Tag: Syndicalisme de combat

  • Pour vaincre : de l’audace, de l’audace, encore et toujours de l’audace… et un programme

    Le 9 novembre dernier, plus de 800 piquets de grève recouvraient un pays à l’arrêt. Une belle réussite, en dépit des réticences de certains, dans les hautes sphères syndicales, qui « nous mobilisent avec le frein à main », comme nous l’écrivions dans notre tract. Le constat était partagé sur les dizaines de piquets visités par nos équipes militantes.

    https://fr.socialisme.be/94505/toutes-et-tous-dans-la-rue-le-16-12-nous-pouvons-gagner-avec-un-plan-daction-crescendo
    https://fr.socialisme.be/94497/evaluation-de-la-greve-generale-en-prevision-des-prochaines

    Quel aurait été l’effet d’entraînement si les 80.000 personnes qui avaient répondu à l’appel du front commun syndical pour manifester à Bruxelles le 20 juin étaient retournées auprès de leurs collègues et de leurs proches avec la date d’une grève générale et du matériel de mobilisation ? Malgré tout, le 21 septembre, un rassemblement syndical qui se voulait symbolique est devenu sous la pression des affiliés une manifestation de 20.000 personnes. A la tribune, c’est la mention de la grève générale qui a suscité l’enthousiasme. Mais même alors, les hésitations ne manquaient pas chez les dirigeants syndicaux. Finalement, la grève générale était passée de 15 jours lorsque la manifestation nationale de décembre a été annoncée par la FGTB, tandis que les secteurs partaient déjà à la bataille en ordre dispersé. La mobilisation hoquette, et cette irrégularité sans perspectives claires nourrit l’exaspération.

    Canaliser la colère ?

    Au sein des équipes gouvernementales et dans les milieux patronaux, on espère avant tout que les syndicats soient en mesure de canaliser la colère et de jouer un rôle de digue contre les « dérapages sociaux ». L’intention est partagée dans les sommets syndicaux, comme l’exprime ouvertement Marie-Hélène Ska (Secrétaire Générale de la CSC): « Notre rôle est de ne pas hurler à tort et à travers. Nous sommes les premiers à dire que les réponses à apporter à la crise actuelle ne sont pas simples. Et nous savons qu’il est faux de dire que rien n’a été fait. »

    Tant dans l’appareil dirigeant de la CSC que dans celui de la FGTB, la tendance est à la répétition du scénario de la pandémie : se montrer « responsable » vis-à-vis des autorités en attendant le « retour à la normale ». Sans ouvertement empêcher la prise d’initiative par des délégations ou des secteurs, les structures évitent soigneusement de les coordonner et de les stimuler pour construire un véritable rapport de force offensif. La peur panique du retour d’un gouvernement de droite dure conduit les dirigeants syndicaux à l’acceptation résignée des limites étroites de la logique du marché et à un soutien officieux au gouvernement fédéral.

    Un programme à hauteur des enjeux

    « Pour vaincre, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace », disait Danton à l’époque de la Révolution française. L’audace d’agir, mais aussi d’exiger. La meilleure manière de prendre le pouls de la situation, d’impliquer le plus de monde possible dans l’action et dans les décisions et de consolider la dynamique de lutte à chaque étape, c’est de généraliser les assemblées du personnel et de défendre une démocratie de combat. De cette manière, les spécificités et besoins de chaque secteur pourraient également être pris en compte et intégrés dans le programme plus large du mouvement.

    Un programme n’est pas figé, il vit et se développe au fur et à mesure de la lutte. Il déclenche celle-ci, mais s’y adapte aussi pour ne laisser aucun chantage patronal sans riposte. Quand nous parlons d’augmentation de salaire – 2 euros de plus de l’heure pour tout le monde et un salaire minimum de 15 euros, ce n’est quand même pas trop demander – les patrons crient qu’ils ont la corde au cou. Des (petites) entreprises et des indépendants étouffent, essentiellement parce que l’énergie coûte trop cher. Mais leur désarroi est cyniquement instrumentalisé par les fédérations patronales pour attaquer nos salaires et dévier l’attention des bénéfices record ailleurs.

    Quand des entreprises alertent de leurs difficultés, exigeons l’ouverture de leur comptabilité pour vérifier si leurs comptes sont bien à sec et si les actionnaires n’ont pas été dorlotés au lieu de constituer des réserves. Et si des entreprises menacent de licencier, il faut les nationaliser sans rachat ni indemnité (sauf sur base d’un besoin avéré) et les placer sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs et de la collectivité. Nous devons d’ailleurs directement le faire pour des secteurs clés de l’économie tels que l’énergie et la finance.

    La crise du capitalisme réduit le réformisme à l’impuissance

    Une des raisons des hésitations dans les sommets syndicaux est d’ordre politique. On y craint qu’un mouvement social fasse tomber le gouvernement fédéral déjà faible et divisé, car il serait remplacé par un gouvernement appliquant les mêmes politiques si ce n’est encore pire. Gardons en tête que tout gouvernement arrivé au pouvoir une fois son prédécesseur dégagé par le mouvement ouvrier aurait une ardeur antisociale sérieusement refroidie. Et quelle confiance cela donnerait à la base militante !

    Une autre raison est d’ordre économique. Selon la Commission européenne, la Belgique devrait entrer officiellement en récession (deux trimestres de croissance négative consécutifs) à la fin de l’année, à l’instar de la zone euro. Cela aura un impact sur les finances des autorités publiques ou encore sur le taux de chômage. Pour combien de temps ? « L’incertitude reste exceptionnellement élevée », dit la Commission. Incertitude partagée dans les sommets syndicaux.

    En substance, ces doutes proviennent du manque d’alternative et de l’impasse du réformisme. Si l’on ne réfléchit qu’en fonction de ce que permet la camisole de force d’un système capitaliste qui plonge d’une crise à l’autre sans sortir de la précédente (récession, climat, guerre, inégalités…), on ne peut pas aller bien loin. D’où l’écho syndical en faveur de la proposition de primes pour certaines catégories de travailleurs, ou la vieille prière pour « plus de justice fiscale ».

    De plus en plus de gens comprennent bien qu’il n’y a plus d’autre choix que d’envoyer ce système à la poubelle, sans savoir par où le prendre ni dans quelle direction aller. De là un découragement qui explique que certains cherchent un réconfort dans de petites mesures progressistes, ou considérées comme telles, qui existent à l’étranger et expliquant que l’on peut avancer centimètre par centimètre alors que la catastrophe nous fonce dessus. Nous devons explicitement et audacieusement lier les inquiétudes du quotidien au type de société socialiste démocratique dont nous avons besoin en alternative à la barbarie capitaliste. En faire l’économie peut sembler plus facile, mais cette pente conduit à une dangereuse impasse.

    Défendre une telle alternative, cela donne de plus un objectif ambitieux de nature à renforcer l’enthousiasme pour construire un puissant rapport de force. N’oublions pas non plus que nous ne sommes pas seuls. Notre combat s’inscrit dans un contexte de renaissance des luttes ouvrières à travers l’Europe. Au lieu de laisser les patrons nous monter les uns contre les autres au nom de la « compétitivité », nous avons besoin d’une coordination de lutte internationale. Le capitalisme est un système international, notre organisation doit l’être également. C’est pourquoi le PSL/LSP fait partie d’une organisation socialiste révolutionnaire mondiale, Alternative Socialiste Internationale. Votre place vous attend à nos côtés.

