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Tag: Union Européenne
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Le député européen Paul Murphy en campagne pour conserver son siège pour la gauche
Mais l’approche sectaire du SWP menace ses chances
Le Socialist Workers Party (SWP) a confirmé qu’un de ses membres, le conseiller Brid Smith, sera candidat pour la People Before Profit Alliance (PBPA) aux élections européennes de mai prochain pour la circonscription de Dublin. Quand cette nouvelle est apparue il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, elle a semé confusion et désarroi.
Socialist Party (CIO-Irlande)
Cette décision est irresponsable et devrait être annulée. Cela représente un coup porté à la lutte visant à construire une véritable alternative socialiste et de gauche en diminuant les chances de Paul Murphy de conserver son siège au Parlement européen. Si elle n’est pas annulée, cette décision constituera un grossier exemple de sectarisme politique.
Les formations de gauche ont bien sûr le droit de concourir aux élections qu’elles désirent, ce n’est pas là le problème. Il est aussi de leur responsabilité de juger s’il convient d’exercer ce droit en fonction du contexte politique et d’évaluer les conséquences de leur décision.
Paul Murphy, candidat aux élections de mai prochain, dispose déjà d’un siège au Parlement. Au cours des deux ans et demi où il a occupé ce poste, il a toujours utilisé avec justesse sa position et la plate-forme qu’elle représente pour défendre de nombreuses revendications au bénéfice de la classe des travailleurs et du mouvement socialiste, en Irlande et dans le monde. Il est crucial que Paul soit élu en mai mais, pour cela, il a besoin de tout le soutien possible, car le scrutin sera très serré.
Il est vrai que la confiance envers le gouvernement a baissé de manière significative, mais la complexification et la fragmentation de la scène politique sont elles aussi indéniables. Les sensibilités politiques de la classe des travailleurs ont été mises à mal par les trahisons répétées des responsables syndicaux et par l’imposition de la Property Tax. Il existe un potentiel pour la création de nouvelles forces de droite, on en parle d’ailleurs ouvertement. De nouvelles formes de populisme ont également émergé, ce qui reflète partiellement l’espoir des gens qu’il existe une porte de sortie plus facile que les changements fondamentaux et nécessaires pour lesquels militent le Socialist Party et d’autres à gauche.
Il n’y a que trois sièges dans la circonscription européenne de Dublin. En plus des partis de l’establishment et du Sinn Fein, il est probable que de nouvelles forces dont l’impact pourrait être significatif émergent dans les mois à venir. Pour les élections européennes, avec leur foule déstabilisante de candidats, nous devrons convaincre les gens à la recherche d’une alternative qu’il est nécessaire de voter pour un candidat de gauche sérieux qui a de véritables chances de remporter un siège. Autrement, on court le véritable danger que la classe des travailleurs s’abstienne simplement de voter. Dans ce contexte, il est crucial qu’un candidat de gauche se présente à Dublin.
Les derniers sondages d’opinion à l’échelle de l’Irlande créditent le Fine Gael de 26%, le Fianna Fail de 22% et le Sinn Fein de 23%. A Dublin, le Fine Gael obtient 17% et le Sinn Fein 21%. Il est très probable que le Sinn Fein enregistre des gains considérables aux élections locales de l’an prochain, le parti pourrait même récupérer un député européen à Dublin. Les similarités présentes dans le noyau politique du Fine Gael et du Fianna Fail garantissent presque qu’entre eux et d’autres candidats de droite, ils auront assez de voix pour gagner un siège. Malgré la colère ambiante, on ne peut éclipser la possibilité que des partis ou des candidats de droite puissent obtenir deux sièges, au vu de la nature volatile de la période actuelle et de la confusion qui règne. Dans ces conditions, les bénéfices d’avoir un candidat socialiste et/ou de gauche devraient être clairs pour tous.
Toute tentative de justifier qu’un candidat de la People Before Profit Alliance se présente sur le constat que la ‘‘vraie gauche’’ a besoin de plus d’ambition et doit viser deux sièges sur trois reflète soit un jugement politique incroyablement faussé, soit une infinie naïveté. Il faudrait pour cela obtenir près de 50% des premiers votes préférentiels et de nombreux transferts de voix (le système électoral irlandais permet d’émettre deux choix de vote, un vote préférentiel et un vote de report de voix, NDT).
Les élections s’annoncent comme une bataille sans répit entre de nombreuses forces et de nombreux candidats, probablement pour un siège, et l’intervention de la PBPA pourrait miner les chances de Paul Murphy de conserver ce siège.
Le problème n’est pas que différentes formations de gauche ne peuvent pas se présenter dans la même circonscription. Un système de représentation proportionnelle par vote unique transférable pourrait faciliter cela. Mais il faut évaluer chaque situation dans ce qui fait sa spécificité, et mesurer les différents facteurs en jeu ; historique récent, parcours politique des candidats, base de soutien, perspectives,… le principe de base à prendre en considération est qu’aucune formation de devrait agir en risquant de causer du tort à la lutte et au mouvement ouvrier.
Fausses comparaisons
Il n’y a pas lieu d’employer de fausses comparaisons pour troubler la situation, comme le fait que le Socialist Party ait présenté un candidat dans la même circonscription (Dublin Mid West) qu’un élu conseiller de la PBPA aux élections générales de 2011, ou encore que Joe Higgins se soit présenté à Dublin West en 1992 face à Tomas Mac Giolla du Workers Party.
A Dublin Mid West, il était clair qu’aucun candidat n’avait la moindre chance d’être élu, il n’était donc pas question de perdre un siège potentiel au Dàil (parlement irlandais). En 1992, Tomas Mac Giolla a perdu son siège parce que le Workers Party était en plein processus d’implosion et qu’il avait perdu 6000 voix depuis les élections générales de 1989, et non pas parce que Joe Higgins en avait obtenu 1400.
Il est faux de penser que, pour les élections de mai, peu importe qu’il y ait deux candidats de gauche en cas de transfert de votes, car les partis ont de moins en moins de contrôle sur ces transferts.
Lors de la campagne pour les élections européennes de 2009, le fait que Joe Higgins ait été le seul candidat de gauche a représenté un facteur très important pour son accès au siège face au Sinn Fein et au candidat principal du Fianna Fail. De nombreux facteurs sont entrés en jeu, mais le plus important a été le parcours politique de Joe et du Socialist Party. L’idée de voter pour Joe, considéré comme un combattant dans le contexte d’un effondrement de l’économie qu’il avait prédit alors qu’il était encore au Dàil, a été massivement saisie. Il est peu probable qu’un autre candidat de gauche ait pu autant profiter de l’atmosphère d’alors.
Alors que la campagne de Joe était en cours, le bruit courait que Richard Boyd Barrett de la PBPA allait lui aussi annoncer sa candidature aux élections européennes de 2009. Il est clair que s’il avait concouru, il aurait miné le momentum qui a porté Joe Higgins.
