Tag: Union Européenne

  • Le député européen Paul Murphy en campagne pour conserver son siège pour la gauche

    Mais l’approche sectaire du SWP menace ses chances

    Le Socialist Workers Party (SWP) a confirmé qu’un de ses membres, le conseiller Brid Smith, sera candidat pour la People Before Profit Alliance (PBPA) aux élections européennes de mai prochain pour la circonscription de Dublin. Quand cette nouvelle est apparue il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, elle a semé confusion et désarroi.

    Socialist Party (CIO-Irlande)

    Cette décision est irresponsable et devrait être annulée. Cela représente un coup porté à la lutte visant à construire une véritable alternative socialiste et de gauche en diminuant les chances de Paul Murphy de conserver son siège au Parlement européen. Si elle n’est pas annulée, cette décision constituera un grossier exemple de sectarisme politique.

    Les formations de gauche ont bien sûr le droit de concourir aux élections qu’elles désirent, ce n’est pas là le problème. Il est aussi de leur responsabilité de juger s’il convient d’exercer ce droit en fonction du contexte politique et d’évaluer les conséquences de leur décision.

    Paul Murphy, candidat aux élections de mai prochain, dispose déjà d’un siège au Parlement. Au cours des deux ans et demi où il a occupé ce poste, il a toujours utilisé avec justesse sa position et la plate-forme qu’elle représente pour défendre de nombreuses revendications au bénéfice de la classe des travailleurs et du mouvement socialiste, en Irlande et dans le monde. Il est crucial que Paul soit élu en mai mais, pour cela, il a besoin de tout le soutien possible, car le scrutin sera très serré.

    Il est vrai que la confiance envers le gouvernement a baissé de manière significative, mais la complexification et la fragmentation de la scène politique sont elles aussi indéniables. Les sensibilités politiques de la classe des travailleurs ont été mises à mal par les trahisons répétées des responsables syndicaux et par l’imposition de la Property Tax. Il existe un potentiel pour la création de nouvelles forces de droite, on en parle d’ailleurs ouvertement. De nouvelles formes de populisme ont également émergé, ce qui reflète partiellement l’espoir des gens qu’il existe une porte de sortie plus facile que les changements fondamentaux et nécessaires pour lesquels militent le Socialist Party et d’autres à gauche.

    Il n’y a que trois sièges dans la circonscription européenne de Dublin. En plus des partis de l’establishment et du Sinn Fein, il est probable que de nouvelles forces dont l’impact pourrait être significatif émergent dans les mois à venir. Pour les élections européennes, avec leur foule déstabilisante de candidats, nous devrons convaincre les gens à la recherche d’une alternative qu’il est nécessaire de voter pour un candidat de gauche sérieux qui a de véritables chances de remporter un siège. Autrement, on court le véritable danger que la classe des travailleurs s’abstienne simplement de voter. Dans ce contexte, il est crucial qu’un candidat de gauche se présente à Dublin.

    Les derniers sondages d’opinion à l’échelle de l’Irlande créditent le Fine Gael de 26%, le Fianna Fail de 22% et le Sinn Fein de 23%. A Dublin, le Fine Gael obtient 17% et le Sinn Fein 21%. Il est très probable que le Sinn Fein enregistre des gains considérables aux élections locales de l’an prochain, le parti pourrait même récupérer un député européen à Dublin. Les similarités présentes dans le noyau politique du Fine Gael et du Fianna Fail garantissent presque qu’entre eux et d’autres candidats de droite, ils auront assez de voix pour gagner un siège. Malgré la colère ambiante, on ne peut éclipser la possibilité que des partis ou des candidats de droite puissent obtenir deux sièges, au vu de la nature volatile de la période actuelle et de la confusion qui règne. Dans ces conditions, les bénéfices d’avoir un candidat socialiste et/ou de gauche devraient être clairs pour tous.

    Toute tentative de justifier qu’un candidat de la People Before Profit Alliance se présente sur le constat que la ‘‘vraie gauche’’ a besoin de plus d’ambition et doit viser deux sièges sur trois reflète soit un jugement politique incroyablement faussé, soit une infinie naïveté. Il faudrait pour cela obtenir près de 50% des premiers votes préférentiels et de nombreux transferts de voix (le système électoral irlandais permet d’émettre deux choix de vote, un vote préférentiel et un vote de report de voix, NDT).

    Les élections s’annoncent comme une bataille sans répit entre de nombreuses forces et de nombreux candidats, probablement pour un siège, et l’intervention de la PBPA pourrait miner les chances de Paul Murphy de conserver ce siège.

    Le problème n’est pas que différentes formations de gauche ne peuvent pas se présenter dans la même circonscription. Un système de représentation proportionnelle par vote unique transférable pourrait faciliter cela. Mais il faut évaluer chaque situation dans ce qui fait sa spécificité, et mesurer les différents facteurs en jeu ; historique récent, parcours politique des candidats, base de soutien, perspectives,… le principe de base à prendre en considération est qu’aucune formation de devrait agir en risquant de causer du tort à la lutte et au mouvement ouvrier.

    Fausses comparaisons

    Il n’y a pas lieu d’employer de fausses comparaisons pour troubler la situation, comme le fait que le Socialist Party ait présenté un candidat dans la même circonscription (Dublin Mid West) qu’un élu conseiller de la PBPA aux élections générales de 2011, ou encore que Joe Higgins se soit présenté à Dublin West en 1992 face à Tomas Mac Giolla du Workers Party.

    A Dublin Mid West, il était clair qu’aucun candidat n’avait la moindre chance d’être élu, il n’était donc pas question de perdre un siège potentiel au Dàil (parlement irlandais). En 1992, Tomas Mac Giolla a perdu son siège parce que le Workers Party était en plein processus d’implosion et qu’il avait perdu 6000 voix depuis les élections générales de 1989, et non pas parce que Joe Higgins en avait obtenu 1400.

    Il est faux de penser que, pour les élections de mai, peu importe qu’il y ait deux candidats de gauche en cas de transfert de votes, car les partis ont de moins en moins de contrôle sur ces transferts.

    Lors de la campagne pour les élections européennes de 2009, le fait que Joe Higgins ait été le seul candidat de gauche a représenté un facteur très important pour son accès au siège face au Sinn Fein et au candidat principal du Fianna Fail. De nombreux facteurs sont entrés en jeu, mais le plus important a été le parcours politique de Joe et du Socialist Party. L’idée de voter pour Joe, considéré comme un combattant dans le contexte d’un effondrement de l’économie qu’il avait prédit alors qu’il était encore au Dàil, a été massivement saisie. Il est peu probable qu’un autre candidat de gauche ait pu autant profiter de l’atmosphère d’alors.

    Alors que la campagne de Joe était en cours, le bruit courait que Richard Boyd Barrett de la PBPA allait lui aussi annoncer sa candidature aux élections européennes de 2009. Il est clair que s’il avait concouru, il aurait miné le momentum qui a porté Joe Higgins.

    Momentum

    Le momentum est un facteur clé lors des élections. Le premier sondage d’opinion au début de la campagne électorale en 2009 créditait Joe de 5% des voix. Un résultat correct, mais bien inférieur à celui espéré, et Joe se trouvait à égalité avec de nombreux candidats. Fine Gael, Fianna Fail et Sinn Fein avaient une avance confortable.

    Un second sondage a eu lieu à peu près une semaine avant les élections, qui indiquait que Joe avait émergé du lot. Ce sondage a été crucial, autrement, les gens, malgré leur soutien, auraient pu penser que voter pour Joe n’aurait fait aucune différence car il n’aurait eu aucune chance d’être élu.

    Le second sondage créditait Joe de 7%. Son score avait progressé, mais surtout, celui d’autres candidats avait régressé. Les élections une semaine plus tard, où Joe a obtenu 12,5%, ont indiqué que, du second sondage jusqu’à la fin, le momentum s’était bel et bien développé, le second sondage ayant été un facteur clé. En termes de votes préférentiels, Joe était derrière le Fine Gael et le Fianna Fail (les deux candidats confondus), mais il a émergé et s’est emparé du troisième siège grâce à des transferts de voix. Il était vital que Joe dépasse le nombre de votes préférentiels de Mary Lou MacDonald. Si Richard Boyd Barrett avait concouru, il aurait probablement pris quelques points de pourcentage à Joe dans les sondages, et cela aurait sans doute mis en péril le cours et l’issue de la campagne. Le résultat aurait été une perte sèche pour la gauche et les socialistes. Ce même danger nous guette encore une fois.

    Au cours de la campagne à venir, qui verra surement fleurir des candidats disposant d’un certain soutien, il est important que Paul Murphy soit clairement identifié comme le candidat de la gauche afin de concentrer l’attention et de mettre toutes les chances de son côté pour faire jouer le momentum.

    Transferts de votes

    Les transferts seront cruciaux lors de ces élections. Mais afin de bénéficier de transferts, il faut sortir du lot, autrement, l’élimination guette. Il est très important que Paul obtienne un aussi grand vote préférentiel que possible.

    Dire que chaque vote que Brid Smith arrache à Paul lui reviendra de toute façon dans le cas où Brid serait éliminé n’est que pure spéculation. Cela ne prend absolument pas en compte la façon dont les gens votent. Entre candidats d’un même parti, on peut s’attendre à un transfert de voix à hauteur de 50%. Mais lorsque l’on est confronté à la masse des électeurs, un soutien de masse est nécessaire pour gagner des sièges aux élections européennes, les gens n’ont pas tendance à voter selon une ligne stricte, à gauche ou à droite jusqu’au bout.

    Nombre de gens choisiront de voter pour leur candidat préféré, et ensuite leurs votes préférentiels pourront être aléatoires, ils pourront très bien décider de choisir le candidat le moins menaçant, ou de voter pour d’autres raisons de ce genre. Il ne fait aucun doute qu’un soutien potentiel et significatif puisse être perdu à l’issue des transferts. Il existe de nombreux exemples de Fianna Fail, des travaillistes, et d’autres partis qui ont reçu un premier vote préférentiel qui aurait dû leur garantir un élu, mais sans succès car le vote n’a pas été transféré parmi leurs candidats.

    C’est arrivé lors des élections européennes de Dublin en 2009 quand le Fianna Fail a obtenu 18,3% et a fini troisième parti, mais comme leurs votes ont été éparpillés et que leur taux de transfert n’était que de 50%, ils ont perdu le siège. Alors que s’ils n’avaient présenté qu’un candidat, les votes auraient été condensés dans ce candidat et il aurait probablement été élu. Dans la même ligne d’idée, non seulement un second candidat risquerait de diviser le premier vote préférentiel, mais en plus il risquerait de dissiper et de fragmenter les votes de la gauche en faisant entrer le système de transfert en jeu.

    Le parcours de Paul

    Certains ont également émis l’argument que Brid Smith serait un candidat plus ‘‘crédible’’ que Paul Murphy. Bien que son poste de conseiller au conseil municipal de Dublin valorise Brid Smith, cet argument lui-même manque de crédibilité. Paul Murphy est député européen, et il ne fait aucun doute qu’en tant que tel, il est infiniment plus qualifié. Il est de plus reconnu comme un candidat fort, et le mieux équipé pour lutter contre l’establishment capitaliste.

    En Irlande, il a utilisé sa position pour soutenir un grand nombre de campagnes comme Shell to Sea ou la campagne contre les taxes immobilières, et d’autres luttes des travailleurs. Il a été à l’initiative d’une lettre signée par 50 députés pour exiger la légalisation de l’avortement après la mort de Savita Halappanavar, ce qui a contribué à augmenter le niveau de conscience sur le sujet dans le monde et à mettre le gouvernement sous pression. Il a lancé ScamBridge.ie, un site qui a aidé à développer le mouvement d’opposition à JobBridge (un projet gouvernemental antisocial).