  • 5 propositions pour construire à la base un syndicalisme de combat

    La manifestation syndicale en front commun, le 20 juin dernier, a été une immense réussite. La mobilisation reprendra en septembre où les délégués et les militants syndicaux devront affronter de nombreux défis. Voici quelques propositions pour avancer.

    Par un délégué

    1. Organiser la colère avec l’implication la plus large possible

    Les dernières actions syndicales ont illustré que la mobilisation a mieux pris là où ont des assemblées d’information du personnel qui laissent la parole à toutes et tous les participant.es ont eu lieu. Cela permet d’entrer physiquement en contact avec des collègues qu’on ne croiserait pas habituellement, de discuter la situation de l’entreprise, des revendications à défendre, de répondre aux questions de toutes et tous ou encore de préparer concrètement du matériel (un calicot et des banderoles, des slogans spécifiques…).

    Dans les entreprises où il n’existe pas de tradition d’assemblées générales, il faut savoir qu’une convention nationale permet l’organisation d’assemblées générales sur le lieu de travail et pendant le temps de travail. La délégation doit demander l’autorisation à l’employeur qui ne peut refuser arbitrairement.

    La présence en assemblée permet aussi de sentir l’atmosphère parmi les collègues et de générer l’enthousiasme capable de convaincre les hésitants. Les prises de parole permettent aussi de trouver les collègues plus combatifs et ainsi permettre de constituer un réseau de militants syndicaux autour des délégué.es.

    2. Construire l’unité la plus large et ne laisser aucun terrain à la division

    Isolés, nous sommes à la merci du patron. S’organiser collectivement est un impératif. La collectivité est diverse (langue, genre, orientation sexuelle, couleur de peau, religion…) et la lutte contre les discriminations doit permettre à chacun.e de s’impliquer et de trouver sa place.

    Les « blagues » sexistes ou racistes doivent être bannies. Une collègue victime de harcèlement sexuel de la part de la hiérarchie viendra-t-elle se plaindre au délégué qui plaisante sur le sujet ? Viendra-t-elle renforcer un piquet de grève ou une manifestation en prenant le risque d’être victime de sexisme ? Ces comportements tuent la force de frappe de notre classe. Il ne faut pas leur laisser un pouce de terrain. Des événements comme les manifestations du 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, permettent de discuter du sexisme avec les collègues et de la manière d’en finir dans la société et sur le lieu de travail.

    Jouer sur la division – ouvrier/employé, public/privé, rouge/vert, administratif/manuel… – est une des armes favorites du patronat. Chaque seconde passée à se tirer dans les pattes casse le rapport de forces nécessaire pour obtenir des victoires.

    Notre arme, c’est la solidarité et l’unité. Elle peut trouver une expression en rencontrant le piquet de grève d’une entreprise voisine par exemple. Si ce n’est pas possible, une photo ou une lettre de solidarité sur les réseaux sociaux est déjà une bonne occasion de favoriser l’unité et d’inspirer d’autres à faire de même. Et quand un conflit nous menacera directement, ces autres travailleurs nous soutiendront à leur tour.

    3. Concrétiser à l’échelle de l’entreprise

    Afin de mobiliser pour les manifestations nationales, les délégués reçoivent généralement des tracts et des affiches. C’est évidemment un bon début. Mais chaque militant syndical doit pouvoir s’impliquer dans la campagne. Distribuer des tracts dans les salles de break ou devant l’entreprise est difficile si on n’est pas délégué, mais on peut discuter lors du temps de midi ou au café du vendredi soir, laisser un article de journal sur l’actualité sociale dans la salle de break…

    La mobilisation doit devenir vivante. En concrétisant une campagne nationale à l’échelle de l’entreprise, on fait un pas vers les travailleurs hésitants qui ne se sentent pas encore concernés. Un tract écrit avec les collègues peut avoir plus d’impact. Un piquet de grève sera encore plus attractif si à côté de la tente et de la table pour le café se trouve une table avec des tracts et des coupures de presse pour alimenter les discussions au piquet.

    4. Considérer notre lieu de travail dans son contexte global

    Certains délégués pensent que leur activité syndicale se limite à leur entreprise. Cette logique atteint très vite ses limites. Se préparer au mieux signifie savoir vers où se dirige l’entreprise. Cela implique de suivre les tendances dans le secteur (digitalisation, externalisation, fusion et acquisitions…) et plus largement dans l’économie belge, voire internationale. Il ne s’agit pas de débats abstraits mais d’élaborer des perspectives et de concrétiser ces informations concrètes pour en discuter avec le personnel. En suivant l’actualité, on se prépare mieux à répondre aux arguments de la bourgeoisie sur les grandes questions: indexation, norme salariale, pension…

    5. Une idée fixe : construire le rapport de forces

    Ces quelques pistes ne sont bien sûr pas exhaustives (et n’hésitez pas à nous envoyer vos propres propositions). Développer un syndicalisme de lutte est un travail acharné au quotidien. Chaque occasion de rencontrer d’autres délégués doit être mise à profit pour renforcer son expérience en discutant : quelle est la situation de l’entreprise ? De l’absentéisme ? Comment avez-vous résolu telle problématique ? En un mot comme en cent, la question à toujours se poser est « Qu’est-ce qui permet de renforcer le rapport de forces ? »

  • Une rencontre avec Marguerite Staquet – Ouvrière, féministe et fière de l’être!

    Ce 6 octobre 2021 en début d’après-midi, Emily, Stefanie (militantes de Rosa) et moi avons rendez-vous chez Marguerite Staquet, une ex-ouvrière de l’ancienne usine Bekaert-Cockerill de Fontaine-l’Évêque, près de Charleroi. Marguerite a mené en 1982 une lutte exemplaire pour défendre le droit des ouvrières. Elle et son mari habitent une petite maison à Anderlues. Heureusement que le GPS existe pour trouver notre chemin !

    Par Guy Van Sinoy

    Ce 6 octobre, c’est aussi l’anniversaire de Marguerite. C’est pourquoi Emily a apporté une tarte aux pommes. Une fois les présentations faites, nous nous installons autour de la table, dans la pièce de devant. Marguerite prépare le café et Emily découpe la tarte. La conversation peut commencer.

    Emily : Juste avant cette lutte de 1982, quel était le climat dans l’entreprise ?

    – Marguerite : C’était une usine qui employait majoritairement des ouvriers et une minorité d‘ouvrières. La plupart habitaient les environs. Il y avait aussi un certain nombre de couples travaillant dans l’usine.

    J’ai longtemps discuté avec les délégués parce que les hommes passaient la visite médicale (médecine du travail) et les femmes pas. Or nous étions toute la journée, hommes et femmes, dans la poussière. Quand il y avait des assemblées, les femmes n’avaient pas le droit à la parole. On n’était bonne qu’à travailler !

    En faisant le même travail que les hommes, on touchait 10 francs de l’heure en moins ! 10 francs, c’était énorme ! A l’époque je gagnais environ 22 à 23.000 francs belges par mois. C’était un beau salaire mais on avait du mal. Car on soulevait des caisses de clous qui pesaient 25 kilos, soit 1 tonne ou 2 tonnes de clous par jour. Les 10 francs de plus à l’heure étaient justifiés non pas parce que le travail des hommes était différent ou plus lourd, mais par le fait que c’étaient des hommes !

