Tag: Union Soviétique

  • Capitalisme en crise : socialisme ou barbarie ! (1)

    Chaque jour, le capitalisme démontre l’ampleur de sa faillite : extrême pauvreté, guerres, famine, destruction de l’environnement,… Nous refusons ce constat, nous opposons résolument au capitalisme et luttons pour une société socialiste démocratique. Dans ce cadre, notre réflexion et nos actions sont basées sur le marxisme. Ce dossier vous présente nos critiques contre le capitalisme ainsi qu’un petit aperçu de ce qu’est notre vision du socialisme. Ce texte est largement basé sur le livre «Le socialisme au 21e siècle» de notre camarade britannique Hannah Sell.

    Qu’est-ce que le capitalisme?

    En 300 ans d’existence, le capitalisme a changé la face du monde à coups de voies ferrées, de lignes électriques, d’avions, d’ordinateurs,… Au cours du dernier siècle seulement, l’économie mondiale est devenue 17 fois plus grande !

    Cependant, malgré les capacités technologiques actuelles, malgré tout le potentiel aujourd’hui présent, 1,2 milliard de personnes n’ont aucun accès à l’eau potable, 841 millions de personnes sont sous-alimentées et jusqu’à 28 millions d’Africains sont infectés par le virus du SIDA. Alors que le capitalisme consacre des milliards d’euros au bombardement d’une population pauvre comme celle d’Afghanistan, au même moment, ce système n’a aucune solution pour la pauvreté, la faim ou les maladies. En fait, le capitalisme est même une menace pour l’avenir de la planète. L’avidité conduit à une production aveugle qui ne tient aucun compte de l’homme ou de l’environnement.

    Les forces productives ont amplement été développées, mais elles ne sont pas systématiquement utilisées. Seul compte le profit à court terme. De leur côté, les gouvernements et les politiciens traditionnels sont au service des intérêts du capital et c’est à cet objectif que l’appareil d’Etat ou le pouvoir judiciaire est utilisé. Le capitalisme est soi-disant un ‘‘marché libre’’ et une ‘‘démocratie’’ mais quelle participation démocratique avons-nous concernant la manière de produire ? Des milliards de personnes à travers le monde n’ont que la liberté d’être exploités ou de connaître la misère et la guerre.

    Qu’est-ce que le socialisme ?

    Une société socialiste assimilerait l’énorme potentiel des talents de chacun et de la technologie pour édifier une société et une économie au service des besoins de tous. Cela ne signifie pas que tous les problèmes seraient immédiatement résolus, loin de là, mais la suppression du profit marquerait le début de la construction d’une nouvelle société, ce qui n’est possible qu’à l’échelle internationale.

    Les marxistes sont en faveur d’une économie démocratiquement planifiée, une économie où les grandes entreprises qui dominent aujourd’hui plus de 80% de l’économie seraient mises sous le contrôle démocratique de la collectivité, ce que nous appelons le contrôle ouvrier. Cela ne signifie toutefois pas que tous les petits commerces, les boulangeries, les boucheries,… seraient nationalisés.

    Un régime socialiste nous permettrait d’avoir bien plus à dire que sous la ‘‘démocratie’’ parlementaire capitaliste, qui ne nous accorde que des élections fort médiatisées après quelques années, tout ça pour élire des représentants qui ne défendent pas nos intérêts et qui ne doivent en rien se justifier auprès de leurs électeurs. Pour les marxistes, tout le monde doit pouvoir participer au processus de prise de décision quant à la manière dont sont gérées l’économie et la société.

    Les élus devraient toujours avoir à se justifier et être révocables, à tous niveaux, par leurs électeurs. De plus, les représentants ne toucheraient que le salaire moyen d’un travailleur, afin de garder un lien concret avec le quotidien de la majorité de la population. Un parlementaire marxiste (comme notre camarade irlandais Joe Higgins au Parlement Européen) ne gagnerait ainsi que l’équivalent du salaire moyen d’un travailleur.

    Les marxistes luttent pour la démocratie des travailleurs, ce qui implique que toute la collectivité travaillerait ensemble à la planification de la production. A tous les niveaux, sur les lieux de travail et dans les quartiers, des comités de représentants seraient organisés, sur les plans régionaux et nationaux, sous le contrôle d’assemblées générales de base. Chacun aurait ainsi la possibilité de réellement participer aux décisions et à la gestion de la société.

    Le capitalisme a développé plusieurs outils pour nous faciliter cette tâche, comme l’enseignement, qui fournit un niveau supérieur d’éducation, ou encore les nouvelles technologies, qui rendent la communication beaucoup plus facile et potentiellement bien plus accessible. La planification de l’économie n’est pas une utopie, les grandes entreprises et les multinationales fonctionnent d’ailleurs sur base d’une planification de leurs activités à grande échelle. Mais porter cela au niveau de la société signifie de s’attaquer à leur propriété.

    Le socialisme va bien au-delà du simple partage des richesses. Il s’agit également de décider de ce qui est produit et de quelle manière. Nous voulons immédiatement en finir avec le gaspillage consacré à des industries comme celle de la publicité. Nous voulons répartir le travail disponible au lieu de demander à une couche de travailleurs de travailler plus dur et plus longtemps alors qu’une autre couche (y compris beaucoup de jeunes) est au chômage.

    Mais aujourd’hui, dans le cadre d’une société où le profit est sacré et où l’humanité souffre sous ses diktats, il n’est pas possible de donner une vue complète de ce que sera une société socialiste. Nous ne pouvons que donner un léger aperçu en mettant en lumière les conditions qui permettront au potentiel existant d’être utilisé dans l’intérêt de la majorité de la population.

    Le socialisme n’aboutira-t-il pas à une dictature bureaucratique comme en Russie ?

    Les monstrueuses dictatures bureaucratiques et sanglantes de Russie, de Chine, d’Europe de l’Est et d’ailleurs étaient une négation totale du véritable socialisme démocratique. Mais il est fondamental que les marxistes d’aujourd’hui étudient l’expérience de la Révolution russe afin d’expliquer les raisons qui ont conduit à sa dégénérescence bureaucratique. En fait, ce processus trouve ses racines dans des conditions historiques spécifiques et non dans la nature humaine.

    La Révolution russe de 1917 a constitué la première fois où la classe ouvrière a renversé le capitalisme et a commencé à instaurer une nouvelle société socialiste. L’Union Soviétique des premiers temps était le gouvernement le plus démocratique que le monde ait jamais connu: ouvriers et paysans dirigeaient la société démocratiquement par l’intermédiaire de conseils ouvriers (c’est-à-dire, en russe, des soviets). C’est le premier Etat au monde à avoir donné aux femmes la totalité des droits légaux, comme le droit de vote et celui d’avorter. L’Union Soviétique avait aussi légalisé l’homosexualité.

    Les dirigeants bolcheviks Lénine et Trotsky, ont toujours expliqué qu’il était impossible d’instaurer le socialisme dans un seul pays, et plus particulièrement dans les conditions semi-féodales de la Russie de l’époque. Pour eux, la Révolution russe ne pouvait parvenir à survivre qu’en s’étendant aux puissants pays capitalistes d’Europe occidentale.

    Les principales puissances impérialistes ont elles-mêmes reconnu que la Révolution russe n’était pas une affaire purement locale et que le capitalisme était mondialement menacé. Elles ont donc participé à une sanglante guerre civile du côté des capitalistes et des propriétaires terriens russes afin de renverser le nouveau gouvernement soviétique. 21 pays ont envahi la Russie pour soutenir la contre-révolution (États-Unis, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Japon,… ) Pour que les bolcheviks arrivent à remporter la guerre civile (1918-1921), la vague de révolutions qui a déferlé sur toute l’Europe et dans le monde a été décisive. La Révolution russe et l’appel des bolcheviks aux travailleurs du monde entier au soulèvement contre la Première Guerre Mondiale avait mis le feu aux poudres. Les soulèvements révolutionnaires en Allemagne et à travers l’Europe ont entraîné la fin de la guerre et ont forcé les classes dirigeantes à retirer leurs troupes hors de Russie afin d’éviter d’autres bouleversements dans les pays capitalistes.

    Malheureusement, ces révolutions n’ont pas réussi à renverser le capitalisme. A la différence de la Russie, il n’existait aucun parti révolutionnaire de masse disposé à mener les révolutions jusqu’à leur terme. Au lieu de cela, les partis ouvriers de masse en Europe ont été dominés par les dirigeants réformistes qui ont joué un rôle décisif pour sauver l’économie capitaliste. Ainsi, alors que l’Union Soviétique a vaincu la contre-révolution, la jeune république Soviétique est restée isolée. La première guerre mondiale puis la guerre civile avaient laissé le pays dans une situation désastreuse, les masses épuisées, au chômage et affamées. Tout cela a constitué la base pour l’accession au pouvoir d’une caste bureaucratique conservatrice. La bureaucratie, groupée autour de Staline, a concentré le pouvoir dans ses mains dans les années ’20 et ’30 et a démoli les droits démocratiques que la classe ouvrière russe avait réussi à obtenir.

    Les nombreuses révolutions qui, plus tard, ont pris place dans le monde néocolonial et en Europe ont malheureusement regardé la Russie comme le modèle à suivre, et le gouvernement bureaucratique soviétique a pu exporter son modèle stalinien vers la Chine, l’Europe de l’Est, et ailleurs.

  • LES TROUPES BELGES HORS D’AFGHANISTAN!

    Lutter contre la guerre, c’est lutter contre le capitalisme !

    Neuf années de guerre et d’occupation n’ont apporté ni démocratie ni prospérité à la population afghane. Les troupes de l’OTAN s’embourbent sans cesse plus fortement dans un imbroglio de tensions ethniques et de violence religieuse. C’est une guerre sans issue, et les troupes belges y participent. Le PSL s’oppose à la guerre : ces troupes doivent être retirées. C’est pourquoi nous participerons aux actions prévues lors du sommet européen de la défense qui se tiendra à Gand fin septembre.

    Par geert Cool

    L’AFGHANISTAN SE DIRIGE VERS UNE NOUVELLE GUERRE CIVILE.

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Fin septembre, un Sommet européen de la Défense aura lieu à Gand. Ce sommet est organisé par le ministre de la ‘Défense’ Peter De Crem, avec l’objectif de renforcer l’idée d’une armée européenne et le processus de militarisation européen. Nous appelons chacun à protester.

    En 2003, de nombreuses actions de protestation internationales et massives contre la guerre en Irak ont illustré que cette guerre n’était pas soutenue par de larges couches de la population. Malgré des centaines de milliers de manifestants, cette guerre a tout de même pris place. Le mouvement anti-guerre a occupé les rues, aucune grève de masse ne s’est développée pour paralyser l’effort de guerre.

    Aujourd’hui, le mouvement anti-guerre est plus faible et des actions de grève ne sont plus à l’ordre du jour. Il s’agit maintenant de mettre en lumière la façon d’obtenir un tel changement. En protestant et en manifestant, nous pouvons faire preuve de notre solidarité internationale contre la guerre et l’occupation. Nous voulons lier cela à notre lutte pour une alternative socialiste au capitalisme, qui conduit à la guerre et à la misère.

    Contre le Sommet Européen de la Défense du 23 et 24 septembre à Gand, une action de protestation est prévue. A cet égard, un appel à été lancé depuis le mouvement pour la paix. Le PSL est également à la base de cet appel. Nous voulons organiser des jeunes et des travailleurs durant l’été pour faire de cette action de protestation un grand succès.

    1.460 MILLIARDS DE DOLLARS

    En 2008, sur le plan mondial, les dépenses militaires ont totalisé ensemble 1.460 milliards de dollars. C’est 4% de plus qu’2007 et 45% de plus qu’en 1998. Avec le président Bush, les dépenses américaines ont atteint le niveau le plus élevé depuis la deuxième guerre mondiale et ce chiffre continue son envol avec le président Obama (680 milliards d’euros l’an dernier). Les USA représentent quasiment la moitié des dépenses militaires mondiales.

    RECONVERSION

    Le PSL juge que les milliards ainsi dépensés pourraient bien mieux servir en étant investis dans l’enseignement, l’infrastructure et les soins de santé. Une reconversion de l’industrie de la défense sous contrôle démocratique de la collectivité est une nécessité cruciale pour éviter que les emplois ne disparaissent. La connaissance et la technologie de ce secteur peuvent servir à une production sociale utile.

    [/box]

    Envoyer plus de troupes destinées à mettre fin à la guerre, c’était aussi la tactique de l’Union Soviétique lors de la précédente occupation de l’Afghanistan, de 1979 à 1988. Mais cela n’a ouvert la voie qu’à une nouvelle guerre civile.

    Les divisions et le fondamentalisme religieux ne sont pas la conséquence de la “mentalité populaire” ou de la “culture” des Afghans. Ces divisions ont été suscitées au cours de trois siècles de tentative de prise de contrôle du pays par toutes sortes de puissances impérialistes et par l’Union Soviétique. C’est ce “Grand jeu” des grandes puissances qui a renforcé les divisions internes et plongé le pays dans la misère. Le fondamentalisme Taliban, de même que les combattants islamistes Moudjahidins avant cela, a été favorisé et soutenu par les États Unis, l’Arabie Saoudite et le Pakistan dans le cadre de leur lutte contre les occupants soviétiques et afin de renforcer leur influence dans le pays. Obama estime-t-il, à l’instar du gouvernement belge, que l’envoi de troupes supplémentaires mettra fin à des problèmes justement créés ou renforcés par l’impérialisme?

    La situation actuelle en Afghanistan contient tous les ingrédients d’une nouvelle reprise des violences. L’infrastructure, l’emploi ou la sécurité sociale n’ont connu aucun investissement.

    L’élément déterminant des élections présidentielles de cette année, c’était un compromis entre les chefs de guerre responsables de la mort de dizaines de milliers de victimes dans les années ‘90. C’est sur base du chaos de ce conflit entre chefs de guerre que les Talibans ont pu assurer leur ascension dans la seconde moitié des années ’90 pour instaurer un régime réactionnaire et répressif. Et comme on a récemment (à nouveau) appris que plein de richesses étaient cachées dans le sol afghan, on peut s’attendre à une augmentation des tensions.

    Nous sommes favorables au retrait des troupes hors d’Afghanistan. La présence de troupes étrangères est une des causes des énormes problèmes auxquels est confrontée la population afghane. Cela ne fait qu’aggraver la situation. Les troupes de l’OTAN, tout comme jadis les soviétiques, vont se casser les dents. Face au désespoir du fondamentalisme religieux, de la guerre civile et de l’occupation militaire étrangère, la population afghane doit prendre son propre destin en main.

    Cela doit aller de pair avec l’organisation de la solidarité internationale et du soutien aux mouvements des travailleurs et des pauvres de l’Afghanistan et du Pakistan voisin, où le mouvement ouvrier est numériquement plus puissant. Aujourd’hui, nous pouvons démontrer notre solidarité internationale en protestant ici aussi contre l’occupation et l’implication des troupes belges. Nous sommes en faveur de la réorientation des dépenses militaires vers la construction d’écoles, de logements, d’infrastructure, etc. sous contrôle démocratique de la population afghane.

    SOCIALISME OU BARBARIE

    La guerre en Afghanistan est le résultat d’une lutte pour l’accès aux richesses premières, c’est une guerre pour l’influence et le prestige. Il n’y aura pas de paix durable sous le capitalisme, la recherche de moyens pour renforcer une position impérialiste et économique ou l’autre prévaudra toujours. Combattre la guerre signifie lutter contre le capitalisme. Aucune solution intermédiaire n’existe: le choix se limite à “socialisme ou barbarie” (Rosa Luxembourg).

    L’offensive néolibérale de ces trente dernières années a affaibli le mouvement ouvrier et aussi gommé son rôle dans l’histoire. Mais le potentiel du mouvement ouvrier soutenu par les paysans pauvres est toujours présent. Le capitalisme a fait de son mieux pour miner ce potentiel, avec le résultat que l’on connaît en Afghanistan. Une action indépendante du mouvement ouvrier et des paysans pauvres est nécessaire et constitue l’unique alternative à la guerre et à la misère.

    Ce constat était aussi celui du président pakistanais populiste de gauche Zulfiqar Ali Bhutto à la fin des années ‘70. Il est arrivé au pouvoir par un mouvement de masse révolutionnaire désirant un changement socialiste de société, mais il n’a pas voulu répondre à ces attentes et a été chassé du pouvoir par l’armée. Sa conclusion était la suivante: “Je me trouve actuellement dans la cellule d’un condamné à mort parce que j’ai cherché à parvenir à un compromis entre les deux classes antagonistes: la classe ouvrière et la classe dominante. Aucun compromis n’est possible entre ces deux classes. La lutte de classes ne connaîtra sa fin qu’avec la défaite décisive d’une des deux. Voilà la leçon que je tire de ma situation actuelle.”

    Avec la crise économique mondiale, face aux pénuries, la lutte pour se répartir les moyens existants ne fait que s’aggraver. Chaque tentative d’aller contre l’impérialisme sans rompre avec le capitalisme est destinée à l’échec et se heurtera aux limites du système ainsi qu’à la pression des puissances impérialistes. Notre résistance contre la guerre fait partie de notre lutte internationale pour une société socialiste. C’est pourquoi le PSL est organisé sur le plan mondial. Notre organisation soeur pakistanaise (Socialist Movement Pakistan) est, entre autres, impliquée dans la construction d’une fédération syndicale combative comprenant un demi-million de membres. Reconstruire le mouvement ouvrier et renouer avec les traditions de lutte qui existaient avant l’offensive néolibérale de ces trente dernières années est la clef de voûte du changement en faveur des masses afghanes et pakistanaises.

  • DOSSIER: Le Portugal au bord de l’incendie

    Préparons-nous à une lutte de masse

    ‘‘Vladimir Lénine a dit un jour qu’une révolution se développe lorsque ceux d’en haut ne peuvent plus gérer les choses comme avant et que ceux d’en bas ne peuvent plus subir les choses comme avant.’’ Ces paroles n’ont pas été prononcées par un membre du Parti Communiste, mais par Pedro Aguiar-Branco, député du PSD (Partido Social Democrata, le principal parti d’opposition de droite au Portugal), lors de la session commémorative de l’Assemblée Nationale du 36ème anniversaire de la Révolution d’Avril 1974. Il a également, entre autres, cité la dirigeante révolutionnaire allemande Rosa Luxemburg, terminant son discours par ‘‘Donnons au peuple le pouvoir de produire, de choisir et de décider.’’

    Cédric Gérome, Comité pour une Internationale Ouvrière

    Le fait qu’un membre dirigeant d’un des partis les plus réactionnaires du Portugal ait déclamé un discours aussi populiste donne une idée de la vague de déroute qui affecte l’establishment au pouvoir, avec pour toile de fond la crise organique à laquelle est confrontée le pays. Le militantisme croissant des travailleurs portugais lors de la période récente, et l’impact toujours influent de la révolution de 1974-75 dans leurs esprits, sont des facteurs importants dans les calculs cyniques de tels politiciens de droite. Mais par-dessus tout, ce discours illustre le fait que l’élite politique a perdu toute boussole idéologique pour justifier de manière populaire sa poursuite d’un brutal agenda anti-travailleurs.

    Le gouvernement du PS intensifie l’austérité

    Après l’adoption du PEC (Plan de Stabilité et de Croissance), un plan déjà gigantesque de bain de sang social, très justement renommé par les travailleurs portugais ‘‘Plan d’Exploitation Capitaliste’’, l’ensemble de l’establishment européen a clairement affirmé que ce plan était ‘‘insuffisant’’.

    Après la nouvelle dévalorisation des bons d’Etat portugais par l’agence de cotation Standard and Poor, le gouvernement du PS (Partido Socialista) est confronté à une intense pression pour accélérer les mesures d’austérité. Malgré leurs lamentations quant aux ‘‘attaques spéculatives injustifiées contre notre pays’’, le Premier Ministre José Sócrates et le Ministre des Finances Teixeira de Santos ont promptement révélé leurs véritables intentions en annonçant leur disponibilité pour faire ‘‘tout ce qui est nécessaire’’ afin d’apaiser les marchés, présentant avec entrain avec un nouveau plan destiné à couper les allocations de chômage.

    La base de ce plan, adopté dans un contexte de taux de chômage officiel record, à son niveau le plus élevé depuis le début des statistiques, est de restreindre les conditions par lesquelles les chômeurs seraient forcés d’accepter un travail. A partir du 13ème mois de chômage, un travailleur sans emploi doit accepter n’importe quel travail, même s’il est sous le salaire minimum officiel (475€), ou risquer de perdre ses allocations.

    Mais, évidemment, ce n’était pas assez. Moody’s, une autre agence de cotation, a annoncé qu’elle allait probablement procéder à une dévalorisation de la cote des bons d’Etat portugais. Jouant le rôle de pantins entre les mains des spéculateurs et des banques, Socrates et le dirigeant du PSD, Pedro Passos Coelho, ont arrangé une réunion en commun afin de mettre sur pied un nouveau tour de mesures d’austérité. Ces nouvelles mesures incluent une hausse de 1% la TVA, à 21% au lieu de 20%, y compris sur les produits de base, une hausse de 1,5% de l’impôt sur le revenu, une coupe de 5% des salaires du personnel senior du service public et des politiciens, et le gel des grands travaux publics, tel que le nouvel aéroport de Lisbonne qui avait été projeté.

    Tout comme son prédécesseur, ce ‘‘PEC 2’’ ne résoudra aucun des problèmes auxquels est confrontée l’économie capitaliste du Portugal. En attaquant la demande domestique, le gouvernement ne fait qu’appliquer exactement les mêmes recettes que celles qui ont plongé le pays dans l’abysse pour commencer. Un dirigeant conservateur a correctement caractérisé la nouvelle version du PEC comme un ‘‘bombardement de l’économie’’.

    Qui plus est, alors que les mesures précédentes ont essentiellement ciblé le secteur public, ces nouvelles hausses de taxes ont un caractère général, attaquant l’ensemble de la classe ouvrière sans distinction. Ceci jette les bases d’un autre type de ‘‘bombardement’’ : un bombardement social.

    Crise politique

    Malgré ses gesticulations populistes, le PSD est tout à fait d’accord avec le PS sur l’idée fondamentale que la crise actuelle doit être ‘‘résolue’’ par le massacre des acquis et du niveau de vie des travailleurs et des pauvres. En fait, le PSD aimerait même aller plus loin et plus vite dans cette direction : la principale direction du parti ces derniers mois a été de plaider pour un changement de la Constitution ouvrant la porte à un démantèlement encore plus poussé et à la privatisation de la sécurité sociale, de l’éducation et des soins de santé.