    Paul a joué un rôle majeur dans la campagne contre le traité d’austérité et a été décrit comme ‘‘probablement le candidat le plus engagé du côté du Non’’ par Deaglan De Breaun de l’Irish Times, à l’occasion du référendum tenu en Irlande à ce sujet. Paul a constamment utilisé sa position de député pour s’opposer à l’oppression et se battre pour les droits des travailleurs en Irlande et dans le monde.

    Un farouche opposant de l’oppression internationale

    Paul a également été très actif dans les luttes et les problèmes vitaux du monde entier. Il a dénoncé l’oppression des Palestiniens, a constamment soulevé ce problème au Parlement et a participé à la ‘‘Flottille de la Liberté’’ en 2011, ce qui lui a valu d’être incarcéré pendant une semaine dans une prison israélienne. Il a joué un rôle admirable dans le soutien aux travailleurs du pétrole au Kazakhstan en lutte contre un régime dictatorial, ce qui a conduit le Kazakhstan à le déclarer ‘‘persona non grata’’ et à refuser tout futur visa. Il s’est aussi vu refuser à de nombreuses reprises l’entrée au Sri Lanka pour son travail au sein et en dehors du Parlement contre l’oppression de la communauté tamoule et le massacre de 40.000 d’entre eux perpétré par le gouvernement du Sri Lanka.

    En Europe, il a utilisé sa position pour soutenir et renforcer la lutte contre l’austérité. Il a visité à plusieurs reprises des pays, dont la Grèce, l’Italie et le Portugal, et a parcouru le continent pour soutenir des campagnes et des travailleurs en grève ainsi que pour appeler à la construction d’une action commune européenne contre l’austérité.

    Le Socialist Party a joué un rôle important en aidant des travailleurs, des militants de gauche et des organisations à s’allier et à développer une riposte contre l’austérité à travers de la Campagne Contre les Taxes sur les Ménages et sur l’Eau (CAHWT). Nous avons aussi espérer que l’ULA (United Left Alliance) pourrait constituer un important pas en avant dans la réorganisation politique de la classe ouvrière.

    L’absence d’un nombre significatif de nouvelles personnes prêtes à s’impliquer sérieusement dans ces initiatives a été un important facteur de leur déliquescence. De plus, le changement de tactique vers une imposition directe sur le revenu (au lieu d’une taxte à payer) combiné au manque de confiance des gens a constitué de la base de l’imposition de la campagne contre la Property Tax (une taxe immobilière). Nous avons toujours su que, sans sang neuf, l’ULA n’aurait pas pu aller de l’avant. Son échec à devenir une alliance socialiste ou de gauche crédible l’année dernière a été assuré par des associations aux actions néfastes et à diverses erreurs. Cependant, le Socialist Party est déterminé à poursuivre le travail avec d’autres pour construire un nouveau parti de masse pour la classe ouvrière, et nous espérons que l’Alliance Anti Austérité, ouverte à tous ceux qui veulent s’y impliquer, et qui participera aux élections locales l’année prochaine, contribuera à ce but.

    Nous avons aussi pour principe de populariser une alternative de classe, socialiste et de gauche même lorsque les conditions sont difficiles, comme lorsque nous avons pris position pour l’abolition de l’institution antidémocratique et élitiste qu’est le Seanad, tout en condamnant le gouvernement et l’austérité.

    Concernant la bataille dans la circonscription européenne de Dublin, la question principale pour la gauche, c’est de savoir si Paul gardera son siège, et ce que l’on doit faire pour ça. Ce sera une bataille, mais nous pouvons la gagner. Envisager comme le fait le SWP que la gauche puisse obtenir deux sièges n’est qu’une tentative d’enjoliver la réalité ou de camoufler une attitude profondément sectaire, qui sera néfaste à la lutte et pourrait avoir comme conséquence de donner à la droite un siège qui appartient à la gauche.

    Une faute majeure

    Cet article a dû entrer dans quelques détails pour répondre aux fausses justifications qu’utilisera la PBPA pour justifier la présence de son candidat. Nous demandons aux membres du Socialist Workers Party et à la PBPA de rediscuter et de reconsidérer urgemment ce sujet avant qu’ils ne commettent une erreur irréparable.

    Mais quoi qu’ils décident, nous savons que la candidature de Paul pourra compter sur un soutien actif lors des mois qui suivent et lors des élections elles-mêmes, de la part de ceux qui reconnaissent le rôle important qu’il joue et continuera à jouer à l’avenir, et qui comprennent la nécessité d’une force socialiste combative qui mène à de véritables avancées pour la classe ouvrière.

  • Liège : Barroso dégage !

    Le 17 octobre, accueillons le président de la commission européenne comme il se doit !

    Alors qu’en Belgique, le TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance) est en attente de ratification, le président de la Commission européenne vient nous rendre visite à Liège. C’est l’occasion de lui faire entendre ce qu’on pense de ce concentré d’austérité toxique.

    Par Romain (Liège)

    Ce passage à Liège sera la troisième visite Barroso dans une ville d’Europe dans le cadre de ”l’année du citoyen”, un intitulé dont on ne peut que savourer l’ironie… Comme l’a fièrement annoncé l’ULg à ses étudiants, Barroso ”souhaite aller à la rencontre des jeunes liégeois” et ”échanger sur l’avenir de l’Europe”. Un échange à sens unique car, pour la Commission européenne, l’avenir est déjà tout tracé. Si depuis le début de la crise économique mondiale en 2008, l’Europe et le monde entier ont subi des mesures d’austérité aveugles et vaines, la tendance ne fera que se confirmer avec la ratification de ce nouveau traité d’austérité concentrée.

    Démocratie 2.0

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    Barroso dégage !

    Ce jeudi 17 octobre, 16h, Place du XX Août à Liège.

    Rassemblement contre les politiques austéritaires européennes, à l’occasion de la venue à Liège du président de la Commission européenne, José Manuel Durão Barroso. À l’appel de la plate-forme liégeoise contre le Pacte budgétaire européen.

    • Page Facebook de l’événement

    Un 2e rendez-vous est donné le 21 octobre à 18h devant l’hôtel de Ville, pour une interpellation citoyenne sur les conséquences du TSCG sur les communes, les services publics, la sécurité sociale,…

    • Page Facebook de l’événement

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    Parmi les mesures qui entreront en vigueur, citons la limitation du déficit structurel des budgets nationaux à 0,5%. La Commission, dans sa grande mansuétude, élèvera ce taux à 1% si la dette publique du pays est inférieure à 60% de son PIB. Outre la totale volatilité de ce taux – que chaque économiste calcule à sa façon – c’est surtout son absurdité et l’impossibilité de l’atteindre qu’on ne peut ignorer. Respecter cette règle, cela signifiera saigner à blanc les services publics comme les soins de santé, les transports ou l’éducation. Une fois encore, ce sont les travailleurs et les pauvres qui paieront le prix de la crise du capitalisme.

    En cas d’entorse à la règle, la Commission aura tous les pouvoirs pour décider des mesures exactes que les gouvernements devront prendre, sous peine pour les Etats-membres d’être exposés à des sanctions et à des amendes démesurées. A l’heure actuelle, c’est la quasi-totalité des pays européens qui remplissent les conditions d’une telle mise sous tutelle. Et cela, c’est sans compter encore la réduction annuelle de la dette publique de 5% si elle dépasse les 60% du PIB.

    Ce traité, aucun citoyen européen n’a eu à se prononcer pour ou contre lui. Il a été négocié, voté et ratifié par les Etats-membres sans la moindre consultation, nous privant du droit élémentaire de décider du régime politique et économique que l’on veut voir appliquer. A partir de maintenant, ce sera néo-libéralisme, ou néo-libéralisme.

    Ce manque total de consultation ou même d’information se répète avec le nouveau traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Europe, un traité qui vise à abolir les taxes à l’exportation et à homogénéiser les normes de travail, de production et de sécurité, notamment alimentaire. Monsanto peut se réjouir, car rien ne dit que dans un avenir plus ou moins proche, les viandes, céréales, fruits ou légumes bourrés aux OGM en provenance des Etats-Unis ne viendront pas plus encore envahir nos supermarchés. Certains syndicats américains se réjouissent de cet accord qui, selon eux, sera bénéfique aux travailleurs américains grâce à l’influence des systèmes de sécurité sociale européens. C’est à la fois une erreur et une méconnaissance des pressions et des attaques que subissent sans cesse nos conquêtes sociales avec la spirale incessante vers bas en termes de salaire et de conditions de travail qu’entraîne la logique de concurrence.

    La réalité, c’est qu’on ne sait encore rien de comment les normes seront affectées. Une chose est sûre, c’est que les marchés publics sont les premiers visés par ce traité, qui prévoit des mesures visant à l’obligation d’achat de produits américains auprès de fournisseurs privés.

    Mobilisation générale

    Ce n’est pas parce qu’on ne nous demande pas notre avis que l’on doit se résigner et accepter!

    La venue de Barroso à Liège ce jeudi 17 septembre sera l’occasion de l’interpeller et de se mobiliser pour rejeter en bloc le traité d’austérité et le futur traité de libre-échange, qui ne représente qu’un pas de plus vers la dérégulation totale des marchés et vers une compétitivité toujours plus acharnée.

    Mais cette action ne doit pas représenter un but en soi ; elle doit être une étape, une contribution à l’organisation d’un mouvement de masse contre l’austérité et contre le capitalisme, un système qui ne peut survivre qu’en s’en prenant toujours plus sauvagement et sournoisement à nos conditions de vie.

  • Après cinq ans de crise, nous sommes toujours plus nombreux à être pris en otage par les banques et un capitalisme en faillite

    Il y a cinq ans, le 15 septembre 2008, la banque d’investissement Lehman Brothers faisait faillite. Ce qui a suivi, personne parmi les politiciens bourgeois, les plus éminents spécialistes et toute la ribambelle de savants et d’experts ne l’avait prévu : une crise qui allait frapper le capitalisme mondial en plein coeur. Comment cela fut il possible ?

    Par Peter Delsing

    Mis à part tous les problèmes auxquels l’élite a été confrontée, les conséquences ont été dévastatrices pour la plus grande partie de la population mondiale. La crise économique de 2008 fut parmi les éléments déclencheurs d’une vague d’insurrections et de révolutions au Moyen- Orient et en Afrique du Nord. En Amérique, elle a mené à ce que des millions de personnes perdent leur maison ou leur travail, ou les deux, mais aussi à une profonde modification du débat politique.

    Le mouvement Occupy a dénoncé la domination des riches et a pu compter sur une large sympathie de la part des jeunes et des travailleurs. En Europe, la crise – après toute une série de plans d’austérité – a causé une hausse tragique du chômage, surtout parmi la jeunesse. Dans le Sud de l’Europe, cela a eu pour résultat des occupations d’usines et des grèves générales. La Grèce est maintenant rejetée dans les conditions de vie d’un pays néocolonial. Elle a vu le retour d’un parti ouvertement fasciste, Aube Dorée, qu’une partie de la bourgeoisie voudrait voir arriver au gouvernement.

    Le renflouement des banques a pu sauver le système. Pour l’instant.

    Selon le journal patronal Business Week, Ben Bernanke, président de la banque centrale américaine, avait alors adressé ce discours aux dirigeants du Congrès : ‘‘Si nous n’intervenons pas immédiatement, alors d’ici lundi, nous n’aurons plus d’économie.’’ Son collègue Hank Paulson, ministre des Finances sous le président Bush, a répondu : ‘‘Ben et moi avons réalisé une projection où tout le système financier faisait faillite. Les banques ne se prêtaient plus les unes aux autres. Le crédit ne coulait plus de manière normale. J’y ai vu un chômage de 25 %, le même que pendant la Grande Dépression. Une catastrophe se serait produite si nous n’étions pas directement intervenus.’’

