Tag: Traité transatlantique

  • La crise en Ukraine : Une opportunité pour le lobby du gaz de schiste

    ‘‘Never waste a good crisis’’ disait Winston Churchill (ne jamais perdre l’opportunité d’une crise), une devise parfaitement comprise par les conservateurs et le monde patronal, notamment autour de la crise ukrainienne et des tensions grandissantes entre les États-Unis et l’Union européenne d’une part et la Russie de l’autre.

    Par Paul Murphy, député européen du Socialist Party (CIO-Irlande) et Tanja Niemeier

    La ‘‘sécurité énergétique’’ s’est fait une place de choix dans le débat public suite aux menaces de sanctions à l’encontre de la Russie et des potentielles représailles. Puisque Poutine et les autorités russes utilisent les ressources naturelles du pays et le géant énergétique Gazprom (premier exploitant et premier exportateur de gaz au monde) comme des ‘‘armes politiques’’, les autorités occidentales désirent accroitre leur indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, particulièrement dans le cas du gaz.

    En 2012, Gazprom représentait à elle seule 34% des importations de gaz naturel en Union européenne. L’an dernier, l’entreprise russe a livré un record de 162 milliards de mètres cubes de gaz en Union européenne et en Turquie, dont 86 milliards de mètres cubes ayant transité via l’Ukraine. Voilà qui illustre directement pourquoi l’UE a tant d’intérêts en Ukraine et à quel point les intérêts économiques occupent une place prépondérante dans ce conflit.

    Au cours d’une réunion avec Angela Merkel, le Premier ministre conservateur polonais Donald Tusk a d’ailleurs déclaré : ‘‘La question de l’Ukraine est celle de l’avenir de l’UE, de la sécurité de l’UE et d’une correction de la politique énergétique de l’UE. Nous ne pourrons pas à l’avenir répondre à de potentielles nouvelles mesures agressives de la part de Russie si tant de pays européens restent dépendants du gaz russe.’’

    La Pologne est l’un des plus fervents partisans du gaz de schiste. Actuellement, Gazprom est responsable de 60% du pays, mais certaines études estiment que la Pologne constitue le plus grand réservoir de gaz de schiste d’Europe. Pour stimuler le secteur et attirer les investissements étrangers, le gouvernement polonais a déjà annoncé que les entreprises d’extraction de gaz de schiste bénéficient de six ans d’exonération fiscale. Même le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré qu’il fallait accepter l’exploitation du gaz de schiste, alors que la Grande-Bretagne est pourtant beaucoup moins dépendante du gaz russe.

    Les collectivités locales, les militants écologistes et les défenseurs des idées du socialisme sont résolument opposés à l’exploitation du gaz de schiste et à la méthode de la fracturation hydraulique. Les risques que cela représente pour la santé et l’environnement sont énormes et les preuves ne manquent pas. Cette méthode affecte l’eau potable, l’air, les sols et le climat, elle peut même favoriser les tremblements de terre et maintient par ailleurs la dépendance aux combustibles fossiles pour de nouvelles décennies. Et en plus du développement de ces techniques catastrophiques socialement et écologiquement, il est également question d’importer du gaz de schiste américain.

    Les conservateurs, les réactionnaires et les négationnistes du changement climatique au Parlement européen ne cachent pas leurs positions. Par exemple, le parti Pologne Unie (qui fait partie du groupe autour de l’UKIP britannique) a défendu une résolution affirmant que ‘‘Le gaz de schiste occupe une partie importante du marché nord-américain et a fait baisser les prix. Cela peut être reproduit en Europe pour garantir l’approvisionnement énergétique et améliorer la compétitivité économique.’’
    L’Union Européenne et les Etats-Unis sont en train de négocier un accord visant à créer la plus grande zone de libre-échange au monde, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP). Si cet accord devait être finalisé, il ouvrirait grand la porte à la fracturation hydraulique, ce que Barack Obama a ouvertement expliqué à Bruxelles en marge des discussions UE-USA portant sur les relations commerciales et la situation en Ukraine.