Momentum
Le momentum est un facteur clé lors des élections. Le premier sondage d’opinion au début de la campagne électorale en 2009 créditait Joe de 5% des voix. Un résultat correct, mais bien inférieur à celui espéré, et Joe se trouvait à égalité avec de nombreux candidats. Fine Gael, Fianna Fail et Sinn Fein avaient une avance confortable.
Un second sondage a eu lieu à peu près une semaine avant les élections, qui indiquait que Joe avait émergé du lot. Ce sondage a été crucial, autrement, les gens, malgré leur soutien, auraient pu penser que voter pour Joe n’aurait fait aucune différence car il n’aurait eu aucune chance d’être élu.
Le second sondage créditait Joe de 7%. Son score avait progressé, mais surtout, celui d’autres candidats avait régressé. Les élections une semaine plus tard, où Joe a obtenu 12,5%, ont indiqué que, du second sondage jusqu’à la fin, le momentum s’était bel et bien développé, le second sondage ayant été un facteur clé. En termes de votes préférentiels, Joe était derrière le Fine Gael et le Fianna Fail (les deux candidats confondus), mais il a émergé et s’est emparé du troisième siège grâce à des transferts de voix. Il était vital que Joe dépasse le nombre de votes préférentiels de Mary Lou MacDonald. Si Richard Boyd Barrett avait concouru, il aurait probablement pris quelques points de pourcentage à Joe dans les sondages, et cela aurait sans doute mis en péril le cours et l’issue de la campagne. Le résultat aurait été une perte sèche pour la gauche et les socialistes. Ce même danger nous guette encore une fois.
Au cours de la campagne à venir, qui verra surement fleurir des candidats disposant d’un certain soutien, il est important que Paul Murphy soit clairement identifié comme le candidat de la gauche afin de concentrer l’attention et de mettre toutes les chances de son côté pour faire jouer le momentum.
Transferts de votes
Les transferts seront cruciaux lors de ces élections. Mais afin de bénéficier de transferts, il faut sortir du lot, autrement, l’élimination guette. Il est très important que Paul obtienne un aussi grand vote préférentiel que possible.
Dire que chaque vote que Brid Smith arrache à Paul lui reviendra de toute façon dans le cas où Brid serait éliminé n’est que pure spéculation. Cela ne prend absolument pas en compte la façon dont les gens votent. Entre candidats d’un même parti, on peut s’attendre à un transfert de voix à hauteur de 50%. Mais lorsque l’on est confronté à la masse des électeurs, un soutien de masse est nécessaire pour gagner des sièges aux élections européennes, les gens n’ont pas tendance à voter selon une ligne stricte, à gauche ou à droite jusqu’au bout.
Nombre de gens choisiront de voter pour leur candidat préféré, et ensuite leurs votes préférentiels pourront être aléatoires, ils pourront très bien décider de choisir le candidat le moins menaçant, ou de voter pour d’autres raisons de ce genre. Il ne fait aucun doute qu’un soutien potentiel et significatif puisse être perdu à l’issue des transferts. Il existe de nombreux exemples de Fianna Fail, des travaillistes, et d’autres partis qui ont reçu un premier vote préférentiel qui aurait dû leur garantir un élu, mais sans succès car le vote n’a pas été transféré parmi leurs candidats.
C’est arrivé lors des élections européennes de Dublin en 2009 quand le Fianna Fail a obtenu 18,3% et a fini troisième parti, mais comme leurs votes ont été éparpillés et que leur taux de transfert n’était que de 50%, ils ont perdu le siège. Alors que s’ils n’avaient présenté qu’un candidat, les votes auraient été condensés dans ce candidat et il aurait probablement été élu. Dans la même ligne d’idée, non seulement un second candidat risquerait de diviser le premier vote préférentiel, mais en plus il risquerait de dissiper et de fragmenter les votes de la gauche en faisant entrer le système de transfert en jeu.
Le parcours de Paul
Certains ont également émis l’argument que Brid Smith serait un candidat plus ‘‘crédible’’ que Paul Murphy. Bien que son poste de conseiller au conseil municipal de Dublin valorise Brid Smith, cet argument lui-même manque de crédibilité. Paul Murphy est député européen, et il ne fait aucun doute qu’en tant que tel, il est infiniment plus qualifié. Il est de plus reconnu comme un candidat fort, et le mieux équipé pour lutter contre l’establishment capitaliste.
En Irlande, il a utilisé sa position pour soutenir un grand nombre de campagnes comme Shell to Sea ou la campagne contre les taxes immobilières, et d’autres luttes des travailleurs. Il a été à l’initiative d’une lettre signée par 50 députés pour exiger la légalisation de l’avortement après la mort de Savita Halappanavar, ce qui a contribué à augmenter le niveau de conscience sur le sujet dans le monde et à mettre le gouvernement sous pression. Il a lancé ScamBridge.ie, un site qui a aidé à développer le mouvement d’opposition à JobBridge (un projet gouvernemental antisocial).
Paul a joué un rôle majeur dans la campagne contre le traité d’austérité et a été décrit comme ‘‘probablement le candidat le plus engagé du côté du Non’’ par Deaglan De Breaun de l’Irish Times, à l’occasion du référendum tenu en Irlande à ce sujet. Paul a constamment utilisé sa position de député pour s’opposer à l’oppression et se battre pour les droits des travailleurs en Irlande et dans le monde.
Un farouche opposant de l’oppression internationale
Paul a également été très actif dans les luttes et les problèmes vitaux du monde entier. Il a dénoncé l’oppression des Palestiniens, a constamment soulevé ce problème au Parlement et a participé à la ‘‘Flottille de la Liberté’’ en 2011, ce qui lui a valu d’être incarcéré pendant une semaine dans une prison israélienne. Il a joué un rôle admirable dans le soutien aux travailleurs du pétrole au Kazakhstan en lutte contre un régime dictatorial, ce qui a conduit le Kazakhstan à le déclarer ‘‘persona non grata’’ et à refuser tout futur visa. Il s’est aussi vu refuser à de nombreuses reprises l’entrée au Sri Lanka pour son travail au sein et en dehors du Parlement contre l’oppression de la communauté tamoule et le massacre de 40.000 d’entre eux perpétré par le gouvernement du Sri Lanka.
En Europe, il a utilisé sa position pour soutenir et renforcer la lutte contre l’austérité. Il a visité à plusieurs reprises des pays, dont la Grèce, l’Italie et le Portugal, et a parcouru le continent pour soutenir des campagnes et des travailleurs en grève ainsi que pour appeler à la construction d’une action commune européenne contre l’austérité.
Le Socialist Party a joué un rôle important en aidant des travailleurs, des militants de gauche et des organisations à s’allier et à développer une riposte contre l’austérité à travers de la Campagne Contre les Taxes sur les Ménages et sur l’Eau (CAHWT). Nous avons aussi espérer que l’ULA (United Left Alliance) pourrait constituer un important pas en avant dans la réorganisation politique de la classe ouvrière.