    Rapidement, les grandes banques, assureurs, producteurs automobiles (comme General Motors), etc. ont été renfloués à hauteur de 800 milliards de dollars. Des centaines de petites banques ont tout de même fait faillite. En Belgique, le soutien aux banques a atteint le montant de 25 milliards d’euros, que nous devons maintenant payer sous forme de coupes budgétaires. Mais en Chine aussi, un programme massif de relance de l’économie a été échafaudé, ce qui a pu fournir un marché pour l’économie mondiale (surtout pour les pays à forte croissance comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Turquie…)

    Ce sont ces plans de relance d’une ampleur jamais vue auparavant, en plus d’une certaine croissance qui perdure sur le marché international, qui ont permis au capitalisme mondial d’éviter l’effondrement total. Aux États-Unis, la Banque centrale a injecté environ 3600 milliards de dollars dans les banques (notamment en rachetant des crédits hypothécaires douteux) et sous forme de bons d’État. C’est plus de 20 % du PIB (la somme de tout ce que les États-Unis produisent en une année) américain, une somme immense. Fin 2011 et début 2012, la Banque centrale européenne a souscrit des prêts bon marché sur 3 ans d’échéance à hauteur de plus de 1000 milliards d’euros dans le but d’empêcher l’effondrement de plusieurs banques, ce qui aurait pu déclencher une nouvelle crise financière. Des centaines d’institutions financières européennes en ont bénéficié. Aujourd’hui, on dit qu’une nouvelle vague de prêts est nécessaire afin de sauver les banques d’Europe méridionale de la faillite.

    Le capitalisme à jamais sous perfusion de crédits bon marché ?

    Le système semble maintenant comme drogué, dépendant des prêts et des crédits bon marché. Lorsque la Banque centrale américaine suggère d’accorder son soutien aux banques et de mettre en place une politique à bas taux, les bourses commencent à gronder. Pourquoi ?

    La vérité, c’est que les grandes banques ne peuvent plus depuis longtemps réaliser des profits essentiellement à partir de l’argent qu’elles reçoivent des livrets d’épargne des entreprises et des ménages. Depuis plusieurs décennies, surtout depuis les années ‘70, le capitalisme se heurte à une tendance à la suraccumulation de capital et à la baisse du taux de profit dans l’économie réelle. Ce sont les causes que Marx avait déjà indiquées dans sa théorie du travail et de la valeur, selon laquelle le temps de travail est le facteur essentiel de fixation des prix.

    L’exploitation – l’appropriation de travail non-payé – et les attaques néolibérales sur les salaires et les allocations ont creusé le fossé entre les riches et la majorité de la population. Ce développement a contribué à une stagnation économique. La part croissante des machines et de la technologie dans la production, contre la force de travail supprimée ou en augmentation plus lente, assure que les capitalistes tirent moins de “travail non payé”, et donc moins de profits par produit. Ils se tournent donc vers le secteur financier, où des marges de profit supérieures peuvent être obtenues.

    Les banques ont joué un rôle crucial pour éviter une crise plus fondamentale dans une période de pouvoir d’achat en baisse et de chômage structurel, depuis les années ‘80. Elles vivaient de plus en plus de l’argent prêté plutôt que de l’épargne pour pouvoir maintenir la croissance économique. Grâce à tout ce capital fictif – des richesses qui ne résultent pas de la production, mais qui apparaissent comme par magie sur des écrans d’ordinateur – les entreprises, les gouvernements et les ménages faisaient toutes leurs prévisions sur base du crédit. On a ainsi vu une création massive mais artificielle d’argent et de croissance, et la formation d’une économie de “bulles”. Une économie dans laquelle on investissait de moins en moins dans la production réelle, et certainement moins dans l’emploi, mais où on investissait davantage en produits financiers de plus en plus exotiques.

    La plus grande banque américaine, JP Morgan Chase, possédait le 30 juin 2400 milliards de dollars d’actifs propres (argent non prêté, bâtiments, matériel,…). En contrepartie, la banque avait 2200 milliards de dollars d’obligations de paiement : 1200 milliards de dépôts d’épargne, 1000 milliards d’autres dettes. Pour de nombreuses banques, il est normal d’avoir 90 % de dettes par rapport aux fonds propres, ce qui serait absolument exceptionnel dans d’autres entreprises capitalistes. Vu l’importance du système, les PDG des banques tout comme leurs fournisseurs de crédit en concluent que les gouvernements seront toujours là pour intervenir. Lors de la crise suivante, cela pourrait pourtant se dérouler tout à fait autrement : les gouvernements pourraient, au vu de leurs dettes, ne plus pouvoir effectuer le moindre nouveau renflouement. Nous en avons eu un avant-goût à Chypre, où ce sont les actionnaires et même les épargnants qui ont été appelés à renflouer l’État !

    Il y a 70 ans, les banques avaient environ 20 à 30 % de fonds propres sur leur total de dettes. En 2008, ce n’était plus que 3 % ! Aujourd’hui, Wall Street mène une lutte contre la tentative de forcer les banques à conserver 5 % de fonds propres. Selon les dernières normes européennes, décidées à Bâle III, il reste possible de financer jusqu’à 97 % des actifs propres avec de l’argent prêté au lieu de fonds propres. Les banques peuvent bien avoir déjà liquidé une partie de leurs dettes, de telles normes assurent qu’elles soient comme une corde au cou du capitalisme.

    Leur comptabilité reste de plus souvent hermétique et, aux États-Unis, les investissements dans des “produits dérivés” à risques (où on peut facilement gagner de gros profits sur le prix futur des actions et des matières premières) ne sont même pas comptabilisés. Pour JP Morgan Chase, ce commerce de produits dérivés financiers vaut 70.000 milliards de dollars, soit plus de quatre fois l’ensemble de toute l’économie américaine ! Selon l’analyste financier Steve Dunning, environ les deux tiers des profits des grandes banques aujourd’hui viennent du commerce d’actions et de produits dérivés financiers, réalisés essentiellement avec de l’argent prêté. La prochaine crise économique qui fera plonger les marchés des actions et des produits dérivés effacera une grande partie de la (déjà faible) base de capital des banques. Le commerce mondial des produits d’investissements dérivés vaut 700.000 milliards de dollars, soit 10 fois l’économie mondiale ! Et le PDG de Dexia nous a récemment déclaré que sa banque serait balayée par la première crise qui frapperait un peu durement les gouvernements d’Italie ou d’Espagne. Les 54 milliards d’euros pour lesquels le gouvernement belge s’est porté garant auront vite fait de causer la ruine de l’État.

    Bref, cinq ans après la crise, rien n’a été fondamentalement résolu. Les spéculateurs sont devenus encore plus riches et c’est à nous de payer l’addition. Les grandes banques peuvent à présent mettre en faillite des pays entiers et déstabiliser des pans entiers de l’économie mondiale, comme en Grèce et en Espagne. Pour nous protéger de ces “armes de destruction massives financières”, l’ensemble du secteur bancaire doit être nationalisé sous le contrôle de la population, dans le cadre d’une nationalisation démocratique – par des comités élus et responsables de travailleurs et de jeunes – de l’ensemble de l’industrie et de l’économie, afin d’en finir une bonne fois pour toute avec la crise du capitalisme.

  • TSCG : attention danger

    Le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance en Europe, plus communément appelé Traité budgétaire européen, est un traité en cours d’adoption qui vise à compléter l’arsenal de l’Union Européenne destiné à pousser ses Etats-membres encore plus profondément dans la logique du néolibéralisme et de l’austérité.

    Par Simon (Liège)


    Photo ci-contre : Ce 25 septembre, une centaine de personnes étaient présentes pour une réunion publique organisée par la plate-forme liégeoise contre le Traité d’austérité européen. Prochaine date à retenir pour la plateforme : le 21 octobre prochain pour un rassemblement devant l’Hôtel de ville de Liège contre le TSCG afin d’interpeller le conseil communal et les députés wallons qui y siègent.


    Concrètement, il s’agit d’interdire aux Etats-membres des déficits budgétaires excédant 0,5% du PIB, ce qui signifie empêcher toute logique budgétaire de relance économique par les investissements dans les services publics. Plus grave encore, ce Traité mettrait toute la politique budgétaire des gouvernements sous la tutelle de la Commission Européenne (qui est, pour rappel, une instance non-élue).

    Comme tout traité européen, le TSCG doit recevoir l’approbation à la fois de notre parlement fédéral, mais aussi celui des parlements régionaux. Les partis politiques traditionnels sont tous acquis à ce traité. En ce compris Ecolo, qui se paye en plus le luxe de paraître le contester en votant ‘‘non’’ au Parlement fédéral où il occupe les bancs de l’opposition, mais en prévoyant de voter ‘‘oui’’ au Parlement wallon où il est associé à la majorité. Car si le vote en faveur du traité à déjà eu lieu aux Parlements fédéral et flamand, il doit encore avoir lieu au Parlement régional wallon.

    Bien sûr, les politiciens traditionnels connaissent l’impopularité de ce type de traité depuis les ‘‘non’’ français, irlandais ou hollandais au traité constitutionnel européen de 2004. Les grands médias, dociles, mettent donc peu de lumière sur cet enjeu de toute première importance pour les travailleurs d’Europe.

    Un vote négatif au Parlement wallon serait donc de nature à bloquer la procédure d’adoption dans tout notre pays, ce qui serait d’une portée hautement symbolique dans toute l’Union Européenne et permettrait de renforcer la détermination de ceux qui luttent partout en Europe contre la logique de l’austérité imposée aux populations pour sauvegarder les profits de quelques millionnaires.

    Une plate-forme lancée à l’initiative de la coopérative politique liégeoise Vega, à laquelle le PSL s’est immédiatement rallié, tente d’atteindre cet objectif et de faire pression pour qu’un débat public soit organisé face à ce vote que les élus wallons aimeraient faire passer en catimini et en prenant clairement position contre ce traité. Cette plateforme s’est rapidement élargie, recevant le soutien de secteurs du monde syndical comme la CNE ou la CGSP wallonne ou encore d’organisations de la gauche comme le PTB ou la LCR. Fait notable, la section locale de Liège-centre ville du PS (pas la fédération liégeoise, donc) a aussi pris position contre le TSCG, à rebours de ses instances de direction régionales et nationales.

    Mais au-delà de ces signatures, ce qu’il faut, c’est construire un rapport de force efficace sur le terrain qui soit capable de faire pencher la balance du côté de la démocratie et de la justice sociale. Nous avons besoin qu’un plan d’action voie le jour dans les plus brefs délais afin de coordonner les forces qui se liguent contre ce traité d’austérité et contre la politique d’austérité en général.

    Plus d’informations sur cette plate-forme sur WWW.STOP-TSCG.BE

  • Allemagne : Merkel réelue… mais l’avenir reste instable

    Malgré le succès électoral de la coalition CDU/CSU (Union Démocratique Allemande et Union Chrétienne de Bavière) d’Angela Merkel, les élections législatives allemandes du week-end dernier ont été le reflet de l’aliénation de vastes couches de la population vis-à-vis des partis de l’establishment et des institutions de la démocratie capitaliste. Vu l’intensification attendue de la crise de la zone euro et le ralentissement de l’économie mondiale, le nouveau gouvernement sera confronté à une instabilité croissante, et des attaques contre le niveau de vie de la population seront de nouveau à l’agenda.

    Sascha Stanicic, porte-parole de Sozialistische Alternative (CIO-Allemagne)

    La croissance de l’électorat du CDU/CSU ne peut nous faire oublier que la coalition ‘‘noire et jaune’’ CDU/CSU et Parti libéral démocrate (FDP) a été démise de ses fonctions et a perdu 735.000 voix. Le triomphe de Merkel et sa majorité quasi absolue au Bundestag (parlement national) ont occulté ce fait, mais cela aura des conséquences sur les développements à venir en Allemagne.

