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Syrie : Le massacre de Houla augmente la crainte d’une véritable guerre civile
Le meurtre de 108 personnes près de la ville syrienne de Houla a interpelé et choqué dans le monde entier. Le meurtre de 49 enfants, dont beaucoup ont été tués à bout portant, est particulièrement odieux. Les tensions sectaires alimentées par cet acte barbare font planer la terrible menace d’un glissement vers un conflit plus large et d’une véritable guerre civile. Comme toujours, les travailleurs et les pauvres en souffriront le plus. En lutte contre le régime brutal de Bachar El Assad, la classe ouvrière doit s’opposer au sectarisme et à l’intervention impérialiste
Niall Mulholland, Comité pour une Internationale Ouvrière
Depuis 15 mois maintenant, des manifestations massives ont lieu dans beaucoup d’endroits de Syrie contre le règne dictatorial de la famille Assad, qui dure depuis plus de 40 ans. A l’origine, ces protestations se sont déroulées dans le cadre des révolutions au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Mais en l’absence d’un mouvement indépendant de la classe ouvrière dirigeant la lutte et avec de plus en plus d’intervention dans la région de la part de régimes réactionnaires tels que ceux du Qatar et d’Arabie Saoudite ainsi que l’ingérence impérialiste, le conflit syrien a de plus en plus adopté un caractère de guerre civile teinté de sectarisme.
Les puissances occidentales, en particulier les USA, la Grande Bretagne et la France, ont été rapides à condamner les atrocités de Houla. Elles ont fait reporter tout le poids de la faute sur le régime syrien du président Bachar el-Assad, qui décline de son côté toute responsabilité. Il est certain que beaucoup de témoins et de survivants accusent les forces armées syriennes et les gangs de Shabiha (qui peut se traduire par ‘‘bandits’’), qui massacrent et enlèvent régulièrement les opposants. Les investigateurs de l’ONU ont dit qu’il y a des indices que les Shabiha aient accompli au moins une partie de la tuerie des 25 et 26 mai.
Les accusations des puissances impérialistes sont toutefois profondément hypocrites et écœurantes. Des centaines de milliers de civils ont perdu la vie en Irak comme en Afghanistan du fait de l’invasion occidentale et de l’occupation. Dans le cadre de leur quête de pouvoir, d’influence et de contrôle des ressources, des attaques aériennes impérialistes de drones ont quotidiennement lieu au Pakistan, en Somalie et au Yémen. Le lendemain du massacre de Houla, une attaque de l’OTAN dans l’est de l’Afghanistan a déchiqueté les 8 membres d’une famille.
Les puissances occidentales justifient l’utilisation de la force militaire en déclarant attaquer des cibles ‘‘terroristes’’, ce qui est une rhétorique similaire à celle de la dictature de Bachar el-Assad. Dans les deux cas, ces attaques au hasard, approuvées par l’Etat, équivalent à des exécutions sommaires et à de potentiels crimes de guerre.
Environ 15.000 personnes sont mortes en Syrie, majoritairement des mains de l’armée Syrienne et des forces pro-Assad, depuis l’insurrection de mars 2011. Mais sous le mandat d’Obama, plus de 500 civils ont été tués par des attaques aériennes dans le seul Pakistan, dont 175 enfants.<p
A couteaux tirés
Les USA, appuyant l’opposition syrienne, et la Russie, soutenant le régime d’Assad, sont de plus en plus à couteaux tirés à mesure qu’empire la situation du pays. Cela se traduit par des conflits au Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la manière de traiter la dossier syrien.
La Russie et la Chine ont voté contre les résolutions anti-Assad soutenues par les USA, la Grande Bretagne et la France. Malgré cette rhétorique, les positions des USA et de la Russie n’ont rien à voir avec la situation critique du peuple Syrien. Elles sont liées aux intérêts de leurs classes dominantes respectives et à celles de leurs plus proches alliés.
Les USA, la Grande Bretagne et la France ont clairement affirmé qu’ils veulent la fin du régime d’Assad. Depuis longtemps, ils le considèrent comme un obstacle à leurs intérêts impérialistes dans la région. Ils veulent à sa place un gouvernement docile et pro-occidental. Suite aux révolutions de l’année dernière qui ont renversé deux alliés cruciaux de l’occident dans la région – Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte – les puissances impérialistes sont déterminées à s’assurer que la révolte populaire en Syrie ne dépasse pas des barrières de ‘‘l’acceptables’’ (c’est-à-dire vers une position d’indépendance de classe) et qu’elle reste à l’avantage des impérialistes.
Les USA instrumentalisent l’échec du ‘‘plan de paix’’ de Kofi Annan (émissaire conjoint de l’Organisation des Nations unies et la Ligue arabe sur la crise en Syrie ) pour menacer d’entrer en action ‘‘en dehors du plan Annan’’ et de l’autorité du Conseil de Sécurité des Nations Unies, avec le soutien des plus proches alliés dans le conflit Syrien ; la Grande Bretagne et la France. Cela rappelle l’infâme coalition militaire menée par George Bush et Tony Blair qui a envahi l’Irak en toute illégalité.
D’un autre côté, la Russie considère le régime d’Assad comme un allié crucial dans la région, un allié qui lui offre un accès à un port de Méditerranée. Le ministre russe des affaires étrangères a ainsi indiqué qu’il pourrait être préparé à mettre en œuvre ce qu’il appelle la ‘‘solution Yéménite’’, c’est-à-dire qu’Assad soit renversé alors que la plupart de la structure de son régime resterait en place. Cette solution est calquée sur un plan de la Ligue Arabe au Yémen, où le président Ali Abdullah Saleh a perdu le pouvoir en février 2012, après des mois de manifestations massives.
Le Kremlin est cependant fermement opposé à toute intervention militaire occidentale, en particulier après l’expérience amère du conflit libyen l’an dernier. La Russie soutenait une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU basée sur la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, une ‘‘no-fly-zone’’. Mais les puissances occidentales ont utilisé cette résolution pour permettre une intervention armée de l’OTAN en Lybie, déviant la révolution de sa trajectoire, renversant le régime du Colonel Kadhafi et, selon leurs propres termes, installant un régime pro-occidental.
L’OTAN
Bachar el-Assad ne semble pas prêt de perdre le pouvoir ou d’être placé devant le risque imminent d’un coup d’Etat. Alors que la Syrie est frappée par des sanctions économiques, une part significatrice de la population dont beaucoup d’hommes d’affaires sunnites, n’ont pas encore catégoriquement rompu leurs liens avec le régime. Damas parie aussi sur le fait que l’Ouest serait incapable de mener une intervention militaire directe du type libyen.
Le ministre des affaire étrangères britannique, William Hague, a récemment menacé qu’aucune option ne puisse être écartée dans le traitement de Bachar el-Assad, laissant entendre la possibilité d’une action militaire occidentale. Mais l’attaque de l’OTAN contre la Lybie l’an dernier ne peut pas tout simplement être répétée en Syrie, un pays qui possède une population beaucoup plus élevée et dont les forces d’Etat sont, selon les experts militaires, plus puissantes, mieux entrainées et mieux équipées.
Assad a à sa disposition une armée de 250.000 personnes, en plus de 300.000 réservistes actifs. L’an dernier, l’OTAN a été capable d’envoyer des milliers de missions aériennes et de missiles sur la Lybie sans rencontrer de réelle résistance. Mais la Syrie possède plus de 80 avions de chasse, 240 batteries anti-aériennes et plus de 4000 missiles sol-air dans leur système de défense aérien. Les stratèges militaires occidentaux admettent qu’une invasion du pays demanderait un effort monumental. Leurs troupes seraient irréductiblement embourbées dans de larges zones urbaines hostiles.
Quant aux diverses propositions visant à aider la population et à affaiblir le régime Syrien sans offensive militaire directe (‘‘corridor humanitaire’’, ‘‘zone d’exclusion aérienne’’,…), elles exigent tout de même des opérations militaires offensives.
Chaque ère protégée devraient très certainement être sécurisés avec des troupes au sol, qu’il faudrait ensuite défendre contre des attaques, ce qui exigerait l’envoi de forces aériennes. Les stratèges britanniques de la défense admettent qu’une action militaire quelconque contre la Syrie ‘‘conduirait presqu’inévitablement à une guerre civile encore plus aigüe et sanglante.’’
De plus, la composition complexe de la Syrie (une majorité sunnite avec des minorités chrétienne, alaouite, druze, chiite, kurde et autres) entraîne le risque de voir l’intervention militaire occidentale déclencher une véritable explosion dans la région, sur bases de divisions ethniques et sectaires.
Même sans une intervention occidentale directe, la Syrie continue de glisser vers une guerre civile ‘‘à la libanaise’’. L’implication directe des régimes locaux de droite et des puissances mondiales qui soutiennent soit l’opposition, soit le régime, encourage cela.
Les puissances sunnites réactionnaires de la région, avec à leur tête l’Arabie Saoudite et le Qatar, utilisent la crise syrienne pour appuyer leur position contre les régimes chiites. Avec le soutien des USA et d’Israël, les régimes sunnites s’opposent à l’Iran, le plus important allié de la Syrie dans la région.
Il apparait que la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres Etats du Golfe, chacun suivant son plan, acheminent des fonds et des armes à l’opposition Syrienne, avec le soutien tacite des USA. Une base de passage à la frontière existe même depuis la Turquie. Les forces d’opposition armée disent avoir tué 80 soldats syriens le weekend du début du mois de juin. En même temps, un commandant en chef des Gardiens de la Révolution en Iran a récemment admis que les forces iraniennes opèrent dans le pays pour soutenir Assad.
Patrick Cockburn, le journaliste vétéran du Moyen-Orient, a écrit que les rebelles armés ‘‘pourraient probablement commencer une campagne de bombardement et d’assassinats sélectifs sur Damas’’ (Independent, dimanche 03/06/12). Le régime d’Assad riposterait en ayant recours à des ‘‘sanctions collectives’’ encore plus sauvages. Damas serait ‘‘ victime de la même sorte de haine, de peur et de destruction qui ont ébranlé Beyrouth, Bagdad et Belfast au cours de ces 50 dernières années.’’
Le sectarisme s’approfondit. La minorité chrétienne craint de subir le même sort que les chrétiens d’Irak, ‘‘ethniquement purgés’’ après l’invasion américaine de 2003. Le régime d’Assad exploite et alimente cette peur pour se garder une base de soutien dans la minorité chrétienne, ainsi que chez les Alaouites, les Druzes et les Kurdes. Les USA, la Grande Bretagne, la France et l’Arabie Saoudite et leurs alliés sunnites dans la région ont utilisé sans scrupules la carte du sectarisme pour défendre un changement de régime à Damas et pour leur campagne contre l’Iran et ses alliés. Tout cela a des conséquences potentiellement très dangereuses pour les peuples des Etats frontaliers et dans toute la région.
Le conflit Syrien s’est déjà déployé au Liban frontalier, où le régime d’Assad a le soutien du Hezbollah, qui fait partie de la coalition gouvernementale. Le conflit entre les sunnites et les alaouites pro-Assad dans la ville de Tripoli au Nord du Liban a fait 15 morts en un weekend. Ces dernières semaines, le conflit s’est dangereusement exporté à Beyrouth, faisant craindre la ré-irruption d’un conflit sectaire généralisé au Liban.
La classe ouvrière de Syrie et de la région doit fermement rejeter toute forme de sectarisme et toute intervention ou interférence impérialiste.
Intervention
L’insurrection de mars 2011 en Syrie a commencé par un mouvement authentiquement populaire contre la police d’Etat d’Assad, l’érosion des aides sociales, les degrés élevés de pauvreté et de chômages et le règne de l’élite riche et corrompue.
En l’absence d’un mouvement ouvrier fort et unifié avec un programme de classe indépendant, les courageuses manifestations massives semblent avoir été occultées et dépassées par des groupes d’oppositions armés et hargneux. Alors que beaucoup de Syriens restent engagés pour un changement révolutionnaire et résistent à la provocation sectaire, de plus en plus de dirigeants de ces forces sont influencés par les régimes réactionnaires de la région et par l’impérialisme.
Les combattants islamistes de la province irakienne d’Anbar, de Lybie et d’ailleurs ont rejoint l’opposition armée libyenne. Une attaque à la voiture piégée à Damas qui a tué un nombre de personnes record en mai dernier est largement reproché aux combattants de l’opposition liés à Al-Qaeda.
Le Conseil National Syrien (CNS), un groupe d’opposition exilé, demande une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies autorisant l’usage de la force contre Assad, ce qui paverait la voie à une intervention armée, à l’instar de la Lybie.
Alors qu’une grande partie du peuple libyen est dans une situation désespérée et que certains peuvent sincèrement espérer une intervention militaire extérieure, les évènements en Lybie illustrent que l’implication de l’OTAN ne conduit ni à la paix, ni à la stabilité. Le nombre de morts a connu une percée après que l’OTAN ait commencé ses attaques aériennes sur la Lybie, se multipliant par 10 ou 15 selon les estimations. Le pays, ruiné par la guerre, est maintenant dominé par des centaines de milices en concurrence qui dirigeants des fiefs.
Environ 150 personnes sont mortes dans un conflit tribal dans le sud de la Lybie en mars, et le weekend dernier, une milice a temporairement pris le contrôle du principal aéroport du pays. La supposée administration centrale du pays (le Conseil National de Transition, non-élu et imposé par l’Occident) a sa propre milice, le Conseil Suprême de Sécurité, fort de 70.000 hommes. Les dirigeants de l’opposition bourgeoise et pro-impérialiste en Syrie cherchent sans doute à être mis au pouvoir d’une manière similaire par le pouvoir militaire occidental.
Révolutions
Cependant, la menace d’une intervention impérialiste en Syrie et l’implication de plus en plus forte des régimes réactionnaires Saoudiens et Qataris n’ont aucune raison de soutenir le régime d’Assad. Pour les socialistes, l’alternative a été clairement montrée lors des révolutions de l’année dernière en Tunisie et en Egypte, ainsi qu’aux débuts de la révolte syrienne en 2011.
Elles ont illustré que c’est le mouvement massif et unifié des la classe ouvrière et des jeunes qui est capable de renverser les despotes et leurs régimes pour engager la lutte pour un changement réel aux niveaux politique et social. La reprise du mouvement révolutionnaire en Egypte, suite à l’issue injuste du procès de Moubarak et de ses sbires, souligne que ce n’est que par un approfondissement de l’action de masse du fait de la classe ouvrière et des jeunes qu’il peut y avoir un véritable changement.
Les travailleurs de Syrie, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse, ont le droit de se défendre eux-mêmes contre la machine d’Etat d’Assad et contre toutes les milices sectaires. Les véritables socialistes, basés sur les traditions du marxisme révolutionnaire, appellent à la constitution immédiate de comités de défense indépendants, démocratiquement élus et contrôlés par les travailleurs, pour défendre les manifestations, les quartiers et les lieux de travail.
Cela doit être lié à une nouvelle initiative de la classe ouvrière en Syrie, construisant des comités d’action dans toutes les communautés et les lieux de travail, en tant que base pour un mouvement indépendant des travailleurs.
L’une de ses tâches serait d’enquêter indépendamment sur les responsables de la tuerie de Houla et de tous les autres massacres et assassinats sectaires. Cela montrerait aussi le rôle du régime d’Assad et de ses milices, ainsi que celui des puissances voisines et impérialistes.
Comme partout, les Nations Unies sont incapables, à cause de leur asservissement aux principales puissances mondiales, d’empêcher les atrocités contre les civils ou de résoudre les conflits armés dans l’intérêt de la classe ouvrière.
Suite au massacre de Houla, les grèves de ‘‘deuil’’ ont éclaté dans certains endroits de la Syrie. Les manifestations contre Assad continuent dans certaines villes, dont à Damas. Il est crucial que de telles manifestations prennent un caractère anti-sectaire et pro-classe ouvrière. Un mouvement de la classe ouvrière en Syrie développerait les manifestations de travailleurs, les occupations de lieux de travail et les grèves, dont des grèves générales, pour rompre avec le sectarisme et lutter pour le renversement du régime d’Assad. Un appel de classe aux soldats pauvres du rang à s’organiser contre leurs généraux, à se syndiquer et à rejoindre les manifestants, pourrait diviser les forces d’Etat meurtrières et les neutraliser.
Les travailleurs syriens de toutes religions et ethnies ont besoin d’un parti qui leur est propre, avec une politique socialiste indépendante. Un tel parti avec un soutien massif peut résister avec succès au sectarisme et aux politiques empoisonnées du diviser pour mieux régner d’Assad, des régimes sunnites et chiites de la région et de l’impérialisme hypocrite.
Un programme socialiste – appelant à un contrôle et une gestion démocratiques de l’économie par les travailleurs pour transformer les conditions de vie, créer des emplois avec des salaires décents et une éducation, la santé et les logements gratuits et de qualités – inspirerait les travailleurs et les jeunes à rejoindre le camp de la révolution.
Sous un drapeau authentiquement socialiste, en opposition aux forces prétendument ‘‘socialistes’’ qui soutiennent le régime dictatorial de Bachar el-Assad, la révolte populaire contre le régime syrien appellerait les travailleurs de la région à étendre la révolution.
En liant ensemble les mouvements révolutionnaires qui ont lieu en Syrie, en Tunisie, en Egypte et ailleurs en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, sur base d’un programme d’orientation socialiste, où les secteurs clés de l’économie seraient aux mains des masses, la classe ouvrière pourrait dégager les tyrans et porter de puissants coups au capitalisme pourri et à l’ingérence impérialiste. Cela pourrait se transformer en une lutte pour une confédération socialiste volontaire et équitable du Moyen-Orient, dans laquelle les droits de toutes les minorités seraient garantis.
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1er avril : NATO Game Over !
Le 1er avril, une action se déroule au siège de l’OTAN (NATO en anglais) à Bruxelles, dans le cadre de la préparation du prochain sommet de l’OTAN (les 20 et 21 mai à Chicago). Lors de ce sommet, l’OTAN doit définir son rôle lors d’interventions militaires en dehors de son territoire (alors que l’Alliance est officiellement une organisation défensive) et redéfinir le rôle de ses armes nucléaires, entreposées notamment en Belgique.
Dans un de ses rapports, l’OTAN s’est définie comme une ‘‘organisation qui donne du muscle et du nerf aux idéaux démocratiques.’’ Cette phrase prend un sens bien particulier au vu du résultat désastreux des interventions en Afghanistan et en Libye… Nous sommes évidemment en droit de demander au nom de quoi l’OTAN s’est érigée en sorte de ‘‘super- défenseur de la paix mondiale’’, mais au-delà de cela, le résultat est pitoyable.
Après plus de 10 ans d’intervention en Afghanistan, le pays est tout simplement ruiné, et personne ne peut dire quand se terminera la guerre civile. Devant le manque de résultats, des pays membres de la coalition ont annoncé leur retrait du pays tandis que le conflit s’exporte maintenant au Pakistan voisin. En Libye, la gestion de l’ère post-Kadhafi est désastreuse et la paix est toute relative. Début mars, l’est du pays a déclaré son autonomie, et le conflit entre le nord (touareg) et le sud du Mali a été ravivé avec le retour au pays de milices armées par Kadhafi. Quant aux armes nucléaires, l’OTAN est toujours incapable de justifier leur présence plus de vingt ans après la fin de la guerre froide.
L’OTAN sert en fait uniquement à offrir à l’impérialisme occidental la possibilité de disposer d’un masque moins hideux. Nous lui opposons la résistance des masses et leur solidarité internationale, dans le cadre d’une lutte contre la base-même de l’impérialisme : la société capitaliste.
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Sauvons le climat, pas leurs profits !
3 décembre, 14h, Bruxelles-Nord. Manifestation Climat
Il n’y a à nouveau guère de choses à attendre du prochain sommet de l’ONU sur le climat, qui se tient début décembre à Durban. Deux ans après le sommet de Copenhague, nous aurons l’occasion d’entendre les mêmes belles paroles, peut-être mêmes quelques nouvelles promesses. Mais aucun changement véritable ne sera discuté. Malgré tous les sommets climatiques et les traités du type du Protocole de Kyoto, il n’y a jamais eu autant de CO2 qu’en 2010
En 2010, 512 millions de tonnes de CO2 de plus ont été émises en comparaison de l’année 2009. Même les prévisions les plus négatives du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Climat (GIEC) de 2007 ont été dépassées. Le GIEC parle d’une augmentation de la température moyenne mondiale de 2,4 à 6,4 degrés d’ici la fin du siècle, avec en conséquence une augmentation proprement vertigineuse des catastrophes naturelles.
Le changement climatique et le réchauffement global se reflètent dans l’accroissement de conditions météorologiques extrêmes. Le GIEC l’a encore confirme dans son nouveau rapport. Partout, on peut remarquer que quelque chose ne va pas avec le climat : hiver plus rude, inondations, sécheresses,… constituent de plus en plus la norme à laquelle il faut s’adapter.
Chez nous, cela va encore, mais les inondations se succèdent en Asie et ont provoqué des centaines de morts dans des pays extrêmement pauvres comme le Pakistan, l’Inde et la Thaïlande. En Afrique du Nord, la sécheresse croissante menace de famine des centaines de milliers de personnes. Ailleurs, les ouragans se font plus réguliers.
Le climat est bien trop important que pour laisser son avenir aux mains des dirigeants actuels du monde. Ces derniers ont largement démontré qu’ils n’ont aucune solution, et qu’ils sont bloqués par la défense de leur système économique. Si le capitalisme est incapable d’assurer l’avenir de notre planète, la conclusion logique est de mettre un terme à ce système. Le contrôle démocratique de l’organisation de la production par les travailleurs et la collectivité est la seule manière de garantir que les ressources disponibles soient utilisées de façon rationnelle et planifiée. Ce système, c’est ce que nous appelons le socialisme démocratique. De plus, le fait que les moyens de productions soient placés dans les mains de la collectivité permettrait de suffisamment investir dans le développement de réponses écologiques.
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En Bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
8.890 chômeurs privés d’allocations en 6 mois
Au cours des 6 premiers mois de l’année, pas moins de 5.224 chômeurs ont été sanctionnés en Wallonie, et 2.196 en Flandre en les privant temporairement ou définitivement de leur allocation de chômage. C’est un quart de plus que l’an dernier. L’Onem avertit de suite que la différence s’explique par le fait que les chômeurs sont plus contrôlés, et plus facilement sanctionnés. La chasse aux chômeurs fonctionne donc très bien… A quand une diminution du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, histoire de s’en prendre au chômage et pas aux chômeurs ?
Plus d’un postier malade est licencié chaque jour
Plus d’un postier est licencié chaque jour pour cause de maladie! Point commun: toutes les victimes de ces licenciements sont contractuelles et ne sont donc pas protégées comme les statutaires, dénonce la CSC Transcom. André Blaise, responsable général du secteur poste à la CSC Transcom affirme : “En 2010, nous en avons compté un peu plus de 400. Et pour 2011, on est encore bien partis.” Sur 30.000 employés, bpost compte 20.000 statutaires et 10.000 contractuels, ce qui n’est pas légal.
Le Trou noir
L’hebdomadaire britannique The Economist, considéré comme une référence mondiale, prévient des risques d’un trou noir dans son édition de cette semaine. ‘Be Afraid’ (‘prenez peur’) titre le magasine en première page, car l’économie mondiale se dirige droit vers un gigantesque Trou noir. Le magazine développe ses arguments en ce sens : les dirigeants européens ne parviennent pas à sauver l’euro, aucun indicateur économique n’est positif quant à une reprise, les économies émergentes commencent à s’essouffler, les nouvelles des Etats-Unis ne sont pas bonnes,… The Economist affirme que les politiciens ont tort de se concentrer sur des économies à court terme, mais aussi qu’il manque de politiciens honnêtes. ‘‘En Allemagne, où le chômage est inférieur à celui de 2008, les électeurs croient que les Grecs et les Italiens sont paresseux et constituent le problème. Merkel doit encore expliquer à ses électeurs que les banques allemandes font partie du problème et que l’électeur a le choix entre une solution coûteuse et l’effondrement de ses banques.’’
10 ans après le 11 septembre. Le nombre d’attaque continue d’augmenter au Pakistan
Attentats-suicides, bombes et attaques contre la population, voilà dix ans qu’il s’agit d’une réalité quotidienne au Pakistan. Alors que différente régions du pays étaient encore dans les années 1970 un paradis pour les hippies et les touristes, c’est maintenant la peur et la violence qui domine. Les touristes ont disparu depuis bien longtemps. Depuis le 9 septembre 2011, le Pakistan a changé et est devenu le centre international des attentats suicides. Depuis le 09/11, on a compté une moyenne de 480 décès et de 1014 blessés chaque année. Dans les années ’90, le Pakistan n’avait connu qu’un attentat-suicide, une attaque contre l’ambassade égyptienne à Islamabad en 1995.
Le top-trois des attentats-suicides s’établit pour l’instant comme suit:
- Irak : plus de 12.000 morts et de 30.000 blessés depuis le début de la guerre en 2003.
- Pakistan : 303 attentats-suicides ayant causé 4.808 morts et 10.149 blessés
- Afghanistan: 736 attentats-suicides au total, ayant causé 3.755 morts
Si l’Irak connaît une diminution du nombre d’attentats, c’est l’inverse au Pakistan. En 2003, il y a eu 70 morts dans ce pays, pour 766 en 2007 et 1.172 en 2010. Pour cette année, nous en sommes à 601 décès pour les 9 premiers mois.
La crise augmente le nombre de suicides
Le site Express.be a écrit cette semaine: " Les suicides ont augmenté de 40% en Grèce sur les cinq premiers mois de cette année, par rapport à la même période de l’année dernière, écrit le Wall Street Journal. Ils ont doublé depuis le début de la crise, et atteignent désormais 6 pour 100.000. Et selon les responsables de la santé mentale en Grèce, les statistiques sous-estiment la réalité, parce que le suicide est particulièrement tabou chez les Grecs. L’Eglise orthodoxe interdit les rites religieux en cas de suicide, sauf si la personne décédée était malade mentale. Les familles masquent donc les suicides en accidents. Ailleurs, en Europe, le nombre de cas de suicides a aussi progressé depuis le début de la crise financière, selon une étude récente menée par la revue britannique The Lancet. Le nombre de suicides a particulièrement augmenté entre 2007 et 2009, et notamment dans les pays les plus durement touchés. En Grèce, le nombre de suicides de personnes de moins de 65 ans a augmenté de 17% en 2008 par rapport à 2007, et en Irlande, il a progressé de 13%."
‘‘L’économie s’effondre’’
La BBC a publié une interview très révélatrice d’un trader, maintenant critiqué de toutes parts aux vu de ses déclarations, un peu trop directes et honnêtes pour la bourgeoisie. Selon lui, la zone euro va tout simplement se crasher et il explique que le monde est gouverné par "Goldman Sachs".
Vidéo de la ‘‘Marche des salopes’’ de dimanche dernier
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Pakistan : Les inondations frappent à nouveau des millions de personnes
Environ 10 millions de personnes ont été directement et sévèrement affectées par la pluie incessante et les inondations dans les 21 districts de la province de Sindh. Mais plus de 10 millions de personnes de cette province sont également indirectement concernées à cause de l’insécurité alimentaire et de la pénurie de lait, de céréales, de fruits et de légumes. Les districts affectés sont en fait considérés comme le “grenier” de la province.
Syed Fazal Abbas, Secrétaire général de la Fédération progressiste des travailleurs du Pakistan (PWFP)
Plus rien n’existe dans les districts frappés, les amis et la famille sont partis, ou disparus, ou morts. Des millions de maisons ont été détruites tandis que des centaines de milliers de bêtes ont été tuées, que les terres sont dévastées et que les routes sont tout simplement impraticables. Les ponts sont brisés, et il n’y a plus d’électricité.
Dans la presse, les responsables de la province ou les organisations fédérales parlent beaucoup, mais rien n’est malheureusement concrètement effectué afin de sauver les vies des victimes. Ces dernières ont contracté des maladies de peau et, pour l’instant, on parle de plus de 350 morts. Les officiels des districts affectés perdent leur temps et distribuent l’aide à leurs relations personnelles, même si elles n’ont rien subi. Les médecins et les équipes médicales ne sont visibles nulle part alors que Sindh est noyée sous les eaux.
Je ne peux pas expliquer cela si ce n’est par la corruption (de nos dirigeants passés et actuels), la corruption (des bureaucrates responsables des réseaux d’irrigation, etc.), et encore la corruption (des technocrates et des ingénieurs) qui a détruit Sindh, la vie rurale et l’économie. Tous ces personnages corrompus et incompétents ont gaspillé des millions de roupies, et n’ont même pas utilisé 10 pourcents des fonds alloués pour la reconstruction des routes, des canaux et des réseaux destinés à contenir l’eau. Ces officiels corrompus et les banques comme la Left Bank Outfall drain (LBOD) et la Right Bank Outfall Drain (RBOD), qui ont collaboré à la corruption, devraient être poussés devant les tribunaux pour leurs responsabilités face au malheur qui frappe des millions de gens.
Un grand nombre de nos camarades syndicalistes ou non sont affectés par ces devastations. La Progressive Workers Federation of Pakistan et la Trade Union Rights Campaign – Pakistan (Campagne pour les droits syndicaux au Pakistan) ont installé deux campements dans le district de MirPur Khas, où 200 travailleurs et camarades se sont installés avec leurs familles. Mais la situation reste très mauvaise, avec la malaria, la gastroentérite et les diverses maladies de peau et épidémies qui touchent toute la région. Nous sommes maintenant incapables d’envoyer de la nourriture et des médicaments à nos camarades et amis touchés par cette catastrophe. Nous avons un besoin urgent d’aide. Envoyez vos messages de solidarité et de soutien à la Trade Union Rights Campaign – Pakistan à turc.pakistan@gmail.com.
Vous pouvez envoyez des donations sur le n° de compte 001-2260393-78 du PSL/LSP avec pour mention "soutien Pakistan"
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Capitalisme et crise écologique
L’actualité récente a été marquée par des catastrophes industrielles et écologiques d’ampleur phénoménale (désastre nucléaire de Fukushima, catastrophe de BP au Golfe du Mexique, vagues de boues toxiques en Hongrie, crise alimentaire et contamination en Allemagne,…) tandis que les conséquences du réchauffement climatiques deviennent sans cesse plus concrètes. Actuellement, la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Somalie, Érythrée,…) connait sa plus grande sécheresse depuis 60 ans. Si le changement climatique n’est pas le seul facteur de cette crise qui touche plus de 10 millions de personnes, il n’en reste pas moins déterminant. Le capitalisme a largement illustré ce qu’il réserve en termes de crises écologiques et de gestion de celles-ci.
Les discours n’ont pas manqué pour accuser ”l’Homme”. Pareille vision des choses est bien pratique pour les gouvernements, grands patrons et actionnaires puisqu’elle les place au même degré de responsabilités que les simples travailleurs. Cette logique s’est même retrouvée chez certains militants de gauche qui ont critiqué la ”société de consommation” et ont parlé de ”décroissance”. A la base de ce raisonnement se trouve un raccourci théorique, la négation de la question fondamentale de la production. Mais, en parallèle avec l’approfondissement de la crise économique, la conscience que le capitalisme lui-même est une menace pour l’environnement s’est développée.
La catastrophe de BP a constitué la pire marée noire qu’ait connue le monde. Pendant plusieurs mois, ce sont près de 800 millions de litres de pétrole qui ont été déversés. Le numéro deux mondial du secteur pétrolier avait rogné sur les coûts de sécurité et volontairement ignoré une longue liste d’incidents qui sonnaient comme autant d’avertissements, comme en 2005 lorsque la plateforme en haute mer de Thunder Horse avait failli s’effondrer dans les eaux du Golfe du Mexique. Mais cette politique – où le déni du risque écologique s’est accompagné de soutien à des dictatures ou à des troubles (Azerbaïdjan, Angola, etc.) – a permis aux actionnaires de voir grandir leurs dividendes. La même soif de profit se trouve derrière la catastrophe nucléaire de Fukushima où, pour économiser sur la sécurité, on a été jusqu’à recruter des sans-abris pour s’occuper de l’entretien de la centrale.
”Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé”
Les discussions sur le réchauffement climatique ont entraîné de nombreuses discussions internationales. Les Conférences des Nations Unies sur le Climat impressionnent tant par leur nombre (celle de Copenhague en 2009 était déjà la quinzième, et il y a encore eu celle de Cancun en 2010) que par leur faillite. Cet échec n’est pas étonnant. On estime que si les mesures nécessaires afin d’enrayer le réchauffement climatique avaient été mises en place il y a une quinzaine d’années, cela n’aurait même pas coûté 3% du PIB mondial par an. Toutefois, même ce léger coût est complètement hors de question pour les différentes puissances impérialistes, qui se focalisent sur le maintien de la rentabilité à court-terme des multinationales qu’elles représentent, et cela malgré le fait qu’il est assez largement reconnu qu’à long terme, les coûts de l’inaction actuelle pourraient être bien supérieurs. Cette attitude avait été synthétisée par Hugo Chavez, qui avait déclaré à l’occasion de la Conférence de Copenhague : ”Si le climat était une banque, ils l’auraient déjà sauvé”.
Reste à savoir quels actes poser et, sur cet aspect comme sur d’autres, la rhétorique de Chavez peine à trouver un prolongement pratique. En avril 2010, le président bolivien Evo Morales avait appelé à une Conférence des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère, à laquelle participait également Hugo Chavez. Morales avait déclaré à la session d’ouverture : ”Ou meurt le capitalisme ou meurt la Terre Mère”. Mais pour les 20,000 représentants de mouvements sociaux, de syndicats, d’ONG, d’organisations politiques,… La manière de lutter contre le capitalisme est restée extrêmement floue et la conférence en est restée à une déclaration à destination de la conférence des Nations Unies de Cancun. Une opportunité gigantesque a donc été gaspillée pour parvenir à un plan d’action international pour le climat, avec un agenda de manifestations internationales, de journées d’action et même de journées de grève.
Renverser le capitalisme
De la même manière que nous avons besoin d’une résistance internationale face à la crise, nous avons besoin d’une riposte internationale contre la destruction de notre environnement. Les responsables sont d’ailleurs les mêmes, ces deux mouvements doivent se rejoindre autour de la seule force capable de bloquer l’économie et de la faire ensuite fonctionner pour ses propres intérêts: la classe des travailleurs.
C’est pourquoi nous défendons la nationalisation du secteur de l’énergie, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de leurs familles, tout comme pour les autres secteurs clés de l’économie. Ce n’est qu’ainsi que suffisamment de moyens pourront être libérés pour une réelle recherche scientifique indépendante destinée à avoir une production (énergétique ou autre) écologiquement responsable. C’est aussi pourquoi nous sommes favorables à des solutions collectives et non à des sanctions individuelles. Les ”écotaxes” font endosser au consommateur la responsabilité des méthodes de production et de distribution capitalistes, alors qu’il n’a strictement rien à dire à ce sujet tandis que les riches peuvent continuer à polluer contre une amende proportionnellement très légère face à leurs revenus.
Nous défendons aussi que se soit aux organisations de travailleurs de prendre en charge les secours aux victimes lors de catastrophes. Lors des pluies torrentielles qui ont touché le Pakistan en 2010, certaines régions n’avaient reçu aucun secours plusieurs semaines après la catastrophe et, à d’autres endroits, les riches s’étaient accaparés les groupes électrogènes et l’aide alimentaire tandis que les spéculateurs stockaient la nourriture et les biens de première nécessité et ont profité de la pénurie de nourriture, d’eau potable, de tentes ou de médicaments pour fortement augmenter les prix et engranger de juteux bénéfices.
En définitive, seule une société réellement socialiste, basée sur le contrôle, la gestion et la planification démocratique de l’économie par les travailleurs et la population permettrait d’organiser les mesures de préventions, d’augmenter la sécurité dans les activités industrielles et de préserver l’environnement ainsi que les travailleurs tout en évitant le gaspillage énorme de ressources qui caractérise le capitalisme.
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Moyen-Orient et Afrique du Nord : L’intervention impérialiste nuit gravement aux révolutions
Les travailleurs et les pauvres doivent prendre leurs révolutions en main
Les mouvements révolutionnaires en Tunisie et en Égypte ont démontré que les changements basés sur la lutte des masses sont à nouveau d’actualité. Il est toutefois certain que ce processus révolutionnaire est complexe et son développement soulève de nouveaux défis. Chasser les dictateurs est parfois plus difficile et, en soi, cela ne suffit pas pour parvenir à un changement véritable.
Par Geert Cool
Tunisie et Egypte : poursuivre la révolution !
Le 1er mai et les jours suivants, des milliers de jeunes et de travailleurs ont manifesté à Tunis et ont exprimé leur frustration face à l’absence de véritable changement. Le chômage continue à progresser et le ‘‘nouveau’’ gouvernement reste lié à l’ancien régime. Le 1er mai, la manifestation radicale à Tunis a pu compter sur près de 5.000 participants malgré la répression. Les manifestants criaient : ‘‘Nous devons poursuivre cette révolution au nom des travailleurs.’’
En Égypte, le soulèvement révolutionnaire prend un second souffle sur base de la colère face au gouvernement, qui prétend ne pas avoir suffisamment de moyens pour améliorer le niveau de vie et applique une politique néolibérale. Le 1er mai, 4.000 ouvriers du textile sont entrés en grève à Mahalla (le centre textile du pays) afin de protester contre la hausse des prix et pour le développement de syndicats indépendants. Les médecins sont eux aussi partis en grève afin d’exiger une augmentation du budget destiné aux soins de santé publics. Les manifestants égyptiens disaient (à juste titre) : ‘‘Nous avons fait chuter le dictateur, il reste encore la dictature.’’ Il ne suffit en effet pas de simplement décapiter le sommet du système pour que celui-ci s’effondre.
Le fait même que l’opposition se poursuive en Tunisie et en Egypte illustre qu’il n’est plus possible de simplement revenir à la situation connue jadis. La peur de protester a disparu et ne reviendra pas simplement ‘‘comme ça’’. Cela doit être saisi comme une opportunité de mettre en place des syndicats, partis et organisations ouvriers indépendants, avec leur propre programme orienté vers un changement socialiste de la société.
Libye et Syrie : organiser les travailleurs
En Égypte et en Tunisie, les dictateurs ont été chassés dès que le mouvement ouvrier organisé est apparu sur le devant de la scène. En Libye et en Syrie aussi, les travailleurs et les pauvres doivent s’organiser afin de prendre le devant de la lutte. L’intervention militaire en Libye n’était pas uniquement dirigée vers Kadhafi. Il était aussi crucial pour l’impérialisme de stopper la vague des révolutions avant que celle-ci ne submerge également l’Arabie Saoudite et les États du Golfe. L’impérialisme veut récupérer son contrôle de la situation et avoir des régimes de pantins fiables laissant libre accès aux matières premières pour l’occident.
Dès le début de la révolte sont apparus à Benghazi des slogans tels que : ‘‘Non à l’intervention étrangère, les libyens peuvent le faire eux-mêmes.’’ Cette position se trouve peut être bien isolée aujourd’hui en Libye, elle n’en reste pas moins correcte. Maintenant que Kadhafi est toujours debout, après plusieurs semaines de guerre, le soutien à l’intervention est probablement plus fortement remis en question. Il reste nécessaire d’organiser les travailleurs et les pauvres à travers le pays entier dans une lutte offensive contre le régime de Kadhafi.
Une intervention militaire en Syrie n’est pas directement à l’agenda. Pour les USA, notamment, le problème est que les interventions ne sont toujours pas finies en Irak, en Afghanistan et en Libye. Mais il existe aussi la crainte que les divisions ethniques et religieuses – très fortes dans le pays – ne conduisent à un scénario ‘‘à la yougoslave’’ de violence et de guerre civile.
Pour prévenir un tel scénario, les travailleurs et les jeunes doivent développer leurs propres organisations indépendantes. Des comités de lutte de quartiers doivent être construits à côté de conseils ouvriers dans les usines. Voilà qui peut dépasser les divisions parmi les travailleurs tout en donnant une voix et une organisation aux masses pour défendre la révolution. Il faut lancer un appel à instaurer démocratiquement des comités à chaque lieu de travail, dans tous les quartiers, parmi les soldats du rang,…
Renverser totalement les vieux régimes
Il est insuffisant de stopper un dictateur pour qu’il soit remplacé par un autre groupe de gangsters. Le mouvement doit s’organiser et s’armer d’un programme de changement socialiste contre la répression, le chômage, la misère et l’impérialisme. Ce mouvement doit se construire de la base, d’en bas et démocratiquement, pour coordonner la lutte contre le vieux régime tout en assurant la sécurité de l’opposition et en organisant le ravitaillement. Ces structures seraient la base d’un futur gouvernement de représentants des travailleurs et des pauvres. Un tel gouvernement empêcherait le retour de la réaction, défendrait les droits démocratiques et commencerait à répondre enfin aux besoins économiques et sociaux des masses. Pour réaliser une rupture totale avec les régimes actuels, il faut un gouvernement des travailleurs et des pauvres. Un tel gouvernement organiserait immédiatement des élections libres et prendrait de toute urgence les mesures qui s’imposent afin d’améliorer le niveau de vie des masses. Nous défendons donc la tenue d’une Assemblée constituante révolutionnaire et démocratique ainsi que l’arrivée d’un gouvernement des travailleurs et des paysans pauvres qui s’engage dans la voie d’une économie démocratiquement planifiée, dans les mains publiques, pour le plus grand intérêt de la majorité de la population.
Aucune confiance envers l’intervention militaire
La guerre en Libye ne visait pas à défendre la population. Si les Droits de l’Homme motivaient vraiment cette décision, pourquoi ne rien faire pour le Bahreïn ou le Yémen ? La raison est simple : un dictateur qui est un fiable allié des puissances occidentales (Bahreïn) ou un pays qui possède trop peu d’intérêts stratégiques (Yémen).
Notre résistance à l’intervention militaire ne signifie toutefois aucunement que nous laissons les rebelles de Benghazi à leur sort. Nous pensons seulement que les travailleurs et les pauvres doivent eux-mêmes prendre en main la lutte contre Kadhafi et qu’aucune avancée réelle ne viendra avec ceux qui hier encore armaient Kadhafi.
Après plus de deux mois de guerre, Kadhafi est toujours là. L’impérialisme semble provoquer une partition du pays avec un partenaire fiable à l’est (autour de Benghazi) afin de garantir l’accès aux matières premières comme le pétrole, avec un régime qui mènera une politique néolibérale qui apportera chômage et pauvreté pour la majorité de la population.
Aucun soutien aux dictateurs !
Dans notre pays, le dictateur syrien Bachar el-Assad peut, étrangement, compter sur beaucoup de crédit au PTB. L’hebdomadaire du parti se réfère à l’opinion des ‘‘communistes syriens’’ qui affirment que ‘‘Ces événements pourraient être évités si la logique sécuritaire est remplacée par la logique politique.’’ Ils affirment encore que ‘‘La tragédie en cours profite seulement aux ennemis de la Syrie, aux ennemis de notre projet national, aux forces qui veulent enrayer le processus de réformes.’’
Le régime syrien applique une politique de privatisations et, dans la passé, n’a pas hésité à commettre des massacres contre sa propre population (notamment en 1982). Nous n’avons aucune confiance envers de semblables dictatures. Ce n’est pas parce qu’ils adoptent une rhétorique anti-impérialiste que cela en fait des alliés dans la lutte contre l’impérialisme. Le raisonnement selon lequel ‘‘l’ennemi de mon ennemi est mon ami’’ ne tient aucunement compte de la situation des travailleurs et de leurs familles.
La mort de Ben Laden ne signifie pas la fin des fondamentalistes
Les révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ont miné l’impact de la stratégie d’Al-Qaeda : ce n’est pas le terrorisme, mais bien la lutte de masse des travailleurs et des pauvres qui a provoqué un changement. L’élimination de Ben Laden arrive à un moment où le soutien au terrorisme est au plus bas. Mais la liquidation de Ben Laden a été l’opportunité pour les USA d’emballer une défaite de presque dix ans comme une victoire, qui ne met d’ailleurs pas du tout un terme à la situation explosive en Afghanistan et au Pakistan.
Si les révolutions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ne se poursuivent pas vers l’obtention d’un changement fondamental, la désillusion peut conduire à un regain de soutien pour le terrorisme individuel et le fondamentalisme religieux. Mais si les révolutions se poursuivent, il n’est pas exclu qu’elles soient imitées au Pakistan, en Afghanistan, en Inde,… là où le mécontentement face à la hausse des prix et à la corruption est au plus haut.