    A cette époque-là dans l’usine la mentalité était la suivante : « Les femmes elles travaillent parce qu’elles le veulent bien ! » Pendant la grève, combien de fois on ne nous criait pas : « Allez torcher vos gosses ! Allez à vos casseroles ! »

    Stefanie : En 1982 il y a d’abord eu une grève de tout le personnel pendant 9 semaines ?

    – Marguerite : Oui, cette grève contre la restructuration a débuté au mois d’août 1982. Après 9 semaines de grèves une réunion de conciliation a proposé le choix entre 3 options : soit le passage à 36 heures pour tous et toutes avec perte de salaire, soit le licenciement de 13 ouvriers, soit le passage au temps partiel pour 13 femmes « non chef de ménage ». C’est finalement la troisième proposition qui a été adoptée : 120 pour, 60 contre (dont toutes les ouvrières) et 40 abstentions. Le vote s’est déroulé dans des conditions particulières car on remplissait le bulletin de vote sous l’œil des délégués qui le dépliaient avant de le glisser dans l’urne. Et les 40 abstentions ont été comptabilisées avec les « Pour ».

    Le patron avait préparé une liste de 13 ouvriers à licencier, dont 3 délégués. Il faut savoir que ces délégués ne travaillaient pas. Ils arrivaient le matin avec leur serviette et demandaient : «Ça va ?». Quand on disait tout ce qui n’allait pas il répondaient : «On en reparlera plus tard!». Ces délégués menacés de licenciement ont proposé à la place le passage à mi-temps des femmes qui n’étaient pas chef de famille. Nous avons alors reçu nos préavis pour nous réengager à mi-temps. Mais nous n’étions pas d’accord car nous perdions ainsi toute notre ancienneté.

    Les femmes ont refusé le passage à mi-temps et sont donc parties en grève le 3 novembre. De mon côté, je voulais faire valoir le droit des femmes, mais je ne savais pas comment. Dans un petit village, on n’est au courant de rien. Alors mon neveu m’a mis en contact avec Christiane Rigomont, de la Maison des Femmes de La Louvière. Elle est venue chez nous et nous a expliqué nos droits et a fait connaître notre situation. Ensuite beaucoup d’avocates se sont manifestées pour nous soutenir et nous expliquer nos droits.

    Dorénavant, dans les assemblées à l’usine, nous prenions la parole pour dire que nous n’étions pas d’accord. Les délégués disaient : « Oui mais, Marguerite Staquet, elle rêve ! Elle invente n’importe quoi ! » Mais moi j’avais en mains les preuves de nos droits. Et quand nous nous sommes défendues, les délégués ont crié « Au Secours ! Elles ont fait venir des «extrémistes» de l’extérieur ! »

    Emily : La proposition de ne licencier que des femmes est donc venue des délégués ?

    – Oui ! Parce que on n’était pas considérées comme des travailleuses à part entière. On n’était considérée comme des salaires d’appoint. Nos maris qui travaillaient dans l’entreprise ne disaient rien car ils avaient un petit peu peur aussi. Souvent on demandait à nos maris : « Qu’est-ce qu’on fait, on continue jusqu’au bout ? » Ils nous ont toujours soutenues dans ce combat.

    Quand il y eu l’assemblée avec tous les gens de l’extérieur venus nous soutenir, les délégués syndicaux étaient contre le mur et n’osaient rien dire. On aurait dit des prisonniers à la prison de Jamioulx ! Il y avait tellement de monde qui venait nous aider qu’on ne pouvait pas se tromper.
    Stefanie : Et maintenant, 40 ans après, quel regard portes-tu sur cette lutte ?

    Aujourd’hui tout cela me semble très loin. Mais je vois que fondamentalement les choses n’ont pas beaucoup changé. La femme n’est toujours pas l’égale de l’homme. Maria, la sœur de mon mari a une petite fille qui est une vraie rebelle ! J’admire cette petite-fille car elle dit : « Moi je suis l’égale de mon compagnon. Et quand on rentre du travail, c’est le premier qui rentre qui commence à faire à manger ». Cela ma belle-sœur ne l’accepte pas, mais je lui dit : «Maria, c’est comme ça la vie ! On s’est battues pour ça ! »

    Après notre licenciement, on nous appelait souvent pour aller parler dans les écoles. Le but n’était pas de nous mettre en valeur mais de défendre notre droit au travail. Devant des jeunes de 17 ou 18 ans, filles et garçons, on expliquait le pourquoi de notre grève. Un jour la maman d’une jeune fille nous a dit : « Vous ne trouvez pas que vous êtes allées trop loin ? Parce après tout vous n’êtes que des femmes ! » Je lui ai répondu : « Vous avez une fille ? Si vous pensez comme ça, vous devriez lui faire arrêter l’école ! Car si vous parlez ainsi ça ne vaut pas la peine qu’elle fasse des études car elle va prendre la place d’un homme !»

    Guy : Et les responsables syndicaux de l’époque?

    François Cammarata, responsable régional des métallos CSC, nous a carrément torpillées. Il a menacé par téléphone de faire licencier les maris des ouvrières qui continuaient la grève.

    Du côté de la FGTB, Georges Staquet, Secrétaire général des métallos FGTB de Charleroi, ne nous a pas attaquées,… mais il n’ a rien fait pour nous non plus. Je me souviens que dans les locaux de la FGTB il était occupé au téléphone avec Ernest Glinne, député européen qui s’inquiétait de notre situation. Georges Staquet lui répétait : « Ne vous inquiétez pas Ernest, tout est arrangé ! » Nous entendions cela à travers la porte du bureau de Staquet car nous restions sur place dans les locaux de la FGTB. Après cela j’ai demandé à Marcelle Hoens (responsable nationale des Femmes FGTB) de nous mettre en rapport directement avec Ernest Glinne. J’ai expliqué à Glinne que, contrairement à ce qu’affirmait Georges Staquet, rien n’était réglé pour nous. Ernest Glinne m’a répondu : « Ce soir, je suis chez vous. ! » On lui a expliqué et il nous a dit : « Je vais vous emmener au Parlement européen à Strasbourg ».

    Un jour, après mon licenciement, la honte car je devais pointer au bureau de chômage, c’était au moment des élections, le délégué principal FGTB Vandestrick était là en train d’expliquer à la chômeuse qui me précédait dans la file : « La femme qui est derrière vous, elle s’est battue pour ses droits et nous l’avons soutenue… » Je n’ai pas pu m’empêcher de dire : « Ne le croyez pas ! Il vous raconte des bobards ! Nous nous sommes battues CONTRE lui. Car s’il avait voulu nous aider, on n’en serait pas là et je ne serais peut-être pas en train de pointer aujourd’hui.» Il est parti sans demander son reste…

    [button link=”https://fr.socialisme.be/59387/04-12-journee-socialisme-2021-a-bruxelles” type=”big” color=”red”] => Marguerite sera présente le 4 décembre à Bruxelles pour notre événement “Socialisme 2021” [/button]

  • Participez aux élections sociales et votez pour des candidats combatifs !

    Les élections sociales ont débuté hier dans environ 7000 entreprises. En Belgique, ce sont les élections qui impliquent le plus grand nombre de candidates et de candidats : 132.750 en 2016. C’est à cette occasion que sont élus les représentants des travailleuses et travailleurs au sein du comité d’entreprise et du comité pour la prévention et la protection au travail.

