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Tag: Socialist Alternative
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USA : Grandes Victoires électorales pour Socialist Alternative!
D’énormes opportunités politiques se présentent pour la classe des travailleurs
Deux candidats de Socialist Alternative ont provoqué une onde de choc historique aux Etats-Unis la nuit du 5 novembre dernier. Ces deux candidats – Kshama Sawant à Seattle et Ty Moore à Minneapolis – ont mené des campagnes ouvertement anticapitalistes et socialistes, les campagnes de ce type les plus soutenues depuis des décennies dans une métropole du pays. Kshama Sawant a obtenu le résultat provisoire de 47% et Ty Moore celui de 37%.
Par Bryan Koulouris, Socialist Alternative (CIO-USA)
Les résultats annoncés sont encore provisoires, d’autres bulletins doivent encore être dépouillés au cours de ces deux prochaines semaines. En ce moment, les deux courses se jouent au coude-à-coude. Ty Moore en est à 130 voix seulement de la victoire ! Kshama Sawant, quant à elle, n’a obtenu que 4% de moins que son adversaire alors que seuls 38% des bulletins ont été dépouillés, et le reste pourrait fortement pencher à sa faveur.
Au final, qu’importe le résultat, les suffrages recueillis par ces candidats ouvertement marxistes illustrent clairement quel est l’espace politique présent aux Etats-Unis sur base de la colère ressentie à l’encontre de l’establishment capitaliste.
Le désaveu de l’establishment politique est gigantesque aux Etats-Unis, en conséquence de la Grande Récession et de la faiblesse de la ‘‘reprise’’ économique. Cela a bien entendu alimenté les deux campagnes. Le Shutdown du gouvernement a aussi provoqué une rage populaire qui a permis aux campagnes de Socialist Alternative de toucher la corde sensible des gens ordinaires. Durant le Shutdown, le taux d’approbation du Congrès est tombé jusqu’au taux historiquement bas de 5% ! Dans un sondage de l’agence Gallup, 60% des sondés ont déclaré qu’il fallait un nouveau parti aux Etats-Unis, un pourcentage qui n’avait encore jamais été atteint. Seuls 26% des sondés ont déclaré que les partis Républicains et Démocrates faisaient bien leur travail, là aussi un taux record, mais vers le bas.
Nombreux sont les Américain qui se sentent découragés et démoralisés par ce système électoral pro-Big Business. Ces campagnes ont cependant démontré que des candidats indépendants et des travailleurs ordinaires peuvent défier l’establishment sans toucher un centime du patronat ! Ty Moore a récolté plus d’argent que sa principale rivale soutenue par le patronat, et Kshama Sawant a récolté près de 110.000 dollars, là où son adversaire en a mobilisé 230.196.
Les campagnes de Socialist Alternative ont clairement montré qu’il est possible pour des travailleurs et les jeunes de s’organiser et de lutter ensemble pour changer le monde. Sur base de ce momentum, Socialist Alternative veut se construire, appeler à effectuer une donation et à rejoindre l’organisation afin de développer de nouvelles campagnes en faveur des ‘‘99%’’, selon le terme popularisé par le mouvement Occupuy, à l’instar de la lutte pour l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars, pour le droit de se syndiquer sans risque de se faire licencier et pour s’en prendra aux super-riches afin de financer un programme de création d’emplois et de transports en commun écologiques, entre autres.
Les deux partis capitalistes que sont le parti Républicain et le parti Démocrates verront encore leur base de soutien s’amoindrir au cours des mois à venir, puisque de nouvelles coupes budgétaires dans la sécurité sociale et d’autres programmes populaires sont envisagés pour les mois à venir. A l’approche des élections de mi-mandat de 2014, ces campagnes menées par Socialist Alternative ont illustré l’énorme ouverture qui existe pour la présentation des candidats indépendants de la classe des travailleurs. Des coalitions de dirigeants syndicaux combatifs, de socialistes, d’écologistes et de groupes de défense des droits civiques devraient être construites dans chaque ville du pays afin d’organiser des mouvements et de déposer des candidats indépendants des deux partis du capital aux élections.
Ces résultats électoraux – à l’instar du processus révolutionnaire au Moyen Orient et en Afrique du Nord, des révoltes ouvrières du Wisconsin et le mouvement Occupy – ont rendu possible ce qui paraissait impossible. Ils introduisent un tout nouveau processus dans la société américaine. Non seulement ces campagnes donnent naissance à un nouveau et puissant mouvement socialiste aux Etats-Unis, mais elles servent aussi de modèle qui contribuera à l’inévitable ascension d’un nouveau parti qui luttera contre les ‘‘1%’’ les plus riches : un parti de masse de la classe des travailleurs.
Développement de l’audience pour les idées du socialisme
De nombreuses personnes à gauche disent que les idées socialistes ne peuvent pas remporter un soutien massif dans leur pays. Ces campagnes prouvent qu’ils ont faux sur toute la ligne. Les sondages du Pew Research Center montrent sans cesse qu’une majorité des jeunes et des personnes de couleur aux USA préfèrent maintenant le ‘‘socialisme’’ au ‘‘capitalisme’’. Evidemment, cette conscience est teintée de confusion, ce que revêt ce terme de ‘‘socialisme’’ est peu clair, mais cela illustre que les gens en ont marre de l’inégalité croissante, de l’augmentation insupportable du coût de la vie et du système capitaliste lui-même.
C’est ce qui permet de comprendre pourquoi les adversaires de Kshama Sawant et de Ty Moore ont à peine eu recours au ‘‘red baiting’’, cette pratique éprouvée aux Etats-Unis consistant à lancer un flot incessant de calomnies à l’encontre des communistes ou des anarchistes. Richard Conlin, conseiller communal sortant à Seattle, a préféré faire des commentaires sexistes et anti-immigrés à peine voilés à l’encontre notre camarade Kshama Sawant. Quant à Alondra Cano, candidate à Minneapolis, elle a préféré compter sur le soutien de ses amis de l’establishment et de l’immobilier plutôt que de se risquer à s’aventurer dans une campagne négative.
Les idées socialistes sont clairement de retour, et Socialist Alternative détient maintenant une position unique pour aider à construire un nouveau mouvement pour le socialisme. Ce mouvement doit être lancé par les socialistes eux-mêmes, les plus qualifiés pour lutter pour les besoins de la classe des travailleurs. Socialist Alternative s’est démarqué du reste de la gauche par sa capacité à entrer en dialogue avec des travailleurs politisés en utilisant un langage compréhensible et basé sur le concret. Parallèlement, nous avons expliqué avec honnêteté que les réformes dans cette société ne peuvent être maintenues que si le pouvoir est arraché des mains des grandes entreprises et qu’un nouveau système basé sur la propriété publique et démocratique des 500 plus grandes entreprises est établi, une société socialiste démocratique.
Construire le mouvement
La campagne de Ty Moore dans le Ward 9 (9e district) de Minneapolis a été lancée en parallèle de l’importante campagne d’Occupy Homes Minnesota. Ty Moore et Socialist Alternative ont contribué à la fondation de cette organisation qui a défendu avec succès des propriétaires de maison menacés d’expulsion par les grandes banques et la police. Le centre de la ‘‘Zone sans expulsion’’ d’Occupy Homes se situait dans le Ward 9, une communauté ouvrière diversifiée, et les campagnes de Ty Moore et d’Occupy Homes se sont mutuellement renforcées.
De même, à Seattle, la campagne de Kshama Sawant a contribué à placer les ‘‘Fight for 15’’, un mouvement de grèves et de manifestations de travailleurs à bas salaires, au cœur du débat politique. Socalist Alternative a énergiquement aidé à construire cette campagne en aidant concrètement les travailleurs en grève et en contrant les arguments des opposants à l’augmentation du salaire minimum. Quand des organisations de travailleurs ont pris l’initiative de lutter pour augmenter le salaire minimum jusqu’au seuil des 15 dollars de l’heure dans la banlieue de SeaTac, la campagne de Kshama Sawant a soutenu l’initiative avec énergie, ce qui a contribué à son succès historique.
Enfin, les deux candidats à la mairie de Seattle, qui avaient passé sous silence cette question du salaire minimum au début de leurs campagnes, ont fini par soutenir – vaguement – la proposition. Le succès qu’a rencontré Kshama Sawant dans la maîtrise du débat politique a conduit le Seattle Times, le journal le plus lu de Seattle, à déclarer avec même la tenue des élections que ‘‘le vainqueur est déjà la socialiste Kshama Sawant’’.
Le mouvement des travailleurs
Ces campagnes indépendantes de la classe des travailleurs sont des leçons importantes pour le mouvement des travailleurs, qui traverse actuellement une crise sérieuse. Le mouvement des travailleurs est sous l’assaut des grandes entreprises, et les républicains du Tea Party tentent d’en finir définitivement avec les syndicats. Les politiciens démocrates sont quant à eux souvent les pionniers des coupes budgétaires, des privatisations et des autres attaques antisyndicales. Dans cette situation, le mouvement des travailleurs a besoin de renouer avec ses traditions de lutte et de présenter davantage de candidats ouvriers indépendants.
Au lieu de cela, la direction de ces mouvements soutient le plus souvent les démocrates, soit par peur des républicains, soit par habitude, soit parce que beaucoup des membres de cette direction mènent eux aussi une vie luxueuse bien plus proche de celle des politiciens que de celle de ceux qu’ils sont censés représenter.
Les campagnes de Ty Moore et de Kshama Sawant ont toutefois montré que les travailleurs en ont plus que marre de la politique traditionnelle et que leur soutien peut être acquis par des campagnes crédibles et des revendications concrètes. Ty Moore a obtenu le soutien actif du syndicat SEIU (Service Employees International Union, soit Union Internationale des Employés des Services en français, il s’agit d’un syndicat nord-américain représentant 2,2 millions de travailleurs aux États-Unis, à Porto Rico et au Canada) qui a joué un rôle essentiel dans la campagne. Kshama Sawant a reçu le soutien de 6 syndicats locaux, et une majorité du King County Labor Council (conseil du travail du comté de King, où elle se présentait) a voté pour la soutenir, sans cependant obtenir la majorité suffisante pour un soutien officiel.
Lors des mois et années à venir, les syndicalistes seront la cible d’attaques continues contre leurs droits et leurs conditions de vie. Dans cette bataille, nous aurons besoin de manifestations, de piquets, de grèves et d’actions directes pour nous défendre. Les travailleurs devront lutter pour obtenir le contrôle démocratique de leurs syndicats et élire des dirigeants qui veulent vraiment résister à l’assaut capitaliste. Ces batailles illustreront le besoin pour les travailleurs d’une représentation politique indépendante, et les campagnes de Ty Moore et de Khsama Sawant montrent que les syndicats peuvent présenter des candidatures très populaires, ce qui représente un pas en avant vers un nouveau parti des 99%.
Prochaines étapes
Nombres de ceux qui ont soutenu Ty Moore et Kshama Sawant sont en rupture avec le parti démocrate, mais ne sont pas encore prêts à la quitter définitivement. Socialist Alternative continuera à clamer au sein des mouvements pour la justice sociale et des diverses coalitions de lutte que le parti Démocrate représente fondamentalement un parti pro-capitaliste, et que la classe des travailleurs ne devrait en aucun cas le soutenir, pas même les candidats de son ‘‘aile gauche’’.
Nous avons urgemment besoin d’un parti des travailleurs lié aux mouvements sociaux, aux syndicats de lutte, aux organisations communautaires, aux écologistes et aux socialistes. Un pas concret pour y parvenir serait de former des coalitions à travers tout le pays, liées entre elles à l’échelle nationale, afin de présenter 100 candidats indépendants des travailleurs pour les élections de mi-mandat de 2014. Les syndicats qui ont soutenu les campagnes de Ty Moore et de Kshama Sawant, comme beaucoup d’autres, devraient présenter des listes complètes de candidats aux élections de mi-mandat ainsi qu’aux élections nationales et locales.