    Lors de la dernière période, divers pactes nationaux ont été conclus entre Sócrates et Pedro Passos afin de s’assurer que le programme d’attaques du gouvernement PS minoritaire ne serait pas bloqué au Parlement par l’opposition de droite. Des parties importantes de la bourgeoisie aimeraient voir une coalition formelle impliquant ces deux partis, une sorte de gouvernement d’urgence nationale, afin d’assurer un exécutif plus stable, afin de resserrer les rangs pour les féroces batailles de classe à venir, auxquelles la thérapie de choc imposée au pays va immanquablement mener.

    Mais la faisabilité d’un tel scénario est incertaine. Plutôt que d’adoucir la crise politique, les accords entre les deux partis ne font qu’aiguiser les tensions entre leurs propres rangs. La révolte sociale émergente ne va que contribuer à affûter ces traits, et à ouvrir de nouvelles divisions entre et à l’intérieur des partis dominants, quant à la route à suivre.

    Militantisme en hausse

    ‘‘Le Portugal n’est pas la Grèce’’, voilà une phrase qui, au cours de cette dernière période, est devenue un véritable leitmotiv pour l’establishment portugais. Au-delà du risque d’un défaut sur sa dette, ce qui est en jeu ici est la peur de la classe dominante portugaise que, sous la pression d’une intensification ininterrompue des mesures d’austérité contre leurs conditions de vie, le militantisme des travailleurs portugais se développe de la même manière que celui des travailleurs grecs.

    ‘‘Malgré quelques actions dans le secteur public, l’opposition aux coupes budgétaires est moins bruyante qu’en Grèce’’, écrivait The Economist du 22 avril. Mais cela a bien plus l’air d’être un commentaire auto-satisfaisant qu’une perspective réaliste. Tout dans la situation indique que le peuple portugais ne va plus rester calme très longtemps. Et en fait, il ne l’est déjà plus.

    Nous avons déjà publié plus tôt sur le site du Comité pour une Internationale Ouvrière un article sur la manifestation qui a été organisée à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution des Œillets. ‘‘On ne s’est pas battu il y a 36 ans pour en arriver là’’ était un sentiment très vivant lors de la manifestation. Un grand nombre de personnes considéraient cette manifestation comme partie intégrale de la riposte contre l’offensive du gouvernement et des patrons.

    La semaine suivante a été accompagnée par des grèves quasi chaque jour. Les facteurs ont organisé un arrêt de travail du 27 avril au 7 mai. La compagnie nationale des chemins de fer est partie en grève le 27, anticipant sur la grève générale des transports du lendemain, avec la participation massive – 95% nationalement – des travailleurs du rail, des chauffeurs de bus, des équipages des ferries et des bateaux, etc.

    Le jour suivant, la session parlementaire n’a pas pu se tenir, à cause de la grève des travailleurs du Parlement ! Le 1er Mai, 130.000 manifestants se sont rassemblés dans les rues de Lisbonne, sous la bannière de la lutte contre le PEC. Les travailleurs de la compagnie pétrolière Galp ont déjà, à deux reprises, bloqué les deux raffineries et autres installations de la compagnie en avril et en mai, autour d’un conflit salarial.

    Le nombre de conflits locaux est en augmentation lui aussi. A Lisbonne, plus de 3.000 nettoyeurs ont organisé une grève de deux jours, et 90% des égoutiers, des éboueurs, des chasseurs de vermines et même des jardiniers de cimetières se sont unis pour une hausse des subsides de sécurité, qui n’ont pas été ajustés à la l’inflation et aux salaires en hausse depuis 2003. ‘‘C’est pas parce qu’on ramasse les déchets qu’on doit se faire traiter comme tels !’’ a déclaré un des travailleurs qui menait la lutte et qui est également actif avec deux autres collègues dans Socialismo Revolutionario, la section portugaise du CIO. Les travailleurs ont obtenu une importante victoire, avec l’obtention d’une hausse des subsides de sécurité pour cinq ans, et une hausse des salaires pour 2010.

    Les infirmières, qui ont déjà organisé plusieurs jours de grève depuis le début de l’année, se préparent à de nouvelles actions dans leur lutte pour une hausse des salaires. Les enseignants ont menacé de partir ‘‘en guerre’’ contre le gouvernement. Et ils savent de quoi ils parlent, comme l’a clairement démontré leur long et massif conflit de 2008.

    ‘‘Em April, aguas mil’’ est un proverbe portugais qui signifie ‘‘En avril, mille pluies’’. Un journal portugais l’a transformé en ‘‘Em april, greves mil’’! En effet, le mois d’avril de cette année a connu le plus grand nombre de grèves dans le pays depuis seize ans. La classe capitaliste est de plus en plus effrayée par la possibilité de troubles sociaux. Le 27 avril, le plus grand journal d’affaires, Diario Economico, écrivait cet avertissement dans son éditorial: ‘‘Les actions de grève sont en hausse après 15 ans de calme. Si les syndicats poursuivent leur stratégie, nous allons droit vers un suicide collectif’’. Toutefois, du point de vue des travailleurs, le problème de la stratégie des syndicats… est plutôt le fait qu’il n’y en a pas.

    La CGTP-IN doit utiliser ses forces de manière efficace – construisons la grève générale !

    Après les nouvelles mesures d’austérité annoncées par le gouvernement, Carvalho da Silva, secrétaire général de la plus grande centrale syndicale, la CGTP-IN, a déclaré que ‘‘Soit nous organisons une très forte riposte, soit nous serons tous au pain sec et à l’eau’’, ajoutant que ‘‘probablement, on adoptera des décisions en vue d’une mobilisation exceptionnelle des travailleurs.’’ Malheureusement, il n’a pas spécifié en quels termes cette ‘‘mobilisation exceptionnelle’’ serait organisée, à part le fait d’appeler à la manifestation nationale déjà prévue, le 29 mai.

    Ceci, malgré le fait qu’un grand nombre de travailleurs ont montré qu’ils sont prêts à se battre et attendent désespérément un plan d’action sérieux. Quiconque ne reconnaît pas cette réalité basique, est soit aveugle, soit criminel. Lors du meeting national des délégués des syndicats de la CGTP, qui s’est tenu le 15 mai, 500 délégués de différents syndicats étaient présents. La direction syndicale a été forcée de convoquer ce meeting à cause des nouvelles attaques de la classe dominante portugaise, mais aussi à cause de la pression croissante de la base des syndicats. La majorité des personnes présentes désiraient utiliser le 29 mai en tant que première étape vers la mobilisation pour une grève générale. Mais la direction syndicale a tenté d’employer une attitude prudente et, malgré un discours militant, a décidé d’attendre jusqu’à après le 29 mai avant de prendre ou d’annoncer de nouvelles actions.

    Da Silva est en train de dire que ‘‘Il y a beaucoup de choses à faire avant la manifestation nationale prévue pour le 29 mai’’. Ceci est tout à fait vrai, mais lorsqu’on arrive à la question de que faut-il faire, rien de concret n’a été proposé. La direction syndicale devrait appeler immédiatement à une grève générale de 24 heures, et utiliser les prochaines semaines pour préparer sérieusement la mobilisation dans toutes les entreprises et toutes les usines. La manif du 29 mai doit être utilisée en tant que tremplin pour ce blocage, avec des meetings et manifestations de masse dans toutes les régions et toutes les villes, en invitant les travailleurs, les jeunes, les étudiants, les chômeurs, les pensionnés, etc. à se rassembler dans cette réponse massive contre l’agenda de misère concocté par le gouvernement capitaliste. Il ne fait aucun doute qu’un tel appel recevrait une réponse enthousiaste de la part des centaines de milliers de personnes partout dans le pays.

    La Gauche et la nouvelle période

    Un nombre important de travailleurs et de jeunes sont en train de se diriger vers les deux grands partis de gauche, le Bloc de Gauche (Bloco de Esquerda – BE) et le Parti Communiste Portugais (PCP), cherchant une réponse à l’impasse capitaliste actuelle. Avec leur influence dans les mouvements sociaux et au Parlement, ces partis ont des occasions uniques pour soulever à une échelle de masse la nécessité d’une perspective et d’un programme socialistes.

    Le grand soutien dont le PCP dispose toujours dans la classe ouvrière et, dans une certaine mesure, parmi la jeunesse, est d’une grande importance. Il montre que le langage du marxisme est en train de trouver plus de quelques oreilles ouvertes dans le pays. Mais le fait de fournir un programme et une approche marxistes corrects en direction de ces couches est encore plus important.

    Dans son dernier communiqué, le PCP a parlé de la nécessité de promouvoir l’investissement, ‘‘surtout l’investissement public’’. Il s’y disait en faveur de la création d’emplois, de hausses des salaires et des pensions, et d’une extension des allocations sociales. Nous soutiendrons toutes ces revendications. Mais ce parti n’explique pas comment ces mesures pourraient être mises en œuvre, à part par la proposition d’une taxe sur les banques à hauteur ‘‘d’au moins 25% de leurs profits’’, de même que d’une taxe sur les transactions boursières.

    Ces mesures, bien que constituant des pas en avant, restent totalement insuffisantes et, en outre, très théoriques. Tant que le pouvoir politique et économique reste entre les mains des banques, des grandes corporations, et de leurs laquais au gouvernement, de telles mesures ne seront jamais mises en œuvre. La classe ouvrière doit de manière indépendante élaborer son propre agenda de luttes, avec pour but de placer ces banques, de même que les secteurs-clés de l’économie, sous contrôle public. Une économie planifiée, démocratiquement contrôlée et gérée à tous les niveaux par les travailleurs, créerait la base matérielle pour l’accomplissement de toutes les revendications précitées. Malheureusement, malgré les discours sur le ‘communisme’, le PCP ne tente quasi pas d’élaborer un programme concret de revendications transitoires afin de réaliser un tel objectif.

    Le PCP dénonce tout à fait justement l’hypocrisie de la phraséologie PS et PSD, tous deux prônant l’‘‘intérêt national’’ afin d’attaquer les travailleurs et leurs familles. Mais pourquoi, ayant dit cela, le même PCP parle-t-il d’‘‘accroître la production nationale’’, de défense de la ‘‘souveraineté nationale’’, de l’affirmation d’une ‘‘gauche patriotique’’, etc. ? Les socialistes s’opposent aux dictats du marché, du FM, de l’UE, etc., mais, dans une société capitaliste, la ‘‘défense de l’économie nationale’’ ne signifie rien d’autre que la défense des intérêts et des profits des capitalistes et patrons nationaux. Nous savons que ce n’est pas pour cela que se battent les militants du PCP. Mais le PCP devrait clarifier ce point : il devrait se positionner en faveur de la nationalisation des secteurs-clés de l’économie et pour un monopole d’Etat sur le commerce extérieur afin de briser l’emprise du marché, mais aussi pour une réponse internationaliste face à la crise.

    Comme l’a clairement démontré l’exemple de l’Union Soviétique, même une économie où la production a été nationalisée ne peut pas être durable si elle reste limitée à des frontières nationales et sans démocratie ouvrière.

    Dans une situation où, partout en Europe, les travailleurs sont confrontés à une avalanche de propagande nationaliste, et où l’establishment politique tout entier ne parle plus que d’‘‘unité nationale’’ afin de lier les intérêts des travailleurs à ceux de leurs maîtres capitalistes, une réponse puissante et unie de la part de la classe ouvrière internationale afin de couper court aux tentatives de division n’a jamais été aussi nécessaire.

    Récemment, un nombre important de membres du Parlement Européen du groupe GUE/NGL a pris une initiative en commun pour soutenir des actions paneuropéennes contre les programmes d’austérité, sous la forme d’une Semaine d’Actions et de Solidarité du 21 au 26 juin, en tant que première étape. La participation active du PCP à une telle initiative aurait un impact immense au Portugal.

    D’un autre côté, alors que le CIO salue le fait que les parlementaires du Bloc de Gauche soutiennent une telle initiative, ce même parti doit rester consistant dans ce qu’il prône et s’assurer que ce soutien ne reste pas cantonné à de belles phrases sur papier. On ne peut pas parler de solidarité avec les travailleurs grecs tout en votant en même temps au Parlement National en faveur du plan de sauvetage de la Grèce de l’UE et du FMI, conditionné par l’imposition d’un programme d’austérité massif contre la population grecque, comme l’a honteusement fait l’ensemble du groupe parlementaire du Bloc de Gauche il y a à peine quelques jours.

    Un autre exemple de ce genre de ‘‘schizophrénie politique’’ a été mis en évidence par le soutien officiel que la direction nationale du Bloc de Gauche a décidé de donner à la candidature de Manuel Alegre pour les élections présidentielles de 2011.

    Manuel Alegre est une figure dirigeante historique du PS, qui est en train de se présenter comme candidat ‘indépendant’ pour ces élections. Le CIO pense que ce positionnement de la part du Bloc de Gauche est un dangereux précédent. A part le fait que cette décision n’a pas été prise sur base d’un débat démocratique à l’intérieur du parti, Manuel Alegre, malgré ses soi-disant différences avec la direction du PS, insiste toujours sur le fait que le PS reste sa ‘‘famille politique’’. Pire que ça, le même Alegre a accordé le 15 mai une interview au journal Expresso, dans laquelle il s’est explicitement dit d’accord avec le fait que les mesures d’austérité sont ‘‘dures, peu agréables et douloureuses, mais inévitables’’, avant d’ajouter qu’il ‘‘aimerait un accord politique autour de ces mesures, qui impliquerait les autres partis et les partenaires sociaux, y compris les syndicats’’.

    Les résultats que le BE a obtenus lors des dernières élections ont représenté un signal positif de la part d’un certain nombre de gens qui recherchent une formation en tant qu’outil pour le changement. Mais, comme le CIO l’a commenté à ce moment-là, plutôt que de lorgner sur sa droite, le Bloc de Gauche devrait plus regarder à gauche et avoir plus de dialogue avec la seule force capable de changer la société et de réaliser un programme socialiste – la classe ouvrière.

    Le Bloc de Gauche, malgré ses discours occasionnels sur un ‘‘socialisme populaire’’, se contente en général de critiques très vagues sur la politique du gouvernement, et n’utilise pas sa position pour formuler un agenda clairement anticapitaliste. Il ne fait rien ou pas grand-chose dans les syndicats et dans la classe ouvrière industrielle, et concentre de plus en plus l’ensemble de ses activités sur le terrain parlementaire.

    Juste après que les bons d’Etat portugais se soient faits dévaloriser par Standard & Poor, Francisco Louça, le principal porte-parole du Bloc de Gauche, a donné une conférence de presse devant les caméras de la télévision nationale. Il n’a pas parlé de la nationalisation des banques et du système financier, ni même de la mobilisation des travailleurs. Il a parlé d’une ‘‘économie plus décente’’, sans spécifier comment et par qui ceci pourrait être réalisé, et la seule revendication concrète et discernable qu’il a mise en avant était ‘‘une agence de cotations publique européenne.’’

    Pour un gouvernement ouvrier, basé sur un socialisme authentique et démocratique

    Il est regrettable que ni le PCP, ni le Bloc de Gauche ne donnent une indication claire sur ce qu’il faut pour construire la mobilisation, ni n’offrent un programme qui lie la lutte actuelle à la nécessité d’une société socialiste de manière détaillée. Cependant, la Gauche devrait être préparée pour les batailles sociales qui sont en train de se développer. Il est inévitable que les traditions révolutionnaires du prolétariat portugais vont ressurgir, plutôt tôt que tard. ‘‘Jamais depuis 1974 le pays n’a été si proche de l’explosion sociale’’, disait une dame qui travaille dans une association d’aide sociale à Lisbonne, dans une intervew au Monde du 28 avril.

    Malgré leurs limites, le BG et le PCP sont considérés par toute une couche de travailleurs radicalisés et de jeunes comme étant une alternative aux partis capitalistes actuels. Le CIO est en faveur d’une alliance entre ces deux partis, avec le mouvement syndical, qui puisse forger ensemble un programme de lutte capable de servir comme un point de ralliement, et donner la confiance et des perspectives à la masse du peuple qui montre en ce moment sa volonté de se battre, dans chaque coin du pays. Un appel clair pour une grève générale de 24 heures serait un premier pas important dans une telle direction.

    Nous sommes en faveur de la mise sur pied de comités d’action démocratiques dans les entreprises et dans les quartiers afin de construire ce qui sera une bataille prolongée, afin de préparer la base pour l’établissement d’un gouvernement ouvrier, basé sur des représentants démocratiquement élus et révocables par les travailleurs, les syndicats et les organisations sociales, dans les entreprises et dans les quartiers. Un tel gouvernement placerait les secteurs bancaire et financier dans le domaine public, de même que dans les autres secteurs-clés de l’économie, et rédigerait un plan rationnel de production basé sur la satisfaction des besoins sociaux de la majorité. Les points de départ pour la construction d’une nouvelle société, libre de l’avidité, de l’exploitation et de la spéculation, serait alors possible et représenteraient un exemple immensément inspirant pour tous les travailleurs d’Europe.

    • Renflouer les pauvres, pas les spéculateurs et les requins de la finance ! Nous ne payerons pas pour la crise, nous ne payerons pas la dette !
    • Non au gel des salaires dans le public comme dans le privé !
    • Non aux hausses d’impôts, à part pour les grosses entreprises et pour les banques ! Abolition de la TVA sur les produits de base !
    • Combattre le chômage, pas les chômeurs ! Nationalisation sous le contrôle des travailleurs et de leurs organisations des industries et des compagnies qui menacent de licencier des travailleurs ou de fermer ; pour la semaine de 35 heures, sans perte de salaire, afin de partager le travail !
    • Halte aux privatisations et aux partenariats public-privé ! Pour le financement d’un Service de Santé National, de l’éducation publique et de la sécurité sociale !
    • Nationalisation des services bancaire et financier sous le contrôle des travailleurs et de leurs organisations, afin d’utiliser la richesse pour satisfaire les besoins de la population, et non les profits privés d’une minorité !
    • Nationalisation des secteurs-clés de l’économie, sous contrôle et gestion démocratiques, avec compensation payée pour les actionnaires uniquement sur base de besoins prouvés !
    • Halte à la dictature des marchés boursiers, des banques et des riches ! Pour une société socialiste authentique et démocratique, avec une économie planifiée afin de satisfaire les besoins de tous, et pas les profits des riches !
    • Solidarité avec les travailleurs du reste de l’Europe et du monde entier, dans une lutte commune contre le capitalisme qui ruine nos vies et détruit la planète !
  • Que lire pendant les vacances?

    Les vacances, c’est aussi l’occasion le temps de lire, chose qui n’est pas toujours nécéssairement évidente pendant l’année… A l’occasion de nos campagnes d’été, nous avons décidé de republier plusieurs brochures de notre parti sur l’environnement, l’antisexisme, le marxisme, la question nationale et notre parti. D’autre part, nous disposons de plusieurs livres publiés par le PSL ou notre internationale, le CIO

    Brochures du PSL

    Le marxisme en 160 questions et réponses

    3 euros, 43 pages (format A4)

    Il y a déjà un bail que Karl Marx a affirmé que le système capitaliste serait incapable de répartir équitablement les richesses: seule une petite minorité en profiterait vraiment tandis que la pauvreté prendrait des proportions gigantesques à travers le monde dans un système traversé de crises de surproduction. Pas mal d’économistes ont passé leur vie à démontrer à quel point Marx s’était trompé, mais là, ça devient franchement dur…

    Cette brochure intéressera tous ceux qui recherchent une alternative face à la société capitaliste. En 160 questions, les bases du marxisme sont expliquées (économie, matérialisme dialectique, matérialisme historique, l’Union Soviétique était-elle la preuve que le marxisme n’est pas réaliste,…) à la façon d’une discussion entre amis.

    La lutte contre le sexisme est toujours d’actualité!

    1 euro, 13 pages (format A4)

    Pendant plus de 20 ans, de nombreuses femmes (qu’on appelle post-féministes) ont mis en avant qu’il n’y avait plus de discriminations de genre, qu’il s’agissait simplement pour les femmes de conquérir le pouvoir, de prendre les places des hommes, quitte pour cela à faire sacrifice de sa famille. Mais depuis quelques années, notamment avec la lutte contre le Pacte des Générations en 2005 et les diverses attaques antisociales mises en place par nos gouvernements, cette idée d’égalité acquise vacille et il est devenu impossible pour ces post féministes de nier la réalité.

    Cette brochure comporte un texte abordant la problématique du sexisme et des discriminations des femmes ainsi que le programme que met en avant le PSL sur cette question. Un autre texte est consacré à l’histoire de la Journée Internationale des Femmes.

    Détruire le capitalisme… avant qu’il ne détruise la planète!

    2 euros, 26 pages (format A4)

    Le monde n’est pas seulement frappé par une crise économique de grande ampleur, il est aussi durement touché par une crise environnementale historique. Maintenant, cette réalité n’est plus niée par les politiciens traditionnels. Au contraire! Chacun, ou presque, a ses solutions sur la question. Mais il ne suffit pas de mettre un peu de peinture verte sur de vieilles recettes pour qu’elles deviennent efficaces pour la protection de notre environnement…

    Ce texte développe quel est selon nous le programme le plus efficace pour s’en prendre réellement aux causes des changements climatiques et de la pollution. Ce programme n’est d’ailleurs pas à détacher des autres luttes de la société: que ce soit le sexisme, le racisme, la crise économique ou la crise environnementale, les racines s’enfoncent dans les profondeurs de la logique de profit capitaliste. Pour l’environnement aussi, une société réellement socialiste est nécessaire!

    Le PSL/LSP: un parti pour changer de société!

    3 euros, 48 pages (format A4)

    Cette brochure est une version actualisée d’un texte discuté à notre Conférence Nationale de novembre 2007 consacrée à la nécessité du parti révolutionnaire ainsi qu’à son programme.

    Cette discussion, qui pouvait alors être encore abstraite pour certains, est aujourd’hui beaucoup plus concrète. La crise économique, écologique et politique mondiale remet à l’agenda le débat sur le socialisme de même que celui sur l’instrument nécessaire pour parvenir à un changement de société.

    Avec ce texte, nous voulons donner l’opportunité au lecteur de mieux faire connaissance avec le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP), ses idées, ses analyses, ses méthodes ainsi que son programme.

