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Tag: Québec
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[INTERVIEW] Plus de 90 jours de grève au Vieux-Port de Montréal
Entretien avec Jacques Fontaine, un des travailleurs en grève, par Alternative Socialiste (section québécoise du Comité pour une Internationale Ouvrière).AS: Dites-moi quels sont les points principaux de la grève et pourquoi vous êtes en grève?
Jacques: Environ 280 travailleurs du Vieux Port de Montréal sont en grève depuis le 27 mai. Notre but principal est de combler l’écart salarial qui a été créé entre ce que nous gagnons ici au Vieux-Port et ce que les autres travailleurs, faisant un boulot similaire, gagnent ailleurs. Selon nos recherches, selon le type d’emploi, les employés du Vieux-Port gagnent entre $1 et $8 de moins que ceux qui occupent un emploi semblable ailleurs dans la ville. Maintenant, étant donné que 40% de nos travailleurs gagnent moins que $15 (un peu plus de 10 euros, NDLR) par heure, nous demandons un salaire minimum à $15 dans le Vieux-Port, ce qui fait partie de notre objectif d’éliminer l’écart salarial pour tous.Le salaire de départ pour les travailleurs du Vieux Port est de $10.67, ce qui est en dessous du salaire minimum de $10.75 au Québec. Au cours des 10 dernières années, les salaires de départ ont seulement augmenté de 4.25%, alors il y a un grand manque à combler.
Nous demandons également que tous nos travailleurs reçoivent des congés de maladie garantis vu que, présentement, deux tiers de notre main d’oeuvre n’ont absolument aucun congé de maladie.
Le Vieux-Port est principalement une zone touristique et se voit réglementé par le gouvernement canadien, via la Société Immobilière du Canada. Nous sommes majoritairement des membres de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), et quelques uns d’entre nous sommes membres de l’Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et de cinéma (IATSE).
Quelle a été la réponse des administrateurs? J’ai pu comprendre qu’ils ont fait appel à la cour.
Ils ont tenté de nous discréditer dans les médias, en disant que nos faisions des demandes impossibles. Cependant, une forte majorité des travailleurs considèrent que $15 par heure est une demande raisonnable.
La compagnie n’a pas négocié, elle a plutôt présenté la même offre trois fois. C’est une offre qui a été rejetée, par 76% de la main d’oeuvre, menant à un vote de grève de 80%.
Leur offre était de 9.5% d’augmentation sur 4 années. Dans la plupart des autres lieux de travail, ceci aurait été une offre décente, mais étant donné le recul que nous avons accumulé, c’est totalement inadéquat dans notre situation.
Au lieu de négocier, depuis le premier jour, la compagnie a cherché à nous imposer une injonction nous empêchant de manifester sur nos lieux de travail. La compagnie a fait de fausses accusations afin d’obtenir l’injonction. Maintenant, le syndicat tente une poursuite contre le chef de la sécurité pour avoir tenu ces fausses accusations, qui ont été à la base des injonctions de la cour.
La compagnie a totalement sous-estimé la détermination des travailleurs.
Le Vieux-Port est géré par une corporation gouvernementale canadienne. Quelles ont été les réactions du gouvernement libéral?
Nous n’avons reçu aucun support ni aucune réponse. Nous avons rencontré le député de la circonscription, Mark Miller, mais rien ne s’est produit par la suite. Nous avons tenté de rencontrer la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, et la ministre responsable pour la Société Immobilière du Canada, la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement Judy Foote, mais aucune d’entre elles n’a répondu.
Le Premier Ministre, Justin Trudeau, est également un député local qui a refusé de nous rencontrer.
Quel support avez-vous reçu?
Notre syndicat, l’AFPC, supporte notre grève en payant notre fonds de grève et nos coûts juridiques.
Nous avons reçu un excellent support du public et des travailleurs-euses de la ville ainsi que des postiers. Il y a également des groupes communautaires pour immigrants, des syndicats étudiants et d’autres petits syndicats qui ont été superbes. Les Montréalais du quartier nous accordent un traitement très positif, et très peu d’entre eux sont hostiles à notre cause. Alternative Socialiste a été d’une grande aide dès le début.
Que peuvent faire nos lecteurs pour vous aider?
Ceci est une des premières grèves au Canada pour un salaire minimum à $15, alors c’est d’une importance nationale.
Nous demandons aux activistes et aux membres de syndicats partout au Canada de nous aider des manières suivantes :
– Lutter pour le $15 ailleurs dans le pays nous aidera énormément dans notre cause. C’est un sujet clé pour la classe ouvrière ;
– Envoyer des messages d’encouragement au AFPC Local 10333 – Vieux-Port de Montréal, O. BOX 116, Succursale Place D’Armes, Montréal, Québec H2Y 3H8; (ou par mail via info@alternativesocialiste.org qui transmettra, NDLR).
– Nous serions reconnaissants de tout support financier (chèques payables au Syndicat des employés de la Société du Vieux-Port de Montréal, en utilisant l’adresse ci-dessus) ;
– Envoyer des lettres au Premier Ministre Trudeau (justin.trudeau@parl.gc.ca) en exhortant le gouvernement du Canada d’intervenir en faveur des travailleurs du Vieux Port.[divider]
Lettre type :
Les 280 employés du Syndicat des Employés du Vieux-Port de Montréal (SEVPM, section locale de l’Alliance de la fonction publique du Québec) sont actuellement en grève depuis plus de 90 jours afin d’exiger une augmentation de salaire et des droits égaux pour tous en cas de maladie. Il s’agit d’une des premières grèves au Canada pour un salaire minimum à $15 de l’heure (47% des employés du Vieux Port gagnent moins de $15), ce conflit revêt donc une importance nationale.
Une victoire dans ce conflit pourrait inciter d’autres syndicats à entrer dans la lutte pour un salaire décent maintenant. C’est pourquoi nous exprimons notre solidarité ainsi que nos vœux de victoire pour cette grève initiée le 27 mai dernier.
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Montréal: Grève historique des travailleurs du Vieux Port
Deux camarades du PSL sont actuellement au Québec au côté d’Alternative Socialiste (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Québec) dans le cadre du Forum Social Mondial qui commencera demain à Montréal. Hier, ils ont participé à une manifestation des travailleurs du vieux port de Montréal. Ceux-ci sont en grève depuis le 27 mai: plus de 70 jours ! Jamais une grève n’a duré aussi longtemps au Vieux Port.Les 279 employés du Syndicat des Employés du Vieux-Port de Montréal (SEVPM) réclament une augmentation de salaire et des droits égaux pour tous en cas de maladie. La manifestation de ce dimanche s’opposait particulièrement au recours aux briseurs de grève (scabs) par le patronat.
Cette section locale de l’Alliance de la fonction publique du Québec est le premier syndicat à avoir rejoint la campagne 15PLUS (15plus.org) l’an dernier, une campagne initiée par nos camarades d’Alternative Socialiste qui exige l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars canadiens de l’heure. Actuellement, pas moins de 47% des travailleurs du Vieux Port gagnent moins de 15 dollars. Ce conflit est d’une importance capitale pour le mouvement pour les 15$/h. Une victoire dans ce conflit pourrait inciter d’autres syndicats à entrer dans la lutte pour un salaire décent maintenant.
Photos: socialisme.be
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Grève du secteur public au Québec: la lutte doit se poursuivre!
Le président du Conseil du trésor, Martin Coîteux, déclarait le 18 novembre dernier : «On est à des années-lumière de s’entendre». Moins d’une semaine plus tard, il abandonnait la majorité de ses attaques… Après 3 journées de grèves, plusieurs manifestations, blocages et occupations partout au Québec, les travailleurs ont démontré leur force. Uniquement la semaine passée, Coiteux a dû annuler deux présentations publiques parce que les travailleurs bloquaient l’accès aux rencontres.Les travailleurs de la santé d’Alternative socialiste (CIO-Québec)
Cette mobilisation a réussi à forcer le gouvernement à mettre ses attaques sous le tapis. L’ensemble des mesures proposées par le gouvernement, qui menaçaient nos conditions de travail et nos droits syndicaux, ont été retirées.
Cette annonce fut faite peu de temps après le report des trois journées de grèves nationales prévues les 1,2 et 3 décembre par le Front commun, et le résultat d’un sondage démontrant le rejet de l’austérité et l’appui aux syndicats par la population.
Les directions syndicales qualifient ça de victoire, mais pour citer un électricien du syndicat : «On n’a rien gagné, car ce qu’il abandonne, c’est ce que nous avions déjà dans notre convention. À partir d’aujourd’hui, les vraies négociations commencent et là on ne doit plus faire de concessions sur les salaires, car nous les avons déjà faites.»
Entente à rabais ou loi spéciale?
Il reste deux importants dossiers à régler : les retraites et les salaires. Le gouvernement veut une entente à coût nul, mais le mandat du Front commun est de stopper l’appauvrissement des travailleurs du système public. Notre pouvoir d’achat n’égale plus l’augmentation du coût de la vie depuis 10 ans. Le gouvernement a récemment démontré une ouverture à augmenter nos salaires, mais en finançant cette augmentation via notre fonds de pension.
La question est donc de savoir jusqu’où les directions syndicales sont prêtes à faire des compromis. Notre fonds de pension est viable et il n’y a aucune raison objective pour le couper. Si le gouvernement s’entête, les directions syndicales vont sans doute préférer une loi spéciale pour ne pas s’attirer les foudres de la base. Mais encore là, cela fait plus d’un an que la base demande une stratégie syndicale advenant une loi spéciale, restée sans réponse…
Dans ce cas, soit le gouvernement risque de laisser traîner les choses, soit il impose une loi spéciale pour décréter l’imposition de nos conditions de travail. Mais, en faisant cela, il prend un risque. Plusieurs évènements récents ont rendu son gouvernement impopulaire.
Les effets des coupures se font de plus en plus décrier par des groupes de citoyens. Un récent sondage mentionne que 64% des Québécois considèrent que le gouvernement «gère mal» les négociations et seulement 28% le soutiennent. Un organisme gouvernemental de statistiques (ISQ) donne raison au mouvement syndical concernant le retard salarial.
Avec une loi spéciale, le gouvernement risque de jeter de l’huile sur le feu, comme c’est arrivé en 2012, où la pression populaire a forcé la tenue d’une élection et l’annulation de la loi.
Que faire en cas de loi spéciale ? Grèves, blocages, occupations !
Lors du IVe Congrès d’Alternative Socialiste (CIO-Québec) tenu au début septembre, nous avons voté que «les membres syndiqué d’Alternative Socialiste poussent pour une action d’envergure à la suite d’un décret.» Quelques semaines plus tard, le CCMM (Conseil central du Montréal Métropolitain) adopta cette résolution : “Que le CCMM en alliance la plus large possible organise une action pour dénoncer le gouvernement dans les 48 heures ouvrables advenant une loi spéciale décrétant un retour au travail lors de la grève du secteur public prévue cet automne.”
Le conseil régional de la FTQ (Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec), plusieurs syndicats de professeurs, ainsi qu’une association étudiante (où l’un de nos camarades fut invité pour y parler de la négociation du secteur public) l’ont également adopté. L’objectif est d’éviter la démoralisation du mouvement advenant un décret.
La question est maintenant de déterminer la façon de poursuivre la lutte. Sur cet enjeu, la base est divisée. Une partie des professeurs de CÉGEPS (collège d’enseignement général et professionnel) poussent pour l’adoption d’une grève générale illimitée advenant une loi spéciale. C’est une décision courageuse que nous appuyons. Mais en faisant cela, la gauche syndicale s’isole du Front commun et décide de faire cavalier seul.
Cette attitude nous fait penser à l’échec du mouvement étudiant du printemps passé où, pour une minorité, l’objectif était d’être le plus radical possible, même au prix de s’aliéner sa base. Le mouvement étudiant ne s’en est pas encore remis et ne joue aucun rôle significatif en ce moment. Il faut défier la loi spéciale, mais il faut le faire ensemble.
La FNEEQ (Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec), qui regroupe presque tous les syndicats des professeurs de CÉGEPS, a adopté un mandat soutenant que, advenant une loi spéciale, la poursuite de la grève est un «geste de désobéissance civile légitime». La FNEEQ regroupe 34.000 membres.
Le conseil fédéral de la FSSS (Fédération de la santé et des services sociaux), qui regroupe 130.000 travailleurs du système de santé, a fortement rejeté l’idée d’une grève générale illimitée, mais a tout de même voté pour dix journées de grève supplémentaires et ainsi témoigné clairement sa volonté de continuer la lutte. Malheureusement, il n’y a pas eu de discussions stratégiques quant à l’adoption d’une loi spéciale.
Alternative Socialiste (CIO-Québec) supporte l’adoption de ces dix journées de grève, mais advenant une loi spéciale, celles-ci doivent être reconverties en journées de grèves illégales ou au moins en journées de perturbations nationales par l’organisation d’occupations et de blocages contre l’élite économique et politique et ainsi démontrer que le gouvernement, peu importe sa stratégie, ne nous arrêtera pas.
- Pour un salaire, un emploi et une retraite, décents pour tous et toutes!
- Pour des services publics gratuits et de qualité!
- Pour un moratoire sur les coupures dans les services publics!
- Pour un système public géré démocratiquement, par les communautés et les travailleurs!
- Luttons pour abolir les paradis fiscaux, fortement imposer les grandes fortunes et nationaliser le secteur bancaire et financier sous contrôle démocratique!
- Pour un gouvernement qui sert les intérêts des travailleurs, pas les banques et les grandes compagnies!