Le capitalisme américain est plongé dans une profonde crise économique et sociale. L’establishment politique est discrédité, et son système gouvernemental semble ruiné. Une énorme colère se développe contre l’inégalité, le racisme, le sexisme et l’homophobie. La destruction de l’environnement s’intensifie. La situation nécessite une alternative.
Si les socialistes, les écologistes et les dirigeants syndicaux ne capitalisent pas sur cette ouverture, alors la droite le fera. Par exemple, un candidat libertarien (droite radicale) pour le siège de gouverneur de l’Etat de Virginie a remporté plus de 145.000 votes lors de ces élections. Pire encore, des rapports montrent que des groupes ouvertement d’extrême droite se développent.
La situation actuelle exige une riposte urgente. Nous avons besoin de construire activement le mouvement pour le socialisme avec de plus larges coalitions des 99% pour contrer l’agenda des capitalistes. Les incroyables résultats électoraux de Ty Moore et de Kshama Sawant sont de brillants exemples qui montrent la voie à suivre.
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Les Etats-Unis en route vers la faillite ?
Le 1e octobre dernier, date officielle à partir de laquelle le budget 2014 est d’application aux USA, plus d’un million de ménages ont eu une bien mauvaise surprise. Considérés comme ‘‘non essentiels’’ à la survie du pays par le gouvernement Obama, 800.000 fonctionnaires fédéraux se sont retrouvés en congé forcé et sans solde pour une durée indéterminée. Des centaines de milliers d’autres, plus ‘‘vitaux’’, ont quant à eux pu rester à leur poste… sans être payés. La raison de cette mise à l’arrêt de l’Etat fédéral ? Tout simplement l’absence d’un budget 2014 permettant le fonctionnement de l’administration…
Par Baptiste (Nivelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste
Que s’est-il passé ?
Le budget fédéral doit être avalisé par deux entités : le Congrès, à majorité républicaine, et le Sénat, à majorité démocrate, ce qui impose, de facto, un compromis entre les deux partis du big-business américain. Or, ce nouveau budget a une particularité : l’introduction de ‘‘l’ObamaCare’’ (ou Affordable Care Act), la loi sur l’assurance maladie. Cette dernière est tout ce qui reste à Obama pour encore pouvoir justifier que ses deux mandats à la présidence des Etats-Unis aient eu, quelque part, un caractère un tant soit peu progressiste par rapport à ses prédécesseurs. Bien que sans cesse aménagée en faveur des lobbys pharmaceutiques par rapport à ce que promettait Obama lors de ses campagnes électorales, cette loi est, par la même occasion, le cheval de bataille de l’ultra-conservateur ‘‘Tea Party’’, cet horrible monstre de Frankenstein du parti républicain. La stratégie du Tea Party était dès lors simple : faire pression sur les républicains pour rentrer dans un bras-de-fer sur le nouveau budget avec l’espoir de postposer, d’année en année, l’entrée en vigueur de cette loi sur l’assurance maladie. D’où le blocage du 1e octobre dernier, qui a mis en place le shutdown, une cessation organisée des agences fédérales.
Un blocage politique sur fond de crise économique profonde
L’absence d’un budget pour 2014 n’était pas le seul enjeu des négociations. Les politiques de guerres et les politiques de rabattement fiscal pour les plus riches qu’Obama a menées ces dernières années, en digne successeur de Bush, ont creusé les déficits budgétaires, augmentant chaque année le plafond record atteint par la dette. Cette dernière avoisine aujourd’hui les 17.000 milliards $, soit plus de 100% du PIB des USA. Or, le plafond maximal que la dette pouvait atteindre avait été fixé à 16 700 milliards $ lors d’un vote au congrès en août 2011. Pour pouvoir continuer à emprunter sur les marchés, ce qui est indispensable pour un budget en déficit, il fallait donc voter, en même temps que le budget, un relèvement du plafond de la dette. Sans cela, le budget précédent ne pourrait même pas être reconduit puisque l’Etat ne pourrait plus rien emprunter, et donc il n’aurait plus été en mesure de répondre à ses obligations élémentaires. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis risquaient pour la première fois de leur histoire un défaut de paiement si un accord n’était pas trouvé pour le 17 octobre.
Ce scénario, synonyme de catastrophe financière pour tout le système capitaliste, a été écarté grâce à un accord obtenu dans les dernières heures de la nuit du 16 octobre. Tout est à présent fini ?
Rien n’est moins sûr. Certes, un accord a bien été trouvé entre les républicains et démocrates, en échange de nouvelles concessions sur l’ObamaCare, notamment le renoncement à une taxe sur les sociétés d’assurance, mais cet accord est un compromis très minimal sur le budget et sur la dette. Le relèvement du plafond de la dette est autorisé jusqu’au 7 février et les agences fédérales fermées durant le shutdown peuvent rouvrir… jusqu’au 15 janvier ! D’ici là, un accord complet sur le budget 2014 doit être trouvé, sans quoi l’histoire recommencera de plus belle.
Un épisode de plus dans la crise des instruments politiques de l’impérialisme…
S’agit-il d’une étrange mise en scène calculée ? Cette situation chaotique est plutôt le reflet d’une crise des instruments politiques traditionnels de l’impérialisme américain. La façade démocratique du système s’étiole au fur et à mesure des politiques néolibérales, qui dégradent toujours un peu plus le niveau de vie de la population, et les partis du big business s’en retrouvent profondément discrédités. Face à cela, les républicains avaient cru trouver un outil miracle : le Tea Party, la droite populiste hystérique façon US, leur permettant de canaliser une partie du sentiment ‘‘anti-establishment’’ tout en tirant vers la droite les lignes politiques. Depuis, les républicains ont littéralement perdu le contrôle de leur outil populiste et se retrouvent poussés dans des stratégies aventuristes, pas forcément dans l’intérêt de la classe qu’ils représentent, à savoir les capitalistes et le big-business.
Ce dernier épisode représente une défaite pour les républicains puisque l’ObamaCare rentrera bien en vigueur. Des règlements de compte entre les fractions ‘‘responsables’’ et les fractions ‘‘aventuristes’’ risquent fort de prendre place dans les mois qui viennent dans le camp républicain. Obama a-t-il enfin vaincu le Tea Party ? À nouveau, des concessions ont dû être réalisées, et malgré qu’il ait pris l’ascendant sur ses adversaires politiques, son impopularité restera importante tant que la crise du capitalisme nuira aux 99% de la population et que ses politiques ne feront que creuser le fossé entre riches et pauvres. En outre, l’accord actuel reste très maigre et l’essentiel devra encore être discuté en janvier prochain. La crise politique est loin d’être clôturée.
… dont la note est à chaque fois reportée sur le dos des travailleurs et de leurs familles
Le précédent ‘‘clash’’ financier des Etats-Unis avait eu lieu au mois de mars dernier. Le gouvernement devait élaborer un plan drastique de diminution des dépenses publiques pour le 1e mars, cette date butoir faisant suite au relèvement du plafond de la dette voté en août 2011. Faute d’accord, des coupes automatiques ont eu lieu dans les dépenses publiques de l’ordre de 85 milliards $ en 2013 et ensuite pour 1 200 milliards $ sur 10 ans ! Ces coupes se retrouvent surtout dans les budgets de la Défense, mais également dans les budgets sociaux, comme les soins de santé, l’éducation,… Selon Standard and Poor’s, les 16 jours de shutdown d’octobre ont, quant à eux, causé une perte pour l’économie américaine d’environ 24 milliards $, ce qui équivaut à une contraction de l’économie de 0,7% durant cette période. À nouveau, les travailleurs et leurs familles auront payé la note, notamment à travers le chômage économique, et ce alors que les membres du Congrès percevront bien eux l’intégralité de leur 174 000 $ annuel !
Il est plus que temps d’avoir un parti de masse pour représenter les intérêts des travailleurs et des pauvres. Wall Street a deux partis, les démocrates et les républicains, alors que la classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats- Unis) fait campagne pour la construction d’un tel parti. Lors des dernières élections locales à Seattle en 2012, notre camarade Kshama Sawant avait obtenu 29% sur base d’un programme socialiste, illustrant le potentiel qu’ont de telles idées parmi la population.
Le capitalisme ne fonctionne pas, le socialisme doit le remplacer
Le capitalisme est arrivé depuis longtemps dans un stade de délabrement. Il ne propose aucun avenir pour la société. La guerre de classe, le chaos économique et les crises politiques sont ses seules perspectives. Ce système doit être remplacé par le socialisme, où les secteurs clés de l’économie sont nationalisés, permettant une planification démocratique de la production et des budgets en fonction des besoins de tous, et non en fonction des lobbys privés.
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USA : Les campagnes électorales de Socialist Alternative ont remporté un grand succès
C’est aujourd’hui 5 novembre que se déroulent les élections locales américaines, et les campagnes pour un siège de conseiller municipal à Minneapolis et à Seattle menées par Socalist Alternative (CIO-USA) ont bénéficié d’un puissant momentum. Des candidats de taille se sont sentis forcés de soutenir leurs adversaires de Socialist Alternative en réponse à leurs campagnes basées sur les mouvements sociaux et une foule de volontaires.
Kai Stein, CIO
Ty Moore pour le conseil communal de Minneapolis
Les politiciens capitalistes et les lobbyistes nationaux des grandes entreprises, étroitement liés au secteur bancaire, ont clairement choisi leur candidate, Alondra Cano, pour la course serrée au conseil municipal du ward 9 à Minneapolis. Cela donne à la classe ouvrière une image bien plus claire du choix qui s’offre à eux, et de choisir un candidat qui sera de leur côté, Ty Moore. Ty est un militant de longue date d’Occupy Homes, qui défend les propriétaires de maisons contre les expulsions et les saisies immobilières. Il est aussi un membre de Socialist Alternative.
A la surprise générale, l’un des principaux grands groupes lobbyistes américains, précédemment basé à Chicago, a rejoint la course. L’association nationale des Realtors (NAR), un groupe de lobbyistes du domaine de l’immobilier, soutient les démocrates et les républicains, y compris des dirigeants du Tea Party comme Michelle Bachman et Ted Cruz. Le groupe a investi 40 millions de dollars dans les élections l’année dernière. Deux semaines avant le jour des élections du 5 novembre, ce Super-PAC (comité d’action politique) a envoyé massivement et à deux reprises, à quelques jours d’intervalle, des tracts appelant à voter pour Cano.
Ce soudain intérêt dans la politique locale à Minneapolis est une reconnaissance de l’énorme écho qu’a trouvé la campagne de Socialist Alternative, malgré un budget plus que limité. L’intervention des corporations américaines dans les quartiers du sud de Minneapolis fait partie du programme de la NAR pour faire reculer la résistance des propriétaires de maison contre les expulsions.
Par exemple, ils poursuivent en justice la ville de Richmond, où un maire membre du Green party acquiert des bâtiments privés pour reloger des gens endettés durement touchés par les banques. Ces expropriations sont généralement utilisées pour virer les « petites gens » pour faire de la place pour les grands constructeurs immobiliers, des autoroutes, ou pour satisfaire des intérêts financiers. Richmond donne une idée de comment se servir d’outils inhabituels dans la lutte contre Wall Street.
Occupy Homes a saisi cette idée et dit que tous les outils possibles doivent être utilisés à Minneapolis. La campagne insiste sur le fait qu’après le krach économique de Wall Street, les banques ont été sauvées, et maintenant ces mêmes banques s’en prennent à des centaines de familles dans le ward 9 à Minneapolis, et tentent de les expulser de leurs maisons. Occupy Homes a organisé avec succès la résistance contre les expulsions et a empêché les banques de saisir des maisons. C’est l’un des points principaux de la campagne de Ty Moore.
