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Tag: Le Monde
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Interview : Erik De Bruyn à propos de Rood
Juste avant le 1er mai, SP.a Rood a annoncé qu’il continuait son existence sous le simple nom de ‘‘Rood’’ (Rouge), sans plus entretenir de lien avec le SP.a. Suite à la création de Rood en Flandre, nous avons discuté avec Erik De Bruyn concernant le comment et le pourquoi de ce mouvement.
SP.a-Rood quitte le SP.a : Il nous faut une alternative à gauche des partis traditionnels
Pourquoi est-ce que vous avez quitté le SP.a et pourquoi maintenant ?
«Il y a plusieurs raisons. Le plus important est la situation politique en général. Le monde entier est sous l’emprise de la crise financière et économique depuis 2008. Le secteur bancaire a été sauvé par des transferts de pertes vers la collectivité. Les budgets s’enfoncent profondément dans le rouge depuis lors, notamment dans l’Union Européenne. Partout, la logique néolibérale reste dominante et, dans cette logique, la facture de la crise est présentée chez les travailleurs.
«En outre, il y a la crise interne du SP.a, qui est très profonde. Cette impasse est le résultat d’un opportunisme à court terme et d’un démantèlement idéologique du parti. Ces cinq dernières années, SP.a-Rood a fait tout ce qui était possible pour avoir un impact. Mais il n’y a eu aucun changement et il n’y a aucune perspective qu’un tel changement se produise. Alors nous n’avons plus de temps à perdre.»
Comment est-ce que vous voyez ces cinq années de SP.a-Rood et la stratégie de pousser le parti vers la gauche ?
«Ce n’était certainement pas un erreur d’essayer, c’était le trajet nécessaire pour arriver à Rood aujourd’hui. Nous n’aurions jamais pu quitter le SP.a de la même façon sans ce trajet. La tête haute et avec crédibilité, nous pouvons dire que nous avons tout essayé, de la participation aux élections internes et aux élections législatives au dépôt de centaines d’amendements,…»
Dans quelle mesure est-ce que la base du parti a continué à disparaître les dernières années ?
«Le parti a perdu 10.000 membres entre 2007 et 2010. Par coïncidence, c’est presque le même nombre de voix que ce que j’avais obtenu des membres du SP.a aux élections présidentielles du parti fin 2007. Cette érosion du nombre de membres est un phénomène présent dans tous les partis traditionnels. Le SP.a n’est pas une exception, au contraire.»
Peut-être que la base n’est plus tellement importante pour le parti ?
«En effet. Louis Tobback a réagi suite à mon départ en disant que, pour lui, De Bruyn ne vaut pas plus que sa cotisation annuelle de 12 euros. Cette déclaration n’est pas seulement arrogante mais aussi révélatrice. Le même vaut pour tous les membres du parti, ils ne valent pas plus que leurs cotisations annuelles pour la direction.»
Quelles choses sont essentielles pour que Rood réussisse dans son projet ?
«Nous devons d’abord veiller à garder la crédibilité de notre avant-projet, ce qui veut dire qu’il ne doit pas juste être un regroupement de la gauche. En plus, nous devons saisir l’esprit du temps. Nous devons donner des positions anticapitalistes sous une forme positive, nous devons construire le mouvement de la gauche en général, et fonctionner différemment des partis classiques. Dans le fonctionnement, nous devons avoir une forte interaction entre membres et représentants. Les nouvelles technologies de communications peuvent fournir beaucoup de possibilités.»
«Mais, bien entendu, le programme que nous allons défendre, notre idéologie, reste le point crucial. Je veux aussi me référer au mouvement en Espagne. Un mouvement comme Rood, qui uni la vieille et la nouvelle culture politique, doit assurer qu’un tel mouvement ne s’éteint pas comme un pétard mouillé.»
Comment est-ce nous pouvons convaincre la base de la FGTB de jouer un rôle actif dans la construction d’une nouvelle initiative politique ?
«Je comprends très bien que la FGTB se trouve dans une situation difficile. Le SP.a est leur relais politique mais, en réalité, cela donne de plus en plus de problèmes. Le Pacte de Solidarité entre les Générations a été rédigé par des ministres du SP.a. Dans le dossier de l’Accord Interprofessionel, le SP.a n’était pas du même côté que la FGTB. Mais, de l’autre côté, le SP.a est le seul partenaire politique pour la FGTB en Flandre. En ce sens, je comprends le pragmatisme de la direction de la FGTB. A la base, la situation est différente, là nous recevons beaucoup de soutien pour notre initiative. Cela est en plus nécessaire si on veut arrêter le phénomène où des membres déçus de la FGTB votent pour des partis de droite.»
Que pouvons-nous attendre de Rood dans les prochaines semaines et mois ?
«Nous avons préparé une déclaration de principes et avons commencé la construction des sections locales. Le 19 mai, nous avons ainsi eu la création de la première section à Anvers avec 60 personnes présentes. Après l’été, nous allons publier un nouveau livre et accompagner la promotion de celui-ci en essayant de mettre sur pied de nouvelles sections partout en Flandre.
«Fin juin, nous organisons une première action concrète. Le 30 juin, le dernier jour pour renvoyer les déclarations d’impôts, nous allons mener une action devant les bureaux des impôts. Nous allons publier plus d’infos sur notre site (www.linksrood.be). Fin 2011, il y aura aussi un congrès officiel pour lancer le mouvement. Nous avons beaucoup de boulot devant nous, et nous invitons donc tout le monde à collaborer à projet. »
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Des trous dans la couche de l’eurozone
Le 16 novembre passé, au terme d’une réunion d’urgence de la Commission Européenne, de la Banque Centrale et du FMI (Fonds Monétaire International), le président du Conseil Européen, Hermann Van Rompuy, déclarait que ‘‘l’union monétaire est confrontée à une crise pour sa survie’’. Pour renflouer les caisses de l’Irlande et de la Grèce menacées de faillite, il était jugé indispensable que les Etats européens qui résistaient mieux à la crise accordent des prêts à leurs partenaires plus faibles… et ils ne s’y prêtaient que de mauvaise grâce. Quelques mois plus tard, et malgré les milliards mobilisés au sein d’un fond européen de stabilisation financière bidouillé dans l’urgence, la crise ne s’éteint pas: la Grèce s’enfonce dans la crise.