    Dans le cadre du capitalisme, la seule manière d’aborder une crise est la fuite en avant. Parvenir à de réelles solutions pacifiques au sujet de l’énergie nécessite de rompre avec la logique de profit et de cupidité de l’actuel système de production. Des investissements publics massifs doivent être réalisés dans les énergies renouvelables et dans la recherche scientifique et le secteur énergétique doit être nationalisé et placé sous contrôle et gestion de la collectivité. Sans cela, les intérêts des actionnaires primeront toujours sur ceux de la collectivité, au risque de courir droit à la catastrophe.

  • Les autorités bruxelloises veulent faire taire l’opposition au Grand Marché Transatlantique

    Ce jeudi matin, plus de 1000 personnes étaient dans les rues de Bruxelles pour protester pacifiquement contre l’austérité et le projet de grand marché transatlantique discuté à l’European Business Summit, en l’absence de citoyens.

    Communiqué de presse de l’Alliance D19-20

    Alors qu’aucune provocation n’avait eu lieu, 281 personnes ont été violemment arrêtées, dont des parlementaires, des candidats belges et européens aux élections, des leaders syndicaux, des agriculteurs et de nombreux citoyens, notamment âgés. Le bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur, devra répondre pour cette action disproportionnée et violente.

    Emilie Paumard du CATDM explique “Nous sommes descendus dans les rues, parce que les leaders politiques ne nous écoutent pas. Ils ne semblent écouter que les responsables du Big Business qui co-organisaient le European Business Summit. Nous avons été traités brutalement, comme si nous étions de violents criminels alors que nos actions étaient tout à fait pacifiques. Cette Europe de la violence policière, de la collusion politique-business-police est tout le contraire de l’Europe pour laquelle militent l’Alliance D19-20, l’Alter Summit et nos alliés européens.”

    “La provocation policière et la brutalité de la répression sont inacceptables. Le moins que nous puissions attendre, c’est qu’une enquête éclaircisse les responsabilités, spécialement après que le cabinet d’Yvan Mayeur ait promis à notre délégation que les personnes arrêtées seraient vite relâchées. La faute en incombe soit au bourgmestre de Bruxelles Yvan Mayeur soit au Commissaire Vandersmissen. A dix jours des élections, les citoyens ont le droit de savoir qui fait la loi à Mayeur-City, et quels partis sont d’accord avec ces brutalités. Nous préparons une plainte et une interpellation politique.” dit Felipe Van Keirsbilck, Secrétaire général de la CNE.

    Luc Hollands, producteur belge de lait et membre de la coopérative MIG ajoute “La façon dont les manifestants pacifiques ont été traités est inacceptable, mais cela ne doit pas faire oublier la raison pour laquelle nous étions dans la rue. Les politiques d’austérité associées au traité transatlantique rendront les citoyens européens plus pauvres, plus précaires, nuiront à leur santé et nous mèneront droit dans le mur. Ce ne sont pas les attitudes politiques qui doivent changer, mais bien le système politique dans son ensemble. Malgré ce que la police nous a montré, les actions d’aujourd’hui ont souligné la diversité et l’unité de notre alliance et n’ont fait que renforcer notre volonté de reconstruire la démocratie par la base.”

    Contacts de Presse:

    FR: Sebastian Franco – +32 488 15 02 16; sebastian@altersummit.eu
    NL: Raf Verbeke – +32 497 23 07 60; raf.verbeke@skynet.be
    EN: Pascoe Sabido – +32 486 85 74 16; pascoe@corporateeurope.org

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    AG de débriefing de l’action le 19 mai à 19h rue Pletinckx 19, 1000 Bruxelles

    Envoyez vos photos, vidéo témoignages à info@d19-20.be. Nous demandons aussi à celles et ceux qui ont été arrêtées de nous envoyer leur nom, si possible sous forme de liste.

  • Comprendre le traité transatlantique en 12 minutes

    Cette vidéo réalisée par la CNE explique brièvement les grands enjeux qui se cachent derrière les négociations du Traité Transatlantique (Transatlantic Trade and Investment Partnership, TTIP) visant à créer la plus grande zone de libre-échange au monde. Tant au niveau des normes sociales que des normes environnementales, ce traité est une catastrophe.