    Depuis plus de 60 ans, le FDP est vu comme un groupe de pression de capitalistes organisés en parti. Ce parti a toujours été le premier à exiger des attaques contre le niveau de vie et les droits de la classe des travailleurs. Son échec aux élections de 2013 représente un sérieux problème pour la classe capitaliste. C’est la conséquence de l’échec de la propagande des libéraux concernant les pseudos droits civils, une propagande qui a sans cesse eu plus de peine à cacher leur caractère néolibéral. Nombreux sont ceux à avoir accusé le FDP d’être responsable de la polarisation sociale de la société allemande. Lorsqu’il s’est avéré que ce ‘‘petit parti du grand capital’’ n’avait pas réintégré le Bundestag pour la première fois de l’histoire de la République Fédérale Allemande, de nombreuses personnes ont laissé exploser leur joie. Son avenir est incertain. Le parti n’a plus que de faibles représentations dans les parlements et les gouvernements fédéraux. Mais il n’est pas exclu que le FDP s’oriente vers une direction plus nationale-libérale, en comptant subsister en reposant sur le populisme de droite.

    L’augmentation des suffrages accordés à Merkel reflète la relative stabilité économique d’un pays entouré d’Etats qui s’embourbent de plus en plus profondément dans la crise de l’euro. Merkel a également consenti à quelques concessions mineures, comme l’annulation de certains frais lors des consultations médicales. Un commentateur a expliqué à la télévision que ‘‘les Allemands ont voté pour la sécurité.’’ Il est vrai que, dans une certaine mesure, l’augmentation de l’électorat du CDU/CSU reflète le sentiment, partagé par de nombreuses personnes, selon lequel Merkel a empêché le pire dans un contexte de crise économique internationale. Mais elle ne peut pas pour autant compter sur un soutien actif, et encore moins sur de l’euphorie. Quand on parle de questions concrètes, l’orientation politique de la population est différente, ce qui a encore récemment été illustré à Hambourg, où se tenait un référendum le même jour que les élections ; et une petite majorité des habitants a voté ‘‘oui’’ à la renationalisation du réseau électrique local.

    La victoire de Merkel ne constitue jamais qu’un des aspects de ces élections. L’autre, c’est que jamais auparavant une si grosse partie de l’électorat ne sera pas du tout représentée au parlement. Le taux de participation aux élections n’a que marginalement augmenté (70,8% lors des dernières élections fédérales pour 71,5% cette année), ce qui en fait la seconde participation la plus basse depuis 1945. Plus de 15% des votes sont allés à des partis qui n’ont pas atteint les 5% requis pour entrer au parlement. Jamais auparavant si peu de votes (43%) ont suffi pour former un gouvernement : cela ne représente que 30% de l’électorat. Même une ‘‘grande coalition’’ gouvernementale (où le CDU/CSU se retrouverait aux côtés des sociaux-démocrates du SPD) ne représentera qu’une minorité de la population. Plus de 40% des électeurs se sont soit abstenus, soit ont voté pour de petits partis, et ne sont donc pas du tout représentés au Bundestag.

    Ces dernières années, les élections ont suivi un mouvement de balancier, reflet de la volatilité de l’électorat des partis politiques. Les gros succès électoraux, comme ceux du FDP et des Verts dans la passé, sont rapidement oubliés, et la scène électorale reste très changeante.

    ‘Alternative pour l’Allemagne’

    Merkel a réussi à faire l’impasse sur la crise de l’euro pendant sa campagne. Mais le succès du parti ‘‘Alternative pour l’Allemagne’’ (AfD), un parti de droite appelant à l’abolition de l’euro, démontre, avec les potentiels votes de protestation, qu’il s’agit d’un problème important pour une partie de la population. Un problème qui va empirer. Vu la situation, ce fut une erreur de la part de Die Linke (‘‘La Gauche’’) de na pas centrer davantage sa campagne sur le rejet des fonds de sauvetage accordés aux banques.

    Le fait que Die Linke ait perdu des voix au profit de l’AfD doit être considéré comme un avertissement. Même si le futur de l’AfD reste encore à écrire, il se peut que le parti n’en reste pas au stade du phénomène éphémère. L’AfD a occupé une partie de la scène politique, portion qui s’agrandira à mesure que la crise de l’euro se creusera. Le parti a réussi à se construire dans tout le pays, et dispose de moyens financiers conséquents. L’AfD a été suffisamment maligne pour éviter d’endosser une image raciste ou trop radicalement nationaliste tout en parvenant à mobiliser l’électorat d’extrême droite. Le parti a de bonnes chances d’accéder au Parlement européen après les élections de l’année prochaine. Il pourrait aussi se baser sur l’euroscepticisme croissant, qui ne fera que croître, surtout si Die Linke ne formule pas une critique claire, de gauche et internationaliste de la crise de l’euro.

    Les salaires, les conditions de travail et les pensions ont été les sujets les plus importants aux yeux des électeurs. Cela semble paradoxal vu que le CDU/CSU est un parti aux mains des grandes entreprises, qui s’oppose au salaire minimum et qui veut maintenir l’âge de la retraite à 67 ans. Au vu des leaders des principaux partis à la carte, de nombreuses personnes ont conclu que Merkel était la plus capable de prévenir une crise sociale en Allemagne causée par une ‘‘urgence européenne’’. Le manque d’alternative issue du SPD et des Verts y a contribué. Leur tentative de se présenter comme plus à gauche, plus intéressés par les sujets sociaux et la justice, n’a leurré personne. Ce sont ces partis qui sont à la base de l’introduction de ‘‘l’Agenda 2010’’ néolibéral en 2003 et ses nombreuses attaques antisociales, et peu de gens leur ont pardonné. Les résultats des Verts montrent qu’ils sont devenus un parti bourgeois de la classe moyenne. Mais l’importance de sujets comme les salaires, les conditions de travail et les pensions dans la conscience populaire de la classe des travailleurs reflète aussi le potentiel des syndicats et des luttes sociales. C’est pourquoi les fondations du CDU/CSU sont fragiles. Le nouveau gouvernement prévoit de faire des coupes budgétaires et de procéder à des privatisations et, tôt ou tard, l’opinion générale se retournera contre lui.

    Un projet de coalition gouvernementale ?

    Merkel a perdu son partenaire de coalition, le FDP. Ses résultats rendront les négociations avec le SPD ou les Verts plus difficiles. Ces deux partis trembleront à l’idée de finir en tant qu’acteurs minoritaires dans un gouvernement CDU/CSU. L’expérience du SPD dans la ‘‘grande coalition’’ de 2005/2009 a rouvert des blessures qui n’ont pas encore fini de cicatriser. Les leaders du SPD se montrent donc très réticents à cette idée. Mais l’affaiblissement des Verts a rendu moins probable une coalition ‘‘noire et verte’’. Une grande coalition est l’issue la plus probable. Bien sûr, le SPD tentera de faire des concessions, qu’il vendra comme des victoires. Ce pourrait même être l’instauration d’un salaire minimum ou d’autres mesures semblables. Il est peu probable que les négociations échouent et que de nouvelles élections soient organisées car elles pourraient mener à une majorité CDU/CSU.

    Die Linke

    La direction de Die Linke se satisfait des résultats obtenus et met en avant que le parti représente maintenant la troisième plus grande force du pays. Le parti s’est stabilisé et a regagné du soutien depuis l’année dernière et les désastreux sondages d’opinion à son encontre. Les batailles internes se sont momentanément arrêtées mais, surtout, l’arrivée de Bernd Riexinger et de Katja Kipping à la direction du parti ont représenté une orientation plus décidée vers les mouvements sociaux et les luttes syndicales. Cela a motivé une couche de ses militants à s’impliquer davantage. Les slogans clairs sur leurs tracts ont rendu leur campagne très active et ont permis de recruter 500 nouveaux membres durant cette période. Cela prouve que, malgré la situation objective actuelle, il y a toujours un potentiel pour renforcer le parti.

    Mais la perte de 1,4 million d’électeurs par rapport à 2009 (moins encore qu’en 2005), l’échec de Die Linke à s’attirer les votes des abstentionnistes ou des électeurs de l’AfD prouvent que les racines du parti ne sont pas assez ancrées dans les communautés ouvrières. De plus, la crédibilité de Die Linke pâtit de son implication régionale dans des coalitions et de des appels permanents à rejoindre une coalition nationale.

    Die Linke a maintenant face à lui une deuxième chance, mais pourra-t-il saisir les opportunités qui s’ouvrent à lui ? En cas de grande coalition, le SPD sera également directement responsable des coupes budgétaires. Die Linke sera donc en bonne position pour améliorer son image d’opposant au capitalisme. Mais pour se renforcer ainsi, le parti doit devenir un parti combatif et abandonner tout projet de coalition avec les Verts et le SPD. Des conflits internes vont sans doute se développer autour de cette question. L’année prochaine, de nouvelles élections fédérales se tiendront en Allemagne de l’Est, où se trouve la plus grande base de Die Linke. La question d’une alliance avec le SPD se posera à nouveau, et c’est déjà le cas à Brandebourg.

    Certains membres de l’aile droite de Die Linke (y compris le leader du groupe parlementaire, Gregor Gysi) ont récemment publié un livre qui explique la position du parti sur le rejet du déploiement de troupes allemandes à l’étranger, car sans laisser tomber cette position, il était impossible d’entrer au gouvernement national. Cette approche est un sujet de discorde potentiel au sein de Die Linke. Gysi est sorti renforcé de la campagne électorale, et il utilisera surement sa performance contre les éléments les plus anticapitalistes du parti, principalement basés en Allemagne de l’Ouest.

    Hessen

    Dans ce contexte, les élections fédérales à Hessen, qui ont eu lieu en même temps que celles du Bundestag, sont importantes. La nouvelle entrée de Die Linke au parlement est très importante pour l’aile gauche du parti. Die Linke est connu pour ses liens étroits avec les mouvements sociaux et syndicaux à Hessen.

    Mais la dirigeante régionale du parti, Janine Wissler (membre du courant Marx21, qui a quitté l’organisation allemande du SWP britannique), dit être prête à certaines conditions à former une coalition gouvernementale avec le SPD et les Verts. Bien qu’elle dise que cette attitude serait destinée à révéler la vraie nature de ces partis, elle donne l’impression que Die Linke est prêt à tout pour entrer au gouvernement. Au lieu de parler de coalitions, la direction de Die Linke à Hessen devrait dire que son succès électoral est surtout celui de mouvements sociaux de résistance, qui doivent être construits et renforcés.

    Die Linke à Hessen, en reconnaissant qu’ils ont une chance de chasser le premier ministre CDU Bouffuer, devrait dire que le parti est prêt à combattre le CDU en rejoignant une minorité gouvernementale SPD-Verts. Mais puisque le SPD et les Verts travaillent dans le cadre du capitalisme et sont prêts pour lancer des attaques contre la classe des travailleurs, Die Linke devrait clairement refuser de signer un contrat de coalition, et à la place voter cas par cas au parlement. Die Linke devrait clairement déclarer qu’il soutiendra toute loi progressiste et se dressera contre toute autre.

    Quelles perspectives ?

    Un jour seulement après les élections, les médias ont sonné l’alerte d’une intensification de la crise de l’euro et d’un effondrement du système financier.

    Les 4 prochaines années en Allemagne ne seront pas semblables aux 3 dernières derrière nous, qui ont connu un redressement économique après une crise majeure. Au lieu de cela, elles seront marquées par une déstabilisation économique croissante et de nouvelles crises.

    Chaque nouveau gouvernement européen sera sous pression pour faire payer à la classe ouvrière le prix de la crise du capitalisme. Die Linke peut se renforcer grâce à un développement des luttes et des mouvements de masses, si le parti les soutient fermement.

  • Près de deux tiers des jeunes grecs au chômage!