Par Simon (Liège), article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
L’agence de notation tristement célèbre Standard & Poor’s a abaissé la note de la Grèce de deux crans, la faisant passer dans la catégorie des ‘‘emprunteurs peu fiables’’. Le pays menace même de quitter la zone euro pour revenir à la drachme. Cette menace a peu de chance d’être mise à exécution, mais il est effectivement tentant pour un gouvernement grec aux abois d’y recourir. Une telle mesure aurait pour conséquence de dévaluer la monnaie grecque et, du même coup, de diminuer sa dette. Mais cela mettrait aussi en péril la zone euro elle-même. Il n’est pas garanti que la ‘‘crise pour la survie’’ de l’union monétaire trouve une issue favorable. Pour les travailleurs grecs et leurs familles, dans tous les cas, le choix se posera entre l’austérité au sein de la zone euro ou une inflation galopante provoquée par la sortie de l’eurozone. Une alternative comme on en fait peu!
Notre courant politique a toujours maintenu la position que construire une Union Européenne dans le cadre du marché était une entreprise vouée tôt ou tard à l’échec. Les élites des différents Etats membres jouant en définitive le jeu européen pour leur propre compte, il était clair pour nous qu’au premier séisme économique de forte magnitude, chacun se retrancherait derrière ses propres frontières nationales. Cela nous avaient valu, à l’époque, les ricanements des économistes officiels et académiciens adeptes de l’Europe des régions aussi bien que le dédain des néo-marxistes pour lesquels nous étions incapables de comprendre l’émergence de la nouvelle bourgeoisie supranationale.
On entend moins, ces temps-ci, ces brillants analystes. Mais il ne s’agit pas ici de polémiquer de façon abstraite, il s’agit de se rendre compte que les bourgeoisies des différents pays de la zone euro n’aideront la bourgeoisie grecque que tant que cela sert leurs propres intérêts. Cette aide, la plupart des économistes la jugent indispensable à la survie de l’économie grecque. ‘‘Une seule solution: la solidarité’’ déclarait l’économiste français Hakim El Karoui dans Le Monde du 10 mai. Mais avec l’approfondissement de la crise et les difficultés croissantes auxquelles les différents Etats seront confrontés, cette solidarité risque d’être difficile à trouver. Le même économiste rappelle aussi cette évidence: l’austérité appliquée à grande échelle en Europe ne peut qu’étouffer tout début de reprise puisqu’elle empêche une augmentation de la consommation des ménages. En Grèce certainement plus encore qu’ailleurs, toutes les mesures d’assainissement exigées par ses bailleurs de fonds n’ont fait que prolonger et accentuer la crise. L’économie grecque s’est contractée de 4,4% l’année passée et l’on s’attend à une nouvelle baisse de 3,5% cette année.
La Grèce est sans doute l’exemple le plus frappant de l’ampleur de la crise, elle n’est pas pour autant un cas isolé: L’Irlande, le Portugal, l’Espagne sont confrontés aux mêmes problèmes, obligés de contracter auprès des Etats membre de la zone euro des prêts aux conditions léonines les contraignant à appliquer une austérité sauvage.
Mais ces mesures ont évidemment un corollaire: les travailleurs des pays concernés ne sont pas prêts à subir sans réagir les conséquences d’une crise qu’ils n’ont pas provoquée. En Grèce se sont déroulées pas moins de neuf grèves générales. Au Portugal, on a assisté à plusieurs grèves sectorielles, manifestations nationales et à une grève générale. Toutes ces actions ont résonné du slogan ‘‘Nous ne payerons pas pour leur crise’’. En Espagne, la jeunesse précarisée depuis de longues années déjà refuse d’être la laissée-pour-compte d’une économie en faillite. Inspirée par l’exemple égyptien, elle occupe les places de 57 villes et villages et réclame un changement du système.
Ces revendications sont centrales pour le mouvement ouvrier international: les protestations doivent être organisées sur base du refus absolu de payer les dettes de gouvernements aux ordres des grands actionnaires. Mais refuser de payer ne suffit pas: sur base du capitalisme, la banqueroute des Etats provoquerait une période de misère prolongée pour les travailleurs. La jeunesse espagnole a raison d’en appeler au changement de système: pour les socialistes, cela signifie enlever aux élites financières le contrôle des banques et des secteurs principaux des économies nationales et européennes. L’économie pourrait ainsi être orientée en fonction des besoins sociaux sous le contrôle de représentant élus des syndicats, des consommateurs et des localités. C’est la base du projet socialiste d’économie démocratiquement planifiée.
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LIBYE: Soutien aux masses et à leur révolution ! Aucune confiance dans l’intervention impérialiste !
Face à l’avance rapide des troupes de Kadhafi, la décision du Conseil de sécurité de l’ONU a été fêtée dans les rues de Benghazi et de Tobrouk. Les puissances coalisées se présentent aujourd’hui en sauveurs de Benghazi. Mais l’intervention militaire va-t-elle véritablement aider la révolution en Libye ?
Par Boris Malarme
La chute des dictateurs Ben Ali et Moubarak a inspiré des millions de jeunes, de travailleurs et de pauvres en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et partout dans le monde. Presque chaque pays de la région est touché par les contestations contre l’absence de libertés démocratiques et contre la misère. Ces victoires ont encouragé les masses en Lybie à suivre la même voie.
Kadhafi et ses anciens amis
L’Italie, la France, l’Espagne et l’Allemagne sont les principaux partenaires commerciaux de la Libye. Tous sont engagés dans l’offensive militaire (comme la Belgique), à l’exception de l’Allemagne qui vient de décider d’augmenter son engagement militaire en Afghanistan.
En octobre 2010, la Commission Européenne a passé un contrat de 50 millions d’euros sur trois ans, en échange d’efforts visant à empêcher les réfugiés d’arriver en Europe ! La Libye est aussi un grand investisseur en Europe via le fond d’investissements “Libyan investment Authority”. Khadafi est encore actionnaire de la banque UniCrédit, de Fiat, de la Juventus,… La Lybie – douzième producteur mondial de pétrole et première réserve de pétrole d’Afrique – exporte 80% de son pétrole à destination de l’Europe. La panique sur les bourses et la montée du prix du baril, qui a dépassé le seuil des 120$, a illustré que les marchés craignent le développement de la révolution libyenne et la remise en cause des profits que garantissait le régime.
