Your cart is currently empty!
Tag: Pakistan
-
Pakistan. Les marxistes en action contre la violence religieuse
Le 16 février dernier, le Pakistan a subi une nouvelle attaque terroriste. Cette fois-ci, c’est un lieu de culte soufi de Sehwan, dans la province de Sindh qui a été visé. Au moins 88 personnes sont décédées et de très nombreuses autres ont été blessées. L’État islamique (Daesh) a revendiqué la responsabilité de cette attaque, la plus meurtrière au Pakistan depuis 2014. Ce n’est pas un hasard si ce groupe terroriste fondamentaliste s’en prend au soufisme, un mouvement qui promeut la tolérance et la paix. Le lieu de culte visé était d’ailleurs visité par des sunnites, des chiites, des hindous, des chrétiens et des sikhs.
Cette attaque a clairement démontré que toute la rhétorique du gouvernement et d’Al-Qaïda sur l’incapacité de Daesh d’intervenir au Pakistan n’était que grossière propagande. L’armée pakistanaise a riposté avec une opération anti-terroriste et a déclaré qu’au moins 100 terroristes avaient été mis hors d’état de nuire (c’est-à-dire tués) en 24 heures. Curieusement, cette attaque particulièrement meurtrière n’a retenu que très peu d’attention de la part des médias occidentaux.
Les partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) au Pakistan ont immédiatement réagi avec des actions de protestation. A Mirpur Khas, également dans la province de Sindh, le Mouvement Socialiste a aidé à organiser une action de solidarité avec les victimes. Une manifestation a défilé dans la ville pour dénoncer l’extrémisme religieux et la violence en cours dans le pays. Les défenseurs des idées du socialisme sont à l’avant-garde de la lutte contre le fondamentalisme religieux, dont la vision du monde est diamétralement opposée à la nôtre. Nous luttons pour le progrès et les intérêts des travailleurs, les fondamentalistes veulent nous propulser dans la barbarie. Au Pakistan, les socialistes préconisent d’investir dans l’éducation, le logement et les services publics plutôt que de laisser la place aux écoles fondamentalistes sectaires. Il n’existe pas de moyen pour cela? Il y a pourtant suffisamment d’argent pour investir dans la défense et la guerre…
-
De Lahore à Bruxelles : des points communs manifestes (ainsi que des différences)
Le dimanche 27 mars a eu lieu un attentat effroyable dans la ville Pakistanaise de Lahore, avec au total plus de 70 morts. Cette attaque est l’œuvre d’une organisation qui depuis peu est à nouveau reliée aux Talibans (elle était précédemment liée à l’Etat Islamique et encore avant aux Talibans). L’attaque a pris place dans la plaine de jeux d’un parc fréquenté par de nombreuses familles en ce dimanche de Pâques. On peut relever quelques similarités frappantes entre cet attentat et ceux de Bruxelles.- 1. Une solidarité massive
Une énorme solidarité a émergé au sein de la population suite aux attentats de Bruxelles. Les secouristes ont donné le meilleur d’eux-mêmes et même plus, les chauffeurs se sont mis à offrir gratuitement leurs services, partout les gens exprimaient leur désir d’aider et de se rendre utile. On a pu voir grandir un profond sentiment d’entraide.
La même chose s’est produite au Pakistan, avec des gens qui faisaient la queue pour donner leur sang aux victimes. Là aussi les chauffeurs de taxis offraient gratuitement leurs services à qui voulait donner du sang. Le fait que, selon les auteurs, l’attaque visait uniquement la minorité chrétienne du pays n’est pas acceptée par une large couche de la population, pour qui la plaine de jeux était avant tout un endroit de rencontre populaire. Les victimes étaient des gens normaux issus de différents milieux et la solidarité qui en a découlé est remarquable. C’est parfois à la suite des pires évènements que remonte ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous. C’est ce qu’on a pu observer à Bruxelles ainsi qu’à Lahore.
- 2. Des erreurs commises par les dirigeants
Les autorités belges savaient-elles où se trouvait Abdeslam ? Ce terroriste avait-il réellement pu revenir de Turquie sans avoir été l’objet d’un suivi ? Ici le gouvernement n’est pas parvenu à se présenter comme une grande force « d’unité nationale ». Peut-être parce que les bévues commises étaient trop importantes. On n’a cessé de se renvoyer la responsabilité : oui, c’est quand même toujours la faute de quelqu’un d’autre.