    La question nationale en Belgique: Une réponse des travailleurs est nécessaire!

    6 euros, 97 pages (format A4)

    Fin 2005, une Conférence Nationale du PSL/LSP a mené une discussion approfondie sur la question nationale en Belgique, à partir d’un texte retravaillé par la suite. Ce texte comprend plusieurs parties : sur le marxisme et la question nationale, sur "l’histoire de l’histoire" en Belgique, sur le développement de la question nationale dans notre pays, sur la question de Bruxelles, sur la communauté germanophone, sur les réformes d’Etat, et enfin sur le programme du PSL/LSP en rapport avec la question nationale.

    Même si presque quatre années se sont écoulées depuis la tenue de cette conférence, l’actualité récente n’a fait que confirmer ce qui y avait été avancé.

    Livres

    Mai 68: Un mois de révolution

    7 euros, 90 pages, en français

    Mai – Juin 1968. Des milliers d’étudiants descendent dans la rue. La police les réprime brutalement. En l’espace de quelques jours, dix millions de travailleurs français se mettent en grève. Les usines sont occupées, les drapeaux rouges brandis, et l’Internationale est chantée dans les rues de Paris. Même les forces armées sont infectées par l’esprit révolutionnaire. L’avenir du capitalisme français semble ne plus tenir qu’à un fil. Des comités d’action ouvriers et étudiants discutent constamment sur la poursuite du mouvement ; pourtant, après quelques semaines, les grèves se terminent et « l’ordre » est restauré.

    Que s’est-il passé ? Quelles erreurs ont donc bien pu être commises pour qu’une si grande lame de fond n’ait pas emporté le système ? Des leçons peuvent-elles être tirées pour les luttes actuelles ? Est-il possible d’éviter de reproduire les mêmes fautes aujourd’hui ? Par Clare Doyle qui, présente en France en 1968, a pu voir de ses yeux le flux et le reflux révolutionnaire au fil des jours. Toujours marxiste et militante à l’heure actuelle, son regard sur ces évènements n’est pas empli de nostalgie, mais bien de la rage de lutter et de vaincre aujourd’hui.

    Tienanmen -1989, les sept semaines qui ébranlèrent le monde

    7 euros, 96 pages, en anglais

    Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, Deng Xiaoping et les partisans d’une ligne dure au sein du régime dictatorial "communiste" chinois prennent la décision d’organiser un véritable carnage pour reprendre le contrôle de la situation après de gigantesques protestations. Plus de 200.000 soldats sont mobilisés pour envahir la capitale (presque autant que ce que les USA déploieront pour envahir l’Irak en 2003 !). Ce massacre est resté dans les mémoires comme celui de Tienanmen.

    Ce livre republie le témoignage de Stephen Jolly, un de nos camarades qui était présent lors des gigantesques manifestations estudiantines d’avril-juin 1989 contre l’autocratie et la corruption. A côté de ce texte figurent de nouveaux articles de Vincent Kolo et de Chen Mo.

    “Socialism and left unity”

    7,5 euros, 100 pages, en anglais

    Le nouveau livre «Socialism and left unity – A critique of the Socialist Workers Party» est un livre intéressant à plus d’un titre, en Belgique également. Il illustre les idées et la méthode de notre organisation. Ce livre écrit par le secrétaire général du Socialist Party (notre parti-frère en Angleterre et au Pays de Galles), Peter taaffe, prend base sur une polémique avec le SWP, une organisation qui se réclame également du trotskisme et qui n’est maintenant plus représentée en Belgique.

    Peter Taaffe donne avec ce livre une parfaite image de notre évaluation des années ’90, de notre attitude face à la question de l’unité de la gauche dans le contexte britannique mais aussi au sujet du travail à l’intérieur de Die Linke en Allemagne et vis-à-vis de notre application du centralisme démocratique sur le plan international et national. Cela rend ce livre tout aussi intéressant pour les marxistes qui ne sont pas directement confrontés au fonctionnement du SWP.

    China, Sweatshop of the world – The Coming Revolt

    « Le PIB de Chine s’est développé avec une croissance annuelle moyenne de 9.6% pendant 30 ans, ce qui a conduit la plupart des chinois en dessous de l’âge de 40 ans à croire que c’est ‘normal’. Cela a soutenu la relative cohésion du groupe dirigeant du Parti Communiste Chinois – il n’y a pas eu de scission déstabilisatrice ouverte, alors que cela a caractérisé l’histoire du PCC avant 1989. Peu de régimes à travers le monde ont plus à perdre par la crise capitaliste globale qui se développe. » affirment les auteurs de ce livre édité par chinaworker.info.

    « La Chine, bagne du monde – la révolte à venir » est un livre de Vincent Kolo et Chen Lizhi, du site chinaworker.info. L’objectif de ce livre est d’essayer de répondre à une des plus épineuses questions politiques : vers où va la Chine?


    Pour commander

    Envoyez un mail à redaction@socialisme.be, ou téléphonez aux numéros 02/345.61.81 ou 0485/05.86.39

  • Iran 1978-79: Une révolution volée à la classe ouvrière

    Pour comprendre la situation actuelle en Iran, il est important de savoir comment ce régime est arrivé au pouvoir. Le mouvement révolutionnaire iranien de 1978-79 a constitué une force puissante que personne n’attendait et qui a réussi à mettre fin au régime dictatorial et particulièrement répressif du Chah, monarque absolu pro-occidental. La classe ouvrière s’était soulevée, mais faute de direction politique claire, la révolution a été volée aux travailleurs par les forces religieuses conservatrices groupées autour de l’Ayatollah Khomeini, le prédécesseur de Khameini. Revenir sur les évènements révolutionnaires de 1978-79 est aussi d’un immense intérêt pour le mouvement actuel.

    Par Robin Clapp

    Aujourd’hui, l’Iran est une dictature religieuse mais, il y a maintenant 30 ans, un mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière a renversé la monarchie iranienne et aurait pu aller jusqu’à l’instauration d’une république socialiste.

    Robin Clapp (CIO-Angleterre et Pays de Galles) parcourt ici ces évènements et explique pourquoi la contre-révolution a été victorieuse (texte écrit en 2003)

    Quand les experts de la CIA ont rédigé un rapport sur la santé politique du régime monarchiste et pro-occidental iranien e septembre 1978, ils ont conclu qu’en dépit de son régime autocratique, le Chah d’Iran régnait sur une dynastie stable dont le pouvoir pouvait encore s’étendre sur au moins une autre décennie. Quatre mois plus tard seulement, le Chah était toutefois forcé de prendre la poudre d’escampette face à une révolution populaire qui a mis bas un des régimes les vicieux au monde…

    La SAVAK, la police secrète du Chah, forte de 65.000 personnes, avait infiltré chaque couche de la société, avec des méthodes empruntées à la sinistre Gestapo nazie. Ces méthodes avaient d’ailleurs été ‘améliorées’ à tel point que le dictateur chilien Augusto Pinochet avait envoyé ses tortionnaires se former à Téhéran. Mais malgré ces colossaux obstacles, les travailleurs ont renversé le Chah et ont mis en branle un processus révolutionnaire qui a terrifié tant les régimes réactionnaires du Moyen-Orient que les puissances impérialistes occidentales. De plus, et ce n’est pas le moindre, ce soulèvement populaire a également alarmé la bureaucratie stalinienne d’Union Soviétique, alors engagée dans un commerce lucratif avec l’Iran.

    Hélas, au final, les travailleurs ne devaient pas pouvoir profiter des fruits de leur révolution. Le pouvoir est passé des mains du Chah à celles des de l’Islam politique de droite dirigé par l’Ayatollah Khomeini.

    Trois ans après, toutes les lois laïques avaient été annulées et les femmes s’étaient vues imposées des codes vestimentaires tirés d’une interprétation stricte de la tradition islamique. 60.000 professeurs ont à ce moment été renvoyés et des milliers d’opposants défendant les intérêts de la classe ouvrière ont été assassinés ou emprisonnés. Le parti communiste iranien, le Toudeh (Parti des Masses d’Iran), qui avait acceuilli avec enthousiasme le retour d’exil de Khomeini en 1979, a lui-même été interdit en 1983.

    une atmosphère révolutionnaire

    Un régime totalitaire se maintient par la terreur et l’oppression, mais cela ne fonctionne que tant que les masses demeurent effrayées et inertes. Mais l’horreur éprouvée quotidiennement conduit en définitive à la révolte. Une fois que la classe ouvrière laisse sa peur du régime de côté et entre en action, la police secrète et toutes ses effroyables méthodes s’avèrent souvent impuissants.

    Entre octobre 1977 et février 1978, des manifestations de masse illégales ont déferlé sur l’Iran. Revendiquant des droits démocratiques et leur part de la richesse du pays, les étudiants, puis la classe ouvrière, ont bravé les balles et la répression en occupant les rues.

    En janvier 1978, après que des tirs mortels aient touché plusieurs centaines de manifestants dans la Ville Sainte de Qom, une grève de deux millions de travailleurs s’est étendue de Téhéran à Isphahan, Chiraz et Mashad. Les pancartes tenues par les manifestants et les grévistes clamaient: «Vengeance contre le Chah et ses amis impérialistes américains», d’autres revendiquaient «Une république socialiste basée sur l’Islam». De plus en plus, les soldats ont commencé à fraterniser avec la foule en criant: “Nous sommes avec le peuple!”.

    Même la classe capitaliste dirigée par le Front National d’Iran de Mehdi Bazargan, qui avait tout d’abord limité ses ambitions à un partage du pouvoir avec le Chah, a été forcée par le développement d’une atmosphère ‘rouge’ à adopter un programme ‘semi-socialiste’.

    La révolution iranienne avait suivi les traces de la révolution russe de 1905, mais à un plus haut degré. A l’époque, les masses avaient accordé leur confiance aux ‘démocrates’ en costume qui avaient promis qu’ils arriveraient à faire entendre raison au Tsar. En Iran, partout, on pouvait entendre des cris réclamer que le Shah soit poussé hors du pouvoir.

    Les travailleurs des services publics et des banques ont joué un rôle crucial pour exposer au grand jour la nature particulièrement pourrie du régime. Des employés de banque avaient ainsi ouvert les livres de compte pour révéler que durant les trois derniers mois de 1978 uniquement, un milliard de livres sterlings avaient été détournés du pays pour finir dans les poches de 178 membres de l’élite iranienne. D’autre part, le Chah avait sauvé une somme similaire aux USA. La réponse des masses, furieuses, a été de brûler environ 400 banques.

    Classe, parti et direction

    Quand Mohammed Reza Pahlavi, le Chah d’Iran, a honteusement quitté le pays pour la dernière fois le 16 janvier 1979, la lutte avait largement dépassé le stade de considérer son simple départ comme une victoire. Il était maintenant question de l’abolition de l’Etat absolutiste. Quelle forme devait prendre le nouvel Iran?

    La classe ouvrière avait mené la lutte contre le Chah avec détermination : manifestations de masse, grève générale de quatre mois et, finalement, insurrection (les 10 et 11 février 1979). L’ancien régime avait été abattu pour toujours. Dans cette lutte, la classe ouvrière était devenue bien consciente de son pouvoir, mais hélas pas de la façon de l’organiser pour garder le contrôle de la société en ses mains propres.

    La Révolution teste toutes les classes sociales, et la question clé pour la classe ouvrière est de savoir si elle possède une direction décisive pour être capable de passer d’une insurrection populaire à la construction d’une société socialiste.

    En Iran – malgré le grand héroïsme des travailleurs, des étudiants et de la jeunesse – il manquait une direction marxiste de même qu’un parti de masse capable de tirer les conclusions nécessaires du cours de la révolution. La tâche des marxistes était alors d’expliquer la nécessité pour la classe ouvrière, alliée aux minorités nationales et aux paysans pauvres, de prendre consciemment le pouvoir dans ses mains et de réaliser les tâches d’une révolution socialiste.

    Mais la gauche iranienne n’a pas saisi cette opportunité. Les plus grandes forces de gauche étaient à l’époque le Parti communiste (Toudeh) et les guerrillas des Fedayin du Peuple (‘marxiste’) et de l’Organisation des Moudjahiddines du peuple iranien (islamiste).

    Ces organisations avaient beaucoup de membres, jouissaient d’un grand soutien dans la population et possédaient des armes. Mais elles souffraient énormément de leur confusion programmatique. Elles n’ont pas poursuivi de politique de classe indépendante pour les travailleurs, mais se sont au contraire mises à la remorque de Khomeini malgré les tentatives du clergé intégriste d’étouffer chaque mouvement indépendant des travailleurs.

    La chute de l’autocracie avait laissé le pouvoir vide d’occupant. Mais au moment précis où les masses auraient dû prendre en main leur destinée, quand le pouvoir était à elles, le Toudeh a proposé l’instauration d’une ‘république musulmane démocratique’. En réalité, cela signifiait que le Toudeh refusait de prendre la direction de la révolution pour participer à la réalisation des objectifs poursuivis par les Mollahs.

    La montée de l’islam politique de droite

    Les relations entre le Chah et son orientation pro-occidentale et les mosquées islamiques étaient depuis longtemps très tendues. Quand le Chah avait dépossédé les mosquées de leurs terres, le clergé musulman avait furieusement réagi et s’était vertement prononcé contre ce régime athée. Le guide spirituel des chiites iraniens, l’Ayatollah Khomeini, avait d’ailleurs été poussé à l’exil en Turquie et plus tard à Paris à la suite d’une révolte contre les expropriations de terres en 1963. Des douzaines de personnes y avaient rencontré la mort du fait de la répression.

    Marx avait décrit la religion comme "le soupir de la créature opprimée". A cause de l’interdiction de toutes les organisations opposées au Chah, les adversaires du regime avaient tendance à se rassembler autour des mosquées, où étaient délivrés des sermons radicaux. De plus en plus, ces sermons étaient considérés comme une lutte contre le totalitarisme.

    Les positions de Khomeini, en exil, étaient distribuées par cassettes audio en Iran. Arrivées en nombre restreint, elles étaient ensuite reproduites et diffusées. Khomeini et les autres Mollahs parlaient de liberté et de démocracie, d’un retour à un Islam épuré, débarassé des influences occidentales et non-islamiques qui avaient, selon eux, corrompus la culture et conduit la société dans une voie sans issue.

    Dans l’Iran économiquement semi-arriéré de l’époque, avec un haut niveau d’illettrisme et environ la moitié de la population vivant dans les campagnes, les paroles des Mollahs étaient une puissante force d’attraction pour les paysans et certaines parties de la classe moyenne, même pour des travailleurs. Alors que le Front National d’Iran voulait faire des compromis avec la dynastie, Khomeini voulait la faire tomber. Quand les masses entendaient les appels pour une République Islamique, elles comprenaient une république ‘du peuple’, pas des riches, où leurs revendications auraient été prises en compte.

    Dès le triomphal retour d’exil de Khomeini le 1er février 1979, le Toudeh a immediatement accordé son soutien à la formation d’un Conseil Révolutionnaire Islamique et lui a demandé de le rejoindre dans un Front Populaire Unis.

    Revolution et contre-révolution

    Mais ce même mois de février 1979, une situation de double pouvoir s’est développée à Téhéran. Le gouvernement s’était sauvé alors que les travailleurs, qui contrôlaient les usines et les enterprises, organisaient des comités démocratiques de travailleurs et saisissaient les armes des forces armées.

    C’est toutefois Khomeini qui a bénéficié de cette vague révolutionnaire. En mélangeant des intérêts de classe contradictoires et opposés, son mouvement a réussi à obtenir le soutien des forces séculaires et non-religieuses, grâce à une rhétorique populiste radicale: une république islamique favorisant les opprimés contre les tyrans locaux et l’impérialisme américain.

    Les militants religieux ont été aptes à détourner la révolution car ils étaients la seule force dans la société qui avait un objectif politique défini ainsi qu’une organisation et une stratégie pratique pour l’atteindre.

    Le 1er avril, Khomeini a obtenu une victoire à travers tout le pays lors d’un référendum national qui demandait à faire se prononcer face à l’unique choix suivant : République islamique – Oui ou Non.

    Les derniers jours qui ont précédé le référendum, pourtant, il a néanmoins été forcé à être plus prudent. Des confrontations avaient lieu entre les Gardiens de la Révolution Islamique et les travailleurs qui voulaient garder leurs armes récemment acquises. Khomeini dénonçait ceux qui souhaitaient continuer la grève générale comme des "traîtres que nous devons frapper au visage".

    En essayant de trouver un équilibre entre les classes sociales, il a dans le même temps accordé de grandes concessions aux travailleurs. Les médicaments et les transports gratuits ont été instaurés, des factures d’eau et d’électricité ont été annulées et les produits de première nécessité ont été lourdement subsidiés pour maintenir de bas prix.

    Mais les coffres de l’Etat étaient vides et le chômage atteignait 25%. En juillet, des décrets de nationalisation ont alors été dévoilés, accompagnés de l’établissement de tribunaux spéciaux avec le pouvoir d’imposer de deux à dix ans de prison pour "tactiques perturbatrices dans les usines ou agitation ouvrière".

    Khomeini n’a cependant été capable d’instaurer la base de son pouvoir que graduellement. Puis, quand l’Irak a envahi l’Iran en 1980, début d’une guerre sanglante de huit années, les masses se sont ralliées en défense de la révolution. A ce moment déjà, les braises révolutionnaires s’étaient refroidies.

    Le Parti Républicain Islamique mis sur pied par le clergé du tout nouveau Conseil révolutionnaire était lié aux vieux petits bourgeois (les petits capitalistes) et aux marchands des bazars qui réclamaient de l’ordre et la défense de la propriété privée. Tout en défendant ces couches conservatrices, Khomeini s’attaqua à l’impérialisme occidental en nationalisant le secteur pétrolier.

    Un régime hybride

    L’Etat islamique iranien est une république capitaliste d’un type particulier – un Etat religieux capitaliste. Dès le début, deux tendances sont apparues dans le clergé.

    Un groupe, autour de Khomeini, défendait que les Imams soient au pouvoir à travers un Etat capitaliste semi-féodal avec de nombreux centres de pouvoir. A leurs yeux, l’impérialisme américain représentait le ‘Grand Satan’ et ils encourageaient l’exportation du fondamentalisme islamique à travers le monde musulman. D’autres figures dirigeantes du régime, avec une aile cléricale plus pragmatique, voulait construire un Etat capitaliste moderne et centralisé. Tout en continuant à dénoncer les USA, ils ont voulu, particulièrement dans la dernière ‘90, renforcer les liens avec les pays occidentaux.

    Les conflits entre ces deux tendances et les crises politiques périodiques qui en resultent n’ont jamais été résolus et ont été à la base des conflits entre l’Ayatollah Khamenei et le président réformiste Khatami, élu avec une grande majorité en 1997.

    Conclusions

    Les évènements d’Iran ont permis la croissance d’un islam politique militant dans le monde musulman. En surface, il s’agit d’une demonstration de la force des masses pour lutter contre l’impérialisme.

    Mais en tant que marxistes, nous devons être clairs. L’Islam n’est pas en soi plus radical ou réactionnaire que toute autre religion au monde, et le fondamentalisme islamique n’est pas un phénomène homogène.

    Les conditions qui ont permis le développement d’un Islam politique de droite ont été créées par la faillite des mouvement nationalistes arabes et par les trahisons des partis ‘communistes’ qui ont refusé de mener une politique de classe indépendante et se sont rangés derrière différentes formes de bourgeoisies nationales. Mais le développement de l’Islam politique de droite reflète également qu’en Iran et ailleurs, le capitalisme est dans une impasse dans la région. Les masses opprimées ont besoin de trouver leur propre voie de sortie.

    Les variantes plus tardives d’Islam politique n’ont qu’une partie du radicalisme que Khomeini a été force d’embrasser au cours des premiers mois de la révolution iranienne.

    Les Talibans et les méthodes terroristes d’Al-Qaïda et d’Oussama Ben Laden n’offrent pas de solution à la lutte des masses opprimées contre le capitalisme et les propriétaires terriens. Au contraire, ces méthodes divisent la classe ouvrière et l’empêchent d’avoir son identité distincte et combative.

    Aujourd’hui, 20% des Iraniens possèdent la moitié de la richesse du pays. La lutte des classes refait régulièrement son apparition. Les édits abrutissants des Imams s’opposent résolumment à la volonté des jeunes de vivre librement leur vie.

    L’avenir de l’Iran est incertain. Un nouveau parti de la classe ouvrière doit être construit sur des bases marxistes solides, un parti qui soit capable d’apprendre pourquoi la révolution a été volée aux travailleurs en 1979.

    Les revenus pétroliers du pays ont diminué de moitié depuis lors, avec de graves conséquences pour la classe ouvrière. Celle-ci reviendra sur le devant de la scène pour finir ce qui avait été initié par la dernière révolution.


    Le développement du capitalisme avant la révolution

    Avant 1979, l’impérialisme voyait l’Iran comme une ‘ligne de front’ cruciale en tant qu’Etat-tampon contre l’influence de l’Union Soviétique dans le Moyen Orient et l’Asie du Sud. De plus, ces fabuleuses réserves de pétrole étaient vitales pour les intérêts occidentaux.

    En 1953, un mouvement nationaliste radical dirigé par le Premier ministre Mossadegh et le Front National d’Iran avait cherché à nationaliser l’industrie pétrolière du pays, déclenchant des manifestations et des éléments d’insurection pupulaire. Le Chah avait été temporairement forcé de s’exiler suite à la pression du mouvement de masse.

    La réaction de l’impérialisme a été décisive. La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont demandé l’arrestation de Mossadegh et ont mis en branle l’oppération Ajax en déployant des forces secrètes en Iran pour forcer l’armée iranienne à agir dans les intérêts des puissances occidentales.

    Le Chah a été réinstallé et a dirigé l’Iran d’une main de fer pendant vingt-cinq ans. Son retour a été synonyme de répression brutale de l’opposition politique organisée et des synidicats, déclarés illégaux. De soncôté, la CIA a accordé son ‘aide’ pour réorganiser les forces de sécurité.

    Après 1953, l’Iran est entré dans une ère frénétique d’industrialisation, largement sur base du programme économique du Front National capitaliste, ce qui a érodé sa popularité. L’idée était de transformer la noblesse en classe capitaliste moderne, une classe dirigeante sur le modèle occidental.

    Des réformes agraires ont été introduites, qui ont enrichi les propriétaires terriens féodaux grâce à des compensations financières énormes. Ils étaient encouragés à investir cet argent dans les nouvelles industries.