Alors qu’Alondra Cano se présente toujours publiquement comme une militante et une organisatrice qui défend les gens contre les banques, la vérité a éclaté lorsque l’establishment local s’est mis à la soutenir après que la campagne de Ty Moore ait fait de l’ombre à la sienne avec ses distributions de tracts en porte-à-porte et ses centaines d’enseignes dans les jardins.
Pendant que Cano serrait la main de personnes menacées d’expulsion, le maire envoyait la police pour les expulser au profit des banques. Ce même maire qui a collaboré à une campagne de don pour Cano, approuvée par le DFL (Democrats Farmer Labor Party, les démocrates du Minnesota).
Lors de cette campagne, qui n’a pas été organisée dans le Ward 9 mais dans les quartiers les plus riches de Minneapolis, la machine du DFL était visible ; les responsables d’une subvention au propriétaire de l’équipe de football des Vikings, le milliardaire Zygi Wilf, y ont fait office de coorganisateurs.
L’intervention non dissimulée d’énormes sommes versées par le NAR renforce encore plus l’engagement de centaines de volontaires participant à la campagne de Ty Moore. Le SEIU, l’un des plus puissants syndicats du pays, soutient sa campagne. Occupy Homes mobilise ses membres pour aider à convaincre des gens à voter pour Ty. L’appel de don national lancé l’année dernière par la candidate du Green party à la présidence, Jill Stein, par Matt Gonzales, qui a participé à la campagne présidentielle de 2008 avec Ralph Nader, et bien d’autres, a trouvé un plus large écho alors que les gens ont pu voir l’importance nationale qu’ont revêtues ces élections.
Kshama Sawant à Seattle
Richard Conlin détient son siège au conseil communal de Seattle depuis 16 ans. Conlin dispose d’un réseau de pouvoir et de soutien basé sur les grandes entreprises et les entreprises immobilières influentes. Cependant, le fait qu’il ait rassemblé plus d’argent pour sa réélection que tout autre candidat à Seattle ne provient pas de sa popularité. En regardant de plus près la liste de ceux qui l’ont soutenu, il est clair que les constructeurs immobiliers et les grandes entreprises sont nerveux quant à l’issue de cette course très serrée.
Après avoir obtenu 44.000 votes aux primaires d’août, Kshama Sawant est en course pour que la classe ouvrière obtienne un représentant élu au conseil communal. 300 volontaires font du porte-à-porte. Un énorme effort dans la collecte de dons a permis à cette campagne socialiste d’envoyer des tracts dans 140.000 foyers. Kshama a défié le candidat sortant dans un débat télévisé et à de nombreux forums politiques. Cette course coudes à coudes a encouragé l’influent hebdomadaire local, The Stranger, à faire campagne pour Kshama, plongeant l’establishment de Seattle la peur.
Conlin s’est même senti obligé à commencer une horrible compagne de diffamation. Dans le Seattle Times, le principal journal pro-establishment de la ville, Conlin s’est interrogé sur « l’engagement civique » de Kshama car elle n’a voté qu’à 3 des 4 élections auxquelles elle aurait pu voter. Conlin sembler lier engagement civique et votes, mais son attaque implicite est cependant claire : Kshama est une immigrée (elle a obtenu la nationalité américaine en 2010). Cette attaque contre une candidate de couleur venant de l’immigration a eu un effet polarisateur et a aussi mobilisé de nouveaux appuis pour la campagne Vote Sawant.
The Stranger a donné une réponse claire aux accusations de Conlin et a conclu : « le problème de Conlin, c’est que Kshama Sawant est trop engagée. Colin devrait cesser de faire une fixette sur ses votes. Il devrait plutôt s’inquiéter de ses propres votes contre le transit, pour des autoroutes à moitié financées, contre les congés maladie, pour une loi anti-mendicité qui a violé la norme des droits civiques de la ville, et contre une amélioration de la sécurité des centres pour sans-abris, entre autres ».
Le dernier tour des élections a déjà commencé. Les habitants de Seattle ont deux semaines pour envoyer leur vote. Près de 200.000 électeurs décideront entre un politicien capitaliste et une militante de la classe ouvrière. Une campagne organisée à la base de la population lutte contre l’influence de l’argent sur la politique, et l’issue est incertaine.
Pour un salaire de 15$ de l’heure.
Une des principales revendications de la campagne Vote Sawant est l’instauration d’un salaire minimum de 15$ de l’heure et le droit à une syndicalisation totale. Les t-shirts rouges portés par les partisans de la campagne qui réclament cette augmentation au lieu du minimum de 9,19$ à Seattle sont devenus la marque visuelle de la campagne.
Cette revendication soulevée par les travailleurs des fast food l’année dernière s’est répandue dans tout le pays, réveillant les aspirations de millions de travailleurs à bas salaires. Elle résonne parmi les couches les plus pauvres de la classe ouvrière américaine, mais a gagné un soutien bien plus large.
Au cours de la campagne de Seattle, poussés par Kshama Sawant et ses supporters, même les deux candidats au poste de maire en commencé à approuver cette revendication, mais en termes vagues. Si les travailleurs ne peuvent pas compter sur ces deux candidats démocrates, cela montre tout de même l’impact d’une campagne acharnée.
Toutes sortes d’attaques ont été lancées contre la revendication de hausse du salaire minimum de la campagne de Kshama. Ceux qui bénéficient le plus de la surexploitation des travailleurs sont des entreprises comme McDonald’s, Walmart et la chaîne de supermarchés Target. L’argument qui est sans cesse ressorti est que les petites entreprises ne tiendraient pas le coup.
Cependant, il est évident qu’un salaire de 15$ de l’heure ne serait qu’un premier pas pour gagner suffisamment avec un emploi à temps plein pour nourrir une famille. Et ces fameuses petites entreprises sont déjà coulées à cause de la pauvreté, des expropriations et de l’économie brisée basée sur la sur-accumulation de capital sans investissement alors que des familles de travailleurs souffrent. La correction de cette situation qui plonge depuis trop longtemps des familles dans la pauvreté sera une première étape pour réparer toute l’économie.
A Minneapolis, la campagne de Ty Moore pour le poste de conseiller communal a aussi trouvé un grand écho avec la revendication d’un salaire minimum de 15$ de l’heure, y compris dans une manifestation pour les droits des immigrés début octobre. Le conseiller actuel du ward 9 a déclaré être « tout à fait sûr » que la ville ne peut imposer une telle législation. Le Minneapolis Star Tribune cite Gerry Schiff dans un article sur un forum des candidats (auquel ce dernier n’était même pas présent): « Ce n’est qu’un leurre que Ty Moore agite et qui montre qu’il ne comprend rien au poste pour lequel il se présente ».
Sans surprise, le conseil communal n’a eu aucun problème à contourner la loi pour offrir un cadeau de 150 millions de dollars à un milliardaire en l’attribuant au stade des Vikings, évitant ainsi un référendum obligatoire de la population de la ville.
La loi qui empêche Minneapolis de décider d’un salaire minimum est injuste et n’a même jamais été attaquée en justice, une mesure que le conseil communal pourrait immédiatement prendre en implémentant cette augmentation de salaire. L’ordonnance d’un salaire minimum peut forcer immédiatement tous les contractants de la ville à appliquer cette mesure d’un salaire minimum de 15$ de l’heure. Des victoires comme le mariage pour les couples de même sexe n’ont pas été remportées par des politiciens qui disaient qu’ils en étaient incapables, mais par des mouvements avec des dirigeants qui ont montré le chemin en défendant les intérêts de la classe ouvrière.
Le combat pour un salaire de 15$ ne prendra bien sûr pas fin le jour des élections, le 5 novembre. Les efforts de dizaines de milliers de travailleurs des fast foods, du SEIU, d’autres syndicats et de nombreux militants communautaires ont montré le potentiel d’un soulèvement des parties les plus pauvres de la classe ouvrière des Etats-Unis.
Ouverture politique
La force des deux campagnes de Socialist Alternative à Minneapolis et à Seattle réside dans le fait qu’elles dérivent d’un programme pour défendre la classe ouvrière contre Wall Street. Ce programme est basé sur la bonne compréhension de la colère née lors du mouvement Occupy en 2011, qui n’a pas disparu, et qui reste une source pour de futurs grands mouvements et de grandes secousses politiques.
Des millions d’Américains sont aliénés par les deux partis du grand capital et recherchent une alternative. Mais plus que ça, malgré la petite croissance économique, le système politique et économique est brisé et de nombreux Américains le réalisent. Des tensions sociales montent.
Les populistes de droite et les libertariens (lobbyistes ultralibéraux, pro marché) tentent de combler le vide politique. Mais tous les indicateurs pointent vers le développement lors des prochaines années de la recherche d’une nouvelle alternative de gauche, peut-être populiste au départ, mais qui affirmera au fur et à mesure son caractère de classe. Le potentiel s’ouvre pour une coalition des militants et des candidats travaillistes, socialistes et du Green party pour offrir une alternative aux politiques capitalistes.
Malgré d’énormes tâches et des forces réduites, Socalist Alternative est extrêmement bien positionnée pour contribuer à ces développements pour aider la riposte contre la soif de profits, et pour la lutte pour un futur socialiste.
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Etats-Unis : ‘‘Désolés, nous sommes fermés’’
Une nouvelle illustration de plus la nécessité d’un nouveau parti représentant les 99%
Environ 800.000 travailleurs fédéraux ont été contraints de prendre un congé sans solde. Alors que leurs familles se retrouvent sans rien, les membres du Congrès, qui touchent 174.000 $ de salaire annuels n’ont pas été affectés par le ‘‘shutdown’’, le blocage du Congrès sur le budget américain débuté le 1er octobre.
Kai Stein, Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO)
La majorité républicaine à la Chambre des Représentants (sous-chambre du Parlement) a bloqué toute tentative du président démocrate Barack Obama de conclure un nouveau budget fédéral ou de prolonger l’ancien. D’un côté, il s’agit d’une tentative de miner les réformes très limitées et business-friendly instaurées par Obama dans les services de santé publique, de l’autre, la classe dominante américaine est confrontée à un système politique dysfonctionnel et à un parti républicain qui l’est tout autant. Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais il a été exacerbé par la récente crise du capitalisme.
La fraction la plus vicieuse de la classe dominante s’était auparavant ralliée au mouvement conservateur populiste le ‘‘Tea Party’’ pour sauvegarder ses privilèges. Ce monstre de Frankenstein n’est toujours pas maîtrisé par les Républicains. Par conséquent, en général, les républicains n’agissent pas dans le meilleur intérêt de la classe dominante américaine.
Une période de crise
Une fermeture du gouvernement pendant 3 semaines pourrait faire se contracter le PIB de 0,9% selon Goldman Sachs. Mais ce que Wallstreet craint le plus, c’est que la dette du pays atteigne son plafond aux environs du 17 octobre. Sans nouvelle législation au Congrès, l’administration ne pourrait pas emprunter plus d’argent, et les Etats-Unis seraient incapables d’honorer leurs obligations et forcés à être en défaut de paiement, pour la première fois de leur histoire. Ce défaut serait un désastre pour les plus pauvres qui seraient forcés de payer le prix de la crise.
Mais qui est responsable de l’expansion du déficit budgétaire fédéral ? Des milliards de dollars ont été dépensés en sauvetages financiers et en mesures prises depuis 2008 pour sauver le capitalisme américain, sans compter les baisses d’impôts pour les super-riches et les entreprises, ainsi que le financement de guerres sanglantes et sans issue par les administrations précédentes.
Pour éviter d’aggraver la situation, les Républicains les plus ‘‘modérés’’ du Congrès se sont préparés à négocier avec les Démocrates et à chercher un compromis. Cependant, cela pourrait mettre en lumière des divisions bien plus tranchées au sein du parti, et mener à sa fragmentation.
