Tag: Socialist Alternative

  • Washington : Les manifestants du mouvement Occupy s’en prennent au Capitole

    Le lundi 28 novembre, le gouvernement de l’État de Washington a proposé lors d’une session spéciale une nouvelle restriction budgétaire de deux milliards de dollars, alors que les finances de l’État sont déjà passablement mauvaises. Du côté Démocrate, on a proposé de compenser ces coupes par une augmentation des impôts, qui défavoriserait encore plus les personnes les plus pauvres et ne servirait qu’à empêcher de nouvelles coupes dans le budget de l’éducation, qui souffre déjà depuis des dizaines d’années. D’autres programmes sociaux sont également menacés par cette stratégie classique visant à diviser pour mieux régner. Personne au gouvernement fédéral n’a pris la défense des travailleurs, des étudiants ou des opprimés.

    Ted Virdone, Socialist Alternative (CIO-Etats-Unis)

    Les syndicats, les marxistes et le mouvement Occupy présents partout dans l’État ont organisé une mobilisation de masse ce lundi 28 novembre, à Olympia, capitale de l’État de Washington, suivie par une occupation du capitole. 3.000 personnes ont ainsi occupé le sommet du Capitole durant l’après-midi. Des centaines de protestants ont mené une occupation non violente du bâtiment et on refusé d’en sortir. Un grand nombre d’entre eux a débarqué pendant les sessions du congrès, et, s’emparant du micro, ont demandé à être entendus.

    Les protestants n’ont pas pu maintenir leur occupation pendant la nuit, mais sont repartis à l’assaut jour après jour afin de protester et de dissoudre la session spéciale ayant pour but la réduction du budget. Les Républicains comme les Démocrates ont compris que le soutien qu’ils apportent aux grandes entreprises ne passe pas inaperçu. Cependant, il faut plus d’action. La gouverneure Démocrate Christine Gregoire a annoncé que, étonnamment, les taxes sur les entreprises diminueront cette année, et a ajouté que c’était une ”bonne chose”. Pour les entreprises sûrement, mais pour la classe ouvrière qui verra ses propres taxes augmentées et ses services publics attaqués, absolument pas!

    La police d’État a été appelée la nuit de lundi pour chasser les activistes. Ce qu’ils ont fait avec une brutalité excessive. Deux membre de Socialist Alternative, Clay Showalter et Sarah Moses-Winyard, nous parlent des violences qu’ils sont subies:

    Q: Contre quoi protestiez-vous à Olympia?

    Clay: Cela fait des années que la classe ouvrière a été forcée par la classe dirigeante à mettre la main au porte-monnaie pour une crise qu’elle n’a pas déclenchée. La moitié de l’argent que j’ai économisé pour mes études s’est volatilisé à cause du crash boursier de 2008, et mes frais de scolarité ont augmenté de 70%. En plus de cette hausse des frais, les subventions financières (notamment la bourse fédérale Pell Grant) ont été supprimées.

    Mais il ne s’agit pas que de l’éducation ; ces coupes affectent toutes les couches de la classe ouvrière, et, d’après moi, s’en prendre à une personne, c’est s’en prendre à toute la société. C’est la lutte des classes. Il faut élever la niveau de conscience en s’organisant et en ripostant.

    Q: Quelle a été l’attitude de la police face aux manifestants?

    Sarah: Elle a utilisé la force pour chasser ceux qui occupaient le Capitole. Certains ont été arrêtés, et trois ou quatre ont dû monter dans un bus qui les a fait sortir de la ville. La police a utilisé la force pour nous jeter dans la rue. J’ai vu un manifestant recevoir un coup de poing dans la figure. Quatre ont été maîtrisés au taser, et un camion de pompier a été appelé car quelqu’un avait besoin d’un médecin.

    Clay: Des activistes qui occupaient la rue pacifiquement ont été violemment agressés par la patrouille de l’État de Washington. Nous avons tenté d’empêcher un bus d’emmener des gens qui avaient été arrêtés à l’intérieur. Je me tenais devant le bus quand deux officiers ont chargé, m’ont frappé à la tête et m’ont maintenu au sol. L’un deux m’a écrasé le visage contre le pavé avec son pied.

    La police n’a eu de cesse de nous rejeter dans la rue ma partenaire et moi à chaque fois que le front se reformait autour du bus. A un moment, un officier m’a maintenu par la nuque et m’a tordu l’épaule. J’ai toujours très mal aujourd’hui, et une radio a montré que j’ai eu une côte cassée.