    Une rude exploitation

    Les paysans, eux, ont par contre beaucoup souffert de cette situation. Environ 1,2 million d’entre eux ont eu leurs terres volées, avec en conséquences la famine et un exode important vers les villes où ils onstituaient une main d’œuvre extrêmement bon marché pour les nouveaux capitalistes.

    Avant la révolution, 66% des travailleurs dans le secteur des tapis de la ville de Mashad étaient âgés de six à dix ans tandis qu’à Hamadam, une journée de travail était de 18 heures. En 1977, la plupart des travailleurs gagnait 40 livres sterling par an. Même s’il existait formellement un salaire minimum, 73% des travailleurs gagnaient encore moins que cela…

    Les usines iraniennes ressembaient à l’Enfer de Dante, la ressemblance avec la Russie pré-révolutionnaire était frappante. Là aussi, un processus d’industrialisation casse-cou avait été mené par une classe capitaliste très faible essayant de s’extirper elle-même d’un passé féodal en créant, selon les mots de Marx, son ‘fossoyeur’ sous la forme d’une classe ouvrière militante.

    Au fur et à mesure de l’arrivée des paysans dans les villes, la population urbaine a doublé pour atteindre 50%. Téhéran était passé de trois millions d’habitants à cinq millions entre 1968 et 1977, avec 40 bidonvilles autour de ses banlieues.

    En 1947, il n’y avait que 175 grandes entreprises employant 100.000 travailleurs. 25 ans plus tard, 2,5 millions de travailleurs étaient engagés dans les usines, un million dans l’industrie de la construction et presque le même nombre dans le transport et les autres industries.

    L’Iran était en pleine transition, à moitié industrialisée, à moitié coloniale. Une puissante classe ouvrière avait émergé en une seule génération. En Russie, la classe ouvrière avait grimpé jusqu’à 4 millions sur une population totale de 150 millions. Armée du marxisme, cette classe ouvrière avait pu engager la paysannerie derrière elle pour rompre la chaîne du capitalisme à son point le plus faible, en 1917.

    En comparaison, le poid social de la classe ouvrière iranienne était bien plus important – environ quatre millions de travailleurs sur une population de 35 millions.


    Ne jamais envahir une révolution

    L’impérialisme américain a regardé, impuissant, les derniers jours du Chah en Iran. Des voix s’étaient élevées au Pentagone pour envoyer des porte-avions et des marines dans le Golfe, mais des personnes plus avisées au sein de la classe dirigeante américaine avaient estimé :‘on n’envahit pas une révolution populaire’.

    Les Etats-Unis étaient tout juste en train de commecer à lêcher leurs plaies suite à la cuisante défaite de la guerre du Vietnam. Là-bas, la lutte sociale des paysans et des travailleurs pour se débarrasser des chaînes de l’oppression avait mis la superpuissance sur les genoux.

    Une invasion de l’Iran dirigée par les USA aurait eu d’incalculables répercussions à une échelle mondiale, particulièrement dans le monde colonial où le Chah d’Iran était aux yeux des masses considéré comme le plus pourri de tous.

    La Révolution iranienne a fait trembler les Etats-Unis. Le président américain Jimmy Carter avait été humilié quand les Ayatollahs avaient organisé des mouvements de foule contre l’embassade américaine à Téhéran, où 66 personnes avaient été prises en otage.

    En 1983, Ronald Reagan avait été forcé de retirer les troupes américaines hors du Liban en raison des pertes causées par le Hezbollah, qui avait le soutien de l’Iran.


    Economie: Un abîme croissant

    L’Iran était le second plus gros exportateur de pétrole en 1978, et le quatrième plus gros producteur. Quand les prix du pétrole ont quadruplé entre 1972 et 1975 suite à la guerre israélo-arabe, le Produit National Brut (PNB) iranien avait augmenté de 34% en une seule année. Des milliards sont alors tombés dans les poches du Chah et de sa clique.

    Mais avec 45 familles contrôlant 85% des grandes et moyennes entreprises et les 10% les plus riches de la population ayant 40% de l’argent du pays, le fossé entre les classes était chaque jour plus important.

    Environ un quart des Iraniens étaient dans une situation de pauvreté absolue. Comme pour illustrer son arrogance en tant que monarque absolu, le Chah avait declaré en 1976, mois de trois avant avant de devoir fuir du pays: "Nous n’avons pas encore demandé au peuple de faire des sacrifices. Au contraire, nous les avons comme couvert d’ouate. Les choses vont maintenant changer. Chacun devra travailler plus et être prêt à faire des sacrifices au service du progrès de la Nation."

  • L’histoire du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Le capitalisme est un système mondial et il doit être combattu à la même échelle. C’est pourquoi le Parti Socialiste de Lutte fait partie d’une organisation marxiste internationale: le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti mondial actif sur tous les continents. Notre lutte en Belgique s’inscrit dans le cadre d’une lutte des travailleurs du monde entier pour un société socialiste car si la révolution socialiste éclate sur le plan national, elle se termine sur l’arène internationale. La démocratie ouvrière et la planification socialiste de la production ne peuvent se limiter à un seul pays. C’est d’ailleurs l’isolement de la Russie soviétique qui a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    Le CIO est une organisation socialiste internationale qui comprend des sections dans environ quarante pays sur tous les continents.

    Lors du Congrès de fondation du CIO en avril 1974, quatre sections existaient alors (Grande-Bretagne, Allemagne, Irlande et Suède) et des membres étaient présents de Belgique, d’Inde, d’Espagne et du Sri Lanka, des pays où aucune section n’existait encore.

    Au moment de notre neuvième Congrès Mondial (en janvier 2007), des représentants de sections du CIO de tous les continents étaient là : d’Allemagne, d’Angleterre et Pays de Galles, d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Brésil, du Cachemire, du Chili, de Chypre, d’Ecosse, des Etats-Unis, de France, de Grèce, d’Inde, d’Irlande, d’Israël, d’Italie, du Kazakstan, de Malaisie, du Pakistan, des Pays-Bas, de Pologne, du Portugal, de Russie, du Sri Lanka, de Suède, de Tchéquie, d’Ukraine et du Venezuela.

    Les origines du CIO sont ancrées dans la lutte menée par Léon Trotsky contre la progression du Stalinisme. L’isolement de l’Union soviétique combinée à l’arriération du pays héritée du tsarisme a permis l’émergence du régime totalitaire stalinien. La lutte de Trotsky et de ses partisans contre ce régime a conduit à la fondation de la Quatrième Internationale, organisation internationale créée pour la défense de la démocratie ouvrière et du socialisme. Peu de temps après la fondation de la Quatrième Internationale a éclaté la seconde guerre mondiale et de nombreux militants, dont Trotsky lui-même, ont été assassinés tant par les fascistes que par les staliniens.

    La dégénérescence de la Quatrième Internationale

    Après la guerre, les dirigeants de la Quatrième Internationale survivants ont été confrontés à d’énormes difficultés dans la compréhension des changements qui étaient survenus dans la situation mondiale. Ils n’ont pas réussi à saisir le caractère de la croissance économique d’après-guerre en Occident, ni à comprendre les raisons du renforcement du stalinisme en Russie et en Europe de l’Est. Cette incompréhension s’est également vue dans l’analyse des révolutions du monde néo-colonial ainsi que dans l’analyse du rôle décisif de la classe ouvrière dans le changement de société.

    En effet, la longue croissance économique exceptionnelle de l’après-guerre amena de substantielles améliorations dans le niveau de vie de la classe ouvrière, tout au moins dans les pays capitalistes développés. Beaucoup de ‘marxistes’ en tirèrent un peu vite la conclusion que les travailleurs salariés s’étaient ‘embourgeoisés’, et ne pouvaient dès lors plus constituer le moteur d’un changement socialiste de société. Ce fatalisme les poussa vers la recherche de nouvelles forces sociales pouvant se substituer au mouvement ouvrier.

    Sous l’impulsion des mouvements de libération nationale qui explosèrent dans le monde colonial et semi-colonial (Asie, Afrique, Amérique Latine) dans les années’50 et ’60, les dirigeants de la Quatrième Internationale glissèrent vers un soutien acritique à la direction – souvent fortement influencée par le stalinisme – de ces mouvements. Les mouvements à prédominance paysanne et les méthodes de guérilla furent ainsi érigés en modèles, tandis que l’épicentre de la révolution mondiale fut déplacé vers le monde colonial et semi-colonial. Mao Zedong (en Chine), Fidel Castro (à Cuba) ou Hô Chi Minh (au Vietnam) furent ainsi présentés comme des «trotskistes inconscients», pendant que le réveil de la classe ouvrière en Europe, exprimé à merveille par l’immense grève générale des travailleurs français en mai’68, prit de court les dirigeants de la Quatrième Internationale, aveuglés par des perspectives erronées.

    Une série d’erreurs politiques de ce type eurent comme conséquence l’effondrement de l’organisation et un fractionnement de celle-ci dans des dizaines de groupes différents.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) puise quant à lui ses racines chez des troskistes britanniques qui n’ont pas ignoré la nouvelle situation, mais n’ont pas cherché à l’exploiter de façon opportuniste pour obtenir des succès faciles ou chercher des raccourcis. Nous ne nous sommes pas non plus limités à l’analyse de la situation, mais avons cherché sans cesse à intervenir autant que possible dans les luttes pour diffuser les idées du marxisme parmi les travailleurs et la jeunesse.

    Notre organisation a pendant longtemps été très petite et uniquement active en Grande-Bretagne ; pour autant, nous avons toujours conservé et exprimé sur le terrain une attitude internationaliste intransigeante. Dès ses débuts, notre journal anglais «The Militant» consacrait un nombre significatif de ses colonnes à la couverture des luttes au niveau international. Nous avons ainsi gagné davantage de militants, établi des contacts successifs dans d’autres pays, et à la fin des années ‘60, la possibilité de mettre en place les fondations qui ont été à la base de la création et de la croissance ultérieure du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    L’entrisme

    Pour construire ses forces, le CIO a appliqué différentes tactiques à différents stades de son évolution, en fonction des conditions objectives du moment, tout en maintenant à tout moment une orientation consciente vers le mouvement ouvrier, en particulier vers ses couches les plus combatives.

    Avant que la vague néo-libérale des années ’80, puis le tournant majeur représenté par la chute du stalinisme dans les années ’90, ne viennent affecter durablement la composition et le programme des partis sociaux-démocrates, ces derniers exerçaient encore une grande attraction sur un nombre important de travailleurs et de jeunes. Les partis sociaux-démocrates correspondaient typiquement à la définition que donnait Lénine de «partis ouvriers bourgeois» : des partis ouvriers de masse, bien que dominés par une direction réformiste et bureaucratique. A la base, les rangs de la social-démocratie comprenaient encore beaucoup de travailleurs activement engagés pour le parti, et étaient encore traversés de vifs débats politiques. Celui qui voulait être actif dans le mouvement ouvrier pouvait difficilement passer à côté de cette réalité.

    La tâche des révolutionnaires demande d’être en contact le plus étroit possible avec les travailleurs. Par conséquent, les militants du CIO étaient d’avis qu’il était préférable de militer à l’intérieur même de la social-démocratie, en défendant conséquemment et ouvertement un programme marxiste, plutôt que de s’isoler en dehors de ces partis. A l’inverse d’autres groupes, cette tactique d’«entrisme» dans la social-démocratie n’a jamais été pour nous une panacée, ou un prétexte pour succomber aux idées réformistes et masquer le programme révolutionnaire. Bien au contraire, nous avons toujours mené notre travail drapeau déployé, défendant nos positions marxistes dans le but de combattre l’influence exercée par la direction bureaucratique sur ces partis d’une part, afin de gagner les travailleurs et les jeunes organisés dans ces partis à nos positions d’autre part. C’est ainsi que nous avons par exemple acquis une solide base de soutien au sein des Jeunesses Socialistes du Labour Party en Angleterre dans les années ‘70, ou de celle du SP en Flandre dans les années ‘80.

    Pourtant, dès le milieu des années ’80, mais surtout après la chute du mur de Berlin, la situation a commencé à tourner. La chute des régimes staliniens a ouvert la voie à une offensive idéologique majeure de la part des représentants du capitalisme, et a servi d’excuse aux dirigeants des organisations de la social-démocratie pour retourner définitivement leurs vestes. Les idées de lutte, de solidarité et de socialisme furent mises de côté au profit d’une adhésion aux principes du libre-marché. La trahison des directions ouvrières traditionnelles a laissé place à un vide et à la confusion politique.

    Dans ces conditions, l’idée selon laquelle les travailleurs et les jeunes en lutte se dirigeraient en premier lieu vers la social-démocratie devenait de plus en plus invraisemblable. C’est pourquoi petit à petit, la plupart des sections du CIO ont opté pour la création d’organisations révolutionnaires indépendantes et ouvertes, tout en appelant, dès le début des années ’90, à la formation de nouveaux partis larges des travailleurs, sur base de l’analyse de cette bourgeoisification des anciens partis ouvriers.

    Liverpool et la lutte contre la Poll Tax

    Un élément important dans le développement de quasiment toutes nos sections est notre engagement dans les différentes formes de lutte. Notre rôle n’a d’ailleurs pas seulement été limité à une participation active aux luttes car dans beaucoup de cas, notre organisation a su jouer un rôle crucial.

    Les mouvements de lutte les plus importants que nous avons eu à diriger jusqu’à présent se sont déroulés en Grande-Bretagne, notamment contre Margaret Thatcher lorsqu’elle était Premier ministre. Au milieu des années ‘80, nos camarades (dont l’organisation s’appelait à ce moment-là Militant) ont dirigé la lutte de la commune de Liverpool contre les plans d’assainissement, une lutte accompagnée d’actions de grève et de manifestations massives. Plus tard, nous avons aussi été fortement impliqués dans la campagne contre la Poll Tax (un impôt introduit par Thatcher mais rejeté en masse par la population). Une campagne massive de désobéissance civile avait été organisée à tel point que 18 millions de personnes n’ont pas payé la Poll Tax. Les manifestations ont rassemblé jusqu’à 250.000 personnes. Grace à cela Thatcher a été contrainte de retirer cette taxe et même de prendre la porte.

    Cette lutte avait été organisée en opposition à la direction du Labour Party (le parti travailliste) et à la plupart des dirigeants syndicaux. A Liverpool, ils ont même appelé les Conservateurs en soutien pour combattre la protestation. Avec la Poll Tax, ils n’ont pas réussi à en faire autant. Notre lutte contre les dirigeants pro-capitalistes du mouvement ouvrier a toujours été une donnée importante dans le développement de notre organisation.

    Mais ce genre de lutte est bien plus difficile dans beaucoup de pays tels que la Grèce, l’Espagne, l’Afrique du Sud et la Suède. La direction des organisations ouvrières établies avait peur d’une répétition du succès rencontré en Grande Bretagne où, durant plus de 15 ans, nous avons pu diriger les sections jeunes du parti travailliste et où, dans les années ’80, nous avons pu faire élire trois camarades au parlement sous le slogan : «un parlementaire ouvrier à un salaire d’ouvrier».

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière a toujours été impliqué dans différents domaines des luttes. Parfois, nous avons même été les précurseurs autour de nouveaux thèmes, comme pour une campagne contre la violence domestique. D’autres initiatives ont également été très importantes, comme la fondation de «Youth against Racism in Europe» («Jeunes contre le racisme en Europe», en Belgique : «Blobuster» et «Résistance Internationale»), une organisation anti-fasciste internationale qui avait organisé une manifestation européenne à Bruxelles en octobre 1992 à laquelle 40.000 manifestants avaient participé.

    À côté de nos campagnes sur les lieux de travail et dans les quartiers, les membres du CIO participent aussi aux élections. Dans se cadre là, nous insistons sur le fait que les élus du CIO participent activement aux mouvements de lutte et gagnent un salaire identique à celui des travailleurs qui les ont élus. En ce moment, différents membres du CIO sont élus dans des conseils communaux en Grande Bretagne, en Irlande, en Suède et en Allemagne. Jusqu’il y a peu, nous avons également eu un député au parlement irlandais, Joe Higgins.

    Lutter contre les dictatures et la division de la classe ouvrière

    Dans d’autres pays, nous avons activement contribué à la lutte contre les dictatures, comme lorsque nous nous sommes impliqués pour la construction de syndicats combatifs en Afrique du Sud à l’époque du régime de l’apartheid. D’autres camarades ont clandestinement milité au Chili contre le régime de Pinochet. Au Nigéria, après l’annulation des élections présidentielles de 1993 par les généraux, l’opposition démocratique a soutenu l’appel de nos camarades pour une grève générale.

    Dans certains pays, nous avons été confrontés à des situations extrêmement difficiles. Ainsi nos camarades d’Irlande du Nord et du Sri Lanka ont dû s’opposer à la division nationale ou religieuse. Nous avons toujours défendu la nécessité de l’unité des travailleurs dans les luttes et la résistance contre la répression d’Etat. Nous avons été les seuls dans la gauche à défendre une position constante et principielle à propos de la question nationale en partant des intérêts de la classe ouvrière dans son ensemble.

    La chute de l’Union Soviétique a conduit à une situation mondiale fondamentalement différente et a eu d’énormes répercussions sur toutes les organisations politiques. Face à ces évènements, bon nombre d’organisations et d’individus ont été désorientés, confus, et ont abandonné la lutte pour le socialisme en capitulant face à l’idéologie de la classe dominante. Le CIO a analysé et tenté de comprendre la signification de la chute du bloc de l’Est : entre autres le renforcement de la position de l’impérialisme américain et le virage à droite de nombreuses organisations ouvrières. Mais nous avons toujours défendu la nécessité du socialisme comme seule alternative au capitalisme et avons toujours cherché à l’expliquer le plus largement possible.

    Le CIO a utilisé la méthode d’analyse marxiste pour approfondir la compréhension des événements et des processus qui se sont développés depuis les années ‘90. Contrairement à beaucoup d’autres groupes de gauche, nous avons ainsi non seulement pu conserver nos membres au cours des très dures années ’90, mais nous avons en outre beaucoup renforcé nos organisations ainsi que gagné de nouvelles forces dans différentes régions du monde. La nouvelle période qui se trouve face à nous aujourd’hui va nous permettre de mettre bien plus en avant le précieux héritage que nous avons préservé dans ces années bien difficiles.

    Rejoignez le CIO !

    Mais la construction de nos propres forces ne nous a pas empêché d’avoir des discussions avec d’autres groupes pour, si possible, mener des actions en commun. Si ces discussions conduisent à un accord politique sur les principes fondamentaux, une organisation commune peut alors naître, comme cela s’est passé notamment en Belgique ou en France au cours des années ‘90.

    Le CIO est ouvert à toute personne qui veut lutter pour un monde meilleur, un monde socialiste, et qui est ouverte à discuter de nos idées. Nous avons toujours été préparés à discuter avec différents groupes et individus qui ont acquis une autre expérience que la nôtre dans les différentes luttes et qui veulent construire un mouvement socialiste.

    Alors si vous êtes intéressés par les idées du CIO, n’hésitez pas à nous contacter et à nous rejoindre!


  • Plus de moyens publics pour l’enseignement !

    Non à la commercialisation croissante ! –Non aux coupes budgétaires !

    L’enseignement est de nos jours un des secteurs les plus importants du pays. Quelque 300.000 personnes y travaillent et ses budgets s’élèvent à quelque 15 milliards d’euros par an. La crise économique fait de ce secteur une proie très attrayante pour les entreprises à la recherche d’un endroit sûr pour investir leurs profits. Pour la même raison, on doit s’attendre après les élections à une série d’attaques et de coupes budgétaires, notamment contre l’enseignement. Nous voulons mettre en avant notre alternative et, dans ce dossier, aborder le pourquoi et le comment de notre programme sur l’enseignement.

    Par Tim (Gand)

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Coupes d’austérité en pratique : le crédit-études

    Depuis cette année académique, le crédit-études a été introduit en sourdine dans l’enseignement supérieur flamand (soyons vigilants du côté francophone!). Il s’agit d’une mesure qui vise à limiter de façon drastique les possibilités d’études. Le ministre Vandenbroecke présente cela comme une mesure sociale afin d’empêcher le gaspillage. La réalité est toute autre. Nous en avons parlé avec quelques étudiants de l’Université de Gand qui s’opposent au crédit-études.

    « Le crédit–études a été introduit dans le cadre de la libéralisation de l’enseignement supérieur et du décret de financement de Vandenbroecke. Chaque étudiant reçoit 140 points au début de ses études, en plus d’un bonus de soixante points pour un débutant. Au début de l’année, on déduit soixante points, que l’on reçoit à nouveau à la fin de celle-ci, mais seulement si on passe l’année en première session. Différents autres mécanismes sont prévus pour retirer des points.

    Sans points d’études, soit l’institution peut refuser l’étudiant, soit l’obliger à payer deux fois les frais d’inscription. Les universités de Gand et de Louvain ont déjà déclaré vouloir rigoureusement appliquer cette politique. Les universités et les hautes écoles ne recevront plus de financement pour les étudiants qui n’auront plus de points d’études.

    Cette mesure est surtout un désastre pour les étudiants qui travaillent et pour ceux issus d’un milieu social plus faible et qui ont plus de difficultés à réussir dans l’enseignement supérieur. Il n’existe aucune compensation ou situation d’exception pour ces étudiants. En outre, cette mesure ouvre la possibilité d’augmenter de façon masquée les frais d’inscription. Il ne s’agit donc pas du tout d’une mesure sociale, mais d’un coup d’austérité sur le dos des étudiants, qui limite l’accès à l’enseignement supérieur surtout pour les plus faibles dans la société. Pour un étudiant qui a des parents nantis, ce n’est pas un problème de payer deux fois les frais d’inscription. »

    Rendre l’enseignement accessible à tous

    Aller à l’école, ça coûte de l’argent. L’ « enseignement gratuit » qui « offre sa chance à chacun » dont ont tant parlé les différents ministres de l’enseignement est un rêve à mille lieux de la réalité. Aujourd’hui, une famille de salariés modestes est quasiment incapable d’assurer des études supérieures à plusieurs enfants. Le système des bourses d’étude n’est pas adapté pour remédier pleinement à pareille situation.