    Normalement, les élections sociales ont eu lieu en mai, mais la crise sanitaire a entraîné leur report. Aujourd’hui, la pandémie est toujours bien présente dans notre quotidien et, par conséquent, sur le lieu de travail. La crise sanitaire a confirmé l’importance de la combativité des délégués du personnel. Le patronat affirme respecter les mesures sanitaires, mais la réalité de terrain est bien différentes dans nombre d’entreprises. Les services d’inspection se plaignent d’ailleurs du manque de personnel pour effectuer les contrôles qui s’imposent. Là où des contrôles ont été effectués, il apparaît que deux tiers des entreprises négligent les mesures sanitaires ! Non, nous ne pouvons pas laisser notre santé aux mains des patrons !

    De nombreuses questions ne peuvent être laissées à la discrétion du patronat. Allons-nous les laisser décider unilatéralement des conditions d’organisation du télétravail ? Allons-nous accepter que la crise serve de prétexte à une avalanche de licenciements et de fermetures ? C’est dans les moments difficiles que l’on sait le mieux sur qui compter. Et s’il y a une chose que nous avons constatée durant la crise sanitaire, c’est que ce sont les travailleuses et les travailleurs qui font tout tourner.

    C’est ensemble que nous sommes les plus forts pour arracher de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Et les élections sociales sont très importantes dans la construction d’un rapport de forces. La participation à ces élections démontre qu’elles sont bien considérées par les collègues. Certains vont voter pour la première fois, par lettre ou par voie numérique. Cette situation peut représenter un frein sur la participation : sur place, au boulot, il y a une multitude de contacts informels entre collègues. Il est plus facile de convaincre tout le monde de voter. Là où le télétravail est la règle, la participation risque d’être plus faible. Mais il reste important de profiter des élections sociales pour illustrer quelle force représente notre nombre. Nous disons donc très clairement : votez !

    Mais voter pour qui ? C’est évidemment très important également. Pour défendre nos conditions de travail et de salaire et de repousser les attaques patronales (de la part des patrons eux-mêmes ou de celle des autorités), nous devons être audacieux et oser prendre les mesures nécessaire. Toutes nos conquêtes sociales ont été obtenues par l’entrée en action, de la journée des 8 heures au congé payé en passant par la protection des travailleurs grâce à la sécurité sociale. Une approche combative est nécessaire pour protéger ces conquêtes et en arracher de nouvelles. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’obtenir la plus grande participation possible des collègues : en les informant, en réunissant régulièrement le personnel, en construisant un noyau de militants plus actifs,… en collaboration avec d’autres syndicats quand c’est possible, ou en faisant pression sur eux et en les invitant à collaborer autour de revendications concrètes.

    Les membres du Parti Socialiste de Lutte – Linkse Socialistische Partij candidates ou candidats aux élections sociales lient tout cela à la nécessité d’une transformation socialiste de la société. Dans ce contexte de capitalisme en crise, chaque lutte syndicale adopte rapidement un caractère politique. C’est normal : nos revendications et nos besoins se heurtent directement aux étroites limites de ce que permet le capitalisme.

    Ces élections sociales doivent être l’occasion d’élire des militantes et militants syndicaux les plus militants. Celles et ceux qui organiseront des assemblées du personnel pour débattre de la manière de lutter contre l’austérité et les licenciements. Obtenir des délégations syndicales plus fortes et plus combatives représente un signal fort pour la direction tout en posant les bases d’une opposition plus ferme aux attaques contre nos conditions de vie.

  • Coronavirus. Où sont les dirigeants syndicaux ?

    Manifestation de La Santé en Lutte du 13 septembre.

    Pour un syndicalisme de combat !

    Le nombre d’infections causé par le terrible virus reprend son envol. Sept mois après le déclenchement de la pandémie, la stratégie pour l’endiguer demeure Moyenâgeuse  : le confinement. Pourtant, les connaissances scientifiques et les possibilités technologiques existent pour ne pas avoir à recourir à des mesures qui limitent autant notre vie sociale : des capacités de dépistage rapides et massives, une recherche sérieuse des contacts qu’ont eu les personnes contaminées,….

    Après 7 mois, il n’y a toujours pas de données précises sur les lieux principaux de contamination en Belgique. Cependant les chiffres français et britanniques démontrent que les contaminations au travail sont loin d’être négligeables. Dans la plupart des entreprises où des mesures ont été adoptées, elles sont nées de l’entrée en action des travailleuses et des travailleurs. En ce sens, nous ne sommes pas aussi mal préparés qu’en mars-avril. Mais combien de contamination au travail ont encore lieu ? Combien de travailleuses et de travailleurs se rendent au travail avec des symptômes légers de peur de perdre trop de salaire ?

    Les représentants syndicaux ont joué un rôle important dans l’adoption des premières mesures de sécurité : qui sait mieux ce qui est nécessaire que celui ou celle qui se trouve sur le lieu de travail ? Ce n’est pas tombé du ciel. Partout il a fallu faire pression pour que des mesures sérieuses soient prises. Comme en témoigne la lutte exemplaire de plus d’une semaine menée par les travailleuses et les travailleurs d’AB InBev à Jupille, relayée par des grèves de solidarité dans d’autres sites belges de la multinationale, pour qu’enfin des mesures plus sérieuses soient mises en place dans leurs usines. Et ce après qu’une dizaine de travailleurs aient été contaminés (lire notre article à ce sujet).

    Tout au long de la première vague, il est clairement apparu que c’est nous, les travailleuses et travailleurs ordinaires, qui faisons tout tourner. Et c’est d’autant plus vrai en ce qui concerne les secteurs essentiels. Cette conscience de classe accrue offre une opportunité à l’ensemble du mouvement ouvrier de passer à l’offensive pour enfin obtenir les moyens nécessaires pour les organismes de santé et une augmentation du salaire minimum. Il faut la saisir.

    Renoncer à imposer ces sujets primordiaux au centre du débat public par le moyen de campagnes actives, c’est laisser l’espace libre à une rhétorique antisociale. Il suffit de penser à la façon dont le Vlaams Belang diffuse son racisme et sa haine en Flandre. Pourtant, la vague de licenciements qui se met en place montre bien que ce ne sont pas les migrants qui volent les emplois et sont responsables de la misère sociale : ce sont les actionnaires.

    Nous ne devons pas nous contenter d’attendre l’arrivée d’un vaccin d’ailleurs elle-même ralentie par les errements du capitalisme : une concurrence féroce est à l’oeuvre entre multinationales du secteur, qui gaspille l’énergie et les moyens dont nous avons tellement besoin pour repousser la pandémie (lire notre article à ce sujet). Et pour peu que la distribution du vaccin soit aussi chaotique que celle des masques, nous serons encore loin d’être débarrassés de cette pandémie l’été prochain !

    Les dirigeants syndicaux devraient organiser la lutte pour le déploiement d’une capacité de test beaucoup plus importante et massive, y compris avec des tests plus rapides réguliers dans les entreprises (à l’image de ceux développés par l’université de Liège), en impliquant les représentants du personnel dans le contrôle de l’organisation de ces tests. Dans l’enseignement, cela pourrait être réalisé par le personnel et des comités d’étudiants.

