariat social” (allocataires sociaux, chômeurs, malades chroniques, handicapés, réfugiés politiques et autres immigrés) est passée à la vitesse supérieure, les salaires sont gelés, la flexibilité accrue et la fonction publique étouffée. Pour la bourgeoisie, ce sont de bonnes nouvelles.
Parallèlement, les banques ont été soutenues avec les ressources de la collectivité, les spéculateurs de la dette publique ont eu leur attention provisoirement attirée ailleurs et les entreprises ont été irriguées de subventions et d’allègements fiscaux. De plus, le gouvernement a gracieusement pu ériger une réforme d’Etat et l’unification des statuts ouvrier et employé. Enfin, il a pu respecter avec un certain retard les normes budgétaires imposées par l’Europe. La résistance à la politique menée a fait face à une augmentation de la répression. Pétitions et gentilles “manifestations” doivent soutenir la façade démocratique, mais au- delà, méfiez-vous des Sanctions Administratives Communales (SAC). L’amnistie ou la réduction de peine ne sont que des privilèges pour les grands fraudeurs et autres criminels de haut vol, car là aussi il s’agit d’une société de classe.
Après cinq ans de la plus grande crise du capitalisme depuis la Grande Dépression des années ’30, plus rien n’est garanti. On peut toutefois supposer que le gouvernement va passer en mode électoral. Pour la N-VA, la casse sociale n’est pas assez dure. De Wever & Co vont tout faire pour augmenter la pression y compris, quand ils le peuvent, en utilisant systématiquement la rhétorique de “responsabilisation” des partis traditionnels : tu as des droits, mais aussi pas mal de devoirs. Après les élections, la casse sociale prendra fortement de l’ampleur ; avec la N-VA pour illustrer la force du changement, ou sans elle pour montrer que “le changement” peut s’en passer. La N-VA sera l’enjeu majeur des élections et qu’importe la manière dont cela se jouera, cela annonce de mauvaise nouvelles pour le mouvement ouvrier.
À moins toutefois que le mouvement des travailleurs ou certaines de ses sections ne commencent à infléchir cette tendance en forçant les portes des Parlements avec un ou plusieurs élus indépendants de la bourgeoisie. C’est ce à quoi la régionale de la FGTB Charleroi & Sud- Hainaut et la CNE, la centrale des employés de la CSC, ont ouvertement appelé avec sans aucun doute une large approbation de militants syndicaux de tout le pays. A Liège et Anvers, surtout, le PTB est bien placé pour ce faire. Comme d’innombrables autres militants, le PSL aimerait y contribuer, d’où notre appel pour des listes unitaires sous le nom de PTB-Unité.
Le PSL ne peut pas déterminer ce que pourrait faire le PTB de ses élus, mais nous avons quelques suggestions. Nous ferions de ces élus les porte-paroles de l’ensemble du mouvement, pas seulement de nos propres militants. Nous sommes également d’avis qu’il ne faut pas chercher à n’importe quel prix à formuler des revendications acceptables pour le Parlement, mais répondre aux besoins réels du mouvement, et aussi rester le plus loin possible de petits postes et des coalitions avec les partis de l’austérité. Enfin, nous souhaiterions les encourager à utiliser leur position afin de populariser un véritable programme socialiste démocratique car cela renforcerait le mouvement.