    Le capitalisme, un système incapable d’offrir un bon emploi et un avenir à la jeunesse

    Le chômage massif des jeunes en Europe ne diminue pas. Même là où une certaine croissance économique existe, les rangs de chômeurs ne désemplissent pas, au contraire. L’économiste Carsten Brzeski, de la banque ING, prévient : ‘‘La situation risque d’exploser. Nous risquons d’avoir toute une génération perdue. Si la jeunesse européenne se soulève contre l’Europe, le chaos s’ensuivra.’’ Les chiffres sont dramatiques. Depuis le début de la crise, le taux de chômage des jeunes en Grèce a augmenté de 19,6% à 64,9% ! Mais si tout le monde reconnaît que le problème est grave et nécessite une solution, les choses en restent là.

    Par Thomas B (Gand)

    Les chiffres

    En mars de cette année, 7,5 millions de jeunes chômeurs se trouvaient dans l’Union Européenne (un taux de chômage de 23,5%), une situation particulièrement grave dans les pays du Sud : 59,1% en Grèce, 55,9% en Espagne, 38,4% en Italie, 38,3% au Portugal. Différents pays d’Europe de l’Est suivent de près (34,8% en Slovaquie, 24,8% en Lettonie ou 24,8% en Lituanie), tout comme l’Irlande avec ses 30,3%. Avec ses 22,4%, la Belgique s’approche plus de la queue du peloton que de la tête, où figurent l’Allemagne et l’Autriche (7,6%).

    Les jeunes sont les premiers à être jetés à la rue. Leurs contrats étant souvent précaires, il est plus commode de les licencier. Quant au peu d’emplois disponibles, ils n’ont pas assez d’expérience. Ces quatre dernières années, le chômage parmi des jeunes a augmenté trois fois plus vite que le reste. La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (EUROFOUND) a estimé le coût de ces 7,5 millions de jeunes sans emploi à 150 milliards d’euros. C’est encore sans les conséquences sociales dues au chômage et au désespoir.

    L’exemple grec donne le ton : fin du mois de mai, il y avait 1.381.088 chômeurs par rapport à 357.009 sans-emplois au début de la crise (en 2008). Le taux de chômage a augmenté durant cette période de 7,3% à 27,6%. Le nombre de salariés a diminué de 4,6 à 3,6 millions. Le taux de chômage des jeunes a augmenté de 19,6% à 64,9% en cinq ans. L’an dernier il était de 55,1% et en mars l’UE parlait de 59,1%. Maintenant ce taux a atteint les 64,9% !

    L’UE n’offre aucune solution

    Les politiciens et leurs institutions ne sont pas avares de belles paroles et de promesses vides. L’UE estime cette situation inacceptable et affirme que les actes vont suivre avec les investissements du Fonds social Européen. L’UE ajoute encore que la lutte contre le chômage des jeunes doit être une priorité dans les budgets des pays membres.

    En décembre 2012 a été lancé le projet ‘‘Emploi des jeunes’’ avec l’objectif que chaque jeune de moins de 25 ans reçoive une proposition d’emploi ou de formation dans les quatre mois suivant leurs études. En février, un fonds a été créé pour stimuler le suivi des jeunes sans-emplois, avec des moyens à hauteur de 6 milliards d’euros (3 milliards du Fonds social européen et 3 milliards de l’UE). Cet argent doit être utilisé dans les régions où le taux de chômage est supérieur à 25%. En 2013, 20 Etats-membres de l’UE ont été réprimandés pour leur manque d’action pour l’activation des sans-emplois.

    L’UE ‘‘oublie’’ de mentionner le fait qu’elle impose au même moment une politique d’austérité drastique. Dans le cas de la Grèce, l’UE fait partie de la troïka (avec le FMI et la Banque Centrale Européenne) et est donc directement responsable de la montée du chômage ! Il est également facile de dire que les pays-membres doivent mettre plus d’attention sur la lutte contre le chômage alors que les recommandations de l’UE sont très strictes en termes de limitation des dépenses. Les actes posés par l’UE prouvent que la sauvegarde des profits du secteur privé prime largement sur le reste. De plus, l’UE mène actuellement campagne pour augmenter l’âge de la pension dans différents pays. Mais au plus nos aînés restent au boulot, au moins il y a de place pour les jeunes…

    Tout l’accent est mis sur l’idée d’une ‘‘politique d’activation’’. Mais avec 26,5 millions de chômeurs dans l’UE, il est clair que ce n’est pas une question de volonté mais une question de manque d’emplois. Il n’y a tout simplement pas assez de travail. Alors arrivent les stages et les contrats précaires. En Grande-Bretagne il y a même maintenant un système de contrats ‘‘zéro-heure’’ (voir l’encadré à ce sujet). Travailler gratuitement ou presque comme stagiaire n’est pas non plus une étape vers un emploi à contrat indéterminé, ce sont de dangereux précédents pour attaquer toutes les conditions de travail et les salaires. En période de crise de surproduction, il n’y a pas de solution au chômage dans le cadre de ce système.

    Répartir l’emploi !

    Alors que le chômage continue d’augmenter, il en va de même pour toutes les pénuries. Toute l’énergie de la jeunesse pourrait être utilisée pour faire face au manque d’infrastructure, au manque de personnel dans les services publics,…, mais les politiciens traditionnels et leur système préfèrent les laisser pourrir au chômage et dans le désespoir.

    Nous sommes en faveur de la répartition du travail disponible par la diminution du temps de travail, par exemple à 32 heures par semaine, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et diminution des cadences. Pourquoi certains travailleurs doivent-ils bosser jusqu’à tomber raide alors que d’autre sont obligés de ne rien faire ? En répartissant l’emploi disponible, tout le monde pourra s’y retrouver !

    Les capitalistes et leurs pantins politiques ne permettront pas l’application d’une telle politique. S’ils doivent payer plus de salaires pour plus de travailleurs, ils doivent diminuer leurs profits, alors que les grands actionnaires réclament plus, toujours plus, pour gonfler leurs comptes dans les paradis fiscaux. Répondre de manière tout à fait logique au problème du chômage nécessite de s’opposer au capitalisme et de lutter pour une autre société, une société socialiste. Pour y parvenir, nous devons nous organiser et, surtout, ne pas nous laisser diviser entre jeunes et moins jeunes.

  • 25 millions d’Européens supplémentaires dans la pauvreté d’ici 2025 ?

    Dans son récent rapport ‘‘Le piège de l’austérité’’, Oxfam ne se contente pas d’énumérer les conséquences désastreuses des mesures d’austérité, mais ose revendiquer un changement de modèle économique et sociétal. Un pas en avant radical de la part de l’organisation qui, bien qu’encore limité, n’en illustre pas moins l’impact de l’explosion des mouvements sociaux dans l’évolution des consciences, après des années de politiques antisociales.

    Par Romain (Liège)

    Augmentations drastiques du taux de chômage (60% en Grèce chez les jeunes, le triple du taux de 2007) ; approfondissement du fossé qui sépare les plus riches des plus pauvres ; coupes claires dans le financement des services publics de base (jusqu’à 40% en moins en Irlande) ; jusqu’à 25 millions d’Européens plongés dans la pauvreté d’ici 2025,… ce ne sont que quelques-unes des données brutes distillées tout au long des 42 pages qui composent le rapport, qui se penche également sur l’effet boule de neige de l’austérité, notamment par la diminution des subsides européens aux pays en voie de développements qui, en conséquence, se mettent eux aussi à appliquer l’austérité.

    Une austérité qui touche avant tout les couches les plus pauvres de la population, de par les suppressions d’emplois aussi bien dans le public que dans le privé, les baisses de salaires couplées à l’impossibilité d’en obtenir un meilleur, et des services sociaux de plus en plus chers, tout comme le prix des denrées alimentaires et autres biens de consommation. Les principales victimes de ces politiques sont les femmes ; non seulement elles sont les plus nombreuses à s’occuper des enfants et des personnes invalides, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux baisses d’allocations familiales et d’invalidité, mais elles sont également majoritaires de la fonction publique (60% en France et au Royaume-Uni).

    Oxfam propose différentes mesures sur lesquelles il serait trop long de s’étendre ici mais qui toutes sont loin de s’en prendre au fond du problème, ce que l’organisation avoue d’ailleurs en concluant ainsi son rapport : “Nous invitons les États membres de l’UE à défendre un nouveau modèle économique et social qui investit dans l’humain, renforce la démocratie et mène une fiscalité équitable”. Cela rend caduque leurs propres propositions qui, toutes, restent dans le cadre du système capitaliste (taxation plus équitable,…).

    Il est illusoire de penser que l’Union Européenne décidera d’elle-même de mener une politique sociale qui remettra l’humain et l’environnement à l’avant plan. Les acquis sociaux ne sont jamais donnés gracieusement, ils sont le fruit des luttes des travailleurs et des jeunes.

    De plus, si le capitalisme crée autant de pauvreté et d’inégalités, ce n’est pas car il est mal ajusté ; il en va ainsi de par sa nature-même. Le PSL lutte pour une société où l’économie serait démocratiquement planifiée, pour subvenir aux besoins de chacun, tout en respectant l’environnement. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique. Une société de ce genre ne sera pas établie par la bourgeoisie au pouvoir, mais par le renversement de celle-ci, car il sera impossible de subvenir aux besoins de tous en laissant les leviers économiques, les secteurs clés de l’économie, aux mains des capitalistes avides de profit. Il faudra nationaliser et placer sous le contrôle démocratique de la population des secteurs tels que les banques, la sidérurgie, l’énergie,… Pour gérer démocratiquement ces moyens de production, nous aurons besoin d’organes de démocratie locaux sur tous les lieux de travail, dans chaque quartier, chaque université, chaque école,… liés les uns aux autres par des représentants démocratiquement élus et révocables à tout moment.

    Mais dans l’immédiat, ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un mouvement organisé de la classe ouvrière qui renoue avec un syndicalisme de combat – au niveau belge, européen et international – afin d’en finir avec l’origine même de ce cycle de crises et de pauvreté : le capitalisme.

    En février 2012, Nico Cué, secrétaire général de la FGTB-métal Wallonie-Bruxelles, proposait pour la Belgique un plan de grèves générales échelonnées de 24h, puis de 48h et de 72h. Si depuis l’appel ne s’est pas réalisé, ce n’est pas pour autant qu’il doit être oublié ! Il en va de même pour la nécessité de construire une grève générale européenne contre la machine d’austérité européenne. Le 14 novembre 2012 a illustré que le potentiel est bien présent pour franchir cette étape : ce jour-là, des millions de travailleurs sont sortis dans la rue pour crier leur colère et leurs revendications, et montrer que ce sont eux qui font tourner l’économie.

    C’est cette voie, celle qui montre quelle est la force du nombre, qu’il faut suivre pour que jamais plus des rapports tels que celui d’Oxfam n’aient à exister.

    Il faudra aussi clairement poser la question de l’alternative politique et, en Belgique, un pas de géant a été fait avec l’appel de Charleroi lancé par Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB de Charleroi et Sud-Hainaut, qu’il faut absolument soutenir, diffuser et développer jusqu’à sa conclusion logique : que les revendications des travailleurs trouvent aussi leur écho sur la scène politique par la création d’une formation large, par la création d’un nouveau parti des travailleurs qui permettrait à chaque courant en son sein de préserver son identité et ses idées afin de permettre de se former et de décider ensemble de la manière la plus efficace de lutter !

  • Gelons les profits, pas les salaires !

    Manifestation contre le gel des salaires le 26 septembre à 17h

    Au nom de la sacro-sainte compétitivité, le gouvernement veut bloquer les salaires en 2013-14, et modifier la loi de 1996 sur la compétitivité pour prolonger ce blocage au delà de 2014. Soyons nombreux à marquer notre opposition à l’appauvrissement des travailleur/ses au profit des actionnaires et à la destruction de la liberté de négociation collective des travailleurs.

    A l’initiative de la CNE, de la régionale bruxelloise de la CGSP ALR et des Comités Action contre l’austérité en Europe.