L’absence d’un nombre significatif de nouvelles personnes prêtes à s’impliquer sérieusement dans ces initiatives a été un important facteur de leur déliquescence. De plus, le changement de tactique vers une imposition directe sur le revenu (au lieu d’une taxte à payer) combiné au manque de confiance des gens a constitué de la base de l’imposition de la campagne contre la Property Tax (une taxe immobilière). Nous avons toujours su que, sans sang neuf, l’ULA n’aurait pas pu aller de l’avant. Son échec à devenir une alliance socialiste ou de gauche crédible l’année dernière a été assuré par des associations aux actions néfastes et à diverses erreurs. Cependant, le Socialist Party est déterminé à poursuivre le travail avec d’autres pour construire un nouveau parti de masse pour la classe ouvrière, et nous espérons que l’Alliance Anti Austérité, ouverte à tous ceux qui veulent s’y impliquer, et qui participera aux élections locales l’année prochaine, contribuera à ce but.
Nous avons aussi pour principe de populariser une alternative de classe, socialiste et de gauche même lorsque les conditions sont difficiles, comme lorsque nous avons pris position pour l’abolition de l’institution antidémocratique et élitiste qu’est le Seanad, tout en condamnant le gouvernement et l’austérité.
Concernant la bataille dans la circonscription européenne de Dublin, la question principale pour la gauche, c’est de savoir si Paul gardera son siège, et ce que l’on doit faire pour ça. Ce sera une bataille, mais nous pouvons la gagner. Envisager comme le fait le SWP que la gauche puisse obtenir deux sièges n’est qu’une tentative d’enjoliver la réalité ou de camoufler une attitude profondément sectaire, qui sera néfaste à la lutte et pourrait avoir comme conséquence de donner à la droite un siège qui appartient à la gauche.
Une faute majeure
Cet article a dû entrer dans quelques détails pour répondre aux fausses justifications qu’utilisera la PBPA pour justifier la présence de son candidat. Nous demandons aux membres du Socialist Workers Party et à la PBPA de rediscuter et de reconsidérer urgemment ce sujet avant qu’ils ne commettent une erreur irréparable.
Mais quoi qu’ils décident, nous savons que la candidature de Paul pourra compter sur un soutien actif lors des mois qui suivent et lors des élections elles-mêmes, de la part de ceux qui reconnaissent le rôle important qu’il joue et continuera à jouer à l’avenir, et qui comprennent la nécessité d’une force socialiste combative qui mène à de véritables avancées pour la classe ouvrière.
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Liège : Barroso dégage !
Le 17 octobre, accueillons le président de la commission européenne comme il se doit !
Alors qu’en Belgique, le TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance) est en attente de ratification, le président de la Commission européenne vient nous rendre visite à Liège. C’est l’occasion de lui faire entendre ce qu’on pense de ce concentré d’austérité toxique.
Par Romain (Liège)
- TSCG : attention danger
- Discipline budgétaire et dictature des marchés
Ce passage à Liège sera la troisième visite Barroso dans une ville d’Europe dans le cadre de ”l’année du citoyen”, un intitulé dont on ne peut que savourer l’ironie… Comme l’a fièrement annoncé l’ULg à ses étudiants, Barroso ”souhaite aller à la rencontre des jeunes liégeois” et ”échanger sur l’avenir de l’Europe”. Un échange à sens unique car, pour la Commission européenne, l’avenir est déjà tout tracé. Si depuis le début de la crise économique mondiale en 2008, l’Europe et le monde entier ont subi des mesures d’austérité aveugles et vaines, la tendance ne fera que se confirmer avec la ratification de ce nouveau traité d’austérité concentrée.
Démocratie 2.0
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Barroso dégage !
Ce jeudi 17 octobre, 16h, Place du XX Août à Liège.
Rassemblement contre les politiques austéritaires européennes, à l’occasion de la venue à Liège du président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso. À l’appel de la plate-forme liégeoise contre le Pacte budgétaire européen.
- Page Facebook de l’événement
Un 2e rendez-vous est donné le 21 octobre à 18h devant l’hôtel de Ville, pour une interpellation citoyenne sur les conséquences du TSCG sur les communes, les services publics, la sécurité sociale,…
- Page Facebook de l’événement
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Parmi les mesures qui entreront en vigueur, citons la limitation du déficit structurel des budgets nationaux à 0,5%. La Commission, dans sa grande mansuétude, élèvera ce taux à 1% si la dette publique du pays est inférieure à 60% de son PIB. Outre la totale volatilité de ce taux – que chaque économiste calcule à sa façon – c’est surtout son absurdité et l’impossibilité de l’atteindre qu’on ne peut ignorer. Respecter cette règle, cela signifiera saigner à blanc les services publics comme les soins de santé, les transports ou l’éducation. Une fois encore, ce sont les travailleurs et les pauvres qui paieront le prix de la crise du capitalisme.
En cas d’entorse à la règle, la Commission aura tous les pouvoirs pour décider des mesures exactes que les gouvernements devront prendre, sous peine pour les Etats-membres d’être exposés à des sanctions et à des amendes démesurées. A l’heure actuelle, c’est la quasi-totalité des pays européens qui remplissent les conditions d’une telle mise sous tutelle. Et cela, c’est sans compter encore la réduction annuelle de la dette publique de 5% si elle dépasse les 60% du PIB.
Ce traité, aucun citoyen européen n’a eu à se prononcer pour ou contre lui. Il a été négocié, voté et ratifié par les Etats-membres sans la moindre consultation, nous privant du droit élémentaire de décider du régime politique et économique que l’on veut voir appliquer. A partir de maintenant, ce sera néo-libéralisme, ou néo-libéralisme.
Ce manque total de consultation ou même d’information se répète avec le nouveau traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe, un traité qui vise à abolir les taxes à l’exportation et à homogénéiser les normes de travail, de production et de sécurité, notamment alimentaire. Monsanto peut se réjouir, car rien ne dit que dans un avenir plus ou moins proche, les viandes, céréales, fruits ou légumes bourrés aux OGM en provenance des Etats-Unis ne viendront pas plus encore envahir nos supermarchés. Certains syndicats américains se réjouissent de cet accord qui, selon eux, sera bénéfique aux travailleurs américains grâce à l’influence des systèmes de sécurité sociale européens. C’est à la fois une erreur et une méconnaissance des pressions et des attaques que subissent sans cesse nos conquêtes sociales avec la spirale incessante vers bas en termes de salaire et de conditions de travail qu’entraîne la logique de concurrence.
La réalité, c’est qu’on ne sait encore rien de comment les normes seront affectées. Une chose est sûre, c’est que les marchés publics sont les premiers visés par ce traité, qui prévoit des mesures visant à l’obligation d’achat de produits américains auprès de fournisseurs privés.