Le conte de fées que tentent de nous faire avaler les démocrates, c’est qu’il s’agit d’une répétition de la crise de 1995/96. A l’époque, la faible administration Clinton était entrée en conflit avec le Congrès, ce qui a conduit à un shutdown de 21 jours, un conflit hors duquel Bill Clinton est sorti avec une position renforcée face aux Républicains. Certains parallèles peuvent être faits, comme l’illustrent les sondages d’opinion, qui montrent une légère hausse du soutien à Obama, mais sa cote de popularité reste mauvaise. La meilleure comparaison à faire serait plutôt l’été 2011, au cours duquel l’impasse dans laquelle se trouvaient les Démocrates et les Républicains (confrontés aux réductions budgétaires consenties pour parvenir à un compromis forcé) a été révélée au grand jour.
Le mouvement Occupy
A la suite des soulèvements de masse au Moyen Orient et en Afrique du Nord, des mouvements de protestation ont eu lieu en Espagne et en Grèce, puis ailleurs dans le monde et notamment aux USA, où la colère des américains contre les sauvetages financiers des grandes entreprises s’est exprimée avec le mouvement anticapitaliste ‘‘Occupy’’.
Cette colère reste d’actualité. Les sondages d’opinion démontrent que la frustration va grandissante contre le Congrès (qui dispose d’un taux d’approbation inférieur à 10%), et tout le système politique. Même les partisans les plus enthousiastes d’Obama, qui lui sont restés fidèles après le scandale de la NSA et ses ambitions guerrières en Syrie, mettent à présent en doute la capacité de leur président à tenir tête aux Républicains.
De plus, la situation économique n’a pas augmenté le soutien pour Obama. Il y a eu un faible redressement économique, mais unilatéralement favorable aux riches. Les 1% les plus riches ont augmenté leurs revenus de 31% de 2009 à 2012, alors que ceux des 40% les plus pauvres ont diminué de 6% (Paul Krugman, New York Times, 23 septembre 2013).
Le potentiel est là pour le développement d’un nouveau grand mouvement comme l’était celui d’Occupy mais, cette fois-ci, avec des revendications concernant des exigences socio-économiques concrètes.
Des groupes pour les droits des immigrés se mobilisent contre les politiques anti-immigrations. Les travailleurs des fast-foods sont entrés en lutte pour bénéficier d’un salaire minimum de 15$ de l’heure et pour obtenir le droit de se syndiquer. Des travailleurs désorganisés dans des entreprises comme Walmart, connu pour sa position antisyndicale, commencent eux aussi à se rebeller. La lutte contre les expulsions et les saisies immobilières et pour des logements abordables pour tous a obtenu certaines victoires, comme l’utilisation de la législation ‘‘eminent domain’’ (une expropriation pour cause d’utilité publique) par le maire de Richmond en Californie, membre du Green Party. A Minnéapolis et ailleurs, le mouvement Occupy Homes a prouvé que des mouvements citoyens peuvent défendre les propriétaires de maisons et mettre fin aux expulsions.
Multiplier ces luttes sur les lieux de travail et développer ces mouvements sociaux nécessite d’outrepasser l’inertie de la bureaucratie syndicale et la faiblesse des organisations de la classe des travailleurs. Lorsque la classe ouvrière américaine aura trouvé sa voix, le monde entier l’entendra.
Lutter pour une alternative politique pour la classe ouvrière
Comme le montre le Shutdown, ce système politique ne fonctionne pas. Wall Street a deux partis bien à lui, les Démocrates et les Républicains. La classe ouvrière n’en a aucun. Socialist Alternative (section du CIO aux Etats-Unis) fait campagne pour la construction d’un nouveau parti de masse pour se battre en faveur des intérêts des travailleurs, des pauvres et des minorités opprimées, sur base d’un programme clairement socialiste. Socialist Alternative présente aussi des candidats lors de prochaines élections locales.
Un énorme soutien pour une candidate marxiste à Seattle
En termes de moyens financiers, la campagne de Kshama Sawant, candidate de Socialist Alternative à Seattle, n’atteindra pas le montant de celle du conseiller municipal en place depuis 16 ans, Richard Conlin, qui a déjà dépensé 200.000 $ pour défendre son siège. La campagne menée contre lui par Socialist Alternative n’a réuni qu’un quart de ce montant, mais c’est impressionnant pour une campagne contre la politique capitaliste. De plus, ce manque d’argent est largement compensé par la manière dont par les idées défendues par Socialist Alternative résonnent parmi une couche de plus en plus grande de la classe des travailleurs et de la jeunesse.
Le slogan de la campagne est ‘‘15 $ de l’heure et un syndicat’’. En course dans une campagne ouvertement socialiste, Kshama Sawant a récolté 29% des votes en novembre 2012 contre le représentant de Seattle à Washington, Frank Chopp. Avec 44.000 votes obtenus lors du premier tour de ces élections locales à Seattle en août 2013, Kshama Sawant et la campagne de Socialist Alternative ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’éclat unique. Un nombre encore plus grand d’électeurs montreront leur ouverture pour une candidate socialiste combative le 5 novembre prochain à Seattle.
Une course serrée à Minneapolis
En tant que militant contre les expulsions et les saisies immobilières, et en défense de l’enseignement, Ty Moore peut être fier de son implication. Dans son district, il fait face à 5 autres candidats pour le poste de conseiller municipal à Minneapolis. Tous cherchent l’approbation du parti démocrate. Sans couverture médiatique et dans le contexte d’une course au siège confuse, le message de Ty de lutter pour un logement décent, pour un salaire minimum de 15$ de l’heure et contre les subsides aux grandes entreprises a dû être distribué au porte-à-porte. Mais Socalist Alternative a reçu le soutien du SEIU (l’un de plus grands syndicats américains), de nombreux porte-paroles de la communauté hispanique et de militants reconnus. Bien que l’issue soit serrée, la situation démontre le potentiel pour une victoire électorale des socialistes aux Etats-Unis.
Ouverture aux idées socialistes
Lors des élections de l’année prochaine, plus de candidats indépendants de gauche défieront les Républicains, les Démocrates et le système bipartite. Le parti Démocrate pourrait voir émerger des voix dissonantes et des forces populistes ‘‘de gauche’’.
Dans cette nouvelle vague d’opposition, Socialist Alternative, en solidarité avec le CIO, se prépare à jouer un rôle majeur ; assister le mouvement des travailleurs pour lui donner sa propre voix politique, casser ses liens avec le parti démocrate, et armer une telle force avec un programme socialiste pour mettre fin au capitalisme.
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USA : Les socialistes révolutionnaires ouvrent la voie vers une représentation politique des travailleurs indépendante du capital
L’an dernier, les États-Unis ont été moins plongés dans la tourmente économique que l’Union Européenne. Il ne faudrait pourtant pas en conclure que des changements fondamentaux n’y sont pas à l’œuvre. Ce bon vieux ‘‘Rêve Américain’’ gît sur le sol, brisé. L’impressionnant mouvement Occupy qui a déferlé sur le pays en 2011 passera à l’Histoire comme l’une des premières manifestations de ce virage dans la société américaine.
Par Bart Vandersteene
L’économie sous perfusion
L’élite américaine est parvenue à repousser une crise similaire à celle qui frappe l’Union Européenne à l’aide d’une intervention gouvernementale sans précédent. Sans cette ingérence de la part d’autorités publiques qu’ils détestent pourtant tellement, tous les grands adeptes du ‘‘libre marché’’ et du libéralisme auraient assisté, impuissants, à l’effondrement total de leur système. Sans l’intervention du gouvernement et l’instauration d’une politique monétaire basée sur l’injection permanente d’argent dans le système, le chaos économique se serait abattu sur le pays de même qu’une révolte sociale de grande ampleur.
Avec une croissance de 2,2% en 2012, le pire semble être passé. D’ailleurs, commentateurs et politiciens bourgeois proclament l’arrivée de la fin de la crise: le déficit budgétaire US est passé de près de 10% à 4%, le Dow Jones a atteint un niveau plus élevé que celui d’avant la crise et le taux de chômage a chuté de 9,4% en 2009 à 7,4% aujourd’hui.
Pourtant, la crise n’a pas disparu. Pas moins de 5% de la population a perdu son logement, les investissements privés sont à un niveau excessivement bas malgré des taux d’intérêts historiquement bas et les politiques d’austérité font des ravages à tous niveaux. De l’ensemble des emplois créés depuis 2010, les bas salaires en représentent… 76% ! Il s’agit d’emplois temporaires qui fondent comme neige au soleil dès que l’économie cahote à nouveau, avec des salaires qui descendent régulièrement sous les 11 $ de l’heure (soit 8,22 €). Un quart des travailleurs américains gagnent moins que le salaire minimum en vigueur en Belgique. Pour tous ceux là, le Rêve Américain a cédé la place à une longue et pénible lutte pour la survie. En 2007, 55% de la population américaine décrivait sa situation financière comme étant ‘‘bonne’’ ou ‘‘parfaite’’. Ils ne sont aujourd’hui plus que 32%. Les autorités sont toujours tenues de maintenir l’économie sous perfusion pour éviter le pire. Les moyens de la collectivité ne sont pas orientés vers l’investissement public et la création d’emplois, mais vers l’impression d’argent pour maintenir au plus bas les taux d’intérêt et ainsi donner du temps aux banques pour se nettoyer quelque peu avant l’arrivée de la nouvelle vague de la crise.
La faillite de Detroit constitue-t-elle un précédent?
En juillet, la faillite de la ville de Detroit, autrefois le berceau de l’Amérique industrielle moderne, fut un coup dur pour le prestige des Etats-Unis. C’est l’exemple le plus extrême de l’effondrement de la société américaine. Pendant des décennies, Detroit a constitué un réservoir à profits pour les grandes entreprises du secteur automobile. Aujourd’hui, la ville est désertée et polluée.
Cette ville jadis synonyme de prospérité et de progrès connaît un terrifiant taux de chômage (50%) tandis que deux tiers des enfants vivent sous le seuil de pauvreté. Conséquence de la désintégration du filet social suite à de nombreuses années de coupes dans les budgets des services publics et des services sociaux, la criminalité y est cinq fois plus importante que la moyenne américaine. 47% de la population est analphabète. Mais Detroit n’est que le sommet d’un iceberg titanesque. Des dizaines de petites villes sont au bord de la faillite et plusieurs États sont aux prises avec une énorme montagne de dettes. Dans la pratique, une faillite signifie que de nombreux engagements des autorités sont en péril, comme le paiement des pensions.
‘‘15 dollars de l’heure et un syndicat’’
Cette année, des dizaines d’actions se sont produites sous ce slogan, sur base de la colère des travailleurs des secteurs à bas salaires (notamment dans les fast-foods). Le salaire minimum fédéral est actuellement de 7,25 $ de l’heure (5,5 euros). Si le salaire minimum de 1968 avait suivi l’inflation, il serait aujourd’hui de 16,8 dollars. Impossible de se construire une vie décente avec de tels salaires. Des millions d’Américains combinent donc plusieurs emplois pour pouvoir joindre les deux bouts, ce qui explique le soutien rencontré par les actions en faveur d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure. Il s’agit aussi du slogan principal de Socialist Alternative à Seattle.
Socialist Alternative : une belle percée à Seattle, et maintenant à Minneapolis?
Démocrates et Républicains ne représentent que les deux facettes d’une même médaille : celle d’une politique aux ordres de l’élite capitaliste. Il a fallu une campagne très intelligente à Obama & Co pour réussir à faire croire en la perspective d’un ‘‘changement’’ en 2008. Mais Obama n’a rien changé, et sa popularité est très fortement retombée. Les promesses non tenues ont alimenté une grande frustration dont le danger est qu’elle soit instrumentalisée aux élections de mi-mandat de 2014 par les Républicains et, surtout, par les populistes de droite du Tea Party. Ils ne manqueront pas d’accuser des boucs émissaires tels que les immigrés, les demandeurs d’emploi, les syndicats,…
Mais cela peut être différent. L’espace pour une alternative politique de gauche radicale est étonnamment grand. Nos camarades de Socialist Alternative, malgré leurs moyens limités, ont pu s’en rendre compte dans leurs campagnes menées pour les élections locales dans les grandes villes que sont Seattle, Minneapolis et Boston. Défendre un programme explicitement anticapitaliste et socialiste ne constitue pas un obstacle.
À Seattle vient de se dérouler un premier tour destiné à désigner les deux candidats du second tour du 7 novembre. La candidate de Socialist Alternative, Kshama Sawant, a obtenu le résultat impressionnant de 35% (44.458 voix). C’est un résultat sans précédent pour un tel type de campagne. Un commentateur politique en parlé en ces termes: ‘‘ce n’est rien de moins qu’un tremblement de terre. Kshama a tracé une nouvelle voie pour des candidats indépendants qui prennent directement en main la défense des intérêts et des thèmes de la classe ouvrière.’’ Des dizaines de militants et de volontaires sont maintenant sur le pied de guerre pour la dernière ligne droite vers le second tour du 7 novembre.
Nous sommes tout aussi impatients de voir quels seront les résultats obtenus à Boston et Minneapolis. Ty Moore, candidat de Socialist Alternative à Minneapolis, y affrontera le candidat démocrate Alondra Cano dans la neuvième circonscription de cette ville de 400.000 habitants. Ty et Socialist Alternative ont acquis une certaine renommée au fil du temps grâce à leurs campagnes, notamment contre les expulsions et les saisies immobilières. Ces dernières années, des millions de familles ont été littéralement foutues à la porte de chez elles faute de pouvoir rembourser leurs hypothèques, la plupart du temps en raison de clauses scandaleuses imposées par les banques lors de la conclusion des prêts. Essentiellement sous l’impulsion de Socialist Alternative, le mouvement Occupy s’est orienté sur cette question et a lancé ‘‘Occupy Homes’’. De plus, la campagne de Ty bénéficie du soutien de la principale centrale syndicale de Minneapolis et de nombreux militants locaux. Ty a une petite mais réelle chance de se faire élire au conseil communal.
Socialist Alternative est la seule organisation de gauche radicale américaine à avoir correctement estimé les profonds changements en cours dans la société et les possibilités que cela ouvrait sur le plan politique. Le mouvement Occupy a laissé éclater au grand jour la colère et la rage de millions de personnes. La tonalité du débat politique a été puissamment modifiée au sein de la population. La jeunesse refuse de plus en plus la logique du système qui l’étrangle avec des prêts étudiants hors de prix et des emplois aux salaires de misère tandis que les travailleurs s’opposent à l’austérité et aux attaques antisyndicales. C’est sur ce contexte que ce sont rajoutés les scandales des révélations de Bradley-Chelsea Manning sur les crimes de guerre de l’armée US et du programme de surveillance massif de l’administration Obama.
Dans une déclaration qui a suivi le succès du premier tour à Seattle, Socialist Alternative a notamment expliqué reconnaître que ‘‘les élections ne sont pas l’endroit idéal pour faire de la politique et que c’est en soi insuffisant pour aboutir à un réel changement. Le pouvoir du Grand Capital et des médias contrôle la politique sous le capitalisme. L’histoire nous montre que chaque victoire des travailleurs a été remportée par des mouvements de masse. (…) Le développement de la lutte sociale dans les mois à venir déterminera le résultat exact des élections.
La ‘‘faisabilité’’ se mesurera à l’aune de l’organisation des jeunes et des travailleurs ainsi qu’à l’augmentation d’actions, de grèves, etc. (…) Nos campagnes constitueront un exemple vivant de la manière dont la gauche et les travailleurs peuvent mener des campagnes indépendantes et servir de modèle pour se répandre dans tout le pays. Ce n’est que l’avant-goût de la prochaine vague de résistance qui va défier la politique des deux partis du Big Business.’’
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Histoire : « I have a dream » – 50 ans après
50ème anniversaire de la marche sur Washington pour l’emploi et la liberté

Ce 28 aout 2013, on commémorait le 50ème anniversaire de la marche historique sur Washington pour l’emploi et la liberté. C’est lors de cette marche, devant une foule de 250 000 personnes, que Martin Luther King a entonné son célèbre discours « I have a dream » (« J’ai un rêve »), sur les marches du mémorial à Abraham Lincoln. Dans cet article, notre camarade Eljeer Hawkins, militant du groupe Socialist Alternative (CIO-États-Unis), nous explique le contexte et les répercussions de cet évènement.
Par Eljeer Hawkins
« L’ampleur de la mobilisation de cette chaude journée d’aout 1963 était sans précédent : partout on sentait cette ambiance joyeuse, confiante, enthousiaste. Les gens étaient venus des quatre coins du pays, de nombreux militants, noirs tout autant que blancs, au cri de “Liberté maintenant !” » – Jack O’Dell, militant syndical et citoyen
Les mouvements de masse pour les droits citoyens qui ont vu le jour avant et après cette marche ont remporté plusieurs victoires contre le système raciste brutal qui était alors en vigueur aux États-Unis. Cependant, l’immense courage et la grande détermination des travailleurs et des jeunes qui ont participé à ces mouvements ont souvent été menées dans l’impasse par les tactiques de leur direction.
King lui-même est passé d’une position de résistance passive et de réformes graduelles du capitalisme à une compréhension du fait que des idées plus radicales étaient nécessaires. En 1964, après l’adoption du Civil Rights Act (décret sur les droits des citoyens, qui abolissait les lois de discrimination et de ségrégation en vigueur dans le pays), Martin Luther King a même été jusqu’à dire : « Maintenant notre lutte doit se poursuivre pour une égalité véritable, c’est-à-dire pour une égalité économique. Car maintenant nous savons qu’il ne suffit pas de permettre à tout le monde de fréquenter les mêmes cantines. À quoi ça nous sert d’avoir le droit d’aller à la cantine, si on ne gagne pas assez d’argent pour se payer un hamburger et une tasse de café ? »
La commémoration de cette journée extrêmement importante se déroule aujourd’hui dans un contexte d’attaques sans précédents lancées par les grands patrons et par leurs deux partis politiques, les Démocrates et les Républicains, sur les droits démocratiques remportés par la lutte sociale des travailleurs et des jeunes – et en particulier des travailleurs et jeunes noirs.
Jim Crow
« Jim Crow » est devenu le nom de la ségrégation institutionnelle, de l’oppression et de l’exclusion politique des noirs dans le sud des États-Unis. Les lois de Jim Crow ont été d’application de 1876 à 1965.
Après la guerre civile américaine de 1861-1865, la “reconstruction” radicale, une période expérimentale de “démocratie multiraciale”, a introduit une réforme foncière et le droit de vote pour les noirs et les blancs pauvres. Les capitalistes du Nord ont soutenu le mouvement des blancs pauvres et des noirs qui luttaient pour l’adoption de ces mesures – jusqu’à un certain point. Cependant, dès que les capitalistes du Nord ont eu fini de consolider leur victoire sur les propriétaires de plantation esclavagistes du Sud, ils se sont sentis plus confiants en leur propre puissance, et ont redonné plus de “libertés” aux grands patrons du Sud.
La fin de la “reconstruction” coïncidait avec la crise électorale de 1877 et le grand compromis entre les partis démocrate et républicain, qui a amené au Sud le retour de la classe des anciens planteurs esclavagistes. Au Sud, une infime élite de riches blancs cherchait à rétablir son pouvoir sur la vie économique, sociale, politique et foncière. Les travailleurs et les pauvres, et surtout les travailleurs noirs, ont alors perdu de nombreux droits à l’enseignement et de vote, en plus de l’accès équitable à l’emploi.
C’est alors qu’a été organisé le Ku Klux Klan, organisation secrète de blancs qui a fait régner la terreur parmi les noirs, mais aussi parmi les militants syndicaux, citoyens et de gauche. La “Loi de Lynch” (lynchage), une violence extra-judiciaire mais encouragée par l’État, a eu pour conséquence que dans la pratique les noirs ne pouvaient bénéficier de leurs droits.
Tout au long de ces années de “Jim Crow”, le mouvement pour la libération des noirs n’est pas resté sans broncher face à la violence, au racisme forcené et à la tactique de division utilisée par les grands patrons pour mieux régner. Le mouvement pour la libération des noirs s’est battu pour chaque pouce de terrain, via des organisations telles que la Confrérie des accompagnateurs de wagons-lits (Brotherhood of Sleeping Car Porters), le Parti communiste des États-Unis, l’Association nationale pour l’avancement des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People – NAACP), qui se concentraient sur des réformes légales, et via le mouvement syndical. Ce sont ces organisations qui se trouvent à la base du mouvement citoyen moderne.
Les antécédents
L’appel pour la marche de Washington était la conséquence d’une longue histoire, qui remonte à la marche pour les Primes des vétérans de 1932 (Veterans’ Bonus March), en plein milieu de la Grande Dépression. Les vétérans de la Première Guerre mondiale avaient établi un camp d’occupation à Washington pour exiger une compensation économique pour leur service durant la guerre. Un bon nombre ont été tués au cours de cette action – triste sort pour ceux qui avaient survécu à l’horreur des tranchées !
Une grande proportion de ceux qui avaient été envoyés pour se battre à l’étranger pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient noirs. Cela a fortement marqué la conscience des soldats noirs, qui étaient frappés par l’hypocrisie affligeante de la propagande de guerre. La classe capitaliste américaine prétendait que les hommes qu’elle envoyait en Europe y allaient pour se battre contre le système raciste mis en place par les Nazis – alors qu’aux États-Unis aussi, le racisme était considéré la norme. La plupart des unités militaires étaient d’ailleurs séparées, blancs d’un côté, noirs de l’autre.
Le manque de main d’œuvre causé par la guerre (à la fois en raison des pertes humaines et de la reprise économique inattendue grâce à la prospérité de la nouvelle industrie de guerre) a eu pour conséquence l’embauche de noirs dans l’industrie alors qu’auparavant il leur était impossible d’y trouver un travail (tout comme les femmes, d’ailleurs). Vu cette croissance économique que connaissaient les États-Unis pendant la guerre, on a vu se développer un grand mouvement des travailleurs noirs dans les villes, ce qui a aussi modifié leur capacité à s’organiser et à lutter, et leur confiance en cela.
Ce mouvement a également largement révélé au grand jour l’inégalité et l’ampleur de la misère subie par la population noire. Avec les luttes anticoloniales de masse qui se déroulaient au même moment en Afrique et en Asie, les noirs américains ont acquis de plus en plus de confiance dans leur lutte contre les lois racistes de Jim Crow.
Le mouvement pour la marche sur Washington de 1941, dirigé par le dirigeant syndical et socialiste Asa Philip Randolph, a été organisé pour exiger la fin de la discrimination raciale dans l’industrie militaire. Le mouvement comptait à un moment 50 000 membres cotisants, mais la marche n’a jamais été organisée, parce que le président Roosevelt a cédé devant la pression croissante et a signé l’Ordre exécutif 8802 qui interdisait toute discrimination raciale au sein du secteur public, de l’industrie militaire et de l’enseignement. Cela représentait une importante victoire, qui a servi de tremplin pour préparer le mouvement des années ’50 et ’60, même si c’était une erreur d’annuler la marche – qui aurait pu avoir un énorme impact.
De nouvelles victoires ont été remportées en 1954, lorsque le jugement “Brown et al. contre le bureau de l’éducation” a mis fin à la décision de la doctrine Jim Crow d’un système d’enseignement séparé et à deux vitesses aux États-Unis.
Le 28 aout 1955, Emmett Till a été brutalement battu et lynché parce qu’il aurait sifflé en voyant passer une femme blanche. Ce jeune homme alors âgé de 14 ans était venu de Chicago (dans le Nord) pour visiter sa famille dans l’État du Mississippi (Sud). La maman d’Emmett, Mamie Till, a pris la terrible décision, d’accomplir les funérailles et l’enterrement en laissant le cercueil ouvert, afin que tous puissent contempler le visage horriblement de son fils, fruit de la violence engendrée par le système Jim Crow. Le discours tragique de Mamie est devenu un cri de ralliement contre Jim Crow pour tous les travailleurs et les jeunes – surtout pour les travailleurs et jeunes noirs.
C’est trois mois plus tard que Rosa Parks, une ouvrière du textile vivant à Montgomery en Alabama, s’est vue refuser une place dans le bus à côté d’un homme blanc. Son arrestation a déclenché le mouvement du Boycott des bus de Montgomery contre Jim Crow et contre la ségrégation. C’est ce mouvement qui a révélé Martin Luther King, qui était jusque là un simple pasteur dans cette petite ville. Le boycott des bus a été une réussite à 100 % et a duré 381 jours. Après tout ce temps, et de nombreuses violentes réactions de la part des racistes, la ségrégation à bord des bus de Montgomery a été abolie par la loi (même s’il a fallu longtemps avant que cette décision de justice soit appliquée dans les faits).
La marche
Avant cette date historique, on a vu aussi des batailles importantes et sanglantes à Albany dans l’État de Géorgie, et à Birmingham dans l’État d’Alabama. Par exemple, l’héroïque mouvement des Voyages de la liberté (Freedom Rides) organisait des bus et des gares mixtes qui parcouraient les autoroutes interétatiques malgré les attaques armées par les racistes ; il y avait des mouvements d’occupation un peu partout ; cette période a aussi été marquée par l’assassinat de Medgar Evers, dirigeant de la NAACP dans l’État du Mississippi. Les luttes des années ’50 ont culminé avec le Décret sur les droits civiques de 1957 (Civil Rights Act), même si le mouvement a considéré ce décret comme n’étant qu’une concession mineure dans le but de faire retomber la pression.
C’est au beau milieu de cette violence perpétrée par les racistes blancs, soutenue par l’État, que sont nés le Conseil des dirigeants chrétiens du Sud (Southern Christian Leadership Council – SCLC), dont King était membre, et le Comité de coordination non violent des étudiants (Student Nonviolent Coordinating Committee – SNCC). Bien que la plupart des dirigeants du SCLC étaient des pasteurs chrétiens et des pacifistes convaincus, cette organisation se basait sur des actions de masse et soutenait les actions directes de désobéissance civile.
C’est donc lors de cette journée chaude et pluvieuse du 28 aout 1963, que 250 000 personne venues de tout le pays – surtout des travailleurs et des jeunes noirs – se sont rassemblées devant le mémorial à Lincoln pour exiger la fin de l’apartheid de Jim Crow en tout ce qui concernait l’enseignement, les élections, les soins de santé, l’emploi et le logement.
La première phase du mouvement pour les droits civiques était liée au Parti démocrate, qui lui a donné son caractère premier, essentiellement réformiste. Le but de ce mouvement était d’embarrasser le gouvernement américain en pleine phase de croissance économique d’après-guerre, afin d’obtenir une égalité légale. L’administration du président John F. Kennedy était considérée comme “amie” du mouvement. Mais celle-ci cherchait en fait à contrôler la direction et les organisations du mouvement pour les droits civiques.
En fait, John Lewis, le président du SNCC, a même été forcé par les organisateurs de la marche de modifier son discours virulent, qui contenait des critiques envers l’administration Kennedy. Son discours, tel que prévu au départ, devait inclure ces lignes : « Nous marchons aujourd’hui pour le travail et la liberté, mais nous n’avons pas de quoi être fiers. Car des centaines de milliers de nos frères ne sont pas présents avec nous. Parce qu’ils n’ont pas l’argent pour le transport, parce qu’ils ne reçoivent que des salaires de misère… ou pas de salaire du tout… M. Kennedy voudrait faire sortir la révolution de la rue pour la faire rentrer dans les tribunaux. Écoutez-moi bien, M. Kennedy… les masses noires marchent pour l’emploi et pour la liberté, et nous devons dire aux politiciens, qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu ».
Le discours
C’est le remarquable chef d’œuvre rhétorique du Dr. King, le fameux discours « I Have a Dream » (« J’ai un rêve »), qui a saisi l’essence et la puissance potentielle de cette journée. Ainsi parlait King : « 1963 n’est pas une fin, c’est un commencement. Ceux qui espèrent que le Noir avait seulement besoin de se défouler et qu’il se montrera désormais satisfait, auront un rude réveil, si la nation retourne à son train-train habituel. Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce qu’on ait accordé au peuple Noir ses droits de citoyen. Les tourbillons de la révolte ne cesseront d’ébranler les fondations de notre nation jusqu’à ce que le jour éclatant de la justice apparaisse. » C’est ce discours qui allait littéralement galvaniser la classe ouvrière et la jeunesse noires.
(Retrouvez aussi le texte intégral en français + vidéo du discours : ici)
Les racistes du Sud ont répondu à cette grande journée le dimanche 15 septembre 1963, en dynamitant l’église baptiste de la 16ème rue de Birmingham, en Alabama, tuant quatre jeunes filles âgées de 11 à 14 ans : Addie Mae Collins, Denise McNair, Carole Robertson, et Cynthia West.
1963
Un grand débat a suivi au sein du mouvement pour la libération des noirs, dirigé par des personnalités telles que Malcolm X, qui venait de l’organisation Nation de l’Islam (Nation of Islam), et par le parti “Liberté maintenant”, basé à Detroit. On discutait de la faiblesse et de la stratégie du mouvement.
Cette couche de dirigeants combatifs posait les questions de l’indépendance politique par rapport au système à deux partis, de l’internationalisme, du soutien à la révolution anticoloniale et de la remise en valeur de l’identité afro-américaine. Pour les militants nationalistes noirs et socialistes, la justice raciale ne pouvait être obtenue tant que les grandes entreprises et la suprématie des blancs régnaient sur les moyens de production et sur l’industrie.
À la suite de l’assassinat du président Kennedy en novembre de la même année, le président Lyndon Johnson s’est vu contraint d’instaurer de nouvelles lois, vu l’énorme pression et puissance sociale exercée sur le capitalisme américain par le mouvement pour la libération des noirs et par l’actualité internationale. Il a été mis fin à la ségrégation en Alabama, et un nouveau décret sur les droits civiques a été adopté en 1964, suivi par le décret sur le droit électoral de 1965.
Une des plus grandes contribution de Martin Luther King en tant que dirigeant du mouvement citoyen a été sa campagne contre l’idée du séparatisme noir. Au lieu d’envisager la création d’États noirs séparés, il défendait une coalition avec les pauvres et les travailleurs blancs : « Au sein de la majorité blanche, il existe un groupe très important pour qui les principes démocratiques passent avant les privilèges, et qui a déjà démontré qu’il est prêt à se battre contre l’injustice aux côtés du nègre. Un autre groupe, plus important encore, est composé de ceux qui ont les même besoins que le nègre, et qui bénéficieront tout autant que lui de l’accomplissement du progrès social. Il y a en fait aux États-Unis plus de pauvres blancs qu’il n’y a de nègres. Leur urgence à mener une guerre contre la misère est tout aussi désespérée que celle du nègre. »
King comprenait très bien quelle est la puissance collective des travailleurs dans les entreprises. Au moment de son assassinat, il venait de lancer un nouveau grand mouvement de lutte contre la pauvreté. Il devenait également de plus en plus impliqué dans des actions de soutien aux travailleurs en lutte. C’est pour cette raison qu’il était devenu une menace majeure pour le capitalisme américain, ce qui explique sans doute son assassinat.
Le “Black Power”
Le mouvement du “Black Power” (“Pouvoir noir”) et ses organisations telles que le Black Panther Party for Self-Defence (le Parti des Panthères noires pour l’auto-défense), le Mouvement d’action révolutionnaire (Revolutionary Action Movement), et le SNCC devenu beaucoup plus radical sous la présidence de Stokely Carmichael, a attiré l’attention d’une nouvelle couche de militants parmi les travailleurs et les jeunes noirs partout dans le pays.
Le mouvement du Black Power, inspiré par les luttes révolutionnaires sur le plan international, posait les questions de l’auto-détermination, de l’auto-défense, et du pouvoir économique et politique, en puisant son inspiration auprès de diverses philosophies politiques allant du socialisme au “capitalisme noir” en passant par le maoïsme et le nationalisme révolutionnaire.
Au même moment, le mouvement pour la libération des noirs allait se heurter à l’opposition du gouvernement, en la personne du Programme de contre-espionnage (Cointelpro) qui visait à empêcher le développement d’une direction et d’un mouvement radical unifié. Le Cointelpro (pour Counter Intelligence Program) est une organisation qui a été développée sous la direction de Edgar Hoover, le chef du FBI (police secrète américaine).
La direction et les organisations combatives du mouvement pour la libération des noirs allaient également être noyées dans le sang par les forces du grand patronat. Il est impossible de comparer des militants de gauche radicaux tels que le Dr. King, Fred Hampton (le dirigeant des Black Panthers, âgé de 21 ans au moment de son assassinat chez lui par le FBI), ou Malcolm X à des politiciens payés par le capitalisme tels que le président Barack Obama. Afin d’“assainir” les mouvements radicaux ou révolutionnaires des années 1960, le mouvement pour la libération des noirs devait être soit annihilé, soit récupéré par le système bipartite – et c’est ce qui s’est passé.
Le mouvement pour la libération des noirs a brisé les murs de la ségrégation légale dans les années ’50 et ’60. L’heure est maintenant venue de construire un nouveau mouvement de masse permanent et multi-ethnique afin de reprendre le combat contre l’oppression de race et de classe partout dans le pays. Comme le disait Dr. King : « Nous avons à faire à un conflit de classes. Il y a quelque chose qui cloche avec le capitalisme… Peut-être que l’Amérique doit se diriger vers un socialisme démocratique ».
Notre groupe Socialist Alternative aux États-Unis mène campagne pour briser le système des deux partis et construire un parti des travailleurs de masse. Nos campagnes pour les élections municipales à Seattle, Minneapolis et Boston sont autant d’exemples de ce qui doit être fait en cette période de crise si nous voulons nous opposer aux plans de Wall Street.
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USA. Notre camarade Kshama Sawant remporte 33% à Seattle
Feu vert pour dégager Richard Conlin de l’hôtel de ville
Les électeurs de Seattle ont envoyé un message très clair à l’establishment politique lors du premier tour des élections locales en disant qu’ils en avaient assez du cours actuel des choses et qu’ils sont à la recherche d’une alternative aux politiciens liés au monde des affaires comme le Démocrate Richard Conlin. Kshama Sawant, récemment qualifiée de ”trop à gauche pour Seattle” dans le Seattle Times, a remporté 33,67%des voix (soit 33.520 suffrages), un chiffre qui va probablement encore augmenter avec les derniers décomptes.
Première déclaration de la campagne VoteSawant
- Seattle. Kshama Sawant arrêtée suite à une action de protestation contre une saisie immobilière
- USA : Trois candidatures marxistes à Boston, Minneapolis et Seattle
Une majorité des électeurs lors de ces primaires ont voté contre le Démocrate Richard Conlin, qui occupe un siège au conseil de ville de Seattle depuis 16 ans maintenant. Ce dernier avait pourtant un avantage en termes de fonds pour sa campagne et au vu de sa notoriété, mais il n’a obtenu que 49%. Kshama Sawant et un deuxième challenger, Brian Carver, ont remporté la majorité des voix.
“Les travailleurs à Seattle ont face à eux un choix politique clair. Si vous voulez vous battre pour une alternative au statu quo, rejoignez-nous dans la lutte pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure dans la ville, pour une une expansion majeure des transports en commun, pour une plus grande imposition des millionnaires qui habitent Seattle, pour l’augmentation des investissements publics dans le logement et pour instaurer un contrôle des loyers” a déclaré Khsama Sawant.
Khsama Sawant a reçu le soutien du journal The Stranger (hebdomadaire culturel gratuit distribué dans la ville de Seattle, NDT), de quatre syndicats et d’activistes locaux renommés tels que Tim Harris, le fondateur de Real Change (association principalement active autour des SDF, NDT).