Nombreux sont ceux qui se souviennent de la visite de Kadhafi à l’Elysée, en 2007, quand Sarkozy balayait toute critique avec ses 10 milliards d’euros de contrats commerciaux. L’Espagne a fait de même pour 11 milliards d’euros.
La Belgique n’est pas en reste (141 millions d’euros d’exportation vers le pays en 2008). La Belgique a d’ailleurs été le premier pays à recevoir Kadhafi en 2004, quand la communauté internationale a cessé de l’isoler. Après une entrevue avec la Commission Européenne, la tente du dictateur a été plantée dans les jardins du palais de Val Duchesse, où Kadhafi a été reçu en grande pompe par Guy Verhofstat, Louis Michel et Herman de Croo. Louis Michel avait préparé sa venue en lui rendant visite à Syrte, entouré de patrons belges. Le CDh et Ecolo avaient bien protesté, mais cela ne les a pas empêché de participer au gouvernement Wallon avec le PS et de valider ensemble la livraison d’armes de la FN en Libye.
Après une première rencontre avec Kadhafi en 1989, Robert Urbain, ministre (PS) du Commerce extérieur des gouvernements Martens et Dehaene, a conduit une mission commerciale en Libye en 1991, avec de nombreux industriels et confirmant l’accord commercial général conclu avec la Libye et gelé en 1983. Les investisseurs ont même dégoté un contrat immobilier mégalomane : deux livres vert monumentaux à la gloire du régime…
Les gouvernements successifs connaissaient les crimes et les atrocités commises par le régime de Kadhafi contre les opposants et la population, mais ont maintenu des liens commerciaux étroits. La participation belge à l’intervention n’est qu’hypocrisie, les politiciens qui tendaient encore hier leur main à Kadhafi essayent aujourd’hui de faire oublier leur attitude passée, tout en tentant de sauvegarder les positions commerciales et les profits des entreprises belges.
En Europe et ailleurs, un fort sentiment de sympathie envers ces révolutions est présent parmi la population. Le soutien de nos gouvernements aux régimes dictatoriaux et répressifs à travers tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord a écorné leur image “démocratique”. Après avoir soutenu et armé la dictature de Kadhafi, l’entrée en guerre des puissances de la coalition n’a pas pour objectif de venir au secours des masses libyennes et de leur révolution. Jusqu’ici, elles étaient plutôt enchantées de faire affaire avec le régime de Kadhafi au vu des ressources gazières et pétrolières contrôlées par le régime.
Aujourd’hui, les puissances occidentales tentent d’exploiter la révolution afin de restaurer leur prestige et d’obtenir un régime plus favorable à l’emprise des multinationales sur les richesses du pays, ou au moins de sa partie Est, au vu de la possibilité d’une partition du pays. Comment la présence des Emirats Arabes Unis et du Qatar au sein de la coalition peut-elle effacer le caractère impérialiste de celle-ci, alors que ces deux Etats sont militairement impliqués au côté de la monarchie semi-féodale d’Arabie Saoudite dans la répression de la population du Bahreïn ? Les puissances de la coalition n’ont rien fait contre l’Arabie Saoudite et la Belgique ne remet pas en cause son commerce d’armes avec celle-ci.
Malgré ses efforts depuis une dizaine d’années, le régime de Kadhafi n’est pas un allié suffisamment fiable pour l’impérialisme. Mais Kadhafi n’a jamais été l’allié des masses et des révolutions, comme en témoigne son attitude après la fuite de Ben Ali, qu’il considérait comme une grande perte pour les Tunisiens. En 1971 déjà, Kadhafi s’est rangé du côté de la contre-révolution en livrant le dirigeant du puissant parti communiste du Soudan (un million de membres à l’époque) à la dictature de Nimeiry et en l’aidant à écraser la tentative de coup d’Etat de gauche qui avait fait suite à l’interdiction des forces de gauche. Kadhafi a beau qualifier son régime de ‘‘socialiste et populaire’’, ce dernier n’a jamais rien eu à voir avec le socialisme démocratique. Kadhafi et ses fils ont toujours dirigé la Lybie d’une poigne de fer.
“Non à une intervention étrangère, les libyens peuvent le faire eux-mêmes”
C’est ce qu’on pouvait lire fin février sur une pancarte à Benghazi. Cela exprimait le sentiment qui dominait contre toute intervention impérialiste. Mais le maintien du contrôle de Kadhafi sur l’Ouest (malgré les protestations dans la capitale et les soulèvements à Misrata et Zuwarah) et sa contre-offensive vers l’Est ont provoqué un changement d’attitude. Mais les révolutionnaires qui espèrent que l’intervention les aidera se trompent.
La résolution de l’ONU, la ‘‘no-fly-zone’’ aux commandes de l’OTAN et les bombardements des puissances coalisées vont miner tout le potentiel pour concrétiser les véritables aspirations de la révolution libyenne. De plus, le régime essaye d’exploiter les sentiments anti-impérialistes qui vivent parmi la population. Le maintien du régime de Kadhafi ne s’explique pas seulement par la supériorité de son armement, mais surtout par les faiblesses présentes dans le processus révolutionnaire. Ainsi, l’absence de véritables comités populaires démocratiques sur lesquels se baserait le mouvement révolutionnaire et l’absence d’un programme clair répondant aux aspirations sociales de la majorité de la population a fait défaut. Cela aurait permis de bien plus engager les 2/3 de la population de l’Ouest (au-delà des divisions tribales et régionales), de fractionner l’armée et d’unifier les masses contre Kadhafi.
Le Conseil National de Transition rebelle (CNT) est un conseil autoproclamé, largement composé d’anciens du régime de Kadhafi et d’éléments pro-capitalistes, favorables aux puissances occidentales. Parmi eux ; l’ancien dirigeant du Bureau national de développement économique, que l’on trouve derrière des politiques néolibérales et le processus de privatisations qui a pris son envol à partir de 2003. Cela laisse une relative marge de manœuvre à Kadhafi, qui bénéficie encore d’un certain souvenir de ce qui a pu être fait en termes d’enseignement et de soins de santé grâce aux revenus du pétrole depuis 1969, et qui a récemment fait des concessions en termes de salaires et de pouvoir d’achat sous la pression de la révolte.