    La Fédérations des Etudiants francophones (FEF) a calculé l’an dernier qu’un étudiant en Belgique francophone dépense en moyenne entre 7.000 et 12.000 euros chaque année pour ses études alors qu’une bourse est de 3.500 euros au maximum. En Flandre, le nombre d’étudiants boursiers a chuté de 25 à 15% de la population étudiante entre 1989 et 2004, et ce n’est pas parce que ceux qui en ont besoin sont moins nombreux…

    Résultat : plus de 80% des jeunes doivent travailler pour pouvoir payer leurs études, ce qui peut prendre des formes extrêmes. En Belgique, il existe peu de chiffres sur les étudiantes qui se prostituent pour pouvoir payer leurs études mais, aux Pays-Bas, la situation est telle que l’arrivée massive des étudiantes dans les bureaux d’escort-girls a provoqué une baisse des prix. Beaucoup de filles ne gagnent plus que 9 euros de l’heure en vendant leur corps ! Selon des données récentes, quelque 400 étudiantes ‘travaillent’ dans la prostitution à Anvers et 200 à Gand. En France, on estime à quelque 40.000 les étudiant(e)s qui se prostituent plus ou moins occasionnellement, soit 1 étudiant(e) sur 50. Ce sont bien entendu des cas extrêmes, mais une grande partie des étudiants sont confrontés aujourd’hui à la combinaison d’études trop chères et d’un emploi précaire mal payé.

    Les choses ne sont pas meilleures dans l’enseignement obligatoire : septembre est un mois de lourdes dépenses pour de nombreux parents. Malgré les promesses et les demi-mesures, envoyer un enfant à l’école demeure financièrement pénible. En moyenne, dans notre pays, l’éducation d’un enfant coûte entre 250 et 400 euros par mois, dépenses qui sont loin d’être couvertes par les allocations familiales et autres. C’est aussi la raison pour laquelle de nombreuses mères célibataires flirtent avec le seuil de pauvreté et sont contraintes de repousser des dépenses fondamentales (les coûts médicaux par exemple). Elles ont aussi souvent moins d’argent pour offrir à leurs enfants une éducation décente.

    EGA/ALS : des étudiants combatifs pour un enseignement accessible à tous !

    Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du PSL, est présent dans toutes les universités du pays et dans quelques Hautes Ecoles (sous le nom d’Actief Linkse Studenten en Flandre). Nos camarades étudiants militent pour la gratuité des études, soutiennent les luttes des travailleurs, et en particulier celles du secteur enseignant, ou encore celles des sans-papiers qui occupent des locaux dans certaines universités ; ils organisent aussi des conférences et des formations marxistes.

    Aujourd’hui, en Belgique, les frais d’inscription pour l’enseignement supérieur restent encore relativement bas par rapport aux pays avoisinants. C’est pour cela que beaucoup d’étudiants allemands, hollandais et français viennent en Belgique afin de pouvoir encore jouir d’un enseignement à prix abordable. Cependant, avec la crise économique, il est prévisible que tant la Communauté flamande que la Communauté française voudront augmenter les frais d’inscription après les élections. Nous mobiliserons parmi les étudiants pour stopper ces mesures, mais nous ne nous croisons pas les bras en attendant. Nous participons ainsi à la campagne Respact qui vise à réduire le coût des études (voir la dernière page de ce journal).

    Autre exemple ; nous avons pour la cinquième fois participé aux élections du Conseil étudiant de la VUB afin de populariser nos arguments parmi les étudiants, avec succès. Ces dernières années, nos représentants au Conseil ont, avec les militants syndicaux de la CGSP, ont été à l’initiative des mobilisations contre le décret de financement de Vandenbroecke, la réduction des dotations à la VUB, etc.

    Mais étudier coûte bien plus cher que le seul paiement des frais d’inscription. Dans toutes les universités et les hautes écoles, on assiste à une augmentation continuelle des frais des kots, des repas, de l’infrastructure sportive, des services médicaux,…

    EGA/ALS participe partout aux luttes contre ces mesures et s’oppose au comportement des directions qui ne font que transférer les coupes d’austérité du gouvernement sur le dos des étudiants au lieu de rejoindre activement la mobilisation contre ce gouvernement.

    Le PSL/LSP est en faveur de mesures comme l’introduction d’un salaire étudiant. Certains opposants au salaire étudiant rétorquent que cela bénéficierait aussi aux familles riches, mais dans un système où celles-ci ne représentent qu’une couche très réduite de la population, c’est une mesure générale comme la sécurité sociale ou un salaire étudiant qui protège le mieux possible les familles en difficultés financières. Nous sommes également pour d’autres mesures générales comme des transports en commun gratuits pour tous, un système de soins de santé national gratuit et des investissements massifs pour développer des logements sociaux à prix abordable – au bénéfice tant des étudiants que du reste de la population – afin que ces coûts ne soient pas un frein sur les études.

    Stop aux coupes budgétaires!

    Les réformes consécutives de l’enseignement ont aussi des conséquences néfastes pour les conditions de travail du personnel enseignant, administratif et technique du secteur. Depuis la communautarisation de l’enseignement, les ministres (le plus souvent soi-disant socialistes, comme Onkelinx et Di Rupo…) ont fait disparaître des milliers d’emplois dans l’enseignement secondaire en Communauté française. Inutile d’insister sur quelle charge de travail et quelle pression cela représente pour ceux qui restent.

    La même chose vaut pour l’enseignement supérieur : les réformes entraînées par le processus de Bologne font porter plus de travail sur le dos du personnel des universités et des hautes écoles. En outre, on introduit constamment de nouvelles règles de contrôle qui conduisent à une pression administrative insupportable, et ce malgré le fait que l’enseignement et la recherche sont dans notre pays de haute qualité. Qui plus est, on peut douter de l’efficacité de ces mesures. Le personnel administratif qui doit se charger de gérer ces réformes en est souvent victime aussi : le financement de l’enseignement ne suit pas les tâches supplémentaires des universités et les hautes écoles, ce qui met une pression de travail supplémentaire sur ceux qui travaillent dans les services administratifs et techniques.

    L’école n’est pas une usine

    L’enseignement sous le socialisme

    L’enseignement n’est jamais indépendant de la société dans laquelle il existe. Dans la société capitaliste, l’enseignement a avant tout pour fonction d’imposer la discipline et de fournir des ‘produits tout faits’ pour le marché du travail. De préférence des travailleurs qui ne sont pas trop critiques et qui peuvent aussi être facilement influencés en tant que consommateurs. Dans une société socialiste, les priorités seraient différentes. Une telle société serait organisée par la population travailleuse, activement impliquée dans la gestion et l’organisation de la production et des entreprises, mais aussi des autres institutions comme l’enseignement, la santé, la justice,… Cette société serait bien plus démocratique que la nôtre, parce que les richesses seraient gérées collectivement et que les gens pourraient donner leur opinion et participer aux choix sur tout ce qui concerne leur quotidien. L’enseignement y jouerait un rôle important : former des individus critiques, capables de se forger leur propre opinion et de la proposer de manière claire et respectueuse. Chaque individu devrait pouvoir développer ses talents amplement, pour se servir de ceux-ci dans le sens du progrès global de l’ensemble de la société.

    C’est sur cette base que l’enseignement a été réorganisé dans les premières années qui ont suivi la révolution de 1917 en Union Soviétique. Les obstacles au libre accès à l’enseignement ainsi que toutes les traditions conservatrices ont été abolies : pas de frais d’inscription, du matériel gratuit, des voyages d’études, plus d’examen d’entrée ni d’uniformes scolaires, etc. Les élèves plus âgés ont été impliqués dans l’apprentissage de la matière scolaire par les plus jeunes, de manière à ce que les jeunes apprennent à vivre de manière solidaire. La musique et le théâtre ont été promus pour contribuer à favoriser une expression publique claire, sans timidité. Les universités ont été transformées en écoles populaires où chacun pouvait suivre les cours et participer de manière illimitée, où chaque sujet et chaque capacité étaient proposés à l’apprentissage. Le but était d’abolir les barrières artificielles entre le travail manuel et intellectuel pour que chacun puisse se développer en un individu complet et varié.

    Hélas, avec l’avènement de la dictature stalinienne, beaucoup de ces mesures ont été restreintes ou supprimées, mais quelques éléments sont malgré tout restés, comme les investissements massifs dans l’enseignement et l’accès à l’enseignement à tous les niveaux. Ce n’est pas un hasard si l’enseignement en Union Soviétique était un des meilleurs du monde, avec une série de scientifiques renommés dans de nombreuses disciplines.

    Aujourd’hui, nous luttons pour un enseignement qui applique ces idées, en sachant que ce type d’enseignement ne sera réalisable que dans une société où la population pourra décider collectivement et démocratiquement de ce qui est produit et de comment le répartir.

    Cette société s’appelle une société socialiste.

    [/box]

    Ces dernières années, l’enseignement a dû avaler un tas de réformes néolibérales : le rôle de l’enseignement en tant que service public responsable de la formation et du développement de la société a été constamment mis sous pression par les coupes budgétaires continuelles ainsi que par l’introduction d’une logique de marché.

    Les réformes de Bologne visent à remodeler l’enseignement supérieur européen selon le modèle anglo-saxon : quelques institutions renommées et élitistes et beaucoup d’institutions de second rang pour la majorité de la population. Le Partenariat Public-Privé mis en place pour rénover les bâtiments scolaires suit cette même logique.

    Ce genre de mesure est officiellement destiné à réduire les dépenses d’investissements dont les écoles ont cruellement besoin (même si l’on devra rembourser aux banques 2,5 milliards d’euros pour 1 seul milliard prêté…). Un autre objectif est d’instaurer parmi la population l’idée que les entreprises auraient un rôle essentiel à jouer dans l’enseignement. Que ces entreprises soient principalement intéressées par le profit maximum qu’elles espèrent tirer de leurs investissements – et pas par les besoins réels des élèves et des enseignants – n’a, semble-t-il, guère d’importance.

    Lutter ensemble pour un enseignement gratuit et de qualité

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL/LSP) est présent parmi le personnel de l’enseignement à travers nos militants syndicaux, parmi les étudiants avec nos cercles Etudiants de Gauche Actifs (EGA-ALS) et parmi les écoliers avec la campagne Résistance Internationale (RI-IV).

    Nous travaillons avec un programme concret basé sur les expériences quotidiennes de nos membres et sur leurs discussions avec leurs collègues, enseignants comme étudiants. Dans notre programme, nous ne partons pas de ce qui est réalisable avec les minces budgets dont disposent les ministres, et nous ne voulons pas intéresser le monde des affaires à l’enseignement. Nous prenons au contraire comme point de départ les intérêts du personnel et des étudiants : comment peut-on rendre le système éducatif de meilleure qualité et accessible pour tous ? Comment l’enseignement peut-il jouer un rôle dans le développement des talents de chacun et former des individus critiques et ayant une vie sociale riche et active ?

    Mais le PSL, EGA et RI ne se limitent pas à discuter des réformes et de l’organisation dont l’enseignement a besoin. Nos militants sont souvent aux premiers rangs des luttes contre les coupes d’austérité et les réformes néolibérales. Nous voulons stimuler l’opposition active des jeunes et des travailleurs et nous défendons une réponse vraiment socialiste. Il n’est donc pas étonnant que nos militants se soient trouvés à l’avant-plan lors de la lutte contre le plan Vandenbroecke en Flandre (destiné à diminuer les subventions pour l’enseignement supérieur), lors de la lutte contre les privatisations à l’Université libre de Bruxelles l’année passée ou, il y a quelques années, lors de la lutte contre l’augmentation du minerval intermédiaire à l’Université de Liège.

    Avec la crise économique qui touche le monde entier aujourd’hui, beaucoup de multinationales visent le secteur de l’enseignement. Après avoir mis le chaos dans l’économie privée, nombre de capitalistes s’orientent à nouveau vers les services publics. La pression pour réduire les budgets de l’enseignement et privatiser les secteurs les plus juteux sera énorme dans les prochaines années.

    Rejoindre une organisation comme la nôtre, c’est se préparer à lutter contre les (contre)-réformes au détriment du personnel et des étudiants et lutter pour un enseignement orienté vers les intérêts de l’ensemble de la société.


    • Site électoral du PSL
  • III. NOTRE PROGRAMME

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    "Le PSL – LSP, un parti pour changer de société"

    Préface

    I. Histoire du PSL/LSP

    II. Perspectives, tâches et objectifs

    – IV. Notre fonctionnement interne

    Cette brochure peut être commandée via redaction@socialisme.be et revient à 3 euros (que vous pouvez verser sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec la mention "brochure PSL").
    [/box]

    Idéologie

    Beaucoup de gens disent qu’ils n’adhèrent à aucune idéologie particulière, il est même devenu assez «tendance» de se dire pragmatique. Depuis la chute du stalinisme, à la fin des années ’80 – début des années ’90, la classe dominante et ses collaborateurs intellectuels ont déclaré avec grand fracas que le débat idéologique avait pris fin. Seul le marché «libre» était dorénavant considéré comme étant efficace. Pour reprendre la célèbre expression du philosophe Francis Fukuyama (qui a très peu fait parlé de lui par la suite) la «fin de l’histoire» a été explicitement proclamée.

    La raison pour laquelle peu de gens parlent encore de cette prétendue «fin de l’histoire» n’est pas compliquée à trouver: les contradictions de classes n’ont fait que s’accroître durant les années 1990 et 2000 et le clivage entre riches et pauvres est aujourd’hui gigantesque. De plus en plus de travailleurs et de jeunes se retrouvent sur le côté. Cette situation conduit inévitablement à de nouveaux questionnements ainsi qu’à la recherche d’une réponse générale contre le capitalisme ; autrement dit : une autre idéologie, capable de mieux expliquer les développements sociaux que l’ancienne.

    A travers l’histoire, les classes dirigeantes ont toujours essayé de présenter leurs idées comme «naturelles», «éternelles», et «normales». La bourgeoisie n’agit pas différemment au travers de ses partis, de son enseignement, de ses médias et de ses intellectuels. Attardons nous sur quelques clichés de la vision capitaliste :

    – «La société n’est pas constituée de différentes classes économiques, mais bien d’individus indépendants.»

    Cela est totalement faux. Il existe une classe dirigeante qui dispose de la propriété privée des machines, des ressources, etc. Cette propriété privée des moyens de production entraîne inévitablement l’exploitation de la majorité de la population et une compétition mortelle, contrairement à ce que permettrait une économie démocratiquement planifiée. Il y a donc bien des groupes aux intérêts divergents et irréconciliables dans la société capitaliste. Un tel système contradictoire conduit immanquablement à des crises de surproduction.

    – «Les restructurations et les licenciements sont déplorables, mais sont un phénomène temporaire, et nécessaire à la viabilité de l’économie.»

    Tout aussi faux. Le chômage a, en Belgique, augmenté de 70.753 personnes au début des années ’70 à plus d’un demi-million de personnes qui dépendent de l’ONEM aujourd’hui. Le licenciement des travailleurs est seulement «nécessaire» afin de garantir les profits des patrons et PAS pour maintenir une économie saine. Les profits d’une petite élite priment sur tout le reste.

    – «Celui qui est sans emploi l’est uniquement par sa propre faute. C’est un problème personnel, pas social.»

    Une fois de plus, c’est un mensonge. Le chômage structurel – alors que tant de besoins ne sont pas satisfaits dans la société (garderies à bon marché, facilités de loisir, enseignement de qualité,…) – est une maladie liée à la crise de surproduction capitaliste.

    Les frais salariaux sont seulement une excuse pour des capitalistes à la mémoire courte. Dans les années ’50 et surtout ’60, un système de sécurité sociale a été construit, et les salaires réels sont montés de manière significative. Mais ce processus a pris place dans une période de forte croissance capitaliste. Depuis la politique néolibérale, au début des années ’80, nos salaires directs et indirects (pensions, allocations, etc.) ont fortement diminué en termes de pouvoir d’achat. Cela n’empêche pas les patrons de systématiquement parler du coût salarial comme d’un facteur «destructif pour l’emploi». La seule chose destructive pour l’emploi est pourtant le système capitaliste qu’ils défendent.

    – «L’idée de redistribuer les richesses est le reflet d’une jalousie vis-à-vis de ceux qui ont réussi dans la vie. La position de quelqu’un dans la société correspond à ses efforts et à ses talents.»

    Faux. La redistribution des richesses signifie de réclamer aux grands actionnaires le travail non-payé, grands actionnaires dont l’activité ne consiste d’ailleurs qu’à s’asseoir sur leurs culs de fainéants, à remplir des coupons et à les commercialiser. Etre riche aujourd’hui signifie avant tout être né dans une «bonne famille». Les efforts et les talents de la majorité des travailleurs sont constamment niés par le capitalisme. Par la routine robotique, le manque de contrôle et de démocratie, ces talents sont à peine utilisés.

    – «Le socialisme ne correspond pas à la nature humaine, car la majorité des gens est égoïste.»

    Encore une autre désinformation. Dans la nature humaine, on peut indubitablement constater des éléments d’altruisme, par exemple dans la relation des parents envers leurs enfants. Mais la lutte pour le socialisme ne se base pas sur l’idée que nous devrons faire «plus avec moins». Bien en contraire. C’est dans la lutte pour les intérêts matériels de la majorité de la population que se trouve le fondement même des mouvements de lutte à venir.

    – «La révolution, c’est un coup d’Etat chaotique réalisé par une petite minorité, comme cela a été le cas en Russie en octobre 1917.»

    C’est quelque chose que l’on entend également très souvent, mais là encore, c’est très loin de correspondre à la réalité. Les révolutions ont lieu seulement quand les masses ne veulent plus vivre de l’ancienne manière : quand les masses laborieuses arrivent sur la scène de l’histoire. Nous parlons d’une intervention consciente et organisée des masses pour prendre la gestion de la société entre leurs mains. La révolution de 1917 était portée par la majorité des travailleurs et des paysans pauvres, organisée dans des conseils (soviets) démocratiquement élus.

    – «Une économie planifiée n’est pas réaliste. Qui voudrait encore travailler?»

    Cette idée rejoint la thèse sur la nature humaine «égoïste». La satisfaction du travail pour les masses trouvera sa source dans le fait qu’elles contrôleront elles-mêmes les produits de leur travail, et ce d’une manière démocratique. Ce sera un stimulant économique et social énorme. Les conditions de vie pourraient de nouveau augmenter sur toute la planète, avec des possibilités gigantesques pour les nouvelles technologies et les sciences, tout en tenant compte de l’environnement. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que l’on pourra réellement respecter l’environnement, nécessité vitale pour chacun.

    Ce sera l’intérêt commun et non le profit d’une petite élite qui sera mis en avant par des discussions dans les conseils ou comités de travailleurs. La technologie, qui actuellement conduit à plus de chômage au fur et à mesure des progrès en entraînant des crises de surproduction, pourrait sous une économie planifiée élargir le temps libre, la liberté humaine et la connaissance de ce que la planète a à nous apporter de façon considérable.

    On pourrait encore aborder beaucoup d’autres questions. Est-ce que les travailleurs d’aujourd’hui sont encore exploités, comme au 19e siècle ? La majorité d’entre nous n’est-elle pas devenue heureuse grâce au capitalisme, à l’exception de quelques problèmes provisoires et marginaux ? En fait, la machine de propagande bourgeoise tourne tellement bien que certaines finissent pas la croire, malgré des statistiques qui prouvent le contraire.

    Il en va ainsi du «Quart-Monde», que beaucoup de gens considèrent comme ayant toujours existé, et destiné à disparaître à terme. En réalité, la notion de «Quart-Monde» est née dans les années ’80 suite aux économies opérées dans les services sociaux. Depuis quelques années, même ceux qui ont un emploi ne sont plus certain d’échapper à la pauvreté.

    En fait, les idées capitalistes sont quotidiennement diffusées par des milliers de canaux tandis que la réponse socialiste à ce flot de propagande ne dispose bien évidemment que de peu de moyens. Ainsi, quand la presse bourgeoise parle des grèves, elle parle essentiellement de la nuisance de celles-ci. Pourquoi n’entend-t-on jamais dire de leur part que sans les grèves, les grèves générales et les manifestations de travailleurs, nous n’aurions jamais eu le droit de vote ou la sécurité sociale? Ce n’est pas un fait objectif peut-être? Ou est-ce simplement parce que cela déplaît à l’idéologie dominante, celle de la classe dominante et de ceux qui servent ses intérêts?

    Et d’ailleurs, est-ce qu’il existe encore des idéologies? On prétend aujourd’hui facilement qu’au 19e siècle, à l’époque de Marx, il y avait encore de grandes contradictions de classes, mais que celles-ci ont entre-temps disparu. La raison avancée pour étayer cette thèse est que la classe ouvrière de l’époque de Marx n’existe plus aujourd’hui. C’est un argument auxquelles nos oreilles auraient à force presque tendance à s’habituer, alors qu’il n’y a pas la moindre parcelle de vérité là-dedans.

    Au 19e siècle, la classe ouvrière était une petite minorité largement désorganisée. Politiquement, elle était proche du parti Libéral, et on ne parlait même pas encore d’un parti ouvrier (de tels partis sont nés seulement vers la fin du 19e siècle). Une des tâches les plus importantes de Marx a consisté à donner une idéologie propre et globale à la classe ouvrière ainsi qu’à créer des organisations ouvrières indépendantes de la bourgeoisie. Marx parlait de transformer la classe ouvrière d’une classe «en soi» (qui existe) en une classe «pour soi» (conscience de son existence en tant que classe aux intérêts communs).

    Aujourd’hui, la classe ouvrière constitue la majorité de la population. Elle est bien éduquée, organisée dans des syndicats, possède un certaine degré d’indépendance politique et, depuis le 19e siècle, elle a obtenu le droit de vote, la liberté de la presse, le droit de grève, etc. Il est normal que la bourgeoisie essaie de s’en prendre à ces droits. Les patrons font bien entendu tout pour miner et diviser cette force potentielle en scissionnant des entreprises (la scission de Bayer à Anvers en Bayer et Lanxess, par exemple) ou à l’aide de la sous-traitance.

    C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les attaques contre le droit de grève. Les patrons veulent limiter le pouvoir potentiel des travailleurs, avant que ce pouvoir ne se manifeste de manière trop évidente. En France, Sarkozy a fait voter une loi qui oblige les grévistes, dans le secteur des transports publics, à annoncer préalablement une grève à la direction. Ils veulent ainsi pouvoir anticiper les effets de la grève et soumettre les travailleurs à l’intimidation. Les politiciens et les patrons rêvent d’élargir cet exemple à d’autres secteurs.