Contrairement à Conlin, Sawant a refusé d’accepter les donations d’entreprises. Sa campagne populaire a recueilli 25.000 $, principalement sous la forme de petits dons de 25 $ ou moins, et a mobilisé plus de 125 bénévoles. “Nous allons marquer l’histoire en levant une armée de plus de 300 bénévoles et en effectuant une des plus grandes campagne de porte-à-porte que cette ville ait connu pour vaincre Richard Conlin” a déclaré Sawant.
“Conlin a clairement fait savoir de quel côté il se trouve, celui des grandes entreprises et de l’establishment. En ne représentant pas la majorité des personnes qui travaillent dans cette ville, il s’est lui-même rendu obsolète.” Les deux candidats seront face à face pour le second tour en novembre.
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Seattle. Kshama Sawant arrêtée suite à une action de protestation contre une saisie immobilière
Actuellement, plusieurs villes américaines connaissent des campagnes électorales locales. Nos camarades de Socialist Alternative présentent trois candidats, dont notamment Kshama Sawant à Seattle. Sa campagne a pu entre autres compter sur le soutien officiel de diverses sections syndicales en raison de son engagement conséquent dans la défense des intérêts des travailleurs et de leurs familles. Avant hier, Kshama a été arrêtée de même que d’autres opposants à l’éviction d’un homme de sa maison.
Jeremy Griffin, un ouvrier de la construction, tente depuis maintenant plusieurs mois de parvenir à un accord avec Wells Fargo pour disposer d’un nouveau règlement concernant le paiement de son hypothèque. Il a tout fait pour collaborer avec la banque afin de pouvoir garder sa maison. Il y habite depuis maintenant 8 ans et a notamment envoyé un chèque destiné à payer les 6 prochaines mensualités. Mais Wells Fargo ne veut rien savoir, estimant que la banque pourrait dégager de meilleurs bénéfices en revendant la maison à un nouveau propriétaire.
La banque, comme elle procède dans de très nombreux cas, a envoyé des huissiers pour expulser les habitants, mais elle a fait face à la campagne ‘Stand Against Foreclosures and Evictions’ (SAFE, ‘‘Debout contre les saisies immobilière et les évictions’’), une campagne lancée à la suite du mouvement Occupy. Des dizaines de personnes, dont Kshama Sawant, s’étaient donc donnés rendez-vous devant la maison de Jeremy Griffin afin de résister contre la tentative d’expulsion. Quatre activistes ont été arrêtés : Kshama Sawant, la militante du mouvement Occupy Dorli Rainey, le porte-parole de la campagne SAFE Josh Farris et enfin Lauren Tozzi, de la campagne pour l’élection de Kshama Sawant.
Les personnes ainsi arrêtées ont depuis lors été relâchées, mais cette répression n’en demeure pas moins une tentative d’intimidation et un message envoyé aux militants : les évictions et saies immobilières se poursuivront avec le soutien des forces de l’ordre.
A Seattle uniquement, depuis le début de la crise, plus de 16.500 ménages ont été expulsés de chez eux. Un tiers des propriétaires ont déjà été confrontés à une période où ils étaient momentanément incapables de repayer leur hypothèque au prix du marché. Lors des prochaines élections locales, Sawant s’opposera au conseiller communal Richard Conlin qui a, tout comme les autres politiciens traditionnels, clairement choisi son camp celui des banques et des spéculateurs qui recourent à l’usage d’hypothèques impayables et de saisies immobilières pour accroître leurs profits.
Kshama Sawant a lancé un appel à ce que “chacun qui estime que les travailleurs et leurs familles n’ont pas à voir leurs maisons sacrifiées pour les profits des banques rejoigne la lutte contre les évictions et les saisies immobilières.”
Socialist Alternative et la campagne de Kshama Sawant soutiennent ces campagnes et revendiquent un contrôle démocratique sur les prêts par la nationalisation du secteur bancaire sous contrôle des travailleurs ainsi que le droit de chacun de disposer d’un logement décent et abordable.
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États-Unis : Après la tragédie de Boston : non au racisme et à la répression !
A Boston (1), un horrible attentat a été perpétré lundi contre le Marathon. Ce genre d’acte ne devrait jamais se produire où que ce soit dans le monde. On a vu d’innombrables actions de solidarité, comme lorsque les gens ont accouru vers le lieu de l’explosion afin de secourir les centaines de personnes qui ont été prises dans le souffle de destruction. Les participants au Marathon ont dû courir trois kilomètres de plus pour aller faire des dons de sang, et de très nombreux Bostoniens ont ouvert leur porte aux personnes sinistrées.
Article par Bryan Koulouris, membre à Boston de Socialist Alternative, section américaine du CIO
Des messages de solidarité ont été envoyés à Boston par les habitants de Kaboul en Afghanistan et de Bagdad en Iraq et même de l’équipe de base-ball de New York, le Yankee Stadium. Mais au même moment, les compagnies de soins de santé demandent d’énormes sommes d’argent pour effectuer les opérations chirurgicales nécessaires et les victimes se voient contraintes de demander des dons à d’autres citoyens, tandis que les milliardaires tirent d’immenses bénéfices de ce drame.
Une des trois personnes tuées par l’explosion était un enfant de huit ans, Martin Richard, qui résidait dans le quartier populaire de Dorchester. La photo du petit Martin, portant un dessin qu’il avait fait pour réclamer la paix dans le monde après le meurtre raciste de Trayvon Martin, a fait le tour du monde et est devenu une des principales images associées à cette tragédie. Malheureusement, la mort de Martin Richard a été immédiatement suivie d’actes racistes.
Dès le lundi, un étudiant originaire d’Arabie saoudite a été attaqué dans le quartier près de la ligne d’arrivée du Marathon pour son “comportement suspect” et pour son “odeur d’explosif” alors qu’elle s’enfuyait du lieu de l’explosion. Toute la première journée d’enquête a été perdue à cause de l’attention excessive qui a été accordée à cette fausse piste, du fait des préjugés racistes des enquêteurs.
Les médias, et en particulier la chaine d’informations CNN, ont tout fait pour provoquer un sentiment islamophobe et anti-immigrant, en publiant la photo du Saoudien et en diffusant en continu de faux rapports de suspects et d’arrestations. Un de ces rapports faisait par exemple état d’un suspect “au teint basané”. Le même jour, la police de Boston était en train d’arrêter et de fouiller des jeunes latinos et afro-américains, dans une ambiance très militaire.
Guerre, violence, terrorisme
En tant que socialistes, nous condamnons absolument cette attaque terroriste. Quel que soit la motivation de ceux qui en sont à l’origine, de tels actes sont totalement réactionnaires. Les premières victimes en sont les simples travailleurs. Les méthodes des terroristes, telles que ce que nous avons vu à Boston, donnent un prétexte tout trouvé aux forces de droite pour renforcer le sentiment raciste et nationaliste dans la société. Cela a pour seul résultat un affaiblissement de la classe ouvrière, et dessert uniquement les intérêts des capitalistes.
Les médias ont beaucoup fait état de ce que les auteurs de l’attaque étaient sans doute motivés par une idéologie terroriste islamiste de droite, en particulier vu les doléances du peuple tchétchène à majorité musulmane envers l’oppression brutale de leur pays par la Russie.
Quand bien même de telles allégations seraient fondées, les attaques perpétrées à Boston ne parviendront pas le moins du monde à affaiblir l’impérialisme américain ou l’oppression des peuples tchétchène, irakiens, afghan, palestinien ou arabe par les puissances impérialistes. En fait, la véritable conséquence de tout cela est l’effet inverse, c’est-à-dire l’affaiblissement de la lutte du peuple tchétchène et de l’ensemble des peuples opprimés et le renforcement du pouvoir de l’État américain, en donnant un prétexte à la classe dirigeante américaine et internationale pour piétiner les droits de l’homme.
Bien que nous nous opposons entièrement au terrorisme et à l’islam politique de droite, les travailleurs et les socialistes ne peuvent en aucun cas soutenir les méthodes racistes de l’appareil policier du capitalisme américain ni sa politique impérialiste à l’étranger perpétrée au nom de la “lutte contre le terrorisme”. L’élite au pouvoir tente en effet d’exploiter de manière cynique la juste colère de la population contre le terrorisme.
Plutôt qu’une chasse aux sorcières racistes, nous devons forger l’unité de tous les peuples opprimés, de tous les travailleurs et de tous les jeunes du monde entier, afin de pouvoir nous attaquer à la racine du problème. Dans la même semaine au cours de laquelle s’est produite la tragédie de Boston, quatorze personnes ont perdu la vie et des centaines de personnes ont été grièvement blessées dans une usine d’engrais au Texas. Les conditions de travail dans cette usine violaient quotidiennement les normes de sécurité. Au même moment, vingt-deux vétérans de l’armée américaine se suicident tous les jours.
Les travailleurs doivent s’unir contre la domination capitaliste afin d’obtenir dans les faits la sécurité au travail, le suivi psychologique des personnes en détresse et des soins de santé gratuits et de qualité. Cette lutte est capable de tous nous unir au-delà des frontières raciales, ethniques ou religieuses. Une telle approche d’unité des travailleurs peut former un puissant contre-poids à la violence religieuse et ethnique non seulement aux États-Unis, mais dans le monde entier.
Les héros du Marathon
Tout le monde connait à présent Carlos Arredondo, via d’innombrables images et récits médiatiques sur cet “homme au chapeau de cow-boy”. Carlos a accouru vers le site de l’explosion pour aider à évacuer les blessés vers les ambulances et le personnel médical. Son action a sans aucun doute permis de sauver des dizaines de vie. Une des personnes secourues par Carlos a été le premier témoin à donner à la police une description du “suspect n°” qui a été abattu lors d’une fusillade jeudi.
Carlos est un immigré et un militant citoyen affligé par la perte de son fils Scott, tué en Iraq où il s’était engagé en tant que soldat. Lorsque le mouvement anti-guerre a connu son apogée, Carlos était présent à chaque manifestation. Carlos et sa compagne, Melida, étaient aussi présents sur le site de l’incident du Marathon.
Parmi les héros oubliés de l’incident de Boston, figurent le personnel de l’Association des infirmier(e)s du Massachusetts (Massachusetts’ Nurses Association, MNA), un syndicat qui se bat tous les jours pour garantir les effectifs du personnel afin d’accorder des soins de qualité aux patients, face aux entreprises hospitalières privées dont le but est de “réduire les couts”. Les infirmier(e)s de la MNA ont soigné les victimes de l’attentat et poursuivront leur campagne de maintien des effectifs.
Seamus Whelan, militant de la MNA et membre de Socialist Alternative, par ailleurs candidat aux élections pour la mairie de Boston, a déclaré que : « Après cette horrible attentat qui n’a causé que terreur et tragédie, nous voyons clairement la nécessité de soins de santé gratuits, garantis et de qualité. Le personnel médical, afin d’accorder un meilleur traitement aux patients, se trouveront à l’avant-garde de la lutte contre le plan d’Obama de coupes dans le budget de la sécurité sociale, de Medicare et de Medicaid ».
Le débat sur l’immigration
Les politiciens capitalistes qui se trouvent dans l’antichambre du pouvoir ont prévu d’entamer un débat sur l’immigration plus tard cette année. La récente tragédie est maintenant instrumentalisée par les médias de droite afin de renforcer le sentiment anti-immigration. Cela pourrait gâter le débat et le pousser vers la droite.
Les jeunes qui ont été accusés d’avoir commis cet acte horrible sont des immigrés qui ont passé la plupart de leur vie aux États-Unis. Il est insensé d’attaquer l’ensemble des immigrés ou des musulmans pour cette unique raison. Depuis, on a déjà vu une femme musulmane se faire attaquer dans le quartier populaire de Malden. Contrairement à la propagande médiatique, la vérité est que la plupart des attentats et meurtres de masse qui ont été perpétrés et qui continuent à être perpétrés aux États-Unis l’ont en fait été par des hommes blancs non-musulmans.