C’est ce qui explique que l’envoyé spécial du quotidien Le Monde dans l’Est du pays a témoigné “on ne sent pas parmi la population un enthousiasme phénoménal vis-à-vis du Conseil National de transition.” (23/03/2011) Il affirme aussi que si les Libyens de l’Est étaient à ce moment favorables à un zone d’exclusion aérienne, ils sont fortement opposés à une intervention au sol.
Les travailleurs et leur syndicat peuvent aider la révolution libyenne en s’opposant à la participation belge dans l’intervention, en bloquant les exportations de la Libye et en gelant les avoirs de la clique de Kadhafi. Mais l’avenir de la révolution libyenne doit se décider en Libye même. Contrairement à la Tunisie et l’Egypte, la classe des travailleurs n’a pas encore joué un rôle indépendant dans la révolution. La création d’un mouvement indépendant des travailleurs, des jeunes et des pauvres est la seule façon d’empêcher le projet impérialiste, d’en finir avec la dictature et d’élever le niveau de vie de la population.
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Wikileaks: Le masque de l’impérialisme est tombé…
Ces derniers mois, Wikileaks a publié un grand nombre d’informations de l’administration américaine classées secrètes. Ces informations ont démasqué beaucoup de choses, notamment les milliers de morts civils tombés au cours de la guerre “pour la liberté” en Afghanistan. Des troupes spéciales sont impliquées dans des exécutions et le nombre d’attaques des Talibans augmente.
Par Jente, Anvers
En Irak, au moins 15.000 civils sont morts, bien plus que ce que reconnaissaient officiellement les USA. Des centaines de documents parlent de tortures infligées par les troupes de sécurité irakiennes ou encore des entreprises privées qui achètent des armes et les utilisent contre les civils. Sur le plan diplomatique également, les valeurs démocratiques ne sont pas centrales, entre bombardements secrets au Yémen ou au Pakistan et négociations avec des dictateurs arabes contre d’autres dictateurs.
Les fuites ont commencé avec Bradley Manning, qui a servi en Irak en tant qu’analyste militaire de l’armée américaine à partir de la fin de l’année 2009. Il s’est bien vite aperçu qu’il était un des maillons d’une politique visant à réprimer toute forme de critique à l’encontre du régime irakien. Il devait découvrir des critiques, après quoi les dissidents étaient recherchés et remis aux autorités irakiennes par l’armée américaine. Ils ont ensuite probablement été torturés. Quand il a protesté auprès de ses supérieurs, ces derniers lui ont répondu de simplement poursuivre son travail, ce qui l’a poussé à envoyer des informations à Wikileaks. Ces informations ont ensuite été relayées dans Le Monde, El Pais, The Guardian, New York Times, Der Spiegel, et sur le site de Wikileaks, déchaînant de très vives réactions.
La réaction de l’establishment ne portait pas tellement sur le contenu des informations, mais plutôt sur la manière dont elles ont été dévoilées. La réaction ne s’est pas fait attendre, et une campagne a directement commencé contre Wikileaks et sa figure de proue, Julian Assange, accusé d’agression sexuelle en Suède, sujet d’un mandat d’arrêt international et actuellement en liberté surveillée au Royaume-Uni.
Les protestations face aux attaques contre Wikileaks se limitent hélas souvent à la personne de Julian Assange. Bradley Manning est entre-temps en cellule d’isolement depuis déjà sept mois et risque de prendre pour 80 ans de prison, voire même la peine de mort! Les protestations contre ces possibles verdicts sont notamment soutenues par la militante anti-guerre Cindy Sheehan et par Socialist Alternative (section du CIO aux USA).
Sans mobilisations, les boucs-émissaires payeront cher d’avoir fait tomber le masque de l’impérialisme, dont le caractère sanglant est maintenant encore plus fortement révélé au grand jour.
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France: Escalade de la lutte contre les “réformes” de Sarkozy
La mobilisation de la classe ouvrière française a maintenant atteint un stade crucial. Les grèves et les mobilisations de masse du 19 octobre ont, selon la CGT, à nouveau entraîné 3,5 millions de personnes dans les rues. A partir d’une féroce opposition à la réforme des pensions, le mouvement a maintenant un caractère bien plus large, profond et radical. Ce mouvement des travailleurs français et de la jeunesse est devenu une opportunité de manifester la colère massive qui existe contre le contexte actuel et le rejet du gouvernement de droite de Sarkozy.
Cédric Gérôme, CIO, et Alex Rouillard, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)
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Plus d’infos
- Site de la Gauche Révolutionnaire, section française du Comité pour une Internationale Ouvrière
- Lycéens avec les étudiants et les travailleurs… Continuons la grève et on va battre Sarko ! Tract édité par les lycéens de la Gauche Révolutionnaire
- France : Construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !
- Sarko et co : Racisme, corruption, crise et lutte des classes
- Nouvelle étape dans la lutte contre la politique de Sarkozy
- 2,7 millions de manifestants en France contre le projet de loi sur les retraites
- Le dèclin du gouvernement Sarkozy, par Cédric Gérome (CIO)
- Défendons nos retraites – Préparons une grève générale! (Gauche Révolutionnaire, CIO-France)
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La frustration qui émerge maintenant aux quatre coins du pays est une accumulation de la détérioration des conditions de travail et de salaire, du chômage croissant, de l’arrogance de Sarkozy et de la clique de super-riches et de la pauvreté galopante face aux milliards donnés aux riches. Cécile Rimbaud, une membre de la Gauche Révolutionnaire (CIO-France) à Paris, a déclaré dans le journal anglais The Observer: “Pour nous, il s’agit d’une protestation non seulement contre la réforme des pensions, mais aussi contre les politiques de ce gouvernement dans un sens plus large – des politiques qui favorisent ceux qui sont déjà favorisés par la société.”
Le soutien pour le mouvement social est toujours ferme, et a même tendance à croître dans les sondages d’opinion. Un sondage publié ce lundi a même mis en lumière que 34% des “sympathisants de droite” soutiennent le mouvement, de même que 88% de la gauche. Les chiffres impressionnant des participations aux sept journées d’actions qui ont pris place depuis le mois de juin démontrent que les travailleurs sont déterminés à ne pas laisser tomber.
L’atmosphère est faite de radicalisation soutenue, et de nombreux travailleurs qui ne sont pas encore en grève, ou qui ne peuvent pas partir en grève facilement pour différentes raisons, considèrent avec sympathie le mouvement et peuvent le rejoindre dans un avenir très proche.