    Avec la modification de la loi de 1996, le Gouvernement veut bloquer nos salaires, pour les aligner sur ceux de nos voisins français, néerlandais mais surtout allemands. Le modèle allemand est devenu l’unique horizon de ceux qui nous gouvernent. Un modèle ? pas de salaire minimum, pas d’indexation, 7 millions de mini-emplois à 400 euros par mois, 15 % de pauvreté. Entre 2000 et 2010, le salaire annuel moyen n’a crû que de 1% en Allemagne et les salaires les plus faibles ont chuté de 16 à 22% (salaires nets réels). Aux travailleurs allemands, leur gouvernement reproche de ne pas être assez compétitifs par rapport aux travailleurs chinois… La compétitivité est donc bien une course aux salaires les plus bas – et c’est pour ce jeu-là que notre gouvernement veut sacrifier notre liberté de négociation.

    Nous refusons cette mise en concurrence des travailleur/ses qui profite aux actionnaires. Nous ne voulons pas de cette loi qui appauvrit les travailleurs, sans toucher aux profits des détenteurs de capitaux et des patrons. Durant la dernière décennie en Belgique, les bénéfices des sociétés ont augmenté de plus de 75%, que les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 300%, alors que le revenu disponible des ménages n’a augmenté, lui, que de 13% !

    Des salaires suffisamment élevés sont nécessaires au maintien de l’emploi. Que deviennent les secteurs de la distribution, de l’horeca, de la construction si nous n’avons plus de salaires ? L’utilisation des cadeaux faits aux entreprises permettrait de créer des milliers d’emplois.

    Promouvoir la baisse des salaires, ou des cotisations sociales, ou l’individualisation de la négociation, c’est promouvoir la guerre de tous contre tous. A l’inverse, la libre négociation collective des salaires est une composante fondamentale de notre démocratie – autant que d’aller voter.

    LEUR COMPETITIVITE, C’EST NOTRE PAUVRETE !

    Départ de la Colonne du Congrès (rue Royale – Bruxelles) ce jeudi 26 septembre, à 17h.

  • Traité budgétaire européen : Attention, conquêtes sociales en danger !

    Pour un débat public avant le vote du Parlement wallon

    Il s’agit sans doute du vote le plus important de cette législature et pourtant personne n’en parle. En Belgique, le ”Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance” (TSCG), également appelé ”Traité budgétaire européen”, a été validé par les Parlements au niveau fédéral ainsi qu’en Flandre. Il sera très prochainement à l’agenda du Parlement wallon. Un ”NON” des parlementaires wallons suffirrait à stopper ce texte.

    Plateforme liégeoise contre le TSCG

    AUSTÉRITÉ IMPOSÉE

    Alors que les États subissent déjà de plein fouet les conséquences de la crise bancaire de 2008 et se sont vus obligés de s’endetter afin de renflouer les banques déficitaires, l’objectif de ce traité est d’inscrire encore plus avant l’austérité dans les législations nationales.

    Il contient ainsi une «règle d’or» qui impose que les déficits budgétaires n’excèdent pas 0,5% du PIB (au lieu des 3% prévus actuellement). Aucun État membre ne pourra atteindre cet objectif même en sabrant à tous les niveaux dans ses budgets. En Grèce, où après plus de 10 plans d’austérité la population est à genoux, on voit pourtant que cette logique est un cuisant échec puisque la dette ne cesse d’augmenter.

    DÉMOCRATIE CONFISQUÉE

    Complété du mécanisme européen de stabilité (MES), le TSCG créerait en outre un instrument juridique retirant aux Parlements nationaux le droit de déterminer eux-mêmes leurs choix et orientations budgétaires. Ces choix dépendraient alors des institutions peu démocratiques que sont la Commission européenne et le Conseil européen.

    Le Traité conférerait également aux institutions de l’Union européenne le pouvoir de sanctionner automatiquement les États membres qui tarderaient à renforcer les politiques antisociales déjà en cours: blocage des salaires, privatisations, réductions des dépenses publiques, suppression des conventions collectives nationales, recul de l’âge de la pension, …

    NOUS VOULONS UN DÉBAT PUBLIC AVEC LES ÉLUS !

    S’ils prennent la mesure des régressions sociales et du recul démocratique qu’implique ce traité, les élus progressistes du Parlement wallon peuvent encore le bloquer en votant ‘‘NON’’ ! L’objet de notre plateforme est d’informer sur les enjeux et les dangers du TSCG et de réclamer un débat public avec nos élus AVANT qu’ils soient amenés à se prononcer sur ce texte.

    Venez vous informer et débattre avec nous LE MERCREDI 25 SEPTEMBRE À 19H À LA SALLE WILMOTTE À L’ULG, PLACE DU XX AOÛT À LIÈGE

    Premiers signataires de la plate-forme liégeoise contre le TSCG :

    • Daniel Cornesse (CSC),
    • Dimitri Coutiez (section de Liège du PS),
    • Pierre Eyben (VEGA),
    • Gilbert Lieben (Secrétaire général de la CGSP wallonne),
    • Simon Hupkens (PSL),
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  • École d'été du CIO : La crise européenne et la lutte de classe

    Il faut une alternative socialiste pour ce continent en crise

    C’est Hannah Sell, membre dirigeante du Socialist Party d’Angleterre et du pays de Galles et membre du Secrétariat international du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), qui a introduit la discussion en session plénière sur la situation en Europe lors de l’école d’été du CIO qui s’est déroulée en Belgique en juillet et à laquelle ont assisté près de 400 militants, venus de 33 pays différents.

    Rapport par Robin Clapp, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

    Tout le continent européen est en proie à une austérité brutale qui est la réponse de la classe dirigeante à cinq ans de récession économique. Cela fait six trimestres consécutifs que le PIB de la zone euro chute. Cette récession cause la panique parmi les capitalistes, qui sont maintenant aux prises avec les répercussions du ralentissement économique de plus en plus grand en Chine. Ce ralentissement étouffe les chances d’une reprise économique dans les quelques parties du monde qui sont jusqu’ici parvenues à se maintenir et à passer pour des acteurs de croissance économique.

    L’Allemagne, qui était demeurée la locomotive économique de la zone euro, a maintenant commencé à stagner. Elle a connu sa plus grande contraction du PIB en quatre ans lors du premier trimestre de 2013. Alors que les marchés européens sont ravagés par la crise, les capitalistes allemands s’étaient en partie tournés vers le marché chinois, tirant parti de la demande chinoise qui semblait alors insatiable. Ils étaient ainsi parvenus depuis 2009 à doubler leurs exportations vers la Chine.

    Une crise qui s’ouvre en plein cœur de la zone euro

    Merkel est en train de réaliser qu’une nouvelle phase de la crise est en train de se développer au cœur même de la zone euro. L’Allemagne va sans doute bientôt connaitre sa première fermeture d’une usine automobile depuis 1945, et déjà les prédictions économiques changeantes ont eu pour répercussions un certain nombre de grèves, encore petites, mais extrêmement importantes.

    L’industrie automobile européenne est en crise. L’énorme surproduction conduit à des pertes annuelles de 4 milliards d’euros pour les producteurs.

    Dans toute la zone euro, le niveau général de la demande a chuté de 5 % par rapport au niveau d’avant la crise en 2007, alors qu’en Europe méridionale (Italie, Espagne, etc.) la demande s’est littéralement effondrée, avec une chute de 15 %.

    L’expression sans doute la plus choquante de la crise européenne est la hausse sans précédent du taux de chômage, qui affecte surtout les jeunes. Les conséquences sociales de cette véritable bombe à retardement se feront sentir dans tous les pays. Le chômage des jeunes est de 60 % en Grèce, de 50 % en Espagne, et de 40 % en Italie et au Portugal. Il n’est pas un pays de l’Union européenne qui ne soit affecté. Dans un pays après l’autre, on voit les jeunes quitter leur pays à la recherche de travail. Notre camarade Laura du Socialist Party irlandais a expliqué que, dans son pays, l’émigration a atteint le même niveau que celui lors de la grande famine du milieu du 19ème siècle. Beaucoup de jeunes européens partent “se chercher” dans les anciennes colonies de leur pays. C’est ainsi que des légions de jeunes Portugais se rendent à présent en Angola ou au Mozambique.

    L’inégalité en Suède

    La Suède avait autrefois la réputation d’être un modèle d’“État-providence” social-démocrate sans son pareil après la Seconde Guerre. Pourtant, à partir des années ’80, l’inégalité s’est accrue dans ce pays plus rapidement que dans aucun autre pays européen. Un jeune sur quatre y est maintenant au chômage. Dans les quartiers ouvriers, le nombre de jeunes chômeurs est encore plus grand. Les émeutes de Stockholm qui se sont produites récemment reflètent le fait que là-bas comme ailleurs, ce chômage structurel mène à un dangereux déséquilibre qui ne peut que causer des explosions sociales.

    Notre camarade Elin du Rättvisepartiet Socialisterna (Parti de la résistance socialiste, CIO-Suède) a expliqué comment le CIO a pu faire une importante intervention dans ce mouvement explosif, canalisant les très compréhensibles sentiments de colère, de désespoir et de dégout vis-à-vis des partis politiques en général, en une explication de pourquoi il nous faut absolument développer une alternative socialiste. Plus de 500 personnes ont participé à notre meeting dans le quartier de Husby d’où étaient parties les émeutes, en soutien à nos revendications pour la fin de la brutalité policière, pour des emplois et pour des logements pour les jeunes.

    Les mouvements révolutionnaires sont une conséquence inévitable de la profonde crise qui affecte toute l’Europe, et les plus malins parmi les capitalistes en sont fort conscients. C’est de là que viennent leurs récentes tentatives désespérées, mais absolument inadéquates, de discuter de plans de création d’emploi lors de leur forum européen pour l’emploi.

    Même là où les jeunes ont des emplois, ils tombent souvent dans le “précariat”, c’est-à-dire des contrats à l’heure, sans aucune sécurité d’embauche. Plus de 1,6 million de jeunes Italiens survivent grâce à des emplois temporaires sous-payés ; en Allemagne, 9 millions de travailleurs gagnent moins de 8,5 € de l’heure dans des emplois qu’on appelle des “mini-jobs”.

    Notre camarade Angelica de Sozialistische Alternative (Alternative socialiste, CIO-Allemagne) a fait remarquer que les salaires de beaucoup de travailleurs allemands sont si bas que le pays est de plus en plus considéré comme un pays de pauvres. Les entreprises belges qui se trouvent près de la frontière allemande ne cessent de se plaindre de la concurrence illégale qui leur est faite par les entreprises allemandes et qui les force à fermer.

    Au cours des cinq dernières années, nous avons vu des luttes ouvrières se développer à l’échelle de tout le continent. Mais ces luttes n’ont été que le prélude des puissants mouvements qui vont se développer au cours de la prochaine période.

    La base sociale du capitalisme grec

    En Grèce, où le niveau de vie a été attaqué d’une manière qui n’a été vue nulle part ailleurs en Europe depuis l’époque du fascisme d’avant-guerre, il y a eu d’innombrables grèves générales d’un jour, par lesquelles les travailleurs et la classe moyenne ont tenté de se défendre. La base sociale du capitalisme grec a été complètement désintégrée : les docteurs, les avocats, les enseignants, les employés de banque se retrouvent tous dans les files du chômage ou en train de mendier dans les rues.

    Si la classe ouvrière grecque avait eu un parti révolutionnaire d’une certaine taille, elle aurait pu prendre le pouvoir à plusieurs reprises déjà, mais à cause des capitulations de la part des vieux partis sociaux-démocrates – et même de la part de nouvelles forces de gauche comme Syriza qui refuse de comprendre l’ampleur de cette crise et par conséquent la nécessité d’une révolution sociale afin de renverser le capitalisme – la politique d’austérité est toujours dominante.