Mobilisation générale
Ce n’est pas parce qu’on ne nous demande pas notre avis que l’on doit se résigner et accepter!
La venue de Barroso à Liège ce jeudi 17 septembre sera l’occasion de l’interpeller et de se mobiliser pour rejeter en bloc le traité d’austérité et le futur traité de libre-échange, qui ne représente qu’un pas de plus vers la dérégulation totale des marchés et vers une compétitivité toujours plus acharnée.
Mais cette action ne doit pas représenter un but en soi ; elle doit être une étape, une contribution à l’organisation d’un mouvement de masse contre l’austérité et contre le capitalisme, un système qui ne peut survivre qu’en s’en prenant toujours plus sauvagement et sournoisement à nos conditions de vie.
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TSCG : attention danger
Le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance en Europe, plus communément appelé Traité budgétaire européen, est un traité en cours d’adoption qui vise à compléter l’arsenal de l’Union Européenne destiné à pousser ses Etats-membres encore plus profondément dans la logique du néolibéralisme et de l’austérité.
Par Simon (Liège)
Photo ci-contre : Ce 25 septembre, une centaine de personnes étaient présentes pour une réunion publique organisée par la plate-forme liégeoise contre le Traité d’austérité européen. Prochaine date à retenir pour la plateforme : le 21 octobre prochain pour un rassemblement devant l’Hôtel de ville de Liège contre le TSCG afin d’interpeller le conseil communal et les députés wallons qui y siègent.
Concrètement, il s’agit d’interdire aux Etats-membres des déficits budgétaires excédant 0,5% du PIB, ce qui signifie empêcher toute logique budgétaire de relance économique par les investissements dans les services publics. Plus grave encore, ce Traité mettrait toute la politique budgétaire des gouvernements sous la tutelle de la Commission Européenne (qui est, pour rappel, une instance non-élue).
Comme tout traité européen, le TSCG doit recevoir l’approbation à la fois de notre parlement fédéral, mais aussi celui des parlements régionaux. Les partis politiques traditionnels sont tous acquis à ce traité. En ce compris Ecolo, qui se paye en plus le luxe de paraître le contester en votant ‘‘non’’ au Parlement fédéral où il occupe les bancs de l’opposition, mais en prévoyant de voter ‘‘oui’’ au Parlement wallon où il est associé à la majorité. Car si le vote en faveur du traité à déjà eu lieu aux Parlements fédéral et flamand, il doit encore avoir lieu au Parlement régional wallon.
Bien sûr, les politiciens traditionnels connaissent l’impopularité de ce type de traité depuis les ‘‘non’’ français, irlandais ou hollandais au traité constitutionnel européen de 2004. Les grands médias, dociles, mettent donc peu de lumière sur cet enjeu de toute première importance pour les travailleurs d’Europe.
Un vote négatif au Parlement wallon serait donc de nature à bloquer la procédure d’adoption dans tout notre pays, ce qui serait d’une portée hautement symbolique dans toute l’Union Européenne et permettrait de renforcer la détermination de ceux qui luttent partout en Europe contre la logique de l’austérité imposée aux populations pour sauvegarder les profits de quelques millionnaires.
Une plate-forme lancée à l’initiative de la coopérative politique liégeoise Vega, à laquelle le PSL s’est immédiatement rallié, tente d’atteindre cet objectif et de faire pression pour qu’un débat public soit organisé face à ce vote que les élus wallons aimeraient faire passer en catimini et en prenant clairement position contre ce traité. Cette plateforme s’est rapidement élargie, recevant le soutien de secteurs du monde syndical comme la CNE ou la CGSP wallonne ou encore d’organisations de la gauche comme le PTB ou la LCR. Fait notable, la section locale de Liège-centre ville du PS (pas la fédération liégeoise, donc) a aussi pris position contre le TSCG, à rebours de ses instances de direction régionales et nationales.
Mais au-delà de ces signatures, ce qu’il faut, c’est construire un rapport de force efficace sur le terrain qui soit capable de faire pencher la balance du côté de la démocratie et de la justice sociale. Nous avons besoin qu’un plan d’action voie le jour dans les plus brefs délais afin de coordonner les forces qui se liguent contre ce traité d’austérité et contre la politique d’austérité en général.
Plus d’informations sur cette plate-forme sur WWW.STOP-TSCG.BE
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Allemagne : Merkel réelue… mais l’avenir reste instable
Malgré le succès électoral de la coalition CDU/CSU (Union Démocratique Allemande et Union Chrétienne de Bavière) d’Angela Merkel, les élections législatives allemandes du week-end dernier ont été le reflet de l’aliénation de vastes couches de la population vis-à-vis des partis de l’establishment et des institutions de la démocratie capitaliste. Vu l’intensification attendue de la crise de la zone euro et le ralentissement de l’économie mondiale, le nouveau gouvernement sera confronté à une instabilité croissante, et des attaques contre le niveau de vie de la population seront de nouveau à l’agenda.
Sascha Stanicic, porte-parole de Sozialistische Alternative (CIO-Allemagne)
La croissance de l’électorat du CDU/CSU ne peut nous faire oublier que la coalition ‘‘noire et jaune’’ CDU/CSU et Parti libéral démocrate (FDP) a été démise de ses fonctions et a perdu 735.000 voix. Le triomphe de Merkel et sa majorité quasi absolue au Bundestag (parlement national) ont occulté ce fait, mais cela aura des conséquences sur les développements à venir en Allemagne.
Depuis plus de 60 ans, le FDP est vu comme un groupe de pression de capitalistes organisés en parti. Ce parti a toujours été le premier à exiger des attaques contre le niveau de vie et les droits de la classe des travailleurs. Son échec aux élections de 2013 représente un sérieux problème pour la classe capitaliste. C’est la conséquence de l’échec de la propagande des libéraux concernant les pseudos droits civils, une propagande qui a sans cesse eu plus de peine à cacher leur caractère néolibéral. Nombreux sont ceux à avoir accusé le FDP d’être responsable de la polarisation sociale de la société allemande. Lorsqu’il s’est avéré que ce ‘‘petit parti du grand capital’’ n’avait pas réintégré le Bundestag pour la première fois de l’histoire de la République Fédérale Allemande, de nombreuses personnes ont laissé exploser leur joie. Son avenir est incertain. Le parti n’a plus que de faibles représentations dans les parlements et les gouvernements fédéraux. Mais il n’est pas exclu que le FDP s’oriente vers une direction plus nationale-libérale, en comptant subsister en reposant sur le populisme de droite.