    En Belgique, comme en France, la discussion sur le «service minimum» est lancée. A quoi sert une grève, si des remplaçants sont sur place? Les directions syndicales nationales de la CSC et de la FGTB n’ont pourtant pas émis de forte résistance contre une telle idée. Dans certains cas, ils ont même aidé la droite dans ses réflexions sur le sujet, tant leur peur des actions spontanées et des mouvements généralisés est profonde. Comme Trotsky l’a déclaré il y a quelques décennies, si les dirigeants syndicaux ne rejettent pas le système, alors ils s’y incorporent de plus en plus.

    Les dirigeants syndicaux ne portent pas juste une «petite» part de responsabilité sur leurs épaules dans l’absence de perspectives de toute une génération et d’une jeunesse immigrée abandonnée par le capitalisme. Aujourd’hui, dans beaucoup de villes européennes, on assiste à l’émergence de ghettos auxquels aucun politicien bourgeois ne s’intéresse. L’aliénation que ceci peut amener, nous avons pu la voir à l’œuvre dans les explosions violentes des banlieues françaises en 2005. Des voitures et des entreprises ont été incendiées. Des attaques ont été commises contre des bus dans lesquels se trouvaient des travailleurs ordinaires victimes de la politique néolibérale au même titre que les jeunes. On a pu voir également les attaques de la part de jeunes immigrés contre leurs compagnons d’âge pendant les manifestations et les grèves contre le CPE (Contrat Première Embauche), tout cela parce qu’ils faisaient selon les jeunes des banlieues partie des «riches». Ces exemples sont tous des signes d’une société malade. De nouveaux partis des travailleurs doivent, avec l’aide des syndicats, défendre toutes les couches de la population, même les plus opprimées. Ne pas le faire ouvre la porte aux islamistes radicaux, et, parmi la jeunesse blanche, à l’extrême-droite.

    Il y a encore de grands débats idéologiques en vue. Ni la classe ouvrière, ni l’exploitation n’ont disparu et, en conséquence, pas non plus la nécessité d’un fondement idéologique. Ce qui a disparu, c’est les idéologies réformistes des sociaux-démocrates, ainsi que des dirigeants staliniens.

    Ces derniers, après la chute des régimes staliniens, ont couru à toute vitesse vers le camp du marché libre, parfois avec quelques «corrections sociales» mais sans le plus souvent. A tel point que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair prétend maintenant que le Parti Travailliste n’aurait jamais dû rompre avec les libéraux! En fait, ce que Blair demandait en disant cela, c’était un retour à la période qui a précédé Marx.

    C’est assez logique pour quelqu’un qui a intérêt à ce que l’idéologie capitaliste reste la seule en course, ce qui concrètement signifie que tout doit rester comme avant. «Pas d’idéologie» ou le «pragmatisme» néolibéral, ce ne sont rien d’autre que des formes revêtues par l’idéologie bourgeoise qui a entre autres conduit aux libéralisations, aux privatisations, à la chute du pouvoir d’achat et à une flexibilité croissante.

    Le fait que la discussion sur le «socialisme du 21e siècle» ait été lancée au Vénézuela et en Amérique Latine n’arrive pas au bon moment pour la classe capitaliste. Pour nous, ce n’est que le début du type de discussions qui vont gagner en intensité dans les années à venir, en Europe et dans les pays développés également. Très certainement dans le cadre de cette crise économique qui risque d’être la plus importante jamais connue et si la tendance à la formation de nouveaux partis des travailleurs se confirme.

    Chavez a mené une série de mesures positives pour la population pauvre en partie grâce au prix élevé du pétrole, dont le Vénézuela regorge. Nous soutenons bien entendu ces mesures (supermarchés spéciaux pour les pauvres, campagnes d’alphabétisation, meilleurs soins de santé avec l’aide de médecins cubains,…). Mais, malheureusement, Chavez n’est pas clair sur la nécessité d’opérer une véritable rupture avec le capitalisme. Il n’y a pas encore autant de nationalisations qu’il y en a eu au Nicaragua dans les années ’80, où d’ailleurs le processus révolutionnaire avait été renversé. Suite à la crise économique, au fur et à mesure de la baisse des revenus pétroliers, cela va fortement limiter l’espace dont dispose Chavez pour l’application de mesures sociales et le soutien pour le régime pourrait en sortir considérablement miné. De plus, le développement d’organes de classe indépendants (comités de lutte élus, partis, etc.) est freiné par l’approche «de haut en bas» du régime.

    Les références de Chavez au socialisme reflètent une pression de la base. Elles expriment la volonté des masses d’abandonner la misère du capitalisme pour construire un nouvelle société.

    IDEOLOGIE ET PROGRAMME

    Le mot «programme» est souvent compris comme «cahier de revendications». Mais un programme, c’est bien plus que cela. Le cahier de revendications n’est que la pointe de l’iceberg, autrement dit l’application concrète d’un programme sous certaines conditions.

    Par exemple, il est possible que l’on soit complètement d’accord avec le cahier de revendications du MR aujourd’hui, sans nécessairement souscrire à tout le parcours historique de ce parti, aux différentes réponses que les libéraux ont offert à travers l’histoire. Pour être un vrai libéral, il ne faut pas seulement souscrire à leur cahier de revendications actuel, mais aussi à la manière avec laquelle ils sont arrivés à cela.

    En d’autres termes, un programme signifie: un cadre idéologique consistant et historiquement construit, une analyse de la situation actuelle, une orientation générale, une stratégie et une tactique. Sans cela, on peut être d’accord avec le MR aujourd’hui mais être complètement en désaccord avec eux demain, lorsque les conditions auront changé. A l’inverse, il est possible d’être d’accord avec le populiste de droite Jean-Marie Dedecker sur un cadre historique libéral, mais avec un autre cahier de revendications.

    Dans un parti qui souscrit à l’idéologie dominante, l’idéologie bourgeoise, cela ne joue pas un rôle tellement important. Par contre, lors d’une révolution ou de grands mouvements de lutte, ces différences peuvent comporter des conséquences catastrophiques.

    C’est pour ça qu’un programme, au sens marxiste du terme, ne peut pas se limiter à un simple cahier de revendications. Le Manifeste du Parti Communiste, écrit par Marx et Engels comme proposition de programme pour la «Ligue des Communistes», était en premier lieu une analyse historique du développement du capitalisme, une perspective sur son futur développement, une orientation générale vers le mouvement ouvrier, et enfin une discussion sur la stratégie et la tactique à adopter vis-à-vis d’autres courants socialistes. Une page seulement sur les 80 à 100 pages du Manifeste (en fonction de l’édition), contient un cahier de revendications en 10 points.

    Les thèses d’Avril de Lénine, le document programmatique des Bolcheviks pour la révolution d’Octobre ‘17, ou encore le programme de transition élaboré par Trotsky en 1938 nous donnent la même image. Autrement dit : on n’est pas pour autant marxiste parce qu’on est d’accord avec une ou même toutes les revendications du cahier de revendications. On le devient réellement sur base d’une analyse historique et actuelle de l’évolution de la lutte des classes et des grandes tâches générales qui en découlent.

    Le PSL/LSP et le Comité pour une Internationale Ouvrière basent leur programme sur l’œuvre de Marx, Engels, Lénine et Trotsky; sur les textes des quatre premiers Congrès de la Troisième Internationale, sur le Congrès fondateur de la Quatrième Internationale et sur les textes du CIO (créé en 1974) et de ses pionniers depuis la Deuxième Guerre Mondiale. Cela n’est pas rien et cela ne signifie pas non plus que nous sommes d’accord avec ces textes à la virgule près. Nous utilisons ces documents comme référence, comme méthode d’analyse et comme fil rouge pour nos orientations et tâches pratiques.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION

    Naturellement, nous comprenons que tous les travailleurs et les jeunes ne souscrivent pas à 100% de notre programme. C’est pour cela que Trotsky a développé la notion de programme de transition. Par «programme de transition», il entendait un programme qui part de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles à un moment précis et qui met en avant la transition socialiste de la société.

    Trotsky affirmait qu’il ne sert à rien d’élaborer un programme ou des revendications pour une gestion «plus humaine» du capitalisme, mais qu’il faut cependant offrir des solutions qui partent des besoins des travailleurs et de leurs familles. Trotsky a argumenté que le capitalisme ne sera jamais capable de satisfaire ces besoins, que seule une société socialiste pourrait offrir une solution durable.

    En fait, il n’a rien fait d’autre que d’exprimer sous une forme plus claire un concept que Marx avait déjà élaboré dans le Manifeste du Parti Communiste et Lénine dans ses Thèses d’Avril. Lénine utilisait le slogan «Terre, pain et paix» pour arriver à la conclusion que le gouvernement transitoire qui a succédé au tsarisme après la révolution de février 1917 ne pourrait jamais satisfaire ces revendications pourtant primordiales. A travers cela, il est arrivé au slogan «Tout le pouvoir aux soviets».

    De même, le PSL/LSP parle aujourd’hui de la «nécessité que la production soit basée sur les besoins de la population et pas sur les profits d’un petit groupe de capitalistes» pour arriver à la conclusion que cela n’est possible que par un changement socialiste de la société.

    Le programme du PSL/LSP exprimé ci-dessous n’est rien d’autre qu’une application actuelle de ce programme de transition. Il doit être lu en prenant en considération les remarques ci-dessus à propos de l’idéologie et du programme.

    LE PROGRAMME DE TRANSITION AUJOURD’HUI

    La classe ouvrière est soumise à un recul perpétuel sous le capitalisme. La «cathédrale» de la sécurité sociale et d’autres acquis sont sous attaque depuis des décennies par le patronat et leurs politiciens. Ce n’est pas un processus économique inévitable. Le passé nous apprend que lorsque les travailleurs s’organisent dans des syndicats et des partis, la situation peut se retourner.

    D’une lutte défensive visant à défendre nos intérêts par entreprise ou par secteur, nous devons reprendre tous ensemble l’offensive et réclamer la richesse que nous avons créée : pour créer des emplois décents, bien payés et stables; pour augmenter les allocations ainsi que les retraites et disposer d’un pouvoir d’achat digne de ce nom; pour initier un programme de construction massif de logements sociaux et plafonner les prix des habitations; pour renationaliser, sous le contrôle démocratique de la population, les services privatisés et libéralisés ; pour refinancer l’enseignement; pour organiser collectivement les tâches ménagères qui actuellement pèsent toujours sur les épaules des femmes ;… En bref, pour mettre réellement en avant les besoins de la majorité, au lieu de la soif de profit d’une minorité de grands actionnaires et de patrons.

    Tous ensemble, jeunes et vieux; Flamands, Wallons ou Bruxellois; Belges ou immigrés; hommes et femmes;… nous sommes plus forts !

    1. La technologie : un ami ou un ennemi ?

    Cette situation est navrante lorsque l’on considère que les possibilités n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

    Un vol jusqu’en Amérique dure à peine 5 heures. Grâce aux ordinateurs, le boulot de centaines de milliers d’employés et de travailleurs peut être réalisé avec beaucoup moins de personnes. Internet, les e-mails et les GSM rendent la communication plus facile pour ceux qui y ont accès et créent pour beaucoup de jeunes et de travailleurs le sentiment d’appartenir à une communauté internationale. La médecine peut résoudre des problèmes dont nous ne pouvions que rêver auparavant. Mais, malgré toutes ces avancées, la chasse au profit joue un rôle extrêmement désastreux.

    Les fonds gouvernementaux pour la recherche scientifique sont drastiquement réduits. Seule la recherche servant directement les intérêts des entreprises et leur fournissant des bénéfices est encore subventionnée. Et quand les entreprises prétendent vouloir financer la recherche, ils la déduisent en réalité de leurs impôts.

    Les seuls qui en profitent sont les patrons. Les centres de recherches perdent ainsi leur indépendance. De plus, cela entraîne une concurrence entre les différents centres pour tenter d’obtenir des fonds. Les scientifiques sont isolés ; ils ne peuvent pas se concerter ni échanger des expériences, ce qui entraîne un gaspillage énorme d’énergie, de temps et d’argent.

    Et même si l’on fait de la recherche utile, et que l’on arrive à trouver des solutions – pensons aux différents traitements des problèmes cardio-vasculaires – les traitements sont pour beaucoup de gens inaccessibles à cause de leur coût.

    Pendant ce temps-là, les problèmes pour lesquels il faut urgemment trouver une solution continuent de s’empiler. Pensons au SIDA, aux catastrophes naturelles qui coûtent la vie à des millions de gens, aux traitements des cancers, à la production des déchets et à la pollution, à la famine dans de larges parties du monde,… Prenons plus particulièrement la famine. Un raisonnement logique serait: il y a une grave pénurie de nourriture, il faut donc produire plus. Et pourtant, les usines tournent au ralenti en craignant la surproduction, alors qu’une énorme quantité de nourriture est détruite tout simplement pour garder les prix à un certain niveau.

    L’écrasante majorité des scientifiques sont d’accord pour affirmer que le réchauffement de la planète aura des conséquences désastreuses pour de larges parties du globe si on ne commence pas à y remédier maintenant. Selon des centaines d’experts présents lors du sommet sur le climat à Bruxelles (en avril 2007) l’Antarctique, l’Afrique Subsaharienne, les îlots et les grands deltas asiatiques sont les régions qui souffriraient le plus du réchauffement de la planète. On parle d’inondations, de tempêtes et de glissements de terrain qui se produiront plus fréquemment. Les franges les plus pauvres de la population mondiale seront les plus touchées par ces catastrophes naturelles. Mais l’existence d’une quantité inquiétante d’espèces de la faune et de la flore est également menacée, entre autres, par le réchauffement de la planète.

    Une économie planifié à l’échelle mondiale et sous le contrôle démocratique de la population permettrait de prendre des mesures immédiates pour réduire «l’empreinte écologique» de l’Homme, notamment par un usage massif de transports publics gratuits mais également par des investissements massifs dans la recherche de sources d’énergie alternatives. Il est difficile de se rendre actuellement compte du potentiel de ces alternatives, du fait que l’industrie pétrolière et automobile leur mettent souvent des bâtons dans les roues.

    La question-clé est qu’aujourd’hui, la science et la technologie sont aux mains et au service des multinationales. Ainsi, les différents gouvernements bourgeois ne peuvent pas prendre les mesures qui s’imposent, ou alors uniquement de façon ambiguë quand il est déjà trop tard. Leur politique est destinée à satisfaire la soif de profit, et pas à satisfaire les besoins de l’Homme et de son environnement. Nous devons exiger le contrôle démocratique de la science, au nom des scientifiques et de la population mondiale.

    Aussi longtemps que les banques, les multinationales,… disposent du monopole de toutes les solutions possibles, nous sommes totalement impuissants. Ce n’est pas le développement de la science et de la technologie qui est en soi désavantageux, mais bien leur contrôle par les groupes mentionnés ci-dessus. Au service de la population, la technique et la science pourraient sauver et améliorer la vie de millions de personnes.

    2. Pour des emplois décents, stables et bien payés.

    • RETABLISSEMENT DE NOTRE POUVOIR D’ACHAT!
    • STOP A LA FLEXIBILISATION!
    • REDUCTION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR LA REDISTRIBUTION DU TRAVAIL DISPONIBLE!
    • 32 HEURES PAR SEMAINE SANS PERTE DE SALAIRE ET AVEC EMBAUCHES COMPENSATOIRES!

    Les paroles du gouvernement contrastent de façon criante avec ses actes. Dans de larges parties de Bruxelles et de Wallonie, il y un chômage massif et structurel. En juin 2007, le chômage dans la région Wallonne était de 14,4% (allocataires au chômage complet et élèves ayant quitté le système scolaire). Presque la moitié de cette catégorie était au chômage depuis plus de 2 ans. Dans la région Bruxelloise, à la même période, le nombre de chômeurs était de 19,9%. Des générations entières sont exclues par l’économie de marché !

    En Flandre, certains essaient de donner l’impression que le chômage a baissé considérablement dans le courant de 2006-2007 et qu’il y a même une pénurie dans certains métiers. Beaucoup de ces métiers sont flexibles (nettoyage, construction) et ne sont pas toujours rémunérés convenablement pour les efforts supplémentaires demandés. Que veulent les patrons? Des travailleurs prêts à se faire exploiter pour une bouchée de pain? La soi-disant pénurie est utilisée pour importer, de façon sélective, des travailleurs bon marchés en Belgique. Des travailleurs qui disposent de moins ou, dans le cas des sans-papiers ou des travailleurs au noir, d’aucun droits sociaux du tout. Le PSL/LSP défend les droits égaux pour tous les travailleurs. Ce n’est que de cette façon que l’on pourra combattre la pression sur les salaires et la politique de diviser pour régner appliquée par le patronat. Tout ce qui nous divise nous affaiblit!

    Au niveau national, plus d’un million de personnes sont totalement ou partiellement dépendantes d’une allocation de chômage. Ce niveau est un record historique. Au début des années ’70, le taux de chômage officiel tournait autour des 70.000-80.000. En 1995, on comptait déjà 505.944 chômeurs : une croissance de 1,9% à 12,3% de la population active !

    Depuis la moitié des années ’80, les chômeurs les plus âgés (de + de 50 ans) ne sont plus comptabilisés dans les statistiques. C’était déjà le cas pour les prépensionnés, et depuis 1986, pour ceux qui sont en pause carrière. Aujourd’hui, tous ces groupes constituent ensemble plusieurs centaines de milliers de personnes, qui reçoivent une allocation de l’ONEM mais ne sont pas comptées dans les statistiques.

    Le chômage partiel et temporaire – pour ceux qui ont signé un contrat de travail mais qui, pour des raisons particulières, ne peuvent pas travailler – n’est pas non plus repris dans les statistiques. C’est également le cas pour les gens qui sont «activés», pour qui on utilise l’allocation de chômage comme une subvention salariale! Les patrons sont ravis! Depuis juillet 2004, les chômeurs entre 50 et 58 ans sont réinscrits comme demandeurs d’emploi à cause de la politique «d’activation» des chômeurs, sauf s’ils peuvent prouver au gouvernement que leur carrière a été suffisamment longue. Le gouvernement force les travailleurs à travailler plus longtemps à travers le Pacte des générations. Mais lorsqu’ils sont licenciés sur le tard, la réalité nous montre que peu d’employeurs acceptent de leur offrir une seconde chance!

    En septembre 2007, le chômage officiel en Flandre était de 6,43% (selon le VDAB). Il faut tenir compte qu’il y a plus de gens en pause carrière et de prépensionnés en Flandre qu’en Wallonie ou à Bruxelles. En outre, la politique d’activation et de suspension commence à «payer»: c’est-à-dire que des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur allocation de chômage ces dernières années.

    A Ostende, suivant le modèle de «l’activation», les jeunes sont massivement soumis à des sessions intensives pour la recherche d’un emploi, afin de leur apprendre à solliciter collectivement. Il ne s’agit même pas de formations professionnelles, et il n’y a aucune garantie d’avoir un emploi à la fin du parcours. De cette façon, les statistiques du chômage peuvent être embellies. D’autre part, le système incertain et extrêmement flexible des chèques-services connaît un succès grandissant. En juillet 2007, 4,38 millions de chèques ont été utilisés. Le système s’est rapidement répandu, surtout en Flandre (66,2% pendant la première moitié de 2007). A Bruxelles (5,9%) et Wallonie (27,8%), c’est moins le cas.

    L’introduction d’emplois à 10, 20 ou 30% permet de beaucoup jongler avec les statistiques. Ainsi, si vous allez repasser ou nettoyer 3 à 4 heures par semaine grâce aux chèques-services, le gouvernement vous raie déjà des statistiques officielles de chômage. Ce genre d’emploi est largement subventionné par le gouvernement, et le système risque de devenir impayable. Sans parler du fait que les contrats flexibles, temporaires et intérimaires sapent de plus en plus la position des travailleurs qui bénéficient encore un emploi stable.

    Ceux qui plaident pour une limitation du paiement des allocations de chômage dans le temps afin d’obliger les gens à dépendre du CPAS vivent sur une autre planète ou se foutent tout simplement des conséquences sociales de telles mesures. S’il est vrai que les gens choisissent de vivre d’une allocation plutôt que d’aller travailler parce que la différence entre les deux est trop faible, alors il faut augmenter les bas salaires plutôt que de réduire encore les allocations.

    Les bureaux d’intérims sont devenus aujourd’hui des entreprises florissantes. Cela n’a rien d’étonnant. De cette manière, les entreprises n’ont plus à assumer la responsabilité d’un employé fixe. L’entreprise se dirige directement vers l’agence d’intérim qui lui fournit des travailleurs, parfois même avec des contrat à la journée! Vous n’avez plus besoin de travailleurs? Licenciez-les sans en subir les conséquences. Certains intérimaires travaillent depuis plus de 3 ans pour le même patron, ils fournissent à ce patron toute leur expérience, mais ne reçoivent ni la sécurité d’emploi, ni un salaire décent.

    Les Etats-Unis sont cités comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre le chômage. Le taux de chômage y serait très bas (entre 4 et 5 %). Ce que l’on ne raconte pas, c’est que la majorité des gens sont obligés de prendre un deuxième boulot après avoir fini le premier pour pouvoir s’en sortir. Ce modèle est en réalité un champ de bataille social. Pourtant, on voit que notre marché du travail évolue vers une croissance des contrats à temps partiel et des chèques-services, de plus en plus comme le système américain.

    Un argument trop souvent cité est le manque de formation. Quelle hypocrisie! Les entreprises exigent que les élèves qui quittent l’école soient formés pour un job spécifique dans l’entreprise. La subvention des écoles par ces entreprises, pour pouvoir utiliser ces jeunes une fois sortis de leurs études, n’est plus un phénomène exceptionnel depuis longtemps. Une fois que le jeune – spécialement formé – n’est plus utile pour l’entreprise, il est mis à la porte.

    Le patronat exige d’assainir le financement de l’éducation. Le raisonnement est toujours le même : les écoles doivent fournir des travailleurs formés, alors pourquoi organiser une formation large quand il s’agit d’emplois précaires ou de rester au chômage? La revendication du mouvement ouvrier comme quoi l’enseignement doit fournir une formation générale est un luxe qui doit être réservé aux enfants de la bourgeoisie. Voilà les pensées cyniques qui se cachent derrière les chiffres et les plaidoyers des chefs d’entreprises et de leurs organisations.