    Pour finir, un nombre suffisant d’entre nous a réussi à faire barrage de sorte que la police a renoncé à nous séparer. Après nous avoir frappé dans les jambes, un officier à crié “Électrocutez-les !”, et ils se sont mis à utiliser leurs tasers. Je me suis éloigné comme j’ai pu après avoir été taserisé, et après avoir récupéré un peu j’ai de nouveau rejoint la lutte. Trois autres personnes ont eu droit au même traitement, et une autre l’a été à de telles reprises qu’elle s’est évanouie et les secours ont été appelés.

    Est-ce que les manifestants ont eu recours à la force?

    Sarah: Non. Certains ont exprimé leur frustration face à la situation en criant des choses comme “Fuck la police”, mais c’était des cas isolés.

    Clay: Je suis heureux que les protestants n’aient pas réagi violemment, en particulier au milieu d’une telle débauche de la part de la patrouille de l’État.

    Q: Pensez-vous que la police s’est contenté de faire son travail?

    Sarah: Oui. La police est là pour protéger l’État. Mais l’État ne représente pas la population. Il protège la classe dominante et maintient les privilèges des 1%.

  • Etats-Unis : Quel avenir pour le mouvement ‘Occupy’ ?

    Quelle devrait être la prochaine étape à franchir pour le mouvement?

    Cet article a été initialement publié le 28 octobre dernier sur le site de Socialist Alternative, les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA. Depuis lors, un sondage d’opinion a montré que 59% des sondés étaient entièrement ou fortement en accord avec les revendications d’Occupy Wall Street (Financial Times, Londres, 31 Octobre, 2011)

    Ty Moore, Socialist Alternative (CIO-USA)

    ‘‘Nous sommes en train de gagner. Bien sûr, nous n’avons pas pris les institutions gouvernementales en main, ni même n’avons gagné de réformes concrètes ou à venir avec des institutions solides pour défendre nos acquis. Nous ne sommes même pas près d’en finir avec la lutte ou avec la création du monde dans lequel nous voulons vivre. Mais – aux côtés des révolutionnaires à travers le monde – nous avons contribué à libérer le potentiel caché et endormi de millions de personnes, prêtes à croire à nouveau qu’il existe une alternative’’, a expliqué Yotam Marom, un des principaux organisateurs de l’occupation de Wall Street (Alternet.org, 13 Octobre, 2011).

    ‘‘Notre mouvement est composé de gens qui luttent pour des emplois, des écoles, l’allégement de leur dette, des logements équitables et pour de bons soins de santé. Nous résistons à la destruction écologique, à l’impérialisme, au racisme, au patriarcat et au capitalisme. Et cela, nous le faisons tous de façon participative, démocratique, féroce et inébranlable.’’

    En quelques semaines, le mouvement ‘Occupy’ a changé la face de la politique américaine. Bien plus de 100 villes connaissent actuellement des occupations, et des militants prévoient des occupations ou des actions de solidarité dans plus de 1.000 autres. Des centaines de milliers de personnes ont participé aux manifestations. Des millions de travailleurs se sont clairement identifiés à ces fameux ‘99%’ qui s’opposent au 1%, et ont été inspirés par la position audacieuse adoptée contre Wall Street et le système politique contrôlé par les entreprises.

    Dès les premiers jours du mouvement, les membres de Socialist Alternative ont énergiquement aidé à organiser les occupations dans les villes où ils étaient présents, en faisant des propositions concrètes pour des actions de sensibilisation, etc. Nous avons ajouté nos voix aux cris proclamant ‘‘qu’un autre monde est possible", en soulignant fortement le fait que cela exigeait une transformation de la société vers le socialisme démocratique.

    Aujourd’hui, aux côtés de nombreux autres dans le mouvement, nous sommes aux prises avec cette question cruciale : que faire maintenant ?

    Quelle prochaine étape?

    Premièrement, nous devons reconnaître que, tout d’un coup, nous sommes devenus une force avec laquelle il faut compter. L’establishment politique et médiatique a tout d’abord tenté d’ignorer les occupations, puis de les discréditer, et ensuite de physiquement les réprimer. Mais maintenant, chaque institution de la classe dirigeante, de la campagne présidentielle d’Obama au Tea Party, essaye de réorienter sa stratégie politique pour répondre à cette explosion sociale.