D’un autre côté, Sarkozy est lui aussi déterminé à ne pas lâcher prise. Ce qu’impliquerait une retraite du gouvernement est bien trop important. Un tel recul donnerait une nouvelle impulsion à la confiance des travailleurs qui, en ressentant leur force, pourraient initier une nouvelle vague de lutte plus massive avec des répercussions également en dehors des frontières françaises.
Les travailleurs seront de plus en plus en colère, et pas seulement contre la réforme des pensions. Ils voudront aller plus loin dans la lutte et utiliser le mouvement actuel pour obtenir des acquis sur d’autres thèmes. Sarkozy a décidé d’infliger une défaite à la classe ouvrière française d’une échelle comparable à celle que Thatcher a infligé aux mineurs britanniques dans les années ’80 afin d’ouvrir la voie à une politique d’attaques néolibérales sévère. Mais l’inflexibilité du gouvernement français est en soi devenue un motif de radicalisation.
Depuis la semaine passée, l’entrée décisive de la jeunesse dans les cortèges – et particulièrement les lycéens – a donné un nouveau caractère au mouvement en enlevant tout espoir au gouvernement qu’une fin rapide de la mobilisation était possible. En 2006, la jeunesse française a battu le pavé contre le contrat dit ‘‘première embauche’’ (le CPE) qui permettait au travailleurs en dessous de 26 ans d’être licencier sans motif ou avertissement pendant les 24 premiers mois de travail.
Les journalistes disaient à l’époque: ‘‘les lycéens et les étudiants Français sont comme du dentifrice; quand ils descendent en rue, c’est impossible de les en faire sortir…’’ Cette leçon a été apprise par toute la classe dirigeante française qui, en multipliant les provocations contre les jeunes, ont tenté de les empêcher de participer au mouvement. On peut dire que cela n’a pas eu l’effet escompté, cela n’a fait qu’attiser leur envie de lutter.
Les étudiants des universités qui, jusqu’à présent, étaient restés dans les starting blocks, montrent des signes de plus en plus évidents de leur envie de rejoindre la lutte. Un sondage publié dans Le Monde indique qu’un quart de la jeunesse française ‘‘veut une transformation radicale de la société par un changement révolutionnaire.’’
Absence de leadership
Un des éléments marquant du mouvement actuel, c’est le manque de direction, l’absence de réponse claire et de stratégie pour organiser la lutte. Les directions nationales des grandes confédérations syndicales sont engluées dans un état de confusion, ne sachant pas vraiment comment trouver une voie de sortie honorable pour le mouvement actuel.
Reprendre en main le contrôle des troupes et mettre fin à la radicalisation est devenu leur principale interrogation. Le journal Le Figaro avait repris pour l’illustrer une citation de Maurice Thorez, le secrétaire général du Parti Communiste français, durant les grèves de masses de 1936: ‘‘il faut savoir terminer une grève.’’
C’est le dilemme auquel font face les sommets syndicaux. Depuis le début, ils entretiennent l’espoir que Sarkozy ouvre un round de négociation et accorde certaines concessions et amendements à la réforme, ce qui permettrait aux dirigeants syndicaux d’acheter la paix sociale.
Cependant, la période actuelle n’est pas une période de paix sociale et de croissance économique où la classe dirigeante peut se permettre d’accorder des concessions. Nous sommes dans une période de crise économique: il y a une plus grande acuité dans la compétition entre les pays capitaliste et une véritable guerre sociale que la classe dirigeante en France, et partout à travers l’Europe, veut mener contre tous les acquis de la classe ouvrière.
L’aile la plus à droite des syndicats a attendu le vote de la réforme au sénat pour saisir ce motif et tenter de mettre fin à la mobilisation. Ce serait une retraite honorable où les leaders syndicaux pourraient dire ‘‘la lutte est finie, nous avons fait tout ce que nous pouvions.’’ Cependant, cela ne prend pas en compte le fait que les travailleurs et les jeunes ne sont pas prêts à abandonner si facilement. L’idée que ‘‘nous devons poursuivre la lutte jusqu’à la victoire’’ – même si la signification de la victoire reste confuse – est très répandue.
Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, le plus grand syndicat de France, a déclaré que le vote au sénat n’augure en rien la fin du mouvement. Cela met en avant le fait que l’ensemble de l’appareil bureaucratique peut être poussé par un mouvement puissant qui fait craindre à l’appareil de perdre le contrôle sur la base.
Dans certains secteurs, c’est déjà le cas. Dans un récent sondage, 54% des gens ont déclaré qu’ils veulent ‘‘une grève générale comme en 1995.’’, en référence au mouvement de masse qui a stoppé les attaques du ‘‘plan Juppé’’. Maintenant, de nouveaux secteurs annoncent chaque jour des actions. Les courageuses actions de grèves et de blocage des travailleurs du secteur des raffineries et des dockers ont provoqué un début de panique pour le gouvernement et les patrons. Ces actions se joignent à beaucoup d’autres dans le secteur public et le secteur privé, comme les routiers.
Les grèves reconductibles ont été votées dans des centaines de lieu de travail. Tout cela s’est la plupart du temps fait de manière spontanée, à l’initiative de la base, depuis que les leaders syndicaux ont rejeté la possibilité d’une grève générale. Cette libération d’énergie va-t-elle se développer à l’avenir ?
Quelles perspectives
Il est clair que la situation actuelle présente des caractéristiques prérévolutionnaires. La classe dirigeante est extrêmement divisée, le gouvernement impopulaire, les couches moyennes sentent leurs positions s’affaisser et perdent leur confiance envers le régime actuel, la classe ouvrière – à tout le moins son avant-garde – montre une très forte combativité qui a surpris la plupart des commentateurs.
D’un autre côté, le degré d’organisation et d’expérience de la classe ouvrière a souffert d’importants reculs durant les décennies passées. Le niveau de compréhension politique n’est pas le même qu’en 1968, une période pendant laquelle le socialisme était vu par une couche large de travailleurs et de la jeunesse comme une alternative au capitalisme.
Aujourd’hui, en France, les discussions portent sur la manière d’organiser la lutte. La volonté de défaire Sarkozy est très grande, mais les discussions n’atteignent pas l’étape de ‘‘quelle alternative politique au système actuel ?’’
