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Tag: Licenciements
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Fin de la grève après 51 jours chez Ashland (Doel)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le personnel de l’entreprise chimique Ashland à Doel a fait une grève courageuse et remarquable. Cela témoigne également de l’arrogance patronale. Après 51 jours, la mesure d’augmentation du temps de travail a été retirée de la table, au moins six licenciements ont été retirés et il a été décidé de négocier le reste.
Pour rappel, le 7 décembre, la direction d’Ashland a annoncé que le site très rentable allait se séparer de 39 de ses 167 employés dans le cadre d’une restructuration internationale. En outre, le temps de travail devait passer de 33,6 heures par semaine à 35,6 heures, ce qui menaçait le système plus humain de production en cinq équipes. Le patron a immédiatement annoncé le licenciement des 39 membres du personnel. L’objectif de cette restructuration n’était pas de faire face à des pertes, mais d’engranger encore plus de profits. Le fait qu’Ashland à Doel fabrique un produit utilisé dans les gels pour les mains, entre autres, ne fait que rendre l’attitude patronale encore plus cynique en ces temps de crise sanitaire.
Immédiatement après l’annonce, une grève qui durera finalement 51 jours a éclaté. La détermination du personnel, tant des jeunes travailleurs que des plus anciens, fut remarquable. Le fait qu’il y ait eu un piquet de grève animé, avec beaucoup de discussions et une bonne ambiance, a joué un rôle important dans le maintien de l’unité et de la solidarité au cours de la lutte. Cela aurait sans doute été renforcé par une campagne de solidarité plus large des salariés de l’ensemble du secteur, même si cela n’était certainement pas évident en raison des mesures sanitaires.
En janvier, sept membres du personnel ont reçu leur C4, un geste condamné par le ministre de l’Economie et du Travail Pierre-Yves Dermagne (PS). Au cours d’une nouvelle réunion, la première en fait, au cours de laquelle quelque chose a été proposé, il s’est avéré que la direction était prête à reconsidérer l’augmentation du temps de travail des travailleurs. Cela signifiait que 6 licenciements en moins, ce qui en laissait 33. Jeudi dernier, les négociations se sont poursuivies avec pour résultat un accord-cadre qui confirme que l’extension du temps de travail pour tous est hors de question. En outre, des négociations ont été annoncées sur le nombre de départs (y compris les sept personnes qui ont reçu leur C4), un plan social avec réorientation pour ceux qui partent, des critères pour le départ volontaire et d’autres questions. Ces négociations commenceront le 9 février.
L’accord-cadre a été approuvé par une majorité des deux tiers des travailleurs en grève, ce qui a permis la reprise du travail. Dans leur communication aux membres du personnel, les représentants syndicaux ont noté “Nous tenons avant tout à remercier tous ceux qui ont manifesté leur solidarité au cours des 51 derniers jours pour leur combativité et leur détermination”. Ils ont ajouté : “La base atteinte par cette action pour entamer de nouvelles négociations donne aux représentants des travailleurs une position de départ nettement meilleure par rapport au plan proposé par l’employeur initialement mis sur table le 7 décembre 2020”. Ils ont raison de souligner l’unité du personnel en cette période difficile, une unité qui sera utile dans ce qui sera sans aucun doute des négociations difficiles.
La direction d’Ashland montre que l’avidité capitaliste pour le profit s’oppose directement aux intérêts des travailleurs et de leurs familles. Il ne suffit pas de faire des profits, il faut qu’il y en ait toujours plus. Sous le capitalisme, cela est atteint en jetant des gens à la rue. Cependant, ce sont les travailleurs qui font tout tourner et créent la valeur ajoutée. La grève aura coûté beaucoup d’argent à la direction d’Ashland. Celle-ci sait à peine ce qui est produit et de quelle manière, elle prend ses décisions et envoie à la casse du personnel sur base de chiffres et de tableaux. Ce système n’a rien à offrir aux travailleurs et à leur famille !
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[INTERVIEW] FedEx « On ne veut pas diminuer les licenciements, on veut zéro licenciement ! »

Le mardi 20 janvier, nous apprenions dans la presse l’intention de l’entreprise de transport de fret FedEx de procéder à une vaste restructuration au niveau Européen, et de supprimer plus de 700 emplois en Belgique (671 à Liège-airport et 47 à Zaventem). Presque immédiatement après l’annonce, les travailleurs de FedEx-TNT à Liège se sont mis en grève. Nous en avons discuté avec un travailleur de l’entreprise. Propos recueillis par Clément (Liège).
Le grand public a appris cette annonce de licenciements collectif par voie de presse. Comment l’ont appris les travailleurs ?
Il n’y a pas eu de communication de la direction de l’entreprise directement vers les travailleurs. Moi je suis dans l’équipe de nuit, je l’ai appris sur Facebook, comme beaucoup d’autres collègues. Puis on a vu la conférence de presse qui a suivi le Conseil d’Entreprise extraordinaire de lundi. On a appris pour les 671 licenciements, mais aussi pour les 861 collègues restant, qui vont devoir accepter des contrats plus flexibles.