L’augmentation des suffrages accordés à Merkel reflète la relative stabilité économique d’un pays entouré d’Etats qui s’embourbent de plus en plus profondément dans la crise de l’euro. Merkel a également consenti à quelques concessions mineures, comme l’annulation de certains frais lors des consultations médicales. Un commentateur a expliqué à la télévision que ‘‘les Allemands ont voté pour la sécurité.’’ Il est vrai que, dans une certaine mesure, l’augmentation de l’électorat du CDU/CSU reflète le sentiment, partagé par de nombreuses personnes, selon lequel Merkel a empêché le pire dans un contexte de crise économique internationale. Mais elle ne peut pas pour autant compter sur un soutien actif, et encore moins sur de l’euphorie. Quand on parle de questions concrètes, l’orientation politique de la population est différente, ce qui a encore récemment été illustré à Hambourg, où se tenait un référendum le même jour que les élections ; et une petite majorité des habitants a voté ‘‘oui’’ à la renationalisation du réseau électrique local.
La victoire de Merkel ne constitue jamais qu’un des aspects de ces élections. L’autre, c’est que jamais auparavant une si grosse partie de l’électorat ne sera pas du tout représentée au parlement. Le taux de participation aux élections n’a que marginalement augmenté (70,8% lors des dernières élections fédérales pour 71,5% cette année), ce qui en fait la seconde participation la plus basse depuis 1945. Plus de 15% des votes sont allés à des partis qui n’ont pas atteint les 5% requis pour entrer au parlement. Jamais auparavant si peu de votes (43%) ont suffi pour former un gouvernement : cela ne représente que 30% de l’électorat. Même une ‘‘grande coalition’’ gouvernementale (où le CDU/CSU se retrouverait aux côtés des sociaux-démocrates du SPD) ne représentera qu’une minorité de la population. Plus de 40% des électeurs se sont soit abstenus, soit ont voté pour de petits partis, et ne sont donc pas du tout représentés au Bundestag.
Ces dernières années, les élections ont suivi un mouvement de balancier, reflet de la volatilité de l’électorat des partis politiques. Les gros succès électoraux, comme ceux du FDP et des Verts dans la passé, sont rapidement oubliés, et la scène électorale reste très changeante.
‘Alternative pour l’Allemagne’
Merkel a réussi à faire l’impasse sur la crise de l’euro pendant sa campagne. Mais le succès du parti ‘‘Alternative pour l’Allemagne’’ (AfD), un parti de droite appelant à l’abolition de l’euro, démontre, avec les potentiels votes de protestation, qu’il s’agit d’un problème important pour une partie de la population. Un problème qui va empirer. Vu la situation, ce fut une erreur de la part de Die Linke (‘‘La Gauche’’) de na pas centrer davantage sa campagne sur le rejet des fonds de sauvetage accordés aux banques.
Le fait que Die Linke ait perdu des voix au profit de l’AfD doit être considéré comme un avertissement. Même si le futur de l’AfD reste encore à écrire, il se peut que le parti n’en reste pas au stade du phénomène éphémère. L’AfD a occupé une partie de la scène politique, portion qui s’agrandira à mesure que la crise de l’euro se creusera. Le parti a réussi à se construire dans tout le pays, et dispose de moyens financiers conséquents. L’AfD a été suffisamment maligne pour éviter d’endosser une image raciste ou trop radicalement nationaliste tout en parvenant à mobiliser l’électorat d’extrême droite. Le parti a de bonnes chances d’accéder au Parlement européen après les élections de l’année prochaine. Il pourrait aussi se baser sur l’euroscepticisme croissant, qui ne fera que croître, surtout si Die Linke ne formule pas une critique claire, de gauche et internationaliste de la crise de l’euro.
Les salaires, les conditions de travail et les pensions ont été les sujets les plus importants aux yeux des électeurs. Cela semble paradoxal vu que le CDU/CSU est un parti aux mains des grandes entreprises, qui s’oppose au salaire minimum et qui veut maintenir l’âge de la retraite à 67 ans. Au vu des leaders des principaux partis à la carte, de nombreuses personnes ont conclu que Merkel était la plus capable de prévenir une crise sociale en Allemagne causée par une ‘‘urgence européenne’’. Le manque d’alternative issue du SPD et des Verts y a contribué. Leur tentative de se présenter comme plus à gauche, plus intéressés par les sujets sociaux et la justice, n’a leurré personne. Ce sont ces partis qui sont à la base de l’introduction de ‘‘l’Agenda 2010’’ néolibéral en 2003 et ses nombreuses attaques antisociales, et peu de gens leur ont pardonné. Les résultats des Verts montrent qu’ils sont devenus un parti bourgeois de la classe moyenne. Mais l’importance de sujets comme les salaires, les conditions de travail et les pensions dans la conscience populaire de la classe des travailleurs reflète aussi le potentiel des syndicats et des luttes sociales. C’est pourquoi les fondations du CDU/CSU sont fragiles. Le nouveau gouvernement prévoit de faire des coupes budgétaires et de procéder à des privatisations et, tôt ou tard, l’opinion générale se retournera contre lui.
Un projet de coalition gouvernementale ?
Merkel a perdu son partenaire de coalition, le FDP. Ses résultats rendront les négociations avec le SPD ou les Verts plus difficiles. Ces deux partis trembleront à l’idée de finir en tant qu’acteurs minoritaires dans un gouvernement CDU/CSU. L’expérience du SPD dans la ‘‘grande coalition’’ de 2005/2009 a rouvert des blessures qui n’ont pas encore fini de cicatriser. Les leaders du SPD se montrent donc très réticents à cette idée. Mais l’affaiblissement des Verts a rendu moins probable une coalition ‘‘noire et verte’’. Une grande coalition est l’issue la plus probable. Bien sûr, le SPD tentera de faire des concessions, qu’il vendra comme des victoires. Ce pourrait même être l’instauration d’un salaire minimum ou d’autres mesures semblables. Il est peu probable que les négociations échouent et que de nouvelles élections soient organisées car elles pourraient mener à une majorité CDU/CSU.
Die Linke
La direction de Die Linke se satisfait des résultats obtenus et met en avant que le parti représente maintenant la troisième plus grande force du pays. Le parti s’est stabilisé et a regagné du soutien depuis l’année dernière et les désastreux sondages d’opinion à son encontre. Les batailles internes se sont momentanément arrêtées mais, surtout, l’arrivée de Bernd Riexinger et de Katja Kipping à la direction du parti ont représenté une orientation plus décidée vers les mouvements sociaux et les luttes syndicales. Cela a motivé une couche de ses militants à s’impliquer davantage. Les slogans clairs sur leurs tracts ont rendu leur campagne très active et ont permis de recruter 500 nouveaux membres durant cette période. Cela prouve que, malgré la situation objective actuelle, il y a toujours un potentiel pour renforcer le parti.
Mais la perte de 1,4 million d’électeurs par rapport à 2009 (moins encore qu’en 2005), l’échec de Die Linke à s’attirer les votes des abstentionnistes ou des électeurs de l’AfD prouvent que les racines du parti ne sont pas assez ancrées dans les communautés ouvrières. De plus, la crédibilité de Die Linke pâtit de son implication régionale dans des coalitions et de des appels permanents à rejoindre une coalition nationale.