  • Blocage du European Business Summit durement réprimé

    Rapport de Laure, quelques photos du Collectif Krasnyi – Reportage photo du Collectif Krasnyi

    Ce matin du jeudi 15 mai, suite à l’appel du D19-20, près d’un millier de manifestants se sont rassemblés pour dénoncer les accords négociés à l’occasion du European Business Summit.

    Les plus grandes entreprises s’y retrouvaient en huis clos avec nos décideurs (Karel De Gucht, Didier Reynders, Guy Verhofstadt, etc.), au palais d’Egmont pour discuter du partenariat du traité transatlantique et des accords pouvant être obtenus en vue des prochaines élections européennes.

    Tandis que « les organisateurs de cette grande messe du lobbysme » influençaient tranquillement les leaders européens, des centaines de militants syndicalistes, de citoyens, d’agriculteurs, de jeunes, etc.,  manifestant leurs désaccords, se faisaient violemment arrêter.

    En effet, dès le début de la manifestation totalement pacifique, la police a provoqué délibérément les manifestants. Très vite, le ton est monté à coups d’insultes, de coups, d’arrestations groupées et d’auto pompe. Plus de 300 personnes ont été arrêtées et sont toujours actuellement enfermées à la caserne d’Etterbeek.

    Une telle attitude, cautionnée par Yvan Mayeur, bourgmestre PS de la ville de Bruxelles, montre la volonté féroce de nos dirigeants à protéger les intérêts des gros capitalistes et à museler toute forme de contestation.

    Déjà, lors des manifestations contre le sommet européen en décembre, et la manifestation européenne contre l’austérité en avril, la volonté de répression et de criminalisation du mouvement social annonçait la couleur de ce qui nous attend.

    Aujourd’hui, le total musèlement de la contestation de l’austérité, aussi pacifique et démocratique qu’elle soit, démontre ce à quoi nous préparent nos dirigeants :

    Des mesures drastiques en faveur des actionnaires et des gros patrons que devront subir en silence la majorité des jeunes et des travailleurs.

    Tandis que nos conditions de vie ne vont cesser de s’aggraver au profit de l’engraissement des 1% les plus riches, nos révoltes pour préserver nos acquis et stopper la machine de guerre sociale seront de plus en plus violemment réprimées.

    Cette journée démontre une fois de plus l’urgence d’organiser la riposte et de faire entendre nos droits. STOP A LA REPRESSION ! STOP A LA DESTRUCTION DE NOS ACQUIS ! POUR UNE VERITABLE REPARTITION DES RICHESSES MAINTENANT !

  • Contrer le grand marché transatlantique : pourquoi et comment ?

    Ce 26 mars se déroulera à Bruxelles le sommet Union européenne-États-Unis. Si les récents développements de la situation en Ukraine occuperont le devant de la scène, il sera également discuté de l’état d’avancement des négociations visant à obtenir un accord de libre échange entre l’Union Européenne et les États-Unis (Trans Atlantic Trade et Investment Partnership, TTIP). Une fois cet accord conclu, la nouvelle zone de libre-échange serait la plus grande au monde.

    La Commission européenne ne participe à ces négociations que dans les intérêts des grandes entreprises et l’agenda patronal vise à l’instauration de mesures néolibérales radicales qui ne manqueront pas d’avoir des conséquences néfastes sur la vie de la population. Dans une récente interview accordée à notre journal Lutte Socialiste, Luc Hollands du MIG (Milk Interest Group, une association de producteurs de lait) nous expliquait : “Le traité transatlantique par exemple, va permettre une arrivée massive de produit OGM ou hormonés. Nos produits de qualité ne parviendront pas à s’en sortir, le monde entier devra alors accepter de vivre comme le veulent les grandes entreprises américaines. Et comme l’austérité touche le pouvoir d’achat des gens, ils sont obligés de se tourner vers des produits moins chers, par pure nécessité, vers des produits qui ne respectent pas les normes de santé et environnementales. Nous, on sera coulés, et les gens s’en retrouveront lésés au niveau de la qualité de leur alimentation et de leur santé.” Ce sont nos conditions de travail, notre santé et notre environnement qui sont en ligne de mire.

    Le 25 mars une réunion d’information aura lieu au Parlement européen, à l’initiative de Jean-Luc Mélenchon et du Parti de Gauche. Cette journée sera introduite par Paul Murphy, eurodéputé du Socialist Party irlandais (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL).