    Notre succès pour briser le black-out des médias et pour gagner un large soutien pour notre mouvement a également attiré l’attention du Parti Démocrate. Avec le début la campagne présidentielle, les Démocrates courtisent le mouvement. Obama nous a offert de belles paroles, tout en quémandant en même temps des millions de dollars de Wall Street pour sa campagne. Nous devons être bien clairs : le Parti Démocrate n’est pas l’ami des mouvements sociaux. Ils ne nous tendent la main que pour s’attirer le mouvement et pour canaliser nos énergies vers leur campagne électorale pro-capitaliste.

    Nos amis sont ailleurs, avec les autres mouvements sociaux, et plus particulièrement le mouvement ouvrier. Le mouvement d’occupation doit construire des liens plus étroits avec les luttes sociales et économiques. Nous devons relier les étudiants sur les campus universitaires aux préoccupations des travailleurs et des pauvres qui souffrent tous de cette récession économique dévastatrice.

    Le 15 octobre dernier, la journée d’action internationale a attiré plus de 25.000 manifestants à Manhattan, et un nombre encore plus grand à travers l’Europe. Maintenant, Adbusters – le magazine qui a lancé l’appel d’Occupy Wall Street – propose des protestations mondiales le 29 octobre pour revendiquer une "taxe Robin des bois" sur les transactions financières. [Cet article a été publié le 28 octobre, NDLR]

    De tels appels pour une action coordonnée autour de points de revendication clairs et précis vont dans la bonne direction. Mais, tandis que la ‘‘taxe Robin des Bois’’ peut être une idée populaire chez les militants. Mais pour attirer les travailleurs et les jeunes – dont la colère s’ancre profondément dans les coupes budgétaires, le chômage, l’endettement des étudiants, les saisies de logements, les soins de santé, etc. – et parvenir à avoir des protestations beaucoup plus grandes, le mouvement doit se positionner clairement contre l’austérité brutale en cours d’élaboration au Congrès

    En fait, le Congrès et Barack Obama nous donnent involontairement un point de ralliement idéal à destination d’unifier le mouvement Occupy et d’approfondir le soutien actif que nous avons dans les diverses communautés des travailleurs les plus touchés par les coupes d’austérité.

    Après des années de compressions budgétaires sévères au niveau de l’Etat et au niveau local, désormais, le Congrès et Barack Obama se préparent à des coupes historiques dans la sécurité sociale fédérale. Le 23 novembre, un ‘Super Comité’ bipartite décidera du sort de centaines de milliards de dollars pour les programmes sociaux dont dépendent les personnes âgées, les malades, les pauvres, les étudiants, les travailleurs, les femmes, etc. La sécurité sociale, les soins de santé, le financement de l’éducation et d’autres programmes vitaux sont en pleine ligne de mire.

    Occupy Congress!

    Ces coupes budgétaires historiques exigées par les grandes banques et les grands actionnaires constituent la plus grande menace face à nous et face à la classe ouvrière américaine. Si l’ensemble du mouvement Occupy – y compris les syndicats – s’opposent résolument à ces attaques impopulaires et recourent aux tactiques d’action de masse et de mobilisations dans les communautés de travailleurs, il est possible de réduire considérablement l’impact de ces attaques, voire même de les vaincre. Imaginez ce que cela donnerait si, à travers le pays, des assemblées générales Occupy appellent les syndicats du secteur public et les groupes d’étudiants à organiser une action coordonnée de grève nationale contre les coupes, comme les assemblées l’ont fait en Grèce ! Même si de nombreux dirigeants syndicaux ont déjà refusé d’aller plus loin, le niveau de colère est tel que les travailleurs du rang, dans de nombreux secteurs, pourrait organiser elle-même les masses, comme les enseignants du Wisconsin l’ont fait le printemps dernier.

    Imaginez ce que cela donnerait si le mouvement Occupy lancerait un appel à ‘‘Occuper le Congrès’’, à occuper les bureaux locaux des membres du Congrès à moins qu’ils ne signent un engagement à voter contre toutes les coupes proposées, en combinaison de manifestations, de pétitions, de meetings, d’actions,…

    Il y a déjà une semaine d’action ‘‘Jobs Not Cuts’’ (Des emplois, pas de coupes) pour la semaine du 16 au 23 novembre, qui a reçu le soutien de personnalités telles que Noam Chomsky, mais aussi de syndicats, d’organisations locales, de Socialist Alternative et d’autres (voir JobsNotCutsProtest.org) Nous encourageons les assemblées générales Occupy à entériner ces actions et à orienter le mouvement vers une opposition active à ces coupes.

    Soutenir cette campagne n’aura pas pour seul avantage de faire le lien entre le mouvement Occupy et la lutte, plus large, contre les coupes, cela aura l’avantage supplémentaire d’exposer davantage au grand jour le rôle du Parti Démocrate dans la promotion de ces coupes budgétaires. Ainsi, il sera plus difficile pour les Démocrates de tenter de récupérer l’énergie du mouvement pour sauver leurs candidats aux élections de 2012. Il sera important de miser sur l’énergie de cette lutte anti-coupes pour aller vers la présentation d’une réelle alternative pour les électeurs en 2012, en présentant des candidats anti-coupes indépendants, dans le cadre de la construction d’un nouveau parti politique pour et par les 99%.

    Afin de maintenir notre élan, nous devons apprendre à nous adapter rapidement. Nous avons déjà changé le paysage politique de telle manière que le simple fait de répéter les tactiques et les slogans qui ont donné naissance aux occupations ne sera pas suffisant pour soutenir le développement du mouvement. Des millions de personnes se tournent vers nous afin de fournir un moyen concret d’aller de l’avant, de montrer un chemin vers un changement réel.

    Exiger des réformes des institutions capitalistes ne signifie pas de mettre de côté les aspirations radicales du mouvement Occupy. En fait, notre tâche est d’expliquer que les réformes véritables sont toujours les produits de la lutte des masses, menaçant le pouvoir de la classe dirigeante. Nous avons déjà fait peur aux élites politiques et aux géants du capital. Si nous pouvons continuer à élargir notre influence, à coordonner nos actions et nos revendications et à fournir une stratégie claire pour toutes les couches de la société américaine prêtes à entrer dans la lutte, le sentiment que nous sommes «gagnant» va prendre chair et d’os.

    • Il faut étendre les occupations à travers le pays et vers les écoles et les collectivités. Nous avons besoin d’une campagne de masse pour mobiliser les couches larges de travailleurs, de jeunes et la base syndicale et les impliquer dans la lutte.
    • Organisons des manifestations de masse le week-end qui appèlent au retrait de toute coupe dans les services sociaux, à l’élaboration d’un programme massif de création d’emplois, à l’imposition de taxes sur les super-riches et le Grand Capital, à la fin des guerres, à des coupes massives dans le budget militaire et pour la défense des droits syndicaux et des droits démocratiques.
    • Construisons activement la mobilisation et la semaine d’action nationale du 16 au 23 novembre pour combattre le Super Comité du Congrès qui prévoit des coupes dans les services sociaux à hauteur de 1.500 milliards de dollars. Non aux pertes d’emploi !
    • ‘‘Occupy Congress’’: occupons massivement les bureaux locaux des membres du Congrès jusqu’à ce qu’ils ne signent un engagement à voter contre toutes les coupes antisociales proposées, avec également des manifestations, des pétitions, des meetings, des actions,…
    • Préparons-nous à proposer des candidats anticapitalistes issus de la classe ouvrière en 2012 pour s’opposer aux politiques des deux partis de Wall Street, en tant que première étape pour la constitution d’un nouveau parti des 99%, un parti des travailleurs de masse.
    • Non à la dictature de Wall Street! Plaçons les grandes banques qui dominent l’économie américaine sous propriété publique et gérons démocratiquement par l’élection de représentants des travailleurs et de la population. Des compensations pourraient être accordées aux petits investisseurs sur base de besoins prouvés, pas aux millionnaires.
    • Construisons le mouvement pour qu’il soit capable de remplacer ce système capitaliste pourri par le socialisme démocratique, pour créer une nouvelle société basée sur les besoins humains.
  • Obama sera-t-il le nouveau président des USA?

    Mener campagne à gauche pour gouverner à droite

    Le fait qu’Obama, en tant qu’homme noir, ait une chance de devenir président est l’expression des changements sociaux survenus aux USA.

    L’espoir du changement

    Obama a battu Hilary Clinton lors des primaires du parti démocrate. La participation de masse aux réunions électorales (notamment 75.000 participants à Portland) ou la plus grande participation de jeunes et de noirs aux primaires (35% contre 29% en 2004) ont illustré qu’il a pu susciter un mouvement.

    Le thème du changement a été central chez Obama: il a promis de mener une autre politique pour que le pays change. Mais Obama répondra-t-il aux attentes? Des millions de pauvres pensent en effet qu’il leur offrira un meilleur niveau de vie.

    Tout comme les précédents candidats démocrates à la présidence (y compris Bill Clinton), Obama fait campagne à gauche avant de mener une politique de droite. Il n’a aucune réponse pour la crise du logement (plus de deux millions de familles ont été expulsées).

    Sa seule promesse est une baisse d’impôt de 500 dollars pour tout propriétaire, mais rien contre les expulsions massives. Il s’est même opposé aux aides massives pour les propriétaires en détresse. Beaucoup d’américains souhaitent une couverture de santé universelle, mais Obama ne veut pas s’opposer aux intérêts colossaux des grands groupes d’assurance médicale.

    Lors du début de sa campagne, Obama a insisté sur son opposition à la guerre en Irak (un avantage face à Hillary Clinton qui avait voté pour). Il a toutefois clairement affirmé qu’il défendrait les intérêts de l’impérialisme américain, a promis une politique plus dure face à l’Iran et veut accorder 30 milliards de dollars supplémentaires au soutien pour Israël. Il veut aussi poursuivre le blocus dont est victime Cuba et soutien le système répressif de Colombie.

    La faillite de la politique étrangère de Bush induit nécessairement que les USA vont changer d’approche. Ce changement sera uniquement de nature tactique et ne provoquera pas de changement quant au rôle de ce pays sur la scène internationale.

    La Maison Blanche vendue aux enchères

    Obama a affirmé que son trésor de guerre était basé sur la générosité de petits donateurs, ceux qui donnent moins de 200$. C’est vrai, mais il a également reçu des millions de dollars de la part des pontes de Wall Street et des grandes entreprises. Les représentants de ces gros donateurs se réunissent chaque semaine avec l’équipe de campagne d’Obama, c’est bien l’élite qui déterminera sa politique.

    Ce sont deux candidats de partis quasiment identiques et favorables à l’élite qui se présentent. Fin avril, Obama avait dépensé 225 millions de dollars (192 pour Clinton et 78 pour Mc Cain). Plusieurs autres centaines de millions de dollars suivront. Après 8 ans de désastres avec Bush, il est impossible pour un républicain de remporter l’élection. Le plus gros avantage de Mc Cain est qu’il n’est pas Bush. Depuis qu’il a été désigné candidat, il opte pour une politique clairement conservatrice dans le but d’obtenir les voix de l’aile droite du parti. Il veut ainsi se battre en Irak « jusqu’à la victoire ».

    Le fait que Mc Cain ait aujourd’hui encore une chance montre bien que malgré l’enthousiasme que suscite Obama auprès de certains groupes d’électeurs (les jeunes, les noirs) d’autres groupes (hispanique, femmes, ouvriers ordinaires) restent sceptiques aussi bien au sujet des démocrates qu’au sujet d’Obama lui même. En prenant des positions socio-économiques claires, Obama pourrait obtenir un soutien massif de la part des travailleurs blancs.

    Y a-t-il une alternative?

    Comme en 2000 et en 2004, Ralph Nader se présente. C’est un populiste radical ayant des positions anti-guerre, contre les grandes entreprises et en faveur des travailleurs. Il s’oppose au bipartisme et refuse de voter pour le moindre mal. Sur cette base, il attire une faible frange de la population composée principalement de jeunes radicalisés et de travailleurs (2,8 millions de votes en 2000 – 2,7%). Socialist Alternative, notre organisation soeur aux USA appelle à voter Nader. Mais il n’est pas prêt à utiliser ses campagnes pour construire un nouveau parti. Cette année, son score devrait être très faible en raison de l’enthousiasme que suscite Obama.

    Le 44ème président des USA va connaître des temps houleux, la crise du capitalisme américain et international entraînera des mouvements sociaux de la part des travailleurs et de leurs familles. Nous avons pu en observer les prémices ces dernières années, entre autres la grève des travailleurs immigrés (mai 2006), les actions antiracistes massives à Jena en Louisiane (septembre 2007), la grève des dockers de la Côte-Ouest le 1er mai 2008 contre la guerre en Irak (grève menée en collaboration avec les dockers en Irak même),…


    Liens:

  • Kerry contre Bush: La peste ou le choléra!

    Un mois avant les élections présidentielles américaines qui se tiendront le 2 novembre, beaucoup de sondages donnent un léger avantage à Bush. Malgré la polarisation importante dans la société, un soutien faible pour Bush (entre 40 et 45%), les scandales liés à la guerre en Irak, les gigantesques baisses d’impôts pour les riches et le big business (plus de 2 milliards de dollars), le clivage croissant entre les riches et les pauvres, les manifestations de masses, les Démocrates de Kerry n’arrivent pas à infliger une cuisante défaite à Bush.

    Bart Vandersteene

    Pourquoi les Démocrates n’arrivent-ils pas à battre Bush?

    Lors des élections présidentielles précédentes, seulement la moitié des Américains ont jugé utile se rendre aux urnes. Les Démocrates ne réussissent pas à expliquer à la population pourquoi et comment un président démocrate mènerait une politique radicalement différente pour les Américains moyens et pour la population mondiale. Les causes de ce manque d’enthousiasme sont uniquement dues à eux-mêmes.

    Dans un magazine d’opinion destiné aux patrons, Kerry est décrit comme «l’équivalent politique du valium». Kerry bénéficie d’une auréole due à sa réputation de héros de guerre (conflit du Vietnam) et plus tard dans le mouvement contre la guerre au Vietnam. Dans les faits il compte parmi les riches Démocrates qui aspirent au pouvoir et qui sont à la solde du big business. Il est non seulement le sénateur le plus riche. A ce poste il a systématiquement voté selon les intérêts patronaux.

    A propos de la guerre en Irak il emploie un discours vaguement anti-guerre. Mais au parlement il a voté en faveur de la guerre en Irak et des fonds destinés aux efforts militaires. Lors d’une de ses conférences de presse, il a même déclaré que sa première décision après son élection serait d’envoyer 40.000 de soldats en plus en Irak. De temps en temps, il essaie de profiter du sentiment anti-guerre répandu aux Etats-Unis. Mais d’autre part, face aux élites dominantes, il s’efforce de faire preuve d’être un gérant meilleur et plus fiable que l’équipe en place.

    Les élections primaires et le tournant à droite des Démocrates

    Lors des élections primaires, où l’on désigne un candidat démocrate pour les élections présidentielles, divers candidats se sont profilés comme le pôle antagoniste de Bush. Howard Dean, qui pendant longtemps a devancé les autres candidats dans les sondages, avait l’intelligence de ressentir le sentiment anti-Bush profond dans la société. Il a mené une campagne anti-guerre qui a connu un accueil enthousiaste parmi certaines couches de la population. Kerry a été obligé de l’imiter en lançant des slogans radicaux. La direction du Parti démocrate a été très angoissée par cette campagne, susceptible de susciter des espoirs parmi la population, espoirs que les Démocrates sont incapables de combler. C’est pourquoi la direction du Parti démocrate a choisi d’écarter Dean au profit de Kerry. En revanche depuis sa désignation officielle il a fait une courbe rentrante à droite. Si des illusions pouvaient encore subsister quant à l’aptitude du Parti démocrate d’être un instrument de transformation de la société, elles sont maintenant définitivement dissipées.

    Le crédit: une bombe à retardement

    Dans une période de crise économique structurelle, le capitalisme tente de repousser la crise devant lui, soit en l’exportant vers d’autres pays, soit en la repoussant dans le temps. Voilà la profession de foi de la politique économique de Bush. Il est responsable du taux d’intérêts de 1% (le plus bas historiquement) afin d’inciter les consommateurs américains à continuer à consommer à crédit. Mais chaque dollar emprunté devra être remboursé à un moment donné. Pour chaque dollar de croissance économique entre 2001 et 2003, 3,19 dollars de dettes ont été accumulés (par les entreprises, le gouvernement ou le consommateur). Les niveaux de dette des entreprises, du gouvernement et du consommateur, ont atteint des sommets historiques. Cette bulle boursière devra éclater à un moment donné. Tant Kerry que Bush devront procéder à une politique d’austérité dans les dépenses sociales, avec les conséquences à prévoir. Sous la présidence de Bush, le nombre de pauvres a officiellement augmenté de 40 millions à 45 millions de personnes. Pour la plupart des habitants, bénéficiant d’une faible couverture sociale, la crise imminente frappera fort. Ils se rendront compte que la nation du Rêve américain, de la liberté et de la démocratie, n’est plus capable de leur offrir un avenir. L’idée d’une alternative ne sera pas uniquement un sujet de discussion des jeunes et des travailleurs radicalisés, mais imprègnera toute la société. Alors à ce moment-là, un bouleversement dans la réflexion et l’action quotidiennes des Américains est envisageable.