    La rapidité et l’énormité de la crise a stupéfait les travailleurs à divers degrés. Cela, en plus des effets rémanents de l’effondrement du stalinisme, de la dégénérescence des anciens partis ouvriers qui se sont rendus à des positions pro-capitalistes et de l’échec des tentatives de construire de nouveaux partis des travailleurs durables, a fait que la classe ouvrière aujourd’hui manque d’une conscience socialiste large.

    Toutes ces complications ont pour effet que le processus révolutionnaire pourrait tirer en longueur, même alors que la situation est de plus en plus mure pour une transformation socialiste de la société.

    De nouvelles luttes sont inévitables dans chaque pays. Même là où le niveau d’organisation des travailleurs s’est dégradé, la lutte va développer la conscience, et notre intervention peut faciliter cela, comme le montre l’exemple de l’Afrique du Sud.

    Dans ce pays, malgré nos modestes forces, nous avons été capables d’intervenir de manière décisive grâce à un programme et une orientation correctes en directions des mineurs. La création du Workers and Socialist Party (WASP) marque un point tournant et constitue un immense pas en avant pour l’ensemble de la classe ouvrière.

    Tensions de classe, ethniques et nationales

    La crise capitaliste va non seulement intensifier les tensions de classe, mais aussi les tensions nationales et ethniques. Les travailleurs connaitront des retraites, des complications et des défaites, mais qui n’auront pas en général le caractère de défaites fondamentales qui auraient pour résultat de briser les travailleurs pour toute une période historique. En Italie par exemple, une situation pré-révolutionnaire s’est prolongée pendant toute une décennie dans les années ’70.

    À l’époque comme maintenant, la principale question est celle de la direction, et notre défi est de construire un parti révolutionnaire et d’intervenir dans la construction de partis des travailleurs de masse qui servent à la fois d’école pour le développement de la lutte de classe et de structures dans lesquelles la méthode et le programme du marxisme peuvent être débattus et adoptés.

    Dans toute une section de la société grecque vit un désespoir largement répandu. La direction du parti de gauche Syriza a commencé à virer à droite. Ses dirigeants ne portent plus de jeans et de t-shirt, mais arborent des costumes-cravate et un programme qui abandonne tranquillement le refus de payer la dette pour remplacer cette revendication par celle de l’annulation des intérêts de paiement de la dette. Tsipras, le dirigeant de Syriza qui avait failli prendre le pouvoir l’année passée, a vu son taux de soutien dans les sondages tomber à 10 % – moins que celui du premier ministre de droite Samaras!

    Malgré cela, un gouvernement Syriza reste la perspective la plus probable après les prochaines élections, et cela pourrait mener à une nouvelle vague de lutte de classes en Grèce. Il y a déjà toute une série d’occupations d’usine, les travailleurs prenant des mesures concrètes pour défendre leurs emplois, et ces actions pourraient s’étendre à une échelle de masse sous un gouvernement Syriza, non pas sous la direction de ce parti, mais sous l’impact de la volonté des masses d’aller plus encore de l’avant.

    Aube dorée au gouvernement ?

    La classe capitaliste grecque est en train de débattre de la possibilité de laisser entrer le parti néo-fasciste Aube dorée au gouvernement dans le cadre d’une coalition dirigée par le parti de droite Nouvelle Démocratie, maintenant ou afin de former un gouvernement après les prochaines élections générales.

    Une telle manœuvre de leur part pourrait créer une explosion à travers toute la société grecque, qui reflèterait la puissante insurrection asturienne, en Espagne en 1934, lorsque Gil Robles, chef du parti d’extrême-droite Confédération espagnole des droits autonomes (CEDA), est devenu ministre du gouvernement.

    Ekaterina, de Xekinima, section grecque du CIO, a insisté sur le fait que bien que le soutien à Aube dorée dans les sondages se soit élevé jusqu’à atteindre entre 10 % et 15 %, cela n’a pas mené à un accroissement de sa puissance de combat de rues. La menace que pose Aube dorée a cependant nécessité la création de comités antifascistes dans lesquels nous jouons un rôle majeur.

    Il ne fait aucun doute qu’une victoire de Syriza provoquerait une nouvelle phase de crise redoublée, pendant laquelle Aube dorée pourrait s’accroitre si aucune opposition ne leur était offerte. Sur le long terme, au fur et à mesure que les vieilles normes sont ébranlées, la classe dirigeante de chaque pays va se préparer pour de grands conflits de classe, y compris pour la guerre civile.

    Toutes les institutions du capitalisme sont en effet de plus en plus démasquées et discréditées, au fur et à mesure que la crise s’approfondit. En Tchéquie et au Luxembourg, les dirigeants ont été forcés de démissionner à la suite de scandales d’espionnage ; le gouvernement bulgare a été chassé du pouvoir par les plus grandes manifestations jamais vues dans ce pays depuis la chute du Mur il y a 20 ans.

    Tout comme ses camarades en Espagne, le gouvernement portugais a été appelé de gouvernement “zombie” (cadavre qui continue à marcher) : les ministres démissionnent l’un après l’autre à la suite d’une grève générale qui a explicitement réclamé la démission de tout le gouvernement. 80 % des travailleurs portugais ont participé à cette grève, y compris une grande partie de la police et des forces armées.

    Le scandale de corruption qui a submergé le premier ministre Rajoy en Espagne a révélé la pourriture au cœur même du gouvernement. Le journal El Mundo parle à juste titre d’un esprit pré-révolutionnaire qui s’est emparé de larges couches parmi les masses. La seule raison pour laquelle ce gouvernement n’est pas encore tombé est que les capitalistes n’ont pas d’autre alternative viable, et ont peur de la hausse du soutien pour le parti Izquierda Unida (Gauche unie), qui se trouve juste derrière le Parti socialiste espagnol dans les sondages.

    La pause espagnole

    Le camarade Rob du groupe Socialismo Revolucionario (CIO-Espagne) a expliqué qu’il y a eu cette année une certaine pause dans la lutte à la suite de la terrible grève des mineurs de 2012 qui contenait en elle-même les germes d’une guerre civile, à la suite de l’occupation des hôpitaux partout dans le pays, et de deux grèves générales qui ont entrainé respectivement 10 et 11 millions de travailleurs. Mais cette année a en réalité été une année de meetings et de débats intenses. Ainsi, on a vu une assemblée de la gauche locale attirer 1000 personnes pour discuter de la prochaine étape dans la lutte.

    Nous avons mis en avant la revendication d’une grève générale de 48 heures liée à l’établissement d’assemblées partout dans le pays afin de lutter pour faire tomber le gouvernement. Il faut un front uni de la gauche avec les mouvements sociaux, autour des mots d’ordre « Non à l’Europe des patrons », « Nationalisation des moyens de production », et « Droit à l’auto-détermination » pour les Catalans et les autres nationalités qui le demanderaient.

    Notre camarade Eric du Parti Socialiste de Lutte (PSL, CIO-Belgique) a souligné la férocité sans précédent des attaques qui sont perpétrées sur leurs travailleurs par les capitalistes belges. La Belgique est restée sans gouvernement officiel pendant 540 jours, parce que la classe dirigeante était perdue en palabres quant à la meilleure façon d’avancer dans un contexte d’antagonismes nationaux croissants. Ni la majorité de la classe dirigeante, ni la classe ouvrière ne désirait la scission de la Belgique, mais dans une période de crise, les divisions peuvent devenir plus aigües entre la Flandre et la Wallonie.

    Mais inévitablement, vu le manque d’une alternative socialiste large à portée des masses, il y a aussi la montée de sentiments nationalistes anti-européens.

    En Europe méridionale, même si la troïka (FMI, Commission européenne et Banque centrale européenne) est absolument détestée, on voit que même en Grèce, les travailleurs sont très prudents et craignent de demander la sortie de l’UE, car ils ont peur de ce que pourrait représenter l’alternative.

    Notre camarade Sacha, de notre section allemande, a fait remarquer que le point de départ devrait être une lutte pan-européenne contre l’austérité. Nous avons vu le 14 novembre 2012 la première occasion d’organiser une grève générale pan-européenne de 24 h dans plusieurs pays à l’occasion d’une journée d’action européenne de la Confédération Européenne des Syndicats (CES), mais cela n’a pas été saisi.

    Un système en perdition

    Cette crise n’est pas seulement celle de la monnaie européenne, mais du système tout entier. Aucune politique économique alternative de type keynésienne (dépenser l’argent de l’État en grands travaux pour relancer la croissance) ne pourra reboucher complètement les failles fondamentales qui se sont ouvertes de manière si visible au cours des quelques dernières années.

    Nous avons compris dès le départ que le projet de la monnaie euro n’était pas tenable. Ce n’est que grâce à la phase de croissance qui a duré jusqu’en 2007 que son échec a pu être reporté. Mais à présent, nous voyons devant nos yeux se dérouler une réaction en chaine au ralenti qui va à un certain moment faire éclater la zone euro.

    Déjà, ce processus est très visible à Chypre où, à la suite de la crise bancaire, l’imposition du contrôle des capitaux par les capitalistes est contraire aux règlements de l’UE, mais est justifiée par la gravité exceptionnelle de la situation. L’économie chypriote est une catastrophe, et on s’attend à ce qu’elle se contracte d’un chiffre record – -25 % l’an prochain.

    Le Portugal est au bord d’une deuxième demande de renflouement, tandis que les bureaucrates européens à Bruxelles ne parviennent pas à dormir à cause de leurs cauchemars de la faillite de l’Espagne ou de l’Italie, dont les dettes collectives s’élèvent à plus de 3000 milliards d’euros – soit six fois plus que l’argent disponible dans le fonds de secours européen.

    Tout est en train d’être fait pour éviter une autre crise avant les élections générales en Allemagne du 22 septembre. Mais les problèmes s’accumulent et deviennent de plus en plus graves. Les dettes souveraines italiennes sont de plus en plus considérées comme n’ayant aucune valeur ; une autre très grande source d’inquiétude est l’état de zombie de nombreuses banques, qui sont sur perfusion dans tous les pays, même en Allemagne et en Autriche.

    La classe ouvrière n’accepte pas l’austérité de manière passive

    Une véritable union bancaire européenne ne peut être obtenue sous le capitalisme, et bien que nous ne puissions prédire les délais exacts, et que le processus de décomposition de l’Union européenne pourrait tirer en longueur, il est clair que de nouvelles crises peuvent faire irruption à tout moment, jusqu’à devenir si grandes dans le futur qu’elles seront impossibles à contenir.

    Ce qui est clair, est que la classe ouvrière ne va pas accepter passivement la misère qui est en train de lui être imposée.

    Dans chaque pays, les dirigeants syndicaux freinent la lutte. Il refusent encore, à cette étape, malgré l’énorme pression, d’appeler à des grèves générales de 24 heures en Espagne et au Royaume-Uni. Au Royaume-Uni, le Rassemblement syndical (TUC) “discute” de cette question depuis déjà onze mois, alors qu’en France les syndicats ont finalement cédé et annoncé une journée d’actions début septembre.

    Notre camarade Faustine, de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France), a souligné l’impressionnante impopularité de Hollande. Alors qu’il avait été élu dans l’enthousiasme après les années brutales de Sarkozy, il est à présent le président le moins populaire de toute l’histoire de la cinquième république, moins populaire même que Sarkozy ! Leila, également de France, a ajouté que chaque jour, 6 grèves sont déclarées dans ce pays, en réaction au fait que le pouvoir d’achat des travailleurs a été repoussé à son niveau de 1984.

    Ce n’est que par le développement des mouvements à partir de la base et avec une pression croissance de la part de la classe ouvrière que les syndicats seront forcés à organiser des actions. Nous jouons à ce titre un rôle très important au Royaume-Uni via le NSSN, Réseau national des délégués syndicaux (National Shop Steward Network).

