Tag: Tunisie

  • Egypte : Le régime de Mubarak ébranlé par les plus fortes manifestations depuis 30 années

    “La Tunisie est la solution”

    Ces manifestations ont pris place le 25 janvier, le Jour de la Police, un jour férié national commémorant la lutte de la police d’Ismailia contre l’occupation britannique en 1952. Aujourd’hui, les forces de police de Mubarak sont directement à l’opposé d’un mouvement de libération! Elles sont utilisées pour réprimer violemment les travailleurs et les jeunes qui veulent manifester leur colère contre une élite corrompue et fabuleusement richissime.

    David Johnson, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galles)

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    Plus d’infos:

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    Ceux qui ont appelé à manifesté ont directement été inspirés par le magnifique mouvement des masses tunisiennes. On retrouve parmi ces initiateurs le ‘Mouvement de jeunes du 6 avril’ et le groupe facebook ‘Nous sommes tous des Khaled Saeid’, du nom du jeune qui a été tué par la police à Alexandrie en 2010 après avoir dénoncé la corruption qui y règne.

    On estime à 15.000 le nombre de personnes qui ont pris part aux mobilisations dans la capitale, Le Caire, avec des départs de différents endroits de la ville convergeant vers la place Tahrir. Des centaines de manifestants ont brisé les cordons de sécurité et ont été rejoints par des passants, y compris des familles avec leurs enfants. Sur les banderoles, on pouvait notamment lire en plusieurs endroits “La Tunisie est la solution”. D’autres appelaient à la chute du régime égyptien et à la démission du Premier Ministre. Des affiches montrant Hosni Mubarak et son fils détesté, Gamal, ont été arrachées avec colère.

    Dans un premier temps, la police ne semblait pas trop savoir comment répondre à un tel nombre de protestataires, dépassant très largement les quelques centaines qui participent habituellement à ce genre de mobilisation. Par la suite, ils ont recouru à des cannons à eaux ainsi qu’à des gaz lacrymogènes contre les manifestants, ces derniers chargeant une autopompe et ouvrant la porte du conducteur pour le tirer hors du véhicule. La jeunesse s’est montrée particulièrement brave dans les confrontations avec la police, tenant leurs positions et repoussant la police et de nombreuses occasions.

    Des rapports ont également fait état de luttes entre manifestants et forces de police du district du Caire de Mattariya. Quelques 15.000 manifestants ont occupé les rues de Kafr El-Sheikh, dans le nord du pays, 2.000 à al-Mahalla al-Kubra (où une grande grève s’était déroulée en 2006). Plus de manifestants étaient présents à Alexandrie, Dar El-Salam, Boulaq, Maadi, Ard El-Lewa et Imbaba. Au Sinai, la route vers l’aéroport de Al-Goura à Rafah, ainsi que la route de Al-Mahdiya, ont été bloquées avec des voitures et des pneus enflammés. A Suez, deux manifestants ont été tués par la police.

    De précédentes protestations initiées par Facebook et des groupes de jeunes le 6 avril 2009 et 2010 avaient reçu des réponses mixtes. La police a habituellement réussi à protéger les centres-villes et à empêcher de grands rassemblements. Les protestations au Caire ne durent habituellement qu’une heure, mais elles se sont poursuivies tard dans la nuit ce 25 janvier, jusqu’à ce que la place soit finalement vidée par la police. Des sites comme Twitter et Bambuser ont été bloqués pour éviter tout partage d’information ou de vidéo.

    Opposition

    Quelques partis d’opposition ont soutenu l’appel à manifester – les nasséristes, Ayman Nour’s al-Ghad et al-Karama. D’autre, al-Wafd et al-Tagammu, les ex-partis ouvriers, ne l’ont pas fait. Le plus grand groupe d’opposition, les Frères Musulmans, sont apparus très confus sur cette question de soutenir ou non le mouvement. Ses dirigeants ont hésité jusqu’au jour même tandis que les jeunes membres créaient des pages Facebook en soutien des protestations. Un porte parole des Frères Musulmans a déclaré : “Les protestation de la place Tahrir sont spontanément apparues, (…) nous n’avons envoyé personne. Le gouvernement sait exactement qui représente ces manifestations. Nous espérons qu’il accèdera aux demandes du peuple."

    L’Eglise Copte (chrétiens d’Egypte) a appelé ses membres à éviter les cortèges de manifestants, trois semaines seulement après que des centaines de chrétiens aient protesté après l’attentat à la bombe d’Alexandrie, et n’ont rencontré que la violence de la police. Un prêtre a déclaré: “La Sainte Bible nous recommande d’obéir à nos Rois et dirigeants; des appels à manifester sont destructifs et nous prions donc pour le salut de l’Egypte.”

    Bien entendu, le gouvernement n’a aucune intention d’aller dans le sens des revendications de manifestants pour plus d’emplois, pour un salaire minimum et pour la fin de la corruption, de la répression et des torture de la police. Il pourra éventuellement faire des concessions dans le feu des protestations de masse, mais comme la Tunisie l’a démontré, chaque concession augmentera la confiance des travailleurs et des jeunes pour aller plus loin dans leurs revendications.

    La détermination des travailleurs et des jeunes contre le régime marque une nouvelle étape en Egypte. Plus jamais le régime de Mubarak ne sera en état de maintenir sa poigne sur le pays par la peur comme il a pu le faire précédemment. Jusqu’ici, la classe ouvrière égyptienne a à peine fléchi un muscle, mais l’atmosphère dans le pays est déjà électrique.

    La tâche la plus urgente actuellement est la formation par les travailleurs de leur propre parti, armé d’un programme socialiste visant à transformer la société. Nous appelons à l’instauration d’un salaire minimum d’au moins 1.200 Livres Egyptiennes (soit l’équivalent de 150 euros); à la garantie pour chacun d’avoir un emploi; au droit de faire grève et de s’organiser dans des syndicats démocratiques et indépendants; à un programme massif de construction de logements, à la garantie de l’accès à l’enseignements et aux soins de santé pour tous, à la fin de la brutalité policière et à des élections libres pour une assemblée constituante démocratique et pour un gouvernement des travailleurs et des travailleurs ruraux. Cela doit être lié à la nationalisation des grandes entreprises, des banques et des grands domaines pour satisfaire les besoins des travailleurs et des pauvres.

    L’étincelle de la révolution tunisienne a donné naissance à une flamme qui maintenant s’étend au monde arabe. Les évènements d’Egypte participant à ce processus, et il en ira ainsi jusqu’à ce que tous ces régimes pourris de la région soient renversés et que les ressources de la région seront utilisées pour mettre un terme à la pauvreté et à la répression de ces masses qui ont déjà souffert si longtemps.

  • Solidarité avec les masses en révolte en Tunisie! Manifestation jusqu’au consulat de Tunisie à Hong Kong

    Ce vendredi 21 janvier, durant l’après midi, des militants ont exprimé leur solidarité avec les travailleurs et les masses opprimées de Tunisie à Hong Kong. Ils ont ainsi montré leur solidarité avec la lutte des masses tunisiennes contre le régime dictatorial du président déchu Ben Ali.