    La crise du capitalisme mène de plus en plus à la croissance du chômage et des emplois précaires à bas salaires. L’ironie est que cela renforce la position des capitalistes, parce qu’ils peuvent menacer les travailleurs avec l’argument que si ces derniers n’acceptent pas les conditions qu’on leur impose, il y en a d’autres qui accepteront de travailler aux conditions imposées.

    Le PSL/LSP défend un rétablissement complet de l’index et un salaire minimal de 1.500 euros net; dénonce le démantèlement de la sécu et « l’érosion » des contrats de travail. Nous nous opposons à chaque fermeture d’entreprise car, dans le cadre du système capitaliste, chaque fermeture mène au chômage et à la pauvreté. La seule revendication capable de commencer à résoudre le problème du chômage est l’introduction de la semaine des 32 heures, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires.

    3. Stop aux libéralisations et aux privatisations ! Renationalisation sous contrôle démocratique de la population!

    Dans les années ‘90, après la chute du Bloc de l’Est, l’idée selon laquelle le marché libre était le seul système viable a été largement diffusée. Tant la social-démocratie que les dirigeants syndicaux ont cru à cette fable et ont refusé de continuer à résister à l’offensive idéologique de la bourgeoisie. En utilisant l’unification européenne comme excuse, nos services publics ont été attaqués les uns après les autres, libéralisés et préparés à la concurrence privée. Au vu de la croissance plus lente de beaucoup d’autres secteurs – en conséquence de la crise de surproduction – le capital a cherché de nouveaux créneaux pour faire du profit.

    Aujourd’hui, beaucoup de travailleurs commencent à percevoir les conséquences de cette politique – ou à la sentir dans leur portefeuille ! On pense par exemple à l’augmentation des prix de l’électricité en Belgique : "Test achat" a ainsi calculé que le prix pour un kilowattheure (kWh) chez Electrabel a augmenté de 50% entre janvier 2005 et décembre 2006.

    Peu après les élections de juin 2007, Electrabel a annoncé qu’elle augmenterait à nouveau ses prix de 13% à 20% ! Après d’énormes protestations, l’entreprise a donné l’impression qu’ils n’allaient finalement pas mettre en place cette décision. Mais en réalité, le CREG, la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz, a publié un peu plus tard les résultats de sa recherche sur les augmentations des prix du gaz et de l’électricité. La commission a confirmé que, pour les particuliers, l’augmentation sera de 17% en 2008. Une famille moyenne va donc payer environ 172 euros de plus par an pour sa consommation d’énergie.

    Et ceci alors que, selon le VREG qui est le régulateur flamand des marchés du gaz et de l’électricité, le nombre de familles qui ne sont pas capables de payer leur facture d’énergie a augmenté pour atteindre 91.600 en 2006. Une augmentation de 50% par rapport a l’année passée ! Le nombre de « mauvais payeurs » en Flandre a donc atteint un niveau record en 2006. Déjà 4,5% des ménages flamands sont dépendants du tarif social pour leur électricité. Le VREG affirme, à propos de ce scandaleux bradage d’un besoin essentiel, que « Les clients sont seulement intéressants pour les fournisseurs s’ils rapportent quelque chose. Les mauvais payeurs sont donc mis plus vite à la porte par leurs fournisseurs. »

    Sur le marché du gaz, au début de la libéralisation, Electrabel a temporairement baissé ses prix pour attirer le plus de clients possible. Du moment que le marché a été divisé entre plusieurs concurrents, les prix ont augmenté assez vite pour assurer un maximum de profits pour les patrons et les gros actionnaires du secteur. C’est l’évolution naturelle à attendre de chaque forme de libéralisation et de privatisation d’un service public.

    Le PSL/LSP se demande pourquoi la collectivité n’a pas de contrôle sur le marché de l’énergie. Pourquoi le profit est-il central s’il s’agit de notre consommation d’énergie ? Le PSL/LSP exige l’abolition des 21% de TVA sur l’énergie, qui représente un besoin essentiel pour chaque famille et revendique un gel des prix de l’énergie comme première mesure dans le processus de mise sous contrôle démocratique de tout le secteur de l’énergie. C’est seulement sur cette base que seront pris en compte les besoins des travailleurs et de leurs familles (y compris les besoins écologiques).

    La libéralisation et la privatisation signifient toujours un drame social concernant le nombre d’emplois et les conditions de travail. A La Poste, 9.000 des 35.000 emplois ont été supprimés ce qui équivaut à la fermeture de deux grandes usines d’assemblage de voitures. Les travailleurs de La Poste qui sont restés ont été confrontés au système « géoroute » qui conduit à une augmentation perpétuelle de la charge de travail pour moins de personnel. Cela a mené, ces dernières années, à une vague de grèves spontanées dans de nombreux bureaux de poste à travers tout le pays. A quand un mouvement unifié pour jeter tout le plan « géoroute » à la poubelle et stopper net les pas « en avant » vers la libéralisation ?

    Au début des années ’90, 26.500 personnes travaillaient encore chez Belgacom alors que ce chiffre est descendu à 15.000 début 2007. Aujourd’hui, la direction veut encore éliminer 1.500 places. A la classe ouvrière de supporter drames sociaux et pertes d’emplois tandis que les profits exorbitants sont réservés aux patrons. En 2006, Belgacom a ainsi réalisé 6,1 milliards d’euros de profit. La même année, le top manager Didier Bellens a reçu 1,85 millions d’euros de salaire, en plus des 480.000 euros de dividendes pour ses actions. Il en avait d’ailleurs également vendu pour une valeur de 6 millions d’euros. Les ex-« services publics » sont de véritables « jackpots » pour les capitalistes. Et bien sûr, les libéraux, les sociaux-chrétiens et les sociaux-démocrates trouvent que ce genre de profits ne devraient surtout pas être attaquables. Pour eux, les profiteurs sont les chômeurs, dont il faut au plus vite suspendre les allocations ou limiter celles-ci dans le temps.

    Dans les chemins de fer, le transport de marchandises a déjà été libéralisé, et le transport de voyageurs est en train d’y être préparé. L’avenir en Belgique sera-t-il le même qu’en Grande-Bretagne ? Les divers accidents et autres misères qu’y ont connus les chemins de fer privatisés sont loin d’être des coïncidences pour l’opinion publique qui a, depuis, clairement changé d’opinion vis-à-vis de la privatisation. Aujourd’hui, la revendication de la renationalisation du secteur trouve de plus en plus d’échos en Grande-Bretagne, ce qui représente un sérieux changement par rapport aux années ’90.

    En Amérique Latine également, les ravages de la politique de privatisation ont provoqué un changement dans la conscience. Aujourd’hui, les « gouvernements de gauche » en Bolivie et au Venezuela sont mis sous pression pour nationaliser les richesses naturelles. Les pillages et les expropriations par les multinationales sont de moins en moins tolérés par les masses. Comme l’expliquait Engels, le compagnon de Marx, les nationalisations apparaissent déjà comme des «éléments de socialisme» qui s’imposent à la veille société en crise. Ils démontrent la faillite du capitalisme et du libre marché.

    Pendant que les gouvernements néolibéraux organisent la casse sociale, le nombre de personnes ayant besoin de services publics de qualité augmente de jour en jour. Par exemple, de nombreux parents qui travaillent ont un réel problème concernant la garde de leurs enfants. Ils seraient sans aucun doute enchantés d’avoir à disposition des crèches dignes de ce nom, et organisées par l’Etat.

    Chaque jour, des milliers d’ouvriers et d’employés vont au boulot en transport en commun. Quelqu’un est-il capable de nous expliquer pourquoi les transports en train, en tram et en bus sont de plus en plus chers ? Quelle est la logique derrière cela ? A Bruxelles, n’est-ce pas scandaleux de devoir payer 2 euros pour un ticket de la STIB si celui-ci n’a pas été acheté à l’avance à un guichet ? Est-ce comme cela que l’on pense pouvoir résoudre les problèmes des embouteillages ? Un gouvernement au service de la population rendrait directement tous les transports publics gratuits pour faire face au problème des embouteillages et à la pollution. Dans le secteur de transports, il existerait des règles beaucoup plus strictes pour éviter que la pression du travail – en réalité la pression des profits – n’impose à des chauffeurs fatigués de devoir prendre la route.

    Aujourd’hui, la destruction du système des soins de santé est une réalité flagrante et mène parfois à des situations dramatiques. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les Belges doivent déjà payer eux-mêmes 33% de leurs coûts médicaux. L’OCDE estime ce pourcentage à 28%. Le sous-financement des hôpitaux devient une excuse pour les médecins pour commencer à organiser des consultations « personnalisées », pour lesquelles ceux qui paient le plus sont évidemment les plus vite servis. Les médecins sont rémunérés selon leurs prestations, ce qui favorise les abus.

    Le PSL/LSP veut mettre fin à la course aux profits dans l’industrie pharmaceutique, à la commercialisation rampante et aux abus de la médecine de prestation. Nous sommes pour la création d’un service de soins de santé public et national, avec des statuts fixes – qui sont de plus en plus minés dans les hôpitaux publics – et des salaires décents pour tout le personnel. Selon nous, des éléments tels que le profit ou le prestige de certains individus ou de multinationales ne peuvent intervenir dans le secteur des soins de santé.

    L’argument invoqué en permanence pour la privatisation est le manque de "rentabilité" des services publics. Mais comment un service public peut-il être rentable ? Un service public a pour objectif de rendre un certain nombre de services le plus accessible possible pour chacun, qu’il soit riche ou pauvre.

    Une prestation de services est par définition non rentable parce qu’elle ne peut générer de bénéfice. Ce qu’on oublie, c’est que le droit à des services publics – tout comme à la sécurité sociale – a été arraché par la lutte dans l’objectif de pourvoir à certains besoins sociaux.

    En réalité, la libéralisation et la privatisation signifie la vente de nos services, avec moins d’emplois disponibles et des conditions de travail diminuées, pour nous faire payer doublement le prix. Ainsi le gouvernement économise-t-il sur les dépenses publiques, mais au détriment de qui ? Nous ne payons pas un centime de moins d’impôts, tandis que les managers de nos ex-services publics s’en mettent plein les poches !

    Le PSL/LSP lutte contre la privatisation, pour la gratuité des transports publics, des soins de santé, de la distribution postale et de la collecte des déchets, parce que tous ces services doivent être accessibles a tout le monde, quelque soit l’âge, la situation professionnelle, le sexe,…

    L’argument selon lequel un service public fonctionne mal par définition est largement répandu dans les consciences. Les services publics ont toujours été victimes de ragots. Ils seraient "inefficaces", "bureaucratiques", "tout sauf ponctuels", etc. Et, au contraire, dans le privé, tout marche évidemment à merveille.

    Cette image est complètement fausse. Il y a toujours eu trop peu d’argent disponible pour les services publics, et ce même dans les "golden sixties". Mais même avec suffisamment d’argent, le problème n’est pas totalement résolu. Pour qu’un service fonctionne le plus efficacement possible, la participation de tous ceux qui l’utilisent ou y travaillent est également nécessaire.

    Par exemple, les chemins de fer seraient bien plus efficaces et accessibles en impliquant les travailleurs et les voyageurs dans le fonctionnement du service. Cela permettrait à beaucoup de travailleurs de laisser leur voiture chez eux pour se rendre sur leur lieu de travail en prévoyant suffisamment de correspondances aux heures opportunes. Ces services seraient gratuits et donc accessibles a tous. Les points de départ du PSL/LSP sont l’efficacité et l’accessibilité pour tous, et non pas la logique de privatisation pour le profit de quelques-uns.

    4. Et la concurrence alors ? Qui va payer tout cela ? Il n’y a pas d’argent pour cela ? Les patrons ne vont jamais l’autoriser…

    Une citation des ouvriers des Forges de Clabecq, à l’époque de leur lutte dans les années ’90 pour le maintien de leur usine : « Si tu mets une pile de briques sur le sol, elles ne vont pas se mettre l’une sur l’autre d’elles-mêmes pour former un mur une maison. C’est pour cela que l’intervention humaine est nécessaire. C’est le travail qui génère la richesse. ». Des richesses, il y en a assez. La question est : qui en bénéficie ?

    Si nous regardons à quel point la productivité a augmenté durant les dernières décennies, il apparaît que la durée du travail n’a pas augmenté aussi vite. Si c’était le cas, nous ne travaillerions qu’une paire d’heures par jour. Tous les profits que les patrons ont amassés, ils les ont gardés dans leurs poches.

    Pour résoudre le chômage, le travail disponible doit être partagé entre tous les travailleurs disponibles. Cela déterminera la durée hebdomadaire du travail, qui pourra ainsi être fortement diminuée. Mais attention, nous voulons que le salaire soit totalement conservé, car nous y avons droit.

    Naturellement, le patronat et le gouvernement vont refuser, car cela signifierait qu’une grosse partie de leurs profits leur échapperaient. Cela signifierait aussi que leur position concurrentielle serait menacée. Mais la concurrence est aussi vieille que le capitalisme. Les travailleurs doivent-ils tout avaler pour être « concurrentiels » ? Si on pousse la logique à l’extrême, cela peut être lourd de conséquences. Cela signifierait que nous devrons accepter à terme les mêmes salaires que les ouvriers chinois ou indiens surexploités.

    Si les travailleurs et leurs organisations avaient suivi le même raisonnement au début du 20e siècle, nous serions encore en train de travailler 12, 13 ou 14 heures par jour au lieu de 8. Lorsque la classe ouvrière a fait pression pour la journée des huit heures, après la 1ère guerre mondiale, il n’était pas question de pertes de salaire.

    Au lieu de partir de la question « Qu’est-ce qui est supportable et réaliste pour les entreprises », nous préférons nous demander « Qu’est-ce qui est nécessaire pour les travailleurs ». Nous trouvons simplement logique que la richesse produite par les travailleurs serve à subvenir à leurs besoins.

    5. Pour un syndicat combatif !

    Une des conditions pour atteindre les objectifs ci-dessus, c’est que les travailleurs puissent compter sur des organisations, tant sur le plan politique que syndical, avec lesquelles pouvoir mener le combat pour ces revendications.

    C’est certain, une bataille sera nécessaire à l’intérieur des syndicats, pour remettre en avant le syndicalisme de combat. Le modèle de négociation par lequel la direction des syndicats essaye de convaincre le patronat a échoué. La force des syndicats réside dans leur capacité à mobiliser les travailleurs dans la défense de leurs intérêts immédiats, comme l’histoire l’a démontré à mainte reprises.

    C’est de cela que les patrons ont peur. Au contraire, si le patron sait que la direction syndicale est prête à accepter un petit accord, il n’a aucune raison de faire des concessions. Si par contre, il comprend que le syndicat est prêt à se dresser comme un seul homme pour défendre les intérêts des travailleurs, il réagira de façon plus prudente. Ce qui importe, c’est que les travailleurs se lancent avec un peu plus de confiance dans la lutte, en sachant qu’ils ont la possibilité d’y gagner quelque chose.

    Les syndicats ne servent pas à aider les patrons dans leurs « restructurations », ils servent à défendre les intérêts des travailleurs. A la place du syndicalisme de concertation, nous défendons le syndicalisme de combat. Nous soutiendrons chaque lutte dans ce sens. Il est crucial de se battre pour chaque emploi et pour le maintien de tous les acquis.

    Un nouveau parti des travailleurs devra aussi organiser une aile gauche combative à l’intérieur des syndicats pour offrir une alternative à la « stratégie » d’enterrement des mouvements de lutte des directions syndicales. C’est la principale raison pour laquelle beaucoup de travailleurs sont aujourd’hui cyniques par rapport au rôle des syndicats. C’est aussi pour cette raison que les militants syndicaux ont du mal à convaincre les jeunes de s’engager dans un travail syndical.

    Pensons par exemple à l’arrêt du mouvement contre le Pacte des Générations en 2005. Au cours de cette lutte, la base a été « consultée », dans le meilleur des cas, au cours d’assemblées régionales sans avoir la possibilité de décider réellement. Le mouvement a été stoppé arbitrairement par la direction de la FGTB et de la CSC. Pourquoi les militants ne pourraient-ils pas décider eux-mêmes de la fin ou non d’un mouvement ? Nous avons besoin d’une réelle démocratie syndicale, fondée sur une base active et impliquée qui peut décider elle-même du déroulement de la lutte par des votes démocratiques. La force de la classe ouvrière est potentiellement présente mais nous avons besoin de leaders syndicaux qui osent utiliser leur force pour défendre nos emplois, nos salaires, nos pensions, etc. Et qui puissent concilier ce combat quotidien avec la recherche d’une autre société.

    6. Appel pour la formation d’un nouveau parti des travailleurs

    Mais la classe ouvrière a aussi besoin d’un parti capable de traduire cette stratégie politiquement. Il est clair que le PS et le SP.a sont toujours considérés par une majorité de travailleurs comme « leurs » partis. Mais ces partis ne sont plus prêts à mener la lutte.

    Au contraire, ils sont devenus parmi les meilleurs exécutants des politiques d’austérité. Leur participation aux gouvernements durant de nombreuses années – ainsi que la désorientation et la démoralisation qui ont suivi la chute des régimes dits « socialistes » avec comme conséquence le triomphe des dogmes du libre marché – ont totalement corrompu ces partis.

    Si nous voulons une traduction politique de nos revendications de travailleurs, nous devons en conséquence construire un nouveau parti, mais nous savons qu’un tel parti ne tombera pas du ciel. Comme le dit l’adage populaire, Rome ne s’est pas construite en un jour. Celui qui n’est pas prêt à se retrousser les manches pour franchir les premières étapes vers un nouveau parti oublie que le Parti Ouvrier Belge (POB, l’ancêtre du PS) n’est pas apparu du jour au lendemain.

    Nous sommes conscients qu’un tel nouveau parti des travailleurs ne sera vraiment viable que s’il est soutenu par une partie importante du mouvement ouvrier, et en particulier par des fractions syndicales, sur base d’expériences de mouvements et de luttes massives. Mais si nous devons attendre les directions syndicales, cela peut encore durer longtemps. C’est seulement s’il y a suffisamment de pression de la base que les meilleurs d’entre eux seront prêts à se mettre en avant.

    Ce parti doit être ouvert à tous ceux qui veulent lutter contre la casse sociale. Des discussions libres doivent être ouvertes pour les différents courants, syndicats, groupes d’actions,… qui veulent défendre leurs points de vue propres. Ce parti doit se battre contre chaque division des travailleurs, que ce soit sur base de la nationalité, de la race, du sexe, ou de la religion. Les seuls qui trouvent un intérêt quelconque dans ces divisions sont les patrons et leur système. Tous ensembles, nous sommes forts et, en luttant pour des droits égaux pour tous, nous renforcerons cette unité.

    Ce parti large doit aussi lier la lutte contre l’exploitation de tous les ouvriers, y compris ceux du monde néo-colonial. Les intérêts des travailleurs des autres pays sont souvent présentés comme étant opposés aux intérêts des travailleurs d’ici, mais c’est là une tentative de briser la lutte internationale. Les travailleurs de VW Forest auraient certainement été plus forts dans leur combat contre la restructuration s’ils avaient été capables de convaincre leurs collègues des autres sites VW de mener une lutte efficace à l’échelle internationale contre la fermeture. Mais la lutte internationale ne peut pas être une excuse pour ne pas mener le combat dans son propre pays. Les deux sont indissociablement liés.

    Un nouveau parti des travailleurs doit respecter le droit à l’autodétermination des Flamands, des Wallons et des Bruxellois, sans tomber dans le piège de ceux qui veulent affaiblir les travailleurs par la surenchère communautaire. Le PSL/LSP estime que chaque peuple doit avoir le droit de prendre ses propres décisions. Si un peuple veut vivre avec un autre peuple dans le cadre d’un Etat national, cela doit être possible. Mais sur un pied d’égalité et sur une base complètement libre.

    Être obligés de vivre dans un Etat où une partie de la population a moins de droits que l’autre, cela ne peut mener qu’à des situations désastreuses. Nous sommes par conséquent pour toutes les facilités susceptibles de mettre un terme aux sentiments d’oppression nationale. Donc également pour les facilités linguistiques.

    Beaucoup d’Etats capitalistes sont basés sur l’oppression de peuples ou de groupes de population. La Belgique a sur ce plan une mauvaise réputation. Les Flamands ont ainsi été empêchés durant 100 ans d’aller à l’école dans leur propre langue. Toute l’administration était francophone. Il était donc facile d’affaiblir les travailleurs en les divisant sur une base linguistique. On pouvait par exemple lire dans le journal wallon « Les Nouvelles », du 25 octobre 1904 : « Les Flamands de La Louvière ont reçu hier leur salaire et l’ont directement dépensé pour se saoûler et provoquer des bagarres pendant toute la nuit. Il faut relever qu’à chaque fois que des telles bagarres générales se déroulent à La Louvière, on y trouve des Flamands qui jouent avec des couteaux ».

    Entre temps, l’image s’est transformée. Selon le modèle propagé aujourd’hui, le Flamand est le travailleur courageux, le Wallon le profiteur et l’immigré celui qui sort son couteau. Fondamentalement, c’est toujours la même rengaine : les patrons empochent les profits tandis qu’ils dressent les travailleurs les uns contre les autres. C’est surtout la sécurité sociale qui constitue une épine dans le pied des patrons et du gouvernement. En brandissant la menace d’une scission, ils font du chantage sur les travailleurs wallons et, en même temps, ils nourrissent la Flandre de l’illusion que cela serait bon « pour tous les Flamands ».

    Les seuls qui tireraient avantage de la scission de la sécurité sociale sont les patrons, aussi bien les Wallons que les Flamands. Ils feraient pression sur nos salaires, nos pensions, nos pécules de vacances et nos prestations de santé en menaçant de déménager vers l’autre région. Aucun travailleur n’y a intérêt, ni les Wallons, ni les Flamands, ni les immigrés. Seuls les patrons y gagneraient.

    Un tel parti devrait agir pour la nationalisation des secteurs les plus importants de l’économie, sous contrôle ouvrier, car aux mains du privé, ces secteurs ne servent qu’à générer des profits pour les patrons et leurs actionnaires (banques, investisseurs, etc.).

    La seule manière pour que la population puisse profiter des revenus et/ou des services de ces secteurs (énergie, transport, banques…) est de les nationaliser. Mais il ne faudrait pas s’arrêter là. Dans les mains de l’Etat actuel, qui n’est ni plus ni moins qu’une marionnette aux ordres de la classe capitaliste, ces services devraient toujours être rentables et ne pas trop coûter à l’Etat. La même argumentation est actuellement utilisée pour privatiser les entreprises publiques.