Quel était l’état d’esprit des travailleurs après cette annonce ? Il y a eu une réaction très rapide avec 48h de grève, d’où est parti le mot d’ordre ?
Ça a été un gros choc pour tout le monde évidemment. On est beaucoup à venir de TNT et on est nombreux à bosser pour la boîte depuis des années. On a beaucoup donné pour cette entreprise, on a toujours travaillé avec beaucoup de dévouement et de conscience professionnelle. Il y avait un vrai sentiment de dégoût de voir ainsi notre avenir menacé après les sacrifices réalisés alors que beaucoup ont des crédits, etc. Les types qui prennent ce genre de décisions, ils sont inhumains en fait. D’autant que dans le bilan comptable, c’est 3 millions de bénéfices net à l’année.
Mais surtout, il y a beaucoup de colère. Le mot d’ordre des 48h de grève je sais pas exactement d’où il est parti, mais probablement des instances de la FGTB-Métal. C’est très clair que la base voulait vraiment partir en action, si on nous avait écouté ça n’aurait pas été 48h, mais une semaine de grève.
Comment s’est déroulée la grève ?
C’était très bien coordonné, notamment entre les équipes de jour et de nuit, pour s’assurer que le piquet soit toujours fourni. Au plus haut, entre 23h et une heure du matin, quasi toute l’équipe de nuit était au piquet. J’ai pas compté, mais ça devait faire 800 collègues. Et en 15 ans chez TNT, c’est la première fois que je connais une grève qui n’est pas simplement un arrêt de travail. Peut-être qu’on aurait dû se mettre en grève plus souvent en fait.
Il y a aussi eu des témoignages de solidarité des travailleurs des autres entreprises qui sont à Liège-airport qui sont venus nous soutenir. Quand on était en grève, la direction a essayé d’utiliser des travailleurs d’autres boîtes, comme les ravitailleurs de Liège-airport. Ils ont tous refusé.
Tu parlais d’arrêt de travail juste avant, il y en a eu en octobre lié au covid non ? Ça a signifié quoi concrètement de travailler pendant le covid chez vous ?
On a bien fait un arrêt de travail en octobre. La direction internationale du groupe avait annoncé l’octroi d’une prime de 1000e par travailleurs à cause des bons résultats du groupe et du fait qu’on avait bossé avec le Covid (entre le 31/05 et la 31/08/20, le groupe FedEx a engrangé un bénéfice de 1,28 milliards d’euro, contre 800 million sur la même période, NDLR). On nous a finalement promis 250e de prime pour février 2020, mais il a fallu montrer les crocs
Pour les conditions de travail, au début, c’était très compliqué. On devait continuer de travailler parce qu’on était considérés comme essentiels. Mais au début, on avait pas de gel, pas de masques, pas de procédure. Peu à peu il y a des choses qui se sont mises en place mais bon, dans le boulot qu’on fait, respecter la distanciation par exemple, c’est quasi impossible malgré qu’on soit disciplinés.
On s’est mis en danger pour l’entreprise en fait. On a des collègues qui ont été contaminés, et se mettre en quarantaine c’était pas facile pour tout le monde à cause des pertes de salaire que ça pouvait représenter.
Aujourd’hui, la procédure Renault a été enclenchée, quelles sont les perspectives pour la lutte et pour la suite?
Déjà, les syndicats doivent être clairs : ce qu’on veut, c’est pas « diminuer les licenciements », mais bien zéro licenciement et il faut le dire clairement. Si tu dis que tu veux juste diminuer le nombre de licenciements, c’est la porte ouverte pour que le patronat passe en force. Puis c’est irrespectueux pour les travailleurs, ça veut dire que tu es prêt à en laisser sur le carreau et que ça ne te pose pas de problème.
On doit aussi se méfier de la procédure Renault. Généralement, c’est quand même une loi que les patrons utilisent pour faire traîner la situation, la laisser pourrir et étouffer la contestation. Vu l’opacité de la procédure, on réclame un maximum d’information sur la procédure, sur ce qui s’y passe : ça nous aidera a décider comment réagir à chaque étape.
Et si on ne parvient pas à empêcher les licenciements, on veut assurer les indemnités de départ les plus hautes possibles et des vraies garanties de requalification avec un vrai emploi garanti derrière.
Je pense aussi qu’on a besoin de plus d’agitation de la part du syndicat sur le lieu de travail. Il y a des militants, mais il y a aussi trop de collègues qui sont méfiants envers le syndicat. Si on injecte pas de la combativité et de l’envie de retourner en action, on risque d’être perdus. On a des collègues qui travaillent en pleine panique parce qu’ils ont peur d’être parmi les licenciés s’ils font un faux pas. Ce qu’il nous faut, c’est empêcher les licenciements collectivement, en luttant.
On n’est pas les seuls concernés, c’est un plan de restructuration européen (entre 5500 et 6400 pertes d’emplois annoncées en Europe, NDLR), on doit aussi créer la solidarité avec les travailleurs et les délégations syndicales dans les autres pays. Et rester mobilisés, faire parler de nous et de ce qui se passe à FedEx, parce que ici, une semaine après l’annonce, dans la presse on n’en parle plus. Mais ça veut pas dire que ça n’existe plus.