Au Pakistan, on avait ignoré les avertissements de sécurité au sujet des attentats-suicide. Les alentours du parc étaient à peine protégés. Là aussi la responsabilité à ce sujet fut rejetée sur d’autres. L’armée a profité de cette occasion pour se mettre en avant comme un « facteur puissant » capable d’attraper plus de 200 personnes supposées être des militants talibans suite aux attentats. Mais ce qui n’est pas dit c’est que les Talibans au Pakistan (ou en Afghanistan) n’auraient jamais eu une position si puissante s’ils n’avaient pas reçu l’appui indirect des chefs de l’armée. Le gouvernement du Premier ministre Nawaz Sharif était déjà surnommé de manière méprisante « l’administration de la ville d’Islamabad », signifiant qu’il n’avait de contrôle réel qu’autour de la capitale. Ce sentiment s’est encore renforcé depuis les attentats.
- 3. Les hooligans ont reçus le champ libre
Autre similitude remarquable:au moment où les gens ordinaires sont choqués, des hooligans disposent du champ libre pour effectuer des actions parmi les plus improbables. A Bruxelles, un hommage a été perturbé à la Bourse tandis que des milliers de fondamentalistes ont mené une action à Islamabad qui rappelle celle des hooligans (vandalisme inclus) sans que le gouvernement ne s’y oppose. Tous les responsables se sont ensuite rejeté la faute les uns sur les autres. Cela porte encore plus atteinte à l’autorité du gouvernement, “le gouvernement de la ville d’Islamabad” n’a même pas Islamabad sous contrôle.
- 4. La discussion en cours: que pouvoir faire ?
Avec toutes les discussions autour de la responsabilité militaire et politique, le nœud du problème n’a pas non plus été abordé au Pakistan : Comment est-ce possible que des jeunes puissent se radicaliser à ce point et aller jusqu’à se faire exploser ? D’où viennent ces groupes tels que les Talibans ou l’Etat Islamique et comment parviennent-ils à toucher une couche déterminée de personnes qui finiront par commettre des crimes effroyables ? Un dicton en Pashto dit (traduction libre) : « Lorsque le four est chaud, n’importe qui peut y faire cuire son pain ». Autrement dit : il faut se pencher sur les conditions matérielles et sociales dans lesquelles le terrorisme se développe et parvient à toucher une certaine couche de la population. Mais on a l’habitude de se taire à ce sujet.
Différences
Il y a bien sûr de grosses différences entre Bruxelles et Lahore. La population pakistanaise a malheureusement l’habitude des attentats. Il y avait eu un certain retour en arrière ces derniers mois mais des attentats encore plus graves ont eu lieu dans une école de Peshawar et plus tôt sur la communauté chrétienne de Lahore. Il y avait aussi eu l’occupation de l’aéroport de Karachi.
La violence sectaire sévit au Pakistan, avec des groupes réactionnaires qui reçoivent depuis de nombreuses années le soutien de certaines parties de l’establishment. L’interprétation de cette violence est différente de ce que nous connaissons ici. Ainsi, la raison de la protestation des fondamentalistes à Islamabad était la condamnation de l’assassin du gouverneur de Pendjab, dont la mort s’inscrivait dans le cadre d’une loi sur le blasphème et était donc justifiée aux yeux de l’auteur du crime.
Les conditions sociales au Pakistan y sont bien plus déplorables, il y existe une grande pauvreté. Le mouvement des travailleurs n’a pas pu s’y imposer comme une force nationale au moyen d’une grande mobilisation, celui-ci ne s’est jamais réellement remis de la dictature des années 80’ ni de la politique néolibérale qui a suivi à partir des années 90’.
En conclusion, le point commun le plus saisissant entre ces deux pays est l’immense solidarité qui a émergé au sein de la population pendant que les pyromanes que sont les dirigeants continuent à jeter de l’huile sur le feu et n’ont toujours pas de réponses à donner face à ce four brûlant dans lequel des réactionnaires de toutes sortes peuvent y faire cuire leur pain.