Die Linke a maintenant face à lui une deuxième chance, mais pourra-t-il saisir les opportunités qui s’ouvrent à lui ? En cas de grande coalition, le SPD sera également directement responsable des coupes budgétaires. Die Linke sera donc en bonne position pour améliorer son image d’opposant au capitalisme. Mais pour se renforcer ainsi, le parti doit devenir un parti combatif et abandonner tout projet de coalition avec les Verts et le SPD. Des conflits internes vont sans doute se développer autour de cette question. L’année prochaine, de nouvelles élections fédérales se tiendront en Allemagne de l’Est, où se trouve la plus grande base de Die Linke. La question d’une alliance avec le SPD se posera à nouveau, et c’est déjà le cas à Brandebourg.
Certains membres de l’aile droite de Die Linke (y compris le leader du groupe parlementaire, Gregor Gysi) ont récemment publié un livre qui explique la position du parti sur le rejet du déploiement de troupes allemandes à l’étranger, car sans laisser tomber cette position, il était impossible d’entrer au gouvernement national. Cette approche est un sujet de discorde potentiel au sein de Die Linke. Gysi est sorti renforcé de la campagne électorale, et il utilisera surement sa performance contre les éléments les plus anticapitalistes du parti, principalement basés en Allemagne de l’Ouest.
Hessen
Dans ce contexte, les élections fédérales à Hessen, qui ont eu lieu en même temps que celles du Bundestag, sont importantes. La nouvelle entrée de Die Linke au parlement est très importante pour l’aile gauche du parti. Die Linke est connu pour ses liens étroits avec les mouvements sociaux et syndicaux à Hessen.
Mais la dirigeante régionale du parti, Janine Wissler (membre du courant Marx21, qui a quitté l’organisation allemande du SWP britannique), dit être prête à certaines conditions à former une coalition gouvernementale avec le SPD et les Verts. Bien qu’elle dise que cette attitude serait destinée à révéler la vraie nature de ces partis, elle donne l’impression que Die Linke est prêt à tout pour entrer au gouvernement. Au lieu de parler de coalitions, la direction de Die Linke à Hessen devrait dire que son succès électoral est surtout celui de mouvements sociaux de résistance, qui doivent être construits et renforcés.
Die Linke à Hessen, en reconnaissant qu’ils ont une chance de chasser le premier ministre CDU Bouffuer, devrait dire que le parti est prêt à combattre le CDU en rejoignant une minorité gouvernementale SPD-Verts. Mais puisque le SPD et les Verts travaillent dans le cadre du capitalisme et sont prêts pour lancer des attaques contre la classe des travailleurs, Die Linke devrait clairement refuser de signer un contrat de coalition, et à la place voter cas par cas au parlement. Die Linke devrait clairement déclarer qu’il soutiendra toute loi progressiste et se dressera contre toute autre.
Quelles perspectives ?
Un jour seulement après les élections, les médias ont sonné l’alerte d’une intensification de la crise de l’euro et d’un effondrement du système financier.
Les 4 prochaines années en Allemagne ne seront pas semblables aux 3 dernières derrière nous, qui ont connu un redressement économique après une crise majeure. Au lieu de cela, elles seront marquées par une déstabilisation économique croissante et de nouvelles crises.
Chaque nouveau gouvernement européen sera sous pression pour faire payer à la classe ouvrière le prix de la crise du capitalisme. Die Linke peut se renforcer grâce à un développement des luttes et des mouvements de masses, si le parti les soutient fermement.
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Près de deux tiers des jeunes grecs au chômage!
Le capitalisme, un système incapable d’offrir un bon emploi et un avenir à la jeunesse
Le chômage massif des jeunes en Europe ne diminue pas. Même là où une certaine croissance économique existe, les rangs de chômeurs ne désemplissent pas, au contraire. L’économiste Carsten Brzeski, de la banque ING, prévient : ‘‘La situation risque d’exploser. Nous risquons d’avoir toute une génération perdue. Si la jeunesse européenne se soulève contre l’Europe, le chaos s’ensuivra.’’ Les chiffres sont dramatiques. Depuis le début de la crise, le taux de chômage des jeunes en Grèce a augmenté de 19,6% à 64,9% ! Mais si tout le monde reconnaît que le problème est grave et nécessite une solution, les choses en restent là.
Par Thomas B (Gand)
Les chiffres
En mars de cette année, 7,5 millions de jeunes chômeurs se trouvaient dans l’Union Européenne (un taux de chômage de 23,5%), une situation particulièrement grave dans les pays du Sud : 59,1% en Grèce, 55,9% en Espagne, 38,4% en Italie, 38,3% au Portugal. Différents pays d’Europe de l’Est suivent de près (34,8% en Slovaquie, 24,8% en Lettonie ou 24,8% en Lituanie), tout comme l’Irlande avec ses 30,3%. Avec ses 22,4%, la Belgique s’approche plus de la queue du peloton que de la tête, où figurent l’Allemagne et l’Autriche (7,6%).
Les jeunes sont les premiers à être jetés à la rue. Leurs contrats étant souvent précaires, il est plus commode de les licencier. Quant au peu d’emplois disponibles, ils n’ont pas assez d’expérience. Ces quatre dernières années, le chômage parmi des jeunes a augmenté trois fois plus vite que le reste. La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (EUROFOUND) a estimé le coût de ces 7,5 millions de jeunes sans emploi à 150 milliards d’euros. C’est encore sans les conséquences sociales dues au chômage et au désespoir.
L’exemple grec donne le ton : fin du mois de mai, il y avait 1.381.088 chômeurs par rapport à 357.009 sans-emplois au début de la crise (en 2008). Le taux de chômage a augmenté durant cette période de 7,3% à 27,6%. Le nombre de salariés a diminué de 4,6 à 3,6 millions. Le taux de chômage des jeunes a augmenté de 19,6% à 64,9% en cinq ans. L’an dernier il était de 55,1% et en mars l’UE parlait de 59,1%. Maintenant ce taux a atteint les 64,9% !
L’UE n’offre aucune solution
Les politiciens et leurs institutions ne sont pas avares de belles paroles et de promesses vides. L’UE estime cette situation inacceptable et affirme que les actes vont suivre avec les investissements du Fonds social Européen. L’UE ajoute encore que la lutte contre le chômage des jeunes doit être une priorité dans les budgets des pays membres.
En décembre 2012 a été lancé le projet ‘‘Emploi des jeunes’’ avec l’objectif que chaque jeune de moins de 25 ans reçoive une proposition d’emploi ou de formation dans les quatre mois suivant leurs études. En février, un fonds a été créé pour stimuler le suivi des jeunes sans-emplois, avec des moyens à hauteur de 6 milliards d’euros (3 milliards du Fonds social européen et 3 milliards de l’UE). Cet argent doit être utilisé dans les régions où le taux de chômage est supérieur à 25%. En 2013, 20 Etats-membres de l’UE ont été réprimandés pour leur manque d’action pour l’activation des sans-emplois.
