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  • Non Marchand. Nos revendications ne sont pas égoïstes, mais utiles à la société

    Après une année 2004 agitée le non-marchand se prépare à faire de nouvelles actions cette année. Le 27 janvier de nouveau des milliers de travailleurs sociaux, d’infirmières, d’éducateurs iront à Bruxelles pour faire entendre leur voix et pour imposer des négociations.

    Un militant de la LBC (syndicat CSC des employés en Flandre)

    Sur le “communisme” de Stevaert

    Les spécialistes avec de hauts salaires doivent collaborer pour sauvegarder l’équilibre budgétaire. C’est la proposition du président du SP.a Steve Stevaert. Cela a provoqué une critique violente de l’ABSYM (Association belge des Syndicats de Médecins). Selon son porte-parole Marc Moens cette proposition sentait “le communisme”.

    Cette réaction ridicule montre que les spécialistes concernés ne veulent pas renoncer à leurs privilèges qui s’appuient sur le système de médecine à l’acte. Si les responsables l’ABSYM pense qu’écrémer les salaires les plus hauts sent déjà « le communisme », ils risqueraient de tomber dans les lits de leurs propres hôpitaux s’ils entendaient les proposition du MAS. Nous sommes pour l’installation d’un service national et public des soins de santé sous contrôle des travailleurs et des consommateurs. Nous luttons résolument contre la médecine à l’acte et pour la nationalisation de l’industrie pharmaceutique afin que les produits soient vendus au prix le plus bas possible.

    Les travailleurs en ont assez de travailler dans les pires conditions de travail et de salaire. Une étude récente de l’Institut supérieur pour le Travail montre que les travailleurs du non-marchand gagnent en moyenne 10,5% de moins que leurs collègues des autres secteurs avec le même diplôme et la même ancienneté. C’est donc à juste titre qu’ils revendiquent une harmonisation des salaires et un réel treizième mois. À coté d’un manque de places d’accueil pour les personnes handicapées, les patients et les autres utilisateurs du secteur, il y a aussi un déficit énorme de personnel accompagnant, soignant et infirmier. Pour faire baisser le stress au travail, le secteur du non-marchand revendique une augmentation du personnel de 5% soit 25.000 emplois supplémentaires. Il revendique aussi la semaine de 36 heures sans perte de salaire avec embauche compensatoire, plus de moyens pour la formation, l’assouplissement du règlement de fin de carrière pour tous les secteurs du non-marchand et la mise sur pied d’un fonds de pension extra-légal (actuellement les pensions du non-marchand sont parmi les plus basses).

    Tout cela doit éviter que le sec-teur ne se vide, ce qui engendre un coût énorme pour la société. Pensons seulement aux Pays-Bas, où le déficit de personnel entraîne la fermeture de nombreux départements d’hôpitaux, ce qui fait que les patients doivent attendre des mois pour une opération ou une hospitalisation et que des mil-liers de personnes handicapées sont inscrites sur de longues listes d’attentes,…

    La situation objective dans laquelle le secteur se trouve semble d’ailleurs avoir fortement changé. Au cours des 10 dernières années les actions de lutte ont toujours mené à des concessions du gouvernement. Aujourd’hui cette époque semble révolue. En Flandre il n’y pas encore un début de négociations, bien que les cahiers de revendications aient été déposés dans les cabinets concer-nés fin 2003. Sur le plan fédéral il y a eu entretemps quelques discussions. Récemment le ministre Rudy Demotte a annoncé vouloir créer 7.500 emplois en 5 ans. Pas un mot sur les hausses de salaire ni sur les autres revendications.

    Et c’est encore pis: les gouvernements passent à la contre-attaque. Le ministre du Travail et de l’Enseignement pour la Région flamande, Frank Vanden-broucke (SP.a), a annoncé en octobre 2004 un gel salarial pour deux ans. La ministre du Bien-être, des Soins de la Santé et de Famille, Inge Vervotte (CD&V,) affirme que le gouvernement flamand “a constaté qu’il n’y a en fait pas de marge pour une augmentation salariale supplémentaire”.

    Il semble que les gouvernements vont essayer de concéder le moins possible. Il n’est même pas irréaliste de penser qu’ils tenteront de décrire les travailleurs du non-marchand comme des égoïstes. C’est pour cela qu’il est important que les syndicats élargissent leurs actions et ne les limitent pas à des manifestations et des grèves d’un jour. Ils pouvaient entre autres expliquer aux étudiants du secteur que les 25.000 emplois supplémentaires ne sont pas seulement revendiqués pour faire baisser les cadences de travail, mais aussi pour contrecarrer le chômage chez les jeunes. Aux organisations de consommateurs et des patients on peut montrer que plus de personnel, plus de moyens et plus d’éducation vont garantir de meilleurs soins. Les revendications du non-marchand ne sont pas égoïstes. Au contraire, elles vont dans l’intérêt commun de la société.

  • STAGIAIRES EXPLOITES

    DERNIÈREMENT, le gouvernement violet a décidé de donner des moyens aux écoliers et aux jeunes chômeurs pour qu’ils puissent acquérir de “l’expérience pratique”. A partir de maintenant, les patrons sont payés avec les impôts de nos parents pour engager gratuitement des stagiaires. Voici mon rapport de deux ans de stage.

    Marieke Lambrechts

    J’ai commencé mon premier stage pleine d’enthousiasme. Après 4 ans assise sur des bancs d’école, j’allais enfi n avoir une expérience pratique qui avait mis du temps à venir.

    C’était du moins ce qu’ils nous ont fait croire à l’école. Mon premier stage s’est fait dans une société qui produit… des bancs d’école et des tableaux : l’entreprise de stage préférée de la direction de notre école.

    J’ai compris pourquoi plus tard. Cette société a un monopole sur ce marché en Belgique et fait des bénéfi ces annuels gigantesques. De mon école, je devais apporter un bouquet de fl eurs pour remercier la société de me laisser y faire mon stage. Après 14 jours de travail gratuit, j’ai reçu un simple merci ; même pas un stylo de promotion ou un calendrier. Plus tard, j’ai entendu que l’école avait des remises de prix sur leur matériel en échange des stagiaires. Un stagiaire a pu classer, pendant 1 mois, les factures. Nous sommes en fait utilisés par l’école pour obtenir des remises; c’est ça la coopération publique – privé.

    Un avantage: j’ai quand même pu faire de la comptabilité, ce que je suis supposée apprendre dans mes études. Durant mon stage suivant, en juin, dans une institution psychiatrique, mon maître de stage m’a demandée d’écrire l’article de stage de sa fi lle. Je leur ai donné une bouteille vin (comme l’école l’avait demandé) et de nouveau je n’ai rien reçu en retour. Même pas de l’expérience pratique; je savais déjà composer un texte et le taper.

    Cette année, j’ai travaillé pour une autre société qui a des succursales en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Cette société, qui produit des volets et des parebrises, a également la quasi totalité du marché belge entre ses mains.

    Là, pendant 1 mois, j’ai dû faire les travaux les plus bêtes comme distribuer des papiers, apporter du café, mettre des factures dans des enveloppes, … Je recevais seulement 2.5 euros pour les trajets.

    Dans ma classe, tout le monde a eu des expériences similaires. Le stage n’a donné de l’expérience pratique à personne. Les élèves sont utilisés uniquement comme employés intérimaires gratuits pour les tâches stupides. Et maintenant, cela sera en plus sponsorisé par “notre“ gouvernement.

    Avec la Marche des Jeunes pour l’Emploi, nous voulons offrir une réponse à cette politique. Le stage doit être payé et véritablement axé sur la pratique. Les écoles doivent être fi nancièrement indépendantes et ne peuvent pas fournir du personnel gratuit aux sociétés amies pour leurs petits travaux. Mobilise avec nous dans ton école pour donner une réponse collective au patronat ce 19 mars!

  • Les soins de santé suffoquent

    LA PRESSE le dit tous les jours: la situation des soins de santé est “inquiétante”. En 2004 le budget avait un déficit de 850.000.000 d’euros. Excellente raison pour Rudy Demotte (ministre PS des Affaires Sociales et de la Santé) d’intervenir avec toute une batterie de coupes budgétaires.

    Bart Van der Biest

    Expliquer toutes ces mesures prendrait trop de place, mais l’on peut déjà dire que toutes sortes de sommes forfaitaires vont êtres augmentées, certaines consultations vont être limitées, la partie non-remboursée pour les visites à domicile va être augmentées,…

    Part dans le budget de l’Inami (en milliards d’euros):

    Salaires des médecins: 5013 (30,8%)

    Jour d’hospitalisation: 3803,5 (23,4%)

    Médicaments: 2876 (17,7%)

    Maisons de repos: 1407,5 (8,7%)

    Infirmiers: 689,6 (4,2%)

    Orthodontie: 512,7 (3,1%)

    Kinésithérapeutes: 414,5 (2,5%)

    Implants: 374,4 (2,3%)

    Revalidation: 337,9 (2,1%)

    Autres: 828,7 (5,1%)

    Il est intéressant de voir la répartition des coûts dans les soins de santé (voir cadre). Le budget total de l’Inami (qui n’était pas suffisant) est de 16.257,8 milliards d’euros. Fait remarquable: une grande partie de cette somme arrive chez les médecins (30,8%), et l’industrie pharmaceutique n’est pas non plus en reste, puisque quelque 17,7% leur sont réservés (à comparer avec 12 ,2 % au Luxembourg, 11% aux Pays-Bas et 8,5% au Danemark). L’industrie pharmaceutique belge coule des jours heureux… En comparaison de ces deux goinfres, le coût des infirmiers (4,2%) est presque négligeable. Demotte annonce en fanfare qu’il va s’attaquer à l’industrie pharmaceutique… ce boucan permet de passer sous silence ce qu’il compte faire avec les patients. «Tout le monde doit payer sa part », déclare t-il. Léger problème: en s’en prenant aux patients, ce ne sont pas les profits qui passsent à la trappes, mais notre santé.

    Le modèle kiwi: l’oeuf de Colomb?

    Une proposition lancée par un docteur du PTB, défendue par le ministre Spa et les présidents du SP.A, VLD et CD&V, applaudie par la presse bourgeoise… on se méfierait à moins! Mais qu’est-ce-que le modèle kiwi? En Nouvelle Zélande l’Etat fait des adjudications publiques ouvertes, et seul le médicament générique le meilleur marché répondant aux exigences du produit est remboursé par la mutuelle. Grâce à cela les médicaments y sont 50 à 90% moins chers qu’en Belgique. Par patient et par an, la mutuelle rembourse 63 euros, contre une moyenne de 270 euros en Belgique.

    Mais en Nouvelle Zélande, l’industrie pharmaceutique fait également des profits. Le modèle kiwi n’est donc certainement pas une mesure « anticapitaliste », mais cherche justement à maintenir la fonction de vache à lait pour les médecins et l’industrie pharmaceutique, protégeant ainsi ce beau monde de leur propre gloutonnerie: si le système n’est plus tenable, fini les profits!

    L’argument selon lequel on laisserait jouer le marché libre est tout aussi dénué de sens. Le jeune capitalisme de la libre concurrence est mort, et a laissé place au capitalisme monopoliste, dans lequel les grandes multinationales dictent leur loi.

    L’industrie pharmaceutique a une machine de marketing énorme qui doit assurer que seuls les produits les plus chers sont disponibles. De différentes manières, les prescripteurs sont «convaincus»: offre de petits voyage masqués comme jours d’étude, restaurants de luxe, échantillons gratuits (qui obligent plus ou moins le patient à continuer après avec le même médicament), sponsoring des magazines professionnels,… La «pharma-maffia» dépense plus en publicités qu’en recherches. Pour autant que cela continue, on pourrait encore installer 100 modèles kiwi, sans réel changement. Un autre cancer des soins de santé: la médecine de prestation Au lieu d’abolir résolument la médecine de prestation (dans lequel le médecin est payé par « client »), Demotte se limite à quelques mécanismes de contrôle.

    Chaque hôpital regorge d’histoires d’abus de prestations (non-nécessaires, ou tout simplement inexistantes). Cela peut revêtir la forme de consultations hebdomadaires de tous les patients d’un hôpital, pour finalement ne pas s’y intéresser. Comment un mécanisme de contrôle va-t-il différencier ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas? Les patients qui en ont besoin sont menacés d’être les victimes de ces mesures limitatives. Un contrôle de qualité va s’avérer pratiquement impossible.

    Dernière couche d’absurdité ; ce sont bien souvent les infirmiers qui s’occupent de ces prestations, le rôle du médecin se limitant à garder ouvert son portefeuille.

    Une alternative socialiste

    au hold-up capitaliste sur les soins de santé Pour un programme socialiste relatif aux soins de santé, nous mettons en avant les trois éléments suivants, parmi d’autres:

    1. La mise sur pied d’un service de santé national aux mains de l’état et sous contrôle des travailleurs et des consommateurs. Cela permet d’éliminer la concurrence entre hôpitaux et de simplifier le financement. Actuellement, les hôpitaux dépendent de subventions de l’état et des cotisations des médecins.

    2. L’abolition résolue de la médecine de prestation et le payement des médecins comme des salariés: la surconsommation n’aurait donc plus aucun intérêt. De plus, il serait fini le temps des médecins se comportant en seigneurs intouchables dans leur hôpital.

    3. La nationalisation de l’industrie pharmaceutique afin que seuls les meilleurs produits soient vendus, et à bas prix. La montagne d’argent qui est gaspillée aujourd’hui dans la publicité pourrait aller intégralement à la recherche.

    Est-ce que la scission est une solution?

    L’explosion des dépenses a renforcé l’appel flamand pour une fédéralisation des soins de santé. Des deux côtés de la frontière linguistique, chiffres et statistiques sont mis en avant. Mais ces chiffres sont flexibles et peuvent être interprétés de différentes manières.

    En plus, les avocats de la scission ne proposent pas de projet réfléchi. Pour les travailleurs et les consommateurs une scission serait tout sauf une bénédiction. Selon Gilbert De Swert (CSC) une sécurité sociale flamande serait (encore) plus libérale étant donné que le rapport de forces est moins favorable à classe ouvrière en Flandre qu’en Wallonie. Il ne se passerait guère de temps avant qu’on ne commence à privatiser le secteur peu à peu. Aux Etats- Unis on voit bien ce qu’un tel système a à offrir: bien qu’une partie importante de la population vit dans la précarité, les dépenses par habitant sont les plus élevées du monde développé, et cela avec une espérance de vie et un degré de mortalité infantile tragique. Difficile de voir là un modèle d’efficacité. Quoique encore une fois, tout dépend du côté où l’on se trouve.

    Il n’y a aucun espoir de diminution des abus tant que la maximalisation des profits reste le moteur des soins de santé. Ceux-ci ne peuvent être de qualité et durable que dans une société socialiste qui part des besoins de la population et non pas des profits des entreprises.

  • Comité Exécutif international du CIO. APRES LA VICTOIRE DE BUSH: VERS UN NOUVEL ORDRE MONDIAL?

    Comité Exécutif international du CIO

    LE COMITÉ POUR UNE INTERNATIONALE OUVRIÈRE (CIO), qui possède des sections dans 36 pays et sur tous les continents et dont fait partie le MAS/LSP, a tenu en Belgique son exécutif durant la 3ième semaine du mois de novembre. Les délégués – venus de tous les continents – ont brossé l’état de la situation politique et économique internationale et avancé des perspectives de développement.

    Vincent Devaux

    C’est reparti pour un tour

    L’actualité a partout été dominée par la question des élections américaines. Bush a été réélu alors qu’il est certainement le président US le plus haï depuis longtemps. Mais s’il a remporté les élections, son soutien s’est érodé et il est loin des 90% qu’il avait dans les sondages peu après le 11 septembre.

    Kerry ne représentait pas une alternative à la politique de Bush. Le slogan «Tout sauf Bush» appelant à voter démocrate a érodé le résultat de Ralph Nader (moins de 1%), seul candidat qui présentait un programme défendant les couches opprimées. Une grande partie des votes engrangés ne le sont pas sur base de la politique étrangère (Irak), ni même de sa politique intérieure, mais plutôt sur base des valeurs morales traditionnelles avancées par Bush dans sa campagne avec l’appui des évangélistes.

    L’incertitude sur la ligne politique pour son second mandat est tombée. On constate qu’il va poursuivre sa politique agressive. Il a déjà déclaré qu’il voulait un budget de 2.200 milliards de $ pour le budget de la défense jusqu’en 2008 et une diminution de l’impôt sur les plus-values.

    L’économie mondiale tirée par les Etats-Unis et la Chine est en porte-à-faux

    Bush va devoir tenir compte de deux déficits jumeaux colossaux: le déficit public et celui de la balance des paiements. Le financement de sa dette se fait au travers de l’émis-sion de bons du trésor, les 3/4 des investissements dans des bons d’états par les banques étrangères sont le fait de l’Asie, principalement la Chine et le Japon. Si la croissance US en 2004 a été de 4.4 %, elle est due partiellement à la baisse continuelle du taux d’intérêt passant de 6.25% à 1.25% en quelques années provoquant une surconsommation et la naissance d’une bulle immobilière. La baisse d’impôt – pour les plus riches- au début de la première législature de Bush et la guerre en Irak, remplissant les poches des marchands de canons par une politique de «keynésianisme négatif», a également permis de soutenir la croissance.

    La baisse du dollar permet de réduire artificiellement la dette US et permet d’écouler ses produits plus facilement sur le marché mondial et donc d’exporter la crise. Mais cette dépréciation du dollar mine la confiance des investisseurs qui choisissent de se tourner vers d’autres devises comme l’euro. L’importante croissance économique de la Chine ces dernières années (+/-9%) ne doit pas cacher son caractère inégalitaire entre les différentes provinces ; l’intérieur du pays principalement rural restant très pauvre. Le pouvoir central tente de contrôler l’ouverture de l’économie chinoise au capitalisme afin d’éviter l’implosion de cet énorme pays comme en URSS. L’économie chinoise, basée sur l’exportation de biens et l’importation d’énergie et de matières premières est très sensible à l’économie américaine et aux variations de ses taux d’intérêts. Une élévation des taux d’intérêts aurait un impact sur la croissance chinoise.Bien que les achats massifs de bons d’états US permettent de soutenir artificiellement la croissance des Etats-Unis et donc l’exportation de produits chinois, la Chine ralentit ses investissements dans la dette US car elle doit également diversifier ses investissements dans le secteur énergétique pour garantir son approvisionnement. Les deux économies sont très liées et sont actuellement la locomotive de l’économie mondiale, mais elles se soutiennent artificiellement et pourraient s’écrouler tel un château de carte.

    On a vu ces derniers mois une augmentation du prix du pétrole dépassant les 45 dollars le baril, due à la combinaison d’une croissance de la consommation d’une part et à l’instabilité de certains pays producteurs d’autre part: l’Irak qui ne peut rétablir son ancienne production, instabilité politique au Vénézuela, grèves à répétition au Nigéria, affaire Ioukos,… d’autre part il y a eu peu de découvertes de nouvelles ressources pétrolières ces dernières années et les installations n’ont pas été suffisamment développées, certains économistes pensent qu’il faudra 15 ans pour rétablir la situation. La production de l’acier au niveau mondial est également sous pression de la demande chinoise. Cette montée du cours du brut a des conséquences directes sur les prix des biens à la consommation et réduit le pouvoir d’achat des populations et cela même dans des pays comme l’Iran ou le Nigéria, exportateurs de brut mais qui doivent importer des produits raffinés.

    Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte en elle l’orage. (Jaurès)

    Les Américains n’ont pas les moyens de leur ambition: jouer les gendarmes du monde. S’ils ont annoncé la prise de Falluja en Irak comme une victoire, provoquant le déplacement dans des conditions précaires de 200.000 personnes, il est clair que c’est plutôt une défaite et que la résistance devient plus expérimentée. De plus le risque d’une guerre civile n’est pas exclu si les Sunnites ne sont pas représentés au parlement.

    La politique guerrière de Bush est partiellement responsable de la reprise de la course à l’armement. La Corée du Nord et l’Iran, qui développent un arsenal nucléaire, sont sous pression de l’Occident. Une intervention militaire en Iran n’est pas exclue mais beaucoup d’obstacles sont présents; accords gaziers avec la Chine et autres fournitures pétrolières avec autres pays, comme la Russie,… le pays est en pleine croissance ce qui n’était pas le cas de l’Irak après une guerre et une décennie d’embargo.

    De plus, avec une population trois fois plus nombreuse et un pays quatre fois plus grand que l’Irak il va être plus difficile d’y intervenir. Enfin, l’administration doit compter avec le mécontentement croissant parmi la population et l’armée américaine. Une intervention en Corée du Nord pourrait dégénérer en guerre régionale avec la proximité de la Corée du Sud et de la Chine.

    Une montée de la lutte des classes

    Le Nigeria a déjà vu 7 grèves générales contre l’augmentation du prix de l’essence depuis qu’Obasanjo est au pouvoir et qu’il mène une politique dure de privatisation des services publics. En Chine des mouvements à caractère insurrectionnels se multiplient.

    Une manif a rassemblé‚ 40 à 50.000 personnes à Wanzhou pour protester contre la bastonnade d’un travailleur par un fonctionnaire. Une grève de sept semaines a eu lieu dans une usine textile qui était privatisée, 7.000 personnes protestant contre leurs nouvelles conditions de travail et les licenciements, ce qui est une première depuis 1949. On doit également citer une occupation d’un barrage par des paysans qui est passée de 40.000 à 100.000 personnes après la mort d’un manifestant et qui a finalement obligé la police à se retirer. En Amérique Latine, la plupart des gouvernements – au Pérou, Brésil, Venezuela, Argentine,…- tiennent un discours anti-libéral. La Colombie a vu l’élection d’un président social-démocrate après 100 ans de pouvoir aux mains des conservateurs, signe de l’élévation de la conscience de la population. On voit néanmoins actuellement les limites de tous ces gouvernements qui ne cassent pas avec le capitalisme.

    L’Europe entre en marche Les attaques sur les conditions de vie des ouvriers entraînent la réaction de la classe ouvrière par des manifestations rassemblant des centaines de milliers de personnes (grèves générales en Italie…).

    En Angleterre, le syndicat des pompiers a consciemment brisé ses liens avec le Labour Party qui mène les attaques sur le niveau de vie des gens. L’Allemagne qui a certainement vu les pires attaques, a vu se développer les Journées du Lundi (contre le plan Hartz IV) ainsi qu’une nouvelle formation électorale qui pourrait être le point de départ d’un nouveau parti des travailleurs. Aux Pays-Bas, le modèle « Polders », basé sur la paix sociale a montré ses limites, la manif du 9 octobre dernier contre la politique de Balkenende a rassemblé entre 200.000 et 300.000 manifestants. En Pologne, avec un taux de chômage moyen de 20-30 %la population n’a plus d’illusions sur les soi-disant bénéfices de l’intégration au sein de l’U.E.

    Partout dans le monde nous voyons une montée de l’instabilité politique des tensions entre les grands blocs économiques, un pourrissement de la société dans les pays où intervient l’impérialisme et une escalade militaire. Seul un changement de société, porté par le développement de la lutte des classes peut éviter une explosion de barbarie.

  • MARCHE DES JEUNES POUR L’EMPLOI

    Une réponse à la politique du gouvernement et du patronat

    IL ÉTAIT LARGEMENT reconnu que le gouvernement et le patronat allait entamer l’attaque contre les acquis des travailleurs et leurs familles vers la fin de 2004. La résistance n’a pas attendu le moment où ces attaques allaient s’intensifier. Les dernières semaines, on a assisté aux grèves dans le secteur non marchand, dans l’enseignement francophone, à La Poste et à la STIB (transports en commun bruxellois). Le secteur privé, exception faite pour l’aéroport de Zaventem, demeure relativement calme, mais derrière les apparences la tension monte. L’automne chaud est déjà une réalité, mais malheureusement le mouvement ouvrier ne dispose pas d’un programme, d’une stratégie et surtout d’une direction capable de gagner la bataille.

    Eric Byl

    Les partis traditionnels de gauche

    Les travailleurs n’ont pas à compter sur le soutien des partis traditionnels prétendument «de gauche». Pour Ecolo et Agalev, il n’a fallu qu’une seule participation au pouvoir pour qu’ils apparaissent clairement dans quel camp ils jouaient. Grâce à ces deux partis on nous a imposé nombre de sanctions (contre la décharge de déchets clandestins, contre les fumeurs,…) et de nouveaux impôts (des taxes écologiques, eau de surface, essence,…), mais l’industrie et les gros pollueurs n’étaient jamais touchés. Deleuze (Ecolo), ancien Secrétaire d’État, voulait éviter la confrontation avec le patronat sur Kyoto en achetant de l’air propre à l’ex-Union Soviétique.

    Au gouvernement, Agalev surtout a compris l’art de mépriser la population. Mieke Vogels a menacé en tant que ministre flamande de la Santé de courtcircuiter les syndicats. Byttebier, qui lui a succédé, a insinué que pas mal d’handicapés fraudaient. Maintenant qu’il est chassé du gouvernement, Groen a fait sa réapparition dans les manifestations du non marchand. Mais ces manifestations sont organisées autour des mêmes revendications que les Verts rejetaient brutalement quand ils siégeaient sur les bancs du gouvernement.

    La social-démocratie participe au gouvernement depuis 1988. Pendant cette période la flexibilité a tellement augmenté que 39,5% des travailleuses sont aujourd’hui engagées à temps partiel. Les jeunes doivent presque exclusivement recourir au travail intérimaire. Les bâtiments publics et les entreprises publiques, construits avec l’argent de la communauté, sont vendus pour un quignon de pain aux amis du secteur privé. En échange, les dirigeants «socialistes» reçoivent des postes bien rémunérés dans une série de conseils d’administration. LucVanden Bossche, ancien ministre SP.a, a reçu en récompense le poste de directeur de Biac, la société qui exploite de l’aéroport de Bruxelles National. Le bourgmestre de Gand, Beke, siège au conseil d’administration de Dexia. Pour cette charge (assister à 7 réunions par an!), il reçoit 34.000 euros par an. Si le PS joue ici et là le jeu d’enfant terrible, le SP.a est l’instigateur de la politique d’austérité. Vande Lanotte et Vandenbroucke ont bataillé depuis le début de l’année pour la mise en oeuvre de mesures «structurelles». Vandenbroucke est l’arrogant responsable de la chasse aux chômeurs. Vande Lanotte est celui qui prépare la privatisation des services publics.

    Les directions syndicales

    Les syndicats organisent au moins 58% des travailleurs actifs (sans compter les prépensionnés et les chômeurs), ce qui représente une hausse de la syndicalisation de 8% sur dix ans. Si les syndicats s’étaient servi de cette force, le gouvernement et le patronat aurait pu faire une croix sur tous leurs plans d’austérité. Cela exige par contre une alternative contre la politique actuelle et c’est exactement cela qui fait défaut aux directions syndicales.

    Elles ne voient pas comment aller à contre-courant de la logique néo-libérale. Elles ont donné leur accord à l’introduction du travail intérimaire et des contrats précaires. Elles ont accepté la disparition de presque 10 000 postes de travail chez Belgacom au prix de cadences infernales. Elles sont maintenant sur le point d’accepter la scission de la SNCB qui coûtera à terme 10.000 emplois et menacera la sécurité des voyageurs et du personnel. A La Poste elles ont avalé Géoroute et Poststation qui feront disparaître 10.000 emplois.

    Faute d’une alternative réelle, les directions syndicales ne dépassent pas le stade d’une opposition superficielle. Si la pression d’en bas devient trop forte, elles organisent des actions pour donner un peu de voix à la colère, en mobilisant les travailleurs de façon divisée. Le mot «mobiliser» ne décrit pas vraiment la situation, car les directions syndicales «démobilisent». En fait, la politique syndicale actuelle consiste à organiser des manifestations d’enterrement lors des fermetures et d’entretenir des relations d’affaires avec les politiciens amis.

    Le lien entre l’ACV et le CVP, prédécesseur du CD&V , a toujours été problématique. Des gouvernements CVP successifs ont abusé de leurs liens avec l’ACV pour vendre leur politique aux travailleurs. Maintenant que le CVP n’est plus l’instrument le plus important de la bourgeoisie, le PS et le SP.a sont mis en avant. Les dirigeants de la FGTB et de l’ABVV ne se servent pas de leurs positions dans les bureaux politiques de ces deux partis pour imposer une politique plus sociale mais, inversement, pour faire avaler à la base syndicale la politique antisociale de ces deux partis.

    Cette démarche est plus d’une fois récompensée par une fonction publique lucrative. Tant que l’ACV restera dominé par le CD&V et la FGTB par le SP.a et le PS, les syndicats accumuleront les défaites dans la lutte des travailleurs.

    La crise structurelle

    Si on suit le patronat et ses valets politiques, la Belgique ne peut que se maintenir au sommet qu’en restant plus efficace que tous les autres pays du monde. «Efficace» ne signifie pas «plus social» ou « de meilleurs services et plus nombreux» ou «la satisfaction maximale des besoins d’un maximum de personnes». Non, «efficacité» doit exclusivement être synonyme de «rentabilité». Si l’on prend en considération les 30 dernières années, depuis la crise de 1974, alors notre système économique ne s’avère pas si «efficace». Il est vrai que les profits des entreprises ont considérablement augmenté. Cela ne résulte cependant pas de la croissance globale des richesses, mais de la politique de pillage au détriment de notre santé et de nos revenus. Les travailleurs de Belgique sont n°2 du monde, derrière la Norvège, au niveau de la productivité. Nous produisons en moyenne 11% de plus de valeurs par heure que nos collègues américains, 32% de plus qu’en Grande Bretagne, 39% de plus qu’au Japon et 8% de plus qu’en France. Notre système économique est tellement efficace que des personnes actives ne travaille même pas. Qui a du travail est en proie à un stress anormal. La Belgique est au premier rang mondial en matières de maladies liées au stress: l’infarctus et les dépressions.

    Selon les patrons et les politiciens qui les servent, les travailleurs belges coûtent trop cher. Entre 1981 et 2001 le coût salarial réel par unité produite a diminué annuellement de 0,3%. L’an dernier cette diminution se chiffrait au moins à 1,4%! On pourrait prétendre que les inactifs prennent tout l’argent.

    Mais en réalité, en vingt ans les pensions sont passées de 34% du salaire moyen à 32%. Ceux qui «profitent» des allocations de chômage ont subi la même perte en valeur: de 42% par rapport au salaire moyen à 28% en 20 ans. Il n’est donc pas étonnant que la pauvreté ait progressé. Au début des années 90 il y avait 6% de pauvres (chiffres officiels), c’est maintenant 13%. Voilà pour cette fameuse efficacité.

    Les propositions patronales pour les négoociations de l’accord interprofessionnel

    En préparation du budget et des négociations pour un nouvel accord interprofessionnel, le patronat, depuis l’été, a préparé l’une après l’autre diverses propositions. Il utilise comme un pied de biche l’exemple de Siemens en Allemagne: un allongement de la durée du travail sans adaptation du salaire. Le patronat prétend ainsi «sauver l’emploi». A Marichal Ketin (Liège), le patron avait proposé d’aug-menter le temps de travail de 36 à 40 heures et de licencier entre 10 et 20 intérimaires. En voilà une drôle de façon de «sauver» l’emploi! Heureusement, il n’a pas réussi à faire gober cela aux travailleurs.

    Pour la majorité des patrons, le débat sur le temps de travail est un épouvantail mis en avant pour effrayer les travailleurs et imposer d’autres mesures de régression sociale. La fédération patronale du métal, par exemple, réclame davantage la baisse des charges et surtout le gel des salaires. Dans la construction les patrons réclament surtout l’annualisation du temps de travail. Dans le secteur de distribution et de l’alimentation, la question centrale porte sur un assouplissement des heures supplémentaires.

    Afin d’être sûr que ce recul social sera accepté, on menace beaucoup. On essaye de nous faire croire que l’élargissement de l’Europe va mener à une invasion de main-d’oeuvre à bon marché. La Commission Européenne veut permettre que des travailleurs de l’Europe de l’Est soient embauchés, en Europe occidentale, aux salaires de l’Est! Il est évident que cela va saper les salaires et les conditions de travail ici. En même temps, Vandenbroucke veut obliger les chômeurs à accepter n’importe quel emploi. Sa chasse aux chômeurs n’a rien à faire avec la prétendue «fraude sociale». Pour chaque poste vacant, il y a au moins 7 candidats. Chaque examen d’embauche suscite la candidature d’un nombre impressionnant de demandeurs d’emploi. Celui qui veut suivre une formation à l’Orbem ou au Forem doit patienter pendant des mois ou n’y a pas droit. L’objectif de la politique d’exclusion est d’utiliser les chômeurs pour saper les conditions de travail et les salaires de ceux qui ont encore du travail. Selon le rapport sur les salaires du Conseil Central de l’Economie, en préparation des négociations sur l’accord interprofessionnel, il n’y a, comme par hasard, toujours pas de marge pour une augmentation des salaires. Les salaires en Belgique ont progressé apparemment de 1,4% de plus que les salaires dans les trois pays voisins (France, Allemagne, Pays-Bas). Ce ne sont évidemment que des moyennes. Les salaires de managers comme Jan Coene, qui s’est octroyé une récompense de 800 millions de FB en trois ans, y sont aussi inclus. Par ailleurs, quand on dit que nos salaires ont «progressé plus rapidement» que dans les pays voisins, il est plus exact de dire qu’ils ont «baissé moins vite». En comparaison avec le patronat allemand et néerlandais, la Belgique est loin de la situation «optimale». En bref: malgré la misère dans laquelle vivent nos pensionnés, malgré la montée officielle du nombre de pauvres, nos patrons et leurs serviteurs politiques ont l’eau à la bouche quand ils rêvent d’une politique aussi anti-sociale que celle de Schröder et de Balkenende.

    Construire un rapport de forces

    Jamais dans l’histoire il n’y a eu autant de richesses et autant de profits qu’aujourd’hui. Mais il n’y a jamais eu non plus autant de pauvres. Plus que jamais il faut que les travailleurs et leurs familles contrôlent la richesse qu’ils produisent et qu’ils l’utilisent pour satisfaire les besoins de l’ensemble de la population. Si les dirigeants syndicaux le voulaient, ils pourraient paralyser toute l’Europe. Mais la nécessité de se réapproprier les richesses disponibles, accaparées aujourd’hui par un petit nombre de parasites, cette idée ne leur vient pas à l’esprit. Leur attitude mène au défaitisme chez beaucoup de travailleurs.

    Le défaitisme peut temporairement paralyser le mouvement ouvrier, mais ne contrebalance pas les effets de la situation vécue. Chaque secteur se met en mouvement l’un après l’autre, souvent sans les directions syndicales qui ne peuvent garder les travailleurs sous contrôle. La seule capacité qu’elles développent magnifiquement c’est de fractionner la lutte secteur par secteur. Mais si on veut forcer le gouvernement et le patronat à faire des concessions, l’action coordonnée et généralisée est indispensable. C’est précisément ce que les directions syndicales essaient à tout prix d’éviter depuis la grève contre le Plan Global de 1993.

    Marche des jeunes

    Le MAS seul ne peut pas transformer cette situation. Nous pouvons tout au plus intervenir dans la situation politique et sociale sur base du mécontentement dans divers secteurs. Dans une période de montée rapide du chômage et avec en arrière-plan une chasse aux chômeurs, nous avons décidé de faire un appel avec notre campagne Blokbuster à une nouvelle Marches des Jeunes pour l’Emploi. En 1982 et 1984 il y avait des dizaines de milliers de jeunes dans la rue contre le chômage. Ces marches étaient préparées par de nombreux comités locaux de mobilisation dans les écoles et les entreprises. Ce n’étaient pas des manifestations comme les autres, mais des campagnes menées pendant toute une année.

    En 1993 Blokbuster et les Jeunes FGTB ont organisé une petite Marche des Jeunes de 7.000 manifestants. Cette Marche s’est tenue juste après la chute du stalinisme, quand le capitalisme semblait pour beaucoup de gens le seul système possible. De plus les Jeunes CSC avaient refusé de participer. La «petite gauche» était, comme d’habitude, plus occupée à insulter les organisateurs qu’à mobiliser. Le journal La Gauche appelait Blokbuster «une filiale de la maison de mère britannique Militant» et dépeignait les Jeunes FGTB comme «une organisation inerte avec juste un fichier de membres» . Solidaire ne pensait pas grand-chose de cette Marche des Jeunes.

    Aujourd’hui la situation est totalement différente. Le chômage monte à nouveau en flèche. Le gouvernement a lancé une offensive. Différents secteurs sont en lutte. Il ne manque qu’une initiative capable d’unifier les luttes et d’offrir une perspective. Nous pensons que la Marche des Jeunes pourrait jouer ce rôle. En avril 2004 Blokbuster a contacté les jeunesses syndicales avec une proposition d’une Marche des Jeunes en octobre. Elles ont marqué finalement leur accord pour le 19 mars 2005.

    Nous craignons toutefois que les jeunesses syndicales ne pensent pas au même type de Marche que nous. Nous la voyons comme un point culminant où des comités locaux dans les entreprises, les écoles et les quartiers mobilisent pendant des mois avec des tracts, des réunions, des sessions d’information dans les entreprises, des actions locales devant les agences d’intérim, à l’ONEM, etc. La Marche elle-même, on la voit comme une marche combative où les jeunes pourront mettre en avant avec force leurs revendications sur l’emploi et les conditions de travail. Pas par des émeutes ou d’autres sottises, mais par une présence massive et décidée.

    Nous craignons cependant que les jeunesses syndicales pensent plutôt en termes d’une grande city parade, avec plein de ballons, des chars carnavalesques, de la musique à plein tube, des groupes de danseurs, mais pas beaucoup de réelle mobilisation autour des revendications concrètes. Le caractère final de cette Marche dépendra en grande partie de notre force. Nous appelons nos lecteurs à mettre sur pied partout où ils peuvent des comités pour la Marche des Jeunes autour d’un nombre de revendications concrètes: il faut s’en prendre au chômage, pas aux chômeurs; pas de petits boulots précaires, mais des emplois stables avec un vrai salaire; 32 heures hebdomadaires sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.

  • Femmes: l’apparence ou les compétences?

    EN WALLONIE, selon les chiffres officiels, il y a un emploi disponible pour 45 demandeurs d’emploi. Cela n’empêche pas les pouvoirs politiques de faire semblant de croire que c’est le chômeur qui est responsable du fait d’être sans emploi. On dit qu’il n’est pas assez qualifié, qu’il ne cherche pas vraiment du travail, etc… On reproche même aux chômeuses de ne pas faire l’effort d’être assez "présentables".

    Cécile Mangin

    Les chômeuses (53% du nombre total des chômeurs) ont encore plus de difficultés dans la recherche d’un emploi: elles doivent assumer les tâches domestiques et l’éducation des enfants, alors que le salaire qui leur est proposé ne permet généralement pas de payer la crèche des enfants et les frais de garderie.

    Que font les pouvoirs publics pour aider les femmes à trouver un emploi? Créer des emplois avec un salaire suffisant? Organiser des crèches financièrement accessibles? Rien de tout cela! La dernière idée scandaleuse est de leur proposer de suivre un atelier de "relooking" pour apprendre à (mieux) se maquiller, à choisir les vêtements et les couleurs qui leur vont (prétendument) bien. L’objectif est de les aider à reprendre confiance en elles et en leurs capacités de séduire un futur employeur!

    Une émission récente de la RTBf ("C’est la vie”, le 18/10/04) suivait ainsi cinq chômeuses de Charleroi qui avaient accepté de suivre une semaine d’un tel traitement. L’une de ces femmes en est sortie déstabilisée. Elle expliquait avoir perdu sa spontanéité parce qu’on lui avait dit que les couleurs qu’elle aimait jusqu’à présent ne lui allaient pas. Elle expliquait également que les crèmes diverses qu’on lui suggérait de mettre coûtaient cher et qu’elle n’avait pas les moyens de se les payer.

    C’est une forme d’atteinte inacceptable à l’intégrité de personnes plus vulnérables: les chômeuses. Les femmes n’ont pas à se transformer physiquement pour trouver du travail. La réalité est que dans la région de Charleroi, il y a 1 emploi pour 45 chômeurs et chômeuses. C’est cela qu’il faudrait transformer!

    Le MAS/LSP dans la Fosse aux Lions

    Les canons de beauté pour les femmes font la Une dans les médias. Mardi 26/10, Marijke Deschamps, présidente de la Commission Femmes du MAS/LSP et membre d’EGA/ALS était invitée à l’émission de la VRT Leeuwenkuil (La Fosse aux Lions) pour défendre notre point de vue. Elle était confrontée à des Miss et des presque Miss qui venaient défendre leur droit à utiliser leur beauté pour faire carrière. La question n’est pas de leur interdire – et d’ailleurs on se demande comment ce serait possible – mais de défendre le droit des femmes de pouvoir choisir, et de ne pas être jugées sur leur apparence physique mais sur leurs capacités.

    La semaine précédente Anja Deschoemacker avait été invitée, pour le MAS/LSP, à la même émission pour défendre un point de vue féministe sur la question de la prostitution: contre la criminalisation des prostituées, mais aussi contre la légalisation de la prostitution et contre la proposition de considérer cela comme une profession comme une autre. Aux Pays-Bas c’est considéré comme une profession et les chômeuses qui refusent d’accepter les propositions du service de placement peuvent perdre leurs allocations de chômage même si la proposition d’embauche est la prostitution au sens premier du terme.

  • Vers une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi, contre le Racisme

    En Allemagne et aux Pays-Bas, le gouvernement a déclaré la guerre aux travailleurs et aux jeunes. Les mesures d’austérité les plus rigoureuses depuis la Deuxième Guerre mondiale leurs sont imposées: semaine de 40 heures sans augmentation de salaire, recul de l’âge de la pension, renchérissement des droits d’inscription dans les universités, limitation drastique dans le temps des allocations de chômage.

    Nikei De Pooter

    En Belgique aussi le gouvernement et le patronat se préparent à imposer un plan d’austérité similaire. Pour la première fois les jeunes chômeurs sont directement attaqués. A partir d’octobre les chômeurs de moins de 30 ans seront convoqués pour se présenter à l’ONEm. Au nom du gouvernement, cet organisme doit considérer si des efforts «suffisants» ont été fournis afin de trouver un emploi. Sinon, les chômeurs seront sanctionnés. L’ONEm n’est pas une institution qui accompagne les travailleurs sans emploi, comme le FOREm et l’ORBEm. C’est un organe qui contrôle et réprime. Un document interne du gouvernement dévoile le but poursuivit: supprimer 30.000 chômeurs d’ici 2007 (De Tijd, 10/1/2004). Le gouvernement veut contraindre les chômeurs privés d’allocation à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition. Il veut ainsi mettre la pression sur les conditions de travail et sur les salaires.

    Les chômeurs ne seront pas les seuls à être attaqués. Le patronat parle ouvertement de la suppression des prépensions, de l’introduction de la semaine des 40 heures, de l’accroissement de la flexibilité, du gel des salaires, de la privatisation des services publics,. De plus, avec les accords de Bologne, l’enseignement supérieur va se réformer selon le modèle américain, ce qui aura pour conséquence d’augmenter considérablement les droits d’inscription.

    Face à cette offensive généralisée du patronat contre les acquis sociaux, déjà engagée dans les pays voisins, le mouvement ouvrier doit également proposer une réponse globale. C’est pourquoi Blokbuster et le MAS/LSP ont proposé aux organisations de jeunesse des syndicats d’organiser une nouvelle Marche des Jeunes pour l’Emploi et contre le Racisme, comme premier pas dans cette direction. En Allemagne et aux Pays-Bas, des manifestations de masse et des mouvements de grève font trembler la bourgeoisie. Cet exemple doit être suivi. C’est seulement par une résistance massive et active que nous pouvons faire plier le gouvernement et le patronat!

    Nous voulons rassembler en action toutes les couches des travailleurs et des jeunes touchés par la volonté d’austérité du gouvernement. Par la Marche des jeunes du 19 mars 2005, nous voulons unifier la lutte contre la politique de démantèlement social. Nous appelons tout le monde dans les écoles, les universités, les entreprises et les quartiers à mettre sur pied des comités de mobilisation. Nous allons produire des autocollants, des tracts et du matériel approprié. Contactez-nous afin de faire de cette marche des jeunes un puissant levier contre la politique d’austérité!

  • Action le 11 octobre contre la chasse aux chômeurs

    C’est todi li p’tit qu’on spotch! (*)

    Cette maxime populaire est hélas toujours d’actualité. Malgré la forte croissance de la productivité et des richesses produites, rien n’a véritablement changé. Les riches sont toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres. Depuis le milieu des années 70, on assiste à une crise structurelle du capitalisme avec des périodes de dépression de plus en plus profondes. Plus les richesses sont accaparées par les capitalistes et plus le pouvoir d’achat des gens diminue augmentant ainsi la misère. Avec la chute du Mur de Berlin et l’absence d’alternative au capitalisme, l’idéologie néo-libérale à été imposée très facilement par la bourgeoisie qui a multiplié ses attaques toujours plus arrogantes face à un mouvement ouvrier temporairement démoralisé. Actuellement les attaques viennent de tous les côtés: les politiciens bourgeois remettent en question les prépensions, la sécurité sociale…

    Vincent Devaux

    Les chômeurs risquent de voir leur allocation supprimée, les minervals pour entrer à l’unif sont de plus en plus élevés,… Pendant ce temps- là le patronat engrange des bénéfices de l’exploitation de plus en plus brutale des travailleurs – intérim, flexibilité,… – et des cadeaux du gouvernement. Le patronat allemand à mis en avant les 40 heures – dans les faits il veut diminuer le coût salarial – Il y a 150 ans, un patron verviétois aimait répéter «Il faut que l’ouvrier mange de l’herbe». On voit que leur arrogance n’a en rien changé. Dans toute l’Europe les attaques se font plus dures. En Allemagne, le gouvernement Schröder a décidé d’attaquer les chômeurs avec son plan Hartz IV destiné à diminuer leurs allocations quitte à les plonger dans la paupérisation.

    En réaction, de nombreuses manifestations ont eu lieu dès la fin juillet et se sont amplifiées en août dans différentes villes d’Allemagne, surtout à l’Est où les gens sont dans une situation plus précaire: les manifestations du lundi. Aux Pays-bas, ce sont près de 70.000 personnes qui ont manifesté contre les attaques du gouvernement Balkenende. De partout nous commençons à voir une résistance qui monte et qui s’organise. Il est tant que ressuscite le sentiment de peur pour la minorité exploiteuse qui nous entraîne toujours plus dans les affres de la guerre, de la misère, de l’incertitude du lendemain et que ressuscite le sentiment d’espérance pour des millions de gens qui n’ont que leur force de travail pour assurer leur bien fragile existence. En Belgique aussi, où les attaques sont similaires, nous voulons dire non!

    Nous organisons une manifestation à Liège le lundi 11 octobre et des rassemblement auront lieu devant les bureaux de l’ONEm de diverses villes belges comme Anvers, Gand, Louvain, Ostende où nous appelons tous ceux qui subissent ces attaques à faire entendre leur voix: chômeurs, étudiants, travailleurs, (pré)pensionnés,… Si nous ne voulons pas voir disparaître les quelques acquis qu’il nous reste, nous devons apprendre à nous organiser et montrer dans la rue notre opposition. Nous devons construire nous-même cette résistance et ne pas se faire d’illusions dans les politiciens qui ont toujours le langage rempli de miel et de jolies paroles. Si nous ne bougeons pas, c’est l’extrême droite et les discours racistes qui vont prendre le dessus, c’est la misère qui va s’enraciner. Organise-toi, parle de cette journée d’action dans ton école, avec tes collègues, tes amis, ta famille et rejoins-nous.


    (*) C’est toujours les petits que l’on écrase (proverbe populaire wallon).

  • Luttes sociales à nouveau à l’ordre du jour

    Le 2 octobre se sont déroulés deux manifestations de masse des travailleurs l’une à Berlin et l’autre à Amsterdam. Des centaines de milliers de travailleurs vont défiler pour s’opposer aux attaques contre leur niveau de vie. Les gouvernements sont déterminés à répondre aux exigences patronales, à pratiquer des coupes budgétaires dans les dépenses sociales, à raboter les salaires, à faire payer la crise aux travailleurs.

    Els Deschoemacker

    En Allemagne comme aux Pays-Bas ce sont les programmes d’austérité les plus sévères depuis la seconde Guerre mondiale. Et ce n’est qu’un début. Les patrons profitent de la crise pour mettre encore plus le couteau sous la gorge des travailleurs. A Volkswagen les salaires on été gelés pour deux ans sous peine de supprimer 30.000 postes de travail. Chez Opel il est aussi question de revenir aux 40 heures sans hausse de salaire.

    Tout cela ne passe pas comme une lettre à la poste. En Allemagne, chaque lundi soir, des manifestations de masse se déroulent dans de nombreuses villes contre les mesures Hartz IV destinées à radier en masse les chômeurs. Le gouvernement Schröder veut contraindre les chômeurs à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelle condition. C’est surtout dans l’ex-Allemagne de l’Est que les manifestants sont nombreux car le retour au capitalisme y a provoqué à une extension galopante du chômage et de la pauvreté.

    Les mouvements de grèves se développent aux Pays-Bas. Une grève régionale a eu lieu à Rotterdam à l’initiative de «De Maat is vol!» (La coupe est pleine!), un mouvement d’opposition des dockers contre la passivité de la direction syndicale.

    Un des plus grands ports du monde a été à l’arrêt, ainsi que les services publics et quelques entreprises privées. Les syndicats attendaient 20.000 participants à la manifestation, il y en a eu 60.000. Aujourd’hui tout le monde se prépare à une deuxième grève régionale, cette fois à Amsterdam. Vu le succès de la précédente et la combativité des travailleurs, on s’attend à une amplification de la grève. Ce mouvement met aujourd’hui en avant la revendication d’une grève générale!

    Pour le patronat et le gouvernement belges: «Etant donné qu’en Allemagne et aux Pays-Bas les gouvernants ont pris de solides mesures d’austérité la Belgique devra suivre pour maintenir “notre” position concurrentielle par rapport aux pays voisins». Mais évidemment le patronat et le gouvernement belges voudraient imiter les programmes d’austérité des pays voisins sans importer les mobilisations sociales. La FEB a mis au point une note stratégique habile où les provocations sont évitées: modération salariale au lieu de blocage des salaires, allongement du temps de travail au lieu de 40 heures hebdomadaires, suppression de la réglementation sur les pensions anticipées au lieu de suppression des prépensions. La FEB a clairement tiré les leçons du SP.a et du PS. L’austérité doit être faite, mais ne doit pas être perçue comme une attaque.

  • La Belgique n’est pas un paradis social

    La fin d’un mythe!

    UNE ETUDE récente du Centre pour une Politique Sociale (CSB) de l’université d’Anvers montre qu’un grand nombre de retraités perçoivent une pension plus basse que celle de la plupart des retraités des pays européens.

    Karel Mortier

    En Belgique, un couple de pensionnés recevait en 2001 près de 753 euros par mois. Le montant de la moyenne européenne est de 1.135 euros, soit presque 400 euros de plus. Au Grand Duché de Luxembourg un couple reçoit 1.379 euros, presque le double. En France et aux Pays-Bas respectivement 1.281 euros et 1.126 euros. Le pouvoir d’achat d’un couple de pensionnés en Belgique est inférieur de 34% à la moyenne européenne.

    Il n’y a pas que les pensionnés. Beaucoup de gens vivant du minimex (maintenant appelé “revenu d’intégration sociale”) sont également dans une plus mauvaise situation que dans les pays voisins. Un couple percevant le minimex reçoit en Belgique 100 euros en moins que la moyenne européenne. L’étude montre également que l’argument du prétendu "piège au chômage" ne tient pas la route. L’idée que si les allocations augmentaient, les gens n’iraient plus travailler car ils ne gagneraient pas beaucoup plus qu’au chômage, se révèle fausse. L’écart entre les allocations et le salaire minimum est plus grand que dans la plupart des autres pays européens. Notre pays fait également partie des pays peu nombreux où le montant des allocations (chômage, invalidité, pensions du secteur privé) n’est pas couplé à l’augmentation des salaires.

    De plus, la récente augmentation du prix du pétrole n’est plus répercutée dans l’index: depuis longtemps l’essence n’est plus reprise dans l’index santé. Les automobilistes dépensent donc plus pour se déplacer. Ces mesures d’austérité et beaucoup d’autres, ont été menées dans les années 90 pour respecter les normes de Maastricht. Ces normes devaient être atteintes pour pouvoir lancer l’euro en Belgique. Dans les années 90 le niveau de vie d’une grande partie de ceux qui doivent vivre d’allocations a régressé. Selon le rapport, l’image donnée de la Belgique ("le pays qui jouit d’une grande protection sociale") doit donc également être fortement nuancée.

    La Belgique est aussi un des pays qui accorde le moins d’aide à ceux qui ont des difficultés financières pour se loger décemment. Ainsi beaucoup de gens sont obligés de consacrer une partie plus importante de leurs revenus au loyer. Le prix des loyers augmente plus vite que les salaires, et ne parlons pas des allocations!

    Actuellement, certains responsables politiques ne parlent que de "l’Etat social actif" et avancent l’idée que la Belgique est en retard en matière de mesures d’austérité par rapport aux pays voisins. Dans les années 90 l’Etat providence a été rangé au frigo pour pouvoir lancer l’euro.

    Quels niveaux vont atteindre nos pensions si nous laissons faire les gouvernements actuels, qui poursuivent leur logique néo-libérale?

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