    Défendre la nationalisation du secteur pharmaceutique est une évidence pour que le personnel de ce secteur et la collectivité disposent du contrôle et de la gestion du développement des capacités de dépistage et de vaccins, ainsi que de leur répartition. Nous constatons aujourd’hui que sept mois après le début de la pandémie, la capacité de test est déjà à nouveau sous pression. Les syndicats disposent d’une présence solide dans ce secteur, ils ont donc tous les outils en main pour faire une campagne de cette revendication. Qu’attendons-nous ?

    Afin de prévenir les contaminations sur le lieu de travail, il est essentiel que les personnes testées positives ne perdent pas de revenus. Des tests réguliers peuvent aider les personnes contaminées à être plus rapidement en confinement, avant même l’apparition des symptômes. Il est nécessaire d’envoyer immédiatement les personnes contaminées chez elles, mais en garantissant qu’elles ne perdent pas de revenus pour éviter qu’elles ne soient tentées de continuer de travailler à cause de la pression financière.

    Quant aux fermetures d’entreprises ou aux annonces de licenciements collectifs, notre riposte ne doit pas se limiter à demander un meilleur plan social. La comptabilité de ces entreprises doit être ouverte de manière à ce qu’elle puisse être vérifiée et les syndicats doivent lier cette question à celle de la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Que ces entreprises soient placées dans les mains de la collectivité, sans la moindre compensation pour les actionnaires qui condamnent le personnel à la misère !

    La deuxième vague menace d’être désastreuse pour le personnel de la santé encore épuisé par la première vague. Après des années d’économies, le secteur est sur les rotules. Les ressources supplémentaires promises sont d’ailleurs largement insuffisantes. Combler le manque de moyens et de personnel est une affaire urgente et de première importance. Et si des promesses ont été réalisées, c’est en grande partie parce que les politiciens traditionnels craignent les troubles sociaux.

    La manifestation combative appelée par le groupe d’action militant La Santé en Lutte le 13 septembre dernier à Bruxelles méritait de disposer du soutien le plus total de la part des appareils syndicaux. Mais le personnel soignant est largement laissé à lui-même. Grâce aux efforts déterminés de centaines de travailleurs et au soutien de structures syndicales locales à Bruxelles, cette manifestation s’est avérée être un grand succès compte tenu des circonstances avec 7.000 personnes présentes (lire notre article à ce sujet). Si les syndicats avaient décidé de sérieusement soutenir l’initiative à partir de tout le pays, beaucoup plus de monde aurait fait entendre les revendications légitimes du personnel soignant. Cela en aurait fait la plus grande manifestation de cet automne, au lieu de la caravane du Vlaams Belang…

    La logique du marché est un échec. Cela se voit dans le secteur de la santé. Cela se voit dans le dépistage du virus et le tracing. Cela se voit dans le développement d’un vaccin et cela ne manquera pas non plus d’être constaté plus tard quand il faudra en assurer la distribution. En 2020, le capitalisme n’a pas su aller plus loin que la méthode médiévale du confinement. Le capitalisme est en faillite et il doit céder la place. Il est grand temps d’instaurer un autre système reposant sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population et capable de répondre aux défis de notre temps de manière démocratiquement planifiée. C’est ce que nous appelons le socialisme.

  • Entrevue avec Xaquin Garcia Sinde, militant du collectif syndical espagnol Ganemos CCOO

    Pour un syndicalisme combatif, de classe et démocratique !

    Nos camarades quebecois d’Alternative Socialiste ont réalisé cette interview de Xaquin Garcia Sinde, militant du collectif syndical espagnol Ganemos CCOO (Gagnons la Confédération syndicale des Commissions ouvrières, CCOO). Le CCOO est la plus grande centrale syndicale en Espagne. Cette entrevue a été réalisée par William G. en mars 2018.

    Notons que le camarade Xaquin fait face à la répression de l’État espagnol, de l’entreprise Navantia où il travaille depuis 37 ans et aussi de la bureaucratie syndicale qui n’aime pas qu’un travailleur conscient s’organise avec ses camarades pour lutter de façon démocratique et combative.

    Où travailles-tu et quelle est ton expérience dans le milieu syndical ?

    Je travaille sur les chantiers navals militaires espagnols de Navantia situés dans la ville de Ferrol en Galicie. J’appartiens à la Confédération syndicale des commissions ouvrières (CCOO) depuis mon premier jour de travail comme apprenti-soudeur dans l’entreprise il y a 37 ans. Durant toutes ces années, j’ai participé à d’innombrables luttes à Navantia, où je fus délégué syndical, dans des luttes d’autres entreprises et dans d’autres de type général, comme des grèves générales de différentes envergures (locale, régionale, étatique). À l’intérieur du syndicat, j’ai fait partie de la commission exécutive régionale de la fédération métallurgiste de la CCOO et de la commission exécutive régionale de toute la Galicie, qui regroupe toutes les fédérations sectorielles de la CCOO.

    À cause de mon activité syndicale, toujours réalisée avec une approche socio-politique socialiste, les services secrets espagnols m’ont déclaré un danger pour la sécurité nationale pour « une participation continuelle à des organisations et à des groupes dont les idées défendent une stratégie révolutionnaire : de classe, anticapitaliste et internationaliste. »

    Ganemos CCOO est surtout actif dans quels secteurs ?

    Notre activité la plus importante se concentre dans la métallurgie, les transports, les services sociaux, l’enseignement, les technologies de l’information et le commerce.

    Comment fonctionne Ganemos ? Quelles sont ses principales activités ?

    Nous avons un fonctionnement assez décentralisé. Dans chaque entreprise, nous nous réunissons pour analyser les choses et nos propositions. Nous réalisons aussi des réunions de portée locale ou régionale quand les circonstances l’exigent. Périodiquement, nous réalisons des conférences de portée nationale pour mettre en commun toutes nos expériences.

    Quelle est l’attitude de la direction de la CCOO en lien avec les activités et les positions de Ganemos ?

    Ganemos est né suite à l’énorme malaise généré dans la base de la CCOO à cause d’un grave scandale de corruption qui incluait l’utilisation, de la part de certains membres de la haute direction de la CCOO (et aussi de l’UGT, l’autre grande confédération syndicale), de cartes bancaires dont les dépenses étaient payées par une caisse d’épargne publique. Bien que la haute direction ne trouve rien de drôle au fait que nous existons, généralement ils ont choisi de nous ignorer et de faire comme si nous n’existions pas. Mais cela n’a pas empêché que nous ayons eu des représailles sélectives comme l’expulsion de plusieurs délégués syndicaux du commerce à Madrid ou de l’ex-secrétaire générale d’une fédération régionale de l’enseignement.

    Concernant les positions syndicales, en ce moment même, elles sont aux antipodes. Nous défendons un syndicalisme combatif, de classe, assembléiste et démocratique pendant que la direction de la CCOO a totalement cédé face aux coupures du Partido Popular (PP) et maintient en Espagne une paix sociale totalement artificielle.

    Est-ce qu’il existe d’autres groupes d’opposition syndicale à l’intérieur de la CCOO ? Si oui, lesquels, et quels sont les liens que Ganemos entretient avec eux ?