    La participation et le contrôle des travailleurs et de leurs familles dans et sur la politique sont essentiels. En tant qu’utilisateurs et qu’employés, ils savent mieux que quiconque où se situent les déficiences et quelle est la meilleure manière d’y remédier.

    7. Révolution

    Au regard du fait que les multinationales travaillent main dans la main avec les régimes les plus sanguinaires ; que des guerres sont menées pour le pétrole en faisant des milliers et des milliers de victimes innocentes ; que ces multinationales dressent des populations entières les unes contre les autres pour qu’elles finissent, à la longue, par s’entretuer ; qu’elles préfèrent encore laisser les gens mourir de faim plutôt que de toucher à leurs profits et qu’au besoin l’armée choisit la solution militaire, il est clair que ce programme ne peut être atteint autrement que par une lutte résolue.

    Bien plus, pour avoir la possibilité de pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on veut faire de la richesse produite, un mouvement déterminé des travailleurs sera nécessaire pour arracher le pouvoir des mains de la petite minorité des capitalistes.

    Beaucoup feront remarquer que cette minorité est très puissante, car elle dispose de tous les instruments nécessaires pour maintenir les gens sous contrôle. Elle utilise tous les canaux pour diffuser son idéologie, comme l’enseignement, les médias,… afin de faire croire aux gens que le système capitaliste est le seul système qui peut fonctionner.

    Et si ce n’est pas suffisant, elle contrôle encore la police, l’armée et la justice pour faire respecter les lois capitalistes par la force. Les tentatives visant à briser le droit de grève se situent complètement dans cette logique, tout comme la tentative d’exercer un contrôle policier plus sévère au travers d’un appareil policier unifié. Comme nous le voyons à chaque grève, la justice et la police ne sont pas de notre côté.

    Mais cela ne peut pas nous arrêter. C’est le rapport de forces qui sera déterminant. Une classe ouvrière convaincue, dont le noyau le plus dynamique est décidé à ne plus se laisser berner, et déterminée à prendre le pouvoir ne peut pas être arrêtée, même par mille armées.

    Nous devons tenir compte du fait que le capitalisme en crise est continuellement pendu à un fil. Si le système ne parvient plus à convaincre dans ses propres rangs, ce qui est souvent le cas lors d’une révolution, alors il est pour ainsi dire mort.

    Le meilleur exemple est celui de la révolution russe, mais aussi de Mai 68 en France, ou plus récemment les révolutions en Serbie, Géorgie, Ukraine, etc. Ces révolutions ont montré comment une classe dirigeante peut perdre prise sur ses propres troupes face à un mouvement de masse qui se développe. On peut encore parler de la radicalisation énorme en œuvre en Amérique Latine avec les mouvements de masse au Mexique, en Bolivie et dans beaucoup d’autres pays ainsi qu’avec le processus révolutionnaire qui se déroule au Venezuela. Selon nous, c’est un avant-goût des mouvements révolutionnaires qui vont se développer en Europe et dans le monde industrialisé.

    Ce qui a manqué dans beaucoup de ces exemples, c’est une organisation prête à mener le combat contre l’impérialisme jusqu’au bout, en faisant clairement le choix d’un autre type de société. C’est à la construction d’une telle organisation que travaille le PSL/LSP.

    8. Que sera le nouveau système ? Cela ne va-t-il pas dégénérer de la même manière qu’en Russie ?

    Pour éviter une situation où l’élite bureaucratique tire tous les avantages vers elle et rend impossible toute participation démocratique comme cela a été le cas dans l’ancien Bloc de l’Est, nous devons veiller à ce que le système et son économie fonctionnent pour satisfaire les besoins réels de la population.

    La discussion sur le stalinisme n’est pas seulement une discussion historique. Nous ne pouvons pas simplement dire que des « fautes » ont été commises dans l’ancienne Union Soviétique. Trotsky et ses partisans sont les seuls à avoir expliqué l’avènement d’une élite bureaucratique en Russie sur base d’une analyse marxiste. Le stalinisme était la conséquence de l’isolement de la révolution dans un pays arriéré sur le plan industriel et culturel. Trotsky a laissé deux possibilités ouvertes : soit la nouvelle élite régnante était chassée par une révolution politique qui aurait préservé l’économie planifiée, mais qui aurait réinstallé les soviets (ou démocratie des conseils), soit la bureaucratie se réformerait d’elle-même pour devenir une nouvelle classe capitaliste, lorsque l’économie bureaucratiquement planifiée arriverait à bout de souffle. C’est malheureusement cette deuxième possibilité qui s’est produite. Une économie planifiée a besoin de démocratie ouvrière tout comme le corps humain a besoin d’oxygène.

    Le Socialisme suppose un système dans lequel le plus possible de travailleurs, ainsi que leurs familles, puissent participer et exercer un contrôle sur les prises de décision et ce tant sur le plan économique et social que politique. Un plan de production démocratiquement établi et contrôlé par des conseils composés de représentants des travailleurs, des syndicats nationaux et de la population dans son ensemble doit pouvoir faire une estimation correcte de ce qui est nécessaire et prioritaire. Chaque décision doit ensuite pouvoir être évaluée.

    Mais que se passera-t-il avec ceux qui seront au pouvoir ? N’est-il pas exact de dire que le pouvoir corrompt ? Si être au pouvoir signifie pouvoir rester à son poste sans aucun contrôle de la collectivité, cela pose effectivement un problème.

    Ce que nous défendons au contraire, et que nous mettons déjà en pratique dans notre organisation, c’est que chaque fonctionnaire doit être élu mais aussi révocable à tout moment, au cas où il n’a plus la confiance de ses électeurs. De même, il ne doit pas disposer d’un salaire plus élevé que la moyenne des travailleurs qu’il représente.

    La situation que nous connaissons actuellement, dans laquelle les parlementaires touchent des milliers d’euros par mois fait en sorte que ceux qui nous représentent vivent bien loin de notre réalité. Comment peuvent-ils savoir quels sont nos besoins ? Ils ne vivent pas dans les quartiers ouvriers, ils ne fréquentent pas les mêmes endroits, ils ne savent pas ce que c’est que d’arriver péniblement à payer toutes ses factures chaque mois, etc.

    Joe Higgins, jusqu’il y a peu notre parlementaire en Irlande, mais aussi nos parlementaires à l’intérieur du Labour Party dans les années ’80, ne gardaient comme salaire que l’équivalent d’un salaire moyen. Tout le reste était consacré aux campagnes et aux luttes des travailleurs, et non à la construction d’une villa dans le sud de la France…

    9. Pour le socialisme et l’internationalisme !

    Si les travailleurs d’une entreprise se mettent en grève, le patron fera tout pour briser cette grève. Il va proposer un accord aux leaders syndicaux, essayer par tous les moyens d’isoler le noyau dur de la grève et faire appel aux gardes de l’entreprise ou à la police et aux tribunaux pour briser les piquets.

    Il essayera, si la grève dure trop longtemps, de compenser ailleurs les pertes de production, si possible dans une société sœur à l’intérieur ou à l’extérieur du pays mais, s’il le faut, chez la concurrence. En d’autres mots, le capitaliste fera appel à sa classe, à ses représentants politiques, aux médias, et à l’appareil de répression pour briser la grève.

    A l’ère de la production internationale et des flux financiers mondiaux, le capitaliste fera de plus en plus appel à la « solidarité » des patrons à travers les frontières. Les travailleurs doivent en tirer les leçons. Ils doivent aussi faire appel à leur classe pour faire triompher leur lutte. Ils doivent aussi, et plus que jamais, s’appuyer sur leurs collègues à l’étranger.

    Aucune lutte n’éclate partout en même temps, chaque lutte commence quelque part. Les chances de réussite augmentent à mesure que la lutte s’élargit. Cela vaut pour les grèves, pour les mouvements de désobéissance civile, pour les marches de protestation… mais aussi pour la révolte et la révolution.

    Même une révolution socialiste éclate à une échelle nationale, mais sa réussite finale est déterminée par les événements internationaux. La solidarité a une importance majeure, mais avec un soutien moral ou même des collectes, etc. on ne remporte pas une victoire. C’est pour cela que le soutien actif des travailleurs d’autres entreprises, secteurs et pays et un élément d’importance cruciale. La révolution va donc débuter sur un plan local, mais sans élargissement national et international, elle est condamnée à l’échec. La démocratie ouvrière et la planification socialiste ne peuvent pas être limitées à un seul pays, comme cela a été démontré en Russie. L’isolement de la Russie soviétique a conduit à sa dégénérescence à partir de 1924.

    La Révolution russe, la seule dans laquelle la classe ouvrière a réussi à prendre le pouvoir pendant une courte période, a été l’événement le plus important de l’histoire. L’expérience n’a été que partiellement réussie, mais nous pouvons en tirer des leçons énormes et entre autres que nous devons nous organiser au niveau international, dans le cadre d’un parti mondial. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Le CIO est actif sur tous les continents. Nous avons des sections aux États-Unis, mais aussi au Chili, au Brésil et au Venezuela. En Afrique, nous sommes présents au Nigeria et en Afrique du Sud. En Asie, nous avons des sections au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Kazakhstan et au Japon.

    En Europe, nous sommes présents en Belgique, en Suède, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Écosse, en Irlande (Nord et Sud), en Autriche, en Tchéquie, en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Italie, en Grèce, à Chypre, en Espagne et en France. Au Moyen-Orient, nous avons des sections en Israël et en Palestine et des sympathisants au Liban. Le CIO a aussi une section en Australie. Le PSL/LSP voit donc sa lutte en Belgique dans le cadre de la lutte des travailleurs du monde entier, pour une société socialiste.

  • Congrès du Parti Communiste du Québec (PCQ)

    Des débats démocratiques et ouverts

    Dans sa lutte contre le règne du monde des affaires, le mouvement ouvrier ne peut se permettre de négliger l’internationalisme ni la solidarité internationale. Ceci permet de comprendre pourquoi le MAS/LSP est affilié au Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, Comittee for a Workers’ International – CWI). Qui plus est, le CIO et ses sections maintiennent une correspondance animée avec d’autres groupes ailleurs dans le monde, tels que le Parti Communiste du Québec (PCQ).

    Eric Byl, MAS/LSP (section belge du CIO)

    Eric Byl op het congres van de PCQ

    J’ai eu la chance de représenter le CIO au 16ème Congrès du PCQ. J’y étais accompagné d’un camarade de Toronto, qui représentait la section canadienne du CIO. Le congrès s’est tenu au Québec, un pays qui a la taille d’un continent, mais qui n’est peuplé que de 7 millions d’habitants. Je renvoie les lecteurs au site du PCQ pour y trouver les photos du cadre splendide dans lequel s’est déroulé le Congrès. Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter au dialecte québécois, mais j’ai été reçu avec une chaleur qui n’était pas sans me rappeler celles des Flamands, des Wallons, des Ecossais, des Bretons ou des Gallois.

    Qu’est ce que le PCQ ?

    Le PCQ a pour origine les partis communistes traditionnels, et s’est également inscrit dans la tradition maoïste. Parmi sa jeune génération, on trouve un intérêt croissant pour les idées du trotskysme. Le PCQ admet ne pas voir atteint la même clarté politique que le MAS ou le CIO. Le parti évolue. Cette évolution se déroule, cependant, de la manière la plus sincère, ouverte, et démocratique qui soit, sans aucune manœuvre sous-jacente. Tout au long du Congrès, j’ai été agréablement surpris par la volonté de considérer chaque proposition et d’adapter chaque formulation afin d’en ôter les obstacles.

    Ce n’est qu’en 2006 que le PCQ a supprimé toute référence au « marxisme-léninisme » de ses statuts. C’est généralement de cette tendance que se réclament les adeptes du « socialisme dans un seul pays », du parti unique et de la discipline autoritaire au sein du parti, ce qui n’a rien à voir avec Marx ni avec Lénine. En supprimant ces références, le PCQ a insisté sur son objectif d’atteindre un socialisme démocratique. C’est également ainsi qu’il se définit dans son journal mensuel, La Voix du Peuple: «révolutionnaire, avec comme objectif le remplacement du capitalisme mondial par un socialisme démocratique».

    Dans la même présentation, le PCQ écrit qu’il désire se battre pour toute amélioration de la condition des travailleurs, mais argumente aussi en faveur de l’abolition de l’exploitation. Le PCQ appelle au «démantèlement des Etats capitalistes du Canada et des Etats-Unis», et à leur remplacement par des «Etats ouvriers basés sur des conseils des travailleurs démocratiquement élus».«Ces Etats ouvriers pourraient alors combiner leurs forces dans le cadre d’une nouvelle confédération, basée cette fois non pas sur l’exploitation, mais sur la coopération sur une base volontaire». Toutes ces déclarations sont des idées avec lesquelles peuvent s’identifier le MAS/LSP et le CIO. Le PCQ est en faveur d’un Québec indépendant et socialiste, dans le cadre d’une confédération socialiste des Etats nord-américains.

    En même temps, le PCQ doit admettre qu’il a besoin de plus de temps pour arriver à une vision commune en ce qui concerne les événements passés en Union Soviétique et en Chine, en 1956 en Hongrie et en 1968 à Prague. De même quant aux discussions autour du «socialisme dans un seul pays», des fronts populaires par contraste au front unique contre le fascisme, et en ce qui concerne le besoin d’un programme de transition. Le processus de discussions approfondies sur les perspectives politiques, économiques et sociales pour définir à partir de ces discussions quelles sont les tâches concrètes du moment – qui est une tradition chez le CIO et le MAS/LSP – est inconnu du PCQ.

    Toutefois, une similarité importante existe avec le CIO et le MAS/LSP, dans le sens que le PCQ avance lui aussi la nécessité d’un nouveau parti large des travailleurs. Tout comme le CIO et le MAS/LSP, le PCQ fait tout son possible pour promouvoir la création d’un nouveau parti des travailleurs. Que ce soit dans la création du CAP en Belgique, de la fondation du PSoL au Brésil, et dans l’édification du WASG en Allemagne, les sections du CIO ont à chaque fois joué un rôle important. De la même manière, le PCQ a mis sa force militante à contribution dans la fondation de l’Union des Forces Progressistes (UFP) et, ensuite, de Québec Solidaire (QS), qui compte aujourd’hui environ 6500 membres.

    Ouvert et démocratique

    De la même manière que les différentes sections du CIO, le PCQ a fait l’expérience d’autres groupes qui parlaient d’ «unité de la gauche» mais gardaient leurs militants bien en sécurité hors de tout. En outre, d’autres groupes ont tenté d’imposer toutes sortes de restrictions au PCQ, expérience familière au CIO. Comme pour le SAV (section allemande du CIO) dans Die Linke, et le MAS/LSP dans l’alliance UAG (Une Autre Gauche) puis dans le CAP, le PCQ a dû mener une lutte constante au sein de l’UFP, puis également dans QS, pour pouvoir préserver son droit à continuer d’exister en tant qu’organisation indépendante. Heureusement, au sein de l’UFP, ce débat a été mené de manière démocratique et a été soumis au vote d’un Congrès lors duquel une large majorité des trois cents délégués s’est déclarée en faveur des droits du PCQ. Une autre ressemblance frappante est que le PCQ a été confronté aux manœuvres d’autres groupes. Contrairement au PCQ, certains groupes préférèrent ne pas se battre pour le droit à une existence indépendante, tout en manœuvrant afin de faire élire leurs membres soi-disant «indépendants» aux organes exécutifs de QS.

    Le PCQ est un petit parti, et toujours en cours d’évolution. En ce qui concerne la construction et la clarification des idées, beaucoup doit encore être fait, mais ce parti est bien positionné, surtout eu égard à sa longue expérience au sein de l’UFP et de QS. Son attitude dans QS lui a gagné du respect. Son honnêteté, son ouverture et son attitude démocratique lors des débats internes sont des accomplissements immenses, pour lesquels il mérite de l’admiration. Nous allons rechercher une intensification du processus d’échange d’idées et de solidarité avec le PCQ dans la période à venir.

  • L’extrême-droite est une moisissure sur un système pourri

    Contre le racisme : l’unité des travailleurs et le socialisme

    Avec l’arrivée de la récession économique, boucler les fins de mois va devenir de plus en plus dur. Cela peut ouvrir un terrain fertile aux idées qui divisent comme le racisme ou le sexisme. Ainsi, la perte de quelque 250.000 emplois dans le secteur de la construction en Espagne pourrait bien accentuer les divisions entre les travailleurs espagnols et des travailleurs immigrés venant souvent d’Europe de l’Est. Les nombreuses agressions violentes dont ont été victimes les Tsiganes ces derniers mois en Italie montrent jusqu’où peut aller le racisme.

    Par Geert Cool

    Hypocrisie bourgeoise

    La bourgeoisie a une attitude hypocrite vis-à-vis des demandeurs d’asile et des immigrés. D’une part, elle se frotte les mains à la perspective de pouvoir disposer d’une main d’œuvre étrangère à bon marché (on estime qu’en Belgique, à peu près 20 % du PNB provient du travail au noir). Les travailleurs immigrés ou illégaux occupent en général les emplois les plus mal payés, ce que les patrons utilisent en plus pour exercer une pression sur les salaires de l’ensemble des travailleurs.

    Alors que la bourgeoisie exploite au maximum le travail immigré, elle ne semble pourtant pas avoir trop de problèmes avec les opinions racistes – ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’elles divisent les travailleurs, en mettant l’accent sur ce qui les différencie plutôt que sur ce qui les unit. De plus, la législation de plus en plus sévère en matière d’asile, qui accule beaucoup d’étrangers à vivre et à travailler dans l’illégalité, renforce la division parmi les immigrés eux-mêmes.

    En outre, une partie de l’establishment (comme les néo-conservateurs américains autour de Bush) utilise consciemment un racisme quasi-ouvert à l’égard des immigrés musulmans. Sous prétexte d’une guerre contre le terrorisme, l’impérialisme US (qui auparavant n’avait pourtant pas hésité à soutenir militairement et financièrement les Talibans afghans) a diabolisé l’Islam afin de compenser la perte de l’ancienne « menace rouge » représentée par l’Union Soviétique. C’est tout profit pour l’industrie militaire des Etats Unis – mais aussi pour des politiciens populistes de droite, comme le Hollandais Geert Wilders, qui jouent habilement sur cette peur.

    N’enterrons trop vite l’extrême-droite !

    Le renforcement des idées racistes a été facilité par la disparition d’un certain nombre de traditions du mouvement ouvrier, notamment après la chute du Mur. L’idée de lutte collective est moins forte aujourd’hui. Il semble souvent plus facile de chercher des « solutions » individuelles, comme celles que fournit le racisme.

    Pourtant, dès qu’un mouvement de lutte se développe pour exiger un changement, les travailleurs se montrent plus sensibles à ce qui les unit qu’à ce qui les divise. On voit cela dans chaque mouvement, du plus petit piquet de grève aux manifestations massives pour le pouvoir d’achat. La remontée des mouvements de lutte à laquelle on assiste aujourd’hui en Europe offre aux antiracistes beaucoup de possibilités de marquer des points. Mais il faut que ces mouvements de lutte trouvent une traduction sur le terrain politique, sinon ce seront les néo-fascistes et les populistes de droite qui risquent de profiter de l’instabilité politique et de la fragilisation de l’establishment pour remporter des succès électoraux.

    Il est trop tôt pour enterrer déjà maintenant les formations d’extrême-droite. La lutte contre le Vlaams Belang n’est pas encore gagnée même s’il existe une possibilité que celui-ci recule aux élections de 2009. S’il n’y a pas d’alternative, le VB peut revenir dans le jeu, tout comme le FPÖ est actuellement en train de revenir en Autriche alors qu’il avait pourtant souffert d’une scission importante menée par son ancien dirigeant Jorg Haider.

    Par contre, la position électorale de l’extrême-droite peut être minée si des alternatives politiques émergent à gauche à partir de mouvements de luttes. La montée de Die Linke en Allemagne (qui est devenu aujourd’hui le 3e parti dans les sondages) a provoqué le recul du NPD fasciste qui a perdu la moitié de ses électeurs dans son bastion de Saxe. Mais si Die Linke se compromet en entrant dans une coalition menant une politique néo-libérale, alors l’extrême-droite pourra rapidement rebondir. C’est ce qui s’est passé en Italie où la gauche n’a pas réussi à proposer une alternative et a soutenu le gouvernement néolibéral impopulaire de Romani Prodi, permettant à Berlusconi de revenir au pouvoir.

    Tout ce qui nous divise nous affaiblit

    L’extrême-droite peut se développer comme une moisissure sur un système pourri. Si on ne fait pas disparaître la pourriture, on peut peut-être freiner un peu le développement de la moisissure mais il existera toujours une base sur laquelle elle pourra reprendre. Le capitalisme est un système pourri qui n’a à offrir à beaucoup de gens qu’une perspective de boulot précaire, de salaire de misère ou de flexibilité à outrance. Ce ne sont pas les immigrés ou les pauvres qui sont responsables de ce système ; au contraire, eux aussi en sont les victimes.

    Quand les travailleurs, les pauvres, les jeunes développeront collectivement une alternative à ce système, nous pourrons construire un monde sans chômage, sans famine et sans guerre. Ce n’est qu’alors que nous pourrons faire entrer définitivement le racisme dans les livres d’histoire. Pour nous, cette alternative ne peut être qu’une alternative socialiste où ce sont les besoins de la majorité qui sont centraux et pas ceux d’une poignée de capitalistes.


    CALENDRIER de nos campagnes:

    • De la colère à l’action organisée: Résistance Internationale!
    • 20 septembre: Manifestation contre un Congrès anti-islam organisé avec la participation du Vlaams Belang
    • 4 octobre: Mobilisation contre la conférence du Front National à Molenbeek (BXL)
    • 25 octobre: Festival "Environnement" de Résistance Internationale à Anvers
    • 6 décembre: Action pour le Climat à Bruxelles
    • 5 mars 2009: Manifestation anti-NSV à Louvain
    • 8 mars 2009: Action dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    Soutenez notre travail, faites un don au MAS/LSP !

    Versez votre don ou un soutien mensuel (par ordre permanent bancaire) sur le compte n° 001-2260393-78 avec la communication « don ».

    Pour toute information supplémentaire, n’hésitez pas à nous contacter : info@socialisme.be ou finances@lsp-mas.be.
    [/box]


    Liens:

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop