Tag: Socialist Party

  • Les révolutions ne se font pas sans les femmes !

    8 mars : journée internationale des femmes

    Depuis plus d’un siècle, le 8 mars est la date où l’on commémore et célébre la lutte des travailleuses et des femmes révolutionnaires pour de meilleures conditions de vie et pour une société socialiste. Cette date trouve ses origines dans les luttes des femmes américaines, au XIXème siècle, pour un salaire égal à celui des hommes et des conditions de travail décentes.

    Déclaration du CIO

    Le 8 mars 1857, les travailleurs du textile de New York ont manifesté et organisé des piquets de grève pour exiger de meilleures conditions de travail et un salaire égal pour les femmes. Leurs rangs ont été brisés par la police. Cinquante-et-un an plus tard, le 8 mars 1908, leurs camarades de l’industrie textile ont manifesté à nouveau, honorant les grèves de 1857 et demandant le droit de vote ainsi que la fin des ateliers clandestins et du travail infantile. La police était là encore à cette occasion.

    En 1910, une conférence de femmes socialistes de la Deuxième internationale a adopté la proposition faite par la militante révolutionnaire Clara Zetkin, d’établir une journée internationale de la femme. Les femmes russes l’ont appliquée le dernier dimanche de février (selon le calendrier pré-révolutionnaire julien).

    En 1917, c’est aussi un 8 mars (cette fois selon le calendrier grégorien utilisé ailleurs dans le monde) que les femmes de Pétrograd ont littérelement commencé une révolution. Protestant contre les augmentations de prix et les pénuries alimentaires, elles ont envahi le centre de la ville, appelant tous les travailleurs à les rejoindre.

    « A bas la guerre et la famine ! ». La faim était responsable de la mort de milliers d’enfants et de personnes âgées, mais aussi de personnes très pauvres ou malades. La première guerre mondiale avait pris les vies de millions de paysans et de travailleurs. La Révolution de février en 1917, qui a renversé le tsarisme dans l’Empire Russe, a été le précurseur de la révolution socialiste victorieuse d’octobre cette même année.

    Sous le capitalisme : des acquis et des pertes

    Quasiment cent ans plus tard, le système dont on nous dit qu’il n’a pas d’alternative subit probablement la pire crise de son histoire. Au XXème siècle, dans beaucoup de pays européens et aux Etats-Unis, sous la pression de puissantes luttes de la classe ouvrière, le capitalisme a été forcé d’accorder l’accès à la sécurité sociale, l’éducation et à des crèches. Pendant les périodes de boom économique, les services à domicile devinrent accessibles. Mais la majorité des femmes en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, qui travaillent sans relâche, et des millions d’autres même dans les pays les plus développés, n’ont peu ou pas bénéficié de ces avancées.

    En Europe et en Amérique principalement, une couche de femmes travailleuses peut se battre pour un salaire égal, une égalité des chances et des heures de travail modulables. Au XXème siècle, les attitudes chauvinistes envers les femmes et la promotion du sexisme ont aussi été contrastées par des victoires arrachées par les luttes. Dans le système capitaliste, la « domination masculine » est partie intégrante du système : une réminiscence du passé qui constitue un moyen de maintenir la division et l’exploitation de la classe ouvrière. Mais ses pires expressions peuvent être combatues par les luttes, surtout là où elles sont liées à un mouvement unifié de la classe ouvrière contre les patrons et leur système tout entier.

    Plus durement touchées par la crise

    Aujourd’hui, dans le contexte de la crise mondiale du capitalisme, les acquis des femmes des classes ouvrière et moyenne sont attaqués. Le salaire égal à travail égal, là où il a été gagné, doit être défendu. Si les directions syndicales n’organisent pas la lutte, ce droit de base comme beaucoup d’autres seront remis en cause. Les avancées dans la classification des violences domestiques comme crime et les mesures de protection des femmes cherchant un refuge face à un compagnon violent ont aussi reculé.

    Pendant la première vague de la crise, les travailleurs (masculins) ont pu être les premiers à perdre leurs emplois face à des travailleuses dont le salaire était moindre. Mais alors que la crise s’approfondit et que les emplois publics sont massacrés, ce sont les femmes les plus durement touchées : elles peuvent perdre leur emploi rémunéré, voir leurs allocations fondre et les services sociaux atomisés. Ce n’est pas un hasard qu’elles soient en première ligne des grèves et des grèves générales en Europe notamment.

    Ce sont toujours les femmes qui s’occupent en majeure partie du foyer. Elles font la plupart des courses, de la cuisine, du ménage et ce sont elles le plus souvent qui s’occupent des autres membres de la famille. En période de crise, cela signifie cauchemar sur cauchemar sur le budget familial ; les revenus qui diminuent et les coûts qui augmentent. Alors que les services publics sont attaqués, cela veut aussi dire qu’il faut trouver plus de temps et d’énergie pour s’occuper des enfants, mais aussi des membres âgés ou malades de la famille. Le chômage de masse chez les jeunes est aussi un souci énorme : les possibilités de faire des études s’amenuisent et les aides sont inexistantes ou presque. Les jeunes sont de plus en plus dépendants de leur famille. Le poids que cela fait peser sur les familles de la classe ouvrière peut devenir insupportable, et les parents peuvent constamment avoir la peur que les adolescents chômeurs se replient sur eux-mêmes, plongent dans l’alcool, la drogue ou la petite criminalité.

    Au fil de la crise qui frappe l’Europe, des centaines de milliers de familles ont été brisées : expulsions, émigration de jeunes, suicides, ou incapacité à s’occuper des plus jeunes et des plus faibles… En Grèce, des femmes désespérées par leur incapacité matérielle à s’occuper de leurs enfants les envoient aux autorités étatiques dans l’espoir que ces derniers puissent le faire.

    Ce n’est pas un mystère si dans les manifs en Grèce, les femmes sont les plus bruyantes. Elles ne veulent pas remonter le temps, être confinées à gérer le foyer, être torturées par la pauvreté et la faim ou une nouvelle dictature militaire. Elles n’ont rien d’autre à perdre que leur futur. Un programme socialiste "Non à la dette, non à l’UE" est de plus en plus soutenu. L’idée d’un changement révolutionnaire, de l’auto-organisation, de dégager les capitalistes et les banquiers et de planifier la société selon les besoins et non la cupidité d’une poignée. Tout ceci peut attirer les femmes, les jeunes et les plus âgés. L’alternative qui consisterait à rester sous le capitalisme est un cauchemar.

    Ce sont les femmes qui souffrent le plus des guerres, guerres civiles, famines, catastrophes naturelles, saisies de terres ou dégradations environnementales. Ce sont elles qui souffrent le plus des pratiques religieuses réactionnaires comme les mariages forcés ou les mutilations génitales. Mais elles souffrent aussi le plus de l’incapacité du capitalisme à développer les économies pour le bénéfice de tous au lieu du seul bien-être d’une poignée d’ultra riches.

    Dans les pays soi-disant développés, si les longues heures de travail mettent la pression sur la vie familiale, surtout pour les femmes, dans les économies moins développées, les femmes effectuent tout le travail fatiguant dans les champs. Ce sont aussi elles qui doivent porter de l’eau sur des kilomètres à travers le pays. Elles et les enfants sont parmi les travailleurs les plus exploités et harcelés dans les usines et les mines.

    Selon l’association "Care International", 70% des plus pauvres du mondes sont des femmes et des petites filles, deux tiers des gens qui ne savent pas lire et écrire sont des femmes, et dans beaucoup de pays, plus de femmes sont susceptibles de mourir en couche que de recevoir une éducation. Dans un monde où partout les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres, le combat pour gagner des femmes socialistes à la bannière de la socialiste et de la révolution devient chaque jour plus urgent.

    Inde et Chine

    Dans des pays comme la Chine ou l’Inde, la majorité des femmes et de leurs enfants vivent dans une pauvreté absolue. Une certaine couche de la société (environ 300 millions de personnes dans ces deux pays) a pu s’élever d’une pauvreté absolue au niveau de vie moyen des classes populaires. Mais avec le choc de la crise ils commencent à s’embourber à nouveau dans la pauvreté et à se retrouver sans abri. Certains commencent à résister et à se battre sur les questions de logement et d’environnement.

    Les travailleurs (hommes et femmes) qui ont quitté les campagnes désœuvrées pour les grosses usines ont aussi commencé à lutter contre les horaires interminables et les conditions de travail dignes de l’esclavage qui leur sont imposés. En Inde, les jeunes travailleurs de Suzuki Maruti, par exemple, ont formé leur propre syndicat, se sont mis en grève et ont gagné de meilleures conditions de travail ainsi que de meilleurs salaires. Ainsi, ils peuvent nourrir, habiller et loger leur famille dans de meilleures conditions et passer plus de temps avec elle.

    Dans les usines chinoises, les jeunes femmes travaillent parfois jusqu’à 12 heures par jour. Elles ont récemment été impliquées dans d’importantes grèves. Dans l’entreprise Foxcon qui emploie un million de personnes en Chine, principalement des femmes, le suicide apparait comme la seule issue. Cependant, les grèves de l’année dernière ont permis une légère amélioration. Des menaces de suicides collectifs ont encore fait les gros titres, mais l’idée de luttes de masse progresse à nouveau. Le potentiel pour des soulèvements révolutionnaires est ancré dans la situation actuelle de la Chine dans lesquelles de nombreuses femmes joueront un rôle important pour qu’ils soient victorieux.

    Un fort ressentiment monte aussi en Chine contre la politique rigide de l’enfant unique. Elle crée de grandes souffrances émotionnelles et matérielles, surtout pour les femmes. Celles qui peuvent trouver l’argent nécessaire vont à Hong Kong pour contourner la loi et accoucher là bas. Mais elles doivent faire face, non seulement à la possibilité de sanctions à leur retour chez elles, mais aussi des tentatives racistes de faire monter l’hostilité contre les chinois du continent. Les membres du CIO à Hong Kong se battent résolument pour les droits de femmes et aussi contre toutes les expressions du racisme.