L’UE ‘‘oublie’’ de mentionner le fait qu’elle impose au même moment une politique d’austérité drastique. Dans le cas de la Grèce, l’UE fait partie de la troïka (avec le FMI et la Banque Centrale Européenne) et est donc directement responsable de la montée du chômage ! Il est également facile de dire que les pays-membres doivent mettre plus d’attention sur la lutte contre le chômage alors que les recommandations de l’UE sont très strictes en termes de limitation des dépenses. Les actes posés par l’UE prouvent que la sauvegarde des profits du secteur privé prime largement sur le reste. De plus, l’UE mène actuellement campagne pour augmenter l’âge de la pension dans différents pays. Mais au plus nos aînés restent au boulot, au moins il y a de place pour les jeunes…
Tout l’accent est mis sur l’idée d’une ‘‘politique d’activation’’. Mais avec 26,5 millions de chômeurs dans l’UE, il est clair que ce n’est pas une question de volonté mais une question de manque d’emplois. Il n’y a tout simplement pas assez de travail. Alors arrivent les stages et les contrats précaires. En Grande-Bretagne il y a même maintenant un système de contrats ‘‘zéro-heure’’ (voir l’encadré à ce sujet). Travailler gratuitement ou presque comme stagiaire n’est pas non plus une étape vers un emploi à contrat indéterminé, ce sont de dangereux précédents pour attaquer toutes les conditions de travail et les salaires. En période de crise de surproduction, il n’y a pas de solution au chômage dans le cadre de ce système.
Répartir l’emploi !
Alors que le chômage continue d’augmenter, il en va de même pour toutes les pénuries. Toute l’énergie de la jeunesse pourrait être utilisée pour faire face au manque d’infrastructure, au manque de personnel dans les services publics,…, mais les politiciens traditionnels et leur système préfèrent les laisser pourrir au chômage et dans le désespoir.
Nous sommes en faveur de la répartition du travail disponible par la diminution du temps de travail, par exemple à 32 heures par semaine, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences. Pourquoi certains travailleurs doivent-ils bosser jusqu’à tomber raide alors que d’autre sont obligés de ne rien faire ? En répartissant l’emploi disponible, tout le monde pourra s’y retrouver !
Les capitalistes et leurs pantins politiques ne permettront pas l’application d’une telle politique. S’ils doivent payer plus de salaires pour plus de travailleurs, ils doivent diminuer leurs profits, alors que les grands actionnaires réclament plus, toujours plus, pour gonfler leurs comptes dans les paradis fiscaux. Répondre de manière tout à fait logique au problème du chômage nécessite de s’opposer au capitalisme et de lutter pour une autre société, une société socialiste. Pour y parvenir, nous devons nous organiser et, surtout, ne pas nous laisser diviser entre jeunes et moins jeunes.
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25 millions d’Européens supplémentaires dans la pauvreté d’ici 2025 ?
Dans son récent rapport ‘‘Le piège de l’austérité’’, Oxfam ne se contente pas d’énumérer les conséquences désastreuses des mesures d’austérité, mais ose revendiquer un changement de modèle économique et sociétal. Un pas en avant radical de la part de l’organisation qui, bien qu’encore limité, n’en illustre pas moins l’impact de l’explosion des mouvements sociaux dans l’évolution des consciences, après des années de politiques antisociales.
Par Romain (Liège)
Augmentations drastiques du taux de chômage (60% en Grèce chez les jeunes, le triple du taux de 2007) ; approfondissement du fossé qui sépare les plus riches des plus pauvres ; coupes claires dans le financement des services publics de base (jusqu’à 40% en moins en Irlande) ; jusqu’à 25 millions d’Européens plongés dans la pauvreté d’ici 2025,… ce ne sont que quelques-unes des données brutes distillées tout au long des 42 pages qui composent le rapport, qui se penche également sur l’effet boule de neige de l’austérité, notamment par la diminution des subsides européens aux pays en voie de développements qui, en conséquence, se mettent eux aussi à appliquer l’austérité.
Une austérité qui touche avant tout les couches les plus pauvres de la population, de par les suppressions d’emplois aussi bien dans le public que dans le privé, les baisses de salaires couplées à l’impossibilité d’en obtenir un meilleur, et des services sociaux de plus en plus chers, tout comme le prix des denrées alimentaires et autres biens de consommation. Les principales victimes de ces politiques sont les femmes ; non seulement elles sont les plus nombreuses à s’occuper des enfants et des personnes invalides, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux baisses d’allocations familiales et d’invalidité, mais elles sont également majoritaires de la fonction publique (60% en France et au Royaume-Uni).
Oxfam propose différentes mesures sur lesquelles il serait trop long de s’étendre ici mais qui toutes sont loin de s’en prendre au fond du problème, ce que l’organisation avoue d’ailleurs en concluant ainsi son rapport : “Nous invitons les États membres de l’UE à défendre un nouveau modèle économique et social qui investit dans l’humain, renforce la démocratie et mène une fiscalité équitable”. Cela rend caduque leurs propres propositions qui, toutes, restent dans le cadre du système capitaliste (taxation plus équitable,…).
Il est illusoire de penser que l’Union Européenne décidera d’elle-même de mener une politique sociale qui remettra l’humain et l’environnement à l’avant plan. Les acquis sociaux ne sont jamais donnés gracieusement, ils sont le fruit des luttes des travailleurs et des jeunes.
De plus, si le capitalisme crée autant de pauvreté et d’inégalités, ce n’est pas car il est mal ajusté ; il en va ainsi de par sa nature-même. Le PSL lutte pour une société où l’économie serait démocratiquement planifiée, pour subvenir aux besoins de chacun, tout en respectant l’environnement. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique. Une société de ce genre ne sera pas établie par la bourgeoisie au pouvoir, mais par le renversement de celle-ci, car il sera impossible de subvenir aux besoins de tous en laissant les leviers économiques, les secteurs clés de l’économie, aux mains des capitalistes avides de profit. Il faudra nationaliser et placer sous le contrôle démocratique de la population des secteurs tels que les banques, la sidérurgie, l’énergie,… Pour gérer démocratiquement ces moyens de production, nous aurons besoin d’organes de démocratie locaux sur tous les lieux de travail, dans chaque quartier, chaque université, chaque école,… liés les uns aux autres par des représentants démocratiquement élus et révocables à tout moment.
Mais dans l’immédiat, ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un mouvement organisé de la classe ouvrière qui renoue avec un syndicalisme de combat – au niveau belge, européen et international – afin d’en finir avec l’origine même de ce cycle de crises et de pauvreté : le capitalisme.