Un mot pour conclure ?
Une anecdote, plutôt. Hier, on a reçu une communication de la direction qui disait qu’elle allait nous payer le salaire de nos deux jours de grève. C’est vraiment vicieux. D’abord, c’est nous traiter comme des enfants : ils veulent transformer notre réaction rationnelle de partir en grève pour défendre notre avenir en une réaction émotionnelle qu’ils seraient prêts à nous pardonner. Quand tu mets 700 personnes à la porte, tu ne viens pas jouer les mère Thérèsa.
Et dans leur lettre, ils disent qu’ils ont « informé les syndicats » de leur décision. Ce genre de démarche, ça va aussi stimuler la méfiance envers le syndicat en donnant l’impression qu’ils marchent main dans la main avec la direction. C’est à la fois une tentative de calmer le jeu et de diviser les travailleurs.
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Résistons à l’avalanche de licenciements !

La direction de Sodexo Belgique veut se débarrasser de 380 travailleurs personnes. Chez Miclobel, 167 emplois ont menacés. Et 140 chez Continental-Malines. Chez Makro, c’est le personnel sous contrat temporaire qui va casquer au cours de ces prochains mois. Tout ça, ce ne sont que des annonces qui ont eu lieu ces dernières semaines.
Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
La procédure Renault – qui impose à l’entreprise qui prévoit un licenciement collectif d’organiser le dialogue entre sa direction et les délégations syndicales – a été enclenchée dans la plupart des cas. Les directions disent à chaque fois vouloir ‘‘mener un dialogue social constructif avec les partenaires sociaux’’ (Sodexho). Mais souvent, elles ne considèrent la procédure Renault que comme une manière d’étouffer l’organisation de la résistance des travailleuses et des travailleurs dès que les projets de licenciements sont connus. Cas inédit, en septembre, l’entreprise aérienne Ryanair a annoncé en septembre vouloir passer de 91 à 172 licenciements en pleine procédure Renault.
Les solutions du patronat
C’est bien connu, le patronat ne lésine devant rien pour faire payer par les travailleurs une crise, ses propres erreurs ou n’importe quel imprévu. Le prétexte de la crise sanitaire et économique va être utilisé jusqu’à la corde pour faire passer les réductions de personnel comme autant de fatalités. Et exiger les contreparties les plus juteuses possibles des autorités. Certains pousseront leur arrogance plus loin, comme Ryanair. D’autres essayeront d’arrondir les angles avec des cadeaux empoisonnés.
Le fournisseur de services en ressources humaines LHH a ainsi dévoilé une trouvaille : favoriser les départs volontaires au lieu des licenciements puisque cela permettrait à une entreprise d’économiser jusqu’à 10.000 euros par travailleur, même si celui-ci touche une indemnité de départ deux fois plus importante que s’il avait été simplement licencié. D’après LHH, le coût d’un licenciement collectif est facilement 10% supérieur à celui d’un départ volontaire. Mais il y a un souci, et de taille : un départ volontaire ne donne pas droit aux allocations de chômage, puisque le contrat de travail est résilié d’un commun accord.
Passons à l’offensive !
Les syndicats se disent débordés par les demandes de nouveaux affiliés à indemniser et en demande d’information. ‘‘On est passé de 300.000 cas à un million de dossiers !’’, dit-on à la CSC. A la FGTB on affirme avoir ‘‘une augmentation du travail multiplié par trois’’ sur ce terrain. L’avalanche de pertes d’emplois a déjà commencé, il est plus que temps d’organiser notre résistance autour de revendications à hauteur des enjeux de cette période historique de crise du capitalisme et dont le point d’ancrage doit être la défense intransigeante des intérêts des travailleuses et des travailleurs.
Le PSL propose la nationalisation, sans rachat ni indemnité, sous contrôle et gestion des travailleurs de chaque entreprise qui menace de délocaliser ou de procéder à des licenciements collectifs. La crise sanitaire a démontré que les manques à pourvoir sont légion dans cette société, les entreprises ainsi saisies pourraient voir leur production réorientée pour satisfaire les nécessités sociales. Et qui est mieux à même de le faire que le personnel lui-même ? Nous n’avons que faire des managers qui gèrent les entreprises publiques comme privées. Ce sont les travailleurs qui produisent les richesses, à eux de décider ! Et pour répartir le temps de travail disponible en fonction des forces disponibles et sans laisser personne sur le carreau, nous défendons la réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires !
Évidemment, cela exigera de construire un rapport de forces conséquent, avec un plan d’action à long terme, avec des manifestations, des journées de grèves nationales, des grèves de solidarité avec les travailleurs menacés par les licenciements, des marches de chômeurs, etc. Notre seule issue est un syndicalisme de lutte qui n’a pas peur de menacer l’existence même du capitalisme.
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Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Herstal
Par Cathy et Olivier V. (Liège)
Une trentaine de personnes, travailleurs et délégués syndicaux de la CNE et du SETCA sont présents ce vendredi 13 juin devant les grilles fermées du Delhaize d’Herstal.
Le ressenti général est d’avoir été bafoués par la Direction de Delhaize : « On l’a appris par les medias, comme vous, et on nous a interdit toute communication à la presse ». Les travailleurs dénoncent que la Direction lance son attaque à la veille des vacances, période de mobilisation difficile pour le personnel et les délégations syndicales ont refusé un agenda de négociations durant les vacances d’été qui ne permettent pas d’informer correctement leur base. « Ils comptent sur l’essoufflement du mouvement avant même que les négociations commencent », explique la représentante de la CNE.
Suite à une initiative spontanée des travailleurs, 13 des 14 magasins susceptibles d’être fermés sont en grève, et ce jusqu’à samedi au moins. Il est possible qu’un nouveau conseil d’entreprise ait lieu mercredi prochain mais aucune information claire n’a encore été donnée par la Direction. « Nous sommes et resterons derrière le personnel, quoi qu’il décide, et transmettrons leur colère lors des négociations. Ca fait 10 travailleurs en moyenne par magasin qui perdront leur emploi et, en tant que déléguée syndicale, je peux aussi perdre le mien ! Nous resterons solidaires ».
Ces actions spontanées des employés ne sont qu’un début, il faut maintenant organiser la résistance du personnel de la distribution, tous magasins confondus. Les attaques qui sont menées aujourd’hui contre les employés de Delhaize sont celles que subiront demain les travailleurs d’autres secteurs. Il nous faut un plan audacieux pour stopper les provocations de la Direction.
Pour un plan d’action avec une manifestation nationale massive qui mobilise personnel et clients conscientisés des conditions de travail imposées, en tant qu’étape vers une grève de 24h de la totalité du secteur de distribution !
« C’est de la base que ça doit partir, des travailleurs, tous secteurs confondus. N’oublions pas que nos acquis sont partis des luttes dans la rue », conclut la représentante des délégués syndicaux.
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Delhaize. Visite de solidarité au piquet de Flagey
Ce jeudi 12 juin, nous sommes allés à la rencontre des travailleurs du Delhaize Flagey, à Ixelles, en nous rendant à leur piquet de grève. Il n’y avait d’ailleurs pas que des membres du personnel sur place. Il y avait aussi un ancien collègue venu les soutenir, la permanente syndicale qui faisait le tour des magasins, des forces de l’ordre (sans que personne ne sache vraiment la raison de leur présence) et le directeur du magasin qui s’empressait de partir.
Les travailleurs étaient pour beaucoup sous le choc. Le directeur du magasin venait de leur faire un petit discours moralisateur selon lequel il fallait penser à l’entreprise et que la grève faisait perdre à tout le monde beaucoup d’argent. Quel culot !
La colère, le désarroi, l’envie de se battre, la peur de ce qui va se passer demain, étaient autant de ressentis différents qui traversaient le groupe présent.
L’accueil a été en tout cas très chaleureux à notre égard. Et la proposition que nous avons faite d’aller faire signer leur pétition de soutien dans le quartier a été très bien accueillie.
Nous avons recueilli les propos d’Alex, employé depuis 14 ans à Delhaize.Par Laure (Bruxelles), photos de Karim (Bruxelles)
Comment avez-vous appris la nouvelle ?
L’annonce a été prise comme une trahison. Un mois auparavant, ils nous avaient réunis dans notre magasin en nous montrant une belle petite vidéo, pour nous dire qu’il fallait alléger les coûts d’une trentaine de magasins mais qu’en même temps tout allait bien. Pour nous rassurer, il nous même parlé d’engagement !
Et puis, un mois après, on se retrouve avec l’annonce que 14 magasins vont fermer, 2.500 licenciements plausibles, une baisse de salaire annoncée pour tout le monde et on nous dit qu’un gros paquebot qui n’avance pas trop, faut pouvoir le soulager.Qu’est-ce qu’ils entendent par « n’avance pas trop », l’entreprise n’est-elle pas en bénéfice ?
Pas assez pour eux. Depuis la crise de 2008, l’entreprise fait des bénéfices donc on n’est pas soumis à un plan de restructuration ou autre, ils nous parlent dans le vent, c’est des choses qui ne sont pas concrètes.
Les gens étaient contents de travailler chez Delhaize, on a une prime qui est pas énorme, mais c’est déjà quelque chose, on a des chèques repas, on a un treizième mois,… C’est peut-être pas grand-chose, mais pour nous, tous ces petits acquis, ça nous soulage à la fin de l’année.
Et maintenant, on ressent l’insécurité, l’angoisse surtout avec tout ce qui s’est passé ces derniers temps, avec Carrefour, avec ArcelorMittal,… Face à tous ces plans de restructuration, ces licenciements,… les gens se sentent impuissants et ne savent pas comment réagir. L’histoire du bateau, ils l’ont sorti des milliers de fois. Mais je suis désolé, l’entreprise fait des bénéfices.
Y a parfois des gens qui travaillent en couple dans le même magasin. Ils vont se retrouver tous les deux au chômage ! Et ceux qui ont un crédit hypothécaire sur le dos, et ceux qui ont des enfants. Il y a des gens qui sont à la fin de leur carrière, qui sont là depuis plus de 20 ans… C’est inhumain de faire ça. Alors ils nous disent qu’ils ont des plans, qu’ils vont faire ceci ou cela. Mais on y croit plus. On a vu tellement de choses que maintenant on ne croit plus en la direction, on n’a plus confiance.
Donc face à ça, le moyen qu’on a, c’est de faire grève. Si c’est le seul moyen ? Je ne pense pas mais c’est en tout cas le seul que je vois pour qu’on se fasse entendre. Y a personne qui peut aller tout seul devant la haute direction de Delhaize, s’exprimer, montrer son mécontentement,…
Comment vois-tu les mois à venir ?
Delhaize a montré qu’il était visionnaire, et qu’il avait des bonnes idées. Aujourd’hui, avec tout ce qu’ils font, je ne pense pas que les gens reviendront avec le même état d’esprit au boulot. Ça leur a fait un choc. On ne viendra plus avec plaisir mais juste par besoin, parce qu’on a besoin de stabilité, et que si on n’a plus à la fin du mois de quoi se nourrir…
Donc on est là pour l’avenir, pour soutenir les magasins qui ferment, pour les autres aussi, parce qu’on est tous touché par ces 2500 licenciements, tous on va le subir, comme les baisses de salaire.
On est là pour représenter les clients aussi. Parce que l’entreprise a toujours mis beaucoup d’importance aux bons services rendus au client. Mais aujourd’hui, ils nous demandent de donner le meilleur service possible au client avec un minimum de personnel. Et ça n’est plus possible.
Dans le magasin, on est passé de 120 personnes à 85 au total. Si on compte les maladies, les congés, etc. on est plus ou moins 75 au complet. On ressent déjà que la qualité des services n’est pas la même, et ils veulent encore nous retirer du personnel ?! C’est pour ça qu’on se bat aussi.Ça fait 14 ans que je travaille à Delhaize, j’ai vu clairement une dégradation des conditions de travail, et forcément une augmentation de la pression aussi. Par exemple, on nous demande d’être polyvalents. La polyvalence, dans une certaine mesure, c’est très bien. Ça nous permet d’apprendre plein de choses sur le magasin, de ne pas faire toujours la même chose, etc. Mais aujourd’hui, on nous demande d’être surpolyvalent et de passer d’une tache à l’autre sans avoir le temps de le faire correctement. On ne retrouve plus de satisfaction au travail, et ça devient très frustrant quand on aime le travail bien fait.
Donc on va voir. On reste en contact avec ce qui se passe dans les autres magasins mais on attend. On a peu d’informations. Donc, il y a rien de plus pour le moment, mais c’est aussi pour ça qu’on est là aujourd’hui. Pour montrer qu’on est là, qu’on n’est pas d’accord avec le plan, qu’on est solidaire avec nos collègues et avec les autres magasins. Parce que si on n’agit pas, si on ne fait rien, alors c’est porte ouverte. Et si c’est porte ouverte, alors ils se sentent intouchables et ils font ce qu’ils veulent.
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Delhaize veut asseoir ses profits sur un bain de sang social!
Contre les attaques sur l’emploi et les conditions de travail : RÉSISTANCE !
Le carnage social chez Delhaize a d’abord été annoncé dans les pages du journal économique De Tijd et confirmé ce mercredi 11 juin lors d’un conseil extraordinaire de l’entreprise. Le plan de la direction vise à aller un sérieux cran plus loin que l’opération menée chez Carrefour en 2010. Un vaste plan de restructuration avait été lancé pour fermer 21 magasins, supprimer 1.672 emplois et ensuite ré-ouvrir les sites sous une autre commission paritaire, avec de moins bonnes conditions de travail et de salaire pour le personnel réembauché.
Delhaize vient donc d’annoncer la fermeture de 14 magasins (Aarschot, Berlaar, Termonde, Diest, Dinant, Eupen, Genk, Herstal, Ring de Courtrai, La Louvière, Lommel, Schaerbeek, Tubize, Turnhout) de même qu’un licenciement massif allant bien au-delà des sites menacés. 2.500 emplois sont ainsi en danger, à moins que des indépendants ne désirent reprendre en franchise les sites destinés à être fermés. Mais le personnel engagé de cette manière le serait à de moins bonnes conditions de travail et de salaire.
Delhaize veut parfaire l’attaque avec une offensive sur les salaires, sans jusqu’ici avoir avancé de chiffres concrets. Tout le monde ne sera pas logé à la même enseigne : nous savons bien que de telles mesures s’accompagnent généralement de l’augmentation des primes des top-managers et des dividendes aux actionnaires. En 2013 les dividendes des actions de Delhaize avaient ainsi été accrus de 11 %. Nous connaissons déjà le gel salarial, nous avons déjà expérimenté diverses manières de réduire notre salaire réel, Delhaize veut maintenant directement sabrer dans le tas. Le serpent se mord la queue : réduire les salaires, cela va affecter le secteur de la distribution, y compris Delhaize. Mais aucune considération n’est accordée à ce point. L’entreprise a du reste encore de beaux jours devant elles : comme le dénonce le PTB Delhaize Belgique a engrangé 190 millions d’euros de bénéfices en 2013 tout en connaissant un taux d’imposition réel de… 0,15%. Belle illustration de l’absurdité totale du système capitaliste de concurrence et de course au profit. Enfin, la direction veut se débarrasser de deux pauses rémunérées par jour.
Ce bain de sang social ne tombe pas du ciel, il a été planifié. L’ancien CEO, Pierre-Olivier Beckers, a quitté son poste (avec un parachute doré de… 7,6 millions d’euros !) pour faire place à un nouveau responsable qui, selon le journal De Tijd, n’est pas ‘‘aussi émotionnel’’ que son prédécesseur. D’autres cadres supérieurs ont également récemment cédé leur place à des partisans de la ligne dure. Il a été dit que la procédure de la loi-Renault – avec procédure d’information et de consultation – serait respectée. Mais le lancement de cette séance d’information a visiblement eu lieu avec la rédaction de De Tijd. Quant au personnel, c’est par les médias qu’il a appris que l’emploi était menacé…
Le Conseil d’Administration de Delhaize s’en prend directement à ses 16.227 travailleurs en Belgique. Mais au-delà de ça, il s’agit d’une nouvelle étape dans la spirale générale à la baisse des conditions de travail et de salaire dans le secteur de la distribution. D’autres entreprises du secteur n’hésiteront pas à poursuivre sur la même voie au nom de leur position concurrentielle, et l’exemple servira aussi dans d’autres secteurs.
Contre cette attaque sur l’emploi et les conditions de travail et de salaire du personnel, il faut résister, et unir l’ensemble du personnel de la distribution. Se battre magasin par magasin sera insuffisant : nous avons besoin d’un plan d’action audacieux pour stopper les provocations de la direction. Si cette attaque brutale n’a pas face à elle une réponse adéquate, les choses ne feront que continuer de s’aggraver, bien au-delà de Delhaize.
- Bloquons les projets de la direction : pour le maintien de chaque emploi et des salaires !
- Pour de meilleures conventions collectives de travail et l’implantation de délégations syndicales dans les magasins franchisés ! Harmonisation à la hausse des conditions de travail et de salaire !
- Pour un plan d’action avec une manifestation nationale massive qui mobilise personnel et clients (via une campagne de pétition par exemple), en tant qu’étape vers une grève de 24 heures de la totalité du secteur de la distribution.
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Les indemnités de départ bien généreuses des politiciens…
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Rien ne doit selon eux résister à cette logique patronale carnassière. Mais force est de constater que certains lieux en sont protégés. Le Président de la Chambre André Flahaut a ainsi annoncé qu’une provision de 3,1 millions d’euros a été mise de côté afin de payer les indemnités de départ des députés qui ne seraient pas réélus. La somme peut sembler limitée, mais si son estimation est correcte et qu’un tiers des 150 députés quittent effectivement leurs fonctions, cela signifie concrètement que nous parlons d’une indemnité d’environ 62.000 euros par député.
Ce système a déjà changé. Au lieu d’une prime de départ maximale de quatre ans de salaire, les députés reçoivent maintenant une indemnité maximale de deux ans de salaire. En comparaison, avec le tout récent statut unique venu remplacer les statuts ouvrier et employé, obtenir deux ans de salaire de prime de départ est quasiment impossible pour un travailleur. Selon ces nouvelles règles, après 30 ans d’ancienneté, il n’est possible que de recevoir une prime de un an et 4 mois de salaire.
Pour de nombreux politiciens établis, le nouveau statut unique ne va toutefois pas encore assez loin. Hors de question cependant de voir une telle logique s’appliquer à eux-mêmes ! Et ce passage de quatre à deux ans pose déjà problème. Le Président de la Chambre André Flahaut a ainsi déclaré dans le quotidien flamand De Standaard: « Certains m’ont dit que si c’était comme ça, ils ne continueraient pas. Bien sûr, cela signifie une perte d’expérience pour le parlement. » Ils ne sont pas encore au bout de leurs peines ! Jusqu’au 30 juin 2014, les parlementaires peuvent partir en retraite à 55 ans pour peu qu’ils aient 20 années d’ancienneté parlementaire derrière eux. Les nouveaux élus devront se “contenter” d’une «retraite anticipée» à 55 ans, l’âge du départ en pension étant porté à 62 ans. Vous avez dit deux poids, deux mesures ?
Dès lors qu’il s’agit de nos emplois et de notre protection sociale, toute une meute est prête à réclamer plus de rigueur. Mais leurs privilèges à eux sont inattaquables. Cela ne fait qu’illustrer – une fois de plus – à quel point leur univers est déconnecté du nôtre. Leur monde, c’est celui des dirigeants d’entreprises aux salaires monumentaux et aux parachutes dorés, c’est celui des spéculateurs qui jouent au casino et font payer leurs pertes à la collectivité. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant qu’une fois leur carrière politique mise de côté tant d’ex-politiciens se retrouvent à siéger auprès de leurs amis capitalistes dans les conseils d’administration des grandes entreprises.
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Tessenderlo Chemie : Le conflit social se durcit
Rapport d’une visite de solidarité au piquet de grève
Tessenderlo Chemie, à Ham (Limbourg), connaît une grève depuis deux semaines contre les plans de la direction qui prévoient de faire passer à la trappe 170 des 506 emplois du site, tout en externalisant, notamment, les activités de nettoyage et logistiques. La direction fait tout pour monter les divers groupes de travailleurs les uns contre les autres, mais il est très clair que ces groupes de travailleurs seront attaqués les uns après les autres. Si la lutte est menée séparément, elle est perdue d’avance. Ensemble, par contre, il existe alors une chance de remporter la victoire.
L’incertitude est encore grande au sujet du contenu précis des projets de la direction. Il est à craindre que cette dernière s’efforce tout d’abord de concentrer son tir sur les ouvriers, pour ensuite se tourner vers les employés. Pour l’instant, 120 des 170 emplois menacés sont des ouvriers mais, au piquet de grève, un travailleur nous explique qu’il n’est absolument pas logique qu’il n’y ait ‘‘que’’ 50 employés menacés pour une telle perte d’emplois chez les ouvriers. Il s’agit très probablement d’une manœuvre de la direction visant à diviser la résistance du personnel et à affaiblir les actions. La direction dispose certainement d’une planification élaborée de qui doit partir, et à quel moment.
Le piquet de grève que nous avons visité était essentiellement composé d’ouvriers, nous n’y avons pas vu beaucoup d’employés. La direction a accordé deux jours de congé aux employés, et a tout fait pour leur enfoncer dans le crâne qu’ils étaient victimes de l’action de grève des ouvriers. La direction a même accusé ces derniers de ‘‘prendre en otage’’ les employés ! Il semble pourtant bien que ce qui les menace directement, c’est le véritable carnage social prévu par la direction, et non les actions de résistance des autres travailleurs.
Si une partie des employés rejoignait les ouvriers en lutte, sera représenterait une étape importante, car ils ne pas épargnés par la direction. L’irritation et la frustration des travailleurs sont compréhensibles, mais la direction parvient malheureusement à jouer sur certains très légers débordements pour tenter de criminaliser la grève et pour s’en servir de prétexte afin de stopper les négociations.
Le 4 novembre, des travailleurs de l’usine Ford de Genk se sont rendus au piquet en solidarité, ce qui constitue un élément important. Dans la région, plusieurs fermetures ont récemment été annoncées (Ford, Dow Chemical) et des menaces de licenciements pèsent sur d’autres (comme à Mediahuis, le groupe autour des journaux Het Belang van Limbourg, Gazet van Antwerpen, De Standaard et Het Nieuwsblad). L’idée que le scénario de Tessenderlo Chemie peut se produire n’importe où est très largement présente chez les travailleurs de la région. Voilà qui doit être utilisé pour construire une solidarité et un soutien actifs avec les travailleurs d’autres entreprises ainsi qu’avec la population des environs.
Il faut briser l’arme de la division utilisée par la direction, seule l’unité d’action nous permettra de construire ensemble un meilleur avenir.
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Procès de 5 permanents SETCA BHV licenciés : Méthodes, plaidoiries, discours… quand la direction syndicale s’apparente au patron du syndicat.
Ce lundi 21 octobre avait lieu l’audience du tribunal du travail de Bruxelles concernant le licenciement pour faute grave des 5 secrétaires syndicaux du SETCa BHV sauvagement licenciés, il y a déjà plus de trois ans, par la direction syndicale du SETCa fédéral. Retour sur les éléments de la plaidoirie de la direction du SETCA fédéral.
Par un correspondant du PSL
Plusieurs syndicalistes étaient présents ce 21 octobre pour marquer leur solidarité avec leurs anciens permanents, mais également des syndicalistes de la CNE, et dénoncer les méthodes patronales utilisées par l’appareil syndical.
En effet, les longues plaidoiries de ce lundi ont remis en évidence les pratiques empruntées par la direction syndicale aux pires patrons. Pratiques que le syndicat dénonce, par ailleurs, dans toutes ses publications destinées aux affiliés et militants :
- Judiciarisation du conflit : alors que le syndicat dénonce partout le recours systématique aux tribunaux par les directions d’entreprises (en cas de piquets de grève, notamment), il règle le différend qui l’oppose aux 5 en justice en outrepassant les structures décisionnelles régionales. En effet, le Comité exécutif de la section régionale de BHV n’a jamais eu l’occasion de débattre et de voter la question du licenciement pour faute grave des 5 de l’industrie. D’ailleurs, les 5 permanents ont été élus par la base, ce licenciement court-circuite donc les structures de base du syndicat. Seuls les syndicalistes qui les ont élus devraient pouvoir révoquer éventuellement leur mandat.
- Banalisation de la faute grave : être licencié pour faute grave a des conséquences dramatiques pour un travailleur : licenciement immédiat, sans préavis ni indemnité et, dans la plupart des cas, sanction par l’assurance-chômage pendant plusieurs mois. Dans la loi, ce type de licenciement est exceptionnel et réservé à une faute gravissime, clairement établie. Classiquement, il s’agit de violence au travail, de vol ou de fraude avérée. Tout syndicaliste a à cœur d’intervenir pour éviter que ce mécanisme soit utilisé voire, le cas échéant, de transformer une faute grave en un licenciement normal (lorsque la réintégration n’est vraiment pas possible). Ici, l’organisation syndicale non seulement utilise ce procédé indigne mais le rend collectif (cinq licenciements pour la même soi-disant faute grave) et le banalise car la faute prétendue n’est que l’envoi, jugé déplacé, d’un e-mail. La faute avancée est pour le moins subjective : insubordination, obstruction, atteinte à l’honorabilité ;
- Criminalisation de la contestation : une divergence de point de vue sur la gestion financière de la régionale est sanctionnée d’une faute grave pour insubordination alors que la contestation est la base du travail syndical des délégués d’entreprise quand ils constatent un dysfonctionnement ou un investissement qui risque d’hypothéquer l’avenir de l’entreprise. Il ne s’agit pas ici de départager qui a ou non raison. Mais si un délégué syndical ne peut plus mettre en question, par des arguments posés, qu’il ait tort ou raison, le projet d’une direction, si cela est à considérer comme une faute grave, alors demain tous les représentants et délégués syndicaux pourraient être licenciés pour faute grave par leur entreprise !
- Mépris pour les actions et témoignages de soutien aux 5 permanents licenciés : sous prétexte qu’aucun procès-verbal du Comité Exécutif n’acte de contestation du licenciement, il n’y aurait eu aucune protestation ni soutien aux licenciés ;
- Criminalisation des actions syndicales : paradoxalement, par rapport au point précédent, alors que les permanents licenciés ont organisé pendant des mois après leur licenciement, et avec les nombreux militants qui les soutenaient, diverses actions au sein de l’organisation syndicale pour exiger leur réintégration (manifestations, tractage, occupation, meetings), les dirigeants syndicaux appellent cela des “voies de fait”. Comme le premier patron anti-syndical venu qui va en justice contre un piquet de grève ou une occupation d’entreprise en criant aux “voies de fait”.
- Espionnage des boîtes mail des licenciés : sur base d’une jurisprudence rendue au pénal selon laquelle une preuve recueillie illégalement peut être recevable en fonction de la gravité de la faute, la direction syndicale se sert de mails relevés illégalement dans les boîtes mail des permanents licenciés. Pourtant, un arrêt de la Cour de Travail de Bruxelles (niveau d’appel) a déjà clairement établi que ce principe n’a pas sa place en droit du travail. Comment le syndicat pourra-t-il demain contester aux employeurs le droit de fouiller dans les boîtes mail de ses travailleurs, pour en sortir, hors de tout contexte, le message un peu maladroit permettant de les incriminer ? De même, un statut Facebook sorti de leur contexte a été utilisé par les avocats du SETCa fédéral, dans les plaidoiries ;
- Incohérence et mépris : les dirigeants syndicaux reprochent à ceux qu’ils prétendaient licencier d’avoir continué à faire du syndicalisme dans les entreprises et ont tout fait pour les en empêcher (y compris la collusion avec les directions d’entreprise), malgré le soutient des militants de ces entreprises. Mais, de façon complètement incohérente, ils leur reprochent aussi de s’être inscrits au chômage et d’avoir retrouvé de nouveaux emplois, prétextant que cela indique que les licenciés auraient accepté leur licenciement.
A la fin d’une interview au journal De Standaard, le 4 septembre 2010, le président fédéral du SETCa justifiait son acte en disant “Un syndicat a des budgets et du personnel et doit donc être géré comme une entreprise”. C’est faux, un syndicat n’est pas une entreprise : le pouvoir vient de la base et non d’en haut ; les valeurs et objectifs n’ont rien à voir. En outre, même dans une entreprise, aucun syndicaliste ne peut tolérer de telles méthodes.
Toutes ces tactiques démontrent que l’appareil syndical est prêt à aller très loin pour museler toute opposition en son sein et à quel point il est important que la base s’organise pour reprendre en main les rênes du mouvement qui lui appartient et créé pour défendre ses intérêts et non ceux d’une petite minorité prête à tout pour préserver sa position.
Verdict annoncé pour le 2 décembre 2013, au plus tôt ! A suivre…
- La direction nationale du Setca décapite le secteur industrie de la régionale Bruxelles-Hal-Vilvorde (8 septembre 2010)
- Des dizaines de militants protestent au comité exécutif du Setca-BHV (11 septembre 2010)
- SETCA BHV: à la veille d’un automne chaud la direction fédérale du SETCA surprend tout le monde en licenciant les 5 permanents du secteur industrie à BHV (17 septembre 2010)
- SETCA-BHV : La lutte contre les méthodes patronales dans le syndicat se poursuit (17 novembre 2010)
- Rebondissement dans l’affaire des 5 permanents Setca-BHV industrie – La base de Setca-Services se fait entendre (26 janvier 2011)