    Si vous êtes intéressés, inscrivez-vous via ce lien (les inscriptions sont obligatoires).

    PROGRAMME DE LA JOURNÉE

    Mardi 25 mars, 14h-17h  – Parlement européen- PHS – P3C050

    Introduction – Paul Murphy, député européen GUE/NGL

    Panel 1 : Les enjeux et les mobilisations autour du Grand Marché Transatlantique (GMT)
    14h-15h

    – Enjeux environnementaux et sanitaires. Tour d’horizon : Natacha CINGOTTI, Friends of the Earth Europe

    – Pourquoi nous ne voulons pas de poulets lavés au chlore. Les menaces sur le secteur européen de la volaille. Un exemple concret : Paul-Henri LAVA, Association de l’Aviculture, de l’Industrie et du Commerce de Volailles dans les Pays de l’Union Europeenne (a.v.e.c)

    – GMT ou comment éviter de répondre à la crise. Menaces sur l’emploi, et mensonges sur le retour de la prospérité, Bruno PONCELET, CEPAG-FGTB Wallonne

    Débat avec la salle

    Panel 2 : Les politiques, relai de l’action de la société civile
    15h-16h30

    – Etat de la mobilisation citoyenne et nécessité des relais politiques: Pia EBERHARDT, Corporate Europe Observatory (CEO)

    – Le GMT nous concerne tous. Un enjeu à placer au coeur des élections européennes : Paul MURPHY, Député européen, Socialist Party, Irlande, membre de la commission du commerce international

    Débat avec la salle

    Conclusion – Jean-Luc MELENCHON, Député européen et co-secrétaire du Parti de Gauche
    16h30- 17h

  • ‘‘Combattre la logique du diviser pour mieux régner’’

    Alliance D19-20, une journée de résistance contre l’austérité européenne

    Propos recueillis par Nicolas Croes, photo : MediActivista

    Le 19 décembre dernier, en plein sommet européen, le quartier européen était sans dessus-dessous. À Bruxelles, quatre des principaux carrefours encerclant l’endroit étaient bloqués avec des barrages érigés par des centaines de militants syndicaux, de producteurs de lait venus avec leurs tracteurs, de militants politiques et associatifs, de jeunes radicalisés,… Tous, 2000 militants environ, avaient répondu à l’appel de ‘‘l’Alliance D19-20’’, une bonne partie d’entre eux ayant eu, la veille, leur enthousiasme gonflé à bloc par un grand meeting contre l’austérité tenu en présence de plus de 300 personnes. Nous avons discuté de tout cela avec Luc Hollands du MIG (une association de producteurs de lait), l’une des figures emblématiques du succès de cet audacieux pas en avant vers une résistance plus active contre la politique d’austérité.

    L’Alliance D19-20 était une initiative inédite, réunissant des syndicalistes, des producteurs de lait, des militants associatifs,… Quel bilan tires-tu de cette collaboration et des journées du 18 décembre, où s’est tenu le meeting, et du 19, avec la tentative de blocage du sommet européen?

    Ça a été une grande réussite ! C’était déjà un fameux pari de mettre tous ces gens autour de la table. La question était de savoir si on allait parvenir à un accord sur ce contre quoi on allait lutter. Mais nous avons pu travailler efficacement très vite.

    Nous nous sommes concentrés sur deux thèmes, le traité d’austérité (le TSCG) et le traité transatlantique, qui sont discutés sans qu’on nous demande notre avis, ce qui ajoute au problème de leur essence antisociale, un véritable problème de démocratie. Mais derrière ces deux dossiers spécifiques, il y a surtout la crise, la réduction des acquis sociaux, le démantèlement des services à la population,… On touche à l’intégrité de notre pays et à la richesse de la collectivité. On ne peut pas le permettre, on ne peut pas laisser faire des financiers qui vivent sur le dos des gens. En tant que producteurs de lait, nous sommes très concernés. Le traité transatlantique par exemple, va permettre une arrivée massive de produit OGM ou hormonés. Nos produits de qualité ne parviendront pas à s’en sortir, le monde entier devra alors accepter de vivre comme le veulent les grandes entreprises américaines. Et comme l’austérité touche le pouvoir d’achat des gens, ils sont obligés de se tourner vers des produits moins chers, par pure nécessité, vers des produits qui ne respectent pas les normes de santé et environnementales. Nous, on sera coulés, et les gens s’en retrouveront lésés au niveau de la qualité de leur alimentation et de leur santé. C’est pour cela qu’une alliance large est nécessaire, parce que tout est lié et que nous devons lutter ensemble.