    J. M. Roy, chinaworker.info

    "Le pouvoir aux travailleurs! Non à tous les dictateurs!" ont ainsi crié les manifestants. Le groupe de militant a manifesté du commissariat de police jusqu’au consulat de Tunisie pour y remettre une lettre de protestation et de solidarité avec la révolte de masse en Tunisie contre le régime du RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique). Cette marche avait été organisée par Socialist Action – Hong Kong (section du CIO à Hong Kong) et par le célèbre militant Leung Kwok Hung, de la Ligue des sociaux-démocrates. Ce dernier est surnommé ”Cheveux longs” depuis qu’il a décidé de ne pas se couper les cheveux jusqu’à ce que le régime de Pékin présente ses excuses pour la répression de Tian’anmen en 1989.

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    Sur la Tunisie:

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    "Nous condamnons fermement la réponse brutale du régime et de ses forces de police, ce qui a coûté la vie à 100 personnes" était-il notamment écrit dans la lettre de protestation, signée par Leung et Vincent Kolo, de Socialist Action. La lettre mettait également en garde contre les tentatives d’accords entre représentants du vieux régime et les partis d’opposition pro-capitalistes, tout en appelant les travailleurs et les jeunes de Tunisie à construire des comités de luttes démocratiques et à lutter pour une assemblée constituante révolutionnaire ainsi que pour le contrôle public de l’économie du pays afin de la retirer des griffes de la vieille élite.

    Comme cela a été souligné par les orateurs lors de la manifestation, l’importance de cette lutte ne se limite pas qu’aux rues de Tunis ou des autres villes de Tunisie. Les réactions des classes dirigeantes des autres pays a été très révélatrice. Le gouvernement français a ainsi offert de soutenir la répression du soulèvement dans son ancienne colonie, et le président Sarkozy avait il y a peu félicité le dictateur Ben Ali, se disant ”impressionné par la clarté des analyses du Président Ben Ali,  par son ouverture d’esprit et par sa franchise.” Il ne fait aucun doute que les masses d’Afrique du Nord et de France ne se souviendront que trop bien de la manière dont le gouvernement capitaliste français traite les peuples qui osent se soulever contre la tyrannie. Les dirigeants d’Égypte et de Libye ont également été rapides pour condamner les luttes du peuple tunisien et ils ont directement pris des mesures pour prévenir de tels mouvements de la part de leurs propres masses opprimées. Dans le même but, les gouvernements du Maroc et de Jordanie ont abaissé les prix de l’alimentation pour essayer d’ainsi apaiser les masses.

    Les évènements de Tunisie sont aussi riches de leçons pour les masses en Chine et à Hong Kong, avec leur propre forme de régime dictatorial. Les dictateurs arabes ne sont pas les seuls à suivre avec effroi les nouvelles de Tunis…

  • [PHOTOS] Deux actions à Bruxelles: Solidarité avec le soulèvement en Tunisie et contre les prisonniers d’opinion au Maroc.

    Deux actions concernant la situation au Maghreb se sont déroulées à Bruxelles samedi dernier, avec la présence du PSL. L’une a eu lieu devant l’ambassade du Maroc afin de réclamer la libération de Chakib Elkhayari, de l’association du rif pour les droits de l’homme, ainsi que pour revendiquer la libération de tous les prisonniers d’opinion. Les participants ont ensuite rejoins l’action de soutien au peuple tunisien, au rond point Schuman. La centaine de manifestants y a scandé des slogans comme "RCD dégage!" ou encore "liberté pour la Tunisie et tout le Maghreb!".

    Par Boris (Bruxelles)

    Libération des prisonneirs d’opinion au Maroc!

    Solidarité avec le soulèvement de masse en Tunisie!

  • Conférence-débat : “Le mouvement ouvrier : hier, aujourd’hui et… demain”

    Ce vendredi soir s’est déroulé à Courcelles un débat fort intéressant consacré aux luttes qui se développent face à la crise du capitalisme et à celles à venir en Belgique. Les orateurs étaient Gustave Dache, témoin et militant de la grève générale de l’hiver 60-61 (que l’on ne présentera plus aux habitués de ce site…) et Sandro Baguet, du Parti Communiste. Le débat était présidé par Laurent D’Altoé, coordinateur des Activités d’éducation permanente de la FGTB, et a pu compter sur la présence de plusieurs syndicalistes.

    Il s’agissait de la clôture d’une exposition consacrée à la grève générale de 60-61 organisée par les ASBL Progrès et Culture et Cenforsoc. A l’inauguration, le 14 janvier, avait déjà pris place la projection d’un DVD de témoignages de militants syndicaux de l’époque, sous la présidence de Robert Tangre, président du Progrès et conseiller communal à Courcelles, membre du Parti Communiste et tête de liste du Front des Gauches pour le Sénat lors des élections de 2010. Le 18 avait aussi eu lieu la projection du film "Il y a 50 ans: la grève" , avec encore une fois un débat, présidé cette fois-là par Thierry Van Loo, documentaliste de Cenforsoc.

    Toutes ces personnes étaient encore là pour la clôture, et le débat a vraiment été la conclusion de cette semaine de commémoration. La tonalité de cette dernière discussion était partagée entre impatience, voire pessimisme, au sujet du ‘‘calme social belge’’ et enthousiasme face aux luttes qui commencent à se développer à travers le globe face à la crise. Les différents échanges et interventions (durant plus de 2h30) ont permis d’aborder en profondeur les luttes récentes (les deux journées de grève générale de 2005 contre le Pacte des Générations, le mouvement pour plus de pouvoir d’achat en 2008,…) et divers conflits (à La Poste, à la SNCB,…) pour en tirer les leçons. L’absence de réelle volonté de lutte de la part des directions syndicales, l’absence de tout plan d’action, a clairement été pointée du doigt. Mais il a aussi beaucoup été question des changements qui s’opèrent sous la surface de la société et qui peuvent à tout moment surgir, comme cela a parfaitement été illustré par la révolte des masses en Tunisie.

  • Les tâches urgentes de la révolution tunisienne

    L’insurrection populaire de masse a forcé Ben Ali à quitter le pays

    La Tunisie d’aujourd’hui n’est pas le même pays que celui qu’elle était il y a à peine un mois. Le puissant mouvement de révolte des masses tunisiennes a balayé le dictateur, le Président Ben Ali, à la vitesse d’une tornade, preuve s’il en fallait de la rage qui s’est accumulée après des décennies de règne autoritaire. La peur de parler de politique, même en privé, a été remplacée par un gigantesque processus de bouillonnement politique ; nous assistons au début d’une révolution. Comme ils paraissent loin, les jours de la dictature “incontestée” de Ben Ali !

    Par Chahid Gashir, CIO

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    Pour en savoir plus:

    • Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes !
    • Révolte sans précédent en Tunisie – A bas le régime de Ben Ali !
    • Tunisie: Message de solidarité de Joe Higgins, député européen du CIO
    • Algérie: Arcelor Mittal connaît sa seconde grève à durée indéterminée de l’année! Juin 2010
    • Algérie : Révolte de masse et actions de grève continuent de secouer le pays Avril 2010
    • COURRIER des lecteurs: Elections en Tunisie – Quels enjeux et perspectives? Septembre 2009

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    La Tunisie qui, pendant des années, était louée par les analystes capitalistes et les pays impérialistes en tant que régime le plus stable de la région, décrit comme un “modèle de développement économique” il y a à peine un mois par le chef du FMI Dominique Strauss-Kahn, est maintenant parcourue de fissures. Ce paradis touristique, avec ses merveilleuses plages méditerranéennes, a révélé son vrai visage, et la violence utilisée pour écraser la véritable révolte de masse a montré le vrai caractère d’un des régimes les plus répressifs de la région.

    Le mouvement révolutionnaire qui s’est développé au cours du dernier mois en Tunisie est d’une importance historique pour les masses de l’ensemble du monde arabe et d’ailleurs. Au moment où dans la plupart des pays du monde on applique des politiques d’austérité et le cours des denrées alimentaires ne cesse de monter, affectant tout le monde, la Tunisie pourrait devenir un exemple à suivre pour les travailleurs et les jeunes du monde entier. Ce mouvement est le plus grand bouleversement qui ait ébranlé la dictature tunisienne au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, et sans doute le plus grand bouleversement de toute l’histoire du pays.

    Chacune des tentatives successives de Ben Ali dans le but de calmer la situation a lamentablement échoué. Le clan dirigeant de Ben Ali a définitivement perdu toute sorte de soutien populaire. Après avoir dissous le gouvernement tout entier, annoncé de nouvelles élections législatives dans les six mois, et décrété l’état d’urgence, le Président haï a fini par fuir le pays, tandis que les opposants étaient en train de déchirer en riant ses nombreux immenses portraits qui ornaient les façades de la capitale.

    Des ondes de choc dans toute la région

    La lutte épique des travailleurs et de la jeunesse tunisienne a créé une vague de panique parmi les régimes voisins, de même que parmi les gouvernements de leurs alliés occidentaux en Europe et aux États-Unis.

    Les commentaires du Président américain Barack Obama, qui applaudissait le « courage et la dignité du peuple tunisien », vont certainement laisser un gout amer aux nombreux Tunisiens qui ont combattu sans relâche leur gouvernement, celui-ci étant soutenu par les États-Unis. Obama ne fait bien entendu que célébrer un fait déjà accompli, dans l’espoir qu’il trouvera une conclusion pro-impérialiste. Lui et ses cohortes n’ont jamais pris aucune initiative pour critiquer les régimes amis ou vassaux ; c’est ainsi que Washington n’a pas dit le moindre mot au sujet du trucage flagrant des élections en Égypte à la fin de l’année passée.

    De la même manière, la réponse muette du gouvernement français quant aux protestations et à la répression dans son ancienne colonie nord-africaine a suscité un tollé parmi sa forte communauté maghrébine. La déclaration de la Ministre française des affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui proposait la coopération de la France avec le gouvernement tunisien afin de “rétablir la sécurité” – allant même jusqu’à souligner l’expérience et l’expertise de l’État français dans ce domaine – a une fois de plus révélé le véritable caractère de la politique extérieure française et l’embarrassement de sa classe dirigeante, qui perçoit une menace à ses investissements dans un de ses avants-postes dans la région.

    L’insurrection tunisienne a ouvert un nouveau chapitre de développements révolutionnaires dans le monde arabe, qui pourrait rapidement provoquer un effet domino à l’encontre des régimes dictatoriaux voisins. D’ailleurs comme par hasard, les gouvernements de Jordanie, du Maroc, d’Algérie et de Lybie ont tous mis en place au cours des dernières semaines des mesures pour diminuer les prix des denrées alimentaires, de peur de voir des développements similaires se produire dans leurs propres pays. « Chaque dirigeant arabe tourne vers la Tunisie son regard rempli de peur, tandis que chaque citoyen arabe se tourne vers la Tunisie rempli d’espoir et de solidarité », twittait un commentateur égyptien cité par le Guardian de Londres le 15 janvier.

    La révolte a commencé dans la petite ville de Sidi Bouzid à la mi-décembre pour se répandre comme un feu de brousse à l’ensemble du pays, et est allée bien plus loin que de simples revendications contre le chômage. Elle n’a montré aucun signe d’épuisement malgré tous les zigzags et toutes les manœuvres désespérées du régime Ben Ali dans sa lutte pour la survie. Le cycle de répression barbare opéré par la police sur ordre de la clique au pouvoir a selon les organisations des droits de l’Homme causé la morte de plus de 70 citoyens. Il a été rapporté que la police a tiré à balles réelles sur les cortèges funèbres en mémoire aux manifestants tués lors des jours précédents ; ceci montre bien jusqu’où était prêt à aller le régime afin de préserver son emprise sur le pouvoir. Une telle débauche de violence est typique d’un régime aux abois et dont la survie même est en danger ; cependant, cette violence n’a fait qu’encore plus enflammer la colère des travailleurs et des jeunes. La Tunisie n’est d’ailleurs pas un cas isolé à cet égard : c’est le cas dans de nombreuses parties du monde, où les actions de solidarité et les appels à la fin de la répression n’ont fait que croitre au cours de la dernière période.

    Les masses tunisiennes, ayant perdu toute crainte du régime de plus en plus isolé, se sont soulevées dans chaque recoin du pays. La capitale Tunis, le cœur économique du pays qui avait été épargnée lors des premières semaines du mouvement qui avait éclaté dans les provinces pauvres du centre et du sud du pays, a été atteinte de manière décisive par le mouvement à partir du mardi 11 . « On n’a pas peur, on n’a pas peur ! » clamaient ce jour-là les centaines de jeunes qui se soulevaient et attaquaient les bâtiments administratifs à Ettadem, un quartier pauvre de Tunis. En guise de réponse, le gouvernement a ordonné l’imposition d’un couvre-feu illimité de 20h à 5h30 du matin dans toute la capitale et a dans un premier temps déployé le soir même dans toute la ville des unités militaires accompagnés de véhicules blindés. Mais ces mesures se sont en général révélées inefficaces : des milliers de manifestants les ont courageusement défiées dès le premier soir. La peur a changé de camp, passant du côté de l’élite dirigeante.

    Les failles dans le camp du pouvoir

    Ces derniers jours, certains ministres et ex-ministres, ainsi que d’autres politiciens membres du parti présidentiel, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), ont exprimé de plus en plus de critiques publiques à l’encontre de Ben Ali et sur la manière dont il avait répondu aux protestations ; ces divisions au sein du camp du pouvoir étaient le reflet de la pression qui venait d’en-bas. Certaines personnalités du régime cherchaient par-là à se positionner pour la période de l’“après Ben Ali” en misant sur le mouvement de masse. Certaines parties de l’élite dirigeante se sont de plus en plus apprêtées à se débarrasser de Ben Ali afin de préserver leurs propres intérêts, espérant ainsi apaiser la révolte des masses, de la même manière que l’on jette un os à un chien dans l’espoir de le calmer.

    Reflétant ces divisions croissantes, on a également fait état de tensions en train de se développer au sein de l’armée. Le chef de l’armée, le Général Rachid Ammar, a été démis de ses fonctions le dimanche 9 janvier pour avoir refusé de donner l’ordre aux soldats de réprimer les manifestations, et pour son attitude ouvertement critique sur l’usage “excessif” de la force contre les manifestants. De tels prises de position se sont multipliées, notamment parmi les soldats qui ont refusé d’ouvrir le feu sur leurs frères et sœurs de classe et qui dans certaines zones ont fraternisé avec les manifestants et les ont protégés de la police.

    C’est la raison pour laquelle l’armée a été retirée de Tunis jeudi soir pour y être remplacée par la police et d’autres forces de sécurité généralement considérées comme étant plus loyales au régime. Mais même certaines sections de la police ont été affectées par le mouvement de masse. Le New York Times a rapporté l’histoire de deux policiers qui ont dissuadé les manifestants enragés d’attaquer un commissariat à Tunis en leur suggérant d’aller plutôt saccager les luxueues villas de bord de mer de la famille du Président ! Un manifestant a commenté : « Les policiers sont pauvres tout comme nous. Ils ont dit, “Allez plutôt à leurs villas s’il vous plait, c’est plus logique” ».

    La révolution doit exploiter ces fissures au sein de l’appareil d’État, afin de renforcer ses propres forces. De fait, malgré le départ de Ben Ali, le vieil appareil d’État avec son immense machine de répression est resté essentiellement intact. En-dehors de l’armée, on estime qu’entre 80 000 et 120 000 personnes on été déployées par l’État tunisien pour assurer le contrôle de la population. Malgré le climat compréhensible d’euphorie qui vit après la fuite de Ben Ali, le processus révolutionnaire ne fait en réalité que commencer, et tous les dangers qui se pointent à l’horizon doivent être affrontés grâce à une politique correcte. Des forces réactionnaires incorrigibles, provenant de l’intérieur comme de l’extérieur de la machine d’État, pourraient tenter d’exploiter l’état de confusion générale afin de reprendre l’initiative, et d’organiser une violence sans merci contre les forces progressistes, les syndicalistes, les jeunes manifestants, etc.

    Pour faire face à une telle situation, un appel de classe doit être adressé aux troupes afin de les gagner à la cause de la révolution ; la création de véritables comités élus de soldats doit faire partie d’un tel processus, afin de purger l’armée des éléments réactionnaires et des personnes qui ont collaboré avec le vieux régime.

    On parle beaucoup de gangs de pillards qui s’attaquent aux habitations et aux magasins, incendiant des bâtiments et attaquant des gens. Il y a énormément de soupçons qui indiquent que ces gangs sont en fait composés de policiers, d’éléments des forces de sécurité et d’anciens criminels engagés par la clique de Ben Ali pour montrer que sans Ben Ali, “le chaos règne”, et pour tenter d’en faire porter la responsabilité aux manifestants pacifiques.

    D’un autre côté, le problème de “la loi et l’ordre” est utilisé par les autorités intérimaires pour tenter de justifier le maintien de l’état d’urgence et de la loi martiale, et pour imposer de grosses restrictions sur les libertés civiles. Ces deux aspects doivent recevoir une réponse par la formation de forces de défense ouvrières armées et gérées démocratiquement afin de protéger les quartiers, les citoyens et les manifestants contre la violence arbitraire, quelle qu’en soit l’origine. Il a été rapporté que des habitants de la cité côtière de Gammarth, dans le Nord, sont en train de s’organiser dans leur quartier pour se protéger contre les milices du régime. De telles initiatives doivent être prises partout, afin de garantir la sécurité contre toutes représailles de la part d’éléments réactionnaires.

    Les zigzags politiques de Ben Ali ne l’ont pas sauvé d’une fin honteuse

    Ben Ali, dans une tentative désespérée de gagner un certain répit, a viré mercredi son Ministre de l’Intérieur, Rafik Belhaj Kacem – le chef de la police tunisienne – en tentant de fournir aux masses un bouc-émissaire. Mais cette manœuvre, comme tous les précédents limogeages de ministres, a à peine satisfait la combativité et le désir de vengeance qui s’étaient développés parmi les masses tunisiennes. Ben Ali a alors plus mis l’accent sur la “carotte” que sur le “bâton”, allant d’une concession à l’autre.

    Son discours télévisé de jeudi soir, dans lequel il promettait de ne pas se représenter aux élections de 2014, ordonnait aux troupes d’arrêter de tirer à balles réelles sur les manifestants, annonçait la fin de la censure d’internet et la liberté totale des médias, plus de “pluralisme politique” et la réduction du prix du pain, du lait et du sucre, représentait un demi-tour complet par rapport à la politique qu’il avait adoptée précédemment. Mais les mesures n’ont pas permis d’arrêter la colère. Cette preuve flagrante de faiblesse de la part du régime n’a fait que renforcé la volonté et la confiance du mouvement, galvanisant le sentiment de ses propres forces, et ouvrant la porte pour que les actions de protestation déferlent dans une direction encore plus radicale. C’est ce qui a été illustré par la manifestation sans précédent de milliers d’opposants qui ont descendu l’avenue Bourguiba vendredi, en criant « Non à Ben Ali, la révolte se poursuit ! », « Ben Ali — assassin ! », « Ben Ali — dehors ! », « Go, go, go… game over ! », exigeant que Ben Ali quitte le pouvoir immédiatement.

    Il était clair que les concessions effectuées par Ben Ali n’étaient que des changements cosmétiques, proposés dans une tentative désespérée du gouvernement d’éviter que la lutte n’aille plus loin et ne menace les fondations même des intérêts capitalistes. De fait, bien que le départ de Ben Ali était devenue une des principales revendications du mouvement, derrière cet appel se trouvait d’instinct remis en question l’ensemble du système sur lequel reposait le pouvoir de Ben Ali, même si cela n’était pas formulé clairement.

    L’emprise étroite de Ben Ali et de sa famille, qui s’est retrouvée aux commandes de pans entiers de la richesse et des activités profitables du pays grâce à un savant mélange de corruption, d’extortion et autres pratiques mafieuses, est devenue le symbole du pouvoir arrogant et corrompu de la riche classe capitaliste tunisienne. « Non, non, aux Trabelsi qui ont pillé le budget ! » était un des slogans les plus populaires, visant Leila Trabelsi, la deuxième femme de Ben Ali, qui possède d’importants parts dans de nombreuses entreprises tunisiennes. « Il semble que la moitié des membres du monde des affaires tunisien possèdent une connection avec Ben Ali grâce à un mariage, et on dit que ce sont ces relations qui ont le plus contribué à leur fortune », écrivait un ambassadeur américain dans un des câbles diplomatiques publiés récemment par WikiLeaks. Il semble que certains membres de la famille de Ben Ali avaient déjà quitté le pays jeudi par peur des conséquences du mouvement révolutionnaire. C’était le cas par exemple de Mohamed Sakher El Materi, le beau-fils milliardaire de Ben Ali, qui s’était réfugié dans sa villa de luxe à Montréal au Québec.

    Quelles perspectives pour le mouvement ?

    La chute de Ben Ali est maintenant acquise mais, malheureusement, il n’y a jusqu’ici aucune force ouvrière indépendante capable de donner une direction à cette explosion spontanée pour indiquer l’étape suivante, et pour prendre des initiatives afin de faire triompher une révolution politique et sociale qui pourrait radicalement transformer la société tunisenne tout entière. Pour accomplir cela, il faut rompre avec le capitalisme et commencer à élaborer un plan de rénovation de la société selon des lignes socialistes, pour satisfaire aux intérêts de la majorité en instaurant une justice sociale, en résolvant le problème du chômage en donnant un emploi décent à tous, et en donnant libre cours aux aspirations longtemps réprimées en faveur de réels droits démocratiques.

    L’absence d’une direction armée d’un programme socialiste clair et capable d’expliquer quelles sont les prochaines étapes nécessaires pour faire progresser le mouvement pourrait avoir comme conséquence un reflux temporaire du mouvement. Le vide politique laisse ouverte la possibilité à toutes sortes de forces de venir exploiter la situation à leur propre avantage. Dans une telle situation, il n’est pas exclu d’assister à un coup d’État militaire justifiant son action par la nécessité d’un “grand nettoyage”. Un tel coup d’État pourrait même bénéficier d’un certain soutien populaire. D’un autre côté, certains dirigeants de l’opposition bourgeoise, qui avaient déjà tenté de qualifier le discours de Ben Ali d’“ouverture” de la part du gouvernement (le principal dirigeant de l’opposition, Najib Chebbi du Parti démocratique progressiste, a qualifié l’allocution présidentielle de « très bonne », tandis que Moustapha Ben Jaafar, le chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés, a dit que le discours de Ben Ali « ouvrait des possibilités »), vont essayer de se mettre en avant et d’utiliser leur écartement de la vie politique pour préserver l’ordre ancien.

    Vendredi soir, après que le Premier Ministre Mohamed Ghannouchi ait déclaré prendre les commandes en tant que dirigeant parce que Ben Ali était « temporairement dans l’incapacité d’accomplir son devoir », il y a eu des rumeurs de protestations continues devant le Ministère de l’Intérieur, appelant à la démission immédiate de Ghannouchi. Par la suite, le Conseil constitutionnel a annoncé que le dirigeant de la chambre basse du Parlement, Fouad Mebazaa, serait le Président intérimaire. La Constitution requiert que de nouvelles élections présidentielles soient organisées dans les 60 jours à partir d’aujourd’hui. Ces gens sont en train de se préparer à poignarder dans le dos la lutte héroïque des masses ! Ghannouchi est un économiste qui a passé l’entièreté de sa carrière politique aux côtés du Président Ben Ali, tandis que Mebazaa fait lui aussi partie de la même élite politique corrompue. Comme l’a fait remarquer Youssef Gaigi, un militant tunisien cité par Al-Jazeera : «Les gens ne savent pas s’ils peuvent faire confiance à ce type, parce qu’il fait lui aussi partie de l’establishment. Il a fait partie du parti politique qui a dirigé la Tunisie pendant ces 23 dernières années, et il était fortement impliqué dans le précédent gouvernement, qui est maintenant appelé une dictature ».

    Les masses n’ont pas dépensé autant d’énergie, fait autant de sacrifices, versé autant de sang pour voir tout bêtement d’autres membres de l’élite dirigeante, étroitement associés à l’ancien régime, prendre la place de Ben Ali. Le premier jour après que le gouvernement Ben Ali se soit enfui, le gouvernement a déployé l’armée, la police et les services de sécurité dans les rues. Que cela serve d’avertissement aux travailleurs, aux chômeurs, aux jeunes et aux masses pauvres des régions urbaines et rurales. Officiellement c’était pour assurer “la loi et l’ordre”, mais tandis que la population laborieuse veut de l’ordre dans sa vie, ce n’est pas le but du gouvernement. “La loi et l’ordre” que désirent les associés de Ben Ali sont celles qui leur permettent de garder le contrôle. C’est pourquoi il est essentiel que la population s’organise et construise des organisations indépendantes de masse capables d’élaborer une stratégie révolutionnaire afin de sortir de l’impasse et d’éviter que la révolution ne soit volée par en-haut.

    Les travailleurs et les jeunes ne devraient accorder aucune confiance à aucune forme de repartage du pouvoir entre ces bandits pillards et meurtriers. Il ne faut pas permettre la persistance de l’appareil répressif de l’ancien régime, ni que le vieux gouvernement puisse rester au pouvoir. En ce qui concerne les appels à un “gouvernement d’unité nationale” – ce qui est de plus en plus suggéré par d’importantes couches des partis d’opposition –, cela n’aurait un sens que s’il s’agit d’un gouvernement d’unité de la classe ouvrière et de tous les opprimés, un gouvernement qui représente véritablement les masses en lutte, désireux de balayer l’ensemble de ceux qui ont participé au et profité du régime de Ben Ali, et qui s’oppose fermement à tout compromis avec l’ensemble des dirigeants capitalistes, qu’il s’agisse d’associés proches de Ben Ali ou pas. Toute autre forme d’“unité” reviendrait à la neutralisation du mouvement révolutionnaire et à ce que ce mouvement soit relégué au rang de force auxiliaire pour remplacer un clan d’oppresseurs par un autre. De vraies élections véritablement démocratiques peuvent être organisées sous le contrôle démocratique des travailleurs ; c’est là la seule manière d’empêcher les tentatives de récupérer la révolution par les partisans de l’ancien régime.

    Dans ce sens, la question de qui contrôle la richesse et les moyens de production du pays est devenue un des enjeux cruciaux auxquels est confronté le mouvement s’il veut résoudre la crise du chômage et de la misère. De fait, tant que les relations économiques demeureront sur une base capitaliste, orientée vers les profits de quelques-uns (qui que soient ces quelques-uns !), aucun changement fondamental et durable ne pourra être effectué dans les conditions de vie de la majorité. Seule la classe ouvrière organisée, en prenant le contrôle des secteurs-clés de l’économie, peut réaliser un tel changement.

    Une partie de la direction de la fédération syndicale UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) partage des relations amicales et de longue date avec la dictature ; par exemple, le secrétaire général de l’UGTT a réitéré son soutien à Ben Ali, seulement quelques jours avant sa chute. Malgré tout ceci, le syndicat a finalement été débordé par l’impact de la vague révolutionnaire sur ses 500 000 affiliés, et a donce été forcé à appeler à l’action. « Loyal au régime depuis la fin des années ’80, l’UGTT a soutenu la réelection du Président Ben Ali en 2009.Toutefois, son rôle depuis le début du mouvement le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid est plutôt différent. De nombreux débats ont tout d’abord été organisés à travers tout le pays dans les bâtiments des sections régionales, qui ont eu pour résultat à la fin de décembre que le secrétaire général de l’UGTT a menacé d’attaque en justice quiconque parmi ces membres participerait à de tels meetings. Le lendemain de Noël, le mouvement, qui reposait sur quelques branches dissidents du syndicat comme la poste ou l’enseignement primaire et secondaire, a graduellement gagné l’ensemble des branches du syndicat » (Mediapart, 12/01/2011).

    Cette semaine, de solides grèves générales de ville ont été organisées à Sfax, à Sousse, à Kasserine, et à Tunis. Dans la capitale, malgré l’appel des dirigeants syndicaux à ne pas manifester pendant la grève générale de deux heures de vendredi, beaucoup de syndicalistes ont défié ces ordres et sont quand même descendus dans les rues. Il est urgent que cette lutte pour balayer l’ancien régime soit étendue et coordonnée, y compris si nécessaire via une grève générale demandant le départ des associés de Ben Ali, les pleins droits démocratiques et un gouvernement des travailleurs et des pauvres. Pour cela, il faut la formation de comités démocratiquement contrôlés, élus par les travailleurs eux-mêmes dans les entreprises et dans les usines. De tels comités d’organisation doivent être mis sur pied dans les quartiers et dans les villages, afin de garantir que la lutte soit partout contrôlée par en-bas, et que chaque organisation politique puisse y défendre son point de vue et ses propositions en termes de suivi du mouvement actuel. De tels comités pourraient ensuite se coordonner les aux autres sur une base locale, régionale, et nationale, afin d’édifier les fondations d’un gouvernement des travailleurs et des pauvres.

    Un tel gouvernement – dans lequel chaque responsable élu ne gagnerait pas plus que le salaire d’un travailleur moyen, et serait soumis au droit de révocation à tout moment – pourrait confisquer les principales entreprises et banques qui sont toujours en ce moment aux mains des dirigeants mafieux, pour les placer sous le contrôle et la gestion démocratiques de la population laborieuse dans son ensemble. On jèterait par-là les bases pour commencer la reconstruction socialiste de la société, basée sur la planification démocratique de l’économie dans l’intérêt de tous. De telles mesures constitueraient un exemple éclatant, inspirant les masses de la région tout entière.

    Le CIO est pour la pleine reconnaissance des droits démocratiques, de la liberté d’expression, de la liberté d’association, de la liberté de presse et pour la fin immédiate de l’état d’urgence. Nous appelons à la libération immédiate de tous les prisonniers politiques en Tunisie et à la constitution de tribunaux ouvriers afin de juger les criminels, les assassins et les bourreaux qui sont toujours en maraude et qui occupent même d’importantes positions dans l’appareil d’État. L’avenir de la Tunisie ne doit pas être déterminé par un accord entre des éléments de l’ancien régime et les dirigeants de l’opposition pro-capitaliste ; au lieu de ça, il faut des élections transparentes et pleinement démocratiques pour une Assemblée constituante révolutionnaire, dans laquelle les représentants des travailleurs et des pauvres pourraient décider de l’avenir du pays.

    Nous appelons à l’organisation d’actions de solidarité avec la lutte tunisienne à l’échelle internationale. Des initiatives peuvent aider à structurer une campagne internationale afin de propager le soutien de manière active pour la révolution tunisienne en cours.

  • [PHOTOS] Actions de solidarité avec l’insurrection tunisienne à Bruxelles

    Hier, des actions de solidarités avec la révolte des masses en Tunisie se sont déroulées à Bruxelles et à Gand. Le mouvement massif de protestation des masses tunisiennes est parvenu à mettre fin au règne du président-dictateur Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. Les récents évènements de Tunisie illustrent le pouvoir de la protestation et mettent brillament en avant la force qui réside dans un mouvement de masse afin de parvenir à des changements. Cela ne suffira toutefois pas pour en finir avec la clique corrompue et éviter qu’elle ne soit simplement échangée contre une autre. Le changement crucial dont il doit être question est un changement beaucoup plus fondamental et nécessite de rompre avec le capitalisme et l’impérialisme.

    Par karim et françois (Bruxelles)


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  • [PHOTOS] Actions de solidarité avec l’insurrection tunisienne à Bruxelles (2)

    Hier, des actions de solidarités avec la révolte des masses en Tunisie se sont déroulées à Bruxelles et à Gand. Le mouvement massif de protestation des masses tunisiennes est parvenu à mettre fin au règne du président-dictateur Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. Les récents évènements de Tunisie illustrent le pouvoir de la protestation et mettent brillament en avant la force qui réside dans un mouvement de masse afin de parvenir à des changements. Cela ne suffira toutefois pas pour en finir avec la clique corrompue et éviter qu’elle ne soit simplement échangée contre une autre. Le changement crucial dont il doit être question est un changement beaucoup plus fondamental et nécessite de rompre avec le capitalisme et l’impérialisme.

    Par Boris (Bruxelles)


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  • Soirée-Débat : Insurrection du peuple Tunisien : Quel impact pour les travailleurs et les jeunes au Maghreb et dans le reste du monde?

    Depuis mi-décembre passé, le peuple tunisien se soulève contre le régime haï de Ben Ali et contre la dégradation de ses conditions de vie. Malgré la répression brutale, le mouvement n’a fait que prendre de l’ampleur tout au long du mois de janvier pour entrainer dans l’action des pans importants de la population et de la classe ouvrière. Hier, le président Bel Ali a été poussé à fuir le pays sous la pression des masses.

    Le Front des Gauches- Bruxelles vous invite à une soirée débat consacrée à ces évènements et à leur impact, qui dépasse très largement le cadre de la seule Tunisie.

    Insurrection du peuple tunisien: Quel impact pour les travailleurs et les jeunes au Maghreb et dans le reste du monde?

    Quand? Ce vendredi 28 janvier, à 19h30

    Où? A l’Espace Marx, 4 rue Rouppe, à Bruxelles (métro Aneessens)


    Pour en savoir plus:

    • Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes !
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    Front des Gauches

    Lors de ces élections du 13 juin 2010, des listes du Front des Gauches étaient présentes sous le slogan: Tous ensemble contre leurs crises. Ces listes unitaires regroupaient le Parti Communiste (PC), le Parti Socialiste de Lutte – Linkse Socialistische Partij (PSL-LSP), la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), le Parti Humaniste (PH), le Comité pour une Autre Politique (CAP) et Vélorution. Au Sénat, le Front des Gauches a récolté 1,15%, soit 28.000 voix. Depuis lors, le Front des Gauches s’est maintenu. Vous trouverez plus d’informations sur notre rubrique consacrée au Front des Gauches ou sur le site du Front des Gauches

  • [PHOTOS] Actions de solidarité avec l’insurrection tunisienne

    Des actions de solidarités avec la révolte des masses en Tunisie se sont déroulées aujourd’hui à Bruxelles et à Gand. Le mouvement massif de protestation des masses tunisiennes est parvenu à mettre fin au règne du président-dictateur Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. Les récents évènements de Tunisie illustrent le pouvoir de la protestation et mettent brillament en avant la force qui réside dans un mouvement de masse afin de parvenir à des changements. Cela ne suffira toutefois pas pour en finir avec la clique corrompue et éviter qu’elle ne soit simplement échangée contre une autre. Le changement crucial dont il doit être question est un changement beaucoup plus fondamental et nécessite de rompre avec le capitalisme et l’impérialisme. Nous publions ici quelques photos de l’action de Gand.

    Jean-Marie Versyp


    • Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes !
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    • COURRIER des lecteurs: Elections en Tunisie – Quels enjeux et perspectives? Septembre 2009

    Ben Ali : Meurtrier

    Pas de peur, pas de morts: Ben Ali dehors!

    Stop au bain de sang en Tunisie

    Ben Ali: Assez!

    La mafia de Tunisie, c’est la famille Trabelsi (du nom de Leïla Trabelsi, le femme de Ben Ali)

  • Maghreb : La révolte Tunisienne s’étend en Algérie – Solidarité avec les masses Tunisiennes et Algériennes !

    Cette nouvelle année a commencé avec une importante vague de révolte qui touche l’Afrique du Nord. Alors qu’en Tunisie, le régime dictatorial de Ben Ali est touché par une importante série de protestations depuis une semaine, l’Algérie a aussi vécue au fil ‘d’émeutes’ populaires. Celles-ci ont principalement impliqué pour le moment des jeunes et ce dans un pays où 75% de la population a moins de 30 ans. Ce soulèvement massif révèle au monde entier l’importance du désespoir et de la rage de cette génération “no future”, et ce dans un contexte aiguisé par les effets de la crise internationale du capitalisme.

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    Pour en savoir plus:

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    Cette vague d’émeutes a débuté dans la banlieue d’Alger mais s’est rapidement étendue à d’autres villes comme Oran, Blida, Bouira, Tizi Ouzou, Dejlfa, Ouargla, Constantine et beaucoup d’autres à travers le pays. La plupart des ces régions n’ont d’ailleurs pas été touchées par des émeutes de cette ampleur depuis plus de deux décennies. Même des figures gouvernementales sont obligées de reconnaitre qu’au moins 24 wilayas (régions) ont été touchées par le mouvement – en d’autres mots, la moitié du pays.

    Jour et nuits, des groupes de jeunes se sont engagés dans des affrontements violents avec la police, bloquant les routes avec des pneus enflammés, et dans certains cas en attaquant des bâtiments publics et tout ce qui peut symboliser l’autorité de l’Etat et l’élite. Même si les émeutes en Algérie sont loin d’être un nouveau phénomène, l’étendue de celles-ci, ainsi que leur extension géographique rapide, leur donnant ainsi un caractère national, pourrait être un signal d’explosions plus importantes dans le futur proche.

    Dans le passé, le régime a été capable de faire passer de telles explosions de colère comme des incidents isolés. Maintenant, il semble qu’une nouvelle brèche s’est ouverte et que beaucoup de travailleurs sont en train de regarder la jeunesse avec sympathie et inspiration, bien qu’en n’approuvant pas toujours leurs méthodes d’actions, spécialement par rapport aux actes de destruction et de violence. Des rapports mentionnent que dans certaines régions, des habitants se sont organisés dans le but de décourager certains jeunes à commettre des actes de vandalisme contre-productifs.

    Un climat de “pre-1988”

    Mais ces actes, portés par une minorité, ne peuvent pas éclipser l’importance significative de ces émeutes. Le site des droits de l’homme, “Algeria watch”, commentait ceci : “Très peu d’Algériens sont contre les mobilisations des jeunes; dans des conversations de rue, la majorité les trouvent légitimes, dans un pays où les autres voies sont bloquées et que les moyens ordinaires d’expression sont absents. Les parallèles avec les évènements d’Octobre 1988 sont souvent soulevés parmi les plus âgés d’entre eux.” Cette année-là, l’énorme crise sociale qui toucha le pays a conduit à une série d’émeutes, manifestations et grèves qui finalement conduisirent à la chute du règne du monolithique parti unique, le FLN. Une répression sanglante de l’armée entraina la mort de centaines de personnes et l’absence d’une force politique indépendante de gauche et ouvrière entraina que la révolte fut ensuite exploitée par les forces islamistes réactionnaires. Le pays plongea alors dans une terrible guerre civile d’une longue décennie.

    Comme la situation actuelle en Tunisie l’illustre très bien, la poigne de fer d’un régime répressif et le manque de droits démocratiques de base, qui a étouffé toute opposition pendant très longtemps, peut, à partir du moment où cette énergie s’exprime, conduire beaucoup plus loin et prendre un tournant extrêmement explosif. Commentant le mouvement et ses possibles perspectives, Mahamed Zitout, un ancien diplomate Algérien, disait sur Al Jazeera: “C’est une révolte, et probablement une révolution d’un peuple opprimé qui a, depuis 50 ans, attendu des logements, des emplois et une vie décente dans un pays très riche.” Bien que ça ne soit pas encore la révolution, les possibilités que le mouvement actuel prenne des dimensions révolutionnaires est clairement présent, et ce dans un pays où les traditions de résistance des opprimés sont ancestrales. L’attitude de la classe ouvrière, qui n’est pas encore rentrée en scène en tant que telle sera décisive sur les futures développements de la lutte.

    La colère accumulée s’est exprimée simultanément dans différentes régions. L’accès à internet et des sites tels que facebook, youtube ou encore twitter ont aidé les manifestants à dépasser les tentatives des médias d’Etat de cacher la réalité de ce qui se déroulait. Comme en Tunisie, la violente répression déployée par le régime (en Tunisie, une cinquantaine de personnes ont été tuées, alors qu’en Algérie, au moins 5 personnes sont décédées) a suscité une colère encore plus grande. Ce n’est pas une surprise de voir le silence et la complicité des gouvernements “démocratiques” européens face à la répression violente et l’assassinat de manifestants. Tout au mieux certains d’entre eux se sont limités à exprimer leur “inquiétude”.

    300 personnes d’origine tunisienne et algérienne se sont rassemblés il y a quelques jours à Marseille pour demander un arrêt immédiat à la répression dans la région. Le CIO demande la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées à cause de leur implication dans les manifestations en Tunisie et en Algérie. Nous encourageons aussi l’organisation d’actions similaires partout où cela est possible.

    Ce n’est pas juste une émeute de la faim

    Ce tsunami d’émeutes n’a pas surgi de nulle part. Déjà depuis des mois, une révolte mûrissait en Algérie. Selon le quotidien, Liberté, une moyenne d’environ 9000 émeutes et ‘troubles’ ont eu lieu chaque mois en 2010. Depuis des mois, des travailleurs de différentes compagnies sont partis en grève les uns après les autres. En mars de l’année passée, nous écrivions à ce sujet: “Grève après grève, manifestation après manifestation, transforment le pays en un chaudron social prêt à exploser à n’importe quel moment.” (voir cet article) Ceci s’est confirmé par les récents évènements. La goutte qui a fait déborder le vase est la récente et dramatique explosion des prix de la nourriture qui ont augmenté de 20 à 30 % depuis le début du mois. Cela est particulièrement le cas pour l’huile, la farine et plus spécialement le sucre, dont le prix a augmenté de 80% dans le courant des trois derniers mois.

    Les augmentations de salaires obtenues dans le secteur public après des années de luttes et de grèves restent dérisoires. Et alors que ces augmentations n’ont pas été appliquées partout, elles sont déjà mangées par la flambée des prix. Dans le secteur privé, la situation est encore pire. Faire ses courses afin de nourrir sa famille est devenu un challenge quotidien; pour le nombre sans cesse croissant de sans emplois, cela est devenu tâche impossible. L’insécurité sociale et la misère grimpante ont convaincu la majorité des Algériens que les mesures publiques de contrôle des prix sont absolument inutiles et laissent la liberté aux spéculateurs et aux monopoles d’augmenter leurs marges de profits sur le dos des plus pauvres, des petits commerçants et des vendeurs de rue. Dans les rues du quartier ouvrier de Bab El-Oued à Alger, qui est devenu le bastion symbolique de la révolte, les gens répètent sans cesse: “50% d’augmentation pour les flics! Et pour nous?” Il est clair que le seul secteur qui a bénéficié récemment d’une augmentation significative de ses salaires a été la police. C’était une tentative consciente de l’Etat d’augmenter la fiabilité de ses forces armées dans la perspective de ‘troubles sociaux’.

    Par peur de perdre contrôle sur la situation, une réunion urgente des ministres le week-end passé a approuvé un nombre de mesures pour réduire le prix du sucre et de l’huile. Mais cela va difficilement être assez pour apaiser la situation, et encore moins la haine énorme envers le régime. En effet, bien que l’augmentation du coût de la vie soit devenue une inquiétude critique et un des éléments décisif de cette révolte, les raisons de la colère sont bien plus profondes. Ce que la jeunesse a exprimé aujourd’hui dans les rues fait partie d’un mécontentement plus général. “La vie chère, pas de logements abordables, chômage, drogues, marginalisation”. C’est ainsi que les habitants d’Oran, la deuxième plus grande ville d’Algérie, résument les raisons de leur révolte.

    Ici comme ailleurs, ce cocktail de facteurs, encadré par un état policier qui musèle quelconque opposition sérieuse et protège la clique de riches gangsters corrompus au pouvoir, constitue le contexte des derniers évènements. Les inégalités sociales entre les pauvres et l’élite dirigeante ont grandi dans des proportions jamais vues depuis l’indépendance. Alors que le PIB Algérien a triplé ces dix dernières années, les revenus gigantesques du pétrole, qui constituent la plus grosse partie de cette croissance, ont seulement servi à remplir les poches et les comptes en banque d’une infime minorité proche de la classe dirigeante alors que la majorité de la population souffre de sous-nutrition, ou même encore de famine. L’augmentation des cas de blanchiment d’argent et la corruption touchant tous les secteurs et à tous les niveaux de pouvoir ont contribué à éclairer aux yeux de tous le détournement continu de la richesse du pays au bénéfice de quelques-uns.

    Selon le journal, El Watan, un jeune manifestant a somptueusement résumé cette situation: “Rien ne nous retiendra cette fois. La vie est devenue trop chère et la famine menace nos familles pendant que des apparatchiks détournent des milliards et d’enrichissent sur notre dos. Nous ne voulons plus de cette vie de chien. Nous demandons notre part de la richesse de ce pays.”

    La jeunesse en détresse

    En 2001, des jeunes manifestants faisant face aux policiers tirants à balles réelles criaient: “Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts”. Le même esprit “rien à perdre” est présent dans la révolte actuelle de la jeunesse. En effet, aucune perspective n’est offerte à cette génération qui est particulièrement et durement touchée par les hauts niveaux de chômage et ainsi réduite à des activités quotidiennes de survie. Officiellement, le chômage touche 21,3% des jeunes entre 16 et 24 ans; la réalité est sans aucun doute bien plus grave alors que les statistiques officielles sont complètement falsifiées par les autorités. Certains estiment que certainement 60% de la population en dessous de 30 ans est sans emploi. Même une grande proportion de jeunes diplômés ont rejoint les rangs des chômeurs une fois leurs études finies. Pour les jeunes Algériens, la vision du futur est souvent réduite à un choix entre la prison et l’exil. Le taux de suicide parmi cette couche de la population atteint des proportions exorbitantes. La construction de la “forteresse Europe” et l’augmentation des mesures répressives contre les candidats à l’émigration vers l’Europe signifient qu’il n’y a pas d’autre voie pour les jeunes que de prendre le chemin de la lutte et de l’action collective.

    Bien que généralisé, le mouvement actuel implique essentiellement la jeunesse des quartiers pauvres et n’a pas encore rassemblé autour de lui la mobilisation active de la masse de la population. L’entrée en action de la classe ouvrière sera nécessaire pour donner à ce mouvement un caractère plus massif et organisé évitant ainsi de le laisser se transformer dans des actions désorganisées et de désespoir qui rendrait plus facile sa répression par les forces armées.

    Alors qu’en Tunisie, la fédération des syndicats, l’UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) a exprimé sa solidarité avec la jeunesse et a soutenu leur lutte en appelant à l’action, les travailleurs algériens peuvent difficilement compter sur de telles initiatives de la part de l’UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens) qui a atteint un niveau incroyable de corruption, de trahisons et de soumission au régime de Bouteflika. Le seul communiqué public publié jusqu’à présent par la direction de l’UGTA avait pour but de défendre de manière exécrable la version officielle du gouvernement quant aux évènements. Sur les dernières années, cette soumission au gouvernement a entraîné des secteurs entiers de syndicalistes à quitter l’UGTA pour rejoindre des syndicats plus combatifs et indépendants. La bataille pour vitaliser, unifier et démocratiser ces syndicats indépendants est une des tâches importante à laquelle la classe ouvrière est aujourd’hui confrontée.

    La mise sur pied de comités locaux de résistance dans les quartiers et dans les entreprises pourrait être un outil très utile pour construire la lutte de la jeunesse mais aussi surtout pour y impliquer le reste de la population via des actions de masse. Ces comités pourraient aider à coordonner de telles actions en lien avec les syndicats indépendants dans la perspective d’arrêts de travail et de grèves à l’échelle nationale. Déjà, dans certains secteurs, comme les dockers du port d’Alger ou bien les travailleurs des soins de santé discutent de partir en grève. Ces discussions sont d’une importance capitale. Généraliser de telles étapes pourrait transformer la situation. Un appel à une grève nationale en soutien à la révolte des jeunes entrainerait une réponse massive et contribuerait à transformer l’énorme colère et frustration qui existe en un mouvement plus puissant qui pourrait potentiellement abattre ce régime pourri et ouvrir la voie à un changement réellement démocratique et socialiste.

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