    Il existe le Secteur Critique fondé en 1995 qui s’est affaibli progressivement au fil des années. Plusieurs personnes de Ganemos participaient en son sein (j’ai moi-même été membre de la coordination nationale), mais nous l’avons abandonné parce qu’il s’est converti en une plate-forme orientée fondamentalement sur les processus des congrès et sur le fonctionnement interne de la CCOO alors que nous pensons que l’orientation doit être vers l’ensemble de la classe ouvrière : vers toutes les personnes salariées d’une entreprise ou d’un secteur, vers l’ensemble des personnes travailleuses d’une entreprise en lutte.

    Quel est le rôle d’Izquierda Revolucionaria (Gauche Révolutionnaire) dans Ganemos ?

    Ce n’est pas du tout un secret que la formation de Ganemos CCOO a été une initiative de Izquierda Revolucionaria (IR), la section espagnole du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), comme ce n’est pas non plus un secret que je milite dans IR depuis 1985. Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’IR supervise toutes et chacune des activités développées au nom de Ganemos CCOO dans chaque entreprise, sinon que la proposition syndicale de Ganemos CCOO est élaborée depuis une perspective politique marxiste, ce qui veut dire qu’elle s’oriente sur une transformation socialiste de la société.

    Comment évolue la situation syndicale avec la crise économique qui affecte gravement la classe ouvrière espagnole ?

    Nous assistons à un processus généralisé de dégradation des conditions de vie et de travail de la classe ouvrière, avec une chute salariale moyenne de 15-20% dans la dernière décennie, l’apparition du phénomène des travailleurs pauvres, des coupures dans la couverture de l’assurance-chômage, les pensions, la santé et l’enseignement public, etc.

    Mais au lieu d’organiser la résistance contre ces agressions, les directions syndicales sont complètement disparues. Ou pire encore : elles ont accepté les coupures, comme la réforme des pensions qu’elles ont signée avec le gouvernement du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en 2011, qui a élevé l’âge de la retraite de 65 à 67 ans et qui incluait toute une série de mesures qu’on estime qui entraîneraient une réduction des pensions autour de 20% en une décennie. Systématiquement, dans les entreprises aussi, elles acceptent des réductions dans les droits des travailleurs ou des licenciés. Ce syndicalisme défaillant a une autre conséquence : il mène à un modèle d’organisation hiérarchique dont les dirigeant-es se sentent chefs et prétendent décider pour les travailleurs. Cela découle de ce que, quand sont acceptées les réductions des droits, la participation des travailleurs devient un problème. Tout cela a plongé les syndicats espagnols dans une profonde crise. La perte de prestige et la perte d’autorité sont énormes.

    Le niveau des grèves est très faible, mais les principales luttes contre les abus patronaux qui ont eu lieu dans la dernière période (comme la grève de la sécurité privée à l’aéroport de Barcelone l’été dernier) n’ont pas été convoquées ni par la CCOO ni par l’UGT, sinon par des petits syndicats. Ces derniers, devant cette situation, ont surgi comme des champignons, bien que leur taille, le fait d’être concentré dans une entreprise ou un secteur, et le manque de perspective politique socialiste rendent difficile qu’elles soient une alternative des masses à la bureaucratie syndicale. Nous ne choisissons pas d’abandonner la CCOO pour former un petit syndicat, mais plutôt de promouvoir une plateforme qui permet de regrouper les personnes travailleuses les plus conscientes et combatives pour éviter qu’elles s’en aillent à la maison démoralisées devant la pénible situation actuelle du mouvement syndical.

    Comment s’articule le travail syndical avec la montée de Podemos et d’autres forces politiques de gauche anticapitaliste ?

    Avec Podemos, nous ne pouvons rien articuler parce qu’ils ne réalisent aucun travail syndical (à moins que par travail syndical, on veut dire maintenir des réunions avec les hautes directions de la CCOO et de l’UGT). En ce qui a trait aux autres forces politiques de gauche anticapitaliste, en général il n’y a pas beaucoup d’opportunités parce qu’IR est la seule qui maintient depuis des décennies une orientation systématique vers les usines, pendant que les autres ont soit tout perdu durant la traversée du désert provoquée par la chute du stalinisme en 1989, soit concentré leur travail sur d’autres fronts, ou sont allées dans les syndicats minoritaires.

    Il peut y avoir plus de possibilités d’articuler quelque chose quand une entreprise entre en conflit, mais l’expérience nous démontre qu’il y a différentes approches: pendant que d’autres groupes se concentrent exclusivement sur la solidarité, nous pensons, sans diminuer l’importance de la solidarité qui évidemment est très importante, qu’il y a quelque chose de beaucoup plus important qui est d’apporter aux travailleurs-euses l’analyse du rapport de forces entre les deux classes en lutte, et la stratégie, les tactiques et les méthodes adéquates pour vaincre. Pour obtenir cela, d’abord, tu as à gagner le droit d’être écouté par les travailleurs-euses, ce qui signifie être impliqué à fond et humblement dans leur lutte, de ne pas se limiter à aller là avec des petits drapeaux pour faire une photo et la mettre sur internet.

    Comment la lutte catalane pour le droit à l’autodétermination et le nationalisme espagnol virulent des derniers mois se répercutent-ils dans la lutte des classes et le syndicalisme en Espagne ?

    Les derniers mois ont été une intense campagne de chauvinisme espagnol qui incluait l’encouragement à exhiber des drapeaux espagnols sur les résidences. Cette campagne a percé une partie des travailleurs bien que de manière très inégale. Pour commencer, parce que l’Espagne est un État plurinational où les identités sont très marquées, et logiquement, la sensibilité sur la question catalane est beaucoup plus majeure dans les deux autres nations de l’État espagnol (le Pays Basque et la Galicie), où c’est très exceptionnel de voir un drapeau espagnol dans une fenêtre, chose que l’on ne peut dire d’autres zones d’Espagne comme l’Andalousie, un fief du PSOE.

    L’autre facteur, c’est l’idéologie politique. La dictature franquiste qualifiait quiconque qui s’y opposait d’être « antiespagnol » ; l’Espagne, c’était eux, les fascistes. En conséquence de cela, au sein de très vastes secteurs des travailleurs-euses a pénétré un rejet des symboles patriotiques espagnols, et ce fossé fait que, même si on est en désaccord avec le processus catalan, il y a beaucoup de travailleurs-euses qui rejettent le patriotisme espagnol pour sa puanteur franquiste. Et la situation s’aggrave encore plus parce que plusieurs pensent que le Parti Populaire sont les héritiers du franquisme.

    En ce qui concerne la Catalogne, la CCOO et l’UGT ont eu un rôle néfaste en s’opposant par exemple à la grève générale du 3 octobre convoquée pour protester contre la répression policière brutale durant le référendum du 1er octobre. Selon notre opinion, ils auraient dû lier la lutte pour le droit à l’autodétermination en Catalogne avec la lutte pour un programme de revendications qui améliorent réellement la douloureuse situation des travailleurs-euses dans tout l’État. À moyen terme, nous verrons si l’attitude de la CCOO et de l’UGT en Catalogne aura certaines conséquences importantes, mais en principe, il n’y a pas eu de conséquences significatives dans le mouvement syndical.

    Dans le terrain politique, la question catalane a mis à l’épreuve toutes les organisations et les tendances de la gauche. Et, malheureusement, il faut dire que Podemos et Izquierda Unida (Gauche Unie) se laissèrent pousser par la peur d’un possible recul électoral au lieu de maintenir une position ferme en faveur du droit à l’autodétermination en optant pour une position équidistante. Le résultat s’est vu dans les élections catalanes du 21 décembre : ils sont passés de 11 députés à 8.