    Un des mérites de l’Alliance D19-20 a été de réfléchir à d’autres types d’action que ce qui a été fait jusqu’ici pour résister à l’austérité. On sent un peu partout un processus de maturation chez les militants, la recherche d’une alternative aux méthodes de concertation et de négociation avec des autorités qui ne nous écoutent que pour nous endormir. Comment cela s’est-il exprimé dans votre cas, chez les producteurs de lait ? En 2009, les producteurs laitiers ont subi la pire crise de leur histoire. Notre lait nous était alors payé à 19 cents le litre alors que nos coûts de production étaient de 34 cents. Les jeunes fermiers et ceux qui n’avaient pas de réserve ont succombé sans que les syndicats majoritaires ne réagissent (la FWA, l’ABS et le Boerenbond). Spontanément, une révolte s’est développée un peu partout en Belgique, mais principalement en Wallonie, et nous avons rejoint une association de producteurs, sous le nom de Milk Interest Group (MIG), qui fait partie au niveau européen de l’EMB représentant 50.000 familles de producteurs européens. Au cours des quatre dernières années, nous avons organisé quatre grosses actions/manifestations, dont la plus forte fut la grève du lait de 2009 avec, en apothéose, le déversement de 4 millions de litres de lait sur un champ à Ciney. Mais malgré le succès de toutes ces actions et les promesses qui nous ont été faites, la politique a continué son bonhomme de chemin vers la libéralisation totale. Actuellement, nous perdons 40 fermes par semaine en Belgique.

    D’autres secteurs manifestaient eux aussi, sans avoir plus de succès. Pourquoi ne pas faire une alliance avec eux ? La politique dominante travaille selon le principe du ‘‘diviser pour mieux régner’’, ce qu’il faut combattre. Finalement, après une action en novembre 2012 où nous avons aspergé le Parlement européen, on m’a donné la responsabilité d’entamer des rencontres pour tenter de nouer une collaboration. C’est ainsi que nous avons été introduits dans le milieu militant par un activiste flamand, Raf, qui avait soutenu notre projet de lait équitable Fairebel. Notre première action a été d’aller offrir du lait chocolaté aux enfants des ouvriers en grève de Ford Genk. L’accueil fut plus que chaleureux, et de bonne augure pour une alliance future entre producteurs de lait et travailleurs.

    Mais le plus important fut la manifestation de juin 2013, contre le TSCG et en défense des services publics, où j’ai pu prendre le micro pour parler de notre situation. Nous avons eu de premières discussions informelles, avec beaucoup de secteurs et d’organisation (Comité Action Europe, CGSP-ALR, CNE, Constituante.be,…). Suite à cela, il y a eu une quantité énorme de réunions avec des responsables syndicaux, des délégués syndicaux, des organisations et partis de la gauche radicale, des organisations citoyennes et des ONG.

    C’est là que l’Alliance D19-20 a commencé à prendre forme…

    Le 19 décembre, plusieurs dizaines de jeunes ont été arrêtés. Nous condamnons cette répression des protestations sociales. Photo : MediActivista.

    Oui. Concrètement, une structure a été mise en place avec 3 groupes de travail, en discutant d’abord des actions à mener. Une tentative de blocage du sommet s’est imposée, précédée d’un meeting international. Ces gens-là ne tiennent absolument pas compte de l’avis des citoyens pour prendre leurs décisions, mais ils savent bien rencontrer les ‘‘amis de l’Europe’’, les multinationales et les financiers.

    La motivation principale était de sortir des habituelles ballades de protestation. C’est le constat que nous avions tiré en évoluant vers des actions plus radicales avec le MIG, mais nous n’étions pas les seuls. Rudy Janssens par exemple, de la CGSP-ALR (Administration Locales et Régionales) était arrivé au même constat. Ses connaissances ‘‘logistiques’’ de la ville de Bruxelles nous ont beaucoup aidées pour voir où placer les barrages, etc. Nous avons tout de même demandé à voir Di Rupo, Van Rompuy et de Glucht. Aucun n’a jugé utile de nous recevoir.

