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Tag: Russie
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Non à la guerre en Ukraine ! Construisons un mouvement de masse anti-guerre et anti-impérialiste

Alternative Socialiste Internationale (ASI) exprime sa pleine et entière solidarité avec le peuple ukrainien qui souffre déjà de l’exploitation, de l’oppression, de la corruption et de conditions de pauvreté croissantes, et qui est maintenant confronté à l’horreur de la guerre et du bain de sang.
Par Социалистическая Aльтернатива (CA, Socialist Alternative, section russe d’ASI)
Alors que les troupes et les chars russes ont franchi la frontière de l’Ukraine, les premières personnes ont déjà été tuées. Des missiles ont frappé des bases militaires et des aérodromes, notamment à Kiev. Des tirs ont déjà été signalés dans des quartiers résidentiels de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, située dans le nord-est du pays.
Les troupes russes doivent être immédiatement retirées d’Ukraine.
La reconnaissance des républiques populaires de Louhansk et de Donetsk par la Douma russe et son approbation ultérieure par Poutine, suivie de leur appel à l’aide russe ont créé le prétexte immédiat pour l’invasion. Les hostilités ont atteint un nouveau et horrible sommet après des semaines d’escalade de la guerre des nerfs entre la Russie d’une part et l’OTAN et les États-Unis d’autre part.
L’Europe est confrontée à un conflit armé majeur, qui est lié aux multiples contradictions géopolitiques de la nouvelle ère de désordre. Les socialistes internationaux doivent intensifier leur travail et se préparer à prendre position contre les guerres impérialistes et pour l’internationalisme de la classe ouvrière, en opposition de principe à toutes les formes d’impérialisme.
Les intérêts impérialistes
La Russie a prétendu que sa sécurité était menacée par l’expansion vers l’Est de l’OTAN avec des armes et des troupes le long de ses frontières. Mais maintenant, le président Poutine prétend que la tâche de l’attaque russe est de “démilitariser” et de “dénazifier” l’Ukraine. Mais ses attaques ne feront qu’accroître la colère du peuple ukrainien. Beaucoup prendront les armes pour s’opposer à ses troupes.
Poutine a justifié son attaque en affirmant que l’indépendance de l’Ukraine n’était que le résultat de la révolution russe et de la politique bolchevique consistant à accorder le droit à l’autodétermination aux nations opprimées, une politique à laquelle s’opposaient Staline et le régime bureaucratique dont Poutine lui-même est issu. C’est une leçon importante. L’indépendance ne peut être atteinte en faisant appel à l’OTAN ou à l’Union européenne, mais seulement dans une lutte commune contre le nouveau tsar et sa guerre.
La population qui souffrira le plus d’une guerre, ceux qui risqueront leur vie et leurs membres, la vie de leurs fils et de leurs filles, de leurs mères et de leurs pères, leurs maisons et leurs revenus – ces gens ordinaires de la classe ouvrière qui vivent en Ukraine – ont été réduits à de simples spectateurs dont le sort est décidé par des forces qui échappent à leur contrôle.
Les dirigeants ukrainiens d’aujourd’hui, l’establishment capitaliste, dont la seule préoccupation a toujours été la défense des intérêts des oligarques et qui ont conduit le pays de crise en crise depuis son indépendance, se sont vendus à l’Ouest au cours de la décennie précédente. Ils espéraient ainsi bénéficier de la protection de l’OTAN, et gagner économiquement en se rapprochant de l’Europe. Ils ont échoué sur tous les plans : le revenu familial moyen est aujourd’hui inférieur de 20% à celui de 2013 et la protection de l’OTAN ne dépendra pas de l’intérêt du peuple ukrainien mais des intérêts économiques et géopolitiques des États-Unis et des alliés de l’OTAN.
Les chocs économiques de la guerre seront également ressentis dans le monde entier – les marchés boursiers réagissent déjà – le marché russe a chuté de 40% avant d’être suspendu. Les prix de l’énergie et des denrées alimentaires vont grimper, ajoutant aux pressions inflationnistes déjà fortes dans l’économie mondiale. Et les générations futures en Ukraine et en Russie, qui vivent déjà avec de faibles revenus, avec des soins de santé médiocres, devront payer le coût de la guerre.
Cette guerre porte les empreintes du conflit entre les États-Unis et la Chine pour la domination mondiale. L’administration Biden a déclaré ouvertement que la Chine est son “principal concurrent” et la Russie “le plus dangereux”. Au sein de l’OTAN, les États-Unis poussent depuis des années leurs alliés européens à augmenter leurs budgets de guerre. La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Parmi les motivations actuelles des États-Unis, il y a le renforcement des liens entre l’impérialisme américain et européen, prétexte à de futurs conflits avec la Chine – le tout aux dépens du peuple ukrainien.
L’OTAN a renforcé sa présence en Europe de l’Est avec des bases en Pologne, en Roumanie et dans les trois États baltes, qui sont tous limitrophes de l’ancienne Union soviétique. Les pays de l’OTAN ont armé l’Ukraine jusqu’aux dents. Après avoir crié au loup pendant des semaines, prédisant une opération sous faux drapeau de la part des Russes, Biden et ses alliés bellicistes ont créé une prophétie qui se réalise d’elle-même. Indépendamment du degré d’implication directe de l’OTAN dans la guerre en cours, l’impérialisme occidental partage la responsabilité d’attiser un conflit qui verra les familles ouvrières pleurer leurs proches tombés au combat et payer le prix le plus lourd pour l’effort de guerre et ses retombées économiques.
L’impérialisme russe, faible, passe à l’offensive
L’impérialisme russe a calculé que le moment était venu de faire un geste décisif pour servir ses intérêts. L’impérialisme américain est affaibli, l’Union européenne est aux prises avec des divisions internes et la Chine devient la principale préoccupation des États-Unis dans le remodelage de l’ordre mondial. Poutine viole le droit à l’autodétermination des Ukrainiens, il considère l’Ukraine comme une partie intégrante de la Russie, à l’instar des revendications de Xi Jinping sur Taïwan.
L’importance de ce qui se passe en Ukraine va bien au-delà des frontières de ce pays. La crise économique, les vagues de nationalisme réactionnaire et les millions de réfugiés potentiels vont créer d’autres crises mondiales, au moment même où il semblait que la pandémie entrait dans une nouvelle phase, plus gérable.
Bien qu’il s’agisse d’un régime autoritaire brutal, le Kremlin doit encore tenir compte du fait que les Russes accepteront ou non une guerre majeure pour l’Ukraine. 2022 n’est pas 2014, lorsqu’une vague patriotique massive a résulté de la prise de contrôle de la Crimée. La plupart des Russes, qui n’ont pas le cœur à la guerre contre l’Ukraine, sont déjà aux prises avec la baisse du niveau de vie, l’inflation galopante et, pendant la pandémie, plus d’un million de “morts en trop”. Un sondage d’opinion (23/02/2022) suggère que 40% de la population russe, principalement les jeunes et la population urbaine, sont contre la reconnaissance des républiques, qui a été utilisée comme prétexte pour lancer la guerre.
La Russie est un géant militaire, mais son économie ne représente qu’environ 6 % des économies de l’OTAN prises ensemble. Son PIB est inférieur à celui de l’Italie. De lourdes sanctions et un effort de guerre pourraient nuire gravement à l’économie et, avec les victimes russes de la guerre, renforcer encore la méfiance croissante à l’égard de tout ce que dit le gouvernement. Poutine peut être heureux d’avoir le soutien de Pékin, mais si une guerre prolongée épuise les ressources économiques, il pourrait bien devoir demander à Xi de le renflouer.
C’est la classe ouvrière et les pauvres qui paient. Lorsque les 500 premiers oligarques de Russie ont vu leur richesse augmenter de 45 % pendant la pandémie pour atteindre 640 milliards de dollars, la perte de quelques milliards provenant de comptes bancaires gelés ne va pas faire une grande différence.
Cette guerre n’a rien ou presque à voir avec la protection des populations concernées. L’OTAN n’avait et n’a aucun problème avec les dictateurs quand cela l’arrange, et Poutine soutient les partis les plus à droite d’Europe – autant dire “l’antifascisme” ou “la défense des droits démocratiques”. La guerre entraînera de terribles souffrances humaines, se paiera en vies gâchées, en difficultés économiques, en davantage de réfugiés et ne résoudra aucun des problèmes existants et des tensions inter-impérialistes. Malgré les affirmations contraires, ce n’est pas dans l’intérêt de la classe ouvrière et des populations ordinaires des nations concernées.
Nous ne pouvons compter sur aucune des institutions impérialistes ou des machines de guerre impliquées pour créer la paix, et encore moins la prospérité. En effet, depuis des années, l’Ukraine demande une aide réelle de la part de l’OTAN et de l’Occident, mais elle se heurte à un refus. Nous ne devrions avoir aucune confiance dans ces organes impérialistes. Toute “solution diplomatique” convenue entre eux, même si elle serait initialement bien accueillie par les populations du monde entier, se fera en fin de compte aux dépens des gens ordinaires et ne fera que préparer le terrain pour de nouvelles tensions et confrontations. Ces puissances se sont montrées incapables de s’attaquer à la crise sanitaire et climatique dont elles sont responsables, elles ne veulent pas lutter contre l’augmentation du coût de la vie pour les gens ordinaires et maintenant leur guerre va encore aggraver les choses.
La seule force capable d’arrêter la guerre et la destruction est la classe ouvrière unie. ASI appelle le mouvement des travailleurs du monde entier à lancer une mobilisation internationale massive contre la guerre et l’impérialisme, comprenant le refus de la production et du transport d’armes ainsi que des grèves, tout en soulevant des revendications sociales capables d’offrir une véritable issue à la majorité sociale. Cela pourrait inclure une action unie des travailleurs des entreprises multinationales opérant dans les différents pays directement concernés.
Ce ne sera pas une entreprise facile. Nous devrons faire face à des machines de propagande massive de toutes parts, et il faudra du temps et malheureusement de la souffrance, avant que les conditions ne mettent à nu la propagande et ne fassent ressortir les véritables problèmes. La guerre est cependant l’accoucheuse de la révolution, elle expose les contradictions de la manière la plus visible et la plus tangible possible. Des initiatives opportunes et audacieuses aux premiers stades des guerres sont cruciales pour déterminer la nature et le programme adoptés lorsqu’un mouvement gagne en force.
Cette guerre n’est pas dans l’intérêt des travailleurs et des jeunes, où qu’ils vivent. Il s’agit d’ambitions géopolitiques et économiques impérialistes. ASI s’opposera à cette guerre partout où nous sommes présents, en Russie, aux États-Unis, en Ukraine et ailleurs. En particulier, nous soutenons les jeunes et les travailleurs en Russie dans leurs appels à combattre la guerre en construisant un mouvement anti-guerre sur les lieux de travail et dans les universités, pour la solidarité contre les fauteurs de guerre, et pour une guerre contre la pauvreté, et non contre les autres peuples.
- Non à la guerre en Ukraine ! Pour le droit des Ukrainiens à décider de leur propre avenir, y compris le droit à l’autodétermination des minorités !
- Pour le retour des troupes russes dans leurs casernes en Russie et le retrait de toutes les troupes de l’OTAN d’Europe de l’Est !
- Aucune confiance dans les forces impérialistes de “maintien de la paix” impliquées !
- N’entretenons aucune illusion dans la diplomatie des fauteurs de guerre : construisons un mouvement anti-guerre et anti-impérialiste massif unifiant les travailleurs et les jeunes par-delà des frontières !
- Pour une alternative socialiste et internationaliste reposant sur la classe ouvrière contre les conflits capitalistes qui conduisent à la guerre et à la destruction !
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Nouvelle guerre froide | Quelles perspectives pour le conflit ukrainien?

La Russie reconnaîtra l’indépendance des deux régions contestées d’Ukraine – Donetsk et Louhansk. Les troupes russes agiront en tant que «gardiens de la paix». C’est une nouvelle étape extrêmement dangereuse de ce qui pourrait devenir la pire guerre que l’Europe ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale.
Par Sotsialisticheskaya Alternativa (section russe d’ASI)
Les bellicistes attisent la folie guerrière depuis plus de trois mois maintenant. Les puissances occidentales ont annoncé que l’occupation russe de l’Ukraine commencerait le 16 février à 3 heures du matin, heure locale. À mesure que l’échéance approchait, les cris des bellicistes se faisaient de plus en plus forts et un certain degré de panique s’est installé en Ukraine. Le gouvernement a annoncé la mobilisation des troupes et des réservistes. Les compagnies aériennes ont cessé de voler, tandis que les places sur les vols encore actifs ont été multipliées par cinq – après tout, la guerre est toujours rentable pour certains ! 40 pays ont annoncé qu’ils évacuaient les familles des diplomates de Kiev – certains vers la ville de Lviv, en Ukraine occidentale. Vingt vols affrétés ont été organisés pour permettre aux VIP, aux oligarques et à leurs familles de fuir, tandis que l’aide et les équipements militaires affluaient en Ukraine.
Pendant ce temps, la population était invitée à «ne pas paniquer» !
À l’approche de l’échéance, un journal russe a commenté avec cynisme que «la guerre a été reportée». Plusieurs Ukrainien·nes ont sans doute soupiré de soulagement à leur réveil mercredi. La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, a qualifié de «honteuses» les affirmations américaines concernant une attaque imminente. Elle a demandé aux médias de l’informer des futures dates d’une attaque russe contre l’Ukraine afin qu’elle puisse planifier ses vacances. Le 16 février, le Kremlin a déclaré avoir vaincu «l’hystérie suscitée dans le monde entier, qui n’est rien d’autre qu’une campagne d’information absolument sans précédent visant à provoquer et à alimenter les tensions en Europe».
Pourtant, les tensions continuent de s’intensifier. La Maison Blanche affirme que l’invasion de l’Ukraine est imminente. Boris Johnson déclare que le Kremlin va s’emparer de tout le pays, et la ministre britannique des affaires étrangères, Liz Truss, parle d’une prise de contrôle de l’Europe de l’Est par la Russie.
Le Kremlin a contredit ces affirmations, niant tout projet d’invasion. Le ministère russe de la défense a diffusé des vidéos montrant des troupes et des équipements rentrant dans les casernes. Mais au lieu de renvoyer les troupes russes en Biélorussie «pour des exercices conjoints», il a été annoncé qu’elles resteraient pour de bon. La Russie a poursuivi ses manœuvres en organisant de nouveaux exercices de guerre au cours du week-end pour tester des missiles balistiques hypersoniques.
Les combats s’intensifient dans l’est de l’Ukraine
Le week-end a été marqué par de nouveaux signes inquiétants. La matinée de vendredi a commencé par des échanges d’artillerie le long de la frontière entre le territoire contrôlé par Kiev et les républiques contestées de l’est de l’Ukraine – les républiques populaires de Donetsk et Louhansk (RPD/RNL). Comme le soulignent les résidents locaux, il ne s’agit pas d’une nouveauté puisque la guerre se poursuit depuis 8 ans et que plus de 14 000 personnes ont perdu la vie, mais cette augmentation est spectaculaire. Les observateurs de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) rapportent qu’ils ont eu lieu dans plus de 30 endroits. Plus tard dans la journée, la jeep du chef de la police de Donetsk a explosé devant son bureau, bien qu’un résident local ait fait remarquer qu’il n’avait jamais vu des officiers aussi haut placés conduire une voiture aussi bon marché.
Lundi, une réunion télévisée du Conseil de sécurité russe, clairement mise en scène, a eu lieu. L’un après l’autre, les hauts responsables ont appelé à la reconnaissance des deux républiques contestées, la RPD et la RPL. Lorsque le Procureur général a dépassé les bornes en déclarant qu’il soutenait l’appel à l’adhésion de la RPD et de la RPL à la Fédération de Russie, il a été corrigé par Poutine, qui a déclaré qu’il n’en était pas question : nous discutons simplement de la reconnaissance de l’indépendance des deux républiques.
Plus tard dans la soirée, Poutine est apparu à la télévision pour «s’adresser à la nation». Au cours d’une excursion historique d’une demi-heure remontant au 9e siècle, il a expliqué comment l’Ukraine faisait partie de la Russie. Dans une partie importante de son discours, il a attaqué Lénine et les bolcheviks qui, a-t-il dit, «ont créé l’Ukraine moderne en utilisant des méthodes très brutales par rapport à la Russie elle-même en la séparant, en lui arrachant une partie de son territoire historique.» Staline, cependant, selon Poutine, «à la veille et après la “Grande guerre patriotique” [Seconde Guerre mondiale], l’a ramenée dans l’URSS…». Il a ensuite soutenu l’approche stalinienne de la question nationale après la révolution, lorsque Staline a tenté de mettre en place la Fédération socialiste de Russie avec une Ukraine subordonnée à la Russie, en opposition à la formation de l’URSS par Lénine avec l’Ukraine comme partenaire égal.
Il a ensuite décrit la vague de corruption qui s’est emparée de l’Ukraine, l’absence de démocratie, et ce qu’il a appelé le coup d’État d’inspiration occidentale qui a pris le pouvoir en 2014. Il s’est plaint que les personnes au pouvoir organisent un harcèlement, une véritable terreur contre ceux qui s’opposent à ces «actions anticonstitutionnelles». Les politiciens, les journalistes, les militants sociaux sont moqués et humiliés publiquement. Les villes ukrainiennes sont frappées par une vague de pogroms et de violence, une série de meurtres ouverts et impunis. Beaucoup de gens, en regardant ce discours, se demanderont s’il ne parlait pas plutôt de la Russie elle-même !
Il termine en annonçant que la Russie reconnaît désormais officiellement l’indépendance et la souveraineté de la RPD et de la RPL. Les troupes russes ont reçu l’ordre de se rendre dans les deux républiques en tant que «gardiens de la paix». En quelques heures, il a été signalé que des chars russes étaient déjà à Donetsk.
Il s’agit d’un développement extrêmement dangereux. Un haut diplomate américain a suggéré hier que «l’arrivée de troupes russes dans la région du Donbass ne serait pas nouvelle». Mais c’est remarquablement naïf. Il est déjà clair qu’il y aura un conflit sur les frontières des «républiques indépendantes».
Ni la RPD ni la RPL n’occupent l’ensemble des anciennes régions de Donetsk et de Louhansk, des parties importantes de la région, dans le cas de Donetsk, plus de 40 % des 4 millions d’habitants et deux tiers de la zone restent sous le contrôle de Kiev. Leonid Kalashnikov, haut responsable de la Douma russe et membre du parti communiste, a appelé les troupes à prendre le contrôle de l’ensemble des deux régions. Si le rôle des «gardiens de la paix» est de confronter les troupes ukrainiennes à la ligne de front actuelle pour qu’elles s’emparent de ces régions au complet, le risque d’une escalade dramatique de la guerre est bien réel.
Reste-t-il un espoir pour la diplomatie ?
Après la conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue en fin de semaine, les négociations diplomatiques peuvent se poursuivre, mais il est presque certain qu’il est maintenant trop tard pour faire une différence. La première réaction de Macron et Scholz à l’annonce de Poutine a été d’exprimer leur déception, tout en espérant que les négociations pourraient se poursuivre.
Pendant la conférence de Munich, le président ukrainien Zelensky a exprimé un réel mécontentement face à l’inaction occidentale. Depuis le début, les États-Unis ont essayé de présenter un front uni avec l’UE contre la Russie. Ils ont dû surmonter la résistance allemande à la menace de sanctions contre le gazoduc Nord Stream 2. Lors de la rencontre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a félicité la ministre allemande des affaires étrangères et membre du parti vert Annalena Baerbock pour avoir agi de manière coordonnée et complémentaire, tandis que le chancelier Scholz a promis que l’Allemagne avait besoin
d’avions qui volent, de navires qui peuvent prendre la mer, de soldats qui sont équipés de manière optimale pour leurs tâches dangereuses – ce sont des choses qu’un pays de notre taille, qui porte une responsabilité très spéciale en Europe, doit pouvoir se permettre. Nous le devons aussi à nos alliés de l’OTAN.Mais derrière les discours sanguinaires de personnalités comme Johnston, les appels de Zelensky à lancer des «sanctions préventives» contre la Russie sont restés lettre morte.
L’attention s’est ensuite portée sur le président français Emmanuel Macron. Pendant la conférence de Munich, il a annoncé qu’il avait reçu des «assurances personnelles» du président Poutine. Ce n’est pas la première fois, bien sûr, qu’un dirigeant mondial revient d’une conférence à Munich en revendiquant de telles assurances, comme l’a fait l’ancien Premier ministre britannique Neville Chamberlain en 1938 après avoir rencontré Hitler. Le ministre britannique de la défense a parlé de «l’odeur de Munich», laissant entendre que le résultat était une répétition de l’«apaisement» d’avant la Seconde Guerre mondiale. Au moins, Macron n’a pas brandi un morceau de papier. Néanmoins, la prochaine étape prévue devait être un retour au «format Normandie» – des négociations entre la France, l’Allemagne, l’Ukraine et la Russie sur la mise en œuvre de Minsk 2 et le statut de la RPD/RPL. S’il existe aujourd’hui la moindre possibilité d’un accord diplomatique, ce sera dans ce sens.
Il sera loin d’être facile de parvenir à un accord. La Russie utilisera l’occupation effective des deux républiques pour exercer une pression énorme sur Kiev, même si elle n’empiète pas davantage sur le pays. Zelensky, quant à lui, subira d’énormes pressions pour ne pas céder. Mais l’existence même de la RPD et de la RPL empêchera l’Ukraine de rejoindre l’OTAN ou l’UE, les États qui ne peuvent garantir leurs propres frontières n’étant pas acceptés.
Souffrances en Ukraine orientale
Les personnes vivant en RPD et en RPL sont actuellement les plus touchées par la crise. Au cours du week-end, les chefs de guerre pro-russes ont annoncé la mobilisation de leurs forces de défense et l’évacuation des femmes, des enfants et des personnes âgées vers la Russie. Des dizaines de milliers de personnes ont fui pendant la nuit mais ont dû dormir dans des bus vétustes par des températures négatives. Plusieurs ont le sentiment d’avoir été poussé·es par la panique à partir inutilement – une mère de famille a raconté qu’on l’avait persuadée de partir avec ses enfants, sans même avoir le temps d’en parler à son mari.
Pendant ce temps, les politiciens russes sont cyniquement déconnectés de la réalité. Alors que la télévision russe couvre l’arrivée de bus remplis d’enfants réfugiés et de grands-mères en larmes en provenance de l’Est de l’Ukraine, des députés suggèrent qu’ils soient logés dans les appartements de ceux qui sont morts de la covid. D’autres proposent que les employé·es de l’État perdent leur 13e salaire mensuel (une prime de fin d’année destinée à compenser les mauvais salaires) pour payer cette mesure. Les patients qui se remettent de maladies graves sont renvoyés des hôpitaux et les foyers d’étudiants sont repris pour accueillir les réfugié·es.
De nombreux rapports émanant de la RPD/RPL suggèrent un grand scepticisme à l’égard des autorités. Des personnes s’adressant anonymement à la presse affirment que les attaques sont exagérées et se plaignent de ne pas pouvoir parler ouvertement par téléphone, sachant qu’elles sont écoutées. L’un d’entre eux a fait le commentaire suivant : «Les nantis, les hommes d’affaires, les banquiers et les bandits – ils ont tous fui en 2014». D’autres parlent d’une guerre attisée par les politiciens.
Les intérêts des Ukrainiennes et des Ukrainiens ordinaires sacrifiés
L’Ukraine risque d’en subir les conséquences pendant des mois, voire des années. Les entreprises étrangères ont fui et la fièvre de la guerre a entraîné une fuite de capitaux de 15 milliards de dollars, une somme qui fait oublier l’aide financière d’un peu plus de 2 milliards de dollars promise par les États-Unis et l’UE la semaine dernière.
C’est ce qu’a reflété le discours de Volodymyr Zelensky lors de la Conférence sur la sécurité de Munich ce week-end. Il a parlé de l’Ukraine comme du «bouclier de l’Europe», mais s’est plaint que depuis 2014, l’OTAN et l’UE refusent de l’accepter comme membre. Il a averti que le «format Budapest» (l’accord de 1994 en vertu duquel l’Ukraine a renoncé aux armes nucléaires en échange de garanties de sécurité) avait laissé le pays sans armes et sans sécurité. Dans ce cas, a-t-il dit, «nous serons libérés de nos obligations». Il poursuit : « Si on nous dit tous les jours qu’il y aura une guerre demain, que se passera-t-il dans le pays à part la panique ? Qu’adviendra-t-il de notre économie ? Vous nous dites : réalisez des réformes, améliorez votre gestion, luttez contre la corruption – et alors nous vous aiderons. Mais à nos frontières, il y a 150 000 soldats. Peut-être devriez-vous faire quelque chose à ce sujet avant d’exiger que nous fassions quelque chose ? »
Une nouvelle guerre froide
La situation actuelle s’inscrit dans le cadre de la polarisation et du réalignement croissants du monde entre les intérêts impérialistes américains et chinois. L’OTAN a renforcé sa présence en Europe de l’Est, avec des bases en Pologne, en Roumanie et dans les trois États baltes, qui ont tous une frontière avec l’ancienne Union soviétique. 12 000 soldats de l’OTAN soutiennent le quart de million de personnel local dans ces pays. Depuis 2016, le ministère américain de la défense a envoyé une aide militaire d’une valeur de 1,65 milliard de dollars à l’Ukraine, tandis que le Royaume-Uni a envoyé 1,7 milliard de dollars depuis 2020. D’autres puissances de l’OTAN, comme le Canada, la France et la Turquie, ainsi que les pays baltes, ont également apporté leur aide, mais à une échelle bien moindre. Pendant les tensions actuelles, l’OTAN a rapidement envoyé davantage d’unités et d’équipements en Ukraine et chez ses voisins. Il s’agit d’une conséquence réelle de la politique intransigeante de l’administration Biden, qui désigne la Chine comme le «principal concurrent» et la Russie comme «le plus dangereux».
Les efforts de Biden pour persuader l’Allemagne et la France de présenter un front uni se heurtent à leurs intérêts. En effet, si une guerre totale se développe, il y aura une crise économique et une vague massive de réfugié·es. L’Allemagne dépend de la Russie pour son approvisionnement en énergie, notamment en gaz. Des sanctions entraîneront des pénuries d’énergie et une hausse massive des prix pour les consommateurs européens. C’est en partie pour cette raison que les États-Unis ont poussé l’UE à diversifier ses fournisseurs d’énergie, afin qu’elle ne soit pas aussi dépendante de la Russie. L’Allemagne a subi des pressions pour qu’elle retire son soutien à Nord Stream 2, qui attend la certification finale pour commencer à fonctionner.
Dans ce contexte, les États-Unis ont retiré de manière inattendue leur soutien au gazoduc de la Méditerranée orientale, qui aurait permis le transit direct de l’énergie d’Israël et du Moyen-Orient vers l’Europe. Il semble que cela ait été fait pour apaiser la Turquie, car Erdogan a exprimé son soutien ouvert à l’Ukraine dans cette crise, et offre une voie détournée pour transférer des armes à Kiev. Une usine de fabrication de drones turcs a déjà été construite à Kiev.
Après avoir crié au loup pendant des semaines, la Maison Blanche a doublé la mise, prédisant des opérations sous faux drapeau par les Russes comme prétexte pour envahir. La stratégie militaire du Kremlin comprend la conduite d’une «guerre hybride» – l’utilisation combinée de la guerre électronique, de mercenaires (Moscou pourrait faire valoir l’ignorance et nier sa responsabilité de façon plausible), de l’ingérence politique et des provocations. Il n’est pas le seul à le faire. Les forces impérialistes américaines, britanniques, françaises et autres pratiquent depuis longtemps de telles méthodes. Leur utilisation, cependant, dans les coulisses, rend difficile l’analyse de qui a fait quoi, quand et où. Le dangereux mélange de bellicisme occidental et de cyberguerre russe a créé une situation qui sera bientôt impossible à contrôler.
L’impérialisme russe
Les politiques du Kremlin se sont également durcies au cours de la dernière décennie. Lorsqu’il se plaint aujourd’hui de l’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est, il oublie que pendant la première décennie du mandat de Poutine, il a «coopéré» avec l’OTAN, l’autorisant même à utiliser une base aérienne en Russie comme point de passage vers l’Afghanistan. Lors de sa première élection, Poutine a même évoqué la possibilité que la Russie rejoigne l’OTAN ! En 2019, cependant, la Russie est entrée en concurrence directe avec l’OTAN. Après avoir renforcé sa position au niveau mondial en Syrie et en Afrique centrale, elle a accru son influence en Biélorussie et au Kazakhstan. Le plus inquiétant pour l’impérialisme américain est que la coopération sino-russe s’intensifie. Pendant les jeux d’hiver de Pékin, Xi et Poutine ont signé un nouvel accord pour que la Russie augmente ses exportations d’énergie à la Chine en échange d’une opposition commune à de nouvelles «révolutions de couleur».
Les photos des longues discussions à la table de Poutine, d’abord avec Macron, puis avec le ministre des affaires étrangères Sergey Lavrov et le ministre de la défense Sergey Shoigu au bout d’une table encore plus longue, sont révélatrices de l’atmosphère dans laquelle le Kremlin prend désormais ses décisions ! Depuis le début de la pandémie, Poutine est isolé de la société et les conseils qu’il reçoit sont de plus en plus déséquilibrés. Lavrov, lors de sa rencontre, a rendu compte des discussions avec Macron et d’autres. Il a déclaré que, bien qu’aucun progrès n’ait été réalisé sur les principales demandes de la Russie, notamment le retrait de l’OTAN aux frontières de 1997, il y a eu des développements intéressants dans d’autres domaines. M. Lavrov a déclaré qu’il y avait encore de la place pour la diplomatie, mais que si Poutine le voulait, il devrait aller de l’avant avec la reconnaissance de la RPD et de la RPL.
Une décision formelle de reconnaître les deux républiques a été adoptée par la Douma d’État, à l’initiative du parti communiste réactionnaire. Alors que de nombreux députés du parti au pouvoir ont voté en faveur de la résolution, la position du Kremlin a été de prendre note de la décision, de suggérer que les députés de la Douma reflètent l’opinion publique et de laisser à Poutine le soin de décider de la date de signature de la proposition.
Malgré son caractère autoritaire, le régime doit tout de même tenir compte du fait que les Russes accepteront ou non une guerre pour l’Ukraine. 2022 n’est pas 2014, lorsqu’une vague patriotique massive a résulté de la prise de contrôle de la Crimée. Aujourd’hui, la plupart des Russes n’a pas le cœur à une guerre contre l’Ukraine : ils sont aux prises avec une baisse du niveau de vie, une inflation galopante et, pendant la pandémie, plus d’un million de «morts en trop» en Europe de l’Est. La méfiance à l’égard de tout ce que dit le gouvernement s’accroît. Des rapports font état d’une opposition à une invasion totale, même dans les rangs de l’armée et des services spéciaux.
Poutine peut être heureux d’avoir le soutien de Pékin, mais si une guerre prolongée épuise les ressources économiques, il pourrait bien devoir demander à Xi de le renflouer.
La position des socialistes sur l’Ukraine
Cette situation démontre ce que nous disions il y a 30 ans, à savoir que lorsque l’Union soviétique s’est effondrée, ni les économies, ni les droits nationaux et démocratiques des habitants de la région ne seraient protégés par la restauration du capitalisme.
Les socialistes ne doivent pas prendre parti entre les différentes puissances impérialistes. Il ne nous appartient pas de juger les affirmations des Russes selon lesquelles c’est l’armée ukrainienne qui a déclenché les tirs d’artillerie, ou encore celles de Kiev (reprises par la Maison Blanche) selon lesquelles les forces des républiques contestées sont responsables, que ce sont des opérations sous faux drapeau pour justifier une invasion russe. Il est également possible que les attaques n’aient pas été sanctionnées par le Kremlin, mais que les dirigeants réactionnaires des deux républiques les ont organisées pour pousser la Russie à intervenir.
Ce qui est important, c’est le droit de l’Ukraine d’être un État indépendant. L’Alternative socialiste internationale défend ce droit de manière inconditionnelle. Toutes les troupes impérialistes, qu’elles viennent de Russie ou de l’OTAN, doivent être retirées immédiatement d’Ukraine et d’Europe de l’Est. Pour réduire la tension, les troupes russes qui se trouvent actuellement le long de la frontière devraient retourner dans leurs casernes.
Depuis que l’Ukraine est devenue indépendante (soit depuis l’effondrement de l’Union soviétique), son élite dirigeante et les oligarques qui la soutiennent ont entraîné le pays dans le conflit entre les puissances économiques mondiales. Les ressources naturelles du pays, les banques et les grandes entreprises doivent être retirées des mains des oligarques et des multinationales et devenir propriété publique sous le contrôle démocratique des travailleuses et des travailleurs.
Dans le même temps, l’Ukraine doit respecter les droits de ses propres minorités et régions. Il convient de rappeler que ce sont les tentatives du gouvernement de l’après-Euromaïdan (mouvement qui a mené à la chute du président pro-russe Ianoukovytch en 2014) de restreindre les droits de la langue russe ainsi que la crainte d’une partie de la population face à la croissance de l’influence de l’extrême droite qui ont créé le mécontentement initial que le régime russe a ensuite exploité. Les droits linguistiques doivent être respectés. Si une minorité ou une région souhaite l’autonomie, voire la sécession, elle doit avoir le droit de le faire. Mais toute décision doit être prise sans aucune présence militaire, et lors de votes démocratiques, contrôlés par la population locale.
Nous ne pouvons faire confiance à aucune des puissances impérialistes. L’Occident a démontré à maintes reprises – en Irak, en Syrie, en Serbie, en Libye et ailleurs – qu’il n’est pas le garant de la démocratie ou de la souveraineté. Il défend les intérêts de la classe capitaliste qu’il représente. La Russie non plus n’est certainement pas un défenseur du peuple «slave» qu’elle prétend soutenir – ses propres actions contre le peuple russe lui-même le démontrent. L’État russe agit pour soutenir les intérêts de l’oligarchie russe, tout comme l’Occident. Ses «troupes de maintien de la paix» ne sont pas en Ukraine pour «maintenir la paix» mais pour défendre les intérêts économiques et politiques de l’élite dirigeante russe.
Les socialistes doivent s’exprimer et appeler à un mouvement de masse anti-guerre et anti-impérialiste. Ce n’est peut-être pas la tâche la plus facile, car beaucoup de militant·es qui se seraient opposé·es aux attaques impérialistes contre des pays comme l’Irak sont maintenant divisé·es. Certains soutiennent la Russie et la Chine dans leur opposition à l’impérialisme américain, d’autres s’opposent à l’agression russe et soutiennent pleinement l’Ukraine et ses bailleurs de fonds impérialistes.
Cependant, en tant que socialistes, nous ne pouvons pas soutenir l’une ou l’autre des puissances impérialistes qui se disputent le sort de l’Ukraine. Son destin en tant que pays indépendant, libre de toute intervention extérieure, ne peut être confié à l’élite dirigeante du capital occidental ou russe. Seule une lutte unie de la classe ouvrière contre les bellicistes dans chaque pays peut créer la situation dans laquelle l’Ukraine peut être véritablement indépendante.
La classe ouvrière ukrainienne devrait jouer un rôle majeur à cet égard. Si elle s’organise pour défendre les foyers et les emplois contre les attaques militaires, si elle veille à ce que la lutte ne soit pas détournée vers des lignes nationalistes ou pro-capitalistes en menant une lutte unie de tous les travailleurs d’Ukraine, indépendamment de leur nationalité ou de leur langue, elle pourrait lancer un puissant appel à la solidarité aux travailleuses et aux travailleurs de Russie, d’Europe et des Etats-Unis. Ainsi unis, la classe ouvrière et la jeunesse peuvent mettre fin au cauchemar de la guerre, garantir le droit à l’autodétermination et ouvrir la voie à une société nouvelle, démocratique et socialiste.
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Non à la guerre en Ukraine ! L’unité des travailleurs est la clé

Les représentants politiques de la classe capitaliste sont incapables de trouver une issue à la crise sanitaire. Mais pour faire la guerre, pas de souci. Le gouvernement fédéral veut dégager 14 milliards d’euros pour la Défense… et quasiment rien pour nos factures d’énergie ou nos soins de santé. Entretemps, 100.000 soldats russes sont massés près de la frontière ukrainienne et le Pentagone prévoit d’envoyer jusqu’à 50.000 soldats en Europe de l’Est.
- Tract en version PDF
- Dossier de Социалистическая Aльтернатива (Sotsialisticheskaya Alternativa, ASI-Russie) “Nouvelle guerre froide : non à la guerre en Ukraine!”
Tout en expliquant ne pas vouloir de conflit, les deux systèmes impérialistes – les États-Unis à travers l’OTAN et la Russie – s’affrontent, attisant la folie guerrière à un niveau tel qu’un léger accident pourrait déclencher une guerre à l’ampleur inédite en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
L’enjeu impérialiste
Le régime de Poutine menace d’une réponse militaire non précisée à moins qu’il ne soit garanti que l’OTAN ne s’étende plus davantage à travers l’Europe de l’Est et retire ses armes aux frontières russes. Les États-Unis, pour leur part, insistent avec arrogance sur le fait que tout pays qui le souhaite peut adhérer à l’OTAN.
Le monde est de plus en plus polarisé entre intérêts impérialistes divergents. Biden considère la Chine comme le principal concurrent des États-Unis, mais qualifie en même temps la Russie de « plus grande menace » en raison de la manière dont celle-ci utilise sa puissance militaire. Elle a perturbé les projets américains pour l’éviction de Bachar el-Assad en Syrie et est intervenue en Libye. Les intérêts occidentaux ont reculé en République centrafricaine et au Mali, où sont arrivés des mercenaires russes. En 2014, le Kremlin a exploité les événements autour de « l’Euromaïdan » pour prendre le contrôle de la Crimée et consolider sa position à l’Est de l’Ukraine. Depuis lors, malgré les cessez-le-feu négociés à Minsk, le conflit militaire s’est poursuivi et a fait 14.000 victimes.
Le peuple ukrainien, lui, est traité comme un pion. Son destin est décidé par des forces qui échappent à son contrôle. Ce sont les travailleurs et les pauvres d’Ukraine et des pays impérialistes qui perdront leurs vies et leurs foyers en raison de cette guerre inutile, tandis qu’une nouvelle vague de réfugiés sera traitée de manière inhumaine. Les menaces de sanctions n’ont pour effet que d’augmenter les tensions et les factures d’énergie tout en faisant craindre des troubles de livraison de gaz.
Stopper la guerre
Le conflit entre puissances impérialistes aux intérêts divergents crée les conditions du développement des guerres. Aucune confiance ne doit donc leur être accordée pour négocier. Les Nations Unies, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ou encore l’OTAN n’ont jamais été capables de stopper une guerre sans en faire payer le prix aux travailleurs et aux pauvres. Les forces et le matériel militaire de toutes les puissances impérialistes – celles de la Russie et celles de l’OTAN – doivent être retirés d’Ukraine et d’Europe de l’Est.
L’Ukraine a le droit de se défendre, mais dans quel intérêt et de quelle manière ? L’élite ukrainienne appelle à « l’unité nationale ». Concrètement, cela signifie la défense du règne des oligarques qui, depuis l’indépendance, ont laissé l’Ukraine sauter d’une crise à l’autre. Alors qu’ils n’ont cessé de s’enrichir, le revenu moyen des ménages est désormais inférieur de 20 % à ce qu’il était en 2013.
Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous
Un puissant mouvement anti-guerre reposant sur l’unité de la classe ouvrière dans la défense de ses foyers et de ses lieux de travail pourrait lancer un appel de classe retentissant aux travailleurs en Ukraine, en Russie, aux États-Unis et ailleurs pour favoriser leur entrée en action afin de stopper la guerre. Cela exige un mouvement international, des manifestations de masse et même des grèves aux États-Unis, en Russie et dans les pays de l’OTAN. Le mouvement ouvrier a un rôle crucial à jouer pour s’opposer à quiconque tenterait de déclencher une guerre entre les peuples, non pas par pacifisme abstrait, mais dans le cadre du combat pour le renversement du système qui cause la guerre : le capitalisme.
- Non à la guerre en Ukraine !
- Impérialismes russe et américain : bas les pattes de l’Ukraine !
- Belgique hors de l’OTAN, l’OTAN hors de Belgique.
- Pas de militarisation de l’énergie : nationalisation du secteur sous contrôle ouvrier, dans toute la chaîne d’approvisionnement.
- Pour la construction d’un mouvement anti-guerre qui force les gouvernements impérialistes à :
◊ Stopper la course à l’armement et le transport de troupes et de matériel militaire vers l’Europe de l’Est.
◊ Stopper la surenchère de provocations et de menaces. - Pour un avenir débarrassé des guerres, du terrorisme, de l’oppression et de l’exploitation : un avenir socialiste démocratique.
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Nouvelle guerre froide : Non à la guerre en Ukraine !

L’unité des travailleurs est essentielle pour lutter contre la menace de guerre
Des tremblements de terre politiques et économiques se préparent à l’échelle mondiale alors que les forces de l’impérialisme américain et chinois passent d’un état de coopération à une concurrence ouverte. Alors que ces forces entrent en collision, l’onde de choc se propage dans le monde entier et désorganise, perturbe et réorganise les relations entre différentes puissances impérialistes. L’épicentre de cette perturbation est actuellement l’Ukraine.
Par Социалистическая Aльтернатива (Sotsialisticheskaya Alternativa, ASI-Russie)
Bien que les deux parties affirment ne pas vouloir de conflit, les impérialismes américain et russe s’affrontent, attisant la folie guerrière à un tel point que la loi des conséquences involontaires pourrait déclencher une guerre chaude, dont l’ampleur potentielle n’aura pas été vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Au milieu de tout cela, le peuple ukrainien est traité comme un pion, son destin étant décidé par des forces indépendantes de sa volonté. Ce sont les travailleurs et les pauvres d’Ukraine, et des pays impérialistes qui perdront leurs vies, leurs maisons et leurs moyens de subsistance en conséquence de cette guerre inutile.
Alternative Socialiste Internationale (ASI, dont le PSL/LSP est la section belge) s’oppose totalement aux plans des vautours impérialistes et appelle à la construction d’un mouvement anti-guerre de masse reposant sur la solidarité entre travailleurs d’Ukraine, des Etats-Unis et de Russie.
En Ukraine, les bellicistes soulignent que l’invasion est imminente. L’ancien chef des forces spéciales ukrainiennes, Sergey Krivonos, a affirmé à la télévision centrale que des plans sont en cours d’élaboration pour faire venir des milliers de parachutistes russes dans les aéroports autour de Kiev afin de s’emparer de la ville. L’ancien président Porochenko estime que l’attaque consistera en des missiles balistiques “Iskander” tirés depuis la mer et au-delà de la frontière pour détruire les principaux actifs ukrainiens. Le président Zelensky voit les envahisseurs faire entrer les chars par Kharkov. Des témoins oculaires rapportent que les aéroports de fret ukrainiens connaissent une augmentation massive des vols, tandis que dans les parcs des villes, des forces volontaires sont entraînées au combat.
Ces derniers jours, peut-être pour calmer la population, des voix plus sobres se sont élevées à Kiev. Après l’évacuation largement médiatisée des familles des diplomates américains, britanniques et australiens de Kiev, une réunion d’urgence du “Conseil pour la sécurité nationale et la défense” de l’Ukraine a été convoquée. Lors du point de presse, son secrétaire Aleksey Danilov a déclaré : « Nous ne voyons aujourd’hui aucune base pour confirmer une invasion à grande échelle. Il est impossible que cela se produise, même physiquement (…) Aujourd’hui, nous pouvons voir (aux frontières de l’Ukraine) environ 109.000 soldats. Nous voyons environ 10 à 11 000 “convois”, des forces d’escorte. Si nos partenaires pensent qu’il s’agit d’une forte augmentation du nombre de troupes, pour nous, ce n’est pas nouveau. Une augmentation de 2 à 3.000 hommes n’est pas critique. »
Sur ICTV également, le ministre ukrainien de la Défense, Aleksey Reznikov, a déclaré : « Aujourd’hui, à l’heure actuelle, pas une seule force de frappe des forces armées de la Fédération de Russie n’a été formée, ce qui confirme qu’elles ne préparent pas une attaque imminente. » Il a comparé la situation à celle d’avril dernier, ajoutant qu’il n’accordait pas une grande importance à l’idée qu’une attaque aurait lieu le 20 février.
Non à l’intervention impérialiste
Les puissances étrangères continuent cependant à faire monter la température. À l’ouest, les États baltes, la Grande-Bretagne, le Canada et la Turquie envoient des armes et de petits contingents de troupes « pour s’entraîner ». Le Pentagone, selon le New York Times, a préparé des plans pour envoyer jusqu’à 50.000 soldats en Europe de l’Est, et on rapporte aujourd’hui que 8.500 d’entre eux ont été placés en « alerte renforcée ».
En Russie, les informations sont plus difficiles à obtenir. Il est clair qu’il y a une augmentation significative des activités militaires. L’arsenal est déplacé, des exercices conjoints Russie-Biélorussie avec utilisation d’artillerie réelle sont menés à 40 kilomètres de la frontière ukrainienne. Des exercices navals impliquant 140 navires ont été annoncés dans toutes les mers entourant la Russie, du Pacifique à la mer Noire. Des navires des puissances occidentales et de la Russie se déplacent en Méditerranée et en mer Noire.
Les pourparlers se poursuivent sous toutes sortes de formes, mais aucune avancée n’a encore été réalisée.
Les scénarios possibles
Une invasion complète de l’Ukraine par la Russie est l’option la moins probable dans cette situation. Cela n’empêche pas les bellicistes occidentaux de parler comme si elle était déjà imminente. L’Institute for the Study of War, qui se présente comme une « organisation de recherche sur les politiques publiques, non partisane et à but non lucratif », engagée à aider les États-Unis à atteindre leurs objectifs stratégiques, a largement diffusé sa carte des « plans potentiels pour une invasion complète de l’Ukraine ».
Selon cette carte, la Russie attaquera à partir de la Crimée et des républiques non reconnues de Donetsk et de Lugansk (DNR/LNR) pour détourner les forces ukrainiennes. Des forces mécanisées descendront ensuite du nord-est pour encercler Kiev, Dnipro et Kharkiv – 3 villes dont la population combinée dépasse les 5 millions d’habitants. Ensuite, des forces navales ou des troupes envoyées par avion dans la république moldave sécessionniste de Transnistrie envahiront l’ouest pour s’emparer d’Odessa et de la côte de la mer Noire. D’autres troupes entreront par la Biélorussie au nord, traversant au passage les terrains radioactifs autour de Tchernobyl.
Si la Russie devait envahir de cette manière, le coût humanitaire serait impensable. Avec une population deux fois plus nombreuse que celle de l’ex-Yougoslavie, qui a éclaté en guerres interethniques au début des années 1990, faisant 140.000 morts et 4 millions de réfugiés, une occupation de l’Ukraine pourrait faire des centaines de milliers de morts et plusieurs millions de réfugiés. Selon toute probabilité, un tel conflit entraînerait les États baltes voisins et la Pologne.
S’agit-il d’un scénario probable ?
Compte tenu de la volatilité de la région, avec les récents soulèvements populaires au Bélarus et au Kazakhstan, la guerre au Nagorny-Karabakh et les manifestations de masse en Russie, en Géorgie et en Arménie, la politique étrangère agressive de l’administration Biden et les politiques autoritaires et expansionnistes du Kremlin, rien ne peut être exclu. Mais comme le soulignait Clausewitz, « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Ce qui déterminera les événements sera l’issue de la lutte politique entre les puissances impérialistes, ainsi qu’au sein des pays impliqués.
Le conflit porte peut-être sur le sort de l’Ukraine, mais le fait qu’au cours de la première semaine de négociations, qui a débuté par un dîner entre diplomates américains et russes à Genève, l’Ukraine n’ait même pas été invitée témoigne du cynisme extrême des puissances impérialistes. Bien que nous soyons maintenant dans la troisième semaine, aucune solution n’a été trouvée jusqu’à présent au cours de ces pourparlers.
La Fédération de Russie s’en tient à ce qu’elle appelle ses lignes rouges : L’OTAN ne doit pas s’étendre davantage en Europe de l’Est, l’Ukraine et la Géorgie ne doivent jamais être autorisées à y adhérer, et les armes de l’OTAN ne doivent pas se trouver aux frontières russes.
Les États-Unis, pour leur part, insistent avec arrogance sur le fait que tout pays qui le souhaite peut adhérer. Depuis lors, plusieurs pays de l’OTAN ont envoyé des armes à l’Ukraine, tandis que l’OTAN elle-même envoie des navires et des avions de chasse supplémentaires en Europe orientale. L’Ukraine est sacrifiée pour être le théâtre d’une guerre par procuration entre les puissances impérialistes.
L’ensemble du processus s’accompagne de dangereuses manœuvres. L’impérialisme occidental, fidèlement rapporté par les médias grand public, ne connaît aucune limite. Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, avant sa rencontre avec le ministre russe des affaires étrangères Sergei Lavrov, a déclaré que la Russie avait derrière elle une « longue histoire de comportement agressif ». « Cela inclut l’attaque de la Géorgie en 2008 et l’annexion de la Crimée en 2014, ainsi que « l’entraînement, l’armement et la direction » d’une rébellion séparatiste dans l’est de l’Ukraine. » Il a omis, bien sûr, de mentionner qu’au cours des deux dernières décennies, les États-Unis ont bombardé Belgrade, envahi l’Afghanistan et l’Irak, mené de nombreuses interventions en Syrie, en Libye, au Yémen et dans de nombreuses régions d’Afrique.
Bien que relativement discrets par rapport à la propagande extrême menée lors de la prise de contrôle de la Crimée il y a huit ans, les médias russes diffusent régulièrement des informations sur les provocations prévues par les forces ukrainiennes contre la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk (RPD/RPL). Fidèle à ses habitudes, c’est le parti communiste qui chante le plus fort dans le chœur des bellicistes. Il appelle la Douma d’État à reconnaître officiellement la RPD/RPL. Même le porte-parole du Kremlin prévient que cela serait perçu comme l’agression contre laquelle l’Occident met en garde. Joe Biden a affirmé que toute tentative des forces russes de franchir la frontière serait considérée comme « une invasion ». En retardant l’adoption de la proposition, les personnalités pro-Kremlin suggèrent que cela compromet leur « plan B ». Ils ne précisent pas en quoi consiste le « plan A », mais il est suggéré que cela signifie l’aboutissement des négociations.
L’expansion de l’OTAN
Poutine fait souvent référence à la promesse faite par l’impérialisme américain à l’ancien dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev en février 1990 selon laquelle si l’armée soviétique se retirait d’Allemagne de l’Est, et qu’elle devenait de facto membre de l’OTAN dans la nouvelle Allemagne unifiée, l’OTAN ne s’étendrait pas davantage à l’Est. Depuis lors, l’OTAN s’est étendue de plus de 800 km jusqu’à la frontière entre la Russie et les États baltes. Partie intégrante de la Russie, l’enclave de Kaliningrad est entourée sur toutes ses frontières terrestres par des États de l’OTAN. En 2008, lors du sommet de Bucarest, l’OTAN a conclu une alliance avec la Géorgie et l’Ukraine, dans le but de les faire adhérer à terme. En cas d’adhésion, les forces de l’OTAN s’étendraient sur plus de 4.000 kilomètres de frontière russe.
Désormais annuels, les exercices « Défendre l’Europe » ont impliqué 28.000 soldats en 2021. Ils ont été mobilisés, selon le chef de l’armée américaine en Europe et en Afrique, le général Chris Cavoli « vers des zones opérationnelles dans toute l’Europe, notamment en Allemagne, en Pologne, dans les États baltes, dans d’autres pays d’Europe de l’Est, dans les pays nordiques et en Géorgie. » Ces exercices ne sont qu’une partie des activités des puissances occidentales dans la région. 5.000 soldats, 32 navires et 40 avions ont participé aux exercices des manœuvres maritimes « Sea Breeze » de l’été dernier en mer Noire.
Cela fait partie de la polarisation continue du monde entre les différents intérêts impérialistes. L’administration Biden considère certainement la Chine comme le principal concurrent des États-Unis, et elle a construit avec détermination des alliances pour la défier au niveau mondial. Dans le même temps, elle considère la Russie comme « la plus grande menace », en raison de la manière dont elle utilise sa puissance militaire pour interférer avec l’expansion des intérêts américains et pour contribuer à diviser les alliés des États-Unis. La Russie a perturbé les plans américains visant à évincer Assad en Syrie et est intervenue en Libye. Les intérêts occidentaux ont été réduits en République centrafricaine et au Mali, où sont arrivés des mercenaires russes.
L’Union européenne mise sur la touche
Ces événements ont marqué une nouvelle étape dans la minimisation par les États-Unis de leurs relations avec l’Europe. La mise en place de l’alliance AUKUS et le départ soudain de l’Afghanistan avaient, comme l’a observé un commentateur, confirmé que : « les Chinois de la Maison Blanche conduisent le bus. Et ils ne considèrent pas l’UE en tant que partenaire utile sur les sujets qui comptent pour les États-Unis ». L’UE n’a pas non plus été invitée aux discussions de la semaine dernière, sauf en tant que membre individuel de l’OTAN.
Cette situation reflète en partie les divisions au sein même de l’UE. Le Kremlin cultive depuis plusieurs années le soutien des forces populistes de droite, notamment en Italie, en France et en Autriche, tandis qu’après la crise de 2014, lorsque la Russie s’est emparée de la Crimée et que le RPD/RPL a été créé, la France et l’Allemagne ont rompu les rangs, intervenant pour tenter de résoudre la question dans ce qui est devenu le Format Normandie, responsable des pourparlers de Minsk. La Pologne aussi, déjà en conflit avec Bruxelles sur la question de savoir si les lois de l’UE l’emportent sur la constitution polonaise, est mécontente que l’UE n’agisse pas fermement sur ce conflit.
Les États-Unis souhaitent une approche unifiée avec l’UE pour appliquer les sanctions. Il semble que les sanctions contre des personnalités du régime russe, y compris, semble-t-il, contre Poutine lui-même, soient acceptées. Mais la France vient de prendre la présidence de l’UE pour six mois. Macron a explicitement déclaré que les sanctions contre la Russie ne fonctionnent pas, tandis que d’autres membres de l’UE ne sont pas d’accord sur ce qui devrait déclencher les sanctions. La sanction qui semble être largement acceptée consiste à couper l’économie russe du système d’information bancaire SWIFT.
Le sort du gazoduc Nord Stream 2 est plus controversé. La production de gaz naturel en provenance de Grande-Bretagne, des Pays-Bas et de Norvège devrait diminuer dans les années à venir, au moment même où la demande devrait exploser, car le gaz naturel est considéré comme une source d’énergie plus propre. Pour remédier à cette situation, la Russie a construit le nouveau gazoduc Nord Stream 2 sous la mer Baltique, qui permettra d’acheminer le gaz directement vers l’Allemagne. Il présente l’avantage supplémentaire de priver l’Ukraine des revenus qu’elle tire du transit du gaz.
Le gazoduc a été rempli à la fin du mois de décembre et attend maintenant que les autorités allemandes délivrent la certification finale pour pouvoir commencer à fonctionner. Un quart du pétrole et plus de 40 % du gaz de l’UE proviennent actuellement de Russie. On estime que Nord Stream 2 a la capacité de répondre à lui seul à un tiers des futurs besoins en gaz de l’UE. Des sanctions contre Nord Stream 2 signifieraient un sérieux affaiblissement de l’économie, en particulier lorsque les prix de l’énergie s’envolent.
C’est pourquoi les États-Unis se sont heurtés à une résistance pour bloquer Nord Stream 2. La nouvelle coalition fédérale allemande a connu sa première crise majeure sur cette question. Le chancelier Olaf Scholz, du parti social-démocrate, s’oppose publiquement aux sanctions contre Nord Stream 2, ce qui reflète les intérêts de l’élite économique allemande. Merkel a soutenu le projet, et l’ancien chancelier Gerhard Schröder est président du comité des actionnaires de Nord Stream 2. La ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock, membre des Verts, appelle toutefois à des sanctions. Elle explique qu’il s’agit d’une “politique étrangère féministe”, bien que si des sanctions et une guerre résultent de cette politique, ce serait un revers majeur pour les femmes en Ukraine et en Russie.
La Turquie, également membre de l’OTAN, est un autre acteur de ce dangereux jeu de guerre. Erdogan a suggéré que le pays pourrait servir d’hôte aux négociations entre la Russie et l’Ukraine, manquant manifestement l’ironie lorsqu’il a critiqué la Russie en disant « Vous ne pouvez pas gérer ces choses en disant ‘je vais envahir quelque chose, je vais le prendre’. »
La Turquie et la Russie ont une relation que l’on peut décrire comme une rivalité coopérative, parfois d’accord lorsqu’il s’agit de critiquer les États-Unis, d’autres fois en conflit comme en Syrie. À la suite de la récente guerre du Haut-Karabakh, où l’Azerbaïdjan a bénéficié d’un soutien important de la part de la Turquie, Erdogan a publiquement soutenu la revendication de Kiev sur la Crimée. Une usine proche de Kiev a commencé à produire des drones de conception turque, qui ont déjà été utilisés dans l’est de l’Ukraine.
Les relations américano-turques sont au plus bas. L’achat par Erdogan de missiles à la Russie en 2019 a entraîné des sanctions de la part des États-Unis. Maintenant, le pays veut acheter des chasseurs américains pour moderniser son armée de l’air. Une partie de l’élite américaine considère toujours Ankara comme un allié potentiel contre la Russie, donc ferme les yeux sur le danger d’un effondrement de l’économie turque, la croissance de l’autoritarisme, et les désaccords précédents par peur de couper complètement les relations, et de laisser la Turquie beaucoup plus proche du pivot Chine-Russie en développement.
Les plans du Kremlin
Conscient que le développement de la guerre froide va, selon toute vraisemblance, pousser le Kremlin à se rapprocher du régime chinois, Biden a intérêt à affaiblir une force militaire aussi importante avant qu’une telle union ne gagne trop de terrain. Les affirmations de la Maison Blanche selon lesquelles cette démarche s’inscrit dans le cadre de sa politique de « promotion d’une action collective mondiale pour stimuler la démocratie » ont été balayées par la précipitation à soutenir la répression brutale du régime du Kazakhstan.
Dans un essai extraordinaire publié par le Kremlin à la mi-2019, Poutine justifie sa conviction que l’Ukraine fait partie de la Russie en se référant, entre autres, à : « Le choix spirituel fait par saint Vladimir… le trône de Kiev [qui] occupait une position dominante dans la Rus antique… la coutume depuis la fin du IXe siècle… le conte des années révolues… les paroles d’Oleg le prophète à propos de Kiev : “Qu’elle soit la mère de toutes les villes russes”. »
À l’approche des temps modernes, il s’en prend aux bolcheviks de Lénine pour avoir permis au peuple ukrainien de décider lui-même de son destin, en disant : « Le droit pour les républiques de faire librement sécession de l’Union a été inclus dans le texte de la Déclaration sur la création de l’Union des républiques socialistes soviétiques et, par la suite, dans la Constitution de l’URSS de 1924. Ce faisant, les auteurs ont planté dans les fondations de notre État la bombe à retardement la plus dangereuse, qui a explosé dès que le mécanisme de sécurité fourni par le rôle dirigeant du PCUS a disparu… »
Ces citations à elles seules réfutent toute suggestion selon laquelle Poutine veut restaurer l’URSS ou, comme le font certaines personnalités de gauche, justifier le soutien à la Russie en tant que régime plus progressiste. Il s’inspire de l’ancien empire russe, évoquant systématiquement une union, selon l’ancienne terminologie tsariste, du Bélarus, de la Malorussie (Ukraine du Nord et de l’Ouest), de la Novorossiya (Ukraine du Sud jusqu’à la Moldavie) et de la Crimée.
Ni dans cet article ni dans la “Stratégie de sécurité nationale” récemment publiée, le Kremlin ne propose une intervention directe pour prendre l’une de ces régions. Mais les commentateurs parlent de “cygnes noirs” – des événements inattendus qui offrent des opportunités d’action. En 2014, le Kremlin a profité des événements autour de l’”Euromaïdan” pour s’emparer de la Crimée et établir une position dans l’est de l’Ukraine. Depuis lors, le conflit militaire s’est poursuivi, faisant jusqu’à présent 14.000 victimes.
Au cours des deux dernières années, d’autres “cygnes noirs” sont apparus. Le soulèvement en Biélorussie, dont la défaite a été provoquée par l’opposition libérale, a ramené le régime bélarusse dans l’orbite du Kremlin. La guerre du Haut-Karabakh a vu la Turquie renforcer son influence en Azerbaïdjan aux dépens de la Russie, mais a permis au Kremlin de renforcer son emprise sur l’Arménie. Le soulèvement au Kazakhstan a vu le régime de ce pays s’éloigner de la stratégie “multi-vecteurs” de Nazarbayev, qui consistait à trouver un équilibre entre la Russie, la Chine et les États-Unis, Tokayev étant devenu dépendant des forces russes pour soutenir son régime.
Mais la nouvelle “stratégie de sécurité nationale” publiée l’année dernière est beaucoup plus affirmative. Selon le directeur du Carnegie Moscow Center, la précédente stratégie écrite en 2015 portait sur une autre époque : « À l’époque, les relations avec l’Occident s’étaient déjà fortement détériorées en raison de la crise ukrainienne, mais étaient encore considérées comme récupérables ; une grande partie de la phraséologie libérale héritée des années 1990 était encore utilisée ; et le monde semblait encore plus ou moins unifié. La version actuelle […] est un manifeste pour une ère différente : une ère définie par la confrontation de plus en plus intense avec les États-Unis et leurs alliés ; un retour aux valeurs russes traditionnelles. »
Il est sans doute vrai que le ton et les ultimatums du Kremlin sont devenus beaucoup plus agressifs.
Comment cela va-t-il se concrétiser dans la pratique ? Le “plan A” semble bien être la poursuite des négociations pour limiter l’expansion de l’OTAN vers l’est. Mais la Maison Blanche ne semble pas prête à accepter un compromis sur cette question. Plus le Kremlin fait monter les enchères avec ses mouvements de troupes et ses jeux de guerre pour faire pression sur l’Ouest, plus l’Ouest déplace des armes vers l’Ukraine et brandit la menace d’une guerre, plus le risque d’une escalade accidentelle est grand. Le “plan B” semble se rapprocher alors que les négociations sont au point mort. Une décision officielle du Parlement et du gouvernement russes de reconnaître les deux républiques confirmerait le processus, par lequel la Russie a commencé à délivrer en masse des passeports russes et à ouvrir les relations commerciales. Les troupes russes se déplaceraient alors dans les deux républiques.
Une nouvelle escalade, si des missiles de l’OTAN sont placés en Ukraine, pourrait entraîner le déplacement des missiles russes vers d’autres pays. Cuba et le Venezuela ont été mentionnés. Une autre option serait une intervention rapide dans la partie principale du pays pour porter un coup à l’armée ukrainienne, avant de se retirer comme cela s’est produit lors de la guerre de 2008 contre la Géorgie, lorsque l’armée russe a attaqué la ville de Gori.
Une escalade plus profonde en Ukraine semble problématique. En 2014, d’âpres combats ont empêché le camp pro-russe d’ouvrir le corridor dans le sud autour de la ville de Marioupol. Poutine a dû renoncer à son objectif initial de s’emparer de l’ensemble de la “Novorossiya”. Aujourd’hui, l’armée ukrainienne est mieux entraînée et équipée, mais surtout, la population ukrainienne considérera une telle attaque comme une invasion et y résistera avec acharnement.
Contrairement à cette époque, où une frénésie patriotique après la prise de contrôle de la Crimée s’est installée, la population russe est aujourd’hui beaucoup plus méfiante à l’égard du Kremlin. L’Omicron a frappé la population largement non vaccinée, tandis que la situation économique et le renforcement spectaculaire de l’autoritarisme ont sapé le soutien au régime. Un sondage d’opinion publié cette semaine suggère que la majorité des Russes ne croit toujours pas qu’il y aura une guerre, bien qu’une majorité la craigne, considérant la situation non pas comme un conflit avec l’Ukraine mais avec l’Amérique, dans laquelle : « L’Ukraine – est un simple pion dans le jeu plus vaste joué par l’Amérique… c’est simplement le jeu des États-Unis, avec les pays occidentaux et l’OTAN, qui utilisent l’Ukraine pour faire pression sur la Russie. »
De manière très significative, les grandes entreprises ont elles aussi peu d’enthousiasme pour une guerre. Le récent krach boursier a fait disparaître 150 milliards de dollars de la valeur des grandes entreprises et le rouble est en chute libre. Pour l’instant, les entreprises ne s’expriment pas. Comme le fait remarquer un banquier d’affaires anonyme : « Si personne ne veut la guerre, ne vous attendez pas à ce que les grandes entreprises se lèvent et expriment leur opposition. Nous sommes devenus des passagers. Les milieux d’affaires ne discuteront de la guerre que dans leurs cuisines. Tout le monde restera silencieux en public. »
Ce commentaire expose cependant un réel danger. Depuis 2014, la base sociale de l’autocratie du Kremlin est devenue de plus en plus étroite. Poutine est de plus en plus isolé, ce qui est aggravé par sa peur du coronavirus. Les visiteurs de sa résidence doivent se mettre en quarantaine pendant deux semaines, avant de passer par un “tunnel de désinfection” spécialement fabriqué. La situation est donc très dangereuse, car il n’y a plus de contrôles, plus de mises en garde pour empêcher le Kremlin de prendre des décisions désastreuses.
L’Ukraine en crise
En apparence, et surtout si l’on écoute les discours du président Volodymyr Zelensky, 2021 a été une bonne année pour l’Ukraine. Le PIB a chuté en 2020 de 4 % pendant la pandémie, il a réussi à croître en 2021 de 3,1 %. Le ministère de l’économie, et Zelensky lui-même, se vantent que le PIB du pays a désormais atteint son plus haut niveau post-soviétique, soit 200 milliards de dollars. Pourtant, cette affirmation ne tient pas la route : selon le même ministère, le PIB en 2020 n’était que de 156 milliards de dollars. En 2008, il était de 180 $ et en 2013 de 183 $.
D’autres statistiques démontrent la situation réelle. Les revenus des ménages sont inférieurs de 20% à ce qu’ils étaient en 2013, l’inflation est officiellement d’environ 10% et le chômage a atteint 9,7%. Lorsqu’il a été élu, Zelensky a promis que le PIB augmenterait de 40% en 5 ans, qu’il ferait pression pour que l’Ukraine rejoigne l’UE et qu’il résoudrait le conflit dans l’Est de l’Ukraine par des négociations avec la Russie. Il a échoué sur tous ces points.
Compte tenu de ces échecs, la cote de Zelensky dans les sondages est en baisse. L’année dernière, dans un élan populiste, il a présenté une loi censée restreindre les droits des oligarques à posséder des entreprises et des médias, ainsi qu’une campagne contre la “corruption”. La première de ces mesures a été considérée comme une attaque contre les oligarques pro-russes, ce qui lui a valu les foudres du Kremlin. Quant aux mesures contre la corruption, comme l’a exprimé un commentateur : « Jusqu’à présent, aucun des principaux corrompus n’a souffert, et il y a une raison concrète à cela : la coopération avec le bureau du président ! »
Alors que les critiques se multipliaient au sein de ses propres cercles, Zelensky a désormais pris des mesures contre certains de ses anciens partisans, limogeant par exemple le président de la Rada, le Parlement, Dmytro Razumkov.
Ces mesures n’ont pas contribué à rétablir sa cote. De fortes augmentations des prix des services publics se profilent également à l’horizon. Selon un sondage d’opinion réalisé en décembre, 67 % de la population estime que le pays va dans la mauvaise direction, contre 36 % il y a deux ans. Seuls 5 % des personnes interrogées ont déclaré que leur situation matérielle s’était améliorée au cours des deux dernières années, tandis que le conflit militaire, la hausse des prix des services publics et les bas salaires ont tous été cités par plus de 60 % des personnes interrogées comme les « problèmes les plus graves ».
C’est dans ce contexte que l’atmosphère guerrière est attisée en Ukraine. En décembre, Zelensky a annoncé qu’un coup d’État pro-russe était sur le point d’avoir lieu. Ce complot semble avoir été régurgité par le Foreign Office de Boris Johnson, qui prétend cette semaine avoir découvert un complot visant à installer un gouvernement pro-russe à Kiev. Cette suggestion est accueillie avec dérision à Kiev. Un ancien porte-parole du ministère ukrainien des affaires étrangères a réagi en déclarant : « Ce scénario ne fonctionnerait que si une véritable invasion prenait le contrôle de Kiev. La ville serait décimée, ses terres brûlées, et un million de personnes fuiraient. Nous avons 100 000 personnes dans la capitale avec des armes, qui se battront… Il y a peut-être un plan, mais ce sont des conneries. »
Cette dernière affirmation du gouvernement de Johnson donne une autre tournure aux divisions en Europe. Essayant sans doute de détourner l’attention de la crise existentielle à laquelle son gouvernement est confronté, Johnson a déclaré que le ministère britannique des Affaires étrangères intensifiait son activité pour faire respecter l’unité de l’OTAN derrière la direction des États-Unis, tout en critiquant la suggestion de Macron selon laquelle il est maintenant temps d’établir une structure de défense européenne, et le flottement du gouvernement allemand sur les sanctions de Nord Stream 2.
En Ukraine, le nombre de personnes qui pensent désormais que la guerre peut être évitée par des négociations est en baisse. Une minorité pense que la Russie prépare une invasion à grande échelle. De l’avis de beaucoup, il est beaucoup plus probable que la Russie fasse une incursion et intensifie son activité militaire dans la zone de conflit entre les républiques non reconnues et le reste de l’Ukraine. Un sondage d’opinion réalisé à la mi-décembre a montré qu’une majorité de personnes vivant en Ukraine résisteraient à une invasion de la Russie, 33 % d’entre elles prenant les armes pour le faire.
La situation est rendue plus complexe par le sentiment d’avoir été abandonnés par l’Occident. Il y a un sentiment croissant d’anti-OTAN avec des commentaires tels que : « C’est comme s’ils nous avaient abandonnés. Seuls la Grande-Bretagne, les pays baltes et la Pologne se portent bien. Et aux États-Unis, le président est mauvais, une loque, mais il y a aussi des gens bien là-bas, qui devraient se lever pour s’opposer au président. »
La polarisation mondiale qui se développe modifie les relations entre la Russie et la Chine. Il n’y a pas si longtemps, elles se disputaient l’influence. Aujourd’hui, elles se rapprochent – toutes deux ont des régimes autoritaires de droite, ont peur de leurs propres peuples et utilisent l’agression américaine dans la guerre froide qui se développe actuellement pour présenter leurs pays comme étant confrontés à une attaque étrangère. Ils ont tous deux soutenu le coup d’État au Myanmar, Lukashenko au Belarus et le régime du Kazakhstan.
La Chine considère la situation en Ukraine comme un autre exemple d’agression américaine. Il y a toutefois une nuance importante. Elle a demandé à Poutine de ne pas déclencher de guerre en Ukraine avant la fin des Jeux olympiques d’hiver. Poutine prévoit d’assister à l’ouverture des jeux et testera sans doute le soutien qu’il peut attendre de Pékin, tandis que si la situation s’envenime en Ukraine, cela créera un précédent pour les actions de la Chine en mer de Chine méridionale et à Taïwan.
La guerre peut-elle être évitée ?
Les différentes parties n’ont peut-être pas l’intention d’intensifier le conflit. Mais avec leur bellicisme et leurs ultimatums, leurs intérêts nationaux/impérialistes, la situation pourrait facilement devenir incontrôlable. Même si une guerre ne se développe pas, étant donné la polarisation croissante du monde entre les différents intérêts impérialistes, ce n’est qu’une question de temps avant que de nouveaux conflits “par procuration” ne se développent ici ou ailleurs. D’où la nécessité de construire un mouvement anti-guerre de masse. Sur quelle base ?
Il ne peut y avoir aucune confiance dans les négociations de paix menées par les puissances impérialistes. C’est le conflit entre les intérêts des différentes puissances impérialistes qui crée les conditions du développement de telles guerres. Les forces et les équipements de toutes les forces impérialistes – Russie et OTAN – doivent être retirés d’Ukraine et d’Europe de l’Est.
L’Ukraine a le droit de se défendre, la question est de savoir dans quel intérêt et de quelle manière. L’élite dirigeante appellera à l’unité nationale, ce qui signifie en réalité la défense du pouvoir des oligarques, qui, depuis l’indépendance, a laissé l’Ukraine sauter d’une crise à l’autre tandis que les riches deviennent tout simplement de plus en plus riches. L’extrême droite et les bellicistes attiseront les humeurs nationalistes réactionnaires, ce qui laissera les Ukrainiens se battre seuls, et plutôt que de mettre fin au conflit, ils augmenteront la haine et prolongeront le conflit.
Mais la guerre n’est pas dans l’intérêt de la classe ouvrière. Une classe ouvrière organisée défendrait ses foyers et ses lieux de travail, et unie dans un mouvement anti-guerre puissant en Ukraine pourrait lancer un appel de classe aux travailleurs de Russie et d’ailleurs pour qu’ils agissent eux-mêmes pour arrêter la guerre.
Pour arrêter réellement la guerre, il faut cependant un mouvement international, des manifestations de masse et même des grèves aux États-Unis, en Russie et dans les pays de l’OTAN. Mais comme l’ont montré les précédents mouvements anti-guerre, même les énormes protestations mondiales contre l’invasion de l’Irak, impliquant des millions de personnes, n’ont pas suffi à arrêter la guerre.
ASI soutient l’appel lancé par nos camarades de Sotsialisticheskaya Alternativa en Russie et en Ukraine pour s’opposer à la guerre : « Les socialistes appellent tous les travailleurs et étudiants conscients à commencer à construire un mouvement anti-guerre fort et international, en le retournant contre quiconque tente d’allumer une guerre entre les peuples. Nous ne nous battons pas pour un pacifisme abstrait, mais pour une lutte unie contre le système qui cause la guerre, la pauvreté, la catastrophe climatique et écologique, les pandémies et l’autoritarisme. »
Pour cela, il faut construire des mouvements politiques puissants pour s’opposer aux élites dirigeantes capitalistes qui profitent de la guerre, pour que les compagnies pétrolières et gazières et les autres ressources détenues par les oligarques deviennent des propriétés publiques démocratiques, et pour mettre fin à la domination des bellicistes impérialistes en garantissant les droits réels à l’autodétermination et la construction d’une fédération socialiste véritablement démocratique en Europe et dans le monde.
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Russie : Appel à la solidarité avec les féministes emprisonnées

6 activistes d’Alternative Féministe Socialiste ont été arrêtées ce lundi
Par des correspondants de Sotsialisticheskaya Alternativa, section russe d’ASI
Ce lundi, SocFemAlternative et Sotsialisticheskaya Alternativa avaient organisé en Russie des piquets de solidarité avec les femmes afghanes. Dans notre appel posté le même jour (liké par 1715 personnes), nous avons souligné que « les femmes afghanes se battent pour leurs droits depuis plus de 40 ans contre l’impérialisme, le fondamentalisme et le capitalisme. Nous sommes solidaires de ces femmes qui ont manifesté, tenu des piquets de grève et qui ont souvent dû résister à la fois contre les talibans et contre les occupants impérialistes. Elles ont fait preuve d’un inspirant courage dans leur combat contre la pauvreté, les violences et le chaos. Elles ont besoin de notre solidarité. Nous appelons toutes celles et ceux qui sont d’accord à exprimer leur solidarité avec les femmes afghanes qui luttent contre le fondamentalisme et l’intervention impérialiste, dans leur combat pour les libertés démocratiques et pour la séparation de la religion et de l’Etat ! »
Ces piquets de solidarité ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg. Mais aujourd’hui, même les « piquets de grève d’une seule personne » censés être légaux et ne nécessitant pas d’autorisation de l’État sont considérés comme illégaux ! Six de nos camarades ont ainsi été embarqué.e.s sans ménagement par la police. Quatre ont été inculpé.e.s d’infractions passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 200 euros, deux autres dont Kseniia Bezdenezhnykh, notre candidate aux prochaines élections législatives, ont été retenus toute la nuit et seront traduits en justice pour des infractions passibles d’une peine de trente jours de prison ou de 3 400 euros.
L’absurdité de toute cette situation est que les talibans ont été déclarés “organisation terroriste” en Russie. Mais maintenant, la Russie souhaite conclure un accord avec le gouvernement taliban. Les droits des femmes sont sacrifiés tant en Afghanistan qu’en Russie.
Veuillez envoyer des protestations urgentes aux ambassades russes dans votre pays pour demander que toutes les charges soient abandonnées contre Kseniia Bezdenezhnykh et les cinq autres personnes détenues et emmenées à l’OVD Presnensky, à Moscou, avec copie à info@socialisme.be.
- Ambassadeur de Russie en Belgique – Alexander TOKOVININ // E-mail : amrusbel@skynet.be
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Russie: Liberté pour tous les prisonniers politiques !
Soyez solidaires ! Envoyez une lettre de protestation aux consulats et ambassades de la Fédération RusseEnvoyez vos messages et photos de solidarité à Социалистическая Альтернатива, International Socialist Alternative dans la Fédération Russe.
Le régime de Poutine attaque les socialistes

La solidarité internationale a afflué vers Matvey. Des piquets de solidarité ont été tenus devant les ambassades de Russie à Bruxelles, Vienne, Londres, New York, Dublin, Le Cap et Berlin. Le député irlandais Mick Barry a soulevé la question au parlement irlandais. À Cracovie, nos camarades polonais ont organisé un piquet de solidarité et ont été eux-mêmes été déplacés par la police armée. Nous avons reçu de nombreuses lettres de soutien et des photos de solidarité de la part de syndicats, de jeunes militants et de féministes socialistes. Le 22 mars, le tribunal de Moscou a pris la décision de condamner notre camarade Matvey Aleksandrov à 15 jours de prison pour sa participation à une manifestation pacifique le 23 janvier. Cette décision est intervenue immédiatement après sa libération d’une peine antérieure de 25 jours de prison. Cette fois-là c’était pour avoir distribué des tracts devant l’université de Moscou pour appeler à soutenir la manifestation organisée à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
Le 5 avril, Matvey devrait être libéré, mais nous craignons qu’il ne soit à nouveau arrêté à la veille d’une nouvelle série de manifestations de masse. Ce carrousel d’arrestations pourrait durer longtemps ! Il existe un autre danger, celui que Matvey soit accusé d’avoir enfreint à plusieurs reprises les règles relatives à la participation à des actes publics – une accusation pénale qui pourrait entraîner une peine de prison de plusieurs années.
Le 9 mars, dans la ville d’Izhevsk, la féministe et éco-activiste Anastasia Ponkina, qui est membre du Mouvement socialiste russe (RSM), a été accusée d’avoir participé à la manifestation du 23 janvier. La police affirme qu’elle marchait le long de la route en appelant les autres manifestants à « suivre son exemple » lors de la manifestation à laquelle participaient plusieurs milliers d’habitants d’Izhevsk. Anastasia risque 5 ans de prison. Le 24 mars, la police a fouillé le bureau du RSM d’Izhevsk, saisissant des ordinateurs, des documents imprimés, des banderoles et des pancartes. Il est possible que l’organisation soit accusée d’être « une organisation extrémiste ».
Tout ceci démontre que le régime de Poutine attaque des socialistes en Russie qui participent activement aux manifestations de masse et appellent à la lutte organisée contre la dictature des oligarques et le système capitaliste. Nous avons besoin d’une solidarité active pour nous opposer à ces attaques.
- Liberté pour les socialiste démocratique Matvej Aleksandrov et Anastasia Ponkina.
- Liberté pour tous les prisonniers politiques en Russie !
Vous pouvez trouver ici une lettre de protestation à envoyer : A l’Ambassadeur de la Fédération de Russie, Alexander TOKOVININ, 66 Avenue De Fré, 1180 Uccle, amrusbel@skynet.be, https://www.facebook.com/amrusbel
ou
Consulat Général du Russie, M. Evgeny Egorov, Consul général, 20 Della Faillelaan, 2020 Antwerpen, ruscons@skynet.be
Lettre modèle :
Monsieur l’Ambassadeur,
Il a été porté à notre attention qu’une campagne est menée contre les socialistes démocratiques dans la Fédération de Russie.
Le 27 février, le tribunal régional Nikulinsky de Moscou a condamné Matvey Aleksandrov à 25 jours de prison, en vertu de l’article 20.2 alinéa 8 du Code Administratif. Cette mesure faisait suite à la distribution prévue de tracts par Matvey à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
À sa libération, il a été immédiatement à nouveau arrêté et envoyé en prison pour 15 jours supplémentaires en vertu du même article. Cette mesure faisait suite à sa participation pacifique à une manifestation pacifique le 23 janvier.
Le 9 mars, à Izhevsk, la socialiste Anastasia Ponkina a été arrêtée et doit répondre de l’article 213(b) du Code pénal – la clause dite de hooliganisme politique. Elle risque jusqu’à 5 ans de prison pour avoir participé pacifiquement à une manifestation pacifique le 23 janvier.
Ces mesures répressives sont prises dans le cadre d’une campagne beaucoup plus large d’emprisonnement et de harcèlement des opposants politiques au gouvernement russe, ce que nous jugeons inacceptable.
Nous vous demandons instamment d’exercer toute la pression possible pour que les charges retenues contre Matvey Aleksandrov et Anastasia Ponkina soient abandonnées.
Liberté pour les socialistes Matvey Aleksandrov et Anastasia Ponkina.
La liberté pour tous les prisonniers politiques en Russie.
Je vous prie d’agréer, Monsieur l’Ambassadeur, l’expression de mes sentiments distingués,
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Mobilisations anti-corruption en Russie : À bas le tsar, pour une nouvelle année 1917 !

Militantes de Sotsialisticheskaya Alternativa (section russe d’Alternative Socialiste Internationale) à Moscou Le 23 janvier, des manifestants scandant « Libérez Navalny », « Libérez tous les prisonniers politiques », « Poutine est un voleur » et « à bas le tsar » ont balayé la Russie.
Par Sotsialisticheskaya Alternativa (section russe d’Alternative Socialiste Internationale)
Plus de 100 villes réparties sur neuf fuseaux horaires, de Vladivostok en Extrême-Orient à Kaliningrad sur la côte baltique, de Magadan et Mourmansk à Sotchi sur la mer Noire et Sébastopol en Crimée, en passant par la Yakoutie, où la température était inférieure à -50°C, ont été secouées par les manifestations. Certaines ont impliqué des centaines de personnes, plus souvent des milliers. Le centre de Nizhni-Novgorod était rempli, à Vladivostok les gens s’entassaient sur les toits pour regarder la manifestation et, dans des scènes rappelant 1917, la perspective Nevski à Saint-Pétersbourg était elle aussi occupée par des manifestants. Selon l’agence de presse Reuters, il y en avait 40.000 à Moscou.
À Moscou, cette manifestation était cependant probablement plus petite – bien que beaucoup plus jeune – que les manifestations de la place Bolotnaïa de 2012. Mais à ce moment-là, le mouvement était largement limité à Moscou. Aujourd’hui, il semblerait qu’il s’agisse des plus grandes manifestations de la Russie post-soviétique, dans le sens où il y a eu de grandes manifestations dans tout le pays. Les manifestants scandaient « Libérez Navalny », « Libérez tous les prisonniers politiques », « Poutine est un voleur » et « À bas le tsar ».Les autorités semblent prises de panique. Quand l’appel à manifester, lancé quatre jours à l’avance à peine environ, a commencé à se répandre, les directeurs d’universités et d’écoles ont averti les étudiants de ne pas participer. Les chaînes de télévision d’État, que les jeunes ne regardent presque plus, ont diffusé des mises en garde du maire et du chef de la police de Moscou au sujet des conséquences d’une participation à une manifestation illégale. Alors que des appels circulaient sur TikTok et d’autres réseaux sociaux, l’Agence de protection des consommateurs [sic] a menacé de les fermer. La propagande s’est intensifiée, avertissant que toute personne appelant des jeunes « mineurs » à participer serait poursuivie en justice. Un rapport a montré qu’un groupe de membres du parti réactionnaire de droite « Pour la vérité » a été briefé par la police pour agir comme provocateurs, puis a été escorté dans la foule.
Les rues de tout le pays étaient remplies de « cosmonautes », c’est-à-dire des policiers en tenue anti-émeute, prêts à s’engager avec la foule. La violence policière fut très répandue. Au moment de la rédaction du présent rapport, plus de 3.000 arrestations avaient été effectuées. Selon le syndicat des journalistes et des travailleurs des médias, plus de 50 journalistes ont été arrêtés. À Saratov, un véhicule de police qui roulait à toute allure pour s’occuper des manifestants est entré en collision avec une ambulance, tuant le patient qui se trouvait à l’intérieur. Ce qui a été remarqué, contrairement aux précédentes manifestations de jeunes, c’est que les manifestants eux-mêmes ont non seulement résisté à l’arrestation mais sont souvent passés à l’offensive contre les lignes de police. Un groupe de cosmonautes à Moscou a subi un tel barrage de boules de neige qu’ils ont dû s’enfuir. Plus tard dans la soirée, un autre groupe a tenté de prendre d’assaut un poste de police pour libérer les personnes arrêtées.La manifestation a été organisée par Alexeï Navalny, le politicien de l’opposition, qui avait été empoisonné par des agents du Kremlin à l’aide de l’agent chimique Novichok. Il avait passé cinq mois à se faire soigner en Allemagne avant d’annoncer son retour à Moscou. Dimanche dernier, quelques minutes avant l’atterrissage de son vol à l’aéroport Vnukovo de Moscou, où des centaines de ses partisans l’attendaient, le vol a été détourné vers un autre aéroport. Cela a provoqué les protestations des pilotes des autres avions détournés. L’un d’entre eux a même filmé comment son avion avait été laissé avec un réservoir dangereusement vide.

Le nouveau Palais de Poutine Navalny a été arrêté au contrôle des passeports, emmené au poste de police local où un tribunal l’a condamné sans avocat pour trente jours de prison. Il risque une peine de treize ans de prison. Le lendemain, Navalny a publié un long film sur la corruption dans la famille de Poutine et sur un palais qui, selon lui, a été construit spécialement pour Poutine sur la mer Noire au coût de plus d’un milliard de dollars. En une heure, le film avait été vu par plus d’un million de personnes, à la fin de la semaine, cinquante millions de visionnements avaient été enregistrés.
Navalny est un homme d’affaires qui a commencé sa trajectoire politique comme un libéral de droite, voire d’extrême droite, qui a participé à la Marche russe d’extrême droite lors des manifestations de Bolotnaïa en 2012. Mais il a pris un virage intéressant il y a quelques années en s’éloignant de sa position de droite anti-immigrés. Bien qu’il soit surtout connu comme militant anti-corruption, il reflète, de manière populiste, ce qui semble clairement être un changement de conscience vers la gauche parmi la jeunesse russe qui en a assez des coûts élevés de l’éducation, des salaires précaires et de la position politique générale stagnante et réactionnaire de l’élite dirigeante, dont les « partis du système », dont le parti communiste qui maintient Poutine au pouvoir. Lorsque Navalny a déclaré, au début de l’année dernière, qu’il soutenait Bernie Sanders, le reste de l’opposition libérale l’a attaqué avec horreur.
Les groupes libéraux pro-capitalistes ne jouent aucun rôle dans ces manifestations et, contrairement aux manifestations de Bolotnaïa, il n’y a pas de présence significative de l’extrême droite. Mais la plus grande faiblesse est qu’il n’y a pas de force de gauche significative avec une organisation suffisamment forte capable de donner l’exemple. Les protestations sont annoncées par le bureau de Navalny et il n’y a pas de structure organisée qui puisse refléter les souhaits de ceux et celles qui y participent. Bien que beaucoup manifestent consciemment pour exiger la libération d’Alexeï Navalny et d’autres prisonniers politiques, et qu’il y ait clairement un état d’esprit contre le régime actuel et la corruption, jusqu’à présent les manifestations démontrent un état d’esprit de plus en plus fort pour le changement sans démontrer une compréhension exacte de ce qui est nécessaire.
Au mieux, une partie du parti communiste adopte une position « neutre », appelant à la libération des manifestants, tandis que les dirigeants pro-Kremlin de ce parti considèrent ces manifestations comme faisant partie d’une « guerre hybride » contre la Russie. D’autres, dits marxistes, tant en Russie qu’au niveau international, considèrent cette mobilisation comme « petit-bourgeoise » ou sous « direction libérale », et tant que les masses n’auront pas compris cela, les marxistes ne devraient pas y participer!
Sotsialisticheskaya Alternativa (section russe d’Alternative Socialiste Internationale) est en désaccord avec cette approche. Mais même si Navalny a évolué « vers la gauche », il reste un homme politique libéral, essentiellement pro-capitaliste, et n’a pas de véritable programme à proposer pour résoudre les problèmes de la société russe. Proposer un « capitalisme honnête » ne résoudra pas les problèmes d’autoritarisme et de corruption, car ils sont causés par le capitalisme lui-même. Il est clairement de la responsabilité de la gauche d’offrir une alternative claire à cela.
Bien entendu, jusqu’à présent, le mouvement se développe en défense d’une personne, et la stratégie et la tactique sont décidées par sa seule équipe. C’est plus qu’un problème de simple participation démocratique. Le Kremlin a démontré plus d’une fois qu’il est prêt à recourir à des mesures extrêmes pour faire face à l’opposition. L’ancien vice-premier ministre Boris Nemtsov a été assassiné, comme l’ont été de nombreux journalistes et opposants. La tentative d’empoisonnement de Navalny, il y a six mois, démontre que nous avons besoin d’un mouvement qui dispose d’une direction largement élue, ne dépendant plus d’une seule personne.
Seule une lutte contre le capitalisme peut offrir une voie d’avenir. Il est donc nécessaire que les socialistes interviennent énergiquement avec un programme clair dans ce mouvement.
Bien que nous ne puissions pas prétendre avoir atteint les 50 millions de spectateurs et spectatrices qui ont vu le film de Navalny cette semaine, nos publications ont été vues par des milliers de personnes, et dans un cas par 17.000. Nous soutenons que nous devons tout d’abord établir une base solide pour ce mouvement en créant des comités d’action qui peuvent décider de la stratégie et des revendications du mouvement. Bien que le principal soutien de ce mouvement provienne actuellement des étudiants et des jeunes dans les universités et dans les emplois précaires, il est nécessaire d’établir un lien solide avec la classe ouvrière au sens large. Des revendications comme celles d’un salaire minimum de 300 roubles de l’heure, ainsi que pour une éducation et des soins de santé gratuits, seront d’une importance cruciale. Nous défendons également la convocation une assemblée constituante dans laquelle toutes les couches de la classe ouvrière seraient représentées afin d’assurer le démantèlement complet du régime de Poutine et son remplacement par une société socialiste véritablement libre et démocratique.
Un nouvel appel à la manifestation a été lancé pour le 30 janvier. Sotsialisticheskaya Alternativa sera présent.

“Organiser des grèves et des manifestations. À bas le tsar – pour une nouvelle année 1917.” Banderole de nos camarades aux actions du 23 janvier. -
Journée de lutte contre les violences envers les femmes : Appel urgent à la solidarité contre la répression à Moscou

C’est là que les militants sont détenus depuis vendredi soir : dans un fourgon de police glacé. Des activistes ont été arrêtés pour avoir protesté à Moscou contre la violence à l’égard des femmes. Ils sont maintenant détenus dans des conditions horribles et soumis à la violence policière à Moscou.
Par Sotsialisticheskaya Alternativa, ASI Russie
Les six personnes arrêtées ont d’abord été détenues pendant deux jours dans des cellules de police avant d’être traduites en justice. La cellule dans laquelle elles étaient détenues était glaciale, elle avait une fenêtre cassée avec des températures extérieures sous zéro. On leur a donné deux couvertures pour cinq personnes et on leur a refusé toute nourriture. La cellule était constamment très éclairée et la police a refusé d’éteindre les lumières.
À l’arrivée au tribunal, l’une d’elles a été condamnée à 48 heures de détention et libérée, deux à trois jours, deux à quatre et Syrga Chidaryan à cinq jours de détention. Depuis le jugement rendu vendredi soir, elles ont été détenues dans un fourgon de police glacé pendant plus de dix heures pendant la nuit, elles se sont vu refuser des vêtements supplémentaires et de la nourriture chaude. Malgré les températures glaciales à l’extérieur, elles ne sont autorisées à aller aux toilettes que dans la rue sous surveillance policière. Lorsque Syrga a exigé qu’elles soient logées dans un établissement approprié, elle a été traînée sur le sol. D’autres militantes se sont vu confisquer leur téléphone et n’ont pas été autorisées à voir leur avocat.
Des sympathisants se sont rendus au tribunal et ont fait un piquet au poste de police, ils ont apporté de la nourriture chaude et des vêtements mais rien n’indique que cela ait été réellement donné aux prisonnières.
Nous vous invitons à contacter l’ambassade de Russie à Bruxelles : amrusbel@skynet.be et l’ambassadeur Alexander Tokovinin ou à envoyer le message suivant sur la page Facebook de l’ambassade : https://www.facebook.com/amrusbel (traduction ci-dessous) :
Stop police violence against arrested women in Moscow immediately:
On 25th November, the “International Day against violence against women” six people participating in a “single person picket” aimed at bring attention to the issue were arrested and charged under article 19 part 3 of the KoAP.
The six are Syrga Chidaran, Kseniya Bezdenezhnykh, Aleksandra Rogacheva, Marta Khromova, Elizaveta Drepeleva and Vitalii Kudrin.
They were detained in deplorable conditions for 48 hours at the OVD Zamoskvorechye station until their court hearing, during which the cell in which they were kept was freezing cold, it had a broken window with outside temperatures below freezing. They were given two blankets for five people and refused food. The cell was brightly lit and police refused to switch the lights off.
In court, they were sentenced to between 2 and five days in detention. Vitaly Kurgin (2 days) was released. The remaining five were detained in a police ‘gazelle’ van in conditions which can only be described as torturous.
Since their case which finished on Friday evening they have been held in a freezing police van, refused extra clothing and hot food. Despite freezing conditions outside they are only allowed to go to the toilet in the street under police supervision.
When Syrga demanded that they be registered and accommodated in a proper facility, she was dragged around on the ground. Other activists have had their phones confiscated and they have not been allowed access to their lawyer.
Supporters have been at the court and outside the police station, they have been bringing hot food and clothing but there is no indication they are being passed on.
We demand:
The immediate release of all those detained with the dropping of all charges;
A public investigation into why those arrested were detained in such torturous conditions;
Charges of assault to be lodged against those police officers responsible for using violence against those detained and their dismissal from the police force.
Le 25 novembre, “Journée internationale contre la violence à l’égard des femmes”, six personnes participant à un “piquet individuel” visant à attirer l’attention sur ce problème ont été arrêtées et inculpées en vertu de l’article 19, partie 3, du KoAP.
Ces six personnes sont Syrga Chidaran, Kseniya Bezdenezhnykh, Aleksandra Rogacheva, Marta Khromova, Elizaveta Drepeleva et Vitalii Kudrin.
Elles ont été détenues dans des conditions déplorables pendant 48 heures au poste de l’OVD de Zamoskvorechye jusqu’à leur audience au tribunal, au cours de laquelle :
La cellule dans laquelle elles étaient détenues était glaciale, avec une fenêtre cassée et températures extérieures inférieures au point de congélation. On leur a donné deux couvertures pour cinq personnes et on leur a refusé toute nourriture. La cellule était très éclairée et la police a refusé d’éteindre les lumières.
Au tribunal, elles ont été condamnées à une peine de deux à cinq jours de détention. Vitaly Kurgin (2 jours) a été libéré. Les cinq autres personnes ont été détenues dans un fourgon de police “gazelle” dans des conditions qui ne peuvent être qualifiées que de torture.
Depuis leur jugement vendredi soir, elles sont détenus dans un fourgon de police glacé, se sont vu refuser des vêtements supplémentaires et de la nourriture chaude. Malgré les conditions de gel à l’extérieur, elles ne sont autorisées à aller aux toilettes que dans la rue et sous la surveillance de la police.
Lorsque Syrga a exigé qu’elles soient logées dans un établissement approprié, elle a été traînée sur le sol. D’autres militants ont vu leurs téléphones confisqués et n’ont pas été autorisés à voir leur avocat.
Des sympathisants se sont rendus au tribunal et devant le poste de police, ils ont apporté de la nourriture chaude et des vêtements mais rien n’indique qu’ils aient été transmis”.
Nous exigeons :
- La libération immédiate de toutes les personnes détenues avec l’abandon de toutes les charges ;
- Une enquête publique sur les raisons pour lesquelles les personnes arrêtées ont été détenues dans des conditions aussi horribles ;
- L’inculpation des officiers de police responsables de l’usage de la violence contre les personnes détenues et leur renvoi des forces de police.
- Les adresses électroniques de l’ambassade dans votre pays sont disponibles à l’adresse suivante
Le ministère russe des affaires étrangères peut être contacté à l’adresse suivante : ministry@mid.ru
Le Bureau des droits de l’homme de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe à l’adresse office@odihr.pl
Le représentant permanent de la Russie auprès de l’OSCE à l’adresse suivante : rfosce@yandex.ru
Les messages de solidarité et les photographies peuvent être envoyés à l’adresse suivante : robertjones.isa@gmail.com -
Appel urgent à la solidarité : un membre du CIO et trois autres activistes menacés de prison en Russie
4 participants à la “marche antifasciste” annuelle à Moscou ont été arrêtés ce 20 décembre, dont un membre dirigeant d’Alternative Socialiste, la section russe du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), Igor Yashin. Ils ont été détenus par la police jusqu’à lundi, date à laquelle ils ont dû comparaître en cour pour désobéissance à la police. Ils pourraient être emprisonnés pendant 15 jours.La marche antifasciste a lieu chaque année pour commémorer l’assassinat brutal de l’avocat Stanislav Markelov et de la journaliste Anastasia Baburoba il y a dix ans par des fascistes. Stanislav s’était notamment activement impliqué dans Youth against Racism in Europe.
La marche s’était déroulée bruyamment mais sans aucun problème dans le centre de Moscou. Outre les groupes politiques habituels, dont un contingent très vivant du CIO, il y avait un contingent des syndicats indépendants dirigés par l’Union des journalistes, dont Igor est coprésident, ce qui est particulièrement important. Igor avait joué un grand rôle dans l’organisation de ce contingent. Apparemment, la police s’est opposée aux chants qui exigeaient qu’il soit mis fin à l’arrestation, à la torture et au meurtre de personnes LGBT en Tchétchénie (où des rapports indiquent qu’une autre purge généralisée a commencé).
Il semble que la police ait choisi de s’en prendre à Igor en cherchant un prétexte. Lorsque le policier a tenté de l’arrêter, d’autres manifestants l’ont encerclé et ont refusé qu’il soit emmené. Il a fallu un bon 5 minutes avant que la police anti-émeute n’intervienne pour aider à emmener Igor et les trois autres.
Le directeur de la section russe d’Amnesty International a déjà fait une déclaration : “La détention de participants à un acte pacifique pour avoir simplement exprimé leur opinion est inacceptable. La tâche de la police lors d’un tel événement est de garantir la sécurité, et non de censurer les participants. Bien sûr, la conduite de la police lors de cette marche a bouleversé les autres participants. Nous exigeons la libération immédiate de tous les participants”.
La police a résisté à l’idée de permettre à un avocat de rencontrer les quatre hommes et ne suit pas la procédure normale qui prévoit de les libérer après trois heures.
Nous demandons instamment que des protestations soient envoyées pour demander l’abandon des charges et la libération des quatre personnes – Igor Yashin, Nikolaï Kretov, Dmitrii Borisenko et Mikhaïl Komrakov -.
Tout russophone peut téléphoner directement au poste de police pour demander des informations au numéro +7 4992410945 ou +7 499 2412814.
Ou téléphonez ou envoyez d’urgence des courriels à l’ambassade de Russie de votre pays.
Veuillez envoyer des messages de soutien à Igor et aux autres détenus à Robert.cwi@gmail.com