    La nécessité d’en finir avec le bipartisme

    Il faut rompre avec le bipartisme pour arriver à un changement aux USA. La candidature de Ralph Nader montre la faiblesse de ce système. C’est pourquoi Socialist Alternative, la section soeur du MAS aux USA, mène une campagne énergique en soutien à la campagne de Nader, qui en 2000, avec le soutien des Verts, a récolté 2,7 millions de voix. Ils ont leur propre postulant qui se présente uniquement dans ces états où le résultat du vote est connu d’avance et qui est donc dépourvu d’importance. Dans les états où Bush et Kerry se battent coude-à-coude, les Verts appellent à voter Kerry.

    Ralph Nader est un populiste de gauche, qui mène une campagne audacieuse contre le big business et le bipartisme. Son programme est un pôle d’attraction parce qu’il combine des revendications radicales: contre la guerre en Irak et l’occupation, l’abolition du Patriot Act (la restriction des droits démocratiques après le 11/9), la création de millions d’emplois suite à des investissements publics, un salaire minimum de 10 $ l’heure, l’extension des droits des travailleurs, l’abolition de la législation antisyndicale (Taft-Hartley Act), l’égalité des droits pour des homosexuels, lesbiennes et bisexuels, le droit de vote à partir de 16 ans, etc.

    Contrairement au programme des Démocrates, celui de Nader offre la base autour de laquelle des dizaines de milliers d’activistes peuvent être regroupés. Malheureusement, certains souffrent du syndrome Anyone But Bush (Tout sauf Bush), dont Michael Moore. Pour eux, tous les problèmes du monde et aux USA sont l’oeuvre d’une seule personne et non le résultat de la volonté et de la politique d’une force dans la société (la bourgeoisie) qu’elle souhaite imposer à la population mondiale. Chose qu’elle a faite sur base du sentiment d’effroi après le 11 septembre. Bush n’est que l’interprète de cette politique. La chimère de Tout Sauf Bush ignore la question de qui ou en quoi doit consister le Tout.

    Pour les Américains, les élections signifient un choix entre Pepsi-Cola of Coca-Cola. Souvent on choisit pour l’original et non pour la mauvaise copie. Nader l’a posé ainsi: «Dans ce pays, il n’y a pas d’élections libres. Nous avons un parti du Big Business à deux têtes qui sont toutes les deux maquillées à leur façon, qui vendent nos élections et nos gouvernement à celui qui offre le plus».

    Malgré cela Nader refuse toujours jusqu’à présent de mettre sur pied la structure nécessaire, c’est-à-dire un parti, qui encadre la résistance de beaucoup d’Américains. S’il continue à suivre cette politique, on ne pourra pasconstruire un mouvement de contestation que tous les quatre ans. Socialist Alternative, par contre, a lancé un appel à Nader pour convoquer une conférence qui réunisse des militants anti-guerre, des syndicalistes, des minorités ethniques opprimées, des électeurs démocrates désillusionnés et autres pour préparer le lancement d’un nouveau parti. Tel parti pourra faire en sorte que chaque mouvement contre Bush ou Kerry ait une expression politique sur le plan local, régional et national. C’est d’une importance extrême pour toute la population mondiale. Car aux USA une lutte décisive devra être menée si l’on veut construire une autre société, une société socialiste.

    Comment acheter un président

    Pour leur campagne électorale, Bush et Kerry disposent ensemble de plus d’un milliard de dollars. Nader, par contre, tout en refusant des fonds des entreprises, a récolté cet été plus d’un million de dollars. Une paille dans un pays comme les Etats-Unis. Malgré l’avantage financier énorme de Bush et de Kerry, le programme de Nader trouve des échos beaucoup plus positifs parmi ces couches de la population qui ont l’occasion de faire la connaissance avec la version originale, et non via les déformations de ce programme qu’ont fabriquées les Démocrates et les Républicains. Selon les sondages de cet été, pour chaque dollar dont Nader aurait besoin pour gagner une voix, Bush en dépenserait 15,43 et Kerry 11,29. Imaginez ce qui aurait été possible si chaque candidat avait eu les mêmes chances.

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