    Développer le débat sur des méthodes d’action plus offensives a été un des grands points positifs de cette expérience, qui n’est pas terminée, mais le fonctionnement de cette alliance est aussi intéressant. Tu peux nous en dire plus ?

    Notre grand souci était de fonctionner de manière démocratique, pour que tout le monde puisse se retrouver dans l’initiative. L’idée était de se concentrer sur l’opposition au Traité budgétaire et au traité transatlantique, chacun développant à partir de là ses propres positions et son argumentaire en fonction de ses spécificités. Ensuite, il y a eu un mode de fonctionnement avec assemblées générales (en présence d’une centaine de personnes à chaque occasion), la première s’étant tenue début septembre, avec des commissions ouvertes entre deux AG : communication, meeting et action. Ces groupes n’ont jamais été des groupes fermés, chaque personne voulant rejoindre un groupe le pouvait.

    La plus grande richesse de tout ça, c’était que, venu d’autant d’organisations et de contextes différents, chacun a pu amener ses spécificités, participer à un projet collectif en gardant son identité. Nous nous sommes renforcés grâce à cette approche. Mon rôle à moi était essentiellement un rôle de diplomate, ce qui n’est pas du tout propre à ma personnalité ! Encore plus particulièrement dans cette situation où, pour nous laitiers, il s’agissait de découvrir un univers militant qui nous était totalement neuf.

    Quelques moments forts ?

    Pour moi, il y a eu deux moments très forts : l’accueil que nous avons reçu à Ford Genk et à Bruxelles lors des manifestations. Et la dernière AG, puis le meeting du 18 décembre, où la volonté, l’enthousiasme et la détermination de tous les participants étaient très palpables. Les traducteurs, l’organisation, tout était parfait. Un grand bravo à tous ceux qui se sont investis dans cette organisation.

    Un dernier mot ?

    J’ai la conviction que nous prenons le bon chemin, notre planche de salut est d’arriver à lutter ensemble, dans la solidarité la plus complète. C’est une expérience très clairement réussie, qui en appelle d’autres. Il y a, à ce jour, 60 organisations qui ont rejoint l’Alliance et tout le monde veut poursuivre. Une chose est sure, on entendra encore parler de nous…

  • Suspension partielle des négociations pour le traité de libre-échange transatlantique

    Luttons pour une suspension totale !

    Depuis le 8 juillet 2013, l’Union européenne et les États-Unis sont engagés dans des négociations visant à conclure un ‘‘Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement’’ (PTCI), terminologie derrière laquelle se trouve un vaste projet d’accord de libre échange également appelé Grand marché transatlantique. L’élaboration de cette arme de destruction massive de nos conquêtes sociales, des normes environnementales,… vient d’être temporairement suspendue.

    Par Paul Murphy, député européen du Socialist party (CIO-Irlande)

    Photo ci-contre : Prise de parole de Paul Murphy lors d’une action de protestation contre le traité transatlantique tenue à Bruxelles.

    La veille du troisième round de négociations pour parvenir à un accord de libre-échange UE-États-Unis (Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement – PTCI), le Commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, a annoncé une suspension partielle de ces négociations afin de permettre la tenue de consultations publiques.

    Cette annonce de suspension des négociations pendant trois mois pour organiser des consultations publiques est une victoire partielle importante pour les syndicats, les organisations environnementales et les députés de gauche qui ont toujours critiqué la Commission européenne pour son silence dans la tenue de ces négociations commerciales, une approche visant à protéger les intérêts des grandes multinationales des deux côtés de l’Atlantique.

    Durant l’été 2012, une campagne publique a mis fin à l’ACTA, un accord extrêmement controversée (Accord commercial anti-contrefaçon) qui avait soulevé des inquiétudes similaires au sujet de la non-transparence des négociations. Ce fut un coup dur pour la Commission, et cette dernière essaie visiblement d’éviter une nouvelle défaite d’ampleur en accordant plus d’attention aux préoccupations du public.