    Droits des femmes

    Les femmes doivent avoir le droit de décider si, quand et combien elles veulent d’enfants. Elles peuvent grandement souffrir de la décision d’avoir ou de ne pas avoir d’enfant. Les vrais socialistes défendent le droit de choisir de mettre fin à une grossesse non désirée dans des conditions de sécurité satisfaisantes. Les membres du CIO mènent campagne, partout dans le monde, contre les religieux et autres réactionnaires qui refusent le droit à un avortement libre, dans des conditions satisfaisantes de sécurité et de délais. Cela doit être considéré comme un droit et non comme les militants hypocrites des mouvements nativistes l’appellent, un « infanticide » ! En Irlande, la députée du Socialist Party, Clare Daly, est intervenue au parlement pour défendre le droit à l’avortement.

    Avec l’approfondissement des crises, il sera de plus en plus difficile pour les femmes (seules ou avec leur conjoints) de nourrir et habiller leurs enfants. Si elles veulent ou doivent limiter le nombre d’enfants qu’elles ont (ou ne pas en avoir du tout), elles ne doivent pas en être empéchées par des restrictions religieuses, étatiques ou financières sur la contraception ou l’avortement. Les femmes doivent pouvoir profiter des plaisirs sexuels sans peur d’une grossesse non désirée. Elles doivent aussi, d’autre part, être aidées dans les problèmes d’infertilité, avec toute l’aide nécessaire de la part de l’Etat.

    Les militants pour le socialisme doivent mener des campagnes contre les mariages forcés, le viol, la circoncision, avec toute la sensibilité nécessaire quant à ces questions délicates. La religion est importante pour beaucoup de personnes qui doivent pouvoir la pratiquer tant que cela n’affecte pas les droits fondamentaux des autres. Cela inclu donc le port du hijab ou même de la burka. Ce droit ne doit pas être refusé aux femmes ni leur être imposé.

    Révolution

    L’année dernière, les révolutions étaient à l’agenda. A travers l’Histoire, en France en 1789 ou en Russie en 1917, ou plus récemment dans les rues de Tunis ou du Caire, les révolutions ont montré qu’elles peuvent éclater sur des revendications basiques comme celle du pain. Et elles peuvent finir par dégager des rois, des tsars ou des dictateurs.

    Dans les révolutions d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, les femmes ont joué un rôle important dans les batailles de rue et dans les grèves qui ont mené à la victoire. Elles ont surtout montré une grande détermination à gagner une société différente de celle prescrite par les dictateurs et par les religieux fondamentalistes réactionnaires.

    Cependant, l’ampleur de la tâche qui reste dans les pays comme la Tunisie et l’Egypte s’est illustrée dans les attaques brutales contre les femmes, même sur la place Tahrir – le centre de la révolution. Les femmes ont organisé des manifestations importantes contre cela. En Tunisie, des membres de la secte extrême des Salafistes ont attaqué des femmes relativement « libérées » qui travaillent dans les universités parce qu’elles choisissent de ne pas porter le voile.

    Aussi longtemps que survivra le capitalisme, l’exploitation et l’oppression des femmes continueront. L’une de ses pires expressions est le trafic d’êtres humains, notamment dans le but de vendre des femmes et des filles pour les forcer à se prostituer. Les campagnes contre toutes les formes d’exploitations et d’oppression dans la société actuelle, et contre toutes les formes de discrimination sur la base du sexe, de la nationalité, des croyances ou de l’orientation sexuelle, ont besoin de l’appui total du mouvement ouvrier organisé.

    Les femmes doivent être à l’avant-garde dans toutes les luttes pour les réformes aussi bien que pour la révolution. Le CIO fait tout ce qui est en son pouvoir pour cela. Les livres, pamphlets et tracts sur les questions qui affectent le plus les femmes sont d’une aide énorme. Les meetings et manifestations sur des questions particulières (fermetures de crèches, de maternités… ) peuvent attirer des femmes à la lutte socialiste. Elles jouent déjà un rôle crucial dans les campagnes pour l’emploi des jeunes, tout comme contre les coupes et l’austérité dans les grèves d’enseignants, de fonctionnaires ou de corps médical.

    Au Sri Lanka, les travailleuses des Zones Franches ont mené une grève contre la réforme des retraites de la dictature de Rajapakse et ont gagné! Au Pakistan une grève importante d’infirmières a été victorieuse. Dans la province de Sindh l’année dernière, les femmes du CIO ont organisé une marche impressionnante et bruyante sous la bannière de l’ « Association des Travailleuses de la Santé Progressive » (voire la vidéo). Au Kazakhstan, les femmes jouent un rôle primordial dans la lutte contre les expulsions de logement. Aux USA et partout, les mouvements « Occupy » ont vu des femmes exprimer leur colère contre les banquiers et les 1% de privilégiés qui dominent la société sous le capitalisme. La façon d’écrire ‘indignad@s’ en Espagne – combinant la terminaison féminine “a” avec la terminaison masculine “o” – indique une certaine conscience de l’importance de ce que les femmes soient traitées en égales.

    A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes de 2012, le CIO salue les courageuses femmes pionnières du socialisme. On voit s’ouvrir une période de soulèvements révolutionnaires dans laquelle le CIO sera enrichi par le recrutement de femmes combattantes, sans peur.

    Les bolcheviks qui sont arrivés au pouvoir sous la direction de Lénine et Trotski ont immédiatement ouvert la porte à une “Nouvelle Vie” pour les femmes, comme le disait une célèbre affiche de propagande de l’époque. Sur la base d’une économie nationalisée, gérée par les représentants élus des travailleurs, et d’une extension de la révolution aux économies les plus avancées où l’industrie pourrait se développer plus rapidement, le rêve d’une vie sans corvée à la maison ni au travail, pourrait rapidement se réaliser.

    La montée de Staline, l’écrasement de l’internationalisme socialiste authentique, a fermé cette porte. Sous le dictateur, la vie des femmes est devenue de plus en plus dure – supportant à nouveau le double fardeau des longues heures à l’usine et le manque de crèches, de laveries, de restaurants et de loisirs.

    Dans le monde d’aujourd’hui, les révolutions prennent place dans un contexte complètement différent. Elles feront tache d’huile d’un pays à l’autre de la même façon que l’année dernière. Les gouvernements ouvriers, établis par une lutte massive, auront la tâche de réorganiser et de développer la société sur base d’un niveau plus élevé de technologies et de sciences.

    Les travailleurs – hommes et femmes – qui feront les révolutions socialistes du XXIème siècle se battront obstinément pour empêcher les anciens dirigeants de s’accrocher au pouvoir. Ils se battront aussi becs et ongles pour empêcher un personnage comme Staline, ou une clique de privilégiés, de leur voler leur révolution. Sur la base de nationalisations sous le contrôle et la gestion par les travailleurs, des perspectives s’ouvriront pour une nouvelle société – basée sur la satisfaction des besoins et des aspirations plutôt que sur la cupidité et l’exploitation, de telle façon que personne n’acceptera de revenir en arrière.

    Nous, au CIO, luttons sans cesse pour que le socialisme soit atteint dans le monde entier. Une telle société, réalisée par la propriété publique, le contrôle et la planification démocratiques, sera finalement capable d’utiliser harmonieusement et co-opérativement les talents de chaque être humain et les ressources naturelles de la planètes pour le plus grand bénéfice de la société humaine.

  • Sri Lanka : Une enquête indépendante sur les crimes de guerre est nécessaire!

    Près de trois ans après la fin officielle de la guerre civile au Sri Lanka, des milliers de jeunes sont toujours enfermés dans des camps. Lors de la phase finale de la guerre, plus de 40.000 personnes ont été tuées, mais il n’y a pas encore eu de véritable enquête. La commission Leçons tirées de la guerre et réconciliation (LLRC) dirigée par le gouvernement n’a servi qu’à défendre les actions du gouvernement.

    Tract de la campagne Tamil Solidarity distribué lors de la manifestation de Genève

    Nous défendons l’appel à une enquête indépendante concernant les crimes de guerre commis au Sri Lanka. Une telle enquête doit impliquer les représentants de toutes les communautés et les syndicats du pays et doit être contrôlée par des groupes internationaux de défense des droits de l’Homme, des syndicats ainsi que d’autres organisations internationales et organisations non gouvernementales.

    Pas de solution à la question nationale

    La guerre n’a pas entraîné de solution au sujet de la question nationale. Le capitalisme au Sri Lanka signifie que toutes les ressources nationales sont consacrées à l’armée et au paiement des dettes croissantes des autorités. En 2011, 201 milliards de roupies (1,25 milliard d’euros) ont été consacrées à l’armée, pour seulement 27 milliards à l’enseignement (170 millions d’euros) et 52 milliards pour les soins de santé (320 millions d’euros). Pour 2012, Rajapakse veut consacrer 230 milliards de roupies à l’armée (1,43 milliard d’euros), soit 30 milliards de plus que durant la guerre !

    Une continuelle militarisation dans le nord et l’est du pays, voilà la seule chose dont le régime de Rajapakse a à offrir. Pendant ce temps, la répression augmente contre toutes les luttes des travailleurs et des populations pauvres au sud. La guerre a commencé contre les Tamouls, mais est finalement dirigée contre tous les pauvres et contre la classe des travailleurs. Rajapakse parle de croissance économique mais en attendant, 1.272.901 femmes sri-lankaises continuent à travailler au Moyen-Orient dans l’esclavage domestique.

    Unité des travailleurs

    Nous ne pouvons accorder aucune confiance aux oppresseurs des pays occidentaux, d’Inde ou de Chine pour être au côté des peuples opprimés du Sri Lanka. Ces gouvernements ne sont intéressés que par la conclusion d’accords commerciaux lucratifs. Ils financent le gouvernement de Rajapakse à l’aide de prêts. Ces gouvernements n’ont pas hésité à soutenir la guerre, ils en sont entièrement complices !

    Nous ne pouvons pas faire confiance à l’Organisation des Nations Unies. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, se tournera-t-il contre les dictateurs du Sri Lanka et de Chine qui l’ont réélu ? Un vote de l’ONU en faveur d’une enquête sur les crimes de guerre serait un coup dur pour le gouvernement de Rajapakse, mais cela ne mettrait pas fin à l’oppression du peuple tamoul ou à la dictature militaire au Sri Lanka.

    Le peuple tamoul ne peut rien espérer des divers gouvernements capitalistes et de leurs dirigeants. A moins que nous ne nous rassemblions pour riposter de concert, le régime continuera ses méfaits en obtenant le soutien de certaines sections de la population sur base de divisions. Au contraire, les travailleurs, les paysans et les pauvres cinghalais, tamouls, et musulmans devraient lutter en commun. En Tunisie et en Egypte, nous avons vu comment des dictateurs brutaux peuvent être renversé : par des mouvements des masses elles-mêmes, dans un soulèvement révolutionnaire. Nous devons construire des organisations indépendantes issues de la classe ouvrière et des peuples opprimés dans le cadre d’un mouvement commun et unifié visant à offrir une alternative socialiste à la société capitaliste.

    Renforcer la solidarité dans la diaspora

    Le mouvement Occupy aux États-Unis a popularisé l’idée que nous, les 99% les plus pauvres, devons combattre les 1% les plus riches. La diaspora tamoule doit se lier à la lutte des 99% dans les pays où ils se trouvent afin de construire une solidarité réelle et de trouver de véritables alliés dans le cadre de cette lutte commune contre l’oppression. Il est crucial de soutenir et de s’impliquer dans les syndicats et les campagnes contre l’austérité.

    La campagne ‘‘Tamil solidarity’’ est une campagne internationale soutenue par le député européen Paul Murphy (Socialist Party, Irlande), mais aussi par le Parti Socialiste Unifié du Sri Lanka, section sri lankaise du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), un parti qui s’est opposé à la propagande nationaliste cinghalaise avant et pendant la guerre. ‘‘Tamil solidarity’’ a participé à diverses manifestations, et continue à lutter pour le droit à l’autodétermination du peuple tamoul. Nous nous organisons en solidarité avec d’autres personnes en lutte, avec les syndicats et les organisations de gauche en Europe. Joignez-vous à nous pour organiser ensemble la résistance !


    Ce tract a été distribué hier à Genève par des membres du PSL, à l’occasion d’une manifestation devant les locaux des Nations Unies, avec plus de 8.000 participants. Plusieurs militants ont pu prendre la parole à la tribune, dont un porte-parole du PSL, Geert Cool (voir vidéo ci-dessous).

    Ce 10 mars, une journée consacrée à la lutte contre l’oppression du peuple tamoul aura lieu à Anvers (plus d’infos).

  • Message de solidarité avec les travailleurs de Meister à Sprimont

    C’est avec consternation que nous, membres de la fraction de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE/NGL) au Parlement Européen, avons appris ce qui s’est produit à l’entreprise Meister, une filiale de Poppe & Potthoff Gmbh & Co qui produit des pièces détachées pour voitures, à Sprimont, en Belgique.

    Message de solidarité de députés européens de la Gauche Unitaire Européenne

    Document en format PDF

    Voici une semaine, les travailleurs ont appris que deux commandes importantes allaient être accordées à un autre site en République Tchèque. Craignant la délocalisation d’une partie de la production, ils ont exigé d’obtenir des explications. Comme la direction est restée sourde à ces attentes, ils ont organisé le blocage du site, enfermant la direction. La direction a été relâchée après une heure, mais 3 camions de pièces produites sont restés bloqués par les travailleurs.

    Le dimanche, la direction a répliqué en envoyant 35 gros bras – certains armés de matraques, de sprays au poivre et équipés de gilets pare-balles – pour évacuer de force les 3 camions des travailleurs. Il s’agissait d’agents de sécurité d’une entreprise de gardiennage allemande qui n’a pas de licence pour opérer en Belgique ce qui, selon la Loi belge, en fait une milice privée illégale. Ils ont infiltré le lieu et enfermé quatre ouvriers de maintenance, dont deux ont été blessés, afin de les empêcher de prendre contact avec l’extérieur. Toutefois, un piquet d’une centaine de travailleurs, à l’entrée, les a empêché de partir. Finalement, la police est arrivée sur place pour ”exfiltrer” les gros bras du patron, mais aucun d’entre eux n’a été arrêté. Leurs identités n’ont même pas été relevées, et leurs armes n’ont pas été saisies.

    Nous sommes consternés par la manière dont certains patrons abusent du droit à la libre circulation au sein de l’Union Européenne pour mettre sur pied une action paramilitaire. Il s’agit très clairement d’un dangereux avertissement pour l’entièreté du mouvement ouvrier, qui requiert une réponse déterminée.

    Nous croyons que les travailleurs ont le droit de lutter pour leurs emplois et saluons leur détermination pour ce faire. Nous croyons également que la police ne doit pas être seule à sérieusement enquêter sur Meister, les syndicats belges, français et allemands devraient aussi mener leur propre investigation concernant ce qui s’est passé et élaborer un plan d’action commun destiné à résister à de telles attaques à l’avenir.

    Nous sommes totalement solidaires des travailleurs de Meister. Nous soutiendrons chaque initiative syndicale d’informer les travailleurs d’autres sites de Meister et Poppe & Potthoff, et allons par nous-mêmes diffuser les informations concernant cette attaque. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons nous défendre de telles violences et sauvegarder nos conditions de travail, le droit de grève et nos emplois. No pasarán!

    En solidarité,

    • Paul Murphy MEP (Socialist Party, Irlande)
    • Patrick Le Hyaric MEP (Front de Gauche, France)
    • Nikolaos Chountis MEP (Syriza, Grèce)
    • Willy Meyer MEP (Izquierda Unida, Espagne)
    • Sabine Lösing MEP (Die Linke, Allemagne)
    • Sabine Wils (Die Linke, Allemagne)
    • João Ferreira (Partido Comunista, Portugal)
    • Inês Zuber (Partido Comunista, Portugal)
    • Marisa Matias MEP (Bloco de Esquerda, Portugal)
    • Miguel Portas MEP (Bloco de Esquerda, Portugal)
    • Søren Bo Søndergaard MEP (Danemark)
    • Kartika Tamara Liotard MEP (Membre Indépendante, les Pays-Bas)
    • Helmut Scholz MEP (Die Linke, Allemagne)
    • Younous Omarjee MEP (Liste "Alliance des Outre-Mers", France)
    • Gabriele Zimmer MEP (Die Linke, Allemagne)
    • Thomas Händel MEP (Die Linke, Allemagne)
  • Journée d'action européenne contre l'austérité – Verviers-Luxembourg

    Hier, une journée d’action européenne a eu lieu dans les 27 pays de l’Union Européenne à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES). Il s’agissait de dénoncer le sommet européen des 1er et 2 mars consacré au nouveau traité européen qui vise à institutionnaliser l’austérité. En Belgique, différentes actions ont eu lieu en front commun syndical, devant les locaux de la Banque Nationale. Mais il faudra autre chose que des actions symboliques pour faire reculer les alliés des spéculateurs et des banquiers. Pourquoi ne pas organiser une grève générale européenne de 24 heures pour poursuivre l’unification de la résistance à l’échelle européenne ?

    Par Simon (Liège)

    A l’occasion de cette journée, des militants syndicaux des régionales de Verviers, Luxembourg et Namur se sont rendus au Grand-Duché du Luxembourg pour protester devant les locaux de la Banque européenne d’investissements. Avant d’y parvenir, un rassemblment a eu lieu à un zoning industriel de la frontière, avec la présence de délégations de syndicalistes français et luxembourgeois. Le Grand Duché du Luxembourg vient de connaître un saut d’index et, comme cela a été dit dans les discours, quand on touche aux travailleurs luxembourgeois ou grecs, on touche aux travailleurs partout en Europe!

    Cette action inter-régionales et internationale s’est faite dans une atmosphère combative, mais le sentiment qu’il est nécessaire d’aller plus loin, beaucoup plus loin, était fortement présent. Les militants du PSL ont pu avoir de nombreuses discussions concernant l’organisation de la résistance à l’échelle européenne ainsi que l’urgente nécessité de construire un syndicalisme de combat afin de riposter face à l’offensive antisociale actuelle. Bien entendu, il a souvent été question des travailleurs de Meister à Sprimont et de ces gros bras envoyés contre les travailleurs. Actuellement, un message de solidarité est en train d’être signé par divers parlementaires européens de la Gauche Unitaire Européenne à l’initiative de l’eurodéputé irlandais Paul Murphy (Socialist party, notre parti-frère en Irlande).

    Nos militants ont vendu 25 exemplaires de notre mensuel, Lutte Socialiste, c’est-à-dire la totalité des numéros emarqués pour cette journée. par ailleurs, nous avons également récolté environ 50 euros de soutien financier avec nos badges, principalement avec ceux concernant la défense de l’index et du droit de grève.

    Ce n’est qu’un début, continuons le combat !

  • En Bref…

    Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, des cartoons, de petites vidéos,…


    Il faut s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs !

    La logique du gouvernement actuel, comme des précédents d’ailleurs, a systématiquement été de stigmatiser les chômeurs pour leur situation de sans emploi. Diverses données viennent contredire cette thèse pro-patronale. La dernière en date est ce chiffre récemment publié par le Selor, le bureau de sélection du service public, qui dévoile que l’an dernier, 104.000 candidatures ont été enregistrées pour seulement 2.000 emplois disponibles, une augmentation de 42,7% par rapport à 2010. Selon Stefanie Billiet, responsable de la communication au Selor, le nombre de candidats augmente chaque année. Pour expliquer cette croissance, elle met en avant la crise économique, le salaire de base et le nombre de journées de congés.


    16 milliards de profits pour le Bel 20

    Les sociétés du Bel 20, les sociétés belges cotées en bourse, ont connu de bons résultats en 2010 : 16,357 milliards d’euros, soit une hausse de 33,1 % des profits par rapport au chiffre enregistré en 2009. Ce n’est décidément pas la crise pour tout le monde…


    Di Rupo 1er contre les femmes

    Les Femmes prévoyantes socialistes (FPS) ont étudié les mesures de l’accord gouvernemental pour y regarder leur impact sur les femmes. Conclusion : les mesures desservent les femmes et creusent les discriminations. Selon les FPS, comme un chômeur ne peut désormais refuser un emploi si la distance entre sa maison et le lieu de travail est de 60 kilomètres (contre 25 jusqu’ici), les femmes sont plus visées par les exclusions puisque moins nombreuses à disposer d’une voiture. Les allocations d’attente pour les chômeurs cohabitants (majoritairement des femmes) sont aussi réduites et limitées dans le temps. Les Femmes prévoyantes socialistes parlent aussi des crédits-temps et pauses carrières, options majoritairement demandées par des femmes. Ces interruptions de carrière sont maintenant moins bien prises en compte dans le calcul de la pension, cela ne fera qu’accroître le fossé entre la pension des hommes et des femmes.


    L’Europe maintient l´aide alimentaire pour les plus pauvres… jusqu´en 2013 !

    Le Parlement européen a voté ce mercredi un compromis permettant le financement européen de l’aide alimentaire aux démunis pour 2012 et 2013, avec un budget à hauteur de 480 millions d’euros. Par contre, suite à des plaintes de plusieurs pays, ce montant devrait fortement diminuer les années d’après.


    La FGTB wallonne sensibilise sur les pensions

    Ce jeudi matin, des militants de la FGTB wallonne étaient devant la Tour des Pensions à Bruxelles pour y remettre une pétition à un représentant du cabinet du ministre des Pensions, Vincent Van Quickenborne. Il a notamment été rappelé qu’un tiers des pensionnés du pays sont sous le seuil de pauvreté et que la pension légale en Belgique est l’une des plus basses en Europe. Selon la FGTB wallonne, les décisions prises dans le cadre de la réforme des pensions ne tiennent pas compte de l’évolution actuelle des carrières. "Beaucoup de travailleurs, et notamment les jeunes et les femmes, font l’expérience des contrats à durée déterminée, de l’intérim, du temps partiel", a déclaré Thierry Bodson. "Cette situation sera mal prise en compte dans le calcul futur des pensions."


    Peter Taaffe et l’actuelle situation mondiale

    Lors d’une réunion de nos camarades du Socialist Party (Angleterre et Pays de Galles), Peter Taaffe a pris la parole pour y faire un rapport de la réunion internationale du Comité pour une Internationale Ouvrière.

  • Condamnations de la menace contre les dirigeants du syndicat Zhanartu.

    Un soutien immédiat a été donné par Bob Crow, le dirigeant du syndicat de travailleurs de chemin de fer en Grande-Bretagne, par Paul Murphy, député européen irlandais (Socialist Party), par le syndicat des journalistes suédois et par le conseiller communal australien Steve Jolly.

    Un jour après la déclaration faite par les dirigeants du syndicat indépendant Zhanartu, Esenbek Ukteshbaev et Ainur Kurmanov, près de 100 messages de condamnation et de soutien avaient été envoyés aux autorités kazakhes et russes.

    Ces messages comprennent notamment un avertissement très ferme de la part de Bob Crow (du syndicat RMT) et un message détaillé de Paul Murphy, qui a personnellement visité la ville de Zhanaozen et a pu voir de ses yeux les dures conditions de travail et de vie des travailleurs sous la dictature de Nazarbayev.

    La campagne en faveur des travailleurs du Kazakhstan en Suède a reçu le soutien d’un journaliste du quotidien Dagens Arbete (le journal syndical d’IF Metall, Syndicat des travailleurs de l’industrie graphique, du papier et de l’industrie alimentaire. Cet article dénonce les dangers auxquels s’exposent les leaders de l’opposition kazakhe.

    Steve Jolly, conseiller au Socialist Party Australien dans la ville de Yarra a également envoyé un message de protestation.

  • La lutte internationale peut mettre un terme à la dictature des marchés !

    NON à la dette! NON à l’austérité! NON au chantage!

    En 2012, les marchés et les gouvernements à leur service ont encore plus de misère en stock. Cela signifiera à la fois une aggravation de la crise économique et de la guerre menée contre les vies et l’avenir des travailleurs. Avant tout, il y aura cette tentative d’imposer un nouveau ”pacte financier” mis au point par les politiciens de l’Union Européenne. La nouvelle grève générale de 48h des 10 et 11 février en Grèce a aussi illustré quelles sont les batailles à mener dans cette guerre de classe. Nous, les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière de Grèce, Irlande, Portugal, Italie et Espagne, soutenues par les autres sections du CIO comme celle de France et d’Allemagne, avons travaillé à cette déclaration pour répondre à la guerre de classe déclarée contre les travailleurs et les jeunes, une réponse contre le chantage des marchés et de l’UE, une réponse contre le mensonge selon lequel il n’existerait qu’une seule alternative : celle de la lâche capitulation face aux marchés et aux actionnaires.

    Déclaration commune des sections du CIO en Grèce, Espagne, Portugal, Italie et Irlande

    En Europe, récemment devenu l’épicentre de la crise économique, les travailleurs et les jeunes n’ont cessé d’être touchés par la crise. Ils ont face à eux des perspectives toujours plus négatives. Dans la ”périphérie” de l’eurozone – Grèce, Portugal, Espagne, Italie et Irlande – la situation est dominée par un chômage de masse, en particulier pour les jeunes, une récession prolongée et une pauvreté croissante.

    Les politiques d’austérité, nées de la détermination de faire payer la crise aux travailleurs, ne servent qu’à davantage aggraver la crise économique. Les nouveaux gouvernements favorables au marché comme le Parti Populaire en Espagne et les prétendus gouvernements de technocrates imposés par les spéculateurs aux populations de Grèce et d’Italie ont, comme on pouvait s’y attendre, échoué à renverser la vapeur.

    Le processus de contagion est inévitable, avec l’Italie et la Grèce rendues exsangues par les marchés de la dette. Cela s’accompagne d’un élargissement de la crise de la dette, qui risque d’engloutir des pays dit ”centraux” comme l’Allemagne ou l’Autriche. Cette dernière est étroitement reliée à la crise financière dévastatrice à l’oeuvre en Europe de l’Est dans des pays comme la Hongrie ou la Roumanie. Tout cela pointe vers la possibilité d’une tempête financière au cours de laquelle l’Euro ne peut survivre, pas dans sa forme actuelle.

    Ejecté de l’Euro ?

    Avec le retour d’une politique ouvertement coloniale de la part des plus importantes puissances impérialistes, en particulier du capitalisme allemand, nous sommes confrontés à la collaboration jusqu’à présent docile et obéissante de la classe dirigeante nationale. A titre d’exemple, il suffit de penser à la proposition du gouvernement allemand d’abolir le contrôle grec sur le budget pour le remplacer par un commissaire européen mandaté pour surveiller l’économie grecque.

    Une des caractéristiques de la crise actuelle est la volonté des pontes du système de court-circuiter les ”normes” démocratiques, et de donner ainsi à la dictature des banques et des corporations une expression beaucoup plus claire et visible. Les politiciens et gouvernements qui défendent le système capitaliste pourri se limitent à présent au rôle de poupées chargées d’exécuter le diktat des marchés et de la troïka. Le traité intergouvernemental signé lors du dernier sommet européen souligne cette évolution. Ce traité va légalement enteriner la domination des politiques d’austérité.

    Les tentatives désespérées des chefs capitalistes, en particulier en Irlande, d’éviter un referendum sur cette question (celle des politiques d’austérité) montrent une fois de plus leur approche anti-démocratique, qui s’explique elle-même par la volonté du capitalisme à l’échelle mondiale. Toutefois, dans d’autres cas, comme en Grèce sous Papandreou cet automne, on a pu voir comment des gouvernements capitalistes essayaient d’utiliser les référendums pour mettre en place une campagne de chantage et de peur autour de ”l’éventuelle catastrophe” d’un effondrement économique qui suivrait un ”non” lors du référendum.

    Seul la mobilisation de la force des travailleurs et des jeunes, armés d’une alternative politique aux plans catastrophiques du capitalisme, peut changer la donne. Nous supportons pleinement le droit des populations de rejeter par un référendum organisé de manière pleinement démocratique, le paiement de la dette, les coupes sociales, etc. Nous nous joignons aux millions de travailleurs et de jeunes qui demandent d’exprimer leur opinion sur les politiques d’austérité. Au cours des ces échéances, nous défendrons un NON clair et sans ambiguïté.

    Combattons le chantage

    En 2011, on a vu les travailleurs intervenir massivement dans toute une série de pays européens. La Grèce a connu 7 grèves générales (dont deux de 48h) en 2011, auxquelles il faut ajouter les 7 grèves générales de 2010, alors que l’année 2012 a commencé par une nouvelle vague de grèves générales début février, en réaction aux mesures violentes discutées par le gouvernement. Cela illustre l’ampleur de la colère et de la détermination des travailleurs grecs à résister face à cette situation désespérée.

    Le Portugal a connu une grève générale en novembre, et, en Italie, il y a eu plusieurs vagues de grèves et de protestations. Au Portugal, comme en Espagne, on a vu l’explosion du mouvement des Indignés, exprimant une rage contre la dictature des banquiers. L’arrivée des masses dans les rues de Bucarest et d’autres villes a fait tomber le gouvernement roumain cette semaine.

    La réponse de l’establishment fut une campagne de chantage et de peur contre la population, en plus d’une violente répression d’Etat, dans laquelle la sortie de l’euro a été présentée comme une guillotine suspendue au-dessus des travailleurs. Cette campagne a exploité la crainte légitime des travailleurs. En restant dans les limites du système capitaliste, une sortie d’un certain nombre de pays de l’euro provoquerait une période de profonde crise économique pour toute l’eurozone, avec un accroissement du chômage, de la pauvreté et de l’appauvrissement de la population qui toucheraient des millions de travailleurs, avant tout ceux des pays “périphériques comme la Grèce, Irlande, l’Espagne ou l’Italie.

    C’est pourquoi la classe ouvrière et les mouvements sociaux, avec l’aide des partis de gauche de masse, là où ils existent, ont le devoir de développer un programme pour dépasser cette crise qui défie et dépasse le cadre et la logique de la zone euro et de l’actuel système du marché.

    Cela doit commencer par un rejet implacable du paiement de la dette nationale aux marchés des vautours et des Etats, ainsi qu’aux institutions européennes comme la BCE. Ces immenses dettes, volées sur la base de la spéculation capitaliste, d’une gestion criminelle et du népotisme pratiqué par les gouvernements néo-libéraux successifs – parmi lesquels il faut aussi compter les soi-disant partis ”socialistes” en Espagne, en Grèce, au Portugal et ailleurs – se sont démultipliées avec le sauvetage des banques, alors que la population y était opposée. Ces dettes, nous n’en sommes pas responsables.

    Alors que l’argent des travailleurs, comme les fonds de pensions, doit être protégé, il faut en revanche s’opposer résolument au pompage des ressources de la société pour payer ce fardeau criminel. En dehors de la logique malsaine des classes dirigeantes, exécutant les diktats de la Troika, ces ressources pourraient être utilisées pour créer des millions de postes de travail, pour établir un système de providence décent avec un système de santé et d’éducation public, organiser des activités économiques productives à travers de grands programmes d’investissements publics.

    Sur la base de banques et d’un secteur financier nationalisés, tout comme devraient l’être les les secteurs-clés de l’économie, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs, un plan d’urgence pourrait être développé pour créer massivement des emplois et rétablir les conditions de vie. Nous pourrions alors voir des politiques socialistes authentiques qui commencerait à dépasser les problèmes fondamentaux imposés aux travailleurs et aux chômeurs.

    On nous dit qu’avec de telles mesures, les pays seraient éjectés de la zone euro. Cependant, avec l’offensive actuelle de l’austérité et l’impasse dans laquelle les grands pouvoirs mènent les économies les plus faibles, une telle issue (défaut de paiement et éjection de la zone euro) parait proche de toute façon!

    C’est vrai, sur base de la continuation du capitalisme et restant en dehors de la zone euro, le cauchemar pour les travailleurs continuerait ou même empirerait, puisque la dévaluation sabrerait leurs conditions de vie et leurs épargnes sous les attaques du capitalisme grec, malgré la soi-disant « indépendance » de l’Union Européenne. Mais le moyen d’éviter le désastre économique pour la classe ouvrière n’est pas d’accepter n’importe quelle attaque contre nos droits et conditions, juste pour rester dans la zone euro un peu plus longtemps ! Du point de vue des capitalistes, les alternatives que nous avons maintenant sont: a) rester dans la zone euro, en acceptant la destruction totale de l’aide de l’état ou b) garder l’euro et, faisant face à une isolation économique, un violent déclin et une misère sans précédent.

    Les travailleurs d’Europe ont cependant une troisième solution: elle commence par organiser la défense des conditions de vie et des droits des travailleurs et la rupture avec le système capitaliste.

    Cela devra s’étende à des lutes unifiées de la classe ouvrière internationale, surtout dans les pays les plus affectés par la crise. L’unité dans la lutte des travailleurs de Grèce, du Portugal, d’Irlande, d’Italie et d’Espagne pour renverser les plans de « sauvetage » et l’austérité est un pas en avant crucial et nécessaire pour la construction d’une telle alternative.

    Nous ne partageons pas, bien sûr, la vision nationaliste étriquée de ceux qui disent de simplement quitter l’euro. Les tensions nationales qui ont augmenté au cours de la crise, qui se sont vues en particulier par la propagande anti-Grecs par les représentants du capitalisme en Allemagne, en France, en Autriche et dans d’autres pays, augmentent le danger de division et les sentiments nationalistes. L’extrême-droite menaçante et les forces populistes peuvent jouer sur ces sentiments, et peuvent faire des avancées dangereuses, comme cela s’est vu en Hongrie, en Autriche et ailleurs, compte tenu du vide dans la représentation politique de la classe ouvrière.

    Et bien entendu, nous n’espèrerons jamais des gouvernements au service de la classe dominante qu’ils appliquent la politique que nous défendons. Celle-ci ne peut être accomplie que sur base d’une lutte et de perspectives anticapitalistes internationales et par un gouvernement représentant et servant les intérêts des travailleurs.

    Initialement confronté à l’éjection de la zone euro, un gouvernement des travailleurs pourrait appliquer un programme d’urgence incluant le contrôle étatique sur les importations et les exportations et, pour arrêter la “fuite des capitaux” par les possédants et les multinationales assoiffés de profits, l’imposition de contrôles du capital, sous le contrôle démocratique de représentants élus. Cela devrait être repris et dans les luttes dans tout le continent.

    Sur de telles bases, on pourrait avancer vers l’intégration authentique de l’économie et de la société européenne, à laquelle les politiques des gouvernements au service des patrons et le système capitaliste lui-même ont été un obstacle.

    Cette lutte pourrait gagner rapidement un soutien massif dans toute l’Europe, par un appel aux alliés de la classe ouvrière au Portugal, en Espagne, en Irlande, en Grèce et en Italie, mais aussi dans les économies-clé avancées en Allemagne, en France, au Royaume-Uni etc.

    Les pays éjectés de l’Union Européenne, formant une fédération sur des bases socialistes, pourraient commencer une planification et une coordination démocratiques de l’économie internationalement, dans une lutte pour une Confédération Socialiste des Etats Indépendants des Travailleurs en Europe, sur des bases libres et égales.

    Une alternative internationaliste pour mettre fin à la misère de la crise

    Plusieurs journées d’action internationales organisées au cours de l’année dernière ont donné un aperçu de la force dont peuvent disposer les travailleurs et les jeunes. Le 15 octobre 2011, Le mouvement des Indignés et Occupy ont fait descendre des millions de gens dans la rues dans le monde entier. La Confédération Européenne des Syndicats a organisé différentes actions, dont la dernière est planifiée le 29 février. Elles ont le potentiel de mobiliser, mais des actions symboliques ne sont pas suffisantes. Nous soutenons l’avancée de telles initiatives, vers une première grève générale de 24 heures dans toute l’Europe. Les grèves générales en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Irlande et en Italie devraient être coordonnées et simultanées contre les plans de sauvetages et les politiques d’austérité de la Troïka. Ce serait une première démonstration initiale d’unité et de force.

    Cependant, l’attitude des dirigeants de la Confédération Européenne des Syndicats dans leurs pays respectifs a montré que leur intention n’était pas de mener une lutte sérieuse jusqu’au bout contre la crise du capitalisme. Déplorablement, dans beaucoup de pays la classe ouvrière se confronte à la crise avec une direction syndicale indigne de ce nom, qui a systématiquement refusé de mobiliser toute la puissance de la majorité pour résister aux attaques du marché.

    Les travailleurs et les jeunes en Grèce et au Portugal ont donné une indication de comment la pression des masses et l’organisation par en bas sont efficaces à pousser la direction à agir. Le CIO lutte pour une transformation démocratique des syndicats, pour la construction de l’opposition de gauche, pour le remplacement des dirigeants qui penchent à droite par ceux qui ont la volonté de lutter et sont complètement responsables devant les membres du syndicat et contrôlés par elle, payés au salaire moyen de leur base. Les grèves générales de la période à venir devront être contrôlées démocratiquement et construites par en bas, au moyen d’assemblées générales sur les lieux de travail et dans la société, et de comités d’action, pour assurer que les luttes soient victorieuses et ne soient pas vendues par en haut.

    Nous sommes convaincus que, armés de telles organisations et d’une telle politique, on peut lutter pour une véritable alternative et la populariser. Mais une partie essentielle de ce processus est aussi de forger des organisations politiques de masse, contrôlées démocratiquement par les travailleurs, les jeunes et les pauvres, pour construire le soutien et la campagne pour une alternative aux coupes et au capitalisme. Un tel nouveau mouvement de la gauche serait capable de canaliser la colère de ceux qui sont dégoûtés par les institutions politiques vers la construction de forces politiques complètement distinctes de celles qui les ont trahies par le passé.

    Rejoignez le CIO dans la lutte pour amener les travailleurs et les jeunes à combattre dans cette perspective !

    Nous revendiquons :

    • Non à la dictature des 1%! Pour la démocratie réelle maintenant ! Les travailleurs et les chômeurs devraient décider, pas les marchés !
    • Non à l’impasse de l’austérité! Non aux coupes, pour des investissements massifs dans les emplois, le logement, l’éducation et la société ! Non au cauchemar du chômage des jeunes!
    • Pour une solution basée sur la lutte internationale! Pour des grèves générales coordonnées ! Vers une grève de 24 heures Européenne !
    • Pour des syndicats démocratiques et combattifs! Construction de la lutte par en bas par des assemblées et des comités d’action ! Construction de vrais instruments politiques massifs de gauche de la classe ouvrière et des jeunes !
    • Rejet du chantage de la Troïka et des marchés ! Seule une lutte massive peut briser le carcan de l’austérité ! Non aux gouvernements « technocrates » antidémocratiques ! Un referendum pour arrêter les nouveaux plans d’austérité de l’Union Européenne !
    • Pour une Europe des travailleurs! Opposition à l’Union Européenne capitaliste ! Luttons pour une Confédération Socialiste des états libres et indépendants en Europe !

    Socialismo Revolucionario (CIO au Portugal), ControCorrente (partisans du CIO en Italie), Socialist Party (CIO en Irlande), Xekinima (CIO en Grèce), Socialismo Revolucionario (CIO en Espagne)

  • Irlande : Mobilisation pour le non-paiement de la taxe immobilière !

    L’Irlande constitue un exemple flagrant de l’austérité appliquée à travers le continent. Depuis début janvier, le gouvernement y a voté l’instauration d’une taxe sur la propriété immobilière, à payer dès mars 2012. D’ici quelques années, cette taxe, pour l’instant fixée à 100 euros par an, représentera 1000 euros ! À celle-ci s’ajoutera encore une taxe sur la consommation d’eau dans les années à venir.

    Par Stéphanie (Bruxelles)

    L’Irlande est le pays d’Europe où le pourcentage de propriétaires est le plus élevé. Après le boom économique de la fin des années ‘90, environ 1.600.000 travailleurs irlandais (plus d’un tiers de la population) ont emprunté pour acquérir une maison. Seuls les propriétaires de logements sociaux ainsi qu’un très faible pourcentage de chômeurs (20.000 des 500.000 que comptent le pays) seront donc épargnés par cette nouvelle taxe.

    Le lobby des gros propriétaires a réagi en émettant l’idée que les contrats fassent retomber le poids de cette taxe sur le dos des locataires, une mesure qui fera à nouveau augmenter les loyers. Les travailleurs et leurs familles, bien qu’ils aient déjà des difficultés à rembourser leurs prêts ou à payer leur loyer, sont donc une fois de plus la cible des politiques d’austérité mises en place par un gouvernement au service des politiques du FMI et de l’UE, au service de la dictature des marchés. Depuis 2008, les gens “ordinaires” subissent les effets de la crise économique.

    Quels ont été les résultats des plans d’austérité ? Offrir de l’emploi ? Améliorer les services publics ? Certainement pas ! Le taux de chômage en Irlande s’élève dorénavant à 14,5%. Quant à l’enseignement, il est considéré comme l’un des pires en Europe (avec notamment la 2e plus grande moyenne d’élèves par classe). Les hôpitaux souffrent eux aussi du manque de considération de l’Etat à l’égard de la population : les listes d’attente des hôpitaux publics sont longues de plusieurs années dans certains services !

    Si le gouvernement insiste sur le fait que cette taxe existe déjà partout en Europe, Clare Daly (voir photo), députée du Socialist Party (notre parti frère en République irlandaise) au Parlement, met l’accent sur le fait que l’Irlande atteint déjà un des plus hauts rangs européens de taxes indirectes. Le Socialist Party a donc appelé différentes organisations de gauche à mener une campagne conjointe invitant à ne pas payer cette taxe. Si une majorité de la population suit ce conseil, cela rendra impossible l’exécution de poursuites.

    Même si nous ne sommes qu’au début des trois mois laissés à la population pour payer cette taxe, cette campagne s’avère très positive à travers l’Irlande et a déjà convaincu une partie des Irlandais. Actuellement, seuls 2% des propriétaires ont payé cet impôt. Nos camarades du Socialist Party organisent notamment des meetings d’information et de mobilisation dans un maximum de quartiers afin de convaincre le plus grand nombre de personnes non seulement de ne pas payer, mais aussi de s’impliquer concrètement dans la lutte. L’expérience gagnée durant cette période sera également des plus précieuses pour les autres combats à venir.

  • Illusion de stabilité en Amérique Latine

    Nous publions ci-dessous un rapport de la commission consacrée à la situation en Amérique Latine qui s’est tenue lors de la rencontre du Comité Exécutif International (CEI) du Comité pour une internationale Ouvrière. L’Amérique Latine donne l’apparence illusoire d’être curieusement isolée du contexte mondial de stagnation, de récession et de crise économique. Les économies basées sur l’exportation, particulièrement au Brésil, ont bénéficié de la demande chinoise insatiable de matières premières et enregistré de forts taux de croissance.

    Matt Dobson, Socialist Party (CIO-Ecosse)

    Andre Ferrari de la LSR (CIO-Brésil) a introduit cette discussion, qui a illustré les contradictions et les déséquilibres sur lesquels ces illusions d’une croissance continue et de stabilité politique sont construites. La croissance économique ne va pas réduire les écarts de richesse communs à tous les pays où les conditions épouvantables de la majorité. Le Brésil, alors qu’il bénéficie de son partenariat avec la Chine, a aussi accumulé d’énormes dettes.

    Le ralentissement économique à venir en Chine et l’aggravation de la crise en Europe et aux USA va amoindrir la demande d’exportations et les investissements, menaçant la croissance de la région à court terme et menant probablement rapidement à un ralentissement de l’économie. Cela conduira à une nouvelle période de conflits de classe mouvementés, dangereux pour la continuité des partis, dirigeants et gouvernements qui sont dans leur deuxième ou troisième mandat en Colombie, au Brésil, en Argentine et au Venezuela.

    Cela s’est déjà vu au Pérou; le nouveau gouvernement d’Ollanta a été élu sur la promesse d’imiter les réformes en faveur des pauvres du premier gouvernement Lula au Brésil et de Chavez au Venezuela. Mais, immédiatement confronté à un mouvement social dans le secteur minier, Ollanta a décrété l’état d’urgence. Ollanta s’est droitisé avant même les élections. Durant la campagne, entouré des conseillers brésiliens de Lula, il s’est « Lularisé » ou « dé-Chavezé ».

    Anticipant la crise à venir, Dilma, qui remplace Lula à la présidence du gouvernement PT, a abandonné l’extension de l’intervention de l’état et a un nouveau programme d’ajustement fiscal qui fera des coupes dans les programmes sociaux. Mais même avant que cela ne soit mis en œuvre, la croissance du Brésil n’a pas été capable de contenir l’éclatement de conflits de classe. Luciano de LSR a rapporté que, comme les politiciens ont promis d’amener la plus grande économie de la région dans le « premier monde », la classe ouvrière organisée a répondu en entrant en action pour exiger le partage des richesses générées par le boom économique. Des grèves ont perturbé les projets d’infrastructures du gouvernement, qui essayent à tout prix (dont la destruction de l’environnement) de créer un accès à l’océan Pacifique et aux marchés inexploités des pays voisins et des projet prestigieux de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques à venir.

    Des mouvements de grève ont éclaté au cœur de la machine d’état : les pompiers de Rio ( qui sont militarisés et armés) ont fait grève avec le soutien massif de la population. Des sections-clé des travailleurs ont été impliqués dans des luttes, comme les travailleurs des banques, les enseignants, les travailleurs du pétrole, de la construction, et les métallos.

    La Bolivie et le Venezuela

    La première décade de ce siècle a vu des soulèvements révolutionnaires dans toute la région, des mouvements de masse propulser au pouvoir des dirigeants et des gouvernements, dont les politiques de réformes en faveur des pauvres ont été les premières à défier le consensus du néo-libéralisme après l’effondrement du stalinisme. Mais depuis quelques années, les régimes de Morales en Bolivie et de Chavez au Venezuela se sont droitisés, ont enrayé la révolution n’ont pas fermement rompu avec le capitalisme et les grands propriétaires terriens.

    Cela a permis aux forces de la contre-révolution de gagner du terrain. Les membres du CIO en Bolivie ont rapporté que Morales, prêt à tout pour les investissements des multinationales Brésiliennes, et se rendant compte que la Bolivie est menacée par la crise économique lorsque les réserves de gaz seront épuisées dans quinze ans, a attaqué les communautés indigènes sur lesquelles il avait construit sa base, autorisant la construction d’une autoroute à travers des aires rurales protégées. Un mouvement des fermiers producteurs de coca soutenus par la classe ouvrière a fait reculer le gouvernement.

    Avec la maladie de Chavez et la montée du soutien pour l’opposition de droite néo-libérale, due aux problèmes économiques, le Venezuela est entré dans une période incertaine. William de Socialismo Revolucionario (CIO au Venezuela) a rapporté que l’augmentation des investissements dans les programmes sociaux et le prix élevé du pétrole pourraient permettre au gouvernement d’être ré-élu en octobre. La santé instable de Chavez pourrait déclencher une crise après les élections, même s’il est ré-élu, ce qui semble le plus probable. Les travailleurs ne sont pas satisfaits des organisations bureaucratiques, des coalisions politiques, des partis et des fédérations syndicales qui ont été construites pour assurer le maintien du régime au pouvoir plus que comme des outils pour la lutte des masses.

    Les forces du CIO dans chacun de ces pays ont apporté un soutien critique aux réformes et nationalisations de Chavez et Morales, défendant les acquis sociaux obtenus par la pression des masses contre les attaques de la contre-révolution, et ont expliqué que pour consolider ces acquis il est nécessaire de rompre avec le capitalisme. Cependant, l’échec de ces régimes à rompre avec le capitalisme les a conduits à se droitiser.

    Aujourd’hui, la tâche des socialistes dans chacun de ces pays est de construire des organisations de la classe ouvrière et des pauvres indépendantes, des partis politiques qui s’engagent à se battre pour la réquisition des industries, des banques, des terres et de l’économie sous la propriété démocratique publique. Alors que la situation au Venezuela est compliquée par les attaques du régime contre les syndicats qui luttent, le soutient pour l’idée de construire une nouvelle force politique basée sur la classe ouvrière et les pauvres s’élargit en Bolivie, ce qui montre les puissantes traditions socialistes et révolutionnaires en Bolivie, en comparaison du Venezuela. Les organisations des travailleurs qui étaient cruciales dans le mouvement révolutionnaire qui a mené Morales au pouvoir cherchent maintenant une alternative combattive.

    Le Chili

    Dans la dernière période, le Chili était à la traine des développements révolutionnaires, mais désormais ses luttes sociales et politiques sont les plus avancées de la région. Celso de Socialismo Revolutionnario (CIO au Chili) a rappelé la perspective du CIO que l’élection du gouvernement néo-libéral de Pinera ne représentait pas un tournant à droite de la société chilienne, ce qui s’est confirmé par le soulèvement des étudiants et celui contre l’augmentation du prix du gaz dans le Sud.

    Dans les luttes les plus considérables depuis la chute de la dictature, les étudiants ont commencé par un mouvement pour l’éducation gratuite et contre les dettes écrasantes, gagné le soutien des travailleurs, culminé par un grève générale en Août et revendiqué la nationalisation de l’industrie du cuivre. Au cours de la lutte contre l’augmentation du prix du gaz, les travailleurs et les pauvres ont pris une ville du Sud du Chili et l’ont dirigé au travers d’une assemblée populaire (une tradition de la lutte contre le régime de Pinochet) jusqu’à ce que l’état envoie l’armée intervenir.