-
Pakistan. Manifestation contre l’extrémisme religieux et l’intolérance
Plus de 400 personnes, dont beaucoup de femmes et d’enfants, ont participé au rassemblement organisé en décembre dernier à l’initiative du Socialist Movement Pakistan (CIO) à Mir Pur Khas, dans la province de Sindh, contre l’extrémisme religieux et l’intolérance croissante. Des membres et sympathisants du SMP ont participé à l’évènement parmi lesquelles un grand nombre de femmes. Les médias de langue sindhi en ont largement fait écho.Par Hameed Channa, Socialist Movement Pakistan (SMP, section pakistanaise du Comité pour une Internationale Ouvrière au Pakistan)
Les deux plus grandes chaînes de télévision sindhi ont couvert l’évènement à plusieurs reprises durant toute la nuit dans le cadre des principaux titres de l’actualité. Le rassemblement a commencé par une manifestation partie des locaux du SMP à Rahim Nagar pour ensuite défiler dans les artères principales du centre-ville et finir au club de la presse pour un meeting. Sur le trajet, le cortège s’est arrêté sur deux places pour de brèves interventions de camarades contre le développement de l’extrémisme religieux et l’intolérance accrue qui ont pris place dans la province de Sindh ces dernières années.
Les participants portaient des drapeaux rouges et des bougies tout en scandant divers slogans opposés à l’extrémisme religieux, en faveur de la paix, contre l’intolérance et contre le sectarisme. Un imposant contingent de la police était présent tout au long du parcours afin de protéger les participants contre d’éventuelles attaques.
Les camarades Hameed Channa, Sughra Khaskheli, Iqbal Narejo, Malik Nizamdin, Ghulam Qadir Murree, Sunder Channa, Afzal arain, Ramzan arain, Jamila, Samantha, Irum Qambrani, Sarmad Channa et Ghulam Muhammad Leghari ont pris la parole au meeting pour souligner la nécessité d’organiser une lutte politique contre l’extrémisme religieux et l’intolérance. Ils et elles ont déclaré que l’ensemble du pays est sous l’emprise de l’extrémisme religieux et de l’intolérance et que l’intervention militaire ne pourra pas résoudre ce problème.
Si nous voulons mettre fin à la propagation des idées réactionnaires dans la société, il faut mettre fin aux causes profondes de cette épidémie. L’Etat doit fournir à chacun des services publics de base comme un enseignement moderne et scientifique, de bons soins de santé, des emplois de qualité, des logements accessibles tout en stoppant l’assaut néolibérale actuel mené contre la classe des travailleurs et les masses pauvres du pays. Il faut en finir avec la pauvreté, la faim, la répression, l’injustice sociale et économique qui découlent de ce système capitaliste pourri et corrompu.
Ensuite, les camarades Sunder, Samantha et Laraib ont chanté des chants révolutionnaires, rejoints par les participants enthousiastes. Il s’agissait de notre plus grand évènement dans cette ville jusqu’ici.
-
La Journée Internationale des Femmes au Pakistan
Voici ci-dessous quelques photos d’une manifestation de femmes qui s’est tenue à Mirpur Khas, dans la province pakistanaise du Pakistan, à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes. Cette initiative a été prise par le Socialist Movement Pakistan (section pakistanaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) ainsi que par la Fédération des travailleurs progressistes. Les manifestants ont essentiellement dénoncé le fondamentalisme religieux et ont défilé dans tout le centre-ville en scandant des slogans contre les talibans et contre la charia. Pas besoin d’expliquer pourquoi l’extrémisme religieux menace la position des pakistanaises…
Cliquez sur les photos pour les voir en meilleure résolution.
-
Protestations de la communauté cachemiri de gauche au Parlement Européen
Alors que la droite a tenu au Parlement européen sa ”Semaine du Cachemire”, des militants cachemiris de gauche ont protesté de l’extérieur contre l’occupation de cette région tant par l’Inde que par le Pakistan. Au cours de cette dernière période, la population des deux parties du Cachemire a à nouveau été victime d’une répression sanglante. A Bruxelles, les manifestants ont été rejoints par le député européen du Socialist Party irlandais Paul Murphy.
Photos par Liesbeth et Geert
A l’initiative d’un député de droite de Grande-Bretagne, Nikki Sinclaire (initialement élu sur la liste de l’UKIP mais devenu indépendant depuis lors), toute une série de représentants politiques de la partie du Cachemire occupée par l’Inde se sont rendus au Parlement européen cette semaine. Cette initiative a pu compter sur le soutien de plusieurs députés européens de droite. Des éditions précédentes de cette semaine avaient été organisées par les Tories, les conservateurs britanniques. L’événement vise à soutenir les forces conservatrices dans la partie du Cachemire occupée par l’Inde en leur offrant une visite prestigieuse du Parlement européen. Ce n’est visiblement pas non plus une mauvaise chose pour le gouvernement pakistanais, les rumeurs selon lesquelles le Pakistan soutiendrait même l’initiative sont nombreuses.
Le Cachemire est une région contestée depuis des décennies. Dans la partition du sous-continent indien qui a eu lieu après la Seconde Guerre mondiale, le dirigeant local du Cachemire avait refusé d’adhérer au Pakistan à majorité musulmane et préféré l’Inde à prédominance hindoue. Depuis lors, cette zone est divisée et contestée. L’Inde et le Pakistan utilisent la région et la question nationale afin de détourner l’attention de la population des problèmes sociaux internes en stimulant le nationalisme. La première victime de cette politique est le peuple du Cachemire qui vit sous un régime militaire et subit une répression féroce dans les régions occupées, tant de la part de l’Inde que du Pakistan.
L’action de protestation tenue face au Parlement européen hier visait à faire entendre une autre voix. Pas celle des dirigeants conservateurs européens qui recourent eux aussi à la politique du diviser pour régner, mais une voix qui part au contraire de la base de la société. L’initiative de cette action avait été prise par diverses organisations progressistes luttant pour le droit à l’autodétermination de la population du Cachemire. "Le peuple du Cachemire doit être capable de décider de son sort", a notamment déclaré l’eurodéputé Paul Murphy en rejoignant les manifestants. Selon nous, la question nationale ne peut pas être résolue sans regarder comment résoudre à la fois les problèmes sociaux. Tout comme les manifestants réunis devant le Parlement européen, nous nous battons pour une alternative socialiste à la société capitaliste, et le droit à l’autodétermination du peuple du Cachemire fait partie intégrante de ce combat.
-
Mali : l’intervention impérialiste n’offre aucun espoir à la classe des travailleurs
Du Libéria au Congo et à la Somalie, de la Sierra-Léone au Rwanda et au Burundi, du Soudan au Sud-Soudan et au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Nigéria et maintenant au Mali, une grande proportion de pays post-coloniaux et néo-coloniaux d’Afrique sont victimes de faillites étatiques. Comme le Démocratic Socialist Movement (DSM) l’a toujours défendu, la raison sous-jacente de cette faillite (qui se manifeste par des guerres, des rébellions, des coups d’états et l’instabilité gouvernementale), c’est l’incapacité des Etats à satisfaire les besoins essentiels des masses.
Par Lanre Arogundade, Démocratic Socialist Movement (CIO-Nigéria)
- Rubrique de ce site consacrée à l’Afrique
Mais le glissement vers le chaos et l’anarchie est encore plus appuyé par, de temps à autre, des questions ethniques non-résolues, dont les racines se trouvent dans la volonté de s’accaparer des ressources naturelles et dans le dessin de frontières artificielles par les anciennes puissances colonisatrices.
Il y a également l’intégration des pays africains néo-coloniaux dans le giron du capitalisme mondialisé – ce qui correspond de facto à l’agenda de re-colonisation – qui est venue avec l’imposition de politiques publiques néo-libérales et anti-pauvres à travers lesquelles la richesse se concentre en un nombre toujours plus restreint de mains pendant que l’immense majorité des pauvres et des travailleurs souffre de privations.
La vraie tragédie de l’Afrique, c’est que ces pays sont riches en ressources humaines et naturelles, à tel point qu’une telle pauvreté devrait être une abhérration. Cependant, comme nous le voyons tous les jours, ces ressources sont sources de beaucoup plus de maux que d’aides. Ainsi, parfois, plus riche en minérai est le pays (comme la RDC ou le Nigéria) plus grand est le nombre de guerres, de guerres civiles ou le chaos de ce pays.
Au dela de cela, la crise qui secoue le Mali n’est que le dernier chapitre d’un conte sordide. La réalité reste qu’en dépit de l’intervention de l’impérialisme francais et des forces de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ce ne sera pas la dernière crise à cause de la fragilité croissante des soi-disantes démocratie africaines. C’est cette fragilité qui a fait que la classe dirigeante malienne (civile ou militaire) s’est jetée dans les bras des forces d’intervention étrangères. Les jeunes officiers formés par les Etats-Unis, qui avaient préalablement planifié un coup d’état contre le gouvernement civil, ont dû se rétracter quand ils se sont rendus compte du sous-équipement et de la sous-motivation de leurs troupes.
Aucune défaite des forces islamistes au Nord Mali ne pourra sortir la grande majorité des maliens de la pauvreté aussi longtemps que le système d’oppression capitaliste se maintiendra aux commandes.
Bien que la cause immédiate de la crise actuelle est la pression des restes des forces touaregs (qui ont conservés leur loyauté d’autrefois à l’ex-régime de Muhammar Khadafi) pour obtenir par la force leur Etat propre, le facteur déterminant dans cette crise reste le fait que le gouvernement de Bamako a pratiquement perdu toute légitimité à cause de son incapacité à résoudre les problèmes fondamentaux auxquels est confrontée la population malienne. En lancant un appel à l’intervention militaire étrangère, la classe dirigeante malienne a agit de facon à classer l’affaire, après avoir précipité l’économie dans un état de dépendance envers l’aide étrangère qui lui permet à peine de survivre. Comme Walter Rodney le disait dans son livre Comment l’Europe a sous-développé l’Afrique, “Si le pouvoir économique est situé en dehors des frontières nationales de l’Afrique, alors le pouvoir politique et militaire est de fait situé en dehors des frontières nationales jusqu’à ce que les masses des paysans et des travailleurs se mobilisent pour offrir une alternative à ce système de parodie d’indépendance politique.”
En effet, c’est cette dépendance économique qui rend le Mali si vulnérable à n’importe quelle crise sur le marché des matières premières puisque les deux piliers de son économie restent la production agricole et la prospection d’or. En 2001, le Mali est devenu le 3° plus grand extracteur d’or d’Afrique avec 41 tonnes par an (après l’Afrique du Sud et ses 391 tonneset le Ghana avec 72 tonnes). Il n’est pas exclu que les riches réserves d’or du pays aient été une motivation majeure pour les rebelles, de même que l’étalage des vastes ressources minérales de RDC continue d’encourager des rébellions armées répétées et tout comme les “diamants du sang” constituent le facteur central dans la guerre menés par les rebelles de Charles Taylor qui toucha la région de la rivière Mano (Libéria, Sierra Léone et Côte d’Ivoire) des années ’90 jusqu’à tout récemment.
Pourtant, le Mali figure dans le classement des 25 pays les plus pauvres au monde selon l’Observatoire Economique Africains. La croissance économique s’est écroulée pour atteindre 1,1% en 2011, une situation économique attribuée en partie “ à la crise post-électorale de la Côte d’Ivoire, à la guerre en Lybie et à la flambée des prix du pétrole, du gaz et de la nourriture”, avec comme conséquence un boom de la pauvreté pendant que le chômage frappe les catégories les plus jeunes de la population dont 15,4% des 15-39 ans. “Les jeunes sans emploi représentent 81,5% du total des sans emlplois du pays.” Tout cela est arrivé après que le pays ait accepté le prêt du FMI qui précède chronologiquement l’incursion rebelle au Nord-Mali
Malheureusement, ce niveau de pauvreté n’arrêtera pas les impérialistes dans leur volonté de faire payer au pays les frais liés à l’entrée en guerre, tout comme l’Irak a dû le faire et doit toujours le faire pour la guerre du Golfe, via ses ressources pétrolières, ou comme le Libéria a dû payer sa propre guerre avec ses abondantes plantations de caoutchouc qui sont désormais vendues insouciamment à des intérêts économiques étrangers. Le plus grand propriétaire mondial de caoutchouc peut se vanter de ne pas détenir sur son territoire national la moindre usine de caoutchouc ne serait-ce même que pour les semelles de pantoufles…
Au Mali, cette volonté se présente sous la forme de nouvelles exploitations impitoyables des gisements d’or et de la politique économique néo-libérale via la privatisation des principaux secteurs de l’économie.
Des pays comme le Nigéria sont extrêmement désireux de contribuer à l’envoi de troupes au Mali, car ils sont confrontés à leurs propres crises internes. La classe dirigeante Nigériane s’appuie sur les services secrets étrangers (américains, israëliens et anglais) pour faire face aux campagnes de bombardements de Boko Haram (organisation islamiste nigériane qui est en rébellion armée dans ce pays et est également présente au Mali, ndlr ). Apparemment, cette intervention est aussi un moyen d’envoyer l’avertissement que l’utilisation de la force brute soutenue par des puissances étrangères peut devenir une option au Nigéria.
Cependant, nous devons mettre en garde contre cette réponse musclée et militaire qui échouera à enrayer la menace posée par l’insurrection de Boko Haram. Il convient de rappeler que ce sont les brutales réponses militaires – avec le meurtre de sang-froid du leader de Boko Haram, Mohammed Yusuf, en 2009 – qui ont conduit à l’escalade des activités de Boko Haram avec son cortège de massacres insensés et de destructions debridées des institutions d’Etat et de bâtiments l’Eglise, tous deux percus comme des ennemis.
Pareillement, après des années d’expéditions militaires par les pouvoirs capitalistes mondiaux menés par les Etats-Unis – et qui ont coûté des milliards de dollards et la vie de centaines de milliers (si ce n’est de millions) de soldats et de personnes sans défenses – des pays comme l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan ou encore la Lybie où les forces impérialistes ont mené une guerre contre les soi-disant terroristes, restent les pays les plus instables, où la pauvreté règne, des pays non-démocratique et plus divisés que jamais.
Evidemment, les conséquences de l’actuelle expédition impérialiste au Mali ne va qu’empirer la situation politique et sociale du Mali et du Nigéria qui a donc envoyé des soldats commme composantes des troupes de la CEDEAO. Les insurgés tuant déjà beaucoup de soldats déployés au Mali.
Les véritables socialistes et les véritables militants de la classe ouvrière continueront de s’opposer à l’intervention impérialiste au Mali et dans d’autres parties de l’Afrique car elle n’offre aucune perspective d’espoir pour les travailleurs. Mais les forces de la désintégration continueront d’être présentes tant qu’il n’y aura pas d’intervention décisive de la classe ouvrière agissant de concert avec les paysans pauvres et les fermiers.
Il est donc devenu impératif de faire croître la conscience sociale des travailleurs à travers la construction d’un puissant mouvement politique avec l’objectif de conquérir le pouvoir sur base des idées socialistes.
Seul un gouvernement des travailleurs et des paysans pauvres pourra opposer la garantie du droit à l’autodétermination aux tentatives des groupes armés de s’imposer non démocratiquement et par la force aux populations.
Du Mali au Nigéria, au Libéria, au Kenya et au Soudan, un tel gouvernement devra prendre les décisions pour aller vers la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique et la gestion des travailleurs dans l’objectif de libérer les ressources nécessaire à la réalisation d’un programme d’investissement public massif dans l’éducation, la santé, les logements et les infrastructures rurales.
-
Egypte : Quelle issue pour les Frères Musulmans ?
Pour des millions d’égyptiens pour qui la chute de Moubarak par les mouvements de masse fut une première expérience, la révolution était une voie à sens unique. Un peu plus d’une année plus tard, le processus de révolutions et contre-révolutions apparaît comme plus compliqué que prévu. S’il est clair que la classe dirigeante n’est pas en mesure de restaurer son programme comme jadis, de son côté la classe ouvrière n’a pas encore pu s’armer d’un programme pour aboutir à un gouvernement de la classe ouvrière et des pauvres.
Rapport d’une discussion tenue à l’école d’été du CIO, par Baptiste L.
Les Frères Musulmans contre le CSFA : deux représentants pour les classes dirigeantes
De nombreux changements brusques ont pris place dans la dernière période. Parallèlement à l’élection de Morsi (Frères Musulmans, de droite, se réclamant de l’islam politique) le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) a dissout le parlement et s’est de fait octroyé le pouvoir législatif, provoquant le rassemblement d’un million de personnes place Tahrir à l’appel des Frères Musulmans. C’est une situation très complexe qui s’est développée avec la lutte entre les Frères Musulmans et le CSFA pour le pouvoir. Fondamentalement, ces deux forces représentent les classes dirigeantes, les travailleurs et les pauvres se retrouvent quant à eux spectateurs de cette lutte.
Depuis la chute de Moubarak, le mouvement a clairement été dévié vers les élections, avec pas moins de 6 échéances en 7 mois. L’évolution des résultats électoraux est riche en enseignements. Les Frères Musulmans sont ainsi passés de 45 % à 22 %, tandis que les Nasseristes sont passés de 4 % à 22 %, auxquels résultats il faut encore ajouter la percée des salafistes à 18%. Ces scores expriment la volatilité omniprésente dans la situation, avec d’une part la déjà perte de crédit des Frères Musulmans suite à leur inaction, et d’autres part le potentiel et la marge de progression que possèdent les Nasseristes, qui apparaissent comme les seuls représentants à ce niveau des intérêts des travailleurs et pauvres. S’il est clair que leur programme comporte son lot de confusions, il est clairement ancré à gauche. Pour Morsi, il est désormais clair que sa victoire ne signifie pas une adhésion mais avant tout le rejet de l’ancien régime.
Aucune illusion à avoir dans l’islam politique de Morsi
Pendant 30 ans, Moubarak a pu s’octroyer l’appui des impérialistes sur base de la rhétorique « moi ou l’aventure islamiste ». Ce soutien considérable se chiffrait par exemple à hauteur d’1 milliard $ chaque année de la part des USA, uniquement pour ce qui est du soutien militaire. Les islamistes représentaient une « menace » surtout dans le sens où l’équilibre régional, essentiellement la relation avec Israël, aurait pu voler en éclat. Ce qui est compromettant pour les nombreux enjeux stratégiques pour les impériales dans le Moyen-Orient.
Pourtant, l’élection de Morsi a été largement saluée aussi bien par Hillary Clinton que par les marchés financiers à Londres. Tout simplement parce qu’une victoire de Morsi était préférable par rapport une victoire d’un ancien de la clique de Moubarak qui aurait à coup sûr jeté de l’huile sur le feu de la révolte. Dans ce sens, Morsi incarne un candidat idéal pour les capitalistes car lui et les Frères Musulmans peuvent jouir d’une certaine tolérance (dans un premier temps en tout cas) vis-à-vis du mouvement de masse qui secoue le pays depuis des mois. En outre, Morsi n’a d’ailleurs en rien changé la relation avec Israël, et sa recherche de l’appui des impérialistes ne devrait pas le faire dévier de cette attitude.
Cette lune de miel vis-à-vis des masses ne devrait pas durer étant donné le caractère néolibéral de la politique de Morsi. Un de ses axes n’est autre que de s’attaquer à la législation du travail. Récemment, le FMI a exigé de son côté du gouvernement de Morsi des coupes dans les aides alimentaires, ce qui pourrait raviver encore un peu plus la colère de la population. Il y a quelques années, les émeutes de la faim ont démontré à quel point ce sujet pouvait être brûlant.
Le processus de révolution et contre-révolution est à l’œuvre
Au même titre qu’en Tunisie, le processus révolutionnaire est loin d’être terminé. Néanmoins, quel chemin prendra-t-il ? Ce 7 juillet, la coalition des jeunes révolutionnaires a annoncé sa dissolution. Leur argument était que la lutte était finie maintenant que des élections avaient pu prendre place après Moubarak. Cet exemple illustre les clarifications nécessaires. Parallèlement, des pas en avant ont été faits à travers cette école qu’est la lutte de masse. Les syndicats libres se sont considérablement développés : on y comptabilise aujourd’hui 2,5 millions de syndiqués, contre 50 000 avant la chute de Moubarak ! Cela illustre le pôle d’attraction que représente le mouvement ouvrier organisé dans une telle période, mais aussi la force potentielle entre les mains de ces organisations.
Malgré la chute de Moubarak et la concession des élections, le cœur du régime est toujours là, et le coup d’Etat latent du CSFA durant le déroulement des élections en est une preuve. L’omniprésence de l’armée restreindra systématiquement la marge de manœuvre politique de Morsi, et cette situation pourrait se cristallisé en une forme d’Etat comme au Pakistan, où c’est en dernière instance l’armée qui tire les ficelles.
C’est une forme de contre-révolution qui a pu s’exprimer par l’absence de l’intervention décisive d’une classe ouvrière armée de son programme. Comme dans tout processus, cette situation n’est pas une situation finale mais temporaire, qui sera soumise aux prochains développements. Le tournant vers la droite qu’imprime cette avancée de la contre-révolution impulsera inévitablement des explosions avec ses éléments de renforcement de la révolution.
La classe ouvrière doit s’organiser de manière indépendante autour de son programme
Face à l’armée, aux salafistes et à l’ancien régime, il serait erroné de croire que les Frères Musulmans soient un rempart plus progressiste pour les travailleurs, les jeunes et les pauvres. La gauche ne doit pas tomber dans ce piège et prendre à bras le corps la tâche cruciale qui est d’organiser le mouvement ouvrier autour de son programme. C’est la seule manière de continuer la lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail.
-
Environnement : il nous faut une planification socialiste !
Plus de 20 années se sont écoulées depuis que le sommet environnemental des Nations Unies (ONU) à Rio de Janeiro a mis en évidence le problème du changement climatique. La production de gaz à effet de serre a pourtant continué de grimper jusqu’à un niveau critique menaçant le monde de catastrophes environnementales continuellement plus importantes. Dans les pays capitalistes industrialisés, le fossé qui sépare les belles paroles des gouvernements et leur inaction politique est un gouffre sans fond.
Par Pete Dickenson
Les inondations dévastatrices au Pakistan en 2010 et l’ouragan Katrina aux États-Unis en 2005 ont mis en évidence la possibilité d’un changement climatique se manifestant dans des phénomènes météorologiques extrêmes. Toute l’idée qu’il s’agissait d’un problème pour les générations futures ‘‘seulement’’ a volé en éclat. Selon le météorologue Jeff Masters, ‘‘il est tout à fait possible que 2010 ait été mondialement l’année la plus extrême en terme de conditions météorologiques depuis 1816.’’ Des recherches consacrées à l’ouragan Katrina ont prouvé que le réchauffement de l’océan est responsable de l’apparition d’ouragans de plus en plus violents. Les preuves sont suffisamment nombreuses pour considérer les phénomènes météorologiques extrêmes comme découlant du réchauffement de la planète.
La gamme de prévisions de hausses possibles des températures est large (dépendant de la sensibilité supposée de la terre à la hausse des concentrations de gaz à effet de serre). L’estimation la plus extrême parle de 13,3 ° C, ce qui rendrait difficile de maintenir la vie sur terre. Ce résultat est statistiquement peu probable, mais le risque existe néanmoins bel et bien. La prévision la plus probable, une augmentation de 4°, est cependant toujours très dévastatrice.
On parle de l’alternative nucléaire face aux sources d’énergies émettrices de gaz à effet de serre, mais la catastrophe de Fukushima a rappelé les dangers du nucléaire. La centrale avait trois réacteurs nucléaires opérationnels au moment du tremblement de terre, et la fusion du combustible nucléaire a pris place dans les réacteurs 1, 2 et 3. Les bâtiments des réacteurs 1 et 3 ont été détruits par des explosions d’hydrogène, la vapeur a été évacuée dans les environs. Les retombées radioactives qui en résultent sont les pires depuis la catastrophe de Tchernobyl (1986). Le gouvernement japonais a annoncé qu’il faudrait au moins 40 ans pour nettoyer et désaffecter l’usine.
Sur le long terme, le stockage des déchets nucléaires est un problème encore plus important. Les déchets seront radioactifs pour 100.000 ans et pourtant, aucune méthode de stockage totalement sure n’a encore été conçue ! Les sommets internationaux se succèdent et ne sont que de lamentables échecs. La conférence de l’ONU de Durban s’est ainsi terminée avec pour seul espoir qu’un éventuel nouvel accord vienne remplacer le traité de Kyoto (qui prendra fin en 2012) pour entrer en vigueur en… 2020. Aucun autre accord ne sera mis en œuvre avant cette date.
S’attaquer au réchauffement est pourtant simple : aucune nouvelle avancée technologique n’est obligatoirement requise. Tout ce qui est nécessaire pour cela est l’adoption plus large et le développement de technologies existantes basées sur le vent, les vagues et l’énergie solaire, l’expansion des transports en commun, l’élaboration du réseau ferroviaire afin que les courtes et moyennes distances de voyage aérien puissent être réduites et ensuite remplacées, la conversion de l’industrie automobile à l’utilisation de sources d’énergies renouvelables,…
Mais ce n’est qu’en éliminant le pouvoir des grandes entreprises que ce programme peut être réalisé. Cela signifie, qu’il faut nationaliser les principales industries qui dominent l’économie. L’économie de marché et de concurrence détruit l’environnement. Nous avons besoin d’une autre organisation de la production, d’une planification démocratique rationnelle, ce qui présente d’énormes avantages du point de vue des économies d’énergie.
En ne prenant aucune résolution significative depuis 20 ans, les représentants du système capitaliste et de l’économie de marché ont créé une situation où certains des effets du réchauffement climatique sont irréversibles. Indépendamment des évènements à venir, les conséquences de leurs actions peuvent être classées aux côtés des plus grands crimes du capitalisme, comme les guerres impérialistes du XXe siècle. Afin d’éviter les pires effets du changement climatique, une action décisive doit être prise maintenant, mais cela ne se produira pas à cause des rivalités entre les principales puissances industrielles.
Ce changement radical repose donc sur les épaules du mouvement ouvrier international pour mettre en œuvre un programme pouvant s’attaquer aux changements climatiques – en remplaçant le capitalisme par un système socialiste démocratique.