    Mais la suspension des négociations ne change en rien leur caractère. La Commission européenne désire toujours parvenir à un accord basé sur de solides mécanismes de protection des grandes entreprises au détriment du reste. Cette suspension n’est qu’une tentative de calmer les choses. Il s’agit d’une concession partielle destinée à sauver l’accord sur le long terme.

    Opposants et détracteurs de cet accord doivent utiliser les trois mois à venir pour poursuivre leur campagne contre le traité transatlantique et dénoncé ce pour quoi il est prévu. Le Mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États accorderait ainsi le droit aux grandes entreprises de poursuivre les gouvernements pour perte de profits. Cela représente une remise en cause directe de la démocratie, à seule fin de remplir les poches des grandes entreprises. A titre d’exemple, le géant du tabac Philip Morris utilise un arrangement similaire pour poursuivre l’État australien contre une mesure visant les paquets de cigarettes.

    Ce programme dans la droite ligne de l’agenda des grandes entreprises doit être combattu et vaincu.

  • Encore quelques photos du blocage du sommet européen

    La politique d’austérité européenne est une véritable catastrophe pour la population, avec à la clé une multitude de drames sociaux. Afin de protester contre cette logique qui ne sert que les intérêts de l’élite dirigeante, une alliance inédite de syndicalistes, de militants politiques, d’agriculteurs,… a vu le jour en dénonçant plus particulièrement le TSCG (le traité d’austérité) et le Traité transatlantique (un accord de libre échange Union Européenne-USA). Ce jeudi 19 décembre, cette ‘‘Alliance D19-20’’ (en référence aux 19 et 20 décembre, dates d’un sommet européen) a mené plusieurs actions de blocage à Bruxelles, avec des piquets installés à plusieurs carrefours de la capitale européenne et belge. On était loin des traditionnelles ballades à Bruxelles… Cette journée ne fut évidemment qu’un premier pas, bien plus devra être fait pour effectivement parvenir à bloquer un sommet européen ainsi que pour mettre un terme à la politique antisociale européenne.

    Par Coralie (Liège)

  • Une journée de résistance contre l’austérité européenne – Reportage-photos (4)

    La politique d’austérité européenne est une véritable catastrophe pour la population, avec à la clé une multitude de drames sociaux. Afin de protester contre cette logique qui ne sert que les intérêts de l’élite dirigeante, une alliance inédite de syndicalistes, de militants politiques, d’agriculteurs,… a vu le jour en dénonçant plus particulièrement le TSCG (le traité d’austérité) et le Traité transatlantique (un accord de libre échange Union Européenne-USA). Hier, cette ‘‘Alliance D19-20’’ (en référence aux 19 et 20 décembre, dates d’un sommet européen) a mené plusieurs actions de blocage à Bruxelles, avec des piquets installés à plusieurs carrefours de la capitale européenne et belge. On était loin des traditionnelles ballades à Bruxelles… Cette journée ne fut évidemment qu’un premier pas, bien plus devra être fait pour effectivement parvenir à bloquer un sommet européen ainsi que pour mettre un terme à la politique antisociale européenne.

    Par Ben (Charleroi)

  • Une journée de résistance contre l’austérité européenne – Reportage-photos (2)

    La politique d’austérité européenne est une véritable catastrophe pour la population, avec à la clé une multitude de drames sociaux. Afin de protester contre cette logique qui ne sert que les intérêts de l’élite dirigeante, une alliance inédite de syndicalistes, de militants politiques, d’agriculteurs,… a vu le jour en dénonçant plus particulièrement le TSCG (le traité d’austérité) et le Traité transatlantique (un accord de libre échange Union Européenne-USA). Hier, cette ‘‘Alliance D19-20’’ (en référence aux 19 et 20 décembre, dates d’un sommet européen) a mené plusieurs actions de blocage à Bruxelles, avec des piquets installés à plusieurs carrefours de la capitale européenne et belge. On était loin des traditionnelles ballades à Bruxelles… Cette journée ne fut évidemment qu’un premier pas, bien plus devra être fait pour effectivement parvenir à bloquer un sommet européen ainsi que pour mettre un terme à la politique antisociale européenne.

    Photos du blocage au Botanique, par Els

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