Plusieurs incertitudes existent quant au futur du mouvement actuel. La situation est tellement volatile et l’atmosphère électrique qu’un élément mineur peut faire exploser l’ensemble. Ce qui est clair, c’est que la France est entrée dans une nouvelle période, où les travailleurs et la jeunesse ont posé des pas en avant, mais sont encore en recherche de l’expression politique de leur colère contre le système qui profite seulement aux riches. Les prochains jours verront de nouveaux développements, de nouvelles actions et de nouvelles opportunités pour porter le message du besoin de changement de cette société.
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France: 3,5 millions de manifestants dans les rues pour la défense des retraites! (rapport)
C’est environ 500.000 personnes de plus que lors de la journée d’actions et de grèves du 23 septembre, et environ 700.000 en plus que le 7 septembre. A Paris quelques 330.000 manifestants ont protesté. Cette quatrième journée de mobilisation en un mois a donc connu un record de participation, tandis que de plus en plus de jeunes rejoignent le mouvement (selon le syndicat lycéen FIDL, entre 30 et 40% des lycées ont connu une action concernant la réforme des retraites). D’autre part, des grèves reconductibles touchent des secteurs clés comme les raffineries et les transports en commun. Une délégation du PSL était présente à Paris et une autre à Valenciennes afin de soutenir nos camarades français de la Gauche Révolutionnaire, courant construisant le NPA (Nouveau parti Anticapitaliste).
La mobilisation ne faiblit pas
Les trois journées d’action précédentes avaient déjà atteint des sommets de mobilisation, dans un contexte de large soutien parmi la population : 71% des sondés soutenant les manifestants contre cette gigantesque attaque portée au monde du travail. Il y aurait eu ce mardi pas moins de 244 manifestations dans le pays ! Pour la journée d’hier, la CGT-Paris a parlé de 200 appels à la grève (60% dans le secteur public et 40% dans le secteur privé) et, dans de nombreuses entreprises, la question des grèves reconductibles est à l’ordre du jour. Ainsi, ce mercredi matin, à la SNCF, les assemblées générales de travailleurs ont massivement reconduit la grève pour la journée de ce jeudi. Dans les raffineries, des assemblées générales doivent décider de la suite du mouvement. Onze des douze raffineries françaises avaient été touchées par la grève hier. Cette situation concerne aussi différentes entreprises des secteurs de l’énergie, de l’agro-alimentaire et la fonction publique.
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Plus d’infos
- Reportage-photos de la manifestation du 12/10 à Paris
- France : Construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !
- Sarko et co : Racisme, corruption, crise et lutte des classes
- Nouvelle étape dans la lutte contre la politique de Sarkozy
- 2,7 millions de manifestants en France contre le projet de loi sur les retraites
- Le dèclin du gouvernement Sarkozy, par Cédric Gérome (CIO)
- Défendons nos retraites – Préparons une grève générale! (Gauche Révolutionnaire, CIO-France)
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Dans de nombreuses villes, les manifestants ont applaudi la participation des jeunes, aux cris de «Sarkozy, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue» ou encore de «Des retraites pour les vieux, du boulot pour les jeunes ». Un million d’emplois seraient perdus par l’augmentation de l’âge du départ à la retraite, et l’on comprend que ce thème concerne les jeunes… Le Monde d’hier parodiait avec humour la réaction du gouvernement dans une caricature où un responsable déclarait aux jeunes «Retournez en cours, les retraites, ça ne vous concerne pas… D’ailleurs, ça ne vous concernera jamais.»
Humour et comptage des manifestants
Concernant la journée d’hier, les syndicats ont donc avancé le chiffre de 3,5 millions de manifestants. Pour la police, il ne s’agirait que de 1,23 million. Le plus ridicule étant atteint par l’évaluation de la manifestation de Marseille : 230.000 manifestants selon les syndicats, 24.500 selon la police ! Un écart d’un à dix… Au cours des précédentes journées de protestation un fossé comparable avait déjà été constaté.
Pour le syndicat Unité SGP police, la raison est claire : la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône "s’épuise à dévaloriser le nombre des manifestants alors même que la mobilisation s’amplifie." Selon ce syndicat, majoritaire dans la police, ces pratiques risquent surtout de "ridiculiser la police."
Et pour la suite ?
Un sondage BVA réalisé pour la chaîne M6 parle de 66 % de Français favorables à un durcissement des actions (et même 72% chez les 15-24 ans). Selon un sondage CSA pour Le Parisien, 61 % des sondés se disent favorables à une grève durable. Face à l’attitude du gouvernement, la situation est explosive mais, comme le disent nos camarades de la Gauche révolutionnaire : «les perspectives restent confuses et l’absence de réelle volonté des directions syndicales de construire une véritable grève générale pèse négativement. La colère sociale, le sentiment anti-Sarkozy ont une tendance à se généraliser mais sans pour l’instant trouver de voie nette pour s’exprimer sur le terrain social et politique.» Les appareils bureaucratiques des syndicats tentent de freiner l’organisation de la colère, mais cette dernière est telle qu’elle a assuré une augmentation constante des mobilisations, ce que la journée d’hier a encore confirmé.
Un plan d’action fait cruellement défaut en France, tout comme en Belgique et ailleurs. Une stratégie claire discutée entre les grévistes et tous ceux qui veulent lutter aurait un potentiel énorme. Comme le disent encore nos camarades français : «Pour l’instant, seule une généralisation de la grève après le 12 Octobre (y compris en utilisant la nouvelle date annoncée par les syndicats d’une journée de manifestation… le samedi 16 octobre) peut permettre d’avancer. La multiplication des assemblées générales, des comités de lutte doit permettre d’aller dans ce sens et de se diriger vers les entreprises qui ne sont pas encore en grève mais qui pourraient y entrer. C’est à cela qu’il faut travailler tous ensemble : dans les entreprises, les universités, les lycées… Il faut également créer des instruments pour coordonner les luttes au niveau local et plus tard à l’échelle régionale et nationale.» Il faut construisons une grève générale pour bloquer l’économie du pays et gagner !
Bien entendu, ce qui se passe actuellement en France est à placer dans le contexte plus large des politiques d’austérités à l’échelle européenne qui visent à faire payer la crise capitaliste aux travailleurs et à leurs familles. Pour le gouvernement Sarkozy, tout recul sur cette attaque contre les intérêts des travailleurs aurait pour effet de montrer aux travailleurs d’Europe qu’il est possible de gagner.
Lors de la journée d’action européenne du 29 septembre dernier, le Comité pour une Internationale Ouvrière, dont le PSL est la section belge et la Gauche révolutionnaire la section française, est intervenu pour défendre l’idée d’une grève générale de 24 heures à l’échelle européenne. C’est dans cette direction qu’il faut aller, pour que les luttes dans les différents pays se renforcent les unes les autres.
Plus fondamentalement se pose également la question de l’alternative politique à offrir face aux partis traditionnels, aux partis patronaux. Il faut construire de nouveaux partis des travailleurs, démocratiques et combattifs, et aider les nouvelles formations à se développer dans cette direction. Cela doit permettre aux travailleurs non seulement de stopper les attaques contre leurs acquis, mais aussi d’offrir une alternative socialiste au chaos capitaliste.
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Le PSL/LSP participe aux élections !
Le Parti Socialiste de Lutte participe aux élections du 13 juin, tant sur les listes du Sénat que sur celles de la Chambre, en Wallonie et à Bruxelles sur les listes unitaires Front des Gauches et en Flandre sur des listes en notre nom propre Linkse Socialistische Partij. A cause des élections anticipées, il nous a été impossible de trouver les 15.000 signatures de parrainages nécessaires (qu’il aurait fallu récolter en deux semaines seulement). Pour la première fois de notre histoire, nous avons donc dû être dépendant des signatures de parlementaires.
Cela n’a évidement pas été évident et, dans un premier temps, tous les partis traditionnels nous ont fermé la porte au nez, au nord comme au sud du pays. Mais compte tenu de la situation exceptionnelle, nous avons pu convaincre la plupart des partis. Ces élections se placent dans un contexte particulier, de plus en plus d’électeurs en ont tout simplement marre des politiciens traditionnels. Et si les électeurs des petits partis continuent à être mis à l’écart, cette tendance ne va que se renforcer.
En Wallonie et à Bruxelles, les partenaires du Front des Gauches (Parti Communiste, Parti Socialiste de Lutte, Ligue Communiste Révolutionnaire, Parti Humaniste, Comité pour une Autre Politique et Vélorution) ont dû patienter jusqu’à ce mercredi soir pour que la situation soit débloquée alors que les listes de candidats devaient être déposées… le jeudi ! Le PSL avait d’ailleurs prévu une action devant un débat du PS à Charleroi en présence d’Elio Di Rupo et de Paul Magnette pour protester contre le refus du PS de soutenir la candidature de petites listes (lire notre déclaration de presse). Finalement, quelques temps à peine avant notre action (et après que le MR nous ait accordé des signatures de sénateurs), le PS a tourné casaque. Nous avons donc maintenu notre action, pour «remercier» à notre manière le PS d’avoir daigné accorder sa signature d’élu, hélas si tardivement et après de nombreuses pressions (voir le rapport de cette action).
En Flandre, le CD&V est resté de glace face à notre argumentation, mais le SP.a et le VLD nous ont fourni chacun un sénateur. Le SP.a avait promis un seul député, tout comme Groen! (et uniquement valable pour la liste de Flandre-Occidentale). A cause du refus du CD&V, nous avons donc été bien obligés de nous tourner vers la N-VA et la Lijst Dedecker (LDD) afin de trouver les signatures manquantes. C’est en procédant de la sorte que le CD&V espère “combattre le morcèlement politique”! C’est plutôt combattre contre la démocratie!
Le PSL mènera campagne, en Flandre comme en Wallonie et à Bruxelles, sous le slogan ‘‘Partager les richesses, pas diviser les travailleurs, par l’unité des travailleurs et le socialisme contre le chaos capitaliste’’. Comme vous pouvez le constater ci-contre, l’affiche que nous utiliserons dans toute la Belgique, au côté du matériel commun Front des Gauches, est bilingue.
Le marché soit disant ‘‘libre’’ capitaliste menace tant notre économie que notre environnement. Alors que nous avons à notre disposition des capacités techniques et des connaissances telles que l’humanité n’en a jamais eues, la soif de profit des capitalistes gâche ce potentiel de la pire des façons. Le monde regorge de richesses, mais nous manquons de moyens partout.
Le PSL, de même que son organisation internationale le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), plaide pour une société où les moyens de production seraient utilisés en fonction des intérêts de la population, pour garantir le plus largement le respect des droits démocratiques de chacun et pour un programme social d’investissements massifs dans l’enseignement, l’infrastructure et les services publics.
Nous nous opposons de la façon la plus résolue à la politique de diviser pour mieux régner appliquée par les partis traditionnels qui, en tentant de monter différentes couches de la population les unes contre les autres, veulent faciliter l’application d’une politique d’assainissement sauvage. Nous n’acceptons pas que ce soit aux travailleurs de payer pour la crise du capitalisme! Seuls les spéculateurs et les requins capitalistes sont responsables et coupables, c’est à eux qu’il faut s’en prendre!
Pour la Chambre
- Bruxelles-Hal-Vilvorde: A Bruxelles-Hal-Vilvoorde, notre camarade Anja Deschoemacker, néerlandophone et bilingue, est première candidate effective pour la liste bilingue du Front des Gauches. Anja a écrit de nombreux articles concernant la question nationale, disponibles sur ce site ou encore sur notre site théorique www.marxisme.be. Nous tenons particulièrement à mettre en avant le texte ‘‘La question nationale en Belgique – Une réponse des travailleurs est nécessaire’’. Anja est la porte-parole du PSL pour ces élections.
- Liège: la liste Front des Gauches est emmenée par Pierre Eyben (du PC). Notre camarade Simon Hupkens est troisième candidat effectif.
- Hainaut: la liste Front des Gauches est emmenée par Céline Caudron (LCR). Notre camarade Elisa De Noël est troisième candidate effective.
- Namur : la liste Front des Gauches est emmenée par Annick Letecheur (PH). Notre camarade Alain Mandiki est deuxième candidat effectif.
- Brabant Wallon : la liste Front des Gauches est emmenée par Laurent Batlhazar (CAP). Notre camarade Baptiste Libois est troisième candidat effectif.
- Luxembourg : la liste Front des Gauches est emmenée par Nicole Cahen (PC).
- Flandre-Occidentale : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Jonas Van Vossole.