Toute attaque sur les droits civiques des travailleurs immigrés serait en fait une attaque sur l’ensemble de nos droits, puisque cela renforcerait le bras de la réaction contre les travailleurs et contre les jeunes. Toute loi soi-disant “anti-terroriste” qui prétend viser les “terroristes” ou les immigrés est en fait une attaque anti-démocratique déguisée qui sera ensuite utilisée contre les militants qui se battent contre le pouvoir des multinationales, comme on l’a vu ces dernières années, quand le FBI et la police ont étendu le champ des compétences anti-terroristes qui leur ont été octroyées après le 11 septembre 2001 pour pouvoir réprimer tous les militants du mouvement Occupy, les militants anti-guerre et les militants syndicaux.
Socialist Alternative est en faveur de la naturalisation immédiate et complète de l’ensemble des travailleurs sans-papiers. Cela est bien loin de la pseudo-“réforme de l’immigration” proposée par Obama, dont le but n’est que de fournir aux grands patrons une main-d’œuvre bon marché et constamment menacée de déportation, tout en créant un processus long, cher et humiliant que les sans-papiers doivent accomplir afin de se faire naturaliser, tout en niant tout statut légal à la minorité de ceux qui sont aujourd’hui sans-papiers.
La naturalisation des travailleurs immigrés renforcerait leur confiance dans leur capacité à lutter pour de meilleurs salaires et de meilleures allocations sociales. Cela renforcerait l’ensemble des travailleurs à la table des négociations et dans les luttes contre les coupes budgétaires. Les immigrés ont toujours contribué à construire les syndicats aux États-Unis, et ils continueront à le faire.
Arrestation à domicile de masse, réjouissances
Vendredi, près d’un million de résidents du Grand Boston ont reçu l’ordre de rester chez eux et de ne pas quitter leur domicile. On nous a dit que cela aiderait les enquêteurs à localiser le suspect, un jeune homme âgé de 19 ans, alors en fuite. Les rues étaient complètement abandonnées, Boston a été transformée en un tableau de film d’apocalypse.
Le suspect a été attrapé peu après que cet ordre ait été levé, parce qu’un résident de Watertown, le faubourg où s’est déroulée la fusillade, a découvert le suspect sur son bateau en sortant de chez lui.
Il y a alors eu une grande explosion de joie, tout le monde était réconforté en se disant que le cauchemar était terminé. Cependant, les effets de ces événements vont se faire sentir encore longtemps. La classe dirigeante a maintenant une occasion de faire passer de nouvelles lois “anti-terroristes” qui accroitront le pouvoir répressif de l’État et de continuer à diffuser une propagande de droite raciste, anti-islam et anti-immigration.
Toutefois, la conscience de la population n’est pas la même que celle qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, où on avait vu naitre un soutien massif à la guerre et aux attaques sur les droits démocratiques. Lorsque Socialist Alternative a dressé son stand dans la rue à Boston samedi, c-à-d un jour après l’ordre de rester à la maison, nous n’avons pas été confrontés à la moindre hostilité. Sur nos pancartes, il était écrit : « Défendons les droits démocratiques », « Non aux attaques contre les immigrés ».
La plupart des gens sont épuisés par toutes ces émotions et cherchent des réponses. À la base de tout se trouve le système capitaliste qui crée l’aliénation, la guerre, la pauvreté, et le sentiment d’impuissance qui mène à de tels actes détestables. Seule la puissance de la solidarité des travailleurs peut surmonter ces calamités et le système qui les engendre.
(1) Pour bien comprendre : située au nord-est des États-Unis, Boston est une ville de 5 millions d’habitants, la dixième plus grande ville des États-Unis. Capitale de l’état de Massachusetts, elle est aussi une des plus vieilles villes du pays, fondée par la première vague de colons britanniques en 1630. Aujourd’hui, elle est un important centre historique, économique et culturel. Le Marathon de Boston est quant à lui une véritable institution : il se déroule chaque année depuis 1897, avec en moyenne 20 000 participants et 500 000 spectateurs.
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Élections présidentielles américaines : Accorder une seconde chance à Obama ?
Le vainqueur du duel qui oppose le républicain Mitt Romney au président démocrate sortant Barak Obama est déjà connu. Il s’agit du grand capital. Le monde de Wall Street possède les deux grands partis américains… ce fait est plus clairement que jamais exposé au grand jour. L’enthousiasme qui avait marqué l’élection d’Obama en 2008 a cédé la place à la frustration et à la colère, sur fond d’incertitudes quant aux perspectives économiques. Quant aux sommes gigantesques injectées dans cette campagne (plus de deux milliards de dollars !), elles sont insuffisantes pour masquer la perte de confiance de la population envers les partis de l’establishment.
Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Il est cependant certain qu’aux yeux de millions de travailleurs et de jeunes, la perspective d’une présidence républicaine sous les traits de Romney est un horrible cauchemar qui agit comme une pression pour voter en faveur d’Obama. Ce principe du ‘‘moindre mal’’ a très certainement été renforcé par la candidature de l’ultraréactionnaire Paul Ryan en tant que colistier de Mitt Romney. Mais la réélection d’Obama serait-elle de nature à représenter une véritable différence pour les millions de victimes de la crise économique ? Les démocrates veulent-ils réellement faire barrage à l’agenda républicain?
Obama, cet autre candidat des riches Les faits parlent d’eux-mêmes. La seule raison qui explique pourquoi un politicien aussi faible que Mitt Romney, un arrogant gripsou capitaliste qui suscite l’aversion jusque dans son propre camp, a tout de même une chance de battre Obama, c’est que l’administration démocrate s’est bien peu efforcée d’améliorer les conditions de vie des travailleurs et des pauvres. Toutes les promesses de la campagne de 2008 ont été rompues.
A l’époque, Obama avait pu capitaliser la colère consécutive aux années Bush en promettant un réel changement de politique. La réalité fut tout autre et, concernant chaque thème majeur, sa politique n’a été différente qu’avec de légères nuances. Bush avait lancé le plus grand hold-up des fonds publics par les grandes entreprises de toute l’histoire américaine (le sauvetage des banques), et Obama a poursuivi cette politique. La promesse d’une régulation sérieuse du monde financier a volé à la poubelle : ce secteur continue d’utiliser les mêmes recettes pourries pour amasser encore plus de profits sans subir la moindre entrave. On estime que plus de 2.000 milliards de dollars dormant sur les comptes en banque des grandes entreprises, qui ne veulent pas investir car cela ne leur serait pas suffisamment profitable. Plutôt que de mobiliser cet argent, Obama a continué d’accorder des diminutions de taxes pour les riches, poursuivant ainsi l’oeuvre de Bush. Obama avait promis de mettre fin à l’aventure impérialiste au Moyen- Orient, mais c’est l’escalade en Afghanistan, à grands coups de drones meurtriers qui massacrent également la population civile. Obama avait promis une couverture de soins de santé universelle, mais son plan a surtout assuré un bel avenir aux grandes entreprises pharmaceutiques et au secteur des assurances privées. Obama avait promis aux travailleurs de soutenir une loi facilitant le droit de se syndiquer et de lutter pour leurs conditions de travail, mais il fut l’architecte du sauvetage de General Motors sur base d’un plan exigeant des travailleurs une diminution de salaire et une augmentation de la charge de travail.
Les Etats-Unis d’Obama sont un pays où une seule famille (la famille Walton, propriétaire de Walmart) possède à elle seule plus de richesses que les 40% des familles les plus pauvres ! Pour ces millions de familles, les expulsions de logement se poursuivent et les dettes rendent impossible toute perspective d’avenir. A titre d’exemple, 36 millions d’Américains croulent ensemble sous une dette de plus de 1.000 milliards de dollars, uniquement suite aux frais engendrés par les études supérieures ! Accédant au marché du travail, leurs diplômes ne leur ont pas nécessairement permis de trouver un emploi dans ce contexte de chômage croissant. Les travailleurs et leurs familles perdent pied, et les rares réalisations d’Obama n’ont été favorables qu’aux riches.
Aujourd’hui, peut-on encore faire confiance à Obama ? Il existe bien des différences entre les républicains et les démocrates, mais elles ne portent que sur la meilleure manière d’assurer la poursuite du règne du grand capital. Romney représente simplement une version plus crue de la domination de la classe capitaliste tandis qu’Obama adopte une rhétorique plus populaire, mais uniquement pour servir des intérêts identiques. En 2008 déjà, Obama était le candidat qui avait reçu le plus de soutien financier de Wall Street et du secteur privé des soins de santé. Tous ces riches donateurs sont passés à la caisse cette fois-ci aussi, conscients que le remerciement pour services rendus leur rapportera bien plus.
Wall Street a deux partis, nous avons besoin du nôtre!
Le mouvement Occupy a brillamment exposé les bases du système en popularisant le combat des 99% de la population contre la domination du 1% de super- riches. Il faut poursuivre sur cette voie et donner une expression politique à cette colère de classe en construisant un instrument politique capable de se confronter aux partis capitalistes, un parti démocratiquement contrôlé par les travailleurs et les jeunes et orienté vers l’organisation de la résistance au monde de Wall Street, dans les rues, sur les lieux de travail et aux parlements.
Afin de populariser le débat à ce sujet, Socialist Alternative (les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA, parti-frère du PSL) soutient une candidature indépendante des grandes entreprises, celle de Jill Stein du Green Party (le parti écologiste, beaucoup plus radical et orienté vers le monde du travail que les partis verts européens), qui se présentera dans une quarantaine d’Etats. Sa campagne est notamment basée sur son opposition aux guerres impérialistes, sur la suppression de la dette des étudiants, sur l’instauration d’une protection universelle de soins de santé, et d’autres réformes progressistes. Hélas, sa campagne n’identifie pas clairement le capitalisme comme le problème fondamental. Nos camarades soutiennent également d’autres candidates de gauche en d’autres endroits, dont Kshama Sawant, membre de Socialist Alternative et candidate dans l’Etat de Washington.
La comédienne Roseanne Barr, mondialement connue pour son rôle de mère ouvrière dans la série Roseanne est également candidate en Californie, sous les couleurs du Peace and Freedom Party (Parti de la paix et de la liberté), aux côtés de la militante anti-guerre Cindy Sheehan. Toutes deux se sont ouvertement déclarées pour un changement socialiste de société. Si cette campagne se développe sérieusement contre l’establishment, cela pourra attirer l’attention de nombreux jeunes et travailleurs à la recherche d’une alternative, et ce bien au-delà des frontières de l’Etat. L’ancien maire de Salt Lake City, Rocky Anderson, est également candidat pour le nouveau Jus¬tice Party. Nous soutenons ces deux campagnes avec le même objectif de permettre le développement de l’audience la plus large possible pour la gauche et en tant qu’étape vers la construction d’une véritable alternative politique. La colère contre les deux partis de l’establishment n’a aucun précédent, comme l’a illustré un sondage Washington Post- ABC, selon lequel près de la moitié des Américains seraient en faveur d’un troisième parti.
Renverser le système
Si les travailleurs et les jeunes pouvaient disposer d’un parti politique dans lequel ils pourraient s’engager et débattre de la meilleure manière de contrer l’offensive antisociale, cela représenterait un gigantesque laboratoire d’expérience où serait aussi débattue la question de l’alternative à opposer au capitalisme. Selon nous, seul un système socialiste démocratique basé sur la nationalisation des secteurs vitaux de l’économie sous le contrôle démocratique des travailleurs au sein d’une planification générale de la production est une réelle alternative capable de se baser sur les besoins sociaux à satisfaire. Tant que les leviers de l’économie resteront aux mains des grands actionnaires et des spéculateurs, notre enseignement, notre santé, nos conditions de travail et notre avenir seront sacrifiés sur l’autel du profit.