    Un thème de la discussion sur le Chili a été la faillite du parti Communiste qui n’a pas apporté de direction ni de stratégie à la lutte des étudiants. Celso a souligné que cela s’est reflété dans le développement d’un fort sentiment « anti-parti » chez les jeunes, un héritage du stalinisme et de la dictature. Il y a cependant besoin qu’une force authentiquement socialiste se développe, pendant que le capitalisme et ses institutions comme l’église, le parlement, les partis politiques, la police, perdent leur autorité par des décades de néo-libéralisme.

    Le Mexique, affaibli par la crise économique des USA, subit la pire situation économique de la région. Après plus de dix ans, le retour du PRI au pouvoir paraît probable, puisque des gouvernements néo-libéraux successifs sous Fox et Calderon ont créé une vague de mécontentement qui pourrait amener une marée de lutte des travailleurs et des jeunes. La guerre contre la drogue de Calderon était en réalité une guerre civile contre la population du Nord et contre tout mouvement social émergent, provoquant un mouvement des familles des tués qui prend de l’impulsion.

    Alec Thraves (Socialist Party – CIO-Angleterr et Pays de Galles) a fait un rapport de sa visite à la récente conférence du large parti de gauche brésilien PSOL. LSR, la section brésilienne du CIO, joue un rôle-clé dans le bloc de gauche du parti, qui s’oppose aux tentatives de la droite de faire des alliances électorales avec les partis qui défendent le marché et les coupes. LSR se bat aussi pour faire de Conlutas un centre syndical combattif dans tout le pays.

  • Critique : ‘‘Trotski’’, une biographie de Robert Service

    Ce livre a l’air fort épais – plus de 600 pages – mais est en fait très léger au niveau du contenu. C’est par ces mots que notre camarade Peter Taaffe (secrétaire général du Socialist Party, section du CIO en Angleterre et pays de Galles) entamait sa revue de cet ouvrage. Maintenant également disponible en français, celui-ci a notamment été commenté dans La Libre début janvier, sous le titre « Trotski, un orgueilleux sans humanité ». Une réponse s’imposait, et nous avons donc traduit l’article de Peter consacré à ce tissu de mensonges et d’approximations.

    Par Peter Taaffe (Secrétaire général du Socialist Party, section du CIO en Angleterre et Pays de Galles)

    Ce livre a l’air fort épais – plus de 600 pages – mais s’avère en fait très léger lorsqu’on le soumet à un examen et à une analyse politique honnêtes des idées de Léon Trotsky, le sujet de la “brique” de Robert Service. Sa justification ? Ce livre est, selon lui, la toute première « biographie intégrale de Trotski écrite par quelqu’un d’extérieur à la Russie et qui n’est pas un Trotskiste ». Il veut bien cependant bien accorder le fait qu’Isaac Deutscher (qui a écrit une trilogie sur Trotski) et Pierre Broué (qui a produit une étude de 1.000 pages en 1989) ont écrit avec “brio” ; quant à l’autobiographie de Trotsky, Ma vie, elle est qualifiée « d’égoïste exemple d’autoglorification » !

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    • Trotsky : « Pourquoi Staline l’a-t-il emporté ? »
    • En quoi les idées de Léon Trotski sont toujours utiles aujourd’hui ?
    • Quelle réponse face à la crise? Léon Trotsky à propos du plan De Man
    • La révolution permanente aujourd’hui
    • Programme de transition et nationalisations
    • Oeuvres en ligne de Léon Trotsky

    [/box]

    Voilà un exemple des doux surnoms par lesquels Robert Service caractérise Trotski, lequel présentait des « inexactitudes plus que sérieuses dans son écriture », était « un despote intellectuel » et n’était en définitive que « vanité et égocentrisme ». Cela n’empêche en rien l’auteur de dire, deux lignes à peine après cette charge, que Trotski « détestait la vantardise » ! Les accusations sont souvent du plus bas niveau, comme cette allégation selon laquelle « il a abandonné sa première épouse » et ses deux filles ; Service a toutefois l’honnêteté d’indiquer qu’il s’enfuyait en fait de Sibérie pour rejoindre Lénine et les chefs du POSDR (Parti ouvrier social-démocrate de Russie, qui donna naissance aux partis menchévique et bolchévique) qui produisaient l’Iskra (l’Étincelle), le journal révolutionnaire de l’époque. En fait, à pratiquement chaque page de l’ouvrage se trouve une déformation, pour ne pas dire plus, des idées de Trotski, de sa vie personnelle, etc.

    Il n’y a dans ce livre aucun fait nouveau qui s’ajoute à ce que nous savions déjà de Trotsky sauf, peut-être, d’apprendre que les enfants de Trotsky avaient acquis « un accent viennois »… surprise, surprise, quand ils vivaient dans cette ville. Il y a, dans cette biographie par Robert Service, une abondance de mensonges issus en droite ligne du camp capitaliste, de même que nombre de calomnies diffusées par le régime stalinien contre les idées de Trotski et ses actions du moment où il devint actif dans le parti révolutionnaire russe clandestin jusqu’au jour de son assassinat en 1940.

    Des affirmations incorrectes

    Aussi fou que cela puisse paraitre, nous apprenons, par exemple, qu’avant 1914, Trotsky n’était pas « un théoricien marxiste » ! Malheureusement pour Service, il a écrit un petit détail qui déforce ses propres affirmations, quand il explique que Trotski a été président du soviet de Pétrograd lors de la révolution de 1905 – alors le plus grand événement pour les ouvriers et les exploités du monde entier depuis la commune de Paris (en 1871). Durant cette révolution, Trotsky avait également édité et écrit pour un quotidien et un magazine théorique marxistes.

    C’est d’ailleurs bien avant 1914 que Trotsky avait formulé sa théorie de la Révolution permanente, qui explique que la révolution bourgeoise démocratique (réforme agraire, formation d’un État unifié, fin du féodalisme et de la dictature tsariste) dans un pays sous-développé comme la Russie de l’époque ne pouvait pas être accomplie par les capitalistes eux-mêmes. Avec cette idée, il était un des seuls à voir clair dans la situation avec Lénine et les Bolchéviks. Mais Trotsky est allé plus loin et a prouvé que seule la classe ouvrière – avec ses caractéristiques dynamiques spéciales en Russie – était capable de jouer le premier rôle dans une alliance avec la paysannerie en accomplissant la révolution capitaliste-démocratique. C’était une perspective clairvoyante par rapport à ce qui s’est produit réellement en 1917 : un gouvernement ouvrier et paysan avec un mode de production socialiste – et les fameux “10 jours qui ébranlèrent le monde”.

    Robert Service poursuit en affirmant que Trotsky n’était « pas original »; cette théorie étant, selon lui, la propriété intellectuelle d’Alexandre Helfand (mieux connu sous le pseudonyme de Parvus), qui avait collaboré avec Trotsky. Malheureusement pour Service, nous savons déjà par les mots de Trotsky lui-même que Parvus avait contribué à la « part du lion » de cette théorie ; mais Parvus s’était arrêté avant de tirer la conclusion révolutionnaire avancée par Trotsky.

    Parvus défendait le fait que le résultat d’une telle alliance de la classe ouvrière et de la paysannerie se limiterait au cadre du capitalisme, installant probablement un gouvernement de type travailliste comme en Australie. Trotski, au contraire, disait qu’une fois la réalisation de la révolution capitaliste-démocratique, un gouvernement ouvrier et paysan viendrait au pouvoir, qui se verrait alors contraint d’aller plus loin, jusqu’à l’accomplissement des tâches de la révolution socialiste, conduisant à un mouvement révolutionnaire international.

    Mais les tentatives de l’auteur de voler la contribution théorique originale de Trotski dans la partie précédente du livre sont alors totalement anéanties quand, en renâclant, il est forcé de concéder plus tard le fait que Lénine avait admis, dans des entretiens privés avec Joffe – un des amis de Trotsky –, que Trotsky avait eu raison au sujet des perspectives de la révolution russe. La théorie de Trotsky est aujourd’hui encore des plus valides dans le monde néo-colonial, dans des pays qui n’ont pas encore entièrement accompli leur révolution bourgeoise.

    Tous les commentaires acerbes de Service au sujet de Trotsky sont tout simplement des idées réchauffées déjà servies par de précédents critiques, qu’il s’agisse de staliniens, de capitalistes ou de sociaux-démocrates aigris et réformistes. Nous retrouvons donc dans ces pages des accusations bien connues contre Trotsky, liées au terrorisme, à la révolte de Kronstadt, à l’autoritarisme… sans l’ombre d’une nouvelle preuve pour soutenir toutes ces fables.

    Trotsky, par exemple, est accusé d’avoir omis dans son autobiographie Ma Vie de mentionner la révolte de Kronstadt de 1921. Trotsky a déjà expliqué cela dans les années ’30, dans un article consacré à Kronstadt : il aurait omis d’en parler pour la simple et bonne raison que cet événement n’était pas du tout considéré comme important à l’époque, avant que les anarchistes ne le ressuscite dans les années ’30 et, malheureusement, avec également l’aide de Victor Serge. Trotsky a été accusé d’avoir « réprimé » les marins de Kronstadt, « les mêmes » qui avaient participé à la révolution d’octobre 1917.

    Dans sa réponse, Trotsky a démontré que cela n’était aucunement le cas. Lui-même n’avait joué aucun rôle direct dans la répression de la révolte de Kronstadt, même s’il avait complètement accepté la “responsabilité morale” des mesures qui avaient été prises. Les rebelles de Kronstadt demandaient des “soviets sans Bolchéviks”, un slogan alors applaudi par les contre-révolutionnaires russes et du monde entier. Robert Service ne fait que répéter des inepties déjà bien connue des militants – avancées sans aucune preuve – pour nous convaincre que les marins insurgés de 1921 étaient les mêmes personnes que les révolutionnaires héroïques d’octobre 1917 (alors que ces derniers étaient partis aux quatre coins du pays pour protéger la révolution dans le cadre de la guerre civile). La grande majorité des ouvriers de Pétrograd a soutenu l’action entreprise contre eux.