- Flandre-Orientale : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Jo Coulier.
- Anvers : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Micha Teller.
- Brabant Flamant : la liste Linkse Socialistische Partij est emmenée par Jon Sneyers.
Pour le Sénat
- Pour le collège électoral francophone, Robert Tangre (PC) tirera la liste du Front des Gauches. Notre camarade Nicolas Croes occupe la troisième place effective.
- Pour le collège électoral néerlandophone, Bart Vandersteene tirera la liste Linkse Socialistische Partij.
CONTACTS
Anja Deschoemacker : 0473/92.28.33
Nicolas Croes : 0485/05.86.39
info@socialisme.be
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Crise économique et crise d’idées
Interview de Jean-Claude Marcourt (PS) accordée au journal Le Soir
Sous le titre-citation «C’est un choc. On réagit», le ministre wallon de l’économie a déballé ses idées sur la crise dans l’édition du 16 octobre du journal Le Soir. Marcourt nous apprend ainsi que le PS déposera bientôt une batterie de propositions de lois. On se réjouit de les lire, parce qu’en guise d’avant goût, on reste sur sa faim avec cette interview. Marcourt possède bien quelques idées ici et là, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne peuvent prêter qu’à rire lorsqu’on les compare à la gravité de la situation. C’est toujours ça de pris.
Par Nicolas Croes
Cela n’a l’air de rien, être ministre de l’économie, mais ça demande des compétences qui ne sont pas données à tout le monde. Ainsi, si vous demandez autour de vous ce qu’on pourrait faire face à la crise, personne ne vous répondra : « Il faut revenir à des règles de base où le système sera moins flamboyant quand il monte et moins destructeur quand il descend. Pourquoi ne pas supprimer la dictature des résultats trimestriels, qui obligent les entreprises à se braquer sur des objectifs à court terme ? Les marchés financiers pourraient se contenter de résultats semestriels.»(1) Combien de diplômes doit-on posséder pour pondre une idée pareille?! C’est certain, une telle mesure règlerait bien des choses… Vous voulez des résultats trimestriels ? Et bien non, uniquement semestriels ! Quel coup porté à ceux dont la soif de profit est à la base de la crise actuelle…
Ne soyons toutefois pas malhonnêtes, ce n’est pas le seul projet ambitieux que propose Jean-Claude Marcourt. Il déclare encore au journaliste qu’il a «déposé hier sur la table du gouvernement quatre mesures visant à aider les entreprises qui ont besoin de crédits. (…) Bref, nous sommes derrière l’activité économique.»(1) Et c’est bien vrai ! Pour soutenir «l’activité économique», c’est-à-dire les patrons et les actionnaires, on peut toujours faire confiance au PS. Qui a privatisé Belgacom ? Di Rupo. Qui est responsable des assainissements et de la perte de milliers d’emplois dans l’enseignement ? Di Rupo et Onkelinx. Qui a déclaré que diminuer les taxes sur les entreprises créait de l’emploi ? Onkelinx. Qui a voté la déduction des intérêts notionnels avec le MR? Le PS.
Tout pour les patrons
Le libre marché et le «capitalisme financier» tant décriés aujourd’hui, le PS les connaît comme on connaît un bon pote (inutile d’insister sur le siège de Di Rupo au conseil d’administration de la banque Dexia, mais faisons-le tout de même un peu). Pourtant, sur son blog, Marcourt affirme que «Le libéralisme du « laissez-faire » vient de démontrer ses limites : George Bush voulait toujours moins d’impôts [slogan bien connu en Belgique], une stimulation à outrance de l’offre et plus d’exposition à la libre concurrence pour être plus compétitif.»(2) Il faut un certain culot pour critiquer cette politique néolibérale dont les principes ont été à la base de celle que le PS a appliqué ici : privatisation de La Poste, Pacte des Générations, etc. D’autant plus de la part du créateur du très néolibéral Plan Marshall. La différence de proportion entre les USA et la Belgique tient moins en la pugnacité des élus et des structures du PS qu’en la force et le degré d’organisation des travailleurs.
Exagération ? Que nenni ! D’ailleurs, plus loin dans l’interview, Jean-Claude Marcourt précise pour qui bat son cœur : «J’ai lancé une invitation aux représentants du patronat, de l’Union wallonne des entreprises et des Classes moyennes, aux représentants des pôles de compétitivité et des organisations syndicales, à réfléchir ensemble à ce qui se passe : comment soutenir nos entreprises?» Soutenir les entreprises? Qui créé les richesses produites par ces entreprises ? Ce ne serait par hasard pas ces mêmes travailleurs qui luttent pour leur pouvoir d’achat ? Pourquoi accorder des milliards aux entreprises et aux banques et rien à nous?
Et quand le journaliste du Soir lui demande «craignez vous des mouvements sociaux en Wallonie», il répond : «Le monde patronal ne doit pas y trouver de faux prétexte pour restructurer. S’il y a des difficultés, la transparence des chefs d’entreprises à l’égard des travailleurs sera fondamentale. Il faut faire fonctionner la démocratie à l’intérieur des entreprises. Et puis, la Wallonie n’est pas une terre de gréviculteurs, mais de gens qui veulent travailler.» Quand quelqu’un fait grève, Monsieur Marcourt, ce n’est en rien parce qu’on ne veut pas travailler. C’est parce qu’on ne veut plus travailler sous ces conditions! Et quant à la démocratie dans les entreprises, elle ne sera véritable que quand les travailleurs – ceux qui produisent les richesses – seront les maîtres de leurs lieux de travail et que les patrons et actionnaires – ceux qui volent le fruit du travail des autres – seront du domaine du passé.
Il ne suffit pas de glorifier les luttes du passé sur son blog pour se dire socialiste, il faut soutenir celles d’aujourd’hui. Un chemin tel que celui suivi par Jean-Claude Marcourt conduit face aux travailleurs, pas à leur côté.
(1) Le Soir, 16/10/08, « C’est un choc. On réagit »
(2) Blog de Jean-Claude Marcourt, 25/10/08, Le poker menteur du libéralisme
Liens:
- Avec et autour de la base syndicale, pour un parti syndical! Catégorie consacrée à la question de la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs.
- Tous ensemble pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi Tract du MAS
- International – Global Vous trouverez ici nos articles les plus récents sur la crise économique mondiale.