    Même certains dirigeants syndicaux de gauche affichent leurs hésitations vis-à-vis de telle ou telle question. Le capitalisme exerce une incroyable pression sur eux afin de les contraindre à agir de manière “responsable” ; mais au bout du compte, ils peuvent être – et le seront – contraints par la pression de la classe ouvrière à appeler à des actions.

    Des conflits généralisés

    En outre, dans une telle période de remous sociaux, chaque lutte syndicale a le potentiel de déborder en un conflit plus généralisé, contre le système lui-même.

    En Grèce, dix-sept des syndicats les plus combatifs se sont unis pour forger un programme de lutte. En particulier le syndicat de l’électricité a articulé toute une série de revendications que nous soutenons pleinement. Mais en cette période, ce qui est décisif n’est pas un programme bien rédigé, mais l’action.

    Ce blocage ne peut être contenu pour toujours. La lutte magnifique des travailleurs afin de contrer la fermeture de la radio-télévision nationale grecque, ERT, montre comment des mouvements peuvent et vont se développer à partir de la base, malgré le fait que les travailleurs semblent de prime abord pieds et poings liés.

    En Irlande, la campagne contre la taxe des ménages (la Houshold Tax) est devenue un phare au milieu de toute la frustration accumulée contre l’austérité. L’imposition de la brutale taxe sur le nombre de chambres au Royaume-Uni (la Bedroom Tax) peut être perçu comme un catalyseur similaire pour une lutte industrielle et sociale plus large.

    Le mouvement contre les expulsions de domicile en Espagne a jusqu’à présent obtenu plus de 1000 victoires. Lorsque ce mouvement a débuté, on a vu une réponse hystérique dans les médias qui qualifiaient les manifestants de “nazis” ou de “terroristes”. Pourtant, 89 % de la population soutiennent le mouvement, plus que la cote de popularité de tous les politiciens pris ensemble!

    La haine envers les partis politiques est une expression de la conscience anticapitaliste grandissante parmi les travailleurs, bien que cela ne se traduise pas encore en un soutien conscient au socialisme. Cette tendance est sans doute la plus grande en Espagne, mais elle est en réalité un phénomène qui se produit à l’échelle continentale.

    Le cynisme vis-à-vis des politiciens corrompus et ne prêchant que l’austérité est une phase inévitable du développement de la conscience – on peut comparer ça à la coquille d’œuf qui abrite le poussin de la conscience révolutionnaire future. Nous devons comprendre ce processus et intervenir de manière adéquate et délicate en luttant pour une représentation politique indépendante de la classe ouvrière.

    Les forces populistes

    Au même moment, le vide politique peut être en partie rempli par toutes sortes de forces populistes particulières, de gauche comme de droite. En Italie, le très instable Mouvement 5 étoiles a paru surgir de nulle part, mais malgré une légère baisse de soutien depuis les dernières élections, lors desquelles son succès a complètement abasourdi la classe dirigeante, il bénéficie toujours de 18-20 % dans les sondages.

    En Belgique, le Parti du Travail de Belgique (PTB), ex-maoïste, a lui aussi tiré profit de ce processus. Au Royaume-Uni, le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), populiste de droite et nationaliste, a obtenu un score impressionnant lors des dernières élections municipales, sur base d’une campagne anti-UE, anti-immigrés.

    Il est tout à fait possible que le UKIP devienne le plus grand parti du pays (en termes de vote) au Royaume-Uni lors des élections européennes de l’année prochaine, et même qu’il se consolide en même temps que des partis tels que le Front national français ou le de la Liberté autrichien (FPÖ). Cette perspective est loin d’être certaine cependant, et dans tous ces pays, l’établissement d’un véritable parti des travailleurs peut mettre un terme à ce processus de développement de la droite populiste ou radicale.

    On voit un exemple de cela au Portugal, où le Parti communiste et le Bloc de gauche bénéficient ensemble d’un soutien de plus de 20 % dans les sondages. S’ils avaient bien voulu former un “Front uni”, comme les militant du CIO le réclament depuis longtemps, ils auraient pu proposer une véritable alternative, ensemble avec les mouvements sociaux. Ils auraient pu attirer des millions de personnes en plus avec une bannière qui aurait proclamé la prise du pouvoir et non pas simplement plus de manifestations.

    Leur échec a cependant mené à une légère reprise électorale pour le Parti socialiste, qui est maintenant de plus en plus perçu comme une alternative viable au gouvernement de droite (alors que ce parti avait été chassé du pouvoir après sa déculottée électorale magistrale d’il y a deux ans à peine, pour avoir appliqué la même politique que celle qui est en ce moment appliquée par la droite officielle).

    Le virage à droite de Syriza

    En Grèce, la question de ce que la gauche doit faire s’est posée de manière très vivante. L’appel initial de Syriza à former un gouvernement de gauche a vu son soutien croitre de manière exponentielle. Mais l’abandon de la promesse de nationalisations à grande échelle, et le refus de Syriza de soutenir le préavis de grève des enseignants (alors que 90 % avaient voté pour l’action), ont désorienté ses anciens sympathisants, et en ont même dégouté plus d’un.

    À présent une nouvelle constitution a été imposée à Syriza, créant un parti “unifié” qui interdit la double appartenance politique (alors que Syriza était au départ une coalition de différentes forces politiques) et qui rend le parti plus “sûr” pour le capitalisme. Bien que le scepticisme soit largement répandu par rapport à Syriza, notre camarade Andros, de Grèce, a expliqué comment nous utilisons notre position en tant que force indépendante pour intervenir dans diverses luttes sociales et industrielles, y compris avec la construction des comités antifascistes. Au même moment, nous cherchons à construire l’“Initiative des 1000” – lancée par les forces de gauche hors et dans Syriza – et à travailler de manière de plus en plus étroite avec ceux qui, à gauche, gravitent autour de la nécessité d’un programme de transition qui appelle à un “front uni” des partis des travailleurs, à un gouvernement de la gauche et à une politique socialiste.

    Un grand pas en avant en Espagne, et un indice du fait que les travailleurs sont prêts à soutenir des formations de gauche qui mettent en avant ne serait-ce qu’une embauche de programme de lutte, est la résurgence de Gauche unie (Izquierda Unida, IU) qui reçoit maintenant 16-17 % de soutien dans les sondages. IU appelle à la démission du gouvernement et a maintenant changé sa position par rapport à la Catalogne – alors qu’elle était opposée à l’auto-détermination, elle soutient à présent le droit des Catalans à décider eux-mêmes de leur situation nationale.

    Mais le processus ne se déroule pas de manière linéaire : certaines sections de la direction d’IU ont leurs yeux sur une éventuelle coalition avec le Parti socialiste, comme c’est d’ailleurs déjà le cas dans la région d’Andalousie. Cependant, du fait que IU est un parti fluide qui est toujours susceptible de subir une pression de sa base, il n’est pas prédéterminé à suivre un virage à droite qui aura un succès immédiat.

    Les marxistes doivent chercher à organiser les forces les plus larges possibles à gauche, y compris les mouvements sociaux et ceux qui se trouvent au sein de IU et qui opposent le “coalitionnisme” avec les forces pro-austérité telles que le Parti socialiste.

    En même temps, ici comme partout ailleurs, nous devons développer un noyau marxiste qui puisse servir de colonne vertébrale pour la gauche.

    Les attaques du Labour britannique sur le syndicat Unite

    De nouvelles possibilités s’ouvrent au Royaume-Uni dans la lutte pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs. L’attaque sur le syndicat Unite par la direction du Labour (parti travailliste) menée par Ed Miliband – après que Unite ait demandé au parti de rendre plus de compte au syndicat en cherchant à ce que des membres du syndicat soient sélectionnés en tant que candidats pour les élections nationales – illustre pleinement la futilité de toute tentative de “réformer” le Labour.

    Miliband a appelé la police pour qu’elle mène une enquête sur le comportement de Unite (la police a répondu qu’il n’y avait pas la moindre raison d’entamer pareille enquête), et a commencé à mener campagne pour supprimer tout lien entre son parti et les syndicats. Cela a fait scandale parmi les syndicalistes. Certains dirigeants syndicaux de droite vont maintenant jusqu’à soulever la question de savoir comment leurs membres pourront encore accepter de cotiser pour leur carte de parti au Labour.

    La section Unite de la région Nord-Ouest a maintenant, à la suite d’une initiative de la part de nos camarades, appelé le syndicat à se désaffilier du Labour – un pas en apparence petit mais potentiellement historique en vue de la formation d’un nouveau parti des travailleurs, travail déjà débuté par nos membres en collaboration avec le syndicat du rail RMT, qui a mené à la création de la Coalition syndicale et socialiste (TUSC).

    Une crise prolongée

    C’est Tony Saunois, dirigeant du Secrétariat international du CIO, qui a conclu la discussion. Cette crise est d’une nature prolongée, et cela est essentiellement le résultat de la capitulation des anciens partis ouvriers face au marché, ce qui a laissé la classe ouvrière dépourvue d’organisations politiques combatives.

    À ce stade, le rythme des évènements est différent dans le nord ou dans le sud de l’Europe. Bien que la classe dirigeante fera tout pour surmonter la crise, et pourrait même bénéficier de périodes de pause temporaire dans la lutte de classe, ces pauses ne seront que de brève durée et ne seront pas basées sur la moindre reprise réelle, ni sur aucune fondation solide.

    Des millions de vies ont été brisées partout en Europe au cours des cinq dernières années. Étant donné la gravité de la crise, les travailleurs ont été frustrés du fait que les évènements ne se soient pas développés plus rapidement. Cela vient avant tout des trahisons historiques des soi-disant dirigeants officiels du mouvement ouvrier, dans tous les pays. Aucun nouveau parti de masse de la classe ouvrière n’est né depuis, ou n’a paru capable de s’opposer à l’austérité néolibérale tout en articulant un programme socialiste qui montre la voie hors de cette crise étouffante.

    Mais la capacité de la classe ouvrière à lutter, à tirer derrière elle la classe moyenne et les légions de jeunes désœuvrés et d’autres, a été démontrée sans que ne subsiste le moindre doute à cet égard – et particulièrement en Grèce, où on a cherché à repousser les forces du néolibéralisme avec une grève générale après l’autre.

    La montée de l’extrême-droite, et même l’émergence d’organisations ouvertement néo-fascistes en tant que menaces réelles dans des pays comme la Hongrie ou la Grèce, devrait nous rappeler que dans les périodes de crise massive, les graines de la contre-révolution peuvent germer dès le moment où le mouvement ouvrier ne parvient pas à offrir une alternative.

    Aube dorée est l’expression du désespoir. Bien que son noyau soit bel et bien néofasciste, de nombreuses autres personnes peuvent être tirées hors de ses rangs ou dissuadées d’y entrer pour peu que nous parvenions à offrir une alternative socialiste à la Grèce.

    Des leçons sont tirées

    Des leçons profondes sont en train d’être emmagasinées par les travailleurs et les jeunes, au fur et à mesure que sous la surface, la conscience change. D’importants nombres de travailleurs commencent à comprendre le fait que le capitalisme ne peut mener qu’à l’austérité, et que par conséquent un changement fondamental est nécessaire dans la manière dont la société elle-même est organisée – une transformation socialiste.

    Nous devons nous préparer pour ces développements explosifs qui aujourd’hui semblent être encore loin de la surface, mais qui demain feront irruption partout à la fois. Nous devons nous apprêter pour de nouvelles vagues de lutte de masse, y compris des grèves et sans doute des occupations d’usines et d’entreprises.

    Nous pouvons contribuer à pousser l’histoire pour qu’elle aille plus vite. Notre tâche est d’accélérer ce développement moléculaire grâce à nos interventions dans tous les pays. Nous devons habilement développer notre programme, nos tactiques et nos revendications, afin d’atteindre la classe ouvrière qui a démontré à de nombreuses reprises déjà sa volonté de lutte.

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