    À l’aide de sources indépendantes, Trotsky a par contre prouvé que les dirigeants de la révolte avaient – en pleine guerre civile – exigé des privilèges spéciaux et même menacé la flotte rouge, car Kronstadt, avec le dégel de la glace entre la Russie et la Finlande, aurait ouvert les portes de la Russie révolutionnaire à une attaque impérialiste au cœur même de la toute jeune république soviétique. À contrecœur, donc, le gouvernement ouvrier russe, après que les mutins aient refusé de négocier, s’est vu contraint de mater la révolte pour protéger la révolution.

    Démocratie

    Autre approche douteuse, Service ne décrit pas les événements dans leur enchainement, notamment vis-à-vis de la révolution russe elle-même. C’était selon lui « un coup d’État » et les accusations de « terrorisme » sont ressuscitées contre Trotski et les Bolchéviks. En fait, la révolution russe s’est déroulée sur base d’un vote démocratique au Congrès des soviets (“conseils” en russe) – le système le plus démocratique de l’Histoire – exprimant ainsi la volonté des ouvriers, des soldats et des paysans de Russie à ce moment. La prise du palais d’Hiver fit très peu de victimes – et certainement au regard des cinq millions de Russes tués et terriblement blessés lors de la Première Guerre mondiale. Service “oublie” de mentionner le fait que la révolution a mis fin à ce massacre monumental qu’était la guerre de 14-18. À l’échelle de l’histoire, quel était l’événement qui contenait le plus de progrès : la révolution russe, qui a fait peu de pertes humaines, ou la guerre mondiale ?

    L’auteur accuse Trotsky et Lénine de totalitarisme et de dictature, pour avoir proscrit les partis autres que le parti bolchévique. Dans la première période, après la révolution, on a permis à tout les partis – y compris les Menchéviks et les Socialistes-révolutionnaires – de poursuivre leurs activités. Seuls les Cents-Noirs, ouvertement réactionnaires, ont été interdits. Cela a évolué lorsque ces partis ont pris le camp des armées blanches issues des propriétaires terriens et des capitalistes contre le camp de la révolution. En fait, les Bolchéviks avaient même fait acte d’indulgence en libérant sur parole de nombreux réactionnaires, comme le général Krasnov qui, après avoir organisé un soulèvement contre-révolutionnaire, a été libéré par les Bolchéviks, et qui a illico assemblé une nouvelle armée blanche qui a tué des milliers d’ouvriers et de paysans.

    Accusations de terrorisme

    Robert Service se plaint du « manque de démocratie » après la révolution. Les Nordistes et Abraham Lincoln ont-ils permis aux propriétaires esclaves sudistes d’agir en toute impunité dans le Nord pendant la guerre civile américaine ? Est-ce qu’Oliver Cromwell a laissé les royalistes anglais agir librement dans les secteurs contrôlés par les parlementaires durant la guerre civile anglaise ? La terrible guerre civile qui a frappé la Russie et a vu pas moins de 21 armées impérialistes arriver dans le pays en soutien des armées blanches a eu comme conséquence de grandes destructions, en plus d’une terrible famine. L’entière responsabilité de cette situation repose sur les épaules de l’impérialisme qui a essayé d’écraser la révolution par tous les moyens.

    Les légendes au sujet de l’impopularité des Bolchéviks (ou de Lénine et de Trotski) au moment où ils étaient au pouvoir sont même réfutées par Robert Service lui-même. Il précise, par exemple, que la révolution s’est à un moment retrouvée cantonnée à la vieille province de Moscou et aux deux principales villes, Pétrograd et Moscou. Pourquoi donc la révolution a-t-elle réussi à triompher ? Comment la république soviétique a-t-elle pu vaincre les Blancs ? Comment a-t-elle réussi à repousser les diverses armées impérialistes hors de Russie ? Elle n’a triomphé que parce que les masses ont vu les avantages d’un gouvernement ouvrier et paysan redistribuant les terres, balayant l’oppression tsariste et fournissant du pain. Les ouvriers du monde entier soutenaient également la classe ouvrière de Russie.

    Mais c’est sur la lutte de Trotsky contre Staline et la bureaucratie que la superficialité de la méthode de Service est la plus patente. Dans son introduction figurent les motivations réelles de son travail. Tout d’abord, on peut y lire une défense émouvante de Staline qui n’était « pas médiocrité mais disposait en réalité d’une gamme impressionnante de talents et de compétences avec, de plus, un véritable sens du leadership ». Selon Service, Staline, Trotsky et Lénine « ont bien plus de choses en commun que de points de divergences ». La conclusion implicite – définie dans son analyse – est la suivante : le régime de Staline était, en fait, une “conséquence” du bolchévisme de Lénine et du bolchévisme “acquis” de Trotsky.

    En réalité, entre le régime de Lénine et Trotsky – celui de la révolution, le régime caractérisé par la participation des masses et par la démocratie ouvrière – et celui de Staline, il y a “un fleuve de sang”. Les purges des années ’30 – que Robert Service mentionne à peine – ont représenté une véritable guerre civile contre les restes du bolchévisme. Mais l’auteur y compare ces purges monstrueuses aux « jugements pour l’exemple » des Socialistes-révolutionnaires de 1921. En réalité, les SR avaient commis de véritables attentats, et avaient ainsi tenté d’assassiner Lénine et notamment tué deux Bolchéviks, Ouritski et Volodarski.

    Trotsky n’a par contre jamais commis le moindre acte de terrorisme contre Staline ou son régime. D’ailleurs, les Bolchéviks avaient permis à deux éminents Sociaux-démocrates de la Seconde Internationale de défendre les accusés de 1921. Ceux-ci n’ont d’ailleurs pas non plus été exécutés, même s’ils ont été reconnus coupables. Staline n’a pas adopté une approche similaire lors des sanglants procès de Moscou, loin de là.

    Le stalinisme n’était pas « un développement normal » du léninisme, mais bien sa négation. Cela, l’auteur est incapable de le voir. Il se situe farouchement dans le camp des commentateurs capitalistes et d’autres adversaires du marxisme – dont le trotskisme n’est que la manifestation moderne – qui souhaitent éliminer des mémoires les leçons de la révolution russe et de la lutte de Trotsky.

    Le véritable Trotski

    Les militants les plus déterminés et les plus consciencieux de la cause des travailleurs, des femmes, des Noirs et des Asiatiques, à la recherche d’une méthode de lutte adaptée à leurs besoins, redécouvriront Léon Trotsky. Trotsky a lutté pour un monde nouveau, dans lequel la démocratie des travailleurs et la collaboration socialiste libéreront l’homme de l’exploitation. Ses biographes actuels ne font en fait que participer aux efforts visant à prolonger la vie d’un système malade. C’est là le véritable objectif de ce livre qui s’évertue à déformer les idées de Trotsky.

    Robert Service a tort lorsqu’il décrit Trotsky comme un Menchévik et quand il l’accuse de ne pas avoir une approche scientifique des choses. Service fait preuve de l’absence la plus complète de compréhension de l’attitude de Trotsky envers la révolution allemande de 1923. Il affirme ainsi que Trotsky n’a pris aucune position concernant cet événement qui a véritablement ébranlé la terre à ce moment. Pourtant, Brandler, le dirigeant du parti communiste allemand, voulait que Trotsky vienne en Allemagne pour aider la classe ouvrière à prendre le pouvoir.

    En fait, il faudrait un livre encore plus grand que le sien pour réfuter toutes les erreurs et les calomnies commises par Robert Service dans sa biographie de Trotski.

    L’auteur ne comprend pas non plus pourquoi Trotsky – avec le consentement tacite des défenseurs du capitalisme de l’époque – a accepté de voir ses filles, ses deux fils, lui-même et pratiquement toute sa famille se faire assassiner par Staline. Staline pensait qu’il pouvait de la sorte éliminer une idée et une méthode. Mais il n’a pas réussi. Trotsky et ses idées vivent encore. Si la puissante machine stalinienne, ses mensonges, ses déformations, ses assassinats… n’a pas réussi à éliminer les idées de Trotsky, comment Service peut-il espérer réussir ? L’aspect le plus nauséabond de ce livre est probablement l’ensemble des attaques personnelles portées contre Trotski. « Attaquez les idées d’un homme ou d’une femme, mais laissez l’homme tranquille »… cette maxime ne fait apparemment pas partie des habitudes de l’auteur.

    Il ne s’agit pas d’idéaliser Trotsky ni de se soumettre à un culte de la personnalité. Mais il est de la plus haute importance d’apprendre de Trotsky sa méthode d’analyse marxiste, qui nous permet de développer les outils politiques capables de préparer et édifier un monde socialiste.

    Mais tout cela ne figure pas dans le livre de Service. Si vous voulez l’apprendre, allez plutôt voir du côté de l’autobiographie de Trotsky, Ma Vie, ainsi que du côté de la trilogie d’Isaac Deutscher (ces deux ouvrages pouvant être commandés à la rédaction à info@socialisme.be). L’ouvrage de Deutscher, bien qu’imparfait et certainement pas trotskiste, essaye toutefois de présenter une image réelle de la vie de Trotsky et de ce qu’il a représenté. Lisez également le matériel produit par le Comité pour une internationale ouvrière et ses sections (dont le Parti socialiste de lutte est la section belge) concernant la vie de Trotsky et sa pertinence pour aujourd’hui.

    Ce livre est clairement prévu en tant que plateforme à des fins d’offensive politique future contre le danger que représente les idées de Trotsky pour ce système capitaliste. C’est qu’une nouvelle génération s’éveille à la politique.

    Nous avons proposé en Angleterre que Robert Service vienne débattre avec des représentants de nos camarades du Socialist Party au sujet des idées exposées dans son livre. Robert Service a systématiquement refusé de confronter ses idées.


    VIDEO : Réponse de Peter Taaffe à Robert Service

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop