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Tag: Mons
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Les barons en taule, les libéraux à leur place?
A Charleroi, la TV ne programme plus la série bien connue « La petite maison dans la prairie ». Elle a été remplacée par une nouvelle production locale : « La petite mairie dans la prison ». Car, après divers échevins carolos, c’est maintenant le bourgmestre lui-même Jacques Van Gompel, qui se retrouve inculpé pour « faux, usage de faux et détournements ».
Jean Peltier
Le séisme touche maintenant aussi Namur où le bourgmestre Bernard Anselme et son prédécesseur Jean-Louis Close sont eux aussi inculpés pour « faux, usage de faux et prise d’intérêts ».
Le PS se trouve donc dans les cordes dans deux des principales villes de Wallonie… Face à cela, la direction du parti n’a encore proposé aucune riposte d’ensemble. Mais une décision d’après-élection donne une idée de la direction dans laquelle elle regarde. Di Rupo a en effet poussé une série de bourgmestres PS élus ou réélus à la tête de majorités absolues à ouvrir celles-ci à d’autres partis, avec une nette préférence pour le MR. Il avait déjà donné l’ « exemple » à Mons en 2000, mais cette fois, ce sera aussi le cas à Charleroi, Ans, Herstal,…
Plusieurs raisons sont données. La première – la plus terre-à-terre – est de favoriser la chasse aux subsides en augmentant le nombre de ministères où trouver une oreille favorable (sauf que le MR n’est plus dans la majorité à la Région et risque d’être éjecté du gouvernement fédéral l’an prochain). La deuxième – la plus souvent avancée et la plus « noble » – est de forcer la « transparence » et la « bonne gouvernance » dans les collèges en mettant le PS sous le contrôle d’un autre parti (ce qui montre la confiance que le président du PS met dans ses représentants et dans leur respect des principes socialistes élémentaires !). Et la troisième – celle qu’on n’avoue pas mais qui est certainement la plus sérieuse – est de diviser l’opposition en « mouillant » dans la gestion une autre force politique locale et en l’empêchant ainsi de se présenter comme une alternative au scrutin suivant. Et là, il est extraordinaire de voir à quelle vitesse ces partis – qui avaient passé la campagne à critiquer la toute-puissance, le clientélisme et l’opacité du PS – se précipitent sans états d’âme à la mangeoire.
Ces « ouvertures » et cette volonté de créer des majorités plus larges, imposées sans débat à des militants locaux souvent écoeurés, sont aussi une réponse à la perte d’autorité qui touche tous les partis traditionnels. Au cours des dernières années, la base de tous les grands partis traditionnels s’est rétrécie. Le vote traditionnel et confiant pour un parti a cédé la place au vote à la carte et au principe du « moindre mal », surtout à gauche. Ce qui renforce la volonté de ces partis de participer au pouvoir à tout prix quel que soit le partenaire. Et le fait que tous ces partis partagent pour l’essentiel la même politique néolibérale favorise évidemment ces ententes.
Face à cela, il est de plus en plus urgent de construire une opposition de gauche qui puisse offrir de vraies réponses aux problèmes auxquels est confrontée la majorité de la population et une alternative au néolibéralisme. La Conférence du 28 octobre a donné une première impulsion. Il s’agit maintenant de concrétiser les projets qui y ont été lancés et d’élargir l’initiative.
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Analyse des élections communales. Un recul masqué de la coalition violette
Quelques tendances principales se dégagent des élections communales et provinciales du 8 octobre. Les partis chrétiens-démocrates en sortent victorieux dans les trois régions du pays. C’est aussi le cas de l’extrême droite en Flandre et, dans une moindre mesure, en Wallonie, mais pas à Bruxelles. Le VLD et les écologistes sont en net recul, à l’une ou l’autre exception locale près. Le MR équilibre les gains et les pertes.
Par Els Deschoemacker, Thierry Pierret et Jean Peltier
Le SP.a progresse fortement dans les grandes villes, surtout à Anvers où il reprend au Vlaams Belang la position de premier parti. Une réussite qu’il faut néanmoins tempérer par le fait qu’il n’a pris des sièges qu’à ses partenaires de coalition, mais aucun au VB. Le PS recule significativement là où des scandales ont éclaté (Charleroi, La Louvière, Namur, Mons, Huy,…) mais il reste le principal parti en Wallonie où il maintient, voire conforte, nombre de majorités absolues.
Les chrétiens-démocrates: retour au “bon vieux temps” de l’Etat-CVP
Le CD&V a reconquis la majorité des cantons flamands et dépasse à nouveau la barre des 30%. Il n’avait plus engrangé une telle victoire depuis 20 ans. Du côté francophone, le CDH poursuit lui aussi sa remontée et a conquis 10 cantons de plus qu’aux élections régionales de 2004.
Cela signifie-t-il pour autant un retour au « bon vieux temps » où la famille CVP-PSC (les anciens noms du CD&V et du CDH) était le parti-pivot de toute coalition gouvernementale grâce à une base stable dans toutes les couches de la société ? Loin de là !
D’une part, parce qu’au fil des ans et quels que soient leurs scores électoraux, tous les partis traditionnels ont perdu de leur autorité dans la société. D ‘autre part, parce que, s’il reviennent au pouvoir national en 2007 (ce qui est probable), le CD&V et le CDH ne pourront pas compter sur une grande stabilité politique dans leur propre zone d’influence. Du côté francophone, les liens sont nettement plus distendus aujourd’hui entre la CSC et le CDH. En Flandre même, une partie des membres de la CSC ont participé aux grèves contre le Pacte des Générations du gouvernement violet, contre l’avis de la direction de la CSC et surtout contre l’avis du CD&V qui trouvait que ce pacte n’allait pas assez loin !
En outre, tant le CD&V que la N-VA (un petit parti autonomiste flamand de droite issu de l’éclatement de la Volksunie) ont jusqu’ici tiré profit du cartel qui les unit. Mais pour combien de temps ? Le nationalisme flamand risque à terme de devenir une véritable épine dans le pied des chrétiens-démocrates flamands. Le fait qu’une majorité de petits patrons flamands prônent plus d’indépendance pour la Flandre va sans doute inciter le parti à aller plus loin dans cette direction. Une attitude qui est en porte-à-faux par rapport aux positions du CDH et surtout aux aspirations de la base syndicale comme l’a encore rappelé le congrès national de la CSC il y a quelques jours…
La coalition violette en sursis?
La coalition violette a perdu ces élections. Elle n’aurait plus de majorité en Flandre avec un VLD – le parti du Premier ministre – qui plafonne à 16%. Du côté francophone aussi , la violette est en recul. Si on extrapole le résultat des élections provinciales au niveau fédéral, tant le MR (-5) que le PS (-2) perdraient des sièges par rapport aux élections de 2003. La coalition libérale-socialiste passerait de 98 à 79 sièges à la Chambre en 2007, soit une majorité de seulement 4 sièges.
La défaite globale de la violette est pourtant reléguée à l’arrière-plan par la victoire de l’une ou l’autre de ses composantes dans quelques grandes villes comme Bruxelles, Liège, Gand et surtout Anvers.
Dans ces élections, le vote pour le moindre mal a de nouveau joué en faveur de la social-démocratie. Bien qu’ils soient les architectes et les maîtres d’oeuvre de la politique néolibérale au niveau national, PS et SP.a ont encore réussi à présenter leurs réformes antisociales comme un mal nécessaire pour préserver notre sécurité sociale ou assurer une bonne gestion communale.
Poursuivre dans cette voie mène pourtant à une impasse. L’augmentation de la pauvreté, le bradage des services communaux, la disparition des emplois correctement payés, … ne feront que nourrir le terreau de l’extrême-droite. La seule digue qui puisse tenir contre l’extrême-droite, c’est aussi une digue contre ce genre de politique. Ces élections ont de nouveau démontré la nécessité d’une opposition de gauche sous la forme d’un nouveau parti des travailleurs.
Flandre: un coup d’arrêt au Vlaams Belang?
Une des principales questions de cette campagne était : le Vlaams Belang peut-il encore progresser à Anvers et arriver au pouvoir dans certaines communes flamandes ? Le verdict est tombé : le Vlaams Belang recule à Gand ainsi que dans les districts d’Anvers-Centre et de Borgerhout. Et les commentateurs de proclamer aussitôt que « un SP.a fort peut stopper la montée du VB ». Au lieu d’être vu comme l’une des causes de la marée noire montante depuis 1991, le SP.a est maintenant présenté comme le sauveur et le bourgmestre d’Anvers et ex-président du SP.a Patrick Janssens fait figure de héros !
Qu’en est-il réellement ? Pour l’ensemble de la Flandre, le Vlaams Belang progresse de 6,6% par rapport aux élections communales de 2000. Il a augmenté d’un tiers le nombre de villes où il se présentait, passant de 459 à 794 conseillers communaux. Ce qui ne peut que renforcer l’implantation du parti. Dans ce sens, le triomphalisme ambiant est totalement déplacé.
A Anvers, grâce à la campagne médiatique centrée sur « Patrick », le SP.a a pu présenter l’enjeu du scrutin comme un duel entre Patrick (Janssens) et Filip (Dewinter). Patrick Janssens a récolté un peu plus de 70.000 voix de préférence, Filip Dewinter un peu plus de 60.000. Le parti de Janssens a progressé de 16% et devient du même coup – mais de peu – le premier parti d’Anvers à la place du VB.
Mais le grand soupir de soulagement à Anvers ne doit pas empêcher de voir la réalité en face : personne n’a réussi à prendre un siège au VB ! Comme Dewinter l’a fait remarquer, le SP.a a « cannibalisé » ses propres partenaires dans la coalition. Le VLD perd 5 sièges, Groen ! 4 et le CD&V 1. Le SP.a en gagne 10 avec un score de 35%.
Pour expliquer la victoire des coalitions au pouvoir à Anvers et Gand, les commentateurs mettent en avant la « bonne gouvernance » de ces villes, et en particulier les opérations de rénovation urbaine. Mais celles-ci ont surtout été mises en oeuvre dans l’intérêt de la classe moyenne qui a réinvesti certaines portions du centre-ville au détriment de toute une population fragilisée qui y vivotait depuis des années et qui avait offert au Vlaams Blok sa première percée électorale à la fin des années ‘80 et au début des années ‘90. La composition sociale de certains quartiers a changé parce que les pauvres en ont été chassés.
Ceci explique les progrès successifs du SP.a, le champion de la nouvelle classe moyenne et le maître d’oeuvre de ce type de « rénovation urbaine ». Mais la valeur des logements a tellement grimpé que les moins nantis ont dû quitter certains quartiers de Borgerhout et d’Anvers-Centre… pour s’établir dans les quartiers plus périphériques où le Vlaams Belang continue à se renforcer.
Bruxelles: une politique “proche des gens”?
A Bruxelles, le PS conforte sa position de premier parti régional qu’il avait déjà ravie au MR en 2004. C’est d’autant plus remarquable que le MR – sauf à Bruxelles-Ville où il s’effondre – et le CDH progressent également. Le PS progresse dans les grosses communes de la première ceinture comme Schaerbeek (où il fait plus que doubler son score mais où Onkelinx rate le poste de bourgmestre grâce à la nouvelle alliance entre MR et Ecolo), Molenbeek ou Anderlecht et il franchit pour la première fois la barre des 30% à Bruxelles-Ville. C’est surtout Ecolo qui fait les frais de cette progression. L’extrême-droite (FN et VB) stagne, sauf à Schaerbeek où la Liste Demol, apparentée au VB, perd la moitié de ses voix et 3 de ses 4 élus. Est-ce à dire que les politiciens bruxellois ont su rester « proches des gens et de leurs préoccupations » comme ils aiment à le dire? Rien n’est moins vrai.
Le vote des Belges d’origine immigrée et des étrangers non européens, qui pèse lourd dans certaines communes, a certainement fait barrage à l’extrême-droite. Les partis, surtout le PS, ont joué à fond la carte du vote communautaire en ouvrant largement leurs listes à des candidats d’origine turque, marocaine et africaine. Le principal, sinon le seul critère de sélection était leur capacité à récolter des voix dans leur communauté. Nombre d’entre eux ont été élus le 8 octobre. Ils vont rapidement être associés à la politique néolibérale. Ils vont sans doute essayer d’en atténuer les effets dans leur quartier ou leur communauté en aidant leurs électeurs à surmonter individuellement les problèmes sociaux qu’ils auront contribué à créer par leur soutien à des mesures antisociales. Mais le clientélisme – ce que les politiciens appellent « être proche des gens » – se heurtera à ses limites et ceux-ci devront tôt ou tard rendre des comptes sur leur attitude au Conseil communal ou au Collège.
Wallonie: le PS en équilibre instable
Une marée noire était parfois annoncée le 8 octobre. Les résultats sont beaucoup plus diversifiés. Mais le lien est clair entre les résultats du PS et du FN. Dans le Hainaut, là où les scandales à répétition ont ébranlé le PS, celui-ci connaît des reculs parfois impressionnants (13% à Charleroi, 14% à La Louvière, 10% à Mons) et le FN refait une percée. Par contre, là où le PS a échappé (pour le moment ?) aux scandales, comme dans la région liégeoise, il maintient ses résultats, voire les améliore, après avoir réussi à se présenter comme le rempart contre le libéralisme agressif du MR et de Reynders. Et le FN ne perce pas (1 seul siège à Liège).
Si le PS n’a pas été envoyé au tapis lors de ces élections, ses résultats mitigés et la reprise des inculpations (le bourgmestre de Charleroi Van Gompel en tête) minent quand même sa position tant au sein du gouvernement Verhofstadt qu’à la Région wallonne. Cela explique certainement sa volonté d’ouvrir ses majorités dans plusieurs villes au MR ou au CDH. Mais le résultat en sera immanquablement une politique encore plus néolibérale. Et un espace encore plus grand pour le développement du FN dans les prochains scrutins.
Le PTB triple le nombre de ses sièges
La gauche se souviendra de ces élections en raison du « décollage électoral » du Parti du Travail de Belgique. Le PTB progresse un peu partout et triple le nombre de ses sièges qui passe de 5 à 15. En Wallonie, il conserve ses 2 sièges à Herstal et en gagne 1 à Seraing et La Louvière ; par contre, il n’obtient pas de siège à Bruxelles. Mais 11 de ces 15 sièges sont gagnés par des « Médecins pour le Peuple » est révélateur. Autour de ses Maisons médicales, le PTB a construit une intervention locale et mené des actions contre les sacs-poubelles payants, pour le logement social, pour plus de facilités pour les jeunes, … qui, avec sa participation active à la lutte contre le Pacte des Générations, a pu convaincre une partie des électeurs.
Ce résultat démontre en tout cas le potentiel pour une politique d’opposition au néolibéralisme. Un nouveau parti, défendant réellement les travailleurs et reposant sur une forte base syndicale, pourrait obtenir de tels scores dans toute la Belgique. C’est ce qui fait toute l’importance de l’initiative du Comité pour une autre politique (CAP)…
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Votez pour une alternative socialiste – Votez MAS!
Le 8 octobre, le Mouvement pour une Alternative Socialiste se présente dans un nombre limité de communes. Nous voulons en effet prendre suffisamment de temps et de moyens pour préparer la Conférence pour Une Autre Politique du 28 octobre. Notre campagne sera avant tout centrée sur la nécessité de véritables emplois pour tous, de logements décents à des prix accessibles et de services publics de qualité. Le MAS/LSP présentera des listes à St Gilles, Schaerbeek, Ixelles, Wavre, Liège, Mons, Gand, Anvers, Keerbergen et Malines.
De véritables emplois pour tous = assez de statuts bidon, d’ALE et d’interim
Au cours des 25 dernières années, des dizaines de milliers d’emplois stables ont été perdus à cause du démantèlement des services publics et de la ruine des secteurs industriels. Les nouveaux emplois créés sont de plus en plus des emplois qui n’offrent pas un salaire décent et presque aucune sécurité. Selon le Conseil National du Travail, 80% des emplois créés en 2001 étaient des emplois à bas salaire, temporaires ou à temps partiel.
En outre, la pression sur les chômeurs augmente à cause de la multiplication des contrôles et de la relance par les partis flamands de la discussion sur la limitation des allocations de chômage dans le temps. Le but est de contraindre les chômeurs à accepter des emplois précaires à bas salaire.
De cette manière, les partis traditionnels rejettent la responsabilité du chômage sur les chômeurs eux-mêmes. Sur cette base, les chômeurs deviennent une cible pour les attaques bien que nos allocations soient parmi les plus basses en Europe et que, pendant ce temps, les profits des entreprises belges battent des records.
Le MAS se bat pour le droit pour tous à un emploi décent, à temps plein et bien rémunéré. Cela est possible à travers la repartition du travail. Un conseil communal réellement socialiste pourrait montrer l’exemple en appliquant une baisse radicale du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire pour le personnel communal.
Des logements à prix accessible, arrêt des projets de prestige, non à l’arnaque privée dans le logement social
Le manque de logements décents et à prix accessible est la cause la plus importante de pauvreté après le chômage. A Bruxelles, la moitié des citoyens dépense plus de 40% de son revenu pour le logement. Partout, les prix du logement sont en hausse par rapport aux salaires et aux allocations. Ce sont les couches les plus pauvres et les plus vulnérables qui paient la note.
Il y a beaucoup trop peu d’investissements pour améliorer cette situation. Par contre, les autorités sont prêtes à dépenser des dizaines de millions d’euros pour des projets de prestige – créer une esplanade monstrueuse devant la nouvelle gare TGV de Liège, construire une fontaine sophistiquée sur la grand’place de Mons ou supprimer le revêtement routier d’une rivière à Gand – destinés à attirer des touristes et des couches plus aisées vers les centres des villes. Des projets de prestige qui partout sont évidemment financés par nos impôts.
Pour nous, il n’y a qu’une solution : un programme massif de construction de logement sociaux, qui provoque une pression à la baisse sur les prix de l’immobilier privé. Cette tâche devrait revenir au secteur public car le secteur privé n’investit que si l’affaire est rentable. Réaliser des profits signifie des loyers plus élevés et moins de moyens pour la construction et l’entretien des bâtiments.
Le MAS se bat pour de véritables logements sociaux de bonne qualité et avec des loyers qui représentent au maximum 20% du revenu familial, construits par les autorités communales et financés par des moyens publics. Ce n’est pas l’argent qui manque, les projets de prestige le montrent.
Pour des services collectifs. Non au ‘chacun pour soi’. Sécurité = services publics de qualité avec suffisamment de personnel
Cette année, on a beaucoup parlé de la ”violence inutile” avec les assassinats de Joe, de Stacy et de Nathalie. Les cas qui ont fait la une des médias ne sont que le sommet de l’iceberg. Les drames familiaux se succèdent, la violence domestique augmente de jour en jour, les agressions dans le trafic sont devenus monnaie courante.
La cause principale du durcissement de la société réside dans le durcissement du marché de travail: la peur de perdre son travail, la pauvreté croissante, un taux de chômage élevé qui est devenu structurel,… tout cela fait que des couches plus importantes sont marginalisées et retombent dans l’isolement social sous l’effet du manque de perspectives dans l’avenir. Les vagues d’assainissement des 25 dernières années ont fait des trous énormes dans le tissu social. Les classes sont bourrées, les enseignants sont surchargés, le postier n’a plus de temps de discuter avec les gens, pas plus que l’infirmière à l’hôpital. L’augmentation de l”’efficacité” et de la productivité qui est exigée des salariés des services publics fait aussi que leur rôle social a été assassiné.
Outre le manque de personnel dans les services existants, un tas de services qui pourraient soutenir le tissu social font défaut. Il n’y a pas assez de capacités d’accueil pour les enfants et de détente pour les jeunes, pas assez de possibilités de soins et d’accompagnement à domicile pour les personnes malades, handicapées ou âgées, pas assez de lieux de rencontre où les voisins puissent faire connaissance,…
Une société où existent tant de pénuries est une société qui devient de plus en plus dure. Et où des rivalités et des conflits grandissent pour s’attribuer le peu de moyens disponibles: entre jeunes et plus âgés, entre hommes et femmes, entre Belges et immigrés et même au sein des communautés immigrées entre les nouveaux venus et ceux qui sont là depuis plus longtemps…
Il n’y a pas de solution tant qu’une élite riche accapare toutes les richesses
Mais les véritables profiteurs ne se trouvent pas parmi les salariés ou les allocataires – quelle que soit leur origine – mais parmi les actionnaires des grandes entreprises et des banques qui entassent de plus en plus de richesses. Avec les profits annuels des 97 entreprises cotées en Bourse en 2005 (18 milliards d’euros), on pourrait créer 700.000 emplois par an. Beaucoup de jeunes, Belges ou immigrés, qui aujourd’hui semblent être destinés à devenir des petits voyous ou des chômeurs marginalisés, pourraient se voir offrir une place dans la société à travers un programme d’emplois dans les nouveaux services publics à mettre sur pied.
Le MAS pense que la richesse qui est créée par les salariés doit revenir à la société entière et non pas dans les poches des actionnaires. La nationalisation des secteurs-clés de l’économie est un premier pas nécessaire. Le MAS se bat pour un socialisme démocratique, qui est pour nous la seule façon de garantir que la production soit organisée en fonction des besoins de la majorité de la population et non en fonction des profits de quelques-uns.
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Contre la politique antisociale!
8 octobre: Votez MAS
28 octobre: Conférence pour une autre politique
Lors des élections communales, les électeurs – en dehors de quelques exceptions, là où le MAS ou éventuellement une autre liste de gauche se présente – ne pourront voter que pour un programme antisocial. Tout le monde sait que la prime de rentrée scolaire est un cadeau d’un jour qui est fait pour nous inciter à voter ‘gentiment’ pour les partis traditionnels. Après les élections, la politique d’austérité continuera dans toutes les villes et les communes du pays.
Anja Deschoemacker
En Flandre, les partis traditionnels continueront à ‘mesurer leur succès’ aux scores du Vlaams Belang. Mais, en Wallonie aussi, une percée du FN menace dans beaucoup de villes et de communes.
Vingt ans après la première percée majeure du VB à Anvers, les partis traditionnels sont toujours incapables de réagir. Pourtant, lorsque Busquin (PS) en tant que commissaire européen a organisé une enquête sur la montée de l’extrème-droite, la conclusion a été claire : des partis comme le Vlaams Belang et le FN se développent sur un marché de travail toujours plus dur et plus pénible, où les incertitudes quant au revenu et aux conditions de vie grandissent de jour en jour.
La croissance du VB et du FN se fait en parallèle avec le détricotrage de la sécurité sociale (les exclusions du chômage, l’écart de plus en plus grand entre les allocations de chômage, de maladie et de pension et les salaires et les autres revenus,…) et le démantèlement des services publics (où, depuis 20 ans, des dizaines de milliers d’emplois ont été perdus et où de plus en plus de gens sont contractuels au lieu d’être nommés).
Le poids du mouvement ouvrier wallon – exprimé de façon déformée dans la position majoritaire du PS – a pendant longtemps freiné les aspects les plus durs de la politique néolibérale : les coupes dans les services publics se sont faites de manière moins sévère, la chasse aux chômeurs est pratiquée de manière moins brutale en Wallonie qu’en Flandre,… Le PS a réussi à conserver une partie de sa réputation comme parti ‘social’ malgré presque 20 ans de participation au pouvoir dans des gouvernements de casse sociale. Mais aujourd’hui le vote en faveur d’un Pacte des Générations qui attaque les prépensions, la priorité donnée au Plan Marshall (un programme néolibéral classique qui confie la relance de la Wallonie aux patrons) et surtout les scandales à répétition dans les sociétés de logements sociaux montrent que le PS devient de plus en plus un parti ‘comme les autres’.
Il existe aujourd’hui un mécontentement profond mais qui reste passif. Electoralement il se traduit par une érosion du PS (mêrme si beaucoup de gens pensent encore qu’il reste un ‘moindre mal’ face aux libéraux) et par une progression annoncée du FN (chez ceux qui veulent dire leur dégoût face à tous les partis en place). Tant que continuera la politique actuelle, l’extrême-droite continuera à gagner des voix chez les travailleurs et les chômeurs. Que le FN puisse gagner tant de voix sans avoir de cadres et sans mener une activité régulière de parti le montre clairement.
Si nous voulons changer celà, le mécontentement passif doit être tranformé en résistance active.
C’est pourquoi nous n’appelons pas uniquement à voter pour le MAS le 8 octobre mais surtout à venir participer à la ‘Conférence pour Une Autre Politique’ le 28 octobre à Bruxelles avec des centaines de travailleurs, de chômeurs, de jeunes, de militants syndicaux, politiques et associatifs, pour y préparer le lancement d’un nouveau parti avec une stratégie de lutte contre la politique de casse sociale. Car seules des victoires sur ce terrain permettront de redonner des perspectives aux jeunes et aux travailleurs, d’enrayer la progression de l’extrême-droite et de construire une véritable alternative de gauche au PS.
Votez MAS!
Le MAS présente des listes à Schaerbeek, St Gilles, Ixelles, Wavre, Liège, Mons, Gand, Anvers, Malines et Keerbergen
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L’empereur contre les barons au sein du PS
L’empereur contre les barons au sein du PS
“Erreurs inqualifiables”, “dérapages”… Pour Elio Di Rupo et ses disciples, les scandales de Charleroi et d’ailleurs dénaturent le PS et ses valeurs. Bien d’accord ! Mais plutôt que de remettre ces valeurs en avant, la solution proposée est d’augmenter les pouvoirs du président…
Les ancêtres de Van Cau et Di Rupo au Parti Ouvrier Belge avaient déjà placé le ver dans le fruit en se prononçant pour un passage graduel du capitalisme au socialisme, terminologie utilisée afin de reporter la lutte pour le socialisme à un avenir indéfini, pour ne plus avoir finalement à en parler, pour accepter le système d’exploitation capitaliste en réalité.
C’est cette logique interne imposée par la direction du parti qui est à l’origine des faits qui alimentent l’actualité. Il n’existe à l’intérieur d’un tel système aucune solution collective aux problèmes des travailleurs. Dès lors que l’on accepte la logique patronale, on ne peut qu’essayer de limiter la casse, et c’est sur cela que les fameux „ barons „ se sont appuyés. Faute de pouvoir préserver l’emploi, faute de pouvoir appliquer un véritable programme de logements sociaux (la moyenne belge des logements sociaux dans l’immobilier est d’un peu plus de 6%, ce qui fait pâle figure aux côtés de nos voisins hollandais qui sont eux à 40% !), les dignitaires “socialistes” ont alloué les moyens restés disponibles aux “amis”, “amis d’amis”, etc… C’est ainsi qu’on été institutionnalisées les baronnies, en utilisant les services publics et sociaux comme moyen pour se créer une base impossible à avoir par l’intermédiaire de luttes dont ils ne voulaient pas entendre parler.
Ce n’est pas un phénomène typiquement francophone, la Flandre a vécu la même situation. Mais la lutte pour la centralisation autour du président y a été menée plus tôt, dans les années 90. Là aussi, ce sont des scandales qui servirent de prétexte, c’était l’époque d’Agusta. Louis Tobback, qui avait à l’époque joué le rôle qu’essaye aujourd’hui d’avoir Elio, a expliqué sa méthode : le choix est entre “l’absolutisme et le féodalisme”. “Plus de pouvoir au président n’est pas le meilleur des mondes” reconnaît-il, mais il n’y a pour lui d’autre choix. Cette analyse est partagée par tous, les proches du président du PS (et ministre-président de la région wallonne, et bourgmestre de Mons,… ) naturellement, comme Laurette Onkelinx, mais aussi l’ensemble de la presse.
Faire descendre le pouvoir à la base du parti est-il tellement inimaginable pour que personne n’en parle? A-t-on tellement peur au PS du débat que cela peut entraîner pour que la seule solution qui apparaisse soit de concentrer tout le pouvoir de décision entre les mains d’une seule personne? Le siège du PS, sis au Boulevard de l’Empereur, n’a jamais aussi bien assumé son adresse…
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Manifestation des sans-papiers à La Louvière
Samedi 6 mai, 10h00, La Louvière, devant l’église Saint- Joseph. Un rassemblement est organisé par l’UDEP et le centre fermé de Morlanwelz. Le but: défendre les droits des sans-papiers qui occupent l’église depuis le lundi 10 avril 2006. La toute jeune section de La Louvière était sur place.
Floriane et Florian
A l’instar des autre villes du pays ( Verviers, Liège, Bruxelles, Tubize,Mons, Charleroi, Gand, etc. ) les demandeurs d’asile et le Comité de Soutien, qui compte une vingtaine d’associations, ont fait de leur mobilisation la tribune de leurs revendications : Régularisation immédiate des sans-papiers sur base de critères clairs et permanents, arrêts des rafles et des détentions qui touchent aussi les enfants et fermeture des centres fermés, arrêt immédiat des expulsions.
Au sons des percussions plusieurs slogans était scandés ; « Une seule solution, régularisation », ou bien « Première, deuxième, troisième génération : nous sommes tous des enfants d’émigrés » ou encore « On veut travailler mais on est sans papier ».
La police a compté un peu plus de 200 personnes; la marche s’est déroulée sans incidents.
Nos militants présents (La Louvière et Mons) ont apporté leurs soutient aux réfugiés et on mit le doigt sur le nature politique du problème ; dans les discussion et à travers les 50 journaux qui on été vendu.
Car nous pensons qu’il est important de ne pas isoler la lutte des sans papier. Qu’il faut oser dire que c’est avant tout le patronat occidental ; par le pillage des richesses et leur soutient aux guerres civiles qui poussent les populations des pays néocoloniaux à fuir (dans les pires conditions) vers l’Europe. Qu’une fois ici, ces mêmes patrons et leurs amis politiques les maintiennent dans un statut d’illégalité profitant ainsi d’une main d’oeuvre flexible et rentable à souhait. Tout ça pendant que les spectaculaires expulsions et inhumaines incarcérations rassurent des électeurs.
Car nous voyons que dans ce dossier comme dans les autres, le néolibéralisme montre son vrai visage; celui du jeu de la concurrence entre les travailleurs pour faciliter leurs exploitations. Et que dans ce dossier comme dans tout les autres c’est l’ensemble des travailleurs qui paye le prix des profits.
Alors construisons la lutte unifiée syndicale et politique des travailleurs belges et immigrés. Seul capable de poser les bases nécessaire à l’amélioration de l’ensemble nos conditions de vie.
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Exploitation au Parlement européen. Travail au noir à l'OTAN
Exploitation au Parlement européen
Dans son édition du 13 avril, De Morgen a mis en lumière l’exploitation extrême du personnel du Parlement européen. Que l’UE fut néo-libérale était connu depuis longtemps, mais que les parlementaires traitent leur propre personnel par-dessus la jambe, voilà qui est nouveau.
Les assistant(e)s voient les contrats de stagiaire se succéder les uns après les autres, ce qui permet d’éluder les cotisations sociales de maladie-invalidité par exemple. Les salaires du personnel sont extrêmement bas: de 1000 à 1200 euros en moyenne. Nombre de "collaborateurs" sont contraints d’accepter un contrat d’indépendant pour éluder les cotisations sociales.
Entre-temps, un nouveau syndicat a été mis sur pied pour défendre les intérêts du personnel : l’European Parliament assistants’ Association. Cette UE démontre une fois de plus qu’elle n’est pas la nôtre : comment pourrions-nous attendre de ces politiciens bourgeois qu’ils mettent en place une " Europe sociale ", ce que les directions syndicales attendent apparemment, s’ils (mal)traitent ainsi leur propre personnel?
Mons: Travail au noir à l’OTAN
Le SETCa a mené une action le 23 mars au SHAPE près de Mons – qui abrite le commandement politique de l’OTAN – contre le travail au noir sur le site avec des slogans comme "SHAME ON SHAPE" et "167.000 heures au noir = 120 emplois de moins".
En effet, quelque 250 ouvriers y travaillent actuellement en toute illégalité et le travail en noir y occupait la plus grande partie du volume d’heures de travail en 2005. Il s’agirait principalement d’ouvriers d’Europe de l’Est qui sont payés de 4 à 5 euros de l’heure. On ne s’étonnera donc pas que l’OTAN refuse de reconnaître la délégation syndicale. Il y a quelques années, alors que le personnel du GB du site participait à une grève sectorielle, le commandant avait menacé de licenciement tous ceux qui participeraient à la grève. Il leur déniait purement et simplement le droit de faire grève.
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Sans-papiers : la lutte continue…
Les sans-papiers Iraniens en 2003 ont obtenu leur régularisation. Qu’on ne s’y trompe pas pour autant ! Cette régularisation est exclusivement individuelle alors que le mouvement des sans-papiers ne cesse de revendiquer une régularisation généralisée sur base de critères permanents.
Manifestation de l’UDEP à Verviers
Le 1er avril, l’UDEP (Union de défense des sans-papiers) a organisé à Verviers une manifestation pour exiger la régularisation des sans-papiers.
Cela avec l’objectif de maintenir la pression sur le monde politique au moment ou Patrick Dewael veut rendre légal l’enfermement de familles – et donc d’enfants – dans les centres fermés, au mépris des droits de l’enfance et des droits de l’homme. Les 500 manifestants formaient une troupe bigarrée et joyeuse qui a réveillé une population verviétoise quelque peu éberluée devant toute cette vie inhabituelle pour la saison. Dans la manifestation étaient présents associations (Entraide et Fraternité, Droits Devant,…) et partis (Ecolo, le MAS et la LIT-QI). Nous avons marché avec les sans-papiers jusqu’à l’hôtel de ville où nous attendait le bourgmestre qui a pris bonne note des revendications et des critiques du représentant des sans-papiers. Celui-ci a mis en lumière la responsabilité du système capitaliste dans la misère qui fait fuir les gens, qui les oblige à se faire exploiter de toutes les façons imaginables et qui les expose au risque d’être ensuite renvoyés chez eux, pour les punir de souffrir.
Il faut remarquer l’absence de soutien visible de la part des syndicats qui s’étaient pourtant engagés à participer à la manifestation. Seul quelques syndicalistes ont pris part à la manifestation, à titre personnel.
Et pourtant, poussés par le désespoir, d’autres sans-papiers multiplient les grèves de la faim et les occupations d’églises aux quatre coins du pays à Mons, Charleroi, Eterbeek et Ixelles. Obtiendront-ils gain de cause? On peut en douter!
Une proposition de loi visant à définir des critères permanents de régularisation a été déposée au Parlement mais, à ce jour, elle n’a pas encore été examinée par le gouvernement qui a clairement décidé de faire la sourde oreille.
Quand on sait que certains sans-papiers travaillent parfois pour moins de 2 euros de l’heure, on comprend l’enthousiasme pour le moins modéré des formations politiques les plus proches du patronat. La soif de profits de certains exploiteurs exige, c’est un fait, la formation d’un tiers-monde intérieur taillable et corvéable à merci… Tout ceci explique la réticence des libéraux flamands comme wallons à vouloir régler le problème.
Ce qui est moins compréhensible, c’est l’attitude des soi-disant progressistes sur cette question. D’un côté, PS et Ecolo se battent comme des chifonniers, chacune des deux formations faisant des propositions similaires mais sans jamais parler d’une seule voix. Cela en dit long sur le manque de volonté politique visible dans le chef du PS de se mettre en porte-à-faux par rapport à son partenaire libéral. On retrouve, par ailleurs, cette attitude dans d’autres questions qui attendent désespérément un coup de barre à gauche. L’attitude des sociaux-chrétiens francophones est, par contre, beaucoup plus claire. Le CDH n’envisage, en effet, qu’une politique de « régularisation conjoncturelle ». Mais, justement, régulariser au cas par cas, c’est exactement ce que veut faire ce gouvernement. Sur ce dossier, on peut dire que les « humanistes » auront, en définitive, réussi à se faire mousser sans jamais se départir d’un profil de parti de gouvernement.
Au total, si on fait le compte, en additionnant les militants des milieux associatifs chrétiens aux électeurs socialistes et écologistes solidaires des sans-papiers (et sans oublier ces derniers bien sûr), ça en fait du monde en quête objective d’alternative. A bon entendeur,…
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Ne pas politiser le débat revient à laisser la voie libre aux politiciens traditionnels
Autour du meurtre de Joe
Durant tout le déroulement de l’affaire, l’ensemble des politiciens n’a eu de cesse de demander que la politique soit muette sur ce sujet, ce qui ne les a cependant pas empêché d’être omniprésents dans les colonnes de la presse ou dans les reportages des informations télévisées. L’idée d’empêcher toute récupération politique de ce triste événement revenait à laisser cette récupération uniquement aux mains des partis politiques traditionnels.
Nicolas Croes
Ainsi, le lendemain de la Marche Silencieuse du 23 avril qui a rassemblé 80.000 personnes dans un même sentiment de solidarité avec la famille de la victime et de rejet de cette violence qui peut sembler absurde, on a pu lire dans les colonnes du Soir les réactions d’Elio Di Rupo et de Didier Reynders.
Le président du PS et bourgmestre de Mons a ainsi pu mettre en avant la nécessité de renforcer la police de proximité… avant de parler de l’exemple de Mons où cela a été fait et où « ça va bien ». Au-delà du fait qu’un habitant de cette ville peut rapidement se rendre compte que ça ne va pas aussi bien qu’il le proclame, une telle déclaration dans la presse à l’approche des communales ressemble furieusement à de la récupération politique.
De même Didier Reynders a pu parler de tout et de rien (« il faudra travailler à plus de sécurité par rapport aux jeunes », « l’arrestation des coupables doit intervenir le plus rapidement possible »,…) en terminant par « gare à toute tentative de récupération politique. On a évité ça jusqu’à présent, que ça continue ». Voilà une belle demande de la part de quelqu’un qui, étant à Washington pour une réunion du Fonds Monétaire International, ne pourrait pas autant en profiter que d’autres s’il était laissé plus d’opportunités de débattre politiquement de cette affaire.
L’hypocrisie des politiciens traditionnels a tout simplement été révoltante dans le suivi de cette affaire, et le gouvernement n’était pas en reste. Pour un gouvernement bloqué depuis de nombreux mois et duquel rien ne sort si ce n’est des preuves de l’incapacité à répondre aux attentes des travailleurs et de leurs familles (ce dont ils n’ont globalement que peu à faire), il s’agissait là d’un moyen à bon marché pour se montrer apte à quelque chose d’autre qu’à appliquer les plans d’austérité du patronat. La presse a ainsi été unanime pour féliciter le trio qui assure dans la crise (titre d’un article du Soir du 26 avril), trio composé du chef du gouvernement Verhofstadt, du ministre de l’Intérieur Patrick Dewael et de la ministre de la Justice Laurette Onkelinx. Il faut dire qu’il s’agissait d’une histoire de gestion de la communication, et si il y a bien un domaine dans lequel nos politiciens professionnels excellent faute d’avoir un véritable programme à défendre autre que celui des patrons, c’est bien celui-là.
Il y avait également la crainte de voir l’appareil politique aussi décrédibilisé qu’en 1996 à l’époque de la Marche Blanche. Un proche du Premier ministre a d’ailleurs déclaré que « son obsession était d’éviter la comparaison avec les évènements de 1996, l’affaire Dutroux, la marche Blanche, quand le « système » était mis en cause, les politiciens cloués au pilori pour leur indifférence.…».
Par contre, en terme de proposition pour régler véritablement le problème, c’est-à-dire pas seulement s’occuper du moment présent, mais s’atteler à ce que de pareilles douleurs n’arrivent plus à personne, le gouvernement remontre l’étendue de son décalage avec la situation réelle. On peut résumer les propositions effectuées par ces mots : répression, répression, et encore de la répression. Laurette Onkelinx, actuellement Ministre de la Justice, montre décidément plus d’enthousiasme à créer de l’emploi à la police (3.200 supplémentaires) qu’à en préserver dans son secteur à l’époque où elle était Ministre de l’Enseignement. Alors qu’il y a quasi-unanimité pour dénoncer le fait que plus de répression ne permettra pas de régler le problème – tout juste de faire baisser la pression de la rue (mais peut-être est-ce là sa véritable intention ?) – ce cruel rappel des licenciements dans un enseignement dont le manque de moyen a été éclairé par cette crise tombe mal. Mais aucun journaliste ne mentionne ce genre de chose, et c’est parfois dans le courrier des lecteurs que l’on peut avoir les meilleurs articles…
De plus personne ne sait actuellement ou trouver l’argent de cet « ambitieux » projet. A force d’avoir octroyé baisses de charges sur baisses de charges au patronat, le gouvernement n’a presque plus rien, et certainement pas pour améliorer nos conditions de vie qui ne cessent de se détériorer. En cas de protestations trop importantes contre la casse de nos acquis sociaux, des services public, etc, les policiers et cameras supplémentaires, si l’on arrive à les payer, seront d’une utilité précieuse pour nos dirigeants…
Le premier ministre Verhofstadt disait espérer que le signal de la Marche Silentieuse aurait comme résultat une diminution de la violence au sein de la jeunesse. En ce sens, la manifestation n’est pour lui qu’à voir que comme un appel à la responsabilité. D’après Verhofstadt, c’est la responsabilité individuelle des parents – qui doivent avoir assez de temps pour s’occuper de leurs enfants – qui est primordiale. La responsabilité du gouvernement ne se limiterait qu’à augmenter la répression.
Mais la raison pour laquelle beaucoup de familles, et pas seulement polonaises, ont en Belgique peu de temps disponible pour leurs enfants est que ces fammilles doivent travailler toujours plus afin de survivre. Comment Verhofstadt pense-t-il résoudre cela? En attaquant encore les salaires? Le pouvoir d’achat des travailleurs Belges a déjà bien diminué ces vingt dernières années, et de nouvelles coupes salariales n’auront comme résultat que d’accroître encore le temps de travail nécessaire à garder un même niveau de vie.
Tant le renforcement de la répression que la vitesse à laquelle les politiciens ont annoncé la création d’une nouvelle prison pour jeunes sont en contradiction flagrante avec les besoins du secteur de l’accompagnement de la jeunesse. Ce manque de moyens a été illustré au début de cette année par les actions effectuées par ce secteur en Flandres. Si au nord du pays les cas d’application d’accompagnement de jeunes « difficiles » ont augmenté de 25%, le budget, lui, n’a pas évolué en conséquence. Au vu de cette situation, les problèmes ne peuvent que s’amplifier.
La construction de nouvelles prisons pour jeunes est finalement fort révélatrice de la politique actuelle: une politique qui ne s’occupe que des conséquences des problèmes au lieu de s’attaquer à leurs causes.