En février 2012, Nico Cué, secrétaire général de la FGTB-métal Wallonie-Bruxelles, proposait pour la Belgique un plan de grèves générales échelonnées de 24h, puis de 48h et de 72h. Si depuis l’appel ne s’est pas réalisé, ce n’est pas pour autant qu’il doit être oublié ! Il en va de même pour la nécessité de construire une grève générale européenne contre la machine d’austérité européenne. Le 14 novembre 2012 a illustré que le potentiel est bien présent pour franchir cette étape : ce jour-là, des millions de travailleurs sont sortis dans la rue pour crier leur colère et leurs revendications, et montrer que ce sont eux qui font tourner l’économie.
C’est cette voie, celle qui montre quelle est la force du nombre, qu’il faut suivre pour que jamais plus des rapports tels que celui d’Oxfam n’aient à exister.
Il faudra aussi clairement poser la question de l’alternative politique et, en Belgique, un pas de géant a été fait avec l’appel de Charleroi lancé par Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB de Charleroi et Sud-Hainaut, qu’il faut absolument soutenir, diffuser et développer jusqu’à sa conclusion logique : que les revendications des travailleurs trouvent aussi leur écho sur la scène politique par la création d’une formation large, par la création d’un nouveau parti des travailleurs qui permettrait à chaque courant en son sein de préserver son identité et ses idées afin de permettre de se former et de décider ensemble de la manière la plus efficace de lutter !
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Gelons les profits, pas les salaires !
Manifestation contre le gel des salaires le 26 septembre à 17h
Au nom de la sacro-sainte compétitivité, le gouvernement veut bloquer les salaires en 2013-14, et modifier la loi de 1996 sur la compétitivité pour prolonger ce blocage au delà de 2014. Soyons nombreux à marquer notre opposition à l’appauvrissement des travailleur/ses au profit des actionnaires et à la destruction de la liberté de négociation collective des travailleurs.
A l’initiative de la CNE, de la régionale bruxelloise de la CGSP ALR et des Comités Action contre l’austérité en Europe.
Avec la modification de la loi de 1996, le Gouvernement veut bloquer nos salaires, pour les aligner sur ceux de nos voisins français, néerlandais mais surtout allemands. Le modèle allemand est devenu l’unique horizon de ceux qui nous gouvernent. Un modèle ? pas de salaire minimum, pas d’indexation, 7 millions de mini-emplois à 400 euros par mois, 15 % de pauvreté. Entre 2000 et 2010, le salaire annuel moyen n’a crû que de 1% en Allemagne et les salaires les plus faibles ont chuté de 16 à 22% (salaires nets réels). Aux travailleurs allemands, leur gouvernement reproche de ne pas être assez compétitifs par rapport aux travailleurs chinois… La compétitivité est donc bien une course aux salaires les plus bas – et c’est pour ce jeu-là que notre gouvernement veut sacrifier notre liberté de négociation.
Nous refusons cette mise en concurrence des travailleur/ses qui profite aux actionnaires. Nous ne voulons pas de cette loi qui appauvrit les travailleurs, sans toucher aux profits des détenteurs de capitaux et des patrons. Durant la dernière décennie en Belgique, les bénéfices des sociétés ont augmenté de plus de 75%, que les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 300%, alors que le revenu disponible des ménages n’a augmenté, lui, que de 13% !
Des salaires suffisamment élevés sont nécessaires au maintien de l’emploi. Que deviennent les secteurs de la distribution, de l’horeca, de la construction si nous n’avons plus de salaires ? L’utilisation des cadeaux faits aux entreprises permettrait de créer des milliers d’emplois.
Promouvoir la baisse des salaires, ou des cotisations sociales, ou l’individualisation de la négociation, c’est promouvoir la guerre de tous contre tous. A l’inverse, la libre négociation collective des salaires est une composante fondamentale de notre démocratie – autant que d’aller voter.
LEUR COMPETITIVITE, C’EST NOTRE PAUVRETE !
Départ de la Colonne du Congrès (rue Royale – Bruxelles) ce jeudi 26 septembre, à 17h.
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Traité budgétaire européen : Attention, conquêtes sociales en danger !
Pour un débat public avant le vote du Parlement wallon
Il s’agit sans doute du vote le plus important de cette législature et pourtant personne n’en parle. En Belgique, le ”Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance” (TSCG), également appelé ”Traité budgétaire européen”, a été validé par les Parlements au niveau fédéral ainsi qu’en Flandre. Il sera très prochainement à l’agenda du Parlement wallon. Un ”NON” des parlementaires wallons suffirrait à stopper ce texte.
Plateforme liégeoise contre le TSCG
AUSTÉRITÉ IMPOSÉE
Alors que les États subissent déjà de plein fouet les conséquences de la crise bancaire de 2008 et se sont vus obligés de s’endetter afin de renflouer les banques déficitaires, l’objectif de ce traité est d’inscrire encore plus avant l’austérité dans les législations nationales.
Il contient ainsi une «règle d’or» qui impose que les déficits budgétaires n’excèdent pas 0,5% du PIB (au lieu des 3% prévus actuellement). Aucun État membre ne pourra atteindre cet objectif même en sabrant à tous les niveaux dans ses budgets. En Grèce, où après plus de 10 plans d’austérité la population est à genoux, on voit pourtant que cette logique est un cuisant échec puisque la dette ne cesse d’augmenter.
DÉMOCRATIE CONFISQUÉE
Complété du mécanisme européen de stabilité (MES), le TSCG créerait en outre un instrument juridique retirant aux Parlements nationaux le droit de déterminer eux-mêmes leurs choix et orientations budgétaires. Ces choix dépendraient alors des institutions peu démocratiques que sont la Commission européenne et le Conseil européen.
Le Traité conférerait également aux institutions de l’Union européenne le pouvoir de sanctionner automatiquement les États membres qui tarderaient à renforcer les politiques antisociales déjà en cours: blocage des salaires, privatisations, réductions des dépenses publiques, suppression des conventions collectives nationales, recul de l’âge de la pension, …
NOUS VOULONS UN DÉBAT PUBLIC AVEC LES ÉLUS !
S’ils prennent la mesure des régressions sociales et du recul démocratique qu’implique ce traité, les élus progressistes du Parlement wallon peuvent encore le bloquer en votant ‘‘NON’’ ! L’objet de notre plateforme est d’informer sur les enjeux et les dangers du TSCG et de réclamer un débat public avec nos élus AVANT qu’ils soient amenés à se prononcer sur ce texte.
Venez vous informer et débattre avec nous LE MERCREDI 25 SEPTEMBRE À 19H À LA SALLE WILMOTTE À L’ULG, PLACE DU XX AOÛT À LIÈGE
Premiers signataires de la plate-forme liégeoise contre le TSCG :
- Daniel Cornesse (CSC),
- Dimitri Coutiez (section de Liège du PS),
- Pierre Eyben (VEGA),
- Gilbert Lieben (Secrétaire général de la CGSP wallonne),
- Simon Hupkens (PSL),
- Sylviane Mergelsberg (RR),
- Christine Pagnoulle (ATTAC)
REJOIGNEZ LA PLATE-FORME !
WWW.STOP-TSCG.BE – CONTACT@STOP-TSCG.BE