  • Les syndicats ont besoin d’un programme et d’un plan de bataille offensifs

    Les résultats de l’enquête ‘‘Noir Jaune Blues’’ (Le Soir, 9 janvier) sont destructeurs pour les pouvoirs en place et leurs institutions. Pour 63% des Belges, le système politique est en échec, 74% se sentent abandonnés par l’élite et 80% estiment que les dirigeants politiques ont laissé le pouvoir au monde financier. Le Belge ne traduit malheureusement pas (ou plus) cette insatisfaction dans une lutte socio-économique, il se replie sur lui-même et entretient des préjugés racistes. D’où cela provient-il ? Selon nous, cela provient essentiellement du fait que les partis de gauche visibles et les syndicats ne proposent pas d’alternative captivante.

    Dossier d’Eric Byl paru dans l’édition de février de Lutte Socialiste

    Diviser pour régner semble fonctionner jusqu’ici

    L’enquête en question a été menée auprès de 4.700 personnes dans toute la Belgique. Parmi celles-ci, 77% ne se sentent plus chez elles dans leur pays, 64% estiment que les étrangers viennent profiter de notre système social, 63% ont peur de l’afflux d’étrangers ‘‘parce qu’ils sont musulmans’’. Diviser pour régner, cela semble marcher, du moins provisoirement. Mais un sondage n’est jamais qu’un instantané. Celui-ci a été pris dans les premières semaines de 2017. Le résultat aurait totalement été différent à la suite de l’automne 2014, lorsqu’avec leur plan d’action, les syndicats avaient offert la perspective d’une victoire dans la lutte contre le gouvernement Michel. Mais, depuis lors, nous luttons avec des dirigeants syndicaux sans grand enthousiasme, qui alterne la signature de compromis pourris et des défaites pures et simples. Vas-y pour expliquer ça sur ton lieu de travail en tant que délégué syndical.

    Nos dirigeants syndicaux sont tellement collés aux institutions et aux organes de concertation qu’ils ne peuvent tout simplement s’en détacher, même quand il n’y a plus rien à y chercher. Même avec la victoire à portée de main, lorsque le gouvernement Michel chancelait fin 2014, ils ont lâché l’initiative. Que le mouvement des travailleurs impose ses alternatives semble tout autant inacceptable pour les dirigeants syndicaux que pour les patrons et leurs politiciens. Il n’est pas étonnant que, chez de nombreux travailleurs, l’idée que nous devons nous-mêmes entrer en action pour faire valoir nos droits ne soit accepté à nouveau que graduellement.

    N’attendons pas les prochaines élections

    Entretemps, les dirigeants syndicaux nous renvoient aux prochaines élections, aux ‘‘politiciens amis’’ qui, aux yeux de beaucoup, ont déjà depuis longtemps perdu toute confiance. Selon ‘‘Noir Jaunes, Blues’’, les partis politiques n’ont plus la confiance que de 9% des sondés ! S’il existe encore des politiciens qui suscitent l’enthousiasme – comme Bernie Sanders aux États-Unis, Jeremy Corbyn au Royaume-Uni et Unidos Podemos en Espagne – le soutien du mouvement des travailleurs reste limité à une minorité de syndicats de gauche, tandis que la majorité continue à nous renvoyer sur la voie du moindre mal, celle de Clinton aux États-Unis, de Smith au Parti travailliste britannique, du PSOE espagnol ou, en Belgique, du PS et d’Ecolo, ou du SP.a et de Groen.

    Résultat: ce ne sont pas les syndicats, et certainement pas les partis traditionnels de gauche, mais le populiste Trump qui peut se profiler comme celui qui ose affronter les multinationales. Ce ne sont pas les syndicats ou la gauche, mais Geert Wilders aux Pays-Bas qui se profile comme celui qui va ramener l’âge de la retraite à 65 ans. Ce ne sont pas les syndicats ou la gauche, mais bien Marine Le Pen et Nigel Farage qui prétendent vouloir libérer la collectivité souveraine du joug néolibéral de l’Union européenne. Qu’il s’agisse ici de ‘‘populistes’’ fait de moins en moins impression. Tous ceux qui ne suivent pas à la lettre la politique néolibérale ne sont-ils de toute manière pas qualifiés de ‘‘populistes’’? Les politiciens traditionnels ne se comportent-ils pas eux-mêmes comme de purs et simples populistes?

    Au lieu de laisser l’initiative aux populistes de droite en se rageant derrière les politiciens du moindre mal, les syndicats devraient à nouveau élaborer un programme offensif capable de soulever l’enthousiasme, couplé à un plan de bataille visant à le traduire dans la pratique.

    Un programme offensif

    Dans un éditorial concernant la crise de la gauche (Le Soir, édition des 14 et 15 janvier 2017), Beatrice Delvaux (éditorialiste en chef au Soir), avec qui nous sommes rarement d’accord, fait correctement remarquer que le problème ‘‘ne se pose pas sur les valeurs à défendre (solidarité, émancipation, défense des droits humains etc.), mais sur les politiques à proposer, le programme à élaborer et l’identification de personnalités qui osent les transgressions et le ‘‘populisme progressiste’’. Elle cite par ailleurs Spinoza : ‘‘Pour lutter contre une passion triste, il faut être capable de proposer une autre passion’’. Elle conclut en disant qu’il faut ‘‘toujours retourner à la source pour retrouver son chemin.’’

    Pour les syndicats, ce retour aux sources peut être la lutte pour la journée des huit heures, qui a été votée en Belgique le 8 juin 1921, ou la lutte pour le suffrage universel. Le Plan du Travail que le Parti ouvrier belge (POB, l’ancêtre du PS et du SP.a) a déballé à la Noël 1933 – un plan de nationalisation et de socialisation afin de réorienter l’économie vers le bien commun – a suscité un énorme enthousiasme. Le POB l’a lâché en 1935 pour rejoindre le gouvernement du banquier Van Zeeland, mais cela a certainement joué un rôle pour la grande grève générale de 1936, qui a arraché 6 jours de congés payés, une augmentation salariale de 8%, un salaire minimum et la semaine des 40 heures dans certains secteurs. En 1954 et 1956, la FGTB a travaillé sur une alternative pour lutter contre la mainmise des holdings financiers sur l’économie via des réformes de structures et une large intervention des autorités. Ce n’était pas un programme socialiste, pas même un programme anticapitaliste, mais cela a suscité suffisamment d’enthousiasme pour déboucher sur l’épreuve de force historique de la ‘‘grève du siècle’’, en 1960-61.

    Dans ‘‘Où va la France?’’ (1936), Léon Trotsky a souligné que la grève générale est une affaire sérieuse, un appel que l’on ne lance pas comme ça, mais qui exige au contraire une préparation précise. Aujourd’hui, en Belgique, le récent Accord interprofessionnel (AIP) élaboré dans le groupe des 10, est largement insuffisant. Il ne suffira pas pour apporter la paix sociale que le patronat et les dirigeants syndicaux espèrent. Mais il peut fournir un certain souffle aux syndicalistes pour œuvrer sérieusement à l’élaboration d’une alternative capable de répondre à la situation concrète à laquelle sont confrontés les travailleurs et leurs familles.

    Que peuvent être les fers de lance d’une alternative conséquente ?

    Les travailleurs sont constamment mis en concurrence les uns avec les autres pour miner les salaires et les conditions de travail. Les bénéfices supplémentaires ainsi obtenus sont de plus en plus distribués aux actionnaires ou consacrés à des rémunérations vertigineuses des PDG. La seule mesure qui peut véritablement y remédier est la réduction collective du temps de travail.

    L’introduction d’une journée de six heures au salaire de huit heures est expérimentée en différents endroits, dans différents pays. En termes de lutte contre la pauvreté et le chômage, en faveur de l’égalité des sexes, de qualité du service et du travail et de satisfaction professionnelle, le résultat démontre des avantages spectaculaires mais, pour les patrons et leurs laquais politiques, cela est qualifié de ‘‘non-sens économique’’, à l’instar de l’introduction de la journée de huit heures à l’époque. Un Trump, un Wilders, une Le Pen ou un Farage donnent l’impression qu’ils ne seront pas dissuadés par ces arguments. Mais ‘‘à gauche’’, il semble que l’on ne sait pas que l’écart entre riches et pauvres atteint des proportions historiques et donc… ceux qui préconisent une journée de 6h plaident pour que le surcoût soit compensé sur la sécurité sociale qui est déjà saignée à blanc.

    Nous pensons que les moyens nécessaires à une réduction des heures de travail doivent être prélevés sur les bénéfices et les rémunérations des PDG, mais cela exige l’épée dans les reins: la menace de l’expropriation et de la nationalisation pour les patrons et les actionnaires qui s’y refusent.

    Un problème pour motiver les jeunes ? C’est logique, chaque dégradation sociale se fait au détriment de leurs salaires et de leur sécurité d’emploi. Pourquoi les syndicats ne lancent-ils pas une campagne pour l’instauration obligatoire d’un contrat à durée indéterminée après 3 mois avec interdiction d’accumuler les contrats précaires ? Alors que les jeunes sont emprisonnés dans l’insécurité, les personnes âgées, les handicapés et les chômeurs sont ‘‘activés’’ et l’âge de la retraite est relevé. ‘‘Tout ce qui a des oreilles et des jambes doit travailler’’, traduit la politicienne de ‘‘gauche’’ Monica De Coninck (SP.a) qui appliquait cette politique de casse sociale il n’y a pas si longtemps encore. Où donc se trouve la campagne pour un ‘‘travail faisable’’ qui garantit un repos bien mérité à nos aînés au moment où ils ont encore la santé pour en profiter? La réduction de l’âge de la retraite et une pension légale garantissant le maintien du niveau de vie doivent faire partie de ce projet enthousiasmant.

    Avec un tel projet, discuté sur les lieux de travail et dans les réunions syndicales et activement mis en avant dans les lieux publics, le Belge moyen ne serait pas replié sur lui-même et absorbé dans les préjugés, il pourrait être remobilisé dans les luttes sociales, économiques et politiques.

  • Conférence-débat. Il y a 20 ans, Clabecq : une lutte exemplaire

    Ce jeudi 2 février, à 19h, à la Pianofabriek, 35 rue du Fort, 1060 Saint-Gilles (Bruxelles)

    Conférence-débat organisé par le Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (BXL) avec : Silvio Mara, ex-délégué FGTB aux forges de Clabecq & Gustave Dache, ex-délégué Caterpillar, vétéran de la grève générale de l’hiver 1960-61.

    La faillite des Forges de Clabecq est prononcée en décembre 1996. Une lutte pour le maintien de l’emploi est directement engagée, avec notamment une grande marche pour l’emploi le 2 février 1997 qui a réuni 70.000 personnes sur le site des Forges. 600 emplois sont sauvegardés mais l’ensemble des membres de la délégation syndicale est licencié. Plusieurs d’entre eux sont carrément exclus de leur syndicat pour avoir concrétisé une approche syndicale de lutte.

    Il y a beaucoup à tirer aujourd’hui de ce combat exceptionnel pour résister face aux restructurations à Caterpillar, ING, Douwe Egbert… La Belgique possède un mouvement syndical puissant mais cela ne suffit pas pour parvenir à contrer l’offensive généralisée contre les travailleurs à laquelle nous assistons. Ce meeting vise à renouer avec un syndicalisme de combat.

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    Bienvenu à toutes et tous!

  • Débat. Caterpillar: Non à la fermeture!

    gustave_dorazioNon à la solution qui mène au chômage et à la misère!

    Samedi 8 Octobre – 15h, Maison des 8 heures, Place Charles II, 23 à Charleroi

    Meeting et discussion avec : Gustave Dache

    affiche_charleroiVétéran du mouvement ouvrier à Charleroi, un des premiers délégués de Caterpillar, licencié pour fait de grève, puis délégué à citroën, il a aussi activement participé à la grande grève générale de l’hiver 1960-61.

    Avec la participation de :
    Roberto D’Orazio et Silvio Mara, ex-délégués FGTB aux forges de Clabecq
    – et de François, ex délégué FGTB à Caterpillar

    « Une vraie solution face à l’austérité, aux fermetures, aux licenciements et aux délocalisations, cela existe. Cela se trouve dans les résolutions des congrès de 1954 et 1956 de la FGTB. Il s’agit de la nationalisation par expropriation sans rachat ni indemnité des banques et des secteurs clés de l’économie. Afin que cela soit efficace et pour empêcher toute gestion bureaucratique, cela doit impérativement se faire sous contrôle et gestion ouvriers directs. Même si les nationalisations paraissent irréalistes aux sceptiques invétérés, elles n’en restent pas moins les seules et vraies solutions. (…) Nous devons passer à l’offensive pour de vraies solutions sans plus tarder, au risque de mordre la poussière et d’hypothéquer notre avenir et celui de nos enfants. Sans risque, rien n’est jamais acquis.

    De tout cela, il faut pouvoir parler sans tabou, dans l’objectif de disposer du syndicalisme d’action le plus efficace possible »

    Gustave Dache dans son livre « Témoignage pour un syndicalisme de combat anticapitaliste et démocratique »

    «Vous pouvez déposer tous les amendements que vous voulez, si vous pensez que ce qui se passe aujourd’hui, c’est parce que le système se trompe… Le système capitaliste ne se trompe jamais. Lui, il a toujours continué son histoire. Nous, nous avons abandonné la nôtre, parce que le capitalisme nous a fait peur des dérives qu’il y a eu. Et puis dire que la classe des travailleurs et les citoyens n’ont plus besoin d’avant-garde, je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi grave. L’avant-garde, c’est les gens qui se mobilisent, pour lesquels les sentiments vont plus loin, c’est des gens qui travaillent, qui étudient, c’est les gens qui titillent la classe ouvrière, ils sont nécessaires, parce que si on pense que les travailleurs vont tous se réveiller en une fois, on va attendre encore longtemps.»

    Roberto D’Orazio lors de la lutte des travailleurs contre la fermeture des Forges de Clabecq

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  • [VIDEO] Les forges de Clabecq : Retour sur un syndicalisme de lutte

    Il est beaucoup question de la lutte des Forges de Clabecq dans la presse à l'occasion des lourdes menaces qui pèsent sur l'avenir du site de Caterpillar à Gosselies. Cette petite vidéo réalisée par le PSL revient sur cette expérience qui, bien qu'ayant presque 20 ans, n'a pas perdu une ride.

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